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monuments...
textes
les
d'après
romaines
et
grecques
antiquités
des
Dictionnaire

Daremberg
Charles
DICTIONNAIRE

DES ANTIQUITÉS

GRECQUES ET ROMAINES
CORBEIL. — TYP. K T STÉR. I> K GR ÉTÉ b' ILS.
DICTIONNAIRE

DES ANTIQUITÉS

GRECQUES ET ROMAINES

D'APRÈS LES TEXTES ET LES MONUMENTS

CONTENANT L'EXPLICATION DES TERMES


QUI SE RAPPORTENT AUX MŒURS, AUX INSTITUTIONS, A LA RELIGION,
AUX ARTS, AUX SCIENCES, AU COSTUME, AU MOBILIER, A LA GUERRE, A LA MARINE, AUX MÉTIERS,
AUX MONNAIES, POIDS ET MESURES, ETC., ETC.
ET EN GÉNÉRAL A LA VIE PUBLIQUE ET PRIVÉE DES ANCIENS

OUVRAGE RÉDIGÉ

PAR UNE SOCIÉTÉ D'ÉCRIVAINS SPÉCIAUX, D'ARCHÉOLOGUES ET DE PROFESSEURS

• , \M SOUS LA DIRECTION DE

MM. ch: çaremberg et edm. saglio

AVEC

, 3000 FIGURES D'APRÈS L'ANTIQUE


DESSINÉES PAU t. SELI-IER ET GRAVÉES PAR M. RAPINE

DEUXIÈME ÉDITION

PARIS

LIBRAIRIE HACHETTE ET G
79, BOULEVARD S A I M T - G E R M A I N , 79

187 5
breiU de propriété et de traduction reservi**
• . . *
D

AVERTISSEMENT

DU PREMIER FASCICULE

Nous présentons au public le premier fascicule d'un livre qui a coûté beaucoup de temps et de travail.

Il est à peine nécessaire de montrer son utilité. Quel que soit en France l'état des lettres grecques et latines,

peu de personnes possèdent des notions claires et exactes sur la société antique. Les recbercbes sur ce

sujet restent en dehors des études et des lectures habituelles. Ni les lexiques, où l'on ne trouve guère

que le sens littéral des mots, ni les ouvrages historiques, qui donnent la plus grande importance aux

événements, ne fournissent sur la vie journalière, publique ou privée, des Grecs et des Romains, les

renseignements que nous avons rassemblés dans cet ouvrage, faut-il dire avec quelles difficultés ?

Un dictionnaire des antiquités est encore, malgré ce qu'on a pu amasser jusqu'à nos jours de

patientes et ingénieuses observations, une collection de problèmes, quelquefois insolubles parce que les

lumières font entièrement défaut et presque toujours d'une explication difficile ou douteuse parce qu'elles

sont insuffisantes. Pour se faire du plus petit fait une idée approchant de la vérité, ce n'est pas trop

de joindre aux témoignages des auteurs grecs et latins les commentaires des savants modernes et

d'y ajouter, toutes les fois qu'il en existe, les monuments figurés. Nous avons essayé de réunir ces divers
genres de preuves, qui s'appuient et se contrôlent, dans la forme nécessairement abrégée d'un diction

naire (c'est elle qui s'accommode le mieux aux besoins d'un plus grand nombre de personnes), mais sans

rien négliger de ce qui peut être considéré comme désormais acquis à la science ; nous nous sommes efforcé

'd'en faire un livre qui fût pour tout le monde d'une lecture facile, une aide pour tous ceux qui voudraient

entrer dans l'étude des mœurs antiques plus avant qu'on ne le fait dans les classes, en même temps qu'un

instrument de travail pour ceux qui s'occupent particulièrement de l'antiquité. Le texte a été à dessein dégagé
de toute abréviation, de toute citation qui pourrait arrêter les lecteurs peu familiers avec les œuvres d'érudi

tion ; tout l'appareil scientifique a été rejeté dans les notes, au bas des pages, où chacun pourra trouver

indiqués les textes des écrivains anciens, les observations des modernes, les monuments découverts jusqu'aux

temps les plus récents, qui peuvent jeter quelque lumière sur le su jet traité ; enfin, pour ceux qui ne se
contentent pas des notions résumées que doit fournir un dictionnaire, les notes et la bibliographie placée à

la suite contiennent l'indication des ouvrages spéciaux, des mémoires des académies et des sociétés savantes,
des dissertations publiées tant en France qu'à l'étranger, qui leur permettront de pousser aussi loin qu'ils

le voudront leurs études. Cependant il y avait un choix à faire dans les citations : il est aussi facile de les

multiplier pour certains sujets, qu'il est malaisé pour certains autres d'en trouver sur lesquelles on puisse

fonder un commencement de science. Nous avons dû nous restreindre aux témoignages les plus significatifs

pour les premiers et admettre largement toutes les indications utiles pour les seconds.

Les gravures, qui sont nombreuses, sont toutes puisées aux sources antiques, soit que les dessins

aient été faits directement d'après les monuments, soit qu'ils aient été pris dans des ouvrages qui les
reproduisent fidèlement. Il eût été facile aussi de les multiplier à l'infini ; mais il suffira d'un regard jeté

sur ce livre pour s'apercevoir que les gravures n'y sont pas de pures illustrations, mais des preuves à

l'appui de ce qui est allégué dans le texte : « Selon moi, a dit l'illustre Winckelmann, ce sont les images

« mêmes qui doivent décider du sens des passages des livres des anciens qui, exposant des choses

« connues dans ces temps-là, ne sont jamais aussi claires qu'il le faudrait pour les bien entendre dans des
« siècles où les usages et les mœurs ont totalement changé. »

Les noms qui servent de titres aux articles, sont ceux qui répondent naturellement au titre du diction

naire, c'est-à-dire qui désignent toutes les choses de la vie publique et privée des anciens. On n'y trouvera

pas de noms d'hommes ni de lieux, parce que nous ne voulions pas y mettre ce qui se trouve déjà dans les

dictionnaires d'histoire et de géographie ; nous ne nous sommes pas davantage proposé de faire un dic

tionnaire de mythologie; on n'y cherchera donc que les noms des dieux et des héros dont les types et les

légendes ne devaient pas rester sans explication à côté d'articles qui parlent de leur culte, de leurs fêtes

et d'objets de toutes sortes où ils se trouvent représentés. '

Nous avons adopté la nomenclature latine comme plus familière à la plupart des lecteurs ; c'est donc sous

le nom latin qu'on devra chercher tout ce qui se rapporte aux usages des Grecs aussi bien que des Romains,

et les noms même purement grecs qui ont été latinisés. Toutes les fois que, pour les antiquités grecques

manque ce nom latin, nous avons fait la transcription littérale du nom grec, en l'écrivant en caractères

grecs à côté.

Les mots en lettres capitales renvoient à des articles spéciaux où l'on trouvera des explications plus
précises ou plus développées. Les autres noms ou termes techniques expliqués dans le cours des articles,

inscrits soit en grec, soit, pour le latin, en lettres italiques, seront réunis à la fin de l'ouvrage dans des index

alphabétiques et dans un répertoire méthodique groupant, pour la facilité des recherches, tous ceux qui se

rapportent à une matière déterminée.


- VII -

Nous eussions aimé donner place aux antiquités de certains peuples de la Grèce ou de l'Italie, moins

connus que ne le sont Rome et Athènes, et des voisins qu'elles appelaient barbares et qui ont contribué

cependant pour quelque chose à les faire ce qu'elles ont été. Ces côtés de l'antiquité sont aujourd'hui

explorés à leur tour et on s'aperçoit déjà qu'il faut reviser bien des conclusions trop hâtées ; mais ce travail

n'est qu'à son début, et l'on pensera sans doute qu'il a été sage de ne pas admettre ici des faits encore

obscurs ou mal établis. Toutefois, on trouvera pour chaque matière l'indication de ce que l'on sait avec

un peu plus de certitude sur les Étrusques, dont la part surtout est considérable, et sur les autres

peuples qui ont laissé leur empreinte dans la civilisation des grandes nations classiques.

Tous les articles sont signés par leurs auteurs : on remarquera les noms de membres de l'Institut, de

professeurs éminents de l'Université, de savants connus par des travaux spéciaux. Nous tenons à remercier

ici ces collaborateurs qui nous ont aidé avec tant de persévérance et nous dirons d'abnégation ; car nous
savons ce qu'il en faut pour enfermer dans un court article de dictionnaire les résultats de longues et la

borieuses recherches, qui mériteraient souvent d'être publiées à part et avec développement pour elles-

mêmes. Je les remercie en mon nom et au nom de celui qui avait appelé et réuni les plus anciens d'entre

eux, M. Daremberg, si prématurément enlevé, avant d'avoir eu le contentement de voir réalisée l'œuvre

dont il avait conçu la première pensée. Détourné par d'autres occupations et principalement par ses études

sur l'histoire de la médecine, dans lesquelles il s'est fait une place si élevée et qui ont eu la meilleure part
de sa vie, il s'était décidé à m'associer à l'exécution du livre projeté. 11 m'avait chargé, il y a une dizaine

d'années déjà, de choisir les figures du dictionnaire et de mettre entre ces illustrations et le texte l'accord

nécessaire ; il voulut bien, quelque temps après, me déléguer la plus large part dans la direction de l'œuvre ;

à ma demande, il consentit à en modifier le plan ; il finit par s'en remettre presque entièrement à moi du

soin de la mener à son terme. L'impression a été commencée sous ses yeux ; il a pu lire les premières feuilles,

et son approbation a été pour moi un précieux encouragement.

Le public nous donnera-t-il la sienne? Au moment où un livre paraît, un auteur consciencieux ressent

plus vivement les difficultés de l'œuvre qu'il a entreprise et en voit mieux les imperfections. Celle-ci doit

subir à son tour les critiques : nous les appelons ; qu'on veuille bien nous les adresser dans le même esprit

qui nous a constamment dirigé, c'est-à-dire avec un sincère désir d'être utile, de servir la science, de
dissiper s'il est possible quelques erreurs, de jeter un peu de lumière sur ce qui reste obscur dans la

connaissance que nous avons de la vie des anciens.

E. SAGLIO.
DICTIONNAIRE

DES ANTIQUITÉS

GRECQUES ET ROMAINES

A. AB. — Cette particule suivie d'un substantif sert à ble fin, sur lequel on écrivait avec le doigt ou avec une
désigner chez les Romains un très-grand nombre de pointe. Les passages des auteurs qui indiquent cet emploi
charges, d'emplois, de fonctions de tout ordre et de toute de l'abaque le montrent ordinairement entre les mains des
espèce. C'est au mot placé à son rang alphabétique qu'il géomètres mais il servait également aux opérations de
faut chercher les explications qui se rapportent aux plus l'arithmétique, aussi bien qu'à tracer toute espèce de ca
importants. Ainsi, pouraA actis, ab admissione, ab epistults, ractères *. On voit sur une pierre gravée
voyez actis (ab), admissio, epistulis (ab). du Cabinet des médailles, à Paris (fig. 1),
ABACTI MAGISTRATUS. — On appelait ainsi les ma l'image d'un homme qui calcule à l'aide de
gistrats romains qui avaient été contraints d'abdiquer leur cailloux ou de billes {calcult), tandis qu'il tient
autorité souveraine ou droit de commandement 1 [impe- de la main gauche un abaque sur lequel on
mum, abdicatio]. Les cas d'abdication forcée furent assez distingue des caractères paraissant appartenir
rares pendant la république romaine ; ils ne présentent pas à l'ancien alphabet osque ou latin 3. Les en
d'ailleurs le caractère juridique d'une destitution propre Fig. 1.
fants dans les écoles se servaient de tablettes du Tablette
ment dite. En général , c'étaient les tribuns qui employaient à écrire.
même genre [laterculus, tabula, tabella].
leur puissance inviolable pour délerminer, parfois d'après C'est dans cette acception qu'il faut sans doute chercher
le vœu du sénat, un magistrat à abdiquer. Ils le menaçaient le plus ancien emploi du mot. On a fait remarquer la res
au besoin de faire abroger son impcrium par le peuple sou semblance du grec ô6aÇ avec le mot sémitique abaq qui si
verain* [abrogatio]. Mais si un consul ou un préteur s'était gnifie sable, poussière ; en eLTet, les premières tables à
rendu coupable de haute trahison [perduellio], d'après les compter qui vinrent en Grèce y furent vraisemblablement
anciennes traditions du droit public primitif, il perdait de importées d'Orient avec les marchandises de toutes sortes
plein droit sa qualité de citoyen, et avec elle toutes les pré qui en rendaient l'usage nécessaire *. Pythagore vit peut-être
rogatives qui en dépendaient [sacratio capitis]. Cepen à Babylone, vers la fin du vi" siècle, des calculateurs exercés
dant le préteur Lentulus, enveloppé dans la conjuration de qui écrivaient ou effaçaient sur l'abaque des chiffres rangés
Catilina, fut contraint d'abdiquer par décret du sénat et en colonnes ; mais cette manière de calculer, qui se répandit
peut être employa-t-on pour cela le jus majoris imperii du et resta connue sous son nom, est le fait d'une science déjà
consul *. Sous l'Empire, le prince eut le pouvoir de dépo assez avancée, et qui dépassa toujours les facultés du plus
ser tous les magistrats. G. Humbert. grand nombre. On se servait donc communément d'autres
ABACTORES [abigei]. abaques plus compliqués en apparence, en réalité plus
ABACTUS VENTER [abigere partum]. faciles à manier pour des esprits peu familiarisés avec les
ABACCLUS [musivum opus]. opérations abstraites, et que nous allons expliquer.
ABACUS (*46«ê, Aêâxiov), plateau, table, tablette. — Ce II. Table à calcul, consistant en une planchette sur la
nom est donné plus spécialement à un certain nombre d'ob quelle des divisions tracées d'avance séparaient les différents
jets ayant pour caractère commun de présenter une sur ordres d'unités. On y plaçait de petits cailloux, des jetons
face plane. ou d'autres marques (^çot, calcult), et on rendait ainsi sen
I. Tablette munie d'un cadre que l'on remplissait de sa- sibles et faciles à suivre des comptes même assez compliqués.
ABACTI MAGISTRATUS. 1 Paul. Di«c. ». t. Abacti, p. 53, éd. Huiler. — t Tit. 1856, 1, § 80, p. 522 et !>S3 ; Walter, Gcsch. de* rim. Redits, 3' édit. I, n" 1 (5.
Li». XXVII, SO; XXIX, 19; Epitome, LVII. — > Cicer. CatU. III, 6 ; Sali. Catil. 67; ABACUS. i Pers. I, 131 ; Apul. Apol. p. 4S6 ; Plutarch. Cato min. 70 ; Martian.
Dio Cm. XXXVII, 34. — * Plut. Cicer. 19.— BiiLiocairmi. Beckcr, Handb. d. rû- ui, 7. — 1 Pers. (.(. — » Chabouillct, Catalog. n° 1898. — * Vincent, Notât,
tuitchen Alterth. Leipzig, 1846, II, 2, p. 56; ejusd. Ueber Amlsentsetz. bei d. Ho- scient, de l'École d'Alex. lr* part. p. 9; H. Martin, lieu, archêol. 1856, p. b.io ;
tnrrn, in Hhem. Afiucum, »ol. IV, 1840, p. 2*5; L. Lange, IlOm. Alterthùmer ; Berlin, Can'.or, Mathem. Beitraege zum Cultwleben der Yoelklr, Halle, 1S63, p. 128-139.
ABA ABA

Il existe encore plusieurs abaques antiques établis d'après le de Welser, ils sont séparés et répartis entre trois petites rai
môme principe. Les plus faciles à expliquer appartiennent nures. Les boutons valaient sur celle d'en haut, marquée du
aux Romains : ce sont des tables de métal contenant des sigle s (semuncia), '/, once ou '/« de l'as ; sur celle qui vient
rainures ou munies de tringles le long desquelles se meuvent immédiatement au-dessous, marquée du sigle D (siciliais)
desboulesou clous à deux tèles qui servent à faire les comptes. '/k de l'once ou '/»» de l'as > sur celle d'en bas, marquée du
Celui qui est ici figuré (iig. 2) appartient au Musée Kircher, sigle z ou 2, les boulons valent chacun une duelle (duella
ouduaesextulae), c'est-à-dire '/a de l'once ou1/,, de l'as.
Ces instruments de calcul qui servaient à faire des addi
tions et des soustractions ne doivent pas ôtre confondus avec
Yabaque ou table dite de Pythugore, tableau de nombres des
1 â J> â J> â I c tiné à faciliter les opérations plus compliquées de la multi
oo do lies o ç x ! plication et de la division [aiutiimetica].
La manière de faire usage de l'abaque romain étant connue,
il est facile d'expliquer par analogie comment on devait se
servir d'un abaque grec
qui a été trouvé dans
l'île de Salamine (fig. 3).
Xr H PAT r I CTX
Fig. -. Abafjuc à calcul romain. Il consiste en une pla
que de marbre longue
à Rome 5. Les divisions y sont marquées par huit rainures de lm,5, large de 0m,7o,
inférieures auxquelles correspondent huit rainures supé sur laquelle sont tra
rieures plus courtes, et une neuvième rainure inférieure cées, àOm,23 de l'un des
sans rainure supérieure correspondante. Quatre boutons côtés, cinq lignes pa
glissent dans chacune des rainures inférieures, la huitième rallèles, et à 0m,5 de la
exceptée, qui en a un de plus ; il n'y en a qu'un seul dans dernière de ces lignes
chacune des rainures supérieures. Dans l'intervalle des deux onze autres disposées
rangées de rainures on voit des sigles ponctués dont quel de môme, qu'une ligne
ques-uns sont assez difficiles à reconnaître, mais qui se lisent transversale coupe en
plus clairement sur un autre abaque connu sous le nom de deux parties égales. La
Welser qui le possédait et l'a le premier publié 6. Laissons de troisième, la sixième, la
côté pour le moment les deux dernières rainures. Ces sigles, neuvième de ces lignes
au moyen desquels on compte par as, deniers ou sesterces, sont marquées de croix
signifient : au point d'intersection ;
pr cccnno ccioo cm c x i enfin trois séries de ca-
1,000,000 100,000 10,000 1,000 100 10 1 laclères sont rangées
Le moyen de représenter un nombre quelconque avec cet sur trois côtés dans le
appareil repose sur ce principe7 que chaque rainure repré môme ordre, de façon
Fig. 3. Abaque à calcul prec.
sente un ordre d'unités et se divise par 5 (V) et 4 (1111) comme qu'on peut facilement
le nombre 9 (VIIII). Les unités d'un certain ordre, quand les lire en quelque sens qu'on tourne la table. On remar
elles ne dépassent pas 4, s'indiquent par un pareil nombre quera seulement qu'une des séries offre en tôte deux carac
de boutons de la rainure inférieure correspondante, que l'on tères de plus que les deux autres. M. Rangabé, qui signala
pousse vers le haut : le bouton supérieur indique cinq unités le premier la découverte de ce monument8, n'y vit d'abord
quand on l'approche des premiers. Supposons, par exemple, qu'une table de jeu; Letronne9 y reconnut de suite un
que l'on compte par deniers : chacun des boutons de la instrument de calcul et détermina la valeur numérique des
septième rainure inférieure vaudra 1 denier, celui de la rai caractères; M. Vincent à son tour en expliqua l'usage".
nure supérieure 5, et tous ensemble en vaudront 9 ; de môme \ étant le sigle connu de la drachme, les caractères qui sui
chaque bouton de la sixième rainure inférieure vaudra vent dans chaque ligne de droite à gauche forment l'échelle
10 deniers, le bouton de la rainure supérieure 50, et tous numérique suivante :
ensemble 90, et ainsi de suite. \ p A F1 H P X
Les fractions (aes excurrens) se calculaient d'après le 1 5 10 50 100 500 1000
système duodécimal des Romains, par onces ou douzièmes
de l'as et par les autres fractions de l'as. C'est à quoi ser Deux caractères ont été ajoutés, comme on l'a déjà fait re
vaient la huitième rainure marquée du sigle O ou 6, qui marquer, à gauche de l'une des lignes, fX1, qui signifie o,000,
signifie l'once, et la neuvième marquée des sigles s, 0, Z ou 2. et T, sigle du talent valant 0,000 drachmes. Les caractères
La huitième rainure a cinq boutons inférieurs valant une qui, dans chaque série, suivent à droite le sigle de la drachme
once et un bouton supérieur qui en vaut six, et l'on peut indiquent : I l'obole, C */» obole, T '/3 de l'obole (rpiTvjiiôpiciv)
ainsi compter jusqu'à 1 1 . Les fractions au-dessous de l'once suivant l'interprétation de Letronne, ou '/» de l'obole (wTap-
se comptaient sur la neuvième rainure. Les quatre boutons T7];ju'fiov), d'après l'explication très-plausible deBœckh" ; enfin
de cette rainure, réunis dans l'abaque du Musée Kircher, X le chalque. Ainsi la plus faible unité monétaire* le chalque,
se distinguaient peut-ôtre (ils ont été restaurés) par trois et la plus forte, le talent, se trouvent aux deux extrémités
couleurs différentes ; dans d'autres abaques, comme celui de l'échelle que le calculateur a toujours présente devant lui.
5 Garrucci, Bull. Kapol. x. s. II, pl. vi. n" 2, et p. 93. — « Velseri Opp. N'orimb. arth. («M, p. 405. — 8 JUd. p. 293. — » Ibid. p. 305. — V> lbùl. p. 401. -
13GÏ, p. 819, 342; Gruter. p. ÎÏ4 ; Pignoriut, De servis, p. 3i0. — ' Vincent, Rev. il Gerhard, Arch. Zeitung, m:, p. 44.
ABA — 3 — ABA
Il faut le supposer assis devant l'un des deux longs côtés de que chez les écrivains latins, ou chez les écrivains grecs de l'é
la table posée horizontalement ; il placera des pièce:» de poque romaine 16, il n'est pas douteux qu'il ne fût originaire
monnaie ou des jetons sur les bandes formées par l'intervalle de la Grèce et de l'Asie, comme l'usage du meuble lui-même,
des lignes creusées dans le marbre, et ces pièces de compte introduit à Rome après les victoires de Cn. Manlius (187
changeront de valeur selon la place qu'elles occuperont. avant Jésus-Christ) Mais peut-être les Grecs n'appelaienl-
Solon comparait les favoris des rois à ces jetons qui, à la vo ils abaque que la tablette sur laquelle on posait les objets.
lonté du calculateur, valent à présent un chalque et l'instant Des meubles de ce genre étaient placés dans les sanctuaires
d'après un talent '*. Le principe est le même que pour l'a de la Grèce auprès des images des divinités 18 afin de rece
baque romain : chaque bande représente un ordre d'unités, voir les riches offrandes exposées, au moins à certains jours,
les nombres appartenant aux quatre premières unités de aux yeux du public [donaria, mensa, opisthodomos]. Un
chaque ordre (I, A, H, X) étant représentés par des jetons bas-relief en terre cuite ici reproduit (fig. 5) 19 oflre l'image
placés à la partie antérieure de la table, en deçà de la ligne d'un de ces dressoirs
transversale, tandis que les unités quinaires (p, F, P, |7») chargé de vases de
étaient rejetées au delà. Les cinq bandes à droite de la croix formes très-variées.
centrale suffisaient pour ces calculs. A quoi servaient donc De petites armoires
les suivantes? Le chiffre inscrit sur l'abaque après X, mille, est pratiquées dans le
T qui signifie le talent, équivalant à 6,000 drachmes : on doit corps inférieur du
donc supposer qu'après la progression par drachmes allant meuble paraissent
jusqu'à 5,000 commençait une nouvelle progression par destinées à recevoir
talents. Cette progression allant jusqu'au septième ordre les objets et à les te
d'unités correspond à celle de l'abaque romain qui s'arrête nir enfermés. On voit
également au million Les Romains n'ont fait que copier de semblables dres
les Grecs. Les fractions de la drachme (I, G, T, X) se calcu soirs dans plusieurs
laient sur les bandes séparées placées à l'extrémité de la bas-reliefs antiques50.
table : c'est là encore une autre ressemblance avec l'abaque Sur le célèbre vase
romain. de sardonyx, connu
Outre les abaques mêmes conservés dans les collections,on sous le nom de
peut citer divers monuments où des instruments semblables coupe des Ptolé-
Fig. li. Buffet pour les offrandes.
sont figurés avec plus ou moins d'exactitude, et qui nous en n;ées, et conservé à
montrent l'emploi . La figure 4, dessinée d'après un sarcophage Paris au Cabinet des médailles on voit aussi deux tables
du Musée du Capitole représente un portées l'une par des sphinx, l'autre sur des pieds terminés
esclave [calculator, dispensatokI de cn griffes ; les vases et les statuettes dont elles sont char
bout devant son maître et calculant à gées, les masques et les attributs qui les entourent font re
l'aide d'un abaque ; mais on a cru à connaître des tables consacrées au culte de Bacchus, et
tort reconnaître des abaques dans d'au servant, comme celles dont il vient d'être parlé, à l'exposi
tres objets qui n'ont, avec le précé tion des offrandes. Une de ces tables est ici gravée (fig. 6),
dent, qu'une ressemblance apparente.
L'objet que tient à la main le collecteur
d'impôts figuré sur le célèbre vase dit de
Darius [telones] n'est pas un abaque,
Fi?. 4. Abaque à calcul. mais un livre, un diptyque sur lequel il
inscrit les receltes. Ce n'est pas non
plus un abaque que l'on voit suspendu, à côté d'une hure et
d'un jambon, dans la boutique d'un charcutier que repré
sente un bas-relief romain 15, ainsi que l'ont pensé des ar
chéologues distingués, mais un des mets favoris des anciens,
la tétine de truie, simien, qu'il est facile de reconnaître à
cette place [porcinarius].
III. Tables ou damiers se rapprochant plus ou moins des
tables à calcul, dont elles prirent le nom, par les divisions
qu'on y voyait tracées et les jetons ou pièces qu'on y faisait
Fig. G. Table pour les oflVaiAles.
marcher. Elles servaient à différents jeux, aux noms des
quels nous ivnvoyons [duodecim scripta, latrlnculi, poleis on trouvera la représentation de l'autre au mot mensa. Ce
PA1ZEIN, PETTEIA, DIAGRAMMISMOS, PENTEGRAMMA]. sont encore des tables semblables qui sont figurées en relief
IV. Table, buffet, dressoir. Le nom de la tablette supérieure sur deux des vases d'argent trouvés près de Bernai et faisant
ou abaque fut appliqué par extension au meuble tout entier partie de la même collection 2S. On peut voir le dessin de
(xu/.'.xtï-,v)sur lequel on plaçait des vases d'or et d'argent cise l'une d'elles au mot ruyton.
lés, des œuvres d'art et toutes sortes d'objets précieux que l'on A Rome, comme en Grèce, des tables tenant lieu d'au
voulait exposer aux regards. Quoique le nom ne se rencontre tels servaient à l'exposition des dons consacrés dans les tem-

« l'oljb. V, 26 ; Ihog. Laert. I, 50. — 13 r.ar. ucci, Bull. Nap. 18b4, p. 93. — p. îî. — »0 Gerhard, Antik. Bildw. LXXV, I ; et parmi les terres cuites de la col
>l ilttt. Capit. IV, pl. ix. — 15 Zoega, Bassirilievi, tav. 28. — " Aniraon. s. v. lection Campana, au Musée du Louvre.— *■ Chabouillet, Cataloij. n° J79; Clarac,
— « Clin. But. Xat. XXXIV, 3, 14; Tit. Liv. XXXIX, 6, 7. — 18 Bœlticher, 7H- Musée de Sculpt. II, pl. cur. — « Chabouillet, n°' 290", Î80S; Le PréTost. Va» «
tunik der Hellenen, III, p. 46 ; IV, p. 265. — 19 Mazois, Iluines de Pompéi, III. de Berlhoumlle, 1832, pl. si, m.
ABA — 4 — ABA
pies ™ ; mais le nom d'abaque désigne ordinairement dans très mets. Pollux 33 le nomme parmi les ustensiles qui com
les auteurs latins un riche buffet (xuXcxeïov, mensa vasaria), posent l'attirail du cuisinier. On voit par un autre texte "
à table de marbre ou de métal et portant sur un pied de ma qu'il y avait de ces plateaux qui étaient faits en bois et de
tière également précieuse et artistement travaillé, qui servait forme circulaire. E. Saglio.
à étaler (exponere) ** la vaisselle de prix dans les salles où l'on VII. Tablette carrée qui forme la partie supérieure du
mangeait. Tite-Live et Pline * disent expressément que l'on chapiteau de la colonne, dans les différents ordres. L'aba
ne vit paraître ce luxe qu'après la conquête de l'Asie Mineure; que, quelle que soit l'origine que l'on veuille donner aux
alors sans doute on commença d'avoir des abaques dont formes architecturales, dut composer primitivement à lui
la richesse et la beauté égalaient celles des objets qu'on y seul le chapiteau (flg. 9 et 10). Placé sur la colonne en
voyait exposés; mais avant môme de rencontrer en Asie,
dans la Grèce ou dans la Sicile, de brillants modèles bientôt
avidement recherchés et imités, les Romains avaient pu pren
dre des Étrusques l'habitude d'exposer la vaisselle sur des ta
bles plus ou moins ornées. On en voit des exemples dans divers
monuments étrusques représentant des repas ; celui qui est
ici reproduit (flg. 7), est tiré d'une peinture d'un tombeau
de Corneto, l'ancienne Tar-
quinii 5e, dont on peut faire
remonter l'exécution jus
qu'au iv° siècle avant Jésus- Fig. 9. Tablette formant chapiteau. F'g. 10. La même vue en pion.
Christ. Des vases sont rangés
bois ou en pierre (A), il la protégeait et donnait à l'archi
sur deux tablettes; d'autres
trave (B) une assiette plus large et plus sûre. Sans doute,
sont placés au-dessous. Les
par la suite, pour mieux raccorder la forme carrée et la
cavités formées par l'inter
forte saillie de l'abaque avec la forme ronde du fût de la
valle des tablettes sont peut-
colonne, on couronna le fût d'une grosse moulure appelée
être ce qu'un poète d'une
échine (fyîvot), formant une sorte
époque beaucoup plus ré
d'encorbellement sous l'abaque,
cente 87 a appelé cavernae , à
Dressoir pour la vaisselle. et le chapiteau dorique grec fut
moins que l'on ne doive t]
créé. Tels sont ceux de deux
entendre par ce mot des casiers fermés, de véritables ar ' 1
colonnes votives trouvées à l'a
moires comme celles qu'on voit sur le devant du meuble i
cropole d'Athènes 35, et dont la jj j\
représenté plus haut (flg. 5). On trouvera d'autres exemples : /
grande ancienneté est attestée
d'abaques aux mots mensa, monopodium, trapezophorum. lï } : i \ /■
Dans le Digeste ss il est fait mention d'abaques (abaces) ser et par leur forme archaïque et par
le style des inscriptions (flg. 1 1 •b" " :. -,
vant de support à des vases d'airain de Corinthe et eux-
et 12). Un chapiteau d'angle du M
mêmes faits de ce métal.
V. Caton " nomme un abaque parmi les ustensiles et les Parthénon (flg. 13) 36 montre ce
i'ë« iii
que l'art le plus perfectionné a ■ c «. !f '•v
meubles dont une ferme doit être fournie ; mais comme ce
fait de cette conception primi î£
nom vient dans son énumération à la suite des pièces du :°7 SIC
moulin, il est probable que dans ce passage il s'agit d'un tive. y- V. X
Dans l'ordre dorique et dans UJ <
pétrin, plus ordinairement appelé mortarium [pistor]. Hésy- U
celui qui en est dérivé et qu'on
chius 30 indique aussi le mot àSâxtov comme synonyme de Fig. 11. Fig. 12.
a appelé toscan [columna], l'aba Colonnes votives de style primitif.
uoéxxp^, qui a en grec la même signification. La figure 8, em
pruntée au monument funéraire du boulanger Eurysacès M, que conserva toujours son im
portance et son caractère primitifs. Nous en voyons- des

Fig. 8. Pétrin.
découvert à Rome en 1838, fera comprendre comment cet
ustensile, qui a l'apparence d'une table garnie d'un bord élevé Fig. 13. Chapiteau dorique (Parthénon).
pour retenir la pâte, a pu recevoir le nom d'abaque.
VI. Plateau, bassin propre à contenir des fruits 52 ou d'au- exemples en Étrurie 87 . Dans le dorique romain cette impor-
îJFeilus, s. y.Mensac. — «Cie. in Verr.IV, 16, 35 ; ib. IV, 14, 33; Pelron. 21 ; id. 73; éd. Rtmkelj p. 29. — 33 Poil. VI, 90; X, 106. — 3* phrynich. in Bekker, Anecd,
Juven. IU, 303; OrcUi, 4517. — » L. I. — « Mon. ined. ielt Instit. di corresp. graec. 1, p- 17. — 33 t.. Ross. Ann. del. Instit. di corresp. arch. 1841, ta*, d'agg,
arch. 1831, tay. 23; Mas. Etrusc. Cregor. I, pl. ciï. — » Sid. Apoll. Cflrm. c; Benlè , Acropole d'Athènes, I, p. 306. — 36 Penrose, Principles of Atheninn
t7 7 î8 Dig, 32, 100, § 32. — ^'c* vust. X, 4, â. — Hesycli. UoxT^a. — architecture, chap. 8, pl. i. — 37 Canina, L'antica Etruria maritimn, pl. ex et
3i Mm. ined. dell' Instit. di eorrap. arch. II, ta». 58. — *• Gratin. Fiagnu mu, t. II, p. 103 et (57.
ABA — o — ABD
tance reste à peu près la môme, mais l'abaque perd de sa sim tions que nous venons de décrire en parlant des différents
plicité par l'adjonction de deux moulures : un talon et un filet, ordres. Nous en avons des exemples pourYordre dorique
h la partie supérieure, comme on peut le voir à l'ordre infé sous le portique du
rieur du théâtre de Marcellus"8 et au théâtre de Vérone 39. Dans théâtre de Marcellus",
l'ordre ionique l'abaque diminue considérablement de hau pour l'ordre ionique
teur. Il est réduit, dans les chapiteaux grecs de cet ordre, à une aux thermes de Dio
seule moulure, ove ou talon, décorée parfois d'ornements ctétien", et pour l'or
peints ou sculptés ; le chapiteau du temple sur l'Ilissus nous dre corinthien à l'arc
en offre un exemple (fig. 14). Dans certains cas assez rares il d'Adrien à Athènes
disparaît môme tout à fait, comme au temple de Phigalie *°et au portique d'Octavie,
dans les ruines de Philippes" . au temple d'Antonin
Quand l'ordre le plus riche, et Faustine à Rome".
le corinthien, est inventé, Quatremère de
l'abaque subit encore de nou Quincy" soutient que
velles modifications. Il se l'abaque est une des
compose en ce cas, chez les parties qui importent
Grecs et chez les Romains, le plus à la solidité Fig. 17. Abaque du chapiteau corinthien.
Fig. 14. Chapiteau ionique de trois moulures : un ca- réelle ou apparente
iTemplo sur l'Ilissus;. vet, un filet et un quart de de l'architecture. Il a raison ; mais les Grecs et, après eux,
rond, parfois enrichis d'ornements sculptés. Exemple : le cha les Romains, se sont souvent contentés, en ce cas, de l'ap
piteau du temple d'Antonin et Faustine (fig. 15). Ce qui chan parence, car, dans beaucoup de chapiteaux de la plus belle
gea surtout l'aspect de l'abaque époque, une surélévation carrée, dont le côté égale géné
dans l'ordre corinthien, c'est l'é- ralement le diamètre inférieur du fût de la colonne, sur
videment curviligne de chacune monte l'abaque et porte seule l'architrave (fig.l4,15,16etl7).
des faces du carré et la suppres On évitait ainsi la rupture de la saillie de l'abaque, rupture
sion des angles qui, tronqués, de qu'amène inévitablement le moindre tassement de l'archi
vinrent des pans coupés La trave sur les faces du chapiteau où elle porte.
courbe de cet évidement est le plus Les anciens, plus souples en fait d'art qu'on ne le croit
souvent un arc de cercle dont le ordinairement, et sachant approprier aux circonstances les
centre est au sommet d'un tri formes architecturales, ont fait des abaques triangulaires,
angle équilatéral construit sur par exemple quand il s'est agi de placer sur des colonnes
Fig. 15. Chapiteau corinthieu chaque côté de l'abaque (fig. 16). des trépieds choragiques[TRiPUs].Des colonnes de ce genre
(Temple d'Antonin et Faustine). Dans les rares chapiteaux grecs existent encore au pied de l'acropole d'Athènes, derrière le
d'ordre corinthien qui nous sont restés, cet arc est plus théâtre de Bacchus.
profond, c'est-à-dire que son centre est plus rapproché. En décrivant l'ordre toscan, Vitruve w donne à l'abaque
Vitruve, de son côté **, dit que le nom de plinthe (plinthis, de itXi'v8o;, brique). En effet,
cet arc doit avoir '/» de flèche, comme nous l'avons vu, l'abaque conserve dans cet ordre
c'est-à-dire une profondeur sa simplicité primitive et ressemble à une brique carrée
moindre que celle donnée par comme la plinthe de la base. E. Guillaume.
le triangle équilatéral. Dans les AttADIR [baetylia],
édifices romains qui se res ABDICATIO. — I. Renonciation à la puissance pater
sentent le plus de l'influence nelle [PATItIA P0TESTAS ; APOKERYXIS].
grecque, le Pœcile et l'arc II. Abdication de la tutelle [tutela].
d'Adrien à Athènes, l'Incantadc III. Abandon solennel et en général volontaire qu'un ma
à Salonique, le temple dit de gistrat romain faisait de l'autorité et du titre dont il était
Vesta à Rome, les angles de investi. C'était, en principe (il en était autrement à Athènes
l'abaque ne sont pas abattus; [archontes]), le mode naturel d'extinction de ces fonctions.
formés par la rencontre des L'expiration du temps fixé parla loi pour leur durée n'entraî
deux arcs concaves, ils sont nait pas déchéance ipso jure, ce qui est fort remarquable. On
très-aigus (fig. 1"). Au monu en voit un exemple dans le fait du censeur Appius Claudius
ment de Lysicrate, purement qui, en l'an 443 de Rome, s'appuyant sur une interprétation
grec pourtant, les angles de sophistique de son serment, conserva ses pouvoirs au delà des
l'abaque sont tronqués. limites légales, sans que personne pût mettre obstacle à
A l'époque romaine, quand l'exercice irrégulier de son autorité '. La seule garantie con
les pilastres des divers ordres, tre cette usurpation consistait en effet dans le serment que
prêtaient les magistrats à leur entrée en charge [jurare in
Pig. 16. Abaque du chapiteau corinthien. considérés comme des colonnes
en bas-relief, furent composés leges], et dans la ressource extrôme de la nomination d'un
des mêmes éléments que les colonnes correspondantes, dictateur. On ne trouve d'exemple d'abrogation directe d'une
l'abaque joua le môme rôle et subit les mômes transforma- magistrature qu'au temps des Gracques. Lange explique

m Décode!!. Èdif. ont. de Home, p. 128. — S» E. Guillaume, Restauration du ont. de Borne, p. 1 27. — *• Normand, Parallèle des ordres d'archit pl.—iiti. —
théâtre de Vérone iBibl. de l'Éc. des Beaui-Arts). — M \j. Leboutcui, Restaur. du '« Stuart etRevett. Anliij.of Athens.l. III, chap. 3. — »l Desgodclz, Op. cit. p. M
temple de Phif/alie (Bibl. de l'Éc, des BeauvArls). — »l Hcuzey et Daumet, Mission et 75. — 48 Quatremère de Qnincy, Dtct. d'archit. s. t. Abaque. — *• IV, 7.
arc*, de Macédoine, pl. I. — M vitruv. IV, I. — a m, 3. — »i Dcsgodeti, Édif. Al uni I Tit. Liv. IV, 33, 31.
ABD — 6 — ABI

avec assez de raison ce système par une observation histo une insurrection et la secessio de la plèbe sur l'Aventin dé
rique. Sous la foyauté, la potestas et l'imperium étant à vie, terminèrent seules les décemvirs à déposer l'autorité souve
on admit aussi ce caractère d'irrévocabilité chez les consuls, raine, mais après un sénatus-consulte qui l'ordonna 1T, pour
en ce sens que, malgré la limitation de temps contenuo plus de régularité. Tiberius Gracchus hasarda une mesure
dans la loi Curiate, créatrice de leur imperium, ceux qui en sans précédents, en contraignant son collègue Octavius à
étaient investis ne pouvaient en être dépouillés sans leur vo l'abdication. Lange qualifie cet acte d'absolument incon
lonté [magistratus, impeiuum]. Cette règle fut ensuite éten stitutionnel à raison, d'une part, du défaut d'imperium
due aux autres magistratures, et môme à la qualité de chez son auteur, et, d'autre part, de l'inviolabilité de la
citoyen romain. Souvent, le consul sortant de charge abdi victime. Mais on peut faire observer, avec M. Laboulaye
quait l'imperium. pour en obtenir la prorogation en qualité que la déposition fut prononcée par le peuple souverain,
de proconsul*. Régulièrement, le magistrat qui quittait sa assemblé dans les comices, et supérieur aux lois existantes.
charge devait , le dernier jour de ses fonctions, déclarer Néanmoins, ce coup d'État, que Caius Gracchus essaya do
solennellement son abdication devant le peuple et prêter ser couvrir ensuite par une loi particulière, avait singulièrement
ment qu'il n'avait, pendant sa magistrature, rien fait de con amoindri l'influence de son frère. Nous pensons, avec Lange,
traire aux lois. C'est là ce qu'on appelait jurare in bges 3, ou que ces abdications forcées avaient lieu en général sans
ejurare magistrat um *. Il n'existait d'ailleurs aucune autorité solennité *° ; cependant, il en fut autrement pour les décem
spécialement établie pour recevoir annuellement celte reddi virs comme pour Octavius le tribun. Dans ces divers
tion décompte s, sans préjudice bien entendu delà responsa cas, bien que l'abdication ne fût plus volontaire qu'en appa
bilité des magistrats devant le sénat et le peuple 6. Indépen rence ", cela paraissait suffire pour sauvegarder le principe
damment de l'abdication ordinaire qui incombait à tous les de l'ancienne constitution romaine sur l'inamissibilité des
magistrats sortant de charge, l'histoire nous montre que les magistratures mais ce principe s'affaiblit singulièrement
magistrats en fonction, ou même simplement désignés (dési et même s'effaça sous l'Empire.
gnait), pouvaient abdiquer leur titre : diverses circonstances 1 En effet, Jules César s'attribua une grande part dans la
amenaient celle démission ; quelquefois la maladie 7, d'au nomination des magistrats, spécialement des consuls, par
tres fois le vœu et l'influence du sénat, qui désirait hâter l'en la présentation de candidats *. Auguste développa ce sys
trée en fonction des nouvelles autorités 8. Mais la cause la tème, cl Tibère finit par attribuer au sénat la nomination
plus fréquente de ces abdications volontaires en apparence ! des officiers publics * ; plus tard le prince en vint à les
seulement, c'était un vice de forme découvert par les au nommer directement. Dès lors le droit de révocation fut
gures dans la nomination des magistrats Ceux-ci se trou la conséquence du nouveau principe d'administration hié
vaient contraints par cette décision, et sous peine d'impiété, rarchiquement subordonnée ; et si l'abdication volontaire
d'abdiquer leur pouvoir, abdicare imperium, mais sans pré fut encore possible, elle n'était plus nécessaire pour faire
judice de la validité des actes antérieurement accomplis par cesser les fonctions (abrogare imperium) des magistrats,
eux 10. Primitivement, les magistrats jouissaient, pendant dont les pouvoirs avaient été singulièrement restreints, en
leurs fonctions, d'une entière inviolabilité, fondée sur les i présence de l'imperium illimité du prince et des droits attri
mores mojorum, plutôt que sur une loi qui défendit de les bués aux nouveaux magistrats de création impériale M;
accuser durant leur exercice [lex , moues] ". Néanmoins, d'ailleurs, l'usage ne tarda pas à s'introduire de faire donner
vers la fin de la République, on contraignit à l'abdication les leur démission aux consuls après quelques mois de leur en-
magistrats désignés, que la loi permettait de poursuivre et Irée en charge, pour leur substituer de nouveaux titulaires
de condamner pour crime de brigue [amditus] Enfin, le (consules suffecti) Cependant on conservait une grande
droit public de Home semblait autoriser, bien que, dans la solennité aux actes d'investiture ou d'abdication des con
pratique, cela fût tout à fait inusité, un magistrat supérieur à suls I8, bien qu'ils n'eussent plus alors d'imperium à abdi
en contraindre un autre, d'un rang inférieur, à l'abdication, quer comme jadis. G. Huhbert.
vi majoris imperii"; c'est ainsi que le dictateur Q. Cincin- Pour l'abdication des empereurs, voyez principatus.
natus força le consul L. Minucius à abdiquer et à prendre ABIGEI (de ab agere). — On donnait ce nom ou celui
les fonctions de chef des légions comme légat [i.egatus]. De d'abactores à une classe particulière de malfaiteurs qui dé
même, le préteur Lentulus, impliqué dans la conjuration de robaient les chevaux ou le bétail '. Le crime d'abigeatus 1
(latilina, fut forcé d'abdiquer, en vertu d'un sénatus-con- s'était présenté de bonne heure en Italie, pays riche en
sulte, il est vrai ; mais nous pensons avec Lange14 que ce sé- troupeaux, et où les bergers des Apennins, menant une vie
natus-consulte autorisa le consul à ordonner directement sauvage et solitaire, étaient enclins à se livrer au brigan
cette abdication ,5. Quelquefois l'histoire mentionne un dicta dage 3. Vers la fin de la République, la culture des céréales
teur qui, comme Camille, abdique en présence d'une accu- avait été presque abandonnée, et les latifundia avaient
cusation portée par les tribuns devant les comices tribus envahi la Péninsule, par suite de l'extinction de l'agricul
[comitia], avec proposition de le condamner à l'amende ture libre Dès lors, le pâturage était devenu le princi
énorme de 50,0(10 as s'il faisait acte de dictateur 16. Enfin pal mode d'exploitation du sol , on pratiquait plus que ja-

» Lange, Rômische Altcrtluimer, § 81), p. 609. 2« éd. — » lit. Liv. XXIX, 37. 51 — îl Festus, s. v. Abacti. — Beckcr, Ueber Amtsentsetzung bei den Rômern;
— * Cic. Ad fam. v, 2, 7 ; in Pimii. 3 ; riutarch. Cicer. 23.— r> Cic. De leg. III, 20, 47. Ithein. Mus., 4, ISJ6, p. 293. — » Dio Cass. XLII, 20 ; XLII1, 45, 51 ; Suet. Cai-sar,
— « Polyb. IV, 14, 15; lit. Liv. XXIV, 43 ; XXXVII, 57, 58.— 7 nio, IX, 13. — » TU. 41. _ js Tacit. Afin. I, 13, 81. — 26 Laboulaye, op. laud. p. 390, 394. — 27 Dio
Lit. VIII, 3.-9 lit. Liv. XXX, 39. — 10 cic. De legib. II, li j Villemain, Republ. de Cass. XL11I, 46; 1.VI1I, 20; LXX1I, 12. — » PUn. Paifijgr. 65. — Bnuocairau.
f'icéron, Ut. VI, p. 319, éd. in-12, 1859. — H Laboulaye, Essai sur les lois criminelles. Lange, Rùmische Altcrthùmcr, Berlin, 2« éd. 1, p. 60» et suiï. ; Becker, Ueber
l'aris, 1841, p. U9ct 150; Tit. LiT. IX, 20; XUII, 16; Dionys. X, 39, 50; Dio Cas». Amtsentsetzung bei den Rbmern ; Ithein. Museum,yi, 1816, p. 293; Walter, Gcschichtc
XL, 51. — 11 Cic. Ad fam. VIII, 4; Laboulaye, op. laud. p. 288 et scq. — ia Dion. des rôm. Rechts,3' éd. Burin, 1560, n»' 143 et 856.
Italie. X, 23 ; Tit. Liv. III, 29 ; V, 9. — 1» Op. laud. p. 010. — « Cic. Catil. III, 6 ; y\rtlGI-:i. 1 Abactor est fur jumentorum et pecorum quetn vitlgo ahigeum vocant.
Sali. Catil. i~ ; Dio Cas8. XXXVII, 31. — 1» Tit. Liv. VI, 16, 38. — « Tit. LiT. III, Iiidor. X, 14. — s v. ce mot dans le tr. 5, g !, Dig. De re milit. XLIX, 16 ; fr. ï
b2 a 55. — H Mut. Tib. Orac. II. — 19 Op. laud. p. 2117. cf. App. Bell. ch. I, et 3 pr. De abig. XLVII, 14. — ' TU. Lit. XXXIX, 29, 41. — » Dureau de la Malle,
13; Mace, Lois agraires, p. 317. — «0 Sali. Catil. 47 ; Plut. Cicer. 9.— « lit. Lit. lu, Écon. polit. desRomains, II, liv. III, c. SI, p. 288 et suit.
ABl — 7 — ABl
mais un ancien système d'émigration des troupeaux, d'un ! ordinaire, comme indiquant une peine plus dure que celle
côté à l'autre de la chaîne des Apennins, suivant les exigen des mines "[toena1. C'est ce que fait très-bien observer Plat
ces des saisons 5. Cette transhumance était l'occasion d'une ner Le même texte iijoute que les coupables honestiore
perception de droits productifs pour le trésor 6. On conçoit loco nati sont seulement punis de relegatio [e.xsilium] ou
dès lors que l'intérêt de l'État se joignait à l'intérêt particu chassés de leur ordre, c'est-à-dire du sénat ou de la curie.
lier pour exiger une répression sévère de Yabigeatus, qui Quant à ceux qui se livraient à Yabigeatus avec des armes, on
avait pris en Italie, et aussi en Espagne, de grands dé j prononçait contre eux, au temps d'Ulpien, la damnatio ad
veloppements 7. Mais, avant de décrire la pénalité, qui bestias qui s'exécutait à Rome ; et cette peine ne paraît pas
variait suivant la gravité des faits, il importe de bien défi trop dure au jurisconsulte, car Yabigeatus avait pris les pro
nir le crime (Yabigeatus. Ulpien semble exiger l'habitude, portions d'une calamité publique. Les abigei voyageaient
chez l'agent, de commettre des vols de bestiaux 8. Telle par troupes, et le plus souvent à cheval 23 ; ils résistaient les
est en effet l'opinion à laquelle s'attachent des interprètes armes à la main à ceux qui les poursuivaient en un mot,
modernes, comme Abbegg; mais Platner 9 montre très- i cette profession était devenue une école de brigandage et de
bien qu'elle ne s'accorde pas avec l'ensemble des textes, crimes de toute nature. C'est ainsi que Rein explique la ri
et qu'un fait isolé peut constituer Yabigeatus. Tel paraît gueur de la pénalité édictée contre les atroces abactores S5.
être aussi l'avis de Rein 10. Paul considérait comme abi- Valentinien fut même obligé, pour prévenir Yabigeatus, de
f/eus quiconque enlevait du bétail, non pas seulement du limiter à certaines personnes, par des constitutions rendues
pâturage (de gregibus), mais de l'étable (de slabulo) 11 ; Cal- en 364 et 363, la faculté de voyager à cheval 20. En 393, un
listrate dit que, dans ce dernier cas, on doit prononcer une rescrit d'Arcadius permit d'intenter sans inscriptio l'action
peine plus sévère (plenius coercendum) a. Mais nous pensons, (Yabigeatus, mais seulement, sans doute, pour les cas les
avec Gujas, Platner et Rein, qu'on doit lire, d'après les inter moins graves [inscriptio in crimen]. G. Humbf.rt.
prètes grecs, lenius, expression qui s'accorde mieux avec ABIGERE PARTUM. Pour les Grecs, voyez amblosis. —
d'autres textes. D'ailleurs le bétail laissé en plein air avait Ces mots désignaient, à Rome, le crime d'avortement. D'a
besoin d'être protégé par une peine plus sévère, tandis qu'on près l'opinion qui tend à prévaloir en Allemagne, et qui
traitait comme simple voleur [furtum] celui qui emmenait s'appuie d'ailleurs sur un grand nombre de textes, l'avorte-
un bœuf ou un cheval errant ou abandonné L'abigeatas ment volontaire ne fut pas considéré comme un délit pen •
suppose en outre un vol de bétail d'une notable impor dant la durée de la République. Ni les philosophes de l'é
tance; on exige en général qu'il porte sur un certain nombre cole stoïcienne ni les jurisconsultes ne voyaient encore un
de têtes; mais le chiffre légal peut résulter d'actes succes être humain dans l'enfant simplement conçu ; il était regardé
sifs u. Si l'enlèvement d'un cheval ou d'un bœuf suffit, le seulement comme pars viscerum matris '. Cet acte ne con
jurisconsulte ne regarde comme abigeus que celui qui a dé stituait pas un cas particulier de mc<urtre, mais seulement
tourné dix moutons, quatre ou cinq porcs, deux chèvres I une action immorale. Si le père de l'enfant l'avait autorisée,
Néanmoins il y avait quelque doute sur ce point; car Paul il appartenait à la juridiction censoriale[CENSOR], chargée de
exige le vol de deux bœufs, de deux juments, ou d'un che la haute surveillance des mœurs, d'apprécier les motifs de
val Les abigei étaient poursuivis et punis extra ordinem, l'avortement et de le punir au besoin. S'il avait eu lieu à
et non dans un judicium publicum [crimen, judicium] ". La l'insu du mari , soit parce que la mère redoutait les périls
pénalité variait suivant les circonstances; elle s'accroissait de l'enfantement, soit par suite de son aversion pour son
pour les atroces abactorcs ls, ou suivant la fréquence du époux, celui-ci trouvait dans son autorité ou dans le tribunal
crime dans la province, ou la condition des coupables. domestique [judicium domesticum] des moyens suffisants de
L'empereur Trajan frappa de dix ans d'exil le recel des abigei. punition. Un passage de Plutarque 8 semble prouver que
Les autres peines usitées sont décrites en détail par un res- les anciennes lois s'étaient occupées de ce point ; mais ni lo
crit d'Adrien, adressé au conseil de Bétiquc Les plus cou sens ni la pureté du texte ne paraissent bien certains 3.
pables étaient condamnés soit ad gladium, soit aux travaux Quant à l'avortement d'une femme non mariée, l'État ne s'en
forcés à perpétuité ou à temps, et les récidivistes aux mines occupait pas.
(ad métallo). Le sens des mots ad gladium ne paraît pas très- Lorsque la corruption eut envahi la cité romaine, cette
clair à Ulpien lui-même, qui commente le rescrit, où cette criminelle pratique s'accrut dans des proportions effrayantes \
peine est présentée comme inférieure à celle des mines. Aussi le L'État dut enfin intervenir, et l'emploi des moyens d'avorte
jurisconsulte admet que l'empereur a entendu parler d'une ment fut sévèrement interdit. Bynkershœk B admet qu'une
sorte de damnatio ad ludum, qui laissait quelques chances de peine publique fut prononcée des le temps de Gicéron contre
salut au condamné, tandis que le damnatus ad gladium de les femmes coupables d'avortement. Celui-ci raconte, en
vait périr dans l'année. Mais Tribonien, en compilant le Di effet 6, qu'une femme de Milet fut frappée d'une peine capi
geste, a retranché ce passage du fragment d'Ulpien, et de plus, tale pour avoir détruit son fruit ; mais, comme le font ob
il paraît bien avoir employé les mots ad gladium dans leur sens server G. Noodt7 et Rein 8, Gicéron n'aurait pas eu recours

»ld. ibid. p. I«,I*3,*I3.— •Id.i4ia.p.4i5;Varri),Z)«r«ntt<ico,I[,l)16;Tit.Ut. leg. Mosaic. XI, i, § 1 et 5, et Rein, op. rit. p. 324.— M Cod. Tl codo». Quibu*
XXXIX, !9; Festas, «. v. Scriptuiarius. — 'l l/ispani omnes acerrimi abactares. Ser- equ. usiys, IX, 30, I. I et 3. — Bihlioghjpiiie. Cod. Justin, IX. 57 ; Thomasius, De
tius et Philargyr. adVirg. Georg. [II, 103. —8 L. I,pr. Dig. De abigeis, XLVII, 14, cl abigiatu; Hal. 17,i9; Bœhmer, De abigeis. 1712; Matthacu>, De criminibus 47, 8;
Collat. leg. Mosa'ic. et Rom. XI, 8. — » De jure crim. quœst.o. 417. — 10 Hein, Dm L. Platner, Quaestio de jure crim. p. 445-149; Rein, Dus Ciïmi/ialrrcht der Rôm.
irimmatr'cht der Rimer, p. 323.— H Sent, reeept. V, XVIII, S, et Coll. XI, 2. — p. 323 à 325; Leipzig, 1S44.
" L. 3. ; I. Dig. h. t.— » Lujas, Obs. VI, 8, et les Basiliques, ad h. L— I* Callislr. ABIGERE PARTUM. ' lleiu, Dus Criminalrechl der Rômer, p. 44î : Plut. Plue,
1 . 1. g ï, h. t.— » L. 3, pr.— " Sent. V, 1 8 ; Coll. XI, 8. — " Maier, L. 2, Dig. h. t. fhilos. V, 15; I. 9, § I, Dig. Ad leg. Faltirt. XXXV, 2; 1. I, § 1, O.g. De insp.
Le.Uus, ad Maer., in Otto Thesaur. I, p. 74 ; Rein, op. cit. p. 32». 1» dp. L. I venir. XXV, 4; L. î; De mort, infer. Dig. XI, 8; Ciccr. Pro Chient. XI; L. I, S
ï i, h. L — 13 L. I, pr. D. h. t. et plus complètement in Coll. leg. Mot. et llnm Dig. Unde cognai. XXXVIII, 8.— s Rom. 2J.— S Rjm. Dus Criminalrechl. p. 41G, noti.'.
X'. ". — 50 L 1, 3, Di». b. t.; Matthieui. De criminibus, pp. 213 et suiv. — »l Op. — » Oïid. Amor.W, H, 36, sq.; Jutcn. Sat. Il, 3i ; VI, 595 tq. ; Suet. tom. ii ;
nt p. 419. — M L. I , S 3, Dig. h. t. et Collât, leg. Momie. e! /loin. XI, 8, 5. — M Collai- «enoc. Ad IJelo. 16, etc. — > De jure Oceid. c. 7.— 0 Pro Cluent. It. — 7 AU J.it.
I n Mo-aie. et Rom. XI, i. — » MaUhaeus, De crimin. VI, 3:. - W Paul in Collai. Paul. Sent, obs c. IL — s P. 4i7.
ABO — 8 — ABO
à un exemple puisé dans une législation étrangère, si l'avor monie du lectisternium, de délivrer tous les prisonniers*.
tement avait été puni à Rome d'une peine capitale. Comme le nombre de cessolennités religieuses s'accroissait,
On ne trouve de trace d'une loi pénale contre Yabortio on devint plus avare d'abolitions, et on finit par les suppri
portas que 200 ans environ après Jésus-Christ, sous le règne de mer. Mais sous l'Empire l'usage en fu t renouvelé. Des aboli
Septime Sévère et de son fils Antonin Caracalla'. Le juriscon tions étaient proclamées à l'occasion des événements don-
sulte Marcien nous apprend 10 qu'en vertu d'un rescrit de ces nantlieu à des réjouissances publiques: lors de l'avènement
empereurs la femme coupable d'avortement volontaire doit du prince, ou à l'anniversaire de sa naissance, ou pour célé
être envoyée, par le président de la province, en exil tem brer une victoire, enfin, sous les empereurs chrétiens, à l'é
poque des grandes fêtes de l'Église s. Valentinien prononça
poraire, parce qu'il serait indigne qu'une femme pût impu
nément enlever à son mari l'espoir d'une postérité. Trypho- à Pâques une abolition générale, sauf pour certains crimes
ninus 11 se réfère au même rescrit, en appliquant celte peine très-graves 7; cette dernière devint traditionnelle, si bien
à la femme divorcée qui se fait avorter, ne jam inimico marito qu'elle n'eut plus besoin d'ôtre accordée expressément *.
filium procrearet. On voit encore apparaître ici, comme un L'abolition en principe émanait du sénat, tandis que l'indul
motif de pénalité, l'intérêt du mari. Longtemps auparavant, gence venait du prince'. Ce n'est que plus tard, lorsque l'au
du reste, la même idée se montre déjà dans Tacite lors torité du sénat eut disparu complètement, que les empereurs
qu'il nous raconte les accusations odieuses que Néron éle s'attribuèrent le droit d'abolition ; aussi quelquefois, depuis
vait contre la fidélité conjugale d'Octavie. Mais l'avortement cette époque, les mots abolitio generalis sont employés pour
n'en était pas moins puni d'une manière absolue, et indépen indulgenliu 10, et plus souvent dans le Code Théodosien.
damment du préjudice causé au mari, comme le prouvent Mais les juges n'eurent jamais le droit d'abolition. L'effet de
très-bien Platner1' et Rein On punissait aussi ceux qui pro ['abolitio generalis était d'éteindre l'accusation, et de faire
curaient des breuvages abortifs, abortionis poculum, ou qui en rayer les noms des accusés. On exceptait habituellement de
vendaient 1S, même sans dol, et sur les prières de la femme. l'abolition générale les esclaves et les calomniateurs 11 ; en
En raison du péril public, malt exempli, la peine des mines fin, l'adultère, l'inceste, le sacrilège, l'homicide, le crime
était prononcée contre les coupables de basse condition, de lèse-majesté, et tous les délits importants étaient exclus
et la relégation dans une île avec confiscation partielle con de l'abolition annuelle de Pâques, en sorte qu'elle se bor
nait aux infractions les moins graves 1S. Les prisonniers étaient
tre les autres | poen^e, exsilium, confiscation Si la femme
avait péri, celui qui avait procuré le breuvage était frappé délivrés, et demeuraient libres pendant le temps des fêtes " ;
du dernier supplice ,6. Justinien n range l'avortement vo mais ensuite l'accusation pouvait être reprise soit par le pre
lontaire de la femme parmi les causes de répudiation [di- mier, soit par un nouvel accusateur 14, pourvu que ce fût
vortium] permise au mari, indépendamment des peines à clans un délai de trente jours utiles; ce temps écoulé, le droit
d'accusation était prescrit, et ne pouvait plus être exercé 1S.
infliger d'après les anciennes lois. Du reste, ce crime de
meura fréquent dans l'empire romain malgré la vigilance Abolitio ex lege. Lorsqu'il se présentait, relativement à
que les empereurs chrétiens apportèrent dans l'application l'accusateur, un obstacle légal qui s'opposait à ce que l'accu
île la pénalité18. G. Humbert. sation eût son cours, soit qu'il fût mort, ou que sa plainte
dût être rejetée pour nullité de forme I6, le nom de l'accusé
ABOUTIO. — Ce mot, dérivé de abolere, signifiait en
droit romain la suppression d'une poursuite criminelle, pouvait être rayé en vertu d'une abolition formelle, nommée
imminente ou déjà commencée, sans que le délit fût abolitio ex lege Cette espèce d'abolition fut introduite par
effacé; ainsi la procédure seule était anéantie, de sorte les lois Julia De vi [vis plblica, privata], et De adulteriis
qu'une nouvelle accusation aurait pu être formée à l'occa [adulterium], et étendue par un sénatus-consulte ; dans tous
sion du même fait; l'action de la loi pénale était seulement ces cas, l'accusation pouvait être reprise pendant un délai
suspendue. de trente jours utiles.
On distingue l'abolition publique ou générale, par le sé Abolitio privata. Quelquefois le nom de l'accusé était effacé
nat ou par une loi, de l'abolition privée. La première, dit sur la demande de l'accusateur et dans son intérêt, pour le
Rein a été longtemps confondue avec l'indulgence [indul- soustraire aux conséquences fâcheuses d'une poursuite mal
gentia], bien que des lois 1 eussent soigneusement distingué fondée ou abandonnée. C'est ce qu'on nommait abolitio pri
l'indulgence, spéciale ou générale, des deux espèces d'aboli vata; sans elle, celui qui délaissait l'accusation était puni pour
tion privée ou publique. Le savant criminaliste allemand tergiversatio. Celle règle avait été introduite par le sénatus-
attribue à Hermann 3 le mérite d'avoir le premier mis en consulte Turpilianum, ou par la loi lJe(ronias dans laquelle
lumière cette distinction capitale *. Hermann ne voit toutefois qu'une confirmation par les cen
Abolitio gerteralis. Celle-ci est la plus ancienne et remonte turies de ce sénatus-consulte ,s. L'accusateur sollicitait cette
à la période républicaine. En effet, il était d'usage, lorsqu'on abolition du magistrat, gouverneur de la province, ou de
faisait des supplications publiques [supplicatio] et la céré- l'empereur '*, en s'excusant sur son erreur, ou sur sa témé-
» Oros. VU, n et sq. — 10 L. 4, Dig. De extraord. vrimin. XLVII, 11. — l'Église. — > L. 2, g 1, Dig. De cust. reor. XLVIII, 3 ; 1. 12. Dig. Ad S. C. Turpi-
'1 L. 39, Dig. De poeuis, XLVI1I, 19. — « Ami. XIV, 63. — U Quacst. de jure lion. XLVIII, 16; Ca.'siodor. Var. XI, 40. — M L. 17, Dig. Ad S. C. Turpilian.;
crim. Rom. p. 211. — 1» Op. cit. p. 448; 1. 8, Dig. Ad leg. Contcl. De sicar. L. 2, 3, Cod. De gen. aboi. IX, 4o. — " L. 9, Cod. De calumn. IX, 46; L. 3, Cod.
XLVII1, 8; 1. 38, g S, De poenis, XLVIII, 19. — u L. 3, § 1 et 2, Dig. Ad leg. Theod. De aboi. IX, 37; L. 2, D. De custod. reor. XLVIII, 3; L. 16, Dig. Ad S. C.
Corn. De sicar. — » Paul. Sent. V. 23, 14. — n Notiell. 22, c. 16 'S Tcrtull. Turp. XLVIII, 16. — » L. 3, 4, C, 7, 8. Cod. Theod. De indulg. IX, 38; 1. 3, C. De
Apoî. 9; Hicron. Epist. p. 22, ad Eustach. ; Amm. Marc. XVI, 10, et Rein, op. I. episc. fiud. I, 4. — ï3 Chrysosl. flomil. in psalm. II ; Amhros. Epist. 33. — 1* L. 7,
p. -Mi". — RiDLiaGnAPiiiR. Matltnicus, De criminibus, 47, 5, 1; Boeiï.ner, De raede pr. Ad S. C. Turpilian. L. 2, S 2, Dig. Accu». et inscr. XLVIII, 2 15 L. 10, g 2;
infant. 1740 ; Rein, Das Criminalreeht, p. 445, note S. Leipzig, (84i. 1. 15, § 6, Dig. Ad S. C. Twpil. ; Paul. Sent. V, 17, 2; I. i, 2, C De gen. aboi. IX,
AUOLITIO. 1 Das Crhmnalrccht der Itômer, p. 273. — » L. 9, Cod. Justin. De 43. — « L. 3, § l, Dig. De uccus. XLVIII, 2; I, 3, § 1 eod. ; 1. 35, Ad leg. Jul. De
calumn. IX, 46 ; 3, Cod. Thood. De abolit. IX, 37. - » De abolition, crimin. Lips. aduller. XLVIII, 5. — >7 L, 3, § 4; Di?. De accus.it. XIAI1I, 2; 1. 10. pr. Dig. Ad
1834. — » Op. aï. p. là 18. — »Til. Ut. V. 13— «L 8, 9, 12, Dig. Ad S. C. Turpi- S. C. Turpilian. — 18 L. 16, Cod. leg. Jul. De adult.; Hermann, De abolit, crim.,
lion. XLVIII, 10. — 7 L. 3, Cod. Theod. De indulg. crim. IX, 38. — » L. 4, 6, 7, 8, p. 31 et sq.; 1. 1, § 7, 8, 10, Dig. Ad S. C. Turpilian. ; 1. 39, § 6. Dig. Ad leg. Jul.
Cod. Tlieod. cod. tit. ; L. 3, Cod. Just. De episc. audiend. I, 4, et Godelïoy. Cod. De adult. XLVIII, S. — « L. 13, § 1, Dig. Ad S. C Turpilic.n. L. I, 2; Cod. De
Tl.eod. h. t., où il cite à ce sujet un grand nombre de passages des Pc'rcs de aboi. ; L. 16, C'.d. Ad Ira. Jul. De adnllrr. IX. 9.
ABO — 9 — ABO
rité, ou sur la passion qui l'avait entraîné M. Il ne pouvait dans un chapitre consacré aux vêtements étrangers 10. Ce
plus ensuite renouveler l'accusation, mais un autre pouvait sont, croyons-nous, des vêtements de ce genre richement
la reprendre G. Humbert. brodés que portent Didon et ses hôtes, pendant le repas,
ABOLLA. — Nom d'une espèce particulière de manteau, dans une miniature du Virgile du Vatican ici 11 reproduite
que l'on fait dériver1, peut-être sans preuves suffisantes, du (fig. 19).
grec ÀvaSoÀvî. Le mot grec, à la différence du latin, s'appli On peut croire que le nom de ce vêtement ainsi répandu
quait à un manteau quelconque et surtout à la manière de
le porter, en le rejetant en arrière [amictus, pallium] ; dans
quelques passages seulement il désigne particulièrement un
manteau court et léger2. Au contraire l'abolla était un vête
ment d'une forme déterminée ; elle ressemblait à la chlamyde
[chlamys], à laquelle elle a été comparée. Servius dit 3 que c'é
tait, « comme la chlamyde, un manteau double (duplex), »
mais sans confondre l'un avec l'autre, ni leur donner une
commune origine. D'autres textes prouvent que le nom grec
de chlamys fut appliqué tardivement, sous les empereurs,
au PALLDAMEXTUM et au SAGUM *.
Il faut donc voir dans Yabolla une sorte de chlamyde
romaine ou de sagum, c'est-à-dire un manteau épais, at
taché devant le col ou sur l'épaule par une broche [fi
bula] ou par un nœud [nodus] : il tombait droit autour
du corps et permettait de dégager facilement les bras. Il se
prêtait ainsi aux mouvements et à la marche. C'était un
vêtement de campagne ou de guerre, opposé comme tel a
ceux dont on faisait usage à la ville et en temps de paix 5.
On le voit porté par un grand nombre de soldais dans les
bas-reliefs de la co
lonne Trajane (fig. 18)
et de la colonne An-
tonine. Toutefois il est Fig. 19. Abolla cenatoria.
malaisé d'y distinguer
Yabolla du sagum, si et transformé ne garda pas toujours une signification rigou
ce n'est peut-être que reuse ; de même que ceux des différentes espèces de sagum
le premier était plus étaient souvent confondus, les écrivains emploient quel
court et moins ample. quefois le nom A'abolla dans le sens gé
On peut comparer néral de manteau. Ainsi ils l'appliquent
dans la figure les man au manteau grec des philosophes. Les
teaux quelque peu dif satiriques raillent 18 la gravité et la pau
18. Abolla et Sagum. férents que portent un vreté affectée de certains philosophes
soldat romain et un toujours enveloppés dans le vaste man
Dace, que le premier conduit prisonnier : l'un est l'abolla, teau qui leur servait d'unique vêtement
l'autre le sagum ou la sagochlamys. pendant le jour, et de couverture pen
Les habitants des villes, qui avaient été si souvent dans la dant la nuit. Comme on les reconnaissait
nécessité de quitter la toge pour prendre l'équipement mili d'abord à cet extérieur, on leur donnait
taire, dans la période troublée qui amena la fin de la répu le nom de grands manteaux ( major
blique, gardèrent sous l'empire l'usage habituel de Yabolla, abolla) La figure ici gravée d'après un
comme des autres vêtements servant de surtout |laena, vase d'argent du Cabinet des médailles Fig 20. Abolla major.
lacerna]. On n'en fit plus seulement d'étoffe épaisse et à Paris (fig. 20) d'une époque un peu
rude pour braver les intempéries de l'air6 : quand porter de plus ancienne, peut aider à s'en former l'idée. E. Saglio.
la laine fut considéré comme une marque de pauvreté, on ABORTIO, abortus , abortum, aborsus, accouchement
en eut aussi de fin lin 7 et peut-être de soie. Il y en avait qui avant terme, avortement. — Suivant Isidore on nomme
étaient teintes en pourpre 8, couvertes de dessins brodés ou abortivus l'enfant ou le fœtus arrivé avant terme, eo quod
peints et assez magnifiques pour être un costume royal 9. non oriatur, sed aboriatur et excidat. L'accouchement était
On s'en parait dans les festins. Un tarif de douane de la considéré comme prématuré lorsque l'enfant naissait le
colonie de Julia Zarai, dans la Mauritanie Sitifienne , de cinquième ou le sixième mois ou auparavant, la gestation
l'an 202 après Jésus-Christ, mentionne une abolla cenatoria ordinaire devant durer au moins sept mois. En effet, le
» L. 15, pr. big.Dejure fisc.XWL,U,lî. — Jl L. 1, Cod. De abol.;L. 4, §1, Dig. T'hil. V, 31 ; XIV, 3 ; Varr. ap. Non. /. c. ; cf. Cod. Theod. XIV, 10 ; Isid. Orig.
ail S. C. Tarp. 1. 3, Cod. IX, 45. — Biblioouaphib. Scger, De abolit. Lips. 1778 ; XIX, 2 t. —6 Juy. IV, 76, et ïladïig. Opusc. 1. p. 14.— ' Edict. Diocl. I. I. — « Mart.
II, 9 ; Hcrnnnn,/)< abolit, crim. Lips. 1834 ; Gcib, Geschichte des rùm. crimin. Pro- VIII, 4< ; Prudent. Adv. Symm. 557. — » Suct. Calig. 35. — lo L. Renier, Mon
lesses. Leipzig, IS42, p. 57 î ; Bein,£aj C.eiminalrecht der Ilomer, p. 273. Leipzig, 18*4. teur du 6 déc. 18c8 ; Gerhard, Archâolog. Anieiger, 1858, D. 120. — 11 A. Mai, Yir-
ABOLLA. 1 Forcellini ». t. — s Plat. Protag. p. 342; Syncs. Epist. 5z, p. 181) gil. pict. ant. ex. cod. Vadc. '835.— « Mart. IV, 51 ; Hor. Epist. I, 17, Î5.— n Juv,
C-, Edict.J>iocl. éd. Waddington p. 39, n. 38. — 3 Ad A En. V, 421. — 'Non. XIV, 9: 111, 115. — ll Chabouillet, Catalog. du cabinet des méd. et anti'jues de ta Biblmlh.
Paludamentum est vestis aune nunt chlamys dicitur ; Suid. Xl«^i<; 'A<»atonx<| ; iiitp. n° 2812.
J. l.ydw, De mag. I, 17. Edict. Diocl. éd. Waddington, p. 33, n. 48. — S cic. ABORTIO. 1 Etymolog. lib. X. 20.
2
ABR — 10 — ABS

jurisconsulte Paul 1 s'exprime ainsi : « On admet depuis et dans celle de leurs rites qui est complètement perdue.
longtemps, d'après l'autorité du savant Hippocrate, que le Nous en offrons divers exemples empruntés à la collection
fœtus naît parfait le septième mois ; conséquemment, on des pierres gravées du Cabinet des médailles. Ils suffiront
doit considérer comme légitime l'enfant qui est né le sep pour donner une idée du caractère de ces compositions,
tième mois depuis les justes noces [matrimomum] ; » mais compliquées et variées à l'infini. Sur la première pierre
il ajoute 3 que le part doit en outre avoir la forme humaine. (lig. 21) on voit un personnage à corps humain, à tête de
Quant aux peines prononcées contre les auteurs ou com
plices de l'avorlement volontaire, nous renvoyons à l'article
abigere pàrtum. Le droit romain avait pris des mesures
pour veiller aux intérêts des enfants conçus l. Les avan
tages légaux de la maternité, notamment le jus liberorum,
ne s'appliquaient pas à la femme qui accouchait avant terme
ou d'un monstre G. Humdert.
ABRAXAS, abpazac ou ABPACAï. — Ce nom, qu'on
lit ainsi gravé de deux manières, en caractères grecs, sur
des intailles du ne siècle après Jésus-Christ, ou des siècles Fig. 21. Abraxas des basilidiens.
suivants, fait reconnaître des amulettes ou talismans appar lion radiée, debout, tenant d'une main le signe égyptien
tenant ù la secte gnostique des basilidiens. Abraxas, d'après de la vie qu'on appelle la croix anséc, et de l'autre un
l'explication des Pères de l'Église, adversaires des gnos- sceptre autour duquel s'enroule un serpent dont la tête
tiques ', est le nom qu'un de leurs chefs, Basilide, donnait se tourne vers les rayons solaires. On lit à côté de cette
au Dieu suprême en le formant de sept lettres qui, selon la figure son nom en caractères grecs : iaq, et au revers
manière de supputer des Grecs, font au total 363. Ce nom abpaCah 7. Le premier nom se retrouve sur une autre
bre, qui est celui des jours de l'année solaire, était aussi, pierre (fig. 22), au-dessous d'un personnage à tête de coq
pour les basilidiens, celui des éons, intelligences ou anges avec des serpents pour jambes, armé d'un
créateurs, dont les manifestations, dans leur doctrine, for fouet et d'un bouclier 8. Ce nom est celui d'un
maient le plérôme, la plénitude delà puissance divine. D'autres des cons des basilidiens. On lit encore sur leurs
inscriptions souvent indéchiffrables et des symboles extrê talismans ceux de Sabaoth, d'Adonaï, d'Éloï,
mement variés et compliqués, la plupart devenus inexpli d'Oraios, d'Astaphaios, celui d'Ialdabaolh, le
cables, accompagnent le nom d'Abraxas, et on les trouve démiurge, créateur du monde, dont les six pré Fig. 22. Abraïas.
aussi sur des pierres où ce nom ne se lit pas. 11 en est résulté cédents étaient, disait-on, émanés, et d'autres
que ce nom a été indûment étendu : dans l'usage commun en grand nombre. On y voit aussi les sept voyelles A E Hio ro
on appelle abraxas les pierres gnostiques en général, bien disposées suivant des modes cabalistiques, ou la formule
qu'elles aient souvent un caractère tout différent. On les abaa.\a0anaaha qui se lit dans les deux sens. Parmi les
appelle aussi pierres basilidiennes ; et cependant elles sont autres inscriptions restées indéchiffrables, on rencontre des
loin d'appartenir toutes à la secte des basilidiens, mais il radicaux hébreux, grecs, syriaques, coptes. Sur la troisième
est vrai que c'est parmi ceux-ci que le nom a pris nais pierre (fig. 23) on voit 9 un ser
sance. pent à tête de lion radiée (Chnou-
Bien des essais d'explication de ces pierres ont été tentés. p/iis) se dressant entre sept
Les antiquaires des derniers siècles, Jean L'Heureux s, étoiles ; au revers un vase d'où
Chifflct s, du Molinet Montfaucon s, Caylus etc., en s'échappent deux serpents (peut-
ont proposé de très-hasardées. Les modernes ont apporté être le vase des péchés, selon
Fig. 23- Abraïas des ophites.
dans cette étude plus de critique et de vrai savoir. Parmi l'explication de Matter) et un
eux il convient de nommer en première ligne l'auteur de symbole formé de trois serpents, trois S ou trois Z traversés
l'Histoire critique du Gnosticisme. M. Matter a publié dans par une barre. Au revers on lit TQXNOr*l (à Chnoupkis).
un volume supplémentaire de cet ouvrage plusieurs planches Le serpent à tête de lion radiée est une des figures qu'on
représentant des pierres gnostiques. Dans les explications rencontre le plus fréquemment sur les pierres dites abraxas.
qu'il y a jointes, il a séparé de ces pierres un grand nombre Celles où on le voit appartiennent sans doute à la secte gnos
d'autres qui se rapportent à des doctrines différentes en tique des ophites.
fantées vers le même temps dans la Grèce, l'Egypte et Les abraxas des basilidiens se portaient vraisemblable
l'Asie, et il a interprété, souvent avec succès, quelques- ment de la même manière que les amulettes de toute autre
uns des noms et des figures qui distinguent celles des gnos espèce [amuletum]. E. Sagt.io.
tiques. Les sujets sont de bizarres assemblages de formes ABROGATIO [lex, magistratus].
empruntées à la figure humaine et à celles de divers ani ABSENS. — L'absent était, en droit romain, celui qui ne
maux, de signes astronomiques et d'attributs de tout genre se rencontrait pas au lieu où sa présence était requise.
dont l'explication se trouvait sans doute dans la connais L'absence peut être envisagée soit au point de vue du droit
sance aujourd'hui très-imparfaite des doctrines gnostiques, civil, soit au point de vue du droit public.

• L. lî Dig. De stalu Uominum, 1, 5. — S Ibid. I. 14. — 4 Gaius, Comm. I, 130; tiquitès, t. VI. — ' Chahouillct, Catalog. n° ÎI6S. — s Ibid. n° 2174. — » Ibid.
Justin. Instit. I, * pr. et fr. 13, § I et t, Dig. De ventre in possession, mittend. XXXVll, n° 2197. — Biuliograpiiie. fîellcrmann, Ein Versuch ùber die Gcmmen der Alten
9. — 8 Paul. Sent. IV. 9, § 3 et 4. mit déni Abraxasbilde, Berlin, 1 817-1819 ; Gurlitt, Arclulologische Schriften, Alloua,
ABRAXAS. ■ Voyez les teites de saint Irïnie, saint Jérôme, Tertullien, saint Au 1 >i3 1 , p. 127 et seq.; Matter, Histoire critique du gnosticisme, 1811, 2* édit. ;
gustin, ré'inis dans {'Antiquité expliquée du P. Montfaucon, t. Il, S" partie, p. 353. K. Mogenstern, Erklârungsversuch einer noch nicht bekcnnt gernechten Abraxas-
— • Jani Macarii Abraxas sea Apistopistus. — ' Abraxas-Prntcus, dissertation gemme, Dorpat, 1843; Stiekel, De gemma abraxea nondum édita, léna, 1818;
jointe à l'édition donnée par Chifflct, eu 1657, du livre précédent. — * Dans le Ca- Chabou:llet, Catalogue des camées et pierres gravées de la Bibliothèque impériale,
biaet de la bibliothèque de Sainte-Geneviève. IG9S. — 5 Op. laud. — 6 Dec. d'an- p. 282.
ABS H — ABS
I. Un grand nombre de textes régissent les effets de l'ab Iroduit la défense pour un absent de briguer un honneur a
sence considérée comme simple non-présence. Ainsi les débi Rome ; cela fut transformé en loi et renouvelé peu de temps
teurs qui se cachent pour ne pas être appelés en justice et après, en 702 de Rome, dans une loi de Cn. Pompée w, De
qui ne sont défendus par personne, donnent lieu à l'envoi jure mncjistratuum; elle contenait en effet un chapitre quoi
en possession de leurs biens, suivi d'une vente en masse a petitione honnrum absentes summovebat. Ainsi, c'était la
[missio in possessionem, emptio bonorum]. Le préteur, dans brigue seule {petitio honorum) qui se trouvait interdite.
le cas où un absent avait achevé par son fermier une usu- Suivant Suétone Pompée, sous prétexte d'avoir oublié
capion commencée, sans qu'on pût agir contre lui, venait d'écrire dans cette loi une exception en faveur de Jules César,
au secours du propriétaire * qui n'avait pas eu le moyen l'y fit ajouter après que la table d'airain avait été déjà dé
de se faire envoyer à temps en possession des biens, et posée à I'aerarium. Plus tard et pendant que César était
rescindait l'usucapion. Réciproquement, un citoyen absent dans les Gaules 1S, un plébiscite, proposé par le tribun Cœlius
pour un service public était autorisé par le préteur à reven et appuyé par Cicéron, renouvela ce privilège, ut ratio ab-
diquer 5 (rescissa usucapione) un objet usucapé pendant ce sentis Caesaris in petitione consulatus Itaberetur. Mais Marcel-
temps par un tiers [usucapio]. Sur les effets de l'absence lus fit décider par le sénat qu'on ne tiendrait aucun compte
quant à la procédure, voyez contumacia et eremodicium de cette loi, comme si Pompée avait abrogé un plébiscite.
Mais le droit romain n'avait pas organisé de système com Voici comment M. Mommsen " explique la succession de ces
plet en vue du cas d'absence véritable, c'est-à-dire de l'hypo faits assez obscurs : Pompée en 702 de Rome avait, pen
thèse où un individu a disparu de son domicile, sans donner dant sa dictature, fait dispenser César, par le plébiscite de
de ses nouvelles, en sorte que son existence est incertaine. Sans Cœlius, de la formalité prescrite aux candidats par une loi
doute, en pareille hypothèse, on appliquait, quant à l'adminis antérieure de présenter six mois à l'avance, et en per
tration de ses biens, les règles relatives aux non-présents \ sonne, leur candidature. Lorsque plus tard vint l'époque
Aucun droit ne pouvait être réclamé à son profitsansla preuve des élections, la règle générale aurait été proclamée de
de son existence ; et réciproquement nul ne devait, sans prou nouveau, sans mentionner l'exception en faveur de César;
ver la mort de l'absent, exercer un droit subordonné à son sur ses plaintes, elle fut ajoutée après coup à la loi Pompéia.
décès 6, sauf le cas où il était constaté que cent ans s'étaient Mais Marcellus argua de nullité cette addition.
écoulés depuis sa naissance. Au cas d'absence d'un père de L'absence ne dispensait pas des obligations du recense
famille, ses enfants pouvaient, après trois années, se marier ment [census]. G. Humbert.
sans son consentement 7 ; le jurisconsulte Julien assimile ABSIS ou APSIS, sous une forme moins latine, — C'est la
le cas de captivité à celui d'absence, et valide même l'union transcription du mot grec Atyiç, T3oç, qui, venant de à'-xo>,
conjugale contractée par l'enfant avant ce délai, si l'on peut ajuster, exprime proprement l'assemblage, la connexion de
" présumer, d'après la condition de l'époux, que le père n'eût plusieurs pièces, se tenant l'une par l'autre, comme les dif
lias refusé son consentement. La femme d'un individu soldat, férentes parties d'une roue qui s'areboutent réciproque
en campagne ou captif, et dont on n'avait pas de nouvelles ment '. Or, en architecture, ce principe est celui même de
depuis cinq ans a, était autorisée à se remarier. Constantin toutes les constructions voûtées, et trouve son application la
paraît avoir réduit ce délai à quatre années 3, mais ces pres plus complète dans les voûtes hémisphériques que nous ap
criptions furent modifiées par Juslinicn 10. pelons coupoles. Aussi, quand on voit le mot étyfç employé
II. Au point de vue du droit public, il n'était pas permis non-seulement par les écrivains de l'époque romaine pour
à un absent de solliciter comme candidat une magistrature désigner un arc de triomphe *, mais déjà par Platon 3, pour
romaine. Becker 11 pense toutefois que les restrictions en exprimer la forme de la coupole céleste, ne peut-on douter
cette matière ne se présentèrent qu'après le commencement que ce ne fût dans la langue des architectes grecs un terme
du vu5 siècle de Rome ; il cite un grand nombre d'exem technique, que les Romains leur empruntèrent avec une si
ples u qui prouvent la liberté presque illimitée laissée au gnification toute faite. Us l'appliquèrent, par exemple, à une
peuple dans le choix des candidats [ambitus, magistratus]. chambre formant rotonde, construite en saillie sur un corps
On peut à cet égard adopter la distinction suivante proposée de bâtiment, de manière à recevoir toute la journée les rayons
par Rein : Le peuple était maître d'élever au rang de consul du soleil : Adnectitur angulo cubiculum in absida, quod am-
ou de préteur, etc. un citoyen qui ne s'était point porté offi bitum solis fenestris omnibus sequitur *.
ciellement candidat (professio), puisque Cicéron 13 critique Dans un sens plus restreint, c'était une grande niche demi-
comme absolument nouvelle la disposition de la loi agraire de circulaire , voûtée en cul-de-four, comme celles qui termi
R ullus, qui exigeait qu'un citoyen fût présent pour être élu dé- naient les deux cellae adossées l'une à l'autre, où étaient
cemvir. Du reste, celui qui ne briguait pas une magistrature, placées les images de Vénus et de Rome, dans le temple qui
était ultro crealus ou non petens; et, à ce point de vue, leur était commun. La figure 2t reproduit une de ces absides
qu'il fût ou non présent à Rome, on disait qu'il pouvait être encore debout, d'après une aquarelle de M. Vaudoypr 5. On
nommé en son absence Au contraire, l'usage avait in- cn voyait ordinairement une semblable à l'extrémité des basi-

ABSOS. i Caius, Comm. 111, 78 cl 71», et Theophil. Ad Iiislit. III, 12; Dé « Deletje agrar. II, 9. — Tit. Liv. Epit. LVI. — « Cicer. De Jlepub. V, 11 ;
mangeât, Cours élém. de droit rom. t. Il, p.lGO. sous ce titre des Instilutcs, 2« éd. t'ro Cuelio.i; Til. Liv. IV, il. — 16 Cf. Til. Liv. Epit. CVI1I ; Suclon. J. Caesar, ï".
l'aris. :8G7. — « ► r. lî, § '., Dig. De eapt. .\L!X, là; fr. 21, § 1 ; fr. 23, § 4 ; 26, — 11 SuM. /. /. ; Dio Oissius, XL, 56. — '8 Tit. Liv. Epit. CV1II; Ci-. Ad Attii:
§ î, Ex qinbus eausù maj. Dig. IV, 0 ; Instit. Just. IV, r>, 5.-9 Fr. 2-i, 8 5 Dig. IV, VII, 1,3; Philip. II, 10; Ad fumiliares. XVI, 12. — '9 llùm. Geseh. III, 9, p. 313,
; fr. 57, Afandati. Dig. XVII, I. — * Pour le cas de captivité, voy. Poàtlihi^il-m. t' edit., et Die Itrchtsfrage zwischen Cachai- und dem Sénat, Breslau, 1Sj7. — Bi-
— * Villequd, De l'absence en droit romain, in lieu. kist. de droit, 1856, p. 210 et OLioGiuriiiR. Becktïr. J/andbuch der rôm. Alterthiimer, Leipzig, 1846, II, 2, p. 47
suit. ; t. fr. 1 ri 15, Dig. IV, € ; fr. 2i D'g. D* re',u3 auct. judic. XLII, 5 ; U t tribuns à 49; Rein, in Pauly Jtcal Encyclopédie, s. v. Absens, p. 20; 2* éd., 18t»2; Lange,
pr. t plient les absents A.Gclt.XIII, If.— *C. 4,Cod. Just./> pottlim. yv. VIII.5I, Rùmische AUerthûmer, I, § 80, p. 607, éd., Berlin, 1S63.
— t Fr. Il Dig. De ritu mtpt. XVIII. 2.-9 Fr. 6, De dioort. Dig. XXIV, S.— 9 C. 7 A11SIS. 1 Hesiod. Op. 424 ; Herodot. IV, li. — « Dio lass. XL1X, 15; LUI, fj
Cwi, Just. De repud.\, 17.— M A'met. XXII, c. 11, et CXVII, cil. — » Iltmd- et Ï6. - s phoedr. p. ;47 ; cf. Ilieronym. lib. Il Epist. ad Ephet. — * Plin. Epist.
Lueh drr rtm. Alterth. Il, ï, p. 47 cl suit. — "Til. Liv. IV, 42, 48 ; VIII, 82 j X, 22; X, 17. — 9 Itestaur. du temple de Vàius et Home, à la bihliothcqu* de l ieu!»
\Xll. 3S; XXIII, ït;XXI«, 9,43; XXVI, 25, 23 ; XXIX, Il ; XXXI, :0; XL, 43. des Dcaux-Ai'ts.
ACA — 12 — ACA

liques. Assignée d'abord à l'usage du préteur, qui y tenait son de l'Académie étaient celles que Platon recherchait de pré
tribunal, puis conservée dans les basiliques chrétiennes, férence 13 pour s'y entretenir avec ses élèves et ses amis. Ce
comme la place philosophe fit élever dans l'enceinte de l'Académie un petit
d'honneur de l'é- temple des Muses, appelé Mouseïov, dans lequel Speusippe
vôquc et de son plaça les statues des Grâces 1V. Un Perse du nom de Mithri-
clergé, elle est de date fit exécuter une statue de Platon par le sculpteur Sila-
venue l'abside de nion, la fit transporter dans ce temple et la dédia aux Mu
nos églises *. ses 1S. Après la mort de Platon, cette statue resta placée au
La figure 23, em centre de son école et le grand philosophe fut enterré dans
pruntée à un sar le voisinage de l'Académie 1S. Son tombeau était situé près
cophage romain 7, du lieu appelé Koawvô; fmrioç, parce qu'on y voyait les au
offre des exemples tels de Poséidon et d'Athéné Équestres. Plus tard , le roi
de constructions de Attale fit planter un jardin dans l'Académie. Dans ce jar
formes diverses ; din, le philosophe cyrénéen Lakydès, successeur d'Arcésilas,
quelques-unes sont fonda des écoles et donna des leçons Ce fut alors que ce
couvertes de cou lieu prit le nom de AaxûSstov ls. Les Spartiates, maîtres
Fig. 24. Abside du temple de Vénus et Rome.
poles et de demi- d'Athènes h la fin de la guerre du Péloponèse, avaient res
coupoles auxquelles convient le nom à'absis. pecté l'Académie en souvenir de l'assistance fournie par
Le môme mot paraît avoir été employé par extension chez Académus à leurs héros Castor et Pollux "; mais Sylla, lors
les Romains pour exprimer toutes sortes d'objets ayant une qu'il assiégea Athènes, détruisit les beaux arbres de l'Aca
démie pour en faire des machines de guerre l0. Ces arbres
toutefois ne tardèrent pas à être remplacés. Aujourd'hui,
il ne reste plus rien du gymnase et des autres bâtiments
de l'Académie et les savants ne sont pas complètement d'ac
cord sur son emplacement.
Le nom d'Académie fut souvent donné, en mémoire de
Platon et de ses disciples qui l'avaient illustré, à d'autres
lieux consacrés à l'étude des lettres et de la philosophie
Plg. 25. Bâtiments accompagnés d'absides. C'est ainsi que Cicéron appelait une campagne qu'il possé
dait près de Puleoli (Pouzzoles) dans celle de Tusculum^
forme courbe. Pline 8 s'en sert en parlant de la courbe que il avait aussi une académie I3. L'empereur Adrien, qui avait
décrivent les astres dans leur cours. On le trouve dans le fait reproduire dans sa somptueuse villa de Tibur quelques-
Digeste 9 pour désigner des bassins d'argent. L. Heuzey. uns des plus beaux édifices de la Grèce, y fit élever des con
ABSOLUTIO [SENTENTIA]. structions et planter des jardins à l'imitation de l'Académie
ABSTINENDI BENEFICIE*! [iIAEREs]. d'Athènes A.-P. Simian.
ACADEMIA, 'AxaSr,(i(« ou 'Axaô^uLstoc, ou encore 'Exotsrp ACANTHES, du grec âxavOa, épine, l'acanthe. — Plante
(xtta '. — Ce nom, dérivé de celui de'ExaéSïiuoç *, selon d'au herbacée, vivace, espèce de chardon ; son feuillage élégant a
tres 'Axao7itAoç, habitant de l'Attique qui avait révélé aux fourni aux architectes anciens le motif des plus gracieux et
Dioscures poursuivant Hélène et Thésée, son ravisseur, la des plus riches ornements.
retraite où leur sœur était cachée, désignait un jardin 3 11 existe une douzaine d'espèces d'acanthe, mais la plupart
situé au nord-ouest d'Athènes à six stades environ de sont particulières aux pays chauds, où elles servent à former
la ville 5. Pour y aller, on traversait le quartier du Céra des haies et des clôtures ; deux espèces seulement nous sont
mique et on sortait par la porte Dipyle6. Le long du chemin, anciennement connues et poussent naturellement dans les
on remarquait quantité de tombeaux 7, parmi lesquels ceux régions méridionales de l'Europe. L'une est l'acanthe sauvage
de Thrasybule, de Chabrias, de Phormion et de Périclès 8. (acontkus spinosus), épineuse et frisée, c'est la plus courte ;
L'ancienne propriété d'Académus, après avoir appartenu à l'autre, sans épines, lisse et unie, a de larges feuilles flexibles,
llipparque, fds de Pisistrate , qui l'entoura d'un mur et y qui l'ont fait nommer acanthe molle (acanthus mollis); on
établit un gymnase 9, fut embellie par Cimon, qui y l'appelle en Italie branca ursina, ou grille d'ours '. Ces plantes
amena des eaux et y planta des arbres u'. L'Académie étaient employées chez les Romains pour la décoration des jar
était tout entière consacrée à Athéné qui y avait un dins, elles formaient ordinairement la bordure des p.irterres
autel à côté de ceux d'Héphaestos, de Prométhée, d'Her et des bassins
mès, d Héraklès, des Muses et d'Éros ". Cettautel était L'acanthe sauvage est certainement celle que les Grecs ont
entouré des douze oliviers sacrés appelés [*op£ai. L'un de imitée, quoi qu'en disent plusieurs auteurs '. Les Romains
ces arbres était considéré comme le premier rejeton de seuls, en développant considérablement l'usage de l'acanthe
l'olivier créé par la déesse 1S. Les promenades ombragées dans l'ornementation de leur architecture, ont employé aussi

« Isid. Orig. XV, 8 ; Paulin. Nol. Ep. XX.X11, 11. — ' Bottari, Pitl. e Scult. I, IV, I, 3, 8; III. Sel 20.— « Diog Laert. 111, 20. - e I'ausan. XXX, 3. - 17 Diug.
lav. 34. — « Plin. /Suc. !fal. XV, 16, 17.— • XXÎ1V, 2, 19, § 6. Laert. IV, 4, 8. — 18 M. i. (. — «8 Diog. Laert. III, 9; Plut. Thes. 32. — 'O plut.
ACADEMIA. 1 Diog. Lacrt. III, 7 ; Steph. Byz. 'Ex«S.hi"«- — 1 Schol. Aristoph. St/lla. 12. — *' Allatius, Ad Epist. Socr. p. 27S, ed. Orelli. — s* Plin. But. Ifat.
A'u6. 1003 ; Plut. Thes. 32; Uiog. Lserl.HI, 9. — S Paus. I, 2S; Suidas, 'A»aSw;«. XXXI, 2, 3. — «Cic. AdAtt.\, 4, 3, ll.etTW. 2, 3. — » Spaitian. in Adr. 22. —
— * Barthélémy, Annch. Atlas. — 5 Cic. De finib. V, 1. — ' Barthélémy, Anach. UiBLiocniruiB. Barthélémy, Voyage du jeune Anacharsis, ch. 7 ; Pauly, Real Encyclo
VII; Leake, flcsearches in Greece, p. 73. — 7 Mcursius, Ceram. c. xix ; Cic. Ad pédie, s. y.Aeademia, 2«éd. 1 S u ; Gerhard, A rchàologiscke Zeitung, 13 »5, n*\33, p.130.
(am. IV, 12. —8 Paus. I, 29. — » Suidas, II, 2, p. IIG2, ed. Bernh. — 1° l'lut. ACAN'TtILS. 1 Plin. Mit. Ifat. XXII, 31; Canin*., Arch. greca, p. 114 pl. 106,
Cimon, 13 ; Plin. But. Ifat. XII, I, 5, 9 ; Dicaiarch. Desc. Or. fr. I, I. — — 2 Plin. I. I. — 3 Perrault, Traduction de Vitruvc p. 1 OS ; Milliu, Irictionnaire des
" Apollod. ap. Schol. Soph. (Ed. Col. 56, 701 ; Paus. 1, 30, î. — U Athen. XIII, Beaux- Arts s. v. ; Quatremcre de Quincy, Dictionnaire d'architecture s. t.
p. 561, 609 d ; Plut. Solo, I; I'aus. /. /. — 13 Plut. De exsil. 10. — » Diog. Laert. Acanthe.
ACA — 13 — ACA

l'acanthe domestique. La légende si connue, racontée par Après l'asservissement de la Grèce, quand ses artistes vin
Vitruve *, sur l'origine du chapiteau corinthien l'indiquerait rent à Rome chercher l'emploi de leurs talents, nous y
déjà [capitulum] ; l'abondance de l'acanthe sauvage en Grèce, voyons apparaître la pure acanthe grecque, avec ses lobes à
comparée à l'excessive rareté de l'acanthe molle, ré prouve trois divisions aiguës, avec ses œils ronds comme ceux du
rait aussi ; mais ce qui le démontre sans réplique, c'est l'exa chardon épineux, acanthe dont l'ensemble est à la fois déco
men des monuments grecs encore existants. Nous trouvons ratif et plein du sentiment de la nature et de la vie. Le temple
l'acanthe épineuse au monument choragique de Lysicratc, en marbre de Vesta, à Rome, nous présente, dans son chapi
dans le chapiteau des colonnes et dans le magnifique fleuron teau, un très-beau spécimen de l'acanthe ainsi comprise 13 ;
triangulaire du couronnement, qui porta jadis le trépied dé nous la retrouvons aussi à Cori, dans le magnilique chapiteau,
cerné au chorège [acroterium] s ; nous la trouvons dans les en pierre stuquée, des colonnes du temple de Castor et Pol-
nombreuses stèles athéniennes, où elle forme ordinairement lux De la môme époque date, sans doute, un temple dont
la base de l'ornementation sculptée 6 [sepuixrum] ; nous les restes, peu connus, subsistent en France, au Vernègues
la trouvons enfin dans les édifices où la pure tradition (Bouches-du-Rhône). Ses chapiteaux, comme ceux du posli-
grecque s'est plus ou moins bien conservée, c'est-à-dire aux cum du temple de Livie, à Vienne (Isère), sont ornés de feuil
chapiteaux du temple d'Apollon Didyméen à ceux de la les d'acanthe qui ont tous les caractères ci-dessus dé
tour des Vents à Athènes, de l'Incantade à Salonique, de crits ".
l'Arc et du Portique d'Adrien 8, Bientôt cependant le sentiment de la nature est aban
et du temple de Jupiter Olym donné, et, même dans les premiers édifices de l'empire, les
pien à Athènes ",etc. Nous donnons chapiteaux présentent une feuille d'acanthe conventionnelle,
(fig. 2C), comme exemple de la qui n'a plus, de la feuille primitive, que l'aspect général. Les
feuille d'acanthe telle que les Grecs grandes divisions sont toujours observées, l'ensemble est dé
l'ont comprise et interprétée, une coratif et monumental, mais l'effet est froid, la vie est ab
feuille d'un chapiteau de ce der sente. On a remarqué ici, comme esprit de détail, l'introduc
nier temple. tion de la feuille de l'olivier et de celle du laurier. Chaque lobe
Chez les Romains, les monu de la feuille offre quatre ou cinq divisions, profondément re
ments qui datent de la République fendues, dont chacune, creusée en coquille, peut, à la rigueur,
nous offrent une interprétation représenter la ligne extérieure d'une feuille d'olivier ou de
Fis. Ï6 Acanthe du temple de curieuse de l'acanthe. La masse laurier; l'œil est allongé, les côtes sont très-fortement accu
Jupiter Olympien à Athènes. de la feuille est restée la même, sées et celle du milieu est ornée de divisions ou d'une petite
mais les détails sont changés ; les feuille étroite superposée. C'est la feuille que nous offrent le
extrémités de chaque partie de la feuille se sont arrondies et plus fréquemment les édifices romains. Nous la trouvons aux
frisées au lieu de rester aiguës et droites. Le chapiteau du chapiteaux du temple de Mars Vengeur, du Panthéon, du
temple de Testa à Tivoli, dont une feuille est représentée portique d'Octavie, de l'arc de Titus, du temple d'Anlonin et
fig. 27, les rosaces du plafond Faustine (fig. 28), etc., et généralement dans les modillons
sous le portique du même tem des entablements de ces mômes édifices 1B. Dans le chapiteau
ple, les chapiteaux du temple du temple de Jupiter Stator,
de la Fortune à Préneste, au et dans le chapiteau à têtes de
jourd'hui Palestrine, et de la bélier qui provient de l'inté
Basilique de Pompéi, un chapi rieur du temple de la Con
teau isolé à Cori, sont de très- corde cette feuille conven
beaux types de l'acanthe ainsi tionnelle prend un autre ca
traduite ,0. On a voulu voir ici ractère ; elle montre plus de
l'imitation des feuilles de la vi vie par la forme flamboyante
gne, greffées en quelque sorte de ses divisions.
sur la masse conservée de l'a L'acanthe molle, plus fine,
Fig. -'• Acanlhe du temple de Vesta canthe; on a ajouté comme
à Tiioli. plus souple, plus gracieuse
preuve que, dans la plupart de pcut-ôtre, fut surtout, comme
Fig. 23. Acanlhe du temple d'Anlonin
ces chapiteaux, les caulicoles paraissent imitées des vrilles nous l'avons dit, employée par et Faustine.
de la vigne ". Nous y reconnaîtrions plutôt la feuille de la les Romains. Rs la transfor
solanée appelée vulgairement bouillon blanc ou chou gras, et mèrent en y ajoutant des détails pris à d'autres plantes, telles
nous donnerions à ce mode d'expression de l'acanthe une que le persil, et en tirèrent ces magnifiques ornements qui
origine étrusque. Nous retrouvons en effet cette feuille dans couvrirent les moulures, les modillons, les consoles, les
des monuments étrusques qui à coup sûr sont antérieurs aux frises d'entablements, les corps de pilastres, etc., et dont les
monuments romains précédemment cités On peut en voir exemples sont si nombreux. Nous n'en citerons que quel
parmi les terres cuites de la collection Campana, actuelle ques-uns parmi les meilleurs : les moulures du piédes
ment au Musée du Louvre, d'autres encore au Musée de la tal de la colonne Trajane H, la cymaise du temple de Ju-
ville de Pérouse. pRer Sérapis à Pouzzoles 19, les consoles et les rinceaux
» VitruT. IV, 1. — » Sluart cl Bcvcti, Ant. of Ath. I, ch. 4, pl. 3, 8, 0; Owcn Jo Arch. romana, pl. 20, p. 73. — » Alonumenli inediti delV lut- archeol. ISir.,
nes, The Grammar of urnament, ch. 4 ; galt-rie des moulages grecs à l'École des Beaui- lav. 20.— " Galerie des moulages rumains; Envoi de Ilomi de M. Bonnet. Bihl. de l'é
Arti — 6 Th. lebas, Voyage en Grèce et en Asie Mineure, pl. H, 14. — 7 Anti/. cole des Beaux-Arts.— <k Emoide Home de MM. Th. Labrouste et Brune. — «Mou
of Ionia, t. US, ch. 3, pl. 10 (ed. de HCO;, pl. 8 (cd. do 1*21).— > Stiyirt et Reveti, lages romains à l'École des Beaux- Arts. — "> Moulages romains à l'École de» Beaux-
Antiq. of Alhcns, t. I. ch. 3, pl. C, 1; t. III, ch. 3. pl. 6-10, et ch. 9, pl. 3. Arts, et Emois de Home de MM. l'accard, Lomet, l.cbotit. ut. Vaudreiner et Ginain. —
— * Penrose, Principtcs of Athen. Arch. pl. 311. — 10 Envois de Home de H .Moulages romains à l'École des Beaux -Arts, et Envois de MM. Ancclet et naunicl
JIM Tétai. A ncelet, Bonnet et Brune; biblioth. de 1 École dei Beaux-Arts. — !' Canina. — IS Eneci de Rome île M. Giuain — " fcucoi de Home de M. Gantier.
ACA — 14 — ACA
du forum de Trajan la frise du temple du Soleil, dont les l'exposant à un feu ardent, sans toutefois le réduire en char
fragments gisent dans le jardin Colonna et les rinceaux de bon ; les matériaux préparés de cette façon s'appelaient aussi
la villa Médicis, qui ont dû décorer des corps de pilastres ligna coda ou coctilia 5 ; la seconde méthode consistait à en
Semblables à ces derniers rinceaux étaient sans doute les lever I'écorce et à faire séjourner le bois dans l'eau, puis à le
acanthes d'or dont parle Diodore de Sicile, en décrivant le faire complètement sécher avant de s'en servir 6 ; le der
char funèbre d'Alexandre et qui, surgissant du milieu de nier procédé était l'immersion dans de l'amurca, la partie
chaque colonne, s'élevaient insensiblement jusqu'aux chapi aqueuse du suc de l'olive qui sort la première sous le pres
teaux soir, avant l'huile [olea] ; quelquefois aussi on se bornait à
L'acanthe molle fut aussi employée dans la décoration en enduire la surface du bois, qui était ensuite séché au so
des chapiteaux ; nous la voyons au chapiteau composite de leil T.
l'arc de Septime Sévère (flg. 29j !s. C'est par erreur que IL acapnon mel, miel sans fumée, c'est-à-dire le miel
Perrault et Quatremère de Quincy l'indiquent à l'arc de Ti enlevé de la ruche sans qu'on eût enfumé les abeilles 8.
tus " : les chapiteaux et les Comme cette dernière opération communiquait au miel un
modillons de cet arc portent goût assez désagréable, le mel acapnon était fort recherché
l'acanthe de convention. [mel]. Ch. Morel.
L'acanthe en général, di ACATUS, ACATIUM ("AxaToç, Axâxtov). — Petit bâti
versement interprétée sui ment dont le nom se rencontre assez fréquemment dans les
vant les différentes épo auteurs anciens, mais dont aucun n'a laissé une définition
ques, ne fut pas seulement précise. Des divers passages où il en est question, il résulte
appliquée à l'architecture que ce nom, resté indéterminé, comme chez nous ceux de
proprement dite. Nous la barque ou d'embarcation, s'appliquait à des navires d'impor
trouvons encore soit dans tance et de destination diverses. Hérodote 1 parle d'acates
les peintures de Pompéi et servant à transporter des grains ; Lucien * appelle de même
des Thermes de Titus, soit un navire de charge pouvant contenir des passagers en grand
Fig. 29. Acanthe de l'arc de Seplime comme ornement de vases, nombre, des armes, des provisions, et en état de résister à
Sé»èrc.
de candélabres, de tables, et une longue et pénible traversée; mais, en général, ce nom
de toutes sortes d'objets en marbre ou en bronze, que con désigne des bâtiments légers et surtout propres à la course.
tiennent nos musées. Tels étaient ceux dont se servaient les pirates, « légers, étroits,
L'orfèvrerie s'en servit aussi très-heureusement; nous en de facile manœuvre, embarquant, dit Strabon 3, environ
avons un bel exemple au Musée de Naplcs, dans un vase en vingt-cinq hommes, rarement capables d'en porter trente. »
argent, où se trouvent représentés Homère, l'Iliade et l'Odys Thucydide raconte que les habitants de Mégare assiégée par
sée, portés sur des rinceaux d'acanthe les Athéniens, dans la guerre du Péloponèse, sortaient pendant
Dans leurs poésies, Théocrite, Ovide, Properce et Virgile, la nuit pour exercer la piraterie ; ils transportaient sur une char
nous décrivent des vases et des coupes, en airain ou en bois, rette jusqu'à la mer et faisaient rentrer de la même manière
sur lesquels la flexible acanthe serpente et s'entrelace *\ L'a dans la ville, avant le jour, un de ces navires, que l'historien
canthe fut aussi employée en broderie pour orner les vête appelle àxoÎTtov àuçr.ptxôv, c'est-à-dire que chaque rameur y
ments. E. Guillaume. maniait deux avirons Quand Carthage fut réduite à toute
ACAPXA. — I. acai-na ligna (a/ot-vot ;ûXa),bois qui brûlent extrémité par la révolte des mercenaires, elle arma les plus
sans fumée. Le climat de la Grèce et de l'Italie n'exige pas grandes acates qui se purent trouver 5 ; c'étaient par con
des appareils de chauffage très-compliqués. Les anciens, dans séquent des navires qui n'avaient pas auparavant cette desti
leurs appartements, se contentaient, en général, comme on nation. D'autres témoignages prouvent encore que des acates
fait encore dans beaucoup de pays chauds, d'un foyer fixe servaient à la pêche8, ou comme embarcations attachées à de
(s<m'<x) ou portatif {/unis, à/Opaxta, eV/apa), et dans le premier plus grands vaisseaux7, qu'elles naviguaient tantôt à la rame 8
cas, une simple ouverture au plafond suffisait à donner pas et tantôt à la voile 9, et qu'elles étaient au besoin munies de
sage à la fumée [focus, domus]. Ce mode de chauffage ren gouvernails 10, d'ancres", et quand elles devaient combattre,
dait nécessaire l'emploi de combustibles donnant aussi peu d'éperons. Ce dernier trait leur est attribué par Pline 1S, aussi
de fumée que possible. On se servait de bois que l'on avait bien que la poupe arrondie et courbée en dedans ; mais ce
eu la précaution de faire complètement sécher. Les poètes sont là des caractères qui ne les distinguent pas de la plupart
ont toujours soin d'indiquer cette dessiccation par des épi- des autres navires. Plutarque " appelle axâ-rtov le bateau
thètes convenables (;uXa 8»vâ ÇûXa xx/xava s, xàXoc xâyxava 3). dans lequel se jeta César surpris à Alexandrie, d'où il gagna
On perfectionna en Grèce les procédés de dessiccation de telle à la nage un bâtiment en rade, et Suétone, racontant le
sorte qu'on obtint des bois brûlant sans produire aucune même fait", lui donne le nom de scapha ; il s'agit donc ici
fumée, ;0Xa àxor.irva, ou simplement axxn/a 4; les Latins ont d'une chaloupe. Enfin, les poètes grecs se servent quelque
adopté le mot avec la chose qu'il désigne. Nous connais fois du mot axaxo; en parlant de la barque de Caron, le no
sons trois des procédés auxquels ils avaient recours. Le cher des enfers. On voit combien serait peu rigoureuse toute
plus simple consistait a activer la dessiccation du bois en définition de l'acate.
*° Envoi de M. Comict ; Owen Joncs, The Crammar of ornament, ch. f>, plant. XV, 10. — ' Cato, De re rust. 130; Nin Bùtt. h'at. XV, 8.-8 Plin. Bât.
pl. XXVI. — si Ewoi de M. Bonnet. — « Moulages romaini à l'Ecole des Beam- liât. XI, 15; Colum, VI, 33.
Arts. — Diod. Sic. XVIII, S6. — Quatremère de Quincy, Monuments et ou ACATUS, ACATIUM. I VII, ISO. — s De ver. narr. 1, 5. — 3 XI, 758 B. —
vrage* d'art antùf. restitués, t. II, p. 46. — « Envoi de U. Ancclct.— M Envoi de »Thuc. IV, 47, et Schol. ad h. I. — 5 Pohb. I, 73, 2. — 6 Opplan. liai. V, 154.
M. Vaudrenicr. — SI Mus. llorb. XIII, pl. S9 — s' Thcocr. hlyl. 1, ; Ovid. Metam. Suid. s. v. — 7 Heliod. V, 27. p. 219; Agalhias, III, c. 21, p. 97; Aeta apostol.
Mil. v. TOI ; Propcrt. Eteg. III, 9; Virg. Ducol. III, 41. XXVII, 2. —• 8 Thuc. c. — » Xcn. Uellen. VI, 2, 27 ; Pind. Pyth. XI, 00 ;
ACAPNA. I Ilotn.CW. XV, 3»î ; Aristoph. Pax, 1 134.—» llom. CW.XVIII, 30< ; //. Lucian. I. c. — 10 Bôckh, Urkundrn ftbiT das Sveivesen des altiseh. Staates, XI.
XXI, 301. — 3 Hum. Ihjmn. in Merc. II?. — * Plut. Sympos. Il, I, 17; Calen. De ii,- Theogni», 457. — " Thus. VII, 59. — « Bist. Xut. IX, ÏO, 49. — 13 Caes. 64.—
tan. tuend. 1. IV, t. VI, p. 127. — ' Mari. Epigr. XIII, 15. — 6 Theophr. liist. 1» Caes. 61.
ACC — 15 — ACC

II. Acatium, 'Axornov, 'Axot-rtioç to-tôç, nom du deuxième nuel des larentinalia fut institué en son honneur. D'après
mât (et sans doute aussi, dans les plus grands bâtiment':, les auteurs qui rapportent cette fable au temps de Romu-
celui du troisième), par opposition au grand mât du milieu lus J, c'est, ce roi qui aurait été son légataire et le fonda
(îctôî !«'y«;)- Le nom venait vraisemblablement de ce que ce teur de son culte. Selon une autre tradition', elle était la
mit ressemblait par son gréement au mât unique des pe femme du berger Faustulus, qui nourrit et éleva Romulus
tites embarcations appelées acates, quand elles naviguaient et Rémus. Elle était mère de douze fils avec lesquels elle
à la voile. sacrifiait chaque année pour obtenir la fertilité des champs;
De môme, on appelait acatia, oxaTtta toTi'a,les voiles atta l'un d'eux mourut; ce fut Romulus qui le remplaça; parla
chées a ce second ou troisième mât 15 [malus]. suite, il fonda avec ses frères adoptifs le collège des arvales.
III. Acatus, 'Axxtoc, était aussi le nom d'un vase à boire Sans donner au développement et à l'interprétation des
dont la forme rappelait celle d'une barque. C'est tout ce mythes une place qu'ils ne doivent pas prendre dans cet
qu'on peut conclure des ouvrage, on peut faire ressortir les traits qui appartiennent
textes grecs où cette à la divinité primitive et expliquent le culte dont elle était
ressemblance est indi l'objet. Acca Larentia est la mère des lares (c'est là le
quée Ie. Au lieu de pied , sens propre de son nom'), la personnification de la terre
ce vase avait peut-être, féconde où sont déposés les semences et les morts, et de la
comme la rniALE, un vie qui sort de son sein; elle est identique peut-être, à
Fi?. 30-31. Vases en forme de bateau. ombilic (oj«potÀoç) servant l'origine, à tellus, à ors, à ceres, à dea dia. Mais elle est
à le saisir La struc plus particulièrement la terre romaine : de là les traditions
ture du navire appelé acate étant, comme on l'a vu plus qui font d'elle la bienfaitrice du peuple romain, la mère des
haut, très-indéterminée, il est impossible de dire avec pré Arvales, l'épouse de l'Étrusque Tarrutius, c'est-à-dire du pos
cision quelle était la forme du sesseur du sol, du terrien. Ce qu'on disait de ses rapports
vase du même nom. Ce vase n'é avec Hercule, on le racontait également5 de Flora et d'une
tait pas le seul d'ailleurs dont certaine Faula ou Favola, qui paraît n'être autre queFAUNA,
le nom fût dérivé d'une sembla déesses qui représentent comme Acca Larentia la fécon
ble analogie de formes [cymbe, dation. Cette unionavecle dieu solaire en rappelle d'autres
CÏMBIUM, SCAPDA, TRIERES]. NûUS semblables de déesses telluriques avec les dieux de la lu
en offrons ici deux exemples ti mière et de l'atmosphère, et l'on retrouve parmi les pra
rés de la collection du Louvre tiques de plusieurs cultes grecs ou asiatiques l'usage d'en
(fig. 30 et 3 1 ), sans prétendre re fermer une femme la nuit dans le sanctuaire d'un dieu c.
connaître lequel des noms que Enfin, comme les héros fondateurs de Rome sont les Lares
nous venons de citer convient de la cité Acca Larentia est, dans les récits, leur nour
le mieux à chacun de ces vases. rice et leur mère ; elle est l'épouse de Faustulus, autrement
On en voit un presque entière dit de faunus, qui les recueille et les élève, et par là encore
ment semblable, servant à faire elle se confond avec Fauna ou Luperca ; elle est encore la
riz. 3-. Vase servant aux libations. une libation (fig. 32), sur un vase louve qui allaite les deux jumeaux 8, et ce nom de louve
peint de l'ancienne collection {lupa), appliqué communément aux courtisanes, n'a pas
d'Hamilton 1S. De même, dans un passage d'Athénée w, ce sans doute été sans influence sur le tour qu'a pris la légende
sont des acates de grande dimension que l'on prend pour dans les temps postérieurs.
!es libations qu'on avait l'habitude de faire à la fin du Les circonstances qui nous sont connues9 de la fête des
repas. E. Saolio. larentinalia marquent encore et rendent plus manifeste le
ACCA LARENTIA. — Divinité romaine, connue surtout double caractère d'une déesse féconde qui règne clans les de
par des traditions qui la réduisent au rôle d'un personnage meures souterraines. Cette fêle était célébrée le dixième jour
légendaire. D'après la légende la plus répandue, que rap (et, antérieurement à Jules César, le neuvième) avant les
portent plusieurs écrivains à peu près dans les mêmes ter calendes de janvier, c'est-à-dire le 23 décembre, précisément
mes', c'était une courtisane qui vivait au temps deRomulus au moment de l'année où les jours ont achevé de décroître
oud'Ancus.Un gardien du temple d'Hercule ayant osé, dans et reprennent leur cours ascendant. Elle avait le double
une heure d'oisiveté, défier le dieu au jeu de dés, lui offrit aspect d'un culte funèbre [parentatio] en l'honneur d'Acca
comme enjeu de lui servir un repas et de lui amener la plus Larentia, et d'une réjouissance en l'honneur du dieu de lu
belle fille du pays. Il perdit. Acca Larentia, enfermée par lui mière Jupiter. On descendait au quartier du Vélabre,
dans le temple, reçut d'Hercule l'avis de s'unir au premier jusqu'à l'entrée de la via Nova, où, non loin de l'ancienne
homme qui viendrait à elle. Elle rencontra un riche Toscan, porta Romanula, s'élevait l'éminence qui portait le nom de
nommé Tarnitius ou Carutius, qui fut frappé de sa beauté, tombeau d'Acca Larentia; et là, à la sixième heure, c'est-
l'épousa et lui laissa en mourant de grandes richesses. Acca à-dire au moment même où une année expirait, où l'autre
Larentia. à son tour, légua tous ses biens au peuple ro commençait, le sacrifice aux mânes était offert par les pon
main. Elle fut enterr e dans le Vélabre, et le sacrifice an- tifes 10 ou par le fiaminc quirinal". Le reste du jour était

1» Xen l'etl. VI, î, Î7 jPbrrnic. ap. Dckker, Anecd.p. 19, 10. — 16 Athcn. XI, :Si t; — » Lad Intl. I, 20, 5; id. Epit. 20, 3; Amob. III, 23 ; Plut. Quant, rom. 3r.. —
llcfjch. 'Aïô-rwv. — 1" Athrn XI, 502". — '* li'Hancurviilc, Vases d'IIamilton, 1767, « Schwcnck, yiAei'/l. Mus. 1867, p. 129. — ' Oiid. Fait. II, «15; V. 134; Diomcd.
i. u pi — >»xv. hv! r. I, 379. — 8 Dionyj. 1, 84; O. Mûllcr, Etrùsk. II, 104. — » Varr. Ling. lut. VI, 23 ;
A«:^A LVUKMIA.I Jlacrob. Sat. I, 10; Tlut. Ijuictt. rom. 35; id. Itomiil. 5; rf, Ovid. Fait. III, 55 ; Macrob. /. ; F-ist. Praenest. 25 déc. ; Oroll. 1. 1. — 10 Cic. Ad
fait. Praen. 23 de:. ; Orclli, Corp. inter. 401,410; Auguilin. Cin. Bel, VI, T. — ' Maer. Brut. I. 15, 8. — il Cell. VI. 7. — BiBLiocairina. 0. Millier, Ftnîsker, III, 4, 11;
I, -0, 17; Ce». VI, . — »Ovid. /-'a iMII.SC; Dionys. 1, *l ; Plia liât. A'nf.XVIU, t : llcrtzberg. De diis rom patriit, Ualae, 1840, p. 37 et sq. ; Schweglcr, Rùm. Ge-
Gell. /. /- I. » ; P. Diac. Larentalia ; Fulg. Arcalcs fratres. — » Akkà, mère, en schichte.l, p. 375,393, t .1; Preller, Rom. Mu ol. p. tîS; Huschke, Dos allé rômische
•as ««rit. B>pp. Glatt. tancer. 1816, p. 0; Benfcj , Gricch. Vt'itrzellcxic, I, t9. ■'a'ir. Brcslau, iDM, pli et 1 17.
ACC — 16 — ACC
consacré à Jupiter, qui rend la vie et qui est le père et le des légions (quod ad legionum censura essent adscripti) 11 ;
souverain des génies, comme Acca Larentia est la mère et Varron 13 les nomme supervacanei, et Végèce tt supernume-
la souveraine des Lares. E. Saglio. rarii. On a expliqué plus haut le surnom de velati, qu'ils
ACCENSI. — I. Catégorie particulière de citoyens ro recevaient à cause de la simplicité de leur équipement (quia
mains, dans l'organisation de Servius Tullius. Le sens de vestiti inei-mes sequerentur r-xercitum) 18 ; ils s'appelaient aussi
cette expression est fort controversé entre les savants. D'a ferentarii, soit, comme le dit Varron M, parce qu'ils n'avaient
près une conjecture ingénieuse de Niebuhr, appuyée sur d'autres armes que les projectiles qu'ils portaient pour les
plusieurs textes, et adoptée par MM. Walter 1 et Ortolan 2, lancer (fundis et lupidibus, fus armis quae ferrentur, non quae
il s'agit d'une partie des citoyens qui, n'atteignant point le fenerentur) ; soit, d'après l'explication plus plausible de Caton,
taux fixé pour la cinquième classe du cens, ne rentraient pas parce qu'ils servaient de porteurs aux autres soldats (tela ac
dans la classification normale des cinq classes Néanmoins potiones mililibus proeliantibus ministrabant ") ; enfin on les
ces individus étaient répartis dans des divisions annexes : appelait rorarii [legio], et cette confusion avec un corps tout
ceux qui, sans s'élever au chiffre de 12,500 (ou H,000), à fait distinct vient sans doute de ce que les accensi et les
possédaient néanmoins une valeur de plus de 1,500 as, rorarii ne différaient pas à l'origine et de ce qu'ils com
proletarii (sensu lato) portaient le nom à'accensi velati, par battirent toujours de la môme manière au commencement
un double motif 1 : 1 0 ils formaient un rôle supplémen de l'action (antequam acies mirent in modum rorantis tem-
taire du cens des légions ; 2° ils les suivaient à la guerre, pestatis dimicarent) u. Quand le sénat eut décrété, en 40b'
mais sans armes, vestiti inermes, pour remplacer les morts. avant Jésus-Christ, que l'armée recevrait une solde, les ac
Ces citoyens composaient une centurie particulière ayant sa censi purent se procurer des armes plus efficaces que des
voix aux comices Ceux, au contraire, dont la fortune s'é frondes ; alors ils eurent des javelots comme les rorarii. Ils
levait à 375 as au moins s'appelaient proletarii (stricto sensu) ; eurent même une fois au moins des hastes comme les triarii :
au-dessous venaient enfin les capite censi. — D'autres stratagème qui permit à T. Manlius de réserver ceux-ci pour
auteurs, au contraire e, soutiennent que la dénomination une action décisive dans la guerre contre les Latins, en fai
accensi s'appliquait parfois aux quatre classes inférieures, sant avancer à leur place les accensi qui étaient ordinaire
par opposition a la première, celle des classici par excel ment aux derniers rangs w. Les Latins, croyant avoir affaire
lence, mais plus spécialement à la cinquième classe 7, com aux triarii, firent avancer les leurs et épuisèrent ainsi leurs
posée en grande partie de clients. Ce système ne s'appuie dernières forces pour se retrouver tout à coup en face des
que sur une interprétation douteuse de Tite-Live, et ne nous plus solides troupes des Romains.
paraît pas vraisemblable. 11 est difficile d'admettre, en effet, Ce fait toutefois est exception
que les classes les plus nombreuses n'aient été employées à nel. La haste demeura toujours
la guerre que pour combler les vides, destination incontes probablement réservée aux clas
table des accensi veluti, d'après Festus et Varron, tandis que ses des légionnaires, et peut-être
la cinquième classe, armée de frondes, devait faire le service la privation de cette arme par le
des troupes légères 8 [censcs, centuria, classis, comitia, censeur fut-elle la marque de la
SERVII TLLLII CONSTITUTIONES]. G. HuMBEnT. déchéance des citoyens qui leur
II. Soldais supplémentaires appartenant à la classe de ci appartenaient au rang des accensi
toyens dont il vient d'être parlé. Au temps où le service velati [dasta, censio hastaiua].
militaire était purement gratuit et où les citoyens s'armaient On voit encore des combattants
à leurs frais 9, les plus pauvres suivaient l'armée, sans armes armés seulement de pierres ou de
défensives et n'ayant d'autres armes offensives que des bâtons bâtons, comme les accensi des /f
ou des cailloux qu'ils lançaient avec la main ou à l'aide de premiers temps, dans les bas- t.^
frondes 10. Ils formaient ainsi une sorte d'infanterie légère ; reliefs de la colonne Trajane J 10 r. 33. Accensus.
Fie. .
d'après Denys d'Halicarnasse, ils auraient eu aussi de courts (flg. 33).
javelots, cauvi'a [vehu] ; ils remplissaient encore certains em III. 11 y avait aussi des accensi qui faisaient un service
plois inférieurs ; enfin ils remplaçaient les légionnaires morts dans la cavalerie et qui étaient placés en conséquence sous
ou hors de combat". Il ne faut pas oublier que l'institu le commandement du magisteu equitum Hs avaient pour
tion du corps des accensi appartient à l'époque où l'armée emploi de tenir les chevaux des chevaliers, quand ceux-ci
était encore organisée en phalange compacte et profonde, en changeaient " ou quand ils combattaient à pied; peut-
agissant par sa masse ; les hommes qui combattaient aux être combattaient-ils eux-mêmes, armés de javelots ; ce se
derniers rangs, protégés par les combattants des premières raient alors les mêmes que Varron ** désigne sous le nom
lignes, n'avaient besoin ni d'armes sérieuses, ni d'une longue de ferentarii équités
habitude des exercices militaires pour contribuer à sa solidité. IV. Des accensi remplissaient auprès des officiers les fonc
Les noms qu'on leur donnait se comprennent aisément. tions d'ordonnances S3. Les militaires d'un grade plus élevé
Ils s'appelaient accensi, adscripti, adscriptitii, adscriptivi, qui portaient le titre d'opxio, paraissent, à l'origine, être
parce qu'ils étaient inscrits comme supplémentaires au rôle sortis des mêmes rangs
ACCENSI. 1 Cesi-.h. des rtmisch. ficchts, 3" éd. § 30, p. 19 cl suiv. — s Explic. Paul. Diac. t. /. — Paul Diac. /. /. ; Varro, Ung. lat. VII, b i ; Plaut. ilenoechm. I,
hitt. des Inst. 0' éd. p. 116. — 3 lit. Liv. III, 30; Aul. Gell. X, 28. C'est à tort 3, I. — " Noniu*, I, 279, s. v. Legionum. — '4 II, 19. — 15 r. Diac. /. /. — 1« Ap.
f|ue Denys d'Halicarnasse établit une sixi me classe, IV, lf, 20; Mommsen, 116- Non. s. v. et P. Diac. /. I. — 17 Cat. ap. Varr. Ling. lat. VII, 58 et ap. P. Diac.
mische Tribus, p. 21?. — 4 Festus, s. v. Adscripti, Velatitii, Adcensi ; Noun. Marc. s. v. Velati. Cf. Plaut. Trin. II, iv. 55. — 18 p. Diac. /. I - U Tit. Liv. VIII, j
.VII, 8 ; Voit. Ung. Int. VII, !,C. — » Tit. Lit. I, .13; Cic. Hep. II, 22 ; Walter, I. et 10. — so Bartoli, Colon. Trajan. Ut. 49 — *i Varr. Ling. lat. V, 82. —
S 31, p. 5C. — « Lange, Jium. Alterth. I, §50 ; Mommsen, /toi». Tribus, p. 135, 130 cl M P. Diac. >. i. Paribus eqv^. — ® Varr. /.{.Vit, 5:.- "Huacoke, Servius Tullius,
219.— 1 Dionys. V,67; Tit.Lit. I, 43; Plutarch. Pophcol. 21. — 8 Tit.Liv. I, 43. — p. 178; Zander, Andeutungen, III (die romische Légion), p. 2S. — s* Varro ap.
» 'fit. Liv. 1, 43; IV, 59; Dionys. IV, 16, 17 cl 19. — 1» Tit. Liv. I, 43; Varro ap. Non. t. v. Deeuriones ; id. De vita populi romani, lib. 111 ; id. Ling. lat. VII,
Non. s v Occuriones ; Paul. Uiac. s. t. Adscriptitii. — H Yarr. Ling. lat. VU, 5b. 58. — " Fcslus, s. v. 'Optiù.
ACC — 17 — ACC
V. Les magistrats qui étaient en possession de I'impebium haut placés dans cet ordre : tribuns militaires, procurateurs
eurent de même à leur disposition dansleursfonctionsciviles de César, etc. L'un d'eux, M. Consius Carinthus, n'est, il
des ordonnances nommés accensi. Ainsi l'on voit un accen est vrai, qu'un affranchi, mais le style archaïque de son mo
tua auprès des consuls et des proconsuls ,7, des préteurs ,s, nument funéraire prouve que ce personnage a vécu du temps
des dictateurs M, des decemviri legibus scribendis 30, des em d'Auguste. L'institution date donc du commencement de
pereurs 31 . On trouve dans les inscriptions certains person l'Empire. La dignité des accensi velati dut grandir dans les
nages attachés à la personne de l'empereur, désignés par ces siècles suivants, comme celle de tous les corps créés avec le
mots accensus de lat. (de latere) Les curâtores aquarum principat. Leurs privilèges grandissaient aussi, et l'exemption
avaient aussi des aides du môme nom Les magistrats des charges devenait de plus en plus précieuse, h mesure
qui les avaient choisis d'abord dans l'armée les prirent en que décroissait la prospérité de l'Empire. Dans les derniers
suite parmi leurs affranchis Certaines attributions pa siècles, les places de ces corporations privilégiées étaient de
raissent avoir été réservées à ces accensi, que les magis venues héréditaires. On comprend, d'après cela, comment
trats employaient d'ailleurs comme ils l'entendaient ; ainsi un enfant de quatre ans peut être qualifié de decurialis ac
le consul chargeait un accensus de convoquer le peuple à census velatus. Le mot decurialis prouve que le collège de
l'ouverture des comices35; Yaccensus àu consul, plus tard cent membres était divisé en dix décuries.
celui du préteur, annonçait les divisions principales du Cette corporation, comme toutes celles qui étaient auto
jour M ; un accensus précédait celui des consuls qui n'avait risées par l'État, avait ses biens propres, et par conséquent
pas les faisceaux 31 [fasces]. On voit Yaccensus et les licteurs ses esclaves. On sait d'autre part que les affranchis, en rece
réunis, comme marque de la dignité consulaire, sur une vant la liberté, prenaient le nom de leur maître. Ceux qui
monnaie de Junius Brutus, ici reproduite d'après un exem appartenaient à une tribu, ou à une ville, prenaient un nom
plaire du Cabinet de France 38 (lig. 3i). Sur une autre tiré de celui de la tribu ou de la ville. Les anciens esclaves
publics s'appelaient Publicius. Cette remarque suffit pour
faire comprendre comment le nomen gentilitium de T. Vela-
tius, Accensorum Velatorum L. Ganymedes, dérive des velati
auxquels le personnage en question avait appartenu comme
esclave. C. De la Berge.
ACCEPTILATIO. — Ce mot, dérivé de acceptum ferre,
désignait dans la langue du droit romain un mode d'étein
dre une obligation au moyen de paroles (verbis) conçues
en sens contraire de celles qui avaient servi à la formel-.
Fi£. 34. Accensus précédant Fi?. 35. Accensus suivant
le consul. l'empereur. Le débiteur disait au créancier : Quod tibi debeo, accep-
tumne habes (tiens-tu pour reçu)? Celui-ci répondait : Ac
monnaie du môme cabinet (fig. 35) on voit l'empereur ceptum habeo. L'obligation était alors éteinte ipso jure '.
Adrien suivi d'un accensus et de trois enseignes L'acceptilatio ne s'appliquait pas aux obligations nées
Un employé du même nom faisait les fonctions d'huissier autrement que verbis; mais on pouvait, à l'aide d'une nova-
devant le tribunal, appelait les parties, et imposait le si tion, transformer en obligation créée verbis toute autre
lence w. E. Saglio. obligation, et l'éteindre ensuite par acceptilatio. Gallus
VI. Les monuments épigraphiques de l'époque impériale Aquilius avait composé à cet égard une formule célèbre,
nous font connaître des accensi velati qui ne semblent avoir connue sous le nom de stipulatio Aquiliana, et dont la
rien de commun avec les soldats qui portaient le même nom teneur est donnée par les Institutes de Justinien *. X.
dans l'armée romaine primitive. Ces nouveaux accensi for ACCESSIO. — Ce mot, qui, en droit romain, signifie l'ac
maient une centurie ou un collège M chargé d'entretenir à cessoire (ut accessio cedat principali1), quelquefois un avan
ses frais les voies publiques. Un passage des fragments du tage, un émolument attribué à une personne parfois
Digeste retrouvés au Vatican par le cardinal A. Mai nous ap même, mais rarement, le fait de la jonction de deux objets \
prend que cette corporation comptait cent membres, les est pris par la plupart des interprètes anciens et modernes
quels jouissaient, entre autres privilèges, de l'exemption de pour un des modes de droit naturel d'acquisition de la pro
tutelle et de curatelle **. Les inscriptions montrent que le priété*. Suivant eux, dans les cas où un objet s'accroît, s'étend
collège en question se recrutait surtout dans la classe ou se modifie par l'adjonction d'un autre objet appartenant
moyenne de la société romaine. Parmi les accensi velati on à un maître différent, il faut distinguer quelle est la chose
trouve des chevaliers romains, et même des fonctionnaires principale, quelle est la chose accessoire, et décider que la sc-

i" Varro. Liag. lat. VI, 88; Orelli, 1621, ÎÎ53, 3127, 6091, 6530; Cic. Ad AU. IV, dans cet ouvrage, t. II, t, p. 203, et t. II, 3, p. 10; Huschke, Servius Tullius,
IS; Tit. Ut. ILV, 29; Plin. Sût, .Val. VII, 60; Suet. Caes. 20. — « Varro, /. t; p. 175-183, Heidelberg, 1838 ; Itaumer, De Servit Tullii censu, Erlangen, 1830;
de. Yerr. II, l, 28; 3, 66. — » Tit. LiT. VII, 31. — SO Tit. LW. III, 33. — Gcrlach, Historische Studien, II, Bile, 1847, p. 203 et 266; Le Beau, Mém. de
« Orelli, 2931, 3197, 6340. — »» Orelli, 2931 ; Muraturi, 899, 2. — a» Frontin. De l'Acad. des Inscr. t. XXIX, p. 369; Zander, Andeutung. zur Gescluchte der nim.
aquacd. 176. — »» Cic. Ad Attic. IV, 16 ; Ai Ou. Fr. I, 1, 4; Varro, Ling. lat. Kriegswesens, SchOnberg, 1840, p. 9, et 3' partie, Batzeburg, 1853, p. 25; Hein,
III, 67; Orelli, 3255, 3127, 3306, 6341. — » Varro, VI, 88. — M Id. VI, 5 et 89; in Pauly, Beat. Encyclop. I, l« éd., IS62, s. v. Accensi; Niebuhr, Itùm. Geschichte,
Plin. Uist. Hat. VII, 60. — " Suet. Caes. 20. — Cohen, Mann, consulaires. I, p. 496 ; Homznsen, Degli Accensi Velati, in Annal, dell' Institut, archœolog.,
IIIII, 12. — »> Cohen, ilonn. impér. II, pl. vi , 779. — M Cic. Ad Qu. Fr.
I, I, 7. — *< Orelli, III, 2461, 1368, 3884, 2182, 2153; Muratori, 1067, 4. 1849, p. 209.
ACCEPTILATIO. » Gaius, Instit. Comm. III, 169-llî; Dig. XLVI, 4. — t Inst. 3,
Crutcr, 621, 2; Mommseo, Inscr. Rcgn. Neap. 3610 — '* Juris cioilis antejusti- XXIX, § 2 ; Dig. 46, tit. rf, fr. 18, § I. — BiBLiooairuiB. Huschke, Ueber dus
nvsnn rclliqtùae iaeditae, $ 138. — Bioliogbifhib. Walter, Gesckichte des rô- Recht des Nexum, Leipzig, 1816, p. 231, 234, 236 ; Bachofen, Dos Aexum, Bile,
misehen IlechU, %• éd., Bonn, 1 860, 1, § 30, 33 et 298, p. 50 et suiv. ; Or.olan, F.xplicat. 1 843 ; Puchta-Rudorff, Institutionen. 1 847, § 297 ; Rein, Itom. Prwatrecht und Cioil-
hist.des Instituts, 6« éd. Paris, 1858, 3 Toi. in-8, I, p. 56 ; Mommseo, Die rbmùclie proz. Leipi. 185*, p. 680, 170.
Tribus in admia. Bcziehung, Altona, I84i, in-8, p. 135, 136, SI8, 219; Lange, Itô- ACCESSIO. 1 L. 19, § 13, De aur. argent, etc legatis, XXXIV, D. — » Paul.
mitehe Allrrthumer. Berlin, IS63, p. 407 et suiv. ; Becker, Handbueh der ràmitehtn Sent, ni, 6, Î2. — » Gaius, IV, 151 ; fr. 14, g3, et fr. 16, Dig. XLIV, 3. — » Hcineccius,
Alterlhum. Leipzig, 1814, II, I, p. 212 et 375, et voyez aussi les auteurs cités Klem. jur. 562 ; Ortolan, Explication hist. des Instit., t. I, p. 366 sq.
I. 3
ACC — 18 — ACC
conde'est par cela môme acquise au maître de la première 5. les explications qui se rapportent aux acclamations en usage
M. Ducaurroy 6 a soutenu, au contraire, que cette théorie dans certaines fêtes ou dans les cérémonies des mariages et
n'existe pas dans les écrits des jurisconsultes romains, et des funérailles [hymenaeus, nuptiae, funus, et les noms des
que tous les cas rapportés à l'accession par les commenta diverses fêles]; les cris qui saluaient les généraux vainqueurs
teurs s'expliquent par les principes généraux du droit, sur le champ de bataille, ou dont les soldats et le peuple
sans recourir à cette règle particulière. Et quant à la formule, accompagnaient les triomphateurs [imperator, triumphus].
ut accessio cedot principali, il a montré qu'elle n'a pas été On trouvera également ailleurs les renseignements néces
prononcée par Ulpien 7 pour décider une question de pro saires sur les acclamations adressées aux athlètes, aux vain
priété, mais « en matière de legs et pour apprécier, d'après queurs des jeux, aux acteurs et à toutes les personnes qui
l'intention du testateur, l'étendue de sa disposition, spécia paraissaient sur la scène ou descendaient dans l'arène des
lement pour savoir si, en léguant une pièce d'argenterie, il cirques et des amphithéâtres [emeus, ludi, histhio, tiiea-
a entendu léguer les pierreries dont elle est ornée. » Ce qui trum], ou encore aux auteurs qui récitaient leurs composi
ne peut être contesté, c'est que dans la nomenclature des tions en public ou chez les particuliers [recitatio]. Dans
jurisconsultes classiques, l'accession ne figure pas parmi cet article spécial, nous ne nous occuperons que des accla
les modes d'acquérir 8. Quoi qu'il en soit de cette discussion, mations qui, à Borne, accueillaient au sénat, au théâtre et
le système de l'accession mérite toujours l'attention des ju dans les lieux publics, l'empereur, les membres de sa fa
risconsultes, car il a passé tout entier dans notre droit 9. mille, plus rarement d'autres personnages, et qui finirent
On a expliqué par l'accession les décisions relatives à celui par recevoir une organisation régulière.
qui construit avec ses matériaux sur le sol d'autrui, ou à celui On ne voit pas que rien de semblable ait existé dans la
qui construit avec les matériaux d'autrui sur son propre sol. Grèce tant qu'elle fut libre, ni à Borne avant la fin de la Bé-
Dans les deux cas, la construction appartient au propriétaire publique. L'expression du sentiment populaire vis-à-vis des
du sol, parce que, dit Gains 10, superficies solo cedit. Le sol hommes qui étaient le plus en vue dans les cités grecques fut
serait donc le principal et les constructions l'accessoire. Pour souvent passionnée, tumultueuse, maiselle resta spontanée.
M. Ducaurroy ", si le propriétaire des matériaux ne peut les Les délibérations publiques étaient fréquemment troublées
réclamer ni agir ad exhibendum pour les retrouver [actio], et par les clameurs de l'assemblée. Les orateurseurent toujours
s'il est réduit, en ce cas, à se contenter d'une indemnité, c'est à compter avec les soudains entraînements de l'auditoire le
à cause de la législation spéciale de la loi des Douze Tables, plus mobile et le plus prompt aux applaudissements comme
De tigno juncto, qui avait pour but d'empôcher la démoli aux invectives1 ; en toute occasion, les hommes en possession
tion des édifices ; mais l'accession a si peu donné la pro de la faveur du peuple étaient l'objet de démonstrations en
priété, que le constructeur de bonne foi sur le fonds d'autrui thousiastes * ; mais dans ces mouvements de la foule, on ne
pourra, l'édifice une fois détruit, revendiquer ses matériaux", reconnaît rien de semblable aux acclamations concertées et
Une loi 13 le permet môme au possesseur malae fidei, à moins disciplinées des Bomains sous l'Empire. Dès avant cette épo
qu'on ne prouve qu'il a voulu les aliéner. que, celles qui s'adressaient aux hommes publics, lorsqu'ils
On a expliqué aussi par l'accession le principe qui veut paraissaient au forum ou au théâtre, n'étaient pas toujours à
que les arbres plantés sur le terrain d'autrui appartiennent au l'abri du soupçon d'avoir été achetées ou préparées par la
maître du terrain, dès qu'ils y ont pris racine. Le juriscon brigue. On peut voir par les lettres de Cicéron 3 quel prix on
sulte Paul " en donne une autre raison ; c'est que l'arbre attachait a une approbation sans mélange et sans fraude ;
nourri dans un autre terrain est devenu un nouvel arbre mais les félicitations et les vœux publiquement exprimés
{arborem alio terracalimento aliam factam). Au reste, les juris n'avaient pas encore un caractère officiel, comme au temps
consultes romains ne s'entendaient pas parfaitement sur cette où ils furent le privilège à peu près exclusif de l'empereur,
question ,5. de sa famille et de ses favoris.
Le papier sur lequel on a écrit reste toujours à son maître. L'habitude paraît avoir été prise, dès le règne d'Auguste,
Mais pour la toile sur laquelle on a peint un tableau, les opi de se lever quand le prince entrait au théâtre et de le saluer
nions des jurisconsultes ont varié. Paul l'attribue an maître par des applaudissements, par des cris, ou par des chants à
de la toile 16 ; mais Gaius 1T, au peintre, a cause de la valeur sa louange l, et il ne fut plus permis d'adresser les mêmes
supérieure de la peinture. acclamations à toutes personnes indifféremment, ni même à
Beaucoup d'autres cas analogues sont prévus par le droit tous les membres de la famille impériale 5. Les paroles et le
romain 18 [alluvio, confi sio, specificatio]. F. Bactry. rhythme en étaient réglés. Néron perfectionna l'art des ac
ACCLAMATIO, laudatio, laudes, bona vota, tùyr^ia, eôXoyi'a, clamations qui s'adressaient à sa personne, ou plutôt il intro
ÈTtaivo;, £™6ôr,aa. — Les circonstances dans lesquelles la duisit à Borne un art plus raffiné, depuis longtemps sans doute
faveur et la défaveur, l'admiration, la joie, le mécontentement mis en pratique à la cour des despotes de l'Orient. Charmé
ou tout autre sentiment se traduisait par des acclamations, de la manière musicale de saluer (modulatis laudationibus) de
des applaudissements ou d'autres marques bruyantes d'ap quelques Alexandrins qui s'étaient trouvés à Naples quand
probation ou d'improbalion, étaient extrêmement nombreuses il y avait chanté pour la première fois sur la scène, il en fit
et variées chez les Grecs et chez les Bomains. Nous ren venir d'autres de leur patrie ; puis il fit choisir, parmi les che
voyons aux articles où se trouve naturellement leur place, valiers romains et dans le peuple, plus de cinq mille jeunes
» Ducaurroy, Inst. u» 3i9. — s Inc. cit. — "L. 19, § 13, Bis. XXXIV, 2.-8 dp, droit rumain, Paris, 1S55, t. I, p. 2G6 et suiv. ; Puchta, Cursus Instit. 5« éd. par
litg. XIX. — « Cod. A'ap. art. 516 cl suiv. — •<> H, 73. — » X* 367. — 1» Ducaurrov, RiidorfT, Leipzig, 1837, § Î41 j F. A. Schilling, Lehrbueh f. Institut., Leipzig, IS31-I0,
n° 370.— » L. ï, Cod. Jutt. III, 32.— 1» L. 56, § ï, Deadquir. ter. domin. XLI, I). I. II, p. 913; Bôcking, Pandekt des rôm. Priuatrcchts, Leipzig, 1555, 11, p. 141-154;
— i"> L. 6,§z\ Arborum furtim Ctu'saruin, XLVIf, D. 7; I.. 7, § 13, De adfjuir. rer. Rein, Du* Privatrecht der Itomcr, Leipzig, p. 2S2 et seqq.
domin. — « L. Î3, § 3, De reivind. VI, D. t. — H II, 7?*. — « Voy. les commenta- ACCLAMATIO. ' Xen. Hellen. I, 7 ; Demosth. De fais. ley. Op. Dem. 297, 300,
leurs sur le 1" litre du 2« livre des Institutes de Justinien. — Bibliographie. Du 310, cd. Wolf, Francfort, 1004 ; ,Eschin. l'A. p. 408 ; Aristoph. Acharn. 37, 54 et
caurroy, institutes de Justinien traduites et expliquées, Paris, 1851, s* éd.,n0< 349 et 5chol. ad h. L — s Plut. Thcm. 34; Xen. Hellen. I, 4. — 3 Cic Ad AU. I, 16, Il ;
luir.j Ortolan. Explication historique des Instituts de Justinien, Coédition, Paris, II, 19, 3; XIV, 2; id. Pro Sest. 51 sq. ; Plut. Sertor. 5. — * Phaedr. V, 7; SueL
1857, t. Il, n*» 361 et *uiv., p. 265 et suW. ; T. de Frcsquet, Traite élémentaire dé iug. 56. — 5 Suet. Aug. 54, 56.
ACC — 19 — ACC
gens (Avgustales ou Augustani) qui furent divisés en plusieurs et de la place publique au sénat. C'est sous ce nom qùe l'on
bandes et qui apprirent à varier et à moduler leurs applau voit désignés, dans les historiens, les vœux, les félicitations
dissements '. Quelque personnage de la suite de l'empereur adressés par le sénat à l'empereur, ou les décrets par les
donnait le signal et indiquaitle thème aussitôt entonné par les quels lui étaient conférés de nouveaux honneurs ; et, en effet,
Augustani ; puis tous les assistants, comme un autre chœur, ces décrets et ces vœux étaient toujours votés par acclama
répétaient ce que ceux-ci avaient chanté Les historiens des tions M. Après la lecture faite par un sénateur de la proposi
règnes suivants et les autres écrivains attestent en cent en tion qui leur était soumise, tous les autres s'empressaient de
droits l'usage persistant de ces acclamations 8. Les expres
sions qu'ils nous ont conservées et le soin qu'ils ont pris de
les noter exactement prouvent qu'elles n'étaient pas aban
données à la bonne volonté de chacun et confusément pro
férées, mais que les formules en étaient précises et réglées
sur un mode musical. On les retrouve jusqu'à la fin de
l'empire d'Occident, et, à ce qu'il semble, encore perfec
tionnées à la cour de Byzance. Elles ne sont plus alors
exclusivement réservées à l'empereur ou à sa famille ; elles
sont un des privilèges attachés aux plus hautes charges do
l'empire Elles ont passé jusqu'au moyen âge et les traces
en subsistent dans la liturgie ecclésiastique !0.
C'est surtout dans les jeux et les représentations du théâ
tre que le peuple, dès le temps de la République, s'était ac
coutumé à témoigner aux personnages importants sa sym
pathie ou son aversion, en essayant parfois d'imposer ses
désirs comme des ordres à ceux qui lui commandaient ",
Quand il n'eut plus, sous le pouvoir d'un seul, d'autres moyens
de manifester ses sentiments, il continua d'user de celui-ci
avec une liberté parfois importune et en se servant des mômes
moyens qu'il employait à l'égard des acteurs, c'est-à-dire en
battant des mains, en criant, en jetant des fleurs, en agitant des
vêtements ou des mouchoirs [orarium], en prodiguant les
noms de dieux et de héros ou les épithètes flatteuses 13. On voit
reproduit (fig. 36) un des côtés du piédestal de l'obélisque de
Théodose à Constantinople L'empereur assis, entouré de sa Fig. 36. Acclamations nu cirque en présence de l'empereur.
suile.assisteaux jeux du cirque ou de l'amphithéâtre, et les spec
tateurs l'acclament, quelques-uns en agitant des mouchoirs. témoigner de leur adhésion unanime en répétant les mots :
A côté des acclamations officielles, il y en avait donc d'au Omnes,omnes, ou Aequum est, justum est, ou P'lacet universis,
tres que comportait la liberté du théâtre u. Il y en avait aussi etautres semblables. Les acclamations tenaient lieu alors de
d'hostiles, comme les sifflets, que les orateurs avaient eu jadis la sentence {sententia) que chacun motivait au temps de la
à redouter même au forum ,8, comme les fruits et autres pro liberté. Sous Trajan, ces acclamations commencèrent à être
jectiles lancés au visage de ceux qui déplaisaient 16, comme les notées dans les acta et gravées sur des tables de bronze
imprécations de tout genre (adversae, infaustae acclamatimies, Les formules inventées par l'adulation étaient extrême
exsecrationes, convicia). C'est ici le lieu de rappeler les cris de ment variées ; on en trouvera un grand nombre recueillies
mort qui furent souvent poussés contre les chrétiens. Les em dans les ouvrages de Ferrarius, De acclamationibus veterum,
pereurs eux-mêmes n'en furent pas toujours exempts, parfois et de Brisson, De formulis; elles sont remarquables par leur
même de leur vivant, quand les passions excitées par les luttes développement et l'accumulation des vœux, des titres et des
de l'amphithéâtre étaient trop vivement allumées mais sur épithètes; d'autres, abrégées, se lisent sur les monnaies et
tout quand leur tyrannie n'était plus à craindre. Dion Cassius1* médailles. On en voit dans certaines inscriptions qui sont de
nous apprend qu'après la mort de Commode, les acclamations simples souhaits formés par des particuliers " ; quelques-unes
mêmes que l'on avait coutume de chanter au théâtre en son sont des acclamations en l'honneur des vainqueurs dans les
honneur furent répétées par dérision et pour insulter sa mé luttes du cirque et de l'amphithéâtre 13 ; il en sera parlé ail
moire. Un autre historien nous a conservé les formules d'im leurs, comme aussi des santés et des vœux analogues usi
précations ordonnées par le sénat après la mort de cet em tés dans les repas ou par forme de salutation, que l'on
pereur trouve peints sur des vases ou gravés sur des pierres fines"
L'usage des acclamations avait, en effet, passé du théâtre [COMISSATIO, SYMPOSIUM, INSCRIPTIONS].

« Suel. A'ero, 20*, Î3; Tac. Ann. XVI, 4. — ' Dio Cass. LXI, 20; XLII1, 18. — eoiu.Bonor.tl3H s.; Tac. Dial. 13; Scncc. Ep. XXIX, 12.—15 Cic. Ad/amiV. V11I,2; Ad
• Plia. Traj. Paneg. 74; 1<L Epist. II, 14; Dio Cass. LXXIII, 2; Trebell. Claud. i; Attie.l, 13.— l'Macrob. Sat. 11,6; Spartian. Peso. Nie. II. —I' Capitol. Commod.6.
Yalerian. I ; Capitol. A*t. Pins, 3 ; Maximini duo, 16, 26 ; Gordiani très, Max. et — 18 Dio Cass. LXXIII. — 19 Lamprid. Comm. 18, 20; cf. Suet. Domit. 23, 2. —
Bfilbin. 3 ; Volcat. Ami. Cass. 135; Lamprid. Anton. I ; Alex. Sev. 6-lt; Claud. i, "> Capitol. Maximin. et Valbin.,1; Maximini duo in fin.; Gordiani très, 8 ; Fia». Vopisc.
tS; Fia*. Vopisc. Tacit. 4, 5, 7; Prob. 1 1 ; cf. Aristcneti Epist. I, 26. — » Cod. Tacit. 3. 4, 6, 7; Prob. Il, Aurelian. 20; Trebell. Poil. Valerian. 1 ; Claud. 4 et
Theod. L VI, Ht. IX. 2; Gothofr. ad A. /.; Cassiodor. Var. I, 31 ; Procop. Goth. in fin. ; Vulc. Gallican. Avid. Cass. 13; Lamprid. Al. Sever. 6. — »' Plin. Paneg
I, « ; Coripp. Laud. Just. I, 353 ; II, 168, 308; Const. Porphyr. De caerem. I, 4. B. 6; 75; Lamprid. Al. Seo. 6, 56; Commod. 18; Mommsen, Ber. der sâchs. Gesellsch.
Tt ?i&l^, ad h.l. — 10 Ducange, Glots. lat. Licots ; Gloss. gr. &pnu*i. — '1 Dio Cass. 1850, p. 59. — « Spon, Mél. sect. IX, p. 297 ; Kicoroni, Gem. lit., p. 54, n° 30. —
LVUI,3I.— llDioCau. LXI,LXni; Tac. Ann. XIV; Capitol. Très Gordian.—13 Seroui a Corp. l.gr. 6354; Gruter, 1075,9 ; Garrucci, Velri ornati, XXXIV, 6; XXXVIII, 6. —
d'Agincourt, Hitt. del'art, IV' partie. II, pl. X. — <* rlin. Ep. VI, 5; Claudiau. Desext. t» Pierres gravées de Stosch, II, 1 P ; Garucci, loc. cit. VI; îd. Graffiti, p. 15, 83, 9j.
ACC — 20 — ACC
On peut voir sur divers monuments les acclamations de la de l'accroissement aux parts vacantes, de quelle manière
foule ou des soldats en présence de l'empereur indiquées par elles avaient été assignées aux institués On peut consulter
le geste de tous les assistants qui tiennent un bras levé, par pour plus de détails les ouvrages spéciaux indiqués à la bi
exemple dans les bas-reliefs des colonnes de Trajan ** et bliographie de cet article.
de Marc-Aurèle îC, ou sur des médailles. Ainsi, au revers Le droit d'accroissement fut singulièrement modifié par
d'un grand bronze d'Adrien î7, frappé en commémoration de les lois Julia et Papia Poppaea, qui frappaient d'incapa
la remise de sommes dues au fisc, on voit un licteur brûlant cité de recueillir (opère), les célibataires (coelibes) pour le
les registres des dettes et la foule acclamant l'empereur tout, et ceux qui étaient mariés, mais sans enfant (orbî) pour
(fig. 37). C'est encore le revers d'un grand bronze du moitié ; et par la loi Junia Norbana, relative aux affranchis
môme empereur que représente la ligure 38 M. Adrien est Latins Juniens [libertinus] qui n'auraient pas acquis la cité
romaine dans les cent jours du décès s. Le jus accrescendi
fut cependant maintenu pour les dispositions nulles ab initio,
en vertu de l'ancien droit civil, et réputées non écrites (pro
non scriptae), et en outre, au profit des ascendants et descen
dants du testateur, jusqu'au troisième degré, lesquels conser
vaient le jus antiquum in cadw:is. Enfin, Justinien 6 rétablit
le droit d'accroissement en le réorganisant sur de nouvelles
bases [bona caduca, caducariae leges].
III. En ce qui concerne les legs, les règles de l'ancien
Fig. 37. Acclamations. Vij. 38. Acclamations. droit civil relatives au jus accrescendi, dépendaient de la
formule employée par le testateur pour faire un legs. On
debout sur la tribune aux harangues, des citoyens répon distinguait si les légataires étaient appelés per vindicationem,
dent à son allocution par des acclamations. E. Saglio. per damnationem , sinendi modo ou per praeceptionem, et s'il
ACCRESCENDI JUS. — Le droit d'accroissement est la y avait ou non disjonction [legatumJ.
faculté accordée par la loi romaine à une personne appelée La législation caducaire d'Auguste maintint, dans certains
avec d'autres à exercer un droit sur un seul et même objet, cas, les règles de l'accroissement, pourvu que le légataire ne
de recueillir les parts devenues vacantes. Le jus accrescendi fût ni célibataire, ni marié sans enfant, ni Latin Junien, no
s'exerçait dans plusieurs circonstances différentes. tamment en matière de legs d'usufruit, droit essentiellement
I. Lorsque plusieurs personnes avaient la copropriété d'un intransmissible, ou à l'égard des legs considérés comme non
esclave par indivis, si l'un des maîtres l'affranchissait par un avenus (pro non scripta), et au profit des personnes ayant le
des modes solennels [manumissio], l'esclave ne pouvant ac jus antiquum in caducis. Les parts vacantes étaient recueillies
quérir la liberté pour partie1, le manumùtor perdait son droit, en première ligne par les colégataires pères de famille [pa
et ses copropriétaires (socii) profitaient de la part vacante. tres), pourvu qu'il n'y eût pas disjonction. Au défaut de
Justinien abrogea cette décision*. L'esclave fut libre, sauf à colégataires conjoints et patres, les parts vacantes étaient re
l'auteur de l'affranchissement à payer une indemnité à ses vendiquées par les héritiers institués et patres, et en dernier
copropriétaires, d'après un tarif fixé par l'empereur. lieu nar les légataires non conjoints et patres; enfin, au dé
II. En matière d'hérédité testamentaire les principes du faut de ces divers appelés, par le fisc [aerarium populi, relut
droit romain voulaient que la succession ne fût jamais défé païens omnium). Après de nombreuses modifications, le sys
rée partie par testament et partie ab intestat [testamentlm, tème des lois caducaires fut enfin aboli par l'empereur
iiaeres] : en conséquence, si le testateur n'avait institué un Justinien, qui réorganisa \ejus accrescendi sur de nouvelles
ou plusieurs héritiers que pour portion de'I'héréditc, la tota bases '. G. Hcmdert.
lité devait leur appartenir par un accroissement forcé des ACCRESCENTES. — Les contribuables arrivés, après la
paris non distribuées, lhen plus, lorsque la totalité de l'hé formation des rôles, à l'âge qui les assujettissait à l'impôt ap
rédité, même avec assignation de parts, avait été distribuée pelé capitatio uumana, ou à l'impôt du recrutement, comme
par le testament, si l'un ou plusieurs des institués manquaient, tirones [tiro], portaient le nom d'accrescentes ou recensiti;
soit par nullité ab initia, refus, prédécès ou incapacité des ils étaient soumis conditionnellement à payer leur cote au cas
appelés, leurs parts profilaient aux institués qui avaient ac où il serait nécessaire de combler les non-valeurs résultant de
cepté ou accepteraient l'hérédité. Si tous les appelés recueil la mort d'un certain nombre de contribuables, entre deux
laient, leurs parts déterminées par le tcslateur n'excédant recensements [census] '. 11 est probable que dans le cas où
pas la totalité, le testament s'exécutait à la lettre. S'ils re les accrescentes étaient insuffisants, le maître continuait à
cueillaient tous et que leurs parts n'eussent pas été détermi payer pour les contribuables non remplacés.
nées, leur concours amenait une division forcée (concursu par Le propriétaire satisfaisait d'ordinaire à l'impôt du sang,
tes fiunt), parce que deux personnes ne pouvaient avoir à la en fournissant quelques-uns de ses colons. Ceux-ci, devenus
fois l'hérédité in solidum 3. Dans le cas d'assignation de parts tirones, ne comptaient plus pour la capitatio humana; mais ils
aux divers héritiers, on distinguait, pour établir les règles devaient être remplacés par les accrescentes du môme do-

Si Bartoli, Col. Traj. tav. 33, 63, 57, 77, 07. — *« ld. Col. Anl. 36, 57. — droit d'accroissement, p. 6 à 12. — S Machelard. p. 122 et suiv., et p. 236 à Î39.
-'' Cohen, Mon. impériales. I; Adrien, 10 19, pl. vi; Lenormant, Trésor de zVwnù- — 6 C unie. Cod. Just. De caduc, tollend. VI, 51 ; Maehclard, p. 282 et suiy.
mat., lconogr. dos empereurs, pl. nu, xm. — is Cohen, l. /. Adrien, 779, pl. vi. — — 7 c. unie. Cod. Just. VI, 51. — Bioliocrapuib. Holtius, Du droit d'accroisse
Biiuoauraii. Cuuibm, a«i Script. -ilist. Aug. ; Ferrarii Le veter. acclamât, (a ment, dans le recueil la Thénùs, IX, p. 235, 53 ( ; X, p. 321 ; A. d'Ilautuille, Essai
Crsirii Tlics. antig. t. VI; Zell, Feiicnschriften, Ueib.|d. 1857; Hùbner. De sénat, sur le droit d'accroissement, Aix, IS3* ; Schneider, Dos altàcile und Justinian.
populique romnni actis, Lips. I8G0. p. 29, et appeud. III. AmoachsungsreclU, Berlin, 1837 ; Huschke, Hecension in krit. Jalirbûchern, Leipzig,
ACCRESCENDI JUS. — 1 (jlp. Jtcg. 1, IS ; Pud.&wt. IV, 13, 1.— I c. I, § 5. Cod. 183<, p. 307-33Î; Machelard, Du droit d'accroissement, Paris, 1860; et les auteurs
lust. VII, !,, 11, 23 et s. — s Fr. lit, § I, Dif. L, 17. — » Caius, II, tM, 193, cités par Rein. Das Prioatrecht der Bùmer, Leipzig, 1858, p. 834, note 4.
IV9, S01.Ï05, 216, 220; Lip. Reg. XXVI, .2, 13; V, lie. fragm. 85 ; Machelard, Du ACCRESCENTES. t C. 7. Cod. Theod. XIII, 10 j C. 7, C Theod. VII, U.
ACC — 21 — ACC
maine, ou, à leur défaut, pris sur l'ensemble du rôle des textes La création des comices par tribus permit aux tri
contribuables !. G. Humbeht. buns de la plèbe et aux édiles plébéiens de porter une accu
ACXUBITUM. — Couche, lit pu sofa, sur lequel on se sation criminelle devant ces comices 8 ; mais ils ne pouvaient
couchait (nccumberé) dans les repas, sous les empereurs ro en principe que prononcer des amendes, et, en général,
mains *. Ce lit était garni de coussins et de couvertures pour cause politique. Les tribuns n'avaient pas le droit de
(aecubitalia) *, dont la richesse était en rapport avec le luxe saisir directement d'une poursuite les comices par centuries;
toujours croissant. Les passages des auteurs anciens sur ce mais ils y arrivaient en demandant au préteur de convoquer
meuble ne nous permettent pas d'en donner avec certitude cette assemblée On conçoit du reste que tout particulier
une description. Ils ne disent même pas s'il servait à était maître de dénoncer un délit au magistrat compétent
une seule personne ou à plusieurs. D'après le scholiaste de pour former une accusation 10 (multam dicere.perduellionem
Juvénal3 les accubita n'étaient pas en usage chez les anciens judicarè) ; au cas de flagrant délit, ce!ui-ci jugeait seul.
III. Après l'institution des quaestiones perpetuae, ou juridic
tions perpétuelles permanentes, il fut permis à chaque ci
toyen de se porter directement accusateur 11 (delationem no-
minis postulare), acte suivi de la nominis delatio, puis de la
legibus interrogatio. Depuis la loi Julia dejudiciis, l'acte fon
damental de la procédure fut I'inscriptio in crimen, puis
la nominis receptio ; pour les formes à suivre, nous ren
voyons à ces articles spéciaux et à l'article ordo judi-
ciorum.
IV. Il importe, au contraire, de résumer ici les règles re
latives à la capacité requise chez l'accusateur, lorsque le droit
FifT. 39. Lit de repas romain.
d'accusation fut reconnu à tous les citoyens ". Les incapacités
Itomains, mais ils mangeaient couchés sur des lits (in lec- existaient en partie sous la République ; elles furent régula
tulis). Servius s'exprime dans les mômes termes 1 en parlant risées par la loi Julia de publicis judiciis, dont le Digeste nous
du stibadium. On peut supposer que X'accubitum n'était autre a gardé des restes. Les femmes et les pupilles, même les mi
chose que le lit en forme de demi-lune placé auprès des tables neurs de dix-sept ans, étaient en général considérés comme
rondes dont l'usage prévalut sous l'empire. On en voit un incapables d'accuser; il en était de même des militaires, des
exemple dans la figure 39, empruntée à une peinture de indigents, c'est-à-dire de ceux qui ne possédaient pas 50 aurei.
Pompéi 5 [triclinium, sigma, lectus]. Ch. Morel. On excluait ceux qui avaient déjà formé deux accusations
ACCL'SATOR. — Les règles relatives au droit d'accusa non encore terminées par jugement, ou qui avaient reçu de
tion en matière répressive ont varié aux différentes époques l'argent pour accuser ; il en était de même pour les individus
de la législation romaine. reconnus coupables de faux témoignage, ou frappés d'infa
I. Sous la Royauté, les fonctions d'accusateur paraissent mie, enfin pour les affranchis à l'égard de leur patron
avoir appartenu aux deux quaestores pahricidii suivant Mais on faisait exception à cette prohibition pour le cas où
l'opinion de Walter *, bien que Geib n'ait vu en eux que des les incapables poursuivaient leur propre injure ou celle de
juges3. Mais il est certain que ces quaestores pouvaient con leurs proches u. Sous l'Empire, les esclaves et les affranchis
voquer les comices, quand il y avait lieu à poursuite cri furent admis à intenter une accusation publique, excepté
contre leur maître ou patron 1S, quand il y avait crime ca
minclle.
II. Sous la république, avant l'institution des commis pital. Toutefois, en matière de crime de lèse-majesté [majes-
sions permanentes [quaestio perpétua], le droit d'accuser tas], la loi Julia autorisait à cette accusation même les esclaves,
devant le peuple, d'office ou sur dénonciation d'un index les infâmes , les femmes , etc. Remarquons enfin que
ne put appartenir qu'à ceux qui étaient admis à réunir les celui qui lui-même était en état d'accusation, in reatu [reus],
différents comices et à leur faire une proposition [comi- n'était admis à poursuivre contre un autre qu'une accusation
tiaJ. Ainsi pour les comices par curies et les comices par plus grave ". Autrefois les peregrini, ou sujets de l'Empire
centuries, il était réservé aux magistrats du peuple romain, non citoyens romains, n'étaient pas capables d'intenter une
aux dictateurs, aux consuls, puis aux préteurs, même aux action criminelle ; on les réduisait, en cas de concussion des
çuaeslores purricidii1. Les comices par curies perdirent en gé gouverneurs de province, à faire valoir leurs plaintes devant
néral leur juridiction criminelle, lorsque la loi des Douze Ta le sénat par l'intermédiaire d'un patron 18 [repetcndae
bles eut décide qu'une cause capitale ne pourrait être portée piccuMAEj.La loi Calpurnia, rendue en 605 de Rome, permit
que devant le maximus comitiatus*. Pour les délits légers, les aux socn de. porter leur action directement devant la quœs/io
édiles eux-mêmes obtinrent le droit de poursuivre devant instituée par cette loi pour ce genre de crime ". La loi Servi-
cette dernièrcassemblée, ainsi que cela résulte de plusieurs lia de repetundis alla plus loin, en déclarant citoyen romain le
* C «, § î. Cod. Thcod. VU, 13. — Bibliogbifiiii. Walter, Ceiehichte des Seit. 30, 34. — 1 Valcr. Mai. VI, 1, 7 ; Tit. Liv. VIII, U ; XXV, î ; Cicer. In Verr. I,
rômiseh. Dédits, 3« éd. Bonn, 1860, n™ 409, 417, 42!; Savigny, Yermisclitt 15; Gcll. XIII, 15. — 8 Polyh. VI, 14; Tit. Liy. X, 13, 33; XXV, 3; XXVI, 2, 3;
Schriften, II, "ï 1-77, Berlin, 1S50; Baudi de Vcsme, Des impositions dans la Gaule, XXXVII, 57, 58 ; XLIII, 8 ; XXXV, 41. — » Tit. Liv. XXV, 4; XXVI, 3 ; XLIII. 16^
traduit par Laboulnve dans la Itevue historique de droit, Paris, 1861, p. 388 et 389. Cell. Vil, 9. — '0 Quant aui formes de l'accusation, voye» diii dictio. — 11 Valcr.
ACCIBITCM. t Uniprid. Heliogab. XIX, 35; fosaub. et Salnias. ml h. t.; Alex. liai. VI, I, 10. — u Laboulaye, Luis crim. p. 311 et suiv. — 13 Fr. I, 3, 9,
Stx. 34. — « Trcb. Clnud. 14; Edict. Dioclct. XVI, 6. — s Ad Sat. V, 17.— » Ad 10. Dig. De accusai. XLVIII, 3 ; Ciccr. Pro Cluent. 43. — 1' Fr. Il, Dig. eod.
JLtrit. I, 693. — ï Viccolini, Case di Pompei, Desrr. gen., tav. 3. C. 8, 10; Cod. Just. De Ai» qui ace. IX, I. — 15 Plin. Panegijr. 43 ; Capitolin.
ACCTJSATOI». I Ciccr. De repub. Il, 35 ; Tît. Liy. II, 41 ; fr. I, Uig. De off, qusett. Pertinax, 9; Paul. Sent, recept. V, 13, 3; fr. I, g 16, Dig. De quaest. XLVIII,
I, 13; Joinn. LniIiis, De magist. I, 34; Fostus, s. t. Parrieidii quaestores. — » Ge- 19. C. 30, 21 ; Cod. Just. IX, 1. — >* Fr. 7, pr. et § 1 et 2; fr. 8. Dig. Ad
tehichte des rùm. /(«•/i/j,3'c.li!.§ 31 et 59.— 5 Criminal Process, p. 50 06. — * TiU leyem Juliam majestat. XLVIII, t. — 17 c. 1 et 19, Cod. Just. De Ai» gui acc. I\,
U». H, *i *î XXXIX, 14. Zumpt, Crim. Hecht, i, I, y. m et s. — • Varro, De ling. I. — ««Tit. Lit. XLIII, S ; Tacit. Annal. I, 74.— 19 cicer Diun. 17 : In Verr. Il, 0;
lut. VI. VI), 91, 9!. — « Poljb. VI, 14 ; Ciccr. De legib. III, 19; De repub. II, 3 ; Pre V, IS, 52.
ACE — 22 — ACE
provincial qui aurait fait condamner un magistrat prévari vases grecs ne sont autre chose que le coffret à encens dont
cateur î0. les Grecs, aussi bien que les Romains, faisaient usage 8. Cette
Dès le temps de la République, des avantages avaient été destination est clairement indiquée dans la peinture d'un
attachés par certaines lois à des accusations pour crimes vase du Musée de Naples 9, où sont représentés les apprôts
spéciaux : ainsi notamment il y eut des praiïmia pour l'ac d'un sacrifice (fig. 42).
cusation de brigue [ambitos] et de concussion [repetundae Certains petits autels portatifs servant à brûler des par
pecuniaeI. Sous l'Empire, quand l'esprit civique eut disparu, fums, que l'on peut confondre avec l'ara turicrema [ara]
ce système se développa Sl ; alors la profession d'accusateur ou avec l'encensoir [turibulum] , prenaient aussi le nom
devint un métier lucratif et infâme, qui rendit odieux le
nom de delator Cependant il existait des peines contre
les auteurs d'accusations calomnieuses [calumnia] ; en
outre , l'accusateur devait donner caution de poursuivre
l'instance **, ou môme se constituer prisonnier avec l'ac
cusé , et l'abandon volontaire de l'action , sans en avoir
obtenu l'autorisation judiciaire [abolitio], constituait le délit
de tergiversatio Le scnatus-consulte Turpilien, porté sous
Néron, en 814 de Rome, punissait non-seulement ce désiste
ment, mais aussi larRAEVARicATio î5. Toutefois la mort ou un
empêchement légitime dispensait l'accusateurdecontinuerla
poursuite, dont l'accusé pouvait alors demander de son côté
l'abolition S6, afin de ne pas demeurer indéfiniment sous le
poids de l'accusation. — Quant aux droits de l'accusateur,
relativement à l'instruction, nous renvoyons aux articles
PROBATIO, ALTERCATIO, OUARTA ACCUSATIO, TESTIS , PATRO-
nus. Rappelons seulement ce principe que , sous la Répu
blique, c'était à l'accusateur privé à réunir tous les éléments
du procès S7 ; cette règle se maintint sous l'Empire, mais la
poursuite d'office par certains magistrats *, la dénoncia Fig. 41 et 41. Serrant) portant l'acerra.
tion et l'instruction par des employés des bureaux et des of
ficiers de police devinrent de plus en plus fréquentes [index, d'acerra 10. Tels étaient notamment ceux que l'on plaçait
irenarciia, curiosus, quadruplator, stationarius]. Dans près du lit où un mort était exposé ", comme on le peut
ces circonstances l'agent était dispensé d' inscriptio in cri- voir dans un bas-relief reproduit au mot fcnus et qui
men; toutefois il était tenu de défendre et d'expliquer son représente l'exposition du mort {collocatio).
rapport59. G. Hu.mbert. L'usage de porter Yacerra dans la cérémonie des funé
ACERRA (Ai6avo)-p;<;). — C'est le nom donné au coffret railles avait été interdit comme trop somptueux par la loi
dans lequel se mettait l'encens des sacrifices [arcula turalis)K des Douze Tables ». E. Vinet.
Un servant le portait à l'autel, et on y puisait les grains ACETABULUM ('0;t'?, '6;ô6o<!f-ov). — I. Petit vase destiné
que l'on répandait sur la flamme {acerra libare)*. Des à contenir du vinaigre [acetlm] ', ou d'autres condiments en
fragments des frises de deux tem usage dans les repas. L'origine du nom , tirée de son
ples, l'un au Musée du Capitole 3, emploi, ne peut être mise en doute, mais ce nom ne resta
l'autre au Louvre nous montrent pas exclusivement appliqué aux vases à vinaigre, il désigna
Yacwra parmi les instruments du également d'autres vases semblables, quel qu'en fût le con
sacrifice. On le voit figurcr(fig. 40), tenu, comme le dit expressément Quinlilien s. On trouve des
avec le bâton augurai [lituus], sur acetabula d'argent mentionnés au Digeste, parmi les vases
l'un des côtés de l'autel encore de qui composent la vaisselle de la maison H y en avait sans
bout dans le petit temple dit de doute de toute matière, aussi bien que des vases appelés oxis
Quirinus, à Pompéi3. Sur d'autres et oxybapiion : le mot latin est la traduction exacte de
Fig. 40. Attribut! : rdotaux. bas-reliefs qui représentent des ces mots grecs. C'est aussi en les rapprochant et en tenant
cérémonies religieuses on voit les compte de quelques autres acceptions du mot acetabulum,
servants portant l'acerra. Trois de ces bas-reliefs sont au que l'on peut arriver à déterminer la forme du vase de ce
Musée du Louvre 6. L'assistant représenté figure 41 est tiré nom. D'après Athénée *, il ressemblait à une kylix petite
d'un bas relief de Rome 7. Beaucoup des cassettes diverse et évasée (eîoo; xûÀixo; ;x:y.pï;, ixr.h-xXov 7tOTr^piov) ; d'autre part,
ment ornées que l'on voit si souvent dans les peintures de nous voyons qu'on appelait acetabulum la cavité d'un os qui
*o Lez Servilia, édit. Klcnze, c. 53 ; Cicer. Pro Balbo, «. 24 ; Laboulaye, I, n" 59, 120, 138 ; II, n°« 847, 818, 854, 855, 860, 861 , et la traduction par Pic-
Lois crimin. p. 341. — SI Tacit. Annal. IV, 20, 30; Sucl. Tib. 6i ; Uio Cass. quet-Damesme, Paris, 18fi3, p. 85 et suiv.; A. ïï. Zumpt, Das crimin. Redit der
LV11I, 14; Joseph. Ant. Jud. XIX, i, 16; C. 5, § 7, Cod. Ad leg. M. moj. IX, Rômer. 4 v. in-S. Berlin,
8; C. 2, Cod. De fais. mon. IX, 24. — K Quintil. Inttit. oral. V, 13, 2, 3; ACenilA. » Festus, £. v. Acerra; Suct. Tib. 44; Galb. 8; Serr. Ad Virg, AEn.
XII, 7 ; Xlll, 1, 3 ; Scncc. Contran. III, 20. — «3 Fr. 7, § I, Dig. De ace. XLVIII, V, 745. —2 Orid. Pont. IV, 8, 39; Pcrs. Sat. II, 5. — 3 Mus. Capt. t. IV, tab. 34.
! ; C. 3, Cod. Just. IX, I ; c. I, i, Cod. IX, 2. — Tacil. Annal. XIV, 41 ; Paul. — » Clarac, Mus. de seulpt. pl. ccn. — >> Mazois Ruines de Pompéi, IV, pl. zv.
Sent. V, 17, § 1 ; C. 2, Cod. Just. De abolit. IX, 42. — « Fr. 1, § I et 6, Dig. Yoy. les autres faces de l'autel au mot iiu. — 6 clarac, pl. ccsvm, ceux, ccm. —
XLV1I1, 16; fr. 1, Dig. XLVU, lô. — M Fr. 10, Dig. XLVIII, 16; Fr. 3, § i, Dig. " Barloli, Admir. roman, tav. 14. — 8 De Laborde, Vases de Lamberg, t. II, pl.
XLVIII, S. — 27 Laboulaye, Lois crùn. p. 31S. — 28 c. 7, Cod. Just. IX, 2; C un. m il, «ml, p. 42; Inghirami, Mon. Etruschi, ser. V, tar. 15. — ' Gerhard, Arch.
Cod. IX, II. — M C. I, Cod. De cur. XII, 23; fr. 6, § 3, Dig. XLVIII, 16; c. 7, Zeil. 1853, pl. lv. — '0 Festus, loc. cil.; Ilor. Od. 111, 8, 2. — 1' Festus, s. v.
Cod. IX, 2. — DiBLioonAPiiiB. Gcib, Criminal Process, Leipzig, 1842, p. 104, 107, Acerra. — n C.ic. De leg. II, 21.
291, 257, 533, 579 ; Laboulaye, Essai sur les lois crim. des Itom. Paris, 1845. p. 134, ACf TABUIXM. 1 Isid. Orig. XX, 4, 12 ; Apic. VI, 6; VIII, 7; — > VIII, 6. —
H3, 311, 339 et suiv.; Waltcr, Cesch. des rômisch. Dechts, 3« édit. Bonn, 1860 « Ulp. XXXIV, 2, 19. i 9. — »P. 494 c; ibid. c.
ACE — 23 — ACH

emboîte la tête d'un autre os de même celle qui reçoit le quides à ^ */i cyathus, ou '/î quartarius, ,/4 A'hemina^
moyeu d'une roue et enûn les suçoirs ou ventouses dont du sextarius, '/„ du congius, i/tn de Vamphora ; pour les
sont pourvus les bras de certains polypes. 11 s'agit donc d'un substances sèches, à */, quartarius, */» de Yfietnina, l/* du
va«c rond, petit, peu profond et bien ouvert. Nous en trou sextarius, •/,„ du modius ; soit, d'après les mesures ac
vons qui répondent à tuelles, 0,0677 de litre. [Voir les tableaux des poids et mesures
cette description dans à la fin de cet ouvrage.] E. Saglio.
des peintures 7 décou ACETUM (*0?o;), vinaigre. —Les anciens le tiraient non-
vertes à Rome en 1783, seulement du vin, qu'ils faisaient aigrir en y ajoutant divers
représentant de jeunes fruits, herbes ou racines, en l'exposant au soleil, etc. 1 ; ils
esclaves portant dans en fabriquaient aussi avec des dattes !, des figues, des bé-
Fi;. 43. Vases pour les assaisonnements.
des plats ou bassins toines 3, ou en faisant macérer des figues et d'autres fruits
des mets de diverses sortes. L'un de ces plats est ici reproduit avec du jus de citron, de l'orge grillée, ou d'autres ma
(fîg. 43). On y voit avec un cochon de lait deux de ces petits nières encore Ils avaient des recettes très-variées pour le
vases qui sont évidemment destinés à l'assaisonnement ; sur préparer, pour augmenter ou tempérer sa force, ou pour
un autre, sont des raiforts, lui communiquer la saveur des substances qui y étaient in
et, au milieu du plat, un seul troduites \ Le vinaigre d'Êgypte était renommé pour sa
petit vase pareil à ceux qu'on force 8; on recherchait aussi ceux de Cnide, de Sphettus,
voit ici. Dans une peinture de Décélie 7. Pline, Apicius, Columelle et les auteurs médi
étrusque, découverte récem caux fournissent des renseignements sur les nombreux em
ment près d'Orvicto des plois du vinaigre dans la cuisine, dans les arts ou dans la
esclaves sont occupés des pré médecine.
paratifs d'un repas ; l'un d'eux Les mots acetum et tfSoç signifient quelquefois 8 une boisson
(fig. 44) tient dans sa main qui n'est pas du vinaigre, mais un vin aigre ou de qualité
droite un vase à peu près sem inférieure. E. Saglio.
blable, trop petit pour servir ACHAICUM FOEDUS. — La ligue achéenne est une con
à verser ou à boire, et qui fédération de peuples du Péloponèse, fort importante au
vraisemblablement fait l'of point de vue de l'histoire et du droit public de la Grèce. Cette
fice d'acetabulum. confédération n'acquit son plein développement et ne jeta
Fig. if. Esclave préparant le repas. II. Les escamoteurs (circu- tout son éclat que vers l'an 280 avant Jésus-Christ ; mtiis
latores , jiraestigiatores) fai elle remontait à une plus haute antiquité.
saient leurs tours à l'aide de gobelets de forme analogue et Les Achéens occupèrent, lors de l'invasion des Héra-
qui s'appelaient acetabula '. Tel est celui qu'on voit aux clides, la côte assez peu fertile du nord du Péloponèse, de
pieds d'un jongleur figuré sur une lampe en terre cuite 10 puis Sicyone jusqu'au promontoire Araxe. L'Achaïe se di
(fig- 45). visait en douze cités, qui comprenaient chacune sept à
huit bourgs dans leur territoire. Hérodote 1 cite Pellène,
iEgira, ^Egus, Bura, Hélice, ^Egium, Rhypes, Pâtre, Phare,
Olenus, enfin Dymœ et Tritœa, seules villes situées dans
l'intérieur des terres. On sait peu de chose sur la formation
première de la ligue entre ces cités, parce qu'elles prirent
peu de part aux affaires de la Grèce, même à l'époque de
la guerre de Xerxès. Il paraît que très-anciennement une
assemblée des députés des villes se tenait déjà dans la ca
pitale, au printemps, pour la confection des lois et la no
mination des magistrats, et extraordinairement suivant les
circonstances. La confédération semble avoir été dissoute
à la suite d'un tremblement de terre '. ^Egium était de
venue la capitale. Pendant les luttes entre les successeurs
d'Alexandre, certaines villes d'Achaïe reçurent des garni
sons étrangères, d'autres furent soumises à des tyrans
Fig. 45. Jongleur. Enfin, en 280, les villes de Patras, de Dymœ, Phare et
Tritaea profitèrent de la situation fâcheuse où se trouvait
III. Il s'appliquait encore à un instrument de percussion Anligone Gonatas, pour se soustraire à sa domination, et
consistant en une cymbale de terre cuite, d'airain, d'argent former les liens d'une nouvelle ligue Achéenne *, à laquelle
ou d'autre matière, que l'on frappait contre une autre les autres cités se rattachèrent successivement. Vingt ans
cymbale ou au moyen d'une baguette ". après, l'exemple des Ëtoliens [aetolicum foedus] décida les
IV. h'aceiabulum était aussi une mesure de capacité pour Achéens à se placer sous les ordres d'un seul stratège [stra-
les matières sèches ou liquides u, équivalant pour les li- tegos]. Alors la confédération fit de rapides progrès, grâce

» Plin. Hist. iïat. XXVIII, H , 49. — « Scalig. ad Varr. De re nul. 5.-7 Cassini, /.; Colum. XII, 5. — ' Geopon. ib.; Athen. Vil, p. 314 c, Hippocr. p. 674, 17; Cato,
Pitture antiche trot, al Laterano, Rome, 1183. pl. î tt 5. — ' Golini, Pitture scoperle Resruslka, 104. — « Cic. s->. Non. IV. 17 ; JuTen. XIII, 85; Mart. XIII, iït. — 1 Athcn.
prttso Orvicto, Fircmc, 1865, tat. 5. — • Senec. Epist. ILV, 7 ; Alciphron. Ep. III, loe. cit. et II, 67. — 8 Dut. Quaest. symposiacae, II, 19; f\nul.Jtud. IV, ï, 3Î;
!«. — *° Bartoli. Lucern. veter. tav. 17. — « Isid. III, ît, 1 1 ; Suid. s. T. — H Plin. Pers. IV, 32.
nàl. Kat. XXI, 34, 185; Isid. XVI, SO, 5; Priscian. V, 76. ACHAK'X'M FOEDÏS. » I, 1 15. — « Diod. XV, 48; Pausan. VII, 14, 5; O-Tid.
ACETUM ' Geopon. VIII, 33 sq. éd. Ncedham, t. II. — » Xen. Anab. I, 5, 10; Metam. XV, Î93; Pohb. II, 41, 7. — S Strab. VIII, 384. — * Polyb. Il, 41, lî;
II, ï. U ; Athcn. XIV, ' 51 e. — » Plin. Hist. Nat. XXV, 81 ; XIV, 103. — * Geopon. Ucrlecker, Achaïsch. Gcsch. p. 66-" 1.
ACH — 24 — ACH
surtout à l'habile politique de son chef, Aratus, qui bientôt que le génie indépendant des Achéens avait établie depuis
réunit Sicyone, sa patrie, à la ligue Achéenne, en 251 s.
l'extinction des anciennes races royales *, et s'efforçait de
En 243, elle lui dut encore l'annexion de Corinthe, après faire prévaloir de pareilles institutions dans les villes qui
l'expulsion de la garnison macédonienne qui l'occupait 6. venaient s'allier aux confédérés ss. Quelquefois il est ques
Enfin Èpidaure, Trézène, Mégare et d'autres villes furent tion de la nomination de juges spéciaux, communs à toute
également rattachées à la confédération 7. la ligue
A la tôte de la confédération se trouvaient deux con Le stratège n'avait pas seulement la haute direction de
seils, qui se réunissaient dans la capitale, jEgium, et sié la guerre et des négociations préliminaires de la paix ; on
geaient dans le bois sacré de Zeù; 'Opa-fûpto; près du temple de peut dire qu'en général il était investi du pouvoir exécutif ;
lr,iiiÎTT,p Ilava/ai'a 8. Le premier conseil, appelé po<A^ *, se quand il présidait l'assemblée du peuple, c'est lui aussi qui
composait des députés des villes, et n'était pas permanent; la congédiait S7.Ce pouvoir aux mains d'hommes tels qu'Ara-
ses membres recevaient une indemnité. Le second portait le tus et Philopœmen contribua beaucoup à la grandeur de la
nom de yspouffi'a, et formait le conseil permanent du stratège 10. confédération Achéenne. Après avoir lutté victorieusement
L'assemblée générale du peuple se tenait également dans sous ces grands hommes contre Sparte, à qui son roi
cette ville, et comprenait tous les citoyens des cités confé Cléomène avait rendu une partie de son ancienne puis
dérées, au-dessus de trente ans "; ils étaient convoqués deux sance, puis contre les Macédoniens, tour à tour ses al
fois par an, au printemps et à l'automne ". Chaque session ne liés et ses ennemis, la ligne Achéenne fut le dernier sou
pouvait durer que trois jours 13 ; mais les circonstances ame tien de l'indépendance de la Grèce contre Rome. Elle
naient quelquefois la nécessité d'une session extraordinaire finit par succomber, ruinée par la politique astucieuse
dans une des villes de la ligue u. Philopœmen fit prévaloir, du sénat et par les victoires de Métellus. La prise et la
contre l'avis du consul Fulvius, une loi aux termes de laquelle destruction de Corinthe parMummius, en 146 avant Jé
les assemblées régulières durent se tenir alternativement dans sus-Christ, consomma sa défaite et celle de la Grèce tout
chacune des villes de la confédération 15. C'est au printemps entière.
qu'on nommait les magistrats, indépendamment du stratège On répète généralement, sur la foi de Sigonius que
et des scribes publics ou YpxfAurreïç. Parmi les premières auto l'Achaïe fut dés ce moment réduite en province romaine.
rités, on comptait Yhipparque (fmrapyo;), fonctionnaire immé Cette opinion, qui ne repose sur aucune preuve directe, a été
diatement inférieur au stratège 18 ; dans certaines villes, il y fortement ébranlée de nos jours par Hermann u. Suivant
avait aussi des hippostratèges ('unrocrrpa-'riYoi'). Du reste, l'usage cet auteur, dont le système a rencontré beaucoup de parti
s'établit de permettre la rééligibilité d'un citoyen aux mèmeî sans, après les mesures de rigueur provisoirement ordonnées
fonctions. Le stratège ne pouvait cependant être réélu que de par les députés du sénat et l'établissement de gouvernements
deux années l'une. Le droit de convoquer et de présider ras démocratiques dans les villes du Péloponèse, les confédéra
semblée du peuple appartenait en principe à dix magistrats tions d'abord dissoutes furent autorisées à se reformer30. L'A
nommés démiurges (oïiuLujupyof) ou simplement archontes (#p- chaïe, in deditionem accepta [deditio], ne fut pas réduite en
y ovttî) dont le rang était égal à celui du stratège ; cepen province, car elle n'eut pas de gouverneur romain perma
dant ce dernier magistrat pouvait appeler le peuple à une as nent", à l'exception de la Béotie et de l'Eubée et du terri
semblée extraordinaire, quand il s'agissait de prendre les toire de quelques villes détruites, soumises peut-être à l'admi
armes 1S. Le peuple décidait les questions de paix ou de nistration soit du gouverneur de la Macédoine, soit d'un ques
guerre, comme toutes celles qui intéressaient l'ensemble de teur spécial. Mais ce n'est pas ici le lieu de discuter cette
la confédération ; mais il votait par cités et non par tôtes ; la grave question. Il est certain du reste que l'Achaïe, qui dans
majorité des villes emportait la décision19. L'initiative des pro les guerres civiles avait en général suivi le parti destiné à suc
jets de décret appartenait aux démiurges ; le partage d'opi comber, fut occupée plusieurs fois militairement et réduite
nions entre ces dix magistrats mettait obstacle à la mise aux en province sous Auguste 3S.
voix d'une proposition, car l'assemblée ne pouvait délibérer On possède un assez grand nombre de monnaies de la
que sur les propositions à elle soumises par les chefs l0. 11 est ligue Achéenne. Nous en offrons
à remarquer que les liens de la confédération n'étaient pas ici des exemples. On voit (fig. 4G)
assez étroits pour entraver l'autonomie des cités d'une ma une monnaie de la première pé- Vt^?^
nière rigoureuse 11 . On voit certaines d'entre elles se retirer riode de la ligue 8S. Elle porte au VmîMr / ~\&J&"yJ
de l'assemblée qui a pris une décision contraire à leurs vues ; droit la tôte de Jupiter, au re- ^^S^'
aussi la ligue portait-elle simplement le nom de ffuu.7ToXiTEt'a, vers un monogramme formé des Kig.+6. Monnaied„aligueAchéenne.
ou de ffuvTs'Xeia. lettres AX, dans une couronne de
A l'extérieur, elle interdisait à ses membres le droit d'a laurier. Cette monnaie est antérieure à l'époque où Ara
voir des ambassadeurs ", et leur donnait un chef pour la dé tus fut élevé à la préture. A ce moment la nouvelle ré
fense commune ; elle fixait le contingent de leurs troupes publique ordonna que les monnaies versées au trésor com
A l'iutérieur, la ligue veillait au maintien de la démocratie, mun seraient toutes d'un même poids et au même litre s*.
I
s Plut. Arat. 2-10; Polyb. IV, 8; Pausan. It, 8, 3; voy. 1a bibliographie relative 5 ; Pausan. VII, 7 ; Demoslh. Fad. Alex. § 10. — »s Polyb. II, 43, 7. — «• Polyb. II,
à Aratus, dans Ucriuann, Gricch. Staatsaliertk. § 185, 9. — 8 Polyb. II, 43 ; 37, 10 ; Wachsmulh, op. laud, p. 314. — 17 Tit. Liv. XXXI, 15; Pol;b. XXVIII, 7 ; cf.
Plut. Arat. 16 i 14; Ath. IV, 54. — 7 Pausan. Il, 8, 4; VII, 7, 2; Polyb. XX, Wachsmulh, U l. p. 314. — ** Antiq. Jur. pop.rom. p. 70. — *8 Op. laud., lit, S C ;
C, 7; Strob. VIII, 7, 3. — » Pausan. VII, 24 ; Strab. VIII, 7, p. 383. — 9 Polyb. ld. Oesamm. Abhandl. Gott. 1849, et Defensio disput. deGrnrc.cmd.; Gott. 1851, 4;
IV, 2A, ? ; XXIU, 7, 3 ; XXVHI, 9, 6. — 10 Id. XXXVIII, 5 ; XXIV, 12 ; Hermann, Marquardt, Handbueh d. Ram. Alterth.Ul, 1, p. 121 ; Zumpt, Conm. epigr. IS54, t. Il,
I IS5, !. — il Polyb. XXIX, 9,6. — lipolyb. 11,51; Tit. Lit. XXXVIII, 32.— 13 p0. p. 151 ; E.Kuhn, Verfass. dei râm. Heichs, t. II, p. 68.— 30 Cicer. Ad Alt. XIII, 4; Pau
lyb. XXIX, 9, I* ulit. Ut. XXXII, 12. — l* Polyb. XXIX, 9, fi. — 15 Tit. LiT. XXXVOI, •an. II, I, S; VII, 16, fi, 7; VIII, 39 ; Polyb. X, 4, 8. — S' Marquardt, Hamltmch der
30. — 1« Polyb. V, 95, 7 ; XXXVIII, 6, 9; IV, 59, 2. — '7 Id. V, 1, 9; XXIII, II', rôm. AUerth. III, 1, p. 127, et Zumpt, Comm. epigr. II, (54. — 31 strab. XVII, 3; Uio
! I ; XXVIII, « ; Tit. Lit. XXXII, 22 ; XXXVIII, 30. — 18 Polyb. IV, 7, 5. — 1» Tit! Cass. LUI, 11.— 33 Cousieery, Afonn. de la lig. Ach. pl. I, 1 — * Polyb. II, 7 — Bi-
Li». XXXU, 22, 23. — «0 Tit. Liv. XXXI, 25. — !> Cf. Wachsmulh, VMen. Aller- BLiosairnia. Wachimuth, JJellen. Allerthumskunde, Halle, 1846. 1, p. 311-318; Schô-
t/iuiw*. p. 31». — *- l'ausan. vu ».A. _ «3 xit. Lit. XXXI, 25.— >• Polyb. II, 41, manD. Antiquit.Jurùpubl.graec.p. 44-1447; id. Criech. Allertk. Il, p.l06etsq.;Wahner,
ACH — 25 — ACH
t'n monogramme, formé des premières lettres ,des mots l'ont employé figurativement dans ce sens {Acheloia pocula,
axaiQN ou DANAXAIQN, fut ajouté comme signe conven dit Virgile *). Mais le plus célèbre fleuve de ce nom, et
tionnel aux symboles ordi le seul qui joue un rôle dans la mythologie, est celui qui,
naires qui faisaient reconnaî sortant du Pinde, coule entre l'Acarnanie et FÉtolie, et
tre la monnaie de chaque cité. se jette dans la mer Ionienne près des Échinades; c'est
Ainsi on le remarque sur une aujourd'hui l'Aspro-Potamo. Cet Achélous est mentionné
monnaie d'Élide, ici gravée par Homère , qui lui donne l'épithète de xpeiuv, ce que
(fig. 47), d'après le modèle Pausanias interprète par « le roi des fleuves a » . La célé
Fie- 47. Monnaie de la ligue Achéenne. . _ ,. , ,
qui appartient au Cabinet des brité de l'Achéloiis lui vint de ce qu'il était le plus grand
médailles, et sur de rares monnaies de Corinthe, dont un fleuve de 1» Grèce, et que, sans avoir l'ampleur du Nil,
exemplaire de la collection il avait néanmoins fait des choses extraordinaires *. Son
Cousinery, qui a passé dans le travail consistait dans les alluvions par lesquelles il joignit
Cabinet de Munich, est ici re les Échinades au continent, phénomène qui excita l'admi
produit (lig. 48). Corinthe, qui ration de l'antiquité \ Des traditions qui faisaient du fleuve
possédait déjà une grande le créateur des îles situées à son embouchure prirent une
Fis- 48. Monnaie de la lifue Achéenne. abondance de numéraire, né forme mythique dans la fable racontée par Ovide, d'après
cessaire aux opérations de laquelle les Échinades sont des nymphes changées en îles
la ligue, dut être autorisée à verser au trésor ses monnaies par la colère d'Achéloiis qu'elles avaient oublié dans un sa
«ans y faire aucun changement. C'est cette circonstance crifice 6.
qui explique la rareté des monnaies de cette ville portant le Quant à Achélous considéré comme personnage mythique,
monogramme. G. Humiiert. Hésiode le fait fils de l'Océan et de Téthys 7 ; selon d'autres,
ACHA>'É ('A/cm]). — Mesure de capacité mentionnée par il est issu de Hélios et de Gaea 8. On lui donne de nom
Hésychius comme ayant été en usage chez les Béotiens et breux enfants : 1° Les Sirènes, qu'il eut de Melpomène
valant un medimnus. Dans Aristophane 1 le môme nom désigne selon les uns 9, de Terpsichore suivant d'autres 10, ou de Sté-
une mesure perse beaucoup plus grande : 45 médimnes selon nope, fille de Porthaon, d'après une ancienne tradition 11
le scholiaste. Cn. Mokel. [sirènes]. 2° Callirhoé, épouse d'Alcméon et mère d'Acarnan
ACIIARISTIAS DIKÈ ('AxapicTi'a; Sîxij), action d'ingrati qui fonda l'État d'Acarnanie. Poursuivi par Érinnys pour le
tude. — Dans son énumération des actions privées, Pollux 1 meurtre de sa mère, Alcméon, qu'un oracle avait averti de
mentionne cette action sans autre explication. Faut-il en chercher une terre que le soleil n'eût pas encore éclairée lors
conclure que la loi grecque avait érigé le devoir de recon que le crime avait été commis, se réfugia sur les alluvions de
naissance en une obligation civile et exigible en justice? l'Achéloiis w. 3° La fontaine Castalie, au rapport de Panyasis
C'est ce qu'a pensé Samuel Petit *, sur la foi de Lucien • dans son Héracléide 13. 4° Deux fils qu'il eut de Périmède,
et de Valère-Maxime k; et si l'on se rappelle qu'une fille d'Éole, et qui sont nommés Hippodamas et Oreste lk.
action semblable était établie, dit-on", chez les Perses et Suivant une autre version, Périmède (ou Périmèle) n'était
'liez les Macédoniens; si l'on considère surtout que les pas mère, mais fille d'Hippodamas et l'une des Échinades,
nations anciennes n'avaient pas encore séparé, comme dont Ovide a raconté les amours avec Achélous et la méta
nous, le droit de la morale, et que chez les Grecs en par morphose 15.
ticulier un seul et même mot, Stxaiov, exprimait les idées Suivant Ovide, Achélous donna un jour l'hospitalité à
diverses d'équité, de justice et de droit [dikè], on trou Thésée et l'instruisit de ses conseils 16. Mais le grand événe
vera que l'opinion de Petit, bien que rejetée par la plu ment de son histoire, ce fut sa lutte avec Héraclès pour la
part des modernes, n'est pas dénuée de vraisemblance. Ce main de Déjanire, lutte fameuse par les récits des poëtes et
qui est certain toutefois, c'est que cette action avait cessé des mythographes ". Pour combattre son adversaire,
d'être en usage au temps de Xénophon : « La seule ingra le fleuve prit tantôt la forme d'un serpent, tantôt celle
titude, dit cet auteur *, dont s'occupent les lois d'Athènes d'un taureau, puis celle d'un homme à tète de taureau.
et dont le» tribunaux aient à connaître, est celle des enfants Mais Héraclès le vainquit et lui arracha une corne. Con
envers leurs père et mère » [kakosis]. — La loi ro sacrée par les Nymphes et remplie par elles de fruits et
maine ne donnait d'action pour cause d'ingratitude que de fleurs, la corne du fleuve devint la corne d'abondance
contre le donataire [donatio], l'affranchi [patrohus], et l'en j [amalthea]. De honte, Achélous alla se cacher dans les ro
fant émancipé [emancipatio]. P. Gide. seaux de ses rives. Ce mythe a été expliqué dès l'anti
A< il 11.4 m s (AyeXSoc et 'A/eXoVto;). — Ce nom, dans la quité dans le sens historique par Strabon 18 et par Dio-
géographie ancienne, appartient à six fleuves1, et il paraît dore '*. On y a vu une allusion à des travaux exécutés pour
avoir été à l'origine une appellation générale des eaux resserrer le lit du fleuve et dessécher ses rives afin de les
courantes; les poètes, même d'une époque plus récente, rendre saines et fertiles. Achélous devint le symbole des

Ile Ach'ievr, fort. ong. Glogau, 1354, 8; Cousinery, Monnaies de la ligue Achéenne» AC1IKI.OUS. 1 Pausan. VIII, 3S ; Strab. VIII, p. 31»; IX, p. 431; X, p. 450; Schol.
Pari», 18:5; Uerlecker, Achaicorum hbri III, Darmstadt, Is37; Droyseu, Hclle- lliad. XXIV, 616. — * Aristoph. Lysist. 331 et Schol.; Virg. Georg. I, 9 ; Artemidor.
piimus. t. II, Hamburg, 1843, et les auteurs cités par Hermann, Lehrbuch der gricch. II, 33; Welcker, Gricch. Gôtterlehre, III, p. 43. — ' Hom. Iliad. XXI, 194; Pau-
StnatKll'rihimt. 4« édit. Heidelberg, 1855, § 185 et sq. san. loc. cit. ; cf. Solin. l'olyhistar. VII, 3. — * llerodot. II, 10. — b Thucyd. 11,
ACIIAMÉ. i Aeharn. 108, et Schol. ad h. loc. Conf. Suidas s. v. 10.» ; Pausan. VIII, it. — « Metam. VIII, 576 sq. —7 Thcog. 310. — 'Natal.
Ai IIARISTIAS DiliK. 1 Poilus, VIII, 31. — * Petit, Leg. att. VII, 8, § I . Corn. VII, î ; Sorv. ad Virg. Georg. I, 9. — 9 Apollod. I, 3, J. — 10 Apollon.
-iLucian. Abdicatut, 19. — » Val. Max. V, 3, p. 418, Kctppf. — s Xen. Cy- Argon. IV, 895, »96. — H Apollod. I, 7, 10. — tl Thucyd. II, 102; Pausan. VIII.
rip-iri. 1,1, 7 ; Senec. De benef. IU, 6. — * Xen. Memor. Soer. II, 4, 13. Î4 j Apollod. III, 7, 5. — U Pausan. X, 8. — 14 Apollod. I, 7, 3. — » Met.im.
— BiBuociirait. Janus Pan, De grati animi offtciis et ingratorum poena jure VIII, 539 sqq. — 1« Mctam. VIII, 546 sq. — 17 Sophocl. Truch. 10 sq.; Ovid.
Altu-o et Romano, Lagd. Bat. 1809 ; S. Maycr, Die Rtehte der Israël., Atlicner Met. IX, 1-83 ; Philost. Jun. 4 ; Diod. Sic. IV, 34, 35 ; Hygin. Fab. 31, 33 ; Apol
mi liomer, Leipzig, 1862, t. I, p. 58. lod. 1, 8, I ; 11, 7, 5. — 1» X, ». — 19 Loc. cit.
I. 4
ACII - 26 — ACH
eaux coulant sous les lois de l'homme ; et Théagène, tyran mais on sait que de semblables jeux étaient célébrés en
de Mégare , ayant détourné un torrent qui tombait des
montagnes dominant la ville, éleva un autel à ce dieu dans
le lieu même d'où l'on avait conduit les eaux
Le nom d'Achéloiis était révéré par toute la Grèce, bien que
les fables qui le concernent soient qualifiées d'étoliennes Sl.
On jurait par lui comme par le Styx. Son culte paraît avoir
été lié avec celui du Zeus de Dodone [jupiterI, car Éphore
nous apprend que toutes les réponses de l'oracle de Dodone
portaient que l'on devait faire des sacrifices à Achéloiis ".
Dans le temple d'Amphiaraus à Oropus, il y avait un autel
divisé en plusieurs parties dont chacune était dédiée à plu
sieurs dieux. Une part était consacrée aux nymphes , à
Pan, à Achéloiis et au Céphise **. Une source était à côté
du temple ".
La lutte d'Achéloiis et d'Héraclès était figurée en relief
sur le trône d'Apollon à Amyclée et dans un groupe,
œuvre de Doutas, qui faisait partie du trésor des Mégariens
à Delphes t6.
Fig. 51. Lutte d'FTercuIc et d'Achéloiis.

l'honneur d'Achéloiis en Acarnanie L. de Ronchaod.


ACHEROIN [INFERI].
ACHERONTICI LIBRI [LIBRl].
ACHILLES ('Ay^Eu;).— Achille, fils de Pélée, roi des Myr-
midons, peuple de la Phthie en Thessalie, et d'une déesse
de la mer particulièrement honorée dans cette contrée, la
néréide Thétis'. Son aïeul est tëaque, par qui il est issu de
Jupiter.
Traditions homériques. — Tout enfant, Achille fut confié à
Phœnix, alors réfugié auprès de Pélée. Phœnix ne quitta plus
son élève et le suivit sous les murs de Troie *. Il enseigna au
fils de son hôte l'éloquence et la guerre ' ; le centaure Chi-
ron apprit la médecine au jeune héros Achille était le
plus vaillant des hommes ; sa mère lui avait annoncé que
Fi;. 49. Combat d'Hercule et d'Achéloiis. sa destinée lui permettait de choisir entre une vie lon
gue mais obscure, ou une vie glorieuse mais courte 5 ; ce
Les monuments qui nous restent représentent Achéloiis fut celle-ci qu'il préféra. Quand la ruine de Troie fut dé
tantôt, comme sur une monnaie d'argent de Métaponte cidée, il vogua vers l'Asie suivi de cinquante vaisseaux *.
(fig. 50), ville d'origine à demi étolienne, sous les traits d'un Chéri de Minerve 7 et de Junon aimé de Jupiter, il fut
^pa^ homme à la tête armée de cornes, te- bientôt célèbre et les Grecs virent en lui le rempart de l'ar
$y _ ^ nant le roseau et la patère " (il est figuré mée Déjà, avant sa querelle avec Agamemnon, il avait
de niême sur des pierres gravées I8) ; désolé le pays troyen, détruit douze villes sur le bord de la
{<i£% M]/ sÈa tantôt, comme sur le vase peint reproduit mer et onze dans les terres 10. L'origine de celte querelle fut
V&ga, plus naut (ng- *9) et sur 'es monnaies la maladie qui ravagea le camp des Grecs. Inspiré par Junon,
v^fegg^' d'Œniadaeen Acarnanie, sous la figure Achille convoque l'assemblée des Grecs. Le devin Calchas dé
d'un taureau avec un visage humain M. clare qu'Apollon a envoyé ce mal terrible, et que le dieu ne
Fis. 50. Achéloiis. C est ainsi qu» on
_ ile voit
>i aussi- représenté
' Li s'apaisera que lorsque la fille de son prêtre, Chryséis, cap
dans un fragment de marbre de la galerie de Florence et sur tive d'Agamemnon, aura été rendue à son père. Agamem
plusieurs vases peints50. La peinture reproduite (fig. 51), non courroucé déclare à son tour qu'il ne livrera Chryséis
d'après un vase du Musée britannique, où le dieu a une tête qu'en échange d'une autre récompense, et il réclame la captive
humaine et le corps d'un poisson, bien que conforme à une Briséis échue en partage à.Achille. D'injurieuses parolesde part
des traditions conservées par les poètes, est jusqu'à présent et d'autre sont prononcées. Achille menace d'abandonner
une exception. l'armée et va frapper Agamemnon quand Minerve l'arrête.
Sur la monnaie de Métaponte, dont il vient d'être parlé, L'assemblée se disperse, Agamemnon r:nd Chryséis, mais ses"
on lit ces mots : axeaoio A6A0N, qui paraissent indiquer hérauts vont enlever Briséis. Achille désespéré se rend sur le
qu'elle était donnée en prix aux vainqueurs de jeux au sujet rivage. A son appel Thétis se montre et lui promet de prier Ju
desquels on ne possède d'ailleurs aucun renseignement ; piter de le venger des Grecs Dèsce moment, retiré sous sa

*> Pausan. I, 4t.— si Lucian. De saltat. 50. — " Jacobi, Dicl. myth. s. ». Ache- XV, 3,4; u. Jalui, in Arch. Zeitung, 1862, taf. 14", 1 48; UiiEugen, Transact. o/
loùs. — » Pausan. I, 3.i. — « Ibid. — » Paus. 111, 8, 16. — » Id. VI, 19, lî. royal Soc of litt. II, I ; do \\ ilte. Calai. Etr. p. Urlichs, Ann. deW but. di
— 17 Millingcn, Ane. coins of greek citiet, I, 21; de Luyncs, Métaponte, pl. 2. — Carresp. arch. 1839, p. 261. et Guigniaut, Ilelig. de l'ont, pl IflO bis, n" 181 6. —
î'MiIlingen.7WmJ<ic<. 11, p. 95; Cadet. Abdrùck-Samml. XXII, 113; Arch. Zeitung, Cf. les auteurs cités à la noie 17. — 31 Scliol. lliad. XXIV. fis.
IB6Î, pl. 168 — " Mionnct, ilêd. ont. Suppl. III, pl. 14; 0. Mullcr, Handb. § 403,5. ACHILLES. < (loin. //. XX, ÏOB ; Pind. A'em. 4. — « //. IX, 185. — 5 410.— » /(.
— '0 Galer. de Florence, i' série, Statues et bas-reliefs, pl. 55, Florence, 1819, XI, 831. — S//. IX, 410. — 6 //. 11,631. — 1 //. 1, 193.— 8 //. I, ÎO?. — 9 //. 1, 284,
; Gerhard, Auscrl. Vas. Il, pl. 115; id. Etrusk. und campan. Vas., XV, t, 2, et — 10 II. IX, 3Ï8, 271 ; XI. 6Î3 ; VI, 41 6; II, 691 : XX. 90.— U /( I. 35I-4Ï7.
ACH — 27 — ACH
tente, Achille demeure dans l'inaction ,s, et joue de la lyre 13 ; fils *3. Cependant les Grecs vont à sa recherche et arrivent
vainement les Grecs, battus par les Troyens, réclament le se à Scyros. Pour reconnaître Achille parmi les filles de Lyco
cours de son bras u, il refuse a. L'ennemi pénètre jusqu'au mède, Ulysse fait sonner la trompette. Au son de l'airain, le
camp, et va mettre le feu aux vaisseaux 18 quand les prières cœur d'Achille palpite, il s'empare des armes apportées
et les pleurs de Patrocle 17 amollissent enfin son cœur. Il en par Ulysse, et suit les Grecs jusque sous les murs de Troie.
voie son ami, couvert de ses propres armes, pour sauver les Deux traditions post-homériques nous montrent Achille
Grecs Patrocle est tué19. A cette nouvelle, Achille s'arra dans les plaines de l'Asie, la charmante légende qui repré
che les cheveux, se jette à terre, se couvre le visage de cen sente le héros versant des larmes sur Penthésilée tombée
dre *. Thétis entend ses cris elle arrive suivie des Néréides sous ses coups" et le récit de son combat avec Memnon,
et l'assure que Vulcain lui forgera une armure nouvelle B. le fils de l'Aurore **. Ce fut sa dernière victoire. Hygin
Elle-même lui apporte ces armes merveilleuses *s. Achille Dictys Darès *8, et particulièrement Philostrate M, racon
convoque lesGrecs,et se réconcilie avec Agamemnon".Fortifié tent, avec de légères variantes, qu'il fut attiré dans le temple
par le nectar et l'ambroisie qu'Athénè a versés dans son sein*5, d'Apollon, à Thymbra, par Polyxène, fille de Priam, dont il
il s'arme, monte sur son char, et se précipite dans la mêlée M. était épris, et que là Pàris (ou Apollon sous les traits de Pàris)
Les Troyens tombent sous ses coups. Le lit duXanthe est en lui décocha un trait mortel. — Les légendes post-homéri
combré de morts.Le fleuve, avec menace, demande à Achille de ques offrent cela de particulier qu'elles laissent percer l'idée
cesser le carnage *7. Achille reste sourd, le Xanthe se soulève, d'une vie autre que la vie mortelle, et l'idée de la récompense
et le fils de Pélée va périr dans les flots îS, quand Vulcain après la mort, la récompense des héros ; ainsi Thétis obtint
embrase les rivages et dessèche la plaine Les Troyens sont de Jupiter la permission de transporter son fils dans l'île des
rentrés dans la ville ; seul, Hector a osé attendre Achille qui le Heureux, sorte de paradis profane où la vie est exempte de
poursuit et venge Patrocle 30 en le perçant de sa lance. Il larmes, où des fleurs d'or étincellent sur la terre, où habitent
ordonne les funérailles de son ami, et traîne trois fois au Saturne, Rhadamante, Cadmus et Pélée M. Suivant d'autres
tour du tombeau le cadavre d'Hector attaché à son char u. traditions plus réalistes, ce fut dans une île du Pont-Euxin,
Sa colère s'apaise enfin lorsque Priam vient jusque dans sa l'île d'Achillea que Thétis transporta son fils. Là, les lé
tente lui offrir la rançon du corps de son fils 31. Mais bien gendes lui donnent pour épouses quelques-unes des plus cé
tôt il va tomber à son tour devant les portes Scées, frappé par lèbres héroïnes de l'antiquité, Médée, Iphigénie (qu'il n'avait
Paris et par Apollon33. Les Grecs rapportent son cadavre dans pas pu sauver en Aulide), ou Hélène M. Un temple, une sta
le camp. Pendant dix -sept jours et dix-sept nuits, il est tue, un tombeau 53 avaient été érigés dans cette île au fils de
pleuré par tous les Grecs, auxquels se joignent les dieux Thétis. Achille eut d'autres monuments que ceux de cette
mômes. Les Néréides et les Muses chantent le chant fu île à moitié fabuleuse. Nous citerons un cénotaphe à Olym-
nèbre ; puis sa cendre est réunie à celle de Patrocle et enter pie **, un second à Sparte 5S, et un temple sur le promontoire
rée auprès des restes d'Antiloque, sous un tertre élevé sur de Sigée 58.
le rivage de l'Hellespont 3t. Ulysse descendant aux enfers re La poésie avait fait d'Achille le type du courage, l'art en fit
trouvera les trois amis parmi les ombres, dans la compa le type de la force élégante et de la beauté gymnastique. Les
gnie d'Ajax fils de Télamon 3t. Le plus brave, le plus beau, anciens (ils nous l'apprennent eux-mêmes 57) représentaient
le plus agile des Grecs rassemblés devant Troie 36 ; terrible le fils de Pélée sous les traits d'un jeune homme dont les
dans les combats 37, Achille est compatissant et hospitalier, formes élancées accusaient néanmoins la vigueur et l'agilité.
tendre pour sa mère, ses amis et ses captives 38, et plein de Souvent la colère ou l'orgueil gonflaient ses narines ; souvent
respect pour les dieux. des mouvements prononcés indiquaient la violence de ses
Traditions postérieures.— Nous venons de voir l'Achille ho passions. Philostrate le Jeune 58 décrit un tableau dans lequel
mérique, examinons maintenant celui que nous montrent on voyait les filles de Lycomède prenant leurs ébats dans
les traditions post-homériques. Les mythologues et les poètes une prairie tout émaillée de fleurs ; Achille était au milieu
nous dépeignent l'enfance du héros et certaines particularités d'elles, et, malgré ses habits de femme, trahissait par son
de sa courte et glorieuse vie. Suivant les uns, sa mère veut impétuosité gracieuse et sa chevelure hérissée (àva/at-t'ïouca
le rendre immortel, et pour y réussir elle le tient la nuit dans xô.uuiv) sa virile nature. Les statues d'Achille étaient
le feu après l'avoir oint d'ambroisie pendant leJour 39 ; sui nombreuses dans l'antiquité, comme suffirait à le prouver le
vant les autres, elle le plonge dans le Styx, ce qui le rend nom d'Achillcennes (Achillae staluae), donné, dit Pline59, aux
invulnérable, si ce n'est au talon M. Pélée charge Chiron figures d'éphèbes nus et tenant une lance qu'on voyait dans
d'élever Achille 41 . Le centaure nourrit son élève des entrailles les gymnases, sans doute parce qu'elles étaient conformes
des lions et de la moelle des ours M. L'enfant n'a que neuf à ce type. On en signale de Scopas M, de Silanion ". On
ans quand Calchas prédit que sans le concours d'Achille n'en connaît point actuellement à qui le nom d'Achille puisse
Troie ne pourra jamais être prise. Thétis s'effraye, car elle être appliqué avec certitude. La belle statue du Louvre, l'A-
sait que son fils doit périr dans cette guerre. Elle l'envoie à chille Borghèse (fig. 52) doit à une simple conjecture de
£cyros, sous des vêtements de femme, chez Lycomède, roi Visconti 61 son nom, sinon sa célébrité. Un grand nombre
«les Dolopes, père de Déidamie, qui se charge de l'élever. de bas-reliefs 63 reproduisent lé charmant épisode dont parle
Achille devient amoureux de Déidamie qui lui donne un Philostrate. Parmi ceux qui représentent Priam aux pieds
"//. 1,490.— » //. S, 186.— IX, 185.— 15 //.IX, 420-130. — m //. XV, 717. *» Quint. Smyrn. 1, 670. — *5 Ibid. III, 400.— 49 Hyg. Fab. 1 07. — « De Itell. Troj.
— « n. xvi, i._ an. xvi, 125.— » n. xvn, «55. —«> n. xvn, 23-30. — n //. IV, 10. — •» De excid. Troj. c. 34 . — *9 Her. c. 19, 19. — » Pind. Ol. U, 87. —
XVU, 45-30. — 117/. XV11I, 135.— XIX, 1. — » 11. XIX, 195-235. — »5 //. XIX, M Pomp. Mel. II, c. 7, 20*. Cf. Eust. in Virg. 306. — 5J Apollon. Arg. IV, 815;
J53. — M //. XIX, 364, 450. — « II. XXI, 215. — »//. XXI, 237. — » //. XXI, 34Î. Sch. Apoll. IV, 811. — » Paus. III, 10, 11. — » Pauj. VI, 23, î. — 55 Paus. III,
-»//. xxiu, 130-369.— ai/J.xxrr.is.— fl.xxrv,39».— »//. xix,4i:; xxn,27«, 30, 8. — M Strabon, XII, p. 596. Cf. Stcph. Byi. Achat. Dromos. — 57 philostr.
35». — *t H, xxill, 92 ; Od. XXIV, 30. — » Od. XI, 467. — M //. I, 279,488. — Imag. II, 2 et 7 ; Phil. Jun. Herok. I, 19, 5 ; Libanius, Cephr. 6; Heliodor. AZthiop.
n //. XX, 491. — M II. XV11I, 70 ; XXIII, et passim. — >3 Apollod. 111, 13, a. — H; î. _ m i,nag, c. I. — 59 plin. XXXIV, 5. — «> Id. XXXIV, 8, 19. — «' Id.
" Fulgcnt. Ill,7;St«t.j4c/i. 1. 134, ï69 ; II, 7-2; III, 84 elSchol.— *< Apollod. loc. cil. XXXVI, 5, t. — " Monum. scell. Dorgh. t. I, ta». 5; cf. n. Rocbette, Mon. inc'd.
— « Apollod. loc. cit. — » Apollod. III, 13,9; Plut. Thes. 35; Philostr. l/er. 1», 3. p. SI 57. — «3 Id. ibid. Achill. pl. i b, 12; Ovcrbeck, Bildw. p. 288.
ACH — 28 — ACI
d'Achille, il faut placerai! premier rang celui du Musée du lis 73; pansant la blessure de Patrocle 71 ; jouant aux dés avec
Capitole 6'' el celui du Louvre C5. Des sarcophages, générale Ajax73; guettant et tuant Troïle7"; triomphant d'Hector77; traî
ment d'un travail médiocre, et une nant le cadavre de celui-ci
hellc terre cuite de la collection après son char 78 ; combat
Gampana, actuellement au Louvre, tant Memnon 79 ; ôtant la
représentent Penthésilée expirant vie à Penthésilée 80 ; ac
dans les bras d'Achille 6e. La table cueillant Priam 91 , et
iliaque du Musée du Capitole 07 pleurant Patrocle 8ï. — Le
[iliacae tabulai;] reproduit les marteau et le burin ont
hauts faits d'Achille devant Troie. aussi reproduit l'image d'A
Le puteal 68 du môme musée dé chille. L'artiste qui a ciselé
roule la vie du héros depuis sa le disque d'argent 83, de la
naissance jusqu'à sa victoire sur Bibliothèque impériale de
Hector (fig. 53). Paris, connu sous le nom
De même que les sculpteurs, de Bouclier de Scipion, a
les peintres de l'antiquité se sont choisi le môme sujet que
emparés de ce beau mythe d'A le peintre de la Maison du
chille. Dans plusieurs peintures de Poëte. Achille traînant le
Fig. 52. Achille.
Pompéi, dont une est particulière cadavre d'Hector, et frappé
ment célèbre on reconnaît le fils de Thélis apprenant du à mort par les flèches de
centaure Chiron à jouer de la lyre. On le voit tirant son épée Pâris, telles sont les scènes
pour frapper Agamemnon dans une peinture du temple de que présentent deux des
Vénus à Pompéi70. Une autre composition du premier ordre, vases d'argent de Bernay84. Fis. 5l. Acu;i|C.
ornement de la Maison du Poêle à Pompéi, nous montre Achille Des cistes gravées nous of
frent l'image d'Achille immolant sur le tombeau de Patro
cle les captifs troyens, sujet également représenté par la pein
ture dans un tombeau étrusque Rî. Un miroir étrusque repré
sente le fils de Pélée guérissant
avec sa lance la blessure de
Télèphe 88 ; un second miroir
nous le montre se revêtant de
l'armure que vient de lui ap
porter Thétis 8\ La glyptique
elle-même a son Achilléide.
Une précieuse intaille de la Bi
bliothèque impériale, l'amé
thyste signée du nom de Pam-
phile, représente (fig. 55) un
Achille citharède 8S. Antiloque
annonçant à Achille la mort Fig. 55 Achille.
de Patrocle est le sujet d'un
des plus admirables camées qui soient connus. Une médaille
de la Phthiotide, frappée sous Adrien, représente la tête d'A
chille casquée et tournée à droite avec cette inscription :
Fig. 53. Vie d'Achille. axiaaeyî90. On lit le môme nom sur divers vases peints,
ordonnant .à Patrocle de remettre Briséis aux hérauts d'A- et par exenjple au-dessus de la figure d'Achille armé, repré
gamemnon d'autres peintures reproduisent l'épisode d'A sentée plus haut, d'après un vase du musée du Vatican
chille à Scyros72. Le fils de Pélée se voit très-souvent sur les (fig. 5-1) 91 . E. VlNET.
vases peints(fig. 54). Nous signalerons parmi ces compositions ACIES (TdEÇiç). Voy. pour les Grecs, taxis. — Le mot
celles qui représentent le héros quittant Pélée, Nérée et Thé- acies a une signification toute particulière qui ne doit pas

cv A/us. Capit. IV, pl. iv. —W Clarac, Mus. de seulpt. pl. il. — 66 Viicootî, Mus. Pio 78 Raoul Rochelle, Mon. ine'd. pl. xvii. — 73 Millin, Vases peints, t. I, pl. xix. —
Clément, t. V, tav. 21 ; Clarac, Mus. de sculpt. pl. ccxu ; Besehreibung d. Stadt Bonu 8° Gerhard, Griech. Vasenbild. t. III, pl. ccvi. — 81 Gerhard, Auscrl. Vas. III, 197 ,
t. III, p. 8S9 ; Houel, Voyage pitl. de la Sicile, I, 14; Gazette des Beaux-Arts, IS6S, Inghirami, Galerta omerica, t. II, p. 2.38 ; Monum. dell' Inst. V, tav. 11. — 8î Mon.
p. 20. — 6" Mus. Capit. t. IV, lab. 7. — «s Mus. Capit. t. IV, lab. 27. — 69 putvre ined. dell' Inst. arch. t. V, tav. 77. — 83 Millin, Mon. ined. 1, pl. iv, p. 69; Cha-
di Ercol. t. I, tav. 8 ; Mus. Borbon. I. pl. vin, et la plupart des recueils sur Pompéi. houillot, Catalog. du Cab. des Mcd. n° 2S75. — Chabouillet, Catalog. n" 2804 et
Cf. W. Helbig, Wandgemâlde der Slûdle Campaniens, 1868, n. 1291-1295. — s.; Raoul Rochette, Mon. ined. pl. lu, lui. — 83 Ibid. pl. xx; Mon. ined. deL
M Overbc.-li, Bildwerke zum troîseh. Heldenkreis, t. XVI, 1; Helbig, l. I., d. 1306- Inst. 1859, pl. xxil ; 1S62, pl. lu, lui. — 86 Gerhard, L'trusk. Spiegel, t. Il,
1307. — " Ilaoul Rochelle, Mon. inéd. pl. i; Mus. Borb. II, 58; cf. Helbig, /. /.. pl. ecxix. — 8" Ibid. pl. cciivill. — 88 Winckclmann, Descript. des pierres gravées
1308, 1309. — ~i Mus. Borb. IX, 6; Raoul Rocbc'.te, Pcintur. de Pompéi, pl. xx, du baron de Stosch, pl. ccclxii ; Chabouillet, Catalog. n° ISIS. — 89 Winckclmann,
m; Gerhard, Arch. Zcitung, 1858, pl. «lu; Overbeck, (. I., XIV, 8; cf. Helbig, Mon. ined. n» 129; comp. Tischbcin, Borner nach Anliken, IX, 4. — 9" Du Mcrsan,
(. !.. n. 1296-1303. — 'S Gerhard, Etrusll. und Camp. Vas. t. XIII ; Millingcn, Ane. Médailles du cabtnct de Allier de Hauterochc, pl. v, n« 17 91 Mus. Gregor. II,
unedit. Mon. L 20; Wclckcr, Alte Denkmàler, t. XXV. — 7V Mon. ined. dell' Inst. 58, 3 ; Gerhard, Auserl. Vasenb. 111, pl. ci.xxxiv ; Overbeck, l. /. pl. xvi, î. — Hidi.io-
arch.l. I, tav. 35. — M Ibid. t. I, tav. 26; t. II, tav. 27. — 1> Annal, de!. Instit. cnAruiK. O. Muller, Bandbuch der Archoeologie der Kunst, s, 413, 2, et§ 415, 2e éd.,
arch. 1850, tav. d'agg. E. 1 ; Mon. ined. dell' Inst. IV, 55; Gerhard, Autsrl. Vas. 1848 ; Raoul Rochette, Monuments inédits: Achilléide; Overbeck, Bildwerke des
pl. ccxxiv, ccxxv. — TT Gerhard, Griech. Vasf'nbild. t. III, pl. ccfll. trolschen Heldenkreis, Slutlgart, IS37.
ACl — 29 ACI
être confondue avec celle du mot agmen, erreur que commet phants de l'ennemi, le consul abandonnait la formation
tent souvent les traducteurs. Il signifie une armée rangée en quinconce dont nous venons de parler, et, tout en con
en bataille, ou tout au moins une ligne de troupes prêtes à servant les intervalles entre les manipules et les distances
combattre, et non pas le rang. Végèce 1 détruit toute in entre les lignes, plaçait chaque manipule de principes et de
certitude à cet égard, en disant : Actes dicitur exercitas in- triarii derrière le manipule correspondant de hastati, de
slructus. Quelquefois aussi on a employé le môme mot pour telle sorte que les intervalles existaient dans toute la pro
désigner le combat lui-même !. Les expressions aciem in- fondeur de l'armée 1S.
struere *, aciem instituere \ aciem constituere 5 signifient ran Une armée consulaire comprenait habituellement quatre
ger l'armée en bataille : prima actes * signifie la première légions, deux composées de citoyens romains et les deux
ligne de troupes ; secunda acies 7, la deuxième ligne ; tertia autres composées d'alliés du nom latin : lés légions ro
actes*, la troisième ligne, et qttarta acies, la quatrième ligne *. maines étaient placées au centre de la ligne de bataille et
L'expression triplex acies 10 servait à désigner l'ensemble les autres à droite et à gauche 19 [socn].
de l'armée rangée en bataille sur trois lignes, et celle-ci, in La cavalerie romaine était bien plus redoutable que
aciem procedere ", indiquait la marche en bataille. celle des Grecs, puisqu'elle chargeait à fond soit en li
On employait encore le mot acies dans la désignation de gne, confertis equis ,0, soit en fourrageurs en lâchant les
manœuvres de détail, mais se rattachant aux formations de rênes, effusis habenis ou même en ôtant les mors des che
combat, telles que doubler et quadrupler les rangs, aciem vaux "'; elle n'hésitait donc pas à combattre de près et à
duplicare, qtiadratam aciem canstituere; se former en triangle, pénétrer dans les rangs ennemis **, et même à mettre pied
m trigonum (quem cuneum vacant) aciem mutare etc. à terre pour soutenir l'infanterie lorsqu'elle n'avait pas
Jusqu'à l'époque où vécut Camille, les Romains combat l'espace nécessaire pour charger". Aussi rendit-elle sou
tirent en phalange [phalanx], c'est-à-dire sur une seule ligne vent de grands services soit en combattant, soit en opé
pleine puis, pendant tout le temps qui s'écoula ensuite rant des diversions ou en exécutant des mouvements tour
jusqu'au moment où Marius changea l'organisation de la nants *\ Répartie généralement sur les deux ailes 46 ou mas
légion [legio], celle-ci se forma sur trois lignes (flg. 56). sée sur une seule aile ou même encore placée der
La première était com rière l'infanterie *'
posée des manipules elle commençait sou
□ □ □ □ □ □ □ □ □ □
de hastati laissant en vent l'action par une
tre eux des intervalles charge dirigée sur le
dont chacun était égal centre de l'armée en
au front d'un mani nemie 39 ou contre sa
pule : devant chacun □ □□•□□□□-□G cavalerie so.

de ces intervalles et Lorsque la forma
sur une deuxième li tion par manipules fut
gne, se trouvaient les abandonnée, on vit les
manipules des princi [ ■ armées romaines se
pes; enfin, en troisième □ □ □ □ G □ D mettre quelquefois en
ligne, les manipules Fig. 56. Formation par manipules. bataille sur une seule
des triarii placés de 0-,00i = 10 pieds romains. ligne M, sur deux li
vant les intervalles des gnes **, sur quatre li
principes : si ceux-ci et les hastati ne pouvaient résister à gnes w, mais plus habituellement sur trois lignes 3l, de telle .
l'ennemi, ils se portaient en arrière et allaient se reformer sorte que chaque légion avait quatre cohortes [cohors] sur
dans les intervalles des triarii. Celte dernière manœuvre la première ligne et trois sur chacune des deux autres 35 :
était possible, attendu que les triarii ayant un effectif moi contrairement à ce qui se faisait précédemment, les troupes
tié moindre que les hastati et les principes, les intervalles qui qui inspiraient le moins de confiance étaient placées au
existaient entre leurs manipules étaient deux fois plus centre de l'armée 38 ; la cavalerie était répartie sur les deux
grands que ceux des deux premières lignes : donc, dans ailes37 ou massée sur une seule aile 38 ; enfin, l'infanterie lé
chacun de ces intervalles, un manipule de hastati et un gère était placée en avant de l'armée et rarement sur les
manipule de principes pouvaient trouver place **. ailes 39.
Derrière les triarii se rangeaient les rorarii et les ac- L'empereur Alexandre Sévère, ardent admirateur d'A
censi " : quant aux velites, ils étaient répartis dans les in lexandre le Grand, organisa une phalange *° qui ne fut pas
tervalles de la première ligne 18, ou placés en avant de conservée par ses successeurs : seulement, dans les der
l'armée ". niers temps de l'Empire, la légion ne se rangea plus en ba
Quelquefois, pour laisser passer sa cavalerie ou les élé- taille que sur deux lignes comprenant chacune cinq co-

ACIES. 1 II, 14. — » Cic. Epist. VI, 3. — » Cacs. Bell. gall. 1, M, 49, 51 ; Bell, 39; XXI, «; XXII, 49 ; XXIX, 2; XXXVIII, 26; Front. Strat. II, 3, 23. —
rie. I, 41. — » Ca«. Bell. gall. IV, 14. — » Bell. afr. 58. — • Tit. LiT. VIII, 8. — » Tit. Li». X, 29 ; XL, 31 ; Fronl. Strat. II, 3, 14 ; H. 4, 3, 6, 33, 34, 33. — ï« Tit.
1 Cm. Bell. civ. I, 41 ; Bell. afr. 60. — 8 Cacs. Bell. gall. I, 52. — » Caes. Bell, Li». XXVII, 2; XXXI, 21; XXXV, 5; XL, 31; Front. Slrat. II, 3, 20; P. lyb.
eiv. III, 8», 93 j Bell. afr. 81. — 10 Tit. Liv. XXIII, 29; Cacs. Bell. gall. I, 24, etc.; III, 72. — « Front. Strat. II, 3, 22. — *« Tit. Li». X, 5, 41; XXIX, 2; Front.
FronL Stral. II. 3, 16, n, 20, 22. — Il Tit. Ut. IX, 27. — « Veg. Mil. 1, Ï6. Slrat. Il, 3, 7. — *» Tit. Li». I, 30 ; II, 31 ; III, 70 ; IV, 18, 47 ; X, 5. — » Tit.
— « Tit. Lit. VIII, 8. — I» Til. Lir. VII, 23 ; VIII, 8, 10; XXX, S, 32 ; XXXVII, 39; Li». X, 28. — 81 Caes. Bell. afr. 13. — M Caes. Bell. gall. III, 24; Bell. eiv. 111,
Front. Stral. II, 3, 16 ; Poljb. XIV, 8; XVIII, 15. — 1» Tit. Liv. VIII, 8. — t« Tit. 67. — » Caes. Bell. eiv. III, 89, 93 ; Bell. afr. 81 ; Plut. /. Caes. 44 ; Pomp. 69, 71.
Uit. XXIII, 29; XXX, 33 ; Front. Stral. II, 3, 16 ; Polvb. XV, 9. — « Tit. Li». — 3* Cacs. Bell. gall. I, 24, 49, 51 ; IV, 14; Bell. eiv. I, 41, «4, 83; Bell. afr. 60,
XXII, 45; XXXVIII, 21; Foljb., I, 33; III, 113; X, 39.— 18 Tit. li». X, 5; XXX, 81 ; Front. Slrat. II, 3, 22. — 8» Caes. Bell. civ. I, 83. — M Caes Bell. civ. III,
33 ; Front. Strat. II, 3, 16 j Poljb. XV, 9. — '» Tit. l it. XXXVII, 39. — *» Sali. 89; Bell. afr. 60, 81. — " Cacs. Bell. gall. III, 25 ; VI, 8 ; Bell. cio. I, 83 ; Bell,
Juq. 101. — « Front. Strat. II, 4, 31. — " Tit. Lir. IV, 33 ; VIII, 30 ; XL, 40. — afr. 13, 81 ; App. Bell. civ. II, 75. — » Caes. Bell. civ. III, 88 ; Bell. afr. 60. —
■a Tit. Lir. XXX, 18. — » Tit. LiT. Il, 20; 111, 62; IV, 38, 40; VI, 24; VII, 7; IX, 39 Caes. Bell. civ. I, 83; Bell. afr. 13, 60, 81. — »0 Lampr. .4/. Sev. 49.
AC1 — 30 — AC1
hortes; la i'c, la 3% la 5% la 6', la 8e et la 10« cohorte qui rice, que quatre ordres de bataille appelés par ce dernier
occupaient le centre et les extrémités des deux lignes, le scythique, l'alanique, l'africain et l'italique. Par le pre
étaient composées des soldats les plus braves et les plus ro mier, on formait une ligne pleine dont les ailes s'inclinaienl
bustes M. en avant pour cerner l'ennemi; dans le second, des parties
Dans tous les temps, le centre de la ligne de bataille était de toute la ligne s'avançaient pour attaquer, en laissant
désigné par l'expression média acies w : quant aux deux des intervalles où elles pouvaient rentrer : c'est une marche
extrémités de cette ligne, elles ont été quelquefois appelées en avant en échiquier ; dans le troisième, le centre restait
alae ** ou latera **, mais presque toujours cornua 45 ; c'est là immobile et la manœuvre indiquée ci-dessus n'avait lieu
qu'on plaçait généralement la cavalerie 48 et quelquefois qu'aux ailes ; enfin, dans le quatrième, l'armée se formait
l'infanterie légère w. Sous le Bas-Empire on y mettait une sur deux lignes, ayant des corps séparés pour couvrir ses
troupe spéciale appelée û^EpxsîauTEç *8. Dans tous les temps flancs et des réserves qui, au besoin, protégeaient les der
aussi il y eut des troupes placées en réserve, subsidia : celles rières : c'est celui qui se rapproche le plus de la manière
qui occupaient la deuxième et la troisième ligne étaient de combattre des troupes modernes.
généralement considérées comme telle M, mais ce rôle Aulu Gelle 17 indique sept manières de ranger les troupes
était quelquefois confié à la cavalerie 50 ou à un certain nom en bataille, qu'il dit avoir vues mentionnées dans certains ou
bre de cohortes, subsidiariae cohortes 51 : sous le Bas-Empire, vrages d'art militaire et qu'il appelle frons, subsidia, cuneus,
il fut attribué à une troupe spéciale appelée vojTOffûXaxTai orbis, globus, forfices, serra, alœ, turres : or, ce ne sont que
Végôce 63 énumère sept ordres de bataille : i° former un des termes de tactique qui, généralement, ne se rapportent
rectangle allongé en présentant l'une des grandes faces à pas à des ordres de bataille, mais bien à des formations
l'ennemi, frons longa quadro exercitu; 2° former l'ordre de corps de troupes placés dans des conditions particulières.
oblique en refusant l'aile gauche et attaquant avec la Le frons est une formation d'attaque et de défense : c'est
droite composée des meilleures troupes, sinistram alam a la plus simple et la plus naturelle, un rectangle allongé
dextra adversarii longius separare, dextram alam cum equiti- présentant à l'ennemi une de ses grandes faces.
bus oplimis et probatissimis peditibus sinistraealae illius jun- Le second mot de cette nomenclature ne désigne pas
gere : c'est la manœuvre des batailles de Leuctres, de Man- proprement une formation : Aulu- Gelle a dû le prendre dans
tinée et d'Issus ; 3° former l'ordre oblique en faisant avancer les écrivains militaires qui insistaient sur l'utilité de con
la gauche et en refusant la droite, a sinistro cornu cum adver stituer, les jours de combat, un corps de réserve, subsidium.
sarii dextro cunfligium incipere, manœuvre plus dangereuse Le troisième mot, cuneus, se rapporte à une formation
que la précédente pour les anciens qui, en marchant vers d'attaque bien connue. Le cuneus était composé d'un cer
la gauche, présentaient à l'ennemi le flanc droit que ne tain nombre de soldats rangés en triangle, ce qui leur pro
protégeait pas le bouclier; 4" attaquer l'ennemi par les deux curait deux avantages, celui de lancer un grand nombre de
ailes, ambas alas incitare, et alors le centre se trouve dé traits sur un même point de l'armée ennemie en y provo
couvert, média acies nudatur : on peut rattacher à cette dis quant ainsi un trouble extrôme, et celui d'enfoncer plus fa
position la formation des troupes de Scipion à la bataille cilement cette armée en lui opposant une troupe d'une
d'Uinga, et l'ordre concave adopté par Annibal à la ba grande profondeur : cette formation, qui rendit souvent
taille de Cannes " ; 5" renforcer son centre au moment où de grands services à ceux qui l'employèrent, était aussi ap
les deux ailes font leur attaque, levem armaturam et sagit- pelée tête de porc, caput porcinum 58 ou caput porci M. Le
tarios ante mediam aciem ponere : cet ordre n'est évidem triangle avait sa base appuyée sur la ligne de bataille et
ment qu'une modification du précédent; 6° attaquer avec l'angle antérieur était tronqué eo. La cavalerie 61 adoptait
sa droite en laissant le centre en colonne et la gauche dé quelquefois cette disposition qui était fort en usage chez
ployée en arrière de celui-ci, mais placée parallèlement à les Germains M, chez les Francs **, chez les Bataves **, chez
l'ennemi, pour être à môme de tomber sur lui s'il veut les Espagnols M, chez les Scythes et les Thraces86 ; les Grecs,
marcher au secours du point attaqué, dextram alam sinislrae qui y eurent quelquefois recours, l'appelaient ÉjiêoXov 61 :
alaehostium jungere, reliquam partem longissime ab acie ad- quant aux Romains, ils n'en firent généralement usage que
versariorum removere et in directum porrigere, quasi veru; pour de petits corps de troupes ayant à se dégager de l'en
7° appuyer une de ses ailes à un obstacle naturel, montem, nemi qui les entourait ou à agir sur un point isolé °8. Néan
aut mare, aut flumen, aut lacum, aut paludes, aut abrupto, in moins, s'il faut croire Frontin 88, on vit un consul l'adopter
una parte habere et reliquum exercitum directa acie ordinare : pour toute son armée qui avait à combattre la phalange
ceci constitue plutôt un choix de position qu'un ordre de macédonienne.
bataille : telle fut la disposition adoptée par Pompée à La disposition appelée orbis n'était autre que la ma
Pharsale S5. nœuvre instinctive et suprême employée par les petits corps
Ces ordres de bataille peuvent se résumer en trois seu de troupes qui, entourés par l'ennemi, se groupaient en
lement : l'ordre parallèle, l'ordre oblique et l'attaque par cercle pour faire face de tous côtés 70 ; par le même motif
les deux ailes. on donnait aux camps non fortifiés et dressés en toute
L'empereur Léon 58 ne donne, comme l'empereur Mau- hâte la forme ronde, in orbiculatam figurant n.

« Vcg. II, 6, 15; Léo, Iast. XII. — H Tit. Liv. XXIII, 29; Caes. Bell. galt. 113 ; XI, 20. — » Cacs. Bell. cio. III, 88.- 68 Inslit. XVIII.— «7 X, 9. — 68 Vcg.
III, 24; Bell. cio. I, 83; III, 67, 88 ; Bell. afr. 60. — « Vcg. II, 1 ; Aul. Gcll. I, 26 ; III, 17, 18, 19, 30; Modest. I, 20 ; Amm. Marc. XVII, 13. — 59 Amm. Marc.
XVI, 4. — « Sali. Jug. 49. — *5 Tit. Liv. IX, 27; XXIII, 29; XXVII, 2; XVII, 13. — 60 Veg. III, 19. — 61 Arrian. Tact. 13 ; Amm. Marc. XXVIII, 5. —
XXXIII, 39 ; Cacs. Bell. gall. I, 52 ; II, 23 j VII, 62 ; Bell. cio. Ul, 67, 69 ; Bell. afr. 61 Tac. Germ. 6.-68 Agatk. II. — »» Tac. Uist. IV, SI. — 65 Tit. Liv. XXII, 47 j
60, 81; Vcg. II, 15. — *6 Polvb. I, 33; III, 72. 113; XIV, 8. — »7 Tit. Liv. XXIX, 31 ; XL, 40. — 66 Arr. Tact. 16. — 6' Xcn. Hellen. VII, 5; Arr. Tact. 16 ;
XXXVII, 29. — »8 Léo, Inst. XII. — M Tit. Lit. V, 38; XXVII, 1, 2, 12, 13; .El. Tact. 13, 34. — 68 Tit. Liv. II, 50 ; Vil, 24 ; XXII, 50; XXXIV, 15 ; XLIV, 40;
XXIX, 2; XXX, 8, 18; XXXI, 21 ; XXXV, 5; Cacs. Bell. cio. I, 83. — 50 Tit. Liv! Cacs. Bell. gall. VI, 40; Amm. Marc. XVIII, 1 3 ; XXVIII, 5 ; Vcg. III, 20. — 69 Slrnt.
XXXV, 5. — « Tit. Liv. IX, 27 ; XXXIV, 15; Tac. Ann. I. 63. — S! Léo, Inst. XII.— II, 3, 20. — 70 Tit. Liv. IV, 28, 39; XXI, 56; Cacs. Bell. gall. IV, 37; V, 33; Bell,
W III, 50. — « Tit. Liv, XXII, 47 ; XXVIII, 14; Front. Slral. II, 3, 4; Poljb. III, alex. 40; Bell. afr. 15 ; Sali. Jug. 97 , Veg. I, 26. — Amm. Marc, XXIV, 8.
ACI — 31 —
Les globi ou drungi étaient de petits pelotons chargés de de ce calcul s'accordent avec ce qui est dit par l'auteur des
harceler l'ennemi et de le tourner 7*. Commentaires sur la guerre civile "* dans une autre partie
La tenaille ou les ciseaux, forfices, constituait la dispo de cet écrit, et par Végèce, à propos de la portée du
sition ayant la forme de la lettre V et adoptée pour résis trait 8S.
ter au cuneus en l'étreignant des deux côtés Il est encore plus difficile d'évaluer la profondeur du
Végèce 71 dit qu'on appelait serra une troupe de soldats terrain occupé par l'armée formée en manipules, parce
courageux, opposés à l'ennemi en avant d'une ligne dés qu'on ignore le nombre de rangs de chactm de ceux-ci.
organisée à laquelle on donnait ainsi la possibilité de se Cependant, si l'on prend en considération ce qui avait lieu
reformer; mais cette définition n'explique pas la dénomi dans la cohorte, réunion de trois manipules, et si en outre
nation adoptée en pareil cas. Nous préférons celle que on remarque que Tite-Live a dit que la profondeur de la
donne Festus d'après Caton, qui dit qu'on appelait ainsi légion n'approchait pas de celle de la phalange qui était de
une suite répétée d'attaques et de retraites, ce qui rappelle seize hommes M, on est autorisé à croire que le nombre
le va-et-vient de la scie, serra. total de rangs des trois manipules était de dix, dont quatre
Il est difficile de se rendre compte de la formation pour les hastats, quatre pour les princes et deux pour les
qu'Aulu-Gelle appelle ala : c'était probablement le double triaires. Mais nous n'avons aucune certitude à cet égard ;
mouvement tournant opéré par les ailes, mouvement dont on peut seulement conclure de ce que les triaires se tenaient
parle Végèce 76 et qui fut employé par les Lacédémoniens baissés et abrités derrière leurs boucliers 87, que la distance
à la bataille de Leuctres "" , et par Annibal à la bataille de qui séparait les trois lignes était peu considérable. Enfin,
Cannes ra. nous ferons remarquer que les armes en usage aux deux
Quant à la formation qu'Aulu-Gelle et Caton 79 appellent époques étant à peu près semblables, leur portée ne devait
fumes, il est probable qu'elle n'était autre que la disposition pas être différente, et que par conséquent la distance entre
en colonne appelée aussi pilum ou vent. les lignes au temps de la formation par manipules était
Aucun auteur ancien ne nous a fait connaître la distance probablement la même qu'au temps de la formation par
qui séparait les différentes lignes de bataille, et ce n'est cohortes. Masquelez.
qu'en rapprochant certains textes qu'on peut en avoir une ACINACES fAxivaxTjç). — Courte épée ou grand poignard
idée simplement approximative. D'après l'auteur du Com de forme droite ', dont l'usage paraît avoir été répandu dans
mentaire sur la guerre d'Afrique 80, l'armée de Scipion et tout l'Orient et particulièrement chez les Perses'. Distinct
celle de J. César restèrent pendant toute une journée ran de l'épée ou du sabre, qui se portaient
gées en bataille à trois cents pas de distance l'une de l'autre à gauche, Yacinaces était suspendu sur
sans engager le combat : or, il est naturel de penser qu'on la cuisse droite à un ceinturon de cuir J,
se rangeait en bataille à une distance plus grande que la ainsi qu'on le voit dans les bas-reliefs
portée du trait, c'est-à-dire au moins double, et on peut en de Persépolis, auxquels la figure 57 est
conclure que la plus grande portée était au plus de 150 pas. empruntée v. Quand Alexandre fit ouvrir
D'un autre côté, l'auteur des Commentaires sur la guerre le tombeau de Cyrus, où devaient être
civile dit qu'à Dyrrachium Pompée avait rangé son armée enfouis, d'après la tradition populaire,
en bataille de telle manière que la troisième ligne touchait des trésors merveilleux 8, il y trouva un
à ses retranchements, et qu'ainsi toute l'armée pouvait acinaces, à côté d'un bouclier pourri et
être protégée par les traits lancés sans machines par les de deux arcs scythiques8. Un acinaces,
troupes placées sur ces mêmes retranchements ; or, pour dépouille de Mardonius, était conservé
que le tir des soldats de Pompée fût efficace et pour qu'on dans le trésor de l'acropole d'Athènes.
n'eût pas à craindre de les voir blesser leurs camarades, Il ne valait pas moins de 300 dariques \
nous devons supposer que la première ligne était tout au Vacinaces était aussi une arme natio Fig. 57. Soldat perse.
plus à 120 pas du retranchement. Donc, au temps de la nale des Scythes, qui y voyaient une
formation par cohortes, la profondeur du terrain occupé image du dieu de la guerre et lui faisaient des sacrifices s.
par une armée rangée en bataille était tout au plus égale Aucun témoignage ne prouve que cette arme ait jamais
àl20pas(177 mètres). Les soldats, dans la cohorte, étant été empruntée par les Grecs aux peuples chez qui ils la
formés sur dix rangs 8!, chacun d'eux occupant un espace voyaient en usage ; non-seulement ils la connaissaient ce
d'environ un pied et demi de profondeur et étant placé à pendant, mais ils la fabriquaient. On a trouvé 9 à Nicopol,
trois pieds de son chef de file 83, chaque cohorte couvrait près de l'embouchure du Dnieper, dans un tombeau qui
un terrain de 42 pieds de profondeur, soit 126 pieds poul paraît être celui d'un roi ou chef indigène, un acinaces
ies cohortes des trois lignes. Ceci posé, si l'on adopte pour dont la lame de fer était entièrement rongée par la rouille,
la profondeur totale du terrain occupé par l'armée celle mais la poignée en or est encore parfaitement con
que nous avons indiquée, c'est-à-dire 120 pas, il reste servée. Les ornements, d'un goût exquis, sont de tra
474 pieds pour la somme des deux distances qui séparaient vail grec et de la belle époque de l'art (fig. 58). Sur un
la première ligne de la deuxième et celle-ci de la troisième, fourreau recouvert d'une lame do métal du plus délicat
soit 237 pieds (70 m.) pour chacune d'elles. Les résultats travail trouvé au même endroit (fig. 59), on voit parmi

■^Tit. Ut. XXII, 5; Tac. Ann. II, H; IV, 50; Veg. III, 17, l9,Mod. 19. 1760 ; Berlin, 1773 et 1774 ; Lange, Historia mutationum rei militaris, io-4, 184".
— ™ Veg. III. 1S, 19; Mod. 10. — '* III, 19. — 73 v. Serra. — 1* III, S0. ACINACES. ' Val. Place. VI, 701 . — ' .Yen. Allai. I, î, % Î7 ; 8, § S9 ; Herod. VII,
— " Dbd. xv, 55. — 18 Tit. Ut. XXII, 47; Polyb. III, 105. — 7» Festus, 51 et 67 ; III, 118. — 3 Poil. I, 138; Hor. IV, u, 3. — » Tcjier, Descr. de la Perte,
i. Serra. — 80 Dell. afr. 61. — 8" Bell. cio. III, 58. — 8» Front. Slrat. H, pl. 114 bis. — 8 Arr. VI, Î9. — 8 Q. Curt. X, I, 31. — '• Dcnosth. c. Timocr.
3, il. - 8) poljb. XVUI, 13. — 8' Bell. cw. I. 8Î. — ss a, S3. _ 86 p0|;b. p. 4:8, éd. Vt'olIT. 157i. — 8 Hcrod. IV, 6Î; Amm. Harccll. XXXI, 5; Lucian. Scytli.
XVIII, 13. — M Tit. Lit. VIII, 8, 10; Vcr. II, 10. — Biouocbapiiee. Carion Nisas, 4. Cf. id. Anach. 6; Lkert, Geogr. d. Cnech. uad Hoem. 111, 2" th. p. 303. —
Histoire de l'art militaire, in-8, 1824 ; Hupubt, Considérations sur l'art de la 8 Compte rendu de la commission impériale archéologique (de Sainl-Pctershowr^;
. ia-8, B20 ; Cuischardt, Mémoires critiques et hist. d'antiq. militaires, Lyou, pour 1803, p. 173, et pl. T.
AGI — 32 — A(JR
d'autres figures un Scythe armé de Yacinaces (fig. 60). servent les maçons pour tailler les pierres et les mettre en
Le poignard des Mèdes (medus acinaces) est menlionné place \ E. Saglio.
par Horace 10 dans une ode où il raille des convives trop ACLIS (du grec &yx»\lç). — Javelot mince et cylindrique
lancé au moyen d'une courroie :
Tcrctes sunt aelides illis
'" lit Tola, sed ltaec lento mes est aptare flagello '.

Chaque soldat en avait plusieurs, deux au moins *. Ser-


vius, aux vers cités de YEnéide, dit que Yaclis est une arme
de jet fort ancienne, si ancienne qu'elle ne figure dans
aucune relation historique. On a donc beau jeu pour se
figurer l'efTet et l'usage du flagellum attaché à la hampe.
Suivant quelques auteurs, dit Servius, la hampe avait
une coudée et demie (Om,06) et avait un crochet de
chaque côté. Au moyen d'une courroie, ou d'une corde
(loro vel lino), on la ramenait à soi après avoir frappé l'en
nemi. On voit que cette description est tout simplement
celle de l'angon germanique. Servius croit que la courroie
facilitait l'usage de l'arme, et en effet, en s'enroulant au
tour de la hampe d'un trait, une corde imprime a celui-ci
une rotation qui en augmente la justesse. Peut-être Yaclis
que nomme Virgile et dont son commentateur parle
comme d'une arme oubliée n'est-il pas celui dont un his
torien fait de nouveau mention au troisième siècle de l'em
pire Au dernier s'appliquerait ce que dit Servius : c'est
l'angon introduit dans l'usage de l'armée romaine. Quant
au premier uclis, si ce nom n'est pas dans Virgile et les au
Fig. 58. Fig. 59. Fig CD.
Poignée d'acinaces. Foin rcau d'ac:naces. Guerrier Scythe. tres poëtes' celui du javelot en général, il faut renoncer à en
donner une définition précise [cateia]. C. de la Beiige.
belliqueux ; on serait par conséquent autorisé à conclure ACIVA ou mieux acnua. — C'est une mesure particulière
de ses paroles que cette arrive barbare fut quelquefois por aux ruslici de la province de Béliquc1. C'est la même me
tée par des Romains. E. Saglio. sure que les Romains appelaient actus quadratus, c'est-à-dire
ACISCULUS ou Asciculus. — Petit pic ou marteau dont une mesure de superficie égale à 1 / , juge?-um ou 4 climata,
la forme paraît exactement déterminée par des monnaies ou 14,400 pieds carrés romains, valant 12 ares 6i centiares
de la famille Valeria. On lit le mot acisculus, à côté de cet [actus]. G. Humbert.
instrument qui y est figuré, emblème et arme parlante de ACRATOPIIORUM ( AxpaToipvpoç, Axprrosopov). — Vase
L. Valerius Acisculus, que l'on croit avoir été le contem contenant le vin pur (âxpaTo;), avant qu'on le mélangent
porain de César et de Pompée Une de ces d'eau dans les cratères [crateh].
monnaies est ici gravée (fig. 01) d'après un Ce nom, tiré de l'emploi du vase,
exemplaire du Cabinet des médailles de ne désignait sans doute pas une
Paris \ Borghcsi ' a remarqué que sur un forme déterminée, pas plus que
sesterce qui porte cet emblème, l'outil est celui d'oïvoiopo; appliqué à tout
pi» si. Acisculus. P0'ntu des deux côtés, tandis que sur d'au vaisseau servant à porter du vin '.
tres monnaies une des extrémités, plus grosse, C'est ce que prouve un passage
est aplatie en forme de marteau ; et il est possible en effet de J. Pollux'où le grammairien
que la forme de Yacisculvs n'ait pas été plus invariable que assimile Yacratophorvm au psycteii
celle de I'ascia dont son nom est le diminutif. et au dinos. En effet, comme on
M. Ch. Lcnormant, dans une dissertation sur les deniers le verra à ces mots, tous ces vases
de Valerius Acisculus *, rattachant ce symbole au culte de se rapprochent par leur emploi,
Vulcain, par des considérations savantes et ingénieuses et cependant on ne peut se les
qu'il n'est pas nécessaire de développer ici, a fait remar figurer sous une forme constante,
quer que dans les monuments figurés on voit fréquem invariable. Ceux que les monu
ment un marteau semblable dans la main de ce dieu; ce ments nous montrent servant à
serait donc un outil de métallurgie. On peut comparer recueillir le jus des raisins foulés
l'outil de forme analogue que tient un fabricant d'instru dans le pressoir ou à l'emporter Fig Ci. Acratophoruni
ments tranchants au mot culteh. D'un autre côté, cette dans le cellier, peuvent être cer
forme n'est pas fort éloignée de celle des marteaux dont se tainement appelés des acmtop/wra, d'après l'usage qui en
10 Od. I. 5", 6. — BltiicGRinuE. B.tn^ez. Mimo'.res de l'Itntitit (liUùrnt. ci E Glossar. velus : Acisculus, Aàïo|o; ; cf. Eckhel. Doctr. Kum. p. 331.
Beaux-Arts), t. IV, p." 60 ; Slepliani, Comptes rendus de la Commission imp. archéo ACLIS. > Virg. A, h. VII, 130; Serv. ad h. I. — » Val. Flacc. Arg. VI, 99. Cf.
logique (de Saint l'étersbourt') pour 1 863. Treb. Pollio, Claud. 14.— 3 Treb. Tollio, l. c. - » SU. liai. III, Mi ; VIII, 549 ,
ACISCULUS ou ASCICLXUS. 1 Catedoni, Annal, del. Jnst.di corr. archeol. IS39, Val. Flacc. I. c.
p. 350. — * Vny. aussi Muri;lli, Thes. fam. t. II, p. AU; Cohcu, Mèd. consu ACNA. 1 r.olum. V, 1,5; Varro, De re ruit. I, 10 ; Co'um. II, t, S" ; cf. Hultscti,
laires, pl. XL, 12 et 13. Duodeci sesterzi illustrait, XII, t. I" des Œu Mctroltjg. scriptorum reliquûu'.X. II, p. 12:>, Tabula Balbi.
vres complètes. — * Nom. Annal, de l'Inttit. de corr. archeol. II, p. 15t. ACRATOI'ItOntM. 1 Pull. X, 70. — 1 VI, 99.
ACR — 33 — ACR
est fait : ce sont de grands vases toujours sans pied (où ^ Nous voyons dans Homère les aèdes à la table des chefs
ï/ti t:u6[iîvo), largement ouverts par le haut, se rétrécissant chanter en s'accompagnant sur la cithare les aventures des
vers la base, qui est tantôt plate ', comme le montre une dieux et des héros '. Le chant et la danse sont appelés par
peinture de Pompéi (fig. C2), où l'on voit un vendangeur le poète les ornements du festin (aval^u-ata SatTo'î) \ Dès le
portant, à côté d'un pressoir, un vase de ce genre, qui septième siècle les riches Ioniens de l'Asie Mineure, à l'i
parait Être d'argile; tantôt arrondie et plus ou moins poin mitation des Lydiens, leurs voisins, introduisirent dans
tue ou sphérique : tel est celui qu'un satyre porte sur son leurs banquets des musiciennes mercenaires, chanteuses,
épaule dans une peinture de vase du musée étrusque du joueuses de flûte ou d'autres instruments *. C'est de
Vatican1 (fig. 63). Ces exemples réunissent ainsi différents l'Ionie que passa dans les autres pays grecs l'usage des flûtes
traits attribués au dinos, au psycter et aussi au calathus pour l'accompagnement du chant et celui de beaucoup d'ins
que l'on a rapproché du dernier s. truments à cordes perfectionnés. En môme temps de nou
Le nom grec passa de bonne heure dans la langue latine, veaux genres de poésie furent inventés : c'étaient des mor
comme celui de plusieurs autres vases', avec l'usage môme ceaux destinés à être chantés soit par des voix isolées, soit
en chœur, comme dans le xS,uo<; qui terminait les repas de
fôte *. On ne sut plus se passer par la suite de tous ces ac
cessoires des joyeuses réunions [symposion] ; on voit des
joueuses de flûte, des danseuses ou des danseurs mêlés aux
convives sur la plupart des vases peints où des sujets de ce
genre sont représentés, comme sur celui de la collection Co -
ghill qui est ici reproduit '(fig. 64). Platon dit8 que ces amu
sements qu'on allait chercher au dehors sont bons pour les
gens incapables de goûter le charme d'entretiens élevés, et
de chanter eux-mêmes, comme on faisait jadis, en se passant
la branche de myrte" ou de laurier [scolion]. C'était là la
protestation isolée d'un sage : ses paroles mêmes, aussi bien
que la peinture d'un banquet que nous a laissée Xéno
phon *, prouvent qu'à Athènes, dans son plus beau temps, et
Fig. 63. Acratophoruin.

de l'objet qu'il désignait. Il paraît avoir eu, chez les Romains


comme chez les Grecs, une très-large acception. Varron par
lant de la culture de la vigne 7 désigne, à ce qu'il semble,
par le nom d'acratopkorum un vase destiné à recevoir le vin
du pressoir; ailleurs il applique le même nom à des vases
qui servaient à porter le vin sur la table et dit expressé
ment 8 que ce nom a fini par se substituer à ceux de le-
PESTA,de galeola et de sinus, c'est-à-dire de trois sortes de
vases qui ont entre eux des rapports de forme et d'usage,
comme les noms grecs indiqués plus haut.
II y avait sans doute des acratophores de toutes ma
tières. Un historien en cite qui étaient placés dans le tré
sor d'un temple 9. E. Saguo.
ACROAMA (Âxpoafxa). — Ce mot, dans son acception la
plus large, signifie, en grec comme en latin, tout ce que
l'on écoute avec plaisir ou môme avec déplaisir : ainsi la Fig. 6t. Acroania dans un symptsion.
louange et l'injure, dont Xénophon dit, employant pour
toutes deux ce même nom, que l'une est ce qu'il y a de à plus forte raison dans les villes de la Grèce où l'on sacrifiait
plus doux, l'autre ce qu'il y a de plus difficile à écouter '. davantage au luxe de la table 10, on empruntait pour mieux
Mais dans un sens restreint, le seul qui doive nous occuper traiter ses convives encore d'autres secours. On taisait ve
ici, il se dit des plaisirs que procure l'audition de la mu nir des mimes ((jLtjxot), des faiseurs de tours de force et d'a
sique, des lectures et récitations, des plaisanteries d'un dresse (OauiAOtToitotoi', OaujjLaTOuffof, x'jêto-TriTïipîç, J^i^osaxTa;).
bouffon et de toutes sortes de divertissements, môme muets, On admettait à sa table des parasites et des bouffons (rapa-
qui servaient particulièrement à animer et à égayer les fes o-iTot, y'Àwtchoioi', pù>uo).o/ot, xo7axtç) qui cherchaient par
tins. Il s'appliquait non-seulement à ces plaisirs eux-mêmes, tous les moyens à provoquer le rire; on en avait même
mais désignait aussi les personnes qui se faisaient entendre*. chez soi à demeure ". Les flatteurs et les plaisants qui li
La coutume était ancienne, en Grèce, d'ajouter par le vraient leur personne en risée pour égayer le maître abon
chant ou le son des instruments à l'agrément des repas. daient autour des tyrans de Sicile, à la cour des rois de

* Zahn, Ornant, und Gemceld. ans Pompei, III, pl. XIII.— *Mta. Grcgor. 11, ta?. I, 15!. — » Alhen. XII, p. 516. — « Hesiod. Seul. Herc. 174, «80 ; Alhen. XII,
Î4, I. — » HesTch. Kélotot. — « Varr. Ling. lat. IX, 21 ; Cic. De fin. III, 4, 15. — p. 600 d; XIII, p. 5t» a, b; XIV, p. 601 e, 635 d; Theomis, t. Î4i, 761, 885, 941,
f De rt rust. I. 8, 5. — 8 De vita pop. rom. ap. Priscian. VI, p. TU; Non. t. v. 075, 1041, 1056, 1005 ed. Becker ; Anaci. frogm. 16, ed. Becker. — 1 Millingen.
-Ç nom ; Scr». ad Virg. Bue. VI, 33. - » Joseph. Bell. lui. V, 13, 6. Peint, ant.devaa.pl. VIII ; Inghirami, Pitt.di ia«i',IV,ta». 356.—» Prolog, p. 147.
ACROAMA. 1 Xen. Hier. 14. — » WolfT. Ad Suet. Il, p. 319 ; Cf. Ernesti, Excurs. — » Symp. U, I «I 11 ; VII, 5; IX, l. — 10 Alhen. IV, p. 11», 131. — 1' Hicophr.
TU. ai Sut.; C e. Pro Sext. !4. — » Odyss. VII, 150 ; XVIII, 303, etc. — » Odyss. Char. 10.
I. h
ACR — 34 — ACR
Macédoine, à celle de tous les successeurs d'Alexandre urne en albâtre trouvée à Volterre 14 nous montre d'un côté
comme plus tard on en vit à Rome à la suite des empereurs trois femmes jouant de divers instruments, de l'autre un
romains. groupe formé par un jeune homme et une jeune fille qui
Les monuments des Étrusques qui nous ont été conser semblent prêts à exécuter une danse mimée et rappellent
vés attestent que chez ce peuple on avait aussi l'habitude le jeune couple que le Syracusain fait paraître dans le ban
d'égayer les repas au moyen de la musique et de la danse. quet décrit par Xénophon
Ainsi les peintures de plusieurs tombeaux découverts à Tar- Les vieux Romains ne connurent point sans doute de
quinii13 nous montrent des danseurs et des danseuses s'agi- tels raffinements. Rs prenaient plaisir à chanter eux-mêmes
tant au son des flûtes et des lyres, auprès des lits où les à table, accompagnés par les flûtes; mais c'était, s'il faut
convives sont étendus. On voit des scènes analogues dans en croire Caton cité par Cicéron ,e, pour célébrer les louanges
un assez grand nombre d'autres peintures et sculptures de des aïeux illustres. Cependant, dès le temps de Caton, les
l'Étrurie. Le bas-relief qui est reproduit(fig.65)d'après une mœurs des Grecs et des Étrusques prévalaient à Rome.

Fig. 65. Concert et danses pendant le repas.

Après les victoires de Cn. Manlius en Asie, on vit s'intro d'un enrichi dont les extravagances et le faste sont tour
duire toutes les recherches qui étaient à l'usage des peuples nés en ridicule ; mais il n'y a rien d'exagéré dans les ma
vaincus et le luxe ne fit que croître encore par la suite. gnificences qu'on lui prête; elles restent fort au-dessous,
Au dernier siècle de la République et plus encore sous comme le prouvent d'abondants témoignages, non-seule
l'Empire, les riches particuliers avaient à leur service des ment de celles de certains empereurs, mais de celles même
troupes de musiciens des deux sexes, habiles à jouer de de quelques affranchis, ses pareils et ses modèles. Chez Tri
toutes sorlcs d'instruments (symphoniarii, acroamatarii, mu- malchion tout se passe en musique : elle accompagne tous
sicarii"), des chanteurs en si grand nombre que, selon Sé- les mouvements des esclaves occupés du service; puis, comme
nèque, on en voyait plus de son temps dans un souper que intermèdes, on voit se succéder des équilibristes (petauris-
jadis de spectateurs au théâtre des danseurs et des dan tarii) ; des pantomimes représentant des scènes tirées des
seuses80, des mimes, des pantomimes, des acteurs dans tous poëmes d'Homère (homeristœ), un imitateur (imitator) 27 fai
les genres Le maître s'en faisait suivre parfois dans ses sant entendre le chant du rossignol ou contrefaisant divers
voyages, môme en pays étranger et dans de lointaines expé personnages; une loterie (pittacia, sortes, ah)puoiieta!9). De
ditions **. Sylla dès sa jeunesse et jusqu'à la fin de sa vie se temps en temps l'amphitryon fait appel au savoir de ses
plut dans le commerce des histrions et des bouffons dont convives, ou veut lui-même faire étalage de ses connaissan
il s'entourait à table ï!. Antoine menait partout avec lui un ces, parodiant ainsi ce qui se passait dans de meilleures
long cortège A'acroamala, que Plutarque compare ** au compagnies.
thiase bachique (ôîaco; àxpoxuuxTOJv) ; mais c'est en Asie et Les plaisirs, en effet, différaient nécessairement comme
en Egypte seulement qu'il connut jusqu'à quel excès peut les goûts de ceux qui les offraient. Il y avait, même sous l'Em
cire poussé le raffinement de tous les plaisirs. Rome sous pire, des esprits délicats se plaisant aux doctes entretiens ï9,
l'Empire continua d'y prendre les modèles et d'y chercher aux récitations et déclamations poétiques, à la lecture des
les artisans de tous les genres de luxe **. anciens écrivains ou des productions nouvelles *•; parfois le
Les plaisirs qui étaient devenus l'accompagnement et la maître de la maison, souvent au grand déplaisir de ses au
suite du souper [cena, comissatio] remplissaient la fin de la diteurs, essayait de leur faire goûter le mérite de ses pro-
journée et souvent une partie de la nuit. Il n'y avait pas, l près élucubrations ". Des acteurs venaient jouer des scènes
comme chez les modernes, d'autres divertissements pour la de tragédie et de comédie **. On goûtait plus généralement
soirée : c'est donc pour ce repas qu'on s'efforçait d'en réu les danses des pantomimes, mais ces danses étaient réglées
nir la plus grande variété possible. Celui de Trimalchion, quelquefois sur des livrets écritspar un Lucain M ou par un
décrit par Pétrone, en peut donner quelque idée K : c'est la fête Stace 34 ; ils mettaient en action les œuvres des anciens

<! Athon. VI, p. 218-252 ; XIII, p. 607 ; Demotth. Olynth. H, 19. — '3 Mon. iiied. Epiclct. diss. IV, 7, 37. — !J Cic. Pro Mil. 21 ; Ad faux. X, 32; Polyb. XVI, 21.
dell' Itutit. di Corr. archeol. I, ta». 32, 33 ; Micali, Antich. popol. ttal. la». 67, 08 ; — » Plut. Syll. 12, 1».— » ld. Ah/. 24 ; Alhcn. IV, p. 148. — « Ctpitolin. Vertu,
.Vus. Gregor. I, ta». 101, 102. — >* Micali, (. /. ta». 38.— "i. /.— >6Cic. Tusc. IV;Cf. g. _Ï6 Satijr. XXXI cl » — *7cf.O. Jahu, Specim. epigr. p. 38, n» 107. — «8Suct.
Val. Mai. II, l;Quinlil./ni<. I, 10,20. — "lit. Li». XXXIX, 6.— « Cic. Pro MU. 21 ; Aug. 79.— » Plut. Quœst. coiw. VU, 8 ; Ju». VI, 431; Gell. 1, 2 ; VI, 13. — JOCorn .Xcp.
BiiAT; Yerr. II, 3,44; Pro Hmc. 46 ; Gell. XVII, 9; Macrob. Sat. Il, 4 ; Sid. Apoll. I, Attic. 16; Plin.£>. I, 15,2; III, 5, 10; IX, 17, 3 ; Pert. 1, 3(1; Ju». XI, 178; .Mai-!.
Ep. î; Orelli, 2610, 2885 ; Ueozen, Aimait dell' litst. di corr. archeol. 1856, p. 10, IV, 82. — 31 Id. III, 44 cl 50 ; V, 78.— "Plut. /. /. Pliu. Ep. I, 15; 111, 1; IX, 2o;
il" 7 et 8. — l» Scncc. Ep. 84.— *> Jahn, Bcrichled. sàchs. Gesellscli. 1851, p. 168, Epictet. »' Jahn, Prol.adPers. XVX1V; FriedUUlder, Sittengesch. Hoiru, 11-315,
— !' Id. Prol. ad Purs. p. LXXXIV ; Plin. Ep. V, I»; VII, 24; IX, 36 et 40; 2« éd. — «> Ju». VU, 87.
ACR — 35 — ACR
poètes, la fable et l'histoire, et jusqu'aux dialogues de Pla en quelque circonstance qu'elle fût exécutée (le concert
ton ".Mais les amateurs de semblables acroamata devinrent que représente une peinture bien connue d'Herculanum ici
de plus en plus rares; ils l'étaient dès le premier siècle de reproduite(/fy.66), est un acroamaw); aux plaisanteries d'un
l'empire ; ils le furent plus encore au second; il n'y en eut parasite [parasitus], aux lectures ou récitations que l'on se
plus à la fin que pour les cbants licencieux", pour les dan faisait faire au bain, au lit, à la promenade, et pour les
ses lascives des baladins (cinaedus) S7, des Syriennes et des quelles des esclaves étaient instruits avec soin (literati servi,
Gaditanes S8, pour les pantomimes et les pyrrhiques qui anagnostes, lector] m. Auguste en avait près de lui pour
mettaient en scène des situations voluptueuses [pantomi- occuper ses nuits sans sommeil D'autres fois il jouait
mus, pyrruica], pour les saltimbanques [petaurista, fu- avec de jeunes enfants, ou se laissait distraire par leur ba
kambulus, CERNuus], les boulions [scurra, derisor] les bil. Livie, safemme, avait de semblables pages (pueri minuti,
jongleurs et les faiseurs de tours [circulator, pr.estigia- deliciœ, <fiOupoç) w dès avant son mariage ; ils furent très à la
tor]. Les empereurs ne furent pas ordinairement fort dé mode sous l'Empire ". Recherchés pour leur grâce, leur
licats dans le choix de leurs divertissements; Auguste appe esprit, leur langage piquant ou naïf, on les faisait venir des
lait auprès de lui des histrions du cirque et de la rue 40 ; pays les plus éloignés, de la Syrie notamment et de l'É-
mais du moins il témoigna toujours de l'aversion pour gypte 50.
d'autres spectacles dénaturés dont on s'amusait déjà de son Nous pouvons encore ranger parmi les personnes qui
temps : on vit fréquemment paraître dans les repas des servaient aux grands et aux riches d'acroamata ces Grecs
nains [nanls, pumild] M ou d'autres malheureux estropiés, faméliques (Grœculi), rhéteurs, grammairiens, philosophes,
contrefaits (distoi-ti), remarquables par la grosseur dispro qui pullulaient à Rome sous l'empire, et se trouvaient heu
portionnée de leur tête, par leurs longues oreilles ou par reux quelquefois de s'enchaîner volontairement au ser
quelque autre difformité qui était tournée en risée " ; enfin vice d'un maître ou d'une maîtresse qui faisaient d'eux
des idiots et des fous [morio, fatuus, coprea]. leur jouet". E. Saglio.
De bonne heure aussi on avait vu chez les Romains, et ACROASIS ('Axpo'airtî). — Mot grec qui a passé dans l'usage
avant eux chez les Étrusques, des gladiateurs s'entr'égorger des Romains et signifie tantôt un discours public,, une lec
dans un repas ou lutter contre des bêtes féroces aux applau ture, une leçon, ce que nous appelons une conférence; '
dissements des convives. Ce genre de spectacle était, di tantôt le lieu où se rassemble l'auditoire [recitatio, decla-
sait-on, d'origine campanienne u. matio, schola]. E. Saglio.
Le nom d'acroama n'était pas appliqué seulement aux ACROLITHUSCAxpÔAiOov afaXaa, Çôavov). — Statue dont le
amusements du repas et aux personnes qui y contribuaient, visage, les mains, les pieds étaient de pierre ou de marbre,
mais aussi aux divertissements semblables que l'on pouvait tandis que le reste du corps était d'une autre matière et
prendre en tout autre moment, par exemple, aux chants, le plus souvent caché par des draperies. Pausanias, qui vit
un certain nombre de ces statues dans les temples de la
Grèce, a eu soin de dire S toutes les fois qu'il a pu s'en
assurer, que le corps était de bois sculpté, ordinairement
doré ou peint quand il n'était pas dissimulé sous des vête
ments, et que le visage (irpoutorcov) et les extrémités (x"pE?
àxpai, axpot to'Ssî, «ixpÔTToSeç) étaient de marbre (Xt'Oou àeuxoû,
Xt'ôou 7tapt'ou, itrvTsXrjin'ou). Dans les expressions qu'il emploie
on reconnaît les termes dont est formé le mot àxpôAi8oç, mais
ce mot lui-même ne se rencontre pas une fois dans tout
son récit. On le trouve dans un petit poëme de l'Antholo
gie*, puis dans un écrivain latin, Vitruve 3, qui, parlant de
la statue colossale de Mars placée par le roi Mausole dans
l'acropole d'Halicarnasse, se sert du mot écrit en lettres grec
ques {stat ua colossica dixpôAiOoç;). A défaut de textes on ne peut
savoir si le mot ainsi composé fut aussi anciennement usité
que la chose qu'il exprimait. Au côté extérieur d'une coupe
de Voici, actuellement au Musée de Berlin *, on voit une
idole de Bacchus, entourée de Ménades, et devant laquelle
un autel est placé. Elle n'a pas de bras, et sous le riche
manteau brodé qui la couvre on ne sent pas les contours
Fig. 66. Concert. d'un corps; mais la tête sculptée et sans doute aussi peinte
a toute la vérité de la nature ; au bas, la forme d'un
aux danses et aux intermèdes du théâtre à la musique, pied est imparfaitement indiquée. C'est là vraisemblable-
»i Suet. Xero, 54; Uacrob. Sat. V, 17, 15; Lucian. Desallat. 36-61 ; Plut. I. I.— Pctron. Sat. 46; P.in. Ep. III, 5; Orclli, î»"î. — « Suct. Aug. 78. — »8 Dio flass.
« Quinl. r,i)l. or. 1,2, 8.— " Pctroo. Sat. Î3.— M Jui. U, lit; XI, 162; Mart. V, 78, X1.V1II, 44; G.iri, Mon. Lie. Aug. p. 73.— *» Scu.c Ad Serenum, XI, 3 ; Dio Cas».
8S; VI, 71, S; XIV, Î03; Jahn, Berichte d. sâcltrisch. Gesellsch. DM, p. 168. — XI.VI1. 15; I, 17, 3 ; Herodian. I. 17, 3; Casaubon ad Suet. Aug. 83. — M Stat. Silo.
» Plant. Capt. I, t. 3; Senec. Ep. 2"; Jahn, Spec. Epigr. p. U5; M. Prol. ad V, 5. 66; Suet. I. I.— '1 Luciau. De mire. coud. 4, 17, 23, 25, 27, 36. — BiBLiociuruic.
Pers. p.LXXXV; Allien.XI, p. 46» e; XIV, 613 d. — to Supt. Aug. 14.— M Suet. Tib. Bulen^erus, De conviriis, dau» le Trésor des ttntiq. de Grajvius, XII, p. 194 ; Her-
«I ; Lampr. Al. Sever. 34. — «Quint. Inst.or. Il, S, U ; id, Declnm. 298 ; Suet. Dom. nmna.PrwatalthertliCimer. % 53 ; BeckcT, Chariklet.il. p. 289 (2' éd.) ; Bccker, Gallus,
4>; Luciao. Coma. I«. — « Atheu. IV, p. IS3 f; Pelron. Sal. 45; Capitolin. Ver. 4; Il , p. 2b 1 ; Becker-Marquardt. IlCmùche Alterthumer,Y, l*Abth.,p. 156, 348; Fried-
l-ampr. Brima. !5; Tit. Li». IX, 4t>, 17; Sil.Ital. XI, 51, .14. — ** Orelli, 2530; Suet. loe.idcr, Sittengeschichte Jtoms, I, p. îil (2« édit., 1865; 3' édit., H69, p. 334).
Vrjp. 19.— » Pitt. fErcolano, IV. tav. 32; Teniile. Peint, de Pompei et d'Ucr Ar.llOl.lTIIlS. i Paus. Il, 4, I ; VI, 24, 5 ; VI, 25, 4 ; VII, ïl, 4 ; VII, 23, 5 ; VIII,
eulanum. pl. VIII; Roui et Barré, Antig. d'fiervulanum, t. Il, pl. 13. — *« Cic. Ad 2-, 4; VIII, 31. 1 et 3 ; IX, «,!. — «A»**, pal. Xll.40. — 'II, 8, II. —4 Gcrhaid,
fem. V, » 2; (".. Nepo», Allie. Il; Sud. De M. gramm. 4; Seucc. Ep. XXVII, 5; Trinkschalen des Muséums zu Berlin, pl. IV, p. 5.
ACR — 36 — ACR
ment la représenta lion d'une statue acrolithe (fig. 67). On 370 ans avant Jésus-Christ, pour la ville d'/Egium en
peut encore comparer d'autres figures de divinités très-an Achaïe, une statue acrolithe d'ilithye 10. Nous avons déjà
ciennes réunies aux mots sculptura, xoanon, et que nous cité la statue de Mars à Halicarnasse, œuvre de Léocharès.
qui vécut au temps d'Alexandre. Bien des siècles après on
voit le mot acrolùhus reparaître dans un écrivain latin ",
parlant de la statue de Calpurnie, femme de Titus, un des
trente tyrans.
A côté de ces statues acrolithes, dont les extrémités seules
étaient de pierre ou de marbre, il faut placer (bien que le
nom ne s'applique qu'improprement en ce cas) des ouvra
ges de sculpture où sont assemblés des pierres ou des mar
bres de différentes sortes. Ainsi les métopes d'un des tem
ples de Sélinonte, en Sicile, sont taillées dans la pierre qui
a servi à la construction du monument ; mais les têtes, le<
bras, les pieds des figures de femmes sont rapportés en mar
bre La figure 68 est empruntée à un de ces bas-reliefs
représentant Artémis et Actéon.
Beaucoup d'ouvrages appartenant à d'autres temps et à
l'art le plus raffiné sont composés de matières diverses plus
ou moins heureusement combinées, comme la statue d'a
dorante de l'ancienne collection Borghèse, actuellement au
Louvre tt, qui est ici dessinée (fig. 09). Le corps est de por-
Fig. 6". Statue acrolithe.

ne reproduisons pas ici : rien ne prouve avec certitude


qu'aucune d'elles fut acrolithe, c'est-à-dire eût des extré
mités de pierre ou de marbre.
Il est facile de s'expliquer comment cette pratique s'in
troduisit dans l'art. Quand, grâce aux progrès de la sculp
ture, on put songer à substituer aux idoles primitives de
bois grossièrement taillées, des images plus conformes à la
nature, on n'osa pas le plus souvent remplacer les antiques
objets de la vénération populaire ; mais sous les draperies
et les ornements dont ceux-ci étaient chargés, la tête, les
mains, les pieds, quelquefois la face seulement paraissaient.
Le vêtement était souvent renouvelé; on ne crut pas da
vantage être sacrilège en adaptant au corps ancien 8 un
visage, des pieds ou des mains en marbre et imitant mieux
la nature. Comment se faisait cette adaptation, c'est ce Fig. 68 et 6?. — Slatues pscudo-acrolitlns.
que n'explique aucun écrivain ; mais on a reconnu parmi
les ruines du temple d'Apollon à Bassa;, en Arcadie 6, les phyre rouge et les extrémités rapportées sont en marbre
restes en marbre de Paros de la statue colossale du dieu : blanc. On en trouve d'autres exemples dans beaucoup de
un pied coupé droit un peu au-dessus de la naissance des musées. E. Saglio.
doigts et auquel était encore fixé le tenon qui l'attachait à ACROPODIUM. — La formation de ce mot est grecque
la statue, et les mains traversées par une ouverture dans (âxpo; ttoôî), mais il n'existe, comme désignation architec
laquelle devait pénétrer un tenon semblable 7. Ces frag turale, dans aucun auteur grec, et on ne le trouve qu'une
ments si nettement séparés ont seuls été retrouvés, ce qui seule fois dans un auteur latin, Hyginus1, sous la forme que
donne à supposer que le reste de la statue devait être en nous donnons ici. Nous citerons ce passage unique •: (ila-
bois et a péri. Cet exemple appartient à une période d'art dium de vagina ei extraxit Pelopia, et'rediens in templum sub
avancé. En effet, l'habitude de sculpter des statues entières acropodio Minervœ abscondit.
en marbre ou de remplacer cette matière par l'ivoire pour La première explication qui se présente est que Yacropu-
figurer les nus [ebur, sculptura], ne fit pas abandonner dium était un piédestal élevé, sur lequel la statue était po
les statues acrolithes. Elles durent être souvent préférées sée. Rich 1 y voit la base même, la plinthe carrée de la
aux colosses d'or et d'ivoire par un motif d'économie. Phi statue. Le Thésaurus3 rejette ces deux interprétations. Elles
dias avait proposé d'exécuter en marbre les nus de l'A- sont acceptables cependant, et nous les croyons vraies,
thénè du Parlhénon, qu'il fit ensuite en ivoire 8. Il sculpta si on suppose une plinthe ou un piédestal non pas massif,
pour les Platéens une statue de la même déesse dont le mais reposant sur des pieds, sur des griffes, de manière
corps était de bois doré, la tête, les mains et les pieds de qu'on puisse cacher, dans l'espace resté vide au-dessous,
marbre pentélique 9. Le Messénien Damophon fit, environ un glaive, comme le dit notre texte. Il existe des exemples de

s Paus.IIl, lfi, l. — 6Stackelberg, Der Apollotempel zu Bassœ.p. 98 cl pl. XXXI. n° 6913. — Bibmogriphib. Winckclmann, Storia dclV arte, I. I, c. 11 ; Qualremerc
— 'Cf. Paus. VIII, 30, î. —8 Val. Mai.IV,6. — 9 raus. IX, *, 1.— M Id. VII. 23, de Quincy, Jupiter Olympien, \t. 333 , Schubart, /McmùcA. Muséum., IS60, p. 91.
5. — 'I Treb. Poil. XXX tyrann. 30. — •> Serradifalco, Antich. délia Sicilia, II; ACnOPODlUM. 1 Bjgfcl., Fab. 88,— * Dictionnaire des antiquités,*, t. — ' Voce
Uitlorf, Archit. de la Sicile, IV" Ht. — 13 Clarac , Mus, de Sculpt.,pl. iil.
ACR — 37 — ACR

pareils piédestaux ou bases, surtout parmi les bronzes anti devait se maintenir malgré les invasions, où se retiraient
n
ques. Ceux '
qu'on voit (fig. 70 et 7»), sont des copies de les prêtres et les magistrats au moment du danger; ce fut
aussi l'enceinte qui devait protéger les temples des divinités
tutélaires, le trésor * et tout ce qu'une ville avait de plus
précieux et de plus sacré.
On voit, par cette définition, que le nombre des acropo
les devait être très-grand, presque égal à celui des villes
d'origine ancienne; on désigne pourtant plus particulière
ment par ce nom l'acropole d'Athènes, la plus belle, la plus
riche en monuments de toute sorte, celle à laquelle se rat
tachent le plus de souvenirs et de traditions, en un mot
l'acropole par excellence'. Elle est aussi, heureusement,
restée la plus complète.
Fig. "0. Support en brouz>. Fortifiées naturellement, les acropoles n'avaient le plus
souvent qu'un besoin partiel du secours de l'art ; une mu
deux bronzes du Musée de Naples. Le troisième exemple raille suivait le bord de l'éminence dans ses contours plus
(fig. 72) est un piédestal en marbre appartenant au môme ou moins irréguliers, et la partie accessible, l'entrée, seule,
Musée. était parfois protégée par des tours.
Le Thésaurus, qui repousse l'idée de base ou de piédestal, Dans un grand nombre d'acropoles, on constate encore
veut qu'on traduise aujourd'hui qu'une partie ou même l'ensemble des murs
sub acropodio par ces appartient aux constructions dites pélasgiques; plusieurs
mots : sous l'extré offrent aussi des galeries d'une structure analogue. Les
mité du pied. Il re anciens attribuaient ces constructions aux Cyclopes \ ce
produit la phrase ci qui montre de quelle époque reculée dataient déjà pour
tée plus haut, et pour eux ces premiers centres de civilisation. Les acropoles de
la faire entendre, il Mycènes et de Tirynthe, dont nous voyons encore les restes,
Fig. 71. Socle en brome. en rapproche deux étaient déjà détruites au v° siècle avant Jésus Christ. A côté
exemples grecs où des ruines des temples, des autels et des ouvrages de forti
le mot en question doit se rendre par : le bout du pied. Ces fication, on trouve, dans certaines acropoles, des abris, tels
deux exemples sont em que les galeries dont il vient d'être parlé; des citernes et
pruntés à des traités d'as des silos, comme à Rhamnus, à Sunium, à Argos, à Feren-
tronomie , science fami - tino, etc. ; des sépultures comme à Troie; des inscriptions,
lière à Hyginus, qui a pu des monuments honorifiques, des objets d'art, des offrandes,
avoir ici l'idée de latiniser peintures, statues ou bas-reliefs, comme à Athènes.
le mot. Il faudrait, dans Avant de décrire l'acropole d'Athènes, qui présente le
ce cas, admettre d'abord type le plus parfait, le plus complet et le mieux conservé,
que la statue de Minerve nous allons énumérer brièvement les principales acropoles
était colossale, et lui sup de la Grèce, de la Sicile, de l'Asie Mineure et de la partie
poser ensuite un pied avan centrale de l'Italie, dont il reste encore des vestiges plus
çant hors de la plinthe, ou ou moins importants, en renvoyant aux ouvrages qui les
bien encore reposant sur font connaître en détail.
Fig. 72. Piédestal en marbre.
le bout des doigts, comme Les acropoles de la Grèce dont on a pu retrouver des
le pied droit de la Diane chasseresse, de façon que, dans l'un vestiges sont nombreuses. Nous citerons d'abord Lycosure,
comme dans l'autre cas, il y eût, sous la partie du pied en Arcadie; suivant Pausanias', elle passait pour la plus
qui n'appuyait pas sur la base, une place suffisante pour y ancienne cité que le soleil eût vu construire et celle
cacher une épée. Ed. Guillaume. à l'exemple de laquelle les hommes ont appris à bâtir
ACROPOLIS ('AxpôitoXiç). — A l'origine des civilisa des villes. De son temps, les murs de Lycosure ne renfer
tions, les villes furent généralement fondées sur des hau maient déjà plus qu'un petit nombre d'habitants. Décou
teurs plus ou moins escarpées ; elles étaient ainsi plus verte par Dodvvell sur le mont Lycée \ dessinée par
faciles à défendre. Quand la sécurité devint plus grande et W. Gell 7, cette acropole a été mesurée par Blouet s. En
que la population, en s'agglomérantet se multipliant, se fut Arcadie se trouvent aussi les acropoles de Mantinée de
étendue hors de l'enceinte qui couronnait originairement Gortys 10,de Phigalie ", d'Aléa 1!, de Stymphalus 13 et d'Or-
la hauteur, le nom de icôXtç, affecté d'abord à la ville pri chomène1'. Au sujet de cette dernière, qui existait déjà du
mitive ', fit place à celui de àxpôitoXiç, haute ville, c'est-à- temps d'Homère, Pausanias écrivait au IIe siècle après Jésus-
dire la partie la plus élevée de la ville, par opposition à celle Christ : « L'ancienne Orchomène était sur le sommet de la
qui se trouvait dans la plaine, au bord de la mer ou sur les montagne où il reste encore des ruines des murs et de la
flancs de la hauteur (ûnoTtoXtç). L'acropole, berceau de la place publique. La ville actuelle est au-dessous de l'ancienne
ville, resta la citadelle, l'endroit fortifié, le refuge où l'on enceinte. »
ACROPOLIS. 1 Pausan. I, Î5 ; Thuc. II, IS. — > D'où 1'eipression i-n^ft^r-hai Argolis, p. 44, pl. 14 ; et Rhangabé.i/cm. de l'Académie des Inscriptions (Recueil
i« ùf'/ciUi, laquelle servait à designer, à Athènes, les débiteur» de l'État ; leurs noms des «avants étrangers), 1857, pl. VII, 5. — » Blouet, Expédition de Murée, t. Il, p. 40.
étaient en effet inscrits sur des tableaux conservés à l'acropole avec le trésor. Voy. pl. 15. — • Blouet, t. II, p. 85, pl. 53 et 44; Pouqucville, Voyage de la Grèce, t. V,
Beeekh, Stantshiwsh. der Athen., III, 13. — * 'H •xp4mlt< ou i dans les écri p. J87. — to Paus. VIII, c. Î8 ; Rliiuct, t. II, p. 34, pl. 31 ; Hhangabé, /. c. pl. VI,
vains attiques. Thuc. Il, 1S ; Aristopb. A'uo.6?. — * Paus. II, 16 ; II, 15 ; — a Paus. 1. — 'I Paus. VIII, 39 ; Blouet, t. II, p. 3, pl. 1. — «« Rtaangabi, /. c. pl II. —
mi, J». - « Dodvreil, A classical tour Ihrough Greece, t. Il, p. 301. — 1 W. Gcll, " Id. pl. lî. — •* Paus. VIII, 13.
ACR — 38 — ACR
On retrouve dans l'Argolide les acropoles de Tirynthe", thères", sur les confins de la Béotie. L'acropole d'Athènes
d'Argos **, de Mycènes ", et celle de Corinthe ou Acro- comme nous avons dit, mérite une description toute spé
corinthe, dont le nom antique, 'AxpoxdpivOo; (haute Corin ciale. La Béotie possède l'acropole de Thèbes appelée la
the), confirme le sens que nous avons donné, en commen Cadmée, du nom de Cadmus son fondateur, celle de Léba-
çant cet article, au mot acropolis. Tirynthe et Mycènes, dée", celle d'Orchomène des Myniens", ruinée au ive siè
dont parle Homère, nous offrent encore aujourd'hui à peu cle avant Jésus-Christ et celle de Chéronée **. Au temps de
près les mômes ruines que Pausanias a décrites. Ces acro Pausanias, le nom de Thèbes était déjà restreint à la cita
poles appartiennent, comme celle d'Argos, à l'état de ci delle seule et à un petit nombre d'habitants. La Phocide
vilisation primitif des Grecs. A Argos, la citadelle s'appelait nous montre aussi deux acropoles, celle d'Élatée 3k et celle
Larissa, nom qui appartient à beaucoup de villes d'origine d'Ambryssa". Enfin, si nous remontons jusqu'à l'extrémité
ancienne, et qui paraît avoir été le nom commun des acropo occidentale de la Grèce propre, nous pourrons citer encore
les pélasgiques 19. Pausanias vit sur son sommet le temple les acropoles de Limnaea 96 et de Palaîros La première
de Jupiter Larisséen et un temple de Minerve. On n'y voit offre un exemple curieux et bien conservé de longs murs
plus aujourd'hui que quatre belles citernes antiques, taillées (ixeXt,) reliant une acropole au rivage de la mer et à une
dans le roc et revêtues de ciment. En montant à l'Acro- ville maritime.
corinthe on rencontrait, d'après la description de Pausa Parmi les acropoles remontant aux âges antéhistoriques
nias, plusieurs enceintes dédiées à Isis et à Sérapis, des au nous indiquerons celles de la partie centrale de l'Italie, où
tels au Soleil, à la Force et à la Nécessité, un temple des dut séjourner un peuple d'origine pélasgique, auquel ont
Parques, un autre de Junon ; enfin on trouvait au sommet succédé les Èques, les Berniques, les Volsques, etc. Ce sont
le temple de Vénus, derrière lequel était une fontaine. De les acropoles de NorbaM, deCora39, d'Atina10, d'Arpinum",
tout cela il ne reste aujourd'hui que quelques blocs pélas de Signia", de Ferentinum d'Alatri u, de Tusculum w et
giques, quelques colonnes et la fontaine antique. de Prœneste La plupart de ces villes ont conservé leurs
En Messénie existent encore les acropoles d'Ira *°, de Cy- murailles pélasgiques presque entières. Dans les unes l'a
parissia", de Pylos", de Messène Celle-ci était sur le cropole est seulement reliée à ces murailles, qu'elle do
mont Ithome, au pied duquel s'étaient développées la ville mine ; dans les autres, elle forme une seconde enceinte, une
et son immense enceinte, que Pausanias admire, en la coiu- citadelle intérieure. Nous citerons encore, en Italie, quel
parant aux enceintes de Babylone et de Suze et en la décla ques acropoles étrusques, celle de Yeïes " qui tint en échec
rant plus forte que les murailles d'Ambryssa en Phocide, pendant dix ans Camille et les Romains; il n'en reste plus
de Byzance et de Rhodes qui passaient pour les villes les guère aujourd'hui que l'emplacement sur la colline de
mieux fortifiées. l'Isola Farnèse ; et celle de Fiesole **, aux portes de Flo
La Laconie conserve quelques restes de l'acropole de rence, qui a conservé ses anciens murs ; les restes de l'a
Sparte Ik. Pausanias nous dit que « la citadelle de Lacédé- cropole subsistent sous un couvent de Franciscains.
mone n'était pas une colline remarquable par sa hauteur, La Sicile, où pénétrèrent également les Pélasges et où se
comme la Cadmée des Thébains et la Larisse des Argiens. fixèrent plus tard de nombreuses colonies grecques, avait
Mais il y a dans la ville, ajoute-t-il, plusieurs collines, et aussi un sol montueux propre à la construction des acro
la plus élevée porte le nom d'acropolis. On y voit, dit-il, poles. Nous y trouvons les acropoles d'Agrigente w, de Sé-
le temple de Minerve, un autre temple de Minerve Ergané, linonte 50, où subsistent les restes de trois temples, de
un portique, le temple de JupiterCosmètus, un temple dédié Tauromenium 51 et de Cephalaïdis 5i, qui montre encore
aux Muses, etc. » 11 est difficile aujourd'hui de trouver les des restes importants de constructions pélasgiques.
traces de tous ces édifices et même de reconnaître positi Nous indiquerons en Afrique une seule acropole, celle
vement la place qu'occupait l'acropole. de Carthage. Elle forma la ville primitive fondée par les
En Triphylie, nous pouvons citer l'acropole de Sami- Phéniciens, on l'appelait Byrsa ; autour d'elle l'immense
cum **, dont les fortifications offrent une grande analogie ville se développa, les quartiers s'élevèrent et les ports fu
avec celles de Tirynthe. et l'acropole de Lépreum rent creusés. Depuis longtemps les ruines mômes de la ri
Si nous sortons du Péloponèse, nous trouvons dans l'At- vale de Rome avaient disparu, les études et les fouilles de
lique les acropoles de Sunium ,7, que couronne encore le M. Beulé, faites en 1859 et 1860, nous les ont fait connaître
temple de Minerve Suniade ; de Rhamnus *, dont les mu et nous en ont montré la topographie, appuyée sur les
railles de marbre renferment plusieurs puits taillés dans textes des auteurs anciens
le roc et de nombreuses ruines d'édifices, et celle d'Éleu- L'Asie Mineure contient un grand nombre d'acropoles
15 Paus. IL 55 ; Blouet, t. 11, p. ISS, pl. 7» et 73. — « Paus. H, 54 ; Bluuet, resq. 1S54, p. 232. — 33 Paus. IX, 40 et 41 ; Dodwell, A classical tour, t. I, p. 220.
t. II, p. SI, pl. I.VI et LVII. — " Paus. II. 16; Blouet, t. Il, p. 118, pl. 63. — — 3* Paus. X, 3*. — 38 Paus. X, 3<i. — 58 L. Hcuzey, le Mont Olympe et l'Acarnanie,
Paus. U, 4; Blouet, t. III, p. 36, pl. 76; Beulé, Histoire de Tort grec avant p. 320, pl. V. — »7 Ibid. p. 390, pl. X. —38 Petit-Radel, Recherches sur les monum.
Périclès, p. 5". — 1» Slrab. IX, p. 440 ; XIII. p. 621 ; Dionys. Halic. Ant. Itom. I, cyclopéens ou péla^giq. p. 188; Monumenti inedili del, fnst. arch. t. I. pl. I et i ;
p. 17 ; Steph. Byi. s. v. Aifir™. — «° Paus. IV, 18, 19, 20 et 21 ; Blouet, t. II, p. 39, C.auiua, Architettura romana, pl. IV. — :» Petit-Kadcl, Recherrh. p. 19« ;
p|. 35. — «1 l'aus. IV, 36 ; Blouet, t. I, p. 43 et 49, pl. 49. — » Paus. IV, Nibby, Dintorni di Roma, p. 505. — *t> Annali delï Institut, archeol. t. 111.
3i ; Blouet, t. I, p. 4 et 5, pl. 5 et 6. — »' Paus. IV, 31 ; Blouet, t. I, p. ït, 25, p. 412. — *> là. p. 157 ; Diouigi, Viaggi in aleune città del Lazio, p. 47 à 53. pl. 46
pl. XXII. — lk Paus. III, 17 et 18 ; Blouet, t. II, p. 61, pl. 46 ; Mézières, Fragments à 54. — k! Petit lladel, p. 174 > IS3 ; Annali del. Inst. a-ch. 1834, p. 143, 353, 3e I ,
d'un voyage dans le Péloponèse, daus les Archives des missions scient.,1" série, t. III. Mon. ined. pl. I et II. — '3 Petit-Badel. p. 17J ; Dionigi. p. 1 à 14, pl. t à 15. —
p. 389. — » Paus. V, 36 ; Blouet. t. I, p. 53, pl. 53 ; Boutan, Mémoire sur la Triphy '4 Petit-Radel, p. 161 ; Dionip, p. 25 à 42, pl. 26 à 42. — *s r.anina, Des-
lie, Arch. des miss, scient. 2* série, t. I, p. ïil .— i8 paus V, 5 ; Blouet, t. I. p. 51,52, crtzione delï antico Tusculo, p. 73, pl. 6 et 7. — *8 Xibby. Dintorni di Roma,
pl. 5D, 51,52 ; Boutan, Màn. cité, p. ÏOi. — 17 Terrier, Mémoire sur lés ruines de Su- t 11, p. 494, 511. — k7 Canina, L'antica JCtruria marittima, t. I, p. 103, pl. 2i ;
uium. Archives des missions scient., ?• série, t. ill, p. 79 et suit. — 18 Uned. antiq. Nibby, Dintorni di Roma, t. lit, p. 380, p. 425 ; W. Gel, Topography of Rome
of Attira, trad. fr. de Uittorf, p. i5. — ph. Le Bas, Voyage archéotog. en Grèce end ils vicinity, t. II, p. 301. — '» Annali delï Inst. arch. 1835, p. 1 1. — 4» Serra-
et en Aile Mineure ; Itinéraire, pl. 9 et 10. — '« Haus. IX, 8. - « Paus. IX, 39; difalco, Le untkhilà délia Sicilia, t. III, p. 2», pl. B. — W /J. t. u, p. 12, p|. II.
Dodwcll. A cïjssic. Tour, t. 1. p. 210. — « ld. ibid. . p. 229; Lcake, - 91 Jb. t. V, p. 36, pl. XIX. - S! Annali delï Institut, arch. t. 111, p. 270 ; Mo
AorM. Greece, II, p. 141; L'irichs, Heiscn in Griechenland, I, p. 58; Braudi*, numenti inedili del. Inst., pl. 28 et 29. — *3 Beulé, Fouilles à Carthage. p. 3,
Mittheil ùber Griecltenl. I, 241 ; Forchammer, ïlellcnika, p. 173; Mayas, pitto- 6, 15, 26.
ACR — 39 — ACR
appartenant à différents âges et à différentes civilisations. C'est là qu'une colonie fut, dit-on, conduite par Cécrops,
Nous citerons en Bithynie l'acropole de Nicomédie •*, dont qui donna son nom à la ville naissante ™. Plus tard, Thé
on peut encore admirer les belles murailles helléniques, sée réunit les bourgades qui s'étaient groupées autour
celle de Prusa (ad Olympum) w, et celle de Cius M, dont les de Cécropie (KexpoTifa) et forme la cité 7*, qui prend alors
murailles, de construction polygonale ou pélasgique, sont le nom de sa divinité protectrice, Athénè. Une colonie
remarquables. La Mysie nous offre l'acropole de Cyzique" de Pélasges vient ensuite, environ un siècle après la guerre
et celle d'Assos M, une des plus intéressantes par sa dispo- - de Troie ; chassée de la Béotie, elle est accueillie dans
sition, par la construction de ses murs, partie en appareil l'Attique *°. Ces Pélasges qui fortifient l'acropole, jusqu'a
polygonal, partie à assises régulières, remarquable aussi lors enclose seulement d'une palissade l'entourent de
par son état de conservation et par le curieux temple dori murs formés de quartiers de roche et nivellent le plateau
que dont les bas-reliefs ont été transportés au Musée du supérieur. Ils défendent le côté occidental, seul accessible,
Louvre. L'acropole de Pergame M, également en Mysie, par une série de murailles percées de neuf portes (de là les
mérite aussi d'être signalée particulièrement. La capitale noms de nEXaorytxôv et 'EwsaTtuXov donnés à cet ouvrage 8î) .
de l'antique Mœonie, Tantalis 60, détruite très-anciennement Expulsés peu après d'Athènes, leur souvenir s'y conserve, et
par un tremblement de terre, nous offre encore sur le mont Pausanias, douze siècles plus tard, nous parle d'un quartier
Sipyle une acropole très intéressante. L'Ionie possède l'a qui porte encore leur nom sous le mur septentrional de la
cropole de Smyrne 41 , sur le mont Pagus, et celle de citadelle ; il cite même les noms d'Agrolas et d'Hyperbius
Priène M. La Lydie n'a conservé que les restes de l'acro qui avaient dirigé leurs travaux 8S. Nous décrirons plus loin
pole de Sardes **. Dans la Carie nous pouvons indiquer les les vestiges de ces imposantes murailles qui ont subsisté jus
acropoles de Cnide 64 et d'Halicarnasse **. La Lycie nous qu'à nos jours.
montre celles de Telmissus 96 et d'Antiphellus et la Pam- Au v* siècle avant Jésus-Christ, Xerxès s'empare d'A
phylie celle de Perga M. Si nous quittons le littoral pour thènes **, dévaste l'acropole et brûle les temples, pour la
l'intérieur de la grande presqu'île, nous signalerons en plupart élevés ou déjà reconstruits par Pisistrate et ses fils.
Phrygie l'acropole de Kotiaion"; en Galatie, celle de Pes- Ainsi s'achève la première période historique de l'acropole.
sinunte et en Cappadoce celle de Ptérium l'ancienne Après sa victoire à Salamine, Thémistocle rebâtit en hâte
capitale de la Ptérie, détruite par Crésus. On voit en effet, le mur du nord, il y emploie les colonnes et l'entablement
dans l'enceinte de cette dernière ville, plusieurs acropoles du vieux Parthénon, détruit par les Perses*5; ainsi exposés
établies sur des rochers isolés : leurs murailles, comme à tous les yeux, ils doivent raviver sans cesse la haine des
celles qui forment l'enceinte, sont presque entièrement Athéniens contre les Barbares. Cimon, avec plus de soin et
d'appareil polygonal ou pélasgique, et l'on y remarque plu de temps, réédifie le mur du sud, dont nous pouvons encore
sieurs galeries souterraines, très- longues, tout à fait sembla apprécier le bel appareil et la parfaite exécution, en même
bles à celles de Tirynthe et de Délos. Le royaume de Pont temps que le bastion carré qui le fortifie à l'ouest et que les
nous montre aussi, à Amasia7,,une acropole dont les restes, Athéniens appelaient ô topyoi; **. Le temple de la Victoire-
de construction hellénique, sont d'une admirable exécu Aptère, placé au-dessus de ce bastion et qui domine encore
tion. aujourd'hui, sorti de ses ruines, l'entrée de l'acropole, est
Les îles de la mer Êgée possèdent aussi plusieurs acro du même temps ou un peu postérieur 87. Périclès enfin, aidé
poles. Nous indiquerons celle de Mitylène dans l'île de d'Ictinus, de Callicrates et de Phidias, reconstruit un Parthé
Lesbos ; celles de Samothrace 7*. de Patmos ", de Samos76, non plus pur, plus grand, plus beau que celui qu'avait ren
et enfin celle de Délos 77, au sommet du mont Cynthus. versé Xerxès ; avec Mnésiclès il substitue à l'Ennéapyle ces
Celle-ci contient une galerie couverte, disposée et con magnifiques Propylées et ce majestueux escalier, digne en
struite comme les galeries de Tirynthe. Ses murs d'enceinte trée d'un pareil sanctuaire, dont les débris seront toujours
en granit, à assises régulières, renferment encore des ves un objet d'étude et d'admiration. Il dut élever aussi des
tiges d'édifices en marbre. tours en pierre qui, semblables à celles de Mycènes, défen
Il nous reste à parler de ce merveilleux rocher qui fut daient l'entrée principale, et dont M. Beulé, par ses heu
le berceau de la vieille Athènes et de sa religion, et qui reuses fouilles, nous a rendu les restes M.
devint le digne piédestal des plus nobles et des plus parfaits Les siècles suivants continuent d'enrichir à l'envi l'acro
monuments que les hommes aient construits. Escarpé de pole, devenue une citadelle intérieure depuis que des mu
toutes parts, sauf à l'occident, il offre un plateau de forme railles ont entouré la ville nouvelle et l'ont reliée au port
allongée, assez irrégulière, de 300 mètres environ sur 150. du Pirée par les longs murs (o-xs'Xi), ixaxpà tEi'yjn). C'est le tem
Sa hauteur au-dessus de la plaine est de 50 mètres environ. ple d'Érechthée où l'ornementation et l'élégance de l'ordre

54 Teiier, Description de l'Ane Mineure, t. I, p. 18; Id. Univers pittoresque, Perrot et Guillaume, Explor. archéol. de la Galat. et de la Bithynie. pl. 70 et 71
Asie Mm. p. 61 ; Perrot et Guillaume, Explorât, archéol. de la Galatie et de — 73 Boutai), Topog.et hist. de l'tle de Lesbos, Archiv. des missions scient. série,
la Bithynie, p. 1. — » Teiier, Univ. pitt. p. 11». — M Id. p. 113; Perrut et t. V, p. 173. — 7» G. Deville et E. Coquart, Mission dans l'ile de Samothrace, Archis.
Guillaume, Explor. archéol. p. lî. — «7 Perrot el Guillaume, Explor. archéol. des missions scient. ?* série, t. IV, p. 154, p. 168. — 75 Guérin, Description de l'tle
p. 71 el 13, pl. UI. — » Teiier, Descrip. de l'Asie Min. t. H, p. 197, pl. 108 ; de Patmos et de Vile de Samos, p. 11. — ld. ib. p. 191. — 77 Blouet, Expéd.
Id. Univ. pitt. p. soi et 103. — M Teiier, Descrip. de l'Asie Min. t. Il, p. Ml, scient, de Morée, t. III, p. 4 et », pl. I, II et XI. — '8 Plin. Hist. Nat. Vil, SO;
pl. lit; Id. Vm. pitt. p. !13. — «0 Teiier, Descrip. de l'Asie Min. t. II, Slrab. IX, p. 397; Eustath. in Dionys. ; Pausan. I, 16, loc. cit — 7» Beulé, FA-
p. %H, Î55, pl. 1S». — «1 Teiier, Descrip. de l'Asie Min. t. Il, p. 196; Uni», pitt. cropole d'Athènes, 1" édit. t. I, p. 12. — 80 Raoul Rochelle, Hist. des colonies
p. 303 et 304. — 61 Teiier, t/rou. pt'ff. p. 341. — 63 Teiier, ib. p. 151 ; Descript. de grecques, II, 6; V, 3.— 81 Herod. VII, 141. — »> Strab. IX; Hcrod. VI, 137; Scbol.
l'AwMa.X. 111, p. 18.— «» Teiier, ib. p. 174, pl. 159; Newton, Halicarnass . Cnidt Sopb. CEd. Colon. 439 ; Suidas, ». ». "A*i5« ; Dionys. Halic. Ant. rom. 1, 18 ; Welker,
and ths Branchides, pl. 13. — "'Teiier, ib. t. III, p. lîl ; Newton, op. (.— «• Teiier, Abhandl. der Berlin. Akad. 185?, p. 309;Bursian, Philologus, IX, p. 631.— 83 pau-
I. VO, p. 188, pl. 168 et 167. — Teiier, ib. t. III, p. ÎP0, pl. III. — san. 1, 18 ; Plin. Hist. Nat. VII, 194. — •» Herod. VIII, 5Î et 53. — 83 Tbuc. I,
« Teiier, ib. p. 111 ; Unie. pitt. p. 711. — «» Texicr, Univ. pitt. Asie Min. p. 394. — M et sq. — 8« plutarch. Cim. 13 ; Pausan. I, 18 ; Corn. Nep. Cim. 1 ; Beulé, l'A-
x Teiier, Descrip. de l'Asie Min. t. 1, p. 166, pl. 6S ; I'errot et Guillaume, Ex crop. d'Athènes, I, p. 117 ; Bursian, Rhein. Mus. uout. série, X, p. 511 ; Michaëlis,
plor. arch. p. m. — 71 Teiier, ib. t. 1, p. 111, 113, pl. 73 et 74 ; Perrot et Guil Arch. Zeitung, 1861, n° 161 A et B; Bôtticher, Philologus, XXI, p. 41. — «7 Plularcb.
laume, Bzplor. arch. pl. 34. — 7» Teiier, Uni*, vitt. Asie Min. p. 605 et 6 60; Pcricl. 13 ; Harpocr. njoiriW nOts. — S8 Beulé, (. t. I, c. 4, § 3.
ACR — 40 — ACR
innique atteignent le suprême degré; ce sont des statues, et l'acropole; ils s'en emparent, et une de leurs bombes
des groupes, des inscriptions, des offrandes de toute sorte fait éclater une poudrière contenue dans le Parthénon. Ce-
et en nombre infini, qui viennent orner et enrichir encore
cette enceinte déjà si riche et si belle.
Avec la conquête romaine commence la troisième pé
riode de l'acropole, celle de la décadence et de la destruc
tion, période qui s'est continuée presque jusqu'à nos jours.
Sylla fait démanteler la ville et l'entrée de la citadelle; ce
pendant il arrête le pillage, « voulant, dit-il, accorder aux
morts la grâce des vivants 89. » Athènes, où les Romains ve
naient dans leur jeunesse étudier les arts et les lettres,
fut longtemps épargnée par eux. Sous Auguste l'acropole
voit s'élever un de ces temples, si nombreux alors, dédiés à
la déesse Home et à César-Auguste 90 ; celui-ci était circu
laire. Devant les Propylées un piédestal colossal, dispropor
tionné, est érigé pour recevoir la statue d'A grippa M. Né
ron, le premier, fit dépouiller l'acropole d'une partie de ses
statues, après avoir enlevé celles de Delphes et d'Olympie,
pour orner son vaste palais, la Maison Dorée. Il ne parvient
pas cependant à l'appauvrir, car, plus tard, Strabon et Pau-
sanias y retrouvent encore, comme nous le verrons plus
loin, les statues les plus belles et les plus célèbres et re
noncent à décrire, tant elles sont nombreuses, toutes les
merveilles de l'acropole. Ce qu'elles devinrent, nous l'igno
rons; transportées à Constantinople, elles furent probable
ment détruites par les Barbares ou par les chrétiens. Sous Fig. 73. Entrée de l'Acropole (état actuel).
Valérien, la terreur causée par les premières invasions fit
relever à la hâte les murs de l'acropole. Alaric, à la tête lui-ci est éventré, coupé en deux et les condottieri s'en
de ses Goths, franchissant les Propylées pour piller les tré partagent les plus beaux fragments. Des morceaux de sculp
sors de l'enceinte sacrée, fut arrêté, dit-on, par l'effroi que ture provenant des frontons sont emportés jusqu'en Dane
lui causa la Minerve colossale, dite Athénô Promachos, mark. Ainsi, en peu d'années, tous ces monuments, ces
œuvre de Phidias '*. œuvres parfaites des plus grands artistes grecs, debout en
Au vu0 siècle, le Parthénon, l'Érechlhéion sont trans core après tant de siècles et auxquels était réservé un long
formés en églises byzantines et plus ou moins défigurés. avenir, sont défigurés et mutilés.
Au temps des croisades, les ducs d'Athènes établissent leur Nous renvoyons aux ouvrages indiqués à la bibliogra
demeure dans les Propylées et font élever sur l'aiie droite phie pour toute l'histoire de l'acropole au moyen âge et
la tour féodale qui subsiste encore (fig. 73). Sous les Turcs, clans les temps modernes, aussi bien que pour les études et
arrivés en vainqueurs, un aga succède dans les Propylées aux les restaurations entreprises depuis l'ouvrage de Stuart et
ducs d'Athènes, le Parthénon devient une mosquée, l'É- Revett, les Antiquités dAthènes, publié de 1750 à 1735,
rechthéion un harem, le temple de la Victoire-Aptère est source unique pendant longtemps des études sur l'archi
renversé pour faire place à une batterie de canons et tecture grecque, jusqu'aux travaux plus sérieux et plus
l'acropole reprend l'aspect d'une petite ville en se cou complets des architectes pensionnaires de l'Académie de
vrant de masures turques. Son entrée disparaît sous un France, qui se sont succédé à l'acropole depuis 1846, et en
énorme bastion qui ensevelit les tours et les murailles an ont dessiné les monuments avec un soin religieux. Ces tra
tiques93. En 1656, malheur irréparable! un dépôt de pou vaux sont conservés dans la bibliothèque de l'École des
dre fait explosion par accident et détruit une partie des Beaux-Arts.
Propylées. Peu après, en 1G74, arrivent d'Occident les Nous allons maintenant réunir les renseignements que
premiers voyageurs qui nous laissent sur l'acropole des fournissent sur les monuments de l'acropole les auteurs an
documents sérieux. C'est le marquis de Noinlel, ambassa ciens, et à l'aide de la Description de la Grèce par Pausanias,
deur de France à Constantinople, accompagné du peintre écrite au ne siècle après Jésus-Christ, essayer de nous la
Jacques Carrey, élève de Lebrun; ils s'arrêtent à Athènes, représenter telle qu'elle était au temps de sa splendeur.
et Carrey dessine pendant deux mois toutes les sculptures C'est l'itinéraire même indiqué par le voyageur que nous
du Parthénon : dessins précieux aujourd'hui, malgré leur allons suivre.
imperfection de style, puisqu'ils reproduisent des chefs- Après avoir visité la ville presque entière, Pausanias *5
d'œuvre en partie disparus9*. Notre ambassadeur est suivi, quitte le théâtre de Bacchus, situé sous l'acropole, au sud-
en 1676, parSpon et Wheeler, l'un Anglais, l'autre Fran est (A, voyez le plan fig. 74), et arrive à la citadelle en lon
çais, qui nous ont laissé une relation du plus grand in geant le pied des rochers, au bas de la muraille du sud. Il
térêt, car ils ont pu voir encore les Propylées surmontés aperçoit sur cette muraille l'Égide d'or, avec la tête de Mé
de frontons et le Parthénon presque intact. En 1687, les duse, offrande d'Antiochus M. Au-dessus du théâtre, dans
Vénitiens, maîtres de la Morée, viennent assiéger Athènes les rochers qui forment la base du mur (B), s'ouvre une
«8 PM. Sylla, 35.— » Corp. Insc. gr.n. 478.— »' Corp. lnscr.gr. 309.— M Beulé, estampes de la Biblioth. imp., et on les trouve reproduits en fac-similé dana l'ouvrage
l'Aa-op. d'Athènes, t. I, p. 58. — 83 stuart et ncrett, Antiq. d'Athènes, plan de de L. de Laborde, le Parthénon, I, pl. 3 et 4. — 95 I, S0 et sq. — «6 Paus. V, 12, \,
l'acropole en 1753, t. II, pl. S. — 9k Ces dessins sont actuellement au cabinet des Hcsychius, s. t. Karcxta*
ACR — 41 ACR

crotte que décore le monument choragique de Thrasyllus", doyanle (Aïjjx^Trip x^"))- On a voulu voir ces deux derniers
et des colonnes s'élèvent portant aussi des trépieds chora- sanctuaires dans les niches qui se trouvent sous la terrasse
sriques. Ces colonnes existent encore. du temple de la Victoire (D) ; mais cette opinion a été jus
Il laisse à sa gauche le théâtre construit parHérode Atti- tement combattue M. Ces deux temples, d'après les termes
eus (C). Diverses sépultures se succèdent ensuite, puis il employés par Pausanias, devaient être en dehors de l'en
rencontre les temples d'Esculape et d'Apollon, celui de la ceinte. Dès qu'il l'a franchie, sans nous parler du magni
Terre nourricière (Hj xoupo-rpôso;), et celui de Cérès ver- fique escalier qu'il dut gravir pour arriver aux Propylées,

Fig. 74. Plan de l'Acropole d'Athènes.


notre guide est frappé de la grandeur et de la beauté de Bacchus vint dans l'Attique, et la statue de Minerve Hy-
cet édifice, supérieur, dit-il, à tout autre du même giée 10k, dont le piédestal au moins nous est resté. A l'en
genre. Ici se présentent des statues de cavaliers qu'il trée du péribole de Diane Brauronia (K), une statue d'en
croit représenter les fils de Xénophon 8*, puis à droite fant, en bronze, tenant le vase d'eau lustrale m, et une
s'élève le temple de la Victoire-Aptère (D), et auprès une statue de Persée >K, œuvres de Myron, frappent d'abord les
statue d'Hécate, œuvre d'Alcamène m. Pénétrant dans le yeux. La statue de la déesse, placée dans le temple, est de
majestueux vestibule, il nous indique, à gauche des Pro Praxitèle. Entre autres œuvres remarquables il faut citer
pylées, une salle contenant des peintures, en partie déjà ici le cheval Durien'd'où sortent les Grecs qui vont sacca
détruites par le temps et qu'il décrit; il attribue deux ger Troie, ouvrage en bronze de Strongylion 107 ; plus loin,
d'entre elles à Polygnote. Le vestibule dépassé, un groupe vers l'enceinte de Minerve Ergané (L), se trouvent Minerve
des Grâces et un Mercure, surnommé Propylée, s'offrent etMarsyas m, le combat de Thésée et du Minotaure, et en
à sa vue; ils sont, lui dit-on, de Socrate le philosophe101; avançant vers le Parthénon, la Terre implorant Jupiter
plus loin, c'est la lionne en bronze érigée par les Athé pour qu'il lui envoie la pluie, d'autres groupes et statues,
niens pour rappeler le nom et l'héroïsme de la cour parmi lesquels Minerve faisant paraître l'olivier et Neptune
tisane Leama 10i, et plusieurs statues, qu'il décrit, lais un flot de la mer, et enfin l'image que Léocharès avait
sant de côté, comme il a soin de nous en avertir, les moins faite de Jupiter protecteur del'acropole (Zeù;IIo>ieu;)109.
importantes. Cependant il convient de nommer, d'après Le Parthénon (M) 110 occupe peu de place dans la descrip
d'autres témoignages 103, la Minerve porte-clef, de Phidias. tion de Pausanias. 11 parle du fronton principal, représentant
Voici ensuite la pierre sur laquelle Silène s'assit quand la naissance de Minerve, du fronton postérieur où est figu-

1 La crotte subsiste, le monument a disparu ; on le retrouve dans l'ouvrage de 51. — "»» Plin. Uist. Nat. XXXIV, 44 et 80; Plut. Pericl. 13 ; cf. Ross, Arehâolog.
Stuarl et Revett, qui ont pu le mesurer avant sa destruction : Antiq. d'Athènes, t. II, Aufsâtze, p. 189, et O. Jahn, Berichte der Leipz. GeselUchaft der Wissenschaft.
pl. Mini et iotiii. — »* Ross, Hansen et Schaubert, Die Akropolis, p. 4 ; Ilaoul 1858, p. 109. — 10* Plut. I. t. Plin. Uist. Nat.; XXXIV, 19, 31. — '0« Id. XXXVI,
Boebelle, Jour». des savant», î mai 1845 ; Pittakis,i'A«cie7ine Athènes, p. 230; Beulé, 79. — 107 Id. X.VX1V, 57 ; Paus. VIII, 46, 3. — 108 paus. IX, 30, 1 ; Schol. Aristoph.
'. /. L H. — M Diog. Laert. Il, 5i ; Eustath. ad Odyss. XI, 299. — 100 paus. Il, AveS, 1128; Ilesjch. s. i. Iripio; ; Rhangabé, Antiquités Helléniques, I. n. 41. —
M, î. — toi P,UI. ix, 35, 3 et 7 ; Plin. Ilist. Ifai. XXXVI, 32; Cf. Jahrb. fur Philol. 10» Plin. Uist. Nat. XXXIV, 67. — "o Paus. VUI, 41, 9; Dieacarch. p. 140, ed.
t. LXXn, p. j»3; Arch. zeitung, 1SC9. p. 55, pl. un. — "» Plut. De garnit. 8; Fuhr; Plut. Pericl. 13; Strab. IX, p. 395; Harpocralcs et Hesychius s. v. 'E>«-
PU». I. I. xvx, 7j. _ lOiAristoph. Thesmoph. 1136, lllï; Pliu. Uist. Nat. XXXV, ■ïotActSo; ; Bukker, Anecdota, p. 217. 21.
1. 6
ACR — 44 — ACR
frontons ont à peu près disparu ; des colonnes de l'opistho- Nous avons été puissamment aidé dans cette étude par
dome et de la cella il ne reste que les traces retrouvées par l'ouvrage si complet publié parM.Beulé en 1854. Nous ren
M. Paccard. Malgré ces ravages, un volume suffirait à peine voyons à ces consciencieuses recherches et aux autres ou
à l'étude des perfections encore appréciables dans ce qui vrages mentionnés dans la bibliographie de cet article les
subsiste aujourd'hui du Parthénon d'Ictinus et de Phidias. personnes qui désireraient plus de détails sur l'acropole
Le sol qui l'environne, surtout vers le sud, est couvert de d'Athènes. Ed. Guillaume.
grands blocs projetés, entassés par l'explosion. Au-dessous ACROTERIUM('AxpwTiiptov), acrotère.— Ce mot, dans son
d'eux le sol est formé par d'énormes tambours, à l'état acception la plus générale, signifie l'extrémité ou le som
brut, destinés aux colonnes de l'édifice et mis au rebut met d'un corps ou d'un objet quelconque 1 : ainsi les extré
pour quelque défaut; au-dessous encore vient une couche mités du corps humain, les ailes d'une statue, la proue d'un
d'éclats de marbre, résultant du travail des ouvriers pen navire ou l'éperon dont il est armé, la cime d'une mon
dant la construction de l'édifice. Enfin, les fouilles ont fait tagne, un cap ou promontoire, les créneaux d'une mu
retrouver une troisième couche formée des débris de l'an raille, le faîte et les amortissements d'un édifice.
cien Parthénon et d'autres édifices brûlés et détruits par Vitruve s'en sert d'une manière plus spéciale * pour dési
les Perses. Ce sont des fragments de chéneaux en terre cuite gner les socles qui, disposés aux extrémités et au sommet
peinte, des cendres, des charbons, mêlés à des débris de d'un fronton, servaient de supports horizontaux à des vases,
vases, de statuettes, et à des morceaux de plomb, de à des trépieds, à des sphinx, à des aigles ou à des tritons, à
bronze, etc. Tous ces objets sont conservés dans les case des statues, à des Victoires, à des groupes et même à des
mates de l'acropole et dans des baraques en bois, qui se quadriges. Il prescrit les proportions qu'ils doivent avoir et
ront prochainement remplacées, nous l'espérons, par un donne aux acrotères des angles (acroteria angularia) la hau
musée plus digne de ces précieux fragments. teur du milieu du tympan, et à celui du sommet (media-
Des sculptures offertes par Attale, il ne reste pas trace, num) un huitième de cette hauteur en plus. La même dé
non plus que des stylobates qui ont dû les porter. nomination fut souvent appliquée à l'ensemble du socle et
En nous dirigeant versl'Érechthéion nous ne rencontre de l'objet porté par lui. Plutarque nomme acrotère (àxpw-
rons guère que les fragments hors-œuvre du temple circu Tiîptov) la surélévation décorative que le sénat fit placer,
laire de Rome et d'Auguste (0). Du temple d'Erechthée et de comme marque d'honneur, sur la maison de César 3. La na
Minerve Poliade (P), chef-d'œuvre de grâce, d'élégance et de ture de cette surélévation ne nous est pas autrement
richesse, il ne reste guère que les murs et les portiques. Sa connue.
transformation en église, en harem, les ravages de lord Les Grecs sont les inventeurs de l'acrotère; ce rappel
Elgin et ceux des tremblements de terre ont fait disparaître heureux de la ligne horizontale, qui semble donner aux
les distributions intérieures et même une partie des points angles du fronton plus de stabilité, devait être inventé par
d'appui extérieurs. On reconnaît encore une partie du pé- eux. Cependant, beaucoup de temples grecs en sont dé
ribole et dans cette enceinte s'ouvre la fissure du rocher, pourvus. Nous les trouvons au Parthénon *, au temple de
communiquant à la grotte d'Agraule, par laquelle les Per la Victoire Aptère 5, au temple de Némésisàlthamnus *, au
ses s'introduisirent dans l'acropole M*. Ici ont été retrouvés, temple de Diane à Eleusis 7 et au portique de l'Agora d'A
en partie, les bas-reliefs qui se détachaient sur la frise en thènes, que nous reproduisons (fig. 78) 8.
marbre noir d'Eleusis, du portique nord, et des stèles pré
cieuses qui nous ont fait connaître les comptes des dépenses
laites pour l'achèvement du temple, les sommes consacrées
à la sculpture, à la peinture et à la dorure de ses diffé
rentes parties.
Enfin, si nous revenons vers les Propylées, nous observe
rons les vestiges du piédestal de la Minerve Promachos (Q)
et sur le rocher en pente, les stries transversales qui démon
trent que le roc nb fui jamais, sur le plateau, recouvert
Fifj 78. Fronton du portique de l'Agora d'Athènes.
d'un dal!a?c. Nous pourrons ensuite, comme Pausanias,
quitter l'acropole, n'ayant, comme lui aussi, qu'esquissé Au temple d'Égine on a retrouvé non-seulement les so
le long et difficile travail qu'exigerait une description com cles, mais encore des fragments des sphinx ou des griffons
plète d'un tel lieu, unique au monde. qui étaient placés aux angles et le fleuron flanqué de deux

1" Herodot. VIII, 53. Cf. Paus. I, H, î. — BiBLioonipniE. Outre les ouvrages Thierscta, Ueber das Erechtheion, etc. Abhandl.dcr bayrisch. Akad. (Philo1. Classe!,
rités dans les notes au sujet des nombreuses acropoles nommées dons l'article, voyez I S S9 ; id. Epikrisis der neuesten Untersuchungen ûber das Erechtheion ; ibitl. 1857.
;jour l'acropole d'Athènes : Stuart et Rcvett, The Antiquities of Athcns, Lond. 1161 C. Botticher, Der'Polwstempel als Wohnhaus des Kônigs Erechthens. Berlin, 1851 ;
et suiv. ; Lcake, Topography of Aihens, Lond. 1821; 2e éd. 18*1; Forchammer, 7bno- id. Ueber die letztc bauliche Untersuchungen des Erechtheion, in Erbkams, Ze:t-
graphie von Athen, Kiol, 1541 ; BrOndsted, Voyage et Recherches en Grèce, Paris, 18 àO; schrifl fur Rauicesen. Berlin, 18 >9 ; tihoisy. Courbure dissymétrique des degrés qui
Ross,Hans?n et Schaubert,Z)ie Akropoiis von Athen. Berlin, 1839 ; Raoul Rochctte,/our- limitent au couchant la plate-forme du Parthénon, dans Comptes rendus des séances
nal des savants, 1851; Penrose, An Investigation of thô prinviples of Athen archit. de l'Acad. des Inscr., 1865. p. 413. — Les personnes qui voudront étudier de près
Lond.lSM ; Beulé, f Acropole d'Athènes, Paris, 1851 ; 2° éd. 1S62; E. Curlius, Attische les monuments de l'acropole auront recours aux études des architectes pension
Studien, C.otting I8".2; id. Sieben Kartenzur Topogr. Aihens, mit erlatiterndem Text, naires de l'Académie de France déposées à la bibliothèque de l'École des Beaux-
1 SOS ; Ross, Archaeolog. Aufsâtze. Leipz. 1855; Michaëlis, Ueberdenjetz.Zuslanddcr Arts. Elles consulteront, en particulier pour le Parthénon, la Restauration dn
Akropol, in Rhein. Muséum, Xouv. série, t. XVI ; Bursian, Géographie von Gricchen- M. Paccard (1846 et 18 17) ; pour l'Ereehthéion, celle de M. Tetaz (1817 et 1818';
Ifind, 1862; E. Breton, A thènes décrite et dessinée, Paris, 1862; L. de Luborde,Athènes pour les fropylées, celles de M. Desbuisson (1818) et de M. Boitte (1866).
aux xv". xvie et ivn" siècles, Paris, 1854; C. Botticher,5m'c/i/ ùberdie Untersuchungen ACROTKR11M. 1 Voy. le Thésaurus de Henri Etienne, ». v. — « III, 3. —
aufder Akropoiis von Athen im Fruftjahre 1862, Berlin, 1863 ; 0. Mù\lcr,Alinervae Po- s Plut. Caes. Llin. — • Stuart et Revett, Antiq. d'Athènes, 11, pl. vi. — • Ph.
liadis sacra et aedes, 1820; L. de Lnborac.le Parthénon. documents, Paris, 1848; Tctaz, Le Bas et Landron, Voyage archcol. en Grèce, pl. u. — • The unedited antiq. of
Mémoire explicatif de la restaurât, de l'Éreehthéion. Rev. archèol. t. VIII ; Inwood, Altica, c. 6, pl. u. — 1 1bid. c. 5, pl. u. — » Stuart et Bcvett, Antiq. d'Athènes,
ihe Erechtheion, Lond. 1827 ; Von Quast, dus Erechtheion zu Athen, Potsdara, 1843 ; c. 1, pl. IV.
ACR — 45 — ACR
petites figures de femmes drapées, qui couronnaient la raissent en reproduire la disposition extérieure. Ces tom
pointe du fronton. La figure 79 montre ce fleuron et ces beaux sont surmontés de frontons accompagnés d'acrolères
(fig. 81).
Les Romains ont employé les acrotères avec plus de pro
fusion que les Grecs ; il n'est guère de médaille romaine

Fig. 81. Acrotère d'un tumbeau étrusque.


représentant des monuments, où l'on ne voie le couronne
ment des édifices, le fronton des temples chargés de pal-
mettes, de statues, de groupes, etc. Nous donnons ici
comme exemples un grand bronze de Galigula (fig. 82)
et un autre (fig. 83) de Faustine la jeune lk.
Fig. "9. Acrolère du temple d'Égioe.
deux statuettes, tels qu'ils furent dessinés au moment de
leur découverte 9. Le beau fleuron triangulaire qui cou
ronne encore le monument choragique de Lysicrate, à
Athènes, est aussi un acrotère (fig. 80); ce fleuron servait

Fig. 82 et 83. Temples romains ornés d'acrolères.


Les textes aussi nous démontrent l'existence très-fré
quente, sur les monuments romains, d'acrotères, indispen
sables pour faire porter sur les pentes des frontons des
objets quelconques. Pline nous parle de statues placées sur
le fronton (th fastigio) du temple d'Apollon 15 ; d'un char
à quatre chevaux, avec Apollon Palatin et Diane, d'un seul
bloc, placé dans un édicule orné de colonnes, sur un arc
dédié par Auguste à son père Octave 1C; du temple de Ju
piter Capitolin dont le fronton était surmonté d'un qua
drige 17 ; du Panthéon d'Agrippa enfin, décoré par le sculp
teur Diogène, d'Athènes, dont les statues posées sur le faîte
Fig. 80. Fleuron du monument de Lysicrate. à Athènes. (sicut in fastigio posita signa), étaient moins appréciées, dit-il,
à cause de la hauteur où elles étaient placées Tile-Live
de support à un trépied 10. 11 existait aussi des acrotères nous raconte que la foudre frappa la statue de la Victoire,
sur un grand nombre d'édifices disparus, mais qui nous sont élevée au sommet du temple de la Concorde ".
rappelés par les auteurs. Pausanias nous décrit un temple Dans les monuments romains qui existent encore nous
d'Ksrulape, à Titané, où l'on voyait la statue d'Hercule sur trouvons des acrotères au Panthéon de Rome *°. Un très-
le fronton et des Victoires aux deux angles 11 ; il nous dit beau spécimen d'acrotère angulaire existe encore sur le
qu'au temple de Jupiter, à Olympie, il y avait un vase doré Quirinal dans les jardins du palais Colonna, parmi les énor
sur chacun des angles du fronton, et sur le sommet une mes débris du temple du Soleil Celui-ci est décoré, à sa
Victoire, également dorée, au-dessous de laquelle était partie supérieure, de moulures qui se prolongent jusqu'à
représentée, sur un bouclier d'or, la Gorgone Méduse ". la rencontre de la pente du fronton.
Il n'existe plus de temples étrusques, mais on peut ima Autant que nous en pouvons juger par les exemples sub
giner quelle était la décoration des frontons de ces temples, sistants, les Grecs donnaient aux acrotères des extrémités
d'après des tombeaux qui subsistent à Norchia " et qui pa- des frontons moins d'élévation que n'ont fait les Romains ;

» Blouet, Expédit. de Aforée, III, pl. lui, lv et lvi ; Garnier, Itev. archéol. 1854; teries of Elruria, I. p. Ï13. — !* Cohen, Afonn. imp. raligula, 18 ; Aîonum. ined.
W- Kinnard, Suppl. aux Antiq. d'Ath. de Stuart, .Ylonum. fuo. p. 14; Cockcrcll, del. Inst. arch. 1834, tav. M. — •» Plin. Hist. Nat. XXXVI, 4. — « Id. XXXVI, 4.
Journ. of science and art, t. VI, pl. i, n. — >° Stuart et Hnett, Antiq. d'Athènes, — » Id. XXXV, «, S. — W Id. XXXVI, 4. — '» Tit. Ut. XXVI, J3. — *> Desgodeli,
pl. i, un et mi. — H Pau-nu. II, c. 11. — u Id. V, 10 ; Blouot, Expéd. de ilorée, les Édifices antiques de Home, pl. m et it. — *' Canina, Architettura romana. pl. n
I, pl liti. — 13 Mon. ined. del. Inst. arch. I, pl. xlviii ; DennU, Ciliés and ceme- et LU.
ACT — 46 — ACT
en revanche, ils les plaçaient plus près du bord de la corni tains actes de la juridiction volontaire par-devant le magis
che, à plomb du larmier. Quoique plus haut que ceux des trat, afin de leur assurer l'authenticité 10. Dans différents
monuments grecs, l'acrotère du jardin Colonna est loin de cas, cette solennité était même exigée par les principes du
correspondre à la proportion recommandée par Vitruve. Il droit [donatio, procurator]. Quant à la sentence, sous la
est beaucoup moins élevé que la moitié du tympan renfermé procédure extraordinaire, elle devait toujours être rédigée
par le fronton dont il a fait partie. en minute, et insérée sur un registre ad hoc, dont extrait
Au petit temple situé près du stade de Messène on peut pouvait être délivré aux parties ".
voir des acrotères d'angle d'une forme particulière, dans 11 importe de ne pas confondre les acta senatus, pas
lesquels le plan horizontal supérieur n'est pas prolongé jus plus que les acta populi ou acta diurna, avec les annales
qu'au rampant du fronton et se trouve arrêté par un plan MAXIM. G. Humbert.
vertical ,s. Les bas-reliefs et les peintures antiques four ACTA FORENSIA, ACTA JUDICIORUM. — On enten
nissent aussi des indications nombreuses et très-variées d'a- dait par acta forensia, dans la langue du droit romain, les
crotères. En. Guillaume. écrits privés destinés à constater les faits juridiques investi-
ACTA. — Ce mot était employé chez les Romains dans trois tifs ou privatifs de droits ; on y comprit encore, sous le
acceptions principales, indépendamment des modifications Bas-Empire, les acta judiciorum, qui avaient pour objet de
que chacune d'elles était susceptible de recevoir par l'addi mentionner des faits dépendants de la juridiction volontaire
tion d'une épithète. M. C. Hiibner, dans son excellente dis ou contentieuse des tribunaux. On traitera successivement
sertation sur les acta1, que nous n'aurons le plus souvent ici ces deux points.
qu'à analyser, a très-bien mis en lumière ces diverses signi I. Indépendamment des registres brouillons appelés ad-
fications d'après leur origine. versaria, où les citoyens romains avaient l'habitude de
I. D'abord, au point de vue du droit public, actum (de consigner les faits intéressant leur fortune, et du codex ac-
agere) indique un acte accompli par un magistrat supérieur cepti etdepensi\où ils reportaient régulièrement ces men
ayant le jus agendi cum populo, en vertu de son imperium, tions, à la fin de chaque mois, on tirait souvent de l'écri
et dans l'exercice de ses fonctions civiles *. Cette notion ture une preuve préconstituée [cautio, instrumentum], des
dut naturellement s'appliquer, sous l'Empire, aux actes du faits juridiques de quelque importance. Le prêt de con
prince par lesquels s'établit l'usage de prêter serment (ju- sommation ou mutuum, comme la libération per aes et li-
rare in acta principum) 3 [acta principis]. bram, et le contrat verbal de stipulatio [obligationes], se
II. On nommait encore acta, la relation écrite des actes, constataient habituellement par une mention faite au co
non-seulement des magistrats, mais encore du sénat, des dex du créancier avec le consentement du débiteur, et
corporations et collèges, dont la désignation plus exacte ordinairement contrôlée par une mention semblable sur le
serait actorum commentarii (ûuoijLvr^AaTa) 11 existait à Rome, registre de celui-ci *. La mention d'un prêt "s'appelait
comme on le voit par beaucoup d'inscriptions, un grand arcai-ium nomen preuve invocable même contre les
nombre de corps constitués, qui avaient l'habitude de con peregrini. Ceux-ci introduisirent aussi l'usage de sim
signer par écrit leurs actes principaux. Ces écrits ne doi ples écrits appelés chirogiapha ou syngrapha, suivant
vent pas être confondus avec certains livres de comptes qu'ils étaient signés d'une seule des parties ou de toutes
nommés libri commenlarii, labulae, rationes, à la rédaction deux [cbirograpuum]. La rédaction de ces écrits avait, pour
desquels étaient attachés les scribae iibrarii a commenlariis les peregrini, la force obligatoire d'un contrat litteris mais
[commentarii, scribje], ou les commentarienses a rationibus, entre Romains, elle servait seulement, longtemps avant Jus-
ou rationales; tandis que les acta, lorsqu'ils eurent des ré tinien s, de simple moyen de preuve, et ne se confondait
dacteurs spéciaux et officiels, furent tenus par des employés pas avec la solennité littérale des nomina transcriptitia
nommés ab actis [actis (ab)], quelquefois actuarii ou uctarii, dont la mention sur le codex était, par elle-même, une
ensuite notarii et censuales. cause efficiente (causa civilis) d'obligation. Mais, avec le
III. Nous trouvons plus tard le mot acta employé pour temps, les nomina transcriptitia tendirent à disparaître et
désigner les procès-verbaux constatant les actes judiciaires ne furent guère plus en usage que chez les banquiers [ar-
accomplis devant les tribunaux de Romo ou des munici- gentarii]. D'un autre côté, l'usage des chirograp/ta ou syn
pes 5 [acta forensia]. Cet usage paraît n'avoir pas existé grapha, devenu fréquent chez les Romains, finit par se con
encore du temps de la République, nonobstant l'argument fondre complètement avec celui des simples cautiones, dont
tiré d'un passage de Ciçéron". On peut admettre en effet, avec l'eiret probatif ressemblait beaucoup, dans la pratique, à
Dureau de la Malle 1 et M. Hiibner, et malgré l'autorité de la force obligatoire des chirograp/ta chez les peregrini. C'est
Le Clerc8 et de Turnèbc, qu'il s'agit là des registres privés, ce qui facilita la fusion opérée ensuite par Justinien en
codiecs acceptict expensi, ou des écrits produits devant les tre ces deux espèces d'actes 6, à l'occasion de l'exception
censeurs, et non pas d'ACTA judiciorum ; nous renvoyons de non numeratae pecuniae. On employait d'ordinaire des té
même à des articles spéciaux pour les actes privés ou acta moins pararii pour attester l'authenticité de l'écriture des
FOitENSiA,etpourles acta militari a9. Disons seulement qu'à actes privés [testis] 7. La forme des testaments était sou
la fin de l'Empire, les particuliers faisaient constater cer- mise à des règles spéciales pour lesquelles nous renvoyons.

*î Bleuet, Expcd. de Aforc'e, I, pl. i\xm et xxxi. Just. De sententiis, VII, 44 ; Lyilus, De magistrat. III, 1 1.— BnniuGiupiiiE. Just. Lips.
ACTA. 1 De senatus populique romani actis, Lipaic, 'l 838. — s App. Dell. cic. y, nd Tacil. Annal, excurs. A ; et Annal. XV, 53 ; Bccker, Domische Alterthùmer, 1,31 ;
73 [ Cic. l'hil. I, 7 à l(J. — S Marquardt, llôm. Alterth. II, 3, p. 211, 213, 224. — Il 2, p. 455 ; Hiibner, oper. laud. et les auteurs cités par lui, p. 3 à 5 ; V. Le
» Cic. Ad AU. II, 1, l!j App. Bell. cic. II, 125; Tacit. Annal. XV, 7 i.— 5 Savi^ny, ( 1ère, Des journaux chez les Domains. Paris, 1 S 3 S.
Dut. du droit rom. au moyen âge, I, p. 107, 2e éd.; Spangenherg, Juris rom. tabul, ne- ACTA FOHENSIA, ACTA JUDICIORUM. 1 Cic. De legib. III, 1. — I Orlola:i,
ijol. solcn. p. 48, 29S; Cûbucr, op. laud. p. 6.—« Cic. De legibus, III, 4. — ' Écon. lustit. de Just. titre XXI du livre III. — S Gaius, Dut. III, 131, 132. — » Gaius, ibid.
polit, des /loin. I, p. 162, note 2. — 8 Des journaux chez les Romains, p. 2n3. — 131. — » Distit. III, 21; cf. fr. 47, § I. Dig. De pactis, II, II ; fr. 41, § 2. Dip. De
» Voyez aussi Acrtliaii. — lu Yatic. fragm. 112, 317 ; Gaius, IV, 83, 81, Institut. usur. XXII, 1. — « Instit. III, 21 ; Cod. C 14. De non num. pce. IV, 30, et C 17. De
f. il Dig. Deauct. tulor. XXVI, S ; Hudoilf, liechtsgesch. II, p. 232, 251.— Il Cuti. fide instr. IV, 21. — 7 Scnec. De benef. II, 13.
ACT — 47 — ACT
à l'article testamentum ; il en fut de même des donations d'un municipe, mais autorisé à cet effet par la loi ou l'usage.
[dosatio] sous Constantin. Le jurisconsulte Paul nous a con Telles sont l'adoption, la cessio in jure, la manumissio vindicte
servé dans ses Sentences 8 une partie d'un sénatus-consulte dont les formes sont décrites dans les articles relatifs à ces
rendu sous Néron', et prescrivant des mesures générales pour actes [adoptio, cessio in jure, manumissio] ; plus tard, \amanu-
la forme des instruments (tabulae)qui contenaient la preuve mùsio in sacrosanctis ecclesiis, en présence1 des évêques 19, la
littérale des contrats publics ou privés. Comme l'écriture des légitimation, enfin la nomination du tuteur Alilianus ou
Romains ne ressemblait en rien à notre écriture cursive, il Julio-Titianus [TUTon], et celle des curateurs des imbéciles,
était difficile de distinguer la main ou la signature d'une des infirmes ou des mineurs de vingt-cinq ans M [curator]
personne : de là l'usage des cachets, des témoins, de ont été, par extension", attribuées par plusieurs loisàla ju-
Yannotatio, de la subscriptio, etc., dans les actes instrumen- ! ridiction de certains magistrats, savoir au préteur et aux
taires. D'après le sénatus-consulte qui vient d'être cité, l'écrit tribuns originairement, puis aux consuls, au gouverneur
devait être percé en haut de la marge et au milieu de l'acte de province, et, en certains cas, aux magistrats munici
et lié par un fil passé trois fois dans les ouvertures; puis la paux ". Les actes de juridiction volontaire pouvaient être
cire apposée sur ce triple lien devait recevoir les cachets accomplis en dehors du tribunal et en tout lieu, in trans-
de l'auteur et des témoins, pour garantir l'immutabilité itu, in balneo, etc. **. Ils étaient constatés néanmoins soit
de la charte intérieure. Rudorff 10 signale trois monuments par des témoins, soit par le greffier [scriba, ab actis), du
semblables récemment découverts. Le même auteur a ras magistrat, assisté de témoins. Nous n'avons pas de preuve
semblé, dans son excellente Histoire du droit romain, les in directe qu'il en ait été ainsi sous la République; car cette
dications de monuments diplomatiques, ou actes privés, preuve manque même pour les actes de juridiction con-
qui sont parvenus jusqu'à nous11 : dédicaces de temples, tentieuse. Le passage de Cicéron * qu'on a invoqué pour
donations, sollicitations, ventes et traditions, emphytéoses, l'affirmative, se rapporte en effet à la production devant
testaments et codicilles, etc. les censeurs de titres privés, propres à établir la fortune ou
Sous le Bas-Empire, lorsque la procédure extraordinaire la propriété des particuliers". Un passage de Tacite fait
succéda à la procédure par formules, l'usage de la preuve allusion à des actorum libri, qui paraissent avoir été seule
écrite ayant prévalu devant les tribunaux, les actes privés ment des ouvrages privés relatifs aux débats judiciaires,
devinrent d'autant plus fréquents, comme le prouvent plu quelque chose comme des recueils de causes célèbres ".
sieurs lois spéciales relatives à la vérification d'écriture Au contraire, il est certain qu'il s'introduisit, sous les em
En effet, pour la rédaction des actes, on avait l'habitude pereurs, une forme spéciale pour les actes de juridiction
d'employer des tabellions [tabellio] qui occupaient des bu volontaire. Les parties faisaient dresser par un officier pu
reaux (stationes) établis sur la voie publique. Ils formaient blic un procès-verbal {acta ou gesta) qui constatait authen-
une communauté spéciale Justinien exigea " pour la tiquement l'accomplissement des actes dont il s'agit C'est
validité des actes privés qu'ils fussent revêtus de la subscri ainsi que l'on pouvait constituer un mandataire [procura -
ptio des parties, même lorsqu'ils étaient rédigés par un ta tor] apud acta praesidis et magistratus, comme nous l'ap
bellion. Dans ce dernier cas, l'authenticité des instruments prend le jurisconsulte Paul". C'étaient des employés {offi
publics devait être attestée par la présence et la subscrip- ciâtes) An gouverneur, ou même des magistrats municipaux"
tion de trois témoins, comme s'il s'agissait d'actes privés qui étaient chargés de cet office50 d'après une constitution
ordinaires"; auparavant, lorsque la sincérité d'un écrit était rendue en 366 par les empereurs Valentinien I et Valens. A
mise en question, l'usage était de la faire affirmer par les leur défaut, le defensor civitatis présidait à la rédaction
sept témoins que l'on avait fait intervenir pour y appo de ces actes 31, qui exigeait le concours de trois curiales au
ser leur subscription u. Quant à la production des titres moins et d'un exceptor ou scribe, aux termes d'une Consti
en justice et à l'ordre dans lequel les preuves devaient être tution émise à Milan, en 396, par les empereurs Arcadius et
faites soit par le demandeur pour son action, soit par le Ilonorius, relativement à la forme des municipalia gesta 3i.
défendeur en ce qui concernait ses exceptions ou défenses, Cette disposition fut renouvelée par une novelle de Valen
nous renvoyons aux articles spéciaux sur ces matières tinien III **, de l'année 445. Justinien fait encore mention,
[actio, probatio] ". dans ses Institutes **, de plusieurs cas où des actes de juri
II. Les acta judiciorum avaient plus spécialement pour diction gracieuse sont constatés par les magistrats : ainsi
objet de constater les actes relatifs à la juridiction gracieuse le titre de fils donné à un esclave dans les actes (actis interve-
ou côntcntieuse des magistrats. nientibus) suffit pour opérer l'affranchissement38; de même
A. Les actes de juridiction volontaire ou gracieuse 18 ne l'adoption, comme l'émancipation58, se fait par des actes pas
supposent pas un litige, bien qu'ils doivent être accomplis sés en présence du juge compétent, ou des magistrats à ce
solennellement devant un magistrat du peuple romain, ou autorisés par les lois ou la coutume.
* Sent, rscept. V, 25, 6, ■ adhibitis testibus ita signari, ut in summa margiuis ad 2. Dig. De off. proc. I, 16. — 1» Pothicr Pandcct. XL, I, n» 1. — » Imt. Just. I, 20
mMnim partent perforatae triplici lino constringantur atque impositae supra linum et 23. — « Kr. 67, § 2, Dif. De tutelis, XXVI, 1 ; fr. I, De jurisdict. Il, 1. —
crrae signa imprimantur, ut exteriores scripturae /idem interiori servent. ■ — 9 Suet. M Paul. Becept. Sent. H, 25, 4 ; C. 4, Cod. De vind. VII, I ; C I, 6, Cod. De
Xer. 17; Quint. XII, 8, 13 ; Apul. Demag. cd. Ilip. p. 95. — 10 Bômùch. Jiechts. émane. VIII, 49. — » Fr. 7. Dig. De mon. vindict. XL, 2 ; Instit. Just. I, 5, 2. — nDe
u I, p. SS4, note 15 ; Berichte der Berlin. Akad. 26 hot. 1857 ; Sitzungberichte legibus, III, 4. — Iliibncr, De sénat, populigue ro'nani acte, p. 6 et 7. —
der Weiaer Akad. XXIII, 5, 1857, p. 605, 6Î5. — " I, p. S31 à 234. On trouve à Tac. De oral. 37; cf. Vopisc. Vit. Aurel. I!-I4. — 17 Fr. 21 De auct., Di;:.
U page: SI 6 une bibliographie détaillée de la matière. — » C. 16 et 20 Cod. Jus- XXVI, 8; Walter, Gesch. des rôm. Rechts, II, § 691, p. 33! ; Savigny, Rûm. Recht. m
lin. De fiile instr. IV, 11; Nov. 4», c. 2 ; Not. 73, c. 3, 4, 6, 7. — " Godefr. Ad Atittetalt. I, §§ 27, 28; Vatican, fragm. 317. C 29 et 3t, Cod. Theod. De app. clpœn.
c. m Cod. Thcud. De decur. XII, 1, De fide instrum. et Belhniann-Hollwefr, XI, 30. — " Becept. Sent. I, 3, n" 1. — *» Uethmann-Hollweg, Gerichtwcrfassung,
Geriehtsverfauung, § 17 ; Nov. 44 ; Nov. 13, c. 2, 5, 7, 8. — l* C. 17 Cod. IV, 21. g 15. — S» C. 2 Cod. Just. De mag. mun. I, 56. — SI C. C, Cod. Theod. De don.
— n Nov. 73; c. 2 et 5 combinés. — " Waltcr, Geschichte des rom. Ilechts, II, VIII, 12 ; C. 30, Cod. Just. VIII, 12 ; C. 1, Cod. De offic. jurid. I, 57 ; Not. 15, c. S.
I». 190, no 715; Mommsen, De collegiis, p. 105; lluschke, tu Savi^ny, Zeitschrift, — « C. 151, Cod. Thcoil. De decurion. XII, I. — M Tit. XVIII, De tribut, fiscal.
XII. 194; Mommsen, Ueber die Subscription, etc., in Berichte der sàchs. Gesetlsch. § 10, édit. Haenel, p. 183. — » I, 11, | 12, De adoption, et I, 12, g 8, Ont*, moi),
1*31, p. 72-383. — " CL Rudorff, Rimisch. Bechtsgesch. Il, g 76, p. 251, «M. jus patest. solvitur ; g 6 eod. — >» C. I, Cod. de latin, lib. tollenda, VII, «, g 10.—
— » Walter, Gesch. des rômisch. Rechts, 1S60, 3" éd., II, n» 691, p. 331; Fr. »« C. 6, Cod. De émane, liber. VIII, 49 ; C. 11, De adopt. VIII, 4».
t

ACT — 48 — ACT
B. Les acta j'udiciorum ayant un caractère contentieux Nous n'avons pas à retracer ici l'ensemble des actes de
devaient être inconnus sous l'empire du système de procé la procédure extraordinaire ; il suffit d'indiquer ceux qui
dure appelé legis actiones [actio], puisque le fait le plus im donnaient lieu à des acta judiciorum. Ainsi les officiâtes dres
portant du litige, celui qui posait la question du procès, et saient procès-verbal des plaidoiries et des réponses w, assi
le séparait en deux phases (le jus et le judicium), la litis gnaient les témoins, constataient leurs dépositions par écrit
contestatio, était, comme son nom l'indique, attesté par et les communiquaient aux parties M. Enfin, par une inno
témoins. Au contraire, le régime formulaire exigea d'abord, vation des plus importantes, les empereurs Valentinien,
en général, la rédaction d'une formula instruction écrite Valens et Gratien, dans deux constitutions rendues en 371
par laquelle le magistrat du peuple romain nommait le ju- et en 374, exigèrent à peine de nullité que toute sentence fût
dex et lui conférait le pouvoir de condamner ou d'absoudre, rédigée par écrit et lue d'après la minute, ex periculo Il
suivant la solution qu'il donnerait au problème fixé par la existait un registre des jugements tenu aux archives du tri
formule. Néanmoins, cette instruction était délivrée aux bunal, où la décision était insérée et signée du juge; il en
parties, et on ne voit pas apparaître, dans l'origine, la né était délivré copie aux parties avec extrait du procès-ver
cessité légale d'un grefTe pour les actes judiciaires ; la sen bal **. Autrefois le juge, dans les cas difficiles, pouvait
tence elle-même était prononcée de vive voix, avec ou sans adresser à l'empereur un rapport (relatio) pour se dispenser
minute (tabella)'1. Car, bien que le magistrat [praetor] ou de décider mais cet usage fut aboli par Justinien65. Nous
praeses eût un officium à son service, le judex ou arbiter, renvoyons à un autre article [judiciorum onno], quant au
simple particulier, n'en avait point. C'est ainsi qu'on s'ex mode d'ouvrir l'instance par un libellus supplications, adressé
plique la nécessité de laJUDiCATi actio, aboutissant à une à l'empereur 56. Notons seulement que les frais d'acte et de
condamnation du double contre celui qui niait l'existence procès étaient payés aux offïciales et même aux juges péda-
d'une sentence judiciaire où il avait été partieS9. Cependant il nés [judex p^daneus], sous le nom de sportulae; ces frais, d'a
paraît que dès les premiers temps de l'Empire, on tenait pro bord proscrits, furent ensuite tarifés Cependant, pour les
cès-verbal des dires des parties mjure, et de l'interlocutoire 40 affaires urgentes, on procédait oralement afin d'éviter les
que pouvait prononcer le magistrat en certains cas M. frais, sauf à tenir note sommaire des procédures et du ju
La procédure devant le judex était en général purement gement. L'exécution se fit aussi, sous l'Empire, au moyen
orale ; cependant le défendeur défaillant pouvait être cité de saisie par les officiers de justice 88 ; l'appel avait lieu de
par lettres ou afliches M. Sous le Bas-Empire, la multi vive voix apudacla, ou par libellus appellationis 59, et le juge
plication des ciignitiones extraordinariae, c'est-à-dire des cas remettait à l'appelant un certificat nommé apostoli, ou lit-
où le magistrat jugeait seul, sans formule, et, par consé terae dimissoriae, avec copie des pièces60; le tout était trans
quent, sans renvoyer devant un judex, dut favoriser l'inva mis, dans un certain délai, au tribunal supérieur. De plus,
sion de la procédure écrite. Ainsi, nous voyons que sou au cas où l'appel était porté devant l'empereur, une relatio
vent le préteur fait citer le défendeur M. Cette forme même détaillée de l'affaire devait être dressée par le juge, com
dut prévaloir non-seulement sur l'ancienne vocatio in jus, muniquée aux parties pour recevoir leurs observations, et
mais encore sur la denuntiatio introduite par Marc-Aurèle envoyée par des messagers à Yofficium impérial M. On peut
et organisée par Constantin. Ce dernier, dans une con en voir les exemples curieux que nous en a conservés Sym-
stitution de l'année 322, ordonna que la dénonciation serait maque 6S. De la chancellerie l'afTaire était transmise au
laite devant le recteur de la province, ou les magistrats consistorium principis, qui devait l'examiner et la décider 6:1.
ayant le jus actorum conficiendorum Mais, au temps de Mais, plus tard, l'application de cette forme d'appel fut
Justinien, cette formalité cessa d'être en usage ; elle fut restreinte aux jugements rendus par les plus hauts digni
remplacée par une requête (libellus), signée de l'actor, taires de l'Empire 84. Bien qu'on ne pût appeler des sen
et contenant l'exposé sommaire de la demande, qui était tences du préfet du prétoire, on employa dès le iv" siècle
transmise par un viator ou executor du magistrat au dé une sorte de requête civile, sous le nom de supplicationes
fendeur **, avec une citation à comparaître. Venait en ou retroctationes 65 ; mais cela est vrai surtout des cas ex
suite un nouvel acte, un écrit que donnait le défendeur, traordinaires, où on admettait la restitutio in integrum,
constatant la réception de la citation La procédure ex même contre les sentences de l'empereur et du préfet du
traordinaire était devenue la règle à partir de Dioclétien. prétoire M.
Sous Constantin, les formules d'action furent abolies 18 ; En résumé, on voit que les officia ou greffes des tribu
c'étaient en général les bureaux du magistrat, et notam naux de diverse nature, étaient chargés, sous le régime de
ment le fonctionnaire nommé abactis, qui prenaient les me ce système de procédure d'où la nôtre est sortie, de la
sures nécessaires pour préparer l'instance et amener les rédaction d'un très- grand nombre d'acta judiciorum.
plaideurs devant le tribunal Rudorff donne l'indication des monuments de cette na-

" Gaius, Inst. IV, 30 ; Laboulaye, Traduct.de la Procerf. civ. deWalter. Paris, 1811, Epitt. X, 48. — « C. 20, Cod. Just. De testib. IV, 20 ; Not. 90, e. 3, 5, f. — " C. 2
). 3, 17, 3», "3 et passim. — 3> Laboulaye, ibid. p. 66 ; Sueton. Claud. 15 ; Orelli, 3671 ; et 3, r.od. Just. De sent, ex pericul. recitand. VII, 44 ; et C. 1, 2, 3, Cod. Theod.
Spaagetibcrg, Jurisrom. tab. negot. solemn. 31;Gruter, Insc. p. 2f-9. — 39 Gaius, Inst. IV, 17.— MLydus, De mag. III, 11. —» C. 5, Cod. Theod. De rcl. XI, 29.— 65 Not. 123.
IV, 171. — Wc 4, Cod. Commutât. VU, 57 ; Cf. pour les curatores urôù, Lamprid. — !• Laboulayo, Op. I. p. 80.— « C. 7, Cod. Theod. I, 16; Theophil. Inst. IV, 6,34 ;
Alex. Sever. 33, et Hùbner, De sen. populique roman, actis, p. 61. — '1 Vatic C. 29, § 1, Cod. De episc. aud. I, 4 ; C. 12, g 1, De proxim. Cod. Just. XII, 1?; La
Fr. I It ; te. tl, Dig. De auct. Infor. XXVI, 8 ; fr. 3, De his qui in test. XXVIII, A ; boulaye, Op. L p. 81. No». 82, c.7. — 5« Lyd. De mag. 111, 11, 12.— 5» Fr. 1, §4, Dig. De
Spangcnhcrg, op. laxid. n° 63 ; Laboulaye, op. laud. p. 61. — '* Paul. Sent. V, appell. fr. 5 et 4, id. XLIX, 1. — M Fr. un. Dii;. De lit. dim. XLIX, 6 ; Paul. Sent.
5, a ; Laboulaye, op. I. p. 66. — »3 Fr. 1, S 1, De fer. Dig. II, H ; fr. 1, § 1 et 3 D. De V, 34 ; C. !4, Cod. De appell. VII, 65. — «' C. 5, Cod. Theod. De rcl. VII, 62 ; C. 63,
inspic. vent. XXV, 4 — « Aurel. Vict. De Caesar. 16. — « C. 3, Cod. Thcod. De Cod. De app. XI, 30 ; C. 3, Cod. De repar. app. XI, 31 j C. 2, 5, 9, Cod. Just. De temp.
denunt. II, 4. — •« Consult. vet. jur. c. 6 ; C 3, Cod. Just. De ann. exe. VII, 40 ; app. VII, 63. — ** Epist. X, 48, 52, b3. — «» C. 2, Cod. De légat. 1, H. — « Lydus,
Inst. g 14, De act. IV, 6 ; C. 17, g 1, Cod. De dignit. XII, 1 ; Not. Iï3, c. 8. — De mag. II, 15, 16 ; C. 32, gg 2, 3, 4, 5, De app. Cod. VII, 62 ; Not. 23, r.. 2 ; Not.
M Not. 53, c. 3 , C unie. Cod. De his qui pot. nom. H, 15 — >8 c. 1, Cod. De form. 62 ; Laboulaye, Op. laud. p. 101. — « C. 5, Cod. Just. De precib. imp. off. I, 19;
Il, 58 ; Laboulaye, l. I. p. 75 — »» C. 7, Cod. Theod. De offic. rect. prou. I, 16 ; C. un De sent, praef. practor. VII, 42 j C. 30, 35, Cod. De oppell. Vil, 62 ; Not. 82,
I.ydus, De magist. III, 10 , C 1, g 6, Cod. Just. De advoc. die. jud. Il, 8 ; Nov. 8», c. m, et 119, c. m. —« Fr. 1, g 3, 1). De off. praef. praet. 1, 11 ; fr. 17, 18, g 1-4,
t. 2,g 1. — 50 Lyd. De mag. III, 40, 17 j c. 3î, § 2, Cod. De appell. VII, 62 ; Syraraaeh. De minorib. IV, 4.
ACT — 49 — ACT
turè, décréta judicum. arbitrorum, etc. parvenus jusqu'à librarius est qualifié de principalis, ce qui s'explique aisé
nous. G. Humbkrt. ment par ce qui précède 14. Tabularius se trouve une seule
ACTA MILITARIA. — Suivant Végèce \ il y avait dans fois, dans une inscription de la flotte de Ravenne
chaque légion des registres où se trouvaient inscrits, jour par Une inscription très-mutilée de Lambèse parle d'un ta-
jour, et avec le plus grand soin, l'effectif des hommes sous bularius castrensis 16, mais l'état de dégradation du monu
les armes, les congés, les sommes appartenant à chaque lé ment ne permet d'en rien dire de plus. C. de la Berge.
gionnaire. Ce dernier point était essentiel, puisque le sol ACTA POPULI, ACTA DIURNA, PUBLICA, URBANA.
dat, soumis en tout le reste à la puissance paternelle [patria — Écrits où étaient rapportés les faits remarquables et de
potestasI, pouvait disposer librement de son peculium cas- nature à intéresser le public, accomplis dans la ville de
trense. Pour tenir ces comptes, on choisissait, dit le même Rome. Ces écrits doivent être soigneusement distingués des
auteur *, les soldats les plus habiles en écriture et en calcul. acta senatus et des annales MAXiMi. M. E. Hiibner, dans sa
On n'a pu encore déterminer avec précision les titres des dissertation spéciale sur les acta ', a rassembl ,': quarante-
sous-officiers placés à la tête de ce service, et les classer cinq passages des auteurs anciens a, qui traitent des acta po-
hiérarchiquement. Voici du moins l'énuméralion de ceux puli ; après les avoir analysés et commentés avec une re
que l'on connaît. marquable érudition, en excluant huit autres passages mal
Légions. Commentariensis , a commentai-iis. Ces deux à propos cités comme se référant à cet objet, il a tiré de ce
formes, évidemment synonymes, se rencontrent dans des travail des conclusions que nous nous bornerons en général à
inscriptions funéraires à Lambèse, quartier de la lé résumer ici. La rédaction et la publication de ces actes furent
gion III* Augusla L'inscription d'un monument élevé à pour la première fois régulièrement organisées par Jules
Carnuntum (Petroncll en Hongrie), l'an 212 de notre ère, César, pendant son premier consulat, suivant le témoignage
h Caraealla, par les cornicularii, commentarienses et specula- formel de Suétone3, en même temps que celle des acta se
tores de trois légions, avec tous les noms de ces sous-offi natus. Les premiers sont souvent appelés par les auteurs
ciers, mentionne seulement trois commentarienses, ce qui actapopuli diurna, ou acta publica, ou diurna populi romani,
ferait croire qu'il y en avait un seulement par légion \ ou diurna urbis, ou acta urbis, le plus fréquemment acta
Cependant on en trouve deux pour la seule légion III* Au sans autre qualification ; car c'était leur nom propre, et
gusla, sur une inscription de Lambèse '. — Librarius, ainsi l'on n'y joignait souvent un complément que pour les op
nommé, dit Végèce, de ce qu'il inscrit sur des registres les poser aux acta senatus.
comptes relatifs aux soldats 6. Il y en avait plusieurs dans Les divers passages des auteurs dont le témoignage se
chaque légion, puisque Végèce en parle au pluriel. On en rapporte à des extraits de ces acta prouvent que leur te
connaît un de la légion 111" Augusta 7. neur embrassait en général trois classes de faits : 1° ceux
Couortes et ailes auxiliaires. Aucune inscription n'a qui étaient relatifs aux affaires publiques, les gestes des
encore fourni le nom des comptables dans ces corps. principaux personnages, tels que le refus par César du
Couortes prétoriennes. Tabularius, se lit dans une in litre de roi4, la défection de Lépide5; les procès les plus
scription de Rome. Le personnage revêtu de ce grade fut, importants, par exemple celui de Scaurus 6 ; les discours
immédiatement après, centurion dans la V cohorte des vi des magistrats 7, les supplices, subis par des hommes con
giles, ce qui prouve que le tabularius était un des princi nus 8, l'extension de l'enceinte de la ville [pomaerium]
pales les plus élevés en grade 8. par Claude etc. 9. Quelquefois ils empruntaient aux actes
Couortes des vigiles. Le librarius faisait partie des prin du sénat un extrait des sénatus -consultes 10, les décisions
cipales, comme le dit expressément une inscription *. relatives aux provinces les discours de l'empereur [ora-
Cohortes urbaines. Une inscription de Bénévent cite un tio principis], et les acclamations [acclamatio] du sé
optio ab actis dans ce corps spécial ,0. nat, etc. 12 ; 2" sous l'Empire, les faits relatifs à la maison
Equités singulares. Le comptable y est nommé li impériale {domus augusta), lesquels étaient considérés
brarius 11 . comme se rattachant intimement à la chose publique :
Flottes. Le comptable est appelé tantôt scriba, tantôt ainsi les époques des naissances a des membres de la fa
librarius. Qu'il s'agisse d'un seul et même office, c'est mille impériale, leurs funérailles **, les palmes remportées
ce que prouve Festus li : on appelle scribae ou librarii, dans l'arène par l'empereur Commode 13 ; 3° enfin ce que
dit-il, ceux qui tiennent la comptabilité publique. 11 y nous appellerions aujourd'hui les « faits divers » les plus
avait un scribe par navire. Un diplôme militaire de l'em intéressants de la cité ; on y trouve, par exemple, des dé
pereur ïrajan Dèce,en faveur des marins de la flotte de Ra tails sur les funérailles du célèbre cocher Félix 18, la con
yonne, appartenait à un personnage ex librario sesquipli- struction, la chute ou la restauration des édifices publics ,T,
cario, c'est-à-dire recevant une fois et demie la solde ordi les naissances 1S, les mariages ou les divorces dans les fa
naire Dans une inscription de la flotte de Misène, le milles illustres w, les prodiges et curiosités : une pluie de

" Rômische Dechtsgesehichte, I, p. 229, notes 27 à 32. — Bibuocuahhi:. llcnzen, 6881.— 15 Orelli, 636. — '6 L. Renier. Inscriptions romaines de l'Algérie, 551
Siiangeaberg, Juns rom. taluhie nrgotiorum solemncs, 1822; Hein, Privatrccht der ACTA POPULI, DIURNA, TjrtBANA. 1 De senatus populique rom. actis. Lips.
Hom-r, Leipz. 1858, p. 18 et suit.; Savigny, Gesthichte des rùm. Ucchts im Millel- 1860.— * P. 41 à 62.— 3 Caes. 20.— * Uio Cass. ZLVU, il, 3.-5 Cic. Ad fam. XII.
alter, Heidc herg, 2« éd. 1851, 1, p. In7 ; Hartmann, Ordo judiciorum, Gûtting., 1859; — 6 Ascon. ad Cic. Scaur. p. 19, 3 ed. Orelli ; ld. ad fie. ililon. p. 47, 7 : plin. Bât.
Bethmann-Hollucg, Gerichtscerf'issung, Bonn, 1884, I, p. 191 et suiv. et 237 ; mit. XXXVI, 117. — 7 Ascon. ad Cic. Milon. p. 41, 13-15, 5. — » Dio Cass. LXV1I,
Reansten. De diurnis aliisque ïioman. actis, c. G, Groiiinguo, 1857; Hauliolu, II, 1-3. - 9 Toc. Ann. XII, 2Î el 2t. — "> Ascon. I. I. — "l Cic. Ad Alt. VI, 2, » ;
Antiq. mamtmenta legaliarom. ed. Spangenberg, 1830; RudorfT, Rùmische liedits- Plin. Epist. VII, 33,3; id. V, 13, 7, 8. — » Lamprid. Al. Scver. 6-12 ; Plin.
grschichtc, Leipzig, 1857, 1, p. 209, 210, 211, 231-33; Wallcr , Gesckichte des Paney. 75. — «Suel.r.4. Il; id. Calig. 8; Dio Cass. XLVIH, 4t, 4; Capilolin. Gordiant
riimisch. Rechts, 3" éd. 11, p. 366 et suiv. Roim, 1860. très, 4.— 11 Tac. Ann. 1U, 3.— " Lamprid. Cmnmod. 1 1 et 15.— '« Plin. ffist. nat.
ACTA niLlTAIUA. 1 II, 1». — * Ibid. -U. Rcuier, Inscriptions romaines de VII, 53, 186. — " Dio Cass. LV1I, 21, 5, 6; Tac. Ann. XIII, 31. — » Il ne seml.le
CAlgrrie,U3 el 799. — * Orelli, 31S7.— s Renier, Inscr.rom. de i'Alg. 127.—» Vég. pas que ces acta aient pu contenir tous les actes de l'état civil d'un,* vilK- telle
Il, T.— 7 Renier,/.*. 90. — 9 Orelli-HenzeL, 6817.— » Orclli-Henzen, G732.— 10 Orelli, (pie Rome [prabfbctus iimiaii]. — 19 J.;ven. II, !3t;lX, 84; Senec. De bcnc[.
Utï— " Orelli, 31Î6. — II s. v. ScniBAE. — U OreUl-Bcnien 553t. — 1* Orclli- III, 16, 12; Sucl. Calig. 36.
1.
ACT 50 — ACT
tuiles ,0, l'arrivée d'un phénix à Rome" ; enfin les bruits de a dans le domaine de Cumes qui appartient à Trimalchion
la ville **, etc. « trente garçons et quarante filles. On a transporté de
M. Hiibner a, selon nous, très-bien prouvé contre Bec- « l'aire dans les greniers cinq cent mille boisseaux de
ker", que ces acta n'existaient pas avant Jules César; mais « froment ; on a accouplé cinq cents bœufs. Le même jour,
il y avait déjà dans les usages romains les éléments d'une o l'esclave Mithridate a été mis en croix pour avoir blas-
semblable publication. Ainsi, non-seulement les grands a phémé contre le génie tutélaire de Gaïus, notre maître.
personnages éloignés de Rome se faisaient rendre compte « Le même jour on a reporté dans la caisse dix millions de
par leurs amis de tous les faits publics de nature à les in « sesterces dont il n'a pas été possible de faire emploi. Le
téresser, mais ils voulaient que l'on joignît à ces lettres une « même jour, il y a eu dans les jardins de Pompéi un in-
chronique manuscrite, rédigée par des scribes, et où étaient « cendie qui a pris naissance chez le fermier Nasta, etc. »
rapportés les événements dont on avait parlé à Rome **. Il est probable que cette affiche était ensuite copiée par les
Commentarius rerum urbanarum, tel est le titre de la chro soins des librarii, qui faisaient vendre les acta distribués
nique que Coelius Rufus envoyait à Cicéron, proconsul en en chapitres et en pages (memorialis libelli forma), et non
Gilicie, en y insérant non-seulement les sénatus-consultes pas en une seule feuille (transversa charta scripta), suivant
et les édits, mais les bruits du jour, fabulae et rumores, le la forme ancienne des lettres officielles des magistrats
t lut rédigé à ses frais par des operarii. Toutefois ces moyens On ignore l'époque où les acta populi ont cessé d'être en
de publicité privée paraissant insuffisants à un grand nom usage, mais la dernière mention s'en trouve dans Vopis
bre de citoyens éloignés de Ronie, on comprend que César, cus, historien de l'empereur Probus ** ; peut-être ont-ils
pour se rendre populaire, ait établi une publication offi disparu lorsque le siège de l'empire fut transféré de Rome
cielle et régulière, à la fois pour les actes du sénat, et pour à Constantinople. G. Humbert.
les faits de tout genre qui pouvaient intéresser le public. ACTA PRINCIPIS. — Cette expression était employée
Mais il ne paraît pas qu'on ait fait de ces actes une sorte dans une double acception 1 : soit pour désigner les actes
de bulletin administratif destiné à faire connaître au peuple accomplis par l'empereur dans l'exercice du principat [prin-
le texte complet des actes gouvernementaux ou législatifs; ceps], soit pour indiquer la relation écrite des faits relatifs
car ces acta ont plutôt le caractère d'une chronique des à l'empereur ou à la maison impériale (domus augusta).
faits journaliers de la ville de Rome exclusivement. Les I. Auguste avait recommandé à ses successeurs de s'atta
témoignages anciens ne nous montrent pas non plus qu'il cher au système politique inauguré par lui, et les empe
y soit fait mention des événements extérieurs, et notam reurs avaient pris l'habitude de faire une déclaration par
ment des guerres ; de là le nom spécial d'acta urbana ; c'est laquelle ils promettaient de suivre les praecepta laissés par
aussi là le caractère fondamental qui les sépare des anna cet empereur dans son testament*. Puis le sénat jurait de
les maximi !5. De plus, ces actes contenaient une foule de reconnaître la validité des actes du nouveau prince, auquel
petits faits privés ; ce qui est cause que Tacite parle de la loi regia conférait les mêmes pouvoirs qu'à Auguste ;
cette source avec dédain K, comme fournissant une foule c'était là ce qu'on appelait jurare in acta principis. L'an 725
de détails indignes de l'histoire. Cependant les empereurs de Rome, sous Octave, le sénat avait donné l'exemple d'un
se servaient parfois des acta pour accréditer des faits con- pareil serment de fidélité s que le peuple et les légions
trouves 57 ; c'était donc déjà un instrument politique, utile devaient prêter chaque année aux calendes de janvier.
notamment par la publication d'une partie des documents Tibère voulut d'abord s'opposer à ce qu'on jurât par ses
judiciaires. Le public lisait ces actes avec avidité en pro actes « à cause de l'incertitude des choses humaines 1 ; »
vince et dans les armées !*. il devait craindre qu'ils ne fussent annulés après sa mort ;
La rédaction et la publication en étaient sans doule ce qui arriva plusieurs fois pour les mauvais princes B. Le
confiées à un magistrat, comme celles des acta senatus ; mais sénat rendait un décret pour abroger leur impeiuum, an
les textes sont muets sur ce point*9. On ignore également nuler leurs actes et leur nom, et donner le titre d'iMPERA-
la forme de la publication. M. Hiibner conjecture que les tor au nouveau prince 6; quelquefois même il déclarait
acta étaient inscrits sur un mur blanchi [album], comme hostis ou perdueluo le prince vivant encore, en ordon
les édits et affiches ; suivant le mode usité chez les Ro nant de le punir more majorum 7[poena]. Mais quand la
mains, les événements y étaient énoncés jour par jour M, mémoire des prédécesseurs n'était pas abolie, le nouvel em
pour un certain laps de temps. On peut se faire une idée pereur faisait jurer et jurait lui-même par leurs actes '. Ce
de la rédaction de ces actes par l'imitation en forme de serment avait lieu, dans les provinces, au jour anniversaire
parodie que nous trouvons dans Pétrone 31 : le greffier de l'avènement du prince L'omission de cet hommage
[actuarius] de Trimalchion vient lire pendant le repas était parfois considérée par lui comme une injure ; c'est ainsi
une sorte de procès-verbal (tanquam urbis acta), dont voici que Néron imputait à crime à Thraséas d'éviter de prêter
la traduction : « Le vu des calendes de juillet, il est né serment au commencement de l'année 10.

«opiin. Hist. nat. II, 66, 147. — 21 R>id. X, S, 5. — « Dio Cass. LVU, Î3, î. Uberdie Zeitung. der alten Rômer, in Fericnschriftcn. Neuc Folgc, Heidelberp, 1357;
— » Beckcr, Handbuch der rôm. Alterth. I, p. 30 et 32. — Hiibner, p. 39; Cic. lliibiicr, De sénat, populique rom. actis. Lips. 1S59; Hciuze, De spuriis diurnorum
Ad fam. VIII, 1, I, 8, 11; II, 8; XII, !i;XV, G.— «Hiibner, p. 6t. — «» Annal. act. fragments, Greifswald, 1860; Hein, in V&ul\,Real Eneycl. l(2c éd.), p. 134.
XIII, 31 ; Cf. Vopiscus, Probus, 2. — « Dio LVU, 23. — » THcit. Annal. XVI, îî. ACTA PRINCIPIS ' Hiibner, De sénat, populique rom. actis, p. 5, 6, et 59.
— '» Iliilmer, p. 05. — x> Ascon. ad Cicer. Milon. p. 4t>, cd. Orelli ; ld. ad Scaur. — ! Becki'r-Marquardt,/Mm. Alterth. H, 3, p. 21 1,213, 22t; Dio Cass. LVI, 33 ; Suet.
p. 19; ail Milon.?. 32, 49, 44. — >■ Sattjr. M. — 32 Suet. Corsa*. 50; cf. Juv. VI, Oetav. 101; Neio, 10; Tacit. Ann. 1, 11; IV, 37; VI, 3; Ag'icol. 13; Dio Cass.
4SI-1S5; Hiibner, p. 61,66. — *• Cap. 2. — BinLioomniiK. Victor Le Clerc, Des 1.X, 10. — ' LI, 20 ; M. LUI, ÏS. — * Suet. Tib. 26, 67; Tacit Ann. I, 8, 72 ; Dio
journaux rhrz les Romains, Paris, 183* ; Durcau de la Malle, Econ. polit, des Cass. L1X, 9 ; LVII, », 17. — 5 Dio Cass. LX, 4 ; Suet. Claud. XI ; Capit. Alton.
Romains. Paris, 13 10, 1, p. 202 ; 1 icbi'rkiihn, De diurn s Romanorum art/s, Vimar, MU. — 6 Spartian. Did. Julian. 8; Adrien. 4 et 6 ; Dio Cass. LXXI, 10, 8;
1810; Id. Vmdiciac librorum injuria suapeetontm. Lips. 1814; A. Schmidt, Das Lamprid. Heliog. 13; Capitol, Maciin. 6; Oordian. 10 ; Maxim. 15; Vopisc. Floran.
Staatszeitungswesen der Rômer, in Schmidt's Zeitsehrift fur Gcschichtswissenschaft, 6.— ' Suet. A'ero, 49. — » Tacit. Ann. IV, <î ; Vi'alter, Reclilsgesch. I, n° 273, 3« édit.
I, Berlin, 1844 ; Bcckcr-Marquardt, Jianttbueh der rômisch. Allerthiimer, I, p. 30 et — «Rupcrti, Ilandb. der rômisch. Alte th. II, 1, p. 316.— 10 Tacit. Ann. XVI, 22; cf.
snq.; Liiipx. 1844-57; Rcnnsaen, De dntrnis aliisque Rom. actis, Groniuguc, 1357; Zell, Ann. IV, il.
ACT — 51 — ACT
II. On entendait aussi par acta principis la relation écrite de l'acte; mais il n'existait point alors de procès-verbal
des actes du prince. Lorsqu'il s'agissait d'un discours [ora- officiellement dressé en minute pendant les débats ; tout en
tio principis], prononcé par lui dans le sénat, ou lu en son général était confié à la mémoire des assistants, et la ré
nom par le questeur, elle était consignée dans les acta se daction du sénatus-consulte n'avait lieu qu'après la séance,
natus, par le sénateur chargé de la rédaction [actis (ab)], comme cela résulte textuellement d'un passage de Cicé-
aussi bien que les messages (epistolae) adressés au même ron *. Les sénateurs pouvaient sans doute soulager leur mé
corps. Pour les autres actes publics de l'empereur, ils de moire à l'aide des notes tachygraphiques ou tironiennes
vaient être recueillis par un des membres de Vofficium spé déjà en usage, ou du moins en faire prendre par le scribe
cial, attaché à la domus augusta dès les premiers temps de public [scriba], chargé de lire au sénat les sénatus-consultes,
l'empire ".Pour l'organisation delà chancellerie impériale, ou d'en dresser l'instrument e ; mais ce n'est que plus tard
nous renvoyons à l'article officium. Cette constatation offi qu'on voit apparaître, d'une manière régulière, les notarii,
cielle est quelquefois improprement appelée du nom de chargés de recueillir les paroles inter loquendum 7, sous la
commentarii 11 ; mais son nom exact est acta. En outre, surveillance d'un sénateur. Il faut donc s'en tenir au té
les décisions impériales qui étaient considérées comme moignage formel de Suétone, d'après lequel Jules César,
des édita ou ordonnances, devaient être, à l'exemple des à son premier consulat, établit pour la première fois l'insti
lois u, inscrites sur des tables d'airain, ou autres monu tution, la rédaction et la publication à'acta diurna tam po
ments semblables. Le testament d'Auguste fut ainsi publié puli quam senatus 8. 11 est vrai qu'on ne peut contester
dans plusieurs villes d'Asie, en latin et en grec, et l'on en l'usage où on était antérieurement d'écrire les sénatus-
a trouvé des fragments fort importants à Ancyre, sur les consultes, et de les réunir en volumes annuels, avec les
murs d'un temple d'Auguste ",et dans la ville d'Apollonie15. actes des autres magistrats, sous la surveillance des ques
Il ne faut pas confondre avec les acta principis ayant une teurs, chargés de faire placer ce dépôt dans I'aerarium 8.
valeur officielle, comme ceux d'un magistrat, les simples Mais cet usage ne saurait se confondre avec l'organisation
commentarii ou mémoires privés de l'empereur. Suétone d'un registre permanent servant de minute, d'où étaient tirés
fait cette distinction entre les acta et les commentarii de Ti les extraits destinés à la publication. César inaugura donc,
bère 16 ; Tacite mentionne aussi les commentariiprincipales 11 ; sans doute afin d'enlever au sénat une partie de son pres
Pline parle de ceux de Trajan l" ; enfin d'autres historiens tige, une publicité officielle, bien différente de la publi
citent des ephemerides de plusieurs empereurs J9.M. Hiibner cité officieuse que les discours tenus ou les témoignages
pense 10 que ces écrits n'avaient rien d'officiel et se rappor reçus au sein du sénat, et les sénatus-consultes pouvaient
taient aux détails de la vie privée du prince ou de sa mai recevoir par les soins de leurs auteurs, des affranchis ou
son ; on ne publiait dans les acta populi que les faits de des amis de ceux-ci, ou même des librarii, qui les met
nature à intéresser le public, comme les naissances ou dé taient en vente ,0. Du reste, Cicéron avait déjà fait pu
cès des princes ou des membres de leur famille, et ceux blier les preuves (indicia) établies par l'enquête sur la conju
de leurs actes officiels qu'ils jugeaient utile de faire con ration de Catilina, et recueillies par des sénateurs amis du
naître. G. Humbert. consul habiles dans l'art de la tachygraphie, ou doués
ACTA SENATUS. — I. On peut définir les actasenatus, des d'une bonne mémoire.
procès-verbaux officiels des actes accomplis au sein du sé Auguste, d'après le témoignage de Suétone", abrogea
nat romain, ce qui comprend non-seulement les sénatus- l'ordre de publier les acta senatus. Néanmoins leur usage
consultes, mais les propositions ou rapports, plus tard les se conserva et se régularisa de plus en plus, comme le prou
discours des empereurs [oratio principis], les lettres échan vent les témoignages recueillis par M. Hiibner 11 est
gées soit avec les magistrats de Rome ou des villes munici à présumer que les empereurs ordonnaient la publication
pales, soit avec les princes ou chefs des nations étrangères de certains acta senatus, quand ils la jugeaient profitable à
Ces procès-verbaux ont-ils existé avant l'époque de Jules leurs iutérêts 11 .
César? La question est controversée. MM. A. Schmidt1 et II. La forme dans laquelle étaient rédigés les actes du
Hiibner' nous semblent avoir démontré la négative. Nous sénat ne nous est guère connue que par les fragments de
ferons seulement quelques réserves. Il est sans doute in sénatus-consultes consignés dans ces actes et qui sont par
contestable que, dès l'époque où l'écriture a été pra venus jusqu'à nous, grâce aux historiens, aux jurisconsul
tiquée à Rome, les sénatus-consultes ont dû être re tes, ou aux inscriptions. Peut-être serait-il permis de com
cueillis et constatés par écrit ; le président du sénat était pléter les renseignements que nous offrent ces précieux
assisté de certains membres formant à la fois une sorte de débris, au moyen des monuments un peu plus nombreux
comité de rédaction et un groupe de témoins (qui scri- que nous ont transmis les décrets des curies des villes mu
ùendo aderant1"), ordinairement au nombre de deux ou nicipales ; car ces cités offraient une image assez exacte de
de trois, se présentant spontanément parmi les fauteurs la vie publique à Rome.
" Wslter, Rechtsgesch. n° 276, p. +26, 3' éd. — H Hiibner, op. laud. p. 6, 59. laud. p. 8 ; et. Becuer, Bandbuch der rom. Alterth. Il, p. 445, note 1 125 ; Victor
— 13 Cf. Suet. Vcspas. 8 ; Dio Cass. LVII, 16, 2. Sur les monuments qui nous restent Le Clerc, Des journaux chez les Romains, Pans, 183S. — k Bccker, op. laud. p. 413;
de» ordonnances impériales, on peut consulter Rudorff, liôm. Rechtsgesch. I, p. 224 Cic. Ad fam. XV, 6 ; Ad Attic. VII, 1 ; 1, 19 ; IV, 16 ; Haubold, Monum. legalia pop.
et «oiT. Leipzig, 1857. — I* Bûckh, Inscr. graec. t. M, n° 4040 ; Perrot et Guillaume, rom. p. 81 ; Valer. Probus, not. cd. Uommsen, p. 119 ; et Hiibner, op. laud. p. 36,
Explorât, de la Galat e. — 15 Bûckli, III, 3971 ; Zumpt, Caesar August. index. — — 5 Catilin. III, 6, 13 : « Quoniam nondum est perscriptum S. C, ex momoria vobis,
i« Imnut. 20. — >7 //,«/. IV, 40 ; Suet. Aug. 64. — '8 Epist. 106. — '3 Trebcll. Pollio, Quiriies, quid seuatus censuerit exponam. ■ Ce qui indique que le lénttus consulte,
Gatl. (j; Vopisc. Aurel. 1 ; Probus, '_>. — *° Hûbucr, op. laud. p. 59, 6, 64. — bien que rendu, n'était pas encore rédigé. — 6 Dion. H.ilic. XI, 21.— 7 liiïbuer, p. 37;
BiaLioauMiE. K. Zell, Fertenschriften, Ncue Folge, Ilcidelberg, 1857 ; Rennssep, De Sunec. De morte Claud. 9. — ' Suet. Cacs. 20. — 9 Hiibucr, p. 38 ; Mommsen. Ann.
diumùaliisque Roman, actis, Groningue, 1857, Beckcr-Marquardt, Hatulbucl' der rô- deli Inst. arch. 1858, p. 192; Cic. Ad Attic. XIII, 33.— 10 Hiibner, 9 et ni ;
mtscA.ilten!i. Leipiig, 1852, I, p. 31 ; II, 2, p. 445; II, 3, p. 213, 306; Rein, Real En- Cf. Drumann. Rnm. Gcsch. IV, 195, Kônigsberg, 1834-44 ; Momniscn, Rem. Geseh.
et/cl. Je Pauly, I, p. 48-53; Hiibner, De sénat, populigue roman, actis; Lipsiae, 1860, et III, 197 ; Cic. Brut. 22 ; Suet. Cnei.55 ; Cic. Phil. 1. 3. 8 ; cf. Plut Cat. 23. — » Cic
le» ailleurs cilés dans cet ouvrage, p. 4 et 5. Pro Suila, H, 15. — '» Octao. 36. — t» P. 10 et s.jTacit. Annal. 11,88; Suet. Aug.
ACTA SENATUS. 1 Hiibner, De sénat, populigue rom. actis, p. 1?. — * Dos 5; Tiber. 73; Tacit. Ann. XV, 71; Front. Epist. ad Marc. II. 4; Spart. Sept. Seo.
Staattzcituitgsicescn der Rimer, in Ephemerid. Iiistor. I, p. 303-353, 1844. — ' Op. Il ; Lamprid. Secer. Alex. 6; Vopiscus, Prob 2; Tliu. Paneg. 7î. — l» Plin /. /.
ACT — S2 — ACT
Nous ne donnerons pas ici la liste exacte des sénatus- propositions du prince, consignées dans un mémoire, étaient
consultes dont la teneur nous a été conservée en partie lues par un questeur et ordinairement suivies des acclama-
[senatus consultum] ; on recourra à celle qui a été dres lions du sénat. Ce discours du prince était en fait confondu
sée par M. Hiibner 1S. Mais on peut, de l'ensemble de avec le sénatus-consulte, et on l'inscrivait sur une table
ces monuments, tirer une énuménition assez complète des d'airain; à partir de Trajan on y joignit les formules d'ac
formalités extrinsèques, ou indications solennelles que ren clamation **, on en trouve un curieux spécimen dans l'acte
fermaient les acta en ce qui concerne spécialement les sé- placé en tête du Code Théodosien K, et qui porte ce titre :
natus-consultes. — 1° Ordinairement, les noms des con Gesta in senatu urbis Romae de recipiendo Theodosiano codic.
suls figurent en tête des sénatus-consultes, pour consta Remarquons que les acta senatus paraissent avoir pris à cette
ter exactement leur date; — 2° en général la mention du époque le nom de gestu.
jour et du mois s'y trouve jointe; — 3" dans les anciens Les Scriptores historiae Aujuatae semblent avoir assez
sénatus-consultes, comme celui De bacclianalibw, on lit abondamment puisé dans le recueil des acta senatus soit
aussi la mention du lieu .où le sénat s'est assemblé, men pour ce qui concerne les orationes principis, ou les acclama-
tion devenue par la suite moins fréquente, comme inu tiones, soit pour ce qu'ils rapportent des correspondances,
tile, lorsque le sénat se réunit en des lieux déterminés, à (epistolae) échangées avec les magistrats de Rome, ou môme
des époques fixes; — 4° vient ensuite l'intitulé du sénatus- avec les princes étrangers. Indépendamment de ces sources
consulte (inscriptio) en ces termes : Senatus consultum, rare officielles, il exista, à partir d'Adrien, des recueils parti
ment Senatus auctoritas; car cette expression a un sens culiers, où des jurisconsultes réunirent par rang de date les
spécial et technique [senatus consultum] ; — 5° on indique constitutions impériales **. Tels furent les Codes Grégorien
les magistrats qui consuluerunt , c'est-à-dire qui ont réuni le et Hermogénien qui servirent en partie de base aux Codes
sénat ou la curie municipale, et ceux qui verba fecerunt, Théodosien et Justinien. Quant aux acta senatus, rédigés
ou retulerunt; ces mots se trouvent cumulativement ou iso officiellement par le sénateur appelé ab actis, et plus tard
lément dans les textes. Becker 10 et M. Hiibner11, d'après curalor actorum , les registres en étaient déposés dans Yaera-
un examen complet des divers monuments, distinguent rium, comme on l'a vu précédemment w. G. Humbert.
très-bien le sens de ces mots comme se référant à des ob ACTAEON ('AxTa(tov).— Actéon, fils d'Aristée et d'Auto-
jets différents. — G0 Les noms des témoins (qui scribendo ad- noé, petit-fils de Cadmus roi de Thèbes élève du centaure
futrunt) se trouvent ordinairement dans les sénatus-consul Chiron, et, comme Endymion ou Hippolyte, un des types
tes et dans les décrets des municipes, entre les désignations du chasseur dans la mythologie. Le hasard l'ayant conduit
de celui qui consuluit et de celui qui verba fecit; ces témoins dans la vallée ombreuse de Gargaphia, près de la fontaine
sont au nombre de deux ou de trois ; il y en eut jusqu'à Parthenius (fontaine de la vierge), où Diane se baignait8, la
douze 19.— 7° Suit la formule ordinaire [decretum) qui annonce déesse, irritée d'avoir été surprise, lui ayant jeté de l'eau au
la décision ou le décret du sénat : quid de ea re fieri placere' , visage, le métamorphosa en cerf 3. Sa meute, composée de
itacensuerunt. — 8" Puis vient le dispositif du sénatus-consulte cinquante chiens, ne voulut plus le reconnaître, et le mal
ou du décret de lacune, senatui placere, ou placere kuic or- heureux Actéon fut mis en pièces Telle est, sauf quelques
dini, ou placet cuncto ordini, ou enfin senatum existimare... variantes, la légende populaire. Suivant d'autres récits,
item placere 19, etc ; — 9° quelquefois le sénatus-consulte Actéon se serait attiré le courroux de Diane, soit pour lui
indique les mesures à prendre pour lui donner la publicité, avoir offert les prémices de sa chasse en prétendant la
soit au moyen de tableaux et placards (tabulae vel chartae) contraindre à l'épouser, soit pour s'être vanté de savoir
ou de tables d'airain gravées (in aere incidantur), ou môme mieux chasser qu'elle s. Selon Acusilaùs 8, la perte d'Ac-
d'une inscription sur le piédestal d'une statue ; — 10° certains téonvint de Jupiter irrité de voir que Sémélé, qu'il aimait,
monuments de décrets municipaux donnent quelques ren était recherchée parle chasseur béotien; mais celte tradi
seignements sur l'ordre suivant lequel les suffrages ont été tion repose tout simplement sur le changement du nom de
donnés ou sur leur nature !0; — i 1° enfin, à la suite des Séléné, la Lune ou Diane, en celui de Sémélé, la mère de
sénatus-consultes se trouvait la subscriptio du mot censue- Bacchus7. La légende 8 ajoute que le 'chiens d'Actéon errè
runt, semblable à celle qu'ajoutaient, d'après Valère Ma rent longtemps cherchant leur maître, jusqu'au moment
xime les tribuns du peuple pour faire connaître qu'ils où Chiron fut parvenu à les calmer en leur présentant une
ne mettaient pas opposition au décret "; — 12° le nombre de image faite à la ressemblance du fils d'Aristée. A cette par
sénateurs nécessaire à la validité de la délibération a varié tie du mythe correspond la tradition recueillie par Pausa-
suivant les temps et la nature des décrets 83 ; aussi le chiffre nias*, à Orchomène, en Arcadie. Les habitants lui dirent
des assistants est-il parfois mentionné dans les monu qu'un spectre qui se tenait sur un rocher ayant effrayé la
ments comme celui des adhésions [acclamatio]. contrée, l'oracle consulté ordonna de s'enquérir des restes
On a dit précédemment que les orationes principis étaient d'Actéon, de les ensevelir, de faire une figure en bronze
également rapportées dans les acta senatus. On sait que ces de ce spectre et de la lier à ce môme rocher. Le voyageur

15 Op. Inud. p. 66; RudorlT, Rùmisch. Rechlsgesch. I, p. 221-221. — 16 Op. laud. moins. Paris, 1838 ; Beckcr-llarquardt. Rômische Alterth., Leipzig, 1846. II, 3, p 225
p. 404. — " P. !0 et s. — 1S C.ic. Ad Atlic. IV, 18, î; Hiibner, p. S5. — « Hiibner, et sniv. et /II, S, p. 402-117; Bernhardy, liôm. Litter.. Brunswick, H57, p. 75
1>. 26 ; cf. in Dig. fr. 10, § 6, V, 3. 19, De liered. petit.; r.omp. le tcitc du SC. Ju et suiv.; M .mniscn, Ann. delV Dut. arch. 1858, p. 181 ; Rein, iu Real Encyclopàd. de
rent., atec les corrections proposées par Hiibner, p. 69. — *° Hiibner, p. 21. — 21 II, Pauly, 1, 2" éd. ; Rennssen, De tliirrnis a/iisqiie Rom. actis, C.roning-, 18S7 ; C. Zell,
2. — *' Leur ixmcusio, mentionnée parfois, ne laisse subsister qu'une icctoritii Ferienschrifl. N'eue Kol^e, Heidelberg, I S57 ; Kolster, Parlant, form. in sénat., in
tniTt». — » Bccker-.Marquardl, II, 3, p. 225 ; cf. Tit. Liv. XXXIX, 18; XLI1, ;8. Ephemerid. antiq. stud. p. 409-13S ; Hiibner, De sénat, populique rom. actis, Lips.
— 2' Hiibner, p. 2». — " Plin. Paneg. 75. — «6 Ed Hânel, p. 81-S9 ; Blondeau, 1860; Lange, Rûm. Alterth. II, gg 114, US, p. 375, Berlin, 2' éd. 1867.
Monum. p. 18. — '7 Lamprid. Comm. 18; Vopisc. Aurel. 19, 20, <1 ; Tacit. 3, 7; ACTAEON. 1 Hcsiod. Theog. 977 ;Oud. Met. III, 206; Hyg. Fab. 181 ; Stat.rAen.il,
Probus, M, 12; Hiibner, p. 29 et 73, donne une liste exacte de ces passages. — 203. — « Callini. Hymn. in Pall. 110. — î Hyg. loc cit. — 4 Apollod. 111, 4, 4. —
« Rudorlï, Rftmischc Gcsch. I.eipiij;, IS57-9. p. 130-141, etp. 224-274; Hiibner, p. 30. t Diod. IV, SI ; Kurip. Baceh. 337. — » Frogm. XXIII, cd. Sturz. — 'E. Viuet, Revue
— -8 Hiibner, p. 38. — BiiMooiuruiK. Victor Le Clerc, Des journaux cficz les flo- archdol. 1848, p. 467. —8 Apollod. /./.—» IX, 38, t.
ACT — 53 — ACT
grec vit en effet cette figure, et il ajoute que les Orcho- nonte 16, sculpture des plus archaïques, représente Actéon
méniens offraient chaque année au héros des sacrifices fu en présence de Diane, assailli par deux chiens. Même sujet
nèbres. C'est la même tradition que rappelle une monnaie sur une belle terre cuite 11 du musée Campana. Une sta
d'Orchomène (fig. HA), qui montre d'un côté Actéon assis tuette du Musée britannique offre de même l'image du
enchaîné sur un rocher, chasseur se défendant contre ses chiens 18. Le célèbre sarco
de l'autre Diane armée de phage du Louvre " (jadis à la villa Borghèse), connu sous
l'arc et s'agenouillant pour le nom de Sarcophage d'Actéon et vanté par Winckelmann,
lancer ses traits 10. nous offre d'une tout autre façon la légende du chasseur
Polygnote, dans les pein grec. Ici, on voit Diane surprise au bain, puis Autonoé
tures qui décoraient la pleurant sur le corps de son fils et d'autres détails encore
Fig. 84. Monnaie d'Orchomènc eu Arcadie. lesché de Delphes u, avait qui indiquent un esprit et un art nouveaux.
représenté Actéon assis sur Dans la peinture de Pompéi qui est ici reproduite (fig. 86)
la peau d'un cerf et tenant un faon ; un chien de chasse
était près de lui et, à peu de distance, une figure de femme
Maera (MaTpa), c'est-à-dire l'étoile du Chien ; et c'est en
effet à l'influence funeste des feux caniculaires qu'il faut,
selon toute apparence, demander l'explication de la fable
d'Actéon ".
Les peintures des vases grecs reproduisent fréquemment
le mythe d'Actéon, mais non point sous l'aspect érotique
et probablement populaire (celui d'une femme surprise au
bain) que les artistes des temps postérieurs ont choisi le
plus souventeomme unmotif aussi pittoresque qu'attrayant.
Ce que les peintres de vases paraissent avoir représenté de
préférence, c'est le châtiment d'Actéon a, c'est le chasseur
intrépide dévoré par ses propres chiens. Diane, vôtue et ar
mée de l'arc, préside presque toujours à cette exécution
barbare, et, dans quelques peintures, elle semble animer
les chiens. Tantôt elle est seule, comme dans la figure 85,

Fig. 86. Diane et Actéon.


et dans une autre récemment découverte, on voit réunis
les épisodes successifs de la fable : Actéon apercevant Diane
au bain, puis livré par elle en proie à ses chiens'0. On trouve
encore le môme sujet sur une pierre gravée Il est à re
marquer que la métamorphose d'Actéon n'est jamais re
présentée comme accomplie dans les œuvres de l'art an
tique ; elle n'y est qu'indiquée le plus souvent par les
cornes de cerf qui se dressent sur le front du chasseur,
rarement par la tète complète d'un cerf a, et la forme
humaine y conserve toute sa pureté. E. Vi.net.
ACTIA (ÂxTia). — Fête célébrée en l'honneur d'Apollon
Fig. 8S. Diane et Actéon.
Actius sur le promontoire d'Actium en Acarnanie, auprès
empruntée à un vase de la collection Campana, actuelle du temple qui était le centre religieux de tous les Acarna-
ment au Musée du Louvre; tantôt elle a près d'elle le dieu niens Des concours ! gymniques et hippiques y avaient
Pan, parfois Vénus et l'Amour, et même une des Furies. lieu tous les deux ans ; les vainqueurs remportaient pour
L'auteur de cet article a publié le premier une peinture de prix une couronne. Quelques auteurs en racontent un
vase qui représente Actéon offrant à Diane les prémices de usage singulier : au commencement de la fête un bœuf sa
sa chasse, en présence de Pan, de Mercure et d un satyre ,k. crifié était abandonné aux mouches.
11 a publié également le premier une coupe de Bomarzo Auguste, après sa victoire sur Antoine, agrandit le sanc
sur laquelle on voit Actéon ensanglanté par la morsure de tuaire d'Apollon, fonda sur la côte opposée une ville qui
sept de ses chiens tt. Une métope d'un des temples de Séli- fut nommée Nicopolis, et institua de nouveaux jeux 3,
w SesUni, Lrtl. numism. nou*. série, L IV, pl. I, n° 27; Prokcsch, Derl. Akad. p'. 113, 114. — *> Mazois, Buiik de Pompéi, II, 19; Zahn, Die schùnst. Ornam. III,
H45, pl. m, u,J 49; Guigniaut, iYoïiD. Gai. mythol. pl. clxxi, n° 629 d. — U Paus. 50 ; Wieseler, Denkm. der ait. Kunst. II, n° 183 a. ; ld. Zeitsehr. far Alterth., 1851,
X, 10, 3. — " Prcller, Griech. Myth. I, 359 ; cr. H. I). Huiler, Myth. der griech. p. 323; Helbig, Wandgemàlde Campaniens, a. 249 et s., p'. vu, nu. — *t Wiese
Stdmme, II, p. 108 et s. — l* Lenorniant et de Witte, Élite des monuments céram. ler. Denkm. der ait. Kunst, n° 183 — lughirami, Mon. etrusch. 1, pl. lxv, lu;
t. II, pl. zcil, c, ci, en, cm, fin •. — " Jlcout archëolog. t. V, 11*8, pl. 100, It. Rochette, Méni. de l'Acud. tZ*s Inscr. Xlll, 2« part., p. 554, et pl. ix, 2.
p. 460 et s. — '5 76. p. 475. — Serradifalco, Antichità di Sicilia, t. 11, tay. m. ACTIA. 1 Bûckh, Corp. Intcr. 1793; Comp. les inscr. d'Acttuin dans le recueil Je
Voy. la figure de Diane seule au mot AcnoLimus. — tt Campana, Antiche Opère in Lebas. — »Slrab. VII, p. 501; Uarpocr. et Steph. Byz. s. v. 'Anw; Clem. Aies. l'ro-
flastiea, t. II, ta». 57. — '» Ane. Marbles uf British Mus. t. II, pl. ilv; Clarac, trept. p. 19 d, ed. Lugd; Aelian. Hist. an. XI, S. — 3 Sh ab. (. c. ; Suet. Aug. 18;
Uni Je iculpt. U IV, p. 59, pl. 579, n» 1252. — " Clarac, Musée de sculpture, t. II, Dio r.ass. U I.
ACT 4 — ACT
célébrés tous les quatre ans, le 2 septembre, jour anniversaire naît lui-môme d'une affaire sans renvoi devant un juge.
de la bataille d'Actium. Ils consistaient en luttes athléti Les Romains pratiquèrent successivement trois systèmes
ques, en courses de chevaux, en concours de musique et de procédure [ordo judiciorum].
de poésie et en joutes navales. Ils prirent le cinquième Le premier est celui des legis actiones : on entend par
rang, après les jeux Olympiques, Pythiques, Isthmiques et ces mots une certaine forme de procédure, ainsi appelée
Néméens, parmi les fêtes solennelles de la Grèce, et l'on soit parce qu'elle doit son origine aux lois anciennes de
compta par actiades (àxTia;), comme par olympiades \ Rome, soit parce que les parties devaient prononcer des
De nombreuses inscriptions !, témoignages de victoires paroles solennelles exactement calquées sur les termes
remportées a ces jeux par des athlètes ou des musiciens ap de la loi. Ces formes étaient au nombre de cinq *. Trois
partenant à tous les pays où l'on parlait la langue grecque, d'entre elles, les actions per sacramentum, per judicis pos-
montrent en quel honneur furent tenues ces victoires jus tulatior.em et pf.r condictionem étaient des formes de pro
qu'à la fin du paganisme. L'empereur Julien les rétablit cédure judiciaire ; les deux autres, la manus injectio et la
encore pour quelque temps 6. riGNORis capio, de simples voies d'exécution. Ce.qui distin
Les jeux actiaques ne furent pas célébrés seulement à gue ce premier système de procédure, c'est l'obligation,
Nicopolis ; à Rome, le Sénat décréta aussitôt après la ba imposée à ceux qui figuraient dans l'instance, d'accomplir
taille d'Actium une fête quinquennale (TrevTasT^pîç), c'est-à- certains gestes et d'employer certaines paroles dont l'o
dire revenant après une période de quatre années révo mission ou la plus petite altération emportait nullité, et
lues, en commémoration de la victoire d'Octave. Le soin dont nous trouvons l'indication dans le commentaire iv de
en fut confié à tour de rôle aux quatre collèges des Gaius, toutefois avec beaucoup de lacunes. Dans l'action
pontifes, des augures, des quindecimviri et des septemvù-i per sacramentum la prétention de chacune des parties se
epulones1, lesquels devaient offrir des sacrifices pour la présentait sous la forme d'une gageure qu'elle faisait avec
santé de l'empereur. On vit pour la première fois à Rome, son adversaire, et dont le montant, qui variait de 50 à 500 as,
lors de la célébration des jeux actiaques, en 726 (29 av. suivant la nature et l'importance du débat, était perdu
J.-C), des luttes d'athlètes à l'imitation des jeux delà par celui dont la prétention était reconnue mal fondée et
Grèce, et des courses de chars conduits par des hommes acquis au trésor de l'État pour le service des sacrifices pu
appartenant à la classe noble. On ne sait pas jusqu'à blics *. L'action per judicis postulationem est une forme de
quelle époque cette fôte se maintint à Rome ; rien ne procédure probablement plus simple et usitée dans les
prouve qu'elle y ait été célébrée postérieurement au règne affaires qui exigeaient une certaine latitude d'appréciation
d'Auguste; mais dans les provinces où plusieurs villes-8 de la part du juge. Malheureusement, le feuillet de Gaius
ou princes 9 fondèrent des jeux semblables par flatterie qui contenait le formulaire de cette action, est perdu 5.
pour l'empereur, des inscriptions attestent qu'ils du Les trois autres actions de la loi font l'objet d'articles
rèrent au moins jusqu'à la fin du premier siècle de l'ère spéciaux. Ce premier système de procédure fut abrogé
chrétienne. en partie par une loi Aebutia 6, antérieure à Cicéron, et
Le souvenir du culte d'Apollon Actius restauré par plus complètement par deux lois Julia, dont l'une est la
Auguste est aussi conservé par les monnaies. On a repro loi De judiciis privatis d'Auguste. Toutefois Gaius nous
duit ici (flg. 87), d'a apprend que, même après ces trois lois, on continua à em
près un exemplaire du ployer les legis actiones dans le cas de damnum infectum et
Cabinet de France 10, lorsque l'affaire devait être jugée par le tribunal des cen-
une monnaie d'argent tumvirs.
d'Anlistius vêtus, mo Le second système de procédure fut celui des formules \
nétaire d'Auguste, sur Les grands jurisconsultes de Rome ont écrit pendant qu'il
Fig. 87. Culte d'Apollon Actius. laquelle on voit, au était en vigueur, et s'y réfèrent dans leurs écrits. Les traits
droit, la tôte de cet em principaux de ce système sont les suivants : abolition des
pereur, avec ces mots : ihp. Caesar Aug. tr. tôt. iix (impera- gestes, et des paroles, rédaction d'un écrit variant pour
tor Caesar Augustus tribunicia potestate octavo) ; et, au revers, chaque espèce d'action et dans lequel le magistrat traçait
avec ces mots : Apollini actio, un personnage dans le cos au juge sa mission. En rédigeant cet écrit, le magistrat
tume d'Apollon, en longue robe et tenant une lyre, debout donnait l'action (actio ,formula,judicium), c'est-à-dire le droit
sur une estrade ornée des ancres et des proues des vaisseaux d'aller plaider devant un juge. L'écrit ou formule conte
qu'Auguste lui avait consacrés, et faisant une libation sur nait toujours une partie appelée intentio 8, dans laquelle la
un autel. D'autres monnaies 11 mentionnent les vœux offerts prétention du demandeur était formulée. L'intentio était
pour la santé de l'empereur. E. Saglio. ordinairement précédée d'une démonstration , c'est-à-dire de
ACTIO. — On entend par ce mot, en droit romain, le l'exposé très-succinct des faits qui avaient donné lieu au
fait ou bien la faculté de recourir à l'autorité publique pour litige, et presque toujours suivie d'une condemnatio i0, c'est-
faire valoir ses droits. Ce mol indique aussi une certaine à-dire du pouvoir donné à un juge de condamner ou d'ab
forme de procédure. Dans un sens tout à fait restreint, soudre le défendeur. Les actions en partage ainsi que l'ac
il désigne l'action personnelle (in personam) par opposition tion finium regundorum contenaient encore une adjudica-
à l'action réelle (in rem), et aux cas où le magistrat con- tio c'est-à-dire le pouvoir pour le juge d'attribuer aux

» Joseph. Bell. M. 1, 20, 4; Dio C»ss. LUI, 1 . — 5 C. insc.gr. 1068, 1420, 1719, De emend. temporum, I. *; Id. ad Euscb. Chron. ni, 187; Hermann, GoHcsdienst.
I7i0, 2723, 2810, 3208, 4081, 4472, 5913 ; Orelli, 2633 ; Muratori, 63!, 610, 2; 64$. Alterth., % 6;, 16; Friedttnder, Sittengetchichte noms, t II, p. 343, 2« «d.
Annal, dell' Imt. arch. 1865, p. 99, 100. — 6 Mamertin. Panrg. 9, I. — 7 nio ACTIO. 1 Gaius, Comm. IV, 11. — > Gaius, IV, 11. — ' Ciccro, Pro Caecina,3i;
C»sr. LUI, I; LIV, 11» ; Slommsen, Iles gest. d. Aug. p. 2;>. — 8 Snct. Aug. 59; Pro domo, 19 ; Pro .Vdone, 27 ; De oratore, I, 10 ; Aul. Gcll. Noct. attic. XX, 10 ;
Mommsi'ii, 1. 1. ; C. inse. gr. 58U4; Gruter, 499, 6. — > Joseph. Ant. jud. XVI, 5, 1 ; Varro, De liugua latina, V, 7. — * Gaius, IV, 13-17. — 5 Gaius, 18. — 6 Gaius,
Conip. Bell. jud. I, 21, 8. — 1° Cnhcu. Mon», de la Ilépubl. p. 19, Antiuia, IV, 30. — 7 Gaius, IV, 30 et seqq. — » Gaius, IV, 39, 41. — » Gaius, IV, 40. —
n. 1S. — " Ecihcl. lied. mm. V, 107; Vlil, 476. — Bidliooiufhii. Scaliger 10 Gaius IV, 43. — n Gaius, IV, 42.
ACT — oô — ACT
plaideurs les choses qui faisaient l'objet de l'instance. Le aliquid dolo malo Auli Agerii factum sit neque fiât, ou bien in
pouvoir du juge était limité par la formule. En consé factum, par exemple en ces termes, dans le cas où le créan
quence, si le défendeur voulait repousser la demande au cier agissait contre son débiteur malgré un pacte de remise :
trement que par une contradiction directe de Yintentio, nisi pactum sit ne petatur. A l'inverse, le créancier se prému
il devait demander au magistrat d'autoriser le juge à tenir nissait contre le dol du débiteur en stipulant de ce dernier
compte des faits qu'il voulait invoquer, en insérant une qu'il ne commettait et ne commettrait aucun dol. Cette sti
exceptio " dans la formule, c'est-à-dire une restriction à la pulation était Yicautio de dolo. Cette cautio resta encore utile
condemnatio, le juge ne devant alors Gondamner qu'àla dou après que l'on eut imaginé l'action de dol, parce que l'action
ble condition d'avoir constaté que Yintentio était fondée, ex stipulatu résultant de la caution de dolo avait sur l'action
et Yexceptio mal fondée. Le demandeur qui voulait contre de dol l'avantage d'être perpétuelle et transmissible contre
dire Yexceptio, mais seulement d'une manière indirecte, les héritiers du débiteur. Les actions de bonne foi étaient en
devait faire insérer dans la formule une replicatio Cette général celles qui résultaient de contrats synallagmatiques ou
dernière pouvait donner lieu de la part du défendeur à dans lesquels la nature de l'affaire exigeait que l'on donnât
une duplicatio u, puis celle-ci à une triplicatio. Une for au juge un plus grand pouvoir d'appréciation. Cicéron, et
mule pouvait encore contenir une praescriptio u, placée après lui Gaius, nous ont transmis une liste reproduite avec
en tête, comme le mot l'indique, et rédigée dans l'intérêt quelques modifications par le § 28 du titre De aclionibus des
soit du demandeur, soit du défendeur. Les prescriptions Institutes de Justinien.—3° Actions arbitraires ou non 19. Dans
insérées dans l'intérêt du demandeur avaient pour but de le système formulaire, toute condamnation était pécuniaire.
limiter sa demande ; celles qui étaient dans l'intérêt du dé Par suite, le demandeur qui voulait obtenir la restitution ou
fendeur constituaient des espèces de fins de non-recevoir l'exhibition d'une chose, n'aurait pu atteindre ce but, si le
contre l'action. juge, après avoir constaté le fondement de sa prétention,
Les deux premiers systèmes de procédure nous offrent avait prononcé immédiatement la condamnation. Pour éviter
la séparation du magistrat et du juge, du jus et du judi- ce résultat, le juge donnait d'abord au défendeur l'ordre de
cium, en d'autres termes I'ordo judiciorum. Ce n'était que fournir au demandeur, en nature, les satisfactions que ce der
par exception que le magistrat tranchait lui-même le pro nier était en droit de réclamer. Cet ordre, appelé arbitrium ou
cès (cognitio extraordinarià). Les exceptions s'élargirent jussus, pouvait, au moins dans le dernier état du droit, être
peu à peu et devinrent la règle. Ainsi fut enfanté le troi exécuté par la force (manu militari). La formule d'une ac
sième système de procédure, celui de la procédure extraor tion arbitraire contenait les mots : nisi restituât, vel exhibeat,
dinaire, qui fut pour la première fois consacré législative- vel solvat, pour indiquer que le juge ne devait prononcer la
ment par une constitution de Dioclétien 16. condamnation que dans le cas d'inexécution ou d'exécution
Classification des actions. — Les Romains divisaient les ac incomplète de son jussus. La liste des actions arbitraires
tions en plusieurs classes, suivant les divers points de vue comprenait les actions in rem et plusieurs actions person
auxquels on peut les envisager. Plusieurs de ces catégories nelles. — 4° Actions in jus et in factum M. L'action in jus po
doivent leur origine, ou tout au moins leur dénomination, à sait au juge une question de droit civil, et lorsqu'elle avait
la pratique du système formulaire. Voici les plus impor une demonstralio, celle-ci était parfaitement distincte de Yin
tantes" : 1° Actions ih rem et in personam, suivant que la tentio. Dans l'action in factum, au contraire, la question posée
question principale posée au juge était celle de savoir s'il n'était pas une question de droit civil, et la demonstratio se
existait au profit du demandeur un droit réel ou un droit de confondait avec Yintentio. Les actions in factum devaient en
créance. Dans le premier cas, la prétention pouvait être général leur origine au droit prétorien et avaient servi à
énoncée dans Yintentio sans mentionner le défendeur, par étendre les principes du droit primitif. Un fils de famille ne
conséquent d'une manière générale (in rem), tandis que l'é- pouvait agir que par une action in factum. Sous ce rapport,
nonciation d'un droit de créance exigeait toujours l'indica on avait intérêt à donner cette forme aux actions civiles elles-
tion du débiteur. — 2° Actions bonae fidei etstrictijuris 18. Une mêmes ,l. — 5° Actions civiles et actions prétoriennes **. Les
action était bonae fidei lorsque la formule donnait au juge actions prétoriennes étaient celles qui étaient concédées en
le droit de statuer en tenant compte de ce qu'exige la bonne vertu des principes du droit prétorien, les actions civiles
foi, droit qui lui était conféré par l'insertion dans Yintentio des celles qui étaient fondées sur les autres sources du droit
mots ex fide bona, ou d'autres analogues. Dans l'action stricti (lois, sénatus-consultes, etc.). — 0° Actions directes et utiles.
juris, au contraire, le juge devait résoudre la question qui lui L'action direcla ou vulgaris était celle qui était limitée aux
était posée d'après la rigueur du droit civil. Il résultait de là cas de son application primitive; l'action ulilis était une an
que, dans l'action bonae fidei, le juge pouvait tenir compte de cienne action étendue, utilitalis causa, à des cas nouveaux.
l'usage et avoir égard au dol commis soit par le demandeur, Cette extension s'opérait par une rédaction in factum ou à
soit par le défendeur [dolus malus]. De même, les pactes l'aide d'une fiction. — 7° Actions quae rem persequuntur,
qui étaient intervenus au moment ou à la suite d'un contrat, quae poenam persequuntur, et mixtes **. C'étaient des actions
produisaient plus d'effets lorsque ce contrat était de bonne données à la victime d'un délit. Par l'action qune rem perse-
foi que lorsqu'il était de droit strict. Dans l'action strictijuris, quitur, elle obtenait la réparation du préjudice, par celle
le juge ne pouvait avoir égard au dol commis par le deman quae poenampersequilur, un enrichissement; enfin, par l'action
deur que lorsque le magistrat l'y avait spécialement autorisé mixte, les deux choses à la fois. — 8° Enfin les actions étaient
en insérant dans la formule Yexceptio doli mali, laquelle était perpétuelles ou temporaires " suivant qu'elles pouvaient être
au contraire sous-entendue dans l'action de bonne foi. Cette intentées toujours ou pendant un délai déterminé. Théo
exception pouvait être rédigée en termes généraux : Nisi dose II, par une constitution célèbre rendue l'an 424, limita
11 Gjiui, IV, 8 et suit. — 1» Gaius, IV, lifi. — » Gaius, IV, lîl. — 15 Gaius, IV, — « Gaius, IV, 60.— «Gaius, IV, 36 et seq. ; Just. Instit. IV, 6, 3 ; Gaius, IV, MO,
1 30 et leqq. _ 18 L. 2 Cod. De pedaneti judicib. — Gaius, IV, », 3 et 5 ; Instit. Jujt. III.— *> Gaius, IV, 6, 7 et sq.; Just. Instit. IV, 6, §§ 13 à 19. — >• Gaius, IV, 110
IT,t,|l.-l«GiiaslV, 61, 6!.— !• Instil Just. IV, 6, 31. -*>Gaius, IV, 45, 4»,47. «11 ; Just. Inst. IV, 12 pr. et | I.
ACT — se — ACT
à trente années la durée des actions auparavant perpé parce que Rome était considérée comme leur patrie com
tuelles îS. mune38. Les envoyés [legatus] des munieipes, venus à Rome
L'esclave et le fils de famille ne pouvaient engager ceux pour les affaires de leurs cités, pouvaient cependant, par ex
sous la puissance desquels ils étaient Néanmoins le droit ception, décliner sa compétence (jus revocandi domum) w. On
prétorien donnait action contre ces derniers quand l'esclave admetaussi que l'action pouvait être intentée dans l'endroit
ou le fils avait contracté par leur ordre [quod jussu actio] s7, où l'extinction réclamée devait avoir lieu, d'après le consen
ou lorsqu'ils lui avaient laissé l'administration d'un pécule. tement tacite ou exprès des parties, par conséquent dans le
Dans ce dernier cas, la condamnation ne pouvait excéder le lieu où l'obligation avait pris naissance (forum contractus) *°.
pécule, et l'action prenait le nom d'action depeculio™. Les dé Le tribunal du lieu où se trouvait la chose réclamée n'était
lits des esclaves donnaient lieu à des actions appelées noxales sa pas compétent dans l'origine. Il ne l'est devenu que depuis
et qui pouvaient être intentées contre tout possesseur. Seule une constitution de Valentinien S1.
ment celui-ci, au lieu de réparer le dommage, pouvait aban Dans l'origine, les parties ne pouvaient plaider par pro
donner l'esclave. L'abandon noxal des fils de famille était cureurs, à moins que ceux-ci n'eussent acquis la qualité de
aussi adouci dans l'ancien droit, mais les idées chrétiennes le créanciers en se portant adstipulatores " [obligation es] , et sauf
firent tomber en désuétude 30 [noxa, noxalis actio]. quelques exceptions que la nécessité avait fait introduire w,
Les exceptions étaient, comme les actions, divisées en plu Sous la procédure des formules, on admit au contraire que
sieurs catégories On appelait exceptions perpétuelles ou toute personne pourrait agir par procureur, du moins en gé
péremptoires, celles que le défendeur pouvait opposera toute néral. Ce principe, beaucoup plus commode, était peut-être
époque par opposition aux exceptions temporaires ou di moins favorable à la découverte de la vérité. Aussi le préteur
latoires qui ne pouvaient être opposées que pendant un cer défendait- il à certaines personnes, notamment aux infâmes,
tain temps. On distinguait encore des exceptions reposant de se faire représenter en justice, ne voulant pas qu'ils pussent
sur l'équité, comme l'exception de dol, et d'autres ayant ainsi échapper à la position défavorable où les mettait leur
pour fondement des considérations d'intérêt général, comme infamie [ikfamia]. A l'inverse, sous l'Empire, il fut ordonné
l'exception de la chose jugée. Les premières seules, suivant à certains hauts fonctionnaires de plaider toujours par pro
nous, étaient sous-entendues dans les actions de bonne foi. cureur, afin que le juge ne fût pas influencé par leur pré
Enfin nous avons déjà dit qu'une exception de dol pouvait sence. On distinguait plusieurs espèces de procureurs. Le
être, ou non, rédigée in faction. cognitor était constitué en présence de l'adversaire et avec
Il va sans dire que le magistrat ne délivrait d'action ou certaines paroles ** qui étaient solennelles, mais pas telle
d'exception que lorsque le procès présentait un point dou ment qu'elles ne pussent être prononcées en grec u. 11 était
teux à éclaircir. A quoi bon renvoyer les parties devant mis ainsi, loco domini; c'était au mandant et contre lui
un juge, lorsque, par exemple, un débiteur poursuivi par son qu'était donnée l'action judicati. Il en était autrement du
créancier avouait devant le magistrat l'existence de la dette ? simple procuralor 46 constitué en l'absence de l'adversaire
On disait en ce sens : Confessus injure pro judicato est s-. et sans termes solennels. Aussi était-il forcé, s'il se portait
Une des particularités de la procédure formulaire consis demandeur, de promettre que celui pour le compte duquel
tait dans l'effet rigoureux attaché à la plus-pétition Lors il agissait ratifierait le résultat du procès, et de fournir en
que, dans son intentio, le demandeur prétendait avoir plus conséquence la caution ratam rem haberi ou de rata
rie droits qu'il n'en avait en réalité, il perdait complètement Les magistrats rendaient la justice sur leur tribunal, situé
son procès sans pouvoir le recommencer ensuilc. Dans les dans le comitium, les juges, dans le forum proprement dit
actions de bonne foi et plusieurs autres, l'intenlio était in- [comitia,fobum]. Dans lesactes dejuridiction gracieuse [mand-
certa, c'est-à-dire qu'elle commençait ainsi : Quidquid pa- missio, in juiie CEssio],et dans quelques autres d'une impor
ret dare, faccre oportere. Il est clair qu'en pareil cas, la tance secondaire, les magistrats pouvaient exercer leurs fonc
plus-pétition n'était pas possible. Elle ne pouvait exister que tions en dehors du tribunal. Les audiences étaient d'abord
dans une formula certa, par exemple ainsi conçue : Siparet... publiques, mais il n'en fut plus de même au Ras-Empire.
X dare oportere Du reste, les effets rigoureux attachés à La procédure in jure devait avoir lieu dans les dies fasti,
la plus-pélilion cessèrent sous l'empire de la procédure et pendant la partie faste des dies intercisi. Elle pouvait être
extraordinaire et furent remplacés par des sanctions moins accomplie pendant les dies comitiales (consacrés aux assem
rigoureuses blées du peuple), et très-probablement pendant les dies fesli.
Quelquefois, le défendeur n'était condamné que dans la Les juges (judices) pouvaient au contraire statuer un jour
limite de ses facultés. Ce bénéfice, appelé par les interprètes néfaste [dies].
benepeium competentiae, était fondé sur des relations de pa Formes de la procédure. — Les formes mêmes de la procé
renté, de patronage ou quelques autres encore qui existaient dure ont varié beaucoup aux différentes époques.
entre les deux plaideurs26. Sous le systhne des actions de la loi, le défendeur était
De la compétence. — En général, un procès devait être porté d'abord appelé devant le magistrat (in jus vocatio). S'il re
devant le tribunal du défendeur (actor scqidtur forum rei), fusait de s'y rendre, le demandeur recourait à une attesta
c'est-à-dire devant le tribunal du lieu où il était domicilié 37 tion de témoins (antestalio) et procédait à une mainmise
[D0MiciUL'M],oubiende la ville dont il était citoyen, soit par son extrajudiciaire, au moyen de laquelle il pouvait entraîner
origine, soit par adoption ou affranchissement. La juridiction son adversaire de force (in jus rapere obtorto collo). Celui-
du préteur de Rome [rRAETOR] s'étendait sur tous les citoyens, ci ne pouvait se dispenser d'obéir qu'en fournissant une
■i C. 3,tod. Just. De prœsrr. XXX vel XLaniior. VII, 39. — M Gaius, 1V,C9; Just. — 37 Diocl. ft Max. c. 2, De jurisd. umn. jud. III, 13 j Theod. et Arcad. CM in
Instlt IV, 7, pr. — « Gaius, IV, 70. — S» Gaius, IV. 7 3. — S9 Gaius, IV, 75 ; Just. rem, 111, 19. — 3» Jlodeslin. fr. 33. Dig. Ad munie. L, t. — 39 l. 3, Dig. De lé
lustit. IV, 8. — W Gaius, IV, 79 ; Just. Inst. IV, 9, § 7. — S) Gains, IV, 120 et seqq. ; gation. (-7 ; I. 2, § 3-6. De judic. V, I. — *0 (,1p. fr. 19, § I et 2 ; Paul. fr. 20. De
Just. lustit. IV, 13, g 8 et seqq. — 3» raul.tr. I, De confess. DU. XLII, !. — "Gaius, judic. Dig. V. 1 . — *i L. 3, Cod. Just. Ubi in rem actio, III, 19. — *> Cic. Puim.
IV, 53 ; Instlt. Just. IV, 6, 33. — « Gaius, IV, 5-4. — 85 lnstit. Just. IV, 6, 33 ; Ziinou, 9 ; Gaius, IV, 82. — » l'uchta. Instil. S 166 ; Gaius, IV, 82. 83. — » Gaius, IV, 83,
e. t. et Just. c. ï. Cud. De plus pet. 111, 10. — m lustit. Just. IV, 6, g 36-3S et 4i). 97. — « Vatic. fragm. g 31*, 3t9.— 46 Gaius, IV, 8*. — *" Gaius, IV, 98, lOI.
ACT - 57 — ACT
personne [vinaex) qui prenait sa cause et se chargeait de nien, les choses se passaient autrement. Le demandeur
l'affaire. Quelques personnes, à cause du respect qui leur remettait au tribunal un écrit (libellus conventionis)" con
était dû, ne pouvaient être appelées in jus qu'avec l'au tenant une indication sommaire du procès futur, et sur le
torisation préalable du magistrat*8. Devant le magistrat, vu duquel ce juge pouvait ordonner la citation du défen
les parties, après un exposé libre de l'affaire, accomplis deur. Cette citation accompagnée de la communication du
saient les formalités des actions de la loi; après quoi, s'il libellus était faite par un serviteur du tribunal, vialor ou
y avait lieu, le magistrat leur donnait un juge, ou bien executor. Celui-ci pouvait exiger du défendeur la caution
les renvoyait devant le tribunal des centumvirs. Aux termes judicio sisti, ou à défaut, le retenir sous sa garde, au besoin
d'une loi Pinaria, ce juge n'était donné qu'au bout d'un dans une prison publique. Dans les causes peu impor
délai de trente jours". Les plaideurs se faisaient alors une tantes, la citation se faisait sans écritures. La contumace
sommation (comperendinatio) de comparaître devant ce du défendeur qui voulait se soustraire à l'introduction ou
juge le troisième jour (comperendinus ou perendinus dies et à la continuation du procès, était réprimée de plusieurs
se donnaient réciproquement à cet égard une garantie ap manières, amendes, commise de la stipulation judicio sisti,
pelée vadimonium et consistant dans des répondants (vades). emploi de la force, et notamment par l'organisation
Ces répondants étaient aussi donnés pour garantir la com d'une procédure par défaut. Quant à la sentence, elle pou
parution des parties in jure, lorsque l'affaire n'avait pu se vait porter sur autre chose qu'une somme d'argent. La
terminer le môme jour devant le magistrat50. LaLTTiscoN- partie qui succombait était condamnée aux frais. Les
testatio était le dernier acte de la procédure injure. Ar juges, lorsqu'ils étaient embarrassés, s'adressaient souvent
rivées devant le juge, les parties commençaient par une à l'empereur (consultatio ante sententium). Justinien sup
indication brève de l'affaire (causae conjectio ou collectio). prima cet usage.
Puis intervenaient les divers moyens de preuve, les plai Mode d'exécution des jugements. — La manière d'exécuter
doiries et la sentence du juge. les jugements a aussi varié avec les époques. Une règle gé
Sous la procédure formulaire*1, la résistance du défen nérale était que l'on ne pouvait se rendre justice à soi-même.
deur qui ne voulait pas comparaître mjure était réprimée L'action per pignoris capionem n'était pas admise comme
par des remèdes prétoriens (prise de gages et peine pécu mode d'exécution des jugements. Jl fallait, pour obtenir
niaire). Le vindex, qui autrefois prenait l'affaire à sa charge, cette exécution, s'adresser de nouveau au magistrat.
était remplacé par un simple fldéjusseur [intercessio]. La Dans l'origine, l'exécution avait lieu non sur les biens,
cause ne pouvait être entamée par défaut. Si celui que l'on mais sur la personne du débiteur M, procédé très-naturel
voulait citer en justice était absent, il y avait lieu à un envoi chez un peuple grossier, et que quelques écrivains ont voulu
en possession de ses biens, au profit du demandeur [mis- à tort expliquer par des raisons philosophiques". D'après
sio i« possessionem]. Les deux parties étant arrivées m lesXIl Tables, trente jours étaient donnés au condamné pour
jure, le demandeur indiquait oralement ou par écrit (per li- l'exécution de la sentence, puis le créancier procédait à la
Mlum) l'action qu'il désirait obtenir (editio actionis)1*. Le manus iïuectio, et si le débiteur ne pouvait ni payer ni four
vadimonium garantissait encore la représentation des parties nir de vindex, il l'emmenait chez lui et le retenait empri
in jure quand l'affaire n'avait pu être terminée le même sonné. La loi réglait le poids des chaînes dont le débiteur
jour". Le magistrat, après avoir entendu les parties, accor pouvait être chargé et la nourriture à lui fournir. Puis il s'é
dait ou refusait l'action et quelquefois statuait lui-même coulait un nouveau délai de soixante jours, dans la dernière
sans renvoi devant un juge {extra ordinem)". La cause moitié duquel le créancier conduisait le débiteur à trois mar
était ensuite plaidée devantlejuge qui rendait une sentence chés (nundinae) successifs, devant le préteur, en proclamant
d'absolution ou de condamnation, et qui pouvait aussi dé la somme due, dans l'espoir que quelqu'un interviendrait
clarer que l'affaire ne paraissait pas assez claire pour pro pour lui. Après ce dernier délai, le créancier pouvait tuer
noncer (sibi non liquere), cas auquel il y avait lieu à un autre son débiteur ou le vendre comme esclave au delà duTibre*0.
judicium**. La sentence du juge devait porter sur une somme S'il y avait plusieurs créanciers, ils pouvaient se partager le
d'argent déterminée; elle était rendue publiquement et de cadavre, droit atroce, dont probablement on n'usa jamais
vive voix {pronuntiare). rigoureusement. On a prétendu à tort qu'il ne s'agissait que
Sous la procédure extraordinaire disparaît la distinction d'un partage des biens. Nous n'avons aucun document qui
entre le jus et le judicium, entre le magistrat et le juge. Les autorise à dire qu'après la mort ou la vente du débiteur,
magistrats pouvaientsansdoute renvoyerlescauseslesmoins le créancier pouvait s'emparer des biens. Savigny a sou
importantesàunjugeinférieur[juDEX fedaneus]; mais dans tenu que le mode d'exécution qui vient d'être indiqué ne
ce cas il n'y avait pas organisation préalable de l'instance s'appliquait qu'aux créances fondées sur un prêt d'argent
devant le magistrat, c'était toute l'affaire ab initio qui était ou sur le nexum, et que dans les autres cas les anciens Ro
renvoyée à ce juge. mains avaient recours à l'exécution sur les biens61. Cette
Déjà, à partir de Marc-Aurèle, figurait, à côté de la in opinion n'est pas suffisamment fondée sur les textes et est
jus vocatio, la denuntiatio, comme mode introductif d'une rejetée avec raison par M. Puchta".
instance**. Elle consistait dans une dénonciation du procès Cet ancien mode d'exécution fut adouci. On admit qu'a
au défendeur, dénonciation faite devant témoins et constatée près les soixante jours le débiteur ne serait plus vendu ni
par un acte souscrit par ces derniers. C'était, sous Coustan- tué, mais resterait dans la même position qu'auparavant.
tin, le mode ordinaire d'introduire un procès. Sous Justi- Une loi Poetelia, en 327 ou 32G avant J.-C, décida même

" L. S. Dig. De in jui vocand. II, 4 j Gaius, IV, 83 46 et 183. — »8 Gaiu , IV, Coll. Xoct. allie. XIV, 2. — » Aurcl. Victor, De Cacsarib. 16, 9 j Cod. Thcod. Il, i,De
g 15. — » Gaiu«, IV, 184 seqq. — SI Ortolan, Explic. hist. des Instil., 6« éd. Pari», denuntiat. vel edit. rescript, c. 3, 4, 6. — 57 C. 4, Cod. Just. De in jus voe. II, 2.
IOt, n« 2034 et suit. — « Cic. Pari. orat. 28 ; Pro Caecina. 3 ; In Vcrr. IV, 66 ; De — 58 Gaiui, IV, 21, 25 ; Gcll. Noct. ait. XV, 13 ; XX, I. — 5» Puctata, Insttt., S 170,
vutnt. |9 ; akod. In Yerr. 3. — » Caius, IV, 18» cl seqq. — »v LIp. fr. 26 ; Pomp. — «» GclL XX, 1 ; Tit. Lit. II, 23, 21, 27. 28. — 81 Savigny, Vermischtê Schrifl., t. Il,
fr. 27, Kg. De verb. oblig. XLV, 1. — » pïul. Fr. 30, De re judic. XI.II, 1 ; Aul. p. 331 . —8» Fuchta, Inst., g 179; cf. Dcthmann-Holwcg, Bandbuch. I, 28, i9.
L 8
ACT — 58 — ACT
que, sauf quelques exceptions, il ne pourrait plus être en De plus, lorsque dans une action arbitraire, le juge ordon
chaîné, et que le créancier pourrait seulement le faire tra nait la restitution d'une chose, l'ordre était exécuté manu
vailler pour se payer avec les produits de ce travail. Ce militari n. Il en était de même des condamnations pronon
système fut transporté dans la procédure formulaire. Seule cées sous l'empire de la procédure extraordinaire. La missio
ment le magistrat se contenta d'ordonner que le débiteur in bona subsista néanmoins, avec des formalités assez com
serait emmené {ducijuberé) sans plus de solennités 65 . pliquées, en cas de contumace ou d'insolvabilité du débiteur,
L'exécution ne pouvait avoir lieu que pour une dette de mais les biens étaient vendus non plus en masse, comme
somme d'argent. Sous le système des actions de la loi, lors autrefois, à un emptor bonorum, mais en détail (distractio
que la condamnation n'était pas pécuniaire, il fallait, par bonorum), par les soins d'un curateur, et le prix servait à dé
une seconde action {arbitrium litiaestimandae), faire convertir sintéresser les créanciers. X.
la dette en somme d'argent. ACTIS (AB). — Expression générale servant à désigner
L'exécution sur les biens du débiteur existait dans l'ancien toute personne qui donnait ses soins à la confection des acta.
droit romain, mais au profit seulement de l'État. C'est ici Elle s'appliquait aussi bien aux secrétaires, scribes, greffiers,
que figurait la pignoris capio ek. De môme, en cas de condam et autres employés inférieurs occupés de la préparation des
nation pécuniaire à une peine criminelle, le préteur envoyait actes, qu'à certains fonctionnaires chargés de surveiller la
les questeurs en possession des biens du débiteur (bona pos- rédaction des plus importants [acta, actis senatus (ab),
sessa, publicata), biens qui étaient vendus au plus offrant 6S. ACTUARII, NOTARII, SCRIBAE, CENSUALES].
Le prix était versé dans I'aerarium. L'acheteur était appelé ACTIS SENATUS (AB). — Magistrat choisi, sous l'Empire,
sutor, probablement parce qu'il revendait ensuite en détail. au sein du sénat romain, pour veiller à la rédaction des
Ce mode d'exécution fut transporté aux créances privées par acta senatus. M. Hiibner, dans son excellent travail De se
le préteur Rutilius (vraisemblablement en 649 de Rome, natus popti ligue romani actis, critique avec raison Rennssen ',
106 avant J.-C), ou plutôt perfectionné par ce préteur, car pour avoir confondu cette charge avec l'office plébéien des
il est déjà signalé dans la loi Thoria, de l'an 643 [rutiliana scribes [scribae]. En effet, M. Hiibner a recueilli et com
actio] 66. Le préteur envoyait les créanciers en possession menté avec le plus grand soin seize fragments tirés soit des
des biens du débiteur (missio in bona rei servandae causa), auteurs classiques, soit des inscriptions, et qui éclairent
biens pour l'administration desquels il était nommé au d'une manière à peu près complète la nature des fonctions
besoin un curateur (curator bonorum). Cette mesure était du magistrat ab actis senatus Voici le résumé de ce
rendue publique au moyen d'affiches destinées à la faire travail.
connaître aux intéressés [proscriptioJ. Après un certain Avant le premier consulat de Jules César, le président du
délai, et sur un second ordre du préteur, les créanciers choi sénat veillait avec quelques-uns des membres désignés à cet
sissaient dans leur sein un mayister 67 chargé de procéder à effet (qui scribendo aderant) à la rédaction de l'acte consta
la vente des biens, et le débiteur devenait infime [infa- tant un sénatus-consulte ; ils étaient aidés par un scribe (scriba
mja]. La vente était annoncée par une proscripti» M. Les senatus) auquel on avait pu faire prendre des notes Plus
biens étaient vendus en masse. L'acheteur [emptor bonorum) tard, quand l'usage des notes tironiennes [notae] se fut géné
s'engageait à donner tant pour cent aux créanciers, quel ralisé, on employa probablement des notarii, écrivains in
quefois le tout, et ainsi il était mis activement et passive férieurs au scribe *, et ordinairement esclaves, tels que la
ment aux lieu et place du débiteur, à peu près comme un plupart des magistrats et même certains particuliers en .
héritier 69. avaient à leurs ordres. Capitolin 5 mentionne comme jadis
Les créanciers avaient le choix entre l'exécution sur la en usage des servi publici, et même des censuales, dont on
personne ou sur les biens. Mais une loi Julia (de César ou se passait au cas urgent des anciens sénatus-consultcs tacites.
d'Auguste) ,0, introduisit, au profit du débiteur malheureux Alors les sénateurs se chargeaient eux-mêmes d'écrire la
et de bonne foi la cessio bonorum, laquelle équivalait à la décision. Mais l'office des censuales, supérieur à celui
missio in possessionem, et entraînait l'exécution sur les même des scribes, donne lieu à des explications pour les
biens ". quelles nous renvoyons à un article spécial [censuales].
Plus tard, la procédure de la missio in bona parut trop Quoi qu'il en soit, la fonction de présider à la rédaction
longue et compliquée, lorsque le débiteur était solvable. des acta senatus acquit plus d'importance à partir du mo
On arriva à admettre que le magistrat pouvait faire saisir ment où Jules César eut systématisé l'institution des acta 6,
quelques biens seulement du débiteur 7S {pignoris capio), et et cette importance ne dut pas s'amoindrir sous l'Empire,
les faire vendre pour désintéresser les créanciers. Ce fut une après qu'Octave eut suspendu la publication de ces actes '.
transformation de l'ancienne action per pignoris capionem. Peut-être le même empereur confia-t-il dès lors la curatio

» T. Liv. VIII, 28 ; Cic. De republica, II, U ; Dionys. l'r. XVI, 9 ; Varr. De ling. lat. 1833-1 84 1 ; Zimmern, Rôm. Cimlprocess, Heidelberg, 1829, traduit en français
VU, 105; Niebuhr, Rôm. Geschkhte. III, l'S. 343 ; Waltcr, Rûm.Rcchisgcsch.,3'éd., par L. Étiennc. Paris, 1843 ; Reiu, Das Privatrecht der Tiiimrr, Leipzig, 1858, p. Hï
II, a' «16, p. S50. — 6. Caius, IV, •& sqq. — «» Caius, III, 154; Cie. Pro Roscio et suif. ; WeUell, System des onl. Cimlprocess, Leipzig, 1854 ; Ortolan, Explication
Amer. 4, 8, 43; Pro Rabir. 4; In Verr. H, 1, 20; PIM. II, 26; Ascon. In Yerr. historique des Instituts, 6« édition, Paris, 1858, n°< 1829 et suiv p. 4G7 et suiv.;
II, 1, 20, 53 ; Anonym. In Verr. II, 1, 20. — 66 Gaius, III, 81 ; IV, 35, 1 1 1 ; Theoph. F. Walter, histoire de la procédure civile chez les Romains, traduite par E. Libon-
III, iî, pr. —«7 Caius. III, 79; Cicor. Pro Quint. 15; Ad Allie. I, 1 ; VI, I, 12. — laye, Paris, 1811 ; F. Waltcr, Geschichte des rômischen Rerht; 3" éd. Bonn, 1861,
»» Scnec. De benef. IV, 1» ; Theoph. III, 12 ; Cic. Pro Quint. 6, 15, 19. — CB Gaius, u1-» 639 et suiv., p. 329 et suiv. ; B. Winscheid, Die Actio des rôm. Cioilprocess,
IV, 115. — 70 Cacs. De bell. civ. III, I ; Suet Caes. 12; Tacit. Ann. VI, 16; liio Dusscld. 1156 ; A. V. Scheurl, Anleit. sum Studium des rôm. Cimlprocess, Erlaugcu,
Cass. I.VUI, 21. — 71 Gaius, III, :3, 81 ; fr. 3 et 5 Dig. De cess. bonor. ILU, 3. — 1Ï55 ; Deman.-cat, Cours de droit romain, 2» éd. Paris, 186*.
71 Pr. Instit. De suce, sublat. III, 12; Theoph. III, 12, pr. ; T.. 10, § I. Cod. Ju»t. ACTIS SENATUS (AB). 1 Disputatio de diurnis aliisque Roman, actis, c. 7, Gro-
De bon. aut. jud. VII, 72; lnst. De hered. quai. Il, 49. — 73 L. 6<, Dig. De rei ningue, 1857. — s De senntus populique rom. actis, 3i à 33 ; Dio Cass. LXXVH1, 2i ;
vind. VI, t. — BiBLiocniriiiE. Bcthmann-Holweg, Gerichtsvcrfassung, Bonn, 183»; Tacit. Ann. V,4; Spart. Hadr. 3; Orelli, Inscr. 3213, 5447, 3186, 0185, 5478, 5479,
Savigny, Tia:té de droit romain, traduction frança:se, Paris, 181R, 1850, tomes Ar, 3113, 2274, 6020 ; Slarini, Tab. LXI; Grutcr, 446, 3; I, n. 3537, etc.; Priscian. Ins
VI, VII; Puchta, Institulionen. H, § 155 seqq. ; Kcllcr, Der rômische civ. Proeess tit. V, p. 183, édit. Hertz. — » Dionys. XI, 21. — * Sencc. De morte Claud. 9;
und die Aelionen. Ausb. 1855, trad. par Caprins, 1870 ; RudorlT, Rômische Epist. XIV, 2; Lamprid.Afex. Sceer. 16 ; Hiibner, op. laud. p. 36, 37,— 5 Gardian. 12.
Rechtsgeschicthe, II, p. 1 4 319, Leipzig 1859; Bonjean, Traité des actions, Paris, — * Sueton. Caes. 1". — 7 Id. Octav. 36.
ACT — 59 — ACT
actorum, non plus au président du sénat, mais à un sénateur moins les deux tiers de l'ordre entier Ce qui était jugé
spécialement chargé de cet office. Mais ce n'est que sous contre le mandataire ou à son profit l'était à l'égard de la
Tibère, l'an 29 après Jésus-Christ, que nous trouvons le pre cité, par une dérogation au principe de droit civil en matière
mier témoignage d'un pareil fait. Tacite 8 mentionne un Ju- de mandat, déjà admise au temps de la procédure des ac
nius Rusticus componendis patrum actis dekctus a Caesare tions de la loi En effet, elle permettait d'agir au nom d'au-
Les inscriptions nous montrent ensuite plusieurs citoyens trui, alieno nomine, pro populo, etc. Quelquefois, le décret des
qui, après avoir passé par le vigintivirat viarum curandarum décurions autorisait les duumviri à choisir Vactor ; mais il
et la questure, sont indiqués comme ayant reçu de l'empe leur était interdit d'attribuer à quelqu'un un mandat gé
reur la fonction de curator actorum senatus; à l'époque néral de postuler pour les controverses futures. Toutefois,
d'Adrien, ce titre est remplacé par celui de ab actis senatus Paul .ajoute s que, de son temps, toutes ces affaires étaient
candidatus imperatoris , ou simplement ab actis senatus. remises à la direction des syndics, d'après l'usage des lieux.
Cette fonction conduisait ou au tribunat, ou à l'édilité cu- L'actor, tant que ses pouvoirs n'étaient pas révoqués, et si le
rule, puis à la préture. Cependant la cura actorum ne paraît décret de nomination était reconnu, ne donnait point à son
pas avoir été une de ces dignités par lesquelles on dût adversaire défendeur la caution de rato , ou ratam rem
nécessairement passer. Adrien la remplit pendant quelques dominum habiturum e. L'actor ou syndicus devait également
mois 10, après sa questure, d'après le calcul de M. HUbner ". représenter la cité comme défenderesse ; en cas d'ab
Le même auteur pense avec M. Marquardt que cet office sence ou d'empêchement, le proconsul autorisait tout
devait être annuel et confié à un seul sénateur. Ayant la res membre de la corporation ou même un tiers à défendre à
ponsabilité des acta senatus, il devait avoir sous sa direction l'action Si nul ne se présentait, le gouverneur pouvait or
Xofficium des scribes et autres employés du sénat, et sa pré donner l'envoi en possession des biens communaux, et même
sence paraît avoir suffi pour remplacer celle des anciens ensuite («' admoniti non excitentur ad sui defensionem) la
témoins qui scribendo adfuerant, c'est-à-dire dont l'assistance vente au profit des demandeurs, ou une sorte de saisie
devait donner de l'authenticité à la constatation des actes des créances de la cité 8. Alexandre Sévère ', en organi
du sénat; du moins, si on employait encore ces témoins sant les corporations d'artisans, leur donna des défenseurs,
la mention de leur présence est le plus souvent omise dans et détermina la compétence en ce qui concernait leurs
les sénatus-consultes. G. Humbert. procès.
ACTOR ou petitor. — Le demandeur dans un procès Les adores ou syndici municipum étaient en outre chargés
(in causis privatis). Dans un procès criminel (in causis publi de représenter la cité dans certaines affaires juridiques : par
as), le poursuivant est appelé accusator. Le mot reus indi exemple, pour participer aux stipulations legatorum, damni
que le défendeur et même les deux plaideurs également. infecti, judicatum solvi [cautio]. Ce qui procurait une action
Le droit d'agir en justice (légitima persona standi in ju- utile à l'administrateur de la cité ; mais d'ordinaire il obte
dicio) était refusé aux esclaves. 11 en était de môme des fils nait une action directe, parce qu'on confiait à un servus
de famille et des peregrini, mais cette rigueur fut adoucie publicus ou servus civitatis le soin de stipuler 10, auquel cas
de bonne heure à l'aide des actiones in factum, ou bien des la cité devenait immédiatement créancière, en vertu de son
fictions '. Les pupilles étaient, dans leurs procès, représen droit de propriété sur l'esclave. G. Humbert.
tés ou autorisés par leurs tuteurs, les corporations étaient ACTUARIAE NAVES. — Les Romains ont désigné sous
représentées par leur agent (actor ou syndicus). ce nom tous les navires de guerre qui n'avaient pas deux ou
Dans l'origine, chacun devait, sauf de rares exceptions, plusieurs rangs de rames superposés. C'est donc un genre
plaider en son propre nom. Cette règle gênante fut abrogée <iui comprend les espèces suivantes : pentecontoros, cer-
de bonne heure, Gaius * constate que chacun peut plaider cuhus, lembus, acatus, celox, mtoparo. Les auteurs la
par un représentant appelé cognitor ou frocurator. X. tins traduisent ainsi par le nom générique les noms techni
ACTOR, acteur au théâtre [iiistrio, persona], ques que l'on trouve dans les historiens grecs à l'occasion
ACTOR PUBLICUS. — On appelait actor publiais ou des mêmes faits.
populi ou defensor, syndicus le représentant d'une cité La longueur de quille de tous les navires que nous ve
en matière juridique et contentieuse. Les corporations, qui nons d'énumérer étant moindre que celle des bâtiments de
ne pouvaient se constituer et former un être moral sans au guerre à plusieurs, rangs de rames, les naves actuariœ sont
torisation préalable de l'État, avaient également un actor opposés aux naves longœ Ils sont également distingués
ou syndicus universitatis *, chargé de représenter les in des onerariae naves dans un fragment de Salluste « actuariae
térêts communs de leur collège [collegium]. La loi orga nanes circiter XXX, onerariae X erant *. » Tite-Live fait con
nique d'une cité déterminait l'officier ou magistrat ayant naître les conditions de la paix imposée à Antiochus *. Il
mission pour la défendre ou pour agir en justice en son nom ; devait livrer ses navires longs et leurs agrès, et ne pas gar
a défaut d'une désignation légale, c'était Yordo decurionum der plus de dix actuariae, dont aucune ne pourrait avoir au
ou le sénat municipal, qui devait nommer l'actor à la majo delà de trente rames. Quelques espèces d'actuariae en avaient
rité des membres présents, pourvu qu'ils formassent au plus ; la pentécontore par exemple.

• Ann. y, 4. — » Hûbner, p. 32. — •» Spart. Hadr. 3. — 11 Op. laud. p. 35. — eod. lit. Dig. III, 4 ; fr. 5, § 10, Dig. Quod ci, XLIII, 24. — ' Gaius, Comm. IV. SI,
» Ha»db. der rtm. Alterth. p. ÎS3. — M Lamprid. Elagab. 4. — 1 tinm . et Justin. Initit. IV, 10 pr. fr. 6, g 5. Uig. III, 4 ; fr. 4, § î. Dig. XL1I, 1 ; fr. 5, g S,
HKker-JIarquardt, handbuch der rùm. Alterth.., Il, 3» part., p. 228 et seqq.; Hûbner, Dig. XIII. 5.— 5 Fr. 6, § I . Dig. III, 4. — « Ulp. Kr. 9. Dig. XLVI, 8.-7 Caius, Fr.
De mat. jtfjpulique rom. actis, Lips. 1860, et les auteurs cités dans cet outrage, 1, § 2 et 3. Dig. III, 4.-8 Jatolenuf, Fr. S, Dig. eod. titul. — » Lampr. Al. Scr.
p. 3 àl; V'ilter, HOmische Iieclit.fi/esrhicbte, 1, n» 279, p. 431, 3> édit. Bonn, 1860; c. 33.— !» Paul. Fr. 10. Dig. III, 4. — Buuoaurau. Rudorff, Itômisch. Btthtagt-
lin^e, Item. Alterth., II, g 115, p. 394, 2' éd. schkhte, Leipzig, 1859, in-!, Il, p. 69, 158,159, 237 et 239; Zimmcrn, Traité des actions,
ACTOR. 1 Caius, IV, 37. — » Gaius, IV, 85. traduit par Kliennc, Paris, 1843, p. 4b0, 470 ; Hébert, De la personnalité des cités. Par s,
m i nu PUBLICUS. 1 fnlut, voce Viwliciac, p. 36, éd. SluIIcr ; Fr. 1, g 2, cl fr. 1858, p. 40; Quinion, Du municipe romain. Paris, 1859, p. 73 et mit., 111 k 110.
Il, £ 13. Dip. ht muneribus, L. IV; c'était un munus j.e.raonale. — 1 Caius, Fr. I ACTCA1IIAE SIAVES. 1 Ilir ius, Bell. Alex. 44. — ' Sali, cl Siseimae fragrn. ap.
pr êt § 1 Kg, Quod cujus univers, nomin. 111,4. — ><j'lpian. et Taul. Fr. î, 3 et I. Non. Jlarccllus, s. v. — ' Til. Lit. XXXVIII, 38.
ACT — GO — ACT
Cicéron * parle de trois octuariae à dix rames seulement, certains pays, l'impôt direct devait être acquitté au moyen
mais il les appelle du diminutif actuariolae. de prestations en nature, sauf, s'il y avait lieu, conversion
César 8 dit qu'il lit faire des actuariae, c'est-à-dire des en argent [adaeratio]. Ces prestations étaient versées dans
navires à un seul rang de rames, pour sa deuxième expé des magasins de la cité voisine, reçues par des susceptores, et
dition de Bretagne, et il ajoute que leur peu d'élévation conduites ensuite par des primipilares aux mansiones publi-
rendait cette construction facile. Il avait ordonné, en effet, cae. La distribution aux troupes de celte annona militaris 17
que ces navires eussent peu de hauteur, pour rendre plus était faite par les soins des employés de l'armée, et spécia
aisé le débarquement. C. de la Berge. lement des subscribendarii et des actuarii qui, d'après les
ACTUARII, quelquefois nommés actabh (de agendo ou registres de contrôle des troupes à eux confiés, délivraient
de aclus). — Employés de diverses sortes au service soit des les ordonnances de livraison; ensuite, les opliones des
magistrats soit des particuliers. légions retiraient des magasins les denrées au moyen de
I. Dans l'ordre civil, on donnait quelquefois ce nom à ces mandats, et en faisaient la répartition entre les soldats18.
des scribes chargés de dresser les acta senatus, sous la di Une loi des empereurs Valentinien, Valens et Gratien ",
rection du sénateur curalor actorum, ou ab actis senalus [ac- conlient diverses règles relatives aux fonctions et à la res
tis senatus (ab)], et aux scribes qui remplissaient le môme ponsabilité des actuarii : ils doivent délivrer leurs pièces
office pour les acta pofuli bomani '.L'agent de Trimalcion, justificatives (pittacia authenlica) dans le délai de trente jours,
jjui vient lire une sorte de parodie de ses actes, est nommé sinon ils sont responsables des denrées qu'ils ont dissimu
dans Pétrone *, actuorius. Sénôque 4 fait allusion à l'office lées ou omis de distribuer, après les avoir retirées des gre
de ces greffiers ; et Suétone, dans la Vie de César5, rapporte niers du fisc, à la subdivision de soldats dont ils règlent
qu'Auguste attribuait à des actuarii, qui avaient mal saisi les comptes (numéro cujus ratiocinia pertractunt). Ils sont
les expressions de l'orateur, les imperfections du discours tenus soit envers les soldats, soit envers les magasins du
de César Pro Metello. Ces employés paraissent avoir été fisc, de combler les déficits à leurs frais. Quant au mode
les mômes que ceux auxquels on donne le nom de scribae, de contrôle des quantités de denrées délivrées par les sus
quelquefois de notarii ou de censuales L'empereur ceptores de ces magasins, et de celles que distribuaient les
avait de pareils scribes au service du palais impérial (domus actuarii ou optiones, il est indiqué par une constitution
Augusta 7), même avant l'époque où ce service fut entiè des empereurs Arcadius et Honorius 50 [annona militaris,
rement réorganisé par Dioclétien [acta phincipisJ. Remar adaeratio].
quons que, en général, les scribae étaient des employés III. Il y avait aussi des medici actuarii [medicus].
d'un office supérieur 8, des citoyens formant une corpora G. Humbert.
tion, tandis que les notarii étaient habituellement des ACTUARIUS AGER ou LIMES. — C'était l'espace de
esclaves tachygraphes 9 et, pour les magistrats, des esclaves douze pieds laissé libre entre les lots de terrain distribués
publics [servus publicus]. On trouve aussi dans un monu aux plébéiens par le roi Servius Tullius, aux dépens de
ment ancien, un affranchi d'Auguste, mentionné comme I'ager publicus. Chacun des plébéiens chefs de famille reçut
adjutor ab actis 10, mais on ignore à quel service précis ap la pleine propriété de sepl jugera de terrain, contenance qui
partenait cet employé, peut-être à celui du curator actorum paraît avoir été depuis observée traditionnellement dans
senatus. les assignations faites à la plèbe Sept lots semblables
En 401 , les empereurs Arcadius et Honorius défendirent formaient, au moyen de l'addition d'un jugerum ou deux
d'admettre des esclaves à l'emploi public de tabularius, actus, un carré de cinquante jugera, ou cent actus, nommé
nepublicis actis privata seroitia innascerenlur ". par cette raison centuria, ayant dix actus de long et autant
II. Dans l'ordre militaire, les actuarii sont souvent indi de large a. Le supplément indiqué plus haut suffisait pour
qués par les textes et les monuments comme des offi permettre de donner à chaque centurie une limite ou
ciers ou sous-officiers chargés d'un service administratif chemin de pourtour de douze pieds de large. Le dernier
auprès des armées [principales] ". Ainsi il y avait un optio champ près de la limite se nommait decumanus. Une pa
ab actis dans les cohortes urbaines a, et autres semblables; reille méthode fut observée lors du partage du territoire
l'empereur Victorinus fut tué par un actuarius, au rap des colonies militaires. L'actuarius limes, ou ager, était l'es
port de l'historien Eulrope 1V. Les textes nomment un pace formant la sixième division régulière du territoire, y
actuarius sarcinahum principis jumentorum, et un autre compris la ligne appelée decumanus maximus ou cardo maxi-
ex ratiociniis scrutandis 1S. mus, ou la cinquième, quintarius limes, si l'on ne comptait
On trouvera énumérés à acta militaria un certain nom pas la première. Ces actuarii avaient une largeur de douze
bre de comptables appartenant aux divers corps. Nous en pieds. Dans beaucoup de colonies, ils servaient de chemins
trerons ici dans quelques détails au sujet de ceux qui étaient publics, notamment dans celles qui furent créés en vertu
préposés au service des vivres sous l'Empire. Plusieurs lois des lois Sempronia, Cornelia et Julia. Leur nom vient peut-
des Codes Théodosien et Justinien nous fournissent à cet être d'ACTus, qui est celui d'une mesure agraire, et en
égard des documents assez complets ,6. On sait que, dans même temps d'une servitude pour le passage des hommes
* Ad Atlic. XVI, 3.-6 Dell, gall. V, I. XII, 50, c. vit et ix ; Hiibner, p. 7, l. I. — 1" Cod. Theod. De erogat. annon. VII, 4 ;
ACTUARII. 1 Cod. Justin. XII, bO, De tmmerariis, actutinis, etc. ; Cod. Theod. Cod. Justin. De erogat. mitit. aitnon. XII, 38 ; Wslter, Hechhgesch. I. c. xlvii, a° 419,
VIII, 1. — 2 Hubner, De sénat, populigue rom. acl., p. 65, 66, Lips. 1853; Valois, 3« ed. p. 605.— 18 Gothof. Ad Cod. Throd., VII, I, p. îbb, 156; VIII, I, p. 470. —
Adnol. ad Ammian. Marc. XV, 5.-3 Satyr. 53. — * Epiit. 33, 9 (IV, 11). — 19 Cod. Justin. XII, 38 ; Cod. Theod. c. 1?, De erogat. milit. annon. VII, 4. — » fonst.
s f.. lv. — 6 Capitolin. Gordian, c. lu. — 7 Sueton. Tiber. 23 ; Laaiprid. Alex. Sev. 16, 17 Cod. Justin., eod. tit. ; Cod. Theod. VU, 4, 2 , et le commentaire
c. xvi. — 8 Hiibner, 1. 1. p. ;6 ; Senec. De morte Claud. 9.-9 Seacc. EpUt. 9n, î5 de GodeCroy. — Bibliographie. Voyez les ouvrages indiqués à l'article actij
XIV, 2). — 10 Marin , /nsen/jf. Alb. p. 53; Hubner. l.l. p. 37.— 1! C. 3, Cod. Justin. 5K>»Ti-3 fia), et Serrigny, Droit public rom. n. 414, 417, Paris, 1862.
X, 69, De labulariis. — « C. io Cod. TUcod. De mm. VIII, 1 . — 13 Orelli, 3462, ACTUAIUCS AGEn.'l Di uys.IV. 9, 10, 13 ; Lit. 1, 46; Zonaras, VII, 9 ; Liy. V,
832, 8368 ; Cod. Theod. VIII, I, c. i, De numerar. — 1» IX, 9. — 15 Amm. Marccll. 30;Plin. HUt. nat. XVU1, 4 ; Colum. De re rust. I, prœf. §13. — * Plin. Hist. r.at.
XX, S, 9; XV, 5, 3; XXV, 10, 7 et les notes d'Henri de Valois. — 1« Cod. Theod. XVIII, 3 ; RudorlT, Rom. /'cldmesser. Il, 279 ; Sical. Flacc. De cond. agror. p. 152,
VIII, I, c. m, t, tu; VIII, 7, cm; VII, 4, 11, 16; Cod. Justin. XII, 38, c. r, IX, «i; édit. RudvrLT et Lachman, Berlin, 1S 43 ; llygin. De cond. agror. p. IIS.
ACU — 61 ACU
et des bestiaux, etc.; en Italie, ces espaces s'appelaient sub- de grandeurs et de formes très-variées. L'os, l'ivoire, les
runcivi et avaient une largeur de huit pieds 3, et comme bois durs, le bronze et les métaux précieux ont été par la
les précédents, servaient de chemins publics, à moins que suite employés simultanément, et on peut croire que le
la loi de la colonie n'en attribuât seulement l'usage aux fer et l'acier l'ont été aussi dès qu'on a su les fabriquer
propriétaires voisins. G. Humbert. [ferrum]. Malgré la facilité avec laquelle l'oxydation dé
ACTUS. — Mesure de longueur des Romains. Pline' et Co- truit les petits objets do fer, beaucoup d'aiguilles de ce
lumelle' en indiquent l'origine évidemment très ancienne : métal ont été conservées. On en a trouvé à Pompéi dans
Vactus équivaut, disent-ils, à la longueur du sillon que les ruines des thermes, dans celles du théâtre et de plu
peuvent creuser d'une seule traite (uno impetu justo) les sieurs maisons*. Leurs dimensions varient : il y en a qui
bœufs attelés à la charrue; cette longueur ne dépasse pas n'ont pas plus de 3 centimètres de long et ne diffèrent en
120 pieds romains [rES] ou 35m,489. Le pleturon des Grecs rien de nos aiguilles à coudre. Nous ne croyons pas né
n'a pas une origine différente, et on explique de la morne cessaire d'en donner le dessin. La figure 88 est celle d'une
manière celle du versus ou vorsus des populations osques et aiguille à passer, ou passe-lacet en os de 12 cent, de
ombriennes. Seulement, chez ces dernières comme chez long, trouvée à Lyon, en
les Grecs, les uns et les autres comptant d'après le système 1841, avec d'autres anli- ,
décimal, le sillon était de 100 pieds, tandis que la mesure quités romaines 3. Le trou Fi£. 8S. Passe-lacet en os.
de 120 pieds appartient au système duodécimal qui prévalut en forme de carré long est
chez les Latins'. foré irrégulièrement; tout le travail est peu soigné et semble
De cette mesure de longueur est dérivée la mesure de indiquer un objet de fabrication courante. On peut voir
superficie appelée aclus quadratus, ou simplement, comme des ustensiles semblables, en os, en ivoire ou en bronze,
la première, aclus, formant un carré ayant 120 pieds sur dans la plupart des collections. Quelques-uns et celui
chacun de ses côtés, ou 1-1,400 pieds carrés romains môme qui est ici représenté étaient peut-être destinés à la
(1259"°i,44 ou 12 ares, 60 centiares)*. C'est l'étendue de ter coiffure. Nous parlerons tout à l'heure de ces aiguilles de
rain que deux bœufs sous le joug peuvent labourer dans tôle qui méritent quelques explications particulières.
une demi-journée. Celle qu'ils peuvent labourer dans la Quant aux aiguilles et épingles ordinaires, il n'est pas
journée entière, équivalant à deux fois Vactus (actusduplica- besoin d'insister sur la manière de se servir d'outils si
tus)1 ou 240 pieds en longueur sur 120 en largeur, ou semblables aux nôtres. Dans les rares passages où il est
Î8.800 pieds carrés, est le jugerum, principale mesure question de travaux de couture, les écrivains grecs ne pa
ngraire des Romains. La même mesure de superficie de raissent pas faire de distinction entre les mots peXovr), f*?:;,
120 pieds carrés était nommée ailleurs, dans laBétique par o-xsVrpa. Le premier est un terme général applicable à toute
exemple, acnua ou acna". espèce d'instrument effilé et pointu, à l'aiguille à coudre*
L'aclus minimus ou simpkx, ayant 120 pieds de long sur môme la plus fine, par exemple celle dont se sert un im
4 de large, paraît avoir été la mesure du terrain pris sur le posteur dans un traité de Lucien5 pour enlever le cachet
jugerum pour laisser un passage au bétail et aux chariots7. des lettres, aussi bien qu'aux grandes épingles de tôle6
Le droit de les faire passer à travers un champ consti dont il sera question ci-après. 'AxsVrpa7 et patpt'r,8 signifient
tuait une servitude qui s'appelait aussi actus et qui était toujours des aiguilles dans le sens que nous attachons
distincte des autres droits de passage appelés iter et via1 proprement à ce nom, quel que soit d'ailleurs le travail
[SERVITUTES]. E. SaGLIO. auquel on l'emploie, qu'il s'agisse d'un vêtement, d'une
ACUS (BeXo'w), 'Pasi';, 'AxÉa-pot, Ilspovir], flop—/;). — Les voile de navire que l'on coud ou que l'on répare, d'une
aiguilles et les épingles sont au nombre des objets les plus étoffe que l'on brode, etc. Nous renvoyons à des articles
anciennement inventés. Leur usage a précédé l'arrivée dans spéciaux [piirygio, plumarius] pour tout ce qui concerne
la Grèce et dans l'Italie des peuples qui en sont restés les l'art de broder (ncu pingere). Les mots r.tzôvr^ mpin), indé
habitants. C'est ce que prouvent à la fois la langue (car pendamment de po.tm), et de son diminutif (ieW;, qui se
plusieurs des termes qui expriment en grec et en latin l'i rencontrent aussi en ce sens, désignent en grec les épin
dée de la couture et de ses instruments ont leur racine gles aussi bien que les broches ou agrafes de tout genre
dans le sanscrit)1 et la découverte des objets mômes parmi [fibula]. Le nom latin acus répond aux noms grecs qui
les plus anciens débris, partout où l'on retrouve la trace précèdent dans toutes leurs acceptions9, et il a une signi
des hommes. Avant que l'emploi des métaux fût connu, on fication plus étendue encore, puisqu'il s'entend non-seule
s'est contenté de cailloux aiguisés, d'os effilés et percés ment des aiguilles et épingles10, mais de toute autre espèce
d'un chas, ou du dard d'arbustes épineux. Ces grossiers d'instrument aigu, par exemple de la tige au moyen de
outils des premiers âges sont restés longtemps môlés à laquelle on tirait la mèche d'une lampe et on en ravivait la
d'autres plus perfectionnés. Dès que le bronze apparaît, flamme [lucernaI; ou encore d'un outil pointu servant de
on rencontre des aiguilles et des épingles de cette matière, plantoir11.

i Ruperli, fftmdb. derrbmich Alt. 11. p. 7«; Waltcr, linm. Rechtsqcsch. c. m, VIII, Ut. III, I et S. — BmuoGniFiitE. Mi lcr, AbhandluMgen der Berlin. Akademie.
p. «OS, 3' édit.; Froutin. De conl. p. 21 ; Hypin. De Omit. p. 108, 169, 1 94 ; ld., 181?, p. 14i ; Dureau rte la Malle, Écon. politiq. drs Domains. Taris. IWÏ, 1 p. 10.
Découd, agror., liber colnniar., p. 21 s, î\i. ap. RudorIT, Fcldm., Berlin. ! W. — Bi- 1 1 et 44<» ; Letrunue, Tùbulae octo nummorum. ponderum, mensurarum apiul Rom. et
•uncairnic. Waltcr, Getckichte des rbmisch. Rfclits. Bonn, I8'in, 3« édition, § 3«, Graecos. Taris, 18!5; Hultscli, Gricchischc und rumische Métrologie, Berlin, I60i.
p. 60 et 61, et 8 £57 ; HufJorff, Blumc cl Lachmann, Dit Schriflen der rùmisch. ACI'S. 1 l'ictet, Aryas primit. II, p. 157, 515, 177 ; G.Curiius.Gr. Etymol. I, t.v.
Feidmesser. Berlin, 1818-1333, in-8 ; Giraud, Recherches sur le droit de propriété * — • Xiccolini, Case di Pompei : Terme, p. 1 1 ; Teatri, p. 8, Casa di Castor c Poil,
chez le* Romains, 1438, p. 98 et suit.; et pour Ici colonies militaires coloxu. p. 16. — 3 Comarmotid, Dcscr. des antiq. du musée de Lyon, pl. XX, no 28,
ACTtS I Hist. nat. XV1U, 3, 9. — 1 II, î, Ï7.— * Frootiu. De limil., in Gromat. p. 419. — * Poil. VII. 208; Phrynich. cd. Lobeck, p. 90. — 5 Alexand. 21. — « Dio.
p. 20; nudord, Crom. tnst. p. 281 ; Mommsen flôm. Ocsch. I, p. S08, <• cd. — » Varr. Cass. IA, 14. — 7 Etym., 46, 31 ; Lucian. Dial. mort. IV, 1 ; Xeu. Cyrop. I, », 1»;
De re nul. 1, 10; folum. V, 10; Balbus iu Gromat. p. 95; lsidor. Oriff. XV, 13. — Erotian. - 8 Phrjnich. I. t.; Poil. X, 136; Anthol. Pal. Xi, liO. — » Cels. VII,
» l'olum. T, 1 ; pim. I. I. ; Varr. I. I. ; Quin il. I, 10, «2 ; Md. 1.1. — * Varr /. I. ; Met 17 ; Cic. Pro Mil. 24; Jut. VI, 498; Titin. ap. Non. p. 3. Merc— 10 Kert. I. ».
Colum l l. — ^ Varr. De ling. lat. V, 31; Colum., Isid. I. I ; Festus, s. v. - • Dig. — H Pallad. I, 43.
ACU — 62 — ACU
Des fabricants d'aiguilles sont désignés par les inscrip huit pouces, est terminée par un chapiteau d'ordre corin
tions sous les noms à'acuarius et acutarius". thien, sur lequel est une Vénus qui tient ses cheveux avec
On ne trouve que dans les glossaires les noms de [isXovo- les deux mains ; l'Amour, qui est à côté d'elle, lui présente
0-/,xy), ^xtptSoÔTixY], aciarium, désignant l'étui où l'on conserve un miroir. Sur une autre de ces épingles, surmontée
les aiguilles ; mais ces noms doivent être anciens comme aussi d'un chapiteau d'ordre corinthien sont deux petites
les objets, dont on a fait certainement usage de bonne figures de l'Amour et de Psyché qui s'embrassent ; une
heure. La figure 89 reproduit à la moitié de la grandeur autre est ornée de deux bustes ; la plus petite représente
du modèle un étui en or ayant la forme Vénus appuyée sur le socle d'une petite figure de Priape, et
d'une petite massue et muni d'un cou elle touche de la main droite son pied qui est levé. » Le
vercle attaché à un bracelet" : ce bijou musée du Louvre possède des épingles qui, sans avoir peut-
a été trouvé en Crimée dans un tombeau être la même perfection, répondent assez exactement à
de l'ancienne Panticapée, avec d'autres ces descriptions". A ce musée appartient aussi 10 l'épingle
objets appartenant aux meilleurs temps en or qu'on voit réduite de moitié (fig. 93) : la tête se
de l'art grec. Un second étui (fig. 90) en compose d'un chapiteau sur lequel est debout un Amour
os faisait partie du contenu d'une de ces qui joue de la flûte de Pan; au musée de Naples1', une
boîtes [cista] où les femmes enfer épingle d'ivoire (fig. 94) dont la tige est surmontée de la
maient, au moins dans une
certaine partie de l'Italie, des
bijoux et des ustensiles de
bain et de toilette. Dans celle
qui contenait cet étui, tirée
d'un tombeau de l'antique
Praeneste 14 , se trouvaient
entre autres objets trois épin
gles de tête, une aiguille,
terminée du côté opposé à la
pointe par une sorte de ra-
Fig. 89. Étui et bracelet
cloire et ressemblant assez à
un style [stilus] ; enfin, une
autre aiguille pareille à nos passe-lacets. Beaucoup d'ai- Fig. 92. Fig. 93. Fig. 94 Fig. 95.
içuilles et d'épingles ont été trouvées dans d'autres cistes. Épingles grecques et romaines.
Plusieurs boîtes de formes diverses trouvées à Pompéi", figure de Vénus nue, sortant du sein des eaux et tordant
comme celle qui est ici gravée (fig. 91), paraissent avoir ses cheveux; au même musée™, une autre épingle en
eu la môme destination. Enfin, sur or (fig. 95), dont la lige est recourbée; à son extrémité
un vase peint trouvé à Athènes, où est comme suspendue
est représentée une scène de toi l'image d'un petit génie
lette, Stackelberg 16 a cru reconnaître ailé qui tient d'une main
une pelote garnie d'épingles, qu'une une patère, de l'autre
Fig. 91. Boite d'épingles servante tient devant sa maîtresse. un objet de forme cy
Cette conjecture n'a rien d'invrai lindrique, peut-être un
semblable ; toutefois l'auteur ne cite aucun texte à l'appui vase à parfums. L'épin
de son opinion , et la figure est trop peu précise pour que gle en or du musée de
nous ayons jugé à propos de la reproduire. Chiusi*', que l'on voit
Quelques exemples montreront combien la forme de (fig. 96), porte la mar
ces objets était variée et quelle élégance les anciens met que d'une antiquité re
taient à ceux qui devaient faire partie de la parure. La culée. Les animaux ,
ligure 92 offre, réduite de moitié, une épingle en or, d'un travail délicat.dont
ornée à son extrémité d'une tête de cerf ou d'élan, du plus la tête est ornée, ont ce
fin travail ; elle a été trouvée, comme l'étui suspendu à un caractère oriental que
bracelet dont il a été parlé plus haut, dans un tombeau du l'on a observé dans beau -
Bosphore cimmérien, et appartient à la même époque de coup d'objets étrusques
l'art grec17. On en peut voir d'autres de même provenance, d'ancienne date. Une
différentes de forme et non moins remarquables, dans le autre épingle étrusque,
Fig. 96. Fig. 96 iis.Téte de l'épingle Fig. 97.
bel ouvrage où sont reproduites les antiquités du musée en argent, plus mo en grand.
de l'Ermitage. D'autres épingles sont surmontées de figu derne , appartient au Aiguilles de tète étrusques.
rines ou même de groupes qui sont autant d'oeuvres d'art musée du Louvre. Elle
exquises. Telles sont ces épingles d'argent du musée de est dans la figure 97 réduite au tiers, la tige traverse trois
Naples, trouvées dans les fouilles d'Herculanum, qu'admi lentilles légèrement gravées et surmontées d'un tambour
rait Winkelmann 18 : « La plus grosse, dit-il, longue de à'bords façonnés qui porte une tête de bélier **. On peut
'S OreJli, 4135, 4139; Orelli-Henzen, 7il6.— 1' Antig. du Bosphore cimmérien, au 1» Catalog. des bijoux du musée Napoléon m, Épingles, n" 37, 41 , 4S, etc. — M Ib.
musée de l'Ermitage, Sl-Pétersbourg, 1 854, pl. mv, 4. — i* Mon. ined. del. Inst. no 44. — 81 Mus. Borbon. t. IX, tav. xr ; Roui et Barré, Herculan. et Pompéi,
arch. VIII, laT. vin, 20 ; Annal. 18s4, p. 311. — '» Mus. Borbon. IX, tav. nv. — 3- sér. pl. uni. — si Mut. Borb. II, xiv ; Roui et Barré, l. I. pl. iciv *> Inghi-
*6 Gràber der Hellenen, t. xxxm. — 17 Antiq. du Bosphore cimmérien au musée de rami, Mus. Chiusino, I, tav. ici. — Catalog. des bijoux du musée Napoléon m,
l'Ermitage, pl. xnv, n° 7. — *8 Lettres sur les découvertes d'Herculanum, p. 61. — Épingles. nu» 26.
ACU — 63 — ACU
voir au même musée une autre épingle de forme sem mains de servantes ou de génies qui en font l'office. Les
blable, mais un peu plus grande et portant à son extrémité ailes dont ceux-ci sont quelquefois pourvus et le nom de
une tête de sanglier*5. La figure 98 reproduit encore un lasa inscrit sur nn miroir35 a fait prendre pendant long
objet de la même collection : c'est une épingle en argent36 temps ces aiguilles pour des styles à écrire, que l'on con
ici réduite au tiers, ayant la forme d'une épée munie de sidérait comme l'attribut de ces divinités étrusques du
sa garde ; ce n'est pas l'arme or destin; on supposait par suite qu'un vase de forme allon
dinaire du soldat romain, mais la gée, qui en est, dans les- mêmes mains, l'accompagnement
longue spatha à deux tranchants ordinaire, ne pouvait être qu'une écritoire. Mais un
des derniers siècles de l'Empire. style aigu est un instrument impropre à écrire à i'aide
Quelques personnes inclinent d'un liquide ; et d'ailleurs sur les monuments, l'objetauquel
même à voir dans cet ouvrage un on donnait ce nom se trouve réuni non-seulement à la fiole
objet d'une époque encore plus à parfum34, facile à reconnaître à sa forme pour un ala-
récente. La figure 99 représente bastrum, mais encore aux miroirs, aux écrins, aux rubans,
une épingle surmontée d'un buste et les personnages, ailés ou non, qui les tiennent, sont évi
de femme, qui a été trouvée, demment occupés des soins de la toilette37. Enfin, on ne
comme un certain nombre d'au peut se méprendre sur l'usage que fait du discerniculum
tres", dans le tombeau d'une une femme représentée sur un miroir étrusque38 (fig. 101) :
femme chrétienne ; la figure 100, elle est dans une salle de bain
dessinée de la grandeur du mo en compagnie de deux autres
dèle *8, une épingle étrusque en femmes nues comme elle ; age j
or, du musée du Louvre : la tête nouillée à demi auprès d'une
estampée a la forme d'un gland. vasque, elle se coiffe en se mi !r?
Quelques-unes des épingles qui rant. On voit encore sur une
nous ont été conservées ont pu ciste gravée 39, une femme qui
servir à fixer les pièces do l'ajus sépare ses cheveux à l'aide d'une
Fig. 9« et 9U. Fig. 100 tement, mais les plus grandes, aiguille, et se regarde dans un
Aiguilles de tète Épingle qui sont aussi les plus nombreu miroir. Ces exemples ne laissent
romaines. <Slruaque_ ses, ont été certainement em pas de doute sur la destination
ployées pour la coiffure. Ces épingles ou aiguilles de de l'acus discriminalis. Le mot Fig. 101. Usage du discerniculum.
téte (acus crinalis, comatoria, $ù.6vr„ rapo'vn]) furent d'un acus est aussi employé par les
usage général pour les femmes dans toute l'antiquité, et auteurs d'une manière générale pour tous les soins don
les hommes mêmes en portèrent lorsque la mode de nés à la coiffure [coma]; et l'on voit par eux que des
laisser à la chevelure toute sa longueur rendit nécessaire aiguilles du même genre servaient à friser, à crêper, à lis
de la diviser et de l'assujettir comme celle des femmes ser, à dresser ou assouplir les cheveux et à leur donner
[coma, crobylus]. On voit déjà dans Homère 58 un homme tous les tours [calamisthum]w, quelquefois à les teindre
dont les cheveux sont ornés de bijoux d'or ou d'argent : ainsi que les sourcils". On sait déjà qu'on les parfumait à
c'est un Asiatique, le Dardanien Euphorbe ; et, en effet, l'aide de ces mêmes objets, conùamment rapprochés sur
ce luxe paraît avoir pris naissance en Asie. 11 fut poussé les monuments des vases à parfum. Aux nombreux exem
fort loin chez les Ioniens, à Samos, à Colophon, et sans ples que nous avons déjà cités nous ajouterons (fig. 102) la
doute dans toutes les riches cités de l'Asie Mineure30 ; il
ne resta pas étranger non plus aux Ioniens d'Europe. Les
Athéniens, à peu près jusqu'à l'époque des guerres mé-
diques, tinrent leurs cheveux attachés à l'aide d'épingles
ornées de cigales d'or". Quant aux épingles à cheveux dont
les femmes faisaient usage, les exemples fournis par les
textes et par les monuments sont abondants et permettent
de déterminer assez exactement leurs divers emplois. Les
auteurs,, en effet, nous apprennent que des épingles ou
aiguilles semblables servaient à partager les cheveux, et
que pou_r cette raison on leur donnait les dénominations
itdiscerniculum ou acus discriminalis". On rencontre en
core ceux de enason et de scalplorium*3, tirés également de
Fig. 102. Usage de l'aiguille pour les parfums.
leur usage. Un de ces objets est figuré avec un peigne sur
une pierre funéraire, comme insigne de la profession d'une peinture d'un vase grec trouvé dans un tombeau près
coiffeuse ou ornatrix3*. On les voit encore sur les vases d'Orvieto": elle représente Bacehus tenant une jeune
peints et les miroirs gravés où sont représentées des scènes femme embrassée; et près d'eux un génie ailé, l'Amour
de la vie féminine ; ordinairement ils sont placés dans les peut-être, ayant dans une main un de ces vases et dans
■ îb. n» ïl. — t« lb. d° îî. — *ï Boldctti, Osservaz. sopra i cimiteri, lav. 111 ; arch. 1853, pl xlix. — 3" Gerhard, /. /. pl. lxxxii, cvn, clxxki, ccxim, cccxtu,
Hartipiy. Diel. dei cmtiq. chrdt. p. 467. — t8 Jb. n° 33. — «» Iliad. XVII, it. — cccxyiu, cccxix ; Arch. Anzciger^ 186*. p. tii ; liraun, Annal, dei. Inst. arch. 1353.
» Alhen. XII.5Ï8, f._ M Thuc. 1, 6; Aristoph. Nub. 9:8. «Varr. Ling. lot. V, 29, 1 î9; p. 55 ; nouiez, ibid. 1862, p. 181.— s* Oc la colleci. de Jauzé ; Gerhard, /. I. pl. cccxvi'
Uid.XIX, 3l,8-,Lucil.ap.Koii.p.35, Merc; llieron. In Huf. III, 4Ï ; Claudian.XXXV, — 3? Elle appartient au prince Barberini ; Garucci, Bullet. dei, Inst. 1865, p. 55.
IS. — » Fe»t. ». u. ; Scaliger, Adh.l. ; Mari. XIV, 83.— « (iuasco, Délie ornatrici.— — WOïid. Amor. I, H; Quintil. II, 5, 12; Scnr. Ad Aen. XII, 100; Tertul. De virg.
» Gerhard. Elritk. Spiegel, pl. cnxu, et t. III, p. 4 el 8 ; 0. Millier, Ilandbuch der veUl ;Isîd. X, 57 ; 1t. Hochclte, Mcm. de l'Acad. des Inscr., t XIII, partie, p. 7*0.
Areh. 39!, t. —M Gerhard, l. I. pl. iiii à mvi, Lixxri, cil j ifon. ined. dcl Insl. — M Juven. II, 93. — *I Concstabile, Pitlure scoperte presso Orvieto, 18P5, p. 161.
ACT — 64 — XDJE

l'autre une de ces aiguilles avec laquelle il touche les che siné et perçant, avec l'épingle qu'elle tire de ses cheveux,
veux de la compagne du dieu. la langue de l'orateur. Et dans un récit d'Apulée51, c'est
Quand l'échafaudage, souvent si compliqué, de la coif encore à l'aide d'une de ces aiguilles qu'une femme venge
fure était dressé, c'étaient encore ces grandes épingles la mort de son mari en crevant les yeux du meurtrier.
dont quelques unes sont parvenues jusqu'à nous, qui te Il y avait enfin de ces épingles qui é taient creusées "de ma
naient les tresses, les nattes et les boucles assemblées nière à pouvoir renfermer un parfum et parfois du poison.
derrière la tête ou sur son sommet** : on en a un exem Cléopâlre, d'après une des traditions qui avaient cours55,
ple (fig. 103) dans une statue découverte près d'Apt se serait donné la mort à l'aide d'une épingle semblable
(Vaucluse) au siècle dernier**. Elles servaient encore à at- qu'elle portait constamment dans ses cheveux. E. Saglio.
ADAERATIO. — Conversion en argent des prestations
dues à l'Etat, à titre d'impôt direct ou foncier en nature. Ce
qui se rapporte à ces prestations au temps de la République
est expliqué à l'article aestimatum. Quant à la quotité et au
mode de recouvrement de cette contribution sous l'Em
pire, voyez annona miliïaris. Payer les prestations en
nature s'appela dans le latin du Bas-Empire apochare (apo-
cha, ànoyrf, quittance). Depuis Constantin, non-seulement
Fig. 104. Coiffure precqu les provinciaux et les Italiens, mais les habitants mômes
Fig. 103. Coiffure romaine.
de la regio urbicaria furent assujettis à cette prestation '.
tacher les liens qui retenaient les coiffes ou d'autres pa En règle générale, il était interdit aux receveurs (suscepto-
rures *\ Ainsi, sur un vase trouvé à Athènes 40 est peinte res) qui étaient chargés d'emmagasiner ces denrées, sous
une figure de femme (fig. 104) dont les cheveux forment la haute surveillance du préfet du prétoire, d'exiger de
en arrière une touffe soutenue par des bandelettes; une l'argent des contribuables ou d'en recevoir au lieu des
épingle dont l'extrémité est visible les tient réunies. Sur un produits dont le versement en nature était obligatoire.
miroir gravé étrusque", représentant la toilette d'Hé Mais celte prohibition ne fut pas absolue. Ainsi Valenti-
lène (fig. 103), on voit trois femmes qui achèvent de la nien III, en 443, permit aux sujets de la province d'Afri
que *, à raison de la difficulté des transports, de payer,
moyennant un taux déterminé en argent, Yannona milita-
ris. De même, quoique de nombreuses constitutions in
sérées au Code Théodosien eussent défendu aux soldats et
à leurs chefs de se faire payer en argent s, on leur permit,
en certains cas, de déroger à la règle, d'après un tarif fixé
par l'empereur, ou d'après les prix courants. Ainsi Yalen-
tinien et Valens, en 3G3, autorisèrent les Mpaiïenses h
percevoir neuf mois d'ayuiona en nature, et les trois autres
en argent '. Il y eut encore des concessions de ce genre
assez nombreuses s. Valentinien et Valens, en 363, per
mirent aux protectores fori rerum venalium de se faire
payer leur annona en argent, suivant la coutume e. Nous
renvoyons aux textes pour les autres exceptions de ce
Fig. 105. Toilette d'Uélènc. genre. On admettait aussi à Yadaeratio les propriétaires
qui devaient céder une partie de leurs colons [colonus] pour
coiffer. L'une d'elles présente un miroir ; une autre va recruter l'armée 1 ; le prix (awum tironicum) variait de 20 à
nouer les cordons du riche diadème que la troisième 30 aurei; il était perçu parles capitularii ou temonarii. Sou
ajuste sur le front de sa maîtresse. La dernière suivante vent le trésor percevait les denrées et payait en argent ses
lient l'aiguille qui, plantée dans la chevelure, en consoli fonctionnaires; d'autres fois, il convertissait l'impôt de cer
dera l'édifice. tains pays8 pour une année ou pour une période pluscourlc,
Ces longues aiguilles de tête devenaient quelquefois des ou d'une manière indéfinie. Cette conversion avait lieu plus
armes redoutables entre les mains de femmes cruelles et fréquemment pour les chevaux et pour les habits que pour
vindicatives'8 : on voit par les poètes'9 avec quelle cruauté les denrées alimentaires et le fourrage. L'adaeralio était
les dames romaines châtiaient souvent les plus légères prohibée pour le fer et le bois destinés aux travaux publics.
fautes des esclaves occupées à leur toilette : elles saisis Une constitution d'Arcadius et Honorius, de l'an 396 8,
saient leurs aiguilles pour leur frapper les bras ou le prescrit de payer aux soldats d'Illyrie un solidus par chla-
sein. Un historien80 nous peint Fulvie, la femme de Marc- myde à eux due. Honorius et Théodose décidèrent que
Antoine, tenant sur ses genoux la tète de Cicéron assas- l'estimation de Yannona vestis serait versée au trésor, et

'•Tertull. Isi.i. XIX, 31, 9; Hart. 11, 66 ; XIV, 21 ; Hicron. Comm. adls.î. — ADAERATIO. ' V auer, Itûmiscli. lieehtsgcsch. 3( éd., tome 1, i>° 408, p. 59»;
» .Mouifaucon, Antiq., erpliq. Suppléai. III, p. 2. — " Ulp. Dig. XXXIV. 2, 25; Pru Codcfr. Puratitl. ad Cad. Tlieotl. XI, 1 , p. î ; C. 14 Cod. Theod. De induli,. deb XI,
dent. Ptyehom. — i6 Slacktdherg, Gratter der Hellen. pl. xxxi ; 1 onormant et de ïi; Savigny, Yerrnischte Schrift. II, 113.— 'Novell. Valent, lit. XTIII, De tribut.
Witie, Elite des Mon. ccram. t. IV, pl. il; cf. H.ydomann, Griech. Vas., t. ix, 1. § 3, édit. Uânel, p. 182. — s C t, 18, 20, Cod. Theod. De erogal. milit. annon.
— *7 Des collections Duraud et Pourtalèi ; Gerhard, Etriuk. Spiegel, pl. eexm. — VII, 4 , la C. 1 Cod. Theod. XI, 2, défend en général la licentia apochandi. —
M Paus. I, S», î. — »9 Ovid. Ars sm. 111, 235 ; Amor. I. Il; 13; Juv. VI. 490; • C Il Cod. Theod. eod. tit. — 5 C. 22, 28, 30, 31, 32, 34, 35, 3C, ibid. — 6C. 10 Cod.
Pelrou. Sat. 21 ; Bôttgcr, Sabùia, iv scène.— 5° Dio Cass. xivii, 8. — 51 Aletam. Theod. eod. tit. — " Cod. Theod. VU, 13, De tironibus, et XI, 18. qui a pracbit. ter
Vlll, p. 173, ed. Dip. — 51 30m et Barré, Hercul. et Pompci, 3' série, pl. icill. excus. — &Cod. Theod. De annona et tribut, c. xxrv, XI, t ; c. xxix, xxxu et xxxtu cod.
- 53 Dio Cass. Ll, H. lit. — 9 C. 4 Cod Theod. De milit. veste, Vil, 6.
ADA — CS — ADD
que les cinq sixièmes en seraient payés en argent aux III. Le nom primitivement appliqué aux plus durs mé
vieux soldats, et le sixième remis aux junioribus et gregariis taux, et ensuite au diamant, le fut enfin à l'aimant (magnes).
mililiùus, sous la forme qu'ils jugeraient préférable l0. Pline" attribue cependant à Yadamas une vertu antima
— La prestation d'un cheval était estimée 25, 18 ou gnétique ; et par suite d'une confusion dans les noms,
(S toUdi et le trésor, qui la percevait, n'en remettait d'autres auteurs 16 disent qu'une espèce d'adamas se trouve
souvent qu'une partie aux soldats qui auraient eu droit dans les mines de fer, ou donnent 17 pour patrie à l'aimant
à la livraison d'un cheval. C'était une spéculation aux l'Inde, qui était celle du diamant. Ch. Morel.
dépens à la fois des contribuables et des fonctionnaires, ADDICTIO BOINORUM LIBERTATIS CAUSA. — C'était
dont une partie du traitement était payée en nature 11 . l'attribution du patrimoine d'un testateur aux esclaves
Dans certains cas où les fournitures dues à titre d'impôt affranchis par le testament, au cas où aucun héritier,
auraient été insuffisantes pour les besoins de l'armée, on institué ou ab intestat, n'acceptait la succession. Cette
procédait par réquisition forcée sur les détenteurs, en les cause d'acquisition, consacrée par un rescrit de Marc-
remboursant au prix courant, ce qui s'appelait publica Aurèle était un modus adquirendi per universitatem s,
comparatia **, ou en imputant la valeur de ces fournitures c'est-à-dire embrassait l'ensemble du patrimoine avec
à compte sur les impôts w. G. Humbert. charge des dettes. Le môme bénéfice fut étendu au cas
ADAMAS ('ASa;ia;). — I. Hésiode1 est le premier auteur qui où il était requis par un extraneus dont la liberté
se serve de ce terme, et il l'emploie pour désigner, comme n'était pas en question8; puis, par un sénatus-consulte,
l'indique Fétymologie (à-SaLtâÇw), un métal excessivement au cas où il y avait un héritier sien (hères suus) qui s'abs
dur, indomptable ; les dieux seuls possèdent le secret de sa tenait de l'hérédité acquise indépendamment de sa vo
préparation et s'en servent pour fabriquer toutes sortes lonté *. On appliquait le rescrit lorsque le testateur avait
d'armes ou d'instruments divins. Il est difficile de savoir si affranchi par codicille 5; et môme, par extension, lorsque
le poète a eu en vue un acier d'une trempe particulière ou le défunt, n'ayant pas laissé de testament, avait donné la
un alliage analogue à l'airain. Dès lors, àîâijta; est resté, dans liberté fidéicommissaire par codicille. Justinien étendit
cette acception, un terme exclusivement à l'usage des poëtes : encore cette faveur au cas de manumission entre-vifs, ou
c'est de ce métal divin que sont faits le casque d'Hercule s, à cause de mort attaquée par les créanciers 8. Dans tous
la faux de Saturne ', les chaînes de Prométhée *, la charrue les cas, Vaddictio ne pouvait être demandée que si nul
d'Aeétès *. Les poètes latins sont fidèles à cette tradition, et ne se présentait- pour recueillir l'hérédité au moins ab
ils emploient les adjectifs adamantinus 6 ou adamanteus 1 intestat 7; et quand il n'y avait plus possibilité que per
toutes les fois qu'ils veulent indiquer une résistance presque sonne se présentât, celui qui sollicitait Vaddictio s'adressait
surnaturelle, particulièrement quand il s'agit des choses en au magistrat compétent; celui-ci nommait un juge qui réu
rapport avec le royaume de Pluton, de tout ce qui est sou nissait les créanciers afin d'élire un d'entre eux, qttKreçût
mis aux lois de l'inexorable Destin : les tablettes des Par au nom de tous du requérant la caution (satisdatio) de
ques, les portes des enfers, les chaînes de Cerbère sont fa payer toutes les charges de la succession 8 ; ainsi se trou
briquées de ce métal8. Dans Théocrite 9, le Hadès lui-môme vait empêchée la vente en masse des biens sous le nom du
était déjà nommé aoa'jxaç AÏSy]?. défunt, qui avait trouvé un defensor idoneus. L'addiction ne
II. Le diamant (adamas gemma) 10, la pierre la plus dure et pouvait pas avoir lieu non plus, lorsque la succession aban
la plus fine. Théophraste 11 est le premier qui emploie le mot donnée par les institués (destitutum testamentum) était re
isajutî dans ce sens. Selon l'opinion des anciens,le diamant ne cueillie parle fisc9; et les affranchissements tombaient, s'il
pouvait pas Être taillé; cependant tel qu'il se présente quel n'y avait pas lieu de prévenir la vente en masse par les créan
quefois dans son état primitif de cristallisation, ou poli par ciers. Dans le cas contraire, les biens étant saisis, le fisc lui-
le frottement et tout à fait transparent, il était employé même devait respecter les affranchissements10. 11 en était de
comme ornement des bagues. On en incrustait aussi dans môme lorsque les biens étant attribués (addicta) à quelqu'un
des vases de prix. Certains naturalistes anciens prétendaient sans qu'on eût prévenu les agents du fisc (praefecti aerario),
qu'on pouvait le ramollir au moyen de sang de bouc1'. Cette ceux-ci réclamaient les biens ; ensuite Vaddictio cessait, mais
fable prouve seulement que les anciens broyaient le diamant ; sans préjudice des libertés acquises 11 . Le droit était égale
ils enchâssaient les morceaux les plus acérés dans des ins ment acquis quand un héritier qui avait répudié l'hérédité
truments dont les lapidaires se servaient pour tailler, graver ou s'en était abstenu,se faisait ensuite restituer en entier par
et polir les pierres précieuses. L'entrée des diamants dans le préteur [restitutio in integrum] : les affranchissements
l'empire romain fut soumise à des droits Les médecins subsistaient — Quels sont les effets de Vaddictio pronon
s'en servaient comme contre-poison et comme remède cée ? les affranchis directement sont réputés affranchis du
contre l'hypochondrie défunt (orcini), à moins que le requérant n'ait sollicité le
» C! Cod. Theod. Vil, 4. — » C 89 Cod. Theod. De anon. XI, I. — »> C. 33, tam. p. 183.— » Plin. Hist. nat. XX, 10; XXXVll, 61. — « Dig.XXXIX, 4, 16, 8 7.—
TU, 4. Cod. Theod. ; C 3 Cod. Theod. De numer. et actuariis, VIII, l ; C 10, eod. 1* Plin. Hist. nat. XXXVII, 61. — «Plin. I. /.— 16 Solin. Polyhist. c. h», p. 59 d,
lil.— l»Cod. Theod. XI, 15 j C Just. X, 17. — 1» C Ï9 Cod. Theod. De ann. XI, I ; Utrecot, 16S9; Marbod. De gemm. 1, 3». — 17 Augustin. De civ. Dei, XXI, 4 ; Isid.
C. i Cod. Theod. De ind. XI, 5 ; Nor. 130, c. I et ui. — Bibliographie. Godelroy, Orig. XVI, 4. — Bibliographie. Saumaise, Exercit. Plin. 1689, in-fol. p. 763 et 773 ;
Paratitl. ad Cod, Theod. XI, 2 ; Naudet, Sur le» changements dans l'administra- Falconnet, Sfém. de l'Acad. des fnscr. 1717; Schneider, Analecta ad hist. reime-
lion de l'empire romain. Paris, 1819 ; Walter, Rômisch. Reclitsgesch., Bonn, 1860, tall. vet. p. 6 ; Pinder, De adamante, Berl. 18(9; Zerrenner, De adamante dissert.
2* éd. n<> 408, p. 59i et luir. j Baudi de Yeime, Sur les impositions en Gaule, trad . Lipa. 1850 ; Krause, Pyrgoteles, Halle, 1856; H. Martin, De l'aimant, suivant les
de Iaboulaye, Revue historique dedroit, Paris. 1861, p. 379 et suit. ; Serrigny, Droit anciens. Paris, 1861.
f*M«e rmain, n. 418, Paris, 1863. ADDICTIO BONORCM LIBERTATIS CAUSA. 1 Les Institutes de Juslinien, III.
«DAMAS. 1 Scutum Herc. 137. — • Hesiod. 1.1.—' Id. Theoaon. 161, ISS. — t. 11, en donnent le texte. Cf. fr. S, 3 et 4 Dig. XL, 5. — 1 Instit. II, 9, § 6. —
» Aesehjl. Prom. t. — » Pind. Pyth. IV, 397. — 6 Lucret. II, 447. — 7 Ovid. Afctam. 5 Pap. fr. 50 ; § 1 1 Dig. XL, 4 ; C. Gordian. Cod. De man. test. VI, 1, 4. — * Fr. 5r ,
VII, 104; Manil. I, 911. — » Orid. Melam. XV, 813 ; Sen. Herc. fur. 808 ; Prop. IV, § 10, De fideic. lib. XL, 5. — « Instit. III. 11,83. — » Instit. III, 11, § 4. —
•1, 4; ïirg. Aen. VI, S51 ; Ot. Metam. IV, 453. — » H, 34. — 10 Spart, kir. 3. 7 Instit. § 4, eod. tit. — » Instit. 6 î, eod.; fr. 4, § 9 Dig. De fideic. i.4. XL, 5. —
— 11 Ht lapid. 19; comp. les auteurs cités par Pinder, De adamante ; et de plus » Fr. 50. Dig. De rrxm. test. XL, 4. — 10 Fr. 4, 8 17 Dig. De fid. lib. XL, 5 ; Pothier,
Pans. VIII, |8,6 ; Theophylact. Dial. p. 18, ed. BoUsonade, et ses notes sur ce pas- Pand. XL, 5 ; Ducauroy, n» 970, note. — » Fr. 4, 8 10 Dig. XL, 5 ; Démangeât, Cours
wge. p. in, sur les Heroic. de PLiloitrate, p. 431, et sur Planud. Ad Ovid. Me- de droit rom. Il, ad h. tit. Instit. — 11 Instit. III, 11, § 5; fr. 4, g 1 Dig. XL, 5.
I. a
ADD — 66 — ADE
titre de patron; les affranchis par fidéicommis sont toujours capitis minutio [caput] qui le plaçait dans une situation ana
réputés liberti de celui qui prend les biens **. Mais, comme logue à la servitude, du moins telle est l'opinion de juriscon
il n'a pas volontairement procuré la liberté, il ne peut exi sultes distingués1. La loi des XII Tables avait même pris
ger d'eux les services (operae) de ceux à l'égard desquels il soin de protéger l'addictus pendant son emprisonnement en
joue le rôle de patron M. h'addictio bonorum étant prononcée réglant sa nourriture et le poids des fers dont il pouvait
par le préleur ne transférait pas la propriété romaine (domi- être chargé, et en ordonnant de le conduire par trois jours
nium ex jure Quiritium) à l'acquéreur, mais bien seulement démarché consécutifs [nundinae] sur lecomitium, avec procla
la propriété prétorienne ou Vin bonis 1S ; car il était assimilé mation de la somme due, afin d'obtenir peut-êlre l'inter
à un héritier prétorien, bonorum possessor1"; il pouvait être vention d'un tiers et la libération de l'addictus. Mais, avec
poursuivi ou agir par les actions utiles héréditaires 17 ; les la vente de ce dernier, s'opérait une maxima capitis deminu-
créanciers ont d'ailleurs contre lui et sa caution l'action tio [caput"|, qui le rendait esclave de droit, et attribuait son
ex stipulalu, résultant de la satisdatio. Justinien a, dans une patrimoine au vendeur. — L'ancienne manus injectio sur
constitution nouvelle I9, réorganisé cette matière, et nous vécut à la loi Aebutia, mais avec des modifications, et ne fut
renvoyons pour l'analyse de ses innovations à l'excellent abrogée peut-être que par les lois Julia 8; la contrainte par
Cours de droit romain, par M. Démangeât". Justinien dé corps (ductio debitoris) subsista, mais avec des conséquences
cida qu'au cas où un héritier institué par le défunt n'exé beaucoup plus douces que celles de l'ancienne addictio.
cuterait pas les dispositions mises à sa charge, même autres II. On appelait aussi addictus, l'homme libre condamné
que dos affranchissements, toute personne gratifiée par le pour vol manifeste [furtum], lorsque, après avoir été battu
défunt, ou les héritiers ab intestat, ou môme toute personne de verges, il était attribué au volé; mais il y avait doute sur
de bonne volonté, enfin le fisc, pouvait prendre la place de le point de savoir si cet addictu,t devenait esclave ou était
l'héritier institué, en lui laissant la légitime, s'il y avait assimilé à un adjudicatus '. G. Humbert.
lieu, à charge de fournir caution préalable d'accomplir les ADDIX(*Ao3tS ou *AS3i;i;). — Mesure de capacité en usage
dispositions du testateur (cautionevidelicetprius ab eis jacta). en Perse, valant deux xct7:i0ai, ou en mesures attiques 4 '/»
G. HUMBERT. de chénices (yoïvtxe;), en mesure moderne 2m,325. Elle est
ADDICTUS. - I. Débiteurdontl'attribution àson créan mentionnée dans les lexicographes 1 et dans un fragment
cier avait été juridiquement prononcée, sous le régime des d'Aristophane*. Ch. Morel.
actions de la loi [actio], dans les circonstances suivantes. ADEIA ("ASeta). — I. Dispense ou exemption de la res
Celui qui avait été condamné civilement par un juge (Ju- ponsabilité que pouvait entraîner un certain acte; elle était
dex), ou qui avait avoué la dette in jure el qui ne payait pas accordée à Athènes par l'assemblée du peuple.
dans les trente jours le montant de la condamnation, pouvait Ainsi : i" La loi défendait à toute personne, sous peine
être saisi par le créancier, au moyen de l'action de la loi 1 de confiscation et même dans certains cas d'alimie [atimia]
nommée manus injectio, puis conduit devant le magistrat, de demander la remise de l'amende ou de l'atimie qui
qui prononçait Yaddictio au profit du créancier. Celte in avaient été prononcées contre un citoyen. Pour présenter
tervention d'un ordre du magistrat séparait Yaddictio de impunément une requête à ce sujet, il fallait avoir obtenu
l'ancien nexum, qui se formait ipso jure, c'est-à-dire indé préalablement l'autorisation du peuple, et six mille suffra
pendamment d'une sentence. Le créancier pouvait détenir ges au moins étaient nécessaires pour la validité de la dé
Vaddiclus in carcere privato *, dans une prison privée, telle libération prise par l'assemblée. Il y avait alors âoeta
qu'en possédaient les riches romains pour enfermer leurs «epi Twv (SsetXdvTtov waxs'kéyiiv éÇsïvai xtx't iiruj/r^tîlEiv1. — Patro-
débiteurs. Après un nouveau délai de soixante jours, si clide l'avait obtenue avant de faire la proposition repro
l'addictus ne trouvait personne prêt à répondre comme duite dans Andocide et il a soin de rappeler cette con
vindex ou à payer pour lui, le créancier pouvait le mettre à cession dans le texte de son projet *.
mort ou le vendre comme esclave trans Tiberim '. Le texte 2° Lorsque le condamné à l'amende ou à l'atimie voulait
des Xll Tables permettait, au cas où il y avait concours en lui-même prendre part aux affaires publiques, il devait
tre plusieurs créanciers, de couper en morceaux le débi d'abord obtenir Vadeia. — Démade, qui n'avait pu payer
teur. Plusieurs savants modernes ont voulu entendre cette la plus petite partie des amendes auxquelles il avait été
disposition du partage des biens ou du patrimoine du débi condamné, se trouvait frappé d'atimie et privé du droit de
teur ; mais les anciens la prenaient à la lettre \ et cette in parler en public. Mais il se fit accorder l'adeia (aSttav tôpo'-
terprétation s'accorde avec la barbarie du temps et avec jaevoî) et soumit à l'assemblée du peuple un projet de
l'absence, à cette époque, de mesures d'exécution sur les décret
biens, sauf les cas de hgnoris capio *. 3° Lorsqu'une personne, privée de la jouissance des
Quoi qu'il en soit, l'addictus avant la vente était esclave droits attachés à la qualité d'Athénien, telle que l'étranger
de fait et non de droit 6, tandis que le nexus subissait une ou l'esclave, voulait intenter contre un citoyen une action

» § 1, Instit. III, 11. — 1» rr. 13, § 1, Dig. XXXVIII, I. De oper. libert. — 8 Caius, /in/. IV, 25, 30, 31. — » Caius, Instit. III, 189. — Bibliographie. Ortolan,
Ribéreau, De fin bonis, Paris, 1867. — 16 Fr. 3, Dig. XL1V, 5. — " Fr. 4, § 21, Expl. lust. des Instit. 6« éd. Paris, 1853, n°' 18 et suiv. 186b, 2025 et ÎOifi ; de
Dig. XL, 5. — *» C. 15, Cod. De test. ma». VIII.— '» Tome II ad Instit. II, II. — Fresquet, Traité élém. de droit rom. Paris, 1855, II, p. 406 ; Giraud, Du prêt à in
îo.NoïcII. I,c.*. — BmiOMUim. Puthier, Pandect. Justin, lib. XL, lit 5; Ducaurroy, térêt che: les Domains, Paris, 1847, p. 93 et suit, el les auteurs qu'il cite p. 7 ;
Intitules expliquées, 8« éd. Paris, 1851, II, n°- 955 à 932 ; Ortolan, Explic. histor. Tambour, Des voies d'exécution chez les Domains. Paris, 1860 ; Puchla, Cursus
des Distituts de Justinien, 1* éd. Paris, 1870, tome II; Démangeât, Cours élénvm~ Instit. éd. RudorlT, 1847, § 269, 273 ; Rein, Privatrecht der Rimer, Leipzig, 185S,
taire de drot romain, 2" éd. Paris, 1867, tome II, p. 124 et s.; Walter, Gesch. p. 649, 936; Walter, Getchiclite des rômisch. Rechts, 3" éd. Bonn, 1860, § 509,
des rôm. Dechts. 3» éd. Bonn, 1860, n° 649. 616, 750, 753; Démangeât, Cours de droit rom. III, p. 132 et s. Pari», 185*.
ADDICTUS. 1 Gaius, Instit. IV, îl ; III, 78. — « T. Li». III, 57 ; V, 14 ; VI, 36 ; ADDIX. 1 Hesych., Etym. Mann., Photius, s. ». — * Ap. Eustath. Ad Odyss.,
VII, 16 ; Dion;s. IV, Il ; GcU. Noct.att. I, 1. — > Lex XII Tab. III, I à 6, dans XIX, p. 1854, 12; Arist. fr. 573, Dind.
\'Hixl. de la législ. rom. de M. Ortolan, 6" édit. Paris, 1858, p. 101 el suir; Cell. ADEIA. 1 Dcmosth., C. Timocratem, §§ 45-46, Rciske, 714-715. — « Andoc. De
Xoct. ait. XX, I. — 4 Quint. Instit. oral. III. 6; Tertull. Apologet. IV. — » Dio mysteriis, § 77, Didot, p. 60. — 3 Schomann, De comitiis Athettiensium, p. 27ô ;
r.ass. Fraijm. p. 70, édit. Didot ; Giraud, Des ncxi, p. 108. — « Quint. V. 3, 10; Bockh, Staatshaushallung der Alhener, î' éd. I, p. 516, et II, p. 41 ; Lcly\eld, De
Vit, 3; Gains, ni, 189. — 1 Ortolan, t'xpl. lust. des Instit. 6« édit. n» 1885. — iiifamiajure altico, p. 276-277. — » Plut. Phocio, 26.
ADJ — 67 — ADL
publique dans l'intérêt de l'État, elle devait avant tout commune entre copropriétaires; finium regundorum, en
solliciter la permission d'agir. — Les ennemis de Périclès, règlement de bornes entre voisins : dans ces trois cas',
voulant avoir la mesure de son crédit sur le peuple, enga dès que le juge a adjugé une chose à l'un des cohéritiers,
gèrent un esclave de Phidias, nommé Ménon, à demander copropriétaires ou voisins, l'adjudicataire en devient pro
!a permission de dénoncer et d'accuser son maître, qui était priétaire, et les autres cessent d'y avoir aucun droit *. » Ce
l'intime ami de Périclès. Ménon suivit leurs conseils, et le pouvoir du juge prenait son origine dans les exigences
peuple lui accorda l'autorisation qu'il avait réclamée (aÎToû- mêmes de la pratique, les copartageants devant nécessai
u£v:v âo£tav) *. On trouve encore dans Lysias ' quelque chose rement perdre chacun tout droit dans la part assignée aux
d'analogue. autres. De môme, dans l'action en bornage, Yadjudicatio
4° L'adeia apparaît encore dans certaines inscriptions équivalait à la faculté donnée au juge de redresser les li
relatives aux finances d'Athènes, notamment dans le mites et de procéder à un partage régulier entre les fonds
compte rendu des dépenses de la caisse publique conservée voisins. F. Baudry.
à l'Acropole sous la surveillance de la déesse (^ipio-aïuvou ADJUTOR. — Aide ou adjoint en général. Ce mot, qui est
toû Sii'jiov âostav) 7. Il est probable que, lorsque le be de la langue commune, désigne1 celui qui sert d'auxiliaire
soin se faisait sentir de recourir à des procédés de paye à une action ou entreprise quelconque, ou qui exerce un
ment ou à des affectations de sommes contraires aux règles emploi en sous-ordre. Ainsi il se dit d'un sous-maître dans
delà comptabilité d'Athènes, une décision du peuple inter une école *, ou d'un acteur qui remplace un premier
venait pour mettre à couvert la responsabilité des agents rôle s, aussi bien que du lieutenant d'un général et d'un
du trésor *. chef de parti *, ou de l'orateur qui soutient la proposition
II. Nous devons, en terminant, indiquer deux textes dans d'une loi 6.
lesquels le mot aîeia a un sens moins déterminé. Ce nom fut spécialement le titre donné, sous l'Empire,
\" Démosthène * place les dispenses à côté des distinc aux aides d'un grand nombre de fonctionnaires. Le préfet du
tions honorifiques que la République peut accorder à prétoire et le préfet de la ville, par exemple, avaient dans
une personne : oT; âv Titfttç tiv' aJetav ?| a-r£wxvYj<pof(av •Jj Ttva leurs bureaux des adjutores [praefectus praetorio, frae-
fectus urbi, officium], et dans l'administration financière,
2° L'adeia nous est présentée par Plutarque comme une beaucoup d'agents du même nom sont mentionnés par
sorte de sauf-conduit, de garantie contre les mauvais trai les inscriptions, tels que Yadjulor praefecti annonae [prae-
tements que l'on a pu mériter par sa conduite envers un fectus annonae], Yadjutor tabulariorum [tabularius], Yad
peuple. Alcibiade, avant de se rendre à Sparte, eut soin julor officii rationalium [rationalis], etc. On trouvera les
de réclamer cette faveur de l'adeia (àÇttov aSeiav aùrw yvié- renseignements qui se rapportent aux plus importants
iOai) et pour l'obtenir il promit à ses anciens ennemis d'entre eux, au nom des fonctionnaires dont ils étaient
de leur faire plus de bien à l'avenir qu'il ne leur avait fait les subordonnés. E. Saglio.
de mal dans le passé 10. E. Gaillemer. ADLECTI. — I. On nommait ainsi à Rome, sous la Ré
ADIKIOU GRAPHE ('Aoixi'ou fP*^). — Action dont le publique, ceux qui, suivant Festus1, à raison de l'insuffi
nom ne se rencontre que dans les grammairiens Ils nous sance du nombre des patriciens, étaient tirés de l'ordre
ia présentent comme appartenant à la procédure athé équestre pour être admis dans le sénat ; on donnait aussi
nienne ; mais ils ne nous disent pas avec précision à quels le nom de conscripti à ceux qui se trouvaient ainsi adjoints
délits elle s'appliquait. Peut-être doit-on voir dans les à la liste, par opposition à ceux qui siégeaient par le
mots àoixi'ou Six» ou Yp*9>5, comme dans les mots otôtxyip&wv privilège de la naissance (patres qui sunt patricii generis).
îr.inwiwv fyz<rf et àS-.xi'ïî itçb; tov Sîiaov ypwpfi, moins la dé C'est ainsi qu'après l'expulsion des rois, le consul P. Vale-
signation d'actions spéciales que des expressions généri rius Publicola, de concert avec Brutus, fit entrer dans le
ques comprenant toutes les actions tendant à la réparation sénat cent soixante-quatre membres. Suivant Tite-Live *,
de dommages moraux ou matériels causés à l'État (57|j»5ta Brutus compléta le nombre normal de trois cents séna
à-/.xT,uaT«). E. Caillemer. teurs, qui, par suite des cruautés du roi, se trouvait loin
ADITIO HERED1TATIS [UERES]. d'être rempli, en prenant les premiers (primores) de l'ordre
ADJUDICATIO. — Ce mot désigne, dans la procédure équestre, et les citoyens adjoints (lecii) au nouveau sénat
formulaire [actio], une partie de la formule d'action qui prirent le nom de conscripti [senatus lectio]. Sous l'Empire,
permet au juge, dans certains cas, de transporter la pro l'expression adlecti désigna de même les citoyens romains
priété d'un autre ordre, que la faveur impériale appelait au sénat
11 désigne aussi la translation de la propriété romaine par une concession spéciale. Les mêmes sénateurs étaient
par le prononcé du juge, mode de translation applicable dits adlecti inter consulares ou inter praetorios, aedilicios,
également aux choses mancipi et née mancipi, corporelles guaestorios suivant qu'on leur donnait au sénat le même
et incorporelles. «Trois formules d'action seulement, dit rang que les personnages qui avaient rempli ces magis
M. Pellat *, investissaient le juge de ce pouvoir : l'action tratures [adlectio].
lamiliae erciscundae, en partage d'une succession entre co II. Il y eut aussi à la même époque des adlecti inter pa-
héritiers; communi diuidundo, en partage d'une chose tricios; le nombre des familles patriciennes ayant singu-

1 Plut. Pericl. 31. — 6 C. Agoratum, g 55, Didot, p. 157; Andocid. De mysteriis, Vat. fi agm. 47, et fr. 44, g 1, Dig. Fam. creisc. X, 2. — » Up. XIX. Iieg. 16 ; Pul-
it lî et 15, Didot, p. 50. — 1 Rangabé, Antiq. hellén. n. 1 19 ; cf. Bûckh, Corp. llt, Op. laud. p. 51, n. 4. — HtDUoORAriilB. Rein, Dus Privatiecht der liômer.
Mer. graee. n. 144 H Mi*. — 8 Raugabé, Op. cit. I, p. 220 ; BOekh, loc. cit. p. 903 p. 23î, 1858 ; Pellat, De la propriété, 2" éd. Parts, 1S53.
« SUuttkatahalt. der Athener, 2« «dit. 11, p. 41 . — » C. Midiam, g 3.1, R. 455. — AUJCTOR. t Cic. Ad Attic. VIII, 3 i Pro dom. 12 ; Ad Quint, fr. I, 1, 3 ; Plaut.
" Plut. Alcib. 23. Atin.l, t, 42. — ' Quiutil. Il, 5, 3. — S Phaedr. V, 4, H; Sue'. Gram. 18. —
ADIKIOU GRAPHE. 1 Harpocration, Suidas, Husychius, a. t. * Vcllci. Il, 63 et 115. — 5 rie. Agrar. 5.
IDJCDICATIO. » Caius, Comm. IV, gg 39, 42, 44. — « De la propriété, p. 20, ADLECTI. 1 Fesl. s. t. Adlecti, Conscripti, Qui patres. — « II, I. — > Varini, 4(fi
!' éd. — 1 Peut-être fallait il encore que [cjudicium fût legitimum. Gaius, IV, 105 ! d an. tav. lu, p. 790.
ADL — C8 — ADL
lièrement diminué, les princes conférèrent souvent le pa- sénat inter consulares, mais ces adlecti sont exem ptés des
triciat à des sénateurs. Une inscription * mentionne un charges sénatoriales *, en tout ou en partie, notamment de
citoyen ainsi élevé au patriciat par l'empereur Vespasien. certains impôts.
Le plus souvent cette admission avait pour but de créer II. L'expression adkctio s'appliquait également à l'in
l'aptitude à certaines dignités sacerdotales, qu'on trou troduction extraordinaire de nouveaux membres dans le
vait difficilement à confier, le nombre des familles patri sein du sénat des villes municipales ou des colonies, quel
ciennes étant réduit à cinquante vers la fin de la Répu quefois moyennant certaines charges pécuniaires 10. D'après
blique s. la loi Julia municipalis, nommée aussi Tabula heracleensis",
III. Dans les municipes et dans les colonies, on rencontre la lectio ordinaria senatus devait être opérée tous les cinq
des citoyens agrégés par décret du sénat ou de la curie ans p>r les premiers magistrats de la ville, c'est-à-dire par les
municipale à cet ordre lui-même, au même rang que les quinquennales [muïucipium]. Suivant la forme fixée parla loi
anciens magistrats locaux, inter quinqvennalicios, aedili du municipe ou de la colonie, ces censeurs, qui étaient au
cios, etc. Il y eut aussi de simples adlecti in curiam ou inter nombre de deux, de trois ou de quatre, selon les lieux, com
decuriones '. plétaient le sénat. Marquardt a très-bien prouvé contre Wal
IV. Un historien mentionne des adlecti inter judices de.cu- ter que la lectio n'appartenait pas à la curie elle-même "
riarum '. Tibère refusa à Livie d'inscrire parmi les juges [cunu]. Toutefois il paraît en avoir été autrement sous la
un nouveau citoyen (civilate donatum) [judices]. République, notamment dans certaines villes de Sicile, et
V. Enfin le Code Thdodosien 8 nous montre des em même d'Italie, où l'admission au sénat, cooptatio, semble
ployés nommés adlecti chargés , avec les largitionales et avoir dépendu de l'élection par les citoyens, puis par la
pruseculores, de la rentrée de certains impôls. Il est permis curie elle-même 18. Quant à Vadlectio, il résulte d'une in
de conjecturer, d'après une autre loi du même Code 9, scription relative à I'album des décurions de Canusium
qu'il s'agit d'employés choisis extraordinairement parmi que la curie pouvait, avec la permission de l'empereur,
les largitionales caritatum. G. Humbeut. accorder à certaines personnes le rang de quinquennalis,
ADLECTIO. — I. C'était, sous l'Empire, une faveur spé ou celui de duumvir, ou d'édile ou de questeur (adlectus inter
ciale et importante du prince, qui concédait à un citoyen, viros, aedilicios, quaestorios), par adltctio gratuite ou non,
en dehors des règles ordinaires ', le droit de prendre place comme celui de décurion, en dehors du nombre légal des
au sénat parmi les personnages qui avaient été investis membres du sénat. C'était la récompense de services extra
du consulat, de l'édilité, de la préture, de la questure (ad ordinaires 15. Depuis les Antonins, et surtout après Cons
lecti inter consulures, inter aedilicios, praetorios, tribunicios, tantin, le système de recrutement et d'organisation des
quixestorios). Jules César donna le premier l'exemple de cette municipes étant complètement transformé, le décurionat
attribution - du titre indépendamment de l'exercice des devint héréditaire, et les vides de l'ordre se remplirent au
fonctions de consul On sait d'ailleurs que le consulat fut moyen d'un recrutement parmi les simples citoyens (muni
singulièrement amoindri sous l'Empire; le prince s'attacha cipes) de la ville, et même les mcolae. Cette adlectio pouvait
par système à diminuer l'importance des anciennes magis s'opérer fatalement dans certains cas désignés par la loi,
tratures républicaines, soit en diminuant leur durée, soit tels que ceux d'adoption par un décurion, ou de mariage
en divisant leurs attributions ou leurs honneurs. C'était avec la fille de celui-ci de non-affiliation à une corpora
un moyen de satisfaire en outre un plus grand nombre tion autorisée, ou au contraire d'affiliation à certaines cor
d'ambitions 8 [consul]. Quelquefois le sénat, de concert porations On en vint même à infliger la cooptatio à titre
avec le prince, accordait seulement les ornamenLa ou les de peine, en raison des charges excessives qu'entraînait le
insignia consularia, aedilicia, etc., ce qui n'entraînait pas décurionat; mais cette loifut abrogée par G rati en, Valen-
nécessairement le droit de siéger au sénat *. De même tinien et Théodose 1S.
que la composition normale du sénat par l'empereur s'ap III. Le mot adlectio s'appliquait encore à l'admission d'un
pelait lectio senatus, légère senalum s, on nomma allegere ou étranger à la cité parmi les bourgeois (municipes). Plusieurs
adsciscere, cet autre mode de recrutement de l'assemblée textes ou inscriptions font mention A&Yadlectio inter c('ue« ".
au moyen de l'incorporation de divers citoyens. Les empe Ainsi Tacite mentionne l'exemple de Rutilius, exilé de Rome
reurs agissaient en leur qualité de directeurs des mœurs, et admis par les habitants de Smyrne à titre de concitoyen,
succédant à l'ancien office des censeurs '. Quelquefois ils fait suivi d'une affiliation semblable de Vulcatius Moschus
conféraient l'entrée au sénat avec le rang de préteur, de à la cité de Marseille. Le nombre des municipes pouvait
tribun, d'édile ou de questeur, et ceux qui étaient l'objet de encore s'accroître par l'adoption d'un homme libre et
cette faveur étaient dits adlecti inter praetorios, tribunicios, même par l'affranchissement d'un esclave, opérés par un
aedilicios, quaestorios 7. Octave déjà avait été admis au sénat citoyen de la ville 40 ; mais, dans le cas à'adlectio propre
avec le rang de préteur, en vertu d'un sénatus-consulte spé ment dite, le nouveau citoyen était en quelque sorte
cial 8. adopté par la corporation tout entière. Le texte ne nous
Au Bas-Empire, on voit des officiers du palais admis au dit pas dans quelle forme s'opérait cette adlectio; on peut
'■* Orelli, 5447 ; Ilûbncr, De sénat, pop. rom. act. p. 32. — 5 Walter, Rômisch. buch, p. 246 et suiv. et les auteurs cités. —> Cicer. Phil. V, 17, 47 ; Dio fass. XLVI,
Recktsgesch. 3' éd. u° 350, p. 529. — 8 Fr. 6, pr. Uig. De muner. L, 4. — 7 Suel. 41. — » C. 8 et 10 Cod. Theod. VI, 24, 25 ; C. 5, VI, 27; C 15 et 17, VI, 2, édit. Hâ-
Tiber. 51. — • C is et 18, De extraord. XI, 16 et C. 4, lî et 13 De suscept. XII, nel. — '» PIin.£'pù<. 112,113. — «Lin. 9; Bccker-Marquardt, Bandbuch, III, l"par(.
6. — 9 c. 1, 8 1, Cod. Theod. De appar. priv. VIII, 3. p. 335. — M Ibid. p. 366 et 368, notes 2363 et 2372 ; Walter, Rômisch. Rechlsgesch.
ADLECTIO. 1 Suet. Claud. 2»; Vesp. 9; Corp. insc. gr. 4033; Mém. de l'Acad. SS 202,301, 302, 3« éd. — UCic./n Verr.U, 49, 120 ;Pro Co'Uo, tel S; Plut. Sulla,
îles Ltscr. I. XXVI, p. 818. — « Suet. Caes. Te ; Dio, XLIII, 47. — » Waller, Rôm. 37. — 1' Graev. Thesaur. antiq. IX, p. 5 ; Orelli, n°37H, ap. Becker, Handb. p. 370.
RcckUgesch. p. 433, 437, éd. de 1860 ; Lance, Rôm. Alterth. p. 6Ï5, 2» éd. BcrI. 1863. — 15 Becker,!. I. p. 37Î ; Orelli, 2533, 3816, 388S, 4109 ; Piin. Epist. 112, 113
— * Zumpl, Honor. grad. sub imp. in Rhein. Mus. 1843, p. 249-289. — 5 Bcckcr- '« C 4 Cod. Just. De decur. X, 31 ; C. 124 Cod. Theod. De decur. XII, I. — " Cod.
Harquardt, Handbuchder Tùm. Alterth. II, 3'partic, p. 217, 324. — 8 Afonum. Ancyr. Theod. c. 18, 137, 119, 179 eod. tit. — 18 Cod. Theod. eod. c. 66; Roth, De re mu-
lab. II, S ; Suet. Oct. 24; Claud. 27 ; Vespas. 9 ; Dio Cass. LU, 19, 42; LIV, 13, 26, 3!<; nicipali, p. 40, 46. — » Tacit. Annal. IV, 43; Orelli, 3710, 3711 ; C. 7 Cod. Just.
LV, !3;Tacit. Arm. XI, 25 ; Capitulin..l/arc. Aurel. 10. — 1 Beckcr-Marquardt, Hand- De incolis, X, 39. — «0 Fr. 6, g 3 ; fr. 15, § 3, et fr. 17, Dig. Ad municipal. L, I.
ADL — 69 — ADL
conjecturer qu'elle résultait d'un décret de la curie La reliefs qui se déroulent autour de la colonne Trajane 1 et
qualité d'incola, en soumettant aux charges de la cité, de la colonne Antonine *, comme sur les murailles sculp
n en donnait pas en général les droits M. Cependant des tées des arcs de triomphe on voit le groupe des légion
inscriptions mentionnent un individu adlectus in curiam naires dominés par leurs enseignes et la plate-forme élevée
Lugdunensium nornine incolatus a, et Justinien semble indi d'où le général, ayant à côté de lui le préfet du prétoire
quer que telle est de son temps la règle générale et quelquefois d'autres officiers, harangue ses troupes. Le
G. Humiiert. même tableau se représente, avec les réductions qu'impo
ADLECTIO ITALICA. — Cette expression se trouve seu sait l'exiguïté de l'espace, au revers d'un grand nombre de
lement dans un texte de Capitolin l, qui dit en parlant de médailles romaines *, presque toujours avec une de ces in
Marc-Aurèle : Hispaniis exhaustis italica allectinne ^ontra scriptions : ADLOCVTIO, ADLOCVTIO AVG, ADLOCVTIO COH... NOUS
Trajani praecepta oerecunde consuluit. Ce texte avait été en donnons ici trois exemples de ces petites compositions s. Le
tendu en général d'une faveur relative à l'enrôlement mili premier (flg. 106), emprunté à un grand bronze de Galba, du
taire. Cette exemption, propre à l'Italie, aurait été accordée Cabinet de France, est conforme au type généralement suivi.
par Marc-Aurèle à l'Espagne. Mais cette opinion nous pa Les soldats y sont armés de hastes,
raît avoir été renversée dans ses fondements par un savant ils ont le casque et le bouclier;
français, M. Revillout, qui a prouvé 1 que l'Italie n'était pas au-dessus de leurs têtes on dis
exempte du service militaire. Le même écrivain 8 a proposé tingue l'étendard flottant (vexil-
une autre interprétation plus satisfaisante du passage cité lum) des corps de cavalerie, l'aigle
de Capitolin. Cet historien, en effet, après avoir traité de de la légion et le manipule [signa
l'administration de l'Italie, et en particulier des lois fiscales, militahia]. Une estrade mobile
a dû probablement avoir en vue dans ce passage une faveur (suggestum, suggestus °, tribunal 7)
relative à cet ordre d'idées plutôt qu'au service militaire. Il sert de piédestal à Yimperator.
s'agit du jus italicum prodigué à l'Espagne par Vespasien et Quelquefois il montait sur un Fig. 106. Allocution militaire.
par trois princes d'origine espagnole, Nerva, Trajan et tertre couvert de gazon (caespi-
Adrien. Or, cette concession entraînait exemption d'impôts ticium tribunal', tribunal viridi caespite instructum 9). Les
directs [immunitas] pour le territoire de la cité qui en était deux autres figures sont empruntées à des monnaies de Pos
l'objet. Allectio italica désignerait cette faveur qui, accordée thume, du même cabinet. L'un(fig. 107) 10, montre l'empe
à un certain nombre de villes, aurait par cela même accru la reur debout sur le suggestus ou tribunal, entouré, comme
charge des autres, iniquité réformée par Marc-Aurèle. En dans l'exemple précédent, des troupes de toutes armes;
effet, Symmaque 4 indique par le mot adlectio l'idée d'une on distingue les chevaux de plusieurs cavaliers ; les porte-
exemption des charges de la préture attachée aux fonctions enseignes sont rangés des deux côtés du tribunal. Il en est
sénatoriales. Enfin, le Code Théodosien 5 place certains em de même dans la plupart des bas- reliefs cités plus haut qui
ployés du palais, au sortir de leurs fonctions, inter adleclos
immunesque a senatoriis descriplionibus 6. G. Humbert.
ADLECTOR. — Ce mot se trouve employé principale
ment dans deux acceptions différentes.
Il s'applique aux membres d'une corporation qui avaient
reçu le droit d'élire d'autres associés pour compléter le col
lège. Deux inscriptions nous montrent des allectores cultores
Silvani1 [collegium].
Il désigne encore un receveur ou collecteur d'impôts
pour le fisc dans les provinces *. Une constitution de Valen- Fig. 107. Fig. lu-.
tinien etValens, de 366, ordonne certaines mesures à prendre Allocutions militaires.
pour l'envoi en lingots du produit des contributions, afin de
prévenir les fraudes des employés du trésor • (procuraîorum reproduisent la même scène. Les officiers qui, d'habitude,
allectorumqué). Une inscription * mentionne un allectov accompagnent l'empereur, sont remplacés sur la médaille
orkae galliarum, dont l'emploi paraît se rattacher au trésor par deux femmes, sans doute la Fortune et la Victoire qui le
du concile des Gaules (concilium Galliarum), réunion des couronnent. L'autre médaille (fig. 108)" est un grand bronîe
peuples gaulois à Lyon, analogue au xotvôv 'Ao-t'a; [koina]. du même empereur, que l'on voit, au revers, prononçant
G. Humbert. une allocution ; il est à cheval et tient la main droite étendue,
ADLOCUTIO, allocution militaire. — L'allocution est comme on représente ordinairement les orateurs.
une scène de la vie militaire fréquemment reproduite par Le témoignage des historiens, d'accord avec les monu
les monuments romains. Dans les longues spirales de bas- ments, nous prouve que les généraux romains adressaient
« a. Plin. Epist. X, I IS. — « Cf. Aggcnus Urbicus, p. 8*. — » Orelii, 3709, 3125; Cod. Theod. XII, 6. De susceptor praep. et arcar. ; Gothofred, Comm. ad Cod.
Becker.lII, 1. p. 383. — •» C. 6, eod. X, 30. — Biblioghapiiii. Roth, De re munici Theod. — * Orelli-Henzen, n" 6950; Boissieu, Inscr. de Lyon, VII, 16, p. 258 ; Gru-
pale Romanor. if01 j Savigny, Geseh. des rôm. Rechti in Mittelalter, I, !; Zumpt, ler, 472, 1 ; Boissieu, l. 1. VII, 17, p. Ï60; Rein, in Pauly, Real Encycl. t. I, p. 173,
Comsnentationes epigraphicae, 1850, 4 ; Hegel, Geschichte der Stadtverfass. von Ita !• M.: Mommsen, in Annal, dell' Instit. Archeolog. 185, p. 68 et suiv. ; Kuhn, Slddt.
lien, 1817,8 ; Becker-Marouardt, Bandbuch der rômisrh. Alterth. Leipzig, 1, 1851, et Yerf. II, p. 424 et 425, Leipzig, 1865.
11, 3, III, I ; \Valter,i7<JrruVA. Rechlsgesc/tichte, Bonn, 1860, in-», 1, §§ 20Î, 18», 301, ADLOCIJTIO. ' Bartoli, Col. Traj. pl. mi, a, a, asm, stxtus, lvii icti, icvii,
303, 3«éd. ; Kuhn, Die stddlische Verfass. des rôm. Reichs, I, p. 3. Lips. 1864. cm. — 1 Bcllori, Col. Ant. pl. vu, i, n, xxxvi, lvi, lvii, ltuj, lxii, lxv. — * Bar
ADLECTIO ITALICA. I Marc. Aur. 17. — » De Romani exercit. delectu et sup- toli, Vet. arcus Avgustorum, pl. x, xii, xxiv, xxv, xxn. — * Rasche, Rei num. Lexic.
- ptrmrnlo. Pari», 1849, p. 23. — • Revue historique, 1855, p. 370, note 4.-4 Epist. t. t. — I Cohen, Mom. imp. t. I, Galba, n» 101. — « Cae». Bell. Gall. VI, 3 ; Tac.
VU, «6- — t c. I, Cod Theod. VI, 23. — « C. 8 et 10, Dedom. VI, 2». C. I, lit. ht Ann. I, 4*. — 7 Hygin. De mun. cast. 11. — 8 Vopisc. Prob. 10. — 8 Plin. Paneg.
et C. ri, De vgent. m reb. VI, 27, éd. Hàncl ; Kuhn, Die stàdt. Verfass. des rôm. 56. — 10 De Witte, Recherches sur les empereurs qui ont régné dans les Gaules. Pos
Reichs. 1. Lips., 1861, I, p. 210 et «qq. thume, n°7; Cohen, Monn. imp. t. V, |>L I. — " De Witle, l.l. n" 37; cf. Cohen
ADLECTOR. I Orelii, 779 et 406; cf. 1878. - « Orelii, 309 et 3654. — » C. Il, I. I. t. II, pl. ti, et u. 786-78».
ADL — 70 — ADM
des discours à l'armée dans toutes les circonstances graves. dans le camp même des auxiliaires, etpar suite incessamment
Les officiers et les drapeaux se réunissaient autour du chef exposée aux yeux des soldats. E. Roscdacu.
qui profitait de celte espèce d'ordre du jour pour encourager ADMETUS ('AS[ir,To;). — Admète, fils de Phérès, le fon
les soldats, pour flatter leur ambition et leurs espérances, dateur et le roi de Pherae, en Thessalie, et de Périclymène
pour apaiser les révoltes, récompenser les traits de bravoure, ou Clymène Il est mentionné parmi les héros qui prirent
ou dénoncer des coupables. On peut lire dans les auteurs part à la chasse du sanglier de Calydon [meleager], et on
latins des divers âges, dans Tite-Live surtout, une foule d'al le voit figurer dans la représentation de cette chasse,
locutions militaires ; malheureusement elles sont toutes au désigné par une inscription, sur le célèbre vase peint
moins retouchées, sinon entièrement composées par le trop d'ancien style, connu sous le nom de Vase François Il
élégant écrivain. Un savant épigraphiste français a retrouvé fut aussi un des Argonautes [abgonautae]. Apollon, lorsqu'il
il y a peu d'années, mais seulement par lambeaux, le texte fut réduit à servir un mortel, en expiation du meurtre
officiel d'une allocution militaire. Cette curieuse harangue des Cyclopes, ou de Python selon d'autres récits, garda les
est gravée sur les côtés du piédestal d'une colonne monu troupeaux d'Admète sur les pentes du Pélion 3, et la bien
mentale qui subsiste encore à Lambessa, en Algérie Elle veillance que lui conserva le dieu fut pour lui une source
s'adresse aux cavaliers de la sixième cohorte de Commagènc,
et renferme les expressions les plus élogieuses pour ce corps
de troupes dont elle énumère les services : exactitude dans
les travaux du camp, construction de retranchements en
pierres énormes, ardeur infatigable aux exercices militaires,
perfectionnements dans la manœuvre et dans le maniement
des armes. Malgré les lacunes regrettables qu'il présente, ce
document est d'un grand intérêt pour l'histoire des armées
romaines. Il y règne une certaine solennité dans le langage et
une sorte de recherche oratoire dont les harangues militaires r\f. 1U9. Le char d'Admète.
des siècles instruits ont toujours eu beaucoup de peine à se
dégager. D'après les monuments et les textes, il est impos inépuisable de prospérités. Non-seulement ses bestiaux
sible de ne pas admettre que les allocutions militaires fussent devinrent les plus beaux, ses chevaux les meilleurs 1 ; mais
effectivement prononcées par le général en chef du haut de lorsqu'il voulut épouser Alceste, fille du roi Pélias, ce fut
son tribunal, en présence des officiers supérieurs et de ses encore à la protection d'Apollon qu'il dut de remplir la
étendards ; mais la parole de Yimperator ne pouvait être en condition impossible que ce roi avait mise à leur union :
tendue que d'un très-petit nombre d'hommes. On peut sup il avait fait serment, en effet, de ne donner sa fille qu'à
poser que l'allocution était transcrite en plusieurs expédi celui qui pourrait atteler à son char un lion et un san
tions distribuées aux différents chefs de corps, et c'est sans glier5. Sur le trône d'Apollon à Amyelae, Admète était
doute d'après une copie de ce genre, que les cavaliers de la représenté enchaînant à son char cet étrange attelage 6.
sixième cohorte de Commagène, voulant éterniser la mé Une bague étrusque, en or, sur laquelle on voit gravé
moire de leurs exploits et la satisfaction de leur général, (fig. 109) un char traîné par un lion et un sanglier 7, offre,
auront fait graver la colonne de Lambessa. Elle était placée selon toute apparence, une image du môme fait. Il est

I il-. 110. Admète ramenant sou char à Pélias.


représenté avec plus d'élégance et de précision, dans déesse devait avoir, en effet, une influence funeste sur la
un bas-relief en stuc qui faisait partie de la décoration destinée d'Admète. Irritée de ce que son nom avait été omis
d'un tombeau romain 8, découvert il y a peu d'années dans les sacrifices des noces, elle fit entrer des serpents
(Dg. HO). Pélias est assis sur son trône, Alceste debout à dans la chambre nuptiale ; Admète était sur le point de
côté de lui ; Admète lui montre le char, près duquel se périr, quand Apollon apaisa sa sœur, obtint des Parques,
tient Apollon, et derrière, s'avance Artémis, que l'artiste par d'instantes sollicitations, la prolongation de l'existence
n'a pas introduite sans intention dans son tableau : celte du héros, à la condition toutefois que son père, ou sa mère,
t* L. Renier. Iiiscr. rom. de l'Algérie, 5. «fi.— » Hnm. I. I. ; Schol. Pind. Pylh. IV, 331 .— » Apollod. I,9,U;Hyp;. Fa*. 50.
ADMETl'S. I Apollod. I, 8, S ; 5, 14 » Mon. del. fuit. arch. IV, tay. uv. — 51 ; Fulg. Myth. I, Î7; Eut. Ad Ilitid. Il, 711. — « Paus. III, 18, 16 — ' Ahekcn,
3 Doper. /: II, 763 et >. ; Eurip. Aie. i et Schul. ad h. f./Callirn. Hymn.in Apoll. tlittclitalicn, taf. tii, 0. — 8 Mon. del. lut. VI, tav. uij Annal. 1861, p. ÎÎ7.
ADM — 71 - ADM
ou son épouse, voudrait bien mourir à sa place Alceste tant les barrières qui les en séparaient encore, heureux
seule consentit à se dévouer [alcestis]. Les adieux d'Admète quand celui-ci ne trompait pas à la fin leur impatience en
x et d'Alceste sont flsurés ne se montrant pas 8 [salutatio].
sur un vase étrusque où Les empereurs ne firent que suivre d'abord la coutume
les deux époux sont dési des grandes maisons de Rome, en ayant leurs réceptions
gnés par leurs noms (flg. quotidiennes, leurs levers où ne manquaient pas de se
Hi) ». Un bas-relief re rendre les sénateurs, les principaux fonctionnaires et tous
présentant différentes scè ceux que leur rang ou la faveur du maître classaient parmi
nes de YAlceste d'Euripide, les amici 9. A certains jours les portes du palais s'ouvraient
montre encore Admète toutes grandes et le peuple y était admis 10 (publica, pro-
ordonnant aux habitants miscua salutatio). Le personnel dont l'empereur était en
de Phôres de préparer les touré aux heures de réception fut aussi dans les commen
funérailles de sa femme, cements à peu près le même que chez les riches particu
puis reprochant à son père liers. Ceux-ci avaient, dès le temps de la République,
de n'avoir pas voulu mou outre le portier [janitor] qui défendait l'entrée de la
rir pour lui ". On le voit maison contre le flot trop pressant des visiteurs des es
Fig. III. Adieux d'Admète et d'Alceste- encore sur des sarcopha claves et des affranchis en grand nombre faisant office de
ges" suppliant Hercule de valets de chambre [cubicularius] », qui les appelaient et
ramener Alceste parmi les vivants. Il était représenté avec les introduisaient à leur tour, d'autres, les nomenclatores,
la même attitude dans une peinture décorative depuis long chargés de les reconnaître et de rafraîchir la mémoire du
temps détruite, mais dont les principaux traits ont été con maître à mesure qu'ils se présentaient w. De même, à la
servés par les dessins de Pighius ». D'après Pausanias u, cour, il y eut de bonne heure des esclaves et des affran
Admète figurait parmi les lutteurs combattant aux jeux fu chis, faisint fonction d'introducteurs auprès de la per
nèbres célébrés en l'honneur de Pélias, sur un i des faces sonne de l'empereur. Ils formaient un office spécial dans la
du coffre de Cypsélus. E. Saglio. domesticité du palais {officium admissionis w). Ceux qui
ADMISSIO. — Réception, audience, entrée à la cour des exerçaient ces fondions sont appelés Augusti liberti ou
empereurs ou chez les grands de Rome. Ceux-ci avaient servi ab admissione u, ou ab officiis et admissione ,8, et plus
aussi leur cour composée, au temps de la République, de tard admissionales ". Les velarii quelquefois mentionnés 18
clients, de familiers et, quand ils jouaient un rôle dans étaient les huissiers particulièrement chargés d'écarter
l'État, d'adhérents politiques [amicus, cliens] ; plus tard, devant les visiteurs le rideau qui fermait la salle où se
quand il n'y eut plus de partis en lutte et que la clientèle tenait l'empereur; et le nomenclator ab admissione 19 était,
eut entièrement changé de caractère, elle comprit tous auprès du prince comme auprès des particuliers, celui qui
ceux qui, en se mettant à leur suite, espéraient profiter de nommait les personnes aussitôt qu'elles se présentaient.
leur richesse ou s'assurer leur protection. Ce fut sans doute Ces fonctions, très-subalternes à l'origine, grandirent à
la nécessité de conférer séparément avec leurs principaux mesure que la majesté impériale s'enveloppa davantage
partisans qui fit prendre d'abord à quelques-uns l'habitude et s'abrita derrière un plus grand nombre de serviteurs.
de classer les personnes qui avaient accès auprès d'eux. On remarqua et on loua les empereurs qui osèrent se dé
Sénèque nomme 1 C. Sempronius Gracchus et Livius barrasser de ce luxe de précautions, comme Trajan *>,
Drusus comme les premiers qui en donnèrent l'exemple : comme plus tard Alexandre Sévère qui recevait, dit
ils recevaient les uns en audience privée, les autres en pe son historien, comme un simple sénateur, n'ayant au
tit cercle, tout le reste en masse. L'habitude devint géné près de lui que les huissiers de service et tous les ri
rale, et dès lors on fit preuve au contraire de libéralité et deaux tirés. Il essayait de revenir à la simplicité antique,
de simplicité dans 'es mœurs quand on ouvrit sa porte, en quand depuis longtemps le cérémonial fastueux de la
s'abstenant de semblables distinctions *. Ces distinctions cour semblait réglé sur le modèle des anciennes monar
furent à la fin affaire de forme et d'étiquette. Les grands chies orientales. Tous les offices de la maison impériale
personnages eurent des amis du premier ou du second furent définitivement organisés au Ras-Empire et soumis
degré (amici primi, cohors primae, secundae admissionis 8). à une minutieuse étiquette. L'officium admissionis avait
Aux premiers était réservé le privilège de passer hors rang pour chef un maître des cérémonies appelé magister ad
et sans attendre, d'être reçus à part*, tandis que la foule missionum, placé lui-même sous l'autorité du maître des
des visiteurs (turba, coetus salutantium 5) se pressait8 devant offices [magister officiorum] **. La charge d'introduire les
la maison et dans le vestibulum avant de pénétrer dans I'a- personnages d'importance n'était pas confiée indistincte
tricm[domus], supportant l'insolence du portier et des va ment aux différents officiers. Au magister admissionum il
lets dont il fallait quelquefois acheter les bonnes grâces appartenait de présenter les plus considérables **. Un
se disputant une place plus rapprochée du maître et comp- proximus admissionum ou ab admissione ** est nommé dans
•ipoUixt. f. /.; Cf. Acsch. Eum. 723, 727; Schol. Eurip. Ak. 12. — >• CoUect. 8 Hor. Epist. I, 5, 31 ; Scn. Ad Marc. X, I ; De ira, III, 37 ; Martial. V, 22 ; Epict.
de Lujoes, au Cabinet des Médailles; Dali. del. Int. arch. 1817, p. 81; Dennis, Mon. XXXIII, 13. — » Fronto, Ad Marc. Caes. I, 5, 8. — '» Dio, LVI, «1 ; LXI, 10;
Ciheiof Etrwria. t. II, froutisp. — H Zoe«a, Bassiril. ont. I, 43; Gerhard, Antike Suet. Aug. 33. — '! Sencc. AdSeren. 14; De ira, III, 37; Colum. I, praef. 9 ; Epict.
Bildxerki, taT. miu ; Guigniaut, Nom, Galer. mtjtlt. pl. cuim, n° 651. — Il Beger. Mon. XXXIII, 13. — « Cic. Xerr. III, 4 ; Ad Attic. VI, 3, 5 ; Epiet. Diss. I, 30, 7 :
Coll. Brandeb. 1703 ; Winekelmann, Mon. inéd. II, p. 116; Zoega, l. I. et p. 205. Sen. I. I. — " Sen. /. /. et Epist. XIX, Il ; De benef. VI, 33; De trang. an. XII, 6;
-«0. Jjhn, Berichte derSûchs. Gesellschaft, U69, p. 14. — >*Y,17, ». Plin. Hist. nat. XXXIII, 41. — 1k Suet. Ycsp. 14. — >!> Orelli, Î888 ; Henien, 5416.
lumssio. > De benef. VI. 3*. — « Cic. Ad Altic. VI, 2, 5 ; Cf. De petit, con — 1" Biauchini, d. 17i. — 17 Lampnd. Al. Seocr. 4. — W Orelli, 2967 ; Gruter, 599,
nu II, 41. _ 3 Seoec. De benef. VI, 33; De clem. I, 10. — * Cic. Yerr. 111,*. 7 ; Mur. 916, 4. — 19 Mur. 537, 3; Mommsen, Inscr. B. Neap. 6813. — »° Plin. Pa-
- 1 Sente. Epist. I, 19 ; Ad Marc. X, 1 ; Tacil. Ann. XIV, 56 ; Jut. I, 96 ; V, 19. neg.il. — *l Lamprid. Al. Sev. 4 et 20. — «A'odV. dign. Orient. ed.BOcking.p. 237.
- * Senee. De bsnef. VI, 34 ; Ad Marc. X, 1 ; Dio, LVIH, 5 ; LXXVI, 5 ; Plnt. De Cod Theod. — W Vopisc. ei. Awelian. 12; Amm. Mars. XV, 5. — 11 Cassiod. lib. 6.;
™«. Mil. 3. - 7 Sencr. Ad Seren. 14 ; Epist. LXXXIV, 1» ; Colum. I, pracf. 9. — Mural. 916, 6.
ADO — 72 — ADO
d'aulrcs circonstances Enfin les adinissionales ne doivent Adonis enfant par les Nymphes, l'aniour de Vénus et ses
pas être confondus sans doute avec le reste du personnel supplications pour détourner le jeune homme de la chasse
de l'office. Ainsi, d'après un écrivain du temps de Justi- dont elle prévoit la funeste issue, l'anémone et la rose
nien'6, il avait été réglé que les fonctionnaires ayant le naissant des pleurs et du sang d'Adonis, etc. Ils diffèrent
rang d 'illustres seraient introduits par un admissionalis. quant à sa filiation. Tandis que les uns sont fidèles à la
Et on voit par un autre passage du môme auteur qu'un tradition suivie par Panyasis, d'autres 1 donnent pour père
admissionalis, avant d'être revêtu de ce titre, avait été pre à Adonis Cinyras, venu de Cilicie ou de Syrie à Cypre, et
mier décurion M. Les titres de praepositus velariorum * et de Metharmè, fille d'un roi de cette île. D'après Hésiode 8,
supra velarios s0, que l'on rencontre dans les inscriptions, il aurait été fils de Phoenix et d'Alphesiboea. Les poètes
indiquent aussi une hiérarchie parmi ces employés infé varient également quant aux circonstances de sa mort. Si
rieurs E. Saguo. l'on s'en tient à la fable commune, ce serait Mars dont la
ADONIA (ÂSwvia). — Fêtes d'Adonis [adonis]. jalousie aurait suscité le sanglier contre Adonis, ou qui
ADOMASTAI ('AStovtaurai'). — Membres d'un thiase de aurait pris lui-même la forme de cet animal pour lui por
la côle de Carie voué principalement au culte d'Adonis 1 ter le coup mortel. Mais l'introduction de Mars dans la lé
[tdîasos]. P. Foucart. gende paraît être d'une époque relativement récente.
ADONIS ('Aotovtî). — Le dieu phénicien et syrien Tham- D'après d'autres traditions, Diane * ou Apollon 10 auraient
muz que les Grecs ne paraissent pas avoir connu sous son dirigé le monstre qui lui donna la mort. On disait encore
vrai nom, mais seulement par la formule orientale d'in que Vénus avait retrouvé dans le temple d'Apollon, à Argos,
vocation Adonaï, qui signifie « mon seigneur, » est entré, le corps inanimé de son amant et enfin que les Muses
non sans avoir subi quelques transformations, dans leur avaient fait périr Adonis pour obéir aux ordres de ce
mythologie et dans leur culte. Sa légende et ses fêles y dieu Ces circonstances, où il faut voir peut-être des
occupent une place considérable, de môme que ses repré traces d'une rivalité entre le culte asiatique d'Adonis et le
sentations figurées en ont une intéressante parmi leurs culte hellénique d'Apollon, se détachent du mythe primitif.
œuvres d'art. Le nom de la divinité par qui Adonis est frappé a pu chan
Inconnu à Homère, Adonis est déjà nommé par Hé ger lui-même sans que le mythe fût altéré.
siode s, par Alcée de Mitylène 3, par Sapho *, qui compose La dispute des deux déesses, la mort soudaine d'Adonis
un chant en son honneur et y emploie un mètre nouveau pleurée par Vénus, son retour sur la terre après les mois
qui en a pris son nom (versus adonius). Le plus ancien passés dans les demeures souterraines, tels sont les points
poète grec dont le récit soit parvenu jusqu'à nous est Pa- essentiels qui ressortent dans tous les récits. On y recon
nyasis, de la première moitié du cinquième siècle avant naît sans beaucoup de peine, et cette explication a été
l'ère chrétienne. D'après la tradition qu'il nous a conser aperçue dès l'antiquité une personnification des forces
vée s, Adonis était fils de Myrrha ou Smyrna, princesse productrices de la nature et une image des vicissitudes des
d'Assyrie que Vénus, dans sa colère, avait enflammée d'a saisons. Elles se retracent dans les alternatives de la desti
mour pour son propre père Theias. Celui-ci la rendit mère née d'Adonis : pendant l'hiver, tandis que le soleil parcourt
sans la connaître, mais son crime involontaire lui fut enfin les signes inférieurs du zodiaque, la végétation disparaît et
révélé. Myrrha s'enfuit et demanda aux dieux de la dérober semble morte ; elle renaît au printemps, se développe rapi
à la vue de son père. Elle fut changée en l'arbre qui porte dement sous l'influence d'un climat brûlant ; puis tout à
son nom. Dix mois après, l'arbre s'ouvrit pour donner le coup elle se flétrit et sèche, quand le soleil est dans sa plus
jour à Adonis. Vénus recueillit l'enfant, dont la beauté grande force.
était merveilleuse, et l'enferma dans un coffre qu'elle C'est aussi à ce moment, c'est-à-dire au solstice d'été,
confia à Proserpine ; mais la déesse des enfers refusa de le que les fêtes en l'honneur d'Adonis ('ASom'a, 'Aowveîa) se
rendre. Jupiter, pris pour juge, décida qu'Adonis appar célébraient, au moins à Athènes et probablement dans
tiendrait chaque année quatre mois à Vénus, quatre mois toute la Grèce, car l'époque de ces fêtes n'était pas la
à Proserpine et quatre mois à lui-môme. Adonis donna à môme dans d'autres pays Cette date est déterminée par
Vénus les mois dont il pouvait disposer, en sorte que son les témoignages combinés de Thucydide, qui indique le
existence se trouva partagée inégalement entre les deux milieu de l'été comme le temps où la flotte athénienne
déesses. Panyasis rapporte ce partage au début de la vie mit à la voile lors de la fameuse expédition de Sicile, et de
d'Adonis, tandis que dans la fable telle qu'elle est commu Plutarque, qui décrit ce départ attristé par les funestes
nément racontée, c'est seulement après qu'Adonis fut des pronostics que l'on pouvait tirer des lamentations dont
cendu dans le séjour des morts, frappé par la dent d'un toute la ville retentissait à l'occasion des Adonies iS. En
sanglier, que Proserpine refusa de le laisser retourner effet, ces fêtes, qui devaient par leurs rites rappeler la
parmi les vivants. mort d'Adonis, avaient un caractère funèbre. Il semble
Les poBtes des temps postérieurs 1 ont ajouté à la lé que rien n'y manquait de ce qui se pratiquait dans les fu
gende d'autres circonstances, telles que les soins donnés à nérailles [funus], ni l'onction et la toilette du mort, ni

«s Amm. Marc. XXII. 7. — * Petr. magister, ap. Const. Porph./Je eerimon. I, 8'. Frag. cd. Matlhiae, p. 70. — * Paus. IX, 29, 8; Bcrjjk. Frav.L. Gr. p. 631. — 5 Ap.
— ïl 76. I. 84. — »Cl". Salmaj. Ad Vopiic. ed. Paris, 1630, p. 480, et Bdckiug, Not. Apollod. 1.1. — * Ond. Met. X, 297 ; Hygin. Fab. 58 ; J oem. astr. II, 7 ; Tbeocr.
dtgn. Orient, p. 237. — M Griller. 599, 1. — !» Murst. 916, 4. — Bibuog>afiiii. Gu- Id. XV et XXX ; Bion. Id. I , Seri. Ad Virg. Ecl. X, 1 8 • Ad Aen. V, 7i ; Aulon. Lib.
llfc-r, De officiis domus Aug. III, 1 1 ; Bûckhlg, Nolitia dignitalum Orientii, p. 137 ; Met. 31. — 7 Apollod. et Anton. Lib. 1.1.—* Ubi supra. — » Apollod. I. L —
Oaid. p. 3ii; Fricdlander, Sittengcichichte Roms, 1, p. 133 et sqq. 263 et sqq. l'Plolcm. Hephaest. I.p. 12 ed.Roulezetnot.p.50. — » Id. VII, p.<0. — « Tieli.Ad
tS65i — Beck'r-Jlarquardt, Jlandbuch der rùm. Allerth. V, p. 149, 231, 261. Lycophr. 831. — » Schol. Thcocr. III, 48; Macrob. Sat.l, 21; Amm.-Ma-c. XIX,
ADOMASTAI. 1 Hamiltou, Ileseurchc) in Aiia Aiinor, II, p. 301. 1; Cf. Engel. Kypros, II, p. 5S1 ; Movers. Phânik. I, p. 207. — » Movers. Phôn.
ADONIS. 1 Ezectaiel, VIII, 14; S. Hieron. lu Ezech. VIII, et EpUt. ad Paulam, I, 205 ; Engel. Kgpros, 11, p. 560 ; Riuck, Rel. der Hellen. p. £83, 523. - l« Thuc.
49. t IV. op. omn. p. 161 ; Chrome. Pasehal. p. 214, ed. Dindorf. ; Procop. Gai. VI,30; Plut. Aleib. 18 ; Nie. 11 j Mat. Phaedr. p. 276, B ; H. Roch. tte, Jiev. arehëol.
Ad Esnlam, XVII, p. 258, ed. Pari», 1S30; S. Cïrill. Alei. In Esaiam, II, 3; t. Il, 1851, p. 120, lil ; K. F. Ilermann, Ad Beeker, Chariklet, I, p. 2 il ; Rinck, Relig. der
p. 275, cd. Aub. — « Ap. Apollod. III, 14, 3; Prjbus, Ad Yirg. Ecl. X, IS. — 5 Alcaei Hellen. I, p. 183.
ADO — 73 —
son exposition (^esat;), ni les offrandes ou les repas en laitue, qui avait un rôle dans la légende d'Adonis (on di
commun (xaOéopa) 1S. Des images d'Adonis (<x?<Lvtov), en cire sait que Vénus avait couché sur un lit de laitues le corps
de son amant55). Ces plantes levaient en quelques jours,
sous l'influence du soleil de juin, puis se flétrissaient aus
sitôt, parce qu'elles n'avaient pas de racines; c'était l'image
de l'existence éphémère d'Adonis. Ces petits jardins arti
ficiels étaient exposés avec les images du dieu dans la
pompe des Adonies, puis on les jetait dans la mer ou dans
les fontaines K. Sur un vase peint du Musée de Carlsruhe,
d'où est tirée la figure H3, on voit l'Amour et une femme,
dans laquelle on a reconnu Vénus elle-même, accomplis
sant, comme le faisaient les femmes d'Athènes, le rite des
jardins d'Adonis. De chaque côté de ce groupe sont debout
Fig. tl'2. Adonis. deux femmes (qui n'ont pas été ici reproduites), probable
ou en terre cuite, étaient couchées devant l'entrée ou sur ment deux Heures ou Saisons. Quoique cette interpréta-
les terrasses des maisons; les femmes entouraient ces simu
lacres, les promenaient par la ville, en se lamentant et en
se frappant la poitrine avec toutes les démonstrations de la
plus vive douleur" ; elles dansaient et faisaient entendre
des chants plaintifs (Opîjvoi, xowroi, àoomSia) 1S, au son de la
flûte courte et stridente, appelée yi'yyP°î ou y'YYP2'> ^
était celle dont les Phéniciens faisaient usage dans les cé
rémonies funèbres. Leur danse recevait aussi ce nom, qui
désignait en Phénicie Adonis lui-môme 19. Tout cet en
semble de rites, ces chants lugubres, accompagnés de cris
et de mouvements violents, étaient ce qu'on appelait tôw-
œii;". Un petit monument du musée étrusque du Vati
can Jl peut nous donner une idée de ce qu'étaient les
effigies d'Adonis (fig. 112) : c'est une terre cuite de style Fîg. 113. Rite des jardins d'Adonis.
gréco-é trusque et de grandeur de demi-nature, trouvée
dans les fouilles de Toscanella. Adonis, presque enlière- tion du sujet ait été combattue, elle nous semble encore
nent nu. est chaussé de bottines de chasse ; dans l'original, la seule vraisemblable ,7.
on remarque à la cuisse une blessure; au pied du lit se tient Ces jardins d'Adonis, dont le nom devint en Grèce une
un chien accroupi. On voit de même dans une peinture de expression proverbiale appliquée à tout ce qui n'a qu'une
vase (fig. 1 1 4), sur laquelle nous reviendrons, Adonis tel existence hâtive et passagère s", peuvent être d'ailleurs
qu'on le voyait exposé aux Adonies. Le lit richement cou considérés comme un symbole de joie aussi bien que de
vert sur lequel il repose est dressé sur des feuillages et des deuil. Les Adonies avaient ce double caractère, en Orient
fleurs u, un amour se penche vers lui afin de verser le du moins, où on célébrait tour à tour la disparition du
baume sur sa blessure. 11 faut compléter cette peinture dieu et sa réapparition. A Byblos, . en Phénicie, la fête
par la descriptoin que fait Théocrite " de la féte célébrée funèbre était précédée et non suivie de réjouissances ;
avec une pompe tout orientale à Alexandrie, dans le pa c'était le contraire à Alexandrie. Cette diversité venait
lais d'Arsinoé, femme de Ptolcmée-Philadelphe. Il nous peut-être de ce que les fûtes n'étaient pas célébrées à la
montre sous un berceau de verdure, où voltigent des même époque dans tous les pays. Pour la Grèce, quelque
Amours, le bel adolescent étendu sur un lit d'argent cou sentiment que l'on ait à cet égard, il n'est pas possible
vert de tissus de pourpre ; Vénus est à côté de lui. Auprès d'affirmer, d'après des témoignages positifs, qu'il y ait eu,
du lit sont déposés des vases pleins de parfums, des fruits, avant ou après les jours de deuil, une fêle de la résurrec
du miel, des gâteaux, et enfin les corbeilles d'argent con tion d'Adonis.
tenant ce qu'on appelait les jardins d'Adonis ('A8wvi£o< De Byblos et du pays du Liban, où il paraît avoir eu ses
XT/TV.). principaux sanctuaires ,a, le culte d'Adonis fut porté à
C'était la coutume *, en effet, de semer dans des vases, Cypre ; c'est là que les Grecs le connurent d'abord : aussi
non pas d'ordinaire aussi précieux que ceux qu'on voyait cette île fut-elle considérée par. eux comme le lieu de la
dans le palais d'Arsinoé, mais dans despots de terre (oaxpixia, naissance d'Adonis, qu'on appelait Kûpi; ou Kt'ppi; *°. De 15
7'jifï), dans des fonds de tasse, dans des tessons (Yain-pai, il se répandit à Rhodes, en Laconie, à Samos et dans
•rîîtftï), quelquefois dans des paniers (<«(5pY/oç, xo'^ivo;), toutes les contrées helléniques. Introduit à Athènes vers
toutes sortes de plantes qui germent et croissent rapide le temps de la guerre .du Péloponôse, il y devint, comme
ment, telles que le fenouil, l'orge, le blé et surtout la on a vu, bientôt populaire, mais en gardant le caractère
«• H.-.jch. ». v. ; Athen. 1,451.— Il Hat. /. /.; Aristoph. Lysist. 3SS ; Pue. m-, ICpist. I, 39; Hesych. «. v. ; Euslath. Ad Iliad. XI. — *7 Frohncr, Gricch. Vas. m
Amm-Marc. XIX, I ; R. Hochctte, Mém. cit. — •» Plul. /. /.; Hesych. àtwtw^i Karlsruhe, p. 29, 39 ; Creuier, Gui. d. ait. Vram. taf. Tin, p. 66 ; Id., Zur Archucnl.
Proelin, Chrtstom. 3S0. cd. Caisf. — 19 Athen. IV, p. 174 ; Poil. IV, 76 et 102. — 111. taf. vm, p. 174 ; Symbolik (3* éd.). Il, ï, taf. vi, IXXTIU, p. 474 ; Gerhard, Hall.
* Arutoph. f. ; Hesych. j. r. — Il Mus. Gregoriun. t. I, tav. 93.— » Aristoph. litt.Zcit. 1840, p. ill et Arch.Ans. li>5t,p. 34; de Wilte, AnnaLdcl. Inst. arch. XVII.
Ertla. 1030; Bion, I, 69, 79. — M Theocr. XV ; cf. Dion, I. — « Plat. Phacdr. 111, p. 413, tav. v ; Lenormant et de Witte, Elite céram. IV, 8j; O. Jahn, Annal. XVII; ld.
176 ; Theopbr. //) (. plant. VI, 7, 3, et les textes nombreux reunis par Linde- Ueber bemalte Vas. mit Goldschmuck, Leipzig, 1865, p. 6.— Sui 1. 'AwfnoTCf?; 'aî«-«-
"*an,rjccultuherbarum in vasis, Zittau, 1843 ; cf. R. Hochettc, Mém. cil.— *1 Athen. 8',; xttitwv, Paroem.gr. ap. R.Roehctte, l. I. — M Luciao. De deasyr. 6 ; Strab. XVI, 2,
U, p. IC; Ile,Yen. AJi.iîo; »<,«. — - ; Theoc. U l. ; Zenob. Centur. I, 49 ; Alclpbr. p.264; Eustath. AdDhnys.W. — '° llcsych etEtym. mag.j. v.; Corp. insc. rr. 5505
I. 10
ADO — 74 — ADO

d'une religion étrangère seulement tolérée à côté du culte de bonne heure sur les côtes de la Méditerranée 4Î, soit
public 31 ; ses fêtes, abandonnées aux femmes, étaient sur qu'il y fût venu de la Grèce, comme cela paraît plus pro
tout célébrées par les courtisanes M. Il en était de même à bable,! en juger par le caractère empreint dans les monu
Samos", à Argos s\et sans doute dans le reste de la Grèce. ments où se rencontrent le nom et l'image d'Adonis M.
Ce culte pénétra aussi en Italie, soit qu'il y ait été im Telle est la statuette en terre cuite que nous avons déjà
porté directement par les Phéniciens, qui le répandirent citée (fig. H2) ;tels sont les miroirs étrusques au revers

Fig. (11. Adonis. — Dispute des deui déesses.

desquels on trouve souvent gravées des compositions re ensuite deux vases peints", tous deux à Naples. Du pre
présentant Adonis réuni à Vénus, quelquefois à d'autres mier, qui fait partie du Musée Sant'-Angelo, a été tirée
personnages. Des inscriptions accompagnent souvent les la figure 114. On voit à la partie supérieure la même
figures. Sur un de ces miroirs, qui est à Paris, au Cabinet scène. Les deux déesses tendent la main vers Jupiter en
des médailles **, Adonis a les traits d'un enfant ailé, et si signe d'invocation ; Vénus est assistée de l'Amour, son fils.
on ne lisait à côté le nom Atunis, on le confondrait avec Derrière Jupiter se tiennent Mercure et la muse Calliope, à
l'Amour. Sur un autre remarquable miroir du Musée du qui, selon certaines traditions **, aurait été laissé le soin de
Vatican, M. de Witte a lu le nom de Thammus (Thamu), prononcer la sentence ; elle tient une flûte. L'enfant qui saisit
et reconnu le premier la scène de la dispute de Vénus et le sceptre est sans doute Adonis. D'autres figures forment
de Proserpine w. La découverte de nouveaux monuments un second tableau distinct. On y voit Adonis couché sur
sur lesquels cette scène est représentée avec la plus grande un lit, tel qu'on le représentait dans ses fêtes. A la tête du
clarté, est venue appuyer cette interprétation. C'est d'abord lit se tiennent les deux déesses qui se disputent la posses
un autre miroir 40 trouvé à Orbelello , actuellement au sion d'Adonis : celle qui est voilée est Vénus, à l'amour de
Musée du Louvre, sur lequel on voit, désignées par des laquelle il vient d'être ravi; l'autre est Proserpine tenant
inscriptions latines, Vénus et Proserpine, en présence de un rameau de myrte. Au pied, on voit Diane (Hécate),
Jupiter, assis entre elles sur un trône. Devant lui est le cause de sa mort, reconnaissable à son costume et à ses
coffre fermé qui contient l'enfant confié à Proserpine et flambeaux. Six figures de femmes, dans lesquelles on peut
réclamé par Vénus, selon la version de Panyasis. Ce sont reconnaître soit les Muses, soit les Nymphes, occupent dans
» Schol. Arisloph. Lys. 389; Suid. Oiîlv iIf4*. — 31 Alhen. VII , p. Ï92 D; Nouv. annal, de l'Insiit. archéol. p. 510. — 89 Nouv. ann. de l'Inst, 1, p. 507 ; cf.
Meineke, Frag. rom.gr. IV, p. 395; Aristacn. Ep. I, 8; Alciphr. Ep. I, 39. — Gerhard, Etrusk. Spiegel, IV,323, p. 58, elArch.Anzcig. 1860, p. 300. — M De Wilte,
" Atheu. X, p. 451 B. — Paus. U, 20, 6. — " De Wiltc, Nouv. Ann. de tlnst. Bull, de liait. 1858, p. 103; Brunn, Ann. del. Lut. 1858, p. 483; Mon. ined. VI,
arch. 1, p. 517, 520. — M Gerhard, Kunst der Phônic. in Abhaudl. d. Berlin. Akad. pl. mv; Gerhard, Etrusk. Spiegel, 3Î5 ; de Witte, Nouv, mém. de l'Inst. 1365. —
1846, p. 595. — 3" Gerhard, Etrusk. Spiegel, I, UÏ-117; IV, 321, 321, 325. — »l Dullet. napolet. N. S., VII, p. 1051, pl. n; Annal. dell'Insl. 1800, p. 31t. —
MChabouillet, Catalog. n. 3128; Gerhard, Etrusk. Spiegel, I, lit; de Witte, »-* lljgin. Attron. II, 7.
ADO — 75 — ADO
la peinture un registre inférieur ; elles n'ont pas été ici re mention que l'on trouve d'un édifice servant à son culte est
produites. Le second vase, qui fait partie de la collection celle de l'enceinte où venaient pleurer les femmes d'Argos,
Amati, offre les mômes images avec quelques variantes ; que Pausanias ** désigne par le nom d'oîxrifja. Aucune des
auprès de la figure couchée, on lit le nom d'Adonis. Sur statues où l'on a cru reconnaître Adonis ne peut être ainsi
d'autres vases 41 encore on voit, comme sur les miroirs, nommée avec certitude. La seule à laquelle cette attribu
Vénus et Adonis réunis ; quelquefois ils sont entourés de tion reste attachée avec quelque vraisemblance est une
jeunes filles ou de génies tenant des vases à parfums et statue en marbre du Vatican " ; elle a peut-être fait partie
d'antres objets servant à la toilette. Toutefois le groupe des d'un groupe semblable à ceux dont il a été question plus
deux amants peut être aisément confondu avec ceux que haut. Un groupe de Vénus et Adonis en terre cuite a été
l'on rencontre quelquefois de Vénus et Anchise, d'Hélène trouvé dans un tombeau de l'île de Nisyros C'est encore
et Pâris, etc., représentés soit par la peinture, soit par la ce même groupe que représente un bas-relief en stuc qui
sculpture. De semblables groupes, en cire ou en terre cuite, a dû servir de revêtement à une chambre sépulcrale **. Les
peuvent avoir figuré, comme l'image du jeune chasseur ex sculpteurs ont souvent pris l'histoire d'Adonis pour motif
pirant (fig. 4 12), dans les cérémonies des Adonies. de décoration des sarcophages sous l'Empire et en ont déve
L'usage d'exposer des effigies de ce genre fournit à la loppé les différents épisodes dans une suite de bas-reliefs
plastique beaucoup plus d'occasions de traiter ce sujet comme on en a un exemple dans celui 50 du Louvre que
dans des matières fragiles que dans le marbre ou le bronze, reproduit la figure 115. On y voit (de droite à gauche)
Adonis n'ayant eu, a ce qu'il semble, dans la Grèce pro le départ d'Adonis ; puis le moment où Adonis vient d'être
prement dite, ni temples ni statues consacrées **. La seule frappé par le sanglier, qui se retire dans son antre ; enfin

Fig. 115. Chasse cl mort d'Adonis.

ses derniers instants : ramené auprès de Vénus, il va expirer quer que le moment choisi par le peintre est toujours le
dans ses bras. Mais, de même que le groupe de Vénus et môme : c'est celui où Adonis va rendre le dernier soupir,
Adonis ne doit pas être confondu, comme nous l'avons dit, pleuré par Vénus et par les Amours qui s'empressent
avec d'autres très-différents, il faut aussi distinguer sur les autour de lui. E. Saglio.
sarcophages les sujets empruntés à l'histoire d'Adonis de ADOPTIO. — L'adoption était, dans la constitution de
ceux qui appartiennent aux légendes d'Hippolyte ou de la famille antique, une ressource offerte par la religion et
Méléagre. les lois à celui qui n'avait pas d'héritier naturel afin de
La prédilection pour ces sujets, et d'autres «ncore qui perpétuer sa descendance, et par là d'assurer la continuité
offrent des images funèbres, s'explique facilement quand du culte domestique et la transmission des biens. Toutes
on les rencontre sur les sarcophages ou sur des vases peints les règles de l'adoption chez les Grecs et chez les Romains
d'une époque peu ancienne, découverts dans les sépul découlèrent, en effet, de ce principe, qu'il ne faut pas que
tures. Elle témoigne du goût constant des anciens pour la famille s'éteigne, et avec elle son foyer et sa religion [fa-
les allusions qui voilaient l'idée de la mort, et de l'in milia,focus]. Les biens en étaient à l'origine inséparables '.
fluence croissante des mystères où les initiés apprenaient L'étranger qui entrait dans la famille par l'adoption devait
à lire dans ces symboles les espérances de la vie future. hériter du patrimoine, comme il devait continuer le culte.
Mais on ne peut expliquer de la môme manière, et cela L'un et l'autre n'appartenaient pour ainsi dire pas à lui-
n'est pas d'ailleurs nécessaire, que la mort d'Adonis ait été môme : c'était comme un dépôt qui lui venait des ancôtres
souvent représentée par la peinture sur les murs intérieurs et qu'il devait transmettre à la postérité *.
des habitations chez les Romains Dans les peintures qui I. Chez les Grecs. — L'adoption est appelée 7roi7)<7i;, 6éïi; ;
ont été conservées, comme celles de la villa Negroni à le fils adoptif, konitqc, Gero';, par opposition au fils issu du
Rome et de plusieurs maisons de Pompéi M, il est à remar- mariage, yvrjcioç. 'ExtsoisîsObi signifie donner en adoption,
« De Witte, Ann. de VInst. XVII, p. 407, et A'oi». Mém. de rinst. 1 8G5. — Suid. myth.vt, 398. — « Mus. Borbon.lV,n ; IX, 37; Arch.Zeitung, 1843, taf. it ; n. Ro-
CvAi, Uj4>. —ih U, 10, 6. — ** Mus. Pto-Cltm.il, 31 ; Braun, liuin. und Mus. Iloms, chette, Peint, de Pompéi, p. 109, 134 ; Roui et Barré, Herculan. et Pompéi, î«ser.
p. 34». — « Thi«rsch. Vet. artific. opéra vel. poet. carm. explic., Munich, 1.-35, pl. lv et cv. — BinLiooiiAPuiB. Meursius, Graecia feriata, 1. I, Adonia; f.reuzcr-Gui-
Ub. t. Ce groupe est actuellement à l'.arlsruhe ; tov. aussi Stackelberg, Graber der gniaut, Jleligions de l'antiquité, t. II, part. I, p. 42 ; Moters, Die Phônizier, I,
H'ilen* pl. lïi et lxviii. — MJfat. Chiaramonti, I, tav. A, 9. — 49 Annal, del. Jusl. p. 191-253, 539-558 ; Engcl, Kypros. II, p. 536-613 ; Rinck, i)ie Belig. der JJellcnen,
U T, IKM57 ; XXXIV, 161 ; XXXVI, 68 ; Braun, Zvebl( Bas-rel. 2 ; Benndorf et Zurich, 1855, II, p. 613 ; A. Maury, Jleligions de la Grèce, t. III, ch. xti ; Brugsch.
<cb&oe. lateran-Museum, 50, 387, 446. — M Bouillon, Musée, Bas-rel. pl. m; Die Adonisklage und das Linosliedc, Berlin, 1852; O. Jahn. Archâolog. Bcitrnge,
CUrac. Calai, n. 4M ; Musée, pl. cxti, 85 ; Frûhncr, Notice de la scuplt. antig. 1847, p. 45 ; O. Jahn et de Vilte Sur les représent. d'Adonis, dans les Annal, del.
• . i't; Huller-Wicselcr, Denkmàlcr d. ait. Kunst, II, pL «x»u, Î05. — M Plant. Inst. di corresp. arch. 1845 ; de Witte, Nouv. mcm. de l'Inst. de corresp. arch. I865«
, I, se. II, 34. — M MilliD. Gai. mythol. ilii, 170; Guigniaut, Nouo. gai. ADOPTIO. ' Plut. Solon. îl ; rie. De legib. II, 19, 20. — » Plat. Leg. XI.
ADO — 7G — ADO
6Î5soieî(iO«i ou simplement noieï<r6ai, recevoir en adoption, turalisés. Cette dernière proposition a été, il est vrai,
et EÏsitoiTiOîjvai, 7toir,0^va!, être adopté. Cette traduction n'est contestée : on s'est fondé sur un passage de Démosthène,
encore qu'approximative : dans leur sens le plus précis, où l'orateur équivoque sur le sens des mots Snoi ^ éke-
les mots wo(ï)»i« et autres, que nous venons de citer, impli TtotïivTo, qu'il traduit ainsi : « Tous ceux qui n'ont pas
quent une idée plus générale que celle d'adoption, et s'ap été faits citoyens, qui ne sont pas ô^or.oi-r^ol 8 ; » mais
pliquent à tout acte par lequel on peut se donner un fils, un autre texte de Démosthène 10 prouve que l'interpréta
par exemple, à la légitimation aussi bien qu'à l'adoption tion présentée dans le premier passage est entachée de
proprement dite 3. A Rhodes, à Corcyre et dans d'autres mauvaise foi et que les mots ô'coi ^ Itcetoi't.vto signifient:
républiques grecques, l'adoption s'appelait utoOsm'a 4 (les «Tous ceux qui ne sont pas eux-mêmes enfants adoptifs...»
inscriptions portent souvent &ofJes(a). La privation partielle des droits civils résultant de l'infa
« L'adoption, dit l'orateur Isée 5, est en usage chez tous mie [atimia] n'implique pas incapacité ". Cette première
les peuples, et tous, tant Grecs que Barbares, ont reconnu condition suffit en général du côté de l'adopté : on n'exige
l'excellence de cette institution. » La loi d'Athènes, en par rien, quant à lui, ni pour l'âge ni pour le sexe; ainsi l'on
ticulier, donnait à l'adoption une importance considérable : peut adopter une femme (OuyocTaoïToia) et l'adoption en ce
elle attachait un intérêt à la fois politique et religieux à la cas, perdant son caractère politique, ne conserve plus que
conservation des familles; chaque maison avait ses divinités celui d'une disposition de biens.
domesLiquesdont le culte était abandonné quand la famille Pour adopter, au contraire, il fallait être mâle et ma
venait à s'éteindre, et cette belle pensée de Platon0, que jeur w, c'est-à-dire âgé de dix-huit ans. Il fallait avoir
chaque homme doit en mourant laisser à Dieu des enfants le plein usage de ses facultés intellectuelles " : un sim
pour le servir et l'adorer à sa place, n'était que l'expression ple soupçon de caplalion suffisait souvent, comme» on
d'un sentiment populaire. De plus, la cité athénienne n'é le voit par les orateurs attiques, pour attaquer et renver
tant qu'une association de familles, aucune famille ne pou ser les volontés d'un défunt15. Il fallait être sans enfants 16,
vait disparaître sans que l'organisation sociale fût altérée ; ou,sil'onen avait, les retrancher de sa famille en abdiquant
c'est ce que l'archonte avait mission de prévenir : Que l'ar sa puissance paternelle [apokebyxis] ; tant qu'ils restaient
chonte veille et pourvoie, disait la loi, aux maisons abandon clans la famille, ils avaient, sur la succession future de
nées 7, et pour cela il devait, comme nous l'expliquerons leur père, un droit exclusif qui ne permettait point l'a
tout à l'heure, attribuer un enfant adoptif à celui qui ne doption d'un étr.injer; en effet, la loi grecque n'admet
laissait pas d'héritier pour représenter sa personne et por tait pas qu'on pût avoir d'autre héritier que ses enfants,
ter son nom. et, de même qu'on ne pouvait attribuer son-héritage à un
Or, s'il importait à chacun de laisser un héritier qui étranger qu'en le revêtant par l'adoption de la qualité de
continuât sa personne, d'un autre côté la loi n'admettait fils, on ne pouvait aussi priver son fils de sa succession
pas qu'on pût avoir d'autres héritiers que ses parents lé qu'en le dépouillant de cette qualité par Yapokeryxis.
gitimes, en sorte qu'on ne pouvait se donner un succes Cependant l'adoption accomplie entre vifs n'était pas an
seur qu'en l'introduisant par l'adoption dans sa famille. nulée par la survenance d'enfants légitimes à l'adoptant ; la
Aussi les Grecs n'ont-ils qu'un mot, tto^to';, pour désigner succession se partageait alors entre les enfants légitimes et
soit le fils adoplif, soit l'héritier institué ; ils emploient les enfants adoptifs ,7. Il était permis à celui qui n'avait que
les expressions ElcitoisïcOai, adopter, et ccïti'OeuOïi, tester, des filles, d'adopter un étranger, en le mariant ou le fiançant
comme synonymes, et appliquent le mot axais à l'homme à sa fille 18 ; et à celui qui ne laissait que des enfants en bas
mort ab intestat comme à celui qui meurt sans enfants e. âge, de leur substituer par testament un fils adoptif, pour
L'adoption est donc, chez les Grecs, la forme nécessaire le cas où ils viendraient à mourir avant leur majorité, et
que doit revêtir toute disposition de biens à titre univer par conséquent avant d'avoir pu lester eux-mêmes19. En
sel : ainsi, à côté de l'intérêt religieux, elle présente un fin, pour pouvoir adopter, il fallait n'être pas soi-même un
grave intérêt pécuniaire, et sa double origine explique enfant adbptif; et Démosthène ,0 en donne la raison : c'est
bien des règles tout à fait incompatibles avec nos idées que les volontés de l'adoptant seraient violées, si son pa
modernes, par exemple qu'on puisse adopter pour partie trimoine passait, par l'intermédiaire de l'adopté, à quel
ou révoquer une adoption consommée, que l'adopté puisse qu'un qu'il n'aurait pas lui-même choisi ; d'ailleurs il eût
et doive épouser la fille de l'adoptant, etc. Le principe été impolitique de laisser les familles se continuer sans
du droit romain et des lois modernes, que l'adoption doit mariages par une série d'adoptions successives.
imiter la nature, est tout à fait étranger à la législation Nous devons ajouter que : 1° les comptables qui n'avaient
grecque. pas rendu leurs comptes ne pouvaient ni adopter, ni être
Les conditions nécessaires pour qu'une adoption soit adoptés. Leurs biens étaient affectés d'un droit de gage au
valable se résument dans la capacité des parties et dans profit de l'État et ils n'en avaient pas la libre disposition;
l'observation des formes qui peuvent être exigées par la or, d'une part, l'adopté acquérait un droit de succession
loi. Quant à la capacité, elle doit naturellement être la sur les biens de l'adoptant; d'autre part, par l'effet de l'a
même que pour les testaments [testamentcm] : il faut d'a doption, les biens de l'adopté devenaient la propriété de
bord avoir la jouissance générale des droits chils, c'est-a- l'adoptant; dans les deux cas, par conséquent, l'État eût
dire être citoyen d'Athènes. On ne fait d'ailleurs aucune été exposé à perdre son gage ; — 2° Les enfants de celui
distinction entre les citoyens d'origine et les citoyens na- qui avait encouru une atimia complète ne pouvaient pas

3 D'mosth. Ado. Doeot. II, 2 sqq. — * Bûckh, Corp. inscr. gr. 2448, 2524, 2339; coslr. lier. 23 ; Contra, Bunsen, De jure her. Alhen. p. 64. — " Isae. De lingn.
Foucart. Inscrip. itiéd. de Rhodes, 5, 29, 34. — $ De Menecl. lier. 24. — 6 Leg. VI, lier. S, 41. — 13 Isae. De Aristarch. hcr. 12. — 1* Dcmosth. In Strph. II, 14 sqq.
p. 773. — 7 Demosth. In Macurtat. 75. — 8 isae. De Phitoclem. fier. 1-6, 52. — — 15 Isae. De PMloctem. her. — 16 Dîmosth. /. /. — 17 isae, De Philoct. lier.
9 In Stephanum, g 15, Reiske', 1133. — 1» In Leochar. § 60, Reiske, 1 100 ; cf. S 61. — 18 lu Leocharem, § GS, Reiske, 1100. — W Isae. De Pyn h. lier, Ht
Annuaire de l'assoc. pour t'encour. des élud. grecq. 1S70, p. 26. — 11 Isae. De Xi- M Isae. De Clcoitym. lier.; Denvisth. In Stephan. II, 21 sqq.
ADO _ 77 — ADO
être adoptés; aussi arrivait-il fréquemment que les citoyens, seulement un enfant simplement conçu, mais même un en
qui étaient menacés d'une condamnation entraînant Yali- fant qui était encore dans le néant. Ainsi le père qui n'avait
mia, s'empressaient de donner leurs fils en adoption à que des filles adoptait quelquefois par acte de dernière
d'autres citoyens Le décret de condamnation voté contre volonté le fils qui naîtrait de l'une de ses filles, en appe
Archéptolème et Antiphon décide môme que, si, malgré lant ce petit-fils, très-incertain, à continuer sa personne.
cette dernière prohibition, quelque citoyen adopte l'un L'adoption pouvait avoir lieu même après la mort de
des enfants des condamnés, il sera lui-môme frappé d'ati- l'adoptant : si quelqu'un mourait sans laisser de postérité,
mia; mais il est permis de croire que cette aggravation le parent le plus proche devait, par une adoption pos
de sévérité était exceptionnelle, et que, dans les cas ordi thume, donner un de ses enfants pour fils adoptif au dé
naires, la sanction de la loi était seulement la nullité de funt, afin que son nom ne s'éteignît pas, que sa maison,
l'adoption. sa tombe et l'autel de ses dieux ne fussent pas aban
Nous avons dit plus haut que l'impubère pouvait être donné»30. L'archonte éponyme [ARcnoN] était chargé de
adopté. Ne devait-on pas obtenir alors le consentement faire exécuter la loi par les parents récalcitrants. Pour
de son père ou de son kyrios ? La négative, soutenue par l'adoption dans le cas où le défunt ne laissait que des
M. Van den Es M, nous paraît inadmissible. Comment l'a filles, nous renvoyons aux articles matrimonium, successio.
doptant, par sa seule volonté, aurait-il pu faire sortir l'en Dans le cas d'adoption testamentaire et dans le cas d'a
fant de sa famille naturelle? Aussi nous voyons dans Isée" doption après la mort de l'adoptant, il y avait encore ins
que Ménéclès n'osa pas demander à son frère de lui don cription sur les registres de la phratrie et du dôme. Seule
ner en adoption son enfant ; il s'attendait à un refus de la ment, l'inscription était alors requise par l'adopté lui-
part du père, qui, en adhérant à la proposition, se serait même, ou, s'il était mineur, par son kyrios. Lorsque des
lui-même privé de successeur. Quant à l'adopté majeur, contestations surgissaient, elles étaient jugées par les tri
il n'avait besoin d'aucune autorisation. Quelquefois, il est bunaux ordinaires.
vrai, l'adoptant demande aux parents de l'adopté la per Nous arrivons aux effets de l'adoption. Ils se réfèrent
mission d'adopter leur fils ** ; mais il ne faut voir, dans celte soit au droit privé, soit au droit public et religieux. Rela
démarche, qu'un acte de courtoisie, et non pas l'accom tivement au droit privé, il y a d'abord pour l'adopté chan
plissement d'une obligation juridique. gement de famille, mais seulement quant à la branche
La loi n'exigeait pour l'adoption aucune forme solen paternelle : les liens civils qui unissaient l'adopté à son père
nelle, et celles dont on avait coutume de l'entourer n'é et aux parents de son père, sont rompus; mais il conserve
taient prescrites que par la tradition et les mœurs". L'a tous ses droits dans sa famille maternelle : nul ne peut sor
doption se faisait soit par acte entre-vifs, soit par acte tir par l'adoption de la famille de sa mère (pixpo; oùîei';I<ttiv
testamentaire (xaxà Sôsiv TOttï^Oat) et de manière à ne pro Èxzoi'r,To;) 31. 11 devient héritier légitime et nécessaire de l'a
duire d'effet qu'à la mort du père adoplif. Au premier cas, doptant, et celte qualité d'héritier, bien plus étendue qu'à
l'adoptant réunissait, le jour de la fête des Thargélies, ses Home ou dans les législations modernes [hères], implique
proches, les membres de sa phratrie [phratria], et, après la continuation la plus complèle de la personne du dé
un sacrifice commun ([«ïov) offert au dieu de la tribu (Zeùç funt : ainsi l'adopté acquiert, comme éléments de l'héré
4 çpxrpto?), il présentait (dtiytvi) l'adopté, en jurant sur l'au dité (xXîjpo;), non-seulement le patrimoine (oùui'a), mais
tel qu'il était citoyen d'Athènes et adopté conformément aux encore le nom du défunt, tous ses droits de parenté, ses
lois; ensuite les assistants votaient (i^tîÇovTo) sur l'adop dignités et ses honneurs (npos'opta, <t£tï)îi; h irpu-ïvsi'co, etc.),
tion, et l'adopté, si le résultat du scrutin lui était favorable, de même qu'il succède à son atimia**; si l'adoptant laisse
était inscrit, comme fils de l'adoptant, sur le registre de la une fille, elle est aussi considérée comme faisant en quel
phratrie d'abord, puis plus tard, avec des formalités moins que sorte partie de la succession [epikleros], et l'adopté
solennelles, sur les registres du dôme de son père adoptif est, en conséquence, tenu de la pourvoir, soit en la do
(ssaTftxov, XijÇtap£tx&v, xoivôv fpau.|jtaT£Ïov) M. Isée n représente tant, soit en l'épousant lui-même [successioJ ; par la même
ces solennités comme un usage particulier à certaines raison, c'est à lui qu'incombe la tutelle des enfants mi
familles (fan o'oùtoTç voixo? ô aù-rô;, etc.), et, bien qu'elles neurs nés après l'adoption et laissés par l'adoptant33; enfin,
fussent assez généralement observées, il ne faudrait point parmi les charges de l'hérédité, il faut comprendre l'obli
les considérer comme essentielles à l'adoption; elles étaient gation de pourvoir aux funérailles du défunt et d'accom
seulement utiles pour la prémunir contre les actions en plir tous les devoirs religieux envers ses mânes (-ri vo;a'.Ço-
nullité, en l'entourant de l'adhésion de tous ceux qui pou ,u.£va). Il faut remarquer enfin que l'adoption peut Ctre
vaient avoir intérêt à l'attaquer28. Si l'on ne voulait pas partielle, c'est-à-dire qu'on peut instituer quelqu'un héri
donner d'effet à l'adoption de son vivant, on pouvait la tier, ou, en d'autres termes, l'adopter pour une quote-part
faire sous forme de disposition testamentaire; ici encore, de son patrimoine, le surplus demeurant aux héritiers ab
il était d'usage d'appeler, comme témoins du testament, intestat"; mais un simple legs à titre particulier ne suffirait
ses parents et ses proches ; mais ce n'était pas là une for pas pour constituer une adoption, car le légataire particu
malité de rigueur, le testament fait sans l'assistance d'au lier ne continue pas la personne du défunt.
cun membre de la famille n'était point nul pour cela, seu Nous venons de voir que, si l'adopté acquérait dans la
lement il était exposé à plus de chances d'attaque et de famille de son père adoptif tous les droits qui auraient ap
rescision *. L'adoptant pouvait par testament adopter non- partenu à l'enfant né en mariage, il perdait, d'un autre

n lue. De Arislarchi hered. 17; Bckkcr, Anecd. gr. 247, 10, Acschiu. In her. 8, 13 ; cf. Dcmosth. Ado. Neaer. 59 «qq. — » lue. De Astyph. her. 11-13. —
Ctetiphmt. il, »t. — '* De jure fam. op. Athcn. p. 92, 94. — *' De Meneclis 30 Is«e. De Apollod. her. 31 , 44 ; Dimosth. Adv. Macart. 74 sqq. ; Adv. Leochar.
hered. 10 et 21. — * lsae. De Apollod. lier. 14; Deniosth. In Docotum, 10) 43._ SI lsae. De Apollod. her. 25. — 31 lsae. DeDicaeog. her. 47 ; Xenonh. Hellrn.
[.•'.•ki . 1001.— H Contra, In. Bunsen,/. I. — 58 lsae. De Menecl.her. 14 ; De Apol- VI, 354. — M lsae. De Aristarch. her. Argum. ; De Dicaeog. her. 10. — sk lsae.
«<f. Ait. 15-17; Dcmoilh. C. Macart. 12-14, il. — « L. I. — «« lsae. DeAstyph. De Dicaeog. her. 6.
ADO — 78 — ADO
côté, tous les droitsdont il jouissait précédemment dans sa cien nom de famille comme surnom, avec la terminaison
famille naturelle M. anus. Ainsi le fils de Paul-Émile, adopté par les Scipions,
Les effets de l'adoption ne sont pas irrévocables; les prit le nom de Publius Cornélius Scipio Aemilianus; Oc
Grecs n'avaient point admis que cette parenté civile dût, tave, après son adoption par César, se nomma C. Julius
pour imiter la parenté naturelle, cire indissoluble comme Caesar Octavianus. On voit que l'adoption entraînait tou
elle. L'adoption peut être rompue, non-seulement du con jours une minima capitis deminutio [caput], même lorsqu'elle
sentement des deux parties, comme un contrat ordinaire, s'appliquait à nne personne alienijuris; l'adopté perdait ses
mais encore par la seule volonté de l'une d'elles : d'abord, droits dans la famille qu'il quittait.
par la volonté de l'adoptant, qui peut, si l'adoption s'est La puissance paternelle [patria potestas] étant parti
faite par testament, révoquer ce testament et, si elle a eu culière au peuple romain, l'adoptant et l'adopté devaient
lieu entre-vifs, abdiquer sa puissance paternelle; enfin par être citoyens; l'adoption d'un Latin était nulle, car elle
la volonté de l'adopté, qui peut retourner dans sa famille aurait constitué un moyen détourné de lui donner le droit
naturelle à la seule condition de laisser des enfants issus de cité. De même un affranchi ne pouvait être adopté que
de lui dans sa famille adoptive36. par son patron *°, car l'adoption par un étranger aurait
Il est évident que, dans ce dernier cas, l'adopté ne pou fraudé ses droits; d'ailleurs l'adoption ne faisait pas d'un
vait pas conserver, non plus que dans les premiers, les avan affranchi un ingénu. L'adoption d'un esclave par son
tages que l'adoption lui avait promis. Démosthène prétend, maître ne le rendait pas non plus ingénu, mais elle lui
cependant, que la pratique athénienne était en sens con conférait la liberté, puisqu'elle en faisait un fils de fa
traire 37. Mais il ne faut voir dans son affirmation qu'un mille ; telle était du moins l'opinion de Caton, suivant les
argument de plaideur aux abois, et les tribunaux n'en tin Institutes de Justinien". Il en était de même pour l'es
rent aucun compte 38. P. Gide. E. Caillemer. clave adopté par un étranger, du consentement de son
II. Chez les Romains. — L'adoption, dans le sens large maître **. L'esclave jouissait ici de plus de faveur que le
du mot, qui comprend I'adrogatio d'une personne sui Latin, puisqu'on pouvait adopter l'un et non l'autre; mais
juris et l'adoption proprement dite d'une personne alieni cette anomalie s'explique lorsqu'on songe que, par l'af
jvris, est l'acte par lequel un père de famille introduit vo franchissement, le maître pouvait toujours faire de son
lontairement un étranger, extraneus, cognât ou non, sous esclave un citoyen romain, tandis que les particuliers n'a
sa puissance paternelle et au rang de ses enfants. L'adopté vaient en nulle occasion le droit de faire un citoyen d'un
devient membre de la famille de l'adoptant, et acquiert tous pérégrin [peregrinus].
les droits d'héritier sien, d'agnat, de gentilis et de cognât Les femmes ne pouvaient adopter, puisqu'elles n'avaient
[agnati, gens, familiaI, tant que dure l'adoption; mais si pas la puissance paternelle . Mais, en 291, Dioclélien et
elle est dissoute par l'émancipation, tous ces droits s'éva Maximien permirent à une femme d'adopter un fils de son
nouissent, sans qu'il reste à l'adopté dans la famille adop mari (privignus) comme son fils légitime, autant qu'il en
tive, les droits que le préteur a réservés au sang sous les pouvait résulter d'effet civil entre elle et lui, pour la con
noms de possessions de biens unde liberi et unde cognati soler des enfants qu'elle avait perdus43.
[hères]. Réciproquement, tant que dure l'adoption, l'a L'impuissant (spado) pouvait adopter **, de même que le
dopté perd tous ses droits dans sa famille naturelle ; mais célibataire; Justinien seulement décida que le castrat ne le
il y retrouve au moins ses droits de liber et de cognât, pouvait pas **.
quand l'adoption est dissoute. L'adoption devait être évidemment consentie par l'a
Les dignités de l'adopté ne sont nullement atteintes par dopté s'il était suijuris. On a douté de la nécessité de ce
l'adoption : ainsi un sénateur adopté reste sénateur39. consentement pour le cas où l'adopté était alieni juris, et
L'adoption eut toujours une importance particulière donné en adoption par son propre père. Cependant Justi
dans les mœurs romaines ; non-seulement les grandes fa nien déclare que l'ancien droit permettait au fils de fa
milles tenaient, pour des motifs aristocratiques, à une ins mille de s'y refuser*8.
titution qui soutenait leur perpétuité, mais tous les Ro L'adoptant pouvait, à son choix, recevoir l'adopté comme
mains y attachaient le plus grave intérêt religieux, afin fils ou comme petit-fils, et, dans ce dernier cas, tous les
que les sacra domestica et gentificia ne fussent pas inter enfants du premier degré de l'adoptant devenaient les on
rompus [sacra]. En effet, l'adopté perdait toute participation cles de l'adopté, à moins qu'un d'entre eux n'eût consenti
à ceux de sa famille naturelle, tandis que toutes les choses à lui tenir lieu de père; mais il fallait son consentement
sacrées de la famille adoptive lui devenaient communes. exprès, « afin qu'on ne lui imposât pas malgré lui un héri
Il gardait seulement son prénom intact, mais à la place de tier sien w. »
ses noms de gens et de famille, il prenait ceux de la gens et L'adoptant pouvait à son tour redonner l'adopté en
de la famille adoptive, ajoutant seulement à la suite son an- adoption à un tiers; il pouvait aussi l'émanciper; mais

55 Hcrmann a cependant soutenu que, malgré l'adoption, l'adopté pouvait encore p. 383 et s. ; C. de Boor, L'bor dos attùches Intestaterbrecht als Prolegom. zu drr
succéder à son pere naturel, et, pour justifier cette proposition, il a cilé doux Itedc gegen Macartatus, Hamburg, 1838, p. 84 et s. ; Meicr et Schômann, Der al-
passages de Démosthène: In Phocnip. 21, Reiske, p. 1049 ; In Macart. 76 et 77, tische Process, Halle, 1824, p. 435 et p.; Ch. Giraud, Du droit de succession à Athè
Heiske, 1076 et 1077. Mais les raisonnements que l'on tire de fragments plus ou moins nes. Paris, 1842 [Revue de législation, t. XVI, p. 97 els.); Schneider, De jure hère-
ambigus ne peuvent prévaloir contre ce texte si formel d'Isée : OSùç rwrMi dit. Atheniensium, Munich, 1851 ; Schûmann, Opusc. academica, Berlin, 1S56, 1. 1,
ixK-îi^-oï rreSpivoc UÀ^p'>vô^T((,i tov o'x™ 59iv ISiioiijlh), De Astyph. her. § ; An op. 10 (De phratriis atticis ; Vanden Es, De jure familiar. apud Athcnienscs, Ley-
nuaire d? l'assoc. pour l'encourag. des études grecq. 1870, p. 28-30. — 36 iaae. ile, 1864, p. 78 et s.; E. Ctiillemer, Le droit de tester à Athènes, Annuaire de l'asso
be l'hiloctcm. lier. 44. — « In Theocrinem, § 21, R. 1331. — 38 No;jiw«vt»v 4W ciation pour l'encouragement des études grecq. 1870, p. 19 et s.
ffïôv -coi» iioTriHjTov [U'Aciv 4so<rî(ftîrjôat tûv y^à-mw, Dem. eod. toc . R. 1332. BlDLlO- 39 L. 35 De adopt. I, D. 7 « Ulp. fr. 15, g 3, et fr. 46, De adopt. Dig. I, 7 ;
GRirnia. Mit, Leges AU. VI, 6 ; Blanchard, Sur les adoptions à Athènes {liée, de Dioclet. et Maj. C. 3 Cod. Justin. De adopt. VIII, 48. — « I, 11, J 12. — « Aul.
VAcad. des Inscript. XII, p. 68); W. Jones, Trad. et commentaire d'Isée, au t. IX Gell. V, 19 ; Justin. C. 1, § 10 De Latin, libert. VU, e.-»LSJ)î adopt. VIII,
«M œuvres ; C. Bunsen, De jure hereditario Atheniensium. Gotlinj. 1813, p. de 53 et Cod. Just. 48. — <* Ulp. VIII, Reg. 6 ; Gaius, I, 103. — *» lnstit. De adopt. I, lit. XL,
t., T.. Caus, Dos Erbrecht in wellgeschichtlicher Eiitwkkelung, Berlin, 1834, t. 1, § 9. — »« L. 10, Pr. Cod. Just. eod. — " Inst. Just. 11, § 7 ; cf. Gaius, II, 124,135.
ADO — 79 — ADO
une fois sorti de sa puissance, l'adopté n'y pouvait plus mais de la comparution et de la déclaration des parties devan t
rentrer par une adoption nouvelle w. le magistrat compétent, l'adopté présent et consentant M.
Il s'élevait une question dans l'ancien droit : l'adoptant L'adoption ne produisait pas toujours des effets avanta
devait-il être plus âgé que l'adopté, de façon à ce qu'il eût geux à l'adopté : l'adoptant pouvait l'exhéréder, l'émanci
pu être son père? Dans l'adoption de Clodius par M. Fon- per, et dans ce dernier cas, comme nous l'avons dit, il
teius on avait passé par-dessus cette condition, et l'adop perdait tous ses droits de succession dans sa famille adop-
tant était plus jeune que l'adopté. Cicéron s'en plaignit tive, pour n'en retrouver que d'imparfaits dans sa famille
comme d'une violation du droit*'. Du temps de Gaius80 la naturelle. Le sénatus-consulte Sabinien, dans la vue de fa
question était encore controversée. Mais les jurisconsultes voriser le développement de la population, avait essayé de
postérieurs, notamment Ulpien et Modestin, la décidèrent remédier à cet inconvénient, en décidant que lorsqu'un
dans le sens de la nature, que l'adoption, selon les Romains, père de trois fils en donnerait un en adoption, le père adop
devait imiter, et voulurent que l'adoptant eût au moins tif lui laisserait nécessairement au moins le quart de sa
une pleine puberté (plena pubertas), c'est-à-dire dix-huit succession **. Justinien alla plus loin : il détruisit en quel
ans de plus que l'adopté M. que sorte les effets de l'ancienne adoption, sauf pour le
Après ces observations applicables à l'adoption en géné cas où l'adoptant serait un aïeul de l'adopté. Mais au cas où
ral, à ses conditions et à ses conséquences, arrivons à l'acte l'adoptant serait un étranger, il décida que l'adopté reste
lui-même et aux formalités qui le constituaient. A cet rait dans sa famille et sous la puissance de son père naturel,
égard, on distinguait deux espèces d'adoption, suivant qu'il et que l'adoption lui conférerait seulement un droit à la
s'agissait des personnes sui ou alienijuris. L'adoption des succession ab intestat du père adoptif •*. Ce genre d'adop
personnes sut juris portait le nom particulier d'adrogalion tion a été nommé par les commentateurs adoptio minus
[adrogatio]. Nous allons parler ici de l'adoption proprement plena. Une autre adoption imparfaite est celle que Diocté
dite, dans laquelle le futur adopté est un fils de famille. tien et Maximien ont permise, comme il a été dit, à des
Les formalités de l'adoption se décomposent en deux femmes, pour remplacer les enfants qu'elles auraient per
opérations successives : 1° faire sortir le fils de famille dus. L'adoptante ne peut avoir ici de puissance paternelle
qu'on veut adopter de la puissance de son père naturel ; sur l'adopté; mais celui-ci acquiert des droits de succession,
2° le faire entrer sous celle du père adoptif. Ces deux actes et peut même au besoin intenter la querela inofpciosi testa
s'accomplissaient au moyen de fictions. Pour faire sortir ment! M. F. Baudby.
l'adopté de la puissance de son père naturel, on procédait ADOPTIO TESTAMENTARIA. — I. Pline l'Ancien »
à peu près comme pour l'émancipation, c'est-à-dire qu'on donne ce nom à une espèce d'adoption assez fréquente
profitait de la disposition de la loi des Douze Tables, sui dans les derniers temps de la République, mais dont les
vant laquelle le fils mancipé trois fois et les autres enfants jurisconsultes romains ne nous ont pas parlé, au moins
mancipés seulement une fois étaient libérés de la puis sous ce titre. L'exemple le plus célèbre est le testament de
sance paternelle [mancipatio]. Le père naturel le mancipait César adoptant Octave : In ima cera C. Octavium etiam in
donc, ordinairement, à l'adoptant lui-même. Les deux pre familiam nomenque adoptavit *. Le plus ancien connu est
mières mancipations, s'il s'agissait d'un fils, étaient faites celui que cite Pline d'un certain Pomponius Salutio,
contracta fiducia et suivies chacune d'un affranchissement. adopté ainsi dans la famille des Scipions. Cette adoption,
Mais après la troisième (ou après l'unique mancipation, s'il qui a donné lieu à beaucoup de discussions parmi les mo
s'agissait de filles ou de petits-enfants) s'arrêtait la ressem dernes, paraît avoir été d'une nature essentiellement hono
blance avec l'émancipation ; l'enfant était libéré de la puis rifique. L'adopté ne tombait pas sous la puissance pater
sance paternelle de son ancien chef, et passait m mancipio nelle de l'adoptant, puisque ce dernier était mort quand
relativement à son acquéreur, puis au père auquel celui-ci elle produisait son effet; par conséquent, il ne devenait pas
l'avait rémancipé. Il fallait qu'à ce mancipium succédât la son héritier sien et ne contractait pas avec sa famille les
puissance paternelle de l'adoptant. Au lieu d'affranchir liens de l'agnation, et n'avait droit sur les biens de l'adop
encore, les parties se présentaient devant le magistrat tant qu'autant que l'adoption avait été accompagnée,
(m jure), devant lo préleur à Rome, ou le président en pro comme dans le testament de César, d'une institution d'hé
vince, et l'adoptant montrant l'adopté disait : Aio hune hn- ritier. Le seul effet était donc de permettre à l'adopte de
mnem esse filium meum. C'était comme le commencement porter le nom de l'adoptant et de se dire son fils (adsumere
d'un procès; mais le père naturel ne contredisant pas, le innomen). Octave, qui vivait dans des conditions exception
procès n'allait pas plus loin, et il ne restait au magistrat nelles, se servit de l'adoption testamentaire de César pour
qu'à prononcer l'addiction (addicere) de la propriété en faire rendre par les curies un privilegium qui l'adrogeait à
faveur de celui qui s'en était prévalu. Cette procédure fic l'illustre mort3; mais on ne connaît pas d'autre exemple où
tive, qui s'appliquait à toute sorte do déclarations d'état l'adoption testamentaire ait eu l'adrogation [adrogatio]
et de translations de propriété, s'appelait cessio m jure. pour conséquence. Les premiers empereurs firent un fré
C'est à cause d'elle qu'on a pu dire que cette adoption quent usage de cette sorte d'adoption : c'est ainsi que lo
availlieu par le pouvoir du magistrat (rà/jeno magistratus**). testament d'Auguste adopta Livie et Tibère *. Au temps des
Justiniensupprima ces formes compliquées; il suffit désor- jurisconsultes classiques, l'adoption testamentaire était

*'P«ul.fr.37,§1,Dig./)padop/.I,7. — *»Pro(iomo,14. -MI, 106.—" L. 15, 196, Leipzig, 1816 ; Puchla, Cursus institut. 111, p. 152 et sqq. 5' éd. 1856 ; Du Caur-
SI3,l6,«,81/)ea-/opM1 D.7. — « Gaius, I, 98, 134. — »» Iastit. I, 12, 8.— »Theo- roy, Institutes de Justinien traduites et expliquées, Paris, 1851 , 8* éd. I, u. 168 et s.;
l*il.A(i/nj<./i«MII,l,§U.—»L. lOCod. til. cit. — 1er. C. 5 Cod. Just.Dc adopt. Ortolan, Explication historique des Instituts de Justinien, G* éd. Paris, 1857, H, p. 107
*l llp. fr. S9, 8 3 De inoff. test. V, 2, Dig. — liuiNumi, C. T. A. De Scheurl, De et de Fresquet, Traité élémentaire de droit romain, Paris, 1S55, I, p. 14 J et s.
IwRmuviorumantiqwmodùliberoiinadoptionemdandi. Erlangen, 1850; E.Hassoltl, ADOPTIO TESTAMENTAMA. • Hist. nat. XXXV, 2, 2. — » Suet. Caes. 83. —
Synopni mriarum immutationum et ambitus et acquisitionis solutionisque patriae S Appian. Bell. civ. III, 94. — * Suçt. Aug. 101 ; Tac. Ann. I, 8, 14. — Libliogiu-
'"muupotestalis, Onoldi, 1833; Lange, Bômisehe Alterthûmer, I,§ 31 Berlin, 1865, pnia. Cujas, Observ. VII, 7; Rein, Privatrccht der Jlômcr, p. 80, Leipzig, 18jS ;
1161 ; Bccker-Uarquardt, Rùmische Alterthûmer, 11, 1, 392, 393; II, 3, 190- Walter, Geschiehte des rôm. /ledits, 3« éd. Ilonn, 1860, H. 513, 11, p. 154.
ADO — 80 — ADO
déjà tombée en désuétude et remplacée par l'institution dieux, et le moindre qu'on pût offrir, à défaut de dons et
d'héritier sous condition de porter le nom du testateur, qui de sacrifices *. Celui-là était réputé impie qui passait sans
produisait les mêmes effets, et n'était en réalité que la donner au moins cette marque de révérence devant leurs
môme chose plus exactement nommée. P. Baudry. simulacres ou devant les temples, les chapelles et édicules
ADORA TIO, npouxiJvïjGiç. — I. Les pratiques extérieures abritant leurs images, que l'on rencontrait à chaque pas *.
du culte tiennent la plus grande place dans les religions Dans le récit de Lucien k, Démosthène, déjà aux mains des
anciennes. On peut dire qu'elles furent la religion môme, émissaires d'Antipater, se donne la mort en portant le poi
tant que l'on ne vit en elles que des règles à suivre pour son à sa bouche : il trompe ses gardiens qui croient lui voir
apaiser le courroux des dieux ou se concilier leur faveur; et faire le geste de l'adoration pour saluer Neptune dans son
lorsque les meilleurs esprits se furent élevés au-dessus de temple. Plusieurs auteurs décrivent ce geste avec plus de
cette idée d'échange et d'engagement réciproques entre précision en ajoutant qu'on appuyait sur le pouce le pre
les dieux et les hommes, tous les signes de la piété n'en mier doigt, ou qu'on n'ouvrait que lé
conservèrent pas moins une extrême importance. Quand gèrement la main 5. Ce geste est assez
un Grec ou un Romain s'adressait à une divinité, quand il clairementindiquédans un certain nom
s'approchait de son sanctuaire, de son image ou de son bre de monuments. Ainsi, dans une pein- :
autel, non-seulement les paroles qu'il prononçait n'étaient ture de vase grec où l'on voit (fig. 1 16)
pas employées indifféremment, mais dans tous ses actes un jeune homme et une jeune femme
et dans ses moindres gestes, il obéissait à des prescrip saluant de cette manière un hermès';
tions mi nutieuses dont l'origine était perdue pour tous, ainsi encore dans plusieurs sculptures :
mais dont personne ne songeait (il en fut ainsi au moins la figure 117 est tirée d'un bas-relief de
pendant bien des siècles) à mettre en doute la sainteté et la belle époque de l'art, trouvé à Gor-
l'efficacité éprouvées. L'adoration consistait surtout dans tyne en Crète, actuellement au Lou
l'attitude et les mouvements du corps manifestant la vre7. Le personnage qui y est représenté
crainte, l'amour, la reconnaissance envers les dieux par fait le geste de l'adoration en présence
les mômes moyens qu'on les eût exprimés vis-à-vis des de plusieurs divinités, reconnaissables à
hommes. Nous pouvons mettre à part, pour en parler leurs attitudes et à leur stature beau
ailleurs, tout ce qui se rapporte aux vœux, aux sacrifices, coup plus élevée que celle de l'adorant. Fig. 117. Gcsie
d'udiTatii,n,
aux prières, aux supplications [vota, sacrificium, pheces, C'est encore le même geste que font
supplicatio]; en dehors des rites suivis pour implorer les deux personnages, vraisemblablement une prêtresse et un
dieux ou pour leur rendre grâces, il reste ce qui constitue joueur de flûte qui s'approchent d'un autel pour sacrifier à
proprement Yadoratio dans le sens antique de ce mot, le Cybèle, dans un autre bas-relief grec du même Musée
salut qui leur était adressé par un geste de la main, par le {fig. 417, p. 360). On le retrouve encore dans d'autres mo
numents, auxquels nous renvoyons 9.
Les morts ensevelis sous la terre étaient considérés
comme des êtres divins, et recevaient un culte dont leur
tombeau était le lieu consacré. On ne doit pas s'étonner
de voir ceux qui les invoquaient avec
des présents et des sacrifices, les saluer
aussi avec le geste de l'adoration. Ainsi
ce geste est bien indiqué dans une pein
ture de vase 10 où est représenté Oresle
s'approchant du tombeau d'Agamemnon
(fig. 118). Quelquefois, à côté de per
sonnages dont les doigts sont repliés, on
en voit d'autres dans les monuments
tenant une main ou les deux mains ou
Fig. 116. Adoration d'un hernies. vertes et tendues; et, en effet, ce dernier
mouvement, qui indique plus particu
baiser, par l'inclinaison de la tète ou du corps tout entier. lièrement l'invocation et la prière, devait
L'usage, dont la Bible offre plus d'un exemple 1 et qu'on succéder d'ordinaire immédiatement à
trouve répandu chez tous les peuples orientaux, d'appro celui de l'adoration et se confondre sou Fig. HA. Adoration
cher la main droite de la bouche et d'envoyer un baiser à vent avec lui. Dans un bas-relief de Paros, devant un tombeau.
la personne divine ou humaine que l'on voulait honorer, ici en partie reproduit " (fig. 119;, on voit à l'entrée d'une
cet usage fut général aussi chez les Grecs et chez les Un- grotte où sont réunies les images de Cybèle, de Pan, des
mains. C'était le premier témoignage de respect envers les Nymphes et d'autres divinités, une foule pressée d'adora-

ADORATIO. < Job, 31, Î6; Ilcg. 111, 19, 18. — s Lucien. De sacrif. 13; Id. 8 Clarac. Musée de se. pl. ccnv, 256; Frôhner, Notice de ta sculpt. antiq. a. 545;
De sali, n ; Minuc. Félix, Oct. Il, 5. — s Apul. Apol. 56 ; Id. Florid. 1 ; Theophr. Uuller-Wieseler, Denkm. d. alten Kunst, H, pl. uni, n. 815. — 9 Mann. Oxom.
Char. 16; Terlull. Jejun. 16; Clcm. Ain. Slromat. VII, * ; Arnob. lib. I, p. 13, éd. pl. suit, n. 1 16 ; Visconli, Mus. Worslei. cd. Labus, 8<-, pl. I ; Mus. l'io-Clement.
Hambg. — 4 Dcm. encom. 49. — s Apul. Met. IV, 28, p. 155, F.lmeuh ; Plin. Hist. t. V, pl. xxvi ; Cavlus, Rec. d'antiq. I. III, pl. ltu, n. 3 ; Labus, Mus. di Mantova,
nat. XI, «5; XXVIII, S, 25; Quinlil. Inst. or. XI, 3. — 6 Gerhard, Ùber Hermenbildcr, 1, pl. mi ; Mus. Dorlon. vol. IX, lav. m ; Mullcr-Wicseler, L I. II, pl. uti, n. 786 ;
Abh. d. Berlin. Akid. 1853 ; el Gesamm. Abhandl. 1868, pl. ilv. — 1 Clarac, Mus. de Gerhard, Ant. Bildwerke, pl. cxm ; U. Rochelle, Mon. ined. pl. xmv; Panofka,
sculpt. pl. ccxiir, a, 36 a ; Frôhncr, Notice de la se. antiq. n. 8 ; Lebas, Monum. dell' Asklepios, pl. it, 1.— M R. Rochelle, Mon. inéd. pl. mi ; Millingen, Vas. pl. m.
Inst. rom. IV, pl. «il; et Annal, del. Inst. 1845, p. 231; et Voyage arch. en — 11 Stuart, Antiq. of Athens, t. VI, ch. n, pl. »; Mullcr-Wicseler, l. t. II,
Grèce, Mon. figurés pl. ccxxiv; Archàol. Anzeiger, 165(\ pl. xxxviii, p. 417. — pl. lxiii, n. 814.
ADO — 81 — ADO
leurs; parmi ceux-ci l'un porte la main à la bouche ; d'autres murale d'un tombeau de Cere, actuellement au Louvre ",
la tiennent ouverte et dirigée vers le groupe des dieux où l'on voit (fig. 120) un homme debout près d'un autel
comme pour leur envoyer leurs baisers (jacereoscula); une qu'il touche de la main gauche, tandis que la droite est
femme est agenouillée. Celte posture n'était pas habituelle levée et que les doigts en sont repliés; au contraire, dans
aux Grecs dans l'adoration. Elle paraissait le signe d'une dé- d'autres monuments étrusques
où divers personnages sont
occupés de cérémonies reli JjfQl^EilJIËflI:
gieuses, la main ouverte et di
rigée vers le ciel est vraisem
blablement le signe ordinaire
de l'invocation.
II. La coutume des coursasia-
tiques d'adorer les rois en leur
rendant les mômes hommages
qu'aux dieux, car nous n'avons
pas à parler ici de toute autre
Fig. 110. Adoration et supplication. manière de saluer [salutatio],
fut toujours repoussée par les
votion exagérée", peu digne d'un homme libre et convenant Grecs comme une humiliation
inoins aux mœurs de la Grèce qu'à celles des Barbares, insupportable*", jusqu'au temps
dont elle était imitée. Plus d'un ouvrage de l'art antique où Alexandre, conquérant de la
offre cependant l'image de suppliants tombant à genoux au Perse et successeur des grands
pied des autels ou embrassant les statues des dieux ; mais ces rois, eut imposé à ceux qui
représentations de l'art, aussi bien que les passages des au l'avaient aidé à vaincre les
teurs où se trouvent des expressions correspondant à cette mœurs des vaincus". Vingt ans
attitude (irfo<rrtiVr£iv, YovuTOreïv, youvâ^EuOat) peignent des si Fig. 120. Etrusque adorant.
plus tard, Démétrius Poliorcète
tuations bien différentes : il ne s'agit plus là de la simple recevait dans Athènes même les honneurs divins u. Les Ro
adoration . mains aussi, tant qu'ils furent libres, méprisèrent comme
Dans l'adoration proprement dite, le geste de la main était digne des Barbares l'acte de se prosterner devant un homme
seulement accompagné d'ordinaire d'une légère inclinaison pour l'adorer B. Les provinces soumises à leur domination,
de la tôle "; mais la piété ne se contentait pas toujours qui étaient déjà façonnées à de pareilles mœurs, donnè
d'une révérence si peu marquée : les dévots qui s'arrêtaient rent, dès avant l'empire, l'exemple de diviniserles maîtres
volontiers dans tous les lieux consacrés u, s'approchaient qui leur venaient de Rome w; les premiers césars acceptè
des idoles, dont ils baisaient le visage, ou les mains, ou les rent et organisèrent régulièrement, même en Italie, le
pieds souvent tout usés par les lèvres de leurs adora culte officiel qui leur était rendu [augustales|. Vitellius,
teurs. Quelques-uns allaient jusqu'à se prosterner pour sous Caligula. quand il revint de Syrie, imagina, pour
baiser le seuil ou le pavé des temples ; toutefois, dans les échapper à la disgrâce do l'empereur, de l'adorer en per
exemples qu'on peut tirer des auteurs comme dans ceux sonne, en imitant tout ce que faisaient devant les ima
qu'offrent les monuments, il est difficile de distinguer ce ges des dieux ceux qui leur adressaient des vœux : ce ne
qui appartient proprement à la prière ou aux actions de fut pas la seule fois que Caligula permit qu'on l'adorât ".
grâce, de l'adoration qui en était le préliminaire. De même Après lui, Claude se refusa aux adorations*8; Héliogabale
nous ne saurions dire si les Romains faisaient suivre la sim les exigea au contraire, mais Alexandre Sévère a, dès qu'il
ple adoration, du rite, usité chez eux après la prière, de tour monta sur le trône, en abolit l'usage, depuis souvent réta
ner sur soi-même en se dirigeant vers la droite ". Ottfricd bli, et qui finit par devenir, à partir du règne de Dioclétien,
Muller a cherché l'origine de ce rite, qui ne se retrouve le cérémonial ordinaire de la cour M. Toutes les personnes
pas chez les Grecs, dans la science auguralc des Étrusques, qui étaient introduites en présence de l'empereur devaient
mais les explications données à ce sujet restent douteuses s'agenouiller devant lui; mais les dignitaires des grandes
pour la critique moderne, comme elles l'étaient déjà pour charges de l'empire19, ou ceux qui étaient honorés d'une
les anciens faveur toute particulière étaient seuls admis, après s'être
Quoique aucun écrivain ne nous ait renseignés sur ce prosternés, à toucher la pourpre impériale et à en appro
point, nous pouvons conjecturer d'après les monuments cher leurs lèvres 30 (purpvram adorare, attingerc, conlinyere).
que les formes de l'adoration chez les Étrusques ne diffé Une mosaïque, qui existe encore dans l'église (aujourd'hui
raient pas de ce que nous avons constaté chez les Grecs et mosquée) de Sainte-Sophie, à Constan tinoplc " , offre l'ima gc
chez les Romains. Nous citerons pour exemple une peinture (tig. 121), de l'empereur Justinien prosterné devant le trône
" Tbeophr. Char. XVI, I ; Plut. De suptrsl. 3 ; Diog. Lacrt. VI, 37. — " Hbron. II, p. 567. 568, ed. Maugej. — «5 Suet. VU. 2 ; Dio Cass. L1X, 4, t7 ; Philo, l. t.
lu JtafM. — 1; Lucr. V. 1197; Apul. Florid. 1. — 13 Lucr. I, 317; Cic. Verr. p. 562. — »6 Dio, LX, 5. — *7 Lamprid. AI. Sev. 18. — «• Eutrop. IX, 26; Aur.
II. 4, «3; 0>id. Met. VII, «31 ; Prudent. la Apoth. SJ3. — « Ovid. Met. I, 37S; Vict. Caes. XXXIX, 4; Amm. Marc. XV, 5,' 18; Zonar. in. II, U, 31; Cod.
Tib. El. V, Il ; Jut. VI, 47 ; Acla Martyr, p. 70. — " Plia. Bist. uat. XI, 43, 251 ; Theod. VI, 8, 1 ; J. Lyd. De magitt. I. 4. — « • Nottt. Dign. cd. Bôcking, I, p. 54,
Plut. Mnccll. 6; PInut. Cure. ., 69; Tit. Liv. V, 11; Val. Fiacc. VIII, Î46 ; Suct. 58, 60, 69, 456. — 30 Amm. Marc. XV, 5, 18 ; XXI, 9, 8 ; Vales: Ad h. 1.; Chrys. Ad
YiteU. «■ cf. C. Insc. gr. 5980 j Stat. Theb. VI, 215.— » Plul. A'um. 14; 0. Muller pop. Antioch. Or. XI ; Kuicb. Vit. Contt. IV, 57. — *l Salxenberg, Altchrist. Hau-
Etnak.ll, p. 139. _ 19 Monum. del. Inst. arch., 1859, taT. m. — '0 p|u(. fhem. Î7 j denknu in Comiantùiop. pl. xxvii — Bidlioobapiiii. J. Lipsius, Elccta, II, 6;
Herod. VII, 136 ; Xeu. Anab. III, 2,13; Corn. Nep. Conon, 3 ; Curt. VIII, 5. — «' Ar- Ilrissonius, De formuKl, I, c. liv et s, ; Browerius a Niedeck, De adorationibus,
n»n. A»ab. IV, 10 et 11).; Plut. Alex. !>4 et »q.; Justin. XII. 7 ; Curt. VHt, 5 et sq. — Amstel. 1713, et in Volcnï Supplem, ad T/ics. antiq. Il; K. P. Hormann, Gottesdienst.
ts Plut./>W(. I3etsq.; Athen.VI. p. Ï53. — "Tit. Liv. XXX, 16. — Cic. Ad Q. Fr. Allertnamer,§ 21; ValeiiufAd Amm. Marccll. XV, 5, 18 ; Cotliofrcd. Ad Cod. Tbcud,
I, l; AAAUk.V, il, 7 ; Suet. Awj. Si ; Tac. Au. I, 11); Philo, Lcrj. ad Caium. VI, 8, De praepos. sacii cubiculi.
1. 11
ADR — 82 ADR
de Jésus-Christ , précisément comme se prosternaient tisfaisante \ Les deux autres personnages debout sont sans
devant lui les grands de sa cour; car les empereurs chré doute les filles d'Adraste.
tiens ne renoncèrent Adraste promit à ses gendres son secours pour les faire
pas à ces hommages, rentrer dans leurs patries, et d'abord chercha des auxiliai
malgré leur significa res à Polynice. Telle fut l'origine de la célèbre expédition
tion païenne qui n'é dite des sept chefs contre Thèbes, qui eut une issue si fu
tait pas oubliée. Us neste. Ses compagnons y trouvèrent la mort ; lui-même il
conservèrent ceux qui ne dut son salut qu'à la rapidité du cheval ailé arion et
s'adressaient à leur rentra à Argos, n'ayant plus, selon un vers qui nous a été
Fis. 121. Justinicn en adoration. personne et ne sup conservé de l'ancien poëme cyclique de la Thébaïde *, « que
primèrent que l'ado son vêtement de deuil et son coursier à la noire crinière. »
ration des images impériales dans les temples ou dans les Il n'avait même pu obtenir des Thébains la permission de
camps; on sait, en effet, que les portraits des empereurs rendre aux morts les devoirs funèbres. D'après le récit des
attachés aux enseignes partageaient le culte rendu aux Athéniens, il aurait demandé à Thésée son assistance ; et le
aigles par toute l'armée [signa]. E. Saglio. héros d'Athènes, après avoir défait les Thébains, aurait en
ADRASTEA [Ruea-Cybele, Nemesis]. levé les morts pour leur donner la sépulture à Éleusis *. Dix
ADRASTUS, 'ASpao-Toç, "ASpr]3Toç. — Adraste, roi d'Argos, ans plus tard, Adraste reparut devant Thèbes avec les fils de
un des héros du cycle thébain. Il était de la race des Amy- ceux qui avaient péri sous ses murs. Cette seconde guerre,
thaonides, et de la famille des Bianlides, l'une des trois dite des Épigones ('Eirfyovot), eut une fin toute différente de
qui se disputaient la prépondérance dans la cité. Vaincu la première. Les Epigones remportèrent une victoire com
par Ampuiaraus et les Mélampides, il fut contraint de quit plète ; mais Adraste perdit son fils Aegialée dans le com
ter Argos et se retira auprès du roi de Sicyone, Polybe, bat Il mourut bientôt après, accablé par l'âge et par la
son grand-père maternel, dont il épousa la fille, et devint douleur, à Mégare, où on lui rendait encore, au temps où
ensuite l'héritier '. Plus tard, réconcilié avec Amphiaraiis, Pausanias parcourait la Grèce, le culte dont on honorait
à qui il donna en mariage sa sœur Ériphyle, il revint ré les héros 8.
gner à Argos. Polynice, fils d'CEdipe, forcé de quitter Thè- 11 était l'objet d'un culte semblable à Sicyone. Son he-
bes lorsque son frère Etéocle en devint roi, et Tydée [Ty- roon s'élevait sur I'agora ; des jeux (àSpotimîa dfeôXa) étaient
deus], fuyant l'Étolie à la suite d'un meurtre, cherchèrent institués en son honneur, et ses exploits et ses malheurs
l'un et l'autre un asile chez Adraste et se rencontrèrent la étaient célébrés périodiquement par des rhapsodes et des
nuit à la porte de son palais, où ils se prirent de querelle. chœurs tragiques Il avait encore un heroon à Colone,
Le roi les fit introduire, et voyant l'un vêtu de la dépouille près d'Athènes 10 .
d'un lion, l'autre de celle d'un sanglier (ou peut être por Adraste, dans l'ancienne épopée, tenait le premier rang
tant les images de ces animaux peintes sur leurs boucliers), entre les chefs de la guerre contre Thèbes. Il était à la fois
il reconnut l'accomplissement d'un oracle qui lui avait en leur Nestor et leur Agamemnon, ayant plus souvent encore
joint de marier ses filles à un lion et à un sanglier; en con parmi eux le rôle d'un sage conseiller que d'un vaillant ca
séquence, il accorda la main de l'aînée, Argeia, à Polynice, pitaine; sa voix pénétrante, son éloquence persuasive
et de la seconde, Déipyle, à Tydée. Une peinture d'un vase étaient proverbiales Il avait sans doute aussi ce double
de très-ancien style, au caractère dans les repré
musée de Copenhague " sentations de l'art. On le'
(fig. 122) atteste l'anti voyait figuré dans un des
quité de cette tradition bas-reliefs qui ornaient
conservée par les poètes le trône d'Apollon à Amy-
des âges postérieurs ». On clae ". Il avait une statue
y voit Adraste (adrestos), à Argos une autre à
couché sur un lit, auprès Delphes, présent des Ar-
duquel se tient debout une giens '*. Nous avons déjà
femme , probablement parlé d'un vase qui porte
Amphithea, son épouse; Fig. 122. Polynice et Tydée chez Adraste son nom. On lit égale
devant eux , les deux ment ce nom sur une
princes fugitifs sont assis à terre dans l'attitude de sup pierre gravée étrusque du musée de Berlin ", où Adraste
pliants. L'un d'eux est clairement désigné par l'inscription armé tient une lance ou un sceptre ; auprès de lui sont
(tvdevs). Derrière* la colonne, qui indique que la scène quatre autres chefs, Tydée, Polynice, Parthénopée et Am
se passe dans l'intérieur du palais, on lit une troisième ins phiaraiis. Le sujet représenté paraît être la prophétie du
cription qui n'a pas encore été expliquée d'une manière sa- devin Amphiaraùs annonçant la funeste issue de la guerre.

ADKASTL'S. 1 Hom. II. Il, 514 i Piud. Nem. IX, 13; Schol. Ad h. I. — * Birket 43, I. — spind. Isth. III, 44; Herod. V, 67; cf. Wclcker, Gr. Gôtterlehre, III,
Smiib,Antik.KabAWt; deWitle,<M. de itagiioncourt,n.SQ; kbeken,Annal, dell' Inst. p. 3S, 138, 259.— i» Paus. 1, 30, 4. - tl Tyrt. Fr. XII, 8, ed. Bergk ; Plat. Phaedr.
arch. lS39,p. 255, la». d'agg. P ; Oierbcck, Theb. Ueldenkreis, p. 84, taf. m,4; Hevdc- p. 268 A; Stat. Theb. Ht, 3S6; IV, 38 et 68. — i* Paus. III, 18, 12. — « Id. II,
mann.in Dcnkmàl. und Forsch. 1867,p. 130 et pl.ccvi [où la peinture est le plus fidèlement 20,5.-1* id. X, 10,3. — "Lippert. Dactylioth. MM. m, p. 2, n. 36; Tœlken, Vert,
cprod'jite'. — 3 Apollod. 111,6, 1; Eurip. Suppl. 1 3 1 ; Phoeniss. 4 1 1 ; Schol. Ad A. I. ; geschn. Steine. cl. II, n. 75 ; Winckulmann, Pierres de Stosch, cl. III, 2, n. t7î;
Slat. Theb. I, 5i4-539 ; Hygiu. Fab. 69.— * Abfkcn, Overbeck, Heydemann, l. I. ; Millin, Gai. mylh. 143, 507 ; Guijjniaut, Jlelig. de l'antiq. pl. cciv, n. 411 ; Lanii,
H. Rocbette, Jaurn. des sav. 1834, p. 150. — s Ap. Paus. VIII, 55, 5; et Apollod. Saggio délia ling. elr. II, ta». i», n. 7 ; Inghirami, Mon. etr, t. VI, ta», «cm, 1 ;
III, 6, 8. — « Eurip. Suppl.; Apollod. III, 7, I ; Herod. IX, 27; Lysias, Epilap. 4 ; Visconti, Op. varie. H, p. 256 ; Mullcr-Wicseler, Denkm. der ail. Kmst. I, taf. uni,
lsucr. Paneg.'jX ; Arislid. InLeptin.f. 684, ed. Diudorf.jPaus. 1,39, 2; cf. Plut. Thes. n. 319; 0»erbeck, Dildicerke zum Theb. Heldenkreis, p. 81, taf. m, n. î; Kœhler,
î».—'Apollod. III, 7,3; Paus. IX, », 2 et s.; 19, 2 et s.; Hygin. Fab. 71. — 8paus. I, Gesamm. Schr. t. V, p. 136.
ADR - 83 — ADR
Cette pierre, souvent décrite et qui a une grande impor voulait le permettre s. Il ne paraît pas qu'ils aient eu
tance dans l'histoire de la glyptique, est reproduite (fig.123). des règles bien fixes pour diriger leur enquête : ils de
vaient examiner l'intérêt des parties, surtout de l'adrogé,
et s'inquiéter spécialement si l'adrogé, en sortant de sa
famille et de sa gens naturelle, n'allait pas laisser sans
personne pour les accomplir les sacra domestica et genti-
licia [sacra]. Mais quelquefois des motifs politiques les
firent passer par-dessus les considérations ordinaires, par
exemple dans l'adrogation de Clodius, patricien, séna
teur, par le jeune plébéien M. Fonteius, dans l'unique but
de le rendre plébéien et parsuitc apte à être nommé tribun
de la plèbe *.
L'effet de l'adrogation était de faire passer l'adrogé sous
la puissance paternelle de l'adrogeant, dont il devenait le
fils légitime selon le droit, justus filius 7. Si l'adrogé avait
eu des enfants sous sa puissance8, ils passaient avec lui sous
celle de l'adrogeant, et il en résultait pour eux comme pour
Pig. 123. Adraste et les chefs de la guerre contre Tlièbes. lui la petite capitis diminutio [caput], c'est-à-dire la perte des
droits d'héritier sien, d'agnat et de gentilis dans la famille
Enfin, sur un miroir étrusque ,6, on voit encore Adraste naturelle, et même celle des possessions de biens unde liberi
armé à côté de Tydée et d'Amphiaraiis, tous trois désignés et unde legitimi dans ladite famille [bonorum possessio], tant
par des inscriptions. E. Saglio. que durait l'adrogation. En même temps l'ensemble des
ADROGAT10 ou ARROGATIO. — C'est le nom spécial biens de l'adrogé passait à l'adrogeant à titre de succession
donné à l'adoption des personnes suijuris. Elle était ainsi universelle, excepté ceux qui périssaient par la capitis dimi
appelée, parce qu'elle avait lieu au moyen d'une proposi nutio, comme l'usufruit et l'obligation aux services (operae)
tion législative {rogatio), et d'une loi rendue dans les co contractée par les affranchis au moyen du serment *. L'a
mices par curies, dont l'intervention atteste l'antiquité de drogeant recueillait tous ces biens sans les dettes, car le
cette institution1. Dans le passage suivant, Aulu-Gelle* nous droit civil voulait qu'elles fussent éteintes par la capitis
a transmis les renseignements les plus exacts sur l'adroga- diminutio; mais le droit prétorien plus équitable donna aux
tion : « l'adrogation a lieu pour les personnes sui juris qui créanciers de l'adrogé des actions utiles pour se faire payer
se font passer, par un acte de leur libre volonté (ipsi aucto- par l'adrogeant jusqu'à concurrence de la valeur des biens
res), sous la puissance paternelle d'un autre. Mais les adro- que l'adrogé lui avait apportés ,0.
gations n'ont pas lieu à la légère et sans examen. Les Dès la fin do la république, la réunion des comices cu
comices curiates sont convoqués par les pontifes. On con riates n'était plus qu'une formalité où, le plus souvent,
sidère si l'âge de l'adrogeant ne lui permet plus d'avoir les curies n'étaient représentées que par leurs trente lic
d'enfants, et s'il ne veut pas s'emparer frauduleusement teurs. Le sérieux se passait dans l'enquête des pontifes, et
des biens de l'adrogé ; enfin on lui fait prêter un serment c'est à eux que Cicéron s'en prend quand il veut atta
dont la formule a été conçue, à ce qu'on dit, par le grand quer l'adrogation de Clodius. Ulpien 11 et Gaius 11 mention
pontife Q. Mucius. Pour Être adrogé, il faut être déjà pu nent encore l'adrogation auctoritate populi comme en vi
bère (vesticeps). L'adrogation tire son nom de ce que cette gueur de leur temps ; mais il s'agit évidemment de comices
espèce d'adoption a lieu par une proposition de loi (roga fictifs. L'adrogation continua ainsi en vertu de lois cu
tio) faite au peuple. En voici les termes s : « Qu'il vous riates pour la forme, pendant la première moitié de l'Em
« plaise, Quirites, ordonner que Lucius Valérius devienne pire. Le dernier exemple connu est celui d'Hadrien, adop- >
« le fils de Lucius Titius, selon le droit et la loi, comme s'il tant Commode, vÔ|au>, dit Dion Cassius1'. Mais en face de
« l'avait eu pour père et sa femme pour mère ; que son nou- cette cérémonie surannée une forme plus simple avait
« veau père ait sur lui droit de vie et de mort, comme le commencé à se dessiner, l'adrogation par une décision de
« père l'a sur son fils. Ce que j'ai dit, Quirites, je vous le l'empereur, d'autant plus aisée à prendre pour lui qu'il
« propose. » On ne peut adrogcr ni les pupilles, ni les fem pouvait s'y prévaloir de son titre de grand pontife. Le pre
mes, lors même qu'elles ne sont pas sous la puissance mier exemple en fut donné par Galba u s'adrogeant lui-
paternelle ; ces dernières, parce que les comices ne peu même Pison par une simple proclamation, mais s'excusant,
vent avoir de rapports avec elles; et les pupilles, parce il est vrai, de manquer de temps pour le faire par une loi
qu'il n'est pas donné sur eux aux tuteurs une autorité et curiate 1S. Cependant l'adrogation par les pontifes conti
une puissance assez grande pour faire passer sous le pou nua concurremment, et Gaius 18 mentionne encore un res-
voir d'autrui une tête libre confiée à leurs soins *. » Les crit qui leur fut adressé par Antonin le Pieux pour per
pontifes, après enquête et devant les comices assemblés, mettre l'adrogation des impubères, mais avec des condi
demandaient d'abord à l'adrogeant s'il voulait adopter, tions propres à s'assurer qu'elle leur serait avantageuse.
ensuite à l'adrogé s'il lui convenait d'être adopté, et enfin, L'adrogeant devait donner caution de rendre les biens de
dans les termes qui viennent d'être cités, au peuple s'il l'impubère à ses héritiers naturels, si ce dernier venait à
18 Gerhard, ElriUk. Spiegcl. 1, taf. luviii ; Annal, del. Iiut. arch. XV, tav. d'agi;. rogo. • —,* Noct. Att. V, 19. — » Gaius, I, 99. — • Voy. la discussion de celle
t ; Oierbrdt, 1. 1. p. 84, taf. m, n. 3. affaire dans le discours de Cicéron Pro domo sua, 13 et 14, et Caqueray, Explie, des
ADROGATIO. 1 Gaius, Comm. I, 99 ; Cic. Pro domo, 29. — « Gcll. V, 19. — passages de droit pricé contenus dans Cicéron, à cet endroit. — 1 Gaius, ibid. —
* • Yetilis jubeatif, Quirites, uti Lucius Valérius Lucio Titio tam jure legeque filius 8 Gsius, l, 107. — » Gaius, III, 83. — «0 Gaius, m, 84. — « VIII, î, Itrg.
si»t, qu«rosi es co pâtre matreque familias ejus natus esset, utique ei vitae necis- — M I, 98. — U LXIX, ".0. — 1* Suet. Oalb. 17. — 1» Tac. Hist. I, lb. —
4 e in eum pointas siet, uli patri endo Blio est : haec ita uti diii ita tos, Quirites, l, 105.
ADU — 84 — ADU
décéder avant la puberté ; il ne pouvait l'émanciper que Spartiates, a pu écrire que, à Sparte, l'adultère était in
pour une juste cause et en lui rendant ses biens, et il était connu.
obligé en outre, en cas d'émancipation injuste ou mémo A Athènes, Solon maintint pour le mari le droit de tuer le
d'exbérédation, de les lui laisser dans sa succession aug complice de sa femme surpris en flagrant délit (kl oâ;a.apT:,
mentés d'un quart au moins de sa fortune. C'est là ce asOpa £v opOpot; £//ov) ; le meurtre était dans ce cas considéré
qu'on nommait la quarte Antoninc (quarto, Antonina ou non comme excusable, mais comme légitime 11 ; de plus,
divi PU)11. L'adrogé pubère pouvait d'ailleurs faire reviser l'époux devait, sous peine d'atimia, répudier sa femme; il
son adrogation18. Enfin l'ancienne adrogation solennelle était interdit à celle-ci de paraître en public autrement qu'a
fut entièrement supprimée en 286 par une constitution de vec des vêtements grossiers, et de porter des ornements ou
Dioclétien 19, qui mit à sa place un rescrit du prince rendu parures, sous peine de se les voir arracher et d'être en butte
après enquête faite par les magistrats. Les femmes purent à toutes sortes de mauvais traitements ; l'entrée des temples
être adrogées au moyen du rescrit impérial50. Justinien lui était interdite, et, si elle essayait d'y pénétrer, elle en
restreignit l'adrogation comme il avait fait pour l'adop était expulsée ignominieusement Enfin, il est vraisem
tion; il n'accorda àl'adrogeant que l'usufruit sur les biens blable que la femme adultère ne pouvait pas demander la
de l'adrogé, et permit seulement qu'il lui succédât comme restitution de sa dot ; c'est du moins ce que disent Sopater
un père nc'urel à son fi!ssl. F. Baudry. et Libanius; mais ce point est contesté ,J.
ADULTERIUM, Motycia, adultère. S'il fallait en croire Plutarque u, une loi de Solon aurait
I. En Grèce. — Dès les temps héroïques, la violation de la permis à la femme l'adultère dans un cas. Lorsqu'une
foi conjugale par une femme mariée fut considérée comme tille héritière [epj.klep.os] avait été réclamée en mariage
un crime qui donnait lieu à l'application du droit de ven par son plus proche parent, et que celui-ci était impuissant,
geance établi dans toutes les sociétés primitives L'époux elle pouvait avoir impunément des relations avec celui des
offensé qui n'avait pas immolé l'adultère surpris en flagrant parents de son mari qu'il lui plaisait de choisir. Mais il
délit, poursuivait le criminel dans sa personne, dans sa fa doit y avoir là une confusion entre les institutions Spartiates
mille et dans son patrimoine unis par la loi de solidarité ; et les institutions athéniennes ,5. Xénophon, après avoir dit
mais il pouvait se contenter d'une réparation pécuniaire 1 que les lois de Sparte autorisent l'adultère, ajoute que
(.aor/avpîa), sans préjudice de la restitution des présents par le système suivi par les Lacédémoniens est contraire aux
!e père de sa femme. Lorsque le législateur intervint dans la lois qui sont en vigueur chez tous les autres peuples; ce
répression des crimes qui intéressaient au moins indirecte qu'il se fût abstenu de dire si les Athéniens l'eussent éga
ment la société, il laissa cependant subsister des traces du lement adopté.
système antérieur. Le mari pouvait immoler le complice Quant au complice, s'il n'avait pas été tué sur le fait, la
de sa femme pris sur le fait, mais il devait s'exiler et subir loi le livrait à la discrétion du mari I8, permettant de lui faire
une purification 3. Plus tard, certains législateurs, comme subir des peines corporelles humiliantes et cruelles, telles que
Dracon à Athènes, exemptèrent le mari de toute peine, lors l'épilation (papier lÀfjw;, nates moecho depilabantur calido cineré)
que les coupables frappés par lui avaient été pris en flagrant et le supplice appelé ^miSb)<;t<;(rap/iani vel mugiles inpodicern
délit. On raconte que Zaleucus, législateur des Locriens, immittebantur) ". Quelquefois le mari entrait en composi
ordonna de crever les yeux au coupable d'adultère ' ; Cha- tion avec celui qui l'avait offensé et se contentait d'une ré
rondas livrait les deux complices à l'insulte et à la risée du paration pécuniaire : il pouvait alors le retenir captif jusqu'à
peuple s ; à Cymè et en Pisidie, les adultères étaient forcés ce qu'il eût payé ou fourni caution 18. Il avait enfin une action
de faire une promenade sur un âne 6 ; à Lepreum, l'homme contre lui (yp*$ ("t-/"*?) et pouvait l'accuser devant les
était garrotté et traîné pendant trois jours à travers la ville ; Thcsmolhètes 19, mais on ne sait pas précisément quelles
la femme devait s'asseoir pendant onze jours sur le marché, peines étaient en ce cas prononcées contre le coupable 80 ;
couverte d'un seul vêtement très-léger7; tous deux étaient tout porte à croire cependant qu'elles étaient très-sévères.
frappés d'atimie [atimia] perpétuelle; à Gortyne, l'amant Cette action, bien qu'appartenant à la classe des actions
devait être couronné de laine et cousait devant le magis publiques [graphe], ne semble pas avoir pu être inten
trat qui proclamait son infamie et l'obligeait à payer une tée par un autre que par le mari. Celui qui prétendait
somme considérable 8 ; à Ténédos, les deux complices étaient avoir été faussement accusé d'adultère et avait été à
frappés de la hache 9. A Sparte, la loi permettait l'adultère tort maltraité comme tel, avait, de son côté, un recours
dans certains cas. Lycurgue, dit Plutarque ,0, s'efforça de devant les tribunaux (ypa^ àîîxi»; elpjrGîjvai i>; [xot/ôv).
bannir du mariage la jalousie; il se moquait de ceux qui L'action en adultère était-elle possible contre la femme?
n'admettent pas les autres à partager avec eux et qui punis On a pu induire l'affirmative d'un passage de Lucien"
sent par des meurtres ou par des guerres le commerce que où il dit qu'il n'a pas voulu intenter contre la Rhéto
des étrangers ont avec leurs femmes. On a peine à com rique, qu'il appelle sa femme, une accusation d'adul
prendre comment le même historien qui nous donne des tère, malgré ses méfaits. Mais cette accusation n'était pas
détails sur les infractions au devoir de fidélité entre époux nécessaire, puisque, l'adultère une fois constaté, toutes

" fort, Just. I 11, § 3. — « Fr. 32, 33 Dig. I, T9. — « L. 2 De adopt. Pout.XlV. — S Aelian. Var. Ziis/.XIl, 12; XIII, 24; Steph. Byi. s. t. Tmîoj; Diogciiian.
VOI Cod. Just. 48. — so L. ïl De adopt. 1, D. 7. — « Inst. 111, 10, § 2. — Prov. VIII, 58. — 9 Lys. De caede Erat. 34 et 50 ; Xcn. Hier. III, 3 ; Stob. Serm.
RiBuor.ntpuis. Pardessus, Mém. de l'Acad. des Inscr., t. XIII, 2» part., p. S98; VI, 15. — M Plut. Lyc. iS;Xca.Rep. Lac. I. — 11 Demosth. InNeaer. 87 ; Lys. Be caede
Beckcr-Marquardt, Itùmische AllerthOmer, Leipzig, 1S5S, 111, 3, p. 190-196; Lange, Erat. Il et 33. — 11 Demosth. In Neaer. 85; Aeschin. Thnarch. 1S3. — H Scbô-
nômùelin Alterthùmer, § 32; Rein, Das Privatrecht der Rùmer, Leipzig, ISIS; mann, Gr. Allerth. 2" cd. I, p. 533; Hcrmann, Privalalt., 2« éd. § 30-18. — " Sol.
Walter, Geschiehte des rôm. Redits, Bonn, 1S60, 3" éd. II, p. 151 et sniv., n. 544 20. — « Wachsmuth, IleUenische Allerth. § 103, 20. — 1« Dcm. /. I. 6*. —
et 545. ïl Schol. Aristoph. Plut. 168; Nub. 1083 ; Ecclcs. 722; Suid. s. y. Uoi^os; Cornm.
ADCI.TEBICM. 1 Hom. II. III. — > nom. Odyss. VII, 32», 332, 354 ; V, 3IT; ad Hesych. AaxiaJw. — '8 Dcm. I. I. 66; Lysias, De caed. Erat. 25. — 19 Poil. VIU,
Feith, Anliq. Iiomer. ed. Lugd. Bat., II, 16. — » Pa"S. IX, 36, 8. — ' Valcr. Mai. 40 et 88, et les Leiicogr. aui mois 'Hytiunia, aixi; et n«j«it<xf.;. — *> licier et Scho-
VI, 5; Aelian. Var. hist. XIII, 2(; Lycophron, Cass. 421. — ' Diod. XII, 12. — mann, A ttische Proccss,p. 331 ; Platncr, Proc. und Klagcn beiden Attik. t. II, p. 209.
• Stob. Florileg. XL1V, 41 ; Plut. Qu. Oraec. 2 ; Hesycb. s. t. 'Ovt&nttis. — 7 Ileracl. — si Dis accus. 31 ; cf. Ach. Tat. ap. Platncr, /. I.
ADU — 80 ADU
les conséquences énoncées plus haut s'appliquaient de Lorsque la femme n'était pas surprise en flagrant délit,
plein droit. le mari offensé pouvait convoquer le tribunal domestique
Quand la femme mariée n'avait cédé qu'à la force, le dont on faisait remonter l'organisation à Romulus30. Cette
mari qui n'avait pas immolé le coupable ne pouvait exiger juridiction ivait sans doute été établie par la coutume, et
de lui qu'une amende de cent drachmes, peine ord'naire jamais elle ne fut légalement abrogée ; à une époque bien
du viol M ; car la violence avait paru moins à craindre que postérieure, on la voit encore exercée au défaut d'une ac
la séduction. Cependant Lysias " dit qu'en pareil cas l'a cusation publique 31 . Apuleia Varilia, sur l'avis de Tibère,
mende était double. fut jugée more majorum propinquis suis, et reléguée ainsi
Notons que, d'après les lois d'Athènes, il y avait por/il* que son complice 3!. Le mari pouvait seul aussi, non pas
non-seulement dans le cas où une épouse légitime avait des peut-être dès l'origine, mais au moins vers la fin de la
relations avec une autre que son mari, mais même dans le République, répudier sa femme lorsqu'il l'avait th manu
cas où une concubine (^aXXaxij) se livrait à un autre qu'à [manus] 33. En pareil cas, il y avait lieu sans doute à un
son amant. Il en étaitautrement pour l'hétaïre *'' [uetaiiui]. judicium de moribus, pour déterminer les rétentions que le
Notons encore que le terme uot/si'a s'appliquait môme mari pouvait opérer sur la dot3'.
aux relations existant entre un homme et une femme non Lorsqu'il y avait flagrant délit, le mari était maître de
mariée ou veuve. Il n'est pas possible cependant de voir là tuer sa femme 35 et de tirer vengeance à sa volonté du «
un adultère Quant à l'opinion d'Hefter, d'après laquelle complice. Celui-ci, s'il n'était mis à mort immédiatement,
les rapports entre un Athénien et la femme d'un étranger périssait sous les verges, ou était réduit à mourir de faim,
n'auraient pas été traités par la loi comme un adultère, elle ou subissait les supplices de la castration, ou celui dont
nous paraît inadmissible, et aucun renseignement laissé il a été parlé ci-dessus, de la [Sacpavi'owo-i; M. Le père de la
par les anciens ne peut être invoqué en sa faveur. femme avait le même droit que son époux, et ce droit re
La loi athénienne n'édictait pas de peines contre le mari monte sans doute à une époque antérieure à la loi Julia'" ;
qui manquait à la foi conjugale. Peut-être même la mais nous pensons qu'il était restreint au cas où, la femme
femme n'aurait-elle pas été admise à invoquer l'adultère n'étant pas placée in manu mariti, le père avait conservé la
de son mari comme cause de divorce. Mais il résulte puissance paternelle; cette conséquence paraît résulter des
d'un passage de Diogène de Laërte **, que si l'époux avait principes généraux sur l'organisation de la famille ro
eu des relations contre nature avec un autre homme, le maine 39 et peut-être de la loi des Douze Tables, qui n'ex
divorce aurait été permis à la femme. cusait la vengeance du mari qu'autant qu'elle s'exerçait
G. HUMBERT. E. CaILLEMER. sur les deux coupables immédiatement 39 C'était proba
II. A fioine. — L'adultère, en droit romain, est le com blement déjà un adoucissement aux antiques coutumes.
merce d'une femme mariée avec un autre que son mari. A la fin de la République, la corruption des mœurs
Celle-ci prend le nom d'adultera, et son complice celui était déjà extrême à Rome, et la licence des femmes dé
à'adulter K ; mais le commerce que le mari pouvait avoir passait celle des hommes. On voyait les dames du plus
avec une autre femme non mariée n'était pas considéré haut rang répudiées pour cause d'adultère, ou divorçant
comme une violation légale de la foi conjugale. volontairement pour se livrer sans frein à leurs passions.
Dans les premiers temps de Rome, une loi répressive Auguste, qui avait pris à tâche de réorganiser la famille,
de l'adultère ne paraît pas avoir été nécessaire ; les mœurs et d'arrêter la dépopulation de l'Italie, crut devoir, en
étaient rudes, mais pures ; le peuple qui élevait des autels l'an 737 de Rome, 17 ans avant J.-C, rendre un édit
à la Pudeur entourait les matrones d'un profond respect, spécial pour la répression de l'adultère. C'est la célèbre loi
et regardait avec horreur toute atteinte à la sainteté du Julia de fundo dotait et de adulteriis t0. Ce code des mœurs
mariage. C'est en ce sens que Rein explique un passage de se rattachait aux lois d'Auguste sur le mariage, le cé
Cicéron ,7, où l'orateur qualifie de lex sempiterna, la loi libat et la paternité ; il tendait à multiplier les mariages en
qui défend l'adultère ; d'ailleurs, il est probable que le lé garantissant la pureté et la stabilité de l'union conjugale.
gislateur n'intervenait pas encore dans les rapports intimes C'était la première fois que l'adultère était considéré
de la famille M. Nous pensons , avec ce savant juriscon comme un délit public et que l'accusation était permise à
sulte, que l'autorité paternelle [fatiua potestas], ou celle d'autres que le père ou le mari. Ce fut donc toute une ré
du tribunal de famille [judicium domesticum], reconnues volution qui fit une grande impression sur les esprits ; on
l'une et l'autre par les lois, suffisaient pour protéger la peut en juger par les nombreux passages des auteurs clas
pureté de l'union conjugale. Ce n'est que plus tard que la siques qui s'y réfèrent " ; toutefois elle n'eut pas la puis
puissance publique en vint à surveiller l'exercice de cette sance de mettre un terme à la corruption des mœurs. Es
magistrature domestique et en confia le soin aux cen sayons d'analyser rapidement les dispositions de cette loi
seurs ou aux édiles w. Quoi qu'il en soit, voici les distinc célèbre.
tions que l'on observait anciennement, en cas d'adultère. Le principe fondamental se trouvait posé dans le pre-

M L; . f. {. g 33 ; Plut Sol. 23 ; Barthélémy, Voij. d'Amen, c. xi. — « De caede II, 60 ; III, 85 ; Catull. 15 fin. ; Plut. Parait. 37 ; Horat. Satyr, I, 2, 45 j Jut. X,
Erot c. 11. — » Dcm >sth. In Neaeram, § 67, R. 1367, et In Arittocr. g 55, R. 6 17. 31 1 sqq. ; Langlaeus, Otia semestriel, VIII, 7 ; Turneb. Advers. XXVIII, 46 ; Ruperli,
LyMu.û? caede Erat.% 31. — » IV, 17. - «• Lactant. Inst. VI, 2.1, 21 ;Quintil. VII, Diss. ad Valer. Max. p. 359. — 87 Hynhershocck, De jure occid. c. m ; Rein, o]i.
3, IO.-WDeleg.il, 4 ; cf. Lactant. Epist. 64. — «8 Rein, Dascrim. llecht der Rômer, cit., p. 838. — M Schol. Cruq. Ad Sat. Il, 7, 6 ; Heinecc. Synlagm. ed. Haubold,
p. »35. — M Tit. Ut. X, 31 ; Cic. De republ. IV, 6 ; Suet. Claud. XVI. — » Dion. p. 78*, note 8; Rein., I. I. — 5» Quint. V, t 0, 104 ; Decl. m, 179, 284, 291, 335,
Il, Î5; Rein, 1. 1. p. 43 et 836 ; Geib, Geschichte des rOm. criminal Proc. p. 82, 317, 379 ; Senec. Cont. I, 4 ; II, 24 ; Calp. Flaccus, Decl. 46 sqq. La Coll. leg. mo ■
M.—M Suet. Tiber. XXXV; Tacit. Aim. XIII, 32. — M Tacit. Ann. II, 50. Voy. sur sale. IV, fait aussi mention de lois antérieures qu'aurait abrogées la loi Julia. —
ce tribunal domestique, outre les auteurs cites par Rein, /. /. p. 838, en note, de *o Ainsi nommée dans la Coll. leg. mot. IV, 2; dans les lois 37, § 1, De mmor. I).
Fresquel, Berne hUt.de droit, 1«5. — »PIut. Ilomulus, 22. — >»Cf. Rein, Op. cit. IV, 4, et I. 3,17 Cod. h. t., IX, 9, ou simplement Lex de adulteriis, 1. 2, § 2, D. h. t.,
p- M", note. — » CeU. X, 23 ; Senec. De ira, I fin. — M Quintil. III, 6, 17, Î7 ; De adulteriis et stupro dans le Code ; De adulteriis et de pudicitia, par Suétone,
V, 10, 39, 55, 58 ; Calp. Flacc. Dect. Il ; Valer. Mai. VI. 1,13; Plaut. Curcul. I, I, Octav. 34; De pudicitia, I. 8, 19 Cod. h. t. — »l Hor. Orf.1V, 5,21 sqq.; Ovid. Fait.
M *iq.; Mil. glor. V, 2 sqq. ; Paenut. IV, 2, 40; Terenl. Eunuch. V,5, 15; Martial. Il, 139 ; Plut. Apopht. Aug. 9, etc.
ADU — 86 ADU

mier chef qui, en abrogeant les lois antérieures sur ce sateur ,7. Un délai de soixante jours utiles leur était accordé
point, disait : « Que nul à l'avenir ne commette sciemment pour se porter accusateurs, après quoi le droit d'accusation
un adultère ou un stuprum » L'adultère, comme on devenait public ; mais le mari pouvait le reprendre, après
l'a dit plus haut, était légalement défini : le commerce de l'inscription d'un tiers, en établissant des causes d'empêche
la femme avec un autre que son mari, peu importait d'ail ment légitime *7*. Tout autre ne pouvait agir que dans les
leurs que le mariage [matmmonium] fût justum, c'est-à-dire quatre mois qui suivaient le délai précédent, à moins que
conforme aux règles du droit civil romain, ou seulement le mari ne fût mort ou n'eût abandonné l'accusation 8S. S'il
un mariage de droit des gens, injustum, ou même formel y avait plusieurs accusateurs, le magistrat choisissait entre
lement prohibé 43 ; mais la loi Julia ne punissait ni l'infidé eux59. Celui qui agissait jure extranei pouvait, en cas d'ac
lité de la fiancée, qui ne fut assimilée à l'adultère que par quittement, être poursuivi comme calomniateur, pendant
Sévère et Antonin **, ni celle de la femme esclave, unie en le délai de deux mois; il en était autrement pour le père ou
contubernium avec un autre esclave". Au contraire, l'atteinte pour le mari, à moins que leur mauvaise foi ne fût évidente,
portée à l'union dite concudinatus, permettait à l'homme circonstance qui sert à concilier plusieurs textes 60. Quand le
d'accuser la concubine jure extranei, pourvu qu'il s'agît procès contre la femme était terminé,la loi permettait d'atta
d'une femme qui n'avait pas perdu le titre de matrone in quer son complice; car on n'était pas obligé de les compren
concubinatu se dando, par exemple une affranchie devenue dre dans la même dénonciation 61 ; l'accusateur avait même
concubine de son patron 4e; la femme qui s'était fait in la faculté de commencer, à son choix, par l'un ou par l'au
scrire par les édiles au nombre des courtisanes échappait tre, sauf dans le cas où la femme, ayant divorcé avant la
à l'application de la loi ; cette inscription avait dû être plainte, avait épousé un autre que son complice M. Alors,
interdite, au temps de Tibère, aux femmes des chevaliers, si l'accusé était absous, la femme ne pouvait être inquié
et à plus forte raison, à celles des sénateurs ", sous peine tée a; mais quand l'adultère était devenue veuve, l'accu
d'exil *». sateur pouvait, à son choix, attaquer soit elle-même, soit
Le complice de l'adultère était puni comme l'adultère son complice. Si la femme était mocte , celui-ci était
lui-même, par exemple celui qui avait conseillé 49 ou prêté poursuivi isolément 64. Dioclélien abolit plusieurs des res
son aide ou un asile au commerce illicite. 11 est inutile trictions précédentes au droit de poursuite 65 ; néanmoins
d'ajouter que sans intention coupable [dolus malus], le on continua d'admettre qu'elle serait suspendue à l'égard
crime n'existait pas M. d'un fonctionnaire public jusqu'à la fin de sa charge,
Le deuxième chef de la loi modifiait l'ancien droit de moyennant la caution judiciu sistendi*1; de même on at
vengeance personnelle : il permettait au père adoptif ou tendait le retour do l'accusé absent pour le service de l'É
naturel de tuer sa fille, quelle que fût sa condition, et son tat : c'était la disposition formelle du septième chef de la
complice surpris en flagrant délit 11 ; mais il fallait que le loi Julia L'accusation devait être intentée contre la
père eût conservé la puissance paternelle, ou que la femme femme dans les six mois du divorce, délai que les empe
in manu lui eût été rémancipée parle mari, et que les cou reurs n'observaient pas rigoureusement 68, et contre son
pables eussent été pris dans la maison du père ou du mari ; complice dans les cinq ans qni suivaient le crime-, après
du reste, le père devait les mettre à mort sur-le-champ, et l'expiration du délai légal, l'action était prescrite 69. Re
tous deux ensemble SJ; l'absence d'une de ces conditions marquons d'ailleurs que cette prescription s'étendait à tous
permettait de l'accuser de meurtre *\ Quant au mari, il les autres délits (stuprum, incestus, lenociniurn, nefanda ve
lui était défendu de tuer sa femme, ou son complice, à nus) prévus et punis par la\oi Julia, h moins que l'inceste ne
moins qu'il ne fût de basse condition, comme un mime, fût joint à l'adultère 70. Si le divorce arrivait cinq ans après
unLEMO, un histrion, un affranchi, un esclave64, et qu'il ne l'adultère, on ne pouvait plus inquiéter ni la femme ni
l'eût surpris avec sa femme dans sa propre maison ; il devait son complice, car ce délai était définitif. L'accusation de
chasser immédiatement son épouse et déclarer le fait dans vait être formée au moyen d'une plainte (inscriptio libelli
les trois jours au magistrat ayant juridiction (eo loco ubi oc- accusato>ii~l) rédigée suivant les formes légales, dont l'in
cidit). Lorsqu'entraîné par la passion il avait commis un observation entraînait la perte du procès71 [inscriptio in
meurtre en dehors des conditions légales de non-imputa- crimen]. Il était prescrit au juge de faire une enquête sur le
bilité, on le regardait comme coupable d'homicide excu mari dont la vie et les mauvaises mœurs pouvaient servir
sable, et on ne lui infligeait qu'une peine qui ne pouvait d'excuse à sa femme 7'. Le procès devait suivre son cours
excéder l'exil La loi l'autorisait à retenir pendant vingt sans interruption jusqu'à la sentence 74, à moins que le juge
heures le complice qu'il ne voulait ou ne devait pas tuer, n'accordât des délais pour produire des témoins.
teslandae rei causa w . Il nous reste à parler de la pénalité admise par la loi
Le droit d'accuser appartenait au mari aussi bien qu'au Julia en matière d'adultère. Certains interprètes modernes
père. S'ilsse présentaient ensemble, le juge désignait l'accu- ont cru, sur la foi de Justinien 7t, qu'elle prononçait la

•2 iN'c quis posthac stuprum adullcriumve facit» scions dulo main. » Cf. Coll. leg. 159. — 57 L. 4, §2 h. t. — 57* L. 4, g 1 ; 1. Il, 68; 1. 16, § 1 D. h. t. — » L. 2, § 9
mot. IV, 2, et I. ti pr. D. h. t. — *» L. 13, g 1 et 4, h. tj cf. Rein, p. 8(1, note I. D. h. t. — 5» Rein. Op. cit. p. 8(6, noie; Plalncr, Quacst. p. 127 sqq. — «0 L. 15,
— »* L. 13, § 3 et a D. h. t. ; 1. 7 C. h. t. — M L. 6 pr. D. h. t. j 1. 13 pr. C. eod. g 9; I. 17, §6; I. 32 pr. et g 1 ; 1. 39, § 6 D. h. t.; 1. I, 8 10 D. al S. C Turpil.
— L. 13 pr. D. h. t. — « Tacit. Am. II, 85; Suct. Tiber. 35. — *8 Diod. 1. (XLV11I, 16) ; I. 8 Cod. h. t. — «1 L. 27 C. h. t. ; 1. 8 C Theod. h. t. - « L !, 5,
1! C. h. t. ( f. L. 13, g S h. t. ; Hein, /. I. p. 8ti, note; Matthaeus, De crim. II, g II ; I. 17, g 6 ; I. 19 D. h. t.; 1. 8, 14 Cod. b. t.; Martial. VI, i'.. — 63 L. 5, 15.
VLVI11, 3, p. 3GI sqq. — « • Qui suasit. • L. M D. h. t. ; I. 33, § 2 eod. — 5o L. 12 g 8 D. h. I. — «» L. (8, 44 D. h. t. — « L. ;8 Cod. h. t. — «8 L. 38, g 10 D. b. t.
13, g 7, et 1. 43 1). h. t. — M Paul, Sent. II, 16, 1, et Coll. leg. mot. IV, 2. — — «7 L. 15, g 1 D. b. t. — 68 Dio Cassius, LT, 10. — 6» L. 11, g * ; 1. 29, g 5, 6,
&=L. 23 pr.et§* D. h. t. ; Quiut. III, 11, 7. — » Coll. leg. moi. IY, 9 ;L. 20,13; LU 7; I. 31 D. h. t. ; L. 5, 28 C h. t. ; 1. t, g 10 O. ad S. C Turpil. i L 4 D* quant.
pr. D. h. t. ; Cf. Plut. Apophlh. p. 207. — «» L. !2, § 4; L 58, g 9 ; 1. 42 D. h. t. . — '0 1. 39, g 5 D. h. t. — 71 1. f?, g I D. h. t. — 7» L. 35, D. h. t. — 71 L. 13,
Coll. leg. Diof.1V, 3, 18 j Paul, II, 26, 4. Cod. 1. 4 h. t.— u Rein, /. I. p. ;13 et g 5 D. h. t. Ce fragment d'Ulpien (et non de Papinien, comme Rein t'écrit par erreur
11» i I. 1, § 5 D. ai leg. Corn, de Sicar. XLVUl, S ; I. 38, § 8 D. ad leg. Juliam de p. 818), parait emprunté en partie à un rescrit d'Antonin, qu'on retrouve au Code
adult. ; L 4 Cod. cod. ; Paul. II, 26, 5 ; Coll. leg. mos. IV. 9 ; L I, g 3 de S. C. Sila- Grégorien (édit. Bânel, p. 4! sqq.). Voy. aussi August. De adult. conjug. ad Pollent;
mon. XXIX, 5. - M Llp. L 25 pr. h. t. j Paul. U, 26, 1 ; Abbcgg, Vntertuch., p. 157, Senec. Epist. 9». — 7» Paul. Sent. II, 26, 17. - 7» Imt. IV, 18, 4.
ADU — 87 — ADU
peine du glaive 76 ; mais Cujas 77 et Hoffmann 18 ont démon considérant le délit comme intéressant plutôt la famille
tré que Tribonien avait attribué à la loi Julia une disposi que l'État"; néanmoins, lorsque la femme avait commis
tion bien postérieure. Un texte de Paul 79 tranche la ques l'adultère avec son propre esclave, l'accusation devenait
tion en nous décrivant avec détail la pénalité édictée par la publique, la femme était condamnée à mort, et l'esclave
loi Julia. La femme convaincue d'adultère perdait la moitié brûlé 99. Celui-ci obtenait l'impunité en dénonçant sa com
de sa dot et le tiers de ses biens; elle était de plus reléguée plice. La mort demeura jusqu'à Justinien la peine ordi
dans une île ; son complice était relégué dans une île diffé naire de l'adultère 10°. Les fils de Constantin outrèrent en
rente, et subissait la confiscation de la moitié de sa fortune. core cette rigueur, en interdisant l'appel, et en ordon
Toutefois Rein pense que la loi prononçait Yaquae et ignis nant de soumettre les aldultères à la peine des parricides,
interdictio, remplacée du temps de Paul par la déportation, le culeus ou le bûcher m. Cette loi barbare est de l'année
ou, dans certains cas, par la relégation. De plus, la loi Julia 339. Quant à la peine bizarre imaginée par Théodose, et
défendait à la femme condamnée de contracter une nou qui consistait à conduire publiquement les coupables avec
velle union mais non pas un concubina/us n. 11 lui était des clochettes dans un lieu de prostitution (in prostibulum) ,
interdit de porter la stola des matrones, et on lui imposait elle ne dut être appliquée qu'exceptionnellement à ceux
l'obligation de revêtir la toga des courtisanes 82. En outre, qui pouvaient redouter l'éclat d'une flétrissure publique10'.
les condamnés pour adultère étaient incapables d'être té Le même empereur prescrit la plus grande rapidité dans
moins w. Le soldat adultère devenait incapable de servir **. l'instruction des procès en adultère, sans égard à la pres
La loi Julia renfermait encore d'autres dispositions acces cription civile, ni à la compétence du Forum m. En outre,
soires ** : ainsi elle défendait au mari d'aliéner le fonds il assimile à l'adultère le mariage d'un juif avec une chré
dotal italique sans le consentement de la femme et de l'hypo tienne 10*. Valentinien prononce contre la femme adultère
théquer, même de son consentement 86 ; elle prescrivait une la peine de mort 105 ; mais souvent aussi on la punissait de
certaine forme en matière de répudiation87. Quant aux peines l'exil, d'après la loi Julia, du moins sous Majorien 10°. Justi
qui, du temps de Paul, étaient appliquées aux séducteurs nien décide que le mari ne pourra pas répudier la femme
ou à ceux qui s'étaient rendus coupables de tentative de soupçonnée d'adultère, mais qu'il devra l'accuser et, après
séduction, elles ne résultaient pas de la loi Juliam. C'étaient sa condamnation, la répudier 107. Il confirme la peine de
des châtiments extraordinaires, employés extra ordinem, mort contre l'homme coupable d'adultère et supprime la
comme l'indique la rubrique du titre du Digeste 89[poena]. confiscation, lorsque le coupable a des ascendants ou
La loi Julia demeura en vigueur sous les empereurs et fut des descendants jusqu'au troisième degré. S'il est marié,
souvent confirmée et renouvelée, mais avec plusieurs mo sa femme reprend la dot et la donation propter nuptias, ou
difications 90. Elle fut l'objet, comme on l'a pu voir, de le quart de la fortune de son mari. La femme condamnée
commentaires de la part des jurisconsultes les plus re était enfermée dans un cloître, d'où le mari pouvait la re
nommés. Domitien appliqua rigoureusement cette loi, dont tirer après deux ans. Si cela n'avait pas lieu, le mariage
l'exécution était devenue plus rare sous quelques-uns de ses était considéré comme rompu, la femme adultère était ra
prédécesseurs M. Cependant la corruption des mœurs n'en sée et cloîtrée pour toute sa vie. Sa fortune passait au mo
fut point corrigée **. Sévère rendit des ordonnances rigou nastère, si elle n'avait ni descendants ni ascendants, mais
reuses, mais inefficaces •*. Antonin Caracalla outre-passa le mari gagnait la dot et une portion de la fortune de la
la rigueur des lois anciennes, en punissant l'adultère extra femme égale au tiers de sa dot ,08. Si la femme laissait des
ordinem; il en fut de même de Macrin " et d'Aurélien 9S. ascendants, ils gardaient le tiers de sa fortune, et le cloître
Apulée fait mention de la peine capitale **. Mais ces textes les deux tiers ; quand elle laissait des descendants, ceux-ci
sont suspects d'interpolation w. Enfin Constantin, sous conservaient les deux tiers. Les interprètes sont en désaccord
l'influence des idées chrétiennes, établit des peines très sé sur le point de savoir si on devait soumettre ou non la
vères et en rapport avec l'horreur que la religion inspirait femme à la peine des verges avant son emprisonnement
contre l'adultère, plutôt qu'avec les nécessités politiques. dans le cloître ,M. Quoi qu'il en soit, nous trouvons dans
11 prononça, en règle générale, la mort par le glaive, avec une novelle 110 de Justinien un reste de l'ancienne vengeance
confiscation, contre le complice de la femme ; mais il personnelle. En effet, cette loi permet au mari, après trois
maintint la peine de l'exil pour cette dernière , et ne punit avertissements par écrit adressés à celui qui tenterait de
pas l'adultère du mari avec une femme non mariée ; il corrompre sa femme, de le tuer s'il le surprend avec elle
restreignit le droit d'accusation au mari, et après lui à ses dans sa maison ou dans celle d'un complice. Dans le cas
plus proches parents, tels que le père, le frère et l'oncle, contraire, il doit le dénoncer à la justice. G. Huuukrt.

Svcklama Membran. II, 9; Schwendendorfer Ai Eckolt. p. 1318 ; Wibo, Just. 1. un. IX, H. — 100 L. 16, C De poen. IX, 47 j 1. 1, Cod. Tbeod. De poen. II,
h Tribonian. defens. p. 382 sqq. — n Obsero. XX. 18 et XXI, 17. — 78 IV, 7 sqq. 40; 1. î, Cod. Tbeod. De indulg. crim. IX, 38; hot. 131, C. 10; Just. /n«r. IV.4. 18.—
— Ts Sent. H, 16, 14; Heinecc. Syntagma, p. 791, ed. Haubold; Rein, I. /. loi L. 4 Cod. Theod. Quorum appellat. XI, 36. — loi Ccdren. Bist. comp. p. 266;
p. 848. — 80 L. 26 D. De rit* mtpt. XXIII, 1; 1. 29, g 10 h. t. ; 1. 9 Cod. h. t. — Socrat. Bist. eccl. V. 18 ; Nicephor. XII, 22 ; Epiphan. Bist. tripart. IX, 2V. —
" L. I, t D. De concub. XXV, 7. — »» Isidor. XXIX, 23 ; Acrun. ad Hor. Sat. •0» L. 7, 9 Cod. Theod. it, 7.— M» L. 5 Cod. Theod. u, 7 ; I. 2 Cod.Theod. De nuptiis,
I, î, M; Juven. H, 70 ; Martial. H, 39 ; X, 52. — «a L. 80, § 6 D. Qui test, faeere III, 7; 1. 6 Cod. De jud. 1, 9 ; Socr. Bist. eccles. V, 18. — 10! Amm. Marccll. XXVIII,
mt. XXVUl, t ; 1. 14, 18 D. De testilma, XXII, 8. — »* L. 2, g 3 D. De his qui not. I. — Novell. 9 Cod. Theod. ed. Ritter. p. 159. — 107 Not. 117, c. 8. — 108 Nov.
IU, 1; 1. 4, g 7 D. De re milit. XL1X, 16. — 85 Démangeât, De la condition du fonds 134, 10, et nov. 117, 8, 1; Heiuec. Synt. p. 7SS. — 10» Rein, p. 853, noie. — "0 Nov.
iotal, Pari», 18«0. — M Paul. H. 21, B î. — 87 L. 43 D. h. t. ; Suet. Oct. 34 ; 1. 9 117, c. 15. — Biblioorapbib. Pour les Grecs ". Sam. Petit, Lrges Atticae ; Meer et
D. Ce dieort. XXIV, I ; Rein, p. 849, note. — 88 Paul. V, 4, 147. — 8» Se extraord. Schômann, Attischt Process, Halle, 1821, p. SS7, 327, 331 ; Platner, Process und
crim. XLVII, 1 1 ; Schrader, Ad Institut, p. 757 i Platner, Quaest. de jure crim. p. 195 Klagen bei den Attiken, Darmstadt, 1824; Eschbacb, Introd. à l'étude du droit,
•qq. — *> L. 1, i8 C. h. t. — «1 Martial. VI, 2, 4, 7, 91 ; Juven. II, Î9 sqq. ; Zon. Paris, 3* éd. 1856, p. 538 ssq. — Pour les Romains : Uatthacus, De crim. 49, 3, Colon.
XI, f 580. - M Scuec. Epist. 93 ; De benef. III, 16 ; I, 9 j Tacit. Bist. I, î. — *> Dio 1727, p. 355 à 407 ; UolTmann, Lib. lin;, ad leg. M. de adult. Franc. 1732; Meur-
t'-aH. LXXYI, J6. — »* JuU Capit. Muer. XII. — " Vopise. Aurel. 7. — 98 Afet. IX. sius. De adult., Luj;d. Bat. 1779; L. F. Haupt, De poenaadult.,Lips. 1787; L. Firmes,
p. S» éd. Elmen.; Arnob.Ade. gentiles, IV, p. 142 ed. Lugdun. 1651, et une consti Demarito violaii Mort vindice, Lovan. 1822 ; VVSchler, Abhandlung. I, p. 102-122;
tution d'Alexandre Sévère (I. 9 C b. t.) et une autre de Dioclétien (1. 18 Cod. De Rossirth, Geschichie, IU, 09-S6 ; Feuerbach von Mittermaier, p. 5 1 6-528, et les auteurs
"mu. Il, 1.) _ 67 Rein, f. /. p. 831, note. — »8 Cujas, Observ. XX, 22 ; 1.1 Cod. cités par Rein, CriminalRechtderRômer, Leipzig, 1814, p. 835 ; Rudorft*, Rom. Rechts-
Itaxt,; 1. 30 c. h. t. — » Cod. Ibeod. De mulier. guae se prop. serv. IX, 9, et Cod. gesch. î, 88, 80 ; il, p. 379,Leipz. 1 857-9 ; Vtaltcr.CcjcA. des R6m. Rechts, il, n. 809 à 81 1.
ADV — 88 — ADV
ADVENTUS. — Ce mot est placé en légende sur un grand voyages exécutés plus tard, le beau médaillon de bronze où
nombre de monnaies romaines de l'époque impériale, ac on lit adventvs avg pont m p p, et qui a pour type Hadrien
compagnant des types qui ont trait à l'arrivée de l'empereur à cheval, suivi de deux soldats, et la déesse Rome casquée,
à Rome ou dans quelque province. qui lui présente un rameau : derrière, on voit les sept collines
Les premières pièces d'adventus sont commémoratives du de la Ville Éternelle, et au bas, son fleuve appuyé sur une
voyage de Néron dans l'Orient. Dans les deux colonies ro urne, avec l'inscription tiberis 7.
maines de Corinthe et de Corcyre, on frappa alors des mon Un autre type qui achève de caractériser d'une manière
naies de bronze avec la légende adventvs avgvsti ou décisive l'intention des pièces d'adventus où ce mot n'est pas
adventvs avg. , et pour type la trirème qui avait amené l'em suivi du nom d'une province, est le médaillon frappé dans
pereur l. la 28° puissance tribunitienne de Marc-Aurèle (927 de Rome,
A partir du règne de Trajan on frappa à Rome des pièces 174 de l'ère chrétienne), quand l'empereur revint pour
avec la môme légende. Nous avons fait graver d'après un quelques instants à Rome après la première défaite des
exemplaire du Cabinet de France * celle de Trajan, magni Quades. On y voit au revers, avec la légende adventvs avg. ,
fique médaillon de bronze (fig. 124), qui porte la mention de Marc-Aurèle, revêtu du paludamentum, tenant de la main
droite la haste et portant un trophée sur l'épaule, qui entre
dans Rome par un arc triomphal ; il est précédé par deux
vexillaires, et suivi par la Victoire, qui le couronne ; dans
le fond on distingue le temple de Jupiter Capitolin, devant
lequel est un autel, et un autre édifice 8.
A dater de ce moment, les monnaies d'adventus devien
nent très-fréquentes, et on en a de presque tous les empe
reurs. Une seule, celle de Septime Sévère avec la légende
adventes AVG!(s/îGALLwe9, se rapporte à l'arrivée de l'empe
reur dans une province. Toutes les autres, n'ayant que le
simple adventvs avg., « sont relatives au retour à Rome de
Fig. 124. Pièce d'adventus de Trajan. Fig. 1Î5. Pièce d'adventus d Hadrien. quelque expédition, de même que des types analogues ac
compagnés de la légende fhofectio avg. rappellent le départ
son cinquième consulat et a été frappé en 859 de Rome, 106 pour ces expéditions. Presque toujours l'histoire donne au
de l'ère chrétienne, au retour de la conquête du pays des moins des probabilités pour une attribution plus précise10. »
Daces. On y voit l'empereur, la tôte nue, revêtu d'une cui Le type qui se joint à la légende adventvs avg., à partir de
rasse, tenant une haste de la main droite, monté sur un che la fin des Antonins, est celui de l'empereur (ou des empe
val marchant à droite, précédé de la figure de l'Abondance, reurs, suivant les associations au pouvoir) monté à cheval,
suivi par trois soldats casqués, portant le bouclier et la haste. élevant la main droite et suivi de vexillaires. F. Lesormant.
Les nombreux voyages d'Hadrien ont fait beaucoup mul ADVERSARIA (scripta). — Espèce de registre brouillon
tiplier sous son règne les types d'adventus 3. Il faut, du sur lequel les Romains consignaient des notes relatives aux
reste, dans sa numismatique, en distinguer deux séries toutes laits intéressant leur patrimoine, pour reporter ensuite ces
différentes. Un grand nombre de pièces d'Hadrien ont l'in mentions, à la fin du mois, sur les tabulae ou codex accepti
scription adventvi avg. , suivie d'un nom de province, africae, et DErENSi. Cet usage était général1 et conforme à l'esprit
arabiae, asiae, biteyniae, etc. ; le type représente toujours exact et parcimonieux du peuple romain. 11 importe de ne
dans ce cas l'empereur debout en face de la personnifica pas confondre avec le codex, qui faisait foi en justice, les
tion de la province, qui fait une libation d'actions de grâces simples adversaria, rédigés sans aucune solennité et dé
en l'honneur de son heureuse arrivée *. La monnaie que pourvus de toute autorité juridique L'inscription sur les
reproduit la figure 125 se rapporte à l'arrivée d'Hadrien en tabulae formait seule les titres (nomina arcaria) destinés à
Gaule (adventvi aug. galliae) Le fait rappelé par chacune constater une créance'. On doit, à plus forte raison, dis
de ces médailles est assez clairement indiqué par la men tinguer les adversaria des nomina transcriptitia, forme de
tion du pays que l'empereur voyageur venait visiter. Mais contrat littéral, où l'accord des deux parties à tenir l'argent
d'autres monnaies d'Hadrien ont la simple légende adventvs pour compté, et à l'inscrire sur le registre du créancier,
avg. « Celles-ci, dit l'abbé Greppo, ont été destinées à rap suffit à l'effet de constituer une obligation civile (nomina
peler le retour d'Hadrien dans sa capitale, après quelqu'une (acere) \ L'usage des adversaria dut s'effacer peu à peu
de ses courses dans l'empire ; et, en effet, les types que cette avec celui du codex necepti et depensi et des nomina trans
légende accompagne nous font voir la déesse Rome, casquée criptitia, encore en vigueur cependant du temps de Gaius,
suivant l'usage, donnant la main à l'empereur. Sur quelques- c'est-à-dire à l'époque des Antonins. Plus tard on craignit
unes en grand et moyen bronze, on lit: adventvs avg. pont, de fournir contre soi des témoignages dangereux, en con
max. tr. pot. cos il. Cette date indique l'an 1 1 H, et rappelle la servant ces registres qui constataient tous les actes de la vie
première entrée d'Hadrien à Rome, comme empereur, lors juridique 5 ; cependant l'usage s'en perpétua chez les ban
qu'il revint de la Syrie *. Il faut rapporter au retour de quiers [argentarii! 6. G. Humbeut.

ADVEMTCS. 1 F.ckhcl, Doctr. mm. vet. t. II, p. Si» et 236. — > Cohen. Monn. et 138. — « Cic. Pro Jlosc. com. 1, 1!. — 3 Gaius, III, 131. — 1 Cic. In Verr.
imp. II, pl. î, p. 47. — 3 Crcppo, Voyages de l'empereur Hadrien, p. 24. — 4 Ch. II, 1, 136; De offic. III, 4; Scnec. De benef. II, 23 j III, 15; Gaius, Inst.
Lenirmant, Trésor de numismatique, Iconographie des empereurs romains, p. 56. pl. III, 131 ; Aul.-G.l. Noct. ait. XIV, 2.-3 Ascon. Ad Cic. Verr. II, 1, 53. —
xwi. — 3 Cohen. /. (. Adrien. 596. — 6 Spartiar. Hadrian. 5.-7 Voyages de 6 F. 9 Dig. De pactis, II, 14 ; et [[, 13, /Je edendo, passim. — Bibliographie. Ortolan,
l'empereur Hadrien, p. 49 et suiv. — 8 Trésor de îiumismatigue, Iconographie des Explication historique des Instituts de Justinien, 6e éd. Paris, 1858, t. 111, p. 24!
empereurs romains, pl. mit, n° I. — 9 Eckhel, Doctr. num. vet. t. Vil, p. 187. et suiv. ; Savigny, Vermiscttte Schriften, Berlin, 1850, 1, 205-261 ; System des rùm.
— 10 Gri-ppo, Voyages de l'empereur Hadrien, p. 49, note 2. Hechts. Berlin, 1853, App. XIV, 9; Waltcr, Gesch. des rûm. Dechts, 3' éd. Bonn,
ADViaiSAMA. • fie. In Verr. II, I, 23; Gains, III Inslit. 12S à 133; 137 IS60, n. 605, et les auteurs cités à la note 48.
ÀDV — 89 - ADV
t
ADVERSÎTOft. — Esclave qui allait au-devant de son prévalut. C'est ainsi que Fulvius Nobilior se fit connaître
maître. Ce nom ne se rencontre que deux fois dans les au en défendant Sergius Galba, préteur accusé par les Lusi
teurs anciens \ et on a cru à tort peut-être qu'il désignait taniens; Caton s'illustra d'abord par la défense d'un grand
une classe particulière d'esclaves. Il est probable qu'à l'é nombre d'accusés8. La défense ne le cédait pas en passion
poque de Plaute et de Térence les maîtres ne gardaient, pas et en récriminations à l'attaque, souvent inspirée par l'es
auprès d'eux, comme on fit plus tard, leurs valets de pied prit de parti 6. Cependant le patronus avait plus spéciale
[pedisequus], lorsqu'ils allaient souper en ville ; ils les ren ment recours aux moyens propres à émouvoir la pitié du
voyaient à la maison, avec l'ordre de venir les reprendre peuple1. Il paraît que jusqu'à la loi Pompeia, rendue en
plus tard (advorsum ire). Des ordres semblables sont en effet 53 av. J. C, à l'occasion du procès de Milon, les preuves
souvent donnés dans les comiques que nous avons cités plus et l'interrogatoire des témoins ne venaient qu'après la
haut *. D'autres fois des esclaves allaient spontanément défense 8. Quand l'audition de témoins pendant la dé
ou sur l'ordre des parents 3 à la rencontre de leurs maîtres fense est mentionnée, il s'agit de secondes plaidoiries dans
lorsque ces derniers tardaient à rentrer, et c'est pour dési une cause remise [comperendinatio] 9. Après les preuves,
gner ces esclaves que les comiques, qui usaient encore d'une on passait au vote, qui devait avoir lieu le jour même10.
grande liberté dans la création d'expressions nouvelles, ont Les procès criminels pouvaient aussi être renvoyés
inventé le mot adversitor. Ch. Mobel. devant une commission (quaestio) déléguée par le sénat
ADVOCATIO, assistance en justice. — Pour les Grecs, ou le peuple pour une affaire spéciale et liée par les
voyez STNEGOROS, LOGOGBAPHOS. termes mêmes de sa nomination. Ces commissions se mul
A Rome, on appelait advocatio l'assistance donnée à quel tiplièrent au sixième siècle de Rome. On y suivait, en ce
qu'un par les conseils, par la parole ou par la seule pré qui concerne l'accusation ou la défense, des formes ana
sence, et particulièrement à un accusé devant ses juges. logues à celles qui étaient établies pour les judicia popuh
C'est de la défense en matière criminelle que nous allons [judicia]. En 151 av. Jésus-Christ, fut instituée la pre
nous occuper ici. On trouvera d'autres renseignements à mière quaestio perpétua; puis après, plusieurs autres qui
l'article patronus. approprièrent à chaque crime une juridiction, une procé
h'advocatio, ou le ministère des avocats, n'était pas in dure et une pénalité particulières. Dès lors les judicia po-
dispensable. L'accusé pouvait, à sa volonté, se défendre puli deviennent plus rares sans cesser tout à fait. Quant à
lui-même ou invoquer l'aide d'un parent, d'un ami ou l'analyse de l'instruction en cette matière, nous renvoyons
d'un jurisconsulte. A cet égard, il importe de distinguer à l'article quaestio; bornons-nous à dire ici quelques mots
les époques et les procédures. du ministère des advocati.
[. Pendant la république romaine, les procès criminels Devant les commissions, tout citoyen avait le droit de se
étaient portés ou devant le peuple, dans les comices tri porter accusateur et de diriger l'instruction à ses risques
bus ou centuries, ou devant une commission [quaestio]. et périls". Mais les peregrini durent être représentés par
Lorsque l'affaire était soumise au jugement du peuple, un patronus 1! ordinairement pris au sein du sénat. S'il
l'accusateur était un magistrat ayant droit de convoquer existait plusieurs accusateurs, on procédait à la mvinatio
l'assemblée du peuple, et agissant d'office, ou sur une dé et à la subscriptio. Après différents actes de procédure,
nonciation [quaiita accusatio]; l'accusé, surtout en ma terminés par le serment des jurés [juRATr judices], les
tière politique, trouvait aisément un défenseur [patronus] plaidoiries commençaient. L'accusateur principal et, après
que l'amitié ou l'ambition poussait à soutenir sa cause. lui, ceux que l'on appelle subscriptorcs développaient ora
L'exercice du barreau, aussi bien que l'entreprise d'une lement l'accusation. Ensuite la parole était donnée à l'ac
accusation publique, était, en effet, le premier échelon cusé ou à ses défenseurs ; mais alors l'usage avait prévalu
pour arriver aux dignités. On sait du reste que, dès l'an de se faire représenter par des avocats. Comme aucune lot
203 av. J.-C., la loi Cincia avait interdit aux orateurs de n'en avait fixé le nombre, il y eut des abus 11 auxquels
recevoir des honoraires en argent1. Le patronus qui assis Pompée voulut mettre un terme par la loi rendue en
tait l'accusé (qui aderat) disposait sa défense, l'aidait à 53 av. J.-C, mais qui ne put se maintenir. Le nombre des
rassembler ses preuves et ses témoins , et après la défenseurs fut ordinairement de quatre, comme celui des
'/varia accusatio prenait la parole dans son intérêt s. accusateurs. La durée des plaidoiries était fixée ; Pompée,
nn nommait plus spécialement patronus l'orateur qui clans les lois relatives à Milon, la restreignit à deux heures
parlait en faveur de l'accusé, et advocatus celui qui pour l'accusation, et trois heures pour la défense, non
l'assistait de ses conseils et de sa présence; mais sou compris le temps des dépositions et de la lecture des
vent les deux rôles ou les deux dénominations étaient pièces". Le temps était mesuré au moyen de la clepsydre
confondus 3. Dans les premiers temps, il paraît avoir (clepsydra). Les plaidoiries terminées, le héraut prononçait
été d'usage que l'accusé se défendît lui-môme; il suffit le mot dixerunt. Elles pouvaient cependant être suivies
de rappeler l'exemple de Scipion'; mais à mesure que d'une sorte d'interrogatoire que chaque partie ou son dé
se développa la vie politique à Rome, l'usage contraire fenseur faisait subir à son adversaire, au moyen de brèves

ADVERSITOR. 1 Index personarum de la Mostellaria de Plaute, et Donat. Ad Zurich, 1842, p. 122 et sqq ; Cicer. Pro Itoscio Amerin. 29, 30, 36 ; Pro C.luent. 6 ;
Ter. AHclph. 1, 1, 1. — » Plaut. Mostell. I, i, 1 et IV, î, 281 ; Menech. II, 3, 82 ; Pro Caelio, 8-28. — 9 Cic. Pro Fonteio. 5, 15, 17, 19; Pro Scauro, 21 ; Escher,
T, 6, 29; Cas. III, 6, 5. — » Ter. (. c. De ration, test. p. 122 et sqq. ; Laboulaye, Essai sur les lois crim. p. 152, note 4.
AD%OCAT10. 1 f.ic. De oral. U, 71 ; Le senect. 4; Tacit. Ann. XI, 5. — s Tit. — 10 Voyez des eiemples à judicia populi, auplutio, siktintia; cf. Sigonius, De
Lu. III, 1», 59; Ascon. Ad Cic. Divin. 4 ; Cic. De orat.lU, 33 ; Pro Quint. 8 ; Pro judiciiê, IU, 2 ; Heineccius, Antiq. Syntagma, IV, 18, 34 et sqq. — Il Labou
Clvnt.w. — » lleinccc. Antiq. Syntag. IV, 13 ; XXI et XLU. — » Tit. Liv. XXXV11I, laye, Essnit p. 338 et suiv. — 12 Lcx Servit, c. iv et ml, dans Klenze, Fragm. Icg.
il. — 5 Tit. Liv. Epit. XUX ; II. Meycr, Fragm. oral, rom., Paris, 1837, p. 79-82 ; Servit, repet. Berlin, 1825 ; T. Liv. XLIII, 2, et l'art, «epbtusdàe. — " Tacit. De
LahuolayR, Estai sur Us lois criminelles des Homains, p. 152 et i60. — 6 cic Prc orat. 38; Ascon. Ad Cic. In Scaurum. Orelli, p. 20. — 14 Ib. p. 26; Cic. Pro
Salla, 78 ; Ascon. Ad Cic. Verr. Orclli, p. 155. — 7 Cic. In Verrem, IV, U ; Flacco, 33 ; Pro Itabir. 2, 3 ; In Verr. II, 1, 9 ; Gronov. Ad Cic. Verr. Orelli, p.
v. 71; Départ, orat. 4 et 17. — * Ayraull, Ordre et formalité, p. 478, n. 17 396 ; Cic. Brut. 94 ; De finib. IV, 1 ; Ascon. Arg. in Milon. Orelli, 37, 40 ; Dio
et 15, éd. 1C10 ; Escber, De ralione testium guae Romae Ciccronis tempore obtinuit, Cass. XL, 52 ; Laboulaye, Essai, p 362 ; Zumpl, Crimin. Recht, II*, p 46b et s, 469.
I. 12
ADV — 90 — ADV
interpellations [altercatio] ,s. Quant à l'interrogation des l'accusé placé m custodia ou incarcéré. Auguste avait dû
témoins et à la discussion des témoignages, voyez l'article renouveler l'interdiction faite aux avocats de recevoir des
INTERROGATIO. honoraires, sous peine du quadruple; mais l'usage con
II. La loi Julia restreignit définitivement, après la chute traire prévalut, et le taux maximum en fut fixé par Claude
de la République, le nombre des patroni qui s'était élevé à 10,000 sesterces **. Néron décida qu'il serait proportionné
jusqu'à douze 18 ; les procès criminels devant les comices à la gravité de l'affaire Plus tard, sous Trajan, on interdit
cessèrent peu à peu, et la puissance des comices fut trans encore tout marché fait à l'avance, mais on permit de
portée sous l'empire au sénat, surtout en matière de crimes remettre au défenseur, après le procès, cent aureim.
de majesté [jujestas] 17 ; dans les autres cas, la juridiction G. Humbert.
appartenait à divers magistrats impériaux La procédure ADVOCATUS FISCI. — La charge d'avocat du fisc fut
criminelle, comme la pénalité, devint arbitraire, sans être établie sous l'empereur Hadrien alors que le fisc [fiscus],
cependant secrète, dans les cognitiones extraordinariae 1S, trésor du prince, où entraient entre autres les successions
car les quatstiones perpetuae et les judicia publica dispa et les biens vacants des provinces impériales, se distinguait
rurent peu à peu *°. Le droit d'accusation demeura public, encore en fait et endroit de I'aerarium, trésor public ali
mais l'accusateur ne put se désister sans abolition [aboli- menté par les tributs et les impôts [stipendium, tributum]
tio], et la délation devint un métier récompensé M. Sous des provinces de César et de celles du sénat ou du peuple
les bons empereurs, nul honnête homme ne voulant se por romain. Cet emploi* consistait à représenter et à dé
ter accusateur, le sénat ou l'empereur durent charger cer fendre les intérêts du fisc dans les procès où il était en
taines personnes de cette mission **. Par suite, sous le Bas- gagé. L'advocatus fisci était choisi parmi les avocats et re
Empire, les magistrats instruisirent d'office, quelquefois cevait un traitement, à moins qu'il n'eût été nommé que
sans inscription **. Devant le sénat, on mettait en présence temporairement 8. Ce fut souvent, à ce qu'il semble, pour
l'accusateur et l'accusé, qui pouvait se défendre lui-même les hommes destinés aux emplois publics, le premier pas
ou être défendu par des patroni; ensuite, on procédait à dans la carrière*. Les contestations étaient portées, en vertu
l'interrogatoire des témoins**. Il arriva même que l'empe d'un sénalus-consulte rendu sous Claude5, dans les provin
reur attaqua ou défendit en personne " l'accusé; en réa ces, devant le procurator patrimonii caesaris; à Rome,
lité, il était le maître de l'instruction et du jugement*6. depuis Nerva, devant un préteur spécial ". Auparavant,
Quand le procès était porté directement devant lui, tout elles appartenaient aux tribunaux ordinaires7; mais dans
était arbitraire dans l'instruction comme dans la pénalité; le dernier état de la constitution de l'empire on les attribua
il en fut de même devant le conseil de l'empereur [consi- au rationalis, qu'il s'agît du trésor public ou des biens de
uum principis] ou le préfet du prétoire [praefectus prae- la couronne8, avec appel à l'empereur ou à son délégué
tohio]. En règle, les parties durent comparaître en per spécial, par exemple au cornes largitionum [comes], et, à
sonne, et non par procureur n. Cependant les lois qui Rome, au préfet de la ville* [praefectus urbi]. L'impor
avaient établi des judicia publica permirent, et ce principe tance des avocats du fisc variait beaucoup, en raison du
resta, de représenter un absent [absens] accusé- de crime plus ou du moins d'étendue de leur ressort, correspondant
capital *8, au moins pour excuser ou justifier son absence ; toujours exactement à celui d'un procurator rationum. Les
dans les cas exceptionnels où l'absent pouvait être régu inscriptions en font connaître, en effet, qui n'exercent que
lièrement jugé et condamné*9, on autorisait même toute dans de petites localités 10, tandis que d'autre part on voit
personne à prendre la parole pour lui et à plaider son inno un fonctionnaire du même nom chargé des intérêts du Ose
cence so. De plus, un esclave pouvait être représenté par pour toute l'Italie", de même qu'il y avait aussi un ratio
son maître ou par le procureur de ce dernier31. De même, nalis sumrnarum Ilaliae; de môme encore un advocatus fisci
les provinciaux opprimés parleurs gouverneurs obtenaient summae rei " est placé à côté du procurator summae rei ou
par des députés le droit de poursuivre pour concussion les sumrnarum rationum, et plus tard du comes sacrarum largi
ex-magistrats, par l'intermédiaire de patrons pris parmi les tionum.
sénateurs '*. Lorsque l'accusé était présent ou régulière L'avocat du fisc ne cessa pas d'appartenir au collège des
ment représenté, en principe il pouvait,comme dans les avocats, lorsque cette profession eut été organisée vers la
premiers temps de l'Empire, se faire assister d'un ou de fin de l'empire, et que le nombre des membres de la corpo
plusieurs défenseurs (advocaCi) ; mais dans la procédure ex ration fut fixé pour chaque tribunal Dans la juridiction
traordinaire, le droit de défense n'étant protégé par aucune du préfet d'Orient, la charge d'avocat du fisc, d'abord libre
garantie, demeurait à la discrétion du juge, surtout pour ment déléguée appartint aux deux plus anciens du col-

'5 Cic. In Yerr. Il, 75 ; Quint. InttU. Oral. I, 5, 43 ; VI, 4, 1, 5. — 10 Ascon. Romains, Paris, 1815, in-8, p. 151, 359 cl suiy.; Gcib, Criminalprocess, Leipzig, 1842,
In Saiur. Orelli, p. 20. — il Dio Cass. XLV1I, 16 ; Plin. Ep. Il, 1 1 ; III, 9 ; IV, 9. p. 317 et suiv.; Rubci, Depot, defensor. in Tract, tractât. Vcnet. 1584, t. XI ; Grellet-
— 18 Rivière, Esquisse hist. de la lëij. crim. des Rom. p. 46 et suiv.; Laboulayc, Dumazcau,£e barreau romain, Paris, 2«éd 1858 ; ^{i\dorit,Rôm.Rcchtsqesch. n, p. 50 et
Essai, p. 385 cl 409. — 19 C. » C. Thcod. I, 16 - «0 Gcib, Criminal Process, 437, Leipzig, 18,9; Zumpt, Crim. Recht,\*, p. 151 ; II, 1, p. 110 ; II, 2, p. 466, Bcrl. 1869.
p. 395 ; Tacit. Ann. 1, 72, 74; II, 74, 79; VI, 16; XIV, 41; Suet. Domit. 8; ADV; CATUS FISCI. 1 Spartian. Hadrian. ÎO ; Gerta. 2; Walter, Rùmisch.
Claud. lï. — *> Laboulaje,/.{. p.435. "Tacit. Ann. IV, 29 ;XV, 21, 35;jHt»MV, liechtsgesch.U, § 1740, 78. — «On a dans le Digeste (fr. 3, De /lis qui in test. XXVIII, 4)
42 ; Agric. 4 ; Plin. Epist. II, 3, 4 ; VI. 29, 31 ; VII, 33 ; X, 20. — «5 Bienor, Ce- un curieux récit d'un procès du fisc décidé par cognitio, en présence de l'aTOCat du
Khicktt des iaquisit. Process, Berlin, 1327, c. i et n ; YVullcr, II, S60, 861.— «Tac.t. fisc, par l'empereur Antonin. — 3 Fr. 17, De jure fisci, 49, 14 ; Pellat, .)fanuel, p. 835,
Ann. XVI, 32. — îS Suet. Catig. 53 ; Tacit. Ann. 11,29. — S6 Laboulayc, p. 442.— 2- éd. — * Spart. (. t.; cf. Macrin., 4 ; Aurcl. Victor, Caes. 20, 30. — s Suet. Claud.
« Fr. 13, g I D. XLVI11, 1, De publ. jud. ; Paul. Sentent, recept. V, 16, 1 1 ; f. 1 D. 12; Tacit. Ann. XII, 60; C 2, 3 Cod. Just. Cbi causa fisci, III, 26. — « Plie.
XL1X, 9 ; I. 3 Cod. Justiu. De accusât. IX, 2. — >» L. 3 CoJ. h. t. — » Paul. Sent. Pancg. 36 et fr. 2, § 32 De origine jur. D. I, 2. — 7 Dio Cass. LVII, 23. — 8 C. 41
V, 35, n. 1 ; f. 4, S 2, Ad leg. Cornet, de sicar.; f. 5 Dig. De poenis. — *) Ulp. r.od. Theod. De appell. XI, 30 ; C. 5, Cod. Just. Ubi causae fisci, III, 26 ; C 4, Cod.
I. 33, g 2, De procurât, m, 3. — " Poiliior, Pandect. XLVU1, 2, n. 26. — 3J pi,„. De ado. fisci, II, 9 9 c. 3 Cod. Theod. De off. cmn. largit. I, 10 ; Symmach.
Epist. Il, 10; X, 20. — 33 Tacit. Ann. XI, 5 à 7. — 3k Tacit. Ann. XIII, 5, 42; Epist.X, 62.— lOHcnzen, laser. 6934 ; Renier, lascr.de l'Alg. 237.— » Orelli, 2618 ;
Suet. iVero, 17. — 35 Plin, v, 14, 21 ; 1. I, § 10 à 13 D. De extraord. cogn. ; Revue archëol. nouv. série, V, 393 ; Nuove mem. dcl. Inst. archeol., 18G5, p. 331. —
Lamprid. Alex. Sever. 44. — Bidlioo«»puie. Wallcr, Gcschichte des rûm. Itechls, li Orelli, 4124. — » C. 8, 11, 13 Oui. Just. De ado. div. judiciorum, II, 7, etc. ; el
ï' éd. Bonn, 1860, in-8, t. II, n. 787, S50 ; Laboulaye, Essai sur les lois crim. des C. 3, 5 pr. et C. 7 De ado. dio. judicum, II, 8. - li C. 2 et 4 Cod. Theod. X, 13.
ADY — 91 — ADY
lége qui, après un an d'exercice, étaient appelés à de plus C'était ou un temple tout entier, ou, dans ce temple, une
hautes fonctions ", et gratifiés de plusieurs privilèges; de partie plus secrète et plus sainte, ou, en dehors du temple,
vant d'autres tribunaux inférieurs, un seul avocat remplissait un enclos, un bois, un antre, etc., tels que l'enceinte (•«'-
cette charge et n'obtenait un titre de troisième rang qu'a licvo;) de Zeus sur le mont Lycée, en Arcadie 1 ; la grotte
près deux ans de service ,e. Celui qui avait été avocat du (aroi'Xatov) de Rhea à Methydrion, dans la même contrée*;
flse ne pouvait plaider contre lui sans une autorisation im le bois fermé (aA<joî0ptYxô)7csptt)f_()Lievov)des Grandes Déesses à
périale". G. HlIMBERT. Mégalopolis et celui (àXo-o; irepitpxoSofiiîpïvov ■m'^ei) d'Arté-
ADYNATOI (XSûvaTot). — On désignait ainsi à Athènes mis Soteira à Pellène '; le bois sacré des Euménides à Co-
les citoyens que des blessures ou des infirmités naturelles lone, près d'Athènes, élait de même un adytum 5.
mettaient hors d'état de soutenir leur vie; ils recevaient Comme exemples d'édifices religieux qui restaient cons
de la république un secours, d'après une disposition légis tamment fermés (ttpà psëaûoç. xXetcTà) 6, ou du moins ne s'ou
lative que les uns font remonter jusqu'à Solon les au • vraient qu'à certains jours et pour quelques personnes, à
très seulement à Pisistrate Ceux qui étaient l'objet de l'exclusion de toute autre, on peut citer le temple de Po
cette faveur ne devaient posséder que trois mines au séidon, à Mantinée, dont l'entrée était absolument inter
plus ', somme en effet tout à fait insuffisante dès le dite 7; celui des Cabires, à Thèbes : quiconque y pénétrait
temps de Périclès et qui les laissait dans la misère. Ils devait périr 8. A Athènes, le temple de Dionysos (iv At'jxvatç)
reçurent d'abord une obole par jour *, puis deux, peut- ne s'ouvrait qu'une fois par an*. Il en était de même du
être dès la première moitié du quatrième siècle, ou au temple d'Eurynome, à Phigalie, où, un seul jour chaque
moins peu de temps après *. C'était l'assemblée du peu année, tout le monde pouvait venir sacrifier 10. Pausanias,
ple qui accordait le secours, mais après l'examen des mo qui ne put le visiter par ce motif, en mentionne d'au
tifs par les Cinq-Cents, le paiement était fait par chaque tres encore à Corinthe, à Élis, à Thèbes et ailleurs ".
prytani«: *. 11 y avait des adyta qui n'étaient ouverts qu'aux hom
Les à&votToi, infirmes ou mutilés, étaient naturellement mes, d'autres qui ne l'étaient qu'aux femmes Beau
dispensés du service militaire ; ce qui peut paraître plus sur coup de temples étaient fermés à tous les étrangers B,
prenant, c'est qu'ils étaient exclus des magistratures, môme parce qu'ils ne pouvaient participer à un culte national ;
à l'époque où aucune condition de cens n'était exigée des ailleurs l'exclusion frappait, par des motifs qu'expliquaient
candidats1. Cette exclusion était justifiée, soit par le désir les traditions locales, une classe particulière d'individus :
des Athéniens de trouver dans leurs représentants, non- à Chéronée, par exemple, où aucun esclave, aucun Eto-
seulement l'intelligence qui conçoit, mais encore la force lien ouÉtolienne ne pouvait entrer dans le temple de Leu-
qui exécute, soit par une pensée religieuse : les dieux, qui cothée
avaient témoigné leur colère à ces malheureux en les frap Mais le nom d'adytum se trouve plus habituellement ap
pant, n'auraient pu sans mécontentement les voir à la tête pliqué à une partie seulement du temple dont l'entrée
de la cité. était interdite aux profanes 1S. C'était quelquefois la cella,
L'assistance publique s'exerçait également au profit des où habitait la divinité, comme dans le temple de Héra, à
enfants des guerriers qui avaient péri sur le champ de Aegium,ou dans celui d'Ilithyie, à Hermione : les prêtres
bataille. Ces enfants, sur le rapport du sénat des Cinq- ses seules étaient admises à voir l'image de ces deux dées
Cents, étaient élevés, sous la surveillance des épwxvo^ûXaM; ses16. La statue d'Aphrodite, dans son temple à Corinlhe,
ou 6pf<mcT«£ [orphamstai]", aux dépens du trésor8. A leur était visible dès l'entrée, d'où l'on pouvait lui adresser des
majorité, on les présentait revêtus d'une armure complète prières, mais il n'était permis d'en approcher qu'à une
à l'assemblée du peuple, et l'un des magistrats rappelait seule jeune fille, qui en avait le soin ".
en termes solennels les bienfaits de la patrie et tout ce Souvent la cella même était ouverte à tous ceux qui s'é
qu'elle attendait de ses fils adoptifs, en leur confiant cette taient purifiés, et, s'il y avait dans le temple un adytum,
armure, pour qu'ils pussent suivre l'exemple paternel10. c'était un lieu dérobé aux regards où étaient conservées
G. Humbert. E. Caillemer. certaines idoles (ordinairement les plus anciennes et les
ADYTUM CAÎutov, aëi-rov ccvâxTopov, uÉYapov). — Le nom plus vénérées), des reliques, des sépultures, objets d'un
grec oéurov (à, Sût»), dont adytum n'est que la transcription culte particulier ; où l'on rendait des oracles, où l'on célé
dans quelques écrivains latins, a la même signification que brait des mystères. Ces adyta étaient quelquefois des sou
î&tîov (à, fiât», (iai'vw) : un endroit où l'on ne peut entrer. Il terrains naturels, ou creusés et construits de main d'homme :
s'appliquait particulièrement aux lieux consacrés par la reli tel était celui où se trouvait le tombeau de Palaëmon, dans
gion dont l'accès était interdit, soit seulement à ceux qui le péribole du temple de Poséidon, de l'isthme de Corin
n'avaient pas accompli les purifications d'usage (xotOapo-t;, the 18 ; à Pellène, un souterrain renfermait une très-antique
ustratio), soit à tout le monde, à l'exception des prêtres idole d'Athènè; une copie de celle-ci était exposée aux
qui le desservaient, soit à ceux-ci même dans quelques cas. regards dans le temple, et sur un piédestal placé préci-
a Theod. et ValcDt. C. 8 et 10 Cod. Just. il, 7. — " C 8, 10, 12, 13, 16 Cod. 5, 4 ; Plat, ilenex. 249, C. — 10 Arislid. Pauath.; Uiog. Laert. Solon., i, 55; S.
'«•t. II, 7; C. 1, 3, 5, 8 Cod. Just. II, 8. — " C 1 et 2 Cud. De adooeat. fisci, Petit, Leg. att. tin, 3, 6. — BiBuooinmii. Taylor, Ad Lgsiam, t. V, p. 739,
II, 9. — Bibliographie. Walter, Geschichle des rùm. Dechls, 3" éd. Bonn, 1861, ed. Rciske ; Bôckh, Staatshaushaltung der Alhener, 1. 1, p. 342, 2« éd. 1851 ; Sclu.-
l. H, g 740, 787, p. 380, 43b ; Walter, Procédure, trail. de Laboulaye, p. 133, Paris, maun, Antiq. jur. publ. gr. p. 308.
1*11; Rudurff., Itômisch, Rechtsgesch., Leipzig, 1859, II, p. 52; Monimscii, iu Nuove ADYTUM. 1 Paui. VHI, ;8, 6. — ! Id. VIII, 36, S. — S Id. V1U, 31, 5. — » M.
ntmirie dtl. In$l. arch. 1865, p. 331 ; Scrrigny, Droit publ. mm. n, Paris, 1803, VII, 27, 3; cf. Plul. Arat. 32. — 5 s.iph. Ocd. Col. 125. — » Ihuc. II, 17 ; Minuc.
•• 651 à 657 , de Valroger, flev. crit. léq. t. XVI, p. 523. Félix, Oclav. X.VIV,266. - ^ Paus. VIII, 1», 2.-8 Paus. IX, 25, 7.— 9 Dem. Contra
Miï.MATOI. > Schol. Aeschin. h Tim. g 103. — « Plut. Soion, 31. — 3 Hesych. Xeaer. p. 1371. — t» Paus. VUI, 41, 4. — " Id. II, 4, 7; VI, 25, 3; IX, 23, 3; IX,
S"id. Harpocr. j. ».; Bekkcr, Anecd. p. 345. — » Lys. rufi -roâ itmixn, g 26*. — 16, 6; X. 32,9 et 35, 7. — « Paus. III, ïB, 4 ; 111, 22, 5 j Plul. Qimest. gr. 40; Cic.
1 Hupocr. Suid. Hesych. ». o.j Bekker, t. I. ; B6ckh, Staatshaus. I, p. 344. — Yerr. IV, 45. — U llerod. V, 72. — 1» Plut. Quaest. rom. 16. — is Hesych. ». v.
' Aeicb. la Tim. g 103, et les lexicogr. — 7 Lysias, Pro ùtvaUdo, 13. — » Schol. Etym. mag. 19, 3 ; Poil. 1, 9; S.ti, Ad Aen. Il, 115. — « P-u». II, 33, 10 ; VII, 21.
&1>h. Ajax. 5050. — • Hesych., Suid. s ».; I ys. Pro iiwatido, 5 ; Aristut. Pol. il, — " Id. Il, 10, I. — Id. 11, 2, 1.
AEA — 92 — AED
sèment au-dessus ". Le plus célèbre adytum de la Grèce la clef des enfers '. Sur une amphore du musée de Munich \
était l'antre de Delphes où l'on consultait la pythie trouvée dans un tombeau de Canosa (Ca-
[oraculum]. nusium), en Apulie, qui offre sur sa face
A ces souterrains s'appliquait aussi le nom de (jiéyctpov ; il principale le tableau du royaume sou
était tiré, sans doute, du surnom de Grandes Déesses (ott terrain, on voit (fig. 126) Éaque assis au
[jLeYaÈXott 8ea() que recevaient Déméter et Perséphoné ; et en près des autres juges des enfers, Minos
effet, il désigna d'abord de semblables sanctuaires qui leur et Rhadamanlhe 9 [infehi]. Ils ne se dis
étaient consacrés, puis par extension, et d'une manière gé tinguent entre eux par aucune inscrip
nérale, une partie réservée du temple Un autre mot àva- tion, mais on a découvert à Altamura,
xtopov, dérivé d'aval (prince, seigneur), nom par lequel on en Lucanie, un autre vase offrant une
invoquait les dieux anciennement, après ;<voir été un des représentation analogue ,0. Le groupe des
noms donnés aux sanctuaires fermés au public, fut de trois juges des enfers y figure également ;
même étendu souvent à un temple tout entier **. ils sont désignés par leurs noms ; à côté
Au mot grec <ï8utov, devenu en latin adytum, répondent d'Éaque (fig. 127) on lit aiakoI; à côté
chez les Romains ceux de penus et penetrale M. de Rhadamanthe la fin seulement de son
E. Saglio. nom ...MANGïï. Le troisième juge est Fig. 127. Eaque.
AEACUS(Ataxo'î). — Éaqne, fils de Zeus etde la nymphe Triptolème(TPinTOAEMOi), qui, ici, remplace Minos. Enfin
Egine *. 11 naquit dans l'île qui prit le nom de cette nymphe. une monnaie de bronze récemment
Son père la peupla pour lui en changeant les fourmis en découverte 11 offre le type, nouveau
hommes, et il devint leur roi1. Éaque était pour les Grecs dans la numismatique, d'Éaque juge
un type de sagesse et de piété 3. On racontait que dans un des morts, assis sur un trône et te
temps de sécheresse extrême, des envoyés de tous les pays nant un sceptre; près de lui, sur un
voisins étaient accourus, par ordre de la pythie, à Égine, et cippe, est un génie funèbre que carac
s'étaient rassemblés sur la montagne où était adoré Zeus térise un flambeau renversé (fig. 128). Fig. us. Éaque, juge des
Éaque recevait à Égine un culte lN'
Panhellénien. Éaque obtint par ses prières la pluie qui mit
fin au iléau *. Dans l'enceinte consacrée à Éaque (tô Alâ- comme demi-dieu ,!, et des fêtes étaient instituées en son
xeiov), située à l'endroit le plus apparent de la ville, on honneur [aiakeia]. E. Saglio.
voyait encore, au temps où Pausanias visita ce pays une AEDES. — Tout édifice en général, sacré ou profane,
sculpture représentant les députés envoyés vers Éaque par maison ou temple 1 ; mais on se servait aussi plus particu
les peuples helléniques. Elle était placée sous un portique lièrement de ce mot, en l'opposant à templum, quand on
qui précédait l'entrée. Dans l'enceinte même, qui était car voulait distinguer un édifice pour lequel n'avaient pas été
rée et entourée de murs en marbre blanc, Pausanias vit de accomplies les cérémonies de I'inauguratio *. De même,
très-vieux oliviers et un autel peu élevé dont la tradition en effet, que certains lieux sans destination religieuse
faisait le tombeau d'Éaque . étaient néanmoins des templa par ce seul fait qu'ils avaient
Après sa vie, Éaque reçut la récompense de sa piété; il été inaugurés', par exemple les curies [curia] où délibérait
le sénat, de même il y en avait qui, bien que servant au
culte, n'étaient pas à proprement parler des templa : ainsi
le temple de Vesta, qu'on appelait aedes Vestae, parce qu'il
n'avait pas été consacré par les augures*. Cette distinc
tion, qui nous a été conservée par quelques auteurs an
ciens, ne se maintint pas dans l'usage commun, et l'on voit
sans cesse employés l'un pour l'autre, aedes, templum, fa-
num, etc. [iiomus, templum, aedicula]. E. Saglio.
AEDICULA. — Ce diminutif du latin aedes, auquel cor
respondent en grec, oîxîrjxoç, oïxîciov, voticrxoç, vaiStov, vaiirxâ-
ptov, diminutifs de o'xoçet devadç, signifie une maisonnette,
un petit temple ou chapelle, une niche, un tabernacle, en
général un petit édifice.
I. Dans le sens de maison, il est employé ordinairement
Fig. 126. Les juges des enfers. au pluriel (aediculae) Plaute 8 s'en est servi au singulier
pour désigner seulement une des pièces de la maison.
devint un des juges des morts °; c'est à lui que fut confiée Cette acception du mot n'a pas besoin de plus amples ex-
•» Paus. VII, 27, î; Cf. II, 4, 7; II, 7, 6; III, 14, 4; X, 33, 11. — »° Be- 3 Plut. Thés. 10; Pind. Nem. VIII, 8. — * Apollod. /. I.; Pind. Nem. V, 10, 20;
ro<i. VII, 140; Plut. De def. orac; Paus. X, 24, 7; Strab. IX, 3; Ulricbs, Isocr. Euagor. 13 et 14. — 5 Paus. II, 29, 6. — 6 Plat. Apol. p. 41 A ; Gorg. p. 523
fteisen in Griechenland, I, 79 ; Foucart, Mém. sur les ruines de Delphes, p. 73. E; Isocr. 1. 1. ; Ovid. Met. XIII, 23; Hor. Od. II, 13, 22; Propert. IV, H, 19. —
— *' Paus. 1, 40, 4; III, 25, 6 ; Htrod. I, 47 ; II, 16» ; Porph. De antr. nym- 7 Aristoph. Dan. 465 ; Lucian. Dial. mort. S0 ; Charon, ï ; De lucttt, 10. — * U. Jahli,
jthar. 6, 9; Eust. Ad Od. I, p. 1387, 13 ; Ilesycli. iû-japa , Suid. piYBfov, *to*&Z*î» Beschr, der Yasensamml. 84 9. — 9 Miilin, Tomb. de Canose, pi. m-vi ; Creuzer,
ufoeimtc: W'elcker, Grieeh. Gôttcrlehre, I, p. 361.— *» Herod. IX, 64; F.urip. Ion, Abbildungen zur Symbolik, Taf. 42-45 ; Guigniaut, Nouo. Gai. viyth. pl. cxliï bis,
Sà;Paus. Il, 11, 4 ; Poil. I ; Hesvch, s. Aihcn. IT, 87 f.; Hat. Sytla, 15. Ou n. 555 ; Muller-Wieseler, Denkmâler d. ait. Kunst, l, fig. 275. — 1° Mmervinï,
trouve aussi âvojc-rôp-.ov : Hippol. Adv. hacr. V, 8, p. 115. — M Caes. Bell. Gall. 3; Dullet. de l. Dist. arch. 1851, p. 40 ; Arch. Anzeiger, 18M, p. 89 ; Mon. ined. de!!'
Dion. Haiic. I, 67 : Feslus, s. v.\ Serv. Ad Acn. III, 12. Voy. aussi Fatiuak. — Instit. t. VIII, 1864, tav. IX. — Il Arch, Zaitung, 1871, p. 79. — t« Piud. Nem.
Miiu.iographie. Botticher, Die Tektonik der Ilcllcnen, Postdam, 1852, IV, p. 15, v111, 13.
244, 301 ; Schomann, Griechisehe Alterthùmer, U, p. 198, 2' éd., Berlin, 1863 ; K. AEDES. 1 Dig. ilïii, 9, 9. — s Cell. XIV, 7 ; Ser». Ad Acn. I, 44«. — ' Varr.
F llermann, Gottesdienst. AUherthùmer der Grieehen, g 19, 16. Ling. lat. VII, 10 ; Scrv. Ad Aen. VU, 17;. — ' Cell. /. U; Serr. Ad Aen. VU, 153 ;
AKACUS. 1 Plat. Gorg. p. 520 E; Apollod. III, lî, 7. — «Apollod. I. f./IIesiod. ap. IX, 4.
Schol. Pind. Nem. III, SI ; 0»id. Metam. VII, 517-655 ; cf. Strab. VIII, p. 375. — AEDICULA. i Oc. Parad. VI, 3. — * Epid. III, 3, îl.
AED — 93 — AED
plications. Nous nous étendrons un peu plus sur ce qui Nous renvoyons à des articles spéciaux ce qui concerne
touche aux édicules consacrées au culte. les édicules d'un caractère particulier où l'on plaçait, de
II. Aedes est rapproché et en mCme temps distingué vant les habitations ou dans leur intérieur, dans les rues et
nettement de son diminutif dans un passage de Tite-Live* dans les carrefours, les images des dieux et des génies
où il est question d'une chapelle dédiée à la Victoire vierge, protecteurs [cenius, compitum, ara], les lares [lares] et
auprès du temple de la Victoire (aediculam Victoriae virgtnis celles des ancêtres [imagines majorum]. Les tombeaux aussi
prope aedem Victoriae M. Porcius Cato dedicavit). Le terri étaient des édicules rappelant souvent par leur construc
toire consacré entourant les temples renfermait souvent tion la forme extérieure d'un temple ; et, en effet, ils n'é
des temples plus petits ou chapelles. A ceux que font con taient autre chose que les monuments élevés aux morts,
naître les auteurs on peut ajouter des exemples de ces considérés par les anciens comme divinisés [sepulcrum, pa-
édicules encore subsistantes. On en voit une placée dans RENTATIO].
l'un des angles de l'enceinte du temple d'Isis, à Pompéi5; III. Gomme le temple tout entier n'était dans le principe
à Lambèse, en Algérie, dans une vaste cour qui s'étend qu'une construction destinée à abriter l'image sacrée, un
devant un temple d'Esculape, on a retrouvé les restes de édifice plus petit, mais de même apparence, marqua dans
chapelles dédiées à Jupiter, à Apollon, à Mercure, à Hygie, le temple agrandi la place considérée plus particulièrement
à Sylvain 6. comme le siège de la divinité (c2oç) où devaient s'adresser
D'autres édicules isolées, non dépendantes d'un temple, les adorations. C'est ce qu'indiquent les expressions dont
otaient répandues partout dans les villes et dans les campa se servent les auteurs pour le désigner, aussi bien que les
gnes. Les œuvres d'art, et notamment les peintures de Pom- représentations plus ou moins fidèles qui nous en ont été
conservées. Ces expressions sont ou des termes généraux, tels
que aedicula, vâoç, vâo; fSpa/ù;, vaiôtov, vaiaxoç, vaïcxâpiov, Sou/iç,
SS(a«, oiH7)(xa, oîxfStov, oîxig-xos;, xaXtàç, xaÀi'Siov, ou des mots
qui précisent quelque détail de la forme de l'édicule ou de
son emploi. Ainsi tesludo 9 est le nom des édicules voûtées
de manière à rappeler la courbe de la voûte céleste ; on
en voit de semblables, abritant des statues sur diverses
monnaies : Apollon de Milet, sur des monnaies impériales
de cette ville, Aphrodite, sur celles d'Aphrodisias, en Ca
rie, sont figurés dans des édicules de cette espèce 10 ; solium
signifie l'endroit où est assise l'image de la divinité " ; ar-
marium (ipjxâpiov), indique celui où elle est enfermée". Ces
deux derniers noms conviennent également bien à l'édicule
où était placée l'image de Jupiter assis sur un trône dans le
temple du Capitole, au-dessus d'un soubassement élevé 13.
Tite-Live "ajoute que sur le faîte [fastigium] étaient placés
des quadriges dorés, et qu'elle était en outre ornée de
boucliers [clipeus] également dorés. De tous ces rensei
gnements il résulte qu'elle avait la structure et la décora
tion extérieure d'un temple. Une monnaie d'argent de Vi-
lellius (fig. 131), dont le type est clairement déterminé par
la légende i. o. max. capitolinus n'en
Fig. 129. Chapelles.
offre qu'une image abrégée et conven
péi et d'Herculanum, en fournissent des représentations tionnelle, où tous ces détails ne sont pas
très-variées. Ce sont tantôt des cha visibles, mais il n'est pas douteux qu'elle
pelles ne différant guère des temples ne représente l'édicule à l'intérieur du
que par leurs dimensions réduites temple, et non le temple lui-même. Il
et par une construction plus simple : faut en dire autant d'un grand nombre
de médailles grecques et romaines où Fig. 131.
ainsi, dans une peinture d'Hercula Jupiter Capitolin.
num (fig. 129), on en voit deux côte l'on voit des constructions analogues.
à côte, autour desquelles sont dé La divinité ainsi figurée est celle à qui le temple était
posés des objets d'offrande 7. On en consacré ; si d'autres étaient associées à son culte, c'est-à-
trouvera ailleurs d'autres exemples dire si leurs autels n'étaient pas distincts et si elles avaient
[sacellum, arbor, bidental] : tantôt part aux mêmes sacrifices (ôsot crupêaipot, euvfonoi), leurs
ce sont de simples niches abritant images pouvaient être placées sous la même édicule : les
une statuette, comme celle qu'on Grandes Déesses étaient ainsi réunies à Eleusis; Latone et
p.» 4 , !~ISacrifice
"K- Z aTlPriape.
• voit sur une rpierre Dgravée de la ega- ses enfants dans un temple de Mantinée 16 ; Junon, Minerve
lerie de Florence 8 (fig. 130), repré et Hébé dans un autre temple de la même ville17; Escu-
sentant un sacrifice à Priape. lape et Hygie dans celui qui leur était consacré à Titané 18 ;

» XXXV, 9.-4 Paus. I, 18, 7 : 1, 20, 2. — « Marois, Akm. d°. Pomp. IV, p. Ï6. peupl. el de vilL pl. iivi, ïl ; MuHer-Wieacler, Denkm. der ait. Kunst, laf. I. 4.
pl. toi et «. — « L. Renier, Archio. des miss, scient. 1851, p. 17S ; 1854. p. 322 ; Î0 ; II, 26, S85. — H Serv. Ad Xirg. Aen. VII, 169 ; Plia. Ilist. nat. XXXIII, 5 ;
Anna/, dtl. Intt. arch. 1855, p. 85. — 1 Antich. d'Ercol. 11, p. 259.— ' Mongoz, Spon, Afiic.antic. p. 75. — « Etym. mago. 146, 56 ; Petron. Satyr. 29. — " Plin.
Jfu. dt flor. t. I ; Gori, Mvs. Flor. 1, 1. icv et p. 181 . — 0 Scrv. Ad Yirg. Hist. nat. XXXI1Î, 5; Cf. SerT. Ad Aen. VU, 169. — 1* XXXV, 41. — 15 Morelli,
Aen. I, 505; cf. Varro, De îing. lat. IV, 161. — m Pellerin, Rec. de mcd. de Thes. Fam. rom. racerl. t. 1,1. — M Paus. VIII, 9, 1. - " Id. — 18 M. Il, 11, 6.
A1£D — 94 — AED
et, à Rome, dans le temple du Capitole, Juventas était pla bernacles de proportions assez réduites pour être placés
cée à côté de Minerve clans la cella particulière de celte sur les tables d'offrandes [abacus, donaria], comme le vab;
déesse On en pourrait citer encore plus d'un exemple. Ppa/ûç K qui contenait l'image de Junon, dans le temple de
Au contraire, si les divinités rapprochées dans le même cette déesse sur le mont Albain ; et peut-être comme l'é
temple avaient des cultes séparés, chacune devait habiter dicule d'or qui renfermait celle de Ptolémée dans le temple
une édicule qui lui fût propre î0. Ainsi, à Home, dans ce de Jupiter à Alexandrie fapi5«o< ootxo; èv Atôç oïxto) Telle
même temple du Capitole où Jupiter, Junon et Minerve est aussi (fig. 133) celle qu'on voit sur une table, avec di
étaient réunis dans une sorte de communauté [contuber- vers instruments du
nium "), chacun avait sa cella, qui n'était autre chose que culte, dans une pein
l'édicule qui lui avait été primitivement consacrée, plus ture d'Herculanum
tard enfermée dans l'enceinte ou le péribole du grand tem représentant Oresle
ple ". Pour la Grèce, il suffira de rappeler que dans un tem et Pylade amenés de
ple de l'acropole d'Athènes, Minerve Poliade et Érechthée vant Iphigénie **.
avaient des sanctuaires séparée ; les auteurs mentionnent La piété et l'orgueil
beaucoup de temples doubles (vxô; SnrXoîiî, oîxr,|jta SnrXotiv), avaient multiplié ces
c'est-à-dire consacrés à plusieurs dieux dont les cultes ne édicules dans les sanc
pouvaient pas être confondus. Tels étaient le temple de tuaires. Des fabricants
Mars et de Vénus à Argos", et près de Mantinée, un tem et des marchands éta
ple déjà cité * qui était divisé par une muraille : d'un côté blis dans le voisinage
étaient placées les images de Latone et de ses enfants; de en offraient de pareils
l'autre, celle d'Esculape, etc. à ceux qui ne pou
Il y avait encore dans les temples des effigies peintes ou vaient en faire cons
sculptées de dieux et de héros qui n'étaient pas associés truire de plus consi
au culte de la divinité à laquelle ce temple était consacré, dérables. Il y en avait
mais qui en étaient comme les hôtes; leurs figures placées en matières précieu- rig. 133. Édicule de Diane Taurique.
dans des niches ou sous des édicules, contribuaient à l'or ses, comme les édi
nement de l'édifice. Les exemples en sont nombreux. On cules d'argent qu'on vendait à Éphèse auprès du temple
voit ici gravée (fig. 132) une des édicules composées d'un

Fig. 134 et 134 bis. Édicule portntive de Cybèlc.

de Diane"; ils étaient plus ordinairement de terre cuite,


comme l'édicule de Cybèle trou
vée à Athènes 30, qui est ici re
produite (fig. 134). On a rencon
tré en quelques endroits de ces
dernières en si grande quantité,
qu'on a pu en conclure qu'il avait
Fig. 132. Édicule dans le Panthéon, à Rome. existé là des fabriques ou des dé
pôts de ces objets. Celui qui est
piédestal, d'une niche et de deux colonnes surmontées dessiné (fig. 135) a été recueilli
d'un fronton, qui décorent richement encore aujourd'hui à Marseille avec d'autres sembla
le pourtour intérieur du Panthéon à Rome *. bles en grande abondance ".
IV. Les édicules dont nous avons parlé jusqu'ici étaient Des édicules
, , portatives
, étaient
. Fig. 135. Édicule portatite.
des constructions complétant l'architecture du temple lui- promenées hors des temples en
même ; d'autres étaient de véritables meubles, de petits ta- certaines occasions. Hérodote *' parle d'une idole traînée

18 riiu. Hisl. nat. XXXV, 36, 22. — «» Tit. Liv. XXVII, 25 ; Val. Mai. I. I, 8. — d'Srcol. l, 12, p. 67 ; Mus Borb. tin, lav. ill ; Roui et Barré, Herc. et Pompéi,
*1 Laclunt. De fais, relig. 1, 11, 39. — îs Quatiemcre de Quincy, Diction, d'archit. l> sér.e, pl. I. — » Act. Apost. m, 4. — 50 Lebas, Yoy. en Grèce. Mon. iigurés,
aidulh. — M Paus. u, î5, 1. — lk id. VIII, 9, 1. — » Desgodetz, Edif. antiq. pl. mu. — 31 Loncp.'rier, Ilev. urchëol. 1863, t, p. 531 j Corne, Arch. Anzeigei,
te Home, pl. i etTi. — »« Dio Cass. IX.Y1.X, 20. — « Theocr. XVII, 17. — s» pin. 1866, p. 303, Uf. 0. — » II, 63.
AED — 95 — AED
dans une édicule en bois doré sur un char à quatre roues, triciens et de leurs clients ». C'est probablement dans les
à peu près sans doute comme celle d'Astarté qu'on voit" comices, investis désormais d'une forme constitutionnelle,
sur une monnaie romaine que continuèrent d'être nommés pour un an les tribuns et
de Sidon (fig. 136). Ces les édiles '°. La seconde rogation de Volero était relative au
exemples appartiennent, droit de convoquer les comices pour leur soumettre des
il estvrai,l'unàrÉgypte, propositions d'intérêt public". Nous n'avons pas à insister
l'autre à la Phénicie ; sur ce point : notons seulement que les tribuns seuls pa
raissent avoir exercé à l'origine le droit de convocation de
ces assemblées (jus concionis), mais il fut étendu par une loi
aux édiles avec le droit d'accusation devant le peuple u.
Ceux-ci eurent la garde des archives plébéiennes, déposées
dans le temple do Cérès ". En l'an 454 av. J.-C, tous les
magistrats obtinrent le droit de prononcer une amende
contre ceux qui porteraient atteinte à l'obéissance et au
respect à eux dus dans l'exercice de leurs fonctions (jus
Fig. 136. Edicule roulante. Fig. 137. Édicule portée dans une procession. mvlctac dictionis) '*. On fut autorisé dès lors à donner aux
tribuns et aux édiles le titre de magistrats w qui leur man
mais en Grèce aussi des édicules figuraient quelquefois quait encore; mais il est certain que déjà le droit de con
dans les processions, soit sur des chars (vab; ÇuYo<fofoûu£- voquer les comices tribus, et celui de porter devant eux
»»;) **; soit sur les épaules de porteurs, comme on le voit une accusation criminelle étaient reconnus aux édiles : ils
dans une peinture découverte à Pompéi " il y a peu d'an - avaient dès lors lejus concionis. On peut admettre aussi que
nées (fig. 137). E. Saglio. le jus edicendi, c'est-à-dire le droit de régler à l'avance, par
AEDILES. — Ce nom, sur l'origine duquel on dispute des arrêtés généraux, la solution des affaires de marché dé
encore était appliqué à trois catégories distinctes de ma pendant de leur juridiction, et la police des temples et pla
gistrats romains, qui feront l'objet d'autant de divisions de ces soumis à leur surveillance, furent dès lors accordésàces
cet article. magistrats. Mais il leur manquait le jus auspicii pour
I. Aediles plebis. Le jurisconsulte Pomponius, dans le avoir en droit le rang do magistrats du peuple romain [ma-
Iragment de son Histoire du droit inséré au Digeste *, nous gistratus]. Il est probable qu'à partir de cette époque les
apprend que les tribus8 décidèrent de choisir dans leur fonctions des édiles tendirent à se détacher peu à peu de
sein deux plébéiens chargés de veiller à la conservation des la sphère d'autorité des tribuns, dont ils avaient été consi
édifices où l'on s'assemblait pour rendre les plébiscites: de dérés d'abord surtout comme des auxiliaires (collegae mi
la peut-être le nom d'édiles attribué à ces officiers. Celte nores) ". Souvent, en effet, on les voit chargés auparavant
création est contemporaine de celle du tribunat [tribunus] de mesures d'exécution, par exemple à l'égard de con
(4'J4 ou 49a avant J.-C.) et fut sans doute garantie par les damnés ,8, service subalterne 19 dont il est plus rarement
mêmes leges sacrae \ La première fut un plébiscite arrêté fait mention par la suite, sous l'empire d'une législation
dans un concilium pleuis et nommé lex tribunicia prima \ nouvelle que nous allons exposer. Après l'expulsion des
Les édiles, considérés comme les aides des tribuns, furent décemvirs, et avant la nomination des consuls, en 444 av.
donc protégés par la même inviolabilité ; ils participèrent en J.-C, le peuple avait, par un plébiscite spécial, maintenu le
suite, par délégation, à la juridiction à ceux-ci accordée droit de provocàtio, qui fut consacré de nouveau par la loi
dans certaines affaires entre plébéiens % notamment dans Valeria Horatia, et par un plébiscite proposé par le tribun
les contestations relatives aux transactions faites sur le Duilius, à rencontre de toute magistrature w; en outre,
marché public. A mesure que l'importance politique du tri une loi proposée par le consul M. Horatius garantit solen
bunat s'accrut, les tribuns s'habituèrent sans doute à dé nellement le caractère sacré et inviolable des tribuns et
laisser complètement cette partie de leurs fonctions, qui des édiles Les auteurs de la nouvelle loi établirent
fut exclusivement et à toujours déléguée aux édiles 7. Ce encore en règle absolue que les sénatus-consultes se
pendant ceux-ci n'avaient alors ni le titre, ni les pouvoirs raient déposés dans le temple de Cérès et confiés à la garde
d'un magistrat du peuple romain [imperium] 8. Leur pouvoir des édiles plébéiens, pour soustraire ces documents à l'ar
est simplement désigné par l'expression potestas. En 471 av. bitraire des consuls, qui pouvaient les supprimer ou les
J.-C, l'une des rogations [lex] du tribun Publius Volero altérer **. Ainsi la mission des édiles ne se borna plus sous
transforma en droit constitutionnel ce qui n'avait été jus ce rapport à la conservation des archives des comices
que-là qu'un fait, l'organisation régulière des assemblées plébéiens ; peut-être s'étendit-elle encore aux archives des
plébéiennes ou comices par tribus,, avec exclusion des pa- centuries. De même, ils furent chargés par les tribuns de
Uûntrr, Relig. der Karthag.; Guigniaul, Nouv. Gai. myth. pl. lv, 210 ; cf. 0. — «Cf. Tit. LiT. II, 56; Dionys. VI, 89; IX, 41, 43, 49. — •» Schwcglcr, Rôm.
Huiler, llandb. § 241,4. — »' Plut. De Is. et Osir. 69; Hesych. MlT«p«. — » Giorn. Gesch. XXVI, 7 ; Walter, Op. laud. I, n. 44 ; cf. Monirasen, Rôm. Tribus, p. 83 ;
dei jear. Vamp. 1868, tav. 11. — Bibliogripuib. Veuuti, Sopra i tempietti, etc., in Beckcr-Marquardt, Uandb. d. rôm. Alterlh. 11, 2, p. 233-260 et 11, 3, 159; Luge,
>azgio deT Accad. di Cortoua, t. Il (aun. 1742), p. 211 ; K. Bottlchcr, Die Tektonik 7J*)!. Alterlh. I, p. 514-16. — " Dionys. IX, 43, 44 ; Zonaras, VII, 17 ; Schwt-
der Hellencn, IV, g 13, l'otsdam, 1842. glcr, Rôm. Gesch. XXVI, 8. — " Dion. IX, 44, 46; J. Lydus, De mag. 38, 44. —
Ai.DlL.ES. 1 Voy. le résumé des opinions et l'indication des auteurs dans l'art, de "Zonaras, VII, 15; Tit.Lii. III, 55; Fr. 2, § 21 Dig. De orig.jur.; cl. l'olvb. III, 20.
Item, Pauly'i Encgclop. 1, p. 508, 2« éd. 1862; et Ar. Fabretti, Glossar. italic.i. j. — i» Cic. De rep. II, 35 ; Dionys. X. 50. — 15 Walter, g 47, 1, p. 75 ; Zouara», VII.
— 1 Fr. 2, ; io et 21 Dig. De orig.juris, 1, 2 ; Varro, Ling. lat. V, 14 ; GllL XVII, 15; Dionys. X, 49; Laboulaye, Essai sur les lois crim., p. 106; Laugt, Jlôm.
îl. 11- — » Cf. Ungc, Rom Alterlh. p. 715 — » Walter, Gesch. des rôm. Rechts, Altcrth.l,f. 716, Tit. Ut. III, 31 ; X, 23; XXV, 2; XXXUI, 42 ; XXXVIII, 35; Dionys.
i 4i. — * Uiouys. VI, 87-90 ; Fcstus, s. v. Sacrosaiiclum. Sacralae, Saccr mons; X, 35, 48; Aul. Gell. X, 6. — 18 Dionys. IX, 49.— " Dionys. VI, 90; BeckcM-
lit, Lit. II, 33. — t Juan. LyJus, De mag. I, 33, 44 ; laidor. Origin. IX, 4 ; Dionys. Marquardt, Handbuch, II, 2, p. 294. — 1» Dionys. VII, 26; X, 34;-.Plut. Cor.
VII, sa ; Hartmann, Ordo judiciorum. I, 86, M, 109 ; Walter, I. I. — 7 Dlonys. VI, XVII, XVIII. — 1» Ti'. LiT. XXIX, 20. — *> TU. Liv. III, 54, 55 ; Dionys. XI, 45 ;
Su ; Zosarii, Vil, 15 ; Feslus, s y . Sacrosanclum. — » Tit. Lit. II, 35, 56 ; III, 5ï, Cicer. De rep. II, 31 — 21 Tit. LiT. III, 55 j Feitus, s. t. Sacros. — » Tit. Liv 11 ;
J«; Dijiij». VI, 87; VII, 17; X, 4,34; Labouluye, Essai sur les lois crim. p, 65. 55; cf. Lange, I. L p. 716.
AED — 96 — AED
faire graver et exposer en public les tables d'airain où du consulat; aussi, sur les plaintes des tribuns, on admit que
étaient inscrites les lois décemvirales ; cependant d'autres les édiles curules seraient pris chaque année alternative
prétendent que l'initiative à cet égard appartient aux con ment dans les deux ordres; plus tard le choix devint libre *.
suls ss. Lange fait remarquer avec raison" que les édiles Quelles différences séparent l'office des édiles curules de
devenus magistratus minores n'eurent pas une mission stric l'édilité plébéienne? C'est une des questions les plus obs
tement limitée, et que leur activité s'exerçait dans des cures de l'antiquité romaine 35. Au point de vue des hon
voies très- diverses, suivant l'impulsion qu'ils recevaient des neurs extérieurs, la diversité est bien marquée. Les édiles
tribuns ou du sénat. On peut ajouter que la même indé curules, comme on l'a déjà vu, avaient les insignes d'un
termination est un caractère commun à la plupart des ma rang supérieur : ils portaient la robe prétexte et siégeaient
gistratures romaines, qui se limitaient en général parleur sur des chaises curules". On les voit sur quelques mon
concours plutôt qu'elles ne se renfermaient dans un cercle naies assis sur les sièges à pieds recourbés auxquels on
légal d'attributions rigoureusement déterminées. Quant à donnait ce nom : telles sont celles des édiles Furius et Plae-
la direction imprimée par le sénat aux édiles, c'est aussi une torius. Une monnaie du premier, avec les noms p. fovrivs
application normale de Yauctoritas senatus qui s'explique crassifes au revers, et à
par l'absence, l'éloignement ou la multiplicité de fonc la face le titre aed. cvr,
tions des autres magistrats. C'est ainsi qu'on voit le sénat est reproduite (fig. 138).
confier aux édiles la mission d'empêcher l'introduction à Aux édiles plébéiens fu
Rome de cultes étrangers", celle de veiller à l'approvi rent assignés, ainsi qu'aux
sionnement de la ville {cura annonae) K, indépendamment autres magistratusminorcs,
de la création à cet effet de praefecti annonae dans les temps les sièges à pieds droits Fig. 138. Siège d'un édile curule.
difficiles. Peut-être en fut-il ainsi de la direction des jeux appelés subsellia, que l'on
publics, surtout pour les jeux patriciens, qui leur furent voit sur d'autres monnaies. Sur celle qui est reproduite
confiés S7, avant la création des édiles curules, en 3G7 (fig. 139), deux édiles du peuple, Fanius et Critonius,
avant J. C. Ces fonctions habituellement indépendantes de (m. fan.l. CRiT),dontla fonc
l'office des tribuns, et subordonnées au sénat et aux con tion est indiquée à la face
suls, amenèrent peu à peu les édiles à n'avoir plus qu'une (aed. pl.), sont assis sur un
inviolabilité théorique *. Néanmoins, il subsista des traces siège à deux places ou bisel-
marquées de l'ancienne dépendance dans laquelle l'édilité lium, qui n'est qu'une va
avait été placée. Ainsi les édiles plébéiens n'eurent pas à riété du subsellium. En un
l'origine, comme les édiles curules dont il sera parlé ci- mot, on ne reconnut, dès le Fie. 139. Édiles plébéiens siégeant sur
uu subsellium.
après, les insignes des magistrats romains [magistratus], le principe, aux édiles, même
droit de porter la robe prétexte, ni de siéger sur une chaise curules, que la qualité de magistratus minores ; ils n'avaient
curule*9; ils avaient un simple subsellium (Voy. plus loin, pas de licteurs ni à'imperium proprement dit. Leur élection
lig. 138, 139) . Leur élection se fit toujours dans les comices avait lieu dans les comices tribus, par analogie sans doute
tribus, et sous la présidence d'un tribun de la plèbe; avant avec ce qui se passait pour celle des questeurs, les plus an
eux l'on nommait les consuls, etc. 30. Enfin, cette magis ciens magistratus minores et, pour les édiles curules, sous
trature demeura jusqu'à la fin aux seuls plébéiens "; on la présidence d'un magistrat revêtu de Vimperium, comme
en exclut aussi tout citoyen dont le père ayant rempli un un dictateur, ou plus généralement un consul 3S. L'élection
office curule était encore vivant Arrivés à ce point de des édiles avait lieu dans l'ordre hiérarchique après celle
notre matière, nous devons aborder ce qui concerne l'édi des consuls et des préteurs et avant celle des questeurs39.
lité curule, dont les fonctions furent presque identiques Dans les comitia aedilicia, Lange note cette particularité
à celles des édiles plébéiens, et la destinée ultérieure à peu que le partage égal de voix entre deux candidats était vidé
près la môme. 11 suffit donc de noter les points de diffé par un tirage au sort sorlitio aedilicia *°. Les édiles curules
rence entre les deux offices. eurent, dès le principe, le jus concionis, le jus edicendi, et
II. Aediles curules. — Leur création remonte à l'année 3b7 le jus mulctae dictionis, déjà reconnus aux édiles plébéiens
avant 1ère chrétienne. Tite-Live 53 nous en explique l'occa par la loi Ateria Turpeia M; les premiers obtinrent de
sion et le motif. Après l'admission des plébéiens au partage plus les auspicia minora, qui ne furent accordés aux der
du consulat, le sénat proposa de célébrer, à l'occasion de niers que plus tard, mais antérieurement à 202 avant
cette paix des deux ordres, les grands jeux [ludi], en y J. C. 41 . En outre, la direction des grandes fêtes romai
ajoutant un quatrième jour; les édiles plébéiens reculè nes demeura réservée aux édiles curules, qui succédè
rent devant celte charge, et les jeunes patriciens s'offrirent rent à cet égard aux consuls tandis que certains jeux,
pour la supporter, en exerçant les fonctions d'édiles ; un sé- comme on le verra plus loin, furent attribués aux édiles
natus-consul te décida que le dictateur demanderait au peuple plébéiens, et que d'autres restèrent communs aux deux
la création de deux édiles patriciens. C'était une nouvelle magistratures Mais la question capitale est celle de sa
charge curule ajoutée àla préture, détachée en même temps voir si le jus edicendi appartint exclusivement, ou d'une

" TU. Liv. III, 57. — J* H0m. Alterth. p. 716. — » Til. Liv. IV, 30. — '« lit. éd. Lyon, 1698, p. 34 ; H. de l.ongpérier, /(et), arehéo! '.068, p. 67, pl. xvrt, 9. —
Liv. IV, 12; Plin. Bist. nat. XVUI, 3, 4.- « Asconius , p. 143, éd. Orelh ; " Tit. Liï. IX, 46 ; Gell. VI, 9. — »« Cic. Ad Attic. IV, 3 ; Plane. 20 ; Var.o, De
Til. Liv. VI, 42; Dionys. VI, 95. — «8 l ange, t. I. - » Til. Liv. VII, 1 j Cicer. re rust. 111, 2 ; Tit. Liv. VI, 4î. — 39 Valer. Mal. VIII, 15, 4 ; Tit. Liv. Epitom. 50 ;
In Verr. 5, 14 ; cf. Dion. VI, 90. — 30 rie. Ad fnmil. VIII, 4. — »' Lange, /. App. Bell. Punie. 112 ; Tell. Pat. 1, 12. — «> Cic. Plane. 22,53; Sehol. Bob. cd.
p. 719. — 3* Tit. Liv. XXVII, 21 ; XXX, 19. — 33 VI, 42; VII, 1. — 3* Niebuhr, Orelli, p. 264. — »' Tit. Liv. X, 23; XXVII, 36, 37 ; Cic. Phil. IX, 7; Plaui.
itôm. Gesch. m, 39-49 ; W'alicr, Op. I. g «3, n. 31 ; Becker, Bandbuch, II, î, Capt. IV, 2, 43; Slacrob. Sat. Il, 6. — « Tit. Liv. XXX, 39. — " Tit. U». V,
p. 299 ; Mommseu, Itôm. Forsch. I, 9T. — M Niebuhr, III, 48; Bcckcr, p. 304 ; 19, 31 ; Becker, IV, p. 477 " Becker, II, 2, p. 310, 3U ; Walter, s 138, 3« *d.
Lange, p. 71 à et suit. — 36 Dion. IV, 74 ; Plut. Marius, M ; Cohen, Monn. de laRëp. p. 201 ; Cic. De legib. III, 3; In Verr. V, 14; Dio Cassius, ILIH, 48; Tit. Liv.
pl. xix, Furia, n. 4, et pl. xxxn, F'iactoria, n. 8; Asconius, In Cic. Divin. 15, XXXI, 4.
AED — 97 — AED
manière plus étendue, aux édiles curules. Il est certain d'atteindre les coupables. C'est ainsi que leur office se déve
que les jurisconsultes romains du troisième siècle après loppa aux dépens de celui des anciens quaestores pariucidii,
J.-C. et, d'après eux, Justinien mentionnent exclusivement et subsista après la création des triumviri capitales m.
les édits des édiles curules'6 relativement à certaines ventes Ceux-ci remplirent en général les fonctions d'officiers
faites sur les marchés, ou à la police urbaine M; cependant de police d'un ordre inférieur, chargés en cette qualité de
on ne peut nier que les édiles plébéiens n'aient eu une l'exécution des mesures de sûreté 59. L'immensité de la
certaine juridiction, devenue à cette époque indépendante ville de Rome et l'étendue des fonctions des édiles nécessi
dutribunat, et relative aux mêmes objets. On peut sup tèrent sans doute la création de ces magistrats, qui leur fu
poser que le fus edicendi fut d'abord exercé concurrem rent subordonnés, ainsi que les triumviri nocturni *°, avec
ment par les deux classes d'édiles, et que ceux dont le leurs postes d'esclaves publics et de gardes de nuit salariés.
rang était le plus élevé s'occupèrent plus spécialement de Enfin, il y eut aussi, pour suppléer les magistrats pen
cette partie importante de leurs fonctions, qui finit par dant la nuit, des quinqueviri cis lïberim, et ultra Tibcrirn
leur demeurer en partage", en sorte que les édits recueillis L'édilité, étant dépourvue d'iMPERiUM et des droits de vo-
ensuite portèrent exclusivement le nom des édiles curules; catio et de prensio, ne pouvait avoir pour agents des via-
ou bien que ceux-ci donnèrent seuls leur nom à l'édit ré tores dans le sens technique et juridique du mot M (sauf le
digé en commun. Au temps de Cicéron, on voit déjà réu cas où les édiles plébéiens agissaient en exécution d'une
nir en recueil les Manilianae venalium vendendorum leges du commission des tribuns). Cependant, plus tard on trouve
jurisconsulte Manilius, contemporain de P. Mucius *8. Du dans les textes et les inscriptions des scribes et des viatores
reste, les édits des édiles étaient de deux natures [edictum], des édiles 63 ; de plus, il est question d'une loi Papiria qui en
les uns généraux et réglementaires, publiés à leur entrée aurait concédé aux édiles plébéiens. Sans doute il ne s'agit
en fonctions; les autres rendus suivant les circonstances*'. pas ici des simples messagers que la pratique avait confon
L'ensemble de ces édits revisés sous Hadrien et formant un dus avec les viato^es;\me loi n'aurait pas pris le soin de sta
seul corps, en même temps que les édits prétoriens, obtin tuer sur l'emploi d'agents purement officieux ; il est pro
rent la même autorité, et le Digeste de Justinien nous en a bable qu'avec les viatores, le jus prensionis, déjà exercé par
conservé des fragments nombreux 50. Quant à la garde des permission des consuls, fut étendu par l'usage aux deux
archives, on peut conjecturer qu'elle fut au moins par classes d'édiles •*.
tagée par les édiles curules, si elle ne leur fut réservée; 2° La police des cultes et des mœurs. — Elle appartenait en
car, au temps de Polybe M, les archives n'étaient plus dans principe aux censeurs ; mais les censeurs, nommés tous les
le temple plébéien de Cérès, mais bien au Capitole, où l'his cinq ans, ne restaient en fonctions que dix-huit mois; d'ail
torien put voir les traités conclus par Rome avec Carthage. leurs, les édiles, sauf délégation spéciale du sénat, n'eurent
Pour embrasser l'ensemble des attributions communes pour mission que de réprimer les infractions commises à
aux édiles curules et plébéiens, vers la fin de la république, des lois ou règlements en vigueur". C'est ainsi que l'intro
on peut prendre pour base un passage de Cicéron " qui, duction de divinités ou de cultes étrangers, considérée
dans son traité De legibus, se borne souvent à résumer le comme contraire au droit public romain 68 et à l'intérêt
droit existant. Or, il dit M : suntoque aediles curalores Urbis, du culte national, put être poursuivie devant les comices
annonae, ludorumque solemnium. C'est cette division que tribus, ou directement punie par les édiles. Les édiles étaient
nous allons suivre. souvent aussi chargés des supplications [supplicatio]. Le
Cura Urbis. — Le soin de la ville embrassait : droit d'inspection des tavernes et auberges impliqua le
1° La police municipale **. ■— Les édiles réunirent à peu droit de haute surveillance sur les proslituées^etsur toutes
près tous les pouvoirs nécessaires pour assurer la sécurité les femmes qui menaient une vie scandaleuse. On voit que
intérieure de la ville. Ainsi ils furent chargés de la pour plusieurs femmes de rang honorable furent poursuivies par
suite, de la recherche et de l'arrestation des malfaiteurs, les édiles devant les comices et condamnées à l'amende. Ils
tels qu'empoisonneurs, magiciens55, etc., de la surveillance réprimaient également la bigamie [bigamia] 48 et le stuprum
des bains, des tavernes, des réunions et des discours pu commis avec une femme ayant la qualité de materfamilias
blics, delà répression par châtiments corporels des esclaves [matrimonium] 6*, enfin la violation des lois agraires et somp-
et gens de bas étage M. Les édiles avaient leur tribunal sur tuaires71> ou relatives aux jeux de hasard".
le Forum, et là ils appliquaient eux-mêmes une peine dans 3° La salubrité, la voirie et les bâ/iments. — Salubrité. Ces
le cas de légères infractions aux règlements de police con attributions des édiles n'étaient ni moins importantes ni
tenus dans l'édit; ils poursuivaient les faits plus graves, moins multipliées. Ils avaient la surveillance des bains pu
par accusation directe devant les comices tribus , ou blics '* et celle des fontaines, aqueducs et prises d'eau, avec
les dénonçaient aux consuls Leur juridiction géné droit d'accorder des concessions,en l'absence descenseurs".
rale sur la police des rues et marchés leur permettait plus Il en était de même pour le curage et l'entretien des
aisément qu'aux autres magistrats de constater les délits et égouts 14 ; ils surveillaient le personnel des aquarii. Dans

u Gains, /w/. I, 6; Jusl. List. I, 2, 7; Uiji. XXI, I. — *« Lan**, Lôm. Allerth. De U»g. lat. V, 81 ; Lange, p. 758 ; Dig. 1, 2 ; fr. î, § 30. — 0° Waltcr (contre Lanj;c}
P- "Il ; Aol. Gril. IV, î ; Dio, LUI, 2 ; Plant. Mot. IV, 2, 23 ; Thibaul, Die Aedilen, les distingue des précédents, I, n. 20'J ; fr. 1 Dig. De off. praef. vig. 1, 15 ; Tit. Lît.
p. 131- Uo ; MkusJVld, De usu action, aedil. passim.— 47 Cf. Bccker, 1. 1. p. 310 ; Schu IX, 46 ; XXXIX, il. — « Fr. 2, g 31 Dig. De orig.juris. I, 2. - «> Lange, p. 722 ;
bert, De Rom. aedil. p. 183, 542. — »> Cic. De Or. I, 58 ; Varr. De re rusi. II. 3, 5, Anl. Gcll. XIII, 13 ; Plut. Mare. 2; Val. Mai. VI, 1, 7. -«'Tit. Liv. XXX, 39; Orelli,
7. — »» ut, u,m xxvu(37; cic. Phil. IX, 7; Gell. IV, î; kUcrob.SaMI, 6. — 50Dif. 2253, 2176, 6565. — «Tit. Lir. XXXIX, 1 4 ; Cell. XIII, 13. — «3 Lange, p. 7i9. — « Tit.
il, I, S ; Orolaa, Kxpl. des Instituts, 0« cd. III, p. 276. — 51 Poljb. IU, 26 : Lange,/, t. LiT. IV, 30 ; XXV, 1 ; XXXIX, 14; Cic. IJar.resp. 13.— Tocii. Annal. Il, 85 ; Tit.
P. T24. — U cr. Btckcr, /. I. H, 2. p. 311. — M De leg. UI, 3. — « W»lter, /. I. I, Liv. X, 31 : XXV, 2 ; Vaier. Mas. VI, 1, 7, 8. — «8 Aul. Gell. XVI, 7, lî. — « Til.
n. 63, 208, 109, 3« éd. — •» Cic. In Verr. 1, 12 ; Tit.Li». VIII, 18, 22 ; Plin. ffist. nat. Lir. VIII, 22. — '0 Tit. U». VU. 16 ; X, 13 ; Cic. Phil. IX, 7 ; 0»id. Fast. VI, 663;
IVIII, 8; Dio Cass. XLIX. 43; Gcll. X, 6; Suct. Tib. 31; Tacit. Ann. II, 85; Tacit. Annal III, 52, 55. — " Flaut. Afil. II, 2, 9 ; Mart. IV, 14, 9 ; V, 84 ; XIV, 1.
Scnec. F.p st. _ 5« Waltcr, n. Ï09, n. 23. — 57 Tit. Lhr. VIII, 18 ; Tabul. herncl. — U Scncc. Epist. 86; De vita beata, 7. —75 Prontin. De aquaed. 91-97; Tit.
c. n ; L^n»p, p. 759 . fr. 1 , g 4 et S Dig. De viae public. XLIII, 10. — Cic. Liv. XXXIX, 44; Cic. Ad fanal. VIII, 6. - '* Tit. Liv. I, 38, 56 ; XXXIX, 4»;
Ii Verr. t. U; WaUcr, t, „. 03, noie 31. — 5» Tit. Liv. XXV, I ; XXXIX, 14 ; Varr. Diony«. III, 67.
I. 13
AED - 98 - AED

le cas où une épidémie venait à éclater, il semble, d'après de conduire des chariots dans la ville à certaines heures,
un fait indiqué par Tite-Live, qu'il appartenait aux édiles et sauf des exceptions déterminées.
de s'enquérir des causes de mortalité pour en faire un Bâtiments. Les édiles, d'après le témoignage de Varron,
rapport aux consuls Enfin on est mieux fondé à ad avaient la surveillance des temples [procuratio aedium sa-
mettre leur droit d'inspection en ce qui concerne les crarum) et des bâtiments publics et privés88. En principe,
funérailles, surtout pour faire observer les lois somp- nous croyons 87 que la construction et les travaux d'amé
tuaires lioration des édifices publics appartenaient aux censeurs,
Voirie. La voirie en général, quelquefois l'ouverture, et et, à leur défaut, à des officiers spéciaux (quinqueviri mu-
en tout cas l'entretien et le nettoyage des rues et places ris turribusque 7'eficiendis, et triumviri bini reficiendis aedi-
publiques de Rome étaient soumis à la haute direction des bus) 85 ; mais les édiles veillaient à la conservation des
édiles. En principe, I'aerahium devait supporter les frais bâtiments dans leur intégrité; ils les préservaient de toute
du pavage le long des édifices publics, jusqu'au milieu de usurpation ou dégradation; enfin, ils en réglementaient
la rue, et le propriétaire du bâtiment en face l'autre moi l'usage public89, et informaient les censeurs ou les consuls
tié ; ailleurs les riverains se partageaient les frais fl. Si le de la nécessité d'exécuter des réparations. Cependant on
propriétaire ne pourvoyait pas à la construction, les loca les voit quelquefois consacrer le produit des amendes de
taires étaient autorisés à la faire, en lui imputant les frais leur juridiction à des embellissements ou à la création de
sur le montant du loyer 18. En cas de négligence des pro constructions nouvelles M, sans doute en vertu d'une
priétaires, les édiles faisaient adjuger les travaux par l'in autorisation supérieure, et Papinien indique comme ap
termédiaire des questeurs urbains, et recouvrer par l'ad partenant à leur office l'établissement des ponts M. Relati
judicataire contre le contribuable les frais qui, en cas de vement aux édifices privés, le droit d'inspection des édiles
recours à la voie judiciaire, montaient à moitié en sus, à leur permettait de prohiber toute entreprise sur la voie
titre de peine Cependant il importe de remarquer que publique, toute saillie ou projection91; d'ordonner la ré
l'ouverture de voies nouvelles ou le redressement des pentes paration ou la démolition des maisons menaçant ruine,
incombait en général aux censeurs, tandis que les édiles sous peine d'amende 93, sans préjudice du droit pour les
n'avaient qu'à présider à l'exécution ou aux travaux cou voisins de demander la cautio damni infecti [damsum infec-
rants d'entretien Cependant on voit, en certains cas, les tum] **. Les édiles avaient sans doute également le droit
édiles établir une pente ou montée (clivus publiais) destinée de déterminer l'alignement des nouvelles constructions le
à faire parvenir les voitures sur l'Aventin. Le nettoyage long des voies publiques; enfin ils devaient prévenir les in
des rues était sous la direction des édiles. L'exercice de cendies, ou pourvoir à leur extinction, avec l'aide des quin
cette attribution se nommait viam purgare ou verrere; refi- queviri, des triumviri nocturni 85 et des stationes vigilum.
rere indiquait l'exécution des réparations, et stemere l'éta Les quatre édiles formaient un collège, où les curules por
blissement de la voie ou son entretien en la couvrant d'un taient le titre de mojores, et les plébéiens celui de minores
lit de pierres1". L'office des édiles consistait aussi à prohi collegae™, bien qu'en général leurs attributions fussent iden
ber et à faire disparaître tout ce qui pourrait faire obstacle tiques ; aussi entraient-ils tous en fonctions 91 pour un an,
à la' circulation dans les rues et places ; ainsi ils devaient comme les consuls, aux calendes de janvier 98, quoique
interdire d'y pratiquer des fossés ou excavations, ou travaux nommés à des époques différentes. Il paraît cependant que,
quelconques; d'y déposer des cadavres d'animaux, des or vers la fin de la république, ils furent élus en môme
dures, matériaux ou objets de nature à obstruer le passage ; temps; caria loi Julia municipalis leur prescrit de s'en
devant les boutiques de foulons ou de charrons, il n'était tendre, dans les cinq jours de leur entrée en fonctions ou
pas permis d'étendre des étoffes pour sécher, et les chars de leur désignation99, sur la répartition entre eux des quar
devaient être placés dans certaines limites (ut non prohibeemt tiers de la ville, ou sinon de procéder à un tirage au sort xw.
vehiculum ire)1*. L'auteur de travaux irrégulièrement faits On divisait le cercle formé par le territoire de Rome, et un
sur la voie publique pouvait être fustigé par le passant (ab rayon de mille pas autour, en quatre circonscriptions
obviante), si c'était un esclave, et, si c'était un homme libre, ayant sans doute pour base les quatre quartiers autrefois
il était dénoncé aux édiles, qui lui appliquaient une amende distingués par le roi Servius Tullius, mais agrandis par l'ac
conformément à la loi, et faisaient disparaître les obstacles85. croissement des rues ou habitations continues; c'est ainsi
En vertu du môme principe, l'édit des édiles prohibait que plus tard Auguste divisa la cité en quatorze quartiers m.
non-seulement les attroupements et les rixes sur la voie Mais, à l'époque dont nous parlons, chaque édile avait sous
publique, mais le passage même des animaux nuisibles, s'il sa direction spéciale la police et la voirie d'un de ces quatre
s'effectuait d'une manière dangereuse pour la sécurité arrondissements11". Pour exécuter leurs ordres, on mettait
des passants84. En outre, la Tabula fferacleensis*1, qui con à leur disposition un nombreux personnel 10î : indépen
tient les détails les plus curieux et les plus étendus sur celte damment des triumviri capitales, des quinqueviri et des
partie de l'office des édiles, nous apprend qu'il était défendu stationes vigilum, que nous avons déjà nommés, les
« Tit. Liv. VIII, 18.— « Cic. PhO. IX, 7 ; Oiid. Fast. VI, 603. — " Tabul. He Ileracl. lin. 68 et sq. ; Cic. In Verr. V, 14; Asconius, Ad Cic. Verr. Il, t, 51, p.
rael. ap. llaubold, Monum. légal, ed. Spangenberg, Un. 20, 29, 53.-78 Di£. XLIU, 195, Geschk/ttc Orelli . Walter, I, g 13S. 210. — »•> Tit. l iv. X, 23, 31, 47; XXX, 39;
10, 1, § 3, De via. — 79 Lex Julia municipalis seu Tabul. Ileracl. lin. 20-55, Hauholil, XXXIII, 42; XXXIV, 33; XXXV, 10, 41; XXXVIII, 35; Lange, H. Alt. p. 723 91 Kr. 1,
p. 104; Ascon. Ad Cic. Verr. I, S9 » Tit. Lir.XLI, 27 ; IX, 43 ; XXIX, 37; XXXIX, pr.Dig. De viapubl. XLIII, 10. — a* Papin.iWtf. §2: Varro,Z)e ling. lat. V,81 ; Festus,
44; Dionys. IV, 67; Beckcr, Itôm. Alt. II, ï, p. 237, 312 et note 781; Festus, p. 233; s. v. AediHs ; Tab. Ileracl. lin 68. — •> Papin. ibid. g 1 . — 9* Kr. 7 Dig. De dam.
OtH.FasI.V, 293. — *i Plaut. Stick. II, 2, 23 et s.; Suet. Vesp. 5; Tabul. Herael, lin. XXXIX, 2. — «5 Fr. 1 Dig. De offie.prarf. vigil. I, 15 ; Tit. Liv. XXXIX, 14 ; IX, 46 ;
23, etap. Gôttl og, Itôm. Urkund. I, 24. — ** Plaui.CopMV, 2, 26 et s.; rapin. pr. Lydus, De mag. I, 50; Walter, Op. Uiud. n. 209. — 96 Cf. Pardessus, Mémoire
et g 2. 3, 4, 5 Difc. De via publ. XLIII, 10; et fr. 12 uig. XVIII, 6.-83 y. ibid. sur l'âge dans la le'gisl. rom. p. 51 et 61. — 97 Quant à l'époque où cette le^'le
g ï. — 8'. Dig. fr. 40 à 42, XXI, 1 ; et Instit. Just. IV, 9, g 1 ; Ortolan et Ducaurroy, devint commune aux deux classes d'édiles, voy. Lange, l. I. p. 724. — 9a cic. In
Instit. hoc til. — 85 Un. 56 et s. Momrasen, C. insc. lut. 1, p. 120 ; Monumenta Verr. 1, 12. — fl3 c'est ce qui explique une erreur de Plutarque, Marias, c. v,
juris de Ulondeau, II, p. SI ; et, avec un commentaire temarquable, dans Diiksen, relativement au temps antérieur.— ">J Tab. Herael. lin.24-26. — toi oio Cassius, LV,
Ciiilisticht Abhandlungen, t. II, — 8» li„g. lat. V, 14, 81. — 87 Beckcr. I. I. 8. — 10» Walter, Op. laud. I, p. 309, g 211. — 103 B.'cker, Dâm. Alterth. II, 2, p.
p. 316- Taùula Herael. lin. CS, 09. — 88 lit. Liv. XXV, 7; XL1I, 6. — 89 Tabula 323 et >.; Lange, 1. 1. p. 722.
AED — 99 — AED
édiles avaient sous leurs ordres des quatuorviri in urbe et fermiers des pâturages qui y plaçaient un nombre de têtes
des duumviri extra ttrbem viis purgandis, officiers chargés de bétail supérieur au chiffre déterminé par la censoria
spécialement du soin de la voirie m; un certain nombre locatio. Ce droit de poursuite paraît n'avoir été sans doute
de scribes empruntés au collège des scribes [scribae] l0i et qu'une conséquence du jus mulctae attaché à leur magistra
des hérauts [praecones]. Plus tard, ils eurent sans doute aussi ture, et des devoirs de surveillance générale qu'elle im
pour auxiliaires les magistri vicorum ou vicomagistri 10*. pliquait.
Les scribes et les hérauts des édiles curules tenaient leur Cura ludorum solemnium. Ce qui donnait le plus d'é
bureau dans la Schola Xantha, près du Forum, et fournis clat et d'importance politique à l'édilité, c'était la mission
saient le personnel attaché au tribunal édilitien ,OT. Il y éminemment populaire qui leur incombait de présider aux
avait en outre des apparitores, des librarii ou commis écri jeux et aux fêtes publiques"'. Peut-être, à l'origine, les
vains, des viatores 108 ou huissiers; enfin, un grand nombre édiles ne furent-ils chargés que de l'ordonnance et de la
d'esclaves publics m. De plus, les édiles louaient publique surveillance des fêtes ; ensuite ils en eurent la direction .
ment des travaux à des entrepreneurs ou redemptores (per Dès l'an 313 avant J.-C, on les voit présider à l'orne
quaestorem urbanum in foro, eumve qui aerario praeerit). Les mentation du Forum et des rues où doit passer le cortège
frais étaient supportés par deux caisses spéciales, remplies d'un triomphateur183, ce qui fut ensuite d'usage pour toutes
par une partie du produit des amendes (pecuma multati- les solennités m.
cia) "0, et affectées séparément aux dépenses des édiles cu Le partage de la direction des fêtes entre les deux classes
rules et à celles des édiles plébéiens. d'édiles paraît avoir été opéré dès le principe par le sénat
Cura annonae. Dès une époque reculée, les édiles furent et les consuls, de manière à réserver aux édiles curules la
investis de la cura annonae, et eurent à ce titre la mission de part la plus importante. On sait du moins que ces derniers
faire amener des blés à Rome dans les temps de cherté1", étaient chargés des jeux appelés ludi romani et ludi Me-
de les distribuer à bas prix et de prendre des mesures galenses. Au contraire, les ludiplebeii demeurèrent confiés
prétendues salutaires contre les spéculateurs qu'ils frap aux édiles plébéiens [ludi]1". La dépense fournie primitive
paient d'amendes pour accaparement Parfois ils distri ment par le trésor public ne dépassait pas 500,000 as a*.
buaient même du pain aux indigents devant le temple L'insuffisance de cette somme conduisit, comme on l'a
de Cérès m. Les édiles curules surtout paraissent s'être dit, à imposer aux provinces des contributions qui durent
occupés du transport des blés des provinces à Rome IM ; être limitées par un sénalus-consulte in. Les édiles com
quelquefois ils faisaient, à leurs dépens, des distributions blaient le déficit au moyen des caisses des amendes, ou, ce
d'huile "*. Cependant on voit dans des cas d'extrême disette qui devint la coutume à partir de l'an 213 av. J.-C, à leurs
nommer un officier spécial |traefectds annonae]. propres frais1*8. Dès lors les riches, et spécialement les
La police des marchés est aussi une des plus anciennes patriciens ou les chevaliers, durent avoir le monopole de
attributions des édiles ; elle consistait non-seulement à l'édilité qui était le marchepied des honneurs 119 ; on se
prohiber, mais encore à réprimer la mise en vente des ruinait comme édile, afin d'obtenir ensuite l'administra
denrées gâtées ou nuisibles "6, qui devaient être détruites ; tion des provinces comme préteur ou consul, moyen
quelquefois même les édiles faisaient frapper de verges les habituel de refaire sa fortune pour acheter de nouveaux
marchands à'utensilia, ou denrées nécessaires. En outre, suffrages. Ce ne fut pas là une des moindres causes de la
ils réglaient par leur édit différentes clauses de la vente chute de la république.
des esclaves et des bêtes de somme et avaient dans leur Les édiles organisaient aussi l'ordre, les décorations et
juridiction les procès relatifs à ces marchés. La régularité les costumes des jeux scéniques et des cortèges publics,
des poids et mesures était placée sous leur inspection 118 ; enfin la pompa circensism [ciRCUs]etla disposition du local ;
ils pouvaient faire briser ceux qui étaient faux1". ils étaient chargés du maintien de l'ordre pendant les
Le commerce du capital monnayé [fenus], qui demeura représentations, et avaient droit de correction sur les
d'abord entre les mains des patriciens, passa ensuite aux acteurs ai. Cependant on voit les ludi romani présidés par
riches chevaliers, et spécialement aux argentarii, qui un magistrat supérieur, tel qu'un consul, le préteur urbain,
avaient des comptoirs [mensae] sur le Forum. Les lois pro ou un dictateur, en un mot, le plus élevé des magistrats
hibitives ou restrictives de l'intérêt (usura) furent en gé présents131; l'édile n'en demeurait pas moins chargé de
néral appliquées par les édiles, et particulièrement par la direction et des frais.
les édiles curules. On voit ces magistrats fréquemment La surveillance des édiles s'étendait au delà du cercle
mentionnés comme ayant fait poursuivre et condamner de la banlieue sur les cérémonies des fériés latines [feriae
a l'amende les usuriers 1!0. latinae] 133 ; elle s'appliquait même aux jeux funèbres (ludi
Les édiles s'occupaient aussi de pourvoir à l'exécution funèbres) institués par des particuliers, notamment quant
des lois sur I'ager publicus et les pâturages publics (pascua à la détermination de leur emplacement 13\
publica)m; sans être sans doute limites par leur com III. Aediles ceriales. — Deux nouveaux édiles, chargés
pétence territoriale, ils poursuivaient les délenteurs de spécialement de l'approvisionnement des céréales, furent
fonds dépassant les limites fixées par la loi Licinia, et les institués par Jules César, en 4i avant J.-C, sous le nom
Tab. Beratl. lin. 50-5»; Lange./ïôiM. Alt., p. 76?.- ">»/6. p. 77». — V» Becker, Fait. V, 283-290 ; Walter, I, p. 92, Î01 ; Lange, p. 730 ; Becker, p. 320. —
Ilïm.AU., p. 3i3._ 107 Ib. y. 321 ; Lange, p. 7<3 ; Tab. Heracl. lin. 34.— 1*9 Til. Lit. 1» Lange, p. 731 ; Beckc, p. 234 et «. — 1» Til. Lit. IX, 40. — Cic. Verr. IV,
XIX, 39; Cruter, I.iscr. XCIV, 11. — M* Anl. Gell. XIII, 13 ; Tit. Lit. XLIII, 16.— 3 ; A»cn. Adh.l.l, 19 ; Plin. Hitt. nat. XXXV, 1 1 , 40 ; Suet. Caes. 10 ; Cic. Verr. I,
"•TH. Lit. XXXVIII, 35.— m Tit. Ut. X, 1 1; Becker, p. 321.- "« Tit. Lit. XXXVIII, 22. — I» Til. Lit. XXIII, 30; XXVII, 30; XXX, 26; XXXI, 4, 50; XXXIII,25; Lange,
35; XXX, ÏC; XXXI, 4, 50: XXXIII, 42; Lange, p.726.— «' Varro, ap. Non. Marc. I, p. 731.— »« Dionys. VII, 71. — «7 Til. Lit. XL, 44. — "» Tit. Lit. IX, 40; XXV, 2.
iW. —11» Tu. Lit. XXX, 26; XXXI, 4, 50; XXXIII, 42.— »3 PUn. Hist. nat. XV, — 1» Cic. Deleg. III, 3, 7; In Verr. 1,13 ; l ange, p. 733.— 1» l'Iaut. Pers. 1,
1 ; Cie. De nffic. n, 17. — »• Plaul. llud. II, 3, 32 ; fr. 12 D. L, t. — Kr. 1, 38 3, 79; Cure. IV, 1, 3; Trimmm. IV, 2, 16; Valer. Haiim. I, 1, 16. — »l Tit.
Di:. De aeitil. ediet. XXI, I ; Zonara», VII, 15. — "> Juv n. X, 101. — «s Fr. 13, Lit. XXXIV, 44 ; Macrob. Sat. 11,6; Plaut. Tri». IV, 2, 147 ; Amphit. prolog. 69 ;
I S Dig. XIX, 2. - 110 Tit. Lit. VII, 28 ; X, 23 ; XXXV, 41. — «1 App. De bcllo Suet. Aug. 45; Tacil. An». I, 77; Tabula Heracl. II, 3. — «« Til. Lit. XLV, I;
rie. I, »; Til. Lit. vil 16; X, 13, 23, 47; XXXU1, 42; XXXV, 10; XXXIV, 53 ; Oïid. VIII, 40. — 1" Dion. VI, 95. — W Tab. Ueracl. c. it.
AED — 100 — AED
à'aediles cereales ou cerialesKt. Ces magistrats choisis parmi Après la loi rendue par Jules César en 45 avant J.-C, sous
les plébéiens durent aussi diriger les ludi céréales. Ils sub le nom de loi Julia municipalis \ et qui embrassait même
sistèrent jusqu'au troisième siècle de notre ère. l'Italie transpadane, commença une ère nouvelle pour le
IV. De l'édilité sous l'empire"'. — Le nombre et la clas régime municipal. En effet, cette loi jetait les bases d'un
sification des édiles ne varia plus à partir de Jules César ; système applicable aux municipes, aux colonies et aux
mais leur importance s'amoindrit peu à peu sous l'empire, préfectures, qui subsista longtemps comme le principe
jusqu'au moment où l'édilité elle-même disparut complè d'une organisation commune à toutes les villes munici
tement. La réorganisation administrative accomplie par pales. Il est certain que dès l'an 4.3 avant J.-C., après le
Auguste eut pour résultat de restreindre les attributions ! deuxième partage des provinces entre Octave et Antoine,
des édiles. En effet, il enleva leur juridiction aux édiles la Gaule cisalpine fut considérée comme faisant désormais
curules, pour la réunir de nouveau à celle du préteur IW, partie de l'Italie, et par conséquent profita sans doute du
en leur laissant toutefois la mulctae dictio, qui fut encore régime de la loi Julia*. Cette loi ne détruisait cependant
restreinte sous Néron 13S. Le sénat fixa pour les gages et les pas toute différence entre les diverses villes de l'Italie ;
amendes la somme qui ne pourrait être dépassée par eux> mais, en reconnaissant à toutes le droit de cité, elle réglait
avec distinction pour chacunedes anciennes classesd'édiles. différents points relatifs au cens, au service militaire, au
Leur droit d'accusation disparut avec les pouvoirs judiciai droit de suffrage, à l'impôt, aux douanes, à la monnaie ;
res des comices. Ils conservèrent jusqu'à Alexandre Sévère enfin elle posait certaines règles uniformes pour les magis
la cura urbis après la division de la ville en quatorze régions, tratures municipales, tout en laissant subsister les variétés
mais en partage avec les consuls et les tribuns 1S9. Chaque de dénomination et d'office existant à cet égard entre les
région se subdivisait en vici, dont chacun avait des chefs municipes, les colonies et les préfectures. On y trouvait
élus nommés magistri 1W. Néanmoins, les édiles gardèrent des praetores ou duoviri, des quatuorviri,, ou un diclator,
la surveillance spéciale des marchés, celle des comestibles et enfin des édiles. Suivant plusieurs auteurs, l'expres
et des poids et mesures1*1 ; mais ils perdirent, dès le temps sion quatuorviri embrassait dans les municipes un en
d'Auguste, la surveillance des incendies, qui fut confiée à semble des principaux magistrats, c'est-à-dire à la fois les
un magistrat nouveau, le praefectus vigilum, avec sept duoviri juridicundo, qui jouaient le rôle i!« préteurs, et
cohortes de gardes de nuit1". De même la cura annonae fut les deux édiles 3. Mais comme l'organisation de chaque cité
transmise à un praefectus annonae1". Au contraire, le soin reposait sur une loi spéciale, où l'on avait souvent consul-
de la voirie urbaine1", la surveillance des lieux publics lé les habitudes anciennes des localités, il y avait une cer
comme les bains, les tavernes "* ; celle des jeux de hasard taine variété dans le nombre, les attributions et les déno
et des maisons de prostitution146; enfin l'exécution des lois minations des magistratures municipales*. Quelquefois,
somptuaires continuèrent à faire partie des attributions comme à Arpinum, l'édile était le premier magistrat et
des édiles. Mais la cura IwJorum avait passé depuis long l'un des 1res viri, fonction que remplit le fils de Cicéron 5
temps aux préteurs 1M, bien qu'on rencontre encore la ou un des octoviri; dans la préfecture de Peltuinum, lu
mention de jeux offerts volontairement par des édiles1". quinquennalitas se trouve liée avec l'édilité comme occu
Lorsque l'édilité fut exempte de la charge des jeux, et pant le premier rang des honneurs*. Le plus souvent on
aussi des avantages qu'on en tirait, on cessa de la recher trouve des quatuorviri aediliciae potestatis ; mais on doit ad
cher ; les empereurs se virent obligés d'imposer ces fonc mettre, d'après les inscriptions, que ce titre désigne ha
tions aux anciens questeurs ou tribuns lsn; dès lors l'édilité bituellement non pas quatre personnes, mais deux des
s'effaça peu à peu, surtout depuis l'ordonnance de Sévère quatuorviri qui étaient chargés de l'édilité8.
relative aux quaestores candidati [quaestor] 1M. Cependant Les attributions des édiles municipaux, comme celles des
on trouve encore dans une inscription du règne de Gor édiles de Rome, étaient : 1° la aura urbis, comprenant la
dien III. c'est-à-dire entre l'année 238 et l'année 244 de police, la voirie et les bâtiments'. Le traité de Papinien
notre ère, la mention des aediles céréales111; les édiles sont sur l'office des édiles10 paraît avoir eu surtout en vue les
aussi mentionnés dans le Digeste, mais par relation à leur édiles municipaux 11 ; au commencement du troisième
édit, considéré comme faisant partie du droit honoraire153. siècle, l'édilité romaine était en pleine décadence. Ce
G. Hcmbert. texte, auquel nous renvoyons, suppose aussi que les édiles
AEDILES COLONIARIUM ET MUiMCIPIORUM. — Ma- exerçaient une juridiction de police, avec droit de pro
gistrals établis à l'origine dans les villes italiennes, colonies, noncer des amendes contre les infractions à l'édit ou aux
municipes ou même dans les préfectures, pour y remplir règlements sur la voirie, l'alignement, les constructions,
des fonctions analogues à celles de l'édilité romaine. l'inspection des bains1*, etc.; 2° la cura annonae, avec la
13S Lange, p. 73* ; Pomponius, fr. 2, § 32 Dij;. De ont/, jur. I, 2; Dio, XLIII, 51 ; aedilibuSj Kûn'gsbcrg, 182S; HitfTmann, De acdilibus /lomanorum, Berlin, 1842 ;
Sueton, Caesi 41. — 138 Becker-MarquarJt, Handb. der rôm. Altcrth. II, 3, p. 218; Zcdicke, De liomanorwn comitiis aediliciis, Neustrelilz, 1832; Thibaut, L'ber die
Lange,7?6m. Alt. I. p. 734; Gôll. De roi», acdil.sub. cacs. imp. Schlcz.1860.— 13' Dion. Acdilen und das Acdilicischeedikt, in Cioil. Abhandl. p. 131-145; Hansfeldt, De usu
LUI, S. — 1581a,;. Ann. XIII, 28.— «9 Waller, Gesek. d. rùm./lccht. I, § 291 et 292, action, aedil. Lips. 1S27 ; Dirksen, Ciuilistischc Abhandlungen, vol. II, p. 223 el suiv.;
p. 442; Preller, Die Régions d. Stadl Itom, Iena, 1846 ; Heckcr, I, 71, 709-716 ; Nasse, Meletemata depublica cura annonae apud Romanos, Boun, 1852 ; Rudorff,
Sucl. Caes. 30 ; Dio Cass. LV, 8. — »»" Orelli, /inc. I, S ; Preller, l. I. p. 145. — /lôm. Rec/Usgescliichte, I, Î0. 148; II, 421.
1" Suel. Tib. 34 ; Dig. L. S, fr. 12; XIX, 2 ; fr. 13, § 8. — 1« Dio, LV, 26, 31 ; Straho, ABUII.KS COLOKIAIUIM liT MUMCIPIORl'M. 1 Tabul. Beracl.; Waller,
V, 3, § 8 ; Suet. Octat. 30.— 1*3 Dio, LU, 24; LIV, 17. — 1» Suet. Vesp. V; Gesch. des rôm. /ledits, I, § 260 ; Ilaubolcl. Monwn. légal, p. 132 ; Orelli, 3676: Cic.
Dio, XLIX, 43 ; UX, 12 ; Dig. XLIII, 10. — 1» Senec. V». beat. 7 ; Epist. 86 ; Dio, AU famil. VI, 8 ; Itudorir. /lûm. Rechisgcsch. I, S 12 el 81 ; Savigny, Verni. Schrift.
T.L1X, 43; Suet. Tib. 34; Claud. 38.— "« Mari. V, 84; XIV, 1 ; Tacil. Armai. III, 34 j cf. Zuinpt. Comm. epigr. I, S2-92. — * Appian. De bcll. cit. V, 3 et Dio
II, 85 ; Suel. Tib. 34. — 1« Tacil. Annal. III, 52; IV, 35 ; Dio, LVI, 27; LVII, 24. Cafrdus XLVI1I, 12. — 3 Waller, l. I. u° S6i ; Zumpt, Comm. epigr. p. 175-190; Orelli,
— 1*8 Dio, LIV, 2; Tacil. Annal. I, 15. — »9 e«pi . Gm-d. 111. — l'o Dio Cassiu-, 3113 et 3SSS. — * I ecker, Rôm. Altert/t.Hl, 1. p. 351, n. 2290.— 8 Cic. Ad famil. XI II,
LV, 24. — m I amprid. Seo. 43. - Orelli, 977. — l5' Dig. XLIII, 10, fr. unie. 11, 3; Orelli, 571. — « Orelli, 3981 et 1036 ; Zumpt, p. 144. —^ Orelli, 3676. — S Be-
— IlinMOGitipiiiE. Beaufort, La IlcpuliL romaine, IV, 6; Waltcr, Gcschichte des ck r, p. 353 ; Zuinpt, p. 106 à 172 ; Orelli. 3369, 3737.— S Griller, /mer. p. 168, 1 ;
rôm. Rechts. Bonn, 1860, 3* cd. I, g 42, 63, 138, 209, 210, 291, 292 ; Lange, 1(6- Orelli, 3973 ; Fabretli, p. 609, n. 72 ; cf. Waltcr, Gesch. d. rôm. Rechts, I, g 303. —
mische Allerthnmer, Berl., '.'0 éd. 1863, § 80, p. 715 et suiv.; Beckei -Marquardi, //and io hig. 1. un. De via publica, XLIII, 10. ■— 11 Mi^neret, Essai su.- l'ndmin. municip.
buch der rôm. Altcrth. Leipzig, !S40, H, 2, p. 291 el s.; Schubert, De /ioinanorum des Domains, p. 76 — 1» Fr. 30, § 1, Dig. Local. XIX.
AED — 101— AEG
surveillance des poids et mesures, des marchés et des den (or 10 ou d'un magister ". Il y avait aussi des femmes rem
rées qu'on y exposait en vente " ; 3° la cura ludorum leur plissant les fonctions d'aeditua ".
fut également confiée, ainsi que cela résulte de plusieurs Le nom d'aedituus se trouve quelquefois appliqué aux
inscriptions **. gardiens de certains édifices publics, tels que l'atrium liber-
Sous l'empire, et malgré les changements apportés de tatis ou de ceux qui servaient aux réunions des collèges
puis Auguste à l'administration de l'Italie, cette organisa • Des fonctions analogues à celles des aeditui romains
tion et ces pouvoirs subsistèrent en général au profit des étaient remplies chez les Grecs par les îspo^Xaxsç et les
magistrats municipaux, et spécialement des édiles de l'Ita vaosûXaxe; ; on peut en rapprocher aussi les vEtixopot au nom
lie, et dans les municipes ou colonies de province depuis desquels nous renvoyons [neocorus]. E. Saglio.
Hadrien ", mais avec subordination au gouvernement cen AEGAEON [Bhiareus].
tral Ces magistrats étaient encore élus annuellement. AEGIS (Alyf;)) l'égide. — Il faut remonter à l'origine du
Sous l'empire de la loi Julia, ils l'étaient par l'assemblée mot pour comprendre comment s'est formée et dégagée
des citoyens 17 ; il paraît que cette règle fut encore appli graduellement, dans les œuvres de la poésie et des arts,
quée sous Domitien, ainsi qu'on le voit dans la loi muni l'idée de l'égide telle qu'elle est généralement reçue,
cipale de Malaca18, découverte en 1851 et par la men aussi bien que l'attribution qui en a été faite à plusieurs
tion des comices dans les inscriptions19; plus tard, les divinités; l'égide, en effet, n'est pas exclusivement propre
magistrats présentèrent eux-mêmes leurs successeurs à la à Minerve, par qui elle est constamment portée, elle est
curie, sous leur responsabilité", mais la curie pouvait les aussi une arme d'Apollon, de Junon, de Mars peut-être :
repousser. On trouve encore la mention d'édiles munici avant tous, elle appartient à Jupiter.
paux" dans une constitution de Dioctétien et de Maxi Le mot a.lfiç a une double signification : c'est la tempête,
mien. Mais les pouvoirs des édiles étaient alors singulière la nuée orageuse d'où les éclairs jaillissent ; c'est aussi le
ment limités par la création de curateurs spéciaux et par nom des peaux de chèvre dont on faisait des manteaux qui
les progrès de la centralisation ; il leur était interdit de servaient au besoin de cuirasse et de bouclier Par un
construire un édifice public sans l'autorisation préalable du rapprochement * tel qu'on en peut observer à la naissance
prince ou du gouverneur, et même d'y faire des réparations d'un très-grand nombre de mythes, les nuées qui s'a
importantes"; et d'après un fragment d'Ulpien sur l'office massent et d'où sort la tempête sont devenues dans la
du proconsul, celui-ci pouvait même nommer des cura fable l'arme naturelle du dieu souverain, en qui se per
teurs spéciaux à cet effet. sonnifient tous les phénomènes du ciel, tour à tour lu
Les inscriptions mentionnent encore des aediles annonae, mineux ou chargé d'orage [jupiter]. La deuxième accep
des aediles juridicundo praef. aerarii, etc. sS. G. Humbert. tion du mot prévaudra .à mesure qu'on s'éloignera de la
AEDITUUS, et.sous une forme plus ancienne, aeditumus conception primitive. Hérodote cherchera s une origine
et aeditimus *. Gardien d'un temple. — Ceux qui exer historique de l'égide d'Athéné hérissée de serpents, en la
çaient cette fonction, chez les Romains, n'avaient pas comparant aux peaux de chèvre frangées de minces la
un caractère sacerdotal. Leurs soins et leur surveillance nières dont il a vu les femmes de la Libye revêtues.
étaient nécessaires précisément parce que les prêtres, ou Les derniers mythographes diront que Jupiter," dans la
collèges de prêtres, ne venaient au temple pour les actes guerre contre les Titans, s'est fait une arme de la peau de
de leur ministère qu'à des moments déterminés. Il fallait la chèvre qui l'a allaité dans son enfance [amalthea], par
s'adresser aux aeditui pour en faire ouvrir les portes *, ou ce qu'elle pouvait seule lui assurer la victoire *. On en don
pour pénétrer dans quelque partie réservée ; ils servaient nera encore d'autres explications*. Dans Homère, les deux
de guides aux visiteurs3 ; ils demeuraient, en conséquence, idées qu'exprime le mot atvfç ne sont pas encore séparées.
dans le temple même ou dans le voisinage, ainsi que les Quand il nous montre Zeus enveloppant l'Ida de nuages
esclaves ou les employés dont ils se faisaient aider *. A et lançant les éclairs en agitant l'égide 6, ou bien la confiant
leurs fonctions de gardiens, ils paraissent avoir joint l'ad à Apollon ou à Athéné tantôt pour couvrir les héros qu'ils
ministration des biens du temple5; le titre de curalor favorisent, tantôt pour effrayer et disperser leurs enne
'empli se. confond souvent avec celui d'aedituus'. Ils étaient mis 7, les traits dont il se sert laissent indéterminée la na
fort honorés anciennement', et même sous l'empire ils ture de l'arme divine. Cette arme est tour à tour offensive
lurent généralement de condition libre8, rarement de con et défensive : Hephaistos, qui l'a fabriquée, l'a rendue in
dition servile \ comme le prouvent les inscriptions. On en destructible, impérissable, participant de l'immortalité;
voit qui sont réunis en collège sous la présidence d'un cura- elle peut résister aux coups de la foudre même8; elle est
11 Apul. itetnm. I, o. *i, Bd. Bip. ; Petrnn. XLIV ; Pap. fr. 17 Dig. XVI, 2 ; fr. Haut. Cure. I, 3, 48. — > Sencc. Epist. 41 ; Schol. ad Hor. Epist. II, 1, 230; GeU.
13, | s De beat. Di*. XIX, « ; Orelli. 43» ; fr. 3, 9 l. De leg. M. de ann. Dig. VU, 1 ; cf. Orelli, 5732. — » Cic. In Yerr. IV, 44; Suel. Domit. 1 ; Di<r. XXXIII, I,
UVIII, I, 2. — 1» Dirksen, Cin. Ahhnndl. U, p. 171 ; lut. III, 173; Fabrctti, 20. §1.-5 Scrv. Ad Aen. IX, 548; Cic. De harusp. XIV, 31 ; GeU. II, 10. —
lier. II, 220 ; IX, 368. — » Waller, I. g Î70, 800, 304 et 305 ; Orelli, II, • Varr. Ling. lat. Vil, 12 ; P. Diac. s. ». ; Orelli, 2206 ; Mommscn, Insc. regn. JVeap.
m; OrcliMIenzen, c. xvi et index, c. q. — 18 Waltcr, I, g 314. — 17 cic. Pro 4643, 5631. — 7 Serr. I. I. — » Orelli, 1369, 1438, U6«, 1593, 1769, 2146, 2700,
Huent. 8; Tubul. Herar.l. lin. 84, 98, 99, 139 ; Hauliold, Mnnum. leqnl. p. 118, 2*f 0, 2:09, 6101. — » Orelli, 24V», 2145. — 1» Orelli, 24(3, 6100. — U Orelli, 2441.
lit, 127.— •» C. 52. 56,57 ; Giraud, Les tables de Snlpensa, Paris, 1856. — — 1» Orelli, 2444. — « Tit. Ut. XXV, 7. — '» Acta fratr. Are. tab. mv, col. 2,
,s Orelli, n 3701. — » Waller, I, § 301. — SI C. 2. Cod. Si Sermis, X, 32 ; cf. 1. 27; Orelli, 6101, 6443. — HioLioGRArnia. Berker-Marquardt, Ilmidbuch der
Amm. Marc. XXVIII, 6, 10. — " Plin. Epist. X, 34, 35, 46, 47, 58, 59, 85 ; fr. 7. rfimisch. Alterthùmer, IV, p. 1.10; Hein, iu Pauly's Healeneyclopâdie, I, p. 220
S • Dig. De off. proc. I, 16 ; fr. 6 D. De op. puàl. 4, iO; C. I Cod. De txpen». (2- éd. 1802) ; llcnien, in Bullet. dell' Institut, archeol. di lloma, 1859, p. 22.
W. XL, 41. - M Mommsen, C. Disc, 91 1, 6828, 1484, 1489; Kiihn, Stddt. Yerf. I, AEGIS. 1 A';, chèvre, et £gt, tempête. Les deux mots vienneut d'àtcrcw, agiter, qui
a. 57, — Bibliogkapbib. Waller, Geschichte des rôm. Jiechts, 3" éd. Bonn, 186 ', I, s'emploie pour toute espèce de mouYemenl précipita. — * Buttniann, Ùber die Eut-
55 «4, 151, 26!^ 264, 270, 300-5, 314, 395 ; Becker-Marquardt, Hmdbuch der rom. Stehung der Stembilder, Abhandl. der Berlin. AUad. 1826, p. 40; Laucr. Syst. der
Alttri». Uiniig, i85i, m, p. 353 ; Savigny, Geschichte des rôm. Hechts in Mit griech. ilyth. p. 191. — » IV, 189.-» Schol. Hom. II. XV, 229 ; II, 157; Hyg. Poem.
»kUer,\, ï; Zumpt, Commentationes epigraphicae, 1850; Ktihn, Stâdtische Verfas- astr. Il, 13 ; Scrr. Ad Aen VIII, 354. - » Diod. 111,69 ; Cic. De nat. deor. III, 23, 59 ;
'wj <*« rom. Rcichs, I, 36, 56 et s.; Leipzig, 1864. Clem. Protr. p. 24 p. ; Txelx. Ad Lycapltr. 333. — « 11. XVII, 595 ; IV, 10s ; Vire.
AEMTUis. I Varr. De Wig. lat. VII, 12 ; VIII, 61; De re rust. I, 5; et ap. Aen. VIII, 354. - 7 //. XV, 229, 306, 316, 360; V, 930; XXIV, 20; Od. XXII, 297;
Wi.XII. IDjQrdii, itlb;<f. Lucrct. IV, 1273: Acdiluentca > Tit. Liv. XXX, 17; llcsiod. Seul. Herc. 343 ; Aesch. Eum. 825. — 8 /(. Il, 447 ; XV, 30»; XXI, 401.
AEG — 102 — AEG
sombre, terrible et porte partout l'effroi; elle est hérissée leur bras à défaut de bouclier 16, et aux chasseurs, qui n'a
comme une toison.bordée d'une frange d'or comme le nuage vaient pas d'arme défensive [culamys, venatio] ; mais par
que percent les rayons du soleil ou qui lance l'éclair8.
Ces images n'ont pas la précision habituelle des des
criptions homériques. Elles ne laisseraient pas dans l'esprit
l'idée nette que nous nous faisons de l'égide, si cette idée
n'v était gravée déjà par les représentations si nombreuses
dans lesquelles l'art a achevé d'en arrêter la forme. Dans
les plus anciennes que nous possédons, l'égide, portée par
Athéné, a l'apparence d'un manteau qui couvre la poi
trine, les épaules, et tombe der
rière le dos jusqu'à mi-jambe.
Telle on la voit dans une très-
ancienne slatue de cette déesse
(fig. 1-40) découverte à Athènes, et
que les antiquaires croient être
l'œuvre d'Endoeus dont parle Pau-
sanias10. Des trous indiquent sur Fig. 142. Athéné et Encelade.
les bords du manteau les places l'énergie du geste et par le mouvement des serpents qui
où étaient fixés les serpents d'ai se dressent, ils ont fait de l'égide ce qu'elle est dans plu
rain qui lui servaient de franges; sieurs passages de Ylliade, une arme offensive, qui ne se
et sur la poitrine on remarque une confond pas avec le bouclier dont souvent la déesse est
proéminence à laquelle était sans en même temps munie; ce bouclier est quelquefois lui-
Flgr. 140. Athéné d'Endoeus. aucun doute attachée une tète de même bordé de serpents
Méduse. Nous rappellerons en La comparaison des nombreuses figures d'Athéné, qu'on
core11 la figure de la même déesse placée au centre du fron trouve sur les vases peints, est
ton du temple d'Égine, la métope du temple de Sélinonte, particulièrement utile pour l'é
où on la voit combattant et ren lude des transformations qu'a
versant Encelade, et les peintures subies l'égide18; on peut aussi
d'un grand nombre de vases. La s'en rendre compte en exami
figure 141 reproduit une remar nant quelques-unes des plus
quable pierre gravée de travail remarquables statues conser
étrusque très-ancien, où l'égide a vées dans les collections. La
pareille forme. C'est un manteau forme primitive se modifie no
garni au bas de glands ou de tablement. Les dimensions de
houppes (Oôuavoi) et bordé sur les l'égide se réduisent de plus en
côtés de serpents. C'est ainsi que plus, et elle s'ajuste plus étroite
lé*s artistes traduisirent les images ment au corps. Elle couvre les
Fig. 141. par lesquelles Homère avait ex épaules, la poitrine et, retom
primé l'épouvante que l'égide ré bant par derrière, est nouée à la
pandait partout, en disant que la Fuite, la Discorde, la ceinture au moyen de serpents Fig. 143. Minerve d'Hcrculanum.
Force, la Poursuite l'environnaient". Dans le même en qui servent de liens, dans de
droit, le poëte ajoute qu'on y voyait la tête affreuse de la très- anciennes statues de la villa Albani 18 et du musée de
Gorgone [gorgones], trait essentiel clans les représenta Dresde et dans celle du Louvre, moins ancienne, qui est
tions de l'égide, qu'on ne rencontre pas toutefois dans quel connue sous le nom de Minerve au collier sl. La forme pri
ques unes des plus anciennes, par exemple, dans la pein mitive est encore reconnaissable dans des œuvres d'un âge
ture d'un vase du musée de Rouen, trouvé à Voici, dont avancé, telles que la Pallas de Velletri où elle n'est plus
le sujet est le combat d'Athéné et d'Encelade La déesse qu'une sorte de collet couvrant les épaules et fixé devant le
renverse le géant en agitant l'égide (fig. 142). Dans cette col au moyen du masque de la Gorgone qui sert d'agrafe ;
peinture, comme dans une statue célèbre trouvée à Her- le véritable manteau est jeté par-dessus et couvre entière
culanum ,!(fig. 143), et dans d'autres exemples encore, l'é ment l'épaule gauche. D'autres sculptures nous montrent
gide est un manteau ramené en avant par le mouvement l'égide agrafée sur l'épaule comme une chlamyde ou comme
du bras gauche qu'il protège. Les artistes ont imité un une nébride [cnLAMYS, nebris] ; telle on la voit dans les belles
geste familier aux combattants, qui enveloppaient ainsi statues des galeries de Dresde et de Cassel*3 (fig. 144); dans
» II. I. I. cl V, 733 ; XVlll, 204 ; XXI, 400. — 10 Paus. I, 28. 4; Rangabé, l'Inst. arch. II, pl. E, ïi ; Vieseler, Denkmâl. der ait. Kunst, II, 213, 21 ; sur une
Ant. Hellen. 22; Gerhard, Minervenidole Athens, I, 4; Lebai, Voyage en pierre gravée : Panofka, in Abhandl. d. Berlin. Akad. 19M, laf. ni, 3 ; Wieseler,
Grèce, Jlonum. figurés, \\ ( \ ; Beulè, Sculpt. avant Phidias, p. 100 -, O. Jahn, De l. 214. — 18 Ruhl, in Dergks und Cûsar's Zeitschrift far Alterth. (848, p. 105,
antiq. Minervce simulacr. atticis, p. 3, tab. I, 3. — H Expéd. de Morée, III, 113. — 18 Winckelmann, Mon. ined. p. 1, n. 17 ; Huiler -Wieseler, Denkm. d. alten
pl. lviii et s.; Mullcr-Wieseler, Denkm. der alten Kunst, I, t. ti , 8 ; Serra- Kunst, 1, 34. — 10 Becker, Augnstewn, pl. îx; Muller-Wiesekr, /. /. 36. —
difalco, Anlich. di Sicilia, II, (av. nxi ; Mullcr-Wieseler, /. I. I, 230; HittorfT, *l Xotice de la sculpt. antiq. 1869,n. 112; Bouillon, Musée des antiq. I, 25 ; Clarac,
Arch. de la Sicile, 4e lirr. — 15 Millin, Pierres gravées, pl. mi ; Wieseler, Musée, pl. ccciii, 846; Muller- Wieseler, /. I. II, 211. — *« Notice de ta sculpt.
Denkm. der ait. Kunst, II, (af. n, Î16". — « II. V, 738 et s. — « Lenorn ant et n. 114; Bouillon, Musée, I, 23; Clarac, Musée, pl. cccxi, 851; Muller-Wieseler,
de Witte, Élite des mon. cêramograph. I, pl. nll. — 15 jiillingen, Vned. Monum. /. I. II, 204. — 23 Becker, Augusteum, 14; Bouillon, Musée, I, 24; Musée royal,
•ér. II, pl. «1. — 16 Faus. IV, II, 3. — 1' Sur des monnaies : Pellcrin, Ace. de t. II, pl. vu ; Dergk's und Casar's Zeitschrift, 1846, taf. m, 2, et pl. ctj
méd. pl. civ, 4 ; Lcn rmant, Xouv. Caler, myth. pl. uni, 9 ; New. Annal, de Kuller-Wieieler, (. Il, 210.
AEG - 103 — AEG

d'autres encore, au Louvre au Vatican ,!, où elle se ré général, le gorgoneion placé sur les armes ou sur d'autres
duit à une bande étroite passée en travers de la poitrine objets [amuletum]. D'autres offrandes du même genre
comme une écharpe ; ou bien elle a l'apparence d'une cui étaient conservées dans l'acropole **. On peut se faire une
rasse, quelquefois enserrant le buste, plus ordinairement idée de ces égides séparées de l'image de Pallas, par celles
consistant en deux pectoraux réu qu'on voit sur quelques monnaies ** , ou mieux encore, par
nis par la tête de Méduse. Dans celle qui est sculptée à la face inférieure de l'admirable
toutes ces œuvres d'un art per coupe d'onyx connue sous le nom de Tasse Farnèse, qui
fectionné, l'égide n'a plus rien de est au musée de Naples (fig. 145) M. — L'égide était portée
la peau de chèvre primitive; elle en certaines circonstances 31 par les prêtresses d'Athéné.
est couverte d'écaillés ; il est bien Les figures de Jupiter portant l'égide sont beaucoup
rare que l'on n'y voie pas le mas plus rares que celles d'Athéné ou de Minerve. La plus re
que de la Gorgone, qui rappelle la marquable, sans aucun doute, est celle qu'on voit sur une
victoire d'Athéné, et dont l'origine pierre gravée célèbre du musée de l'Ermitage '*, signée du
doit être cherchée plus loin en nom de Neisos. Jupiter jeune, sans barbe, tient le foudre
core, dans la signification pre dans la main droite, et autour de son bras gauche est en
mière du gorgoneion, et dans les roulée l'égide, dont l'aspect répond ici à son caractère pri
rapports ou l'opposition qui existe mitif (fig. 146). On voit encore Jupiter ayant pour attribut
entre cette représentation lunaire l'égide sur d'autres pierres gravées, parmi lesquelles nous
et la déesse de l'éther lumineux. citerons seulement le beau
rtf. 144. Miner™ de Cassel. Dans des rapports analogues avec camée de la bibliothèque de
les phénomènes célestes se trouve Saint-Marc, à Venise **, et
aussi l'explication des étoiles, du croissant ou de la demi- dans quelques rares statues".
lune dont l'égide est quelquefois ornée M. L'image de la Une d'elles , très - mutilée ,
Gorgone était en quelque sorte inséparable de celle mais dont l'égide jetée sur
d'Athéné, et l'épithète de -topySmic. est attachée à son nom, l'épaule gauche comme une
comme celui d'alyto/o; l'est au nom de Zeus. légère draperie, est bien con
L'égide avec la face du monstre, même sans être portée servée , a paru à un habile
par la déesse, lui servait d'attribut et de symbole. A l'acro- antiquaire être une statue
d'Apollon, parce qu'elle s'ap
puie sur un palmier, et dans
cette circonstance il a trouvé
un de ses principaux argu
ments pour soutenir, du reste
avec beaucoup de vraisem
blance, que l'Apollon du Bel Fig. 146. Jupiter armé de l'égide.
védère devait tenir de la
main gauche une égide, opinion qui a donné lieu à de sa
vantes controverses M, et conforme, comme on l'a vu, à la
tradition homérique. Une statue d'éphèbe, dont il ne reste
que la tête et le buste, au musée de Madrid M, remarquable
par l'égide qui couvre son bras gauche, a été prise pour
une image d'Arès ; mais cette conjecture ingénieuse, qui
a été développée avec un grand savoir37, aurait besoin d'être
confirmée par la découverte d'autres monuments analogues
Enfin nous devons au moins rappeler ici que la fameuse
Junon de Lanuvium était représentée couverte d'une peau
de chèvre, véritable égide, dont la tête lui servait de cas
que et qui retombait derrière elle comme un manteau
[JUNOI,.
Fig. 145. Égide de la tasse Farnèse. L'égide se voit encore sur des camées et sur des mon
pôle d'Athènes", qui lui était tout entière consacrée, une naies accompagnant les portraits de personnages histori
égide colossale, présent d'Antiochus, avec la tête dorée'de ques. L'attribut de Jupiter est devenu un insigne de ta puis
Méduse, était suspendue au mur méridional, sans doute elle sance souveraine. Les Lagides, en Égypte, semblent l'avoii
y devait servir d'amulette protectrice, comme l'était, en les premiers adopté M. C'est sur des médailles de Ptolémée

*• Xotice de la seulpt. 1S69, n. 121 ; Clarac, Musée, pl. cccxx, 871 ; Bouillon, Gai. myth.pl. uxi, 261; Sicphani, Apoll. Boëaromxos, pl. iv, 3; Muller-Wieseler,
Musée, 1. 111, suppl. 1, 1 ; Muller-Wiescl r, l. I. II, 217. — » Mus. Chiaramonti, Denkm. II, 24. — 31 Lenormant, Noue. Gai. myth. pl. vi. 1 ; Visconli, Op. varie.
l. tav. xiv. — M Gerhard, Antik. Bildw. pl. nu ; Id. Vasenbild. III, pl. ccxvin ; 1, t. xvi ; Muller-Wieseler, l. I. II, 5.-3» Clarac, Musée, pl. ccccx o, n. 68 1 »;
Mus. Gregorian. I, tat. xxxiv et xliii ; Weleker, Gr. Gôtterlehre, I, p. 305 et s. Hiibner, Antik. Bildio.in Madrid, p. 36, 37, n. 5; Januseu, Gr. rom. mon. 1, pl. lu ;
— »" Pau«. I, 21, 4 ; V, 12, 4. — «« Ross, Arch. Aufsâtze. — R. Rochelle, Mon. ined. del. Inst. arch. III, taT. n; Stephani, I. /. pl. it, 4 et 5. — *> Stephani,
Mon. inéd. Od;s». p. 337, vignette ». 10, et p. 308, ï; De Luynes, Choix de 1. 1. p. 30 et s. ; Id. Parerga arch. XXV et Bull, de VAead. de Pétersh. 1862, p. 55 ;
roetf. pl. m, 3 ; Hillingcn, Considérât, p. 112, cl Suppl pl. i, 5, p. 7; Minerviui, Wtaeler, Apoll. Strogano/f, Gôlling. 1862; Id.in Philologus, 1861, p. 216; Weleker,
Soggio ii osserv. p. 118, pl. II, 14-16. — *> Mus. Dorb. XII, pl. xlvii ; Maffej, Arch. Zcitwig, 1S62, p. 331; O. Jaho, Ibid. p. 213, 37»; Pyl, Ibid. 1863, p. 351 ;
Mus. Yenn. tjb. ult. ; Cargiulo, Ilaccolta de' mon. del Mus. Borb. I, t. U, 30. Stork, Berichte d. sâchs. Gesellsch. 186», p. 173 et a. — M Hiibner, Ant. Bildw. in
— 31 Sui 1. 1. v. Ai-iç ; Zonar. Lexic. p. 77 ; Paroemiogr. I, 39ï. — 32 Pierres gr. Madrid. — 37 Stark, /. I. — 38 visconti, /con. grecq. pl. lui ; Lenormanl. Très, de
in due i'Oiléms, II, pl. mu; Winckclmann, Mon. ined. pl. n; Guigniaul, Xuuu. ira»». Icouogr. des emper. p. 9 ; Muller-Wieseler, Denkmàler, I, 226-.
AEG — 104 — AEN
Soter qu'on la remarque d'abord. Elle ne paraît pas sur les potame ou un crocodile, et quelquefois des enfants qui re-
monnaies des premiers Césars, mais bien sur leurs camées,
comme, par exemple, sur celui du cabinet de Florence, ici
réduit de moitié (fig. 147), où Auguste est représenté avec
l'égide, la tête ceinte
du bandeau et tenant
le sceptre 39 ; sur le
grand camée de Pa
ris40, Tibère, ou l'em
pereur quel qu'il soit
fig. 149 L'Égvpte. Fig. 150. Le Nil.
qui occupe la place
principale, tient l'é présentent les degrés de la crue des eaux qui fertilisent le
gide, non plus comme pays4. E. Saglio.
une armure sur la AEI.NAUTAI ('AeivauTat). — Ce nom, qui signifie littéra
poitrine ou sur son lement toujours naviguant, fut donné à une assemblée des
épaule, mais comme plus riches citoyens de Milet, qui avait coutume de ne se
une draperie étendue réunir que sur un vaisseau, auquel on faisait gagner le large.
sur ses genoux; peut- Plutarque, qui nous a instruits de ce détail nous apprend
être est ce un sym que les eUtvaûTai étaient les chefs d'une faction appelée
bole de la paix donnée IIXouti'î, à cause de sa richesse, ou, suivant une autre le
au monde. Une statue çon, nXovTt, à raison des vaisseaux qu'elle possédait, et
Tiff. 147. Auguste. en bronze de Caligula, qui renversa l'ancienne royauté à l'époque où des révolu
trouvée à Pompéi a tions semblables s'accomplirent presque partout (au vic siè
l'égide sur l'épaule ; Claude la porte ainsi agrafée dans le cle avant J.-C. '). G. Humbert.
monument de son apothéose, au musée de Madrid **. On AENEAS, A'vEi'otc, Énée. — Héros troyen, fils d'Anchise,
la voit sur des monnaies d'Alexandrie à l'effigie de Néron, roi des Dardaniens, et d'Aphrodite. Il faut distinguer à son
et la première monnaie romaine sur laquelle elle apparaît sujet trois ordres de traditions.
est un denier d'or de Galba; on la remarque ensuite sur Traditions homériques. — Elles comprennent ce qui est
les monnaies ou sur les camées de plusieurs empereurs w.
dit d'Énée dans l'Iliade et dans l'Hymne à Vénus. Ho
E. Saglio. mère fait naître Énée sur le mont Ida, où l'hymne homé
AKGYPTUS. — L'Égypte est personnifiée ou désignée rique nous dépeint les amours du roi pasteur Anchise avec
par des symboles sur un certain nombre de médailles ro la déesse Aphrodite '. D'après la tradition suivie dans
maines. Octave, le premier, après la réduction de ce pays, l'Iliade, Enée fut élevé dans la maison d'AIcathous, mari
rappela cette conquête sur ses monnaies. Un crocodile, avec de sa sœur Hippodamie \ D'après l'hymne à Aphrodite,
la légende aegypto capta, en est l'emblème sur un denier les nymphes de l'Ida furent chargées de son éducation
d'or frappé en l'an 29 avant Jésus-Christ, deux ans après la jusqu'à ce qu'il eût atteint l'âge de puberté '. Pasteur sur
bataille d'Actium (fig. 148)'. On voit au droit la tête d'Oc l'Ida comme son père, Énée fut un jour attaqué par
tave et l'indication de son Achille et dut fuir devant lui, tandis que le héros grec
sixième consulat. L'hippo emmenait ses bœufs et les chassait jusqu'à Lyrnesse \
potame, le sphinx, l'ibis, le Quoique parent des princes troyens", il n'avait pris d'abord
lotus, le sistre sont encore aucune part à la guerre. 11 vint cependant à Troie et y com
des symboles de l'Egypte battit à la tête d'une troupe de Dardaniens 8. Il y fut en butte
sur les médailles. L'Egypte à la jalousie de Priam, qui ne lui rendit aucun honneur 1 ;
elle-même a été personni niais le peuple l'honora comme un dieu 8. Enée est
Fig. 148. Denier rappelant la conquête
de l'Egypte. fiée quelquefois sous les l'Achille des Troyens. Comme Achille, il est né d'un mor
traits d'une femme. On la tel et d'une déesse; comme lui, il est rapide à la course 9;
voit sur des médailles d'Hadrien *, à demi couchée, ap comme lui, il a des coursiers de race divine pour le con
puyant son bras gauche sur une corbeille remplie de duire au combat 10. Énée est un objet de jalousie pour
fruits, et tenant un sistre dans la main droite ; un ibis est Priam comme Achille pour Agamemnon. Énée combattit
perché sur son pied ou sur un cippe placé devant elle. Au- contre Diomède, qui le blessa d'un coup de pierre ; il fut
dessus on lit son nom : aegyptos (fig. 149). On voit sur d'au secouru dans son danger par sa mère Aphrodite, qui le
tres monnaies (fig 150)' le Nil dans la même attitude, couvrit de son manteau et l'emporta de la mêlée ". Plus
figuré, comme le sont ordinairement les fleuves, sous les tard, il se mesura avec Achille lui-même en combat sin
traits d'un homme barbu ; il tient une corne d'abondance, gulier". Cette fois encore il fut sauvé par une interven
un roseau ou une lige de sorgho, et a près de lui un hippo- tion divine : ce fut Poséidon qui vint à son secours et qui
V* l.oiiormaut, /. /. pl. r, 1. — *0 i.hahouillet, Catalog. des camées, 188; Le- AKGYPTL'S. t D'après un exemplaire du Cabinet de France. — * Ois 1, A'im.
□onnant, /. /. pl. xu ; Mongez, ïcon. rom. pl. xxvi ; Muller-Wieselcr, Denkmàler, select. XXXI II, 10; Guigniaut, fVowv. Gai. myth. pl. cl bis, 578; Cobeu, Monn.
I, 318. — « Clarac, V, pl. (133, n. mi, _ lî llùbncr, Ant. Bildw. in Madrid, imper. Il, Adrien, 638. — s Zuëga, Atim. Aeij. imp. tab. iv et ti ; r.u'uniaut,
D. 201 ; Bartoll, Admiranda Itom. t. afl. — Leuornianl, l. I. pl. xiv et s. ; .Millin fi'ouv. Galer. myth. pl. cxxxiv, 519, 520 ; Coh u, Op. I. Adiien, 981-991. — * Lu-
Gai. mytltùl. etXXXI, n. 680; Clarac, VI, pl. 1063, n. 3305 ; pl. 1003, n. 33S3. — cian. Ilhet. prace. 6 ; Philos'r. Imag. I, * ; Welcker, Ad h. I.
Kiiliogràpiiix. Facius, Collectaneen zur Alterthumsknndc, 1805, p. 121 ; O. Muller, AKIJCAUTAI. 1 Quacst. Gr. 32. — » Wachimuth, llellcn. Alterth. p. 391 et 495.
Handbuch der Archéologie der Kuut, 2" éd. 1848, § 368, 5; PreHer, Griech. My AENEAS. 1 //. Il, 82 ' ; Ilymn. in Yen. 43 sq. — « //. XIII, 428, (65. — » Hymn.
thologie, I, p. 9», 152, 2e M. 1860 ; Stcpbani, Apollon Dotdromios, St-Péicnb. 186»; 255, 27 t. 285. — > /(. XX, 91, 9?. — 5 //. XX, 2l5-2il>. —* 11. II, 819. — 1 II. XIII,
Wieseler, Der Apollon Slroganoff und der Apollon des Bcloedcrc, Gûlting. 1862: 461 ; XX, liî, 183. — 8 //. \l, 53. _ 9 //. XXIII, 482. — 1° II. V, 263. — " II. V,
•Mark, Ares Soter. i:\ Derichle der sâchs. Gesellsihaft, Leipzig, 1864, p. 173. 312 sq. — u //. XX, 82 sq.
AEN — 105 — AEN
lui conserva la vie, parce que la postérité d'Énée devait, anciens par des légendes et des usages locaux, particuliè
par l'ordre du Destin, remplacer sur le trône la race con rement par des temples et des cérémonies en l'honneur de
damnée de Priam '*. Homère fait d'Énée un favori des sa mère Aphrodite, par les lemples qui lui étaient consa
dieux, un héros prédestiné ; mais il ne fait aucune allusion crés à lui-môme, par son tombeau qu'on montrait en maint
à son émigration ; au contraire, il regarde ses descendants endroit so.
comme appelés à régner sur la Troade. Stésichore (643-560 av. J.-C.) passe pour le plus ancien
Traditions post-homériques. — Apollodore donne à Énée auteur grec qui ait fait voyager Énée vers l'Hespérie
un frère du nom de Lyrus, né comme lui des amours d'An- (Italie). Après lui, Aristote et Callias parlèrent de l'origine
chise avec la déesse de la beauté Sa femme est appelée troyenne du Latium ; mais ce fut Timée, historien contem
Eurydice par Leschès et par le poète Cyprien 1!. D'autres la porain de Pyrrhus, qui raconta le premier la légende d'É
nomment Créuse et la croient fille de Priam et d'Hécube 16. née telle que nous l'a transmise la tradition latine". La
Dans la tradition grecque, Créuse fut faite captive par les puissance des Romains fit prévaloir la tradition à laquelle
Grecs, puis délivrée par la mère des dieux et par Aphro ils rattachaient leur origine; Pausanias ne doutait pas que
dite 1T. Suivant les Cypriaques 18, Énée, sur l'ordre d'A le Palladium, cette statue fatale dont dépendait la fortune
phrodite, avait accompagné en Laconie Paris, qui s'y ren d'Ilion, n'eût été porté en Italie 3S.
dait pour enlever Hélène. Sa valeur à la guerre est attestée Traditions virgilier.nes. — Parmi les auteurs latins,
parHygin, qui lui attribue d'avoir tué de sa main vingt- Naevius, Ennius, Caton dans ses Origines, Fabius Pictor,
huit ennemis ; Hector seul, parmi lesTroyens, en avait tué Cicéron dans ses Verrines, ont adopté cette légende d'Énée
davantage 19. On diffère sur ce qu'il fit lois de la catastro en Italie. La gens Julia reconnaissait Énée pour son au
phe qui mit fin au royaume de Priam. Si l'on en croit teur. Le sénat romain avait lui-même consacré cette
Arctinus, dans son po&me de la Destruction de Troie, tradition, l'an 282 avant J.-C, en reconnaissant des frères
Enée, épouvanté de la mort tragique de Laocoon et de ses dans les habitants d'Ilion33. Virgile, à son tour, s'en em
(ils, se serait réfugié sur l'Ida avec ses compagnons *°. D'a pare pour en faire l'épopée nationale des Romains. Il
près une version, unique d'ailleurs, il aurait livré Ilion aux traduit, en la modifiant, la prophétie homérique sur la
Grecs, de concert avec An ténor M. Selon d'autres auteurs, grandeur future des Énéades3*. Il n'a garde de négliger,
loin de trahir ou d'abandonner la ville, il se retrancha dans dans les traditions postérieures, la piété d'Énée, mais il en
la citadelle, s'y défendit vaillamment et obtint pour lui et fait, au contraire, le trait dominant de son héros (pius
les siens une capitulation honorable u. D'après Leschès, Aeneas). Dans l'Énéide, après avoir défendu contre les
dans la Petite Iliade, Énée, fait prisonnier par les Grecs, fut Grecs jusqu'à la fin Troie embrasée, Priam étant mort, le
donné à Néoptolôme, fils d'Achille, et emmené par lui sur pieux Énée charge Anchise sur ses épaules, lui confie ses
la flotte grecque, où il devint le compagnon d'esclavage Pénates, et quitte la ville avec sa femme Créuse et Asca-
d'Andromaque, la veuve d'Hector I3. Ceux qui veulent qu'il gne son fils. On sait comment il perdit sa femme en che
se soit défendu et qu'il ait obtenu, par une capitulation, la min :• dans un poëme d'Ovide, Didon le lui reproche
liberté pour lui et les siens, ajoutent un trait qui a valu à comme un abandon volontaire 3S. Parti d'Antandros avec
Énée son grand renom de piété. Ils disent que les Grecs vingt vaisseaux, Énée bâtit d'abord une ville en Thrace et
lui permirent, de même qu'à ses compagnons, d'emporter lui donne son nom ; il va ensuite à Délos consulter Apol
ce qu'ils voudraient de leurs biens : les autres se chargèrent lon. L'obscurité de l'oracle lui fait croire que le dieu l'en
d'or et d'effets précieux; pour Énée, il prit son père vieux voie s'établir en Crète : il s'y rend et tente d'y fonder
et infirme, qu'il chargea sur ses épaules, et avec son père une ville, mais il est arrêté dans son entreprise par une
ses dieux, à la grande admiration des Grecs ,k. Tandis que épidémie. Un nouvel oracle, qui lui vient cette fois de ses
d'après une tradition fort ancienne, Énée aurait fondé dans Pénates, lui indique clairement l'Hespérie comme le but
le même pays un nouveau royaume avec les débris du de son voyage36. Après une navigation longue et péril
peuple troyen œ, de nombreuses légendes, qu'il n'est pas leuse, Énée aborde en Sicile au pied de l'Élna. Anchise
possible de toutes rapporter ici, le font errer avec ses com meurt à Drépane. Comme il cherche à gagner l'Italie, Énée
pagnons dans différentes contrées : en Macédoine, où une est jeté par une tempête sur la côte d'Afrique. Ici se place
ville d'Aineia le reconnaissait pour son fondateur et célé le fameux épisode de Didon. Le héros, après s'être oublié
brait chaque année un sacrifice en son honneur86; en La quelque temps, quitte furtivement Carthage et reprend,
conie, où il fonde également deux villes, pendant qu'An- non sponte, sa roule vers l'Italie. Il aborde encore une fois
rhise va mourir en Arcadie, où, du temps de Pausanias, on en Sicile et va célébrer des jeux funèbres sur le tombeau
montrait encore son tombeau au pied du mont Anchisius". de son père, dans un pays habité par une colonie troyenne,
L'une de ces villes fondées par Énée s'appelait Aphrodisias, littorafida fraterna^.Cc tombeau d'Anchise est placé par le
du nom de sa mère ; l'autre Êtis, du nom d'une fille que poète latin au pied du mont Éryx, fameux, comme on l'a vu
mentionne Pausanias et dont il ne dit rien de plus w. Près plus haut, par son sanctuaire d'Aphrodite, dont Pausanias
du mont Anchisius était un temple d'Aphrodite **. Son indique la place au pied du mont Anchisius, non loin d'un
séjour en beaucoup d'autres lieux, sur la côte orientale de temple de la même divinité. Suivant Virgile, ce fut Énée
l'Adriatique, en Sicile, et ailleurs, était attesté pour les lui-même qui bâtit sur le mont Éryx ce temple à sa mère 3S.
15 /(.II. 303 sq.; cr. Hymn. in Von. 197. — '» Dibl. III, 12, 1. — '5 Pausan. X, — «9 ld. VIU, 12.— *> Dion. Hal. I. 49 et sq.; Hcync, Excurs. ad Aeneid. III (De
î». — l'Apollod. III, 12, 5; Hygin. Fab. ic. — " Pausan. X, 26. — '« Procl. Aeneae erroribus), et Exc. I, ad Aen. V ; Klausi'n, Aeneas und die Penaten, I,
Ckrestom. dans les Cycl. fragm.; r. aussi Uom. carm. éd. Didot. p. 581.— Hygin. p. 315 et suiv. ; Rùckcrt, Troja, p. 249 et s.; O. Huiler, Causne fabulue de Aeneae m
Fab. ai. — ta Cycl. poel. fragm. Didot, p. 584; Dion. Halic. I, 47. — " Dion. Italiam adventu, in Classical Journal, 1822, vol. XXVI, p. 308. — *• Schwegler,
'• ; cf. ScW. Iliad. III, 206; Soph. ap. Stiab. p. 603. — » Diod. Sic. Fragm. Ilôm. Geschichte, I, p. 279 ; Preller, 116m. ilythol. p. 668 (trad. franç. p. 441);
'.Exetryt. fa et Const. Porph.) cd. Didot, p. 548 ; Dion. Halic. I, 46. — Ampère, JJist. rom. à Home, t. I, p. 188, 189. — 3« Pausan. H, 23.— lleyuc,
"lUad.yarc. fragm. 16 (Cycl. fragm. Didot, p. 497).— •* Xen. Vcnat. I, 15; Diod. l. I.; Benoist, Œuvres de Virgile (1869), t. II, Introd. p. xxvii ; Ampère, /. c.
I.; htàn. Bist. var. III, il. — »» Dion. liai. I, 47, 48, 53. — se Tit. Liv. XL, 4 ; — » Aen. III, (17; cf. //. XX, 307. — M Epistol.W, S3, 8». — M Aen. M, 164 sq.
XL", 10, 35i Won. liai. I, 49. — 27 pauwn. III, Sî VIII, li. — « Id. [II, 22. — 37 Aen. y, 23, 24. — 38 Aen. V, 759.
1. H
AEN — 100) — AEN
L'incendie des vaisseaux par les femmes troyennes, lasses comme nous l'avons dit, par les écrivains romains qui la
d'une trop longue navigation, peut montrer comment le fixèrent peu à peu, Virgile la prit de leurs mains pour la
poëte latin savait s'approprier, en les transformant, les marquer du sceau de son génie, en faire le centre de tou
traditions différentes de celle qu'il avait adoptée. En effet, tes les traditions sur les origines de Rome, le résumé vi
cet incendie est emprunté à une tradition sur la fondalion vant, savant, et poétique de son histoire primitive u.
de Rome qu'on peut lire dans Plutarque "9. Averti par An- Le caractère sacré dont Virgile a revelu son héros a
chise, qui lui est apparu en songe, Énée laisse en Sicile les été mis en relief par M. Fustel de Coulanges 4!. Ce n'est
femmes et ses compagnons les moins hardis et se dirige pas un simple héros ; c'est un pontife, c'est le penatiger,
vers l'Italie avec une élite virile. Il aborde à Cumes, visite le fondateur saint d'un culte et d'un empire. Les Romains
l'antre de la sibylle, et, conduit par elle, va chercher aux le comprirent ainsi : ils lui attribuaient l'usage observé
enfers de nouveaux oracles. Enfin, après sept ans de na parmi eux de sacrifier aux dieux la tête couverte *7. Il fut
vigation et d'aventures, il aborde aux rivages du Tibre, môme dieu. Une identification se fit entre le héros troyen
où Latinus l'accueille et lui donne en mariage sa ûlle La- qui avait porté dans le Latium les dieux d'ilion et le dieu
vinia. Turnus, roi des Rutules, amant déçu de Lavinia, fait principal de la confédération latine, le Pater indiges dont
;\ son rival une guerre acharnée, qui se termine par un le culte était en relation intime avec celui des Pénates. Le
combat singulier entre le chef étrusque et le héros troyen. centre de ce culte était à Lavinium et aux bords du Nu
Ainsi finit l'Enéide. — La tradition suivie par Ovide *° est micius; de là sa confusion avec le culte d'Énée disparu
la même, à quelques détails près, que celle de Virgile. Le mystérieusement sur les mêmes rives
poëte des Métamorphoses complète le récit de l'Énéidc par Il nous reste à parler des monuments concernant Énée.
la disparition mystérieuse d'Énéc, noyé dans le Numicius Il y avait à Argos une statue d'Énée en bronze"; à Olym-
pendant la bataille, et par l'apothéose du héros dont la pie, on voyait son image faisant partie d'un groupe, œuvre
vertu avait fini par désarmer Junon, son implacable persé de Lykios, représentant des héros grecs et autant de héros
cutrice. Un temple lui est élevé sur le Numicius, et il est troyens combattant M. Parrhasius le peignit en compa
honoré sous le nom de Jupiter indiges *'. gnie de Castor et Pollux Auguste plaça dans son
Il est intéressant d'étudier avec Klausen, Schwegler, forum le groupe d'Énée portant son père Anchise5*. Les
Preller et les autres savants qui ont approfondi ces origi statues d'Énée et de Créuse décoraient le Zeuxippe M, ces
nes a la formation de la légende romaine d'Énée. Cette thermes de Constantinople qu'un incendie détruisit sous
légende contenait un élément religieux qui contribua Justinieu.
beaucoup à sa propagation. 11 s'agit du culte d'Aphrodite Un grand nombre de monuments subsistant encore re
Aineias (c'est-à-dire favorable) répandu sur tous les riva tracent différents faits de l'histoire d'Énée. Sa fuite de
ges grecs de la Méditerranée, et précisément sur la route Troie et son dévouement filial font le sujet d'un assez
qu'Énée était censé avoir suivie pour venir de Troie dans grand nombre de peintures de vases d'ancien style"; on
le Latium. Cette Aphrodite troyenne et asiatique, dont le le voit aussi sur deux vases qui appartiennent à la belle
nom mémo indique l'étroite parenté avec Énée, était une époque, l'un de la fabrique de Nola (fig. loi), acluellemen t
déesse marine de la navigation ; il n'est pas étonnant de
la voir honorée dans les ports de mer où divers auteurs
nous signalent son culte. On trouve ses sanctuaires, d'a
bord sur le golfe salonique, puis sur toute la côte qui va
de Zante à Corfou ; et c'est toujours Énée à qui l'on en
attribue la fondation. C'est lui encore, ou du moins c'est
une colonie troyenne, qui avait élevé le temple d'Aphro
dite Érycine dans une troisième région où Virgile ne
manque pas de le conduire. Les traditions du culte latin
de Vénus se rattachaient d'une manière étroite à Ségeste
et au mont Éryx, et, d'autre part, l'Aphrodite Érycine
était en relation avec une Aphrodite carthaginoise. Telles
sont les véritables sources de la légende d'Énée. Rome
avait cherché d'abord son fondateur entre divers héros,
ancêtres supposés des colonies grecques établies sur les Fig. 151. Fuite d'Énéc.
rivages de l'Italie Mais la fable énéenne l'emporta bien
tôt sur les autres traditions, vague et flottante d'abord, à Munich"; l'autre au musée de Naples, connu sous le
puis de plus en plus précise et arrêtée. Pour Naevius et nom de vase Vivenzio M et qui représente la dernière nuit
Ennius, Énée était le père d Ilia, mère de Romulus. Preller de Troie. Sur d'autres vases, Énée est figuré prenant part
pense que cette légende anlihellénique et antipunique aux combats livrés autour du corps de Troïle, de Pa-
a dû commencer à. s'accréditer dans Rome pendant la trocle ou d'Achille, ou combattant contre Ajax Les ou
guerre de Pyrrhus et la lutte avec Cartilage. Adoptée, vrages de la sculpture où l'on retrouve .avec certitude le

*> RomulA. — lO.Velam. XIII, 4, 5; XIV. S et sq.; ibtil. 600 ; Dion. Haï. VII, 150; chette, Mon. inéd. I, pl. uivm, p. 3S5 ; Gerhard, Auserl. Vas. III, pl. 218, p. Î17 ;
I, 6î ; Sert. Ad Aen. IV, 6i0 ; XII. 79». — »' Mctam. XIV, 8, v. 581-603 ; Dion. liai. Id\ Etr. und Campait. Vas. m, pl. 231, 1 ; Roulrz, Vas. du musée de Leyde, pl. iv,
I, 44 ; Tit. Lit. I, 1 et 2 ; cf. Klausen, Aen. und Peu. II, p. 901 ; Schwegler, Itôm. xvi ; Overbeck, Galer. heroUch. llililw. p. 663, ct^. — M O. Jahn, Mùnchner Va-
Gesch. I, p. «87, 4« éd. — »» Voy. la bibliographie. — " Thucycl. VI, 2. — Plut. scnsamml. V03 ; Gerhard, Auserl. Va*, pi. 217; Overbeck, /. I. pl. xivu, 2. —
liomul. 1 ; Heyue, /. c; Benuist, l. c. — *5 Benoist, /. c. — *6 La cité antique, p. 179 M Tischbein, Borner naeh antik. IX, pl. v ; Millip, Peint, de vas. I, Î5 ; Mûller-
et suiv. — *7 Plut. Quaest. rom. 10. — 48 Corsson. Origines pocs. rom. p. 183. — Wioeler. Denkm. der ait. Kwist, I, 202 ; Overbeck, l. I. pl. xxv, 21. — *> Gerhard,
»» Paus. II, SI. — « Id. V, Si, 2. — « Win. But. nat. XXXV. lo. _ H Ovid. Fast. Auserl. Vas. I, pl. 49; III, t. 213; Overbeck, l. I. pp. 365, 42i, 510; Mon. delf
V, 563. — 63 Anthol. Planud. 1. V. — »k Micali, Mon. ined. tav. lxuvui; R. Ro- Inst. arch. II, lav. 38 ; Annal, dell' Inst. tav. d'agg. B; Hua. Etr. Gregor, II, I.
AEÎS — 107 — AEN
personnage d'Énée ne sont pas d'un temps aussi ancien. le temple de Lanuvium, restauré par Antonin, ou le temple
On le rencontre dans un des bas-reliefs qui décorent un rond de Vesta. Cet édifice est plus visible encore sur l'au
autel consacré à Auguste vraisemblablement 58 : il est de tre médaillon (fig. 154), où est représenté de même le fi
bout devant une femme assise, qui paraît être la sibylle de guier ruminai, et à côté le groupe d'Énée portant Anchise.
dîmes; entre eux est la truie de Lanuvium allaitant ses Au-dessous, et de proportions colossales, la truie et ses
petits". Dans un bas-relief du musée de Turin, il fuit Troie petits, au centre d'une enceinte de murailles, telle peut-
emportant son père et tenant son fils Ascagne par la main. être qu'on la voyait représentée à Lanuvium •'. Le monu
Enlin il paraît plusieurs fois dans les bas -reliefs représen ment le plus curieux où se trouvent retracées les traditions
tant des sujets tirés de l'Iliade qu'on désigne sous le nom que Virgile a suivies dans son poème, est une ciste du
de tables iliaques : on l'y voit tantôt chargé de son fardeau bronze [cista] trouvée sur le territoire de l'antique Pré-
sacré w, tantôt combattant Diomèdc et sauvé par l'inter neste, et datant du ve ou du vi" siècle de Rome *5 : des
vention de Vénus ". La piété d'Enée est encore retracée sur figures gravées au trait décorent le contour extérieur et
des lampes d'argile ; nous en citerons une au musée du le couvercle de la boîte. Autour sont retracés les combats
Louvre"; sur un casque de gladiateur, en bronze, trouvé des Rutules et des Troyens, et Turnus périssant par la main
à Pompéi63; sur des pierres gravées, où on le voit aussi dé d'Enée auprès de la fontaine Juturna; sur le dessus le héros
robé aux coups de Diomède par Vénus et par Apollon 61 ; est debout auprès de Latinus qui foule aux pieds un fais
la môme image sur les monnaies de quelques villes est des ceau d'armes et conclut avec lui une alliance solennelle en
tinée à rappeler qu'il en était le fondateur, ou bien comme le prenant pour gendre (fig. 155). Auprès d'eux se tiennent
sur celle de Jules César qui est ici reproduite d'après un trois femmes; à
exemplaire du Cabinet de France (fig. 152), à confirmer droite et à gau
l'origine fabuleuse que che des guerriers
s'attribuaient les Ro portant le corps
mains et en particulier inanimé de Tur
lafamilleJulia. Antonin nus et un génie
lo Pieux, qui était de funèbre ; au-des-
Lanuvium et issu, à ce sous,lefleuveNu-
Fig. 152. Denier de Jules César. qu'il croyait, d'une an miejuset la nym
cienne famille du La- phe Juturna.
tium, attachait un grand intérêt à ces souvenirs; il a fait Quelques pein
frapper des médaillons où sont réunies quelques-unes des tures murales
antiquités les plus vénérées des Komains. Deux de ces mé reproduisent en
daillons sont ici gravés d'après des exemplaires du Cabinet core le sujet de
de France **. Sur l'un (fig. 1 53), on voit Énée abordant dans la fuite d'Énée ;
le Latium et rencontrant sous un chêne (sub ilicibus sus) la plus connue Fig. 155. Énée et Latinus.
est celle de Pom
péi où ce sujet est traité en caricature ,9 : Énée, Anchise et
Ascagne y sont représentés sous les traits de singes habillés.
D'autres peintures de Pompéi montrent Énée rencontrant
Didon 70, saisissant ses armes blessé par Diomède 71 ; une
mosaïque découverte à Halicarnasse le représente en com
pagnie de Didon Enfin les miniatures du célèbre manuscri t
de Virgile de la bibliothèque du Vatican74 reproduisent un
grand nombre d'épisodes de l'Enéide. L. de Ronchaud.
AENEATORES. — Nom commun de tous les musiciens
qui jouaient d'un instrument de cuivre 1 {lubicines, cornici-
Fig. 1^3. Médaillons d'Antonio le Pieu. Fig. 154. nes, bucinatores, liticines), soit qu'ils servissent dans l'ar
la truie allaitant ses trente petits, qui doit lui révéler lieu mée *, soit qu'ils fussent employés à donner des signaux
où grandira sa race 68 ; on voit au-dessus le figuier ruminai dans les jeux 3, ou de toute autre manière. Us formaient a
et un édifice auprès duquel est un autel, et qui peut être Rome un collège 4 [collegium.] E. S.
a B. Rochelle, Mon. inéd. pl. lui cl p. S89. — 59 Virg. Aen. VIII, 41; Varr. Daliae colonis et Aeneae adoentu, in. Luc Holslenii, Xotis et castirj. in Steph.Byz.
Lùg. lai. IV, 3! ; Id. De re rust. II, 5. — 60 Mus. Capitol. IV, 6* j Millin, Gai. myth. Lugd. Bat. U»4, f°, p. 399, sqq.; Nicbuhr, Ii6m. Getchichte, t. I, p. 142; Sickler,
pl. lui, 5-8; Creuzer Gui^niaut, Nom. Gai. myth. pl. ccxxil, 773. — 81 Ann. del. De Aeneae in Itoliam adoentu fabulnso, llilpertotlinsae, I ■? i T ; Id. Die Mythen der
htt.arck. 1863, Ut. d'agg. N, p. 417. — Cr. MontfaucON, Antiq. expl. I. V, Grieehen in Be'.rejf der Colonisation der Italia propr. 1. Aeneas un I Troj. Ankunft,
ï-l. ccivm.— Opiranes', Ant. de la Grande-Grèce, l'sages civils, pl. m. — 9» Tulkcn, Hildhurghausen, 1331 ; riedlcr, De erroribus Aeneae ad Phoenicum fabulas perti-
\'trstù)laiu,i1,T.& et suit.; 0>erluck, /. I. p. 6:i'J; Raspe, Empr. de Tassie, 9S75 et nentibus, Wesel, 1827 ; lleyne, Excurs. ad Yirg Aeneid ; O. Muller, Causae fabulae
suit.: Viiconti, Op. varie, II, 5*7 1 ; In.hirnmi, Gai. orner, tav. nxi, lxxiii. — W Le- de Aeneae in Italiam adoentu, in Classical Journal. 182-', n. i.î, p. 308 ; Klauseu,
n-irmaul, Très, de tiumiim. I onog. dvs emy. pl. xxxll, 9, 10, p. 00. — 66 Virg. /. Aencas und die Penatcn, llaiiiburg, 1839-1840; Schwè^ler, Iliimische Geschichte,
'atr. i. (..-Heine. Excurs. Il ad Aen. VIII.— 67 Varr. Ile re ni»/. IV, 13 ; Lycophr. Tùbingen, 13^3, I, 279, et la riche bibliographie imltq i<ét? et analysée par cet
AL-xandra, 1259. — «■ Bninn. Ann. dell' Inst. arch. 1861, p. 356 ; Mon. dell' auteur; Bainliergcr, in Ilhein. Muséum. 1838, p. 8.J-103; E. Hûckert, Trojas
l»'t. VllI, tu. m, vin.— M Pitt. d'Ercolano, II, p. 106 ; Millin Gai. myth. pl. clxxiii, l'rsprung, Illûthe, Untcrgang, llainli. 1816; G. 0. Lewis, Enquiiy into the
M7; Heifci;, Wnmlgem. drr Stâdte Campait. 13-tO. — *> Helhi.-, (. (. 1331. — 71 Ib. credib. of early rom. hist. 13j5. 1, cap. 9; Mommscii, ItOm. Geschichte. I, p. 471,
«Mi.-71/i. |3,3. _ -s Bull, dell' Intt.arch. 18 0, y. 1 5. - 7» A. Mai, Virgil. 4» éd. ; Ampère, Hist. rom. à Home. t. I ; B.-noUt, Œuv. de Virgile, Intro
P*t. ant. ex cod. vatic. 1 835 ; Bartoli, Virrj. ee>d. pietwac ; Millin, Gai. myth. duction; Ovrrbcjk, Dildwcrke zum troisch. Heldenkfeis, l. I.; Pauly's, Realencyel.
pL cuir Us et suiv. ; Guigniaut, Xouo. Gai. myth. ccxlix cl suiv. — Bibliographie. s. v. Aeneas.
GHechisclu: Mythol. Il, p. 416 et 463, ï« .d.; Id. ItOmischt Myth. p. 666, AKXEATORES. 1 Paul Disc. p. 17, Lind. — » Suet. Caes. 32 ; Amm. Marc. XVI
W.; Cluierius, Italia antiqua, Lugd. Bat. 16J4; Snni. Bochart. tjuaeslio num Aenetis 12. — » Scncc. Epist. 84; Orclli, 1887. — * Orclli-Uenien, 4059 ; Momaiscn, Insc
■flfWM fucrit in ft'jlia (dans le roc. de îcs œuv.) ; Th. Ryckius, Dissert, de primis Iteqn. i\eap. 4232.
AEO - 108 — AEQ
AEiMGMA [GRiruus]. lui et sur sa race, illustre par de nombreuses légendes
AEOLUS, AtoXoc, Éole. — Fils d'Hippotès, roi d'Éolie, héroïques et poétiques, d'abondants renseignements dans
modérateur des vents 1 (-riui'aî àvs'awv 'Iwcot^ç), nom dans YHistoire de la Grèce de Grole w. L. de Roxcdaud.
lequel on retrouve le rapport souvent établi entre la rapi AEQUITAS. — I. On entendait par aequùas, en droit
dité du cheval et le mouvement des vents ou des flots. privé romain, les règles de droit considérées comme con
Homère lui donne six fils et autant de filles, épouses de formes aux principes de justice naturelle dont la raison
leurs frères, en tout douze enfants en qui on voit la per humaine fournit la base, et, par son développement, les
sonnification des douze venls du rhumb s. conséquences ultérieures. Le droit primitif romain, fondé
L'Eolie, dans l'Odyssée, est une île bordée de rochers sur la religion, était singulièrement rigoureux et forma
escarpés et ceinte d'un rempart d'airain. On y passe le jour liste ; à part les cas de contrats consensuels, en général il
en festins, au milieu d'un concert de flûtes ; la nuit, cou attachait l'acquisition- des facultés légales, comme leur
ché sur des tapis étendus sur des lits sculptés. Lo maître modification ou leur extinction, à certains faits matériels,
des vents les tient enfermés dans une outre faite de cuir de restes des rites anciens, appelés causa ciuilis, modus adqui-
bœuf. C'est cette outre qu'Éole confia à Ulysse, son hôte, rendi. legis actiones, actus legitimi, etc. Mais lorsqu'on eut
au moment où celui-ci voulut se remettre en mer, ne lais perdu de vue les croyances qui rendaient sacrées toutes
sant libre que le Zéphyr qui devait le conduire. Une pierre les formes, toutes les prescriptions de la loi, le progrès de
gravée 3 représente le héros grec saisissant l'outre fermée la civilisation à Rome et l'influence des lumières de la
(fig.156) ; mais ses compagnons l'ouvrirent et déchaînèrent Grèce firent prévaloir peu à peu l'idée d'un droit plus
la tempête. Dans Virgile \ Éole humain'. Les préteurs, dans leurs édits, essayèrent, par
est représenté comme un roi sié des voies détournées de procédure, en créant des excep
geant, le sceptre à la main, dans tions* ou des actions nouvelles, de rapprocher le strictum
un antre où les vents sont tenus jus de l'équité'; de leur côté, les jurisconsultes [juriscon-
enchaînés sous sa puissance. A sulti] préparèrent ou secondèrent ce mouvement' par
l'origine, Éole n'a que le carac l'invention de fictions ou d'actions, bientôt consacrées par
tère d'une fiction poétique, et son le droit coutumier ou parl'édit prétorien [jus civile, lex,
île n'est qu'une île floltante 5. mos]. Plus tard, les constitutions impériales tendirent à
C'est l'imagination des temps pos fondre le droit prétorien avec le droit civil, et cette fu
térieurs qui lui donne un carac sion fut réalisée définitivement par les compilations de
tère divin et une demeure fixe 6. Juslinien. G. Humbert.
Les anciens s'accordent, en gé IL L'Équité, comme un grand nombre d'autres concep
Fip. 156. l'lysse tenant l'outre tions abstraites, a été personnifiée par la religion des peu
des vents. néral, pour placer l'Éolie aux îles
de Lipari, appelées dans l'anti ples de l'Italie '. Sur une coupe trouvée dans la nécropole
quité îles Éoliennes ou Vulcaniennes 7. On plaçait à Hiera de Vulci, on lit ces mots : aecetiai pocolom, qui parais
les forges d'Hephaistos". Suivant Diodore de Sicile, Éole sent être une forme ancienne ou provinciale pour aequitiae
vint s'établir dans l'île Lipara, où le roi Liparus l'accueillit ou aequitatis poculum 1 : formule de dédicace analogue à
et lui donna en mariage sa fille Cyané, de laquelle il eut celles qui accompagnent sur des vases semblables les noms
six fils 9. D'après Servius, Tyrrhenus, frère de Liparus, d'autres divinités. La statue de l'Équité avait été placée
ayant menacé de guerre et de dévastation le Péloponnèse, dans le temple de la Fortune, à Préneste3. Tandis que
ce fut Agamemnonqui envoya Eole pour garder le détroit la Justice n'est représentée que sur des monnaies de Tibère
de Sicile. Ayant abordé dans l'île de Strongyle, il épousa par une tête fort belle de femme, avec le nom justitia, le
Cyané, la fille de Liparus, et devint souverain de l'île10. nom et les images de l'Équité ne sont pas rares. Sur les
Diodore dit qu'Éole était un roi pieux, hospitalier, qui monnaies impériales*, on voit souvent, avec les motsAEQui-
avait introduit dans la navigation l'usage des voiles et TAS, AEQUITAS AUGUSTA, AEQUITAS PUBLICA, l'Équité figurée
qui prédisait les vents par l'observation des flammes ". sous les traits d'une femme tenant une balance de la main
D'après Varron, cité par Servius ces îles de Vulcain, droite et de la gauche un long bâton qui n'est sans doute
couvertes de vapeurs et de fumées, fournissaient à Éole des pas un sceptre, mais une mesure, la perche (perlica). La
moyens de présager le souffle des vents Hygin, dans figure 157 reproduit une monnaie d'ar
son analyse d'une partie de YOdyssée u, confond l'Kole roi gent d'Antonin, d'après un exemplaire
des vents avec l'Éole thessalien fils d'Hellen, personnifica du Cabinet des médailles à Paris. La
tion de la race éolienne ; mais la plupart des auteurs le main gauche ouverte est aussi un sym
font, avec Homère et Diodore, fils d'Hippotès, quelquefois bole de l'Équité, peut-être parce que,
de Poséidon moins habile que la droite, elle passait
Fig. 157. L'Equité.
Quant à un autre Éole, fils d'Hellen, frère de Dorus et pour moins capable de fraude. Ces attri
de Xutus, et père aussi de douze enfants, on peut voir sur buts et le nom de l'Équité sur les monnaies ont manifeste-

AEOLUS. 1 Honi. (M. X, l-7i>.— - A.Maury, llist. des relig. de la Grèce ont. t. I, ' Fr. 7 Dig. De just. et jure, I, 1. — 5 Fr. 29, § 4 Dig. Mandat. XVII, I. —
p. 296. — ' Winckelmaun, Mon. ined. 15S. — » Aen. 1, 52 sq.; et. Oviil. Melam. B DUooRipuiE. Cotnadi, Oral, dejur. et aequi intrrt. se consens, iu Opuscul. vol. I,
I. 262 sq.— 5 Malte-Brun. Précis de géographie, t. I, p. 31.— 6 Bonoist, Œuvres de p. 317-366 ; Schilling, De aequit. not. Lmpz. 1835 ; Voigt, Die lehre von jus nat.
Virgile, t. II, p. 13, uole. — 7 Thucyd. III, 88. — 8 Ibid. — » Diocl. Sic. V, 7 I.uipz. 1SS6 ; Marczoll, Précis d'un cours sur l'ensemble du droit privé des Romains,
et 8. — >° Servius, Ad Aen. I, 52. — « Diocl. V, 7. — " Servius. loc. cil. — l3/4,d. trad. par Pcllat, 2' éd. Paris, 1852, g 20 et 122 ; RudorlT, Rom. Redits Geschichte,
— y* Fab. exiv. — 15 Servius, Inc. cit.; Bunte, Hygin. Fabul. p. 102, n. 19. — II, 144; Ortolan, Erplic. lust. des Institutes, 2 p. 400 et s. 7" «dit. Paris, 1863.
1* Histoire de la G cce, trad. franc, t. I, p. 125 et suiv. ai ni lus. — II. I Atnob. IV, l. — «Ritschl,Z)c fictil. litter. latin, anliq. 1853,
AEQU1TAS.— 1. 1 Fr. 10, 90 et 193 Dit;. De regul. jur. L, ZTH, c. 8 ; Cod. Just. De p. 23 ; Id. Priscae latin, monum. epigr. tab. ; Corp. insc. lat. I, 43 ; de Vt'ittc, Calai.
judic. III, 1 ; Cic. De offic. 1,10; II, 12 ; Pro Caecina, 27, 28 ; De vivent. I, 2. Deugnot, p. 7^. — S Gruter, LXXVI, 3. — * Voy. aussi quelques pierres gravées : De
— » Cic. De offic. I, 19 ; Top. î ; Fr. 20 Dig. XL1I, 1. — 3 Gaius, Inst. IV, 116. — la Chausse, Gemme aut. fig. Roma, 1700, ta*. 82; Lippcrt, Dactyliotheca, I, 708.
AER — 109 — AER
ment trait à l'intégrité qui devait présider à leur fabrica av. J.-C.)à Caere 13 permit aux habitants de celte ville de
tion; aussi ont-ils passé à la personnification de la monnaie s'établir sur le territoire romain avec tous les avantages
elle-même [moneta]. E. Saglio. du droit de cité, moins le droit de suffrage. Ils devaient
AERARII. — On appelait ainsi, à Rome, pendant la donc supporter aussi les charges, comme municipes, mais
république, une classe de citoyens exclus des comices sans être inscrits au cens, et former une liste spéciale. Telle
centuries, mais soumis au payement d'une capitation spé est l'origine des tabulae Caeritum. Ce rôle dut se confondre
ciale. Cette classe de contribuables était formée par les cen avec le précédent, parce quelesCéritains sans être citoyens,
seurs, qui, à l'époque du cens [census], inscrivaient, à titre se trouvaient dans une position identique à celle des cives
de peine, certains citoyens (aerarios faciebant) sur une liste romani sine suffragio. Cette dénomination fut conservée
parliculière et distincte des tables du cens1, en les excluant pour le rôle de ces derniers, même après l'époque où les
ordinairement de la classification des tribus. Cette liste se Caerites eurent obtenu le droit de cité sans restriclion.
nommait Caeritum tabulae*, par des motifs que nous indi L'on dut inscrire sur ces tables les membres d'autres villes
querons bientôt. jouissant de l'isopolitie, établis sur le territoire romain,
Il est facile de comprendre les désavantages qu'entraî mais non pas sans doute, comme l'a cru M. Mommsen w,
nait l'inscription d'un citoyen parmi les aerarii : tous les cives sine suffragio dépendants de Rome. Ceux-ci, en
\' Ceux-ci devenaient des aces sine suffragio, c'est-à-dire effet, étaient portés au cens dans leurs municipes l!. Il im
qu'ils perdaient le suffrage, non-seulement dans les comices porte de ne pas confondre les aerarii avec les proletarii de
centuries' [comitia], mais encore ordinairement dans les la classification instituée par Servius Tullius. En effet, les
comices par tribus ; car l'expression tribu movere était em premiers se distinguaient précisément par la nécessité de
ployée comme synonyme, en pareil cas, de aerarios facere payer un tribut (aes) d'où ils tiraient leur nom ; et ensuite
ou m tabulas Caeritum referre k ; cependant cela ne paraît parce qu'ils n'obtinrent pas le droit de suffrage, même
pas avoir été une conséquence nécessaire, comme on peut après son extension aux prolétaires '*. Il est probable, en
l'inférer d'un passage curieux deTite-Live, où l'on voit deux outre, que ceux des citoyens qui exerçaient un métier ré
censeurs se placer l'un l'autre parmi les aerarii, et M. Li- puté honteux se trouvaient, dès le temps de Servius, et
vius y inscrire trente- quatre tribus, dans l'une desquelles quelle que fût leur fortune, rangés parmi les aerarii, par
se trouvait son collègue C. Claudius8. La qualité d'aerarins une sorte de dégradation (infumia fucti, minuta existima-
n'entraînait pas l'exclusion des honneurs", ni à plus forte tio) ". Plus tard l'autorité, en ce qui touche à la confec
raison l'incapacité de servir dans l'armée, car c'eût été pro tion de la liste des aerarii, passa, comme on l'a vu, des
curer au coupable une exemption favorable7; d'ailleurs une rois et des consuls aux censeurs 18.
pareille peine n'eût pas été applicable à des tribus entières. Quant à la quotité de cet impôt, voyez l'article tri-
2° Uaerarius ne figurait plus sur la liste proprement dite CUTCM.
du cens, pour un impôt proportionnel à sa fortune; il était II. Les fabri aerarii mentionnés dans la classification de
taxé arbitrairement par le censeur et ordinairement d'une Servius Tullius [census, centuria] formaient, suivant Ci-
manière plus lourde qu'auparavant. Ainsi Mamercus Aemi- céron une centurie avec les charpentiers, et deux cen
lius, chassé de sa tribu, et déclaré aerarius pour avoir fait, turies, sans doute distinguées à raison de l'âge, d'après les
par une loi proposée pendant sa dictature, réduire à dix- autres auteurs10; ces artisans entraient dans la composi
huit mois la durée de la censure, fut imposé à une somme tion de l'armée, comme les centuries de cornicines et tubi-
huit fois plus forte que celle qu'il payait antérieurement8. cines. Suivant Denys d'Halicamasse, les armuriers et char
Le rôle de ces contribuables était déposé à I'aerarium* et pentiers votaient avec la deuxième classe; suivant Tite-Live
sans doute annexé aux tables du cens proprement dit, et Cicéron, avec la première.
comme formant une partie des ressources du trésor public. AERARIUM — trésor public des Romains.
On donnait ordinairement à cette liste le nom de Tabulae I. L'aerarium sous les rois. — Dès le temps des rois, il
Caeritum ,0. y eut un trésor affecté aux besoins de l'État, mais ce trésor
Quant à l'origine de cette dénomination, nous adoptons paraît avoir été placé entièrement sous la dépendance de
l'avis de Walter dont voici le résumé. Il paraît avoir son chef. En effet, le principal emploi de ces ressources de
existé à Rome, dès les premiers temps, une classe de ci vait consister dans le paiement des frais du culte et de la
toyens sine suffragio soumis à des impôts spéciaux, et par guerre dont le roi avait la direction Mine semblepasque les
conséquent inscrits sur un rôle à part" : ce fut peut-être fonds fussent déposés dans un édifice public particulière
la situation primitive des plébéiens. Tels furent probable ment affecté à cette destination ; ils restaient entre les mains
ment les artisans qui, dans la classification de Servius Tul- des questeurs, dont nous parlerons bientôt ; en outre, la
lius, n'étaient pas inscrits au cens avec les fabri aerarii plupart des revenus devaient être perçus en nature (pecu-
dont nous parlerons plus loin, et qui cependant devaient nia, de pecus). Il y avait d'ailleurs, à côté du trésor public
supporter un impôt et former un rôle particulier. D'un proprement dit, une sorte de domaine de la couronne,
autre côté, l'espèce d'isopolilie accordée plus tard (en 389 composé de biens mobiliers et immobiliers1 [fiscus].

aerarii. 1 Tit. Lif. XXIX, 37. Mais clic y était «ans doute annexée en tant que Erplicat. Mil. des Instituts, 7« éd. Paris, 18G3, I, p. 147; Mommsen, Rôm. Alilnz-
b»K ou rôle d'impôt» : Tit. Ut. IV, 24. — » Àicon. In dieinat. 3 j Walter, wesen, Lcipiig, 1850, p. 240 ; Pardon, De Aerariis, Berlin, 1853 ; Lange, Itôm. Al
Gtickkhte du rôm. Rechts, 3« é.i. I, g 108, p. 153. — ' Ascon. I. I. — » Cic. Pro terth., Berlin, 1863, 2'édit., p. 406,407, 678, 679, 11, 59;Niebnhr, I)6m. Gerchichtr.
CW.*3;TitLW.IV,ï4;XXIV, 1»,7, 8,43 ; XLII, 10 ;XMV, 16. — » Tit. Liy. XXIX, 11 , 76-S5 ; Husclikc, Die Verfassung des Kûnigs Servius Tullius, Ueidelberg,
Î7. — • Tit Li». XXIV, 18, 43 ; Cic. Pro Cluent. 45. — ' Aurcl. Victor, De vir. 1838, p. 524-53 1 ; Mommsen, ROmische Tribus, Altona, 1844, p. 157 et suiv.;
ilhutr. 50; Tit. Lif. XXIV, 18; Id. Arg. lit. XXIX, Ï7. — » Tit. Liv. IV, Î4. — Walter, Geschichte des rôm. Rechts, Bonn, 1800, in-8, 8» éd. I, § 26, 32, 65,
* U. XXIX, 37. — 10 A«con. /. I. ; cf. Fcstus, s. v. Tributoruui. — Il Op. laud. I, 1 8, 137, 204 ; Beckcr, Ilandbuch der rCm. AUerlhûmcr, Leipzig, 1846, II, 1, p. 20i,
p. 154. — a Waller, /. /. I, § 26, p. 43 ; Lange, 116m. Altcrth. p. 406. — » Tit. Li». V, 1S9 à 193.
M; VII, Î0.— 1* Rôm. Mùnzuxsen, p. 246.— 15 Tit Lir. XXXVIII, H, 36. — 1« Lange, AEIlAKIL'M. 1 Walter, Ccsch. des rôm Rechts, Z' éd. Uonn, 1860 ; I, § 18,
ton. Alterth. I, p. 407. — " Ib. p. 439, 440. — 1» Ib. p. 667. — » De repu- I 19,21 ; Tacit. Annal. XI, 22; Plut. Paplicol. 12. — ! Cic. De republ. V, 2 ; Dion.
Mfetill, 22. — » Dion. Bal. IV, 17; Tit. Liv. 1, 43. — DiaLiocnAPnia. Ortolan, I Uulic. III, 1 ; Tit. Ut. II, 3, 4, 5.
AER — 110 — AER
A l'origine, le territoire de Rome [ager publicus, ager ro- religieuses on au traitement de certains prêtres; Ancus et
manus] était partagé en trois parts: l'une affectée à l'entre Tarquin l'Ancien ordonnant la construction de divers édi
tien du roi et au service du culte 9 ; la seconde ao pâturage fices18; Servius faisant consacrer 10,000 as, ex publico,h
en commun; la troisième seule divisée entre le» curies. Le l'achat de chevaux, et reculant l'enceinte de Rome; enfin
prix du butin fait à la guerre devait recevoir également Tarquin le Superbe présidant à des ouvrages dignes de la
une destination publique, car nous le voyons employé par Rome future. Non-seulement il employait la pecunia pu
le roi à célébrer des jeux *. Mais la principale recette du blica, mais il contraignait les plébéiens " d'y travailler de
trésor semble avoir consisté dans un vectigal ou droit de leurs bras. La garde du trésor et le recouvrement des de
pâturage [scriptuha], sans doute imposé par tête de bétail niers publics étaient remis à deux quaesiores aerarii, qui
envoyée sur les prairies communales (pascua publica) *. En conservaient chez eux les fonds à eux confiés80. De grandes
outre, tous les citoyens étaient soumis à un impôt direct controverses ont été soulevées à ce sujet. La ressem
ou capitation, peut-être non permanent*. Ces ressources blance des noms explique la confusion faite par plusieurs
diverses étaient employées aux dépenses de la paix, des historiens modernes entre ces questeurs et les quaestores
travaux publics7, des jeux, et surtout à celles de la guerre. parricidu, qui existaient dès lors; cette confusion ne peut
Servius Tullius donna pour base à sa constitution une résister au témoignage formel de deux auteurs anciens"
nouvelle division du peuple en classes et centuries, d'a qui ont écrit sur l'histoire des magistratures". Les ques
près le cens [census]. Un impôt proportionnel [tmbutuh] teurs du trésor étaient choisis par le roi ; c'est ce qu'on
fut établi sur le capital de toute nature, d'après les décla peut conjecturer d'après les passages de Tacite et de Plu
rations faites par le chef de chaque famille de citoyens. tarque cités plus haut ; et, en effet, leur élection fut ensuite
En établissant l'égalité proportionnelle par le tributum confiée d'abord aux consuls, qui succédèrent à la plupart
ex censu, en raison de la fortune, le système de Servius eut des attributions de la royauté, puis bientôt, par une loi, aux
le mérite de rendre justice aux plébéiens8, et de créer une comices". Les questeurs étaient secondés dans la levée
source toujours prête de revenus pour l'État dont les be du tributum résultant du cens par les curatores des tribus";
soins s'accroissaient. En général, le montant du tributum chacun de ceux-ci présidait une des tribus locales insti
simplex devait être d'un as par \ ,000 du capital recensé, tuées par Servius Tullius. M. Mommsen îS a fort ingénieu
comme plus tard, sous la république9; les veuves et les sement établi que ces curatores correspondaient aux tri-
filles sut juris payaient un impôt spécial de 2,000 as pour buni aerarii, dont l'institution apparaît sous la république.
l'entretien de la cavalerie [aes iioudearium]. Les aéra nu, Les curatores, enfin, devaient être assistés des magistri pa-
et probablement avec eux les ouvriers non compris dans gorum également établis par Servius " pour les tribus de
les classes, supportaient une capitation {tributum pro ca- la campagne, et qui avaient entre les mains les états des
pite) 10 . Outre ces impôts, l'accroissement de Vayer publi propriétaires censitaires, comme les curatores avaient les
ais par la conquête fit ajouter au vectigal dont nous avons rôles des contribuables de la ville.
parlé plus haut 11 le produit de la mise en ferme d'une par II. L'Aerarium sous la république, jusqu'à la conquête de
tie des biens mesurés et mis en culture 11 [ager vectigalis], la macédoine (509-168 av. J.-C). — Sous la république, le
celui de la dîme des terres vaines et landes concédées à trésor fut, ainsi que le domaine, la propriété exclusive de
des particuliers, et du cinquième sur le produit des arbres l'Etat; et, bien que les consuls eussent recueilli la plupart
à fruits des mêmes terres, enfin la valeur de certaines des prérogatives de la royauté, ils n'eurentplusl'autorité su
amendes ". Les documents nous manquent pour évaluer, prême en matière de finances ; la direction appartint désor
même approximativement, l'ensemble de ces recettes or mais au sénat; un édifice public et sacré, le temple de Sa
dinaires, auxquelles on doit joindre, à titre de recettes turne, reçut le dépôt de Ywrarium, placé sous la surveillance
extraordinaires, le prix de la vente du butin fait sur les en des consuls et plus spécialement de deuxquesleurs nommés
nemis [praeda] et le prix de la vente des agri quaestorii, parlescuries,commenousleverronsbientôts7.Dansce tem
portions de terrains limitées de Yager pubticus. 11 est encore ple, qui contenait aussi les archives de l'État [tabularium],
plus difficile de déterminer le montant des dépenses an était placé le registre où l'on consignait l'état des receltes et
nuelles; on peut seulement remarquer que la plus grande des dépenses, celui des créances et des dettes du trésor
partie des frais d'armement de l'armée était alors suppor A côté de l'aerarium Saturni, trésor ordinaire de la répu
tée par les censitaires 15, et en l'absence d'une armée per blique, il y eut un aerarium sanctius™, réserve sacrée, où
manente et soldée, les dépenses de guerre devaient être l'on mettait en dépôt, pour les cas de nécessité extraordi
essentiellement variables. D'un autre côté, ni le sénat ni naire, l'or des affranchissements, que les consuls ne pou
les magistrats, en général, ne recevaient de traitement. vaient employer sans l'ordre du sénat [aurum vicesimarium].
Enfin, on ne peut guère admettre plus de régularité dans On distingue aussi un trésor de Gérés, aerarium Cereris, où
les dépenses relatives aux travaux publics. les édiles déposaient le produit de leurs amendes et la caisse
Un passage de Plutarque 18 semble indiquer que le roi spéciale confiée aux questeurs militaires.
réglait à sa volonté les dépenses. En effet, Tite-Live" Recettes et dépenses de l'aerarium. — La source principale
nous montre Numa affectant des fonds à des fondations de revenus pour le trésor fut rouverte sous la république
9 Dion. Halic. II, 7,23 ; III, l. — » TU. Liv. 1, 35. — Spiin. Ilist. nal. XVIII, 3. Porricidii quaesiores ; Waller, /. M, § 21. — si Pomponius, fr. 2, § 22 D:g. De orig.
— «Dion. 111, 29,9 ; IV,», II, 19; V, 20 ; Xl,63 j Plut. Poplicol. 12; Th. Lir. 1,42.— juris, I, 2; J. Lydus, De magist. I, 2'i. — !s BcckiT, Uandb. d. rôm. Alterth. II, 2,
J Tit. Lit. I, 38. — » Til. Lit. 1, 4Ï, 43 ; Varro, Se iwg. lot. V, 181; Dion. Halic. p. 327-337 ; Mommsen, Itôm. Geseh. II, I ; Lange, Rôm. Alterth. I, 33Ï ;Geib, GescA.
IV, i'J, V. — » Tit. Liv. XXIII, 31 ; XXIX, 15; Lange, Iiôm. Alterth. I, p. 46S. des erim. Proiess. Leipi. 1812, p. 50-Ci ; Walter, I, p. 34, n .le 29 ; Zumpl, Crim.
2» éUit. ; Schwegler, Rôm, Geschichte, XVII, 7. — 10 Asconius, In divin. 3 ; Waller, Reeht, I, p. 52 a 78 cl 417, Berlin, 18. 5. — » Cf. Llp. fr. un. pr. et S 1 Dig. De
l. I. I, §S 26 et 32, p. 43, 55. — » Varro, De re rust. II, 16 ; Tii. Lit. XXXIX, 29.— offic. quaestor. I, 13. — si Varro, De ting. lat. VI, 86; Diouys. IV, 14 Appian.
1* Appian. De beîl. civ. I, 7 ; Sic. Place, De cortdic. agror. p. 136 ; Hygiu. De coud. Bell. cil). III, 23 ; Mommsen, Rôm. Tribus, p. 20-20. — M Rôm. Tribus, p. 44 à 57.
agr. p. 115-116, ed. Lachmann. — 1» Tit. Lit. I, 26. — 1» Til. Lir. I, 53, 55, 57 — *« Dion. Halic. V, 14, 15; Waller, l. /. I, S§ 28 et 181, p. 47, 272, Î73, —
1S Voy. Csssiis. — l« Poplicola, 22. — " I, 20. — •» Tit. Lit. I, 33, 35, 36, 43, 44, »7 Plut. Poplic. 22; Quaest.rom. 42. — 23 Plut. Cato minor, 17, 18; *scon Di Vcrr.
55. — 13 Id. I, 56. — >• Tacit. Annales, XI, 22 ; Plut. Poplicol. 22 ; Fcitus, s. i • II, 1 J ed. Orc li, p. 158. — Tit. Ut. ÏXVII, lu; Cic. Ad Allie. VU, 21.
AER — Il 1 — AER
par le rétablissement du cens et du tributum ex eensu séquence, une redevance au trésor, comme on l'a vu
[cessus, tributum]80^ la place de la capitation qui n'exista plus haut. La loi Manlia créa, en 357 av. J.-C, un impôt
plus que pour certaines classes de contribuables non ins indirect du vingtième sur le prix des esclaves affranchis
crits au cens. Le tributum ex censu n'était pas, à propre appelé vicesima mnnumissionum ou aurtjm vicesimarium w.
ment parler, un impôt foncier, puisqu'il portait sur l'en Enfin, il faut ajouter le produit de la vente des agri quaesto-
semble de la fortune; néanmoins, les immeubles étaient r«"et celui des emprunts confiés aux tricmviri mensaiih*8.
désignés par région et estimés dans le registre du cens et Les dépenses à la charge du trésor, sous la république,
dans les livres censiers ou du cadastre, tenus par les cura- peuvent aussi se diviser en dépenses ordinaires et extraor
tores des tribus urbaines, et les magistri pngorum, pour dinaires.
le territoire romain [ager romanus] seulement". Mais les Les dépenses ordinaires étaient relatives à l'intérieur
étrangers qui, ayant obtenu le jus commercii [civitas]", ou à la guerre. Les dépenses de l'intérieur comprenaient
possédaient une propriété immobilière dans ce territoire, les fournitures à faire pour le service des magistrats (curu-
devaient payer un impôt direct et foncier, à raison de cet les equi, etc.) le matériel des bureaux (supelkx), la
immeuble compris au cadastre; peut-être figuraient-ils vaisselle pour recevoir les hôtes publics, les frais d'équipe
pour cet impôt dans la liste des aerarii". Le tributum in ment, de transport [evectiones], etc. t0, mais point de sa
cnpita comptait donc parmi les ressources du trésor, d'a laires, si ce n'est pour les employés d'un ordre inférieur,
près la détermination faite par les censeurs, mais excep comme scriba,lictor, viator, praeco. Le service du culte
tionnellement, pour les contribuables en dehors du cens; était assuré en partie par des fondations ou propriétés
les veuves et les orphelins supportaient I'aes hordearium", concédées par les rois; cependant l'État fournissait des
et les célibataires depuis Camille payèrent un impôt spé animaux pour les sacrifices, et, dans certains cas, affectait
cial, I'aes uxorium. A ces ressources ordinaires il faut ajouter un impôt spécial à des temples : ainsi un droit sur les dé
celles qu'on tirait de Vager /.ubticus. A cette époque, la ré cès était attribué au temple de Libitina, un autre sur les
publique donnait à bail, aux enchères, à des fermiers ou naissances au temple de Lucina, un droit sur la prise de la
adjudicataires (ngrum fruendum locare), ou, ce qui revient robe virile au temple de Juventasjde même certaines con
au môme, vendait [vendere jus vectigahs) pour un temps fiscations étaient attribuées au temple de Cérès". Enfin,
déterminé (c'était ordinairement cent ans) le droit aux re les censeurs pourvoyaient à l'entretien des oies du Capi-
devances ou à la dîme due par les possesseurs des diverses tole ". Les frais de conservation des rues, places, mu
classes de terres publiques dont nous avons parlé au com railles, édifices publics et aqueducs étaient supportés par
mencement de cet article **. Ces entrepreneurs se char Vaerarium M, aussi bien que ceux des agents salariés em
geaient, à leurs risques, du recouvrement de ces revenus. ployés par les censeurs et surtout par les édiles : par
11 en était de môme pour le droit de scriptura sur le exemple, pour les travaux publics et pour la police mu
bétail envoyé dans les pâturages publics {pascua publica nicipale M.
ou ager seriptuarius), autrefois la principale ressource de Les dépenses de la guerre s'accrurent sans cesse avec les
Home". Ces divers revenus devinrent fort considérables progrès de la domination romaine. Elles ne comprenaient
après l'occupation d'une partie du Samnium, de l'Apulie, d'abord que les frais des munitions, des machines, enfin
de la Lucanie et du territoire de Tarente **. La république ceux des vivres (annona), seulement lorsque la campagne,
tirait encore des sommes importantes de l'adjudication du en se prolongeant, ne permettait pas aux citoyens de vivre à
droit d'exploiter les produits des mines et des pêcheries, leurs dépens; un peu plus tard, enfin, la marine; cepen
des taxes de douane et port et de péage S8, taxes dont la dant certaines villes alliées paraissent en avoir eu d'ordi
quotité varia suivant les époques et du droit d'exploita naire toute la charge. Puis, en -403 av. J.-C, fut instituée
tion des salines Le prix de ces adjudications était versé une solde pour les légionnaires ". Cette charge nouvelle,
à Vaerarium, d'après les clauses d'une sorte de cahier des concourant avec la diminution de Vager publiais par des
charges [ceksoria locatio] l0. assignations, des fondations de colonies ou des usurpa
Parmi les ressources extraordinaires venaient en pre tions multipliées, allait grossir démesurément le chiffre
mière ligne les amendes [mulctae!*1, qui étaient perçues par des dépenses de Vaerurium. La solde {"es m Hilare ou sti-
le trésor public, et surtout le tribut payé par les peuples pendium) était fournie, en général, par Vaerarium, et non
soumis, en vertu de la loi spéciale de leur dedition, in ar- pas directement par chaque tribu5'. II dut arriver souvent
bitratu jiopuli romani", ou même par les peuples infidem depuis que le sénat doublât ou triplât la proportion du tri
receptia. Ajoutons encore le butin [i>rafda] fait à la guerre, but à prendre par 1,000 as, d'après le cens de chaque par
lequel, en principe, appartenait à l'Étal", sauf la part ticulier. Une caisse militaire accompagna dès lors l'armée,
abandonnée aux soldats par les généraux. Le surplus confiée d'abord aux tribuni aerarii, puis à des questeurs
était vendu et le prix versé à Vaerarium **, comme l'était spéciaux dont nous parlerons bientôt".
aussi celui des captifs ; si on laissait des terres aux vain Les dépenses extraordinaires avaient pour objet : 1° les
cus, elles devenaient ager vectigalis, et payaient, en con- travaux de construction nouvelle ** ordonnés par les cen-

* Diod. Hilic. V, 20 ; Plut. Poplic. 22 ; Tit. U». II, 9. — >1 Festu», ». v. Ccnsui, II, 42 ; III, 31, IV, 56 ; V, 20 ; Cic./« Ycrr. II, 1, 21. On appelait ce pria manuhiae;
««mio; r.ic. Pro Flacco, 32. — '«Ulpiau. Reg. XIX, 4. — " Niebuhr, Rôm. Ccsch. i;ell. XIII, 24, 20. — »« Tit. Liv. VII, 16; XXVII, 10; Ci:. Ad Atttc. II, 16. —
M»; U, 88, 459 ; Walter, l. 1. 1, §g 180, Î7I. — »• Plut. Camill. 2 ; Poplicol. 12 ; « Tit. Liv. II, 17 ; IV, 48 ; XXV1U, 46 ; Schw -glcr, ROm. Gesch. XXV, 4. — »» Til.
Varro, Liuj, ht. VIII, 71 ; Lange, Rùm. Allcrlh. I, (77. — *5 Hjgin. Découd, agror. Liv. XXIII, 21 ; XXIV, 18 ; XXVI, 36. — »9 Til. Liv. XXIV, 18. - M Walter, (. f. I,
P- «l«;Fe«(ui,j. c. VcndiliO"C5 recidiliones ; Tit. Liv. XXVII, 3, Il ; XXII, 19; XXXII, S 146 et 184. [tuaiiTitiTus, legitio libiii], — 31 Dion. Hal. IV, 15.— »» Cic. Pro
'i f-K. In Verr. III, 6. — S« Waller, l. I. 1, g 182, p. 274.— " Tit. Liv. XXXI. 4, 22; Rose. Amer. 20 ; Pliu. Bitt. nat. X, 26 ; Plut. Qunc.it. rom. 93. —M Tit. Liv. IV, 8 ,
XL, 38, 41 . XLII, 1 ; XI.IV, 6; XLV, 16. — S» Tit. Liv. 11,9; IV, 8; XL. SI; XXXII, 7. XXXIX, 41 ; XL, 46, 51 ; XLIV, 16; Zunaras, VU, 19; Cic. De tegib. III, 3; P.iljb.
-"lit. Ut. XXIX, 37. — *» Plut. Quaest.rom. 42. - »l Tit. Liv. XXXVIII, 60; Tacit. M, 13, 14. — •* Lex de XX ijuaest. ; Corn. Nep. Eum. • ; Cic. Yerr. III, 78 ; Lange,
Anal. XUI, J8 ; Lex tenrilia, c. ivn, ta, Et. — « Tit. Liv. XXXIV, 57 ; XXXVII, Rôm. Allcrlh. p. 768. — "5 Til. Liv. IV, 59 ; Dion. liai. IV, 19. - M Cf. Mommscn,
3*; Dioojt. IV, 52; Diod. Excerpl. Mai, XXXII, 3 ; Appian. De bell. hispan. 43, 4t. Rômische Tribus, p. 31-33; Tit. Liv. IV, 59, 6i> ; et Waltt-r, l. I. I, g 194, p. 291,
-'Tit. Liv. XLV, 29, 32; S«llu»t. Jug. 31. — » Dion. VII, 63. — »' Tit. Liv. note 71. — »' P..l;b. VI, 36 et 37. — !» Ti'. Liv. XXXIX, 44; XL, 46, 51 ; XLIV, 16.
AER - 112 — AER
scurs dans les limites des fonds fixés par le sénat, et les militaire C8. Rappelons encore que Vaerarium, au moins à
ouvrages moins importants entrepris par les édiles au partir du vi* siècle de Rome, devint le dépôt des archives
moyen des caisses spéciales déposées au temple de Cérôs, [tabularium] 69 ; enfin c'est aussi, à ce qu'il semble, au tem
et remplies par le produit des amendesprononcées ou obte ple de Saturne 70, que les nouveaux magistrats prêtaient
nues par chacune des deux classes d'édiles [aediles]; 2° Yae- serment entre les mains des questeurs [jurare in leges,
rarium supportait les frais de séjour et de réception dans MAG1STRATUS]
la villa publica, des ambassadeurs étrangers, qui devaient A côté des questeurs se trouvaient des employés appelés
lui notifier leur présence 59 ; quelquefois ce trésor se char scribae ah acrario, formant un collège ou corporation avec
geait des funérailles et des monuments funèbres de ci un rang honorable "; ils étaient chargés non-seulement de
toyens qui avaient bien mérité de la patrie 60; 3° l'approvi la tenue des registres et des archives7', mais des diverses
sionnement de Rome [annona]), dans les cas de disette sur opérations de détail de la questure. L'inexpérience des ques
tout, imposa souvent de lourds sacrifices : on achetait le teurs, entretenue par leur renouvellement annuel, l'insuffi
blé au loin et on le transportait à Rome pour le vendre à sance de ces magistrats, presque toujours jeunes et sou
prix réduit01, ou môme le distribuer gratuitement aux in vent absents à raison même de leur emploi, ou peu disposés
digents; 4° enfin les dépenses de la guerre en cas de re au travail rendaient le personnel instruit des scribes,
vers imprévus ou de dangers imminents furent souvent indispensable à l'expédition des affaires financières de la
momentanément accrues. De là la nécessité d'un impôt république. Ces scribae se divisaient en trois décuries 75
extraordinaire, temerarium tributum 6,( quelquefois rem assez nombreuses apparemment, à la tête desquelles se
boursé après la victoire. trouvaient des chefs nommés sex primi™, entre qui se
Administration de Faerarium. — Personnel. Le soin du partageaient la direction et le travail des bureaux. Ces di
domaine était attribué aux censeurs ; la garde et l'admi vers employés étaient nommés par le questeur et soumis à
nistration de Vaerarium confiées à deux quaistores aerarii, sa surveillance disciplinaire. On peut admettre qu'en prin
appelés aussi urbani. De graves discussions se sont élevées cipe ils étaient choisis pour trois ans, mais qu'en fait
sur l'origine et le mode de nomination de ces questeurs 63. ils se perpétuaient dans leur emploi, où ils étaient les vé
Nous voyons qu'ils étaient nommés par les comices ritables guides de» questeurs77. Il est permis de conjec
curies, en vertu d'une loi de Valerius Publicola, qui ne turer qu'ils étaient logés à Vaerarium, demeure officielle
voulut pas conserver aux consuls la charge et la responsa du magistrat dont ils dépendaient78; on est autorisé à croire
bilité de ce choix, jadis attribué à la royauté **. aussi que des servi publici étaient chargés de certains servi
En 421 av. J.-C, le nombre des questeurs fut doublé, ces de détail, et peut-être, comme notarii, de certaines
c'est-à-dire porté à quatre, dont deux furent désignés pour copies ou expéditions.
suivre les consuls à la guerre, avec le soin de la caisse mi La loi sur les appariteurs [De scribis et vialoribus), dont un
litaire; les deux autres conservèrent le nom dequaestores fragment est parvenu jusqu'à nous79, mentionne des viatores
urbani ou aerarii [quaestor]. aux ordres des quaestores adaerarium, simples messagers dans
A partir de la même époque, les questeurs purent être le sens vulgaire et non technique du nom qui les désignait
choisis parmi les plébéiens. A leur entrée en fonction, les [viator], et n'ayant rien de commun avec l'exercice du
questeurs urbains devaient prêter serment, dans le temple fus prensionis, qui n'appartenait pas aux questeurs, puis
de Saturne 68, de remplir fidèlement leurs devoirs de tré qu'ils n'étaient que magistratus minores.
sorier. Ces magistrats étaient placés sous la dépendance 11 est certain qu'en outre les questeurs employaient des
des consuls et du sénat, comme on le verra bientôt, soit au hérauts ou praecones, notamment dans les adjudications.
point de vue de l'ordonnancement des payements, soit à La loi De scribis et viatoribus porta à quatre le nombre des
celui de la détermination des crédits affectés aux diffé membres de la décurie de praecones attachés à leur service so.
rents services, soit enfin en ce qui concerne la fixation du Mode d'administration. — Les questeurs et les divers
montant des recettes à opérer. Au contraire, les questeurs agents sous leurs ordres n'étaient pas seulement chargés
provinciaux ou classici, qui devaient accompagner en pro du recouvrement des recettes et du payement des dépen
vince les généraux ou les gouverneurs, ou gouverner eux- ses, ils devaient encore procéder à des actes de gestion du
mêmes des provinces pro praetore, d'après le rôle qui leur patrimoine de l'Etat, ou de celui de certaines personnes
était assigné par le sort (sortitio provinciae) 66, recevaient de placées sous sa tutelle.
Vaerarium et des questeurs urbains les sommes destinées au Recettes. — Le montant en était déterminé par le sénat
service militaire, et leur rendaient compte à l'expiration de pour les impôts directs, et notamment pour le tributum ex
leurs fonctions. Au moins déposaient-ils leurs registres censu, à tant par 1000 as du census; et par les censeurs,
à Vaerarium, sous la surveillance du sénat87. 11 est à remar pour les fermes des revenus de l'État [vectigal]. Les ques
quer que les étendards [signa] étaient aussi déposés kl'ae- teurs avaient entre les mains des cndices ou tabula", à l'aide
rarium, d'où ils sortaient pour être remis aux troupes par desquels ils opéraient les recouvrements, par l'intermé
les questeurs, au moment du départ pour une expédition diaire des scribae. Pour le tributum, ceux-ci s'adressaient
59 Cic. Pro Flucco, 1S ; Plul. Quaesl. rom. 43. — W Cic. Pkil. IX, 7; XIV, t) cr. Becker, Handbuch, II, 2, p. 351. — 70 lit. Lit. XXIX, 37 ; Appiau. Bell.
14; Valcr. Mai. V, I, 1. — «1 Cic. Verr. 111, 5, 18; Ibid. 16; Tit. Liv. X, Il ; cil). I, 31; Valcr. Maxim. II, 8, 1; Becker, l. I. II, î, p. 352, u. 882; Lange,
II, 34, 51, 52 ; Rupcrti, Handbuch, II, p. SI6. — 63 Feslus, s. v. Trib'itorum. — p. 742. — 71 Tit. Lit. XXXI, 50; Tab. Bant. lin. 18. — » Cic. Verr. III, 66
M Lange, Rômische Allerlhvmer, p. 333, 491, 504, 735; Uommien, Rômische Ces- et 79. — 73 Cic. Pro domo. 23. — 7k plut. Cato minor, '6. — 75 cic. De mat
chichte, II, 1,2; Bec ker, Handbuch der rôm. Alterth. II, 2. p. 337 ; II, 3, p. 166, deor. III, 30; Catil. 4, 7; Frag. Vatican. 124. — '» Cic. Pc nat. deor. m
H4 ; W. Zumpt, Crim. Recht, I, p. 77; Ruhino, Untcrsuchungcn Hber rôm. 30 ; Orelli, inscr. 3242 et 3756. — 77 Plut. Cato minor, 16; Cic. De legib. lu,
Vtrf. p. 310 et Cassel, 1839. Tacil. Ann. XI, 22; P.ut. Poplieol. 2Î; Zona- 20; Tit. Liv. XL, 29; Cic. Pro Cluent. 45. —7» Tabul. heracl. 80-82 ; Hau-
ras, VII, 13; Til. Lit. IV, 4, 43 ; Lydus, De mogist. I, Î4; Varro, Ling. lot. bold, Monum. légal, p. 117; Lange, 1, p. 772 et s. — 79 Egger, Lot. serm.
V, 14; Dig. I, ï, fr. H 23 ; — •> Plul. I. I. — 63 A[,pinII) Bell. ci». I, 31.— reliq. Paris, 1844, p. 284 ; Ilaubold, Monum. leg. p. 8S-89 ; Hommsen, De appa
O1» Lange, l. I. p. 746 et s. — 67 Laboulave, Essai sur les lois crim. des Rom. ru, mag. rom. in Jlkcin. Muséum, 1 848, p. 1-57 ; Kndurff, Rom. Reddsgcsch. I , g s t
p. 46, 47; Cic. In Verr. 1, 13, 14; II, 1, 14, 39 ; Ad famil. II, 17; et Ascon Ad h. L; Lange, /. I. p. 760 à 775; Becker, Handbuch, U, î, p. 353 et a. — M La"SgC
Tit. Liv. XXXVUI, r,4, 58; Gell. IV, 1S. - OS Tit. Lit. III, 69; IV, 22; VII, 23. — I. 1. p. 772.
AER - 113 — AEK

aux curalores tribuum et aux magistri pagorum 81 , qui opé ou devant le tribunal populaire de l'emploi de ces fonds, au
raient d'après la teneur des rôles des citoyens, établis par cas d'accusation publique. Rien n'établit que le consul eût,
les censeurs tous les cinq ans (talmlae censoriae). Plus tard, comme on l'a cru 9J, un crédit limité qu'il ne pouvait dé
cette levée de deniers se fit par l'intermédiaire des tribuni passer sans une nouvelle ouverture de crédit.
atrarii, choisis parmi les citoyens opulents, qui ne pou Cependant les censeurs ne devaient pas dépasser dans les
vaient se dérober à cette charge [tributum] 8i. dépenses qu'ils accomplissaient en matière de travaux pu
Les questeurs pourvoyaient au recouvrement par les blics une somme fixée par le sénat **. Il y a là quelque chose
scribes, des vectigalia dus en vertu des baux administratifs de semblable à un crédit ouvert par ce conseil tous les cinq
dressés par les censeurs, et dont les titres (instrumenta) ans pour l'exercice de la censure, qui durait en général
étaient déposés à Yaerarium Ils avaient affaire pour cela dix-huit mois. Le sénat décrétait les fournitures à l'armée
avec les sociétés de fermiers ordinaires des revenus du et en faisait adjuger l'entreprise. 11 n'est pas moins difficile
trésor [publicani]. Mais le sénat se réservait d'accorder des de savoir si le consul, qui avait le droit d'émettre des or
remises, des délais, ou même de prononcer la résiliation de donnances de payement, pouvait toucher lui-même les de
ces marchés administratifs 8k. En outre, les questeurs tou niers. La négative paraît certaine en ce qui concerne les
chaient85 les redevances (stipendia) des provinces, directe- consuls employés à la guerre, car c'était le quaestor clas
-mentou par l'intermédiaire des questeurs des généraux en sions qui avait la garde et le maniement de la caisse mili
voyés sur les lieux; ils recevaient les valeurs apportées par taire 9S. D'un autre côté, depuis l'institution des censeurs
les triomphateurs, les produits extraordinaires des emprunts et des édiles, c'est à ces magistrats qu'appartenait en gé
nu de la vente de partie des terres publiques, ceux des néral le droit de diriger les travaux publics et la police
amendes prononcées ou obtenues par d'autres magistrats municipale, et par conséquent d'ordonner les dépenses.
que les édiles et les tribuns (celles-ci étaient déposées à Yae- Us auraient pu délivrer les mandats de payement y relatifs
rarium plébéien du temple de Gérés), et enfin le prix de la avec l'autorisation du sénat96; peut-être le consul le fai
vente des biens confisqués [bona damnatorum] *6. Rappelons sait-il directement au profit des ayants droit, tels que four
eu outre qu'à leur retour les caissiers des généraux (quaes- nisseurs, ouvriers, que payait le questeur97. Après l'institu
tores provinciarum ou classici) déposaient leurs comptes avec tion des tribuni aerarii 98, chargés du recouvrement du tri
le reliquat à Yaerarium 87. Une bonne partie de ces diffé butum ex censu, le produit de cet impôt, spécialement des
rentes recettes était placée en réserve dans Yaerarium sanc- tiné aux dépenses de l'armée, dut être versé directement
tius; une portion moins considérable et déterminée par le par les questeurs à la caisse militaire, peut-être sur l'ordre
sénat restait à la disposition des questeurs dans le trésor du consul, lors de l'institution des questeurs militaires;
ordinaire, pour être affectée aux dépenses courantes. car auparavant ces tribuns payaient eux-mêmes la solde
Dépenses. — Il semble qu'en fait les Romains aient pra aux troupes, qui avaient contre eux un droit de gage
tiqué 85 le grand principe de la comptabilité moderne, la [pignoris capio] ".Plus tard.au contraire.il fut uniquement
séparation entre des mains différentes des pouvoirs d'or acquitté par les quaestores classici m. Les questeurs du tré
donnateur et de comptable. En règle, le sénat pouvait seul sor remboursaient parfois aux contribuables un impôt
ouvrir des crédits aux différents magistrats, aux officiers extraordinaire. On les voit encore chargés de déléguer à
publics, ou, pour être plus exact, donner l'ordre de leur un créancier de l'État un débiteur de l'État qui est tenu
fournir des fonds. Du moins, les questeurs ne pouvaient de payer sous peine de poursuites judiciaires et d'un
délivrer aucuns deniers sans l'avis du sénat; s'agît-il même accroissement de la dette 101 .
d'un dictateur N, le fonctionnaire devait justifier de cette Actes de gestion. — Nous rassemblerons sous ce titre
espèce d'ordonnance de payement. Cependant, il en était diverses attributions des questeurs relatives au domaine de
autrement des consuls, sans doute parce qu'on les regardait l'État, et analogues à celles de notre administration des
comme les chefs du pouvoir exécutif ; ils avaient le droit, domaines (bien que celle-ci, en général, appartînt plus spé
sous leur responsabilité, de faire délivrer des deniers par cialement aux censeurs) 10s. Ainsi c'étaient les questeurs
les questeurs. Walter et Lange admettent que ce droit leur qui, sur l'ordre des consuls ou des juges compétents, pro
appartenait sans restriction 80 ; Becker pense que lorsque les cédaient à la vente, aux enchères publiques des biens
consuls étaient éloignés par les guerres, ils ordonnaient en vacants acquis en nature à l'État ,M, du butin fait à la
core des payements, mais seulement par l'intermédiaire du guerre, et des objets conquis et employés à la pompe d'un
^éiiat91. A cet égard, nous ferons d'abord observer que le triomphe, quelquefois aussi, suivant les circonstances,
consul lui-même n'était pas maître de disposer de Yaera- d'une partie de Yager publicus, qui prenait le nom d'ager
num sanclius sans une autorisation spéciale du sénat", bien quaestorius, et des biens des condamnés, après confisca
(iue la clef lui en fût confiée. Dès lors on comprend qu'une tion. On a vu qu'ils étaient chargés d'ailleurs de recou
sorte de crédit illimité ait pu être ouvert à ceux-ci sur les vrer le prix d'adjudication constaté par leurs registres.
fonds de Yaerarium ordinaire, dont ils disposaient comme Pendant la guerre d'Annibal, le trésor reçut en dépôt les
ministresde la république, au moyen d'ordonnances adres deniers des veuves et des pupilles, pour lesquels les ques
ses aux questeurs, à charge de rendre compte au sénat teurs ouvrirent des comptes spéciaux 101. Enfin ils pour-

n Dioa. H4l.1V, M, 15. — M Walter, Cesch. des rôm. Jlcchls, I, § 181, p. 273 ; Tit. LiT. Xl.IV, 10.— 83 Tit. Liv. XXVII, 10; Cae». Bell. ct'o. I, 14 ; Dio Cassius,
Monnsen. lUm. Trib. p. 20-2G ; Madwig, De trib. aer. in Op. acad. U, 242.— 8S Tit. XLI, 17. — »» Schweighaiiser, Ad Polijb. VI, 15. — »'• Tit. Liï. XXXIX, 44; XL, 40,
XXXIII, 42 ; Plut. Quaest. rom. 12. — » App. Oeil. cio. H, 13; l)io Cass. 51 ; XLIV, 10; Tolyb. VI, 13, 14. —9» cic. Verr. II, I, 39; Ad t'amiliar. II, 17.
Uïï'U,7; Pulyb VI, 17 (15); Tit. Liï. XXXIX, 41 ; Walter, /. I. I, § 1S3, p. 278. — 96 pulyb. VI, 19; Tit. Li». XLIV, 16. — 97 Lanpe, l. I. p. 741. — »> Varro,
— " Tit. Lit. XXXVIII, 55; XUI, 6; Bccker, 111, 2. p. 160. — Tit. Li». IV, 15 ; Ling.lat. V, 181 ; Cic. In Verr. III, 70, 71 ; Ferrât. Epist. III, 17 ; Festus, t. s.
*XXV1U, M ; VIII, I» ; Dion. Halic. XI, 40. — 87 Ug:r, l. I. p. 746 ; Laboulaye, At rarii ; Mnmmsen, Rôm. Tribus, p. 48. — 99 r.aius, Inslit. IV, Î7 ; Cell. VII, 10. —
£«mi in- (fj (où crim. des Rom. Paris, 1815, p. 47. — 6* Au moins au point dp 100 Ascon. In Verr. II, I, 13, p. 1 07, edit. Orclli. — 101 Tabula Hcracl. c. n. —
d'P"t de la hiérarchie — •» Polyb. VI, lî, 13 ; Tit. Liï. XXXVUI, 55; XLIV. 16 ; 101 Tit. Liï. XXIV, 18. — 'OS Tit. Lit. II, 14 ; Dion. V, 34 ; Plul. Poplic. l'J. —
&»»n«, VU '3. _ 93 I, g |35; L«nge, l. I. p. 614. - 91 11, 2, p. 110, noie 239; 10» Tit. Liï. XXIV, 18.
I. 15
AER — 1 14 _ AER
voyaient directement au logement et à l'entretien des rois à-dire louée à des particuliers ou laissée à d'anciens pos
et des ambassadeurs alliés, ainsi qu'aux présents à leur sesseurs, moyennant un vectigal dont les censeurs louaient
remettre au nom de l'État ,os. l'exploitation aux publicains [censoria locatio]. Le trésor
Responsabilité. — La comptabilité des questeurs était continua de percevoir à Rome Yaurum vicesimarium manu-
tenue par les scribae aerarii, par doit et avoir, au moyen mùsionum, la scriptura, sur le bétail mis en pâture dans
des codices accepti et depensi 106 ; on y joignait ceux des les pascua publica ; le monopole du sel était exploité hors
questeurs militaires sortant de fonctions. Les payements de l'Italie par l'intermédiaire des publicains "*. L'aera-
du trésor pouvaient d'ailleurs être contrôlés par les ordres rium profitait du produit des mines et carrières exploitées
de payement donnés par les consuls ou les magistrats au toujours en province, les unes en régie, les autres en
torisés par le sénat, ordres dont les registres de ces magis ferme ou concédées à des particuliers moyennant une
trats devaient faire foi ; de même à l'armée le consul et son redevance. Enfin l'État, qui se croyait le pouvoir de fixer
questeur tenaient chacun un compte séparé de la caisse la valeur et non pas seulement le poids et le titre de la
militaire107. Le sénat avait la haute surveillance sur l'ad monnaie, essaya de bénéficier dans la fonte des monnaies
ministration des questeurs; ensuite, à l'expiration de leurs aux dépens de la prospérité générale "7. Les droits de
fonctions, ils pouvaient être poursuivis comme les autres péage, de douane et d'octroi [portorium] sur le transport
magistrats romains, pour péculat ou pecunia residua [pecu- des marchandises, furent supprimés 1,8 sur le territoire
latus]. On vit aussi des généraux attaqués devant les romain, en 60 av. J.-C, et même dans toute l'Italie;
comices-tribus pour ne pas avoir fait verser à Yaerarium la toutefois, ils furent rétablis ensuite par Jules César et par
totalité du butin 10!, ou pour avoir détourné des fonds qui les triumvirs "'. Mais dans les provinces, et particulière
devaient y entrer 109 . ment en Asie, le produit des douanes était très-considé
III. L'aebamum, depuis la seconde guerre de Macédoine rable. Comme ressources extraordinaires, le trésor con
jusqu'à l'empire. — Pendant cette période Yaerarium de servait la viecsima manumissionum, les legs des rois alliés
meura placé dans le temple de Saturne et confié à la direc en faveur du peuple, puis le produit considérable des con
tion des questeurs ; mais la défaite de Persée et la conquête quêtes ou des tributs acquittés en une fois par les vain
de la Macédoine par Paul-Émile, en 168 av. J.-C, avaient cus, etc. Pompée versa dans Yaerarium 20,000 talents, soit
inauguré une ère nouvelle pour le trésor public; 45 mil cent vingt millions de francs, et doubla presque le revenu
lions versés en une seule fois dans sa caisse, et le tribut public en le portant à 81 millions cinq cent mille drachmes,
de la Macédoine bientôt réduite en province, après une c'est-à-dire plus de 80 millions de francs m. Mais il est im
troisième guerre, en 142 av. J.-C, dispensèrent désormais possible de donner une appréciation approximative des
le sénat d'imposer au peuple le fardeau du tributum e.c ressources moyennes du trésor pendant cette période ,n.
censu. Désormais les Romains ne supportèrent plus en prin Suivant Pline '",1a troisième guerre punique avait mis dans
cipe d'impôt direct sur le capital jusqu'en 43 av. J.-C, où Yaerarium 726,000 livres d'or et 867,000 d'argent, au total
il reparut sous le consulat d'Hirtius et de Pansa. Du reste, environ 756,600,000 fr. ; avant la guerre sociale, il conte
on continue à distinguer Yaerarium sanctius, les caisses nait 1,620,829 livres d'or ou 1,512,783,405 fr. Suivant Du-
spéciales des généraux et celles des édiles. reau de la Malle, Marius rapporta de la guerre contre Ju-
Recettes. — Le trésor s'était enrichi de capitaux mon gurtha plus de 33,600,000 fr.; César, lors de son triomphe,
nayés provenant du but'in fait sur Carthage, Antiochus et déposa au trésor des vases d'or et d'argent estimés
Persée, et bientôt de nouvelles conquêtes. D'autre part, 371,000,000 fr."', etc.; il avait trouvé 2,000,000,000 dans
I'ager publicus avaitété amoindri parles usurpations, les as Yaerarium de la république en 49 av. J.-C
signations et les colonies. L'abolition du tributum ex censu"" Dépenses. — Les progrès de la domination romaine ten
laissa subsister divers impôts perçus d'après un rôle nomi dirent à diminuer les dépenses de la guerre. Mais le trésor
natif : telles sont les redevances payées par les détenteurs de se trouva chargé, par suite de la décadence de l'agricul
Yager publicus, colons ou fermiers, celles qui étaient impo ture et de la classe moyenne en Italie, d'un surcroît de far
sées extraordinairement aux colonies ou municipes avant deau analogue à celui de la taxe des pauvres dans les temps
l'acquisition de la cité romaine lM, aux dediticii et même modernes. Les dépenses ordinaires ne diffèrent à peu près
aux peuples alliés [socii] pour l'entretien de leurs troupes 11S. en rien de celles de la période précédente. Cependant les
Lorsque l'Italie eut acquis le droit de cité romaine, après fournitures faites à l'armée s'accrurent depuisC.Gracchus1".
la guerre sociale, elle fut traitée comme Rome elle-même La solde fut doublée par Jules César. Les frais de la marine
et exemptée du tributum ex censu. Dans les provinces, paraissent avoir été supportés par certaines villes alliées,
Rome trouva, sous diverses formes, d'abondantes sources sauf les cas extraordinaires. Les provinces payaient elles-
de revenus [stipendium, vectigal, tributum] "3. La républi mêmes leurs dépenses locales et les charges de guerre,
que acquit encore en province un domaine public consi outre leurs impôts. Leur administration n'imposait guère
dérable aux dépens de celui des rois ou des villes détruites à l'État directement que certaines fournitures faites au
ou prises d'assaut; cette nouvelle partie de Yager publi gouverneur, et le vasarium de ses agents '**. Pour les tra
ons fut en général traitée comme celle de l'Italie c'est- vaux publics, les règles étaient les mêmes que précédem-

105 Lange, ROm. AU. p.7H; Tit. Liv.XXVIII, 39; XXX, 17, ele, — K» Ascon./n 2, 10; Cic. Pro leff. Man. 6; Plia. Hist. nat. XXXIII, 21 ; Tit. Li». XLIV, 21 ; XLV,
Verr. II, I, U ; Plut. Cat. minor, 17, 18; Cic. Pro Fontcio,. 1, 2, 3. — loi Cic. 29. _ 117 Becker, Op. I. III, 2, p. 12 et s. ; Walter, Op. I. § <S6 tSS, p. 278 et suiv.;
Verr. II, I, 39.— 10» Tit. Liv. V, 32 ; Dio Cass. Fr. 28; Fv. Vahc. 23 ; Dion. Ha'. Uoiiimsen, Rômisch. Manzwaat, p. 180-312.— »' Mu Cass. XXXVII, 51 ; Cic. Ad
XII, 18; Plut. Camill. 12; Zunaras, Vil, 22. — io> Rein, Dos mm. Jlecht der Attic. 11, 20; Ad Quint, frat. I, I, 16 (11). — H9 Suel. Caesar, 43; Dio. Cas*.
Ilômer, p. 672. — 110 plut. Paul. Aem. 38 ; Tit. Liv. XLV, 40 ; Walter, Gesch. XLVII, 16. — W Tlut. Pomp. 47. — «1 Dureau de la Malle, Ëcoa. polit, des flom.
rie.» rùm. Hechts, n° 131 ; Lange, (. I. I. p. 473. — lit TU. L>v. XXVII, 1 0 ; Rupeni, II, 403 ; Moreau de Jonnet, Statist. des peuples de l'antiq. II. p. 524 et suiv. —
Handbuch. U, p. 842. — 1» PolyL. II, 21. — 1" Beckcr, 116m. Alt. III, 2, p. 139; ttt Hist. nat. XXXIII, >7. — 1» Plut. Caes. 55; Dio Cass. XLIII, 19 ; Vellcius.
Walter, /. /. I, § 240, p. 351. — 111 Walter, l. I. I, § 238, p. 319. — »! Cic. Pro II, 56; cf. Plin. Hist. nat. XXXIV, XXXVI, XXXVII, passim — l» Plu». C. Gracch.
Irge Mnmlw, 17. — 11" Becker, III, 2, p. 143; Walter, I, § 242, p. 355 ; Strab. III 5 ; Polyb. VI, 39. — "5 Cic. In Pison. 35.
AER - I 13 — AER
ment. En revanche, les distributions à prix réduit et sou lier IW. L'empereur, qui avait décrété et fait exécuter la
vent gratuites de blé et même de viande (visceraiiones) à la levée géométrique du plan de l'empire M et le recense
multitude des prolétaires ou des affranchis oisifs,sans cesse ment général des habitants et des fortunes [census], avait
croissante à Rome, devinrent pour le trésor une charge de à cœur d'introduire l'unité ,M d'impôts et la régularité
plus en plus lourde. C'était le symptôme de la décadence dans la perception aussi bien que l'ordre dans les dé
d'un état social fondé sur le mépris du travail et de l'in penses. L'aerarium demeura au temple de Saturne, et con
dustrie, etsur lagloritication delà spoliation [frumentariae tinua d'être considéré comme la propriété de l'État, con
ieges]. Une loi de CaiusGracchus ordonna de distribuer au fiée, pour la forme du moins, à la haute surveillance du
peuple du blé à des prix extrêmement réduits"'. En 58 av. sénat; mais l'administration en fut modifiée quant à son
J.-C, en vertu de la loi Clodia, les distributions devinrent personnel. Un trésor spécial de l'armée fut créé [aerarium
tout à fait gratuites, ce qui attirait à Rome les indigents de militare.arca praefecturae], et enfin un trésor particulier
toute l'Italie Jules César se vit forcé de réduire le de l'empereur [fiscus].
nombre des copartageants de 320,000 à 150,000 La re Recettes. — Le tributum ex censu, rétabli pour Rome et
mise faite par la loi Clodia des 5/6 d'as par modius de l'Italie depuis l'an 711 de Rome, 43 av. J.-C, fut maintenu
blé enleva d'ailleurs au trésor, d'après Cicéron la cin sous Auguste [tributum]. L'impôt direct se perçut en pro
quième partie des vectigalia, c'est-à-dire la valeur de vince pendant un certain temps sous forme de capitation
1,250 talents ou 7,000,000, suivant Dureau de la Malle130. (tributum in capila) et d'impôt direct foncier, payable en na
D'un autre côté, le trésor supportait l'achat par réqui ture ou en argent suivant les localités ,M. Cette redevance
sition de tous ces blés, lorsque l'impôt en nature pesant était le signe de la souveraineté romaine , qui ne laissait sub-
sur les provinces ne suffisait pas. sisterqu'unepropriété imparfaite sur les immeubles de pro
Administration de l'aerarium. — Sylla éleva le nombre vince, nommés agri vectigales [ager vectigalis] , plus parti
des questeurs à vingt "'. Il n'y eut toujours que deux culièrement stipendiariapraediu dans les provinces du sénat,
questeurs de Yaerarium, mais le nombre de leurs employés et iributaria dans celles de l'empereur [agrariae leges] ,u.
fui accru. Jules César porta le nombre total des questeurs L'impôt en argent était le plus fréquent, et dans quelques
à quarante IM. provinces il présentait de l'analogie avec le tributum ex
En 77 av. J.-C, un sénatus-consulte décida que les pro censu des citoyens romains en Italie. Ce tribut finit même
vinces seraient tirées au sort entre les questeurs élus, ce qui par se généraliser, et se paya dans toutes les provinces, in
s'appliquait notamment à la mission spéciale de la garde dépendamment de la capitation qui survécut à la transfor
de Yaerarium 1M. Les règles relatives à l'ordonnancement des mation de l'impôt foncier. Tous ces divers produits, même
paiements, à leur exécution et au recouvrement des re dans les provinces de l'empereur, appartenaient au trésor
cettes, furent maintenues. Dans la loi De repetundis, que public. L'aerarium populi percevait en outre les droits sur
Jules César fit rendre pendant son premier consulat, en 695 l'usage des aqueducs et des égouts, les contributions im
de Rome ou 59 av. J.-C, il introduisit quelques règles rela posées aux marchands, aux artisans, aux portefaix et aux
tives à la comptabilité des gouverneurs provinciaux. Ceux- filles publiques. Divers impôts indirects alimentaient en
ci devaient, avant de quitter leur gouvernement, déposer core le trésor public : ainsi le produit des droits de péage
leurs comptes de dépense en double exemplaire dans deux et de douane [portoria] était affermé comme précédem
cités du pays, indépendamment du troisième qu'ils remet ment. Caligula imposa encore sur les denrées alimentaires
taient à Yaerarium, entre les mains des questeurs Il devait introduites à Rome un macelli vecligal, aboli plus tard ,M ;
en être de même sans doute du compte des quaestores clas- il imagina aussi un droit du quarantième sur la valeur des
ski, qui avaient le maniement des fonds ; car ils pouvaient procès dans tout l'empire. Galba en accorda la remise,
être accusés de péculat soit pour détournement de la caisse comme l'attestent, au revers de plusieurs monnaies à son
militaire, soit pour s'être fait payer par des prête-noms des effigie 1W, ces mots : quadragensuma remissa, ou simple
sommes indûment réclamées au trésor public135; ou être ment : h. xxxx. Le grand bronze reproduit fig. 158 ap-
contraints par l'action de residuis à verser leur reliquat à
Yaerarium 13*. Du reste, le sénat conserva la haute surveil
lance de la comptabilité de Yaerarium 137, et se trouva ainsi
appelé à juger des membres ou des alliés des familles pa
triciennes, et parfois des collègues 13S. Quant aux questeurs
urbains, placés dans la même ville, sous les yeux de leurs
concitoyens aussi bien que du sénat, et assujettis à la
comptabilité rigoureuse des codices accepti et depensi, on
ne peut citer presque aucun exemple de prévarication de
leur part u*.
Fig. 158. Grand bronze de Galba.
IV.L'aerarium sous l'empire jusqu'à Dioclétien. — Jules
César avait projeté une réforme administrative qui fut ac partient au Cabinet de France. Le trésor percevait un im
complie par Auguste et s'étendit aux finances en particu- pôt sur les locateurs de latrines publiques (foricarii) '".

,M Til. Li». Epitom. LX ; Cic. Pro Sexlio, 25 ; Moramsen, liôm. Tribus, p. 1 77-20 ; — 188 Laboulayc, Essai sur les lois crim. des Rom. p. 118 et a. — 1»» Ibid. 47. —
■eektr, Op. fond. III, 2, S8-II2. — Appian, Bell. ch. II, 120; Dion. Hal. IV, 24; iWSavigny, Ueber dierôm. Steuerverfassung unter den Kaisern, in Zeitschrift. VI,
Wilier,Op.i<HMi.a»î93— l*>Suet. Caes. 41 ; Uio Cass. XLI1I, 21. — 11» Pro Sextio, 321-396 ; XI, :0, «9.— 1M Waltcr, l. I. I, g 321, p. 486 ; Ruperli, llandbuch. Il,
B; Hat. Ca/. 28; Caes. 8. — I» Écon. pot. II, p. 403. — m llaubold, Monum. leg. p. 860. — 1" Dio Caas. LU, 28, 29. — »» Waller, /. I. I, § 325 cl 326 ; Ruperli,
p.«-M._ iSifr. |,| ï; V\ç,.Deolf.quaest.\, 13; Cic. Ad Quint. 1,1, 8 ;Tacit. Ann. Op. I. H, p. 860. — »» Caius, Inst. Il, 21 ; Theophil. Paraph. II, I, 40; Vatic.
11, 22; Ilio Casi. XLIII, 47, 51. — 18» Cic. In Verr. II, 1, 13; Pro Murena, 8. Frag. 259, 283, 285,289; Hv((in..Dc limit. const. p. 205, cd. Rudorffet Lachmaun. —
^ Cic. Adfamil. II, 17; V, 20. — «3 Cic. In Verr. III, 75. — 1M Ascon./n Cor- i« Plin. //ùr. rat. XIX, 19; Walier, n» 329. — »« Cohen, Mon. imp. I, Galba, 17»,
m-L ti. orelii, p.7«; Ciel'™ Clucnl. 94.-137 Polyb.VI, 17 ; Dio Cass. XXXVII, 49. 179, 199, 200, 246. — 1*7 Fr. 17, § 5 D. De usur. XXII, 1, et Cujas, Obsero. XXII, 31.
AER 16 _ AER
Vespasien en établit en outre sur les urines et le fumier l*\ riae LEuEs], et enfin les congiaires [coNGiAnx.u^si souvent
Enfin les célèbres lois Julia et Pappia Poppaea, rendues sous offerts par les empereurs. Les fournitures en nature faites
Auguste pour encourager le mariage, et frapper de diverses par les provinces fertiles, comme l'Egypte et l'Afrique1",
incapacités ]escoelibes et les orbi, attribuaient au trésor du étaient employées partie à l'entretien de l'armée, partie à
peuple les institutions d'hérédités et les legs frappés de ca la largitio frumentaria. Celle-ci est évaluée par Dureau de
ducité en vertu de ces lois1*9. Si certains textes parlent du la Malle 166 à une dépense annuelle de 24,300,000 fr. Si on
fisc, c'est peut-être par une impropriété de langage devenue observe que, suivant le môme auteur, le revenu annuel
commune au temps d'Ulpien 1M. 11 en est de môme pour les en argent ne dépassait pas 40,697,00 ) fr., on voit, en dou
successions en déshérence, les biens vacants M, au moins blant ou quadruplant môme ce revenu, à l'époque d'Au^
en Italie et dans les provinces du peuple. La guerre ne guste, quel fardeau cette taxe des pauvres imposait au
se faisant plus que contre les barbares riverains de l'em trésor.
pire, n'enrichissait guère le trésor, si ce n'est en donnant Administration de Caerarhtm. — En principe, la surveil-
([iielques terres à Yager publiais ; la praeda fut attribuée I lance de Yaerarium Suturni et l'ordonnancement des paye
par Auguste à I'aerarium militare Quelquefois l'empe ments à faire par ce trésor demeurèrent confiés au sé
reur abandonnait à Yaerarium le produit de la confiscation nat167; il était de plus appelé à donner, sur les questions
des biens des condamnés153. Le trésor public continua de contentieuses en matière financière, des avis que l'usage
percevoir la vicesima manumissionum. Doublé par Cara- ou l'autorité de l'empereur paraît avoir transformés en dé
calla, cet impôt indirect fut rétabli par Macrin sur son an cisions souveraines 16*. La direction de la caisse fut enle
cien pied184; mais il produisait peu depuis les restrictions vée par Auguste aux questeurs et confiée à deux praefecti
apportées par Auguste aux affranchissements. Les autres aerarii, que le sénat dut choisir parmi les préteurs sortant
droits non mentionnés ci-dessus appartenaient soit à Yae de charge. Plus tard môme, mais pendant un court espace
rarium militare, soit au fisc. 11 est difficile d'évaluer les de temps, il voulut que cette mission échût par le sort à
ressources du trésor sous l'empire. Antonin laissa en mou deux des préleurs en exercice 189, nommés praetores aerarii
rant 7 45 millions de francs 155. Gibbon évalue le revenu gé ou ad aerarium dans certaines inscriptions 17°. L'empereur
néral de l'empire de 350 à 450 millions de francs. Tibère Claude rendit à deux questeurs la garde de Yaerarium Sa-
laissa 2,700 millions de sesterces 155. turni "', en fixant à trois ans la durée de leur charge.
flépenscs. — Les dépenses relatives à l'armée 157 et con Mais comme on pouvait alors être questeur à l'âge de
cernant la maison impériale 158 incombaient désormais à vingt-cinq ans178, on reconnut que l'inexpérience de plu
des caisses particulières. Le trésor public continua de sieurs questeurs les rendait impropres à ces fonctions dé
supporter les autres dépenses relatives à la police, à l'ap licates, qui furent restituées, sous Néron, d'abord aux
provisionnement de Home, à la voirie159, du moins jusqu'à anciens préteurs173, puis, sous Vespasien, à deux des pré
l'établissement postérieur d'une arca publica de Rome100,les teurs en charge sous Trajan à deux préfets. Cependant
frais de l'administration de l'Italie et des provinces. Ces on trouve encore, sous Adrien et Sévère173, d'après les
frais s'étaient beaucoup accrus depuis l'organisation ad inscriptions, des quaestores ou tnW quaestorii ab aerario
ministrative inaugurée par Auguste; il avait en effet mul Satumi"'; il en exista môme jusqu'au quatrième siècle.
tiplié les ressorts et établi le principe de la rétribution des On peut supposer que les questeurs avaient conservé quel
fonctionnaires impériaux 1C1. Vespasien évaluait à 10 mil que autorité en ce qui concerne la garde des archives, et
liards de francs le capital nécessaire pour réparer les désas en môme temps celle des registres de la comptabilité, et
tres de l'empire1". En outre, l'État établit un grand nom peut-ôtre la rédaction des procès-verbaux d'adjudication
bre de routes nouvelles et les pourvut de stations de publique 177. Sous ces fonctionnaires il y eut toujours des
poste [viae, stationes] entretenues, il est vrai, en partie scribae, praecones et viatores 178. En outre, dans les provinces
aux frais des cités et propriétaires voisins. Enfin, le déve du sénat, dont la distinction subsista jusqu'au troisième
loppement de la richesse et des lumières multiplia la siècle, des questeurs étaient envoyés auprès des procon
création de monuments artistiques ou d'utilité publique; suls179; et dans les provinces de César, un procurator cae-
le gouvernement créa des bibliothèques, organisa des saris ou rationalis, pour remplir les fonctions financières
écoles publiques et institua un grand nombre de traite auprès des praesides ou legati Caesaris [provircia]. Lespro-
ments ,8J de professeurs, littérateurs, savants et artistes. curatores n'eurent d'abord aucune juridiction contentieuse
L'aerarium supportait encore les frais des jeux et des fêtes en matière de finances180; elle ne leur fut concédée que
publiques161. Mais sa plus lourde charge était toujours sous Claude191. Ces divers employés avaient à leur service
dans les distributions gratuites de blé et quelquefois d'ar des scribae, viatores et praecones, comme les préleurs ou
gent faites à la plèbe de Rome (largiiio frumentaria), ré préfets de Yaerarium.
parties pour cela en trente-cinq tribus [annona, frumenta- Au troisième siècle, le sénat perdit en droit la direction
!'•» Suet. Yespas. 16, 23; Tzetzcs, Chil. 4. — »» Gaii's, II, 286; tlp. Iteg. I, Rom. Il, p. 404. — 1" Dio Cass. LUI, 16, 22 ; LXXI, 33 ; Tacil. Mit. IV, 3. —
SI ; Tacit. Annal. III, 25, 28; Plia. Epist. II, !6. — «S« l|p. Deg. XVII, 2 ; 168 Fr. 15 pr. et § 3, 5; fr. 42, § I, D. De jure fisci, XLIX, 14; C 1, Cod. J. Ile
Tr. De jure fisci, 8, 3; voyez cependant Maehelard, Droit d'aeerniss. p. liO et suit. — comp. IV, 31. — 169 Tacit. Annal. XIII, 29 ; Suet. Oct. XXXVI ; Dio Cass. XI.III,
l'i l'Ip. Jteg. XXVI11, 7 ; Tacit. Ann. II, 48. — 15i Walicr, Op. I. I, S 331, p. 501.— 48 ; LUI, 2. 32. — l'OOrelli, Inscr. I, 723 ; cf. Froot. De aquaed. 100; Walter, Op. t.
113 Dio Cass. LV, 32 ; Tacit Annal. IV, 20 ; VI, 2 ; Hist. 1, 00 ; Plin. Pan. 42. — I, § 330; Beeker, III, 2, p. 280. — "1 Suet. Claud. XXIV ; Tacit. Ann. XII l 29;
I" Dio Cass. 1.XXVII.9; LXVIII, I2;Orelli, Inscr. 3333-37.— '» Dio Cass. LXXHI, 8. Dio Cass. LX, 4, 10, 24. — "l Dio Cass. LU, 50 ; fr. 2 D. De tninor. IV, 4 ; Lips.
— 18» Suet. Coi. 37 ; Dio Cass. LIX, 2 — Suet. Oct. 49 ; Dio Oss. LV, 24, 25, Exc. ad Tacil. Ann. III, 29; Pardessus, De l'âge dans la Ir'g. rom. p. G »; —
32 ; LVI, 28. — 1M Senec. De benef. VII, 6; fr. 6, g i Dig. Ne quis in loco pub!. 17» Tacii. Annal. XIII, 29. — 17* Tacil. Hist. IV, 9. - "5 Wiilter, Op. I. I, H 330,
XI.UI, 8 — 'S» Dio Cass. LU, 28. — 16" Vopisc. Aurel. 20. — 1»! Tacil. Arjricola, 42; p. 499. — «• Gndius, p. 41, 5; p. 125, 6 ; p. 131 , 3 ; Gruler, p. 424, 8 ; p. 1026, 9 ;
Dio Cass. LU, 23, 25 ; LUI, 15 ; LXXVIII, 22. — 162 Suet. Ycip. 16; bureau de la p. 1027,4. — I"17 Festus, s. v. lnconceps; cf. I>fmangeai, Condition du fonds
Malle, Écon.pol. II, 406 ; Broker. III, 2, p. 213 et s. — i«> Lamprid. Alex. Scv. 44 ; dotal, 1860, p. ÎI4, note 1. — 17» Mommsen, De apparitor. n. 29 à 39, in Ithrin.
Suet. Yespas. 18; C. Just. De professor. X, 52; C Theod. De meJic. XIII, 3 ; C , Mus. fur Phil. I81T.— 1"9 Gaius, I, 6 ; Dio Cass. LUI, 14,28 ; I.VI1, 16. - 1" Tacit.
Theod. De ttud. lib. XIV, 9; Waller, ;. n»« 354, 3j5. — i» Dio Cass. 1.111,2 ; LIV, 2, Annal. IV, 15; Suet. Nero, 17; Dio Cals. LV1I, 23. — i»! Tacil. Annal. VII, GO j
17. — i» Joseph, Bell. jud. II, 16, 4 ; Waller, a' 326. — 166 licou, polit, des I Suet. Claud. XII.
AER — H7 — AER
et la surveillance de Vaerarium, qu'il n'avait plus depuis les limites déterminées par l'empereur, pour les besoins de
longtemps que nominalement18*. Un procurator fut chargé leur administration, le surplus devant faire retour au tré
de cette administration en premier ordre, ayant comme sor central. Les bureaux des questeurs ou des procureurs,
principaux subordonnés les praefecti aeraiii M. L'empereur sous le contrôle du bureau central ou tabularium provinciae,
délivra dès lors directement les ordonnances de paye exigeaient aussi en province le service de nombreux em
ment, sans doute par l'intermédiaire de sa chancellerie. ployés, si l'on en juge par ce que nous disent les textes ou
Les quaestores, autrefois employés dans les provinces du inscriptions des diverses stationes fiscim, peuplées d'agents
sénat, furent remplacés partout par des procuratoresCaesa- dont la dénomination était tirée du chiffre de leurs appoin
rii ou rationu/es, comme il y en avait déjà dans les pro tements et de l'objet de leurs fonctions {tabularius, arca-
vinces de l'empereur m. En même temps disparut Yœra- rius, commentariensis, dispensator, exactor, procurator duce-
rium militare , mentionné pour la dernière fois sous narius, centenarius, sexogenarius) 1W. 11 y avait des admi
Héliogabale 1M. Les mots fiscus et aerarium sont désormais nistrations spéciales sous un procurator publicorum pour
employés l'un pour l'autre186. Les deux trésors étaient les vicesima hereditatum et reru?n venalium et pour le patri
encore administrés séparément, mais Yaerarium comme le moine de César. La défiance du gouvernement impérial
fiscus dépendaient absolument du prince. Beaucoup plus .avait dû maintenir la tenue exacte et régulière des codices
tard, en 435, on trouve l'expression aerarium employée accepti et depensi ou tabulae pub'icae. destinés à constater
pour des biens vacants lï7. les recettes et les payements effectués par le trésor. Quant
Mode d'administration. — Le droit de déterminer le mon aux rapports des délateurs avec Yaerarium, voyez dela-
tant des recettes et le chiffre des dépenses de Yaerarium fut iores. Les lois Julia de peculatu et De residuis atteignaient
d'abord maintenu en apparence au profit du sénat188; ceux qui se rendaient coupables de malversations dans la
mais, en réalité, ce corps était dans la main de l'empe gestion des deniers du trésor; nous renvoyons, pour ce
reur et ne décidait aucune affaire grave que d'après son qui les concerne, aux articles peculatus et residuae, et
initiative, ordinairement sur une proposition (oratio) trans pour les concussions des gouverneurs de province à re-
mise par les quaestores candidatim ou principis [quaestor, petundae.
oratio principis]. Le consul, qui avait la présidence du sé V. L'aerarium sous le bas-empire. — L'empire se divise
nat, était dépouillé de ses prérogatives antérieures en ma pour mieux résister à ses ennemis, et l'administration,
tière Cnancière "°. Le sénat n'osait décider seul les ques dans chacun des deux empires, se centralise de plus en
tions un peu importantes, lors môme que l'état du trésor plus, en multipliant ses ressorts. L'aerarium n'échappe
lui était soumis par les préfets de Yaerariumm. Elles étaient point à cette nouvelle tendance. On lui donne indifférem
examinées d'ordinaire avec l'agrément du prince, en sa ment ce nom ou celui de fiscus; mais néanmoins on dis
présence ou devant son délégué. D'un autre côté, l'empe tingue encore Yaerarium sacrum, ou sacrae largiliones,
reur pouvait user de l'ancien pouvoir consulaire qui lui avait Yaerarium privatum, et une arca praefecturae [arca]. Nous
été transmis pour ordonner à sa volonté des dépenses et les nous occuperons exclusivement ici du trésor public propre
l'aire payer par Yaerarium "*. Enfin, le titre d'mPERATOR lui ment dit, qui se trouve réglementé dans les plus grands
permettait d'établir de nouveaux impôts et de modifier détails par les lois des nouveaux empereurs. Mais cette
l'organisation financière 1M. Tous ces pouvoirs transmis régularité apparente et la savante hiérarchie des fonction
par la loi De imperio 191 aux successeurs d'Auguste ne firent naires financiers et autres entraînent des frais énormes, et
que se développer dans leurs mains. Lorsqu'ils n'exercè l'histoire de la décadence du bas empire consiste autant
rent pas eux-mêmes ou ne confièrent pas à d'autres la dans les vicissitudes des luttes du fisc avec les contribuables
censure, ils concédèrent aux consuls le soin de préparer que dans celles des combats avec les barbares.
cl de^ passer les anciens baux à ferme des impôts indi Recettes et dépenses de Caerarium sacrum. — Le principal
rects, etc. , de Yager publicus1**. On a vu qu'au troisième revenu*00 du trésor consistait dans le tributum ex censu,
siècle le procurator mis à la tôte de Yaerarium reçut, en appelé aussi capitatio ou jugalio, alors applicable dans tout
règle générale, les ordres de l'empereur pour les payements l'empire, à part les villes gratifiées de l'immunité [immuni-
à effectuer. Les recouvrements étaient opérés à Home par tas]. C'était un impôt sur le capital, puisque la déclara
les praefecti aerarii, et en province, sur l'ordre des gouver tion du cens embrassait non-seulernent les immeubles,
neurs, par les questeurs ou par leurs successeurs, les ratio- mais encore les bestiaux, les esclaves, et indiquait les re
naies ou procuratorcs Caesaris. Le plus souvent les impôts venus provenant de locations de toute sorte, et les capi
indirects étaient payés au trésor par les sociétés de publi- taux mobiliers des rentiers*01; mais il comprenait par cela
cains sous la forme d'un prix de bail, suivant les clauses môme un impôt foncier (jugatio terrena) qui suivait le
du cahier des charges. Mais il en était autrement du tri- bien grevé entre les ma ns de tout possesseur. Le montant
liutum ex censu, de la capilation et de l'impôt foncier. Le de l'impôt était fixé par le décret annuel de l'empereur [is-
produit de ces recettes devait être versé dans la caisse de la dictio]. Nous ne parlons pas ici de l'impôt en nature
province, entre les mains des questeurs, plus tard des rort'o- {annona), parce qu'il se payait à Yarca praefecturae. Les
nales ou de leurs employés196, et mis à la disposition des commerçants étaient en outre immatriculés et payaient
gouverneurs, ou en Égypte du préfet197, sans doute dans un impôt à raison de leur commerce [lostralis colla -

Lampril. Diidnmcn. \. — 1,3 Vopi»c. Aurel. 9, 12, 2 I. — 1«> Dip. I, 19; Mon. lerj. p. 222 ; Ulo Cass. LUI, 17. — "S Ovid. De Pouto, IV, S, 19; 9, 45. —
G. 3 c. Jmt. De conven. fisc. deb. X, ï ; C 4 C. Jusr. De fide hastae, X, 3. — 1M Dio Cass. LU, 25; LUI, 15; Tacit. Agricol. 15; Capit. Anton. Pius, 6. —
'»» Orelli, Inscr. n° 9M. — •»« Fr. 9 Dig. De S. C. Sitan. XXIX, 5 ; fr. 96, B 1 D. De 197 philo. Ado. Flaccum, p. 905, 984. — 19» Fr. 45, g 7 Dig. De jure fisci, XUX,
l<-g. XIX, I ; fr. 13, De jure fisci, D. XUX, 14 j fr. 9, g 0 D. Ad leg. lui. pccul. 14; C I C. Jusl. De camp. IV, 31 ; C. I. C. Ne fiscus rem. X, 5; Orolli, Inscr. 3207,
XL* 111, 13; C ï, 3 C Jtint. De quad. praesc.Ml, 37.— m C. 5 C Throd. De bon. 4107, 4120, 3331, 3178.— 1» Bfcker, /. I. III. ï, p. 22S; Orelli, I, 946; Bùckli,
tac.X. 8. _ ISS Dio Cassius, LUI, 16. 122 ; LXXI, 33. — «M Suct. Oct. 65 ; Titus, 6; Discr. H, n» 3751 ; III. 4485; Walter, Op. 1. I, g 333, p. 503. - «°o Savi^ny, i-eoer
Uio Cm». LIV, Î3; LX, 2. —"0 Walter, Op. I. I, § 282, p. «3. — >»« Tac. Hat. die rom. Strucrvcrf. tinter dm Kaisern, in Yermischte Schrift. II, 67-215. —
IV, 2. - I»! |)io Cas». LUI, 16, 22. — 193 Id. LU, 23; LUI, 17. - Haubold, soi Walter, Op. I. I, g 405, p. 586.
AER — 118 — AER
tio] *M. La capilatio humana ou plebeia pesait seulement sur dinairement supportés par le sénat ou par certains ma
les classes inférieures, notamment sur les individus non gistrats, mais aussi quelquefois par le trésor public. Enfin
inscrits au cens, comme les artisans et ouvriers des villes, il payait une partie des dépenses des bains publics.
les colons, etc. *°3, même les femmes, mais pour une quo Administration de Caerarium sacrum. — Nous nous bor
tité moins forte; à part cette exception, elle consistait nerons à une indication rapide. Le droit de déterminer le
dans une somme fixe payable par chaque tête de contri montant général des recettes"7 et des dépenses appartient
buable d'un âge déterminé. De plus, les propriétés des à l'empereur seul, investi du pouvoir souverain et ayant
sénateurs furent grevées jusqu'à Justinien d'un impôt sous les yeux le tableau général des provinces de l'em
spécial appelé gleba ou follis; les plus pauvres devaient pire, le résumé du census et le catalogue (laterculum) "8 de
une capitation de sept solidi [solidus] m. h'aerarium tous les fonctionnaires, c'est-à-dire de tous les services pu
percevait un droit sur les lenones et les meretrices, sup blics. L'administration de Yaerarium sacrum est déléguée
primé par Théodose le Jeune et par Anastase. Parmi les à un ministre des finances, appelé cornes sacrarum largi-
impôts indirects, nous retrouvons les anciens portoria sous tionum™ [comes]. Sous lui sont répartis'10 dans les divers
le nom de vectigalia ; l'exploitation en était encore diocèses des comtes d'un ordre inférieur, nommés comités
affermée à des publicains MS ; et un droit de 4 d/6 p. 100 ltalicianorum, Gallicianorum, etc. Viennent ensuite comme
[siliquaticum] sur toutes les marchandises mises en vente autrefois des procuratores ou rationales summorum pour les
(vectigal rerum venalium), aboli également dans la suite m. différentes espèces de revenus, avec leurs bureaux (slatio-
Ajoutons les redevances des maisons, des mines ou carrières nes)m comprenant les librarii, commentarienses, tabularii,
concédées par l'Étal, ou les produits de celles qu'il exploi arcarii, dispensatores, exactores aerarii; on trouve encore
tait, des manufactures impériales de vêtements et le fer des employés nommés praepositi thesaurorum Sii ; le gouver
mage des salines impériales107. nement de chaque province avait aussi des receveurs ou
A côté de ces ressources normales, il faut placer des susceptores immédiats, qui versaient aux receveurs du tré
recettes extraordinaires, comme I'atjhum coronarium, payé sor, praepositi thesauri. Le ministre des finances avait d'ail
par les décurions des villes'09, et I'aurum oblaticium, offert leurs près de lui une grande quantité de palatini, ou offi
dans les grandes occasions par le sénat de la capitale î09. ciers mis à sa disposition pour des missions temporaires
Enfin, dans les cas de nécessité, le trésor avait recours à ou pour exécuter ses ordres. Ces agents étaient divisés en
des impôts extraordinaires, tels qu'une superindictio gé plusieurs bureaux ou scrinia correspondant en partie aux
nérale, ou bien une charge spéciale imposée à ceux qui diverses natures de recettes !S3 (scrinium exceptons, tabula-
tenaient une terre ou une maison de la munificence impé riorum, canonum, mittendariorum, etc.). Pour le recouvre
riale"0. Enfin le trésor avait dans sa dépendance les ate ment de l'impôt principal (tributum ex censu, capitatio ter-
liers monétaires, et parfois il bénéficia sur la fabrication rena, jugatio, largitionales tituli), l'État employait aussi le
de la monnaie d'argent *". concours des magistrats et fonctionnaires municipaux
Le trésor public demeurait en général étranger à toutes (principales, tabularii, logographae, et même des curiales
les dépenses de la guerre, mises à la charge de l'arca prae- [curia], des decaproti et protostasiae m, etc.), suivant le
fecturae, comme a l'entrelien des palais, biens et employés mode que nous allons indiquer bientôt. En outre, le comes
de la couronne, dont les frais étaient supportés par Yaera largitionum avait sous ses ordres, pour la direction des fa
rium privatum. En revanche, Yaerarium sacrum avait à briques impériales , divers procuratores (gynaeceorum ,
pourvoir aux traitements des nombreux employés 111 de baphiorum, linificorum) ta, et pour le transport de leurs
l'administration civile. Il supportait les frais d'entretien produits des corporations de bastagaru m. Plusieurs
des grandes routes et du service des postes'13; il en était agents spéciaux (comes vestis, magislri lineae vestis, scri
de même pour les monuments et, en partie du moins, nium vestiarii sacri) 1,7 étaient chargés de recevoir, em
pour les établissements publics d'instruction organisés à magasiner et conserver les objets fabriqués. Enfin, sous
Rome, à Constanlinople et dans plusieurs cités de l'em l'autorité du comes largitionum, des procuratores dirigeaient
pire"1. En outre, les empereurs contribuèrent aux frais du les ateliers monétaires S2S.
culte de la religion catholique, conjointement avec le pa Le montant des recettes étant fixé par une constitution
trimoine des municipes"5. Ajoutons qu'on retrouve en gé impériale pour les impôts directs ou indirects, et par le
néral dans cette période les dépenses ordinaires de la prix de bail pour ceux qui étaient affermés d'après des
période précédente. tarifs fixes, le ministre des finances pourvoyait à l'encaisse
La principale des dépenses extraordinaires consiste tou ment de ces revenus. Voici en résumé le mode suivi pour
jours dans les distributions à bas prix ou même gratuites l'impôt fondamental, I'indictio ou ancien triuutum. Quand
de blé et quelquefois de pain"6 (panis gradilis) aux plé l'empereur avait écrit de sa main l'édit d'indictio, fixant le
béiens de Rome et de Gonstantinople. En outre, les empe taux de l'impôt pour l'année financière commençant au
reurs donnaient au peuple des jeux dont les frais étaientor- 1" septembre, cet édit était transmis par le préfet aux

»"> Gothofr. Adcod. Theod. XIII. 1. — ><» Savigny,2, 1. 11,71-77. — 20» c. 2 C. Just. tit. ; Walter. Op. laud. I, § 583, p. 559 et s. — 2" Ou peut consulter pour l'nroiCTio,
Depraet. XII, 2. — «M C. I Cod. Theod. De vccl. IV, 12; C. 5-9 C. Just. De vectig. Gothofred. Parât, ad C. Theod. XI, 1, 5 ; C 13 C. Just. X, 16, et C. 4 C Just. X,
IV, 61.- ««C. 1 C.Juit.Zte nundïii. IV, 60. — M7 C. Theod. XI, 16 et 20; C 1 CJust. 23 ; Ho». 128, c. 1. — »i» C. 1-3, De offic. uuaest. I, 8 ; Novell. 17, praef. ; Notti.
De meiall. X, 19 . C. 1 1 C. Just. De vectig. IV, 61 ; C. Theod. I, 32, De procuralor dign. Occid. c. xt; Orient, c. iti. — »" Cassiodor. Yar. VI, 7; C. Theod. I, 10 ;
soa c. Theod. XII, 17 ; C. Justin. X, 74. — 209 C 11, 15, 20 C Theod. De sénat. C. Just. 1, 32.— s'° Ifotit dign. Occid. ed. Bûcking. p. 3-10; Gothofr. Ad. C.
VI, 2. — 2"> C. 1 a G C. Theod. De collât, donal. XI, 20 ; Novell. Theod. U, 27, De Theod. De consular. VI, 19. — «1 Fr. 45. § 7, Dejure fisci, XL1X, 4. — *« Nota.
relevatù. — 211 Dureau de la Malle, Écon. polit. I, c. m et x; Walter, n° 412. — dijn. Orient, c. xu; et Occid. c. x 2» c. 7, C. Theod. De palat. VI, 30 ; C
212 Walter,!, § 401, p. 184; C. 1 C. JusI.Zte ann. I, 52 ; C. 1, § 4 et 8 ; C. 2, g§ 1S, Just. De palat. XII, 24. Cette constitution est modifiée et développée dans le code
17, 23 ; De off. pracf. I, 27. — "3 C. Theod. VIII, 5 ; C Jus!. XII, 51. — «1> C de Justinien. — 22t Walter, Op. I. § 407, p. 590 , 591 ; Betlimanu-Holwegg.
Theod. VIII, 5 ; C. Theod. De stud. liber. XIV, 6; Sjmmach. Epist. I, 79 ; V, 35 ; Gerichtsvcrfass. p. 162, 188. — S2S c. Theo<l. I, 32. — 220 C. 4, U, C Theod. De
C. Theod. De prof. VI, 21 ; C Just. X, 52 ; C. rneod. De medic. XIII, 3. — SIS Su- murileg. X, 20 ; Gothofr. Paratit. ad A. (. — 2î7 JVoftV. dign. Or. c. î ; Occid. c. xu.
nmen. I, 8 ; V, 5. — «16 C Theod. De annon. line. XIV, 17, et Gothofred. Ad. h. — 223 jVof. dign. Or. c. in ; Occid. c. i ; Eckhel, Doct. num. vet. VIII c. m, § t.
AER — 119 — AER
recteurs des provinces [provincia] pour le publier et en ment le rôle d'ordonnateurs secondaires pour les dépenses
ordonner la mise en recouvrement. Le gouverneur avait locales afférentes au service de Yaerarium. La comptabilité
pour cela dans son officium un bureau spécial d'agents [ratiocinia) était établie au moyen des registres des préposés
appelés numerarii ou tabulant, charlularii ou tractatores. du trésor et de ceux de l'office des préfets et gouverneurs.
Leprincipalis**' de chaque cité procédait à la répartition de Quant aux règles sur la responsabilité, nous renvoyons aux
l'impôt avec l'aide des tabulant et logographae locaux, qui articles peculatus etREsmuAE. Les questions contentieuses
dressaient les rôles, et, après leur approbation par le rector, en matières fiscales étaient résolues par le rationalis sacra-
les transmettaient aux exactores pris soit dans Yofficium du rum largitionum, avec appel au cornes M7. G. Humbert.
gouverneur, soit parmi les curiales. C'est à cette organisa VI. Le local qui contenait le trésor prenait aussi, comme
tion que se rattache aussi l'emploi onéreux des magistrats on l'a vu, chez les Romains le nom à'aerarium. Voyez poul
locaux appelés decaproti et l'office de PR0TOSTASiAî50,et, de ies Grecs archeion.
puis Anastase, des agents fiscaux nommés vindices WI. Le tri C'est dans un temple que fut établi, depuis l'expulsion
but, payé en trois termes annuels contre quittance, était des rois, Yaerarium romain. Le temple de Saturne et d'Ops,
versé au receveur particulier (susceptor) du gouverneur; ce construit sur les pentes du mont Capitolin par Tarquin le
lui-ci transmettait l'état des recettes pour quatre mois à Yof Superbe ou TullusHostilius839 et donnant sur le Forum "3,
ficium palatinum, et les sommes encaissées par le praepositus fut désigné pour cet usage parValeriusPublicola*10. Le tré
thesauromm le plus voisin (sub obsigatione tabulant) ; de la sor, déposé dans les souterrains du temple ,M, était ainsi
elles étaient envoyées au cornes largitionum, dans un délai protégé par le respect que l'on portait au sanctuaire même,
fixé d'après l'itinéraire. Du reste, les listes devaient être un des plus sacrés chez les Romains. Il ne reste aujourd'hui
communiquées aux tabulant, afin de leur faire connaître du temple de Saturne îW que les six colonnes de la façade,
les restes à recouvrer *w. Une somme additionnelle de 2 1/2 et encore appartiennent elles à la dernière reconstruction
par 1,000 solidi, ou par tête, était perçue en outre à titre de qui fut faite sous Septime Sévère. Canina en a tenté une
frais de recouvrement, et partageable entre les employés !33. restauration dans son travail sur le Forum r'3.
Le contrôle des comptes appartenait à des discussores; et L'aerarium contenait aussi, comme on l'a vu, les archives
l'activité des gouverneurs et de leur office était pressée par du sénat, et on y déposait les étendards des légions"*.
des inspecteurs tirés du corps des palatini et nommés Dans les autres villes romaines,il est probable que Yaera
mittesdarii, canoîticarii, compulsores. L'empereur seul pou rium fut de même placé dans le temple le plus sacré ou
vait accorder des remises ou modérations (indulgentiae reli- dans ses dépendances immédiates. Dans plusieurs temples
quorum) m. On suivait des règles analogues pour le paye encore existants nous trouvons une ou plusieurs salles à la
ment et la centralisation des autres revenus par les ratio- partie postérieure qui ont pu servir à'aerarium. Tels sont
nales ou procuratores spéciaux. les temples de Sélinonte celui de Jupiter à Pom-
Le droit d'ordonner les dépenses et d'ordonnancer les péi IW, etc.
payements par les caissiers de Yaerarium sacrum ou arca Au temple de Jupiter, à Aezani, dans l'Asie Mineure,
largitionum, appartenait en principe à l'empereur. Mais une seule et grande salle voûtée existe sous la cella !".
cette prérogative était exercée en fait par ses délégués: D'après Vitruve1**, Yaerarium, les prisons et la curie de
d'une part, le cornes largitionum autorisait les comités in vaient être réunis sur le forum et leur grandeur propor
férieurs et les caissiers à faire les payements, suivant cer tionnée à son importance; Yaerarium pouvait être une cons
taines règles et justifications; d'autre part, les préfets du truction distincte. On a cru en trouver une de ce genre
prétoire, qui, chacun dans sa circonscription administra parmi les trois édifices à peu près semblables qui occupent
tive, étaient à la tête de l'administration civile et judi le côté opposé du temple de Jupiter, dans le forum de
ciaire de l'empire, devaient pourvoir aux besoins des dif Pompéi. Ce qui est certain, c'est qu'on y a recueilli une
férents services publics. La composition de Yofficium de grande quantité de monnaies d'or et d'argent M.
ces grands fonctionnaires nous le prouve, car nous y ren E. Guillaume.
controns, entre autres praefectiani, un bureau de nume AERARIUM MILITARE. — Trésor spécial institué par
rarii "* chargés du règlement de compte des finances, et Auguste en l'an 6 après Jésus-Christ. Ce fut d'abord une
un bureau de correspondance (cura epistolarum), pour ce caisse de retraite pour les soldats, dont le service avait été
qui concernait les matières financières. D'un autre côté, les limité l'année précédente à vingt ans pour les légionnaires,
vicarii et les simples gouverneurs de province, redores ou et à seize pour les prétoriens '. Cette institution paraît avoir
praesides [provincia], avaient une série à'officiales et appari- été promptement généralisée; d'après Dion Cassius et Sué
fjres organisés de la même manière î36, et qu'on nommait tone, Yaerarium militare aurait été dès l'origine destiné à
en général cohortales. Les présidents jouaient naturelle- subvenir à l'entretien des troupes et aux récompenses qu'on

"» C. 5, C. Theod. VIII, 15; C. 117, ltiid. XII, t ; C 1, VIII, 2; C. 1, XIII, 69 ; IV, 22 ; VII, 23. — Canina, Archil. greca., tav. lixii. — Jlaioi-, Pompéi,
10; C. î, XI, 4; C. 1, 12, 16, 80 C. Theod. De exact. XI, 7. — **> Fr. 1, 3, Dig. III, pl. xxï. — 2l7 ph. Lebas et Landron, Voyage en Grèce et en Asie Min. —
li- mm. L, 4, C 1, C. Theod. XI, 23. — »>> Joan. Lydus, De mag. III, 49. — •♦s V, î. — 519 Mazois, Pompéi. III, pl. mviir. — DieMoanAPiiin. Rnperti,
*»» Walter, Op. t. I, § 407, p. 592, et G.lhofr. Paratit. ad Cod. Theod. XI, 85; Tlandbuch der rôm. Alterthùmcr, llanov. 1 S 43 , II, p. 811 et suiv. ; Wilter, Ge-
XI. 1; XI, 26; XI, 30. — l" Nov. Major. VII, De curial.% 16. — Procop. tchiehle des rôm. Rcchts, 3» éd. Bonn, 1860, I, §§ 58, 179, 329, 405 ; Pcckir-JIar-
liât. are. c. mu ; Golhofr. Ad cod. Theod. XI, 28. — «M Notit. dign. et C. quardt, Ilandbuch der rôm. Alterthùmcr, Lei|>*. 1843-56, I, p. 313; II et III, 2
Jo«. XII, 53; Bcihman-Hollwegg, tierichlsoerfass. g 13 C. Theod. C. I, 12, passiin; Lange, ROmische Allerthilmer, Berlin, 1863, I, p. 4C6, 503, 503, 685, 739
13, 14, 15, 16, VIII, 1 ; C. Just. XII, 50, 50, 57, 58, 60. — "7 C. 5, C. Jusl. i-t s.; Uuieau de la Malle, Économie politique des Romains, Paris, 1S10; Duruy,
Cti cous, fisc. III, 26; C. 5, C. TheoJ. De jurisd. II, 1 ; C. 3, C. Theod. De Italie ancienne, dans l'Uniocrs pittoresque, P ris, 1855, -* partie, p. 211 et suiv.;
off. corn, larg. I, 10 ; C. 21, 28, 4b, C. Theod. De appell. XI, 30. — *» Tit. Liv. Huschke, Veber Censuswiddie Steveroerfassuiig der frùh.rômisch. Kaiser, Herlin,
Il, 11-, Ititm. liai. VI, I ; Kacrob. Sal. I, 8. — »'» Slacr. I. t.; Suet. Oth. 6; 1847 ; Savigny, Uômisch. Sieuervcrf., in I tm* Schrift. II, 126 et suiv. Berlin,
Ser». Ad Aen. II, 116. — 110 Plut. Poplicol. 22. — 1*1 Lucau. Phars. III, 153 18j0 ; Rein, iu Pauly's licalencyclop. t. I, 2" éd. 1SG2, v. Aorarium, et t. VI,
et v\. — JW Bunsen, Beschreib. Roms, I, p. 40-51 ; II, p. 7-14. — *" Canin i, 1852, 5. v. Vectigal ; Serriguy, Droit pull. rom. w* 98, 109, G14 et suiv. Tarif,
lidicas. topog. p. 159; Foro rom. p. 30; Ravioli c .Vontiroli, ltogionamcnto dcl 1862.
ton -orna»', p. Il, et p. 162 à 185. — »» Tacit. Ann. III, 51 ; Tit. Liv. III, AERA1UUM MILITARE. 1 Mon. Ancyr. tab. 3, lin. 35.
AER — 120 — AER
était dans l'usage de leur accorder'. Il fut alimenté par nait à un comes, jadis nommé magistep. reiprivatae', ayant
divers impôts de nouvelle création, et d'autres ressources. autour de lui un of/icium considérable et suppléé dans les
Ainsi d'abord Auguste attribua à cette caisse une con provinces par des rationales et procuratores ,0. Les pre
tribution déjà établie transitoirement par les triumvirs, miers, chargés des écritures et de la comptabilité locale
puis devenue permanente, consistant dans le vingtième possédaient aussi un officium composé d'employés nom
prélevé sur les hérédités et les legs, lorsque le défunt més caesariani La surveillance des haras, des bergeries
était citoyen romain [vicesima hereditatum] '. On y joi et des palais impériaux était confiée à des comités* provin
gnit un droit sur le produit des ventes aux enchères pu ciaux. Anastase confia le patrimoine privé au comes patri-
bliques [centesima REitiM venalium], et le cinquantième monii ,s. La rentrée des revenus du domaine, après diverses
sur le prix de vente des esclaves [quinquagesima] *. En vicissitudes, fut opérée par les recteurs des provinces [pho-
outre, l'aerarium militare recueillait naturellement le butin vincia], qui employaient à cet effet un tabularius et des
fait à la guerre [praeda], et l'empereur pouvait aussi lui susceptores, chargés de verser les recettes dans les caisses
attribuer une partie du produit des confiscations [confis- des préposés du domaine [arcarii] ". Les dépenses étaient
catio1 !. L'administration de cette caisse fut confiée à des ordonnées par le comte du palais (comes castrensis), qui pas
praefecti ou praetores aerarii militarisé, d'abord pris parmi sait les marchés pour le service de la cour revisait et
les anciens préteurs (praetoi-if), et tires au sort, et plus tard faisait payer les comptes par l'intermédiaire de son nom
nommés par le prince; ils perdirent alors le droit qu'ils breux officium ". G. Humbert.
avaient précédemment de se faire accompagner par deux AERO. — Corbeille de jonc, de sparte ou d'osier pou
licteurs 7. Ils étaient nommés pour trois ans 8. vant servir à contenir du
L'empereur disposait entièrement du trésor de l'armée, grain *, du sable etc. On
comme chef militaire chargé de pourvoir à la solde et à la voit employée au trans
l'entretien des troupes, et aux frais de la guerre en géné port des terres dans les
ral. Du reste, l'État avait des magasins, des arsenaux et bas-reliefs de la colonne
des dépôts d'armes dans trente-quatre cités9, et il ne faut Trajane , où des soldats
pas oublier que presque dans tout l'empire les troupvs sont représentés travail
étaient entretenues aux dépens des provinces. Plus tard, lant à la construction
l'aerarium militare, à raison môme de son insuffisance, des retranchements. La
tendit à se confondre avec l'aerarium Safumi; on le trouve figure est tirée de ce mo
Fig. li>9. Aero.
mentionné pour la dernière fois sous Héliogabale 10; cepen nument. E. S.
dant, sous Constantin, on voit reparaître une institution AEROTOAON ('Aspô-ovov). — Philon d'Alexandrie 1 dit
analogue, Yarca praefecturae [arca]. G. Humbert. que Clésibius, qui vivait vers l'an 120 avant Jésus-Christ,
AERARIUM PRIVATUM. Trésor privé.— A l'époque de inventa une catapulte lithobolique où l'air était employé
Constantin, le trésor public était appelé indifféremment comme ressort («po-ovov xaTaTcsXrtxov aiOo'Soaov), c'est-à-dire
fiscus, ou sacrae largitiones, ou aerarium sacrum ; mais on une machine où la force élastique de l'air comprimé ser
en distinguait soigneusement le domaine de la couronne vait à chasser les projectiles ; mais il paraît que cette ma
(aerarium privation, privatne largitiones), qui avait sa caisse chine était imparfaite ou présentait trop d'inconvénients,
séparée A ce trésor privé appartenaient les biens appar puisqu'on continua à se servir de la simple torsion des câ
tenant autrefois à I'ager pcblicus, ou correspondants, et bles [tormenta]. Vitruve appelle spirilalia les machines
qui étaient concédés à des colons (colom), ou donnés à bail mises en mouvement au moyen de l'air comprimé 1 : il en
ou en emphytéosc, ou enfin livrés au pâturage, (fundira énumère plusieurs et en décrit trois, dont deux sont attri
privâtae)*; en outre les immeubles spécialement affectes à buées par lui à Ctésibius, le premier, selon lui, qui fit usage
fournir aux besoins du palais impérial (praedia tamiaca, de l'air comprimé; mais parmi ces machines ne se trouve
praedia rei dominicae ou domus Augustae) *, des palais, et pas Yaerotonon. Masqcelez.
môme des haras et des troupeaux *; puis le domaine privé AERUMNA, AERUM.MJLA. — Instrument en forme de
proprement dit, ou patrimonial des empereurs5, qui fut fourche à l'aide duquel les voyageurs portaient plus faci
administré séparément depuis Anaslase; enfin, les biens lement leur bagage Marius en introduisit l'usage dans
confisqués sur les criminels 6 [bona damkàtorum], et les l'armée : d'où le nom de mulets de Marius (muli Mariant) *
choses vacantes ou les successions en déshérence7; quel donné plaisamment aux soldats [impedimentum]. — L'ae-
quefois cependant une portion en fut attribuée à l'aerarium rumna était aussi un instrument de supplice pour les
sacrum ou à Yarca praefecturae [arca] 8. L'ensemble des esclaves [furca]. — Le môme nom, par extension, s'appli
revenus de ce domaine privé était consacré aux dépenses qua à toutes sortes de travaux pénibles. E. S.
de la couronne, et spécialement à celles de la cour impé AERUSCATORES. — Mendiants, bateleurs, charlatans,
riale. L'administration supérieure de lares privâta apparte- qui amusent les passants ou cherchent par leurs discours à
o
* Sud. Oct. 49; Dio Cass. LV, 23-25, 32 ; LV1, 28. — S Uio Cass. LV, 25; PJiu. Da magist. II, 27. — 6 c. Theod. IX, 42, c. 16, 19. — 7 C. Therid. X, 8 ; Cassioil.
Paneg. 37, 40. — » Fr. 17, § 5, De verb. si'jn. D. L, 10 ; Taci . Ann. 1, 78 ; II, 42 ; Va»-. VI, 8. — «Noi. Theod. II, De compet. 17, c. 2, § 4. — 9 C. Theod. I, 1 1 ;
XIII, 31 ; Dio Cass. LV, 31 ; LVI11, 16; LIX, 9. — » Uio Cass. LV, 32 ; Ttc. Ann. IV, C Jusl. I, 33, 34. — 10 Sol. dign. Or. c. un ; Oec. c. u. — » C. Theod. X, 7.
20; VI, 2. — «Orclli, Inscr. 3393, 1811 , 3G4, 9 16, 1172; Motmntcn, Insc. regni ncap. — « Godufr. Parai, ad c. 11 Cod. Theod. De palat. VI, 30. — « C. Jusl. I, 3» A ;
493 1. — 7 Dio Cas». LV, 25. — » Dio Cass. /. I. ; cf. B..rghesi, Ann. dcl. Init. ai ch. L;dus, l. I.; Cafsiodor. Yar. VI, 9. — 1» Walter, Getek. des rim. Itechls, 3" édit.
1852, p. 38. — • Spart. Adrian. 15; Amm. Marc. XVII, 9. — 10 OreCi, 94C. — g 413, p. 599, noie 128. — "Godofr. Pa,-at. ad C. Theod. XII, 0 et VIII, 1. — "C.
BiGuocniFiiii. Hirfehfeld, Von den Aerarium milit. Leipz. 186i; Walter, Theod. De prêt. pisc. XIV, 20. — *7 Sotit. dign. Oiient. c. xv ; Occ. c. ut. —
GeschiclUe des rôm. Iiechls, Bonn, 1860, 1, gg 329, 331, 334, p. 497 cl s. ; Bcckcr, RioMOGHiriME. Walter, Gesch. des rôm. Jt'chts, I, w* 405, 413, 3* edit. Bonn,
llandb. aer Rôm. Alterh.. III, 3, p. 226 et s. Leipzig, 1S59. 1860 ; Serrigny, Droit publ. rom. n°' 77, 98, 109, 014 et s. Paris, 1862.
AEItAIlll'M PIVIVATUM. ' Coll. Tlli-od.C. I Qui a pracb. XI, 18 ; Noveli. Major, AERO. Min. Hisl. nat. XXVI, 21 ; Vilr.V, 12. Donal. Ad Ter. Pltorm. I, î. 72.
VII, § 10 De curial. — » C. Theod. V, 14 ; VII, 7 ; X, 3, 4, 5 ; XI, 19 ; C. Jusl. XI, — « Di|t. i9, 2, 31. — S Plin. Hist. nat. XXXVI, li, 11.
60, 05, 07, 70, 72 à 74. — S C. TU- od. X, 25, 20 ; C. Jusl. XI, 66-63 ; 70 a 74. — AEHOTONON 1 ilathem. Vef.ed.Thévenol, p. 77. — « X, 1.— >X,8 ; X,7; IX, 8.
> C Thccd. X, 2, 0 ; C. Jusl. XI, 75, 76. — ' C. Theod. V, 13; XI, 19 ; Joan. LyJus, AERIMN A. 1 Plaul. ap. Test. ». v. teruinnula. — s Fesl. s. v.
AES — 121 — AES
en obtenir quelque menue monnaie On les appelait aussi ustensiles et des ornements de tout genre Le cuivre, à
de leur nom grec agyrtae. ■ cause de son brillant éclat, servait de revêtement aux pa
AES (XaXxô;). — Les anciens comprenaient sous ces noms rois 10 des palais, des temples ; les trésors, comme on ap
aussi bien le cuivre pur que le bronze, formé par la com pelle généralement ces bâtiments en pierres immenses et
binaison de ce métal avec divers alliages. Ils connurent le en forme de rotonde à toit conique, qui nous reportent à
cuivre et surent le travailler avant le fer1, parce qu'ils le une très-haute antiquité, étaient intérieurement couverts
trouvèrent d'abord en plus grande abondance dans les de plaques de ce métal. Les plus anciennes statues furent
contrées qu'ils habitaient, et qu'étant plus ductile et plus faites de même de lamelles repoussées au marteau et sou
souple, il se prêtait plus facilement à toutes les formes dées ou rivées ensemble ".Tous les renseignements que l'on
qu'ils voulaient lui donner. Les Phéniciens, dont le com possède sur l'Italie primitive prouvent que les peuples qui
merce était actif sur toutes les mers avant les temps histo l'habitaient employèrent, comme ceux de l'âge héroïque
riques de la Grèce, durent être les premiers qui importèrent de la Grèce, le cuivre avant le fer, pour les usages de la
du cuivre dans ce pays. Ils le cherchaient en Arabie, le guerre, de l'agriculture et de la vie domestique". Comme
pays le plus riche en métaux de l'Asie occidentale, dans en Grèce aussi, on retrouve dans quelques rites consacrés
l'ile de Chypre, plus tard en Espagne et en Lusilanie. Dès par la religion et dans quelques superstitions populaires
le temps d'Homère *, les Grecs allaient eux-mêmes le cher des vestiges de ce passé reculé. De là datait la coutume
cher à Chypre, qui fut longtemps le pays du cuivre par des magiciennes de cueillir avec des faucilles d'airain et de
excellence, à ce point que son nom s'est confondu avec ce faire cuire dans des vases du même métal les herbes desti
lui du métal, souvent appelé /aXxo; xuitpioç, aes cyprium, ou nées à la composition de leurs breuvages13; Macrobe, qui
simplement cyprium et cuprvan. Nous renvoyons à l'article a rassemblé les témoignages des anciens à ce sujet, dit en
betalla pour tout ce qui concerne le travail des mines et core que la plupart des instruments du culte étaient d'ai
le traitement du métal brut; il suffira de rappeler ici qu'il rain, et que les Étrusques traçaient avec un soc d'airain le
n'est fait mention dans Homère de mines d'aucune sorte. circuit de leurs villes nouvelles. Les prêtres sabins se cou
Toutefois on ne tarda pas beaucoup à découvrir et à exploi paient les cheveux avec des couteaux de ce métal, et à
ter celles qui fournissent du cuivre en abondance sur plu Home, le flamen dialis devait faire usage de ciseaux sem
sieurs points du territoire hellénique, comme l'attestent blables11. Pour se servir de fer dans les choses du culte, il
les noms si fréquents de Chalcé, de Chalcis, de Chalcitis, fallait des permissions expresses et des purifications parti
donnés à diverses localités, particulièrement à une ville culières
importante de l'Eubée, et môme à l'île tout entière où, pour Au cuivre pur succéda le bronze. Avec l'art de la fonte,
la première fois, d'après certaines traditions, on avait vu familier aux Égyptiens bien avant d'être importé en Grèce,
travailler le cuivre * on apprit aussi celui de mélanger au cuivre d'autres mé
L'âge homérique ne connut guère que le cuivre, et le taux. Les anciens ignoraient quel était le premier qui en
nom de yaXxsûç demeura celui de tout ouvrier en métaux, avait trouvé le secret. Certaines traditions faisaient remon
môme lorsque le fer, plus difficile à extraire et à travailler, ter cette découverte aux Dactyles [dactyli], les inventeurs
eut pris la place de ce métal malléable qu'on avait l'art de mythiques de la plupart des progrès en métallurgie. L'opi
durcir (sto.moûv) par la trempe ((3oesii)*. Une vive discussion nion la plus répandue en attribue l'honneur aux artistes sa-
s'est élevée au sujet de la trempe du cuivre. Mongez'a miens, Rhoekos et Theodoros, qui vivaient vers la 50° Olym
soutenu qu'elle était impossible, contre le comte de Caylus, piade : cette date cependant est sujette à discussion Le
qui appuyait sur des expériences les témoignages des bronze a sur le cuivre l'avantage d'une plus grande dureté ;
anciens'. Les recherches du capitaine Caron sur la* fabri la fonte en est pure et claire, tandis que celle du cuivre
cation, des aciers ont confirmé les résultats obtenus déjà est pâteuse ; il offre des contours nets et franchement ac
par un chimiste français, Geffroy, au siècle dernier, et centués. Les sels qui se forment à la surface du bronze
prouvé que la trempe donne réellement au cuivre de la (patina)ne le rongent pas comme la rouille le fer, mais le
dureté et de la consistance7. Presque tous les objets que protègent, le conservent et lui donnent une coloration
nous faisons aujourd'hui en fer étaient alors en cuivre. dont l'art a su tirer parti. Les bronzes diffèrent par la cou
Comme on ne fondait pas encore les métaux, les mélanges leur, la dureté et le degré de liquidité17 du métal fondu.
et alliages étaient inconnus. On ramollissait le métal au Les Grecs mêlaient en général au cuivre de l'étain (xacai-
feu, et pendant qu'il était encore chaud, on le travaillait Tspo;, plumbum album), quelquefois un peu de plomb (1/.0-
au marteau. C'est ce qu'on appelle o-su5r,).aTEÏv (de o-oupâ, AuêSoc, plumbum nigrum), les Romains de la calamine ou
marteau), ou bien sxxpoueiv, excudere. Le métal était réduit bien de l'étain et du plomb contenant un peu de zinc. On
en plaques de longueur et d'épaisseur très-différentes, puis y introduisait encore du plomb d'œuvre contenant une,lé-
on le découpait avec de grands ciseaux. Ces lamelles s'a gère quantité d'argent {stamnum). Le plumbum argentarium
justaient ensemble au moyen de clous, de boulons, de dont parle Pline 18 se compose à égales parties d'étain et de
queues d'aronde, ou bien on les soudait (xoXXav). On faisait plomb. Ce que l'on saitau sujet des alliages dans les bronzes
ainsi des armes offensives et défensives 8, des trépieds, des des anciens a été résumé par un juge des plus compé-
AERCSr.ATORES. 1 Coll. XIV, 1 ; Sencc. Clem. II, 6 ; P. «iac. s. v. V, 50. Sur les soudures, voy. Winckelmann, Hisl. de l'art, Y, p. 133, éd. de Dresde,
AES. I Hcsiod. Op. et (lies, 150 ; Lucr. V, 1 586. — » Od. I, IU. — » Plin. Hisl. 1808 ; de Longpérier, Jlev. archéol. 1S66, p. 115. — '» Lucr. V, 1236 ; Tit. Li». I,
•"t. IV, |J, 21; strab. X. p. 47î ; Slcph. Byi. Xaluit cl Aiîr,iiis ; Euslh. Ad. 43 ; Dion. Halic. IV, I ; Virg. Aen. VII, 743 ; I, 452 ; Scr». Ad h. I. ; Plin. Hist.
priegei, :«4. — » Pnel. cl Ticli. Ad IJesiod. Op. et dies, 150; Kuslh. Ad II. 1, nat. XXXIV, 7. — U Macrob. Sat. Y, 19; Ov. Met. VII, 2Ï7 ; Virg. Aen. V, 513;
-3*, el III, J3J. _ s Mm., de la classe de littér. et beaux-arts, Y, 187, 496 ; Georg. IV, 131 ; Schol. Theocr. Ad Idyll. II, 36. — 1* Macr. I. I. ; Serv. Ad Aen. I,
X"h. ieVAcad. des viser. VIII, 363. — « Dec. d'antù/. I, y. 230. — 7 Pctitgami 448; Job. Lyd. De mens. I, 31. — '5 Slonimson, C. Inscr. lat. I, p. 176; Atli di
el Honiu, Trad. franç de la Métallurgie de Percy, Introd. p. II. — 8 Hora. III, frat. arv. I, p. 219. — 1« Paus. VIII, 14, S ; X, 18, 6 ; O. Muilcr, llandbueh, % 60 ;
Mii Iï,U<; VII, 41 ; XI. 34 cl 331 ; XVIII, 369cl 474.— B Schubart, \althein. Mus. Overbeck, in Berichte der Sachs. Gesellsch. 1368, p. 6S ; Bninn. Gesch. der griech.
F. IMO, p. 88. — 10 Od. IV, 7Î VII, 86 Pans. LU, 17, 2; V, 19,2 el 4 ; Kinstler, I, p. 30. — '7 Winckelniano, Hist. de l'art, V., p. 128. éd. da
Tf- <*,i; Suph. Antip. 9IV — Paus. III, I7,6;VIII, 11; Mon. ined.dell' Inst. Dresde. — 18 Hist. nat. XXXIV, 8 sqq
I 1C
AES — 122 — AES
tents". «Les ressources dont dispose la chimie, dit-il, ont et celui qui imitait le teint des athlètes brunis par le so
permis d'étudier les bronzes de toutes les provenances leil*7, le graecanicus color, qu'un auteur appelle verus color
et de toutes les époques. Dans les bronzes antiques, dans aeris M. On voyait à Delphes des statues commémoratives
ceux qu'à raison de leur beauté comme œuvres d'art on de victoires navales qui avaient la couleur de la mer19. Des
peut rattacher avec quelque certitude aux temps où la couleurs différentes étaient quelquefois réunies dans un
sculpture a été portée à la perfection, l'étain se trouve même bronze. Apulée décrit50 une tunique ainsi bigarrée
seul associé avec le cuivre. Ainsi, dans quelques ouvrages (//icturis variegatam). Ces secrets d'atelier (officinarum tene-
grecs, on a trouvé une proportion d'étain qui peut être brae)31, ces procédés tombèrent dans l'oubli à mesure que
estimée en moyenne à 14 0/0 dans les statues, et à 10 1/3 diminua la gloire des ateliers de la Grèce, dit Quatremère
quand il s'agit des ustensiles. C'est aussi, à peu de chose de Quincy et probablement ils ne passèrent pas en Italie.
près, la composition des bronzes égyptiens, qui donnent Ce que Pline lui-même publie sur les beaux alliages de
83,85 de cuivre pour 14,15 d'étain. Et les personnes Corinthe (il réfute la fable qui attribue la composition du
qui chaque jour dans nos musées ont l'occasion d'ad célèbre bronze corinthien, aes corinthium, ^aXxo'jaara xofiv-
mirer la belle coloration des armes et des bijoux gau Otoup-pi33, aux hasards de l'incendie) prouve que ces notions,
lois ne peuvent ignorer que, sauf quelques traces de fer et quoique répandues de son temps, n'étaient que des no
de plomb, le métal qui les compose a des bases identiques. tions vagues et superficielles, puisque le métal de la statue
11 y avait entre les peuples qui bordaient la Méditerranée de Néron par Zénodore fut jugé si inférieur à ceux des
de nombreux échanges. Non-seulement le cuivre se tirait à écoles de la Grèce3*.» Myron n'employa que le métal de
la fois des îles de la Grèce et de l'Espagne, mais il y avait Délos, Polyclète que celui d'Égine.
des villes, comme Délos et Égine10, dont l'industrie con Un autre raffinement consistait à combiner les produits
sistait à faire du bronze et à l'exporter. Cette combinaison de fabriques différentes, par exemple à réunir dans un can
du cuivre et de l'étain, qui répond à ce que l'on appelait délabre une tige produit des fonderies de Tarente, et un
l'airain, fournit un métal d'une couleur naturelle plus ou plateau ou une bobèche venant d'Égine zl. La variété de
inoins rouge et dont la dureté se marque davantage à me coloration des différentes parties d'une statue, de la coif
sure que l'étain y entre en plus grande quantité. — Dans fure, des attributs, des bordures d'une draperie, etc., n'é
l'antiquité, le genre de bronze qui consiste dans le mélange tait pas toujours obtenue par les alliages ou peut-être par
du cuivre avec le zinc, d'où vient le laiton, se trouve par des teintures appliquées au métal (yalxoZ (kipeT;) M, mais en
ticulièrement dans la monnaie romaine du temps de l'em core au moyen de pièces de rapport; mais nous n'entre
pire. Elle donne une moyenne de 95,20 de cuivre pour rons pas ici dans l'examen des procédés de la toreutique
4,80 de zinc. Pline l'Ancien, dont le langage n'a pas une [caelatlraJou de la statuaire [statuaria abs]; nous devons
précision suffisamment scientifique11, parle beaucoup de nous borner à résumer ce que l'on sait de la préparation
l'introduction dans le bronze de différentes sortes de du bronze, de ses alliages, de sa fonte, opérations qui
plomb. On rencontre celui-ci dans les antiques monnaies étaient l'œuvre du x»Aj«>upY0'î 37 chez les Grecs, du flatura-
du Latium, avec cette particularité qu'associé ici au cuivre nMS38 ou aerarius fuber™ chez les Romains.
et à l'étain, il est absent de tous les objets d'art ou des us Les Étrusques furent les premiers qui pratiquèrent cet
tensiles du môme pays et de la même époque. Le témoi art en Italie10. Ils y acquirent de bonne heure une habileté
gnage de Pline indique que l'on s'en servait de son temps, qui fit rechercher leurs produits, même hors de leur pays".
et il apparaît dans les bronzes gallo-romains, dans la Critias, d'Athènes, contemporain de Mys, si célèbre dans
slatue de Lillebonne ** et dans d'autres encore, comme un le même art, déclarait" que les bronzes d'ameublement
élément constant. Les expérienoes que nous résumons étrusques l'emportaient sur tous les autres. La seule ville
n'ont pu être que très-bornées : telles que Mongez, d'Ar- de Volsinii renfermait, quand les Romains s'en emparè
cet, Vauquelin, Girardin*3 et quelques autres les ont fait rent, jusqu'à deux mille statues'3. Les premières figures de
connaître, elles ne répondent pas assez à ce que les ou bronze que l'on vit à Rome paraissent avoir été des ou
vrages. d'art et les écrits des anciens nous apprennent. vrages étrusques.
Elles ne suffisent pas à nou expliquer les effets qu'ils ont Nous n'essayerons pas de donner ici l'énumération des
su tirer du bronze. Il y a des traditions qui autorisent à divers genres d'objets que les anciens ont fabriqués en
penser qu'ils s'étaient créé dans ce genre des ressources bronze ; des armes, des meubles, des ustensiles de toute
qui échappent à nos analyses. Qu'on se rappelle ce qui est espèce ont été fournis en abondance par les tombeaux anti
dit d'une figure de Jocaste et de sa pâleur"; d'un Athamas ques et par les fouilles faites on tous pays : il sera parlé de
dont le visage était rouge de honte". La statue d'Athénô, chacun en son lieu. Rappelons seulement que chez les Ro
par Phidias, qu'on appelait la Lemnienne, avait sur ses mains, les actes officiels soit de l'État, soit des communes,
joues la fraîoheur du ooloris de la jeunesse". On estimait étaient gravés sur de grandes tables de bronze [tabula] ;
beaucoup le bronze qui avait la couleur du foie (^iraTi'Çov) on en po-sède aujourd'hui encore un certain nombre.

19 E. Guillaume, La sculpl. en brome, 13G8, p. 7. — 20 Sur les centros d'in- VIU, p. 381; Athen. IV, p. 158 D; Cic. Verr. IV, 44.— 3'. rlin. Hùt. nat. XXXV, 1.
'lustric, Vuy. Bùchscnshutz, Die Ifauptstàtten des Gewerbfleisses im klass. Alter- — 35 Ib. XXXV, 3.-36 Aesch. Agam. 613; Welckcr, Aesch. Trilog. p. 4S ; Id.
thume, Leipz. 1*69 ; et H. Bliimner, Die gewerblichc T/iâtigkcit der Vilker des Ad. 0. Ilullcr, Handb. % 306, 3 ; Plut. De glor. Athen. 6. — 31 Aristot Pol. 1, 3.
klass. Alterth. Lcipz. 1869. — " Plin. I. I. — »« Notice des bronzes du Louvre, 3» o. elli, 4192, 4193, 4S80 ; Cod. Thcod. IX, il, — s» Vitr. II, 7, 4. — « C»s-
n. 7i. — s' Nous renvoyons pour plus de • ctails aux analyses de ce dornier : liod. Var. VII, 15. — »' Plin. Hist. nat. XXXIV, 34. — " Athen. I, p. ÎS, 6. —
Méin. des savants étrang. présentés à l'Acail. des Inscr. t. II, p. 100; t. VI, M Plin. (. I. — Bibliographie. Outre les ouvrago* cités plus haut. Slauduit, Em
p. 8ft, 9Î ; et à celles de M. de Bibra, Die Droits, und Kupferiegirungen der ploi de l'airain à défaut du fer, 1844 ; Rossignol, Les métaux dans l'antiquité,
alten YOlker, Erlangcn, Plut. De awl.poet. 111, 18 Cj Quaest. symp. V. 1853 ; Pctcrsen, tteocr dus Verhâltniss des Broncealters zurliislor.Zeit, 1S6S ; Bccker-
— S5 Plin. ffist. nat. XXXIV, 14, 1 10. — *« Himer. Orat. XXI, 4. — « Dio Clirys. Marquardt, II6m. Alterthilmer, Y,ï« partie, Î63, Î99; 0. Jahn, in Berichte der
Or. 28. — ** Plin Ep. HI, 6. — 'a l'aus. X, 9, 4 ; Plut. Lys. 18 ; De pyth. orac. sâchs. Gesellseh. dr Wissenschaftcn, 1867, 1, 102 ; Abeken, Mittelitalien. I8V3, p.
1. — 30 Flor. lis. — 31 Plin. Hist. nat. Proocm. — 31 Jupiter Olympien, p. 55-61, 377; Micali, Storia II, Î46; Italia av. il dominio rom. Il, 182; 0. Jahn. Die ficoronische
;> l'art, des alliages, clc. — as Hist. nat. XXXIV, 3 et 8 ; Paus. Il, 3, 3 ; Strab. Cista, p. 55 ; Lenz, Minéralogie der Allen.; Pauly's, Jlealencyclop. art. Aes, 2" éd.
AES — 123 — AES
Pour l'emploi du bronze comme monnaie, voyez les ar cas contraire, le magistrat nommait un juge pour faire l'es
ticles as etMONKTA. Le mot aes, dans la langue latine, ser timation, non reijudicandae, sed aestimandae 7. G. Humbert.
vit toujours pour exprimer l'idée de monnaie en général, AES EQUESTRE. — On nommait ainsi, à Rome, la
sans égard au métal dont elle est battue. W. Cart. somme fournie par l'Etat pour procurer deux chevaux à
AES ALIENUM. — Nom des dettes en général et surtout chaque chevalier. Suivant Cicéron ', cet usage fut em
des dettes d'argent, chez les Romains; les créances ou prunté à Corinthe par le roi Tarquin. Le trésor public
obligations considérées chez le sujet actif ou créancier donna d'abord 1 ,000 as par cheval (equuspublicus)*, somme
étaient désignées par les mots aes suum 1 ou nomen [obliga- qui. à l'époque des guerres d'Annibal, fut portée à 10,000
no]. Dès les premiers temps de la république, les plé as * [équités, cemsor]. Le créancier de l'Etat pouvait user,
béiens, ruinés par des. guerres perpétuelles, se virent obli d'après la coutume, de l'action de la loi nommée per pi-
gés de recourir à des emprunts onéreux [fenus, nexum]. Le gnoris capionem, se saisir d'un gage contre le tribunus aera-
recouvrement des dettes d'argent était assuré au profit des rit, comme garantie de Yaes équestre, avec des paroles
créanciers, la plupart patriciens, par les rigoureuses ga solennelles, mais extra jus, hors de la présence du magis
ranties du nexum, ordinairement employé lors de l'enga trat du peuple romain, même un jour néfaste et en l'ab
gement. Dans les autres cas, le créancier pouvait recourir sence de son adversaire *. G. Humbert.
à l'action de la loi appelée actio sacrameriti * ou à la judi- AES GRAVE. — Nom générique de la monnaie de
cis postulatio; plus tard, en 217 ou 244 av. J.-C, la loi bronze romaine aux temps où l'as était d'une livre, de 10
Silia institua une action de la loi nommée condictio certae onces et de 4 onces [as]. F. Lenormant.
pecuniae pour les dettes de somme d'argent* et la loi Cal' AES HORDEARIUM. — Les veuves et les femmes non
purnia (247 ou 234 av. J.-C), une autre condictio pour les mariées (viduae) 1 et les orbi. c'est-à-dire les impubères or
autres dettes d'objet certain 3. La première était soumise phelins, etpeut-être aussi les vieillards sans enfants, étaient
à des règles particulièrement strictes, dont il est resté des exclus du cens comme incapables du service militaire; ils
traces dans la condictio certae pecuniae du système de pro devaient cependant, comme propriétaires, contribuer à la
cédure formulaire [actio] *. solde des légions; leurs biens fournissaient à l'entretien des
Toutes les dettes comprises sous le nom générique de chevaux payés par l'Etat. L'impôt établi par Tarquin l'An
aesalienum étaient considérées comme grevant l'ensemble cien et maintenu parServius sur les veuves et les orbi, pour
du patrimoine du débiteur, en sorte que les successeurs cet entretien, fut nommé aes hordearium'.ha somme payée
per universitatem 1 en étaient tenus, à la différence des ac à chaque chevalier était de 2,000 as annuels par cheval, ou
quéreurs d'objets particuliers ou per singulas res. C'est au originairementde400asiY6rafes[Asl, somme qui correspond
point de vue des acquéreurs par universalité qu'on avait à la ration de sept médimnes d'orge par mois fournie par
posé ce principe6, que les biens dans leur ensemble ne se l'Etat à chaque cavalier eqùo privato 3. Cet impôt fut aboli
transmettent que déduction faite des dettes ou à charge de par ValeriusPublicola, mais rétabli par Camille, pendant sa
les supporter. G. Humbert. censure, l'an 402 av. J.-C*. Il semble résulter des termes de
AESCONFESSUM. - Dans le très-ancien droit romain, Cicéron 5 que l'institution de Yaes hordearium subsista long
et au moins jusqu'à la loi des Douze Tables1, l'aveu en jus temps encore. On voit du reste que les veuves furent surim
tice d'une dette liquide en argent autorisait l'emploi des posées dans le tributum temerarium établi l'an4i av. J. C.
voies d'exécution contre le débiteur, de la môme manière Gaius nous apprend que le cavalier qui avait droit à Yaes
que s'il eût été condamné '. Il avait du reste le délai légal hordearium employait contre le tribunus aerarii l'action de
de trentejours pour s'acquitter 3, passé lequel on pouvait le la loi nommée per pignoris capionem, qui était une saisie-
conduire devant le magistrat {injure) et procéder à la main gagerie opérée en termes solennels *. G. Humbert.
mise [hanus inject!o]. En effet, s'il ne payait ou ne four AES MANUARIUM. — Argent gagné au jeu, ainsi nommé
nissait une caution {viniex), le créancier l'emmenait dans parce qu'on le ramassait avec la main [manibus collvctum) 1
sa maison, où il pouvait l'enchaîner *. Des lois posté ou plutôt parce qu'un coup de dés se nommait inanus s
rieures aux Douze Tables assimilèrent plusieurs cas à ceux [tesserae]. Cn. Morel.
de l'aveu d'une dette d'argent ou de condamnation judi AES RUDE. — Nom générique des lingots informes de
ciaire, en accordant la manus injtctioprojudicato s. Plus tard, bronze qui servirent aux Romains de premier instrument
sous le système de procédure formulaire, l'aveu fait devant métallique des échanges [as]. F. Lenormant.
le magistrat du droit du demandeur dispensa de délivrer AES UXORIUM. — Impôt spécial auquel, depuis la cen-
1 action, s'il portait sur une somme déterminée * ; dans le surcdeCamilleen402av. J.-C, les célibataires furent soumis
AtS ALIEXLM. 1 Llp. Fr. 213, § 1 ; I)ig. L, 16, De verborum sign. — » Garni, III, p. 101 et 575, 534; Ziminern, Traité des actions, traduit par Élieune, Paris,
Cmm. IV, 13, U ; Ortolan, Expl kilt, des Inst. 6* éd. 111, p. 481 et 487. — » Gaius, 1853, § 126, p. 576.
IV,|jet|»._k Gaius, IV, 13, 19 et 171. — 5 Gaius, Comm. II, «7, 98 ; Inst. Ait. II, AES EQUESTRE. 1 Sep. Il, 20 ; Fcstus, s. v. Aes équestre, Pararium, P.iriLm-,
», I». — «Fr. 39, g I Dig. De verb. sign. L, 16; fr. Il Dig. De jure fisci, XLIX, equis. — > Varro, De ling. lat. V, 36 ; VII, 38 ; VIII, 71 ; Tit. LW. I, 43. — « Cf.
1-1. - BiiLiooatraii. Kudorff, Rômisch Recktsgeschichle, Leipzig, 1859, II, g 23, Bôckh, Metrolog. Vntersuchungen, Berlin, 1838 ; XIX, 6, 7 ; E. Belut, IJist. Urs che
P- M; Wtlter, Gesehichle des rômischen Rcchts, 3' éd. Bonn, 1860, II, n. 589 et valiers romains, p. 143. — * Gaius, IV, 27, 29 ; Gell, VII, 10. — Bibliochamib. « aller,
Ml, 616; Ortolan, Explic. Instar, des Instituts de Justinien, 6* éd. Paris, 1360, Geschichte des rôm. Sechts, Boun, 1860, 3« éd. I, §§ 31, 112, 113, et II, 716; Langç
III ». ISS», 1861, 1877 à 1880, 1936, 1966 à 1963. Rômische Alterthumer, Berlin, i' éd. 1863, 1, 474-7 ; Ruperti, Handbwh des rom
AES CONFESSUM. 1 Ortolan, Explie. hitt. des Instit. III, p. 101. — » Gell. Alterth. Hanoï. 1843, II, p. 86, et les auteurs cités par Waller, I, p. 5i, note 71 ;
Nxtei ait. XI, 1 ; XV, 13 ; Lex Rubria, il. — » Gaius, III, 78 ; fr. 7 Dig. De Zumpt, Ueber die rôm. Sitter, in Abhandl. der Berlin. Akad. 1S39; E. Belot, Hist.
re jwiitat. XUI, 1. — * Gaius, IV, il. — « Gaius, IV, 22, 24. — « Fr. 1 Dig. des chev. rom. Paris, 1866.
XUI, i ; fr. 3 el S8 cod, ; et. Cod. c. hit, uni ; VII, 16. — 7 Fr. « Dig. XUI, AES HORDKAR TJM. 1 Dig. L. 16, 242, g 3. — « Cic. De rep. II, 20 ; Tit.
S; 'r. !5, } ; uig. Ad.leg. Aguil. IX, 2.-— Bibliogbiphib. Bcthmann-Ilullwegg, Li». I, 43; Plut. Popl. 12; Gaius, IV, 17, Festus, s. o. Equestre et Pararium
^frichtstyfassung und Process, Bonn, 1834; Versuch. n. 4, p. 250 et sur». ; hordiarium. — » Polyh. II, 15; VI, 39; E. Belot, Hist. dei cheo. rom. p. 148;
Saiipiy, System, des /fut. rôm. VII, 6-39. Berlin, 1853 ; Puchta, Institution, cf. Lange, Rôm. Alterth. p. 476, 2» éd. — ' Plut. Pnplic. lî ; Cam. ï. — *De rep,
«d. Eudorff, Leipzig, 1856, III, g 269 ; RudorfT, Rômisch. Rechtsgeschichte, Leip- II, S0. — 6 Gaius, IV, 27, ;9. — BiBUooniPnis. Voyez les ouvrages cilcs à l article
z g, 1839, II, g 69, p. 216 et suiv. ; Walter, Geschichte des rôm. Rtthts, 3* éd. IIS BQUBBTai.
E™», 'MO, U, n. 7î7, 745 ; Ortolan, Expi ent. Mat. des Instit. 6' édit. Paris, 1859, AES MANLAltllM. 1 A. Gell. XVIII, 13, 4. — « Suct. Oct. 71.
AES — 124 - AES
à Rome mais sans doute après un âge déterminé. Ce fut zone, Pausanias, qui a soin de citer la tradition d'après
là probablement une extension du tribut antérieurement laquelle le dieu serait né dans le sud de la presqu'île, et au
établi par Tarquin et Servius sur les femmes veuves, sur rait eu pour mère Arsinoé, tradition effacée par celle d'Épi
les filles non mariées et sur les orphelins non encore com daure, signale pour le Péloponèse des autels à Épidaure-
pris au censfAESuoRDEABiUM], etque Camille avait remis en Limera, colonie d'Épidaure une effigie à Olympie des
vigueur '. D'après Plutarque, il voulut par son institution temples aux ruines de Cyphantes, à Cyparisses, à Sparte, où
nouvelle déterminer les célibataires à épouser les veuves Esculape avaitlesurnomd'Agnitas, prèsd'Asopos, où on lui
dont les guerres continuelles avaient fort augmenté le donnait celui de Philolaos 15, et dans les villes relativement
nombre. On ne sait pas à quelle époque Yau uxorium cessa modernes de Messène et de Mégalopolis16. A Athènes, Escu-
d'être perçu; il n'arrêta pas l'accroissement du nombre lapeavait un temple orné destatueset de peintures; les Athé
des célibataires. G. Humbert. niens reconnaissaientque son cul tevenaitd'Épidaure".Dans
AESCULAPIUS, WX^irtoî1, Esculape, le dieu de la mé la Grèce centrale, Pausanias mentionne seulement le temple
decine. deTithorée, en Phocide, près de Delphes w, etàNaupacte,
Rien ne prouve que le culte d'Esculape soit antérieur à les ruines d'un autre temple19. C'est d'Épidaure aussi que ce
l'extension des Hellènes Eoliens dans le nord de la Grèce. Il culte futtransporté en A sic Mineure ,àPergame,d'où il passa
est douteux môme qu'au temps d'Homère on le considérât à Smyrne s0; et c'est de là également qu'il parvint dans la
déjà comme un dieu *. La mythologie en a fait un fils d'A Cyrénaïque et dans l'île de Crète 11 pénétra encore dans
pollon ', à qui la religion des Grecs avait attribué antérieu la Cilicic, en Macédoine, ctjusquedanslaChersonèseTauri-
rement le caractère de divinité médicale; elle lui donnait que La numismatique des villes grecques atteste d'autre
pour mère Coronis, fille du roi des Lapithes, Phlégyas *. part l'extension du culte d'Esculape. Ainsi l'on trouve sur
A Épidaure, on racontait que Coronis, sa mère, l'avait mis des monnaies d'Épidaure la confirma
au monde dans cette contrée et l'avait exposé sur le mont tion des récits qui y avaient cours sur
Myrtion, qui fut depuis appelé Titthéion ; qu'il y avait été son enfance1'. La figure 160 qui le
nourri par une chèvre et gardé par le chien d'un berger ; représente allaité par une chèvre et
celui-ci le découvrit enfin et reconnut à un éclair son ca découvert par un berger reproduit
ractère divin. Ailleurs on disait qu'Apollon, dans un accès une de ces monnaies, frappée sous
de fureur jalouse, avait fait périr Coronis, mais qu'il avait Caracalla. Au revers d'une autre mon
sauvé l'enfant qu'elle portait dans son sein et l'avait confié naie d'Épidaure !* frappée sous Marc- Fig. 160. Enfance
d'Esculape.
au centaure Cbiron, qui luienseignala médecine. Esculape, Aurèle, on voit (fig. 1 61) Esculape assis
dépassant promptement son maître, devint capable non- sur un trône, tenant un sceptre et une coupe ; à côté de lui
seulement de guérir les vivants, mais de rappeler les morts est un serpent : c'est probablementla représentation exacte
à la vie. Pluton se plaignit au souverain des dieux de cette de la statue d'or et d'argent, œuvre
usurpation d'un mortel sur la puissance divine, et Jupiter de Thrasymède, placée dans le plus
la punit en foudroyant Esculape. Apollon vengea la mort fameux sanctuaire d'Esculape"; telle
de son fils en tuantles eyelopes qui avaient forgé la foudre, on la voit encore, et dans le temple
et fut, par ce fait, longtemps éloigné du ciel 5. même, etsurune autre monnaie de la
ïricca, dans les montagnes de la Thessalie, fut le berceau même ville et du même empereur u.
de ces légendes et le point de départ du culte d'Esculape. Il On peut de môme se faire, à l'aide
Fig. 161. Esculape
y avait son plus ancien temple et un asile toujours ouvert des monnaies, une idée plus ou moins d'Épidaure.
aux malades 6, comme il y en avait partout dans les dépen juste des images du dieu dans quel
dances des temples d'Esculape [asklepeion]. De Tricca, le ques-uns de ses temples principaux, à Tricca", à Cos",
culte d'Esculape fut porté à Gerenia, en Messénie7, et à à Messène19, à Pergame *, etc.
Epidaure, dans l'Argolide, d'où il se répandit ensuite dans Sur une belle monnaie de
tous les pays habités par des Grecs. Il est remarquable que cette dernière ville, du règne
presque tous les lieux consacrés à ce dieu, signalés par de Marc-Aurèle 31 , on voit
Pausanias au deuxième siècle de l'ère chrétienne, appar (fig. 162), comme aussi sur une
tiennent au Péloponèse 8. monnaie d'Apamée 3î, Escu
11 nomme ceux de Sicyone et de Titané, de Phlionte, lape formant un groupe avec
d'Argos, d'Épidaure 9, dont le territoire était tout entier Hygie et Télesphore, dont il
consacré à Esculape et où se célébraient les fôtes les plus est souvent accompagné dans
renommées [asklepiaia]. Il nomme ensuite Égine 10, d'autres monuments.
dans l'Achaïe; à Aegium ", un tumenos commun à Escu En effet, la numismatique Fig. 162. Esculape avec Hygii- et
Télesphore.
lape et à Ilithye ; à Aegire il vit seulement une statue n'a pas seule conservé le sou-
d'Esculape dans le temple d'Apollon. En dehors de cette venir de quelques-unes des images les plus renommées de
AES UXOIUUM. 1 Valcr. Uaiim. 11,9,1; Festus,s. v. Uiorium. — s Plut. Cannll.î. H, 30. — » Id. VII, 23. — » Id. VII, 26. — U ld. 111, 23. — H ld. V. 20. — 15 Id.
— BiDLioGBiptiiB. Lange, Itfimisck AUcrtkùmer, Berlin, 2e éd. 1863, p. 478 ; Walter, 111, 24 ; IV, 26 ; cf. 111, 14, 26. — M IV, 31 ; VIII, 3î. — « ld. 1, 21 ; II, 26. — '» Id.
Geschichte des ràmisch. Rechts, Bonn, 1860, § 181, p. 272, et g 2U5, p. 305. X, 32. — <« Id. fi. 33. - *> Id. H, 26. — «' Id. X. — " Panofka, d. 326. — *» ld.
AESCULAPIUS. ' Sur la formation de ce nom, rott, Zeilschr. far vergl. Sprach. pl. i, 1 et 2, et p. 278; Seslini, Descr. num. vct. lab. un, 2; Avellino, in Xfcm. deit'
ftirsch. VI, 401, sqq.; Welcker, Gr. Afijlh. II, 635. — » Panofka, As/cl. und die Acad. d'Ereol. III; Kekulè, Alem. delV lut. Il, ta*, iv, t et p. 123. — »'• Mionnet,
Asklepiad. in Abliandl. der Berlin. Akad. 1845, p. 272 ; Wclcker, l. I. p. 732. fi. II, 70, p. 239 ; Fanufka, pl. i, 7. — >5 Paus. II, 27 M Scstini, Descr. d.
— 3 Hcsiod. ap. Schul. Pind. Pyth. 111, 14 ; Apoilud. 111, 10. ->- » Hom. Uijmn. mus. fontaua, p. 62, n. I ; Panofka, pl. i, 9. — 17 Scstini, t l. II, pl. I, Il ; Miutw
15 ; Hcsiod. ap. Strab. IX, p. 442. — * Diod. Sic. IV, 71'; Taus. II, Î6 ; Pind. Pyth. net, D. II, 179, p. 25 ; Panofka, pl. i, 13. — Panofka, pl. u. Il et lî ; cT. i, 6.
III, 5-47, et Schoi. Ad h. I. ; Apollod. III, 10, 3 ; Ovid. Met. II, 535, sqq. — « Strab. — «9 Mionnet, D. Il, 2», p. 211 ; Panofka, pl. i, II. — » Mionuct, S. V. 1058,
IX, p. 437 ; Panofka, /. t. p. 271, 282. — ' Strab. VIII, p. 360. — • Pans. II, 10, p. 451 et 1111, p. 462 ; Panofka, pl. i. 3 et 8. — SI Choiseul-Gouffier, Voyage
11, H, 23 ; Panofka, l. I. p. 2SS-2S9 et 30J-320. — » Pain. I. I. et 26 sq. — «0 ld. pittorcsQ. t. 11 pl. v. — »* Mionnet, D. IV, 207, p. 238 ; Panofka, pl. u, 6.
AES — 125 — AES

ce dieu . Un certain nombre de statues qui ont été conser souvenir de celle qui l'avait nourri ; mais, à cause de ce sou
vées, concordant avec les médailles, nous montrent Escu- venir même, on s'abstenait en beaucoup de lieux de la sa
lapc "sous les traits d'un homme mûr, barbu, portant une crifier 46. On offrait au dieu communément un coq ".
chevelure abondante que ceint un bandeau. Le visage est Rome ne paraît avoir connu Esculape que dans les pre
doux et grave, et on a pu quelquefois le confondre avec mières années du troisième siècle avant l'ère chrétienne.
celui de Jupiter". Il avait aussi été représenté jeune et Pendant unepeste terrible, enl'an291 av. J.-C., on décréta
sans barbe, notamment par Calamis à Corinlhe, parScopas d'abord, sur l'avis des livres sibyllins, un jour de supplica
à Gortyne 35 ; plusieurs des images qu'on possède encore 3S tions 48 ; mais, dès l'année suivante, une ambassade fut en
sont conformes à ce type, qui paraît ôtre le plus ancien. voyée à Epidaure. Ellecn rapporta un des serpents familiers
Presque toujours Esculape est flguré vêtu d'un manteau qu'on entretenait dans l'enceinte du temple. Les Romains,
qui, laissant le bras droit et une partiedu buste découverts, accoutumés à se représenter sous cette forme les génies de
est ramené sur le bras gauche et enveloppe les jambes à peu leurpropre religion[GENius], se persuadèrent aisément qu'ils
près entièrement. 11 tient ordinairement le bâton du voya voyaient le dieu lui-môme 49. On disait qu'à l'arrivée, l'ani
geur, autour duquel s'enroule un serpent, symbole de di mal, quittant de lui-même le navire qui le portait, avait ga
vination chez les Grecs et qui est l'acolyte de toutes les gné en nageant l'île du Tibre ou île Sacrée, vis-à-vis du
divinités médicales Ses autres attributs les plus ordi montCapitolin,et ce fut là en effet que l'on éleva le temple
naires sont une coupe, un rouleau ou une tablette pour du nouveau dieu so. Les Fastes d'Ovide ne mentionnent
écrire, l'omphalos de Delphes, le globe du monde. Nous pas cette solennité, qui probablement avait alors peu de
l'avons déjà vu réuni à Hygie [uygieia], la Santé M, sa fille ; retentissement. Les Fastes de Praeneste indiquent, aux
à Telespiiohos ou Akésios, le génie de la guérison w; on calendes de janvier, une « fête d'Esculape et de Vediovis
plaçaitencoreauprôs de lui Epione fHitfovi), celle qui adou- dans l'île. » L'île fut consacrée tout entière au nouveau
citlesmaux) donton fitson épouse40; Panakeia,Iaso, Aiglé, culte et prit le nom d'île d'Esculape.
qu'onlni donnait pour filles; le peintre Nicophanes les avait A Rome, comme dans les temples de la Grèce, les malades
réunis à Hygie dans un tableau 41 ; et enfin ses fils I niskos, étaient reçus dans une enceinte annexée au sanctuaire
Alcxanor, Aratos M, dontles noms indiquent égalementdes d'Esculape, pour obtenir pendant leur sommeil les avis du
divinités secourables (^ixoûpioi), invoquées par le malade dieu 51 , coutume que semblent rappeler quelques inscrip
dans ses souffrances. Machaon etPodalire, les habiles méde tions grecques de Rome, du Latium ou de la Campanie 5S,
cins delà guerre de Troie, passaient aussi pour ses enfants. et aussi une inscription latine. Cette inscription trouvée en
On voit encore dans de nombreux bas-reliefs, la plupart Gaule 53 mentionne, dans l'énumération des offrandes
votifs, Esculape accoudé sur un lit, ayant Hygie auprès de faites au dieu, un collier d'or formé de serpents et une sta
lui, et recevant les actions de grâces des personnes qu'il a tue du sommeil en bronze. D'autres inscriptions latines
secourues " ; d'autres fois il est debout. Un remarquable trouvées à Rome, à Tibur et jusqu'en Dacic, sont dédiées
bas-relief du musée Pio-Clémentin 44 le représente (fig. 16J) à Esculape et à la Santé, sous son nom grec d'Hygie •*.
dans cette attitude: près de lui sont.d'un côté.un personnage Les rites du culte d'Esculape restèrent à Rome ce qu'ils
étaient en Grèce. Les Romainsconservèrentaussiauximages
de ce dieu les attributs que lui avaient donnés les Grecs.
Comme eux, ils plaçaient près de lui Télesphore, Hygie ou
leur déesse de la santé, sa-
lus. L'arrivée d'Esculape à
Rome a laissé trace dans la
numismatique romaine. Un
médaillon de Commode (fig.
164) représente le dieu abor
dant l'île du Tibre sous la
forme d'un serpent55. Cave-
doni!6le reconnaît aussi dans
le serpent qui s'enroule et
Fig. 163. Esculape et les Grâces. dresse la tête au-dessus d'un
, . Fiff. 161. Arrivée d'Esculape dans 1 Ile
agenouillé, conduit vers lui par Mercure; de l'autre, les trois autel, queporteune monnaie Klcrée
Grâces, ici assimilées à ses trois filles : la plus jeune, Aiglé, de la famille Rubria, à la
portait le nom de l'une d'entre elles 45 . quelle appartenait un des ambassadeurs envoyés à la re
Outre le serpent, qui manque rarement à côté de l'image cherche du dieu ; et aussi dans un temple distyle figuré
d'Esculape, le chien lui était consacré, en mémoire de celui sur une monnaie de cette famille, qu'on peut rapprocher du
qui l'avait découvert sur le montTitthéion,et la chèvre en médaillon de Commode et d'une monnaie d'Antonin S7. Le

M Clarac, Mus. de sculpt. pl. ccictiii, mcxlviii, et pl. dxlv-dlii ; Panofka, pl. l'opinion commune. — «> Paus. 11, 26, 7; X, 32, 8. — « Plat. Phaed. p. IIS".
in ; Slûller-Wicseler, Denkm. der ait. Kunst, 1, pl. iltiii, n. 219» et n, pl. lz, —« Tit. Liv. X, 47. — *9 lit. Liv. EpU. XI; cf. Preller, Itùm. Myth. p. 606, 2' éd. ;
«q-- Guigniaut, Nom. Gai. myth. n. 307 sq. — 3» Léser, de la Morêe, t. 111, Pausan. II, 28. — » Preller, 1. 1.; Plut. Qu. rom. 94. — 8> Preller, l. /. p. 607 ; Paus.
pl. mi. — S5 pam. 11, 10, 3; VIII, 28, 1. — M Clarac, Mus. de sculpt. oxlv, II, 27. — 5î Corp. inse. yr. III, 5974 et 5980. — M Orclli, 1572. — W Orelli, 1576,
■ciLT, et dxi.ii, ■cuni; Parodia, pl. m 3 et 7 ; v. 1 et 6; Lebas, Monum. de 1579-81. — » Morclli, Méd. du roi, vi ; Panofka, l. I. pl. H, 3 ; Cohen, Moim. imp.
Marée, p. 117; cf. Gerhard, Griech. Myth. I, 508. — V A. Maury, Jlelig. de la Commode. — t« Bull. delV /ni/. orcA. Ottob. 1858 ; cf. Panofka, 1. 1. p. 320. — 57 Eckhel,
Gréée, 1, (51; Wclcker, Gr. Myth. II, 734. — »9 Paus. I, 43, 5; II, 11, 6; VIII, D. Num. VII, p. 32-33 ; Momrasen, Gesch. des rôm. Mùnzwesen. Rubria. — Dibii.i-
î«, I. — «• p»us. II, II, 7. — »0 Paus. II, 27, 6 et 29, 1. — « Plin. ffist. nat. cmruiB. Outre la dissertation de Panofka et les outrages généraux de mythologie
XXXV, 137. — U Paus. II, 10, 3 et 11, 6-7. — *> Clarac, Mus. de se. pl. cxiitii; cités plus hut, O. Huiler, Handbueh der Arch. § 394 ; C. A. Bôltigrr, A'Icme
Panofta, pl. rr et t ; Welckcr, Alte Denkm. II, p. 271. — ** Visconti, Mus. Pin Schriften. t. I, p. 93 sq.; 112 sq.; O. Jahn, Die HiHgotter, in Annal, d. Yer. f.
Clem. 1,3!; Guigniaut, Nouo. Gai. myth. 313. — *5 Tanofka, /. /. in fine, rccliQe Nassau. Alt. 1859.
AES — 126 - AES
serpent sur l'autel est également un type de la famille nait lieu pour l'État à la perception d'un impôt indirect ap
Eppia et se voit sur une de ses monnaies avec la tête de pelé scriptura. Ces troupeaux étaientaccompagnés de ber
Janus, en souvenir de la dédicace du temple célébrée au gers 6, ordinairement à cheval, et de femmes, esclaves pour
1er janvier. Félix Hobiou. la plupart, qui leur apprêtaient leurs repas ". Cet usage de la
AESTIMATIO UTIS [litis AESTIMATIO]. transhumance avait un double inconvénient : les troupeaux
AESTIMATUM. — Parmi les charges extraordinaires de passage dévastaient les propriétés voisines '; quelquefois
qui pesaient sur les provinces romaines pendant la ré ils étaient enlevés par les brigands; enfin la vie errante des
publique, on comptait des réquisitions en nature, dont bergers les amenait trop souvent au brigandage [abigeatus].
la quotité et le prix étaient fixés par le sénat, destinées En outre, dans les saltus mômes, les taillis, les saussaies, etc.,
à l'entretien de la maison et de la cohorte du préteur loués pour le pacage, étaient en peu de temps dénudés
ou gouverneur {frumentum in cellam) Celui-ci, quand par les bestiaux. Ces saltus, qu'on n'exploitait que six mois
le blé était cher, trouvait moyen d'exiger la différence de l'année, auraient été sujets à de trop faciles usurpations,
en argent; c'est la somme ainsi fournie qu'on appelait si le propriétaire n'en avait pas été réputé conserver la pos
aestimatum 1 ou frumentum aestimatum. En effet, il était session par la seule intention (animo solo) *; aussi avait-on
de principe à Rome que les gouverneurs, qui ne rece dérogé en cette matière tout d'abord à la rigueur des prin
vaient point d'appointements du trésor public, fussent cipes ordinaires du droit civil [possessio]. Les jurisconsultes
complètement équipés et entretenus, et ils l'étaient or admirent que le propriétaire qui occupait ainsi les saltus
dinairement aux dépens de leurs provinces. Ces fourni- six mois de l'année (more solito), avait continué déposséder
turcs paraissent avoir été déterminées par une loi Porcia 5 sans interruption. En conséquence, il obtenait du préteur
qu'on attribue à Porcius Cato, préteur de Sardaigne en l'interdit Utipossidetis^liXTEnmcTuu], tendant à faire main
199 av. J.-C. ; elle est mentionnée dans le plebiscitum de tenir sa possession contre tout usurpateur. Plus tard, cette
thermensibus* ; mais, faute de garanties suffisantes en faveur môme doctrine fut étendue à la possession de tout immeu
des opprimés, elle ne fut point observée. L'appréciation de ble dont le possesseur s'était éloigné momentanément, et
Yaestimatum se faisait de la manière la plus arbitraire. Aussi, qu'un tiers avait occupé clandestinement. On appelait sal-
voit-on que le sénat, en 173 av. J.-C, après la poursuite tuarius le gardien d'un pâturage et de ses fruits. Quelquefois
intenlée contreM. Titinius, P. Furius Philus et M. Matienus plusieurs propriétaires achetaient un fonds pour y pratiquer
par les Espagnols, décida que le magistrat romain n'aurait en commun le pacage de leurs troupeaux (juscompascendi)10.
plus Yaestimatio frumenti, ni le droit de forcer les provinces On trouve le mot saltus appliqué parfois à des terres en
il lui vendre leurs vingtièmes au prix fixé par lui, et d'en culture 11 ; mais le plus souvent il désigne des pâturages u
voyer des préfets dans leurs villes pour y lever de l'argent5. dans les bois ou dans les montagnes. On se réservait parfois
Mais le procès de Verrès nous montre l'excès des abus qui l'usufruit d'un saltus; l'usufruitier, outre le droit de pacage,
se perpétuèrent 6. La loi Julia de repetundis ou de provinciis avait la faculté d'y chasser 13. G. Humbert.
[RErETUKDAE] 7 réglementa sévèrement cette matière en 59 AETAS [INFANS, IMPUBES].
av. J.-C. Sous l'empire, ces abus tendirent à se restrein AETERISITAS, l'Éternité. — Quoique de rares inscrip
dre sous la surveillance impériale. 11 y eut encore des ré tions latines 1 nomment un dieu éternel (deus aeternus}, ce
quisitions ou impôts en nature payés par les provinces, et n'est point à ce dieu, ni a l'éternité considérée en général
nommés parfois uestirnatum, mais on les désigne plus spé comme attribut de la Divinité, que se rapportent les ligures
cialement par l'expression annona. Nous renvoyons à cet qu'on voit accompagnées du mot aeternitas ou aeternitas
article et à l'article adaeratio. G. Humbert. augusta sur un assez grand
AESTIVI, IIIBERM SALTUS, ou Loca aestiva, hiberna, nombre de monnaies impéria
pâturages d'été et pâturages d'hiver '. — Les particuliers, les romaines. L'adulation qui
surtout à l'époque du développement des grandes pro avait divinisé les premiers cé
priétés [latifundia], les cités ! et l'État lui-môme possé sars personnifia bientôt la ma
daient des pâturages (pascua) des deux côtés de l'Apennin jesté, la providence, l'éternité
pour leurs nombreux troupeaux. Le climat de l'Italie rend de l'empereur L'Éternité est
encore nécessaire aujourd'hui une émigration périodiqueou figurée sous les traits d'une
transhumance *. Ainsi les moutons de l'Apulic étaient con femme debout, ou assise sur
duits dans le Samnium pour y passer l'été ; les mulets étaient un globe semé d'étoiles ; quel
chassés des prés de Rosea sur les montagnes des Gurgures; quefois ayant une ou plusieurs Fig. 11)5. L'Éternité.
les moutons revenaient ensuite hiverner en Apulie, les bœufs étoiles au-dessus de sa tôte;
et les chevaux avaient aussi trois stations*. Ce passage don- elle tient un sceptre, ou un globe, ou un phénix : ces

AESTIMATLM. 1 Cic In Yerr. III, 5, 81 ; Ascon. In divin. 10, p. 113, ed. Orelli. i 58, 109. — » Varro, De rc rust. 11,1,5, 11. - S Suct, Caes. 42. — 6 Varro, II, 10,
— z Cic. lu Yerr. III, 5, 81. — 8 Laboulayc, Essai sur les lois crim. des Rom. p. 162. 6, 7, 11 1 Bureau de la Malle, l. I. p. 445. — « Paul. Sent, recept. V, 2, 1. —
— • Huuhold, Alonum. Irgalia, p.l37,cd. Spangenberg, 1830 ; F.gger, Latini serrnonis » L'ip. Fr. 1, § 25 Dig De vi, XLIII, 16 ; Papin. Fr. 44 à 46 Dig. De adq. vel amilt.
rcliquiae. Paris, 1813, p. 278 etSUIT- ; Rudorff,//om. Rechtsgesch. Lcipz., 1850, 1, p. 2 13, poss. XLI, 2. — 1» Scaevola, Fr. 20, § 1 Dig. Si sereitus, VIII, 5. — « Fr. 25 Dig.
3; II, p. 389, rem. 1. — «TU LW.XLIII, 2.- «Cic. In Verr. 11,1, 38 ; II, 60 ; 111,77, 87 ; XIII, 7. — » Fr. 8, § 1 Dig. XXXIII, 7 ; fr. 52 Dig. XIX, 1 ; fr. 19, g 1 Dig. XIX, i ;
AiZyi'uw.lO, etAscon. Ad h. I. Orelli, p. 113, 185 -, Laboulaye, /. Paris, 1815, p. 175, fr. 32 Dig. VII, I, De usuf. — 13 Fr. 32 et 62 Dig. De usuf. VII, 1 Biiliugu-
104, 303, et l'article RKrKTisnii!. — ' Cic. Ad Attic. V, 10, 16, 21. — Bibliogiu- ruiE. Durcau de la Malle, Écon. polit, des Itom. Paris, 1SS0, II, p. 140 à 143 ; 443
thib. Durcau de la Malle, Êcon. polit, des Iiom. Paris. 1810, II, p. 429 ; Hoffmann, 416 ; Demandât, Cours de droit rom. Pari?, 1861, I, p. 412 ; Maclictard, Des inter
Dé prov. sumpta, Berlin, 1861; Vt'alter, Gesch. des rôm Itcehtt, Bonn, 1860, dits, Paris, 1S05, p. 277 à 280 ; Bccker-Marquardt, Handbuch der rôm. Alterthùmer,
3" édit. I, S 241, p. 354; Beckcr-Macquardt, Ilandb. der rôm. Alterthùmer, III, 1, III, î, p. 80, 122 et s. Leipz., 1S50 ; Walter, Geschichte des rôm. Rechts, I, n-' IS, 37,
p. 296; III, 2. 182, 198, 23S, 413, 3« éd. Bonn, 1860.
AESTIVI, HIDKIINI SALTUS. I Varro, De re rust. II, 1, 16 ; De ling. lat. V, 36 ; AETKB.NITAS. 1 Madei.il/aj. Yeron. p. 178 ; Bertholdi, Antich. d'Aquileja, p. 329;
Tit. Lit. XXXIX, 29 ; Marcian. Fr. 67 Dig. De légat. 3- ; Gcrlach et Bachofen, Cruter, p. zvu, n. 8; Reinesii, Syntagm. p. 117 ; Momirreen, Insc. regni neap. 10MJ,
Gesch der Itomer. Bile, USI, 1, p. 41, 65. — » Fruntin, De controv. agror. p. 49, 1087 ; Dull. des antiq. de Fr. 1859, p. 81. — » Cf. Plin. Ep. 10, 87 ; Imp. Const,
cM. Lacbmann. — ' Durcau de la .Malle, Écon. pol. des Itom. II, p. 142 et 143, 153, Cod. II, 9, 2.
AET 127 — AET
deux derniers emblèmes sont réunis sur un grand bronze qu'Athènes n'avait pu en amener que 1,000 La période
de Faustine mère, reproduit (fig. 165) d'après un exem qui suivit pendant près d'un siècle, la plus brillante pour
plaire du Cabinet de France '. L'oiseau qui renaît de ses la confédération élolienne, est celle à laquelle il faut s'at
cendres est dans les monuments antiques un symbole de ré tacher pour étudier son organisation.
surrection et d'apothéose [consecratio]. Ici la tête du phé La ligue était constituée démocratiquement. Elle avait
nix est entourée d'une auréole, qui est aussi la marque une assemblée générale, nommée IlavaiTtoÀtxov, qui se te
d'un caractère divin \ On voit sur des monnaies de Vcspa- nait annuellement à Thermum, à l'équinoxe d'automne,
sien, de Titus, de Domitien, de Trajan, d'Hadrien, une dans le temple d'Apollon *. Elle pouvait aussi se réunir
femme voilée tenant dans sa main droite une tôte entou extraordinairement dans d'autres villes, comme à Nau-
rée de rayons, image du soleil, et dans la gauche une tête pacte, à Lamia, à Hypaté, et même peut-être aux Ther
surmontée d'un croissant qui désigne la lune. Ces deux mopyles. Il est probable qu'on n'admettait à cette réu
astres réunis sont dans les monuments de nion que les hommes d'un âge mûr. On y choisissait les
^çîî^jv toutes les périodes de l'antiquité des em- autorités de la confédération : un stratège qui pouvait
£^pCÛ\ blêmes de l'éternité \ La figure 166 est être plusieurs fois élu un hipparque et un secrétaire
fe^irffîfvcf gravée d'après une monnaie d'argent de (YpxjAjATreûe;) 7. Le premier avait la puissance exécutive et
% W, J$ Trajan> du Cabinet de France. D'autres le commandement de l'armée, outre la présidence de l'as
^4, \-:ér monnaies encore offrent l'image de trois semblée ; le second était sans doute le chef de la cavalerie.
Fîg. t66. LÉierniié. femmes, dont deux sont debout et la troi Quant au Yp*w««etjç, il jouait un rôle important, comme
sième, au milieu, assise avec la légende dans tous les nouveaux états helléniques' : il était chargé de
aeternitas aug. *, représentant ainsi le présent entre le l'expédition des affaires extérieures de la confédération et
passé et l'avenir '« E. Saglio. de la rédaction des décisions. Des symdroi paraissent avoir
AETNAEA, Aïmacor. — Fôte célébrée à Aetna, en Sicile, rempli les fonctions judiciaires En outre, à côté de l'as
en l'honneur de Jupiter, adoré dans cette ville sous le nom semblée générale, existait un conseil permanent, que Tite-
de Ztù; AItvkïoç '. E. S. Live appelle sanctius concilium... ex delectis viris ,0, et
AETOLICDM FOEDUS, Koivàv tûv AItwXwv, la ligue éto- formé de députés de l'assemblée (&rdxÀi(]Toi), plus nombreux
lienne. — I. Les Étoliens habitaient une contrée monta que les démiurges des Achéens; on les nomme aussi par
gneuse située au nord-ouest du golfe de Corinthe, au sud fois archontes ". Ils étaient chargés de veiller à l'exécution
de l'Épire et de la Thessalie, parmi les dernières ramifi des décisions de l'assemblée générale, qui les choisissait
cations du Pinde et de l'Oeta, séparée de l'Acarnanie à sans doute parmi les principes Cette assemblée générale
l'occident par le fleuve Achéloiis, et arrosée par le fleuve décidait les questions de paix, de guerre et d'alliance, et
Evenus. Ce pays ne présentait guère qu'une superficie de traitait avec les puissances étrangères.
3,000 kilomètres carrés; il était occupé par un peuple à Les troupes étoliennes étaient braves, mais féroces et
demi barbare, dont Thucydide ne comprenait pas la lan pillardes; la cavalerie surtout était excellente". La con
gue et habitué à vivre de pillage ou de piraterie; en un fédération paraît avoir laissé une grande liberté d'action
mot les Étoliens, comme leurs voisins les Locriens Ozoles aux différents peuples, souvent assez éloignés, qni la com
à l'orient et les Acarnaniens à l'occident, avaient conservé posaient. Mais on manque de renseignements sur la con
les mœurs des temps héroïques. Aussi n'eurertt-ils guère dition relative des membres de la ligue, et sur celle des
de relations avec la Grèce proprement dite pendant la simples alliés ou des états protégés, comme Cysimachie
plus belle période de son histoire. Ils durent seulement sur l'Hellespont, Cios, etc. On sait seulement que chaque
repousser vigoureusement les attaques des Athéniens pen cité confédérée conservait ses magistrats municipaux et
dant la guerre du Péloponèse. Ce fut peut-être là l'origine avait des magistrats particuliers appelés polémarques **.
première de la ligue dont l'organisation ne se manifeste Les confédérations même agrégées à la ligue continuaient
que beaucoup plus tard comme une institution régulière à nommer des chefs, comme par exemple la Locride, un
et permanente. On la voit apparaître au siècle de Phi agonolhète u. On attribue une nouvelle organisation de la
lippe, où les Étoliens prirent part à la guerre de Thôbes ligue aux deux chefs Dorimachus et Scopas, en 217 av.
contre Alexandre *. Ce dernier, après sa victoire, les orga J.-C. w, du temps de Philippe V, roi de Macédoine. On
nisa par clans (xati jfQvr,) ; mais ils conservèrent leur indé avait vu ces deux chefs commencer contre les Messéniens,
pendance de fait. Ils prirent une part active à la guerre La- alliés des Achéens, sans attendre l'assemblée ni consulter
miaçuc contre Antipater *. Malgré les obstacles que leur les magistrats, une lutte qui devint la guerre des deux li
suscita l'ancienne rivalité de leurs voisins les Acarnaniens, gues". Leurs réformes prétendues ne semblent avoir été
et des luttes constantes contre la Macédoine et contre la que le résultat de l'altération profonde amenée dans l'or
ligue achéenne [achaïcum foedus], les Étoliens étendirent ganisation de l'État par ses efforts contre le roi de Macé
leur influence bien au delà de leurs anciennes limites, doine, qui pénétra deux fois au cœur du pays. Pour répa
surtout après le départ des Gaulois, attribué à leur victoire rer leurs pertes, les Étoliens furent contraints de solliciter,
aux Thermopyles ; ils avaient fourni 10,000 hommes alors en 211, l'intervention dangereuse des Romains18. Ils con-
J Cohen, Monn. imp. II, Faustine. — * Bracci, Phoenix in num. et gemm. rom. Justin. XIII, 5; Polyb. IX, 30. — * Pausan. I, 4, 4; X, 151, 1 ; 20, tî. — » Strab.
1637; Eckhel, Docl. num. VI, 441 ; Slephani, Nimb. und Strahlenkrant, p. 71 et X, 3, î; Polyb. V, 6-11 ; Bôckh, Corp. insc. 6Î3 ; Hermann, Grieeh. Staatsallerth.
M. — » H. Boehelle, Mêm. d'ant. ehrét. I. XIII, des Slém. de lAcad. des Inscr. ; II, g 181; Wachsroulh, Hellen. Alterth.p. 311 ; Tiltmann, Griech. V.rf. 71î,n. 32.
0. Jahn, Anh. Beitrdge, p. g». — 8 Tristan, Comm. hitt. I, 609, et U, 65 j Pe — « Luc. inéd. de Delphes. — ' Polyb. Il, ï, et IV, 37. — » Polyb. XXII, 15, 10 ;
dro», Cesari, TU, tab. 18; Cohen, l.l. — '• Stephani, l. I. p. 71. — Bibliocr»- Tit. Li». XXXVIII, U. — > Bockh, Corp. vise. II, 235», S0;6; cf. Usaing, Insc.
*m- T6ll«n, Ueber die Darstellung der ProvMenlia und Aeternitas auf rôm. inél. p. 5. - W XXXV, 34 ; Polyb. IV, 5, 9 ; XX, 10, 13. — » Polyb. XXI, 2, 7.
Mùnzen; Eckhel, Doetr. num. VU, 144, 181 ; Raschc, Lexic. rei num. I, p. 161. — " Tit. Liv. XXXIII, 35; XXXVI, 28; XXXVIII , 3. — » Tit. Liv. XXXIII,
AETMAEA. 1 Schol. Pind. Olymp. VI, 16ï. 7. — '» Schol. Aiistoph. Vesp. 1042 ; Polyb. IV, 18, 2. — W Insc. inéd. de
ABTOUCUM FOBDU8. « Thucyd. 1, 5 et 111, 94; Myh.IV, 3, 1 et 16; Wachs- Delphes. — '«Polyb. XIII, 1 ; Exc. Vat. p. 405 ; cf. Wacbsrauth, p. 311. — « Polytu
niuth, Htllea. AUertlmmsk. I, p. 127. — > Arrian. I, 10. — » Diod. XVIII, 8 et Î4 ; IV, 12 ; Plut. Aral. 47. — 18 Tit. Liv. XXVI, 24 ; Polyb. XI, 6, 5.
AET — 128 — AFR
Iribuèrcnt puissamment à la victoire de leurs alliés à fure généralement en usage parmi les peuples du nord
Cynocéphales, en 197; mais ils crurent avoir assuré leur de la Grèce. On a vu quelquefois dans ce type la repré
domination dans la Grèce et pouvoir se tourner contre sentation de Méléagre, de même que le sanglier figuré au
les Romains en unissant leur cause à celle d'Antiochus, revers rappelle l'expédition fameuse de Calydon, qui réu
roi de Syrie : ils furent contraints de reconnaître la souve nit, à l'époque mythologique, la fleur des héros de la Grèce
raineté de Rome (189 av. J.-C.) Leurs discordes don [meleageh]. E. S.
nèrent bientôt de nouveaux prétextes à l'intervention de AETOMA, 'AÉTfcotAa [fastigium].
commissaires envoyés par le sénat L'autonomie de la AFFIMTAS. — L'affinité ou alliance est le lien de
ligue n'existait plus. Peu de temps après la guerre contre quasi-parenté que le mariage établit entre chacun des
Persée, les Romains emmenèrent en otages les person conjoints et les cognats de l'autre. Les effets en sont :
nages les plus considérables de l'Etolie notamment 1° l'empêchement au mariage entre le conjoint devenu
les sénateurs des villes, avec leurs femmes et leurs en veuf et ses alliés du mariage précédent; 2" pendant la du
fants; en outre, suivant Tite-Live ", 530 des principes ou rée du mariage, l'obligation de porter le deuil des alliés,
àzôx)vT|TO[ auraient été tous massacrés par les soldats ro le droit d'assister au judicium domesticum qui les concerne,
mains mis par Bébius au service des Étoliens partisans et le jus osculi.
de Rome. Ces derniers formèrent une oligarchie qui do Le droit romain ne tient pas compte des degrés dans
mina désormais en Ëtolie comme dans toute la Grèce, l'affinité comme il en tient compte dans la cognation;
sous la haute protection du vainqueur. Enfin, lorsque chacun des alliés y porte un nom particulier. Le mari et
Auguste, après sa victoire d'Actium, fonda sur le promon la femme sont alliés sous le titre de vir et uxor 1 ; pour le
toire de ce nom la ville de Nicopolis, il la peupla d'une mari, les père et mère de la femme, et pour la femme,
partie de la nation 83 étolienne ; cependant il subsista, les père et mère du mari, sont socer, socrm; les grands-
sous la tutelle de Rome, une sorte de confédération : Am- pères et grand'mères, socer magnus, socrus magna, proso-
phissa cnLocride en faisait encore partie au temps de Pau- cer, prosocrus; la bru (femme du fils) est nurus; le gendre
sanias !v. G. Humbert. (mari de la fille), gêner; le parâtre (mari de la mère), vilri-
II. Deux monnaies de la confédération étolienne sont ici cus; la marâtre, noverca; les beau fils et belle-fille, enfants
reproduites d'après des exemplaires du Musée britanni du premier lit d'un époux, sont pour l'autre époux privi-
que". On voit à la face de la plus grande (fig. 167) la tête gnus, privigna; le frère du mari, levir ; sa sœur, glos. Les
épouses de deux frères portaient le nom particulier de
janitrices, mais elles n'étaient pas alliées entre elles *, car
l'alliance ne va que d'un époux aux parents de l'autre s.
F. Baudby.
AFRICA. — L'Afrique est personnifiée dans les œuvres
de l'art antique par une figure de
femme coiffée d'une tête d'éléphant.
Elle a aussi pour attributs, sur les
monnaies romaines1, un scorpion,
Fig. 107. Monnaie de la ligue étolienne. des épis, comme on le voit sur
un bronze d'Hadrien ici reproduit
d'Hercule, qui est souvent remplacée sur les monnaies de (fig. 169). Elle est représentée delà
la ligue par la tète de Pallas !6, et au revers un person même manière sur les pierres gra
nage coiffé du pétasc, vêtu d'une tunique, tenant une épée vées*. Vers 1842, des fouilles prati Fig. 169. L'Afrique.
et une haste, et assis sur des boucliers. Dans le champ est quées dans une rue de Pompéi
figuré le trépied de Delphes. C'est sans doute une person firent découvrir deux figures colossales peintes en buste.
nification de l'Élolie, et peut-être une imitation de la statue L'une d'elles, coiffée d'une tête d'éléphant et couronnée
que la ligue avait fait ériger à d'épis, porte sur ses épaules l'arc et le carquois ; l'autre
Delphes après sa victoire sur figure est couronnée de tours, deux jambes pendantes de
les Gaulois n. L'autre mon chaque côté des joues se rejoignent au bas du visage. Dans
naie (fig. 168), qui est d'ar- la première de ces deux figures, Cavedoni' a reconnu
<. > gent, olfre à la face une tête l'Afrique; dans la seconde, Utique ou Carthage, placées au
Fig. 1GS. .Monnaie de la ligue étolienne. qui doit être considérée fond d'un golfe formé par deux promontoires. L'Afrique
comme un type fidèle de la est encore figurée de la même manière dans une autre
race étolienne. Le pétase qu'elle porte était une coif- peinture de Pompéi1. E. Vinet.
M Polyb. XXII, 9. 15 ; Tit. Liv. XXXVIII, 8, 11. — "Tit. Liv.XLI, 25 ; XL», 2, 3. 1838, p. 430-440 ; Bazin, Mémoire tur l'Élolie, Archives des missions scienlif.
— »1 Juslin. XXXIU, 2. — « Tit. Liv. XLV, 28, 31. — " Pausau. VU, 18, 8 ; VIII, t. I. p. 219.
?4ï ; Strab. VII, 7, 6. — » Tous. X, 3», î. — » Combe, Vet. popul. numi in AFFIMTAS. I Freig. Vol. g 302. — * Suivant Vinnius, Du Caurroy, /. /. :
Mus. brit. — »« Eckhel. Doct. num. Il, p. 188 ; Id. Num. vet. anecdoti. p. 112, Ortolan, Explie. Iiist. des Inslit. 1857, i' éd. n. 114. — ' Sur toute cette malière,
t.b. ru. — *' Paus. X, 18; Millingen, Méd. gr. inéd. p. 39. — Bibliographie. Modestinus, 1, 4, £§ 3-6, De grndibus et affinibus, XXXVIII, D. 10. — Bibliocu-
K. F. Uernianu, Lekrbueh der G'iech. Staatsalterlh. 4" éd. Hcidelberg, 1853, phie. Rein, Bas Privatrccht der Bômer, Lcipz., 1858, p. 406 et 503; Du Caur
KS 183 cl 184; \V. Wachsmulh, Hel.'enische Alterlhumskunde, f éd. Halle, 1843, roy, Instit. expU 1851, 8« éd. I, n. 144; Ortolan, Explic. hist. des Inslit. 1857,
I. p. 127, 311 ; Cm Lucas, Ueber Polyb. Darstell. des Aelol. Bunds, Kônigsb. 6«éd. n. 114.
I3i7 ; W. Scho-n, Gttchichte Griechenitinds von der Ent&tehung der Actol. Bwids, AFRICA. I Pedrusi, Cesari, VI, 29, 1 ; Mionnct, VI, Suppl. p. 571 ; Oisol, A'unt.
Hunn, t «33, 8: Brand&tatcr, Die Geschichtcn der jEtoliseli. Bunds, de. Berlin, Select. XXXI, 12 ; Cavedoni, Monct. impress. dai Pompejnni ; Id. Ballet. delV /as/.
1341; Broker, De Aeloliae finib. >t région. Bcdburg, 1845 , 1853 ; Tiltmann, areh. 1843, p. 6. — * Lippcrl, Dachjlioth. I, 730, 731 ; Causcus, Mus. rom. I, taT.
Darstell. der Griech. Staatsverfasiung, Leipzig, 1822, p. "11-718 ; Sainte -Croit, 14; Id. Le Gemme ont. figur. tav. 16; Gori, Ant. Eté. urb. I. VI, 5.-3 Op. I.
Anciens Gonverwmen's fédératifs, p. 203-ïtC. Paris, 1804; Postorct, //<</. de p. 10; cf. Bull. arch. Napolel. 1812, p. 3. — * Mus. Borb. IX, 4; R. Rochelle,
la légis'., Paris, 1827, p. 274-283; Schoroann, Antiq. jur. pui. Graecor. Crjfph. Peint, de Pompéi, 28.
AGA — 129 — AGA
AGALMA ("A-)faX[/a). — Ce mot, qui vient d'àfâXXoj, et la même scène a été trouvée à Pompéi ". Elle est repro
signifie, dans sa première et plus large acception, tout ob duite (ûg. 170). Cette peinture rappelle sinon la composi-
jet qui peut plaire (nïv l<p' 5 t(ç àytxXltt/xi)* , désignait ordi
nairement, chez les Grecs, un ouvrage travaillé avec art,
offert à un dieu et placé dans son temple [donaria]: c'é
taient d'abord les images des dieux eux-mêmes *, qu'elles
fussent de pierre ou de inétal, de bois ou de toute autre
matière; une peinture aussi bien qu'une statue a; quelque
fois aussi une simple stèle, un trépied, etc. : les auteurs ci
tent plusieurs trépieds que des inscriptions désignaient
comme des àYotXpaTa \ On trouve le mot détourné de sa
signification primitive impliquant l'idée d'ornement et
d'élégance, et employé pour ces images, quelquefois infor
mes, appartenant à l'enfance de l'art, auxquelles était
ordinairement réservé le nom de xoanon s. On l'employait
d'ailleurs pour celles des béros, et même exceptionnelle
ment de simples mortels, aussi bien que pour celles des
divinités. Sur un des trônes qui servaient de sièges aux
colosses découverts sur la voie sacrée desBranchides6, près
deMilet, est gravée une inscription qui, après avoir nom
mé celui qui l'occupait (Charès, gouverneur de la forte
resse de Milel) se termine par ces mots : «Agalma offert
à Apollon ('Ayalpa toù 'A-oXXojvoç) 7. E. Saglio.
Fig. 170. Sacrifice d'Iphigénie.
AGAMEMiNOIV(Ayajji.£'1avu)v). — Agamemnon, fils d'Aëropé
et d'Atrée, d'où le nom d'Atiide1 qui lui est souvent aussi tion, du inoins l'artifice employé par Timanthe pour rendre
donné. D'autres auteurs ! en font le fils d'Aëropé et de sensible la douleur paternelle, après avoir épuisé dans les
Plisthènes, père d'Atrée. Il était roi de Mycènes et d'Ar- autres figures toutes les expressions de la tristesse. Aga
gos J, le prince le plus puissant des Grecs, qu'il commanda memnon est enveloppé d'un manteau de pourpre qui lui
devant Troie *. A peine de retour dans son palais, il périt cache la moitié de la figure, dont le reste est dissimulé par
assassiné par sa femme Clytemnestre5, complice d'Égisthe, la main qu'il porte à ses yeux. Cette scène est représentée
qui usurpa son trône. 11 fut le père d'Oreste, d'Électre et d'une manière analogue sur l'autel dit de Cléomène, de la
d'Iphigénie. galerie de Florence ". Une mosaïque découverte à Am-
Au milieu des ruines de Mycènes, on voyait le tombeau puria, en Espagne, la montre un peu différemment 17.
d'Agamemnon 6 ; toutefois, les habitants d'Amyclées, qui Un bas-relief du Louvre, trouvé dans l'île de Samo-
montraient sa statue, croyaient aussi posséder son monu thrace, et qui compte parmi les plus anciens produits de
ment funèbre7. Dans diverses peintures de vases grecs, ce la sculpture grecque", représente (fig. 171) Agamemnon
monument est représenté par une colonne auprès de la
quelle se tiennent des personnages apportant des offrandes.
Sur une amphore du musée de Naples, on lit au-dessus de
la stèle le nom ArAMEMNaN. Ceux d'oPEïTHS et d'EAEKTPA
font reconnaître parmi les assistants les enfants du roi
défunt8. La ville de Clazomènes rendait un culte à Aga
memnon '. Les habitants de Chéronée honoraient par
dessus tous les dieux le sceptre des Atrides, que Vulcain
avait fabrique10.
Agamemnon avait sa statue à Olympie, sur le mur de
l'Altis, en compagnie des guerriers qui avaient, comme
lui, relevé le défi d'Hector". Son nom était le seul qui fût
écrit sur le monument. Polygnole avait peint le chef des
Grecs dans la lesché de Delphes". Il figurait encore
parmi les Tyndarides, sur la base de la statue de Némésis,
à Rhamnus ,3.
Agamemnon se voilant la face pendant que s'apprête le Fig. 171. Agamemnon, Talthybiiu et Epcus.
sacrifice de sa fille Iphigénie [iphigenia], faisait le sujet d'un
fameux tableau de Timanthe 1V. Une fresque représentant assis sur un siège pliant (Sîçpiç 6/.Xxîîa;) et désigné par l'in-
AGALMA. 1 Bachm. Anecd. I, 9 ; cf. I, 19 ; nom. //. IV, 144 ; Od. LU, 438 ; VIII, 17 ; Apollod. LU, 2, 2 ; Dictys Crct. 16. — s Acsch. Agam.; Soph. Klectr. — » Hom.
S». — 1 put. leg. Xit p. 319 a; cf. Ruhnkcn, Ad Tim. Lcx. Plat. p. 5-8. — 11. I, 79 ; Soph. Klectr. I. — 5 Hom. Odtjss. IV, 533 ; XI, 403 ; Acsch. Agam. etc.—
' PoNb. XXIL, 13. _ » Herod. V, 60, 21 ; Paus. VI, 19, 3 ; X, 7, 3. — ' Paus. VI, 26, 6 Pausan. II, 16. — 7 Paus. IU, 19. — 8 Millingcn, \'oses grecs, pl. xxxix ; Gerhard
3 ; Athen. XIV, « ; Clcm. Alex. Protrept. p. 29. — « Newton, Hisl. of ditem. ai et l'anofka, Ntap. ant. Dildw. p. 306, n. 405. — » Paus. VU, 5. — 10 Pau*. IX, 40.
Uaiican. Cnidus and llranchidae, pl. ictii, n. 72 ; cf. n. 66. — ' R. Rochettc, Let- — " Paus. V, 25. — '1 Paus. X, 30. — » Paus. I, 33. — '» Plin. Uist. nat XXXV,
tra arckéoL f. m ■ Schubart, Zeitsehr. far d. Alterth. 1847, p. 2S9 et (air, ; 10; Cic. Oral. 22 ; Quinlil. IL, 13 ; Val. Max. Vlll, 11. — « Mus. Dorb. IV, 3.
Wekk(r,A//e Denkmâler, I, p. 18S. — BiBuoomrmi. Bûckh, Corp. Insc. graec. 1, II. Rochctte, Maison du poêle tragiq. 14 ; ld. Mon. itiéd. 27 ; Overbcck, I/eroiscJi.
». 7 ; Ruhnkcn, Ad Tim. p. 4 sq. ; Sicbelis, Praef. ad Paus. p. XLI, sq. ; Ilerraann, IliUwerke.UV, 10 ; Hclbig, Wandgemàlde, 1304; cf. Ib. 1305.— "R. Rochettc, Mon.
Oottadieat. Alterlhamer, 18, 16. méd. I, 26, 1.— n Arch Zeitung, 1869, taf. xi». — 18 O. Mùller, in Amalthaa, 111,
AGAMEMNON. 1 lliad. 1,7; II, 18 et pawim ; Hvg. Fot.XCTlI. — ' Eurip. Orest. V p. 35 ; Uillingcn, Mon. inéd. pl.-ixn; Clarac.t. U, pl. cxyi -, [nghirami,Ca/. omtr. 1,20.
I. 17
AGA - 130 AGA

scription qui se lit autour de sa tête. TaUhybius et Epeus, i Les lois d'Athènes punissaient-elles également le céli
également nommés par ces inscriptions, se tiennent debout bat? — Pour l'affirmative, on invoque : 1° le texte d'an
derrière lui. La querelle d'Agamemnon et d'Achille fait le des lexiques de Séguier" ; l'auteur met sur la même ligne
sujet de deux bas reliefs, dont l'un, provenant d'un sarco les actions ayEMpytou, Xst7toTa?iou, ofajxiou, akoylou ; or, trois
phage, est conservé au Louvre", et d'une peinture du de ces actions appartiennent certainement au droit atti-
temple de Vénus à Pompéi ,0. On trouve encore la figure que; ne faut-il pas raisonnablement en dire autant de la
d'Agamemnon, entre celles de Nestor et de Chrysès, avec quatrième ? — 2° Plutarque 8 s'exprime ainsi : « Les bêtes,
son nom gravé en creux, sur un fragment d'une table dans leurs unions, suivent fidèlement la nature, et n'ont
iliaque conservé au Cabinet des médailles, à Paris"; et pas, comme les concitoyens de Lycurgue et de Solon, des
dans d'autres fragments semblables conservés en divers lois qui punissent les célibataires ou ceux qui se marient
musées", ainsi que parmi les miniatures du manuscrit de trop tard. » — 3° Pollux 7, dans une énumération des
l'Iliade du Vatican 13 . Un vase peint de l'ancienne collec Tfpaaat, présente rsyau-wu foazi comme une action com
tion Campana, au musée du Louvre présente sur le re mune à presque tous les peuples 8, tandis que les actions
vers Agamemnon, accompagné de TaUhybius et de Dio- <3J«Ya[jii'ou et xaxoyaixfou étaient spéciales aux Lacédé-
mède, emmenant Briséis; sur un aulre vase on le voit moniens '.
prenant part à l'enlèvement du palladium15. Sur ces deux La négative nous paraît plus conforme à l'esprit de la
vases, il est désigné par des inscriptions. Dans d'autres mo législation athénienne, qui attachait un si grand prix à la
numents il est facilement reconnaissable, par exemple-sur liberté individuelle qu'elle lui aurait, dans certains cas,
un vase" où on le voit auprès de Télèphe blessé [tele- sacrifié les intérêts de l'État ,0. Dans tous les plaidoyers
phus], et dans les bas-reliefs de plusieurs urnes cinéraires grecs qui nous sont parvenus, il n'est jamais question
étrusques Des monuments du môme genre offrent la re d'actions dirigées contre les célibataires. Lorsque les ora
présentation de plusieurs scènes de la vie d'Agamemnon iS teurs avaient à établir qu'une personne était morte sans
et sa mort violente !9. Sur un beau miroir du Cabinet des avoir été mariée, ils employaient tous les modes de preuve
médailles, à Paris30, on voit l'ombre voilée d'Agamemnon qu'ils pouvaient se procurer, tandis qu'il leur eût été plus
recevant des mains d'Hélène, assise sur le trône des en facile de prouver que la yp1»?1! àyapn'ou avait été intentée
fers, le philtre de Circé. avec succès contre elle. La constatation d'un fait si simple
Dans la plupart de ces représentations, Agamemnon les eût dispensés d'insister sur des circonstances assez peu
n'est caractérisé que par le sceptre et le bandeau, qui probantes par elles-mêmes, comme celles qu'invoque Dc-
sont les attributs ordinaires des rois dans les monuments mosthène ". Aussi le nombre des célibataires était-il assez
de l'art grec. A. France. grand à Athènes, et des écrivains distingués ne craignirent
AGAMIOU GRAPHE ('AYaiiCou ypa^). — Les républiques pas de faire un grand éloge du célibat". Aucun des pas
anciennes témoignèrent toujours une grande faveur au sages des grammairiens que nous avons cites n'attribue
mariage, qui non-seulement perpétuait les familles, mais formellement l'ay^at'ou YP3?1! & Athènes; Plutarque seul est
encore offrait des garanties de stabilité pour l'État et as plus explicite; mais son témoignage est inconciliable avec
surait la continuité du culte religieux '. Quelques législa le silence que gardent les orateurs.
teurs en firent même pour leurs concitoyens un devoir Dira-t-on, avec Osann, que Solon avait édicté des peines
juridique. contre les célibataires, mais que ces peines ne tardèrent
A Sparte, les personnes qui avaient dépassé sans con pas à tomber en désuétude? Nous répondrons, avec la tra
tracter mariage un âge fixé par la loi étaient exposées à dition, que le grand législateur, lorsqu'on lui proposa
une action publique désignée sous le nom d'&Yaiiiou fpa?1l' d'infliger une amende à ceux qui ne se mariaient pas, s'em
Cette action entraînait comme peine principale l'atimie ou pressa de les excuser 13.
dégradation civique [atimia]*. Plutarque3 indique d'autres Notre conclusion est donc que la y?<*?*) «yauiou est étran
pénalités accessoires : 1° les célibataires étaient exclus des gère au droit d'Athènes. Ce que nous admettons cepen
combats gymniques des jeunes filles; 2° ils étaient obli dant, c'est que les citoyens mariés et ayant des enfants
gés, pendant l'hiver, de faire, complètement nus, le tour jouissaient de privilèges refusés aux célibataires ; seuls, ils
de la place publique, en chantant une chanson dans la pouvaient être nommés stratèges ou chargés de prendre la
quelle ils étaient ridiculisés et reconnaissaient qu'on les parole dans l'intérêt de l'État 11 .
punissait justement, puisqu'ils avaient désobéi aux lois ; Platon ", grand admirateur des institutions Spartiates,
3° dans certaines fêtes, les femmes les contraignaient de voulait les introduire dans sa république. Quiconque n'au
circuler autour d'un autel, et, pendant cette promenade rait pas été marié à trente-cinq ans devait être puni,
forcée, elles les fouettaient à coups de verges * ; 4° enfin, ils dans sa fortune, en payant chaque année à l'État une
ne pouvaient pas réclamer, lorsqu'ils étaient vieux, les somme déterminée, et dans son honneur, en étant privé
honneurs que les jeunes gens rendaient ordinairement à des distinctions auxquelles les citoyens de son âge avaient
ceux qui étaient avancés en âge. le droit de prétendre. E. Caillemer.
'9 Winckclniann, Mon. tned. 124; Clarac, Mus. de sculpt. t. II, pl. m, n. 239 ; 5° Gerhard, Etrilskische Spiegel, taf. clxxx, Mon. ined. dcl. Instit. arch. t. U, ta*, vi ;
Inghirarai, Gui. orner. I, 25. — 13 Steinbiichcl, Antig. Atlas, taf. vm, b. I ; De Witte, Caial. de la coll. Durand, u. 1972 ; Chabouillet, Catalog. n. 3124.
Ovcrbcck, Jleroïschc Dildwerke, taf. xvi, 1 ; R. Rochctte, Lettr. arch. I, p. 196; AGAMIOU GrtAMÈ. 1 Plat. Leg. VI, Didot, p. Î65. — « Stobac. Serai. LXVU,
llclbig, Wandgem. 1300 ; cf. 1307. — " Montfaucon, Antig. expliq. t. IV, 16. — » Lye. 15. — » Athen. XIII, 2.-5 Bekkcr, Anecdota, I, p. 336. — * De
pl. xxxiu, p. S4 ; Chabouillet, Catalog. n. 3318. — " Mut. Capitol. I. IV, pl. imn amore prolis. — ' VIII, 40. — s Eod. loc. III, 48. — » CL Plat., Convivium, XVI.
— M Mai, Iliad. fragm. ant. cum picturis, Mediol. 1819. — De Witte, Aotice sur Didot, p. 673. — " Xcnoph., De rep. Atheniensium. I, § 8. — <• Contra Léo
ici- vases peints du musée Napoléon III. n. 84 ; Mon. dell' List. t. VI, pl. nx, cf. charem, § 1» et 30, R. 1086 et 1089. — » Stob. LXVII1, 37 ; cf. Plant. Miles, III, 1.
pl. xltiii. — Mon. dell' Inst. t. VI, pl.xxu. — 28 0. Jahn, Arch. Aufsâtse, taf. u, — XaXiriv çof-iov t| fjvij, Stob. LXVIII, 33. — 1' Dinarch. C. Demosthenem.
Ovcrbcck, Her. Bildw. xm, 19. — 27 Schlic, Darstell. des troïsch. Ilclldenkreise g 71, Didot, 166. — 15 Plat., De legibus, IV, Didot, p. 330. — Bidliogbâphie. Osaon.
a»f etritsk. Aschcnkisten, 1809, p. 43 et suiv. — 13 Ibid. cap. m, sq. — *9 Ibid. De caelibum apud veteies conditione, Giesscn, 1827; cf. Bekker, Charikles, 2" éd.
cap. t ; R. Rochelle, Mon. ined. 29 ; Inghîrami, Gai. orner. II. I, 6 et Od. 7. — III, p. 281 ; Van den Es, De jure familiarum apud Athenienses, 1864, p. 4, S.
AGA - 131 - AGE
aGASO, Imtoxo'fiùi. — Palefrenier, muletier, ânicr> valet Fortunû) ; lés hoffls par lesquels il désigne ces œuvres du
d'écurie, esclave chargé de panser et de conduire une bête ciseau grec ne peuvent être que la traduction des noms
de somme1. On voit grecs 'Aya8i>; Aaîjjiojv
deux de ces esclaves et 'AyaOri Tu/i) ;. et
dans un bas relief ' ces images parais
(Bg. 172), occupés sent avoir aussi servi
de leurs fonctions. de modèles à celles,
L'un d'eux tient le du bonus eventus
vée la jambe d'un des Romains. On
cheval qui vient peut sans doute
d'être saigné.' s'en faire une idée
Ce nom est quel d'après une statue
quefois étendu à (fig. 173) trouvée
d'autres serviteurs près de Rome, à la
de bas étage'. E. S. villa Adrienne, ac
AGATHODAEMON (Aafjitov àfaOôç, \yx^<xii>.t,n) tuellement au musée de Berlin u, qui représente Anti
bon génie, le dieu bienfaisant, divinité mâle de l'ordre des nous, le favori d'Adrien, sous les traits d'Agathodaemon,
daemones et des genii, dont la protection devait assurer aux s'appuyant sur une corne d'abondance
habitations, aux terres, aux cités l'abondance et la pros autour de laquelle s'enroule un serpent.
périté et qui correspond ainsi à la divinité femelle du Par une flatterie semblable, on voit sur
même ordre honorée sous le nom de 'Afix^ Tûyin,la Bonne les monnaies de plusieurs empereurs
Fortune, à laquelle elle est fréquemment associée. Dans romains frappées en Egypte , la re
quelques contrées, et notamment à Athènes, le jour où présentation d'Agathodaemon sous la
l'on goûtait pour la première fois le vin de l'année lui figure d'un serpent. Sur celle de Néron,
était consacré *, comme au dieu qui donne aux champs, et que nous donnons ici en exemple
plus particulièrement aux vignobles, la fécondité. On avait . Fig. 171. Agathodaemon,
(fig. J74), le serpent, antique symbole
coutume de terminer le repas (Ssïttvov) par une libation de égyptien de l'étemelle puissance et de la bienfaisance des
vin pur en son honneur 3, après l'ablution des mains et dieux, y est entouré d'épis et de têtes de pavots, avec la
avant de chanter le paean. légende neo. ArAe. aaim. E. Saglio.
Agathodaemon était invoqué conjointement avec 'Ay=tO^ AGATHODAIMONIASTAI ('AYaOooatfji&viaaTat).— Société
T<spi dans les préliminaires des décrets, dans les titres, sur religieuse dont on trouve la trace dans l'île de Rhodes1,
les monuments, dans les dédicaces, les consécrations, etc., et qui se réunissait sous l'invocation du dieu agathodae
et aussi dans les actes de la vie journalière. 11 y avait à mon. Son organisation était celle desthiases [thiasos], E. S.
Athènes1 un sanctuaire commun aux deux divinités; de AGATHOERGOI ÇX^ot^oî). — Suivant Hérodote ',
même à Lébadée, en Béoties; un heboon lui était consa on avait coutume, à Sparte, de libérer du service mili
cré àThèbes"; en Arcadie, Pausanias vit un temple dédié taire, chaque année, cinq cavaliers (i7C7rsï;) choisis parmi
au dieu bonCAyadoî; 0eoû vaôç), c'est-à-dire, selon son inter les plus âgés, et on leur imposait l'obligation de se tenir,
prétation 7, à Jupiter qui répand les pendant un an, à la disposition de la république, pour
biens, nom et qualification qui con remplir différentes missions : ils étaient appelés àfaOoEpyoî.
viennent également à Agathodaemon. Masquelez.
11 avait pour symbole un serpent, AGELAI ('Ay^at). — I. Nom donné par les Crétois aux as
comme les genii locorum et souvent sociations composées de jeunes gens âgés de plus de seize
aussi le phallus, emblèmes ordinaires ans et de moins de vingt-six.
de la fécondité [draco, genii]. L'art Jusqu'à l'âge de seize ans révolus, les jeunes Crétois vi
plus perfectionné le représenta aussi vaient, pendant la plus grande partie du temps, dans la
sous la figure d'un jeune homme te maison de leurs parents, sous la surveillance de leur fa
nant d'une main une patère ou une mille ; on les appelait alors cxô-toi, d-âyEXoi ou àTcdSpouot. Ils
corne d'abondance, de l'autre des épis devaient toutefois, à partir d'un certain âge, accompagner
et des pavots, souvent avec un petit leurs pères dans les repas publics (àvSpcîa) ; on leur distri
autel près de lui 8. Telle était une cé buait des parts, qu'ils mangeaient ensemble, assis sur le sol
lèbre statue d'Euphranor, qui fut, dit et rendant à leurs pères les quelques services dont ceux-ci
Fig. 173. Agathodaemon. Pline 8, portée à Rome. D'après le pouvaient avoir besoin. On profitait de la réunion de ces en
même écrivain 10, on voyait au Capi- fants pour les exercer de bonne heure à des luttes, soit indi
tole deux statues de Praxitèle représentant, l'une le Bon viduelles, soit par groupes, sous la direction d'un 7taiîdvo-
Génie (flnnus Eventus), l'autre la Bonne Fortune (Bona ao; désigné parmi les membres de l'àvSpeïov*.
AGASO. I Tit. Liv. XL1II, 5; Enn. Ann. VI. 21 ; Plaut. Merc. V, 2, 11 ; Plia. Levezow, Veber den Antinous, 1309, p. 82 et pl. H.— '* Zoëga, Num. Acgypt. tav. n,
But. nat. XXXV, j_l ; Apul. Met. VI, p. 180, et VII, p. 196. — » Millin, Voyage 9 et in ; Eckhel, Doctr. num. IV, 135; Guigniaut, Aouu. Galer. myth. lu, 1800;
i-vu le mm de U France, pl. mi. — 3 Hor. Sal. Il, 8, 73 ; Pers. V, 76. Lcnormant, Trésor de numism. Ieonog. rom. pl. xvi, 12; Sabalier, Iconogr. imp.
AGATRDDAEMON. 1 Plut. Timol. 17; Cornut. 27; Aclian, Var. Mit. IX, 39; xi, 20. — BiDLloaaiPHiE. Gerhard, Uiber Agathodaemon und Bona Dca, in Abhundl.
P»u». IX, 39, 4. — I plut Symp. qu. Vlll, 10, 3. — » Diod. IV, 3 ; Athen. II, 7, 38a ; der Berlin. Akademie, 1S4-7 ; ld. Gesammelte Abhandl. 1863, t. II. p. 21 ; Prclkr,
XV 'M, 693- ; Suid. et Hcsyeh. s. u. «-.«S-.â Mjwoj ; Aristoph. Ei/u. 85 ; Pac. 300. Griechische Mythologie, I, p. 482, 2« éd.
- * Aelian. I. ;.; Rangabé, Antiq. hellen. 2, 842. — 5 Paus. IX, 39. — « Suid. /. I. AGATHODAIMOMASTAI. 1 Ross, Inscr. gr. ined. III, n. 582.
-1 Paus. VIII, 36, 3 ; Plut. Symp. qu. 111, 7, 1 ; VIII. 10, 3. — » Visconti, Op. AGATIIOKIIGOI. 1 Ucrod. I, 67; et. Ruhnken, Ad Tint, lexic. Plat. s. ». ;
*arif. U, 135, n. "58; n. Rochelle, Mém. de ÏAcad. des Inscr. t. XIV, 2, p. 223. Hesych. s. v. ; Bckker, Anecd. I, p. 209.
-»«<«. Mt.XXXT, 16, 27. — 10 /6.XX.XVI, 4, 5. — » Berlin. Dildw. I, n. 140; AGELAI. 1 Ephor. ap. Strab. X, Didot, Frag. hist. graec. I, p. 251.
AGE — 132 — AGE
A dix-sept ans, les fils des citoyens riches et influents ras époque où ils devenaient |j.sXX£tpsvE;. Sous ces réserves, l'as
semblaient autour d'eux un nombre de camarades plus ou similation peut être admise. Les membres de chaque groupe
moins considérable, suivant que l'organisateur rencontrait prenaient en commun leurs repas, dont le trésor public fai
plus ou moins de sympathie. Chaque groupe formait une sait les frais, mais qui étaient en outre alimentés par le
àyù.a, et les jeunes gens qui en faisaient partie s'appelaient produit des vols et des larcins des enfants. Sous la haute
àitlix'j-zot ou àfî'Xotoi. A leur tête était un chef (àyù.âtr^), ordi surveillance du îratSovdfio; et de ses parrt'/ofdpot, surveil
nairement le père du jeune homme qui avait pris l'initiative lance à laquelle étaient associés non-seulement les fiiSaïoi,
de l'association1. mais encore tous les citoyens indistinctement, les jeunes
Les i-(t\a«-ol vivaient presque constamment réunis; la gens, dirigés par l'Irène placé à leur tête, se livraient à
nuit même ne les séparait pas, le plus souvent. Ils étaient tous les exercices de leur âge*. E. Caii.lemer.
soumis à un régime sévère et à une discipline rigoureuse. AGEMA, 'A-pOl*111- — Arrien 1 désigne ainsi un corps de
Été comme hiver, ils portaient toujours les mêmes vête troupes d'infanterie de l'armée d'Alexandre, en ajoutant que
ments ; la frugalité était la règle de leurs repas dont l'Etat c'était une troupe royale, c'est-à-dire faisant partie de la
faisait les frais. Leur instruction était bornée; on leur ap garde particulière du roi : elle ne comprenait donc que des
prenait seulement à lire et à écrire (fpâjjiijiaTa (ao'vov raaosûov- hommes choisis. En faisant le dénombrement de l'armée
xai xai TaÛTa (urptu;)'. Mais, en revanche, tous les exercices d'Antiochus, Tite Live * donne le même nom à un corps de
qui devaient les rendre forts et courageux étaient vus avec mille cavaliers. Il dit aussi 5 que Persée avait deux 1x^11-
faveur. (Aata, formés des soldats les plus vaillants et les plus robustes,
L'àYEXârifiî les habituait principalement à faire rapidement choisis parmi ceux qui portaient le bouclier rond : c'était
de longues courses; aussi donnait-on parfois aux ayilamoî la garde du roi. Polybe * en parle aussi, tantôt comme d'un
le nom de SExoîîpouot. 11 les conduisait à la chasse dans les corps d'élite composé d'environ trois mille hommes et
montagnes, à travers les bois, pour leur apprendre à suppor constitué en dehors de la phalange, tantôt comme d'un
ter le chaud et le froid et à braver les fatigues de pénibles corps de mille cavaliers choisis. Quinte-Curce 5 et Appien 4
marches dans un pays accidenté. 11 leur enseignait à tirer se bornent à dire que c'était une troupe de cavalerie. Il
de l'arc, et la réputation des archers crétois était très-répan résulte de ces différents témoignages que l'oY7][i.a était un
due. Pour que les jeux eux-mêmes servissent à développer corps d'élite dont l'effectif et la composition varièrent sui
les aptitudes militaires, les jeunes gens dansaient, armés, la vant les époques, les ressources de l'armée et les nécessités
pyrrhique et chantaient les péans et odes guerrières com de la guerre. Masquelez.
posés par le poète national de la Crète, Thalès ouThalétas, AGENTES IN REBUS. — Au bas-empire, on nommait
qui vivait vers 625. Entre les diverses àfftai, on organisait à agentesin rébus, magistriani ou ministeriani, une classe d'em
certains jours des luttes à coups de poing, à coups de bâ ployés du palais mis à la disposition du ministre chargé de
ton, et môme à coups d'armes véritables, luttes méthodi la police générale [magister officiorum] pour remplir des
ques, engagées au son des lyres et des flûtes marquant le missions au dehors Placés jadis sous les ordres du
rhythme suivant lequel les jeunes gens devaient combattre. préfet du prétoire [praefectus praetorio], ils avaient pris
Les Ayzknnoi récalcitrants ou timides étaient punis par la place des agents appelés frumentarii, que leurs exac
rèfitâtiic. Cette éducation devait porter ses fruits. Les tions avaient fait supprimer à l'époque de Dioctétien*.
jeunes Crétois n'attachaient de prix qu'à leurs exercices et Ces agentes in rébus ont été l'objet de nombreuses consti
regardaient le don d'une arme comme le présent le plus tutions impériales relatives à leurs devoirs et à leurs
précieux. prérogatives. Ils étaient exempts des charges de la curie*.
Après dix ans (osxâSpoaoi) passés dans \'ày£kt, les Crétois On prenait parmi eux les inspecteurs du service des postes
arrivaient à la pleine jouissance des droits civiques. Ils [angariae, evectiones, cursus tublicus] ; ils étaient chargés
étaient obligés de se marier, et entraient dans les associa en même temps de recueillir les bruits qui circulaient dans
tions de citoyens participant aux àvôfsîa. les stations6. Souvent on employait ces agents comme cour
II. — 11 y avait à Sparte des sociétés nommées |3oûai,que riers du palais pour transmettre les ordres de l'empereur et
l'on rapproche ordinairement des dtyiXac, bien qu'elles s'en lui rapporter les actes publics et les dépêches des magis
différencient à plusieurs points de vue. Au lieu de rester dans trats8. Mais, en règle, ils formaient une compagnie ou schola
leur famille pendant seize ans, les jeunes Spartiates entraient attachée au palais ; d'où le nom de palatini qui leur était
dans les (îooat dès qu'ils avaient accompli leur septième an aussi donné7; elle était la pépinière où, après un certain
née. Les groupes ne se formaient pas librement d'après les temps de service, on prenait parmi ceux qui avaient obtenu
sympathies des membres ; le jraioovdpio; lui-même procé le titre de princeps, les chefs des offices des préfets et des
dait à la répartition des enfants entre les pouai. Chacune de vicaires, des ducs et des proconsuls; on y choisissait aussi
ces associations se subdivisait en plusieurs sections appelées les curiosi "parmi les simples agentes, car ceux ci appre
fXett, dirigées par un îXap^oç ; à la tète de la était un naient la théorie de l'administration, et, dans leurs mis
Souâfop ou Jîour/o;, pris parmi les irenes les plus méritants, sions, la pratique des affaires*. G. Uumbert.
et peut-être élu par les enfants. Enfin les jeunes Spartiates AGEOBGIOU D1KÈ (\yzt»pyiov Si'xt)). — Action privée
ne restaient dans les po~a: que jusqu'à l'âge de dix huit ans, dont le nom figure dans le lexique de Phrynichus et dans le
' F.phor. /. c. et Heracl. Pont. De reb.publ. III, § 3, Didot, Frag. hist. grâce. Il, 28; C Just. XII, Î0 à îi. — » C 3 et 4 C Th. De cursu publico, VIII, 5. — s Symm.
p. Î1I. — ' Heracl. i.t.J4.-» Nut. Lyc. 16 et 17 ; Xen. Rep. Lac. S, 3 et 4. — Ep. X, 37. — « C 2 et 3 Cod. Th. VI, 27 ; Vaddingtoo, Ree. archèol. 1868, p. 425,
Biiliomimii.—Wachsmuth, BeUmùche AUcrtkumskunde, 2»éd. § 115, t. il, p. soi 423. — ' C. 3, 6 C. Th. VI, 2?.— «Cassiod. Yar. VI, 6; XI, 35. — » Amm. Mar-
et ». ; Schômann, Griech. Altcrthùmcr, î' éd. t. I, p. 56b et 313; Vcstermann, In ccll. XVI, 5. — Bibliograpuib. BOcking, Notitia dignitatwn Orient., Bonn, 1853.
Pauly's, Bealeneyclopaedie, 2« éd. 1. 1, p. 538. c. x, p. 33, 39; Guizot. Cours d'hist. mod. tome III, p. 216; Améd. Thierry, Aient,
AGEMA. 1 Al. III, 2, 11. — » XXXVII, 40. — 3 XLI1, 51, 53. — * Hist. V, 25, sur l'orig. de l'adm. centr. de l'emp. rom. Reu. de législ., IS43, t. XVIII, p. 139;
65 ; XXXI, 3.-5 Alex. IV, 13 ; V, 4. — « Syr. 32. Serrigny, Droit public romain, Paris, 1862, I, n. 87, 88 ; II, n. 967, 981 ; Walter.
AGiaitS IN IlhBL'S. < J. Lydus, De magiêt. II, 10, 26; III, 7, 12, Î3, 24, 40 - Oeschifhte des rom. Itechts, 3' «!d. Bonn, 1860, n. 364, 392, 860 ; Kuhr, Die stâdt,
Ducange, i. u. Magistcriani. — ' Aurcl. Vict. Caesar. 39. — S Cod. Tbeod. VI, 27 und bûrg. Yerfassung des rôm. Reichs, Leipi. 1854, p. 162, 166, 169 et suit.
AGE — 133 — AGE
recueil connu sous le titre de 2.uvayuyïi XÉ^ewv gpqafiMw*, ces terres. Quant aux immeubles consacres au culte, il faut
mais qui n'est pas mentionnée par les auteurs classiques. distinguer le terrain occupé par les temples, qui était res
Les grammairiens la définissent ainsi : cr,uat'vEt to ètciSov tiç, sacra, inaliénable et divini juris, par suite de la consécration
jrtopiov irapaXaêùv, <xYE(ipYr,TOv xai ovs'pYaoTov lao-r], eitsixa 6 et de la dédicace à une divinité, et les terres simplemeat af
5£«TcÔTr,ç SixâÇY)Tai t5 itapaXaêôvTt ; on rapporte généralement fectées aux dépenses du culte et des prêtres7. Celles-ci pou
cette définition au contrat de louage, et on dit que l'àftoyp- vaient être aliénées par l'État". Les murs et les portes de la
fi'oo 8£xti fut instituée pour le cas où, le fermier ayant négligé ville étaient saints, c'est-à-dire protégés par une sanction
de labourer et de cultiver le fonds de terre qu'il avait loué, pénale (res sanctae '). Enfin, parfois un terrain était purifié
le propriétaire lui demandait la réparation du dommage par des cérémonies religieuses, ager liberatus et effatus ,0, et
causé à l'immeuble par son incurie*. — M. Biichsenschùtz inauguré comme templum pour le rendre propre à la ré
a fait récemment observer que le mot rapaXaëwv, employé ception des auspices. C'est ce qui se faisait pour l'enceinte
au lieu du mot (AtoOwo-aïAsvo;, s'applique plutôt à une per des lieux consacrés aux affaires publiques, et pour l'en
sonne qui a reçu le fonds à titre de gage ou d'antichrèse ceinte sacrée [pomoerium] de Rome ". Mais la simple inau
qu'à un fermier. On ne voit pas, dit-il, comment ce der guration ne suffisant pas pour transformer un ager cures
nier serait assez peu soucieux de ses intérêts pour laisser sacra ; c'est à la prise des auspices que se rapportait prin
un champ inculte ; le propriétaire n'éprouverait d'ailleurs cipalement la distinction de Yager en romanus, gabinus,
aucun préjudice, car l'absence de récolte n'est pas une peregrinus, hosticus, incertus" [ager romanus].
perte pour lui, et, de ce que le sol a été sans culture, il ne L'ager publievs s'étendit d'abord avec Yager romanus13 par
s'ensuit pas que l'immeuble soit détérioré. — Nous croyons la conquête; mais il n'en comprenait toujours que la por
cependant qu'il n'est pas impossible de trouver des cas où tion non affectée à un service public ou incorporée à Yager
la négligence du preneur aura nui à la chose (par exemple privatus. Le roi retenait une partie des terres conquises alin
s'il a laissé périr faute de soins (àvÉpYarrov) des plantations), d'en tirer, médiatement ou immédiatement, un revenu pour
et il est juste d'accorder dans ces cas au bailleur des dom Yaerarium. Sous Ancus Martius, parmi les terres conquises
mages et intérêts. Il faut donc admettre que celte action sur les Latins, on réserva à l'État des salines et des forêts
rfeiapYiou fut accordée d'une façon générale contre toute voisines de la mer u, tandis que les champs labourables
personne (locataire, emphytéote, usufruitier, créancier ga furent divisés, c'est-à-dire sans doute incorporés à Yager
giste ou antichrésiste) qui, ayant reçu du propriétaire la pos privatus 16, ou attribués à la colonie fondée à l'embouchure
session d'un immeuble, laissait cet immeuble improduc du Tibre (Oslium Tiberis). L'annexion d'un territoire étran
tif 4. E. Caillemer. ger à Yager publicus se faisait soit par la force après la
AGER PUBLICUS. — Ensemble des immeubles faisant destruction d'une ville, ou à la suite d'une formule solen
partie du domaine de l'État, et par cela même inaliénables nelle de dédition [deditio] dont les historiens nous ont
et imprescriptibles quoique non affectés à un service pu conservé des fragments Quelquefois on s'emparait seu
blic '. Comme l'étendue et le mode d'administration de ce lement du tiers ou de la moitié de Yager de la cité vaincue ;
domaine ont beaucoup varié, il a paru nécessaire de con Tite-Live nous montre Romulus obtenant, à la suite d'un
sidérer successivement Yager publiais sous la royauté, sous traité, une partie des terres des Véiens 17 ; Tullus réunit le
la république (en renvoyant toutefois à l'article agrariae territoire d'Albe détruite 18 ; Ancus" en fit autant pour les
leges, ce qui est spécial aux lois agraires) et enfin, sous villes latines de Politorium, Tellenae et Ficana; Servius ac
l'empire jusqu'à Justinien. complit les dernières conquêtes importantes de la royauté,
'.. Sous la royauté. — Formation et étendue de l'ager pu mais il distribua une partie de Yager publicus aux plébéiens
bliais. — On sait que, dans la division de l'ager romanus, at en pleine propriété (agro viritim diviso *°).
tribuée à Romulus *, il y eut une part affectée à l'entretien Une autre source d'enrichissement pour le domaine
du roi et des temples, une autre aux pâturages communs [Jubile paraît avoir été la confiscation des biens des con
[paseva publica) ; la troisième (ager privatus) attribuée aux damnés à une peine capitale [bona damnatorum] ; cependant
chefs de famille, qui en avaient la propriété ou la jouissance, à l'origine, comme on attribuait ces biens au temple de Cérès
car les opinions diffèrent quant à la constitution du domi- ou d'une autre divinité, l'État n'en tirait profit qu'indirec
mcnà cette époque. Nous pensons que, avant Numa et peut- tement en diminuant ainsi les frais de l'entretien du culte *\
être jusqu'à Servius, la propriété foncière était dans chaque Mode d'exploitation. — Les procédés suivis ou indiqués
famille, comme une masse commune, intransmissible sans par les arpenteurs [agrimensores] pour l'administration de
le consentement des curies, même par testament La por Yager publiais remontent à l'époque antique où leur art se
tion affectée au roi formait Yager regius1', sorte de domaine confondait en quelque sorte avec l'art augurai ; dès lors,
de la couronne qui, après l'expulsion des rois, fut consacré on peut sans anachronisme rattacher à la période des ori
au dieu Mars et forma depuis le champ de Mars \ Cepen gines de Rome, les principes et les divisions posés dans les
dant Pline * semble affirmer qu'on partagea une partie de livres rédigés beaucoup plus tard par les gromatici ou reiagra-

AGEORGIOU DIKÈ. 1 Bckkcr, Anecdota graeca, I, p. 20 et 336. — » SIeier, At- fr. 11, Dig. De dio. rcr, I, 8; Gaius, 11, 8; Fcatus, r. v. Religiosus, éd. Muller,
tischet Pneus, p. 532 ; Wachsmuth, Hellen. Alterth. § 105, 76, 2« éd. II, 25* ; p. 278. — 10 Cic. De legib. U. 8 ; Scrv. Ad Aen. I, 416 ; III. 463 ; VI, 197.— '1 Gell.
Hcrminn, Primtalterth. 2» éd. § 67, 17. — » Besiti und Erwerb, Huile, 1869, p. XIII, 14 ; XIV, 7 ; Orelli, 811 ; Varr. De ling. lat. VII, 7-10; Tit. Liv. I, 44 ; III, 20;
M- — » Slark, Ad Hermann. Prioatalterthamer. !• éd. 1870, § 67, 17. VUI, 44; XLI, 18; Walter, Cesch. des rom. Rechts, I, § 159. — 18 Varr. De Ung_
ACER PUBLICUS. * Giraud, Rechercha sur le droit de propriété, p. 160; lat. V, 33. — » Tit. Liv. 1,15, 33; II, 31; Dionys. II, 50,53; Walter, 1. 1. 1, § 37, p. 61.
Uionys. ii, 7 . Tit. LiT. iv, 48. — « Dionys. II, 7 ; III, 1. Plus tard on voit pratiquer — il Cic. De republ. II, 18 ; Tit. Liv.I, 33. — 15 II y eut plusieurs divisions semblables
une semblable division dans les colonies; Hyg. De cond. agror. p. 116, 117 ; Sicul. sous les rois; Tit. Liv. I, 46; Macé, Lois agraires, p. 127 et suiv. ; voy. aussi Holl-
Flacc. p. 162,1 63, édit.Rudortf, Berlin, 1818. — » Varr.Z)e re nul. I, 10; cf. Womm- niann, De legib. agrar. Argcntoratum, 1674. — 18 Tit. Liv. I, 3S ; cf. VII, 31,
Ka, llim. Gach. I, 13. — » Cic. De republ. V, 2. Suivant Denys, III, 1, Tullus Hosti- XXVIII, 34; Macé, Lois agraires, p. 74 et suiv.; Niebutir, Hist. rom. trad. franç. III,
liu* en partagea la totalité au peuple, ne se réservant que son domaine privé.— 8 Tit. p. 214 et suiv. —" Tit. Liv. I, 15. — '8 Id. I, 30. - '» Id. I, 33.— «0 Dionys. IV, 9,
Uv. Il, j.5, ._e Hitt nat_ XVIII, 4.-7 Gaius, II, 2, 3, 4, » ; Macrob. Sat. III, 3. 10, 13 ; Tit. Liv. I, 46 ; Zonara», VII, 9 ; Varr. ap. Non. Marc. I, 205.— ti Dionys.
— ' Otoi.v, 18 ; Appian. De bell. Mithridat. 22 ; Dio Cass. XLIII, 47. — » Pomp. 11, 74, 10; Festus, s. v. Saccr ; Tit. Liv. II, 5; III, 55 ; 11,19, 50; cf. Tit. Liv. I, 15.
AGE — 134 — AGE
riae scriptores, derniers dépositaires de la science agraire M. Ainsi le terrain où avaient existé vingt- trois villes des Vols-
Les terres déjà mises en culture, séparées avant tout de ques ne fut plus qu'une lande, qui devint les marais Pon-
celles qui étaient encore en friche, étaient mesurées et dé tins Ainsi encore, les Sabins qui avaient fait alliance avec
limitées régulièrement. Souvent le roi en assignait une les Samnites perdirent tout leur territoire, dont une partie
portion aux citoyens admis au partage 43 [actuarius ager, fut partagée et l'autre réservée à Yager publicus par Curius
ager romanus]. Cette aliénation supposait une loi, aussi Dentatus". D'autres fois, à la suite d'une guerre, interve
bien que les deux autres modes d'aliénation que nous allons nait une convention de deditio, qui, en droit, attribuait à
indiquer. D'autres fois on envoyait une colonie sur le ter Rome la souveraineté et la pleine propriété sur tout ce qui
ritoire conquis d'une cité, dont Yager était partagé (divi appartenait au peuple vaincu". Quelquefois il était trans
sas et assignatus) entre les colons [colonia] ; parfois encore, porté en masse dans un autre lieu ; le plus souvent on lui
lorsque les besoins du trésor l'exigeaient, une portion de enlevait le tiers, la moitié ou même les deux tiers, de son
Yager était mise en venle par les soins des questeurs, quaes- territoire, comme il advint aux Herniques et aux Priver-
tores aerarii; cette portion est ce qu'on appela ager quaes- nates". Dans certains cas, on laissait les vaincus en posses
torius. D'autres parties de Yager publicus étaient données à sion de leurs biens, mais à titre de détenteurs sous la souve
bail moyennant une redevance proportionnée à leur raineté de Rome, dont la prédominance était attestée par
étendue ** {vectigal) et se nommaient par cette raison agri un stipendium ou vectigal Les simples traités sans deditio
vectigales. Toutes ces distinctions remontaient à l'origine renfermaient fréquemment, entre autres clauses, des ces
même de Yager publicus, et sont attestées tant par les his sions de portion de territoire se. Parfois les Romains se con
toriens que par les scriptores rei agrariae La vaste étendue tentèrent d'exiger une certaine quantité de jugera. Ainsi la
de terres vaines et vagues ou en friche, était séparée de confédération des Sabins en perdit 10,000" ; mais on ne
même en deux classes. Les terrains qui jusqu'alors avaient faisait aucune grâce aux alliés ou sujets infidèles38, qu'on
servi ou qui paraissaient appropriés au pâturage (pascua) nommait spécialement rebelles. C'est ainsi que les Étrus
restaient dans le domaine de l'État, mais on permettait à ques furent dépouillés presque en totalité par Sylla et par
tous les citoyens, môme plébéiens, d'y Taire paître leurs bes Jules César58.
tiaux moyennant un droit [vectigal, scRiPTURA]flxé à tint A côté du droit de conquête, le testament des souve
par tûte de bétail 25. Quant aux terrains qui semblaient sus rains fut aussi une cause d'accroissement de Yager pu
ceptibles de défrichement, mais qui n'étaient pas plus déli blicus. En 135 avant J.-C, Attale, roi de Pergame, insti
mités que les précédents, le roi, par un édit, autorisait les tua le peuple romain pour son héritier; Nicomède, roi de
citoyens à les occuper pour les soumettre à la culture, Bithynie, en fit autant en l'an 79 avant J.-C.40. Ce fut sous
moyennant un dixième des récoltes, et un cinquième des de semblables prétextes que les Romains s'emparèrent de
produits des arbres fruitiers. On les appelait agrioccupatorii. l'Égypte, de la Cappadoce, de la Cyrénaïque, de la Paphla-
Cette occupation ne donnait qu'un droit de possession in gonie et de la Thrace". Les biens conûsqués des condam
défini, mais toujours révocable au gré de l'État concédant, nés à une peine capitale, étaient primitivement attribués
qui conservait sa propriété imprescriptible On appelait à des temples". Mais il en fut autrement lors des proscrip
aussi ces terrains agri arcifinales ou arcifinii (ab arcendis tions [proscriptio] de Sylla, de César, des Triumvirs et d'Au
finibus). 11 n'existait ni plan, ni aucun titre ou document guste, qui assignèrent même à des colonies de vétérans les
public à l'appui de cette possession, bien qu'elle fût en fait territoires de cités et de provinces entières43. Il arriva par
protégée par le roi tant qu'elle n'était pas révoquée. Elle fois aussi que l'État romain, choisi pour juge entre deux
était d'ailleurs susceptible de transmission entre-vifs ou cités contendantes, s'attribua le terrain litigieux 4i. Quant
testamentaire !s. Nous entrerons à cet égard dans plus de aux biens vacants, sous la république, ils étaient abandon -
détails au chapitre suivant. nés, comme res nullius, au premier occupant et ne furent
II. Sous la république. — L'histoire de Yager publicus attribués à l'État que par la loi Julia et Papia Poppaea sous
pendant cette longue période se caractérise par deux faits Auguste45.
principaux : d'abord l'énorme extension du domaine à la Les causes d'amoindrissement de Yager publicus étaient
• suite des conquêtes de Rome, et presque aussitôt l'amoin de deux sortes : en effet, il pouvait être aliéné en vertu
drissement parallèle de ce domaine, surtout en Italie, d'une loi par vente, assignation ou envoi d'une colonie ;
d'abord par voie d'usurpation de la part des détenteurs, ou bien usurpé par les détenteurs. Les ventes de terres
et ensuite par de nombreuses assignations ou divisions et cultivables et limitées furent assez fréquentes sous la répu
fondations de colonies [agrariae leges, colonia]. blique. Ce sont les champs désignés sous le nom de quaes-
La conquête et les traités furent les deux causes princi torii, aliénés au profit de Yaerarium par les questeurs du
pales d'accroissement29 : la conquête pure et simple pro . trésor (quaestores aerarii) *. Cette vente conférait la pleine
curait le territoire d'un peuple exterminé ou rendu 30. propriété, et non, comme l'ont cru à tort plusieurs sa-
M Cf. Walter, I,| 37, p. Ci ; Schwegler, Rôm. Gesch. XXV, 1-9; IludorQ", Gesch. des Macé.l. i.p.75.— 38Tit. Liv. I, 15; II, 25, 31 ;X, 3.-37 Tit. Liv. VIII, 13, 14; Dion.
<-6m. Redits;\A- Itàm. Fcldmesser, Berlin, 1 S 18-52.—*> Dionys. II, 92; III, 1 ;Varroap. V,47, 49; TWn. Ilist.nut. XV, 29.— 38 Waltcr,/. 1. 1, g 78, p. 112, et § 215, p. 318; Tit
Non. Slarc. — s* Hygin. De cond. agr. p. 116. — *5 Appian. Debell. civ. I, 7 ; Plut. Liv. II, 10, 17 ; IV, 31, 34; VIII, 12, 14 ; XX11I, 37 ; XLV, 34 ; Dionys. V, 49 : Caes.
Tib. Grâce. VIII ; Sicul. Flacc. De cond. agr. p. 130 ; Waltcr, /. I. 1, g 37, p. 02 ; Bell. gall. Il, 33 ; lit, 10, 10; Gell. X, 3 ; App. Bell. Ann. 61 ; Festus, s. v. Brutiani;
lludorff, Rôm. Feldm. II, 31S. 310 ; Schwegler, Rôm. Gesch. XXV, 4. — M Varro, Strab.V,4, 13. —39 Cic. Ad Attic. I, 19; Becker-Marquardt, fiôm. Alt. 111, l,p. 329.
De rc rust. II. 1 ; Plin. Hisl. nat. XVIII, 3. — " Frontin. De cont. agr. p. 5»; — WEutrop.//«(.rom.IV,ï;VI,l.— UC\c. De leg. agr. I, l ; II, 6, 15; Eutrop. VI, 4;
Festus, s. v. Possessions; RudorlT, l. I. II, 311, 313; Schwegler, l. I. XXV, 6 ; Macé.ioil agr. p. 79, note 1. — Cic. Prodomo, 14, 18; De harusp. rcspons.;lii. Ad
Appian. De bell. civ. I, 7, 18 ; Sicul. Flacc. p. 133 ; Hygin. p. 115; Tit. LW. Il, 41, Atticum. III. — '3 App. Bell. civ. I, 100 ; Tit. Liv. Epitom. LXXXIX ; Plut Sylla.
61 ; Cic. .\do. liull. III, 3. — 18 Laboulaye, Hùt. du droit de prop. en Occident, p. 75 ; 12 ; App. Bell. cio. II, 94, 102, 120 ; IV, 3 ; Dio Cass. XLVI, 56 ; Suet. ©et. 10, iS,
Giraud, Rech. sur le droit de propr. I, p. 19S ; Appian. I, 10; Cic. De off. II, 22, 46 ; Vell. Pat. II, 61, 76.— »» Tit. Liv. III, 71, 72 ; Dionys. XI ; Cic. De offic. I, 10.
53. — 29 Appian. Bell. civ. I, 7; Gaius, 11, 7. — Su Tit. Liv. III, 8; VIII, 22. — *5 Ulp. Fragm. XXVIII, 7 ; Waltcr, Rôm. Rechtsgcseh. I, § 320, 332. — *6 Et non
!9 ; IX, 45 ; X. 12, 15, 44 ; XXIV, 20. — »1 Plin. Sut. nat. XXXV, 12 ; cf. Macé, Lois par ceux qui accompagnaient les généraux {quaestores classici), comme l'a cru à lorl
agraires, p. 63 à TU. — 3i Val. Max. IV", 3, 5. — M Tit. Liv. VII, 31 ; Fr. 20, § 1, Dig. De RudorlT. Rômiseh. Frfdmess. H, 285-288 ; cf. Siculus Flacc. De cond. agr. p. 136,
captiv. XLIX, 15. — » Tit. Liv. 11, 41 ; VIII, 1 ; XXXVI, 39.-33 Tit. Liv. VII, 31; 152; Hyg. De cond. agr. p. 115 ; Tit. Liv. XXVIII, 46 ; Wallcr, l. I. I, § 33, p. 64.
AGE - m — AGE
vants simplement un domaine révocable". La seconde Ce sont les seules lois agraires dans le sens vulgairement
cause de la diminution de Vager publiais consistait dans le attaché à cette expression [aguariae leges].
partage (divisio) avec assignation (assignat>o) de portions Mode d'exploitation de Vager publicus. — L'Etat ne pou
de ce terrain aux plébéiens ; c'est ce qu'on appela agri di- vait utilement exploiter en régie et directement la plupart
visi et assignati. Le terrain détaché entrait dès lors dans le des biens de Vager publicus; cependant il paraît avoir mis
domaine privé et prenait le nom A'ager virilanus". Un pre en régie, pendant un certain temps, les salines d'Ostie 60 et
mier partage qui eut lieu après l'expulsion des rois, pour certaines mines [metalla], et des forêts [silvae publiuae],
une partie de l'ancien ager regius **, procura, comme celui dont les bois étaient destinés à la marine; en général, il
deServius Tullius, sept jvgera à chaque chef de famille. Il en faisait adjuger81 l'exploitation moyennant un prix de
y en eut d'autres semblables postérieurement50, et môme, bail [vectigal), au plus offrant, par ordre des censeurs [cek-
dans un cas particulier, les fils de famille y furent excep soria locatio], qui avaient la haute direction du domaine
tionnellement admis". La troisième cause légale de la di Les terres proprement dites se divisaient, on l'a vu, en
minution de Vager publiais, est l'attribution de tout ou deux grandes catégories, celles qui étaient mesurées et
partie du territoire d'une cité déjà conquise à une colonie cultivables d'une part, et d'autre part les landes ou pâtis
composée en général de citoyens romains. Après les guerres limités seulement par leurs bornes naturelles.
civiles, on dépouilla même des propriétaires pour installer Dans lapremiôre classe,tout ce qui n'était pas attribué à des
à leur place des colonies de vétérans. Le démembrement colonies, ou divisé entre les citoyens pauvres (agridivisi et as-
de Vager publiais, dans le cas d'envoi de colonie comme signati), ou vendu {agri quaestorii), fut loué, comme on va le
au cas de partage, avait lieu en vertu d'une loi spéciale, voir, à des publicains [publicani] par les censeurs pour un
nécessaire pour l'aliénation du domaine public et sa trans temps plus ou moins long", moyennant un fermage pro
formation en domaine privé. La même loi désignait des portionné à l'étendue de la mesure de chaque agera. C'est
commissaires ou curateurs chargés de veiller à l'exécution là ce qu'on appelait, à proprement parler, agri vectigales ou
et de résoudre toute difficulté juridique agri fructuaiii, qu'il importe de ne pas confondre avec les
Mais la cause la plus considérable d'amoindrissement de agri occupâtorii, dont il sera parlé plus loin. Les premiers,
Yager publiais fut l'usurpation" faite par les détenteurs pa étant limitati, pouvaient plus facilement échapper à l'usur
triciens, locataires ou concessionnaires à titre précaire pation des fermiers. C'étaient, en effet, des territoires con
de portions de Vager publiais, moyennant un loyer pour quis que l'on avait trouvés régulièrement divisés par 'eurs
ksagri vectigales, ou une dîme pour les autres. Les riches anciens propriétaires étrusques ou latins. Ces agri vectigales,
faisaient cultiver ces terres par leurs esclaves, tandis que en général, se composaient de l'excédant des terres culti
ies petits délenteurs, éloignés pour le service militaire, ne vables sur les portions distribuées ou assignées aux colons
pouvaient surveiller leurs champs" et se voyaient forcés de (subcesiva). Quelquefois ces terrains étaient loués pour cinq
les vendre ou de les abandonner. ans; d'autres fois on les louait pour cent ans, long bail qui
Bientôt il arriva que les plus opulents de ces riches dé est l'origine première de la convention devenue plus tard
tenteurs se dispensèrent de payer leurs redevances", puis ils le contrat d'emphytéose [kmphyteusis]. Les censeurs met
confondirent peu à peu ces biens loués avec leurs pro taient aux enchères le droit de percevoir le prix de fer
priétés particulières58. D'un autre côté, malgré les lois Lici- mage fixé par la république; les mots agrum fruendum Ic-
niennes, qui limitèrent l'étendue des concessions de Vager care ** n'expriment pas autre chose. Quels étaient donc les
publicus, ils s'emparèrent peu à peu des lots de leurs voisins revenus directs des fonds 6S? Le représentant (manceps)
pauvres et arrivèrent ainsi à occuper la presque totalité d'une société de publicains qui se rendait adjudicataire du
du domaine public57. Sans doute, celui-ci, d'après un prin vectigal d'un canton pour une somme fixe, déterminée par
cipe de droit public incontesté, était imprescriptible58; mais la censoria locatio, en acquérait par cela même la pos
lorsque les auteurs de lois agraires voulurent faire cesser session, et la facilité de la céder à des fermiers en détail86,
ces usurpations, les délenteurs ou ayants cause des conces et pour le même délai que le bail principal. La majorité de
sionnaires primitifs leur opposèrent une résistance presque ces lots était louée par des patriciens ou des chevaliers,
invincible. Ainsi la petite propriété disparut de l'Italie avec détenteurs de la grande masse des capitaux, bien que ni
la population libre, pour faire place aux domaines [lati en fait ni en droit les plébéiens ne fussent exclus de la fa
fundia], à la culture par les esclaves, et au pâturage. culté de prendre part aux adjudications principales ou
Quant à Vager privatus, à la propriété privée, elle ne fut secondaires.
jamais menacée ou atteinte que par les lois de proscription Les terres non cultivées, qui formaient la deuxième
ou de colonisation de SyUa, de César, des Triumvirs, classe, étaient exploitées également par l'État qui concé
'l'Octave enfin, qui dépouillèrent des provinces pour ins dait par un bail à ferme le droit d'exiger les redevances,
taller leurs vétérans à la place des anciens propriétaires M. mais sous deux formes distinctes : 1° Dans certaines forêts,
11 Rodorff, /. t.; Sehwcglcr, Ilôm. Gesch. XXV, 4 ; cf. Waller, /. Pellat, Delà p. 205 et suit. ; Ortolan, Hist. de la lég. rom. 7* éd. 263 et suit. - . '■• Giraud, f. I.
ynpriétéSii |eg. 41 , £ie ro vindicat.), 2« éd. 1853, p. 279 et suît.; SaTigny, System. p. 181 ; Macé.f. I. 60, 520 et s. — «° Til. Lit. I, 33 ; II, 9 ; Cie. De leg. agrar. I. I ;
I t"l. t V, p. 253-255 ; cf. .Machelard, Telles, p. 183. — W Festin, *. r. — Durcau de la Malle, Ècon. pol. II, 440. — 5' Giraud, f. I. p. Ï67 ; Dig. De publicanis
* Hi». Hat. „at. XVIII. 4 ; Tit. Lnr. H, 5. — M Tit. Li». VIII, II, 12 j XLII, 4 ; vectigal. et commissis, XXXIX, 4. — 8* Pellat, De la propriété, 2« éd. 1853, p. 602.
Sehwcglcr, Gesch. XXV, 5 ; Waller, I, g 38, p. 64 et 65; Macé, Lois agraires, Quant à l'objet du bail, vojei plus bas. — M Hygin. De condit. agror. p. 116 ;
P. ITJ > 181. — H Tit. Lit. V, 30. — " Waltcr, I, p. C5, note 18. — 55 Waltcr, Op. Appian. De bell. cio. I, 7 j Sic. Flacc. De cond. agr. p. 136 ; Plut. T. Gracch. 8 ;
! 252, p. 371 ■ Giraud, Droit de propriété, p. 167 et suit. ; Macé, Lois agraires, Sehwcglcr, Op. I. XXV, 3 ; Rudorfl", Ilôm. feldmesser, II, 315, 316 ; Waltcr, Gcsch.
M>1 et lttj,. _ Sa||us, yuy. 4) . j)e rcpuûi_ or(j. ||f 5 . flj, liT. vi, 12 ; XLII, des rom. lieckts, I, § 37, p. 62. Plus tard, on appela agri vectigales, seulement les
"i App. Bell. ch. I, 10. — »» Til. Li». IV, 36 ; Dionys. VIII, 74 ; Waltcr, 1, champs loués à perpétuité ou pour cent ans, par l'État ou les cités. Dig. Si ager
I M, p. (o; g 252, f. 371. - M Appian. De Ml. cie. I, 7 ; Sallust. Fragm. liât. vectig. pet. fr. I, VI, 3. — 6* Tit. Lit. XXVII, 3, 11; XLII, 19; cf. XXXII. 7;
'■ P- iU, éd. Ccrlach ; Plut. Gracch. 8. — 57 Tit. Liv. II, 41. — 58 Frontin. et Cic. In Yerr. III, 6 ; App. Bell. civ. I, 7 ; Dion. VIII, 73 ; Plut. 7Ï6. Grach. 8 ;
* «»'• egr. p. 50 ; Cie. Ado. Bull. Il, 41 ; Sehwcglcr, liùm. Gesch. XXV, 6 ; Fcstus, *. v. Venditioncs. — 55 Niebuhr, Rom. Gesch. II, p. 159 ; Hygin. De cond.
•""•li £ 33, p. 64; Giraud, Droit de propriété, 173; Macé, Lois agraires, agr. p. lit. — «• Hygin. De cond. agr. p. 116 ; Walter, 1, g 182, p. 273 et 274 ;
M'';m>:m, ftpusc. acad. IV, p. 35 et sq.; Laboulaye, Lois erim. des Bom. Sehwcglcr, XXV, J,*7.
AGE — 136 — AGE
on mettait en adjudication l'exploitation de produits dé de môme que l'ager privatus, dans les tables du cens ; tandis
termines, comme la poix et la résine provenant des arbres que les arpents distribués primitivement aux plébéiens sous
résineux 87, et sans doute aussi de certaines coupes [silvae les rois supportaient le tributum ex censu", souvent fort élevé
publicae]. Souvent on louait le droit d'exiger88 le vecligal, à raison des dépenses de la guerre". D'ailleurs, on ne dé
appelé scriptura, de ceux qui conduisaient des bestiaux en duisait pas les dettes de la valeur du fonds imposé™. Cette
pâture dans les terres vagues [aesttvi et hiberni saltus], étrange inégalité qui en amenait une autre plus grande dans
dépendant de Vager publiais, conformément à l'usage de la l'impôt fut une des causes des réclamations passionnées
transhumance encore pratiqué en Italie. L'État avait con qui donnèrent lieu aux premières lois agraires. Nous ren
servé d'ailleurs une grande quantité d'anciennes landes ou voyons à l'article spécial qui leur est consacré [agrariae le-
pâtis, qui étaient affectés à celte destination (pascua pu- ges]. Disons seulement ici que ce fut probablement à la suite
blica, ager publicus pascuus ou scripturarius). 2° 11 existait de l'une des célèbres lois rendues sur la rogation de Licinius,
encore une étendue considérable de terres non mesurées en 367 avant J.-C, que les plébéiens furent admis àprendre
ni mises en culture, mais susceptibles d'être défrichées. part à l'occupation des terrains de Vager publicus appelés
L'État qui ne pouvait songer à les exploiter, mais qui possessiones, agri occupatorii11, ou occupatitii, ou encore arci-
voulait avec raison trouver une source de revenus dans finii, ou arcifinales, parce qu'ils n'avaient d'autres limites
cette vaste portion de l'ager publicus, procédait par une que celles que s'était posées le cultivateur en avançant ses
autre voie. Un édiL60 autorisait l'occupation de certains défrichements78. Ces fonds non limités n'avaient aucun plan
cantons déterminés par leurs limites naturelles seulement ; officiel79. Les occupants (possessores publici agri)n'en avaient
il concédait la possession indéfinie, mais toujours révo que la possession, protégée contre les voies de fait par
cable, desterres que chacun pouvait défricher ou mettre en l'intervention du préteur. Ce fut peut-être là, suivant Sa
culture, moyennant une redevance consistant dans la vigny80, l'origine des interdicta possessoria [inteiidictum].
dîme des moissons et le cinquième des produits des arbres Cette possession précaire et toujours révocable en principe
fruitiers™. Le recouvrement de ces redevances était opéré par l'État, n'en était pas moins indéfinie dans sa durée, et
par les compagnies de publicains qui le prenaient à bail comme telle transmissible par vente ou à litre gratuit, ou
aux enchères sur censoria localin, pour une somme fixe, et par legs; de plus elle servait de gage général aux créan
procédaient ensuite au recouvrement contre les posses ciers du détenteur 81. Quelquefois le retrait partiel fut
seurs des terres occupées, d'après le tarif fixé par le sénat. exercé par l'État à l'égard de terres ainsi possédées, pour
Pour les terres non concédées, le droit d'occupation était les convertir en oger privatus, par vente, partage ou fonda
ouvert aux citoyens romains. Les patriciens, ayant à leur tion de colonie. Alors Vager publicus se transformait" aussi
disposition les capitaux et de nombreux clients, em quant à ces champs en ager quaestorius, diuisus ou viritanus
ployaient ceux-ci fructueusement à occuper les terres et limitatus, en vertu d'une loi spéciale, dont l'exécution
conquises, et leur faisaient des concessions révocables de était confiée à des curatores, investis de la juridiction et
la jouissance de ces possessions, sur lesquelles eux-mêmes chargés de faire procéder à la limitalion et au partage,
n'avaient qu'un droit subordonné à celui de l'État. Peut- comme on l'a vu plus haut (decemviri ou triumviri agris
être ces concessions patriciennes sont-elles l'origine de la dividundis ou coloniae deducendae). Mais on conçoit ce que
convention connue plus tard en droit romain sous le nom chacune de ces lois agraires devait soulever de résistances
de precarium''1. Mais les plébéiens avaient-ils à l'origine et d'abord, et ensuite de difficultés d'exécution. L'ager pu
indépendamment de toute concession particulière d'un blicus n'était pour la république municipale de Rome qu'un
patron, le droit de participer à l'occupation des agri occu- immense bien communal, ouvert à toutes les usurpations,
patorii, ouverte par un édit? L'affirmative est soutenue pnr et de plus servant de cause ou de prétexte à de perpé
de graves autorités" ; mais elle nous paraît contraire au té tuelles agitations. Lorsque la loi Thoria™, vers 1 1 1 av. J.-C.,
moignage formel des historiens, qui nous montrent la vint consacrer en quelque sorte les faits accomplis, l'Italie
plèbe autorisée plus tard par des lois spéciales à prendre était ruinée par les guerres civiles, la population libre dé
part à l'occupation de ces terres vagues. Primitivement, les truite et les grands domaines [latifundia] formés aux dé
plébéiens n'avaient que le droit, ouvert aux étrangers ad pens des petits propriétaires ; alors vinrent, après le rejet
mis à l'isopolitie, d'envoyer leurs bestiaux, moyennant re des projets de Rullus, les lois Flavia et Julia Campana, les
devance, sur Vager pascuus publicus, ce que nous appe lois de spoliation des Triumvirs au profit des colonies mi
lons les pâtis communaux. 11 résulta de cette flagrante litaires, au détriment même de Vager privatus jusqu'alors
injustice que les patriciens, dès le premier siècle de la respecté8*. A la fin de la république, Vager publicus avait en
république, occupèrent la plus grande partie des terres grande partie disparu en Italie", mais il existait encore des
alors conquises et ouvertes à l'occupation par un édit. domaines en province 86, les uns loués par les censeurs
Ils ne devaient pour ces terres qu'une dîme qu'ils cessè moyennant une redevance, ou la dîme87, les autres remis
rent bientôt de payer73. Comme elles appartenaient à l'État en jouissance à leurs anciens possesseurs {agri redditî),
à titre de propriété imprescriptible, elles ne figuraient pas, moyennant un vectigal dont le recouvrement était pris en

87 Cic. De leg. agr. 11,1; Ilrut. 22 ; Macé, Lois agr. 389, note 1 . — «s varr. De re Macé, Lois agr. p. 23b à 237, et p. 428 ; Dureau de la Halle, Écon vol. des Rom., II,
nut. U, I ; Tit. Liv. XXXIX, 29 ; Dureau de la Malle, Écon. polit, des liom. Il, p. 226 et suiv. — 78 Festus, s. v. Possessiones; Sic. Flacc. p. 138 ; Hygio. p. 115;
18, p. 444 et s. — «9 Appian. De bcll. civ. I, 7, 18. — 7° Dionys. IV, 9 ; Tit. Liv. cf. Rudorir, Rom. Feldmess. II, 252 ; Walter, Op. 1. I, § 38, p. 63. — 7» Sic.
VI, 37 ; Festtu, s. ». Possessioncs. — 71 Dig. XL1U. 26 ; Cod. VIII. 9 ; Savigny, De Flacc. I. I. — 80 Traité de la possession, trad. frauç. g 62; cf. Giraud, Droit de
la possession, tnid. ir. de Slàdller, S 62. — 7* Beckcr-Marquardt, Rôm. propriété, p. 200 et suiT. ; Lange, Rûm. Alt. I, p. 141 ; Bcckcr, /. Mil, 1,317. — M Cic.
Alterth. III, I, p. 318; Mommson, Rûm. Cesch. 11, 2; Lange, Rom. Alterth. 1, De off. II, 22, 23 ; App. Bell. civ. 1, 10 ; Florus, III, 13.— M Tit. LiT. II, «7 ; IV, 48 ;
5îî, 570. — 78 Tit. LiT. IV, 48, 51, S3 ; VI, 3, 37, 39. Schwegler. Ilôm. Gesch. XXVUI, 46; VIII, 11, 12; XLI1, 4 ; V, 30 ; Sic. Flacc. p. l'6, 152; Hjgin. p. 113;
XXV, 9 ; Walter, Op. I. I, § 39 et 61, p. 65 et p. 89, note 22 ; Dion. VIII, 70, 73, 74 ; Schwegler, XXV, 4 ; RudorfT, II, 285-288 ; Festui, s. ». Viritanus ager. — 88 App.
1,32,37. —'k Dion. VIII, 74; Tit. Ut. IV, 36.— 1» Tit LW. IV, 48, 60 ; V, 10 ; Walter, De bell. ch. I, 27 ; Walter, 1. 1. n. 252 ; Rudorff, 1. 1. I, § 16, 81 ; Mac<!, 1. 1. p. 354. —
Op. M, § 6Î, p. 90 ; Schwegler, Ilôm. Uesch. XXV, 8. — 76 Nicbuhr, .flôm. Gesch. I, « Ciraud, p. 181 ; Macé, p. 520 et suiT. — «• Macé, p. 541. — 88 Walter, I, § 22S,
S i5. — '7 Ht. LiT. VII, 16 ; cf. App. De l/ell. cio. I, 8 ; Walter, Op. 1. I, § 62, p. 92; p. 349 ; tic Ado. RM. I, î j II, I». — 87 Cic. Ade. tlull. I, 2 ; II, 19.
AGE — 137 — AGE
ferme parles publicains88. Il ne faut pas confondre ces terres citoyens qui avaient trois enfants au moins. Ils se trou
avec celles qui, n'ayant pas été réunies à l'ager publicus, vèrent au nombre de 20,000.
avaient été laissées aux provinciaux, comme en Sicile, et III. Sous l'empire. — Étendue de l'ager publicus. — L'ager
qui payaient un impôt foncier du dixième en nature89. Sur publicus italique avait cessé de s'accroître depuis la conquête
ces fonds (praedia stipendiaria) les détenteurs conservaient de l'Italie ; au contraire, il avait subi de continuels amoin
la propriété provinciale, subordonnée à la souveraineté de drissements. Plus tard, une autre portion fut définitivement
Rome, mais ils ne pouvaient avoir le dominium ex jure attribuée aux possesseurs par les empereurs eux-mêmes.
Quirilium w. On nommait ces terres en Sicile agri decu C'est ainsi qu'en Apulie et en Calabre, ces terres furent sou
mani" ou arationes, et les possesseurs aratores. On appe mises au cens sous Vespasien et assignées aux détenteurs l0*.
lait aussi decumani les spéculateurs qui achetaient sur les En outre, dans certaines colonies fondées sous l'empire
lieux aux enchères le droit d'exiger cette dîme91, à l'ex ou antérieurement, l'excédant de territoire de la cité,
ception de celle du vin, de l'huile et des fruits, laquelle non compris dans le partage, sous le nom de subscesiva,
s'adjugeait à Rome93. Quelques parties de Yager publicus continuait d'appartenir à Yager publicus; mais il était ex
avaient été abandonnées à des villes sujettes ou alliées, posé à des usurpations continuelles, qui donnèrent lieu à
comme il advint d'une portion de l'ancien territoire de des dispositions particulières, dont il sera parlé plus loin.
Carthage; de même, une partie de celui de Corinlhe En province, où les terres du domaine étaient encore con
fut cédée à Sicyone, à charge de supporter les frais des sidérables, les usurpations nefurent pas moins fréquentes105,
jeux Isthmiques84 ; d'autres fois les citoyens romains ou et l'État dut souvent procéder à leur recherche et à leur
les Italiens furent admis à acheter une portion de ces répression m. D'un autre côté, depuis les lois Julia et Papia
terres". Les pâturages (ager publicus, pascuus), dans les pro Poppaea, rendues sous Auguste, les successions ab intestat
vinces, furent livrés à la dépaissance, moyennant un droit en déshérence, ainsi que les biens compris dans les institu
scriptura] dont les publicains prenaient également à tions d'héritier et les legs frappés de caducité, furent attri
bail la perception sur les bestiaux envoyés en pâture : c'est bués à Yaerarium 108 ; ce qui put accroître transitoirement
Yager scriptwarius*. Quant aux autres fonds de terre que l'ancien ager publicus. Des commissaires spéciaux appelés
l'État conserva dans son domaine pour les louer, ils furent, procuratores caducorum furent établis dans tout l'empire
en vertu de la loi Thoria, mesurés et délimités par des pour reconnaître et réclamer les biens ainsi échus à l'État I08.
bornes, dans tous les cas où cela parut nécessaire pour pré 11 en fut de même pour les biens vacants et sans maître,
venir les usurpations 97. au moins dans l'Italie et les provinces du peuple107. Quant
Il nous reste à parler de Yager trienlius tabuliusque. Ces au patrimoine des condamnés qui subissaient la confisca
expressions se rapportent à l'emploi que fit l'État, pendant tion, il était attribué tantôt à Yaerarium populi, ou à Yaera
la république, d'une partie de Yager publicus en Italie, rium militare, ou au fisc, suivant la volonté du prince
pour dation en payement d'un emprunt extraordinaire [aerarium, fiscus]108. Le fisc recueillait aussi les choses va
dont le trésor se trouvait hors d'état de solder la totalité. cantes dans les provinces de César m. Plus tard, sous Ca-
Des sommes considérables avaient été prêtées à l'État racalla, les institutions et legs caducs paraissent avoir
pendant la guerre contre Annibal , par l'intermédiaire été également attribués au fisc, à la place de Yaerarium,
de commissaires spéciaux, les très vin mensarii*6, à charge d'après l'opinion la plus commune'10. Il est bien à remar
de remboursement du capital en trois termes. Le trésor quer que les terres acquises soit à Yaerarium, soit au fisc
n'ayant pu, au moment de commencer la guerre de Macé par déshérence, confiscation ou caducité, étaient en géné
doine, vers 210 av. J.-C, payer le troisième terme, aban ral vendues111, à raison des dettes qui les grevaient en tout
donna aux créanciers des terres publiques situées dans un ou en partie, et le prix versé au trésor, dont les besoins
rayon de 50 milles autour de Rome, sur estimation faite croissaient sans cesse, en sorte que Yoger publicus ne reçut
par les consuls. Ces magistrats stipulèrent une redevance aucun accroissement durable de ces sortes d'acquisitions.
constatant le droit de reprise de l'État, pour le cas où, le Il n'y eut plus qu'un très-petit nombre de colonies éta
trésor étant redevenu solvable, le concessionnaire préfé blies en Italie1"; Caligula partagea quelques terres entre
rerait recevoir son argent. Ces terres furent nommées trien- les soldats Quant aux territoires conquis sur les barbares
tius tabuliusque ager, parce qu'elles avaient été remises en près des frontières de l'empire, on sait que souvent on y
payement ou en garantie d'un tiers de la dette publique99. établit des vétérans, ou même des barbares vaincus ou al
Il restait encore des traces de ce genre de fonds au vn° siè liés, à charge de service militaire114. L'État accrut ses droits
cle de Rome'00. à la possession des mines [metalla], carrières, etc., et des
Il y avait enfin un ager campanus, partie de Yager publi salines, placées du temps de Constantin sous la surveillance
cus sur le territoire de Capoue, qui resta longtemps terre du cornes largitionum ; toutefois les salines impériales
commune, et qui fut partagé en vertu d'une loi de Jules étaient mises en ferme. Au contraire, les restes de l'ancien
César, nommée loi Campana101, en 39 av. J.-C, entre les ager publicus, nommé alors fundi rei privatae ou agri fis-
•* Cic In Yerr. III, «; V, il. — •» Cic. In Yerr. III, 8, 47. — «0 Gaius, II, iov Hygin. De cond. agror. p. 120; Krontinus, De cont. agror. p. 5i ; Aggen, De
27, 46. — W 11 y avait d'autres agri decumani dans les colonies [colotiub]. cont. p. 84, éd. RudorfT. — l« Tacit. Annal. III, 25, 28 ; Plin. Epist. II, 16 ; Oaiu»,
*l Ascon. In divin. 10, p. 113, édit. Orell. ; Cic. In Yerr. III, 6, 8, 47 ; Walter, I, II, 286 ; Ulp. Reg. I, 21. — l06 Orclli, 3647 ; Muratori, p. 714, I ; p. 890, 1, etc.;
I î*0. p. 353. — « Cic. In Yerr. III, 7. — »' Strab. VIII, 6, § 23 ; Paus. II, S, î ; Walter, I, g 329, p. 498, note 84. — 11" Ulp. Reg. XXVIII, 7. — 109 Dio Cass. LV,
Ux Thoria, c. xxxvm, éd. RudorfT. — 95 Lex Thoria, c. xix-xxy, xxxiv-xlii, jl, li. 3Î; Tacit. Ann. IV, 20 ; VI, 2; Bist. 1,90 ; Phil. Ado. Flacc. p. 986; Walter, I, § 332,
— * Cic. Ad Attic. V, 15; Pro lege Alan. c. vi ; Ad famil. XIII, 6; Lex Thoria, p. 502. — 109 strab. XVII, I, 12. — »o ulp. Reg. XVII, 2 ; Schneider, Dos ait. civil.
«d RudorfT, c. xxxii, xi, un. — 1 Lex Thoria, c. xxxnu, L ; Hygin. De tondit, Anwachsungrecht, Rerlin, 1837 ; Machelard, Droit d'accroissement, p. 140 et suir.
acror. p. 210, éd. RudorIT; et surtout Walter, Op. I. I, § 238, p. 349 et suiv. 3« éd. Paris, 1860 ; Rein, Pricatrecht, p. 835 ; cf. Walter, II, g 687 ; RudorfT, Die cad.
-«•TiLLiT.XXlll, îl; XXIV, 18; XXVI. 35, 30 ; XXIX, 16. — M Tit. LiT. XXXI, 13 ; vindie. in Savigny's, Zcitschrift, VI, 423.— «1 Fothicr, Pand. XL1X, 14, an. Il; ci
VIIIII, 42 ; XXXIX, 7 ; Macé, Op. 1. p. 109. — loo Walter, I, g 179, p. !67 et sui». ; XLVIII, 20. — "s Plin. Bilt. nat. XVIII, 28 ; Suet. Aer. 9 ; Tacit. Ann. XIV, 27.
Ux TAoria.c. xti.éd. RudorfT. — loi Cic. Ad Attic. 11,10,18; App. Il, 10-14; Suct. — H* Dio Cass. LIX ; Beckcr, Rom. Alt. III, 1, p. 335 et suif. - »» C Justin, c. i.
Caa. 20, 2S, 42 ; TdL Pat. II, 44 ; Dio Cass. XXXVIII, I ; Macé, p. 422. — loi Walter. i il, m. Cod. XI, 59, De (on. lim. Walter, I, g 416, p. 602 ; Cothofr. Ad C. Theod
I. 1 323, p. 496 ; Liber coloniarum, p. 211, 261 — 105 Tacit. Ann. XIV, 18. — III, 14, I ; Spanhcim, Orbis roman. II, 21 [lut!, oitiTLLit].
1. 1S
AGE — 138 — AGE
cales"1, dépendirent de la seconde branche du fisc, Yaera Homulus. Cependant il paraît avoir existé à l'origine une
rium privatum, appelé aussi privatae largitiones. autre division locale 1 : les sept collines indiquées par
Mode a"exploitation. — Ce qui restait de Vager publicus, au Varron, qui, réunies, portaient le nom de Septimontium,
commencement de l'empire, continua d'abord d'être af auraient formé l'amer romanus, divisé plus tard, par Ser-
fermé moyennant une redevance au profit de Yaerarium "8. vius, entre les tribus locales5. La ville fut en outre parta
Cette règle fut appliquée notamment aux subscesiva, dont on gée de bonne heure en quatre quartiers (regiones)' appelés :
a parlé précédemment. Il paraît que Vespasien et Titus, Suburrana, Exquilina, Collina et Palatina. Le Capitole ne
pour prévenir l'usurpation totale des terres publiques, figure pas dans cette division, par un motif qu'on ignore;
tirent procéder à des recherches, puis à la vente d'une i'Aventin était encore inhabité, et le Vélabre à l'état de
grande partie des terrains recouvrés"7. Domilien aban marais 7. Ces quartiers renfermaient l'ancien Septimon
donna aux possesseurs des subscesiva ceux qu'ils détenaient tium augmenté du Vimina.l et du Quirinal *, mais n'em
depuis longtemps, comme si Vusucapio, c'est-à-dire l'acqui brassaient pas encore la banlieue 9. Parmi ces circons
sition par la possession prolongée, eût été possible légale criptions se retrouvait cependant la distinction des trois
ment"8. Plus tard, comme un grand nombre déterres races primitives qui avaient formé successivement les tri
étaient demeurées incultes en Italie, Pertinax abandonna, bus des Ramnes, des Tttienses et des Luceres™. Chacune
en 192, la pleine propriété de cellesde l'État, avec exemp d'elles se partageait en dix curies, et chacune de ces curies
tion d'impôts pendant dix ans, à ceux qui voudraient en en dix décades ou décuries. Or, chacune des tribus [tribi>]
entreprendre la culture,; mais ce décret ne paraît pas avoir avait un territoire propre, non-seulement dans la ville, mais
produit grand résultat"9. En province l'État eut souvent dans la campagne. C'est là, au témoignage de Varron", la
a réclamer contre les usurpateurs de son domaine120. De première division de Vager romanus. Le territoire de la tribu
puis Constantin, les terres publiques comprises dans la se divisait ensuite entre les curies. Chaque canton affecté a
portion du lise nommée aerarium privatum ou privatae lar- une curie fut partagé en r.\Gi ls qui appartenaient sans
gitiones furent administrées par le cornes rei privatae, ayant doute aux décades ou décuries, et, suivant Walter et Nie-
sous ses ordres les rutionales et procuratorcs dans les pro buhr, aux gentes ls. En effet, souvent ces pagi leur emprun
vinces 121, avec des bureaux (officia), où figuraient no tèrent leurs dénominations particulières.
tamment les caesariani. Ces terres étaient employées à la Voyons maintenant comment était organisée légalement
dépaissance des troupeaux impériaux, ou affermées, la propriété de Vager romanus, considéré dans son ensemble.
moyennant un vectigalia, ou bien concédées à des colons D'après Denys d'Halicarnasse on en avait fait primitive
[coloxi], ou louées à bail de longue durée, sous le nom ment trois parts : la première était affectée à l'entretien
d'agri vectigales ou emphyteuticarii. Sous Zénon,en 486, fut de la royauté et du culte public15; la deuxième (pascuus)
réglementé le contrat nommé emphytéose [emphyteusis], servait de pâturage [ager publicus]; la troisième constitua la
par lequel le concessionnaire s'engageait à mettre en cul propriété des particuliers, Vager privâtus, et c'est elle qui,
ture le terrain qui lui était livré"3. Le rector de la province comme on l'a vu. fut, pour la première tribu, divisée en dix
recouvrait les revenus de Yaerarium privatum par l'inter lots répartis entre les dix curies. Chaque lot renfermait
médiaire du tabularius et des susceptoresin, et les faisait deux cents jugera de terre labourable, et s'appelait une cen
verser dans les caisses des arcariim. G. Himbert. turie (centurialus ager) parce qu'il était distribué entre
AGER ROMANUS. — Nom du territoire propre de la cent chefs de famille; ainsi chacun d'eux eut deux arpents
ville de Rome, seul susceptible pendant longtemps de pro [iiERGniuM] 16. Mais faut-il admettre ici l'organisation d'une
priété civile (dominium ex jure Quiritiam)' . Quelques auteurs propriété individuelle véritable remontant à la fondation de
cependant ont parfois appliqué ces mots à des terres con Home? La question est des plus controversées entre les au
quises, assez éloignées de la ville, mais jamais à celles qui teurs modernes. Les uns17 prétendent que l'État s'était ré
étaient en dehors de l'Italie5. Nous allons examiner quelles servé le domaine direct sur l'ensemble du territoire, et
étaient l'étendue et les divisions de Vager romanus, dans le n'avait concédé aux particuliers qu'un droit de jouissance:
sens restreint de ce nom. mais ce communisme primitif ne s';ippuie pas sur des textes
Suivant Varron 3, il comprenait l'ensemble du terrain assez formels, et ne paraît d'ailleurs nullement conforme
qui aurait été divisé entre les trois tribus primitives par aux lois générales de l'histoire. La communauté familiale

"5 C. Theod.Y, 14 ; X, 3, 4, 5 ; XI, 19 ; C. Just. XI, 65, 07, 70, 7i, 74. — '16 Sic. g 17, 18, 37, 61, 62, 238, 252, 328, 582, 140, 773 ; Macé, Lois agraires, Paris, IS46 ;
Flacc. De cund c. agr. p. 137 ; Frontin. Di conlr. p. 21 ; Aggeo. lu Frontin. p. 20 Schweglcr, flômische Geschichtc, Tiibiiigcn, IS53-S, XIV, 0; et XXV, 1-9 ; Eog-I-
— 117 Hygin. De gen. cont. p. 133 ; Orelli, 324, 346 ; Macé, p. 513 ; Walter, I, g 328, breght, De legib. agariis ante Gracchos, Lugd. Batav. 1842, p. 23 et sq. ; Siebunr,
710; Griller, p. ce — "» Suet Oct. 32 ; Dom. 0; Hygin. De coud. ng. p. ni; De Histoire romaine, trad. franç., Paris, 1830-38, t. III, pp. 176, 211, 373. 388 et suiv. ;
gêner, cout.p. 133 ; Aggcnnius, In Front. p. 8 ; là. De Cont. p. 8l,8i;Orclli, 3118. — Laboulaye, Des lois agr. dans la Jlco. de législ. I S46 ; Id. Histoire de la propriété
• i» Herodiuu. Mit. Il, 7. — lso Tacit. Ann. XIV, 13 ; Hygin. Découd, agr. p. 120 ; foncière en Occident, Paria, 1839; Savigny, De la possession, trad. franç. par
I i onlin. De cont. agr. p. 52 ; Aggon. De cont. agr. p. 81 ; Julian. itisopog. trad. do Faivre d'Audçlange, Paris, 1812, et par Stàdtlcr, Bruxelles, 1866.
Labletterie, Vie de Julien, éd. 1770, p. 303, 352; Macé, Op. I. p. 546. — ni Notit. AGKn ROMAMJS. ' Giraud, liech. sur le droit de propr. chez les Hum. p. '■>" \
dir/nit. Orient, c. xiii ; Oceid. c. u. — m C. Tbeod. V, 14 ; X, 3, 4, 5; XI, 19 ; C. 1 Sigonius, De antiq.jure civ. I, 2. — * Pilisc. Lexicon ant. rom. cd. 1713, p. 53.—
C. Just. XI, 60 ; XI, 65, 67, 70, 72-74. — m C 1 Cod. Just. De jur. emphyt. IV, S De ling. lat. Y, 55. — * Varr. De ling. Int. V, 41 ; Fcstus, ». t). Septimontium. —
î,f> ; Instit. Just. III, 2», § 3. — m Walter, I, § 413, p. 599. — «a Cothof. Paratitl. 5 Mommscn, Dom. Tribus, p. 15, 16, 21 1 . 212; dans le sens opposé, Waltcrj/îom./fff''1'-
ad Cod. Thcoà. XII, 61 ; C. Thcod. c.\i,De numerar. \ 1 , cl C 30, De susccptur. gesch. I, 8 1", P- 23. 3' éd.; Bcckcr, Dom. Alterth. I, 122, 126. — 6 Schucgler, Rom.
XII, C. — BiELior.nipniB. Gromatici veteres, ci rcc. Lachmann, éd. Rudorff, Gesch. VII, 12; Beckcr, Itôm. AU. I, 127-129.386; IV, 200.—' Plut. iVnta.iS;
llerlin, 1848; Die Schriftcn der rùmisch. Feldmesser, édit. Blumc, Lachmann et Varr. Ling. lat. V, 43, 44. — » Varr. Ling. lui. V, 46, 54. — 9 Suivant Mommscn,
Rudorff, Berlin, 1818-52; Ruperti, liôm. Alterlhùmcr. Hanov. 1841, I, p. 110; II, le Septimontium renfermait tout le territoire de la Rome primitive, subdivise en <
C, 799, 817, 837, 849; Mommscn, Die rômische Tribus, Altona, 1844; Lange, cantons urbains et 24 ruraux, mais la Suburra comptant dans les deux parts, il "!
flnmische AlterthUmer, Berlin, 2« édit. 1803, I, 149, 245, 521 et suiv. ; Mommscn, aurait eu que 30 divisions en tout. — I" Tit. Liv. I, 33 ; Dionys. IV, 14 ; Sehweglcr,
/lomisrhe Geschichtc, 2e éd. Berlin, 1850-71, 13 ; II, 2 ; Betker, Uandbuch der rùm. IX, 8, 15. — » Ling. lat. V, 55. — H Dionys. II, 70. — IS Walter, l. 1. 1, § 17. p. ï',
Mt'rthûmer, Leipzig, 1844, I, 120 et suW. ; III, I, 314 ; III, 2, p. 07, 111, 137, 154, n. 58, 59 ; Dionys. V, 40 ; Tit. LW. II, 16. — 1* II, 7. — '5 Diou. III, 1 — 16 Fcstus ,
197; Durcau de la Malle, Économie polit, des Domains, Paris, 1840, I, 234 et s. v. Ccnturiatus ager; Varr. De re rust. I, 10 ; Plin. Hist. nat. XVHt, 2. t. — 1 ■
suiv.; 11. 255, 413, 417; Giraud, Dccherches sur le droit de propriété, Taris et Puchta, tnttit.S' éd. 1, 130, 149, 161 ; cf. Giraud, Droit depro/.r. p. 4'J ; Plut. A»"-
Ail, 1838, p. 159 et suit.; Walter, Geschichtc des rùm. Ilcchts. Bonn, 1860, I, 19 ; A'vma, 16; Voigt, Von den bina jugera io Hhein. A/tu. t. XXIX. 1869, p. 52-71.
AGE — 139 — AGE
semble beaucoup plus vraisemblable; elle affecte la pro Le dernier accroissement de Yager parait dû au roi Ser-
priété au culte des ancêtres, et n'en laisse que l'usage à la vius Tullius, qui élargit aussi le pomoerium de la ville ss, et
famille, sous la direction du chef18. Ce système, conforme institua une nouvelle division du territoire. En effet, si la
à l'organisation sociale qui subsiste depuis quatre mille cité continua d'être divisée en quatre régions, la campagne
ans dans l'Inde, s'appuie sur l'origine indo-germanique de fut partagée en vingt-six sections ; de là trente circonscrip
la race romaine, et sur un grand nombre' d'analogies que tions ou tribus locales 36 comprenant tous les citoyens,
présente l'organisation primitive de la société romaine avec même plébéiens; il conserva dans la campagne la subdi
les coutumes des Hindous '», notamment en ce qui concerne vision en pagi, à la tête de chacun desquels était un ma-
la famille et le culte domestique [gens, familia, sacra pri- gister, comme chaque tribu de la ville avait un curator.
vata]. On peut argumenter en ce sens d'un passage de Mais la plus importante de ses réformes fut une assignation
Denys, qui paraît exclure un partage individuel en pro de terres tirées de Yager publicus, en faveur des plébéiens
priété m. Nous pensons que la propriété fut répartie par Chacun des lots fut de sept jugera par ménage, sans doute
ijentes, et le produit seulement divisé entre les individus à cause de l'accroissement qu'avaient reçu également les
Le système de division adopté pour la tribu primitive des lots des anciens citoyens compris dans les tribus originai
Hamnes, et attribué à Romulus, fut répété lors de l'adjonc res. Nous renvoyons, pour les détails, aux articles actca-
tion des deux autres tribus a; car ou bien elles furent an rius ager, agrariae leges. Ces innovations supposent une
nexées avec leur territoire propre, ou bien elles obtinrent notable extension de l'ancien ager romanus; il paraît avoir
un territoire formé au moyen des terres conquises. Dans atteint la douzième ou treizième borne milliaire de Rome.
tous les cas, Yager subit la môme division en trois grandes A l'époque de l'établissement de la république, il ne dé
parts. On en retrouve des traces à une époque bien posté passait pas le quinzième, ou, suivant quelques-uns, le dix-
rieure"; et dans la fondation des colonies [colonia], la huitième ou vingtième mille 38. Ce territoire , sur lequel exclu
tradition a perpétué le même procédé **, qui se rattachait sivement pouvaient s'accomplir certaines cérémonies reli
sans aucun doute à l'observation de règles et de symboles gieuses, conserva le nom spécial d'ager romanus. C'est aussi
fondés sur les plus anciennes doctrines religieuses de le lieu de remarquer que les tribuns de la plèbe, lesquels
la race. ne conservaient leur droit d'iNTERCESsio qu'à Rome et
h'ager romanus s'étendit successivement par l'effet de la dans le rayon d'un mille39, étaient tenus de ne pas s'ab
conquête". Il est assez difficile d'en noter exactement les senter plus d'un jour de Rome, et de ne point coucher à la
progrès dans l'obscurité de l'histoire légendaire des rois de campagne ; ce qui, en réalité, ne leur permettait pas de
Home. Si l'on accepte les traditions recueillies par les his s'écarter de Yager romanus. De même, un dictateur, à cause
toriens, dès le temps de Romulus le territoire romain, des auspices, ne pouvait être nommé que sur Yager ro
horné d'abord au Septimontium, s'était agrandi aux dépens manus [auspicia].
des anciennes villes de Tellène, Ficana et Antemnes M ; La tradition locale a conservé le nom à'ogroromano à ce
il s'était avancé jusqu'à Festi, sur le domaine d'Albe la territoire à peu près invariablement fixé depuis Servius
Longue. Strabon atteste, en effet s7, qu'on y voyait en Tullius40. Les domaines réunis plus tard par la conquête à
core de son temps, à cinq ou six milles du pomoeriom, une Yager publicus, conservèrent, en général, le nom de la cité
limite où se faisaient les sacrifices des arvales. D'après De à laquelle ils avaient été enlevés, qu'ils eussent été divi
nys dès le temps de Romulus, Yager comprenait en sés, ou bien livrés aux colonies, etc. Ceci nous conduit aux
outre, au delà du Tibre, sur le territoire de Véïes, un es différentes dénominations de Yager indiquées par Varron".
pace où se trouvaient les septem pagi ensuite revendiqués On appelait ager peregrinus le territoire habité par des alliés
par Porsenna59. A part cette pointe, Yager romanus for ou sujets de Rome, au delà des limites de Yager romanus.
mait, au temps de Romulus, un arc dont le Tibre faisait Parmi ces territoires étaient compris, avec leur nom spé
la corde Mais, ensuite, l'expression ager romanus reçut cial, ceux des cités latines confédérées avec Rome **; l'on
un sens plus étendu, et comprit tout le territoire qui s'é désignait aussi par un nom particulier celui d'une de ces
tendait jusqu'aux limites des villes alliées ou ennemies, cités, Gabinus ager, le territoire de Gabies, à cause du traité
sans interruption, et autour de Rome comme centre". d'isopolitie fait avec elle par Tarquin le Superbe*3, et des
SousTullus, le territoire d'Albe fut conquis; sous Ancus avantages spéciaux attachés à cette convention, notamment
Marcius, si l'on en croit Cicéron", une partie du territoire le jus commercii et le jus connubii. Au contraire, on nom
des Latins leur fut enlevée, et Yager romanus s'étendit mait ager hostilis ou hosticus le territoire d'une nation en
jusqu'à la mer d'une part, et de l'autre jusqu'à la Fossa nemie, sur lequel les féciaux [fetiales] devaient faire
Ckilia, près d'Albe s\ Cette nouvelle limite fut encore solennellement la déclaration de guerre. Plus tard, il y eut
reculée par Tarquin l'Ancien aux dépens des Latins et des à Rome un champ de ce nom, près du cirque Flaminius et
Sabins '*. du temple de Bellone, où l'on accomplissait symbolique-

n Os peut invoquer en ce sens un passage remarquable de Varron, De re rvst. 45 ; ef.-GeU. VI, 7 ; Tibull. Il, 1, 1 ; Virg. Georg. I, 943 ; Macrob. Saturn. III, 5. —
1, 10. 11 attribue à Romulus une assignation de deux arpents par chaque chef «S II, 55; Plut. liom. 25. — *» Dionys. V, 31, 36. — *> Giraud, l. I. p. 54; Fab.
d; famille, et semble regarder ce lot comme un bien patrimonial inaliénable ; cf. Piotor, I, p. 54 ; Onuph. Panvini, doit. Rom. éd. 15S8 ; Plut. A'uma, 16 ; Festus,
Hunt. Od. n, 13. — i» Gaius, II, 55, 157 j Du Caurroy, Instit. expl. II, 13, pr. s. v Pectustum Palati. — 31 Sigou. De jure civ. Bom. II; cf. Tit. LiT. III, 3. —
Voy. l'art Gins. — 20 Dionys. II, 7 ; Plut. Jtomul. 19. — M Voy. en ce sens 'S De republ. II, 18. — *» Tit. Liv. I, 23, 33 ; Dionys. III, 3S, 43. — »* Dion. 111, 49,
K'Xnmsen, Rom. Gesch. I, 13; Giraud, Droit de propriété, p. 50, 52; Laboulayc, 50 ; Eutrop.I. 56 ; Tit-Liv. I, 35 à 37.— 85 Dion. IV, 13. 15. — M Dion. IV, 14, 15 ;
Ba. kistoriq. de droit, t. I, Introd. ; dans le sens opposé, Schwegler, Rôm. Gesch. Tit. Liv. I, 43 ; Varro, De ling. lot. V, 56 ; et ap. Non. Marccll. I, 205 ; Festus, s. v.
HV,6 ,niering, Geitt des rôm.Rcckts,!, 183 ; RudorfT, /Mm. Feldmesser, II, 30î, Ber Urhanas ; Decker, Rom. Alt. II, 1, p. 164 ; Waltcr, I, § 28. — S7 Dion. IV, 9, 10, 13 ;
lin, 183Î; Walter, l.l. I, § 18, p. 2S, note 64. — » Voyez Taiacs ; cf. Cic. Hep. II, 8 ; Tit.Lir.I, 46; Zonar. VU, 9.— M Eutrop. I, 8 ; S. Attgust De doit. Dei, III, 15 ; Rufus
Varr. Lmg. lat.V, 55 ; Fcstus, J. ». Titicnsis, et Lucomedi. — " Waltcr, /. /. I, p. 29. Festus, V ; Rupcrtl, I, p. 116. — >» Tit. Lit. 111, 20. — W Dion. IV, 13, 14 et 15 ;
— *» Higin. De eond. agr. p. 116, 117 ; Sic. Flac. De eond. agr. p. 162, 163, éd. Ortolan, Bat. de la Icg. rom. 7« éd. n. 92 ; Giraud, Droit de propriété, p. 54 et 56 ;
Ufhraum et RudorIT, Berlin, 1848-52. — » Dion. III, 1 ; IV, 13 ; Cic. De rep. II, 14, Sismondi, Etudes sur l'économie politique, II, p. 1 et suiv. 1838. — »1 Lmg. lat. V,
I*. — » Buperti, Rom. Alterth. 1, p. 1 15 ; Giraud, Droit de propr, 54. — «7 V, 3, i 33, _ 4i Tit. LW. I, 45. — " Ruperti, I, p. 117 ; Waltcr, n. 159; Dion. IV, 58.
AGE — 140 — AGG
ment cette cérémonie contre un ennemi trop éloigné u. On droit réel d'emphytéose [emphyteusis] ; au bas-empire, ager
appelait aussi ager liberatus, e/falus, un champ consacré, en vectigalis devint synonyme à'ager empfiyteuticarius10.
dehors du pomoerium, où se tenaient les augures, avec des II. On appelait aussi agri vectigales, ager privatus vecti-
formes particulières ; car les auspices étaient soumis, sur galisve, les fonds provinciaux", par cela même non sus
l'ager romanus, à des conditions différentes de celles qui ceptibles de propriété romaine[DOMiNiUM, PRAEDiuM],;»a«/i'a
pouvaient être observées sur Yager hosticus w. On appelait provincialia, slipendiaria vel tributaria11, et qui, en signe de
ayer incertus, au point de vue de l'art augurai, le territoire vassalité", étaient assujettis, quel qu'en fût le possesseur,
dont l'attribution à une des catégories précédentes n'était à payer au trésor romain, ou à son concessionnaire, un
pas bien déterminée [augcbbs]. On nommait ager Falernus, impôt direct ou redevance, vectigal, vel stipendium, vel tri-'
Campanus,Praenestmus,\e territoire des diverses cités de ce butumu, en argent ou en nature.
nom ; ager Lalinus, celui des villes latines longtemps confé Mais cette distinction, encore mentionnée au temps de
dérées avec Rome avant d'être sujettes*6. G. Humbert. Dioclétien commence à s'effacer, et on donne déjà le
AGER VECTIGALIS. — Terrain donné à bail, en géné nom de propriétaire (dominus) au maître ou possesseur des
ral à long terme, et moyennant une redevance (vectigal). fonds provinciaux l8. Sous Justinien, les fonds provin
I. Cette expression a été appliquée, dès l'origine, à une ciaux sont mis sur la même ligne que les fonds italiques ",
partie du domaine de l'État [ager publicus] composée de en même temps qu'il abolit la distinction des choses
terres mesurées 1 et cédées par les censeurs ou les agents du mancipi et nec mancipi. Dès lors les mots ager vectigalis ne
trésor à des particuliers, en jouissance indéfinie, contre un s'appliquent plus qu'aux biens emphytéotiques , quelle
loyer annuel*. La partie de Yager publicus affectée à la do qu'en soit la situation. G. Humbert.
tation et à l'entretien des temples, du culte et des prêtres, AGGER (Xoiaot). — Amoncellement de matériaux quel
dut être également affermée par eux et compte certaine conques une digue, un quai, la chaussée d'une route, une
ment au nombre des agri vectigales; mais ces terres elles- levée faite de terre, de pierres, de troncs d'arbres ou de
mêmes pouvaient être reprises (revocatio) pour être affectées toute autre manière, particulièrement pour servir à la dé
à une autre destination ou vendues par les questeurs 3. Les fense ou à l'attaque d'une place. Nous avons à considérer le
cités italiques, les colonies et même toutes les villes munici mot dans cette dernière acception.
pales eurent aussi, dans leur domaine privé communal, outre I. Ce qui regarde la défense des places est traité à l'article
les landes et pâtis (saltus, pascua publica, silvae), etc., des munitio ; nous dirons ici seulement que les villes de la
portions de terres en culture cédées aux temples* ou non, Grèce, fortes surtout par le choix de la position et la soli
et, dans tous les cas, affermées ordinairement à long terme. dité des murailles, n'étaient pas ordinairement munies de
Les corporations, en général, devaient préférer ce mode remparts et de fossés, au moins aux époques historiques;
d'exploitation, supérieur à la mise en régie, et cet usage car les descriptions d'Homère* montrent que les Grecs des
subsistait encore sous l'empire, suivant le témoignage de temps héroïques se fortifiaient au moyen de remparts, de
Gaius 5. Jadis les vestales et les prêtres avaient loué parfois fossés et de palissades. Les Romains, qui fortifiaient avec
leurs terres pour un lustre ou pour une année 6 ; mais le le plus grand soin leurs villes et leurs camps, employèrent
terme de cent ans, et même la perpétuité7, devint la règle aussi ce moyen. Le puissant agger (Cicéron" l'appelle maxi-
et fut usité même chez les particuliers. Le propriétaire, à mus) construit par ServiusTullius pour protéger Rome vers
l'exception de l'État8, ne pouvait déposséder le preneur ou le levant, et élargi par Tarquin le Superbe, mérite une
son héritier (conductor perpetuus), tant qu'il payait sa rede mention particulière. Les découvertes modernes confirmant
vance. Cette particularité avait fait douter que ce contrat ce que rapportent les auteurs anciens *, en ont fait recon
fût un bail (locatio) plutôt qu'une vente (emptiovendùio) ; la naître5, entre la porte Esquiline et la porte Colline, des restes
première opinion prévalut au n0 siècle de l'ère chré considérables. Dans la coupe (fig. 175), dessinée à l'épo
tienne. Cependant le préteur protégea le concessionnaire que où une partie de Yagger fut mise à découvert par les
au moyen d'une ordonnance au possessoire [interdictum] travaux de construction du chemin de fer, on voit d'a
et même d'une action réelle utile'' (actio vectigalis). Le droit bord un mur, actuellement visible sur une hauteur de
à Yager vectigalis devint alors une sorte de droit réel pré 7m,77. Construit par assises régulières, partie en pépérin
torien ou de domaine utile, qui a précédé la formation du (lapis albanus), partie en tuf, ce mur a pour fondement
»» Ovid. Fait. VI, 205; Cic. De leg. II, 8.— »» TH. Lit. VIII, 30-35 ; Val. Max. X, 3 ; Cod. Just. XI, 69, 70 ; Pellat, Du droit de propriété, Append. 2« éd. Paris.
III, S, 9. — *6 Ruperti, I, p. 116; Cic. Leg. agrar. Il, 28. — BiiLioGBirHiE. im ; Walter, l. /. n. 582. — 1° Bubriq. Dig. VI, 3; fr. 15. g 1 Dig, II, 8 ; Walter,
Ruperti, Handbueh der rôm. Alterthùmer, I, p. 113 et suiv. ; Giraud, Recherches sur n. 583. — 11 Hygin. De limit. constit. p. 205 ; Lex Thoria, c. xxn, xxx ; Cic. In Verr.
le droit de propriété chee les Romains, Aix, 1838, p. 45 et suiv. ; Walter, Geschichtc II, 3, 6, 8. — •« Gaius, II, 7, îl, 27, 31, 46 ; Frontin. 5, 35, p. 36 éd. Lachmann ;
des rôm. llcelits, Bonn, 1860, I, §g 11, 17, 18, 37, 38 ; Beckcr, Rôm. Alterthùmer, Walter. n. 568, 569. — 1' Cic. Verr. III, 6. — " Cic. Deleg.agr. 1,4.-15 Fragm.
Leipzig, 1812, I, 122-1 29 ; IV, 162, 352, 431 ; Mommsen, Rôm. Gesch. I, 4, 5, 7, 13, vatic. § 259, 283, 285, 289. — « Ibid. §§ 293, 315, 316. — " lustit. Just II, 1, 40 ;
Berlin, 1856, 2« éd. p. 49, 53, 82, 90, 96, 98 et 170 ; Lange, Rômische Alterthùmer, De diuis. rer.; C un. Cod. Just. VII, 23 ; C un. C VII, 31 ; Thcophil. Instit. II, I,
Berlin, 1S56, I, p. 66, 74, 369, 376 ; Schweglcr, Rômische Geschichle, Tiibingen, g 40 ; Walter, 1. 1. n. 569. — Bibliocr»phiii. F. Walter, Geschichle des rôm Rechts,
I85S, VII, U, 12; XIV, 6 ; XXV, 5 ; Mommsen, Rômische Tribus, Alloua. 1844, 1, 2- éd. Bonn, 1860, n. 18, 37, 38, 39, 152, 182, 238, 303, 306, 326, 328, 397, 582, 658,
5, 16, 211, 212-15 et suiv. ; Benech, Du respect des Romains pour la propriété, Tou 659 ; W. Rein, Dos Privatrccht der Rômer, p. 342 et suiv., Leipzig, 1858 ; RudorfT,
louse. 1849, p. 5 et suiv. Gromatische Instilutionen.Schriften der rômischen Feldmesser, Berlin,1852; Niebuhr,
AGER VECTIGALIS. 1 Hygin. De cond. agrar. p. 116 ; Bion. liai. VIII, 73. — Rôm. Geschichtc, î' éd. II, p. 166, note 311 ; Tigerslrôm, Ueber dos frùh. Yerhâltn.
5 Appian. De bell. civ. I, 7 ; Plut. Tib. Grâce. 8 ; Sic. Flaccus, De condic. agr. des Rechts am Ager vectigalis, Grcilswald,1828 ; A. Kocxorowski, De loco pubhco
p. 136; RudorfT, Rôm. Feldm. II, 315, 316; Schwegtcr, Rôm. Gesch. XXV, 3; fruendo locandoque apud Romanos, Berlin, 1850 ; A. Vuy, De origine et naturajuris
Walter, Gesch. des rôm. Rechts, n. 37. — » Appian. De bell. Mithr. 22 ; Dio Cass. cmphgt. romano, Heidclherg, 1838 ; Fépin Lehalleur, Histoire de lemphytéose,
XLUI, 47; Oro». V, 18; Walter, /. /. 159. — * Hygin. De cond. agror. p. 117; Paris, 1843.
Liber coloniar. I, p. 234 ; Sic. Flaccus, De cond. agror. p. 162 ; RudorfT, Feldm. II, AGGER. < lsid.XV, 9, 3, et XV, 16, 7 ; Varr. Ling. lat. V, 141 ; Hesych. et Suid.
519, 300 ; ilommsen, Feldm. H, 153. — ' Jnstit. III, 145 ; fr. 3, g 1, B. L. 8, De Xi|»«. — >//. VIII, 313 ; IX, 349 ; XV, 1. — 'De rep. I, 6 ;cf. Plin. Hist. nat. XXXVI,
alm.; VelL Patcrc. 11,81 ; Cic. Ad famil. XIII, 7, Il ; Walter, n. 582. — 'Hygin. l5._»Slrab. V, 3,p.324; Dion. Hal. IV, 13, 14, 51 ; Tit.Liv. I, 44 ; Plin. Hist. nat. 111,
p. 116, 117, éd. Lachmann.— 7 Plin. Epist. VII, 18; Fr. 1. Dig. VI, 3; Fr. U, g I, 5 9 ; Aur. Vict. Vir.ill. 7.-5 Becker, De Romae vet. mûris, p. 63 ; Nibbj, Rom. anl.
l>. XXXIX, 4 ; Gaius, III, 145. — " cic. De lege agrar. II, 21, 31. — » Fr. 15, § 26, I,'p.'96; Annal, et Mon. delVInst. arch. 1855,p. 87, tav. 21, 25 ; 1857, p. 6Ï : 1863,
nig. XXXIX, 2, De dom. inf. ; Fr. 1, 3 Big. VI, 3 Si ager vectigalis ; Cod. Theod. p. 126; 1871, p. 40 et suiv., tav. 27; Parker, in Archaeologia, Lond. 1870, t. 42, p. 17.
— 141 — AGG
des blocs énormes de ce môme tuf qui a servi aux cons ces murs en brèche ou à chasser les défenseurs des rem
tructions les plus anciennes de Rome : ils ont en parts9. Les bas-reliefs découverts parmi les ruines deNinive
moyenne 3m,63. Le mur, pour mieuj. résister à la poussée ont fourni des représentations 10 à l'appui des textes qui
des terres qui forment le rempart, est flanqué, à intervalles indiquaient déjà suffisamment d'où partait l'invention de ces
de S" ,59, de contre-forts ayant2D,45 en carré. Le fossé lon moyens d'attaque. On voit (fig. 176), naïvement mais claire
geait ce mur ; il avait 30 mètres de largeur et 9 mètres de ment représenté, un agger, sur lequel un bélier a été poussé
jusqu'au mur qu'il bat en brèche. Pour ne pas appartenir

Fig. 17S. Coupe de l'agger de Servius Tullius.


profondeur environ. Sa place est encore reconnaissable
aux décombres qui l'ont comblé et qui se trouvent en
fermés entre le mur d'un côté et le sol naturel de l'autre.
Des maisons, élevées depuis le i" siècle après J.-C.
jusqu'au v% s'appuyaient à ce mur, devenu inutile pour
la défense de la cité, et s'ouvraient sur une rue qui sui
vait les contours de Yagger. Du côté opposé du mur, on
distingue dans la coupe ici figurée, comme on peut les
reconnaître dans la réalité à la différence des matériaux et
même à leur couleur, d'abord une levée plus ancienne for
mée par couches successives qui permettent encore au Fig. 176. Bélier manœuvrant sur un agger.
jourd'hui de suivre la marche du travail, depuis la terre
végétale, qui est la plus rapprochée du mur, jusqu'à la à l'art hellénique, ce bas-relief ne montre pas moins ce qui
pouzzolane, qui constitue le fond naturel du sol. Sur la plate était pratiqué par les Grecs, qui ne firent en ceci que suivre
forme supérieure et le long des talus dont ils suivent la les exemples venus d'Orient. Avant d'y recourir, ils avaient
pente, sont accumulés des matériaux qu'on a pris peutrêtre vu employer les mômes engins par les Perses ".Au siège
à tort pour l'agrandissement attribué à Tarquin. De ce côté, de Platée 1!, les Lacédémoniens construisirent un agger
comme à l'extérieur, on a découvert des constructions, no de pierres, de terre et de bois, revôtu d'un parement de
tamment un nymphaeum de l'époque des Antonins, adossées poutres entre-croisées. Mais ce ne fut guère que sous
au rempart. On savait déjà par d'anciens témoignages que Alexandre et ses successeurs, lorsque la conquête eut
dès le règne d'Auguste Yagger avait été converti en pro fait pénétrer les Grecs au cœur de l'Asie, que ceux-ci
menade par Mécène6, et qu'on avait fini par y bâtir des adoptèrent pour l'attaque des places les procédés très-
habitations perfectionnés qui y étaient depuis longtemps en usage.
II. Les Grecs paraissent avoir appris des peuples asiatiques Alexandre, au siège de Gaza w, fit construire alentour un
(Assyriens, Perses, etc.), plus avancés qu'eux dans l'art de agger haut de 250 pieds, long de deux stades, où furent
l'ingénieur, les principaux moyens employés pour l'attaque placées les machines, et qui servit à protéger en même
des places fortes. On trouve dans les livres saints, la descrip temps les travaux de sape ; on se souvient enfin de l'im
tion non-seulement des contrevallations dont on fit usage mense jetée garnie de tours et de machines à l'aide de
en Orient dès la laquelle il s'em
plus haute an para de Tyr
tiquité pour te Persée après
nir une ville in avoir investi
vestie s, mais Oeneum , (it
encore des ter avancer jus
rasses ou cava qu'aux murs un
liers surmontés agger qui les sur
de tours, éle passait en hau
vés en face des teur. Les con
murailles d'une trevallations de
ville assiégée , ce genre que
de manière à les construisirent
dominer, et des les Romains
Fig. 177. Soldats travaillant à la construction d'un agger.
plans inclinés, avaient, en gé
qui partaient des lignes de circonvallation et s'avançaient néral , la hauteur du mur auquel elles étaient opposées16;
graduellement jusqu'au pied des murs. Sur la pente on faisait leur largeur dépendait de l'étendue du front que l'on vou
mouvoir
% les béliers et les autres machines destinées à battre lait attaquer. César, au siège d'Avaricum , fit élever, en
« Uor. Sot. I, 2, 15. — ' Lainprid. Heliog. 30. — ' Deuteron. tx, 19. — 9 lieg. 77; 11.90,145, 147. — M Hcrod. 1, 168.— « Thuc. U, 73-76.— " Arr. Anab. 11,26, 27;
H, n, 14 et s.; h, 24 et 25 ; Paralipom. n, 26, 15; Isal. xixyi, 1 ; jiuvii, 33; Ezech. Curt. IV, 28.— '* Arr. Anab. II, 17-21 ; Diod. XVII, 40-46 ; Curt. IV, 2-4. — '5 Tit. Li».
"i, SI ; m, 8, 9 ; Joseph, Ant. jud. X, 8, I. — " Botta, Mon. de Ifimoe, planche», I, XLI1I,19. — 1» Joseph. Dell. jud. III, 7, 16; Zosim. 11,25; Caes. Bell, gaiI. VII, 24.
AGM — 142 — AGM
25 jours, un agger haut de 80 pieds, large de 330; celui est placée la dernière. Quant aux cavaliers, tantôt ils mar
qu'il fit construire devant Marseille avait la même hau chent à la suite du corps dont ils font partie ; tantôt, ré
teur ". Il était fait, suivant l'usage, de terre et de fascines partis sur les flancs du convoi, ils marchent à côté de lui,
(craies) et consolidé par des poutres ou des troncs d'arbres obligent les bêtes de somme à rester dans la colonne, et se
(jui en soutenaient les parois18 : c'est ce qui explique com tiennent prêts à les défendre. Lorsque l'on craint pour l'ar-
ment les assiégés parvinrent à le détruire par le feu 18 ; il fut rière-garde, tout reste dans le même ordre, si ce n'est
alors remplacé par un agger d'un genre encore inconnu (novi qu'on fait passer les extraordinaires de la tête de la colonne
generis) : des murs de pierre reliés à leur partie supérieure à la queue de celle-ci. Chacune des légions ou des ailes des
par des poutres trans alliés marche un jour
versales garnies de en avant de l'autre,
fascines et de terre derrière laquelle elle
formèrent une galerie est ensuite placée ,
couverte dans laquelle afin que, en occupant
les assiégeants se trou successivement à leur
vaient à l'abri. tour la tête de la
Les bas-reliefs de la colonne, tous soient
colonne Trajane pré appelés également à
sentent plusieurs fois profiter de l'eau et
l'image de Vagger, le des fourrages intacts.
plus souvent entou Les Romains em
rant un camp retran ploient un autre ordre
ché. Nous ne repré de marche dans les
sentons pas ici ceux circonstances dange
qui ont visiblement reuses, et quand ils se
cette destination [cas trouvent sur un ter
tra, munitiones]. Dans rain découvert. Ils for
Fis;. 178. Machine placée sur un 'agger. ment alors les hastats,
la figure 177 (p. 141),
on voit 10 des soldats romains occupés à construire un agger, les princes et les triaires en trois colonnes parallèles, en
en entassant des troncs d'arbres entre-croisés. On remarque mettant, en tête de tous, les bagages des manipules qui
une sorte de voûte formée de poutres disposées en arc- marchent les premiers, ceux des seconds après les premiers
boutant, et peut-être destinée à protéger un de ces chemins manipules, plaçant ain>i successivement, et suivant l'ordre
couverts (cunkuli) par lesquels on pouvait faire avancer des que nous venons d'indiquer, les bagages et les manipules.
sapes et des mines jusqu'aux murs ou aux retranchements En réglant ainsi leur ordre de marche, s'il survient une
de l'ennemi. Dans la figure 178, deux soldats dressent une attaque, se tournant à gauche ou à droite, ils font sortir
machine sur le haut d'un agger". E. Saglio. leurs troupes en dehors des bagages, du côté où l'ennemi
AGLAUROS [CECROI'IDES]. se présente. Ensuite, l'infanterie de ligne se met en bataille
AGMEîV. — Ce mot, qui signifie une troupe, en général, en fort peu de temps et par un seul mouvement, à moins
a un sens technique et précis dans la langue militaire des qu'il ne soit nécessaire de faire déployer les hastats. La
Romains, où il est opposé à acies. Tite-Live a nettement foule des bêtes de somme et de ceux qui les suivent, se
établi, dans plusieurs passages, la distinction des deux mots. retirant derrière les troupes rangées en bataille, occupe
Ainsi, il raconte 1 que deux armées en marche se rencon l'emplacement le plus convenable pour être à l'abri du
trèrent si inopinément, qu'elles en vinrent aux mains sans danger. »
avoir le temps de se déployer, et durent alors rester for Les détails donnés par Polybe sont confirmés et complé
mées en colonnes (agminibus magis quam acte pugnatum est). tés par ceux qu'on trouve dans les écrits de l'historien
César 1 a toujours soin d'employer le mot acies pour dési Josèphe : « Lorsqu'il faut décamper, dit-il !, un premier
gner une armée en bataille, et le mot agmen pour désigner son de trompette en avertit; tout le monde alors se met à l'œu
une colonne en marche. vre, chacun plie sa tente et se prépare à partir. Quand la
Polybe 8 a donné des renseignements précis sur l'ordre trompette sonne une deuxième fois, on met promptement
de marche (ordo agminis ') adopté par les Romains à l'époque les bagages sur les bêtes de somme et, comme dans les
où leurs armées étaient le mieux organisées : « Pour l'a- courses, chacun attend un nouveau signal ; cependant, cer
vant- garde, on désigne habituellement les extraordinaires ; tains qu'ils sont de le refaire bientôt si c'était nécessaire,
l'aile droite des alliés vient ensuite; après celle-ci, on place ils mettent le feu à leur camp pour empêcher l'ennemi
les bagages de tous ceux dont nous venons de parler; de s'en servir. Enfin, chacun se rend à son rang lorsque la
quand ces derniers sont partis, on les fait suivre par la pre trompette, sonnant pour la troisième fois, en donne le si
mière légion romaine ayant derrière elle ses propres ba gnal, et afin que les pelotons soient toujours au complet,
gages ; puis vient la deuxième légion suivie de ses bagages, on ne tolère aucun traînard. Alors un héraut, placé à la
et puis ceux du reste des alliés qui sont placés à la queue droite du général, demande à haute voix si les troupes sont
de la colonne; car, dans la marche, l'aile gauche des alliés prêtes à combattre; les soldats répondent ensemble qu'ils

" Caes. Dell. ci». 11, I. — 18 Ib. H, 15; cf. Lucan. III, 391; Jos. L. I.; lions, t. XVIII, £' part. p. 404; Riistow, Heerwesen und Kriegsfûhrung J. Cae-
Curt. VIII, 10, et V, 6, 2, 27 C 30. — 1« Caes. Bell. gall. VII, 22, 24 ; Bell. sars. Gotha, 1855, c. iv.
cl». II, 14; Appian. Pim. 119. — !" S. Bartoli , Col. Traj. tav. 90, 91; cf. AGMEN. 1 XXIX, 36 ; cf. XXV, 34 ; XXXIII, 9 ; Tac. Ann. II, 16. — » Bell. gall.
tav. 100. — ai Ib. tav. 46; cf. Tac. Arut. IV, -19. — Bibliographie. Folard, II, 19 et passim.— » Hisl.M, 40.— lC.aes. Bell. gall. II, 19 ; VIII. 8 ;Tac. £. I.; ld.
Ad Pohjb. II, p. 210 et suiv.; Dureau île la Malle, Mèm. de l'Acad. des iriscrip- But. II. 41. - iBell.jud. III, 5.
AGM — 143 — AGM
sont prêts : souvent môme ils préviennent le héraut, et font le côté gauche la porte principale gauche [castra]. Donc
connaître par leurs cris ainsi qu'en élevant les mains l'ar l'aile droite des alliés était campée près de la porte princi
deur qui les anime. Ils marchent ensuite en bon ordre, en pale droite : c'était elle qui, le premier jour, suivait les or
silence et sans jamais rompre les rangs, comme s'ils avaient dinaires; venait ensuite la première légion campée près
l'ennemi devant eux. » d'elle, puis la deuxième légion, et enfin l'aile gauche des
Le même auteur indique encore6 l'ordre de marche alliés. Le lendemain, le mouvement commençait par ce
adopté par Vespasien : « Il partit de Ptolémaïs en obser dernier corps, suivi de la deuxième légion, puis de la pre
vant l'ordre de marche qui était en usage chez les Ro mière, et enfin de l'aile droite des alliés. Ce que dit Polybe
mains. Il donna aux auxiliaires armés à la légère et aux prouve que la porte prétorienne et non la porte décumane,
archers l'ordre de prendre la tête de la colonne, pour comme l'ont prétendu quelques commentateurs, était la
éviter toute surprise de l'ennemi et fouiller les forêts où plus rapprochée de l'ennemi ; du reste, Végèce le dit formel
ce dernier aurait pu placer des embuscades. Après eux lement 9. C'est pour cela qu'on faisait camper près d'elle
venaient une partie de la cavalerie et de l'infanterie des les extraordinaires qui formaient l'avant-garde quand on
Romains, puis dix hommes par centuries portant, outre marchait en avant, et l'arrière-garde quand on marchait en
leur équipement, tout ce qui était nécessaire pour le retraite. Végèce 10 dit que c'est par la porte prétorienne que
tracé du camp; ceux-ci étaient suivis par les pionniers l'armée sort du camp pour marcher à l'ennemi. Il est vrai
(|ui préparaient la route, en détruisant les aspérités et que c'était de ce côté que sortaient les extraordinaires
coupant les arbres qui se trouvaient sur le passage de chargés de commencer le mouvement ; mais si toute l'ar
l'armée , afin d'épargner à celle-ci les fatigues occasionnées mée eût . suivi cette voie, le défilé eût demandé beaucoup
par les mauvais chemins. Vespasien plaça ensuite dans la de temps, et il est probable que, surtout quand l'armée de
colonne ses bagages et ceux de son état-major, avec de vait marcher sur trois colonnes, la sortie avait lieu, en
nombreux cavaliers chargés de veiller à leur sûreté ; il se outre, par les deux portes principales. Dans ce dernier cas,
plaça après eux à la tôte de la cavalerie et de l'infanterie les hastats devaient sortir par la porte principale droite, les
des extraordinaires, ainsi que des soldats armés de lances ; princes par la porte prétorienne et les triaires par la porte
ceux-ci étaient suivis des cavaliers légionnaires (car cent principale gauche : on trouve des exemples de cette sortie
vingt cavaliers étaient attachés à chaque légion), puis des simultanée des troupes par les trois portes dont nous par
bêtes de somme portant les hélépoles et les autres machines. lons, dans plusieurs passages de Tite-Live et dans les Com
Les tribuns et les chefs de cohortes venaient ensuite, mentaires sur la guerre civile ".
escortés de soldats choisis ; puis on voyait paraître, entourée Le second ordre de marche dont parle Polybe consistait
des enseignes, l'aigle qui se montre toujours en tôte de dans la formation de trois colonnes au lieu d'une seule : la
chaque légion ; car l'aigle, parce qu'il est le plus vaillant et colonne de droite était composée des hastats, celle du cen
le plus fort des oiseaux, est considéré par les Romains tre des princes, et celle de gauche des triaires. Les troupes
comme un présage de victoire et un symbole de puissance. étant ainsi disposées, l'ennemi pouvait les attaquer en
Ces emblèmes vénérés étaient suivis des trompettes, puis tôte, en queue, à gauche, à droite : 1° Si l'ennemi se pré
de l'infanterie romaine formée en cohortes, marchant à sentait en tôte, les hastats pouvaient se former en avant
rangs ouverts et par six, conduites chacune par un cen en bataille, pendant qu'il combattait avec l'avant-garde,
turion, qui veillait au maintien du bon ordre et de la disci qui était assez nombreuse pour lui résister longtemps; mais
pline. Chaque légion était suivie de ses esclaves conduisant on se contentait souvent de faire soutenir l'avant-garde par
les bètes de somme chargées de ses bagages. Après les légions les manipules placés en tôte des colonnes "; il en était de
se trouvait la foule des marchands, et enfin l'arrière-garde même quand on n'avait pas le temps nécessaire pour faire
placée pour la sécurité de l'armée et composée de fan un déploiement — 2° Si l'ennemi se présentait en queue,
tassins ainsi que de nombreux cavaliers. » Josèphe admire pendant qu'il était tenu en respect par l'arrière-garde, les
tellement cet ordre démarche, que, dans la suite du môme hastats pouvaient encore se former en bataille devant lui,
ouvrage7, il le décrit de nouveau. en exécutant un changement de front en arrière sur le
Ainsi, au temps de Vespasien et de Titus, on conservait dixième manipule. Dans ce cas, comme dans le précédent,
les usages décrits par Polybe; seulement ce dernier ne si l'on était attaqué par toute l'armée ennemie, les princes
parle pas de l'incendie du camp ni de la question adressée et les triaires, couverts par les hastats et par l'avant-garde
aux troupes par un héraut, pratiques pourtant déjà an ou l'arrière-garde, avaient tout le temps nécessaire pour
ciennes à l'époque où écrivait l'historien juif8. prendre leur place de bataille. Mais ces deux premiers cas
Polybe nous indique deux ordres de marche. Dans le devaient, se présenter assez rarement, attendu que l'en
premier, l'armée ne formait qu'une seule colonne précé nemi, voyant la tôte et la queue de la colonne garanties de
dée par une avant-garde et suivie par une arrière-garde. toute surprise par une nombreuse avant-garde et une ar
Il était, toujours facile d'y placer les troupes, la droite ou rière-garde non moins considérable, devait attaquer de pré
la gauche en tôte, comme le dit. cet auteur, grâce à l'ordre férence les flancs, qui n'étaient couverts que par quelques
dans lequel elles étaient campées. De môme que, dans une pelotons de cavalerie. — 3° Si l'ennemi se présentait à gau
armée rangée en bataille, l'aile droite est celle qui se che, les trois colonnes s'arrêtaient et les triaires, quittant la
trouve à la droite du général quand il fait face à l'ennemi, leur, en faisant un à gauche, se portaient à la rencontre de
de même dans le camp le côté droit devait être celui qui l'ennemi. Polybe se sert du verbe x).(vttv, changer de direc
se trouvait à la droite du consul quand il regardait la porte tion, pour exprimer ce mouvement qui pouvait s'effectuer
prétorienne, celle-ci étant placée du côté de l'ennemi ; sur de trois manières différentes : soit par le flanc gauche ; soit
le côté droit se trouvait la porte principale droite, et sur en faisant un quart de conversion à gauche, après être sorti

« DM. jud. m, t. — 1 T, i. — • Bell. afr. 67 ; Dell. gall. I, 41 ; Bell. du. 1,7 — > I, 23, — '0 I, 23. — « III, 75, 83. — « T. Liv. XXIX. 34. — " T. Lit. XXIX, 3«.
AGM _ 144 — AGM

de la colonne, si l'on tenait à avoir le premier rang en tète ; appuyer leurs bagages vers la colonne du centre, combat
enfin, celte dernière condition pouvait être obtenue, tout taient sur le terrain qu'elles occupaient 16 .
en évitant de faire la conversion, quand on rangeait les Nous devons aussi mentionner une manœuvre fort inté
troupes dans l'ordre adopté par Métellus, et dont nous ressante dont parle Tite-Live ". Dans l'expédition de Quin-
allons bientôt parler (transuersis prineipiis). — 4° Si l'en tus Flamininus contre Nabis, Appius Claudius, qui com
nemi se présentait à droite, les trois colonnes s'arrêtaient mandait l'arrière-garde, s'attendant à la voir attaquer, avait
encore, et c'étaient les hastats qui sortaient de la leur, fait marcher ses troupes en colonne et la droite en tête;
après avoir fait un à droite. Si, dans ce dernier cas, par quand l'ennemi se présenta, il fit faire une contre-marche
exemple, il était nécessaire de faire combattre toutes les au dernier manipule, et tous les autres ayant fait un quart
troupes, les princes passaient dans les intervalles qui exis de conversion à gauche exécutèrent au pas de course un
taient dans la colonne de droite, par suite du départ des changement de front en avant sur le dernier manipule, et
hastats, et les triaires traversaient également et sans diffi se trouvèrent alors rangés en bataille dans l'ordre le plus
culté les deux colonnes placées à leur droite. Les hastats régulier. Appius Claudius put donc arrêter, par un combat,
ayant un effectif double de celui des triaires, on comprend la poursuite de l'ennemi ; mais quand celui-ci se bornait à
que Polybe ait dit que le mouvement était plus long quand harceler la colonne, la retraite était toujours fort pénible,
il s'effectuait de leur côté; il en était de môme quand ils surtout si la poursuite était faite par de la cavalerie. Dans
avaient à repousser l'ennemi dans le premier cas que nous ce cas l'arrière-garde, de même que l'armée qu'elle cou
avons examiné. vrait, ne pouvait avancer que bien lentement, attendu que
En outre, quand l'ennemi se présentait à droite, il y avait les armes de jet avaient une portée trop minime pour
trois irrégularités dont la rectification, si on voulait la faire, maintenir l'ennemi à une grande distance et l'empêcher de
demandait encore beaucoup de temps. Après avoir fait leur réitérer ses attaques. C'est ainsi que César ,8, poursuivi par
à droite, les manipules des hastats se trouvaient placés par la cavalerie numide, fut réduit, pendant une partie d'une
inversion, les rangs étant devenus des files, et le nombre de journée de marche, à faire moins de cent pas par heure.
ces dernières étant différent de celui qu'on voyait dans l'or Nous trouvons dans les commentaires sur la guerre civile",
donnance habituelle. Cette observation permet de compren l'indication d'une retraite bien conduite par Afranius. Il
dre le passage de la Guerre de Jugurtha où Salluste ra avait composé son arrière-garde de cohortes sans bagages
conte que Métellus, avant d'entrer dans une plaine où il qui s'arrêtaient fréquemment pour repousser la cavalerie
prévoyait qu'il serait attaqué sur son flanc droit, prit les de César : quand on arrivait à une hauteur, la moitié des
dispositions suivantes : au lieu de placer les manipules dans cohortes y prenait position et protégeait ainsi la retraite
l'ordre habituel, c'est-à-dire le premier en tête, il changea de l'autre moitié ; quand ensuite il fallaitque l'arrière-garde
leur disposition {commutatis ordinibus) en mettant à la tête descendît dans la vallée, les légions s'arrêtaient à leur tour
le dixième manipule, puis le neuvième, etc. En outre, dans et tenaient la cavalerie ennemie en respect, jusqu'à ce que
chaque manipule, au lieu de placer le premier rang en tête, l'arrière-garde se fût retirée au pas de course.
il le fit marcher sur le flanc droit de la colonne, c'est-à-dire Jules César *°, lorsque ses troupes étaient en marche, les
en travers par rapport à sa disposition habituelle (transversis plaçait habituellement dans le premier des deux ordres in
principiù) ; de cette manière, quand l'ordre de faire par le diqués par Polybe, en faisant suivre chaque légion par ses
flanc droit fut donné, toute l'armée marcha à l'ennemi dans bagages, excepté pour la dernière qui les avait devant elle.
l'ordre naturel, c'est-à-dire avec le premier manipule placé Mais quand il approchait de l'ennemi, il plaçait en tête les
à l'extrême droite, et les soldats de chaque manipule occu trois quarts de son armée sans bagages, puis tous les impe
pant leur véritable place de bataille. Tout ceci revient à dimenta de l'armée, et enfin le reste de ses troupes, compre
dire que Métellus, en entrant dans la plaine, rangea régu nant surtout les légions de nouvelle levée; l'avant-garde
lièrement son armée en bataille; puis, pour continuer sa était composée de la cavalerie et de l'infanterie légère. En
marche, il fit faire un à gauche à toutes ses troupes ; enfin, outre, nous trouvons dans une autre partie des Commen
quand il fut en présence de l'ennemi, il n'eut plus à faire taires la preuve que Jules César employa la marche sur
exécuter qu'un seul mouvement, un simple à droite, pour plusieurs colonnes dont parle l'auteur grec. La cavalerie
que toute son armée fût de nouveau et régulièrement rangée de Vercingétorix, partagée en trois corps, attaqua l'armée
en bataille. La lecture du chapitre suivant nous a confirmé romaine en tête et sur les deux côtés : César partagea aussi
dans cette opinion. Dans ce chapitre, l'auteur dit: 1° que la sienne en trois corps et la porta à la rencontre de l'en
les cavaliers de l'aile gauche, par suite de la disposition nemi ; en même temps, il fit arrêter son infanterie et pla
adoptée, marchaient en tête de la colonne ; 2° que la cava cer les bagages entre les légions. Lorsque, sur l'un des
lerie avait été placée sur les deux ailes, c'est-à dire à la côtés, les troupes opposées aux Gaulois, venaient à faiblir,
tète et à la queue de la colonne, de telle manière que le l'infanterie de ligne placée de ce côté se formait en ba
mouvement général par le flanc droit venant à être taille et arrêtait la poursuite de l'ennemi. Or, si l'armée
exécuté, cette cavalerie se trouva immédiatement à sa n'avait formé qu'une seule colonne, les bagages se trou
place habituelle dans l'ordre de bataille, c'est à-dire aux vant, suivant l'habitude en pareil cas, placés à la queue de
deux ailes. Il est probable que la disposition adoptée par chaque légion, il eût été inutile de donner l'ordre de les y
Germanicus, dans des circonstances analogues, fut la mettre ; il faut donc qu'il y ait eu plusieurs colonnes sépa
même ". rées par des intervalles dans lesquels Jules César fit entrer
Quand l'ennemi attaquait à la fois, et dans un terrain les bagages. De plus, ce n'est pas une seule colonne qui
resserré, la colonne de droite et celle de gauche, l'armée eût pu faire face en même temps à droite et à gauche : nous
s'arrêtait et les deux colonnes attaquées, après avoir fait sommes donc autorisé à croire qu'il y en avait plusieurs.

i» C 19.— 15 Tac. Ami. 11,16. - « Tit. Liv. XL, 39.- i' XXXIV, 28.— 1' Bell. afr. «9. — »» I, 79. — «o Dell. gall. II, 17, 19 ; VIII, 8. - «I Dell. gall. VII, 07
AGM — 145 — AGM
Du reste, cette formation fut encore employée pendant celle d'un carré, si toutefois on n'y arrivait pas exacte
bien longtemps : l'auteur du commentaire sur la guerre ment. Un bas-relief de la colonne Anlonine :0(fîg. 179), où
d'Espagne semble la désigner quand il dit : « copias ad l'on voit des soldats d'infanterie marchant en formant le
castra triporli'o transduxit. » Corbulon en fit usage dans la
guerre des Parthes M; les détails que Tacite donne à ce su
jet rendent toute hésitation impossible.
Pour désigner l'ordre de marche sur une seule colonne,
on se servait des expressions pilatim iter facere, ou pilatim
exercitum ducere **. Quant à la marche sur plusieurs colonnes,
on la désignait par les expressions passim iter facere, ou pas-
sim exercitum ducere. Plusieurs historiens latins ont aussi
parlé d'un ordre de marche qu'ils appellent quadratum ag-
men, et tous s'accordent à dire que les généraux l'em
ployaient en pays ennemi quand ils croyaient devoir redou
bler de prudence15; mais aucun d'eux n'a donné des rensei
gnements précis sur cette formation, et Salluste est le seul
qui en parle avec quelques détails. Dans son récit de la guerre
de Jugurlha cet auteur dit que Marius, par mesure de
prudence, faisait former le quadratum agmen à ses troupes
quand elles étaient en marche, et il ajoute : « Sylla, avec
la cavalerie, couvrait la droite de l'armée, et Manlius en
faisait au tant pour la gauche avec les frondeurs, les archers Fig. 179. Agmen quadratum.
. et les Ligures; des tribuns étaient placés en tête et en
queue avec des manipules sans bagages. » Ces détails, quoi
que fort incomplets, peuvent servir à faire comprendre la carré autour des bagages, qu'ils protègent, paraît être une
formation. D'un autre côté, dans les Commentaires sur la représentation abrégée de cet ordre de marche.
guerre des Gaules on trouve mentionné un ordre de Le quadratum agmen, combinaison de la marche en
marche qui, selon l'auteur du récit, avait de l'analogie bataille et de la marche en colonne, n'était donc pas
avec le quadratum agmen, et nous croyons que cette analo la marche en carré proprement dite. Nous n'avons trou
gie provenait surtout de ce que des troupes sans bagages vé, dans les auteurs latins, qu'un seul exemple de cette
marchaient en bataille à la lôte et à la queue de l'armée, dernière formation ; cet exemple est rapporté par Ta
parce que ce détail est le seul qui soit rapporté par l'histo cite qui raconte que Germanicus l'employa en Ger
rien. Ammien Marcellin " appelle quadratum agmen un manie. Chaque face du carré était formée par une lé
ordre de marche employé par Julien, et le décrit complè gion, les impedimenta étaient placés au centre, et de plus,
tement en disant que l'armée était formée sur trois co il y avait une avant-garde et une arrière-garde com
lonnes, que les bagages étaient répartis entre les différents prenant la cavalerie ainsi que l'infanterie légère, et tou
corps de troupes, et qu'il y avait une avant garde, une tes deux très-rapprochées de la première et de la qua
arrièrc-gâYde et des flanqueurs. Quant à Végèce, les dispo trième face.
sitions qu'il indique M rappellent celles dont parle Salluste ; Végèce " nous apprend que, bien longtemps avant
mais, comme ce dernier, il ne dit pas dans quel ordre était l'époque où il vivait, pour empêcher les esclaves et
placée l'infanterie de ligne. les bêtes de somme de porter le trouble dans les colon
Des divers exemples que nous venons de citer nous pou nes en cas d'attaque, on avait eu l'idée de les organi
vons conclure que le quadratum agmen n'était qu'une mo ser militairement : on les partageait en bandes compre
dification de la marche sur trois colonnes, et qu'elle en nant chacune deux cents animaux et leurs conducteurs,
différait par les détails suivants : 1° placement, à la tête et avec un signe particulier de ralliement, et un chef choisi
à la queue de l'armée, de troupes sans bagages ; 2° adjonc parmi les esclaves les plus expérimentés et les plus intel
tion de flanqueurs sur les deux flancs. Quant au nom de ligents.
cette formation, nous pouvons l'expliquer de la manière L'avant- garde, dans les armées romaines, fut d'abord
suivante : dans la marche habituelle sur trois colonnes, le fournie par les extraordinarii 33 campés près de la porte
terrain occupé par l'armée était beaucoup plus long que prétorienne, la plus rapprochée de l'ennemi puis par
large ; mais, quand on plaçait des flanqueurs sur les deux les auxiliarii 35 : elle était composée de soldats de cavale
côtés, et quand, en outre, on faisait marcher, à la tôle et rie et d'infanterie 36, car il fallait qu'elle pût prendre posi
à la queue de l'armée, des troupes d'infanterie de ligne tion et arrêter pendant quelque temps l'ennemi, si elle le
rangées en bataille, le terrain occupé augmentait en lar rencontrait, afin de donner à l'armée le temps de se dis
geur; de plus, la profondeur diminuait, puisqu'on avait poser au combat. Avec elle marchaient, au temps de Po-
fait sortir de la colonne les troupes employées sur les lybc, le tribun et les centurions chargés de déterminer
flancs, et que celles qui marchaient en bataille occupaient l'emplacement du camp et d'en faire le tracé 3\ puis plus
moins d'espace en profondeur que lorsqu'elles marchaient tard, les castkorum metatores m avec leurs aides les men-
en colonne. Pour ces différentes raisons, on quittait la som39, et quelques hommes de chaque centurie portant,
forme d'un rectangle assez allongé pour se rapprocher de outre leurs armes, tout ce qui était nécessaire nour le
"C 5. — «Tac. Ann. XIII, 40. — » ScrT. AdAcn. XII, 121. — «»Tit. Li». VU, lumna M. Aur. Anton, lav. 66. — '! Ann. I, 1S.— a Mil. III, t. — M Polvl). VI, 40.—
M; I, 14; XXII, 37; XXXIX, 30. Caos. Bell, gall. VIII, 9 ; Amm. Marc. XXIV, I ; 3* Veg. 1, 23.—M Jos. Bell.jud. V, 2. 3« — Oies. Bell. gall. U, 17, 19 ; Tac. Ami. 1,
HH, 16. — m c. 100. —«1 VIII, S, 0. — I» XXIV, I. — »' III, C— » Bcllori, ta- SI. — 57 Pulyb. VI, 41. — » Cic. Phil. XI, 5, 12. — S9 Frout.ll, 7, S" I i ; Veg. Il, 7.
l. 1U
AGN — 146 — AGO
tracé du camp *°. Elle détachait elle-même en avant, et côté, et de l'autre les agnats du mari el ceux qui étaient
formant ce que nous appelons l'extrême avant-garde, les sous sa puissance ; — 2° par l'adoption et l'adrogation : ces
antecessores ou antecursores qui marchaient avec précaution, deux actes, en imitant la nature et en suppléant aux liens
cherchaient à découvrir les embuscades et déterminaient du sang, créaient l'agnation par cela même qu'ils don
la route à suivre. Dans la marche en carré, l'avant-garde naient lieu à la puissance paternelle [adoptio, adrogatio].
se tenait très-rapprochée de la première face*1. On appelle d'ordinaire l'agnation une parenté collaté
L'arrière-garde (extremum agmen) " était habituelle rale. En un sens, Pomponius a pu dire que le fils est
ment fourme, sous la république, par la cavalerie des le plus proche agnat de son père; mais, relativement à
alliés; mais si l'on craignait une attaque de ce côté, on l'hérédité, il est vrai que les agnats (tensu stricto) forment
faisait passer les extraordinaires de la tête de la colonne un ordre à part * et que l'agnation n'existe pas en li
à la queue**. < ette disposition se comprend facilement, gne directe. La loi des Douze Tables en fait foi quand
si l'on remarque que l'armée marchant en retraite, elle n'appelle les agnats à la succession ab intestat qu'à
c'est-à-dire laissant l'ennemi derrière elle, sortait du défaut d'héritiers siens, c'est-à-dire d'enfants ayant été
camp par la porte décumane [castra] ; les extraordinaires sous la puissance du défunt. Pour le père de famille, ses
établis à l'autre extrémité étaient les derniers à se mettre descendants étaient sut, siens; pour les enfants, le père
en marche, et se trouvaient ainsi naturellement placés à était pater ou paterfamilias ; la mère était agnate si elle
l'arrière-garde. Sous l'empire, l'arrière-garde était tou était in manu, parce qu'alors elle était comme fille de son
jours composée de cavalerie et d'infanterie **. Masquelez. mari et soeur des enfants ; autrement elle n'était que leur
AGNATIO. — On appelait agnatio, en droit romain, la cognate. L'agnation ne commençait donc qu'à la ligne
parenté selon la religion primitive, reconnue et constituée collatérale, comme l'indique la composition du mot ad-
par l'ancien droit civil, et y produisant des effets utiles, gnali (nés à côté). D'ailleurs, pour les fils rie famille l'agna
tandis que la parenté naturelle [cognatio], sans y être ab tion n'existait qu'à l'état latent; elle ne produisait ses eflets
solument méconnue, n'y produisait que des effets négatifs à leur égard que lorsqu'ils devenaient suijuris. Or, en
ou honorifiques [jus osculi]. Les liens du sang formaient, ligne directe, il y avait toujours entre ascendants et des
il est vrai, le fond de l'agnation comme de la cognation, et cendants des rapports de puissance exclusifs de tout autre
sauf l'exception des adoptés et de la femme in manu droit, et ces rapports ne pouvaient être rompus que par
[manus], tous les agnats étaient cognats en même temps ; une capitis deminutio qui rompait en même temps toute
mais tous les cognais n'étaient pas agnats, et le droit ci espèce d'agnation.
vil avait posé à la possession de ce dernier titre des con Le principal avantage de l'agnation était que les plus
ditions particulières. proches agnats succédaient ab intestat à celui qui ne lais
Suivant la définition la plus large, on appelait agnats les sait pas d'héritiers siens. Ils étaient aussi appelés à la tutelle
cognats parents entre eux par les mâles (per virilem sexum du fou, et cela malgré l'existence des héritiers siens, qui,
cognati), c'est-à-dire remontant de mâle en mâle à un au étant sous la puissance du père de famille, ne pouvaient
teur commun à qui étaient dus les sacrifices domestiques, devenir ses tuteurs. Parmi les agnats, on distingua plus
pourvu qu'ils n'eussent pas subi de capitis deminutio [caput]. tard, sous le nom de consanguinei, les frères et sœurs nés
En d'autres termes, l'agnation existait avec la cognation, du même père de famille 5.
d'abord et fondamentalement entre les membres de la L'agnation se dissolvait par toutes les capitis deminutio-
même famille prise au sens étroit [familia], c'est-à-dire nes [caput].
entre les ingénus sous la puissance du même paterfami- Le droit prétorien porta les premiers coups à l'agna
lias, savoir : ses enfants non émancipés, les enfants de ses tion, en introduisant dans son système de succession les
fils, de ses petits- fils, etc. L'agnation, comme la puissance droits de la parenté naturelle [hères]. Les empereurs sui
paternelle, suivait toujours la filiation mâle par mariage, virent de plus en plus cette voie, et Justinien fit dispa
car « ceux qui naissent, dit Gaius1, suivent la famille de raître les dernières traces de l'agnation par la Novelle \ 18.
leur père el non de leur mère. » F. Baudby.
Une fois la puissance paternelle dissoute par la mort du AGNOMEN [nomen].
père de famille, ses enfants, ceux au moins de la première AGOGÈ fApyy^). — Acte de la procédure établie chez
génération, devenaient chefs de famille eux-mêmes, sin- les Locrienspar Zaleucus On l'acomparé assez justement
gulas familias incipiunt habere, dit Ulpien*; mais l'agnation à Yadductio in jus rei litigiosae des Romains *. D'après Za
n'en subsistait pas moins entre eux, et elle s'étendait in leucus, «celui qui était en possession d'une chose litigieuse
définiment à tous les enfants issus de justes noces, par le au moment où cette chose était portée devant le magistrat,
sexe masculin. Cette réunion des agnats s'appelait aussi avait pour lui une présomption de propriété et conservait
famille; Ulpien ajoute : familiam dicimvs omnium agnato- cette possession jusqu'au jour du jugement sur le fond du
rum. Par conséquent, pour savoir si deux parents étaient droit. » Les tribunaux décidaient toutefois que cette règle
agnats entre eux, on devait supposer leur auteur commun ne pouvait pas être invoquée par celui dont la possession
encore vivant, à quelque degré qu'il fallût remonter pour était entachée du vice de violence. E. Caillemeu.
cela : ils étaient agnats, du moment que dans ce cas ils AGOGIMOS . — Nom sous lequel on désignait
auraient été ensemble sous sa puissance». à Athènes, avant les réformes de Solon, le débiteur qui,
L'agnation s'établissait artificiellement et sans cogna n'ayant pas pu se libérer de sa dette, était adjugé à son
tion : 1° par la manus, entre la femme in manu mariti d'un créancier. Celui-ci pouvait soit l'employer comme esclave,

M lot. Bell. jud. III, 6. — « Tac. Ann. I, 51. — '« Sali. Jug. 50. — »SPoljb. — 5 Up. XXVI, 1 ; Taul. Sent. IV, 22 ; Instit., art. III, 2, § 3 ; Caius, Comm. 111, 14.
VI. 40. — »* loi. Bell. jud. ni, 6. AGOGÈ. 1 Polyb. XII, c. 16, §§ 7. 8, 14.—' Gaius, c. iv, g 16.— BiDLinonini n
AGNATIO. 1 Inst. I, 156. — « L. 195, g 2, De verb. signif. L, D. 16. — S Fr. 12, De llofmann, Beilrâgc :ur Gescliiehtc des griech. und rôm. BecMs, Vt ien, 1S70, p. 1 18
suis, Dig. XXXVIII, 16. — k Cf. Ducaurroy, Inst. expl. II, n. 835. Paris, 1851, 8' éd. et saiv.; Cf. Becue de législation ancienne et moderne, 1870-1871, p. 652 et suiv.
AGO — 147 AGO
siol le faire vendre à l'étranger1. La condition de Yàft!>- d'autres monuments, tantôt ailés et tantôt sans ailes, dans
Yijio; rappelle celle de Yaddictus des Romains. Solon amé toutes les attitudes que comportent les luttes, sont aussi
liora notablement la condition des débiteurs. E. Caillemer.
AGOLUM. — Bâton dont se servaient les conducteurs de
bestiaux (pastorale baculum quo pecudes aguntur)1. C'est vrai
semblablement le long bâton pointu, ordinairement fait
d'un rejeton droit du caclier à raquette que l'on voit en
core aujourd'hui dans les mains des pâtres de la campagne
romaine'. E. S.
AGON ('Aywv). — I. Lutte, concours [certamina, ludi].
II. Personnification des luttes athlétiques et des con
cours de toul genre [certamina]. Les Grecs en avaient
fait un dieu. 11 avait une statue à Olympie, qui le re
présentait tenant des haltères '. On le voyait dans le
même endroit, figuré en relief parmi de nombreuses di
vinités, sur une table d'or et d'ivoire, œuvre de Kolotès,
où étaient placées les couronnes destinées aux vainqueurs
des jeux Sur un vase peint, à figures rouges, de la fa
brique de Nola(fig. 180), où il est clairement désigné par
l'inscription AroN'*, il a les traits d'un éphèbe. Son front
est ceint d'une bandelette ; il est vêtu d'une tunique et
d'un manteau et a pour attribut le long bâton que tiennent
constamment, dans les monuments, les personnages qui
président aux luttes [agonothetes]. Dans sa main droite
Fig. 181. Génie des luttes.

des génies des jeux qui doivent être au moins mentionnés


ici [genius, ludi]. E. Saglio.
III. Terme de procédure employé à Athènes comme
synonyme de dikè ou de graphe. Il était surtout en usage
avec les qualifications de tijatitô; ou d'iTifurroc.
L'àTi'a7]To; ayiov, d'après Harpocration était un procès
dans lequel le défendeur qui succombait était condamné
à une peine fixée par la loi et non abandonnée à la dis
crétion des juges*.
Le Tt[AY|To; ifon était un procès dans lequel, après la
condamnation prononcée, les juges, sur la proposition
du demandeur et le défendeur entendu, déterminaient
Fig. ISO. Hermès et Agoo. la peine, que le législateur avait laissée à leur appré
est une coupe avec laquelle il fait une libation à Hermès, ciation *.
le dieu de la palestre, debout devant lui. Nous devons dire, toutefois, que certains grammairiens*
C'est peut-être le même dieu que l'on voit sur une pierre donnent de l'dWpiToç oyiiv la définition que nous avons
gravée ailé, tenant une palme et s'appuyant sur un bou rapportée au -ripi-ro';, et réciproquement ; mais leur opi
clier que soutient un amour accroupi. Il a la figure d'un nion est inadmissible en présence des textes que nous
éphèbe; cependant ses formes se rapprochent de cellesd'une avons cités \ E. Caillemer.
femme. Le même mélange de formes, voulu et nettement AGONALES [SALII].
accusé, se retrouve, uni. à un merveilleux sentiment de la AGONALIA, AGONIA, AGONIUM. — Il y avait à Rome
beauté, dans un ouvrage de la plus belle époque de 1 art quatre fêtes qui portaient ces noms ; elles sont parfois aussi
grec (fig. 181): c'est une boîte de miroir en bronze, trouvée réunies sous la désignation de dies agonales \
à Corinthe, actuellement au Musée de Lyon 5. L'image, gra La première, dont l'institution était attribuée à Numa
vée à l'intérieur du couvercle, est encore celle d'un génie Pompilius*, tombait le 9 janvier'. Le roi, puis sous la ré
des jeux. Le coq qu'il tient dans ses mains désigne même publique le rex sacrorum, sacriGait ce jour-là, dans la
plus précisément le génie des combats de coqs [alektryonon Regia, un bélier à Janus. D'après Varron, la fête tirait son
agones], dont les Grecs étaient amateurs passionnés, à nom du mot sacramentel Agone, « Ferai-je ? » que pronon
moins qu'il ne soit ici un symbole facile â interpréter, des çait le roi, et après lequel la victime était aussitôt immo
tiné à rappeler d'une manière générale les luttes des athlètes. lée (agonales per quos rex in regia arietem immolât dicti ab
Les jeunes enfants représentés e sur des sarcophages et « Agone? » eo quod interrogatur a principe civitatis et prin-
\GOGIM s. I Plut. Solo, 13 ; Cf. Dcmosth., Contra Ificostrat, § 11, R. 1249, arch., t. XVII, 1SG8, pl. «n, p. 372. — » Clarac, Mus. de sculpt., pl. 137, 191.
et C. Aristoeratem, g§ 3i et 215, R. 631 et 692 ; Plut. Lysand. 27 ; V. aussi le AGON.UI. — 'B. 38; L'Ip. Uidot, 676. — 'Demosth. Contra Midiam,% 90,R.543 ;
Theiaurut d'Esticnne, éd. Uidot, I, 583. — BiiLioaurmi. Caillemer, Étude sur C. Pantaen. §40,11. 978 ; C. Callicl. §§ 18 et 25, R. 1276 et 1278. — s Demosth. C.
l' contrat de prit à Athènes. 1870, p. 33. Aphobum, I, g 67. R. 834. — » Suid. B. I, 839 ; Bekker, Anecd. graeca. I. p. 20:
AGOLIU. 1 p. Diac. ». o. — > A. Ricb, Dict. des Antiç. s. o. et 4b9. — 5 Cf. Pollux, VIII, 63. — Bisliogufhie. Scbraeisscr, De re tutelari
AGON.1I. — 1 paus. V, 26, 3. — Md. V, 20, 1. — » Panofka, Dichterstellen und At/ieniensium, p. 33-42.
Dilduerke, m Abkandl. der Berlin. Akad. 1836, p. 216, taf. il, 5. — * Gerhard, AGOMAUA, AGONIA, AGONIUM. 1 Varr. Ling. lat. VI, 12. — > Uacrob. Sat.
irch. Zeit. 1819, taf. n, 2. — » Comarmoud, Calai, n 312 ; de Wittc, Demie 1, 4, 7.—* Calend. Praen ; Vorr. L. I. ; Ovid. Fast. I, 318, sq. et 33.
AGO — 148 — AGO

ceps gregis immolatur). D'autres explications ont été propo dans la vni* olympiade, se posa comme le véritable chef de
sées par les modernes \ Les noms de agonia, agonium, tout le Péloponèse. Le décret des amphictyons, qui permit
ayonalia, se retrouvent avec peu de différences dans les di à Philippe de Macédoine de présider les jeux Pythiques
vers dialectes du centre de l'Italie, ayant la signification de (en 338 av. J.-C), impliquait la reconnaissance de ce prince
sacrifice d'un animal, et il est probable qu'il ne faut pas comme chef de tous les États appartenant à la ligue am-
chercher à ces noms d'autre origine. phictyonique *. Et quand la Grèce eut perdu son indépen
Le 17 mars est le second jour indiqué par les calendriers dance, ce fut le général romain Titus Quinctius Flamini-
romains comme dies agonalis 5. Ce jour est aussi celui des nus que désignèrent les Argiens pour présider aux jeux
uberalia; et, en effet, Macrobe' nous apprend que le jour néméens".
des Uberalia était appelé Agonium martiale par les pontifes; De cette présidence honorifique appartenant à un per
et Varron7, qu'il était désigné sous le nom d'agonia dans les sonnage ou à un peuple se distinguent les fonctions de
livres des salii agonenses [salti] ; ils sacrifiaient ce jour-là sur ceux qui dirigeaient effectivement les concours, exerçaient
le Quirinal, qui était aussi appelé mons agonus. La fête était la police, décernaient les récompenses et au besoin pro
donc célébrée en l'honneur de Mars, ou peut-être en nonçaient des peines contre quiconque contrevenait aux
l'honneur de Quirinus". règles. On trouvera déplus amples explicationssur ce sujet
Le troisième jour était le 21 mai': un sacrifice était offert dans les articles consacrés aux jeux des grandes fêtes de
à Vejovis dans son temple, entre I'aiix et le Capitole. la Grèce, et particulièrement sur les agonolhètes des Jeux
Enfin, au 31 décembre, un sacrifice du même genre est Olympiques, qu'on appelait hellanodikai. Le mêmenompa-
encore indiqué par les calendriers10; il était vraisembla raît avoir été donné aux magistrats qui dirigeaient les jeux
blement offert aux divinités infernales". Néméens"; aux jeux Pythiques, ils s'appelaient Ir^txkri-
Ces quatre fêtes étaient réunies sous des noms sembla tou 7 ; on ne sait pas précisément quel était leur nom aux
bles, sans doute à cause de cérémonies toutes semblables jeux Isthmiques.
qu'on y accomplissait". Peut-être se rapprochaient-elles A Athènes, il y avait, au temps de Périclès et de Démos-
encore par d'autres caractères. Nous renvoyons au livre thène, des athlothètes élus par le peuple au nombre de
savant publié récemment par M. Huschke sur les fêtes du dix, un pour chaque tribu (çuXtî) r, qui présidaient dans les
calendrier romain E. Saglio. Panathénées [panathenaia] aux luttes équestres, aux con
AGONOTHETES, ATHLOTI1ETES ('AYwvoOÉxr,;, ÂOXo- cours de musique et de gymnastique, et à la distribution
Oixr,;). — I. Noms donnés : 1° à ceux qui instituaient ou qui des prix. Leurs fonctions duraient quatre ans, depuis une
faisaient célébrer, pour la première fois, des jeux et con célébration des grandes Panathénées jusqu'à la suivante
cours publics; 2° à la personne, à l'état ou à la réunion d'é Ils recevaient soit des uellanotamiai, soit des trésoriers
tats au nom duquel la fête était annoncée et célébrée, qui de la caisse sacrée de Minerve Polias, l'argent nécessaire
faisait distribuer des prix et qui pourvoyait aux frais ; aux frais de leur charge10. Trente jours après qu'ils l'a
3° enfin à ceux qui dirigeaient les concours et décernaient vaient résignée, ils étaient obligés de rendre compte de
les prix au nom des précédents. leur administration. Ces fonctions furent remplies par Pé
Une même personne pouvait réunir ces trois rôles : c'est riclès Les mêmes magistrats avaient-ils le soin des sacri
ce qui se voyait communément dans les jeux funèbres. fices? Cela n'est pas probable. En effet, on voit dans une
Ainsi, dans l'Iliade1, Achille convie les chefs achéens aux inscription de l'an 415 avant notre ère 1S les athlothètes et
jeux célébrés en l'honneur de Patroclc, il propose et dé les sacrificateurs mentionnés simultanément comme ayant
cerne les prix. Dans les temps historiques, on peut citer reçu de l'argent des hellanolamiai. Sans doute aussi les
comme exemple une fête du môme caractère donnée après athlothètes athéniens ne supportaient pas les frais de leur
la mort d'Évagoras, roi de Salamjne, et dont son fils Nico- charge, mais ils devaient avancer les sommes nécessaires
clès fut l'agonothôte*. Il n'en pouvait être de même quand à la célébration des fêtes panathénaïques
c'était au nom d'un peuple entier ou même de plusieurs Le nom d'agonothète est encore donné, par divers textes
peuples que se donnaient les jeux, comme aux grandes ou inscriptions aux magistrats chargés de la surveillance
fêtes nationales de la Grèce [Olympia, titiiia, nemea, isth- des concours, soit aux Panathénées, soit aux Dionysies ;
mia]. C'était alors le peuple sur le territoire duquel les mais ces inscriptions et ces textes sont tous relativement
jeux étaient célébrés qui en avait la présidence, ou bien elle récents. Le nom d'athlothètes est le seul qui leur fût donné
appartenait en commun aux représentants des différents officiellement dans les beaux temps d'Athènes
états, par exemple dans les jeux py thiques , aux amphi- Les inscriptions grecques qui se rapportent à d'autres
ctyons[AMPiucTYONKs]. A l'agonothésie (àfwvoOcsta) était atta pays qu'Athènes, et surtout celles qui sont postérieures à
chée, dans l'opinion des Grecs, l'idée de suprématie, soit qu'il Alexandre, nomment fréquemment des agonothètes, mais
s'agît d'un peuple, si un seul entre plusieurs en retenait bien rarement des athlothètes 16. Comme les gymnasiar-
le privilège ou pouvait se substituer à celui à qui elle reve ques-liturges athéniens [gymnasiahchos], ces agonothètes
nait naturellement; soit qu'un homme, roi, tyran, chef avaient presque toujours des fonctions qui se rapportaient
d'armée, s'en arrogeât l'honneur. Ainsi Pheidon, roi d'Ar- à quelque fête spéciale : ainsi nous connaissons des ago
gos, en faisant célébrer les jeux Olympiques en son nom 3, nothètes des jeux Pythiques et Néméens, des ueraia, etc.;
< Hartuug, Hclig. der /(orner, II, p. 33 ; Huschke, DicOskisch.und Sabell. Sprach- AGONOTHETES, ATHLOTETES. 1 XXI1I,258.— «lsocrat. Euag. init.— 3 Fausan.
deukm. ; ld. Pas aile rim. Juin:, p. !47 ; cf. Orid. Fatt.l, 331 j Fert. s. v. Agonit*; VI, ii, 2. — 1 Dcraosth. Philip. III, p. 119 ; Diod. Sic. XVI, 60. — 5 Tit. Liv. XXXIV.
T. niac. s. s Agonium. — s Cal. Vatic. — & L. t. — T De ling. lut. VI, li. — 8 j]ar. 41 ; Plut. Flamin. 23. — 8 Corp. insc.gr. 1126. — 7 Paus. X, 7, 3 ; Strab. IX, 3, p. 421;
quardt, Handb. der rôm. Alt. IV, n. 1608 ; cf. Huschke, Das aile rôm. Jnhr, p. 24". Plut. Sgmp. VII, 5, 1 ; II, 4. — » Poilus, VIII, 93. — o /Mat. , DOekh, Staatsftaus.
— » Ovid. Ftut. V, 741 ; Cal. Slaff. ; cl. Monimscn. Bull, dclï Lut. 1817, p. 108, et 2' éd. t. Il, p. 8. — W Bôekh, L. I. p. 6 et 34.— » Plut. Pericl. 13. — »= Corp. imer.
/nier. regn. neap. 5750; Gerhard, Areh. Zeit. A*. F. I, p. 107; Cal. Venus ; Momm- gr. 144; Bôckh,i. I. p. 303. — » Ibid. t. II, p. S. — <l C. inscr. gr. 144. 283,380,
sen, /«se. regn. ncap. 098 ; Hi.schke, /.. /. p.248.— 10 Cal. bluff. ; Cal. Praeu. ; Cal. 396; Osanu, Syllog. insc. gr. p. 129; Rang&bé, Antig. hellèniq. H, n. 81i ; Lucian.
Amit. ; Cal.Antiat. — " Huschke,/,. /. p. 249. — '»Ov. Fait. V, 721 ; Prcller, llôm. Aigrinus, 14 ; Ephemer. areh. IS02, n. 199, 2îd.— Sauppe, ilijsterieninschrift aut
ilylh p. 159.— » Das aile rCmischc Jahr und seine Tage, Breslau, 1869, p. 217. Andania, p. 39. — WCorp. insc. gr. 1424, 6210.
AGO — 149 — AGO
assez souvent aussi on voit un seul homme remplir simul quelque riche particulier, soit par un don fait pendant sa
tanément ou successivement les fonctions d'agonothèle vie M. A propos d'une fête de ce genre instituée à Sparte,
dans plusieurs fêtes ou même dans plusieurs villes '". en l'honneur de l'empereur Nerva et des noms d'athlothète
De même que pour les gymnasiarques, il est souvent im et d'agonothète donnés, dans l'inscription qui y est rela
possible de déterminer si tel agonothète est un liturge tive w, le premier aux deux personnages qui ont fait don
ou un fonctionnaire. Ainsi, dans plusieurs inscriptions, du capital destiné à la célébration de la fête, le second à
l'agonothésie est évidemment rangée parmi les liturgies trois autres hommes désignés conjointement avec eux,
[leitourgiai]. Nous sommes disposé à croire, par exem Bôckh établit la distinction que le premier de ces noms
ple, que P. Cornélius Priscus, dont il est question dans signifie celui qui institue une fête ou qui en fait les frais,
une inscription de Philadelphie en Lydie ", et qui se pré et le second celui qui dirige les concours et qui distribue
senta dès la première jeunesse pour remplir une liturgie, les prix. Nicandre w fait encore une autre différence entre
était un agonothète : ce serait une ressemblance déplus les mêmes noms; d'après lui, les fonctions des agonothètes
entre les agonothètes et les gymnasiarques, surtout ceux se rapportaient uniquement aux concours de musique, et
d'Athènes, au temps de Démosthène. D'un autre côté, celles des athlothètes aux concours de gymnastique. Nous
nous voyons assez souvent les agonothètes occuper une sommes disposé à croire que la différence établie par Ni
place dans les listes de fonctionnaires *°. Il est souvent candre entre les fonctions des agonothètes et des athlo
dit aussi des agonothètes, qu'ils se sont acquittés à leurs thètes, était justement celle qui distinguait les fonctions
frais des charges incombant à leur emploi 11 ; d'où il des gymnasiarques de celles des agonothètes ou athlothè
résulte qu'ils n'étaient pas obligés de le faire, et que, tes : en effet, sauf une seule exception [gtmnasiarchos], les
par conséquent, ces agonothètes n'étaient pas des litur- fonctions des gymnasiarques se rapportaient uniquement
ges. Mais, semblables encore en cela aux gymnasiarques, aux concours de gymnastique, tandis que les agonothètes
les agonothètes dépassaient souvent de beaucoup les dé ou athlothètes s'occupaient aussi bien de tous les autres.
penses que la loi leur imposait ou pour lesquelles des L'agonothésie n'était pas toujours, à ce qu'il paraît, une
sommes leur étaient allouées". Les agonothètes remplis fonction spéciale ; au contraire, elle ne formait quelque
saient souvent en même temps d'autres fonctions se rap fois qu'une dignité transitoire et accidentelle attachée à
portant au culte : ainsi nous en connaissons qui furent un autre emploi: ainsi, d'après Pollux", le polémarque
chargés de celles de grand prêtre [archiereus]" ou de sa [polemarchos] était l'agonolhète des jeux célébrés en l'hon
crificateur [hieropoios]" ; d'autres qui remplirent celles de neur des soldats morts pour la patrie. Une inscription
stephanephoros **. On prenait les agonothètes parmi les attique du temps de Caracalla énumère les agonothètes
personnages de grande famille ou occupant des positions pour chacune des fêtes célébrées alors à Athènes 4*. Nous
élevées*. Les fonctions d'agonothète et de gymnasiarquene y voyons que le cosmète et les sophronistes [gymnasium]
s'excluaient pas : on connaît des personnages honorés à la furent agonothètes pour la fête des Antinoées; le cosmète
fois des deux charges"; mais il arriva bien plus souvent le fut seul pour les Athénées, et les éphèbes pour les Ger-
que le même homme les remplit successivement manicées.
Nous savons peu de chose sur la durée des fonctions des Il y avait encore une autre classe d'agonothètes exerçant
agonothètes. A Mitylène 19 nous trouvons un agonothète des fonctions plus bornées non pas au nom d'une ville,
annuel, et il est probable que les inscriptions qui parlent mais d'une corporation de musiciens ou d'artistes drama
d'individus ayant rempli plus d'une agonothésie dans le tiques. D'après une des deux inscriptions qui s'y rappor
cours de leur vie*0 se rapportent à des agonothètes an tent", ils étaient nommés à vie. Homère **, en parlant des
nuels. A Ténos, les fonctions des agonothètes, comme jeux célébrés par les Phéaciens, appelle les magistrats qui
celles des gymnasiarques, ne duraient que six mois'1 ; mais y présidaient aisymnetes, mot qui ailleurs a une significa
il y avait aussi des agonothètes à vie tion différente. D'autres synonymes du mot agonothète
La plupart des inscriptions où il est question d'agono- sont àYO)votp/r,ç et aYwvoSîxr,; ; on trouve aussi ceux de PpocSsu;
thètes n'en nomment qu'un; on en trouve cependant aussi et ppaêîunriç. Les fonctions des panégyriarques et des iré-
deux fonctionnant ensemble M, et d'autres fois trois **. L'a narques ont aussi beaucoup d'analogie avec celles des
gonothésie n'était pas exclusivement réservée aux hom agonothètes. Ces dignités ne s'excluaient pas; nous les
mes : il y avait aussi des femmes agonothètes. Nous en voyons souvent réunies sur une seule tête **. Comme les
trouvons, par exemple, à Élée, dirigeant le concours des agonothètes, les panégyriarques [PANroviusl remplissaient
jeunes filles qui luttaient à la course dans les heraia"; souvent en même temps des fonctions relatives au culte :
d'autres dans la Laconie, dans la Messénie, à Phocée, à nous en connaissons plusieurs qui furent grands prê
Thyatira3*. Dans cette dernière ville, on trouve le mari et tres'6 et un qui fut prêtre héréditaire d'Esculape Les
la femme chargés ensemble de l'agonothésie n. fonctions des panégyriarques se rapportaient souvent à une
Les inscriptions font aussi connaître des agonothètes hé fête spéciale dont le nom est ajouté au leur w. A Cnide19,
réditaires, c'est-à-dire à qui leur père avait transmis régu une femme remplit les fonctions de panégyriarque aux
lièrement cette dignité et qui la remplissaient jusqu'à leur frais de son mari. Il nous est difficile de dire en quoi les
mort. Les fonctions de ces agonothètes héréditaires se panégyriarques différaient des agonothètes ; si on pouvait
rapportaient à des fêtes instituées soit par le testament de s'en rapporter à l'étymologie, les fonctions des agonothètes
« Corp.iiue.gr. 1121-112*, 137S. — " Ib. 2007, cf. 112». — M Ib. 3418.— 1392, 2801. — !» Ib. 2098 b, et S93G. — >* Ib. 1424. — » Paus. V, 10, 2. — W C.
n Ib. 202-206, 1239-1241, 31173. — « Ib. 2706, et Addit. au t. III, 3831a 14 Aa. inter. gr. 1440, 1444, 3415, 3508. — *> Ib. 2189. — M Ib. 2741, 2783, 4274,
— " /*. 2881, S142. — « /*. 20u7, 2184. 2185, 2187, 2189, 2 85 ; cf. 3068, cf. 4366, 4352, 3366 h, 4380 efgh, 438(1 mn. — « /fi.'l 124. — «0 Hcsych. 4-«.vo»i:r,(
W70. 3832, 3833. — » Ib. Add. au t. U, 2221, 8. — «5 Ib. 2T66, 2785, 2:89, — " Tin, 91. — *» C. inter. gr. 283. — »' Ib. 2933 et 3210. — " bd. VIII, 258.
et Add. au t. III, 3331 a 9 et 13, et 3831 a 14 Ab. — M Ib. asil, 5801. — — « C. inter. gr. Add. au t. III, 380, 2181, 2188, 2190, 2191. — « Ib. 2181,
" Ib. Î309, et Add. au t. I, 2746. — » Ib. 2508, 270 b, elc. — M Ib. 2189. — 2185, 2187, 21SS. — «7 Ib. 2191. - W Ib. 3462, et Add. au t. II, 2883 c. —
»• /*. Î78», 3508. — >' Ib. 203 et 201 ; cf. la note de DOckh, au n. 2329. — M Ib. »» Ib. 2653.
AGO — loi) — AGO
se rapportaient surtout au concours et à la distribution une table chargée de couronnes et portant une amphore,
des prix, et celles des panégyriarques aux processions et et, à côté, un des oliviers sacrés dont l'huile était destinée
aux autres parties de la fête. Quant aux irénarques, nous à remplir les amphores
trouvons des dignitaires de ce nom à Aphrodisias, en Ca données en prix aux vain
rie, à Euménie et à Aezané, en Phrygie 80 ; l'irénarque queurs. Le devant des
d'Euménie était en môme temps prêtre, gymnasiarque et supports est orné de
lampadarque [lampadedromia] ; et celui d'Aezané. néocore chouettes sculptées, at
Ineocorus] de Jupiter à vie. Bockh pense 51 que ces di tribut ordinaire d'Athé-
gnitaires tiraient leur nom de celui de quelque impéra né : ce siège est certai
trice appelée Irène. A.-C. Bussemaker. nement celui d'un agono-
II. Des agonothèles, des athlothètes ou des personnages thète des Panathénées.
remplissant les fonctions analogues dont il vient d'être Les peintures et les
parlé, sont fréquemment représentés, particulièrement sur bas-reliefs des tombeaux
les vases peints : on en verra parmi les figures qui accom de l'Etrurie témoignent
pagnent les articles relatifs aux jeux et aux luttes gymnas- du goût de ses habitants
tiques et agonistiques ; mais il est malaisé de distinguer rpour les luttes en usage13 _ 181.
Fig. ,., Siège
„„ d., un ngonothele.
parmi eux ceux qui exerçaient les plus élevées de ces dans les jeux publics de
fonctions et ceux qui veillaient au bon ordre ou dirigeaient la Grèce. Nous reproduisons un bas-relief d'un cippe trouvé
les luttes sous l'autorité des premiers. Les uns et les autres à Chiusi (fig. 185) M, dans lequel on voit trois personnages
portent un vêtement de même apparence : c'est, à ce
qu'il semble, un manteau de pourpre et brodé (iropcpupi'î) .
La pourpre brodée d'or fut vraisemblablement de bonne
heure, et en tout cas, dans la période romaine, un in
signe des agonothètes ". Les uns et les autres aussi
tiennent ordinairement le bâton qui leur valait les noms
de ^aêooïï/ot et faêîovo'u.oi. Cependant on paraît s'accor
der à reconnaître plus particulièrement des agonothè
tes dans ces per
sonnages qu'on voit
clans les peintures
des vases grecs, no
blement drapés, le Fig. 185. Juges des jeux (étrusques).
plus souvent assis, assis sur une estrade; deux tiennent des bâtons; celui qui
ne prenant aucune est le plus en avant considère avec attention des tablettes
part à l'action, mais sur lesquelles son doigt est fixé. Un homme armé, sans
regardant et écou doute un pyrrhichiste [pyrricha], seul ici figuré, mais suivi
tant, dans l'altitude d'autres personnes qui ont pris part aux jeux, se présente
moins de specta devant ce tribunal. Les personnages assis sont évidemment
teurs que de juges. ceux qui président aux jeux, tandis que l'homme debout
Avec plus d'assu derrière eux, armé d'un bâton, doit être un simple surveil
fig. 182. Agonothëtc couronnant un athlète. rance encore , on lant. Au pied de l'estrade sont déposées des amphores ou
peut donner ce nom des outres, sans doute destinées à être données en prix.
à ceux qui décernent des prix aux vainqueurs comme E. Saglio.
dans la figure 182, d'après AGORA ('Afooâ). — Ce mot désignait chez les Grecs
une coupe de la collection le lieu affecté aux achats et aux ventes qui avaient pour
de Luynes M. Ce sont aussi objet les produits du sol, de la chasse, delà pèche et même
des agonothètes que l'on de l'industrie. L'agora servit aussi, au moins dans beau
voit (fig. 183) siégeant der coup de villes, de lieu de réunion pour les délibérations
rière une table où sont dé politiques.* C'est ce qui explique comment le même mot
posées des couronnes, dans a pu être employé pour exprimer deux idées très-diffé
un basrelief détaché d'un rentes : l'idée d'un marché et celle d'une assemblée. 11 est
calendrier figuré découvert vrai que, dans quelques pays, en Thessalie notamment, il
à Athènes *. 11 paraît y mar y avait une place spéciale pour les réunions des citoyens
quer l'époque de l'année où et une autre pour les marchés et les ventes ; la première
avaient lieu les combats de était la place de la Liberté (iXtuSÉpa etyopâ) ; la seconde, le
Fig. 183. Agonotbète
coqs. Deux de ces animaux marché proprement dit La séparation exista aussi à
sont représentés devant la table dans le bas-relief. Sparte dès l'origine, en vertu desinstilutions de Lycurgue,
La figure 184 reproduit un siège de marbre trouvé éga qui tenait h ce que rien ne vînt distraire les citoyens des
lement à Athènes sur le côté duquel on voit sculptés questions qui leur étaient soumises * ; or, le voisinage des

»/6. 276S, 3886, et Add au t. M, 3831 a'. — « 76. 3886. note. — M Ib. C. Bôttichcr, in Philologus, t. XXII, p. 397.— 55 Stuart cl Rcyett, Anliq. of Athcns,
1123. 2076, et Buckh, Ad h. /.; cf. Lucian. De gymn. 3; Dio Cass. LXXII, 17.— 111, p. 20 et 29. — 56 Micali, Mon. ined. tnv. xxiv, 1 ; Ann. delV Inst. arch. 1864,
" De Luynes, Descrip. de quelques vases, pl. xlv ; Bottichcr, in Denkm. und tav. d'agg. A.
Forsch. 1853, p. 20, taf. li, lu. — 5' Lcbas, Yoy. en Grèce, ilonum. fig. pl. un. AGORA. 1 Aristot., Polit. VII il, S 2. — ' Plut. Lyc. 6.
AGO — \m — AGO
marchands eût été une cause de trouble pour les délibé C'était surtout pendant la matinée que l'agora présen
rations. A Athènes, lorsque le commerce eut pris de grands tait un aspect animé (ttaiiOgusoc àf^'i irXr|0oipr, ayopaç). Non-
développements et absorba l'agora presque tout entière, seulement on y trouvait une foule de vendeurs et d'ache
en même temps que le nombre des citoyens mêlés à la teurs venus de tous les pays, mais encore les citoyens y
politique devenait de plus en plus considérable, l'assemblée affluaient, les uns pour aller au Pnyx, d'autres pour siéger
du peuple abandonna l'agora pour le Pnyx ou le théâtre dans les tribunaux, quelques-uns pour plaider, beaucoup
de Bacchus. Mais l'agora servit encore quelquefois de lieu attirés par le désir d'apprendre les nouvelles, dont les Athé
de réunion, notamment lorsque les Athéniens étaient con niens étaient si avides. Il ne faut pas croire cependant que
voqués pour voter sur l'ostracisme 3. — En dehors des cas le marché fût désert dans l'après-midi On était assuré
principaux que nous venons de citer, la distinction du d'y trouver à toute heure les désœuvrés d'Athènes, et ils
marché et du lieu d'assemblée était un fait très-excep étaient fort nombreux ; ils allaient de boutique en bou
tionnel. tique, surtout chez les barbiers, les parfumeurs et les armu
I. On n'aurait pas une idée exacte de l'agora des grandes riers, et y conversaient avec leurs amis. La moralité des
villes grecques, si on se la représentait sous la forme d'une jeunes gens qui fréquentaient l'agora était suspecte";
place plus ou moins régulière occupée par des marchands mais, pour un homme fait, c'était presque une mauvaise
qui y vendent les objets de leur commerce. A Athènes, note que de s'abstenir de paraître dans tous ces lieux de
par exemple, on trouvait dans l'agora des édifices d'une réunion 15.
grande importance, le palais du sénat (psuAsu-riîpiov), un cer Les femmes libres qui se respectaient n'allaient jamais
tain nombre de tribunaux et de temples ; on y voyait ces au marché ; elles n'y envoyaient pas même habituellement
belles allées de platanes et de peupliers que Cimon avait les femmes attachées à leur service w. C'était le mari lui-
fait planter ; là étaient aussi les statues des héros éponymes, même qui, s'il ne jugeait pas à propos de se décharger de ce
dont le piédestal recevait certaines affiches prescrites par soin sur un de ses esclaves que l'on appelait alors r«Yopa-
la loi, et la tribune où montait le héraut pour les procla (ttyi'î achetait les provisions nécessaires à la famille, et les
mations et les adjudications. C'était au milieu de tous ces faisait ensuite transporter dans sa maison par un com
édifices et autour d'eux que se groupaient les différentes missionnaire (irpoûvetxo?) 18. Il n'était pas rare de voir un
espèces de marchands. soldat en grande tenue marchandant des sardines ou des
Pour que les acheteurs pussent se diriger facilement figues, et l'on pouvait, à la rigueur, rencontrer, comme
dans un pareil dédale, il y avait des quartiers spécialement Lysistrata, des officiers de cavalerie qui portaient grave
affectés à chaque genre de produits, quartiers que la nou ment une purée de légumes dans leur casque Théo-
velle comédie désignait sous le nom de xOxXot *. Chaque phraste ™ et Pollux " mentionnent, il est vrai, l'âyopà ^uvoti-
quartier portait, comme nom spécial, le nom de la mar xet'a, le marché des femmes ; mais ces mots doivent être en
chandise qu'on était certain d'y rencontrer. On allait au tendus, ou bien d'une partie spéciale du marché où l'on
poisson (tî; tou-^ov) s, au fromage blanc (cU tôv /_).i»pè>v vendait des objets exclusivement destinés aux femmes, ou
rîisai) *, aux pots (sîç fàç •/irrp*;)1, au vin (sî; tov oTvov), etc. bien de quartiers où le commerce était fait surtout par les
Les marchands étaient installés, les uns en plein air, d'au femmes, marchandes de pain, de légumes ou de fruits.
tres sous de modestes tentes d'étoffe, d'autres dans de Pour la vente de certains objets, il y avait des règle
petites boutiques mobiles, faites de clayonnages ou de ments de police analogues à ceux que nous voyons encore
roseaux'. Quelques-uns avaient de véritables magasins. en vigueur et lesAGORANOMOi étaient chargés de les faire res
Des ateliers de toutes sortes étaient établis dans le voisi pecter. Ainsi, le marché aux poissons ne pouvait commen
nage et finissaient par se confondre avec l'agora. Sur la cer que lorsqu'une cloche en avait donné le signal". Mais
place môme, assis devant leurs comptoirs (rpaireÇai'), se te nous croyons qu'il faut se défier de certaines lois que l'on
naient les banquiers ou trapézites. A peu de distance trouve dans les poètes comiques et qui offrent peu de ga
stationnaient les hommes libres ou esclaves qui voulaient ranties d'authenticité : défense aux poissonniers d'arroser
louer leurs services. On trouvait des cuisiniers aux ix^y"- les poissons exposés en vente et de leur donner ainsi une
psïa, et des journaliers sur le monticule de KoXwvo; styopaïo;, fraîcheur apparente I3; défense aux vendeurs de rien dimi
d'où leur était venu le nom de xoàwvîtcm 9. Cette description nuer du prix qu'ils ont d'abord demandé aux acheteurs2',
suffira pour donner une idée de l'importance de l'agora. etc ..Il ne serait pas impossible que ces prétendues lois
C'était en quelque sorte une petite ville dans la grande, fussent seulement une critique d'innovations plus ou
la ville commerciale juxtaposée à la ville politique. moins contestables proposées par les philosophes, notam
Quelquefois les cités firent construire des bâtiments spé ment par Platon M.
ciaux pour les marchés. A Athènes, par exemple, Périclès Afin de faciliter les relations internationales, quelques
fit élever une halle pour la vente des farines (à/sjiTo-wAiç peuples établirent, de très-bonne heure, des marchés sur
ttîxxi l0. A Mégalopolis, Pausanias vit une halle établie pour leurs frontières. Leurs voisins pouvaient, sans trop se dé
la vente des parfums Dans quelques régions enfin, sur placer, y échanger leurs produits. On donna à ces mar
tout en Asie Mineure, on trouvait déjà de véritables bazars chés le nom d'Içopîa âfopi**. Mais les progrès de la civilisa
que les périégètes opposent aux magasins, distincts les uns tion les firent peu à peu abandonner".
des autres et séparés par de petites rues, caractéristiques II. Nous avons dit que l'agora servait, dans la plupart
de la primitive ordonnance des marchés ,s. des villes, de lieu de réunion pour l'assemblée du peuple.
' Polliu, VIII, ÏO; Plut. ArisM. 7. — » Poil. VU, 11. — s Acscliin. Contra § 20, D. 202 ; Dcmosth, C. Arùtog. I, g 52, R. 786. — H Voy. cependant Lysias, De
Titxarch. g 65, Didol, p. 41. — « Lysias, C. Pamlcon. § 6, Didot, 198. — caede Eratosth. g 16, D. 93. — " Athcn. IV, 70, C 171. — l» Hesych. s. ».
1 Poil. IX, 47, * x, )9. _ S Dcmosth. De coroni, § 169, H. S84 ; Paus. X, tfiuvuol. — 19 Aristoph. Lysistr. 555. — *> Charact. II. — SI X, 18. — " Plut.
32, 15. — « Poil. IX, 48 ; Harpocration, J. v. R«]um<Ut«<. — »0 Schol. Aristoph. Sympos. IV, 4, î; Strab. XIV, 2, 21. — •> Athcn. VI, S, 225. — » /*. 226. —
Aekart. 547. _ il vill, 30, 7. — » Paus. VI, 24, 2. — " Dcmosth. De V> De legib. XI, i. 917. — «6 Dnnoslh. C. Aristocr. g 37, R. 631. — " Ib.
«rem, | 169, R. 184. — " Aristoph. .\ubes, 991. — '5 Lysias, Pro invalida, S 39, H. 632.
AGO — 132 — AGO
A l'époque classique, celte assemblée portait le nom d'èx- faveur et se retourne même contre lui : à l'agora, une
xXv;<Ti'a ; mais, à l'origine, non-seulement à Athènes" et en grande foule est rassemblée ; on y juge un litige; le peuple
Crète", mais encore dans presque toute la Grèce, le mot prend parti pour l'un ou pour l'autre des plaideurs et ma
agora fut employé pour désigner l'assemblée elle-même. nifeste ses préférences; les hérauts lui imposent silence,
Nous renvoyons au motECCLESiA ce qui concerne l'époque et les YEpovTEç seuls rendent le jugement37. Ce qui nous
classique; nous devons nous borner à décrire ici, d'après frappe toutefois dans l'Odyssée, c'est l'apparition, bien
Homère, les anciennes if°p«^ faible encore, de l'idée que la démocratie pourrait servir
Pour le poète, et probablement pour ses contemporains, de frein aux excès de pouvoir des grands. Télémaque
il n'y avait pas d'État possible sans àfopa. Môme chez des cherche à expulser les prétendants du palais de son père ; il
anthropophages, tels que les Lestrygons, on voit le roi pré se décide à convoquer l'agora ; ses ennemis interviennent
sider l'assemblée30. Il faut aller jusque chez les Cyclopes et ordonnent aux citoyens de se disperser et de retourner à
pour trouver un peuple sans agora, sans sénat et sans lois31. leurs travaux ; tous obéissent sans faire la moindre observa
Nous allons pourtant reconnaître que cette institution était tion. Seul, le sage Mentor « s'indigne contre cette foule qui
loin de donner toutes les garanties qui, dans nos idées mo siège sans rien dire, et qui, nombreuse comme elle l'est,
dernes, s'attachent à l'intervention du peuple dans le pou ne réprime pas, au moins par des paroles, le petit nombre
voir de l'État. des prétendants38. » Mais les assistants trouvent ce langage
L'agora se différenciait du sénat (|Wàt)') en ce que le sé révolutionnaire et insensé.
nat, réunion aristocratique, était composé exclusivement L'agora se réunissait sur l'ordre du prince. Lui seul pou
du roi et des citoyens les plus illustres, tandis que tous vait régulièrement la convoquer. Voilà pourquoi vingt ans
les citoyens faisaient partie de l'assemblée. Mais, d'après s'écoulèrent après le départ d'Ulysse, sans qu'il y eût d'as
l'opinion générale, le rôle de cette dernière était assez ef semblée à Ithaque39. Lorsque enfin, pour se débarrasser
facé. Le prince et les sénateurs (ye'povteç, (W.eut:xi', ficuX-/;- de ses mortels adversaires, Télémaque se décide à réunir
tpopot) prenaient seuls une part active aux délibérations. Le ses concitoyens, les vieillards s'en étonnent et se de
peuple était appelé plutôt comme témoin qu'à un autre mandent ce qui peut motiver un acte aussi insolite. Une
litre. On le réunissait pour qu'il eût connaissance des ré réunion spontanée du peuple à la suite d'un grave événe
solutions adoptées par les grands". M. Friedreich33 a ment, tel que le massacre des prétendants'0, une convo
soutenu, il est vrai, que les simples citoyens occupaient cation par un chef subalterne, tel qu'Achille, soumis aux
dans l'agora une place moins modeste, qu'ils pouvaient ordres d'Agamemnon", sont des faits très-exceptionnels.
parler, délibérer et voter. On pourrait invoquer en faveur Le peuple était rassemblé par un héraut qui parcourait
de cette opinion le discours que Thersite prononce dans la ville, abordait les citoyens, et les invitait à se rendre à
l'assemblée relative à la levée du siège de Troie31, et les l'agora a. Le roi et les nobles occupaient des places d'hon
manifestations bruyantes par lesquelles l'armée et le peuple neur sur des bancs de pierre ; la foule était disséminée par
témoignent leurs préférences ou leurs antipathies. Mais terre autour d'eux. C'était le roi qui présidait l'assemblée.
ce qui prouve, à notre avis, que Thersite prit illégale L'orateur qui voulait prononcer un discours recevait des
ment la parole, c*est non-seulement la colère d'Ulysse et mains du héraut un bâton ou sceptre, signe de la magis
la violente correction que reçoit l'orateur; c'est surtout trature momentanée dont il était investi en obtenant l'hon
l'approbation unanime de la foule qui se déclare tout en neur de prendre la parole et de donner des conseils à ceux
tière pour le roi d'Ithaque et qui ne voit dans Thersite qui l'entouraient. Nous avons vu que les nobles seuls pou
qu'un personnage insolent et grossier (Xw&iTÎjpa èrEcêo'Xov33). vaient obtenir ce sceptre. Souvent, avant de paraître dans
Quant aux démonstrations plus ou moins sympathiques de l'assemblée, ils avaient une réunion préparatoire, dans la
la foule, démonstrations toujours comprimées par les hé quelle ils arrêtaient les discours qu'ils prononceraient en
rauts, il ne faut pas y attacher un grand poids, et elles ne public w. Lorsque le peuple avait reçu les communica
contredisent pas l'opinion générale; des témoins, des spec tions pour lesquelles il avait été rassemblé, le président le
tateurs, peuvent manifester leurs sentiments sans qu'on vait la séance en ordonnant aux citoyens d'aller vaquer à
soit en droit d'en conclure qu'ils sont admis à délibérer. leurs affaires.
Ce qui serait important, ce serait de montrer que le peuple III. Nous ferons remarquer, en terminant, que les Athé
était appelé à voter et à rendre des décrets. Mais l'Iliade el niens, à l'époque classique, donnaient encore le nom
l'Odyssée n'en offrent pas un seul exemple. Lorsque Aga- d'agora aux réunions des tribus" et des dèmes : 'Afopoc- cuv-
memnon annonce à l'agora qu'il n'espère plus s'emparer /opiov «.iAetSW -Jj Sr,uoT(ôvM. La réunion ordinaire s'appelait
de Troie et qu'il faut retourner en Grèce, aucun membre xupia àfopâ ; la réunion extraordinaire, ■jûyxXïito; dppâ. Dé-
de l'assemblée ne réclame la parole, tous se dispersent mosthène nomme aussi ugoi-a l'assemblée des archontes :
sans qu'un seul ose montrer la gravité d'une telle détermi âp/dvTWv âvopot46. E. Caillemer.
nation, et ils vont aussitôt faire les préparatifs du départ. IV. Ce qui a été dit précédemment de l'agora servant
Bien plus, lors même que la foule indique, par ses mur soit de lieu' d'assemblée pour le peuple, soit de marché
mures, des sympathies contraires à celles du chef, celui-ci pour la cité, nous aidera à comprendre les indications que
ne se croit pas obligé d'en tenir compte 36. Un passage, que l'on peut tirer des auleurs anciens ou des découvertes des
M. Friedreich a invoqué, n'est rien moins que décisif en sa voyageurs modernes sur ses dispositions architecturales.
«S Harpocr. s. v. tivSr,;ii,;. — :o Ikkker, Anecd. I, p. 210. — "> Od. X, 114. — 1839 : Wachsmuth, Hellcn. Alterthumskunde, 2« éd. t. I, p. 315 ex t.; Wcstcr-
si Od. IX, 112. — as Od. VIII, 23. — » Malien in lliad. wid Odyss. i' éd. mann, in Fauly's Iieal.-Encyclop. t. I, 2» éd. p. 577-381 ; Schtimann, Griech.
F.rlangcn, 1856. — M //. H, 225 et s. — II. ib. 275. — *> //. I, 24. — 37 //. Allerl/iûmer, 2« éd. t. I, p. 26-2!) ; Decker, Charikles, 2« éd. t. II, p. 124-160;
XVIII, 49" ; cf Hcsisd. Op. cl Dies, 37. — 38 od. II, 239. — 59 Od. Il, 26. — « Od. Crote, Itist. de la Grèce, t. II, p. 301 de la trad franc. ; Biichscnschutz,
XXIV, 420. — 41 /(. I, 54. — « Od. VIII, 7. — «S II. II, 72 cl sq. — U Corp. insc. Detit; und Erwerb, Halle, 1809, p. 470-474 ; E. Curtius, l'eber die Mârktc hellcn.
or. n. 85 ; Aeschin. Contra Ctesiph. § 27, n. 102. — *5 Bekker, Anecd. I, p. 327. — SUdle, 1848 ; Id. Atlische Studicn, 1865, II; Guhl, Lcben der Griechen, 2- éd.
" C. Lcoch. % 36, R. 1091. — DinLiocmmiE. 0. Miillcr, Ucber dit: alhcn. Agora, p. 115-120.
AGO — 133 — AGO
Homère, décrivant le bouclier d'Achille, nous montre le temples, des statues, entre autres celle en bronze de Mer
peuple assemblé à l'agora et les vieillards assis sur des bancs cure agoréen, ornaient cette place et la rendaient digne
circulaires en pierre bien polie1. 11 y a aussi dans la ville de la première cité grecque10. L'autre agora aurait existé
des Phéaciens, près d'un beau temple de Neptune, une au nord de l'Acropole, dans le quartier appelé Eretria. Le
agora voisine du port, pavée de pierres énormes habile portique dorique, construit à l'époque d'Auguste et qui
ment ajustées; Alcinoiis y conduit Ulysse ; ils entrent et se existe encore, aurait été une de ses entrées". Sur un des
placent l'un près de l'autre sur des pierres polies, qui pa pieds-droits de la porte on lit une longue inscription con
raissent être des places distinctes, réservées aux chefs (àfopa£ tenant un édit d'Hadrien relatif aux droits à percevoir sur
T£ xal estai*). les olives et les huiles.
L'agora de ces temps primitifs dut être simplement un Il faut lire dans Pausanias la description de l'agora de
espace découvert, entouré et rempli de boutiques et Mégalopolis1*, de celles de Corinthe", de Messène1*, d'Éla-
d'échoppes de marchands. Plus tard, avec le développe tée 1!, pour mesurer l'importance que les Grecs attachaient
ment de la civilisation, du commerce et des arts, des por à la décoration de leurs places publiques, et pour bien
tiques (<TToal; plus ou moins décorés offrirent un abri aux comprendre la fierté avec laquelle Eschine s'écriait dans sa
commerçants et aux citoyens réunis pour s'entretenir des harangue contre Ctésiphon : « Les monuments de toutes
affaires du jour et de celles de la cité. Le mot qui les dé nos belles actions sont dans l'agora. »
signe est quelquefois employé comme l'équivalent de place L'agora de Sparte, d'après le même auteur, était consi
ou de marché ! ; des sièges, des monuments honorifiques, dérable. Les Lacédémoniens, dit-il, ont à Sparte une place
des fontaines et des plantations , les temples surtout et les publique «qui mérite d'être vue18. » Et il énumère tous les
autels des dieux qui en étaient les protecteurs (dYopxîoi monuments qui la décorent. Ce sont d'abord les édifices
feol), les tribunaux et d'autres édifices publics, groupés à consacrés aux services publics, celui où s'assemblait le
l'entour, donnèrent au point central du commerce et des sénat , ceux où se réunissaient les magistrats appelés
affaires un caractère monumental et grandiose. Et il en EraoROi, nomophylakes ou bidiaioi ; le plus remarquable
fut ainsi dans les plus petites villes. Pausanias le démontre était le portique des Perses, ainsi nommé parce qu'il avait
en décrivant les agoras de Méthana en Troezénie *, de Gy- été construit avec le butin remporté sur eux. Puis deux
thium en Laeonie*, de Coronée en Messénie6, de Tégée temples consacrés l'un à César, l'autre à Auguste, diverses
en Arcadie7, et quand il énumère les temples, les statues statues, les temples de la Terre, de Jupiter Agoréen, de Mi
des dieux, les autels, les cippes et les monuments qui les nerve Agoréenne, de Neptune, d'Apollon et de Junon, et
décoraient. enfin une très-grande statue représentant le peuple Spar
« A Athènes, nous dit M. Perrot8, les assemblées pa tiate, une autre de Mercure Agoréen, etc.
raissent s'être tenues d'abord dans la vallée qui se creuse La description de l'agora d*Élis offre un intérêt particu
à l'ouest de la citadelle, dans l'espace que laissent entre lier. La place publique des Éléens, dit Pausanias, 17, ne res
elles les collines du Musée, de l'Acropole, de l'Aréopage et semble point à celles des Ioniens ou des autres villes
celle où l'on cherche ordinairement le Pnyx. Centre pri grecques qui les ont imitées, mais elle est faite à la ma
mitif de la cité naissante, cette vaste place fut ornée nière ancienne : les portiques sont séparés les uns des
d'arbres par Cimon, le vainqueur des Perses. Peu à peu, autres par des rues. Cette place porte maintenant le nom
celte place s'entoura de nombreux édifices; c'était là d'hippodrome, et c'est là que l'on dresse les chevaux. Le
que s'ouvraient au public le palais du Sénat (fiouWnîpiov) portique qui est au midi est d'ordre dorique, les colonnes le
et la plupart des tribunaux ; c'était là aussi que se trou divisent en trois parties. Les hellanodices ou juges des jeux
vaient réunies, comme aujourd'hui dans toutes les villes y passent presque toute la journée. Surl'area ne se trouvent
de l'Orient, les boutiques où s'achetaient les objets de que des autels mobiles, qu'on enlève sans doute pour les
toute sorte nécessaires à la vie ; c'était là que la foule se exercices des chevaux. Un autre portique, séparé du pre
pressait devant les comptoirs des changeurs et les échoppes mier par une rue, s'appelle Corcyraïque, parce qu'il a été
des barbiers. L'agora resta pour Athènes ce qu'était le construitavecle butin fait sur les Corcyréens. Il est d'ordre
Forum pour la ville aux sept collines, l'endroit où l'on se dorique, double, et a des colonnes sur la place publique et
trouvait sans cesse ramené par la curiosité, par la poli sur le côté opposé ; il n'y en a point au milieu, mais seule
tique, par les affaires, le point vers lequel affluait toute la ment un mur qui soutient le toit ; des statues sont placées
vie; pour tout dire en un mot, ce fut toujours le cœur de chaque côté de ce mur. Ce qu'il y a de plus remar
même de la cité. Mais à mesure que se développaient le quable dans la partie de la place publique qui est à décou
commerce et l'activité d'Athènes, cette place s'encombrait vert, c'est le temple et la statue d'Apollon Acésius. Dans un
de plus en plus. Il fallait pourtant avoir un espace libre et autre endroit sont les statues en marbre du Soleil et de la
commode pour les assemblées. C'est à cette fin que fut Lune. Les Grâces ont aussi un temple ; Silène a le sien.
préparée une enceinte qu'on appelait le Pnyx, où se te Pour finir, Pausanias cite encore un temple sans murs,
naient les assemblées ordinaires. » sorte demonoptère, dont les colonnes étaient en bois de
Ceci est l'agora ancienne, que Pausanias indique, mais chêne, et un édifice pour les femmes, appelées les Seize,
ne décrit pas d'une manière précise dans les nombreux qui tissaient le voile de Junon.
chapitres qu'il a consacrés au quartier qu'on appelait le W. Smith, dans son Dictionnaire, reproduit, d'après
Céramique*. On comprend cependant que des portiques Hirt, la restauration de l'agora d'Elis, qui ne paraît pas
décorés de peintures, de monuments nombreux, des acceptable. Pausanias dit qu'il y avait une place servant

AGOIIA. IV. _ 1 /(. XVIII, 437. — » Od. VI, 263 ; VIII, 16. — » Strub. XIII, 4, dcr Agora von Athen., GOtting. 1S65 ; C Bursian, De Foro Athcn., Zurich, 1863
*"■ — ' Pîuj. H, 34. — 5 Id. III, 21. — « Id. IV, 3». — ' Id. VIII, 48. — — 11 Stuart et Revelt. Antiq. d'Athènes; Canina, Arch. greca pl. 121. — '» Pan-
• G. Pwrot, Essai sur le droit public d'Athi-nes. Paris, 1867, p. 4. — » Paus. san. VIII, 30. — " ld. II, 2. — 1» Id. IV, 31. — I» Id. X, 3(. — » Id. III, 11. —
1,3-17, — " E. Curtius, Attische Studien, II, Dcr Kerameikos und die Gesch. » V, 24.
1. 20
AGO — iô'4 — AGO
aussi d'hippodrome, et cette place, en réalité, n'existe pas régulier entouré de portiques d'ordre dorique, et ouvrant
dans la disposition des portiques indiquée par Hirt. Les d'un côté sur le port avec lequel elle communique par une
portiques séparés les uns des autres par des rues, cela veut rangée de portes. Les traces de deux autels ont été recon
dire simplement, croyons-nous, que ces portiques ne se nues près de la colonnade, du côté opposé. Il y avait une
reliaient pas d'une manière continue ; des rues par les fontaine au milieu de la place. Nous reproduisons aussi
quelles on arrivait à l'agora venaient les séparer, mais (fig. 187) le plan de l'agora d'Antipliellus, dont les don
cela n'empêchait pas ces portiques de former, très -proba nées, très-modes-
blement, les quatre côtés d'une place rectangulaire, en tes, nous paraissent
forme de brique (tcXîvOo;), suivant l'expression qu'emploie du moins certaines.
Pausanias à propos de l'agora de Tégée '\ Pharae, en « L'agora s'étend,
Achaïe, est la seule ville que cite Pausanias avec Élis, dit M. ïexier13, sur
comme ayant conservé l'ancienne disposition. une terrasse au pied
Celle qui fut adoptée par les Ioniens, imitée ensuite dans de la colline de l'a j O S(U»
les villes de construction nouvelle, avait sans doute pour cropole ; les murs
caractère propre la continuité des portiques entourant la sont en appareil po 0 m
place et la fermant complètement aux chars et aux chevaux. lygonal ; les colon
C'est de cette disposition probablement que parle Vitruve nes des portiques
quand il dit10: «Chez les Grecs, la place publique est sont çà et là cou ŒU
« carrée. Tout autour régnent de doubles et amples por- chées par terre. Au }ORA
« tiques, dont les colonnes serrées soutiennent des arcbi- centre s'élève un
« travesde pierre ou de marbre avec des galeries au-dessus. ■ > piédestal rectangu
Malheureusement un bien petit nombre d'édiûces anti laire supporté sur
ques peuvent nous éclairer sur ce qu'était l'agora des Grecs, trois marches en
et pour en compléter l'idée, nous sommes obligés de cher pierre de taille, la
cher la trace des mêmes traditions et d'usages analogues face supérieure est Basilique
dans ce qui nous reste de constructions semblables chez les percée de quatre Fitr- 1S7. Plan de l'agora d'Antiphellas.
Romains [forum]. trous qui retenaient
M.Texier nous indique pourtant trois agoras, qu'il aurait une statue de bronze. On observe au nord de Vagora plu
retrouvées en Asie Mineure, à Pessinunte, à Cnide et à sieurs salles taillées dans le roc, qui dépendaient des ma
Antiphellus. La première !1 est une restauration imaginaire : gasins souterrains; en avant de ces chambres sont six silos
nous avons pu vérifier nous-mêrne qu'il ne reste pas trace creusés dans le sol : ce sont des greniers de forme ovoïde,
d'agora à Pessinunte; le plan de la seconde s'accorde avec de sept mètres de haut sur cinq de large ; c'est une preuve
qu'Antiphellus faisait un grand commerce de grains. »
On peut encore voir ce qu'ont écrit divers voyageurs au
sujet des ruines des agoras d'Aphrodisias sk, de Side ,s,
d'Assos **, de Termessos n, de Cyrène !\ etc.
Palladio, qui ne connaissait de l'agora des Grecs que ce
qu'en a dit Vitruve, a composé sur cette donnée un plan
très-beau, sinon très-conforme aux descriptions de Pau
sanias N. En. Guillaume.
AGORACIIOS ('Ayopa/b;). — Magistrat Spartiate, dont
le nom figure dans les inscriptions, mais dont les attribu
tions sont inconnues E. Caillemer.
AGORAIA TELÈ ('AYopxïa té\r,). — Droits perçus sur les
marchés1. On les trouve assez fréquemment mentionnés
soit pour l'Attique2, soit pour d'autres pays, entre autres
pour la Thessalie3.
Les tarifs, arrêtés par les agoranomes [agohanomoi],
déterminaient avec soin les taxes à percevoir pour chaque
I *?•* l •> O © O O O 9 3 O O '.< < catégorie d'objets (<xYop*vofiixô; vÔ'aoç). Ces tarifs étaient fort
détaillés, si nous en jugeons par ce l'ait que le droit sur les
anguilles n'était pas le même que celui payé pour les au
'v^ » » a •»«■ » «■ E^aa tres poissons *.
Quai La taxe était-elle exigible sur tous les objets mis en vente
Fifr. 186. Plan de l'agora de f.oide. dans le marché, ou seulement sur ceux qui avaient été
vendus? Il nous paraît vraisemblable que l'exposition suf
ceux qu'ont donnés les auteurs du recueil anglais des Anti fisait pour que l'impôt pût être réclamé Le droit de vente
quités dp. l'Ionie, et, plus récemment, un autre explorateur, portant le nom d'Ë-uW se distinguait du droit qui nous
M. Newton. Eile formait" (fig. 186) un carré à peu près occupe [eponia].
18 Paus. VIII, 48. — "9 VII, 22, 2. — » T, I. — *' Texicr, Voyage dans Wanderungen durch die Kïtstenlànder des Mittelmeers, I, p. 428. — 29 Pall.. 1 1 1, t".
l'Asie Mineure, I, pl. lxh. — M Ib. 111, c. i, pl. xxix ; Newton, Discover. at AGOHACUOS. 1 Bhein. Muséum fùr Philologie, l. XIV, p. S22.
ffalicarnassiis, Cnide and Branchidae, pl. l, p. 366. — M £. / m, pl. cxci. AGORAIA TELÈ. I Arist. Oecon. II, I, g 4, Didot, p. 63'.». — * Xcn. De c*ctig.
cxcil. — 24 Ionian antiq. III, c. u, pl. îv. — *5 Beaufort, Karamania. — *6 Texicr, IV, 49 ; ArUtoph. Acharn. 895. — S Dcmosth. Olynlh. I, § 22, n. 15. — k Sc/.oi.
L. I. livr. 9 et 10. — f Spralt and Forbcs, Travels in Lycia, I, 235. — '8 Barth, in Iliad. XXI, 203.
AGO — 155 — AGR
Les à-ppatot téà>î étaient perçus par les agoranomes, ou infliger de légers châtiments corporels, au moins lorsque le
plus exactement par leurs préposés5. Le scholiaste dit, il délinquant était un étranger ou un esclave, et voilà pour
est vrai, que les percepteurs étaient les logistes; mais il quoi, s'il faut en croire le scholiaste d'Aristophane ils
ne faut pas oublier que, pour lui et ses contemporains, le portaient habituellement un fouet. Lorsque le délit était
litre de logiste avait remplacé celui d'agoranome [logistai]. grave, ils devaient renvoyer le coupable devant les tribu
Le îtcCTÙXiov [diapylion] nous paraît distinct des àyopaïa naux ordinaires. Pour les contestations qu'ils ne voulaient
mt|. Tous les textes impliquent qu'il s'agit ici d'un droit pas immédiatement trancher à cause de leur importance,
perçu sur le marché, et non pas d'un droit perçu à l'en ils étaient chargés d'instruire le procès, et, lors du juge
trée de la ville. Les objets manufacturés à l'intérieur, et qui ment, ils présidaient le tribunal.
n'avaient pas à payer le SiomôXiov, auraient eu à payer le Si nous devions en croire Suidas u et Zonaras 15, les
u/o; à-yopS; ; les objets venant de l'extérieur acquittaient les agoranomes avaient encore dans leurs attributions le soin
deux droits. Aussi, dans les Achat-menu d'Aristophane6, de fixer le prix que chaque hétaïre pouvait mettre à ses
Dicéopolos prend-il, à titre de droit de marché, une an faveurs. Mais cette détermination d'un maximum, si elle
guille à un Béotien qui veut vendre les produits de son eût été en harmonie avec l'esprit général du droit athé
pays sur le marché d'Athènes et qui a dû payer déjà à nien, aurait dû, à plus forte raison, leur être confiée pour
l'entrée le droit d'octroi. le prix des marchandises exposées en vente18, ou pour le
Quelles étaient les bases adoptées pour la fixation des ta salaire que les gens de service réclamaient des personnes
rifs? Nous ne saurions le dire. Ce qui est certain toute qui s'adressaient à eux. Aussi est-il vraisemblable que les
fois, d'après les textes que nous avons cités, c'est que l'oyo- grammairiens ont fait une confusion, et que les agoranomes
fii t&o? n'était pas un simple droit de place ou de sta fixaient non pas la somme que les courtisanes pouvaient
tionnement exigé du vendeur; c'était un impôt perçu sur demander à leurs amants, mais bien le chiffre de la taxe
les marchandises et susceptible de procurer à l'État des (ropvixbv tAoç) que ces femmes étaient tenues de payer an
ressources importantes1. E. Caillemer. nuellement à l'État et qui était graduée suivant l'impor
AGORANOMOI ( Afopovojioc). — Magistrats quel'on peut, tance présumée de leurs profits.
à quelques points de vue, comparer aux édiles des Ro A Sparte, le nom primitif des agoranomes fut celui d'ép-
mains1, et quel'on trouve dans presque toutes les répu TcÉXiopot17; les inscriptions de l'époque romaine mentionnent
bliques grecques. Nous constatons, notamment par les plusieurs fois un agoranome à vie (aYopavofAo? aiwvto;) 18 ;
inscriptions, leur existence à Andania, Aphrodisias, Argos5, ailleurs, les agoranomes Spartiates sont présentés comme
Astypaléa, Athènes, Chypre, Cos, Crète, Délos, Egine, formant un collège de sept membres sous la présidence
Lesbos, Mégalopolis, Mégare ", Mésembria, Milet, Nyza, d'un 7rp£<j6ui;. E. Caillemer.
'tibia, Paros, Philadelphie, Samothrace, Sardes, Sicile, AGRAPHIOU GRAPHE ('Afpaœiou Ypatp-/]). — Aciion pu
Smyrne, Sparte4, Ténare 5 , Ténos, Thasos, Thyatira, blique, appartenant à la procédure athénienne et rentrant
Tralles, etc. Les papyrus égyptiens mentionnent également dans l'hégémonie des tuesmothètes '. Les anciens gram
leurprésence dans l'Egypte ptolémaïque 6. «Il faut, disait mairiens ne sont pas d'accord sur le fait qu'elle était des
Aristote7, qu'il y ait partout une magistrature chargée de tinée à réprimer. Pollux1, Harpocration, Suidas, VEtymo-
veiller à la police des marchés et de connaître des tran logicum magnum, les AéÇetç fijToptxaf, disent qu'elle était
sactions entre citoyens. » donnée contre les débiteurs du trésor, dont le nom, ré
A Athène-, il y avait dix agoranomes, désignés chaque gulièrement inscrit sur les registres publics, était ensuite
année par la voie du sort ", probablement à raison d'un par effacé sans que la dette eût été payée. D'après Hésy-
tribu. Cinq exerçaient leurs fonctions dans la ville ; les chius, ràYp*?£ou YP3t?,5 atteignait le débiteur qui avait réussi
cinq autres étaient employés au Pirée *. Ils étaient chargés à empêcher l'inscription de son nom sur les livres du tré
de veiller sur l'agora, d'y faire régner la décence et le bon sor*. Enfin, d'après YEtymologicum magnum et les A^st; pVr
ordre, et de prévenir, autant que possible, les fraudes •rop'.xou, elle aurait été quelquefois intentée xati tmv éyYpot-
dans les petites transactions commerciales, soit delà part (},ovto>v toù; n^i ô^ei'àovtixç, texte qui doit nécessairement Cire
des vendeurs, soit de la part des acheteurs10. Ils devaient ainsi rectifié : xat&TÛv ^ lYYPaeP<*VTai-' T°ù; &psîXovro(ç, c'est-à-
soigneusement inspecter toutes les marchandises autres dire contre les magistrats qui, manquant aux devoirs de leur
que les céréales, pour le contrôle desquelles une magistra charge, n'inscrivaient pas sur les registres les noms des débi
ture spéciale, celle des sitopuylakes, avait été instituée". teurs. Un texte de Démosthène condamne la définition d'Hé-
Ils délivraient aux citoyens, à titre gratuit, et aux mé sychius, et prouve que la première explication est exacte :
tèques et aux étrangers, moyennant le payement de cer « Pourquoi, dit mon adversaire, ne m'actionnez-vous pas
taines taxes, l'autorisation de vendre au détail leurs denrées par rdtYpxpt'ou Yf*?1^ puisque je suis débiteur du trésor et
sur la place publique. Ils avaient compétence pour juger que je ne suis pas inscrit sur les registres? — Mais, parce
les petites contestations qui s'élevaient à l'occasion des que la loi permet d'intenter l'érpafi'ou Ypay^i non pas contre
achats et des ventes, et pour prononcer de légères pénalités les débiteurs qui ne sont pas inscrits, mais bien contre ceux
contre les personnes qui se rendaient coupables de contra qui, ayant été inscrits, sont rayés sans que la république
ventions aux règlements du marché w. Ils pouvaient môme ait reçu le payement de leur dette5... » Ici, l'orateur fait
5 Sckol. in Aristophanem, Didot, 890, p. 24. — 6 Acharn. 895. — ^ Xen. De VI, 10; Steph. 763-7C4 ; cf. VIII, p. 849, et XI, 917 et s. — 1» Acharn. 724 ; cr. Poilu,
"""S- IV, 49. — IIibuogiuphie. Bôckh, Staatihaushaltung der Athener, 2* éd. X, 177. — •* S. ». iuiTf«|i|ii. — 15 P. 523. — « Plaut. Mil. glor. — 17 Heijch. ». ».
P- 438; Bûchsenschûlz, Desitz und Erwerb, Halle, 1869, p. 556 et 557. fyzUaf*. — 1» C. I. Gr. o. 1363, 1364, 1375, 1379. — BiBLloonirmi. Moicr, Al-
AGOIMUiOMtlI. ' Dion. Halic. VI, c. ic. — « C. 1. Gr. 1123, 1124, lias. — tisclte Process, Halle, 1821, p. 89 et s. — Schubert, De Homanorum aedilibus, K<>-
-»C. /. Gr. 1058. — * C. I. Gr. IUI, 1277, 1363, 136», 1375, 13711. — » C. I. nigsberg, 1828, p. 102-109 ; VVestermann, in Pauly's Real-Encyclopaedie, 2« éd. t. 1,
• — «Caillemer, Étude sur les papyrus du Louvre, p. 27 ut s. — 1 Politic. 1S02, p. 582-381 ; Biichsenschiiti, Desitz und Erwerb, Halle, 1869, p. 536 et suit.
VI, 5,{î. -SDrmu9th. Contra Timocr.% 112, R. 735. — «Harpocr. s. ». Atopavi»!,,. AGHAPHIOU GRAPHE. 1 Pollui, VIII, 88; Dcmosth., Contra Theoermem,
— 10 llwpocr. l.n. k.t* tv «iof«v aiwîilv ; cr. Dcmosth. C.Lepttnem. g », R. 459.— § 5î, R. 1338. — * VIII, 54. — 8 Ed. Bckkcr, I, p. 199. —* Cf. Phavorinus. —
LT"i', Ado. frum. g 16, D. 197. — « Aristoph. Yesp. 1406 et s. ; Plat. De légions, 8 Contra Theocrinem, g 51, U. 1338.
AGR — 156 — AGR

lire par le greffier le lexle de la loi, puis il ajoute : « Vous quent on ne peut effacer, sur lesquelles ne sauraient prévaloir
venez d'entendre la loi qui dit textuellement que, si un dé les lois humaines, qui n'existent ni d'aujourd'hui ni d'hier,
biteur du trésor public est rayé du registre sans que sa mais qui ont toujours été, et dont nul ne peut dire à quelle
dette ait été payée à l'État, l'action d^faipioy sera intentée époque elles ont été formulées *. » Cicéron, dans un pas
contre lui devant les Thesmothètes. Cette action ne s'ap sage fréquemment cité', n'a fait que reproduire, en les pa
plique donc pas aux débiteurs qui ne sont pas inscrits. raphrasant, les pensées du poëte athénien. E. Caillemer.
Contre ces derniers on emploie l'fvî«Çiî et d'autres moyens AGRARIAE LEGES. — Les lois agraires, qui tiennent
de répression6. » On ne peut pas croire que Démosthêne une si grande place dans l'histoire de la république romaine,
se fût montré si affirmatif, s'il avait eu contre lui, outre le avaient pour objet la division, la colonisation, la limita
sens apparent de l'expression, le texte formel de la loi. Il tion ou la reprise de tout ou partie de l'ager publient. Ce do
faut donc dire que le législateur avait pris les mots «-/px- maine de l'État était en principe essentiellement impres
tfîou dans une acception particulière, par opposition criptible et inaliénable sans une autorisation émanée du lé
à l'oYfa;p(ou ÉvSeiStç7. —• Quant à la troisième définition, gislateur, c'est-à-dire primitivement du roi, puis du sénat,
aucun texte ne nous permet de dire si elle est conforme à enfin des comices. Cette proposition, aujourd'hui admise
la vérité8, ou si elle est due seulement à une explication sans contestation dans la science1, suffit pour faire justice
étymologique du mot d^paotov. de l'erreur vulgaire sur la nature et le caractère des lois
Il est probable que, lorsque l'action était reconnue bien agraires. Jamais à Rome ces lois n'ont eu pour objet de
fondée, non-seulement le nom du débiteur était rétabli sur porter atteinte à la propriété privée (ager privatus) ; ce n'est
les registres, mais encore une pénalité lui était infligée qu'à l'époque des proscriptions de Sylla et des triumvirs,
pour réprimer la faute dont il s'était rendu coupable9. que des colonies militaires furent établies dans certaines pro
E. Caillemer. vinces d'Italie, en vertu d'actes dictatoriaux qui autorisaient
AGRAPHOU METALLOU GRAPHE (j^pc^u pniXko» la spoliation des véritables propriétaires ; mais cet abus de
Ypotf^). — Action publique appartenant à la procédure athé la force est étranger aux véritables leges agrariae [colonia] *.
nienne et rentrant dans l'hégémonie des thesmothètes. L'ager publicus, commeonl'a dit ailleurs, prit naissance
Elle était intentée contre celui qui exploitait clandestine en même temps que Rome elle-même, et s'accrut sans cesse
ment une mine. Le législateur athénien exigeait des ci avec ses conquêtes. Une partie en fut consacrée dès l'ori
toyens qui se livraient aux travaux des mines une rede gine, sous le nom de pascua, à la dépaissance commune,
vance annuelle égale au vingt-quatrième de3 produits de moyennant un droit (vectigal) perçu par tête de bétail envoyé
la mine. Pour assurer le recouvrement de cet impôt, la à la pâture', et représente parfaitement nos pâlis ou com
loi imposait à tout concessionnaire du droit d'exploiter munaux. Le surplus, quand il était limité, c'est-à-dire ré
une mine une déclaration préalable à l'ouverture d'une gulièrement mesuré, fut donné à bail plus ou moins lont,
nouvelle galerie ou d'un nouveau puits d'extraction. Celui [ager vectigalis] ou vendu (ager quaertorius). Quant aux
qui ne se conformait pas à cette injonction était exposé à terrains vagues, ou bien ils furent également employés au
l'action àypâcpou jjLEtoéXXou. Hypéride ', fait allusion à un pro pâturage, ou s'ils étaient susceptibles de défrichement, con
cès intenté à des citoyens qui se sont entichis en ne décla cédés en possession indéfinie, mais toujours révocable au
rant pas leurs mines: ï\ aÊva7roYpâçMv (/.erâ^Abiv. E. Caillemer. gré de l'État, moyennant la dîme des moissons et le cin
AGRAPIIOI NOMOI ("Aypaoot vo'poi). — Ces expressions, quième des produits des arbres à fruit, sous le nom d'agri
reproduites par Ulpien1, paraissent désigner à première ocçupatorii, à ceux qui pouvaient les mettre en culture.
vue le droit non écrit, c'est-à-dire les usages, les coutumes, Ces fonds s'appelaient aussi arcifinit ou arcifinales, à cause
par opposition au droit écrit, aux lois proprement dites. de l'absence de limitation augurale par les agrimensores.
S'il faut en croire une loi singulière, plusieurs fois men Mais il paraît que dans l'origine le droit d'occuper ainsi
tionnée par Andocide1, cette source du droit n'aurait pas Vager publicus en vertu de l'édit qui en autorisait la mise en
joué un grand rôle devant les tribunaux d'Athènes, puis culture, fut, à la différence de la dépaissance communale
qu'il aurait été expressément défendu aux magistrats de la et de la location de l'ager vectigalis, réservé aux seuls pa
consulter en aucune matière . triciens. Ceux-ci en faisaient sans doute des concessions
Les Grecs ont encore employé les mots àfpaipot vo'(xoi dans précaires à leurs clients, mais la clientèle n'embrassait
un sens plus élevé et plus philosophique, pour désigner le pas toute la plèbe [plers]. Celle-ci était donc réduite :
droit naturel par opposition au droit positif. Ces loisavp* 1° à la pleine propriété de deux jugera formant I'heredium
epot, d'après Xénophon3, sont celles qui existent pour tous attribué, disait-on, par Romulus à chaque chef de famille ou
les pays, qui n'ont pas été faites par les hommes, mais que de maison, pour toutes les décuries dans le premier partage
les dieux ont inspirées aux hommes. On sait la belle défini du sol romain (si toutefois on admet l'existence de la pro
tion que Sophocle en avait donnée : «prescriptions divines, priété individuelle, surtout pour les plébéiens, avant Numa
qui ne sont pas écrites (aypazTa vouuaa), et que par consc- ou Servius Tullius)4; 2° à la faculté d'envoyer ses bestiaux
• Eod. loc. g 52. — 7 Bockh, SlaatshausUaltung. 2" éd. I, p. 510 et note c. — 4, §§ 18 et 19. — * Autig. 450. 454. — 5 Pro Milone, IV, 10; cf. les traités De
Splatncr, Process md Klagen, 1, 117 et 119 ; Wcslermann, in Pauly'», Heal-Eiicycl. legibus et De repubtica.
1. 1, 2" éd. p. 585. — »Heffier, Athen. Gerichtsverf. p. 168. — Biilioguniu. Mcier AGRARIAE LEGES. 1 Tit. Lit. IV, 51 ■ Agraria- Icgis, quae possesso per
et Schtimann, Altisclic Process, 182», p. 353-354; Otto, De Atheuiensium aclioni- injuriam agro publico patres pelicbat ; • cf. Giraud, Du droit de propr. chez les
bus publias, 1S:,2, p. 22-25. flom.p. 159, et l'article Ager fudlicus. — *Hudorff, Itômisch. Jlechtsgesch. I, g 1G,
AGRAPIIOU METALLOC GRAPHE. 1 Suidas, S. ». et Zonaras; cf. Bckker, p. 39, et d'autres auteurs restreignent même davantage le sens des irots legcs
Anecdota, I, 13'.. — 8 Pro Euxeaippo, § 32, Didot, p. 380. — BiBtioonipnis. Bùckh, agrariae, en les appliquant seulement aux lois relatives au retrait des concessions
Abhandl. dur Berlin. Akad. d. Wiss. 1815, p. 129 ; Mcier, Attische Process, p. 351 ; révocables faites sur Vager publicus, ou possessiones. Mais cette opinion ne parait
Olto, De actionibus publias Atheniensium, p. 32 et s. ; Raogabé, Mémoire sur les conforme ni à la nature des faits, ni au langage romain, puisque dans le cas de divisiones,
mines du Laurium (lu à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1872, et en ou de deductio coloniae,\\ s'agissait toujours de l'emploi de l'ager publicus.— ' Walter,
core inédit). Gesch. des rôm. Rechts, 3' éd. I, § 18, p. 28 ; § 37, p. 62 ; Varro, De re rust. 11,1.
AGRAPIIOI NOBOI. t I» J, g i, D. De justitia et jure, I, 3. — s De mysl. — * Voy. Agir romahus fl-rliccs, doiiimlh, hkrevich ; Varro, De re rust. 1, 10 ; Plin.
S§ S5, 87, 89 : Avpôeu, ^fyu -ràç 4px«î Z?*t«*«l Pl^i wpi ëvoç. — 3 ifcmor. IV, Ilist. nat. XIX, 13 ; Mommscn,/?ôm. Gesch. 1, 13 ; \o^t, Binajugera, in Ith. Vus. 18M.
AGR — 157 — AGR
sur les pâturages publics; 3° à celle de prendre à bail les résistances de la noblesse l'avaient forcé de se contenter
agrivectigates, faculté que l'absence de capital ne permettait d'un palliatif. Servius Tullius, d'origine plébéienne ou
guère aux plébéiens d'exercer. Cependant le nombre des étrangère, opéra une réforme plus radicale. Non content de
plébéiens s'accroissait sans cesse à Rome*. Il fallait donc faire unenouvelle division de la ville en quatre tribuslocales,
pourvoir à la subsistance de cette foule. Ce fut l'objet des et de I'ager romands en vingt-six régions ou tribus, il y
premières lois d'assignations ou de divisions de Yager pu comprit indistinctement tous les citoyens, même plé
bliais, dues aux rois de Rome, et que l'on peut très-exac- béiens, domiciliés dans leur circonscription". Bien plus,
lement, d'après notre définition, ranger parmi les leges afin d'asseoir sur une base plus large sa nouvelle insti
agrariae. tution du cens et des comices par centuries, il fit un par
I. Des lois agraires sous la royauté. — Que des plébéiens tage considérable des terres de Yager publicus entre les
aient été admis ou non au premier partage qui constitua chefs de famille plébéiens. Chacun d'eux reçut la pleine
l'ayer privatus, toujours est-il que des assignations ou par propriété d'un lot, non de deux, mais de sept jugera; ce
tages postérieurs de Yager publiais, transformé pour partie fut désormais la règle dans les plebeiae assignations 19. 11
en domaine privé, eurent lieu sous la royauté', précisé n'est pas douteux que dès cette époque au moins la pro
ment à raison du développement de la plèbe, et du privi priété individuelle ne fût légalement substituée à l'an
lège réservé aux patriciens et aux clients d'occuper more cienne propriété de la gens patricienne, et accessible aux
mojorum les terrains conquis. En effet, le système en vi plébéiens comme aux clients. Ainsi une partie considé
gueur n'eût laissé aux plébéiens d'autres moyens d'exis rable de l'oser publicus fut alors transformée en ager priva
tence que les travaux manuels de la ville, fort méprisés tus et soustraite aux usurpations des patriciens", ou à leur
dans les préjugés antiques, ou le pillage à la guerre. Si on occupation exclusive. En effet, suivant Denys d'Halicar-
concède même que chaque famille de la plèbe ait eu les nasse, le roi avait révoqué les concessions déjà faites, ou
deux jugera de Yheredium, cette étendue de 50 ares revendiqué les terres usurpées, en fixant un délai à ceux
40 centiares eût été à peine suffisante en moyenne à la sub qui avaient traité ces possessiones comme de véritables
sistance annuelle de deux ou trois personnes7. Aussi voit- propriétés ex jure Quiritium; il appelait à concourir au
onNuma partager en lots aux citoyens les terres conquises partage les plébéiens non encore apportionnés. Cette
par Romulus': s'agit-il d'une transformation du partage partie de la réforme de Servius Tullius, qui souleva
primitif de Romulus et de la substitution de la propriété le plus d'inimitiés de la part des usurpateurs dépossé
individuelle à la communauté familiale, ou biend'unnou- dés, fut aussi le motif qui, d'après Tite-Live, rallia au
veau partage, par familles, des terres conquises demeurées tour de Tarquin le Superbe le sénat et les patriciens *°.
indivises entre les mains de l'État? Nous inclinons à croire" L'histoire ne nous apprend rien de ce qu'il fit relative
qu'il s'agit d'un second partage tendant à satisfaire les fa ment aux lois agraires de son prédécesseur; peut être
milles pauvres, au moyen de Yager publicus acquis depuis subsistèrent-elles, car on voit que le nouveau roi s'aliéna
la première assignation. On voit ensuite, suivant l'histoire les patriciens, peut-être pour ne pas avoir tenu ses pro
traditionnelle, Tullus Hostilius distinguer dans Yager re- messes; il les décima et éloigna le sénat des affaires pu
gius, séparé primitivement de Yager privatus et du pascuus bliques. Cependant Tite-Live" attribue à Tarquin un par
publicus, deux parties : l'une considérée comme son pa tage des biens confisqués sur les principaux citoyens de
trimoine privé, lui paraît suffismte à l'entretien du roi et Gabies entre les pauvres de cotte ville alliée; mais sans
du culte; l'autre est partagée entre les citoyens 10. On ne doute il ne faut voir là qu'un acte particulier de despotisme.
peut guère douter que les plébéiens n'aient été admis aux II. Des lois agraires sous la république, jusqu'à la mort
partages postérieurs attribués par le môme historien à de Spurius Cassius. — L'expulsion des rois, qui substitua
Ancus Martius" qui établit la plèbe sur l'Aventin. Tar- à leur autorité celle des consuls et du sénat, paraît
quin l'Ancien voulut créer trois tribus nouvelles, afin d'y avoir été une révolution tout aristocratique ; elle profita
faire entrer les plébéiens avec des droits égaux à ceux des très-peu dès l'origine à la plèbe, qui n'obtint ni le jus con-
citoyens des anciennes tribus"; mais la résistance de nubii avec les gentes patriciennes, ni le droit de prendre
celles-ci le força à se borner à une modification de l'état part comme elles à l'occupation des terres vagues de Yager
de choses existant ; au moyen des vides opérés par le publicus, lorsqu'elle était autorisée par édit, moyennant
temps dans les curies primitives, il réduisit leur nombre à une dîme payée par le possesseur. On crut avoir assez fait
neuf par tribu et introduisit de riches familles plébéiennes pour les plébéiens en leur accordant le pillage des meubles
dans la dixième curie de chaque tribu Ces nouvelles des Tarquins"; leur domaine privé (ager regius) assez con
gentes patriciennes fournirent 150 nouveaux sénateurs, sidérable et situé entre la ville et le Tibre, fut consacré à
nommés patres minorum gentium" [senatds]. Mais la masse Mars et devint le champ de Mars ; la récolte même fut
des plébéiens demeurait en dehors de cette organisation; jetée à l'eau par scrupule religieux. Cependant, suivant
c'est sans doute ce qui conduisit Tarquin à fonder la colo Cicéron et Pline les immeubles royaux avaient été
nie de Collatia", pour attribuer des terres aux plébéiens rendus publics, ou même partagés ; mais le premier pas
non compris dans les précédentes divisions de l'amer pu sage s'entend très-bien" de la propriété commune de
blicus. Ceci peut nous expliquer comment on n'attribue celle partie de Yager publicus dont le peuple conservait
aucun partage à ce roi cependant réputé populaire18. Les l'usage, veluti rerum publicarum vel universitatis a.

1 lit- LU. I, U, 30, 43 ; Dionys. Il, 35, 50, G2 ; 111, 1, 29, 30, 31, 37, 38, 43. — saccrdoles ; Waltor, Op. /.note 23. — » Dionys. III, 50 ; Tit. Ui. I, 38. — <e Macé,
«Siebuhr, Him. Gcsch. I,4Î8, 442; Engclbregt, De legib. agr. ante Grucch. p. 18. Op. I. p. 131. — 17 Dionys. IV, 14, 15 ; Varr. Ap. Non. Mare. I, 205. — I* Dionys.
- * J'acé, Da lois agr. chez les Rom. — » Cic. De rep. II, 8, 14. — » Dionys. liai. IV, 9, 10, 13; Tit. Liï. I, 46; V, 30; Zonar. VII, 9; Varr. /. (.; cf. Plin. Hist.
U, »i ; Plut Xuma, SI ; et Paraît. Lye. et Numa, 4 et 5. — '« Dion. Hal. 111, 1 ; Tit. nat. XVIII, 4; Colura. § 13. — " Macé, p. 129. — «° Tit. LW. I, 46, 47, 48;
Li'.l, 30. -11 xit. Lit. I, 33, 38; Dionys. 111, 50; Engclbregt, op. t. p. 31. — Macé, p. 130; Engclbregt, p. 31. — «' I, 54. — « Tit. Liv. Il, 1 à 3. — « Cic.
» Fntus,i. t.Kaiia; Dionys. III, 71, 72 ; Zonar. VII, 8 ; cf. Cic. Dcrepubl. II, 20; Til. De Icyc agr. H, 31 ; Plin. Hist. nat. XVIII, 4. — « Macé, p. 134. — «» Cf. Marc,
Li». L. 36— U\Valtcr, D6m. Ilechtsgesch. 1. g 27, p. 44. — t* Fcstus, s.v. sel Vcstac fr. 4, § 1 ; fr. 6, pr. et § 1 Dig. De rei: divis. I, 16.
AGR — 138 - AGR
Quant aux sept arpents que Pline prétend avoir été d'exploitation de Yager publicus, l'une des causes de la
concédés aux plébéiens, aux dépens des Tarquins, ce nou misère extrême de la masse. Cependant l'initiative à cet
veau partage peut avoir porté, si le fait est exact, sur les égard ne paraît pas être sortie du tribunat ; car Spurius
domaines royaux les plus éloignés de Rome. Ce serait la Cassius Viscellinus, l'auteur du projet de loi agraire dont
première lex agraria républicaine ; mais les autres histo nous allons parler, appartenait à une famille patricienne ;
riens n'en parlent point, ou même, comme Tite-Live, sem il était même consul en 486 av. J.-C. S7, lorsqu'il conçut
blent contredire ce fait extraordinaire d'une loi démocra une loi, qui peut se résumer ainsi : 1 0 le domaine de l'État
tique émanée de l'initiative patricienne. ou ager publicus sera limité et mesuré; 2" une partie en
Un peu plus tard l'histoire nous signale quelques con sera divisée et assignée aux plébéiens en pleine propriété ;
cessions individuelles faites avant Spurius Cassius, à titre de 3° une autre sera régulièrement louée moyennant une
récompense nationale, aux dépens de Yager publiais ; mais redevance dont le montant sera versé à Yaerariurn, pour
aucune lex agraria proprement dite. Ainsi le sénat accorda être employé aux dépenses de l'État ; 4° les concessions
à Horatius Coclès la surface de terrain qu'un sillon de faites aux patriciens des agri. oecupatorii sous la condition
charrue pourrait entourer en un jour ,8. Suivant Denys, de révocabilité seront effectivement révoquées, et les ter
Mucius Scaevola aurait obtenu la môme étendue de terrain ; rains usurpés (possessiones ou agri vecligales), seront reven
mais Tite-Live parle seulement des prés nommés depuis diqués s8.
Mucia prata r, situés au delà du Tibre. Ces faits ne font Spurius Cassius , personnage considérable , qui avait
que confirmer par des applications particulières le droit qui rempli trois fois les fonctions de consul, et triomphé des
appartenait à l'État de transférer la propriété d'une partie Sabins, des Latins et des Herniques, après avoir imposé
de Yager, comme d'en faire des concessions révocables. aux derniers une paix dont les clauses furent ratifiées par
Ici Tite-Live se sert des mots datum et dono dedere, qui le sénat59, proposa dans une rogatio au peuple [lex] d'attri
impliquent translation de propriété ss ; de plus il attribue buer au domaine public romain la moitié des deux tiers
au sénat, alors investi d'une autorité exclusive sur les du territoire annexé, et l'autre moitié aux Latins, alliés de
finances de l'État, la donation faite à Mucius : patres dono Rome depuis la bataille de Régille ; puis de revendiquer les
dedere. autres terres anciennement usurpées sur Yager publicus,
Le sénat avait donc alors la faculté de disposer des terres pour les partager entre les plébéiens romains. Il paraît
de Yager publiais. Néanmoins, malgré l'accroissement de que ce projet fut annoncé par le consul, après son triomphe,
la population plébéienne et les charges que le service dans le discours solennel où, selon la coutume, il rendait
militaire non encore soldé faisait peser sur elle, le sénat compte de ses exploits. Il se présenta comme le défenseur
n'eut pas la sagesse de prévenir ou d'alléger sa misère S9, des intérêts de la plèbe et lui promit une loi de partage,
en l'autorisant à défricher les terres vagues de Yager pu puis le lendemain il soumit au sénat une proposition 40 à
bliais ; encore moins lui accorda-t-il de nouvelles divisiones. l'effet : 1° de restituer au peuple les sommes par lui payées
Les patriciens, seuls détenteurs des capitaux, continuèrent pour l'achat du blé donné gratuitement à la république
d'abuser par l'usure de la misère des petits propriétaires par le roi Gélon cinq ans auparavant 41 ; 2" d'opérer un
plébéiens [nexum, foenus|, et d'occuper exclusivement 30 partage de Yager publicus d'après les bases indiquées plus
les agrioccupatorii, ou môme de s'en attribuer la propriété haut. L'annonce seule de ce projet excita tout d'abord une
ainsi que celle des agrivectiyales31 ; il faut remarquer ensuite grande émotion dans la plèbe, et la crainte chez les patri
que ces possessiones n'étaient point portées au cens, puisque ciens de voir une nouvelle retraite {secessio). Les sénateurs
les détenteurs n'en avaient pas la propriété ex jure Quiri- n'osèrent pas repousser d'une manière absolue un projet qui
tium ; elles ne payaient donc pas le tributum ex censu, mais tendait à dépouiller une quantité considérable de déten teu rs
seulement la redevance ou la dîme, dont les débiteurs patriciens ou leurs ayants cause, mais qui était conforme
puissants trouvaient aisément à s'affranchir S! [hominium, aux principes du droit public en vigueur. Le parti nobiliaire
census, tributum]. Ainsi la plèbe supportait, outre la charge eut recours à deux moyens : il proposa premièrement un
du service militaire, la plus forte part de l'impôt " ; de là projet modifié de nature à satisfaire les désirs des plé
la nécessité d'emprunts écrasants, l'emprisonnement d'une béiens ; puis il suscita les passions contre Cassius, défec-
foule de débiteurs insolvables **, ou la vente en masse de tionnairede son ordre, en l'accusant d'aspirer à la tyrannie,
leurs biens et la saisie de leurs enfants 3!. et d'enrichir les alliés latins et herniques aux dépens de
Les guerres contre les Latins, les Herniques et les Èques ses concitoyens. Celte habile tactique devait réussir. Sui
retardèrent quelque temps l'explosion. Après la création vant Denys, le célèbre Appius Claudius, l'un des chefs des
de la dictature, en 501 av. J.-G , la secessio de la plèbe sur patriciens, proposa lui-même au sénat, après la présenta
l'Aventin ou sur le mont Sacré amena la création du tri tion du projet de Cassius, de faire reconnaître et dé
bunal, en 494, et l'institution des comices par tribus, qui limiter Yager publicus par des commissaires chargés d'en
bientôt condamnèrent Coriolan, pour son opposition à revendiquer les portions usurpées, c'est-à-dire non aliénées
une loi 56 tendant à faire vendre à bas prix le blé donné par en vertu d'une loi, et en même temps d'écarter absolument
Gélon, roi de Syracuse. Les leges sacrae [lex] avaient concédé tout partage en pleine propriété de Yager publicus ; mais
aux plébéiens des chefs et des assemblées régulières ; ils de louer pour cinq ans la partie non aliénée, moyennant
devaient profiter de ces moyens légaux pour poursuivre la une redevance dont le produit serait employé à fournir
réforme du système en vigueur relativement au mode une solde [stipendium] aux soldats citoyens. Sempronius
«Tit. Liv. II, 10; Dionys.V,p. 290, D ; Macé, Loisagr.p. 136.— 2V Dion. /. i. / Tit. 33 T. Liv. VI, 32 ; IV, 60 ; V, 10 ; Walter. Op. I. I, § 61, p. 89. — 3» Tit. Liv.
Liv., Il, 13— « Gain?, fnstù. Comm. IV, § i ; Paul. Fr. 35, g t ; Dig. De mort. caus. II, 23 ; V, 36. — 33 Tit. Liv. II, 24. — Voy. Legïs rucMKSTiaijK ; Tit. Liv. II,
douât. XXXIX, 6. — s» Engelbregt, p. 33 et suiv. ; Lange, Itôm. Altcrthilmcr, 31, 40; Dionys. VII, 1; Engelbrcgt, p. 47 et suiv. — 37 Macd, p. 146; Paul.
I, § 69, p. 507 et sui-v. — 50 Walter, ROm. Rechtsrjesch. 1, § 61, p. 89; T. Liv. Manut. in Craev. Thes. H, p. 1062. — 3« Dion. VIII, 69-76 ; Tit. Liv. Il, 41. —
IV, 51, 53 ; Dion. VIII, 70, 73, 74 ; X, 33, 37. — »1 App. Dell. cic. I, 7 j T. Liv. 39 Dion VIII, 69. — *0 Schaller, Von Ager public, vor. Gracch. Marburg, 1869.
V, 51 ; Sali. Fragm. I ; Engclbregt, p. 31. — Si T. Lit. IV, 36 ; Dion. VIII, U. — — M Diora. VII, !0, 76; VIII, 69, 71-76 ; Stahl, De Sp.Cass. leg. agr. Col. 1869.
AGR — 159 — AGR
Atrarinus approuva Appius Claudius d'avoir refusé d'ad plébéiens une apparente satisfaction : c'était un des résul
mettre les alliés au partage, mais il pensa qu'il était pru tats attendus des lois agraires, qui ordonnaient de con
dent de garantir au peuple, par un sénatus-eonsulte, le sacrer à la solde une partie du vectigal ou des dîmes à
partage promis par le consul Spurius Cassius. On finit payer par les concessionnaires de Yager publicus ; mais le
par accorder les deux avis précédents " : des décemvirs stipendium continua d'être prélevé sur le tribulum ex rensu,
devaient être nommés pour reconnaître les terres de Yager tandis que les usurpateurs ou fermiers patriciens se dispen
publiais et désigner celles qui seraient partagées en pro saient souvent de payer leurs redevances 80. D'ailleurs tout
priété à la plèbe, et celles qui seraient données à bail l'avoir de la plèbe consistait dans l'nEREDiuM et les jugera
moyennant une redevance destinée à fournir une s aide assignés à diverses époques, en pleine propriété, qui figu
aux plébéiens. Les terres litigieuses seraient vendues. Quant raient au cens, sans déduction des dettes M. L'injustice la
au droit des plébéiens au partage, ce n'était qu'un retour plus criante qu'ils subissaient consistait dans le monopole
aux pratiques de la royauté ; d'ailleurs, une clause du sé- réservé aux patriciens de l'occupation par édit des terres
natus-consulte en renvoyait l'exécution aux consuls de vagues nouvellement conquises
l'année suivante. Les patriciens se réservaient ainsi le moyen La prise de Rome par les Gaulois M vint augmenter en
d'annuler l'influence de Cassius, et de rendre au besoin core la misère de la plèbe qui fut portée à son dernier
leurs promesses illusoires. La rogaiio de Cassius ne put terme par les emprunts usuraires Les dettes laissaient
aboutir devant les comices centuries M; elle fut paraly les plébéiens, au point de vue politique, entièrement livrés
sée en effet par I'intercessio de l'autre consul, Proculus à l'influence de leurs créanciers patriciens !e.
Virginius **, sous prétexte qu'on ne devait admettre au Les plébéiens tombèrent dans un abattement qui leur
partage actuel que des citoyens romains ; d'un autre faisait considérer comme inutiles toutes les conquêtes po
côté, les patriciens étaient parvenus à obtenir des alliés litiques précédemment obtenues, lorsqu'ils furent ranimés
dans le collège des tribuns. L'un proposa de rejeter seu en 376 av. J.-C. par les rogations de C. Licinius Stolo".
lement l'article de la rogatio relatif à l'admission des Licini us appartenaitàune famille plébéienne, mais noble. Un
alliés au partage ; mais ce tempérament fut écarté par membre de sa famille avait rempli l'année précédente les
Spurius Cassius, soit, dit très-bien M . Macé *', « qu'il eût fonctions de tribun militaire, consulari poteslate ; mais jus
des engagements formels avec ces peuples, soit plutôt que qu'alors la plèbe n'avait pu faire arriver au consulat aucun
ce grand citoyen eût déjà conçu ces plans d'unité et d'as homme distingué, ce qui eût été le seul moyen d'assurer
similation des peuples que devaient essayer les Gracques, l'exécution des lois populaires, ou la présentation au sénat
Scipion l'Émilien, César ; qu'il voulût faire de Rome la de motions favorables63. C'est ce qui explique pourquoi Li
capitale, et non la dominatrice des nations italiennes. » cinius joignit à sa rogation politique des propositions de
Ce refus perdit le réformateur aux yeux de la plèbe égoïste ; nature à toucher directement les intérêts plébéiens ; ce sont
elle ajouta foi aux accusations banales d'aspiration à la celles qui se rapportent aux dettes et à l'amer publicus. Habile
tyrannie, dirigées contre le transfuge du parti patricien'8. et influent par sa richesse, il conçut donc ses trois rogations
Aussi à peine fut-il sorti de charge, qu'on l'accusa devant comme un système complet et indivisible, dont toutes les
les comices, et qu'il fut condamné et mis à mort. Le sénat parties se soutenaient mutuellement, et les présenta de
se dispensa, après sa victoire, de faire exécuter par les con concert avec son gendre L. Sextius Lateranus, égale
suls le sénatus-consulte dont il avait leurré les plébéiens w. ment tribun de la plèbe, jeune et plein d'énergie. Tite-
Ceux-ci continuèrent d'être exclus du droit d'occuper Live attribue l'initiative du projet à M. F. Ambustus, qui
les agri occupatorii conquis au prix de leur sang ; Yager aurait conseillé les deux tribuns. Comme d'habitude, il se
publicus ne fut ni mesuré ni délimité et demeura en proie borne à une très-brève analyse des trois projets de loi :
aux usurpations des concessionnaires des possessiones ; au lapremière rogation tendait à déduire du capital des dettes
cune partie n'en fut partagée entre les plébéiens, toujours les intérêts déjà reçus, en répartissant le payement du sur
voués à une profonde misère ; mais depuis lors le projet plus en trois termes d'un an. Cette mesure, conforme aux
de lex agraria fut repris plus d'une fois, sur les plaintes idées antiques sur le pouvoir du législateur et inspirée par
de la plèbe, par des tribuns que le sort de Cassius ne dé des circonstances extraordinaires, nous paraît contraire à
couragea pas. la foi des contrats et à une saine économie politique; ce
III. Des lois agraires jusqu'à celle deLidnius Stolo inclusive fut cependant celle qui souleva le moins d'objections, parce
ment. — La loi Licinia, qui par son importance mérite un que les autres rogations tendaient à assurer aux créan
examen spécial, fut précédée de tentatives de lois agraires ciers le payement de créances en général réputées mau
{lex Mnecilia et Metilia en 417) qui n'aboutirent point et sur vaises, ainsi qu'on le verra bientôt. La seconde limitait la
lesquelles les historiens ne nous ont laissé que des rensei possession de Yager publicus à cinq cents jugera; la troisième
gnements incomplets et contradictoires. Nous nous borne interdisait les comices pour l'élection des tribuns mili
rons à indiquer rapidement quelques points principaux en taires, et les rétablissait pour celle des consuls, dont l'un
renvoyant, pour plus de détails, aux auteurs spéciaux. devait toujours être choisi parmi les plébéiens. C'était leur
Quelques tentatives eurent pour résultat de faire con ouvrir enlin le chemin du gouvernement, en assurant entre
céder par le sénat des fondations de colonies ; il se débar les deux ordres l'égalité politique. Tite-Live dit encore50
rassait ainsi de la partie la plus remuante des plébéiens". que septans après, pour compléter cette loi, une autre ro
L« concession d'un stipendium aux soldats 49 donna aux gation fut ajoutée, tendant à la création de decemviri sacris
i! Oionvs. VIII, 76. — W Tit. Lit. H, 41; Dion. VIII, 71, 72, 76; Lange, Rûm. Al- 36, 48, 59, 60; V, 10. — " Dionys. VIII, 74; Tit.LW.IV, 36; V, 12. — M Tit. Liv. IV,
I, p. 522. — Tit. Lit. II, 41. — *» Lois agr. p. U2. — 46 Engclbregt, 60; V, 10 ; Waltcr, n" 62;Xicbuhr, ROm. Oesch. 1,64b. — » Tit. Lit. IV, 51,53 ; VI,
p. W -t. cep, zumpt, Crim. hecht, I, I, p. 236 et s. Berlin, ( SOS. — «Dion. Il et sq. ; Dionys. VII, 70, 73, 7* ; X, 32, 37. — » Tit, Liv. V, 41, 55 ; VI, 32 ; Diod.
"3, 75, 76, 81.— M Waltor, 110m. ReehUgach. I, § 61, p. 89; Tit. Liv. 11,43, XIV, 113; l'lut. Camill. 17. — 65 Tit. Lit. VI, 11, 14, 15, 17, 18, 27, 31, 32, 34, 33
**. *',52,M, 61,63; m, 1 ; IV, 47; V, 24; VIII, 17; X, 6; Lange, I, p. 525 et s.; à 37. _S6 Voy. Fotnes, Nnro. — M Tit. Lit. VI, 32. — M Tit. Liv. VI, 34. —
Enjclbngt, p. 60 et s. — M Tit. Liv. IV, 47 ; V, 54, 30. — M Tit. Liv. III, 20 ; IV, I et 37; Eng-llirogt, p 7S;Lange, I, p. 570; COttling, De rognt. Licin. lcna, 1831.
AGR — 160 — AGR
faciendis, pris par moitié parmi les plébiens ainsi ad j 3° tout possesseur devra employer pour la surveillance et la
mis à la connaissance des livres sacrés et rendus capables direction de la culture un certain nombre d'hommes libres ;
de prendre les auspices6*. La lutte fut des plus vives et, 4° la loi devait être garantie par un serment et par une
suivant notre auteur, grâce à la séduction de quel sanction pénale ; 5° les possessions qui excédaient le maxi
ques tribuns, le sénat la fit durer dix ans avant de céder. mum de la loi devaient être assignées, concédées ou vendues
D'un autre côté, les tribuns Licinius et Sextus, réélus en détail aux pauvres, à des conditions favoiables. Il est
huit fois, mirent obstacle pendant cinq ans à l'élec assez probable que la loi renouvelait en outre l'injonction
tion des magistrats curules. Camille employa vainement la aux fermiers du domaine d'avoir à payer exactement leurs
violence pour dissiper le peuple qui allait voter la loi ; il dîmes ou redevances70; car c'était un des abus qui avaient
fut obligé d'abdiquer la dictature, sous prétexte d'un vice donné lieu à de nombreuses réclamations et à des dispo
dans les auspices, pendant le neuvième tribunat de Licinius sitions dans les projets de lois agraires. Ajoutons qu'évi
et de son collègue. Héélus pour la dixième fois, ils repous demment, en limitant pour tous le droit d'occupation ex
sèrent habilement une transaction tendant à faire adopter edicto, la loi autorisait les plébéiens à y prendre part,
la seule rogation relative aux dettes (la plèbe, en effet, sem comme le prouvent les faits postérieurs71.
blait n'attacher d'importance qu'aux lois sur l'usure et les La loi Licinia contenait-elle, comme la loi Cassia, des
terres) et firent adopter en 367 av. J.-C, d'abord la loi con règles relatives à la délimitation de Yager publicus, à la re
cernant les decemviri sacrorum, puis, malgré la nouvelle vendication (pubUcatio) des domaines anciennement usur
dictature de Camille, les trois autres rogations dans les pés, et enfin à la vente des parcelles litigieuses ? Rien ne
comices par tribus. Tel est le résumé rap-ide du récit de justifie à cet égard les conjectures de Niebuhr; il semble,
Tite-Live". au contraire, que l'indication du maximum de 500 jugera
On a douté si la rogatio de Licinius, de modo agri et pecoris, implique l'idée de ne pas troubler actuellement les anciens
était relative à Yager publiais, ou bien si elle limitait seule possesseurs dans ces limites7'. Nous ne pensons pas non plus
ment l'étendue des propriétés privées, Tite-Live, dans sa que le législateur ait garanti, par la création d'une procé
brève analyse, ayant omis l'épithète publici, à la différence dure spéciale, la possessio régulière de Yager; car il est admis
de toutes les Ugis agrariae précédentes. De là trois opinions généralement qu'un interdictum ne s'accordait qu'au dé
parmi les savants. Puchta1" pense qu'elle n'est relative qu'à faut d'une loi créatrice d'action"; l'interdit de loco publico
la propriété privée; Huschke et Rudorff 63 croient au con fruendo fut imaginé par le préteur, précisément pour sup
traire qu'elle limitait, pour chaque citoyen, l'étendue de pléer à l'absence d'une sanction légale. Ajoutons que proba
terre qu'il pouvait posséder tant de Yager publiais que de blement des commissaires furent nommés pour l'exécution
Vager prîvatu». Nous admettons, avec le plus grand nombre de la loi; mais on manque de renseignements à cet égard.
des auteurs61, que les lois Liciniennes ne limitaient que la La loi Licinia fut-elle exécutée sérieusement dès le prin
possession de Yager publiais. En effet, le silence de Tite- cipe? On l'a nié, en se fondant, sur ce que son auteur
Live ou même l'emploi du mot domini dans un passage principal, Licinius Stolo, fut condamné à l'amende neuf
(VI, 4i) peut s'expliquer : le premier, parce que la question ans après, pour avoir éludé la prohibition en émancipant
ne pouvait souffrir de doute à Rome; le second, par une son fils et en lui livrant 500 jugera sur mille que son père
exagération naturelle dans la bouche d'Appius, défenseur avait acquis7'. Il faut remarquer d'abord que cette inter
des intérêts des anciens possesseurs de Yager publiais. Tite- prétation peu littérale de la loi prouve que les Romains te
Live lui-même ailleurs emploie fréquemment les mots tech naient à sa stricte exécution75, car on aurait pu soutenir
niques possidtre, possessores, seuls applicables à la situation que son esprit comme sa lettre tendait surtout à multi
juridique des détenteurs de Yager/wWzcws/d'ailleurs les ex plier le nombre des propriétaires plutôt qu'à limiter l'ac
pressions de injustis possessoribus, de ayro injuria possessom, croissement de la richesse dans une seule cognatio. Or un
indiquent très-nettement l'usurpation d'un bien de l'État. fils émancipé pouvait seul avoir une propriété distincte.
En outre, Appien66 rappelant les dispositions de laloiZï'a- Mais le parti patricien sut profiter de cette faute de Lici
nia, déclare formellement qu'une loi tribunilienne avait li nius, pour lui imputer une manœuvre frauduleuse.
mité à 500 jugera ou 126 hectares, l'étendue de la posses De nombreuses condamnations rappelées ensuite par
sion individuelle de Yager publiais. Ce chiffre de 500 jugera les historiens démontrent que, s'il y eut bien des infrac
se rapportait donc à Yager publicus". Nous compléterons ce tions à la loi, les édiles surent les réprimer, notamment à
que dit Tite-Live au moyen des renseignements fournis par l'encontre des fermiers de Yager pecuarius. Tite-Live lui-
Appien, qui a analysé la loi Licinienne sans en rappeler les même constate l'efficacité de ces sentences : vinculumque
auteurs autrement qu'en les nommant des tribuns "8. Cette ingens immodicae cupiditati injectum est'6. Ces faits prouvent
loi portait : i 0 nul ne pourra posséder plus de 500 jugera contre le préjugé ordinaire que la loi fut maintenue en vi
de terres du domaine ; 2° ni envoyer plus de cent têtes de gueur et en partie observée au moins pendant près de
gros bétail et cinq cents de petit sur les pâturages publics60; deux siècles71. On comprend qu'après la conquête de l'Ita-

83 Bngelbregt, p. 80 ; cet auteur croit avec Niebuhr, Ilôm. Getch. III, 33, que chifTre C, qui se trouve dans certaines éditions de Varron, De re rust. I, 29 ; Plin.
cite rogation fut présentée avec les autres. — 61 VI, 35-42. — 65 InstituHonen, Hisl. nat. VIII, 3, et Colum. I, 3 ; cf. Macé, p. 211. — <» De Ml. cic. I, 7, S. —
I, 204, 5« éd. Loipiig, 1857. — 6J Veber die Stella dei Varro, Hcidclberg, 69 Tit. Liv. X, 47, confirme cette limitation quant à Vager publicus; on voulait
1335 ; cf. Durcau de la Malle, Écon. pol. I, 23b; Rudoiff, Ilôm. Feldmesser, II, que le bétail du pauvre eût place sur les pascua publiai; Ovid. Fast. V, 283-90.
312 , Id. Ilôm. Rechtsgesch. I, § 15, p. 38. — W Crcuier, Abriss. der rôm. Ant. — 70 Macé, p. 227. — 71 Tit. Liv. VII, 16. — 7S Macé, p. 223. — 7» Gaius, IV, 138
Lelpi., 1S29, § 154, p. 215; Mommsen, Ilôm. Gesch. I, 2, 3. p. 269; Lange, Ilôm. et s.; Instit. Just. IV, 15; Ducaurroy, Intl. expl. II, § 1350. — Tit. Liv. VII,
Alterth. I, p. 575; Waltcr, Op. I. I, g 62, p. 92; Engelbrcgt, Op. I. p. 81; Macé, 16; Valer. Mai. VIII, 6, 3; celui-ci dit par erreur que Stolo avait mancipê ces
Op. 1. p. 215; De Boaufort, Ilép. rom. I, 3, 6 ; II, 6, p. 415 et s.; Giraad, Droit biens à son fils ; les jugera de Vager publicus n'étaient pas viancipi. — 75 Plus
de propriété, p. 176 et s. ; Sundcn, De lege Licin. l'psal, 1858.— W Tit. Liv. VI, 35, tard, au contraire, on voit la loi Sempronia concéder Adjugera à chaque fils de
36, 39, 40, et surtout, XXXIV, 4 ; cf. liât. Just. IV", 4, pr. De injurât; Op. h. 1, famille, probablement à cause de la difficulté soulevée précédemment; App. De
nig. XLVII, 10, De inj. ; fr. 15, g 31, cod. tit. — M De Ml. cio. I, 8 ; cf. Plut. Tib. Ml. civ. I, 9. — 76 Tit. Liv. X, 13, 23, 47 ; XXXIII, 42; XXXV, 10. —77 Mar>,
(iracch. et Cornill. 3'J ; Lange, Itùm. Alterth. I, p. 575. — '7 11 faut corriger le I Lois agr. p. 251.
AGR ■ — 1 — AGR
lie entière, la surveillance de l'édilité fut insuffisante, à sénatus-consulte, en 173 av. J.-C, pour le territoire d'une
cause de l'étendue et de la dispersion des terres de Yager partie delaLigurie et de la Gaule cisalpine88, n'avaient été
publiais. Néanmoins, il faut constater avec MM. Dureau que des palliatifs insuffisants. Certaines ventes de terres pu
de la Malle78 et Macé79 l'incontestable résultat de cette bliques (agri quaestarii) avaient été faites pour les besoins
réforme économique. La tempérance et l'amour de l'agri du trésor ; d'autres avaient été assignées aux créanciers
culture brillèrent chez les patriciens eux-mêmes80. Les plé de l'État [ager publicus] ; la plupart, envahies par les grands
béiens admis à l'occupation des terres vagues (agri occupa- capitalistes; en sorte que la petite propriété s'était singu
tard) tournèrent en partie leur activité vers le travail agri lièrement amoindrie en Italie en même temps que Yager
cole; la classe des hommes libres se maintint dans une publicus, au grand détriment de l'État. Le plus souvent les
certaine mesure, à cause des prescriptions Liciniennes 81 ; riches trouvaient moyen de ne pas payer leurs dîmes ou
les petits propriétaires, devenus plus nombreux, dé redevances au trésor.
ployèrent toute leur énergie dans la culture du sol ; en La deuxième grande cause de la crise sociale actuelle
outre, ils purent employer les pascua publica à élever était le résultat de la conquête de la Sicile, de l'Espagne,
leurs bestiaux, au grand profit de l'agriculture84. La popu de l'Afrique et de la Macédoine, qui avait fait entrer une
lation et la richesse se développèrent d'une manière re énorme quantité de capital monétaire, fruit de la spoliation,
marquable, au milieu de la tranquillité publique, résultat non-seulement dans Yaerarium, mais dans les mains des gou
del'égalité politique, etRome futenétatde réaliser les pro verneurs de provinces, des généraux et de leurs familiers ou
digieux armements etles conquêtes rapides qui signalèrent même des soldats. L'exploitation des services publics et de
les deux siècles suivants, jusqu'à la fin de la seconde la ferme des impôts dans les pays conquis avait égale
guerre punique. ment enrichi prodigieusement la classe nouvelle des che
Nous passerons sur quelques dispositions agraires insi valiers, publicains ou capitalistes. Ce capital ne fut pas
gnifiantes, qui ne soulevèrent aucun trouble et furent employé à développer en Italie la culture des terres, parce
môme généralement prises sur l'initiative du sénat, pour que le blé des pays conquis y arrivait ou gratuitement 87 à
arriver à la réforme des Gracques. litre d'impôt, ou à très-bas prix. La grande industrie, faute
IV. Lois agraires des Gracques. — La situation qui devait de consommateurs libres, la masse étant esclave, n'était ni
amener une nouvelle législation agraire a été clairement assez honorée ni assez développée pour donner un emploi
exposée par Appicn et par Plutarque 8J. Rome et l'Italie, utile à cette richesse subitement déplacée : les uns (les pa
la classe moyenne et l'agriculture étaient menacées d'une triciens surtout) l'employèrent en folles dépenses ou s'en
ruine complète, et de jour en jour se développait le prolé- servirent pour acheter l'influence politique ; les autres (les
lariat servile, recruté parmi les étrangers et les affranchis. chevaliers en général), plus avises, la placèrent en entre
Trois causes principales avaient concouru à cet état prises [publicani], en prêts aux hommes politiques, ou en
de choses périlleux 8i : l'inexécution de la loi Licinia ; les achats de vastes étendues de terres qui furent livrées à
changements apportés parles conquêtes dans l'organisation l'élevage des bestiaux, à la culture potagère ou à celle
économique de Rome; la corruption toujours croissante de la vigne 88 ; c'était une nouvelle raison pour que la cul
des mœurs. ture des céréales par les hommes libres fût abandonnée
Les riches patriciens ou publicains avaient étendu les li comme onéreuse et peu productive, écrasée qu'elle était
mites des concessions ou occupations de Yager publicus au par la concurrence des blés étrangers. Au contraire, soit
torisées par les lois Liciniennes, soit en achetant par per à Rome, soit dans les grandes villes dispersées en Italie,
sonnes interposées, soit en s'annexant à force ouverte ou quelques capitalistes habiles entretenaient des ateliers
par voie judiciaire les lots des petits cultivateurs voisins. d'esclaves occupés à divers travaux fort appréciés sur le
Ceux-ci, éloignés par de longues guerres, avaient laissé chez grand marché de Rome, et en même temps des jardins,
eux des femmes et des enfants incapables de cultiver ou de des parcs, des volières, des piscines, etc. M.
défendre leurs petits patrimoines 8S. D'un autre côté, ces La corruption des mœurs, qui ne contribua pas moins
grands propriétaires employèrent de plus en plus leurs es puissamment à précipiter la crise, naquit de la richesse mal
claves à la culture, de préférence aux hommes libres que acquise. La propriété, dont le symbole à Rome était la
la guerre leur enlevait sans cesse. Le travail servile, moins lance 90, n'y fut honorée à l'origine que comme le pro
coûteux, sufiisait à l'exploitation de grands pâturages. Peu duit de la conquête, c'est-à-dire de la spoliation. Plus
à peu ce mode de culture se substitua à la culture des cé tard le travail agricole reprit faveur; mais, à l'époque du
réales, et il arriva que d'énormes quantités de bestiaux gar triomphe de la république sur ses voisins, la guerre avait
dés par quelques esclaves remplacèrent les hommes libres enrichi le trésor et les généraux du fruit du travail des au
en Italie; ce qui survécut à la ruine, se réfugia à Rome ou tres peuples ; l'administration des nations conquises ne fut
dans les armées. De là une grande quantité de prolétaires que l'exploitation régularisée du droit de la force, deve
ou de soldats sans famille et sans asile, qui n'avaient d'au nue permanente entre les mains des gouverneurs, des publi
tre métier que la guerre, d'autre ressource que le pillage cains et des soldats. Les premiers partageaient avec les deux
ou les largesses des chefs. autres classes pour gagner leur appui à Rome et acheter
Les colonies décrétées par le sénat et quelques assigna les suffrages complaisants des juges sénateurs, ou des co
tions de terres conquises, telles que celle qui fut ordonnée mices de Rome. Malgré les tribunaux permanents [quaes-
en 252, par la loi Flaminia de agro picente et gallico et par un tio perpétua], qu'on imagina à cause de la complicité ou
" Ëcor.pol. 1,235; II, Î58, 266, 8ii.—Tl P. 235 et suit. —«0 Val. Max. IV, c. iv, 3, Ciwtas, Socn. — Sallust. Juij. 41 ; compare* pour la formation des LlTiFtmDU,
*• 8 ! N'a. Uisl. nat. XVIII, 4 ; Colum. I, 3, 10.— « Cat. De re rust. pr. 2 ; Dureau Dureau de la Malle, Écon. pot. II, p. 2~!i et suit. I, p. 239; Mommsiin, Itiïm. Gesch.
k I» *ille, Écon. pol., I, p. 240. — »* Ib. U, p. 444. - Mft Ml. civ. 7, 8, 9 ; II, c. il, p. 78, 1857 ; Walter, I, § 252, p. 371, 3» éd. — 86 p0!yb. 11, 21; Cic-
Hut. Ttber. flracch. 10 et sq. ; Macé, p. 276 ; Labatut, La question des subsistance*, Brut. 14 ; Acad. IV, 5 ; De innent. II, 17 ; De senect. 4 ; Val. Mas. V, 4, 5 : T't
*>ar"» ^8, p. 12 et s. — 8v Nous ne parlerons pas ici de la question politique sou Liv.. XLII, 4. — « Tit. Liv. XXVI, 40 ; XXVII, 8. — »» Varr. De re rust. II, 3, 4 ;
dée par les prétentions des Italiens au droit de cité, \oyei Mumcipilm, Jus italiciv, Tit. Lit. XXII, 1j. — W Varr. IU, II, 17. — M Gaius, Comm. IV, 16, in /«le.
I. 21
AGR — 162 — AGR
de la tolérance du sénat, les provinces continuèrent d'être vertu d'un sénatus-consulte par le préteur urbain Publius
en proie aux extorsions des gouverneurs et à des dénis de Lentulus, moyennant indemnité po-ir les possesseurs, et
justice encore plus odieux. La pratique et l'exemple de donné à bail, en 166 av. J.-C. **, conformément à un plé
cette manière de s'enrichir ne pouvaient qu'achever de biscite proposé par le tribun Lucretius, en 173. L'ager
déshonorer le travail et les bonnes mœurs. Une foule de campanus ne tomba donc pas sous l'empire de cet ar
soldats licenciés nprès quinze ou vingt ans de guerre, vi ticle de la loi Sempronia. 2° Chacun des détenteurs des
vaient à Rome, faute de trouver ailleurs un asile. L'im biens usurpés devait avoir néanmoins le droit de con
mense accroissement du nombre des esclaves à Rome acheva server 500 jugera, et 250 par chaque fils de famille, san>
l'œuvre ; cette masse d'hommes sans famille et sans mora pouvoir dépasser en tout le maximum de 1,000 jugera.
lité se corrompait en corrompant ses maîtres ; elle écrasait Cet article tranchait d'une manière favorable la question
le travail libre, et ne conquérait l'affranchissement par décidée jadis contre Licinius Stolo. 3° Les possesseurs
toute sorte de services, que pour vivre sans travail aux évincés devaient recevoir une indemnité pour la plus-
dépens de Rome ou de ses patrons ". Aussi la grande cité value " créée par leurs constructions et plantations sur le
devait-elle linir par être peuplée de nobles et de prolétaires domaine public usurpé. A cet égard, la loi ne faisait que
s'efforçant de vivre noblement, c'est-à-dire dans l'oisiveté, maintenir les précédents. 4° Les portions du domaine de
aux dépens de la richesse publique, par I'annona, ou d'Ita l'État recouvrées, parce qu'elles étaient possédées par un
liens qui sollicitaient leurs suffrages. Les alliés eux-mêmes seul détenteur au delà des limites légales, devaient être
désertaient leurs cités et accouraient à Rome En résumé, divisées en lots de 50 jugera et réparties entre les citoyens
la destruction de la classe moyenne et le développement du romains et les alliés italiens. 5° Chaque concessionnaire de
prolétariat, sorti de l'esclavage, menaçaient la république lot devait en avoir la jouissance seulement, mais perpétuelle
de son renversement. et inaliénable, sous la condition de l'employer à la culture
Quelques hommes entre les plus éclairés et les plus hon des céréales et de payer une redevance à Yaerarium. Ces
nêtes de l'aristocratie romaine avaient senti la nécessité deux clauses tendaient à créer une classe de petits cul
d'une réforme. Scipion Émilien et son maître en politi tivateurs, à restreindre l'étendue des latifundia, et à pré
que, Lélius93, avaient conçu des projets, tendant au recou munir les possesseurs contre les tentations de dissipation
vrement et au partage entre les pauvres des terres usur qui devaient les assiéger dès le début. Des triumviri devaient
pées de Yager publions ; ils voulaient accomplir en même être nommés pour procéder à l'enquête, au recouvrement
temps une réforme politique, en s'appuyant sur les Italiens, des terres domaniales, et à la division projetée 10°. Les sé
appelés à l'égalité civile **, et en établissant un gouverne nateurs et les riches qui possédaient d'immenses pâturages
ment mixte, où le consulat représenterait la royauté tempé sur Yager publions opposèrent la plus vive résistance au pro
rée". Ces hautes pensées ne furent comprises que d'un cer jet. Us eurent l'appui d'un des collègues de Gracchus, M. Oc-
cle d'amis; mais la majorité corrompue et imprévoyante ne tavius, qui opposa son intercessio au vote du plébiscite, et d'un
vit que le danger dont elle était menacée dans sa possession grand nombre de riches habitants des colonies et des muni-
et dans son influence exclusive. En dépit de l'égalité poli cipes, qui avaient leur part clans l'usurpation de Yager,
tique obtenue depuis Licinius Stolo, il s'était formé en effet transmis de main en main depuis de longues années. Ils
une oligarchie de consulaires, qui perpétuait le pouvoir n'invoquaient pas une prescription impossible, mais, avec
dans certaines familles (nobilitas), en excluant tous les plus de raison, le fait d'une ancienne possession, et la per
hommes nouveaux96. Lélius, consul en 140 av. J.-C, aban turbation que le projet pouvait amener dans le régime de la
donna le plan qu'il avait formé, par crainte de soulever propriété en Italie.
sans résultat une tempête effroyable. Un allié des Scipions, Suivant le récit de Plutarque qui a peu de. probabilité et
Tiberius Gracchus. poussé par ses anciens maîtres, les phi n'est pas confirmé par Appien, Tiberius, irrité de cette
losophes Blosius de Cumes et Diophane de Mitylène, ap résistance, aurait supprimé les deux clauses du projet
prouvé d'ailleurs par des personnages considérables, le cé favorables aux détenteurs et fait déposer son adversaire
lèbre jurisconsulte M. Scaevola, consul désigné pour l'an Oclavius, par un vote populaire contraire à tous les précé
née 133, le grand pontife Licinius Crassus, et Appius son dents constitutionnels. La loi passa, et Tiberius fut nommé
beau-père, reprit ces projets avec l'énergie de la jeunesse. commissaire avec son beau-père Appius et son frère Caius,
Parvenu au Iribunat, en (121 de Rome ou 133 av. J.-C, pour l'exécution de jla mesure. Appien ne mentionne au
T. Gracchus essaya par une rogatio de remettre en vigueur cune modification du projet primitif, dont l'accomplisse
la législation de Licinius Stolo, non abolie mais tombée en ment rencontra de grandes difficultés, d'abord à cause de
désuétude, en y introduisant quelques perfectionnements l'absence d'une limitation régulière du domaine, puis de la
indiqués par l'expérience. Il proposait : 1° de reprendre les perte ou de la diversité des titres 101 , et des réclamations des
biens de Yager pvblicus occupés sans autorisation et dont tiers acquéreurs de bonne foi. Plutarque dit encore 10*, et
les détenteurs n'avaient jamais payé de redevance. A l'égard sur ce point il mérite sans doute d'être cru, que Tiberius
des biens loués, cette loi n'était pas nécessaire, et elle ne proposa d'employer le produit de la vente des biens d'At-
les touchait pas87. Tel était le cas du territoire de Capoue tale III, roi de Pergame, récemment légués au peuple ro
(nger campanus) qui, réuni au domaine en 2H av. J.-C, main, à procurer des instruments de culture et du bétail
avait été d'abord usurpé par les propriétaires voisins, par aux nouveaux concessionnaires. Cette rogalion fut attaquée
suite de la négligence des censeurs à le louer, puis repris en comme inconstitutionnelle, en ce qu'elle tendait à enlever
»1 Valer. Mai. VI, 2, 3 ; Vell. Paterr. Il, 11 ; Cic. Ad Allie. Il, 1. — »» Tit. Liv. fonds ijui était à l'État; la pajer eût été consacrer l'usin-patinn ; c'était asseï de
XXXIX, 3.— "Plut. Tib. Grac. S ; cf. Mommsen, Rom. G<?*cA.H,p. 80 ; Duru;, llisl. laisser 1,000 jugera aux riches usurpateurs. — loi> Sur la loi Srinprotiin, Kudorir.
des Rom. II, p. 92. — >* App. De bell. cic. 1, 8. — » ( in. De rep. I, 30 ; Ad Quint. Jtam. Rechts C.ench. I, p. 40 ; Plut. Tiber. Grac. S-14 ; Aur. Victor, Mr. ill. 64 j App.
|. _ «6 Mommsen, /. (. n, 1,2.— 97 Mominscn, /. /. Il, p. 85. — 8» Tit. LW. XLII, Dell. cïi). 1, 9-11 ; Cic. De leg. agrar. Il, <i ; Pro Seslio, 48 j Tit. Lit. Epit. LVIII :
19 ; Cir. De leqe ngr. 11, 31, 82, et It'S Fraff. Licin. cites par Mornmsen, p. 9Û, note. Vell. Pat. 11, 2; Lange, Rûm. Alt. 111, 8, 20, 31. — 'M App. De bell. cie. I. 10
— App. De bell. cic. l[. Plulurqui' semble indiquer jmi- erreur une indemnité pour le et 18; cf. Macé, Lois agi: p. 333. — l"1 Tiber. Grac. 16.
AGR — 163 — AGR
an sénat la haute administration du domaine et de Yaera- publient, et maintint en possession les détenteurs ac
rium, et on accusa son auteur, comme jadis Cassius et tuels, en leur imposant seulement une redevance dont le
Manlius, d'aspirer à la royauté. Tiberius voulut se rattacher produit devait être employé à des distributions en faveur
les chevaliers, en leur donnant les tribunaux, les Italiens en des indigents. C'était une taxe des pauvres destinée à
leur promettant les droits politiques, et sollicita un second plaire à la plèbe de Rome, qui renonça volontiers, moyen
tribunal ,0'; mais il fut massacré dans le forum par une nant cette largesse, à tout espoir d'établissement agri
bande de patriciens que conduisait le grand pontife Scipion cole m. Bientôt, par une troisième loi, la redevance fut sup
Nasica m. Cependant le sénat fut forcé de maintenir la loi primée sous prétexte de protéger l'agriculture, et le but
et de compléter la commission des triumvirs, chargée de poursuivi si habilement par l'aristocratie se trouva plei
l'exécution. L'examen des titres et la délimitation des terres nement atteint : il ne resta rien au peuple des entreprises
à recouvrer souleva d'innombrables procès ou recours en des Gracques, et de la loi Sempronia que le maintien des
garantie. faits accomplis. Cependant Cicéron, dans un passage que
Sous le tribunat de Caius Gracchus, en 122 av. J.-C. ou les controverses ont rendu célèbre 1IS, présente Spurius
G32 de Rome, la loi Sempronia fut renouvelée 105, mais les Thorius comme l'auteur d'une loi Thoria, fort obscuré
auteurs se taisent ici sur les détails relatifs à son exécution. ment indiquée par cette allusion : qui agrum publicum vi-
Sans doute elle fut entravée parles mêmes difficultés ; car le tiosa et inutili lege vectigali levavit. Nous traduisons avec
nouveau tribun eut recours à une autre série de mesures Walter 117 et Zumpt 118 ce passage dans son sens le plus na
tendant au môme but, comme la fondation de colonies 106, turel : « Thorius, par une loi vicieuse et inutile, déchargea
et l'établissement de routes, de ponts, et l'exécution d'autres Yager publicus de la redevance dont il était grevé. » Ail
grands travaux publics; mais il eut le grand tort de régu leurs Cicéron nous apprend que Thorius restreignit par sa
lariser le système corrupteur et détestable, au point de vue loi la faculté d'envoyer les bestiaux en pâture sur Yager
économique, des frumentariae leges, sans doute en sacri publicus 119. Enfin, il nous est parvenu des fragments "°
fiant tout à l'intérêt politique du moment ,0T. Le parti op d'une loi considérable, vulgairement appelée loi Thoria
posé à Caius trouva bientôt l'occasion de détruire la popu agraria, se rapportant à l'année 643 de Rome ou tll av.
larité du tribun. Pendant qu'il veillait à l'exécution de la J.-C. Elle édicté entre autres décisions importantes :
loi Rubria, proposée par son collègue Rubrius et qui déci 1° l'attribution en pleine propriété, avec soumission au
dait la fondation d'une colonie à Carthage m, le sénat fit tributum ex censu, des pièces de terre de Yager publicus aux
proposer en 632 de Rome, par M. Liv. Drusus, la création détenteurs actuels qui, à la suite de la loi Sempronia, les
de douze colonies en Italie, et l'affranchissement de toute ont conservées ou recouvrées dans les limites fixées par
redevance au profit des concessionnaires de Yager publiais, cette loi, ou les ont obtenues à la suite d'une division ré
qui désormais devaient acquérir la pleine propriété. Cette cemment opérée par les triumvirs agraires ; 2° l'autorisation
loi Livia ne fut point exécutée 109, elle n'était faite que pour pourles citoyens qui, par contravention à la loi Sempronia,
préparer la chute de Caius, qui fut bientôt abandonné par auraient des possessions excédant le maximum, d'occuper
la plèbe et périt comme avait péri son frère. Les terres déjà trente jugera chacun, à titre de pleine propriété; 3° toutes
partagées soit en Italie, soit dans les colonies nouvelles, de ces terres devaient désormais être exemptées de vectigal
meurèrent entre les mains de leurs possesseurs, comme le pour le pâturage ou de redevance, puisqu'elles étaient
prouve la loi vulgairement appelée loi Thoria, dont nous soumises à l'impôt ordinaire du cens ; 4° sur ce qui reste
allons parler. rait désormais de Yager publicus, le droit de pâturage était
V. Lois agraires postérieures aux Gracques. — Lois Boria e t permis désormais gratuitement à tous pour un certain
Tltoria. — La loi Sempronia, renouvelée par Caius Grac- nombre de têtes de bétail. Il est malaisé de déterminer la
<hus, resta suspendue en fait pour l'avenir 110. Une série de date et les rapports de ces diverses lois. Nous ne pouvons ici
lois réactionnaires détruisit graduellement tout l'édifice que renvoyer aux auteurs spéciaux, parmi lesquels Wal
des réformateurs, par des atteintes habilement ménagées, ter 1,1 et Macé 1!s nous paraissent avoir le mieux résolu les
de manière à ne pas exaspérer la plèbe. Une première loi difficultés.
fort dangereuse , mais bien accueillie des détenteurs de Tentatives de lois agraires jusqu'à la dictature deSylla. —
terres concédées par la loi Sempronia, les autorisa à alié Malgré la restauration du gouvernement aristocratique,
ner leur droit à la concession. Dès lors les riches commen la misère du peuple ou l'ambition personnelle porta quel
cèrent à reformer leurs vastes domaines1". L'auteur de ques tribuns à proposer de nouvelles lois agraires, sur les
cette loi nous est inconnu1", mais son existence est con quelles nous manquons de documents suffisants. Ainsi Ci
firmée par les fragments de la loi connue sous le nom de céron nous apprend IW que Marcius Philippus, plus tard
loi Thoria m , qui présente cette aliénation comme consul, proposa une loi qu'il laissa repousser sans trop de
étant alors en usage. Sous l'influence de l'aristocratie résistance. Il avait cependant avancé dans son discours une
parut ensuite un plébiscite attribué au tribun Spurius proposition bien effrayante, en disant qu'il n'y avait pas à
Borius qui mit fin à toutes recherches de Yager Rome deux mille citoyens qui eussent un patrimoine.
l0» Cf. Michelet, Hiit. rom. II, 106. — 104 App. I, 13, 17 ; Plut. 14, 25.' — H« Brut. 36; Rudorff, Rôm. Redits Gesch. I, g 16 et 81, p. 40, 21 1 ; Momm
— «» App. Bell. ch. I, îî-27 ; Plut. C. Grâce. 9 ; Mommsen, Rôm. Gesch. II, sen, Rom. Gesch. IV, 4, p. 127. — 117 Gesch. des rôm. Rechls, I, g 252, p. 373 et
3, p. 95. — 108 p|ut /. / pp. 23i 7; Gros. V, 12; Mommsen, /. /. p. 104. - suiv. note 59 et suiv. — U8 Comm. epigr. I, p. 205-221. — H9 Cic. lie orat. Il,
Plut. C. Grâce. 6, 9 ; Appian, 21 ; Mommsen, II, p. 112 et suiv. — H» Rudorft*, 70. — 1ï0 publiés pour la première fois en 1G5.J par F. Orsini, Ad calcem Ant. An-
Rim. Berhts Gesch. I, p. 40, note 4 j Plut. C. Gr. 9 ; Oros. V, 12; Mommsen, p. 1 17. gustini. De legibus ; Egger, Lot. serm. vct. rel. en a donné le texte, d'après ltudoriT,
— m App. fie//, eio. I. S3, 27; Plut. C. Grâce. 9 ; BudorfT, I, g 16, p. 40 ; Momm- Paris, 1843. p. 201 et suiv.; Klenzc. en a tiré sa révision de la loi Seroilia : Frag.
tea, p. 118. —110 jiacé, p. 352.— tll Appian, Bell. cie. I, 27. — •» Zumpt, leq. Serv. rept. eonj. rest. tll. Berlin, 1.S25 ; RudurlT, sa révision de la loi Thoria, citée
Comment, epigraph. I, 206, Berlin, 1850-53. — H» Lex Thoria, c. t, éd. RudorlT. a la note 1 15 ; cette loi a été depuis étudiée et commentée de nouveau par Momnisi-n,
Ce nom se trouve dans certains manuscrits d'Appien, au lieu de celui de Veber das Thorische Gesetze, inBerichtedersiichs. Gesselsch. der Wissensch. 1830.
Thorius. — in App. Bell. eio. I, 27 ; Rudorfl", Acker-Gesetz des Spur. Thorius, in p. H9-101, et Zumpt, Comm. epigr. |, p. 205-221. — "1 Op. laud. I, § 252, p. 371.—
à'T/'jf/ijr t Zextschrift, IX, 1842, p. 33-52 ; ld. Rom. FeUlmess. », 1852, p. 313-37*. tii f.nis agraires, p. 38 et s'.iiv, — 1>S /> offir. H, 21.
AGR — 1G4 — AGR
Cette loi Marna est rapportée par conjecture à l'an 630 de partages des terres m. Après la guerre sociale et la victoire
Rome ou 104 av. J.-C. En l'an 100 av. J.-C, le sénat ne complète de Sylla, nous voyons apparaître un nouveau
faisant rien pour prévenir une crise sociale, un démagogue genre de lois agraires. Des décrets de proscription atteigni
souillé de crimes, le tribun Apuleius Saturninus '**, cher rent les terres non-seulement des citoyens, mais des cités
chant à s'appuyer de l'épéc de Marius, mit en avant un entières de la Lucanie, du Samnium et de l'Étrurie. Cette
plan vaste et compliqué de loi agraire, connue sous le nom spoliation en masse, jointe à l'emploi de quelques restes
de lex Apuleia : 1° des colonies devaient être fondées en de Vager publicus, permit à la loi Cornelin ou Valeria, en
Sicile, en Afrique, en Macédoine et en Achaïo; 2" on devait 673 de Rome ou 81 av. J.-C, d'organiser des colonies mi
partager aux citoyens les terres reconquises sur les Cimbres litaires, au profit de vingt-trois légions suivant Appien, de
dans la Gaule cisalpine; 3° chaque vétéran de Marius devait quarante-sept suivant VEpitome de Tite-Live 13i. Les pro
recevoir un lot de cent jugera (25 hectares), particulière priétaires lurent dépossédés dans l'intérêt de 100 à 120 mille
ment en Afrique; 4" l'or rapporté de Toulouse par Cépion vétérans, entre lesquels chaque canton fut divisé, avec
devait être au besoin employé à l'achat ou à l'amélioration défense à chacun d'aliéner son lot. Pour Vager publicus, les
des terres à distribuer; Marins était chargé de l'exécu assignations furent faites dans la forme de la loi Sempronia
tion de la loi, et il avait en particulier le pouvoir de confé et avec la même prohibition Mais cette réforme sociale
rer le droit de cité à trois habitants par colonie ""; 6° enfin opérée par le chef de l'aristocratie ne put réussir, parce
les sénateurs étaient tenus de jurer dans les cinq jours l'exé qu'elle reposait sur la violence et l'iniquité la plus odieuse.
cution de la loi, sous peine d'être exclus de leur corps et con Ces vétérans étaient en général des hommes de pillage et de
damnés à une amende de vingt talents. Cette loi qui consa sang, incapables d'un travail sérieux. La plupart s'endettè
crait deux spoliations, et violentait les consciences, était rent dans l'oisiveté et ne songèrent qu'à frauder la loi en
digne de son auteur; elle fut adoptée par violence, mais elle aliénant leurs possessions; ils fournirent le fonds de l'ar
excita une lutte sanglante, et Maiius fut obligé de faire mée du désordre recrutée par Catilina quelques années
périr son complice. Sans avoir été abrogée, cette loi resta après.
inexécuté]'. Marius se contenta de distribuer quatorze ju Lois agraires depuis Sylla. — Il ne restait plus à Vager
gera (3 hectares o2c) à ses vétérans ir. En 99 av. J.-C, le publiais que le territoire de Campanie, donné à bail depuis
tribun Titius proposa une loi Titia 1,8 qui fut votée, maisTi- longtemps, et des terres conquises dans les provinces.
tius fut condamné à l'exil par les juges de l'ordre équestre, La loi Servilia, proposée par le tribun Rullus à la fin de
sur la poursuite de l'orateur Antoine li9. pour avoir conservé i 64 av. J.-C, et combattue avec tant d'éloquence par Cicé
chez lui le portrait de Saturninus, et la loi n'eut pas de ron. qui la lit rejeter par le peuple, formait un projet vaste
suite. Julius Obsequens prétend qu'elle tendait à renouveler et compliqué, tendant a faire des distributions de terfe
le système de T. Gracchus IS0. La tentative de Livius M. Dru- aux prolétaires aux dépens du domaine ,M. Pour attein
sus, 01s de l'ancien adversaire de Caius Gracchus, fut plus dre ce but, Rullus voulait 1° qu'on opérât la vente du
sérieuse, car elle émanait d'un bon citoyen et d'un esprit domaine de Campanie137 et des terrains qui avaient été con
éminent. Préoccupé de la lutte des deux ordres sénatorial quis depuis, en 88 av. J.-C, en Egypte et dans l'île de Chy
et équestre pour la puissance judiciaire, non moins que pre ; 2° avec le produit de cette vente, joint aux contribu
des intérêts rivaux de la plèbe de Rome et des alliés d'Italie, tions des cités sujettes, au tribut des provinces conquises
11 élabora, en 91 av. J.-C, un projet de transaction m. Aux en Orient, et au produit du butin (praeda, mnnubiae) non
alliés il concédait le droit de cité, aux plébéiens l'exécution encore versé à Vaerarium, l'Ktat devait acquérir des terres
des colonies décrétées antérieurement en Sicile et en Italie; en Italie, afin d'y fonder des colonies 1S8, et en distribuer
le sénat recouvrait, moyennant l'admission de trois cents le sol aux citoyens pauvres ; 3° l'exécution de cette loi de
nouveaux membres pris parmi les principaux chevaliers, le vait, d'après le projet, être conliée à des décemvirs, désignés
droit de fournir ]esjudices des quaestiones. La loi fut adoptée par dix-sept tribus, avec plein pouvoir de choisir les lieux
avec l'appui du sénat, en dépit des résistances des cheva et les terrains à vendre, d'en toucher exclusivement le
liers et des habitants de l'Ombrie et de l'Klrurie, qui re- i prix ainsi que le butin et les tributs indiqués "*,et de l'em
doutaient les nouvelles colonies. Le sénat chercha à élu ployer directement aux achats qu'ils devaient opérer ;
der les promesses faites aux alliés et aux plébéiens. Drusus 4° le quarantième article de la loi sanctionnait les posses
fut assassiné par une main inconnue, et ses lois annulées sions acquises depuis les proscriptions de Sylla, et en re
sous prétexte de vice de forme "*. Cependant le sénat garda connaissait la propriété aux détenteurs IW. Cicéron, d'ac
le pouvoir judiciaire, mais il vit éclater la guerre sociale, cord avec le sénat, obtint des comices tribus le rejet de
qui aboutit à faire concéder le droit de cité aux Italiens, cette loi, en se fondant surtout sur l'énormité et le danger
après avoir couvert l'Italie de sang et de ruines. La loi des pouvoirs conférés aux décemvirs
florin, qui accorda le droit de cité aux alliés en 8!) av. J.-C, Cependant, en 60 av. J.-C, Cicéron crut devoir appuyer
à l'exception des Samnites et des Lucaniens, contenait aussi une loi nouvelle (lex Flauia) présentée par le tribun Flavius,
des dispositions relatives aux droits des Italiens dans les dans l'intérêt des vétérans de Pompée ,4!. Il s'agissait pour-

'» Rudorir, Rim. Beehtt Getrh. I, § 16, p. 41.— IK \pv. n,ll. rie. I, 28; Tit. Liv. IV, 3n<, rapportent la loi Plotiu à 653 ou (>MÎ d • Rome ; cf. Macé, p. 415, note I. —
Epilome, f>9 ; Plut. Afar. 29. — '26 Cie. Pro Balbo, 21 ; l'ro Sestio, 16, 47 ; Tit. Liv. "* App. Bi ll. rio. I, 100: Tit. Liv. Epit. LX.WIX; Stral). V, 249 ; Mar.1, p. S20. —
Epit. 69 ; Aurcl. Vict. Mr. M. 62 ; Soliol. Bobb. ad Cic. Pro Plane, p. 272. — 1" HudnrlT, I, S 16, p. 42 ; Cic. De loge nqrni: 11, 28 ; III, 2, 3 ; Pro domo. SU ;
I" Macé, p. 368 ; Cic. Pro Balbo. 2 1 ; Plut. Crass. 2.— IWvalrr. Max. VIII, 1,2.— Sallust. Hist. fr. I, § 6, Orelli. — Plin. liist. nat. VU. 30 ; Cic. In Vison, i ; Plut.
12» Cic. Brutus, 62 ; De oral. II, Il ; Pro Babirio, >J ; De legib. II, G. — UO De prodig. Vir. 12 ; RudorfT, lldm. Bcrhts Gesrh. I, g 16, p. 42 ; Macé, p. 375 et suiv. — 11 II*
1 00 ; Macé, p. 371 ; suivant Rudorfl, clic aurait plutôt renouvela la loi Apulein. lege agrar. I, I, 8, et II, fi, 25 et 31 ; Macé, p. 3S9, noie I. — 1 'Cic. De lege agrar. I,
— "I App. Bell. cic. i, 35; Tell. Palerc. II, 13 et tq.; Florus, III, 16; Tit. Liv. ù. Le nombre et la situation étaient laissés à l'appréciation des décemvirs. — îï& Cic.
ICpit. 71 ; Aurcl. Vict. Vir. itl. f.6 ; Vnler. Max. IX, 5, 2. — 1« Cic. De legib. Il, G, De legr ngrar. I, 58, et II, 22, 27. — 1W Cic. De lege agrar. III, 2. — '« ThorIae:u«,
12 ; Pro domo, 16, 19 ; Cornel. Fr. Il, p. 4ii) ; Ascon. In Cornet, p. OS, éd. Orclli ; /Je l.-ge. Bulli, in Prob. et Opusc. academ., Havniac, 1 806, 1, p. 259-312 ; A. W. Zumpt.
RudorIT, I, jj 16,p. 42 .Macé, p. 371 et 372. — 13* Cic. ArtAtlic. I, Ifi; Manut. Deleijib. M. T. Cicrronû orntiones très de lege agraria, Berlin, 1861 ; Macé, p. 3SO. —
rom. in Graev. TIips. I, 1063 ; l'iL.'liiu* dans ses Annalrs, et Heyne, Opusc. acadrm. IW Cic. Ad Aitir. 1,18. 19, 6 ; Dio. 7.3 50 ; Rudoi lT. I, S 16, p. 43 ; Macé, p. 413.
AGR — 165 — AGR
tant de fonder des colonies en Italie, et d'employer les tri mercenaires les propriétaires de la plus belle partie de
buts des terres récemment conquises à se procurer le ter l'Italie ; ceux-ci se soulevèrent et furent vaincus avec
ritoire nécessaire à cet effet. Le sénat ayant combattu cette Lucius Antonius dans la guerre de Pérouse 151 ; toutefois la
loi comme trop favorable à l'influence de Pompée, Cicé- promesse, exécutée en partie, ne fut complètement réali
ron l'amenda 1M ; mais cette transaction ne réussit point, sée qu'après la bataille d'Actium, par la fondation de
et la loi Flavia, qui, paraît-il, offrait une grande analogie vingt-huit colonies militaires en Italie 15!, aux dépens de
avec la loi Plotia, fut retirée ou mise en oubli 1M. César, la propriété privée; les anciens habitants furent trans
plus heureux dans son premier consulat, en 59 av. J.-C, portés en Épire et en Macédoine.
sut réussir à faire adopter la loi agraire qui porte le nom de Il n'y eut plus désormais de véritables leges agrariae,
lexJulia campana, parce qu'elle s'occupait entre autres de mais des décrets impériaux relatifs aux colonies. Un
Vager campanus, dont l'État avait pu conserver jusqu'alors éditde Domitien mit fin aux dernières questions soulevées
le domaine intact u\ Elle fut votée malgré l'énergique au sujet de ce qui restait du domaine de l'État en Italie,
opposition de Caton et de Bibulus, collègue de César dans le en concédant aux possesseurs le droit de s'approprier les
consulat1", et les sénateurs furent obligés sous peine de per- subseciva, et en transformant toutes les possessions en
diellio d'en jurer l'observation Elle ordonnait: 1° l'a pleine propriété ",. G. Humbert.
chat de terres en Italie, au moyen du revenu des nouvelles AGRENOiV fÂypr,vov). — Filet, réseau ; plus particulière
provinces asiatiques ; 2° l'emploi de ces terres, ainsi que ment, vêtement réticulé, en laine, recouvrant
de Vnger campanus, à une distribution de lots aux pères de les autres habits, qui était propre aux devins1.
famille indigents et chargés de trois enfants ,w ; 3° une Hésychius* dit qu'il était aussi porté par les
commission de vingt membres devait être chargée de cette servants de Bacchus (jîxxyeôovTEç Aîovôdw). !!
opération. Ce système était en partie celui des deux lois ajoute, d'après Ératosthène, qu'on le nom
précédentes, mais avec un caractère plus pratique; il pré mait également yprivov ou yp^uv Un frag
valut grâce à l'influence combinée des triumvirs, et fut réa ment de statue antique (fig. 188) nous montre
lisé. César en retira tout l'honneur ; il avait voulu se rendre quelles en étaient la forme et la disposition.
populaire, mais aussi contribuer à relever l'agriculture en La tête de Silène qui orne l'agrafe du man
Italie, à repeupler les latifundia, en éloignant une partie teau doit sans doute faire reconnaître dans
dos prolétaires de Rome, et encourager la famille. La loi celte figure mutilée un prêtre de Bacchus \
dut atteindre en partie son but mais elle venait trop Agrenon est aussi le nom du réseau dont
tard pour réparer le mal qu'avaient fait les usurpations, était couverte, à Delphes, la pierre ombi
les désordres et les spoliations antérieures ,so. licale [omphalos]. E. Saguo. Pig. 1S8. Agrenon.
La loi Antonia, qui suivit l'assassinat du dictateur, pro AGRETAI (A^pÉtat). — On appelait ainsi, à Cos, neuf
posée par L. Antonius, frère d'Antoine, M av. J.-C, pré jeunes filles choisies chaque année pour se consacrer au
sente un tout autre caractère; elle tendait à faire concéder culte de Pallas '. E. S.
des terres aux vétérans de César, aux dépens de ce qui AGRICULTURA [RUSTICA RES].
restait de Yager publiât» en Campanie et en Sicile, mais AGRIMENSOR. — Ce mot, qui répond à peu près au
principalement aux dépens des particuliers; le frère d'An français arpenteur, a remplacé dans la basse latinité les
toine fut chargé, avec neuf autres, de distribuer le fruit de noms plus anciens de finitor et de mensor *. On appelait
ces spoliations m. Cette loi fut abrogée, en par un séna- aussi ceux qui remplissaient les fonctions d'arpenteurs corn-
lus-consulte et par la loi Frt/a, due au consul Vibius Pansa. perlalores ou gromatki, noms tirés des inslrumenls dont ils
Cependant Cicéron, pour rattacher les vétérans au sénat, faisaient usage [pes, groma]. Leur rôle fut important dans la
proposa lui-même une loi agraire en leur faveur ,M, et société romaine, soit au point de vue du droit public, soit
accepta les fonctions de décemvir agraire chargé d'établir au pointde vue du droit privé, et ils ont laissé desouvrages
des colonies pour les soldats d'Octave dans la Gaule cisal utiles pour la connaissance de l'histoire de la propriété.
pine. Bientôt le second triumvirat de Bologne, promit I. Des agrimensnres avant l'empire. — Le caractère reli
aux soldats, à titre de colonies, dix-huit cités de l'Italie, gieux que les Romains attachaient aux limilcs [terminus
qui devaient leur être partagées avec les terres et les édi motus, terminalia] et les rites observés soit dans la fonda
fices qui en dépendaient ,53. On expropriait au profit des tion d'une ville ou d'une colonie', soit dans le tracé d'un

•W Cie. In Pison. 2. — 1M c.ic. Ad Attie. II, I ; Dio Canins, XXXVII, r,0. — ngr., dans la Rev. de légitl. 18(6, II. 385 ; III, I et s. ; Macé, Det lois agraires chez
'» Mommwn, Rôm. r,, <rh. 111, c. n, p. 197. — 14» Builorn", I, § 16, p. 43; les Rom., Paris, 1816; Lange, Rôm. Altertliîlmer, Berlin, 2» éd. 1867, 1, 522; 11, 099 ;
Harless, bk Ackergetetx C. J. Cacsars, Bielfcld, 1841. — i*1 Appian. Dell, cie. II, lil, 8, li0, 31, 77, 100, 231, 272, 279; Becker-Marquardt, liandbut'h (1er rom. Alterth.
10-14; Veil. H, 44; Tit. Liv. Epitome, 103; Cic. Ad Attie. Il, 16, 1, î; XVIII, î; Leipzig, 1843-56; Rudorff, Rôm. [leehts Ceschiehte, Leipzig, 1857, I, g 16, p. 3V ;
Dio Cass. XXXV111, 1-7. — On en évaluait le nombro à Ï0,000. Vell. Paterc. II, g 81, p. 211 ; Mommsen, Rômische Geschichtc. Berlin, 2r éd. 1856-57; Corp. insc.
44; Saet Catn. 50 ; C.asauh. Ad h. /.; Macé, p. 421. L'aliénation des lots fut in lot. I, 87-91 ; Zumpt, Comment, epigraph. Berlin, lsr,o-3, I, p. 205-2';7; Walter, Get
terdite pour 20 ans ; Appian. Dell. rir. III, 2. — Gell. II, 15; Macé, p. 424 ehichte des rôm. Redits, Bonn. 1860, 3«éd. I, S6I, 62 et 252 ; Schwegler, Rôm. Gtt-
W. Zumpt, De C. J.Caes. colon. 1841 ; Id. Cumm. epigr. I, p. 277-302. — 1" Cic. dtichte, Tubing. 1853-58,1, c. xxv, 8 ; Budoi fT, liôm. Feldmesser, Berlin, 1818, 11,312;
Pkilipp. T, 3, 4, 7; VI, 5; XI, 5; XIII, 18; VIII, 8, 10, 6; Dio, XLV, 9. _ lui nie. Schaller, Die Bedeutung des ager publ. vor der Zeit der Gracchen, .Marburg,
Philipp. V, 19 ; Macé, p. 535 ; Walter, n° 253. — l« App. Bell. riv. IV, 3 ; Zumpt, 1865.
Comm. epig. 1, 325-343. — Tit. Liv. Epit. CXXV; Dio f.assius, XLVII, 14; AGRENON. ' Pollu\, IV, lui. — 5 s. r. — S Cf. Srhtinc, De personar. in L'urip.
XLVHl, JJ 6, a. _ ISS Dio Cass. LI, 7 et sq. ; Vell. Paterc. H, 76 ; Su' t. Oct. 13, Baeeh. habitu teenieo, p. 54. — 4 Gerhard, Antike Bildirerke, pl. lxxxit, d. 3 ;
16; Orelli-Henzen, p. 7; Virg. Eclog.lX, 28. — 'S« Frontin. LIV, 9; Hygin. 133, Welcker, A lté Denkmâler, II, p. 36; Id. Rhein. Mus. X« F. I, p. 435 ; Wiescler,
11 ; 1«3, 12; Suct. Dom. 9; fr. 78, g 1 ; fr. 87, g 4. Dig. De legalis, 31 ; nudorff, Denhnàler der alten Kunst, t. II, pl. xlix, n. 619.
Grsch. det rôm. Bechts, I, g 16, p. 43. — BraLloai ^phih. J. G. L. Hollmann, Dissert. AGRETAI. < Hesych. s. v.
^' <>'. pol. de legib. agi', pop. Argentor. 1674; Hi';ne, Lrr/rs agrariae, in Opuscul, AGRIMENSOII. I Nonnius, XI, 24, p. 11, Mercier et Qui. her.it ; Cie. De leg. ngr. II,
Aenden. IV, p, 350 et suii., Gôtting, 1795 ; Xiehuhr, Bômitehe Getehichte, II, 149 13,34, ete. ;Plaut. Poen. prol. — s Dionya. 11, 74 ; Ovid. Fatt.ll, 639; \tm,Ling.lat.
et suit. Htv )4 et guiT., Berlin, 1846; C. A. Engelbregt, De legibus agrariis ante VI, 13 ; Walter, Gesrh. des rom. Redits, 149, 266 ; Mafquaidt, Handb. der rom,
Grocc.'ioi, luçi. Bat. 1842; Ciraud, De la propriété chez 1rs Romains, 1838 ; Bureau Alterth. IV, 161. — »C Varro, Ling. lot. V, 143 ; O. Millier, £"(.111*. II, p. 142 ; Gi-
de la ti\\,;i;ron. polit, des Rom. Paris, 1840,1. 234; II, 258,280 ; Laboulaye, Des lois raud. Droit de propr. cm, 1.
AGR — 1C6 — AGR
camp, soit dans le partage des terres assignées [ager publi- faveur à une cognitio extraordinaria '*. Quand celui-ci
ccs, colonia, templi'm, castrorum metator], ont fait ad avait commis un dol (si mensor falsum modum dixerit ou
mettre généralement que les augures * furent les premiers renunciaverit), le préteur donnait contre lui une action in
arpenteurs, dans le temps où le collège des pontifes avait factum". — Dans les camps, les opérations géométriques
la juridiction môme en matière civile [pontifex, jus ponti- étaient faites par les officiers, sans doute à l'aide d'ex
ficium]; d'ailleurs, les prêtres étaient seuls en possession perts 14 ; mais plus tard le soin en fut confié à un officier
à la fois des secrets des sciences et de l'art augurai em spécial [castrorum metator].
pruntés aux Étrusques 6. On ignore à quelle époque l'art II. Des agrimensores sous l'empire. — Celte époque s'ou
de l'arpentage se sécularisa; ce ne fut sans doute que pos vrit par de grandes opérations de géodésie et par la fon
térieurement à la loi des Douze Tables, qui promulgua les dation de nombreuses colonies. Octave mena à fin le me-
principes du droit romain et favorisa ainsi l'établissement surage général de l'empire romain, entrepris par Jules
d'une juridiction purement civile. En effet, cette loi décla César15. Ensuite, il fit faire le recueil de toutes les mesures
rait que les champs seraient séparés par un espace in de longueur usitées dans les villes et les provinces, des formes
termédiaire (finit)' de cinq pieds, dont la moitié était de délimitation, et des règlements relatifs aux limites, ac
prise sur chacune des terres contigues. Cet espace n'était compagné d'un commentaire1", mais sans faire procéder à
pas susceptible d'usucAPio; les contestations sur la li un arpentage de chaque propriété, comme on l'a soutenu.
mite, qui devait toujours être retrouvée par des procédés Les colonies seules possédaient un cadastre complet On
techniques, étaient confiées à trois arbitres. Et sans doute se bornait à délimiter l'ensemble du territoire des autres
les agrimensores étaient alors, à l'égard du finis, des juges villes, pour l'assiette de l'impôt. Chaque champ n'avait que
arbitres dans la forme du sacramentum ou de \a.judicis pos ses bornes privées et s'y trouvait imposé d'après la décla
tulât™ [actio], et non de simples experts, puisqu'il n'y avait ration du possesseur. Mais plus tard 18, on réclama de part
paslieu d'appliquer les principes du droit7, mais seulement et d'autre un cadastre et une délimitation qui se firent suc
les règles de leur art. Une loi Mamilia, de date incertaine, cessivement d'après le mode suivi dans les colonies pour
remplaça ces trois arbitres par un seul8. Cet intervalle im Yager assignatus.
prescriptible servait souvent de sentier, mais on n'était pas Octave ordonna, en outre, un recensement des per
astreint à le laisser sans culture ou sans plantation, sauf sonnes et des fortunes dans tout l'empire", en imitation
le cas où, dans un ager limitatus 9 [ager publicus], une du census romain [censor, censibus (a), libri cENSORiij.
ligne appelée limes linearius servait en même temps de Les registres furent rédigés par territoire de cité, sous
limite aux deux voisins. Ce système des fines s'appliquait les noms à'encauta, encautaria, polyptycha, vasaria publica,
a tous terrains privés, môme arcifinii; il fut étendu aux etc. ; ils renfermaient notamment l'indication des posses
provinces. Si, dans les controverses sur le finis (controversée sions de chaque contribuable, avec estimation renou
de fine), Yagrimensor jouait le rôle de juge, il en était au velée tous les dix ou tous les quinze ans. En cas de ré
trement dans le cas de controverse de loco, c'est-à-dire clamation, des péréquateurs 2(1 ou même des inspecteurs
quand le litige s'étendait au delà des cinq pieds. Dans ce extraordinaires 21 pouvaient reviser les opérations du cen-
cas, le juge ordinaire (peut-être d'abord les centumvirs, sitor ou de Yadjutor ad census, ou du curator ad census ac-
plus tard Yarbiter de l'action finium rkgundorum) était cipimdum a et des censuales de la cité. On comprend que
compétent sur la question de propriété, et n'appelait ces estimations exigeaient souvent un arpentage et l'in
Yagrimenmr qu'en qualité d'expert, pour aider à retrouver tervention des agrimensores. Organisés sans doute déjà
les anciennes limites, etc. Mais alors la controverse était auparavant en corporation [collegium], ils furent facile
vidée par un juge ordinaire, d'après les principes du droit 10. ment convertis en fonctionnaires*3. On établit des écoles
11 en était de même quand il s'agissait de l'obligation du publiques pour former les mensoies ou agrimensores u. Aussi
bornage ou de déplacement de bornes. Dans la délimita- leur donna-t-on les titres honorables de togati Auguslorum
lion d'une colonie [colonia], les augures furenl toujours et de auctores, avec des appointements considérables. Mais
employés; mais toutes les opérations techniques étaient quelques-uns seulement reçurent, pour des services excep
faites parles agritne tsores 11 , qui prenaient aussi à bail l'en- tionnels, le titre de clarissimi K. En leur qualité de fonc
Ireprise de la pose des bornes. La convention faite avec un tionnaires, ils étaient employés à la délimitation des pro
agrimensor n'était pas un contrat productif d'action, à vinces conquises ou des colonies nouvellement créées ou ré
moins d'une stipulation formelle ; ce n'était point un louage tablies. Comme juges (a/-i(Vn'),6dans les controverdae de fine,
(locatio operarum), puisqu'il recevait à raison du caractère ils conservaient encore leur compétence sous Constantin
élevé de ses services un honoraire (honomrium) plutôt et sous Valentinien II
qu'un salaire {merces), c'était un pacte donnant lieu en sa Môme au cas de controversia de loco, Valentinien II dé-

4 Becker-Marquardt, llandbuch der rùm. Altertk. II, 3, p. 68-88 ; et IV, p. 34 et suiv.; Berichle der sâc/is. Gesellsch. 1851, p. 103. — 16 C'est là, comme le dit très-bien
Hyg. De lim. p. 10G ; Frontin. De limit. agr. p. 27 ; Lib. colon, p. 225. — 6 Walter, Walter, Op. I. n. 321, n. 3, tout ce qui résulte du Liber coloniar. p. 239, démonstration
Gesch. des rùm. Redits, n. 206 ; Rudorff, Rùm. Feldmesser, II, 230 ; cf. Cieer. De leg. p. 402 ; cf. Huschltc, Ueber den zur Zeit der Geburt Jesu Christi gehalt. Census.
II 8, 21. — 5 Cic. De leg. agr. I, 121 ; RudorfT, Grànzscheidungsklage ; ld. Rùm. Breslau, 1840 ; Id. Ueber den Census und die Steuero. der frûh. Rom. Kaiserzeit,
Feldm. H, 135-440 ; Walter, Op. /. n. 576. — 1 1bid. n. 772 ; Vangcrow, Pandekten, 55. Berlin, 1847. — t7 Liber coloniar. p. 209-202. — '3 Hygin. De fin. cont. p. 204-
— 8 jtudorff, Rom. Recltts Gesch. I, § 43 ; Id. Feldmesser, II, 244 ; Momimco, Feldm. ; Aggcn. In Front, p. 3-5 ; Hygin. De cond. agr. p. 122-123 ; Rudorff, Feldmess.
II, 225, la confond avec la les Mamilia Gaii Caesaris. — 9 Sic. Flaceus, De coml. Il, 292, 297, 419. — " Walter, Op. I. a. 322 ; Huschkc, Ueber Census, 1840 ; Cassiod.
agr. p. 145, éd. I.achmann ; Hygin. De limit. eonst. 169; Walter, Op. I. a. 207, 576 et Var. III, 52; Isid. Oriij. V, 36; Suidas, s. v. dnto^faç^ ; Luc. Evang. II, 1, 2. —
772 ; RudorlT, Feldm. Il, 430. — 1° Front. De conl. agr. p. 43-45 ; Aggenus, De SO Orelli, Inscr. \\, n. 3652, 3077. — «I C n, m, lv, v, vi, tu, i, ii, iii, ht C
vont. agr. p. 74, 75 -, Hygin. De gen. cont. p. 129-131 ; Aggenus, Ad Frontin. p. 13. Th. 13, 1. — 22 Fr. 1 S 2, D. De mun. L, 4. — *' Mais qu'il ne faut pas confondre
— 11 Lex 'Xftoria, nnn. 043, c. lyi, éd. RudorfT; Hygin. De lim. eonst. p. 172 ; Liber avec les mensores ou metalores, ou quartiers-maîtres du préfet du prétoire, C. 1
colon, p. 12; on y trouve p. 211-213, un formulaire de contrat pa<sé avec Yagri C. Th. VI, 34; C. 4, VII, 8 ; C 1, 2, C Just. 12, 41 ; Walter, op. /., n. 384. —
mensor; Walter, Op. I. n. 266. — 14 Ulp. fr. 1, Dig. L. 13, De extraord. cognit. — 24 RudorfT, Feldmt'ss. III, p. 320 ; Mommsen, Feldmess. II, 174. — 25 Gromatici
13 Ulp. fr. 1 Dig. Si mens. XI, 6 [Actio]. — " Polyb. VI, 1 ; Caca. Dell. Galt. vet. I, p. 307, 542 , 347. — 26 Mommsen, Stadlrecht von Salpensa, p. ISO et s. —
Il, 17. — 1"> Rilschl, in Rhein. Muséum. 1842, p. 481 ; 1843, p. 157, et Momrascn, f' C. 3 et 4 Cod. Thcod, Fin. reg. 11, 26,
AGR — 167 — AGR
cida, il est vrai, en 385, que Yagrimensor jugerait lui-même, Agrionios semble avoir eu dans une antiquité reculée
sans égard à la prescription, pour fixer le finis originaire18 ; son principal foyer, on racontait que les filles de Minyas,
mais l'ancien droit fut remis en vigueur par Théodose 1er, ancien roi de la contrée, ayant refusé de se joindre aux
en 392 M. Enfin, Justinien réglementa la matière à nou autres femmes qui célébraient dans les montagnes les orgies
veau, en 530, en introduisant la prescription de trente ans du dieu, avaient été jetées par lui dans un délire furieux
pour toutes contestations sur les limites30. Aussi, en insé et avaient dévoré le fils de l'une d'entre elles 8. Les des
rant dans son code la constitution de Théodose, il l'inter cendants de la race de Minyas expiaient chaque année
pola de manière à exclure Yusucnpio et la praescriptio longi ce crime, le jour de l'Agrionie. Les hommes ne prenaient
temporis de dix à vingt ans **. En même temps, par une aucune part à la fête ; mais le nom qu'on leur donnait
autre mutilation de la constitution de Valentinien", il (VoXôtiç, couverts de suie) prouve qu'ils portaient les si
supprima l'imprescriplibilité et l'ensemble des règles rela gnes extérieurs d'un deuil profond. Les femmes étaient
tives au finis de cinq pieds. Les agritnensores furent ainsi appelées 'OXsTai ou'OXoaî (les malfaisantes), ou peut-être Aîo-
réduits au rôle d'experts, puisque le juge devait décider Xeîai (les Éoliennes) '. Plutarque rapporte x" qu'elles se ras
en appliquant même de fine les règles du droit et la pres semblaient, le jour de la fête, auprès du temple, d'où le
cription. En cette qualité, ils aidaient à retrouver les prêtre de Dionysos sortait une épée nue à la main et se
anciennes limites par l'inspection des bornes ou des docu mettait à les poursuivre, ayant le droit de tuer celle qu'il
ments, tels qu'écrits, cartes, plans {forma, pertica, centuria- pouvait atteindre. Cette partie de la fête est représentée sur
lio, aes, iypou, metatio, cancellatio, limitatio) ou des livres un vase peint (flg.i 89) où, après une discussion approfondie,
terriers (liber subsecivorum, commentarii, divisionesss).
Dans le déclin de leur profession, les principaux écrits
des yromatici veteres ou rei agrariae scriptores, réunis pour
l'enseignement des écoles, furent conservés en partie in
tacts, en partie altérés ou résumés par les praticiens leurs
successeurs. Cette collection se compose d'ouvrages écrits
entre le premier et le sixième siècle de notre ère, et qui
ont été édités seulement depuis peu d'années avec une
critique suffisante. G. Humbert.
Fig. 189. Scène de l'Agriunic à Orchomène.
AGRIONIA (À-rptoW). — Fête bachique dont le nom in
dique le caractère sauvage. Elle parait, en effet, avoir été de savants antiquaires se sont accordés à la reconnaître". Au
célébrée dans tous les pays où était établi le culte de temps de Plutarque", il arriva qu'un prêtre nommé Zoïlos
Dionysos surnommé oYpuiveoç (le cruel, le féroce) ou tua effectivement une femme qu'il avait saisie ; sa mort, qui
»f»l<mîç, ù(xoa>âfOT, wnâSio; (le mangeur de chair), et prin suivit de près, et des adversités de toute espèce qui acca
cipalement en Béotie, d'où son usage se répandit dans les blèrent la ville, avertirent le peuple que cet acte barbare
iles, dans le Péloponèse et dans le reste de la Grèce '. Les n'avait pas été agréable au dieu. L'hérédité du sacerdoce
transports furieux des bacchantes courant dans les mon fut abolie et un nouveau prêtre fut nommé par élection.
tagnes, déchirant et dévorant les bêtes des forêts, et le Le même historien complète" les notions que nous possé
sacrifice réel ou simulé d'un jeune garçon, sont partout dons sur la manière de célébrer YAgrionia à Orchomène,
les traits saillants de cette fête. Ces rites sanglants devaient en nous apprenant que les femmes faisaient semblant de
rappeler le mythe de Dionysos mis en pièces par les chercher Dionysos, puis revenaient en disant qu'il s'était
Titans, et ce mythe n'était lui-même que le symbole enfui et caché parmi les Muses. Elles prenaient ensuite en
de la mort apparente de la nature pendant les mois de commun un repas, à la fin duquel elles se proposaient l'une
l'hiver. à l'autre à résoudre des énigmes et des griphes [griphus].
Les pratiques de ce culte ne s'adoucirent que tard. Long Nous retrouvons une fête du même nom, avec des tradi
temps on sacrifia à Dionysos Agrionios des victimes hu tions analogues, à Thôbes, où Hésychius " nous apprend
maines1; à Chios', à Lesbos *, un homme ou un enfant qu'elle était l'occasion d'un concours (à-yw), et à Argos, où
était en réalité mis à mort et déchiré ; ailleurs on substitua on la célébrait par des cérémonies funèbres (vexÔtkx). On
des animaux aux victimes plus nobles qui étaient précédem peut, d'après les récits qui se rapportent aux fêles de Dio
ment dévouées à la mort, comme à Potniae, en Béotie5, nysos à Sicyone et dans d'autres villes, rattacher ces fêtes
àTénédos', en Crète1 et dans d'autres villes ou pays où l'on à celle qui portait le nom d'Agrionia. E. Saglio.
devine facilement que les mêmes pratiques avaient eu AGRONOMOI (Aypovo'uoi). — Aristole, après avoir parlé
cours, à travers les légendes qui voilèrent, lorsque la religion des astynowoi, magistrats chargés de la police de la ville,
fut devenue moins barbare, ce qu'elles offraient de repous- dit qu'il doit y avoir pour les campagnes des magistrats
vint. Ainsi, à Orchomène, en Béotie, où le culte de Dionysos investis d'une mission analogue et appelés par les uns ttypo-

" C 4 Cod. Th. H, 20. —» C5, eod. et c. 1, pr. C. Theod. De acl. cert. lemp. thol. t. I, p. 542 (2« édit.). — « Plutarch. Themist. 13 ; Pelopid. 22. — 8 Por-
IV, 14. — »c. I, g 1, C J. Deann. exc. VU, 40. — 81 C 6, C. Just. Fin. reg. III, phyr. Ahitin. U, 55; Euseb. Praep. en. IV, 16. — * Porphyr. Abstin. II, 85; Clem.
8J£. 5,C. Just. cod. — 88 Kuilorlf, Grom. inst. p. 323-421. — Biuliograpiiii:. Prolr. III, p. 36; C.yrill. Contra Julian. 48, 128. — 6 Paus. IX, 8, I. - «Aclian.
Uromatici lettres, éd. Lachmann et Iludorir, Bcrliu, 18-18-18S2 ; Vallcr, Geschichte Mit. anim. 12, 34. — ?Jul. Firm. p. 9. — » Plut. Quaest . gr. 38 ; Anton.
in rtmkch. Jtcehtl, 3» éd. Bonn, 1860, n. 5, 149, 266-269, 384, 576, 77i, 773, Liberalis, 10; Aclian. Var. Hist. III, 42. — » Wel ker, Gr. GOllerlehrc, t. I,
'02; Vangcrow, Lehrbuch der l'imdekten, 1' éd., Leipzig, 1863, III, n. 658; p. 446; Gerhard, Gr. Mythol. I, 498. — 10 Sympos. quacst. VIII, I. - Il Wclc-
Niebuhr, Rlimàche Geschichte, II, p. 3S2 et »., 1™ éd. ; Giraud, lissai sur i'hilt. du ker, Aile Denkmdler, III, 138; Griech. Gôtterlehre, t. I, p. 446; O. Jahn, Arch.
•Iroit français au moyen âge, Paris, 1846, 1, p. 256-269; ld. Recherches sur le droit Auftà/ze, p. 149 ; Arch. Beitrdge, p. 38. Cette peinture est ici reproduite
•le propriété, Ail et Paris, 1838, t. I, p. 98 ; Rudorir, Ueber die Grântscheidungs- d'aprèf Rnoul Rochettc, Aîonuin. inédits, pl. iy, fig. 1 . — u Quae>t . Gr. XXV1I1. —
tluge, inSaiigny's Zeitschrift,\, p. 343-437 ; G. Zeiss, in Zcitschrift fùr Altirthmns- '3 Qitaest. symp. VIII, I. — 1^ Hesych. s. v. — Bibliooripuib. Welcker, Griechische
Tiuenscha(t, 18 lu, n. 106-108. C'itterlechrc, I, 413 et *uiv.; O.-Jahn. Arch. Aufscitzc, p. 149; ld. Arch. ùeitràgc,
AGMOMa. 1 Preilcr, in Paulys liealencycl. t. U, p. 1063 ; ld. G iech, M,j p 1 19; l'auly'i tle<t:encyclop. 1, p. â?7 (-« édit.) ; 'O. Mulltr, Orchomenos, p. 161.
AGR — 168 — AGR
vôjiot, par les autres &Xtopo£ suivant toute probabilité, les des chasseurs porte un sanglier sur ses épaules ". On peut
premiers exerçaient leur surveillance dans les régions dé rapprocher cette figure de l'églogue de Virgile 18 où Cory-
couvertes ; les seconds, dans les parties boisées du pays. don promet à Diane la ramure d'un cerf et la hure velue
Platon, dans son Traité des Lois, parle très-souvent des agro
nomes et décrit longuement leurs attributions '. Les deux
philosophes leur attribuent la charge de protéger le pays
contre les invasions de l'ennemi par la construction de
forteresses et l'établissement de retranchements.
Nous ne croyons pas que, dans les auteurs classiques, ni
dans les inscriptions, il soit fait mention des agronomes;
mais il nous paraît très-vraisemblable qu'ils faisaient partie
de l'ensemble des magistratures de police dans l'Attique.
M. Biichsenschiitz ' limite leur contrôle aux propriétés ap
partenant à l'État; rien, dans les textes d'Aristote, n'au
torise cette restriction.
Les inscriptions de Sparte ont fait connaître des magis
trats qui devaient avoir les mômes attributions que les
agronomes et que l'on appelait 7iESiavd[/.oi *. E. Caillemer. Fig. 190. OilranùV à Artfmi.» Aboiera.
AGROTERAS TI1YSIA ('A^potÉpaç 8uo-t'a). — I. Fête an d'un sanglier. Plutarque dit w. d'une manière générale, que
nuelle célébrée à Athènes en l'honneur d'Artémis Agro- l'on offrait à Diane les cornes des cerfs. E. Saglio.
tcra ou Agraia, déesse de la chasse [diana], qui avait son AGRYPMS (À-rpuîm;, la veitlée). — Fête nocturne célé
temple dans le faubourg d'Agrae, sur une hauteur. C'est brée en l'honneur de Dionysos à Arbèles, d'après Hésy-
là que, selon la tradition, la déesse, venant de Délos, avait chius'. On ignore s'il s'agit, dans ce passage, d'Arbèles
pour la première fois chassé '. Le jour de la fête, on s'y en Assyrie ou d'une autre ville du même nom. E. S.
rendait en procession Mais cette déesse présidait aussi AGYIEHS ('A-picO,- et 'A-fy-ot-rT); — Ce surnom tiré
aux combats, et les Spartiates, avant de livrer bataille, da-ptâ, rue, donné à Apollon, considéré comme protec
avaient l'habitude de lui sacrifier une chèvre en face de teur des rues, devint par extension le nom
l'ennemi3. Ceci explique le vœu que la tradition attribue à des images et autels élevés en l'honneur du
Miltiade avant la bataille de Marathon. Il promit de sacri dieu, à Athènes, devant les portes des mai
fier à cette déesse autant de chèvres, ou de bœufs suivant sons (£v TrpoOûpot;). Ces images ou autels
une autre version *, qu'il y aurait d'ennemis abattus. Mais avaient conservé la forme des akgoi lituoi ;
il se trouva que le nombre des ennemis tués était trop ils consistaient en un pilier rond ou carré, Fig. 191. Symbo'r
grand pour permettre d'accomplir le vœu. On se contenta aminci vers son sommet Les monnaies d'Apollon Agyieus.
donc d'offrir annuellement 500 chèvres' ou, d'après un d'un assez grand nombre de villes en offrent la représenta
autre rapport, 300 6. Ce sacrifice avait lieu le 6 du mois boé- tion, comme celle d'Ambracie, ici reproduite (fig. 11)1), où
dromion7. Elien" indique par erreur le 6 du mois thargé-
lion ; on sait positivement que l'anniversaire de la bataille
de Marathon ne correspondait pas à ce jour : on l'avait
ainsi fixé pour le faire coïncider avec la fête de la déesse
Hunziker.
IL Aghoteras TnïsiA est aussi le nom du sacrifice que les
chasseurs avaient coutume de faire à Artémis Agrotera
d'une part du butin qu'ils devaient à son assistance10. C'était
ordinairement la tète, le pied, les cornes ou la peau
des bêtes abattues. Les monuments qui offrent des images
d'Artémis ou de Diane, ou qui se rapportent à son culte,
montrent souvent attachés aux colonnes ou aux murs de
ses temples, ou suspendus aux branches d'un arbre sacré,
une ramure de cerf", un crâne décharné ou môme une
pièce de gibier tout entière, comme on le voit dans un élé
gant bas-relief du Musée du Louvre " [venatio]. Sur un
sarcophage trouvé a Constantinople (tig. 190), où est repré Fig. 192. Hermès et Apollon protecteurs du seuil.
sentée l'histoire de Phèdre, on voit Thésée assis, au retour
de la chasse, devant un autel d'Artémis. Un jeune garçon l'on voit le symbole d'Apollon Agyieus, orné de bandelettes
est occupé à fixer au sommet le bois d'un cerf, tandis qu'un semblables à celles qu'on attachait aux stèles funéraires et,

AGKONOMOl. » Polit. VI. !i, S 4 ; cf. VII, 11, g 4.— » Leg. VI, I). p. 355, 40-358, riau. Venat. 35; Schol. Aristoph Plut. 943, et annot. éd. Didot ; Suid. ». c.
.i. — 8 Besitz und Erwerb, p. 63, note 5. — * Viacher, Epigraph. und archâol, KforaaTTrfXtvoic. — 11 Gerhard, Antike Bildw. pl. 83. — 1* Winckclmann, Afin.
lleitrâye nus Griechenland , Bile, 1855, n° 3Î, p. 20 et Miiv. iii>-<ï. 119; Guigniaut, Nouv. Gai. myth. pl. ccxuv bis, n. 839; Brauu, Zwôlf Bat'
AGROTERA8 TIIYblA. lPaus. I, 19, 7. — » Mal. De malign. Herod. 26. rel. pl. m. — U Clarac, Mus. de se. pl. 178.— 1* Gerhard, Arckâol. Zeitung, 1S57,
— » Xenoph. RM. IV, S. ÏO; Ici. Rep. Lac. 13, 7; Plut. Lyc. 22. - * Schol. pl. 107; cf. Rev. archrol., 1868, p. 247.— '5 Bueol. VII, 19; Philostr. Imag.,
ad Aristoph. Eqtit . 666. — S Xenoph. Anab. III, 3, Il ; Plut. /. I. ; Herod. VI, 1, 28. — 16 Quaetl. rom. IV.
I 11 ; Schol. ad Aristoph. I. c. — • Aelian. Var. Aù(. Il, 25. — ' Plut. Loc. c. — AGRYPMS 1 Hesych. s. v.
» Var. hùt. — • Frérel, »Iem. de tAcad. det Intcript. t. XVlli , p. 1 34 et suiv. ; ■ AGYIEUS. » Aeschyl. Agam. 1039. - « Schol. Aristoph. Vesp. 875 ; bvkk.r.
Bikkh , iloiidcycten, p. 64 et suiv. — 10 Artcmidor. Ontii ocr. H, 85, p. SOS ; Ar- Aneci. p. 331.
AGY — 169 — AGY
en général, aux objets consacrés. On déposait aussi des seurs de bonne aventure. Leur nom vient d'iyeifuv (rassem
branches de laurier ou de myrte, on faisait brûler des bler), d'après les lexicographes Il leur avait été donné
parfums ou l'on versait des huiles odoriférantes sur la soit parce qu'ils rassemblaient la foule, qui faisait cercle
pierre même qui était le symbole du dieu : c'est ce qu'on autour d'eux pour les voir et les écouter, soit à cause des
appelait xvtccôtv orfuict; el cr^uia-ncEc; 6£pont£Ïat 5 ; le ficojjibî sommes qu'ils réunissaient en quêtant après l'avoir étonnée
àvwsi; *, dont on rencontre fréquemment la mention ou divertie. « Des sacrificateurs ambulants, des devins, dit
dans les auteurs anciens, n'était pas autre chose que Platon *, assiégeant les portes des riches, leur persuadent
celte primitive et grossière image. On s'accoutuma à la qu'ils ont obtenu des dieux, par certains sacrifices et en
considérer et à la désigner comme un autel, à cause de chantements, le pouvoir de leur remettre les crimes qu'ils
l'emploi qu'on en faisait et de sa forme, qui fut appro ont pu commettre, eux ou leurs ancêtres, au moyen de
priée à cette destination. M. Wieseler s a reconnu, sans jeux et de fêtes. Quelqu'un a-t-il un ennemi auquel il
doute avec raison, des autels mobiles (Ouuiomipia, li^apia), veuille nuire, homme de bien ou méchant, n'importe, il
d'Apollon Agyieus, dans des cippes, tantôt debout et tantôt pourra le faire à peu de frais : ils ont certains secrets pour
renversés, que représentent diverses œuvres d'art et dans séduire ou forcer les dieux et disposer de leur pouvoir. Et
lesquels on n'avait vu jusqu'alors que des tronçons de ils appuient toutes leurs prétentions du témoignage des
colonne dont rien n'expliquait la présence ; au contraire, poètes. . . Et sur ces autorités, ils persuadent non-seulement à
l'intention de l'artiste de figurer Vagi/eus est presque tou de simples particuliers, mais à des États, que certains sa
jours motivée dans les ouvrages où M. Wieseler l'a crifices accompagnés de fêtes peuvent expier les crimes des
retrouvé. Ainsi une peinture de Pompéi' (fig. 192) re vivants et même des morts; ils appellent ces cérémonies
présente Hermès et Apollon, dieux invoqués tous deux purifications (xtktvxl), quand elles ont pour but de nous
par les Athéniens comme les protecteurs de leur seuil délivrer des maux de l'autre vie; on ne peut les négliger
(6-jpufôî, Ovfotïo;, ^po-ûXaioç), l'un assis, l'autre s'appuyant. sans s'attendre à de grands supplices. » L'auteur hippocra-
sur la pierre qui lui est consacrée. Dans celle supposi tique du traité De la maladie sacrée ', achève de nous peindre
tion l'entaille carrée que l'on remarque à la surface ces mendiants qui faisaient métier de guérir, de deviner
supérieure du cippe renversé, serait l'orifice du canal l'avenir et de jeter des sorts : il les appelle àyûç-zau, àAaÇdvs;,
destiné à l'écoulement des liquides que l'on y répandait. xaOapraî ; il nous les montre ordonnant des sacrifices, pro
Sans doute, aux beaux temps de l'art, Apollon Agyieus fut nonçant des paroles magiques, prescrivant ou interdisant
représenté dans des œuvres d'art plus parfaites. Un autel certains mets et, certains vêtements, et prétendant par
trouvé dans l'Attique7 offre l'image ici reproduite (fig. 193) leurs pratiques secrètes faire descendre la lune, obscurcir
du dieu nu, te- le soleil, attirer la tempête ou rasséréner le ciel, rendre
V_ aiaohityxhi^ \^ „ant la cithare la mer fertile ou la terre inféconde. Une anecdote rappor
AnoAAllNOr ArviEnc npoz tatepi et s'appuyant sur tée par Plutarque *, au sujet de Cléomène I", qui régnait
nAIPJlDN nTOIOYKAA.PIOYnANIONIOY un tronc d'arbre. à Sparte vers 520 avant Jésus-Christ, nous prouve que ces
L'inscription charlatans étaient en grand crédit dès cette époque. Les
gravée au-des citations qui précèdent montrent quelle influence ils
sus, AIlOAAiiNOI avaient su prendre sur l'esprit du vulgaire, mais le lan
ArviEûi iipoï- gage dans lequel en parlent Platon et Hippocrate témoigne
ÏATHPIOr IIA- du mépris qu'ils inspiraient aux hommes éclairés. On ne
TPnor nreior sait pas précisément dans quel temps ils commencèrent à
KAAPIOY TUJNin- se montrer dans la Grèce ; ils paraissent s'y être emparés
MOY, le désigne par leurs impostures de la confiance accordée avant eux aux
à la fois comme orphéotélestes [orpheotelestai], avec lesquels ils sont quel
le dieu protec quefois confondus s. Ils se répandirent dans tout le monde
teur de la rue, hellénique et pénétrèrent dans le monde romain avec les
de la demeure, cultes de Cybèle, d'Isis et des dieux de l'Orient, partout ac
de la famille, et cueillis par la crédulité de la populace et déconsidérés par
Fip. 193. Autel d'Apollon A|;yk'ii«. comme celui de leurs pratiques et leurs mauvaises mœurs. Les plus connus
toute la race io sont les metragyktai:, prêtres mendiants de la Mère des
nienne. Les Athéniens étaient fort dévots au dieu qui veil dieux. Ce que Lucien6 et Apulée 7 racontent de ces derniers
lait à l'entrée de leur maison. Ils lui adressaient de fré est également vrai des autres confréries du même genre.
quentes prières; quand les rues trop étroites ne permet Ils promenaient avec eux et faisaient voir l'image de la di
taient pas de lui ériger devant la porte une image taillée, vinité dont ils s'étaient faits les servants. Une quête suivait
on la peignait sur la muraille8. Apollon Agyieus avait aussi cette exhibition. En Italie, où ils étaient rigoureusement
un culte, des autels et des statues à Argos, à Sparte, à surveillés, il ne leur fut permis de faire leurs collectes qu'à
Tégée, à Mégalopolis et dans d'autres villes, mais il n'y certains jours déterminés. Aucun Romain n'eût osé y con
était pas, comme à Athènes, universellement adoré et n'a tribuer, ni paraître dans leurs processions ". Quelquetois
vait pas son image devant toutes les portes. E. Saglio. c'étaient des bêtes féroces apprivoisées qui portaient l'idole ;
AGYRTAE fAyiipTat). — Prêtres mendiants, charlatans, di- ils excitaient ces animaux dressés à cet effet et semblaient

'Aristoph. Equit. 320; F.urip. Ion, 89. — Ulcsvch. t. I, p. 72; Suid. t. 1, p. 41 . c.iuruiK. 0. Millier, Jlorier, 1, p. 310, 2« éd.; Welcker, Griech. G6tterlehre,\, 495;
Rellad.ap.phot. Bibl. p. ;)33, Bckker; Pollui, IV, U3. — * Annal, dell' Intl. di corr. K. F. Hcrmann, De terminis ap. Graecos, Gotting, 184G. III; Wieseler. Op. laud.
'ireA-of. XXX, 1858, p. 223 ; cf. 0. Jaho, in Abhamll. des sàchs. Geselltch. V, w AGYRTAE 1 Hesvch. et Suid. «.». — » Rep. II (t. IX, p. 7: de la trad. de
MM- -«Jftu Borb. X, tav. 37 ; cf. Ib. 1, tav. 8; Vil, tav. 3; IX, tav. î. — Cousin?. — * lUfi u?t; votoou, I, p. 301. — 4 Apophth. Lac. 45. — 6 Theophr. Char.
Stuart, Anfig. nf Athens, I, p. 25. — ' Sohul. in Bnrip. Phoen. 031 . — Bïouo- l&. — *Asin.3ï,—~Metam. VIII, 24. — 8 Pion. Halic. II, 19 j Cic. Leg. II, 16.
1. 00
AIA — 170 — AIK
ensuite les apaiser ou les dompter par leurs gestes ou par queurs suspendaient leurs couronnes dans le temple
le bruit de leurs instruments *. Eux-mêmes ils dansaient au d'Éaque. Hunziker.
son des flûtes, des tambours et des cymbales, et ces danses AIAKIS (Alaxtç). — Nom qu'on trouve dans A thénée1 pour
faisaient partie de leurs moyens de guérir 10. Ils distri désigner une xuai? [calix]. Ch. Morel.
buaient aussi des présages sous forme de sentences écrites AIANTEIA (A'tâvxeto). — Nous connaissons trois fêtes de
sur des tablettes qu'ils faisaient tirer d'une urne par celui ce nom : la première célébrée à Opus, dans la Locridc, en
qui voulait connaître son sort ou par un jeune garçon 11 ; honneur d'Ajax fils d'Oïlée 1 ; la deuxième, dans l'île de
ou bien un certain nombre de vers étaient gravés sur des Salamine en l'honneur d'Ajax fils de Télamon; la troisième
tablettes semblables (à-pp-rix!)? itîvaç, à^upTix-J) o-avî;), et les dés, à Athènes en l'honneur de ce même Ajax le Télamonien,
ouunautremoyen analogue, indiquaienlcelni qui se rappor qui était regardé aussi comme un héros protecteur d'A
tait ;\ la personne qui les consultait". Tous les moyens leur thènes. A l'occasion de cette fête, on dressait un lit
étaient bons pour (xài'vy)) s, sur lequel
attirer les regards . était placée la pa
et frapper les es noplie du héros.
prits; aussi ne les C'est un des plus re
distinguait-on pas marquables exem
ordinairement des ples que l'on ait,
bateleurs et des fai en Grèce, de cet
seurs de tours (cir- usage, qui rappelle
culatores , oy\t^<a- Fig. 19*. Dansti d'agyrtes mendiants. celui du lecti-
yoi, Ostu[iaT(moio(, yi- sternium à Home.
XwTo^otoî) qui exploitaient la curiosité du public. Dans la Il est à croire que des fêtes du même nom furent célébrée;
gravure qui accompagne cet article, empruntée à une pein dans d'autres villes de la Grèce, à Sparte, par exemple,
ture découverte à Home dans un columbarium", on reconnaît où a été trouvé un marbre 3 mentionnant i'Aùmteia parmi
des agyrlan. Tandis que les uns dansent ou font résonner plusieurs autres fêtes. Hunzikf.r.
les cymbales, un autre tend son chapeau à la foule. La pe AIKIAS DIKÈ (Aîxi'a; Sun)). — La législation athénienne
tite ligure debout au milieu du cercle est peut-être l'image avait admis deux actions différentes pour la répression du
de la divinité pour qui est faite la collecte, et sans doute délit de coups portés sans provocation : une action publique
aussi l'animal que l'on aperçoit à l'extrémité est une de ces (26p6wç Yfatpii) et une action privée (aïxt'aç ôUr\). Les inter
bêtes apprivoisées dont les prêtres mendiants se faisaient prètes ont fait de grands efforts pour arriver à reconnaître
suivre. E. Saglio. des différences entre les faits qui donnaient passage à ces
A1IENUM ou aenum (diminutif, aiienilum ').—* Chaudron deux actions et pour démontrer qu'elles ne pouvaient pas
de bronze, ainsi appelé du nom du métal (aas) dont il était être indifféremment employées. M. Westermann notam
fabriqué. On s'en servait pour faire bouillir l'eau et pour y ment a soutenu que, pour la YPa<?^l uêpetoç, il fallait que les
cuire des aliments, en le tenant suspendu, comme le dit coups eussent été portés avec Vanimus injuriandi, tandis
expressément le jurisconsulte Paul !, qui distingue par là que, si cet animus faisait défaut, il y avait seulement
ces vases de ceux qu'on posait sur le feu. D'autre part, otlx(al; mais tous les textes des orateurs et des grammai
les poêles opposent souvent Ya/ienvm à la broche (aeno riens prouvent que l'aixi'oeç 8£xy) elle-même n'était possible
aut verubus), comme nous opposons les que lorsqu'il y avait animus injuriandi*. Conon, poursuivi
mots bouillir ou rôtir La figure re par Démosthène, essaiera, dit l'orateur, de prouver que les
présente un ahenum d'une forme élé coups ont été portés eï; félonct xai cxoWfjurra, afin d'échap
gante conservé au musée du Louvre. per aux conséquences de l'aîxdx? oi'xtj3; Démosthène dé
On voit au sommet de l'anse un œil montrera, au contraire, qu'il y a eu intention mauvaise,
destiné à recevoir le crochet auquel on C6ptç, et c'est précisément cette expression que les gram
le suspendait. Les teinturiers se ser mairiens emploient pour définir l'otixdz : Aîxi'a, uêpi; eixttXt)-
vaient de chaudières analogues. On foç4. Il faut donc nécessairement s'arrêter à cette idée que
trouve dans quelques passages des c'est la procédure employée pour arriver a. la répression du
poètes la pourpre phénicienne dési délit de coups qui seule permet de dire si, juridiquement
gnée par ces mots : sidonium, iyrium et rigoureusement parlant, ilyadélitd'aîxîaoudélitduêp;;.
Fig. 193. Ahcnimi.
aenum *. Nous devons nous borner à exposer ici les différences
Des chaudières du même nom servaient à faire chauf existant entre la procédure do l'aixCoc Si'xr, et celle de
fer l'eau des bains [balhedh]. Hunzikkr. l'û6psa>; ypacpif, en renvoyant, pour les caractères constitu
AIAKEIA (Aîâxeca). — Fête célébrée dans l'île d'Égine en tifs du délit de coups portés sans provocation et avec in
l'honneur du héros Éaque [aeacusI. On y donnait des jeux tention de nuire, à nos explications sur la plus grave des
gymniques, qui ont été célébrés par Pindare '. Les vain- deux poursuites [Hybreos graphe].

» S. Aug. Ch. Dei, VU, 2* ; Anthol. pal. VI, , 217 , ÎI9-Î2I , 537. — 10 Plat. Bibliogiufhib. O. .Mûllcr, Aeginet. p. 18, 199.
Kuthydem. p. 227 ; cf. Forchammer, in Archâol. Zeitung, 1851, p. 9. — « Tibul. 1 AIAKIS. < Deipnos. XI, 13, 18!, cf.
3, 11; Hor. Sut. I, 9, 30. — «S. Aug. Confeit. IV. — " 0. Jaho, in Ahliandl. der AIANTEIA. ' Sctaol. Pind. Olymp. IX, 166; Corp. inte. gr. n. 108, 3J, 1431;
Bayer. Aknd. I85i>,p. 254. — BiiLioaminn. Pauly's Real. Eneyel. I, p. 020 (2« éd.) . Bockh, I, p. 680 ; Hcsych, «.«.—• Schol. Pind. A'tm. Il, 13; Harpocr. >. c.
Schilmann, Grùch. Allerlhamer, II, 329, 358, 2- éd. ; O. Jahn, Op. laud. Bùfiifféxiwv. — 3 Caylus, Bec. (Tantiq. VI, p. 188.
AIIENUM. < P. Diac. s. s. — « Paul. Dig. XXlll, 18, § 3; Serf. Ad Arn. VI, , AIKIAS DIKÈ. 1 Pauly's 7?ea( Enryc.l. I, î" éd. p. 629. — « Demosth. Contra
•18. — ' Virg. Aen. I, 813 ; Jut. XV, 81; cf. Nonius, I, 6». — » Ovid. l'ait. F.verg. %% 7 et 40, R. 1141 et 1151. — » Demosth. C. Cononem, S 14, R. 1261. —
III, 822; Jlart. XIV, 133. 4 Bckker, Anecd. I, 355 ; cf. Mcier, Atti&ehe Process, p. 548; IMalncr, Process kji I
AIAKEIA. i Pind. 01. VII, 156; XIII, 100} Iftm. V, 78, atec lu Scholies. — Klagcn, II, p. 193 ; Biickh, Staatih. de- Athtn. 1' 0J. I, p. 4C9.
AIO — 171 — AIO
{' Lorsque des coups avaient été portés à un esclave, il actuellement au musée de Berlin Au-dessus de la jeune
fallait nécessairement employer la voie de l'C6p«wç YPaï"l- lille qui se balance, on lit dans la peinture originale a au,
Il ne pouvait pas y avoir lieu alors a la Slxr\ a'txîa;5. En ef commencement du mot aahtiï. Le satyre qui pousse la
fet, les actions privées ne pouvaient être intentées que par balançoire caractérise la fôte bachique comme dans beau
la victime même du délit. Or, comme l'esclave n'avait pas coup de représentations analogues. Les bandelettes dont sa
la capacité requise pour ûgurer en justice, il en résultait
que r«ixt'<xç Sîxï) était impossible. Aussi tous les textes dans
lesquels il est question d'esclaves injustement frappés par
d'autres que leurs maîtres parlent d'Sêpt;. Platner' fait tou
tefois cette réserve, que si les coups ont été portés à l'es
clave avec l'intention de nuire au maître, le maître peut
soutenir qu'il a été personnellement atteint, et agir en son
propre nom par la Six?) alxtaç. Nous ne voyons pas, pour
notre part, de raisons satisfaisantes pour justifier cette
exception. Si le maître a éprouvé un dommage, il a la
ressource de la fftâêï); î(xv); mais il ne peut pas être ques
tion pour lui d'aîxi'a.
2° La fpa<$ Cêpeto; était jugée par le tribunal des Hélias-
tes, tandis que l'aïxi'a; Six») rentrait dans la compétence des Fig. 196. Rite de l'Aiora.
Quarante (oi xati S^iiou; StxauTai') 7. tôte est ceinte et les feuillages disposés en couronne radiée,
:i° La peine de l'B6piç était souvent capitale ; lors môme sont des attributs religieux. Voici comment on explique
qu'elle était pécuniaire, elle profitait à l'État; tandis que l'origine de cette singulière cérémonie. Icaros, le héros du
l'dixîa,- ?i'xti exposait seulement le défendeur à des répara dème attique Icaria, avait reçu chez lui, sans le connaître,
tions pécuniaires au profit du demandeur8. — En règle gé le dieu Dionysos ; celui-ci en partant, pour récompenser son
nérale, les actions privées étaient des <xt£|ay]toi dryiuveç; par hospitalité, lui enseigna la culture de la vigne. Icaros donna
exception, l'aîxîaç Si'xti était un Ttpivrà; àfiôv8, c'est-à-dire à goûter du vin nouveau à ses voisins, qui, ressentant
que la loi n'avait pas fixé le chiffre de la condamnation; l'effet violent de la boisson, se crurent empoisonnés, et
elle avait laissé au juge le soin de le déterminer après avoir dans leur fureur assommèrent Icaros. Sa fille Érigone, qui
entendu les deux parties. est aussi quelquefois appelée Alôtis (l'errante), après avoir
V On a voulu, en se fondant sur un des lexiques de Se- longtemps cherché son père, rencontra enfin son cadavre,
guier, signaler cette autre différence que 1 uSpEwç ypa<pii et, dans l'excès de sa douleur, se penditàun arbre. Dionysos,
était régie par le droit commun au point de vue de la pour punir les Icariens, les affligea d'une folie endémique,
prescription, tandis que l'alxtaç St'xr) devait être intentée et un grand nombre d'entre eux se pendirent. L'oracle, ayant
dans les quatre jours du délit, avant que la marque des été alors consulté, ordonna d'expier la mort d'Icaros et
coups fût effacée 10. Mais cette obligation d'agir dans les d'Érigone en instituant la fôte dont nous parlons v. D'après
quatre jours paraît très peu justifiée par les exemples de une autre tradition 5, Érigone était la fille d'Égisthe et de
procès dVtxi'a qui sont parvenus jusqu'à nous. Dans le dis Clytemnestre, venue à Athènes pour demander vengeance
cours de Démosthène contre Conon", on voit que la Sixt, du meurtre de son père : elle se serait pendue après l'ac
aîxîa; fut intentée longtemps après le fait qui lui donna quittement d'Oreste par l'aréopage. Selon d'autres encore
naissance . elle était la fille du Tyrrhénien Maleos 6. Comme on le
De toutes les actions privées, I'otixta; Six*) est la seule voit, il n'y a que le nom d'Érigone qui soit constant.
pour laquelle les parties furent dispensées des consigna Le reste de la légende varie ou est incertain. Éiigont;
tions judiciaires appelées prytaneia toutes les fois au veut dire fille du printemps ; on trouve aussi dans la
moins que le défendeur ne formait pas une demande re mythologie grecque un fils d'Érigone et de Dionysos appelé
conventionnelle. Car, dans ce cas, on retombait sous l'em Slaphylos (raisin) . Érigone n'est donc autre chose que la
pire du droit commun, et le demandeur et le défendeur personnification de la vigne elle-même au moment de
devaient l'un et l'autre fournir la consignation sa première pousse, et la fôte célébrée en son honneur
E. Caillemer. se range parmi les nombreuses fôtes dionysiaques et agri
AIORA (Attipaj'Ewpa). — Fête attique célébrée probable coles. L'habitude, d'où elle a pris son nom, de suspendre
ment en été, au moment où le raisin commence à se colo à des balançoires des poupées que le vent agitait, ou de se
rer*. Le nom, qui signifie balançoire, vient de l'usage que l'on balancer soi-même, a sans doute été l'origine de la lé
avait d'attacher auxbranches des arbres des cordes au moyen gende que nous avons rapportée. Quant à la véritable
desquelles les jeunes filles étaient balancées ou faisaient signification de cet usage, la plupart des auteurs 7, d'ac
balancer des poupées, en chantant une complainte appelée cord en cela avec la tradition légendaire, croient y re
AAïj-rtç, la chanson de Ferrante *. On voit une scène de ce connaître un rite expiatoire qui a remplacé des sacrifices
genre peinte sur un vase trouvé, en 1840, à Ghiusi, et qui est sanglants, peut-être humains. C'est la purification par l'air

* ilticr a même soutenu que la Tpasij ûÇfiw( n'était pas possible ; mais nous espé 2t)j ; Westermann, in Pauly's lteal-Encyclopaedie, 1, î* édit. p. G29.
rons réfuter cette opinion d'une façon péremptoire en traitant de l'ijfyiï. — 6 Pro- AIORA. 1 Osann, Verhandl. der 6«. philol. Versammt. in Cassel, 1843, p. 22. —
eett tuii Klagen. t. U, p. 197. — 1 Dcmosth. C. Pantnenctum, g 33, It. 976. — » Hygin. Attron. II, 4 ; Heiych, s. v. «liipa; Poil. IV, 7, 55 3 Gerhard, Trinktehal.
* l'hot. et Suid. ». e. JCpi«; Etym. M. 774. — 0 llarpocr. s. ». «ui«î îixt). und Grfâsse, pl. 27. — » Hygin. Lot. cit.; Apollod. III, 14, 7 ; Nonn. Dionys.
— "Bokltcr, Anecd. I, p. 360. — « R. 1Ï56 et s. — » Isocr. C. Lochit g t, XL VU, ÏÎO. — » Klym. M. p. 42. - 6 lies; ch. »iipa; R. Rochette, Mon. inéd. p. 181.
D. Î7«. — 19 Biickh, Staatsh. der A/A. ï' éd. I, p. 475. — B»i.iogufwi. — 7 Uermann. Gotleadienst. AllertliUmer, § 27, 16; 62, 39; Ccrhard, Gr.JIfyth.
Petit, Uge$ atticae, éd. Wesseliiig, Leydc, 1742, p. 256, 628; Meier et Scliô- § 453 2 ; Welcker, Salyripiel, 224 ; Schwenck, Flym. myth. Andeutunqtn, 153;
,Mtiiches l'rocett, p. S47-550 j Platner, Procttt und Klagen, H, p. 193- Bôttichcr, Baumkult. p. 87.
AIS — 172 — AJA
qui figure dans les rites bachiques à côté de la purification ZxtâSoç). Parmi les seconds se rangent l'hiérophante, l'hié-
par l'eau et de la purification par le feu *. Nous avons déjà rokéryx (ou héraut sacré), le dadouque (porte-flambeau),
remarqué que la légende n'a pas précédé le rite, mais lui doit le mjp'fôpo; ou çoxrcpôpoç (porte-feu), le joueur de flûte sacré
au contraire son origine. 11 nous sera donc permis de pro (ΣpaûXr,ç), 1*6 èrà ptoiiÇ), etc. Toutes ces personnes étaient
poser une autre explication. Conformément au caractère nourries chaque jour aux frais du trésor public, et c'est
agricole de la fête entière 9, cette cérémonie devait être en pour cette raison qu'on les appelait osiuitoi1.
rapport avec les espérances, que le cultivateur exprimait à On donnait également le nom d'dsîatTot aux citoyens qui
celte occasion, d'obtenir une année fertile et une récolte obtenaient, comme récompense de services éminents ren
abondante. L'arbre, dans la croyance des anciens, est le dus à l'Etat, le privilège d'être admis pendant toute leur
principal symbole de toute fertilité et la source de la vie en vie aux festins que la république préparait quotidienne
général. Il est donc probable que les aïtôpai grecques, de ment pour les ambassadeurs des pays voisins ou pour les
même que cela est attesté pour les oscilla des Romains ,0, étrangers de distinction qui s'arrêtaient à Athènes*.
se rattachaient à cette croyance, et qu'on leur attribuait une Les àei'o-iToi qui avaient obtenu l'honneur de la Srjfxoct'a
vertu fertilisante. Un fait vient peut-être confirmer cette o-ÉTTio-tÇj les ambassadeurs, les hôtes d'Athènes prenaient
remarque, c'est que la fête se terminait par un repas co leur repas dans le prytanée [prytaneion] 3. Sur ce point
pieux, distribué surtout aux pauvres", et cet usage la fai les témoignages sont formels. Mais il y a doute pour les
sait appeler aîoEravoç u. Une fête analogue était célébrée à autres oet'o-i-rot.
Delphes13, elle se nommait cuaiula. Hunziker. Nous sommes porté à croire que, à l'époque classique,
A1SCHROLOGEIN (Ato^poXoYEÎv). — Le fait de tenir des les ministres du culte dînaient également dans le pryta
propos licencieux ou des discours obscènes ne paraît pas née *; mais les agents auxiliaires du sénat et des prytanes
avoir été réprimé à Athènes, si l'on en juge par le récit de devaient, comme les prytanes eux-mêmes, se tenir dans le
ce banquet auquel assislait Socrate et dont Xénophon tholos. Peu à peu la différence s'effaça, et, sous l'empire,
nous a laissé une peinture. La conversation dépassa plus on réunit à la même table tous les àeîo-iToi cités dans les
d'une fois les limites des convenances, et Socrate lui-môme inscriptions, sans rechercher si leurs fonctions étaient re
ne craignit pas d'y prendre part dans des termes que ligieuses ou civiles; et cette table fut dressée dans le
notre langue française se refuserait presque à repro tholos1. E. Caillemkr.
duire. AISYMNETES (AtouijiviiTvw). — Ce titre, que l'on trouve
On peut être surpris de cette impunité, lorsqu'on voit déjà dans Homère ', servit, en Grèce, à l'époque histo
qu'il existait à Athènes une classe spéciale de magistrats, rique, pour désigner les magistrats suprêmes qui, dans les
les civoVrat, dont la fonction était principalement d'exercer moments de crise, lorsqu'une guerre civile était immi
une surveillance sur les excès qui pouvaient se commettre nente, étaient chargés de rétablir la paix entre les partis.
dans les festins. Or, il n'est pas douteux que l'on pouvait Us recevaient à cet effet les pouvoirs les plus étendus, soit
facilement faire rentrer parmi ces excès les danses, les pour toute leur vie, soit seulement pour un temps déter
conversations et les pantomimes que l'on rencontre dans miné et jusqu'à ce qu'ils eussent atteint le but qui leur avait
le banquet de Callias1. été indiqué. Cette forme de gouvernement, appelée aî-
On trouve un exemple d'atc/poXoysïv dans un fragment cu[xvr]T£i'a, et que les anciens qualifiaient volontiers de ty
d'Hypéride8. E. Caillemer. rannie élective (atpETY) Tupawt';) offrait de très-grandes
AISCHROCRGIA (Aitr/çwpfi'a) .— Terme du droit attique, similitudes avec la monarchie ; elle s'en différenciait tou
employé pour caractériser l'une des trois espèces d'injures tefois en ce que la monarchie était héréditaire, tandis que
punies par les lois athéniennes : l'injure par paroles (Cêptç l'aIcTU(xv<)T£Îa était personnelle. On l'a souvent comparée
Sik Xo'ymv), l'injure par coups et voies de fait (ûêpiç 8tà à la dictature des Romains; mais le dictateur n'avait pas
hXtiywv) et l'injure par attentat à la pudeur (SSpt? Si'«î<r/poup- le pouvoir législatif qui appartenait à l'otlo-ujAV^Tïn ; de plus,
fi'aç). Nous renvoyons pour les développements à l'article les fonctions du dictateur n'étaient pas, comme celles do
11YBREOS GRAPHE. E. CaIU.EMER. l'aîsujjivviTTiç, viagères, ni même conférées seulement pour
AISITOI ('AeîciToi ou àfciToi). — Dans les inscriptions un temps illimité. On peut citer, comme exemples d'aï-
athéniennes des premiers siècles de notre ère, on trouve o-uavTiTTi!;, Pittacus à Mitylène *, Tynnondas en Eubée s,
souvent des listes de personnes groupées sous le titre gé Êpiménès à Milet6, etc.
nérique de à-i'oiTot ou àt<7iToi. Ce sont des fonctionnaires Quelques républiques grecques donnèrent le titre d'aï-
d'un ordre subalterne ou des ministres du culte : aux pre cu;.mvrT|; à des magistrats réguliers ; nous citerons notam
miers se rattachent 1° le héraut du sénat et du peuple (xîjpu!; ment Téos7 et Cyme". A Chalcédoine, les présidents du
JiouAî;; xat o^uou) ; 2° le greffier du sénat et du peuple (Ypay- sénat, renouvelables tous les mois, étaient appelés alo-uu.-
uateu; fJ. x. S.); 3° le contrôleur (àvrîYpa^sû;) ; <i° le sous- vwvteç'. E. Caillemer.
greffier du sénat (u^oypï[iu.aT£Ùç p.); 5° le greffier de la pry- AITHOUSA [Doues].
tanie (6 irspi tô (Htïjjlx); 6' le préposé du tholos (6 Ira AJAX(Ataç). — I. Ajax, fils d'Oïlée, roi de Locride, et

8 Sert. Ad Aen. VI, 741. — 9 Schuman», Antiq. juris publ. (irve. p. 88-89 ; t. II, p. 1 45 et s. ; licier, De vita Lycurgi, p. ici et ». ; Premier, Bestla-Vesta, p. 95
Treller, Gr. Myth. I. p. 418. — 1» Virg. Georg. II, 3sS8-3!>2. — 11 Cf. Plut. Quaest. et suiv. et les notes de Bdckh sur les n. 184 et s. du Corp. insc. yraec. t. I, p. 323
Gr. 12. — Ftjm. M. p. 4S; Hesych. I, p. 1414. —1» Tint. Loc. rit. et suit.
AISCHROLOGK1.N. 1 Cf. c. S, c. 3, c. 9, Ps. Aristot. Polit. VII, c. 15, § 7 ; AISYMNETES. 1 lliad. XXIV, 347; Od. VIII, 258. — * Aristot. Polit. III, 9,
Wachsmuth, Hellcn. Altcrthumskunde, g 117, 61, t. II, p. 391. — 2 Oral. ait. S 5. Voy. aussi 10, g 10. — » Aristot. I. I. et III, 10, § 1 ; cf. Ttieoph. In Diomjs.
Didot, II, p. 424, fr. 202. Bal. V, 75. — k Aristot. Polit. III, 9, § 5. — 5 plut. Solon, 14. — 6 Nicol. Damasc.
AISITOI. 1 Dfickh, Corp. insc. graec. n. 184 cl suiv. — « Pollux, IX, 40 ; cf. fr. 54 ; cf. Theorior. Metoehita, Mkcell. c. ci ; cet auteur s'est trompé en voyant
Lyc. C. Leoerat. § 87, Didot, 16 ; r.ic. De orat. 1, 54, £ 232. — » l'ollui, IX, 40 ; dans Périandrc de Corinthe un aW,v,T,Tiiç. — Corp. insc. yraec. n. 3044. —
Hesych. ».t>. iiiovto;, Alb. I, 108.— * C. Curtius, lias Metroonin Alhen, 1S68, p. 14, » Schol. in Eurip. Med. 19 ; Elymol. M. 39 ; Miller, Mélanges de littér. grecq.
Dote 107; De Kampen, De parasitis apud Graeco?, 1807, p. 10-11. — s Hermann, 1868, p. 16. — » Corp. insc. graec. n. 3794; Schumano, Griech. Alte.thùmcr,
Staalsaltcrthùmer, l!jT>r>, g 127, notes 16-17. — Bibliographie. Corsini, Fast. Alt. 2» éd. I, p. 163 et suiv.; Weitcrmann, in Pauly's Real-Encyclop. 2» éd. 1, p. 474.
AJA — 173 — AKO
d'Ériopis ; un des héros de la guerre de Troie. LesLocriens vers 1834 Une cornaline de la collection du duc de Blacas",
Opontiens révéraient Ajax comme un héros national. Le une sardoine 16 du musée de Berlin, semblent un souvenir
guerrier qui figure sur quelques monnaies de Locres1, nu, du tableau de Timomaque. La Table iliaque, une médaille
casqué, armé d'une épée et d'un bouclier, est le fils d'Oïlée. de Prusia ad Olympum un vase de Vulci, avec le nom
Une de ces monnaies, qui porte le nom d'Ajax, appartenant d'Ajax en caractères étrusques, au Cabinet des antiques 18.
au Cabinet des médailles (fig. 197), ne et plusieurs pierres gravées (fig. 199) ,B, nous montrent
laisse aucun doute à cet égard. Sur les le fils de Télamon se perçant, ou
médaillons de Locres, Ajax est repré prêt à se percer de son glaive. — Phi
senté imberbe. Plus ordinairement lostrate î0 dit que l'on reconnaissait
il était figuré avec de la barbe : c'est Ajax à son air farouche (i-xb i-où filo-
ainsi que l'avait peint Polygnote 8 dans o-upoC). Polygnote l'avait représenté
le Pœcile d'Athènes. Un groupe du dans la lesché de Delphes, avec la
sculpteur Onalas3à Olympie, le mon barbe M et, selon toute apparence ,
Fig. 197. Ajai. Dis d'Oilêe.
trait au moment où, désigné par le avec un caractère de virilité sauvage,
sort, il se préparait à combattre Hector. On le voit dans et c'est ainsi qu'on le voit sur presque
une peinture d'un tombeau de Vulci * prenant part aux toutes les pierres gravées. Néanmoins,
I ig. 199. Ajai, fils deTélamon.
jeux funèbres en l'honneur de Patrocle. L'épisode de sa vie on est autorisé à croire, d'après quel
le plus souvent représenté est son attentat sur Cassandre ques monuments, qu'il était représenté parfois imberbe,
après le sac de Troie [Cassandha]. et sous les formes élégantes d'Achille E. Vinet.
II. Ajax, fils de Télamon et de Périboée,qui commanda AKAINA ("Axaiva). — Nom donné, chez les Grecs, au bâton
devant Troie les troupes de Mégare et de Salamine. Une pointu ou aiguillon dont on se servait pour conduire les bes
pierre gravée antique 5 montre Ajax blessant Hector en tiaux ou pour piquer les bœufs au labourage1. On en fit
combat singulier; une autre, défendant avec Teucer les une mesure de longueur, valant dix pieds grecs (fjtsTpov
vaisseaux des Grecs"; des peintures de vases, des pierres oExcmouv)* ou 3,08°"". L'invention en était attribuée aux
gravées le font voir combattant auprès du corps de Pa Thessaliens. E. S.
trocle, protégeant Ulysse sous son bouclier, emportant AKOEN MARTYREIN ('Axor,v jAaprjfEÏv). — Terme de
Achille blessé, etc. Ce dernier sujet a été fréquemment re procédure en usage à Athènes pour désigner l'acte du té
présenté. Sans parler du fragment célèbre connu sous le moin qui déposait, non pas sur des faits dont il avait eu
nom de Pasquino à Home et des groupes analogues qui sont personnellement connaissance, mais seulement sur les faits
à Florence, dans lesquels7 les uns voient Ajax et Achille, qu'il avait appris de la bouche des témoins oculaires1.
d'autres Ménélas et Patrocle, divers monuments sur les La preuve par ouï-dire n'était admise comme probante
quels on lit les noms des deux premiers héros, ne sont su devant les tribunaux que lorsque le témoin oculaire dont
jets à aucun doute: tels sont un beau miroir gravé du mu les propos étaient rapportés était actuellement décédé :
sée deChiusi8 et la coupe du musée étrusque du Vati àxoV slvai jjiapTupEÏv TeOystoTo;'. C'est pourquoi Isée dit qu'elle
can' reproduite (lig. 198). Homère le représente comme le est surtout employée quand il s'agit d'établir des faits déjà
plus vaillant des Grecs après anciens Lorsque le témoin oculaire existait encore, ne
Achille. Pline10 et quelques valait-il pas mieux faire appel à son propre témoignage
auteurs de l'antiquiét " par que de se fier à la traduction plus ou moins exacte d'un
lent d'un concours qui tiers? Héraclite disait que les yeux sont des témoins plus
réunit à Samos, du temps exacts que les oreilles*. La prohibition de déposer sur
d'Alcibiade, les peintres les le ouï-dire de personnes actuellement vivantes était géné
plus célèbres de la Grèce, rale et s'appliquait même aux procès les moins im
concours dont le sujet était portants5. Lorsqu'un témoin oculaire, vivant, était em
la dispute d'Ajax et d'Ulysse pêché par la maladie ou l'éloignement de venir déposer
réclamant la possession des en personne devant le magistrat, on avait recours à la
armes d'Achille. Timante procédure que nous exposerons sous le mot ekmartyrja c.
Fig. 198. Ajai et Achille. l'emporta sur ses rivaux. E. CiAILLF.MEn.
Un contemporain de César, AIÎOSMIA (Axo-ruu'a). — Les principaux magistrats de la
Timoraaque, peignit l'Ajax de Sophocle, qui songe à mou république crétoise étaient les dix kosmoi, dont les fonctions
rir après avoir massacré les troupeaux des Grecs 1S. Ce ta étaient annuelles1. Aristote nous apprend qu'il n'était pas
bleau parait avoir été aussi célèbre que la Médée du même rare de voir de simples particuliers user de leur pouvoir et
artiste. Deux monuments rappellent le sujet traité par de leur influence pour exciter des séditions et déposer les
Timunte : le premier est une coupe d'argent de la collec kosmoi; quelquefois même, ces magistrats, ne se sentant
tion Strogonoff 15 ; le second un sarcophage trouvé à Ostie, plus en harmonie avec là majorité de leurs concitoyens, se
AJAX. 1 Mionuct. Suppl. III, p. 4s9. — 2 I>0us. I, 15. — » l'au«. Y. 25, 5. — houille!. Calai, des pierres ijrav., n. 1819; Gall. Orner. III, 81; Millin, Gui.
>.t/ow/m. dr'l' hst. VI, ta*. 31. — Mughirami, Gai. Orner. I, pl. 93. — 6 Ib. mtjth. 172, 630, etc. — «0 Imaij. II, c. ni. — H Paus. X, 31. - 8! Meyer, Annnl.
pl. 135, 138. — 7 Launitz, Ueber die Grvpp» dru Pasquino, Bonn, 1867; 0. Donner, dell'Inst. arch. 1836, p. 30.
in Amut. de/r hst. nrch., 1870, p. 75. — «Gerhard, Etrtak. Spiegel, I, pl. 193. \KAI\A. 1 Sehol. Apoll. Ithod. III, 1323 ; llcsycll. J. ». — 8 /6,el lleron. Fr. Il, 2,
— ' Mm, Grrgntiano, H, lav. 67, 2. — '° But. «al. XXXV, 39. — " Aelian. Var. 17; Epiplian. ap. Le Moyne, Varia sacra, p. 500. — Bibliogeavhik. Hultsch, Griech.
*'«. I. IX. Il ; Athen. XII, p. 543. — 12 plia, ni,t. mit. XXXV, 9 ; Philoit. und rom. Métrologie, Berlin, 1862, p. 36.
Apatl. Tijan. II. 25; Welcker, Ajax; Meyer, Annal, dell' /»«/. Arch. 1836, p. 24. AKOEN MA1VTYREIN. 1 Isae. De Philoct. hered. S 53, I). 181 ; De Cironii her.
— » Cramer et Guigniaut, /tel. du l'Ant. t. IV, pl. 246, n. 815. — 1' Mon. ined. S 14. D. 2(12. — * nemo-th. C. Stephan. II, S§ 7-9, R. 1130-1131. — S Isae. De Cir.
J'f lut. arch. Il, tav. 21 ; cf. Ann. dell' fml. 1865, la», d'agg. F. — «» Annal, hered. S 29, D. 295; cf. eod. Inc. § 6, D. 291. — » Polyb. XII, 27, S 1, D. |). M<i.
dtlt Jtut.arch. 1829, p. 246. — '« Tnlcken, Geschn. Sleine, p. 294. - 17 Mionnet, — S Dem. C. Eubul. g 4, R. 1300. — « Demosth. C. Stephanum, II, S 8, R. 1131.
s,PPl I V. p. 2Î9. — 1» .Von. ined. dell' Intt. arch. t. I, lav. VIII — 19 Cha- AKOSMIA. 1 l'ohb. M, 40, g 4.
ALA — 174 — ALA
retiraient spontanément !. Il y avait, dans les deux cas, , Les inscriptions qui concernent ces corps de cavalerie
jusqu'au remplacement des magistrats déposés ou démis nous font seulement connaître, en dehors des officiers que
sionnaires par de nouveaux magistrats, anarchie, et c'est nous avons nommés, un exarchus 7, dont le rang n'est pas
cette anarchie que l'on appelait 5xo(j(ji(a. E. Caillemer. encore bien déterminé dans la série des grades, et un prae-
AKROPHYLAKES ('AxpoçuÀaxs;). — Fonctionnaires athé positus 8. Ce terme, comme on le sait, ne désigne aucun
niens d'un ordre inférieur, chargés de la garde de la cita grade particulier, mais un commandement temporaire
delle [acropolis]. Ils sont mentionnés dans une inscription exercé par un officier d'un autre corps pendant l'absence
rapportée par M. Beulé E. Caillemer. ou l'empêchement du commandant ordinaire. Nos rensei
ALA. — I. Aile de l'armée. Ce terme de la langue mi gnements se réduiraient donc à bien peu de chose si l'on
litaire des Romains a eu, sous la république, trois signi ne rencontrai t pas, dans les monuments relatifs aux équités
fications distinctes. singulares, un grand nombre de faits appartenant au sujet
1° Dans l'armée romaine primitive, exclusivement com qui nous occupe. Le mémoire de M. Henzen sur ce corps
posée de citoyens, le mot ala désigne les . cavaliers placés spécial 9, a été aussi utile pour la connaissance de la cavalerie
sur les flancs de la légion pour la protéger '. auxiliaire que le travail de Kellermann sur les vigiles, pour
2° Lorsqu'un contingent militaire fut imposé aux socn, * celle des légions et des cohortes. Or les monuments épi-
les soldats faisant partie de ce contingent furent placés sur graphiques des équités singulares nous font connaître les
les côtés de la légion et reçurent, à cause de cela, le nom grades Ou emplois de signifer (ou vexillarim), d'armorum
xïalarii, qui s'appliquait à l'infanterie aussi bien qu'à la ca custos, A'immunis, de curator, de bénéficiai ius, de libi-arius. de
valerie auxiliaire. On trouve dans Tite-Live * alarii équités buccinator et de tubicen. 11 est évident que tous ces sous-
et dans César ' cohortes alariae. 11 ne s'agit encore que officiers se retrouveraient dans le cadre complet d'une ala.
d'auxiliaires latins ou italiens. A chaque ala était attaché un médecin [medicus] 10, prenant
3° César, dans la guerre des Gaules, donna place à des rang parmi les sous-officiers.
étrangers à côté de ses légionnaires, lesquels n'étaient plus L'enseigne particulière aux ala? était un vexillum de cou
seulemen t des Romains, mais aussi des Latins et des Italiens, leur pourpre, appelé flammula [signa milita ria].
(les auxiliaires étrangers reçurent également le nom d'ala- Pour une armée composée de trois légions, on comp
rii, à cause de la place qu'ils occupaient dans le camp ou tait quatre ailes de mille hommes et cinq de cinq cents
sur le champ de bataille *. hommes 11 .
Il y avait donc deux alae dans chaque année, et elles Les alae avaient leurs tentes dans la praetentura [castra].
étaient distinguées l'une de l'autre par un surnom tiré de En dehors de leur service à la guerre, les cavaliers des
leur position dans le camp (ala dextra, ala sinistra). Elles ulac prenaient part aux travaux publics comme les légion
gardaient toujours ces surnoms, même quand, à la suite naires, les fantassins auxiliaires et les classiarii. Ainsi les
d'un mouvement, elles changeaient de place. Ainsi on lit alae de la Germanie ont concouru à l'exploitation des car
dans Tite-Live s : dextrae aine sinistra subiit. rières du Brohlthal ".■
h'ala de l'armée républicaine se divisait en turmae. Sous Après vingt-cinq années de service, les cavaliers rece
l'empire, le mot ala désigna uniquement et expressément vaient de la munificence impériale le droit de cité romaine
la cavalerie auxiliaire recrutée par des engagements volon et le droit de connubium [diploma]. Dans les actes officiels
taires, soit parmi les citoyens romains, soit parmi les habi leur conférant ces droits, ils sont appelés tantôt équités,
tants non citoyens des provinces. tantôt gregales.
En considérant d'abord le nombre de cavaliers qui con Lorsqu'un corps de cavalerie s'était distingué par quelque
stituaient une ala, on est amené à distinguer Yala milliaria action d'éclat, l'empereur lui accordait une décoration
et Yala quingenaria *. La première comprenait mille hommes. que portaient tous les cavaliers de ce corps : telles Yala
Elle était commandée par un praefectus et divisée en vingt- Siliana torquata cioiwn Romanorum, Yala Moesica felix torqua-
quatre turmae; en tête de chaque turma était un decurio. On ia,Yala Petrianabis torquata", dont tous les cavaliers por
y trouvait aussi un duplkarius et un sesquiplicarius ayant taient un torques. Chaque turma avait son génie [genius]".
rang d'officiers. Le décurion avait trois chevaux, les autres On ne sait s'il y avait aussi un genius protecteur de chaque
officiers en avaient chacun deux. L'aile entière comptait ala : l'affirmative est vraisemblable, puisqu'il y avait un
donc i ,096 chevaux, sans compter ceux du praefectus. h'ala genius pour chaque cohorte, et qu'on connaît d'ailleurs un
quingenaria comprenait cinq cents hommes. Elle était divi aedituus de Yala H Flavia singularium 11. Chaque ala était
sée en seize turmae, organisées comme celles de Yala millia désignée par un cognomen ou par plusieurs, choisis dans
ria. Elle comptait donc 564 chevaux. Ces nombres sont différents ordres d'idées. I" Le plus souvent, ce cogno
empruntés à Hygin, qui écrivait sous Trajan, à qui il a dé men est le nom du peuple chez lequel a été recruté le corps
dié son livre de la Castramétation. de cavalerie : ce nom est ordinairement au génitif pluriel.
Les seuls officiers que nomme cet auteur sont le prae Voici l'énumération des alae connues par les inscriptions du
fectus, les decuriones, les duplicarii èt les sesquiplicarii, parce haut empire 16 : Afrorum, Aravacorum, Asturum, Batavorum ,
que ces officiers avaient plusieurs chevaux et qu'il fallait Britannica, Britonum, Campaconum, Cannunefatum, Civium
leur réserver dans le camp plus de place qu'aux simples Romanorum, Colonorum (Colonia en Arménie), Dacorum,
cavaliers. Il faut chercher dans l'épigraphie un complément Dardanorum, Gaetulorum, Gullorum (Flaviana, Claudia,
d'informations en ce qui concerne l'organisation des alae. Sebosiawi), Hispanorum Asturum, Campagonum, Vettonum),

« Polit, n, 7, § 7. « Hygin. Cuttram. 1C, 23. — " ili'iizcn, /user. lat. 6117. — 8 Henzen, 652Î. —
AKROPUtXAIMSS. ' L'Acropole Sklhènn, t. Il, p. 351, n» 29; cf. Ross, 9 Kqntt, sing. degl. imp. rom. ItioO, et Annal, deli' Inst. di corrisp. arch.
Demen von Alticu, p. 35 et 3R. 1860, p. 71. — 10 Orelli, Inser. lat. 3507. — 11 Hygin. Caslram. 30. — Bram-
ALA. 1 Cincius, ap. A.-Cell. Nocl. Allie. XVI, 4. — * Liv. X, 40 et 43; XL, 40. baeh, Corp. inscrip. rhénan. 660, 662. — " llcnzîu, 6556, 6T0i; Orelii,516. —
- 3 l acs. Dell. civ. I, 73. — * Cacs. Dell. gall. 1, 51. — » T. Liv. XXVII, î. — I* Orelli, 3170. — 15 Orelli, 3510. - U Hotizen, Index mseript. c. nu, p. 138.
ALA - 175 — ALA
Jndiana, Huracorutn, Sagittariorum, Maurorum, Moesica, Les eaux calcaires, filtrant dans les cavernes, y forment
\uricorum, Numidum, Pannoniorum, Phrygum, Picentianu- par concrétion les stalactites et les stalagmites, d'où l'on
(hierquernorum, Scubulorum, Tautorum, Thracum, Tunqro, tire les albâtres. Ces eaux, suivant les terrains qu'elles ont
rum, Vallensium, Vocontiorum. — 2° Ou bien le surnom traversés, donnent aux albâtres les couleurs les plus va
était tiré du gentilitivm de l'empereur qui avait créé Valu ; riées, et leur direction capricieuse, pendant cette lente
Claudia, Flavia, Ulpia. D'autres fois le surnom en question concrétion, détermine une grande variété dans les ondu
est tiré du cognomen de l'empereur régnant, et alors il lations des veines. Ce mode de formation explique aussi
change à chaque empereur. Les inscriptions où les alw: on comment l'albâtre se trouve rarement en très-grands mor
île tels surnoms portent donc avec elles leurs dates : Antot- ceaux. L'albâtre ainsi formé est l'albâtre calcaire qui est,
niniana, Ahxandriana, Gordiana, Vespasiana, etc. — 3° D'au comme nous l'avons dit, un véritable marbre; les anciens
tres fois le surnom dérive du gentilitium ou du cognomen ont confondu sous le même nom une pierre gypseuse,
d'un personnage inconnu, probablement le praefectus sous appelée aussi alabastrite, faux albâtre ou albâtre gypseux.
les ordres duquel Vola s'était illustrée, ou bien le légat de Elle a bien quelques-unes des qualités du véritable albâtre,
la province où elle avait été créée: Agrippiniana, Claudiana, comme la transparence et la facilité à prendre le poli ;
Frontoniana, Gemelliana , Patrui, Pelriana, liusonia, Siliana, mais sa composition, sa formation sont différentes et elle
Sulpicia. — 4" Surnom tiré de l'armement : ala catafrac- a moins de dureté et d'éclat.
torum — celerum — contariorum. — 5° Surnoms divers : par Primitivement, l'albâtre fut appelé onyx ou marbre onyx
exemple, Ala Augusta ob virtutem oppellata. (ovuÇ), à cause de la ressemblance qu'il offre parfois avec
Dans la première catégorie, on remarquera quelquefois l'agate onyx. Le nom grecàXaêauTpov (littéralement: insai
des soldats étrangers au pays dont Yala porte le nom, par sissable) viendrait, selon certains auteurs, de celui des pe
exemple un Batave, décurion dans une aile d'Ituréeus. tits vases sans anses et très-polis qu'on fabriquait générale
Mais ce cas est très-rare, et rémunération que nous avons ment en cette matière, parce qu'on la croyait propre à
faite indique avec assez de précision dans quels pays se conserver les parfums, les baumes, les onguents (voy. §11).
trouvaient, aux deux premiers siècles de notre ère, les D'autres auteurs prétendent, il est vrai, que ce fut la ma
meilleures races de chevaux et les plus habiles cavaliers. tière qui donna le nom aux vases2.
Pour le même motif, nous faisons connaître ci-dessous les L'albâtre que nous nommons aujourd'hui oriental est
ulae que mentionne la Notitia dignùatum utriusque imperii. celui que les anciens préféraient; ils l'appelaient plus par
Empire d'Orient. Alae : Abasgorum, Abydum, Aegyptio- ticulièrement onyx, parce qu'il était veiné par zones si
rum, Alamannorum, Dromedariorum, Arabum, Assyriorum, nueuses, ondulées et plus ou moins circulaires. On le tirait
Rritonum, Carduenorum, Colonorum, Damascena, Foenicum, des montagnes d'Arabie, et aussi de la Syrie, de la Carma-
Francorum, Gallorum, Germunorum, Hiberorum, Juthungo- nie, de l'Inde et de l'Egypte. Une ville de ce pays, située
rttm, Paflagorum, Palmyrenorum, Quadorum, Rhaetorum, dans les montagnes de la Thébaïde, entre le Nil et la mer
Snrmatarum, Saxonum, Sequanorum, Tingitana, Vandi- Rouge, près des carrières d'où l'on tirait l'albâtre le plus
lorum. — Empire d'Occident. Alae: Asturum, Indiana, Mau estimé, s'appelait Alabastrum'. L'albâtre le plus commun
rorum, Pannoniorum, Phrygum. était celui de la Cappadoce, il était dépourvu de tout
Les alae singularium étaient des corps spéciaux formés éclat. La Grèce, l'Italie et la Germanie en donnaient éga
par des cavaliers tirés de toutes les autres alae, et recevant lement. Les premiers morceaux apportés à Rome, d'Ara
une paye plus forte; mais ces corps étaient commandés bie, n'étaient pas de grande dimension. On en fit des
par des praefecti, ce qui ne permet pas de les confondre coupes à boire, des pieds de lits ou de sièges. Plus tard,
avec les équités singulares imperatoris. C. de la Berge. en l'an 64 avant J.-C, P. Lentulus Spinther montra aux
II. Ala, partie de la maison romaine [domusI. Romains étonnés des amphores en onyx aussi grandes que
ALABARCHES ('AXaêap^ifc). — Fonctionnaire siégeant à des barils de Chio. Cinq ans après, on vit des colonnes de
Alexandrie pendant la domination romaine1. On ne doit pas cette matière hautes de 32 pieds (9m,528). Des colonnes
le confondre avec un autre fonctionnaire romain a qui, sous d'albâtre décorèrent aussi le théâtre de Cornélius Balbus;
le nom d'Apa&tp^ç, administrait l'épistratégie de Thébaïde enfin Pline vit trente de ces colonnes, plus grandes que
[praefectls augustalis]. Suivant Cujas *, dont l'opinion est celles de Balbus, décorant la salle à manger de Calliste,
adoptée par Marquardt, Yalabarches aurait été un agent affranchi de Claude *.
(magister scriptwae) chargé du recouvrement de l'impôt Parmi les monuments construits à Athènes par l'empe
indi rect sur les animaux [scriptura, vectigalI. Franz * voit reur Adrien, on admirait surtout des portiques formés par
clan* Yulabarches un employé inférieur de l'ethnarquc juif cent vingt colonnes de marbre de Phrygie et dont les murs
d'Alexandrie. G. Humbert. étaient du même marbre; on y voyait des salles conte
AJ..VBASTER OU ALABASTRIM ('AXctôaoTfcx;, 'AWfiotcr- nant des livres, dont les plafonds étaient ornés d'or et
Tpov). — I. Albâtre, marbre de formation particulière, plus d'albâtre et qui étaient décorés de tableaux et de statues5.
ou moins transparent, très-recherché des anciens et sou Chez les Romains on recherchait surtout les albâtres
vent employé par eux 1 pour des ouvrages de sculpture, de la couleur du miel, non transparents et offrant de pe
pour des revêtements, des dallages, des vases, des co tites zones disposées en tourbillons. On regardait comme
lonnes, des tables, des urnes sépulcrales, des vasques, etc. défectueux les albâtres couleur de corne, ou blancs, ou se

ILABARCHE8. 1 Joseph. Ant.jud. XVIII, 6, 3; IX, 5 : XX. Si : Corp. huer. eiptlg,lSOS,p. 65; Uruinau, Ge.sc/i. des rùm. Redits. Rôiiigibeig , 184* , II, p. 216.
V.n. 1 BcckcrYIarquardt, Bandb. der rôm. Allerth. III, i, ,.. 213, combat ALABASTER ou ALABA8TMJM. • Grnes. I, 2, v, ii ; Paralipom. I, 29, v. 12.
1 am unis par Hackermaïui, lieitr. a. Antik. in Jolin's Jahrb. suppleui. B;unl XV, Plin. Hat. nat. XXXVI, 12; Lacan. Pliais. X. T. 116 ; Mail. Kp. ; Hor. Od. V.
I ». 550. — 3 0b!. VIII, 37 ; cf. Cod. Jnit. C. r.. IV, 61. — » Corp. i.u<r. yr 12. _ t F. Corsi, Délie piètre nntiche, p. si. — 3 Plin. Hist. nat. V, 1 1 ; XXXVU, 82,
UI, fisc. II, p. 291 a. Bibliographie. Becker-Marquardt, Op. L; Varies, he statu et 54; Joniaid, lleëcr. de VÊyypte, IV, p. 377. — * Plin. /Us!, nul. XXXVI, Ii7.
Atjj/pt. pr oo. rom. Cotting, 1841, p. ; Stun, De dialecl Uaced. et A'exaudr. — i Pau*. 1, 8, 9.
ALA — 176 — ALA
rapprochant du verre. L'albâtre de Damas élaitle plus blanc ; d'une petite tôte dans le musée Chiaramonti, et l'autre est
celui d'Égypte se trouvait en plus grandes masses. Aussi un pied de statue colossale dans la galerie des Candélabres.
les Égyptiens en ont-ils fait des statues. Des figures d'Isis en On peut voir aussi à Rome, dans la chapelle Rorghèse, à
albâtre sont conservées au collège romain et à la villa Al- Sainte-Marie Majeure, une très-belle décoration obtenue
bani. Soit pour la rareté des grands blocs, soit à cause de par l'emploi d'albâtres antiques, appliqués en revêtement.
la difficulté que présentent au travailles couches de l'al L'albâtre gypseux ou faux albâtre, que nous avons déjà
bâtre, les Romains n'ont guère fait de figures complètes défini en commençant cet article, est le plus souvent d'un
en cette matière. La tête et les extrémités étaient ordinai blanc laiteux, d'une grande pureté. ]1 e?t d'un grain fin,
rement en marbre ou en bronze. Les ouvrages qu'ils nous mais, comme il est plus tendre que l'albâtre vrai, il est en
ont laissés en albâtre sont principalement des bustes des même temps plus facile à travailler, à rayer, et son poli est
familles impériales et des représentations d'animaux. Pour moins beau. Divisé en lames minces, il est translucide
ceux-ci, certains albâtres, par leurs taches, aidaient beau comme un verre dépoli. Les anciensl'appréciaient surtout à
coup à l'imitation. ce point de vue et l'employaient parmi leurs pierres spé-
La diversité des albâtres est très-grande, mais les noms culaires [specularia].
qui désignaient, chez les anciens, ces variétés nombreuses Il est probable que la pierre découverte sous le règne de
et qui dérivaient sans doute des lieux de provenance, de Néron, enCappadoee, pierre blanche et transparente, nous
la forme ou de la couleur des taches et des veines, nous dit Pline, ce qui la fit nommer phengite, n'était autre
sont inconnus. A Rome, où presque toutes ces variétés se qu'un albâtre gypseux d'une transparence particulière,
trouvent dans les fouilles ou sont conservées dans les mu puisqu'il n'était même pas nécessaire de la réduire en
sées, dans les villas, les églises, etc., on leur a donné des lames minces pour qu'elle pût donner passage à la lu
noms plus ou moins motivés par les particularités de cha mière En effet, Néron ayant fait reconstruire avec cette
cune d'elles. Nous indiquerons les noms des principales et pierre le vieux temple de la Fortune, consacré par le roi
leurs plus beaux spécimens. Servius, et qui se trouva renfermé dans sa Maison dorée,
Alabaslro cotognino (de la couleur du coing). Le beau j on voyait clair dans ce temple, les ouvertures étant fer
vase trouvé près du mausolée d'Auguste et que l'on suppose mées, par la seule transparence des murs6. On a exagéré
avoir contenu les cendres de cet empereur, et un buste la transparence de cette pierre en disant que Domitien en
d'Othon, conservés au Vatican, sont faits de cet albâtre, avait fait construire un portique où, en se promenant, il
ainsi que les bustes de Septime-Sévère et d'Adrien, qui pouvait, sans être aperçu, épier tous les mouvements du
sont au musée du Gapitole. dehors7. Suétone dit simplement ceci : « A mesure qu'ap-
Alabaslro a onicc (albâtre onyx). 11 y a un très-beau vase « prochaitle péril, Domitien, chaque jour plus inquiet, (il
de cet albâtre dans le musée de la villa Albani. « orner de phengites les murailles des portiques où il avait
Alabaslro a occhi (semé d'yeux). Un vase de la galerie des « l'habitude de se promener, afin que la rétlexion de ces
candélabres, au Vatican, offre un remarquable spécimen « pierres brillantes lui rendît comme un miroir l'image de
de cette variété assez rare. « tout ce qui se ferait derrière lui8. »
Alabaslro a tartaruga (semblable à l'écaillé de tortue). Aujourd'hui, les carrières les plus abondantes et les
Cet albâtre est des plus rares. C'est celui du buste de plus estimées de l'albâtre gypseux sont à Volterra, en Tos
Jules César au musée capilolin. cane. Les Étrusques en ont tiré ces urnes sépulcrales de
Al/ibastro a pccomlla (moutonné). Voir la chlamyde d'un forme rectangulaire, dont le modèle si répandu comporte
buste de Vespasien et le buste de Tibère au musée du Ca- un bas-relief et une ou plusieurs figures couchées sur le
pitole. couvercle [urna, sarcopuagusJ. Ed. Guillaume.
Alabustro fiorito (fleuri). Celte variété serait mieux appe II. — Vase destiné à renfermer des parfums, des essences,
lée, albâtre veiné, à cause des zones déliées, de différentes des baumes. Son nom est tiré, selon les uns de la matière
nuances qui le caractérisent. De cet albâtre sont formés : dont il était le plus ordinairement fabriqué, l'albâtre (ou
la grande colonne du musée Capitolin, dans la salle du Gla plus souvent l'onyx oriental confondu avec l'albâtre). Les
diateur mourant; la colonne du musée de la villa Albani, anciens attribuaient une fraîcheur constanteà cette matière,
la plus grande connue aujourd'hui (environ 6 mèt.); une et la croyaient particulièrement propre à la conservation
petite statue du musée Chiaramonti au Vatican ; un léopard des parfums *. Cependant ils fabriquaient, et on possède
de la salle des animaux, également au Vatican, et un buste encore, des vases semblables, destinés au même usage, en
de Lucille, au musée Capilolin. toute autre matière, en verre, en argile peinte ou émaillée,
Alabastro palombura (trouvé pour la première fois dans en argent ou en or. Aussi beaucoup d'archéologues 3, sui
la villa Palombara). Voir un buste d'Adrien, dans la salle vant une étymologie déjà acceptée dans l'antiquité k, font-ib
des Empereurs, au Capitole. dériver le nom de la forme de ces vases, qui sont dépourvus
Alabastro a rosa (à roses, semé de taches qui ont la forme d'anses (&, Aaêa;). Plusieurs 5 pensent même que le nom
de roses). Le plus beau spécimen de ce magnifique albâtre d'dXâêasTpov a d'abord désigné le vase et s'est ensuite
est représenté par un cerf de la salle des Animaux, au étendu à la matière dont il était fait.
Vatican. Le type le plus ordinaire est un flacon cylindrique, plus
Alabastro dorato (doré). Deux morceaux de cet albâtre ou moins allongé, à base arrondie, au col court, un peu
existent au musée du Vatican ; l'un forme le piédouche plus étroit que la panse, sans anses et, à la place, ayant

« Plin. Hist. nat. XXXVI, 46.— t Magasin pittoresque, XXI, p. 215. — »Suet. lelitalien, p. 269; Gerhard, in An», dell' Inst. areh. in, 240 ; Valckenaèr,
Domit. 14. Schol. ad Luc Evang. p. 162. — » Suid. 'Alieairrpov ; Etym. M. p. 55,
AI.ABASTER, ALABASTRUM 11. 1 Ussing, De nomin. vas. graec. p. 70. — 57; Bckker, Aneci. p. 314, r. ; Schol. Aristopli. Acharn. 1051. — 5 0. Millier,
* Theophr. fl.jl ij^ûy, p. 747, éd. Schneider; Plin., Bât. nat. XIII, î, 3; XXXVI, Arcii. der Kunst,p. 410, éd. Welcker; cf. Viscouti, Mus. Pio-Clement. 1, p. 59;
5, 12. — 3 Ci'cuzcr, Deutsche Scfiriften, 2= Ablheil. 1I[, p. 2S; Abokcu, Mit- i Abckco, U l.
ALA — 177 — ALB
de chaque côté ou près de l'embouchure, des oreillons, du type ordinaire : des flacons semblables, qu'on trouve
quelquefois percés d'une ouverture par où l'on peut passer aussi dans les tombeaux grecs, paraissent avoir été répandus
un fil, afin de les tenir suspendus. Tels sont des vases très- jusqu'à une époque avancée dans tout le monde romain.
nombreux en onyx oriental d'un seul morceau Pline 10 nous apprend quelles étaient les formes de ces
évidé (aùroxE^î)'. On en voit deux (fig.20O et 201), flacons les plus usitées de son temps, en les comparant
dessinés d'après des exemplaires du musée du aux perles en forme de poire (elenckus) que les dames
Louvre. Quelques-uns remontent à une haute portaient en pendants d'oreilles, et encore au bouton de
antiquité : on en rencontre en Grèce et en Italie, rose qui commence à s'ouvrir.
aussi bien qu'en Asie et en Égypte dont ils pa Beaucoup de ces objets conservés dans les collections
raissent originaires. Nous citerons seulement un sont antérieurs aux mentions les plus anciennes que l'on
grand vase de ce genre trouvé dans trouve dans les auteurs grecs. Hérodote " le premier
le tombeau de Mausole 1 et portant des nomme des alabastra parmi les présents que Cambyse,
inscriptions hiéroglyphiques et cu roi de Perse, envoya au roi d'Ëthiopie. Aristophane "
néiformes en quatre idiomes, où on lit se sert de ce mot comme d'un terme général qui désigne
le nom de Xerxès. On présume qu'il un vase à parfums. Les nombreux vases de ce genre
fut donné par ce prince lui-même à un trouvés dans les nécropoles de l'Italie centrale prou
ancêtre de Mausole, et, d'après l'ordre vent que les peuples qui l'habitaient en firent usage long
temps avant que la conquête de la Grèce et de l'Orient par
Fig. 200. Fig. 20t. des inscriptions, on peut en déduire
les Romains eût rendu chez eux cet usage commun15. Dans
Alabastra en onyx oriental. que les hiéroglyphes ont été gravés en
Égypte et les autres caractères en les poètes" le nom à'onyx, sans autre qualification, sert
Perse, après que les vases y eurent été portés. D'autres à désigner souvent des vases contenant de l'huile ou des
sont en argile peinte, de même forme, comme celui qui parfums : il est synonyme de vas unguentarium '*. On ne
est représenté fig. 202 , provenant d'A continuait pas moins d'appeler alabastra des vases du
thènes8; ou très - effilés, ou terminés en même genre fabriqués en métal précieux 16 et quelquefois
pointe, ou au contraire très-renflés, en sorte employés à un autre usage ".
qu'il est souvent malaisé de les distinguer Les monuments de toute espèce, et surtoutles vases peints,
de vases [lecttdus, bombylios, besa, arybal- montrent de quelle manière on employait les alabastra,
los, etc.] qui avaient le même emploi et qui contenaient les parfums destinés aux rites, aux sacri
dont la forme était plus ou moins semblable. fices, aux funérailles, à la toilette, etc. On en trouvera des
On en voit ici des exemples empruntés au représentations aux articles qui se rapportent à ces matières.
musée du Louvre ( fig. 203 et 204) apparte On voit aussi fréquemment dans les peintures de vases, des
nant à la période des vases corinthiens. D'au boites ou alabastrothèques (àXaêaoTpoôîjxai ") où sont renfer-
Fig. 102. tres, découverts notamment dans les tom
Alabaslrum en beaux étrusques, ont le col terminé par une
argile peinte.
tête ou une double tête, comme Yalabastrum
du musée de Chiusi • représenté figure 205. Il est en al
bâtre, comme beaucoup de ceux qui ont été trouvés dans

Fig. 207. Alabastrothèques. Fig. 208.


més les flacons ; mais rarement ceux-ci sont nettement
reconnaissables. Nous en offrons ici deux exemples qui ont
toute la clarté désirable : le premier emprunté au recueil
de vases peints de Millingen", le second d'après une pein
ture analogue du musée du Louvre. E. Sacuo.
ALBARIUM OPUS et ALBARIUS [paries].
ALBARIUS (KoviotTTK). — Ouvrier qui recouvrait de cré
pis, d'enduits, de stuc les murs, les plafonds et les voûtes,
20S. Fig. 206. qui les décorait de moulures, de corniches et d'ornements
à parfums en relief [paries]. Ed. Guillaume.
on albâtre. en verre coloré .
ALBOGALERCS [flamen].
les tombeaux grecs ou étrusques d'Italie. Le modèle de la ALBUM (Asûxu>|ia, 2av(ç). — I. Ces mots, qui signifient en
figure 206, du musée du Louvre, est en verre coloré, à fond général tout ce qui est blanc ou blanchi, s'appliquaient spé
bleu marbré de jaune, probablement de fabrication égyp- cialement aux tablettes, écriteaux1, portions de mur* cou
tienoe ou phénicienne [vitrum], se rapproche davantage verts d'un enduit blanc sur lesquels on écrivait, ordinaire-
•Poil. X. 1!0. — ' Newton, Ditcov. al Halicarn. t. Il, p. 668, append. et pl. rii| p. 37, Paris, 1020. — " Clem. Al. Paed. II, 2. 33.— 1» Poil. X, 121 ; Suid. ». ».
cf. Ltjird, Mon. of Nineveh, pl. xctii, n. 10, et de Loncpérier, Mus. Napol. III, — 19 Uillingen, Peint, de vases, pl. 53. — Bibliooràpbii. L'ssing, De nominibut
1* li»r. pl. mi. — * Stackelberg, Cràber der Hellen. taf. 35. — » Inghirami, vasorum, Hauniae, 1844 ; Krause, Angeiologie, Halle, 1854, p. 46, 404 ; Beckcr,
«w.C/iim. I. pl. m ; cf. Mus. Oregoriano, II, 3. — "> Hitt. nal. IX. 35, 56; XXI, Gallus, II, 331 , 2' éd. ; O. Jahn, Vasensamml. der Pinakoihek in Mùnchen, pl. icxr.
14. 10. -11 m, 20. — » AcAarn. 1053; cf. Calllmach. Pall. 15; Cer. 13; ALBUM. 1 Hesych. Ev XtuxÀfiavi lv oavtoi Xt'jxalçtj clivai; xt,piafiivai< tiurji rfl.
Plut, fimof. 15; Tbeocr. XV, 114. — » Cic. ap. Non. p. 545 Merc.; Petr. Satyr. 60; Corp. inscr. lot. I. 198, 14; cf. I, 208, 14 et 18 : In lahula in albo ulramehla
Martial, II, 8, |._ I» Hor. Od. IV, 12, 17; Mart. VII, 94; XI, 50. — '» Dig. XXXIV, scriplos. — * Suid. ktbmf» : «Ij»î pj.» «irjkifiiitvoç ; Plat. Ltg. VI, 23,
ï, 26ll,| 10. — uplin. Ilist. nul. XXVI, 13; Alhcn. XV, p. 686; Capitol, l'en/», p. 785.
I. 23
ALB — 178 — ALB
ment en rouge ou en noir', les annonces de tout genre qui de l'autorité Dans une peinture trouvée à Pompéi, ac
devaient être portées à la connaissance du public. Une tuellement au musée de Naples 15 (fig. 209), on voit plusieurs
couche nouvelle de blanc supprimait les lignes devenues personnes occupées sur la place publique à lire les inscrip
inutiles et d'ailleurs faciles à effacer *, et permettait de les tions d'un long écriteau fixé aux bases de trois statues
remplacer par d'autres. Ce mode d'affichage était le plus équestres. Les tablettes étaient d'autres fois appendues aux
usité, chez les Grecs aussi bien que chez les Romains, pour colonnes des temples ou des portiques On fut conduit
tous les avis que l'on ne jugeait pas nécessaire de graver en à choisir dans des emplacements favorables des murs que
caractères plus durables |inscriptiones, axones, tabulae l'on blanchit en leur donnant un aspect architectural et
publicae]. C'est ainsi que les Grecs publiaient un très-grand qui n'eurent pas d'autre destination que de recevoir des
nombre d'actes publics 8, règlements, ordonnances, actes annonces. Nous en avons un exemple à Pompéi où, à l'en
d'accusation, sentences, ou de conventions particulières, trée d'une des rues qui aboutissent au Forum, on découvrit
telles que les ventes' de domaines, d'esclaves. Dans les en 1821 un album de ce genre. Il occupe la face latérale et la
jeux publics, les noms des athlètes, l'ordre et les condi
tions des concours étaient inscrits sur des tableaux sem
blables 7 ; on s'en servait enfin pour les annonces de toute
espèce 8. De même, à Rome, on en fit usage de très bonne
heure. D'après Tite-Live *, le roi Ancus Marcius fit trans
crire les instructions relatives au culte, laissées par Numa,
sur des tableaux blancs qui furent exposés aux regards
du public. Dès une époque très-reculée, les principaux
événements furent inscrits sur des tableaux que le grand
pontife était chargé de conserver et d'exposer 10 [annales
maximi]. On publiait de la même manière (voyez le § II) les
édits et les autres actes de l'autorité judiciaire, les noms des
personnes appartenant à certaines classes ou corporations,
les listes des proscrits etc. ; de même les programmes Fig 210 Alhum de Pompéi.
(programmata, libellt) des jeux, des spectacles a et les face postérieure de l'édifice d'Eumachia. Sa disposition
avis particuliers de toute nature '*. Ces annonces étaient architecturale est riche et élégante. Elle consiste en pi
lastres corinthiens qui supportent un entablement et qui
■i il fci ir~3 encadrent des niches rectangulaires peu profondes, cou
ronnées de frontons alternativement courbes et triangu
laires, abritant les inscriptions écrites au pinceau en cou
leur rouge. Il y a ainsi vingt-trois compartiments sur la
rue des Orfèvres et treize sur la ruelle dite d'Eumachia.
Aujourd'hui, les inscriptions ont disparu et cette jolie dé
coration, faite en stuc, est fort endommagée ; mais Mazois
l'a vue quand elle était complète et l'a très-bien reproduite
dans son bel ouvrage, avec tous les détails d'architecture
et les inscriptions 17 ; on en voit (fig. 210) la réduction. Ces
inscriptions annonçaient des ventes, des locations, les spec
tacles de l'amphithéâtre. Des inscriptions analogues servant
d'enseignes ou de réclames se voient encore en beaucoup
d'endroits, tracées au pinceau sur les murs de Pompéi, le
plus souvent en rouge et quelquefois en noir.
Ed. Guillaume, E. Saglio.
II. Parmi les divers emplois que les Romains firent de
l'album, il en est plusieurs qui méritent quelques explica
tions particulières.
Album pontificis. — C'était le tableau où étaient inscrites
les grandes annales [annales maximi1.
Album praetoris. — Il était placé au Forum et recevait
Fig. 209. Affichage sur une place publique. l'édit annuel du préteur", où se trouvaient annoncées les
formules d'actions [actio], les exceptions, et même à une
naturellement affichées dans les endroits les plus fré certaine époque les interdits [interdictum] que le magistrat
quentés et aux places les plus apparentes, de telle façon se proposait de délivrer selon les circonstances, sur la
qu'il fût facile à tout le monde d'en prendre connaissance : demande des parties ; il indiquait aussi la série des pos
ces conditions de publicité étaient de règle pour les actes sessions de biens [bonorum possessio], et des mesures de
' Quint, lntt. or. XII, 3; Ovid. Fait. 1, Il ; Martial. XI, S, 5; XII, Ï6, 5. — » Dig. XLVII, 2, 43, 80 ; Apul. Met. VI, 8 ; Lucian. I/ermot. H. — I' Dig. XIV, 3, '
* Athen. IX, 407. — » Suid. Plat. Alhen. toc. cil; Ilcsych. I«vl« ; cf. Arschin. C. 11 ; Corp. iruc. lat. I, 198, 66 ; I, 208, 14; Joseph. Ant. Jud. XIV, 12, 5; XIX,
Clesiph. p. 58'J Reisk. ; Isocr. 15, S37. — « Hesych. 'Ev taafcput. — 1 Dio Cass. 5, 3 ; Auson. Grat. act. p. 722. — « Pitt. d'Ercol. III, 43, p. 2Ï7. — « Tit. Liv.
LXXIX, 10. - 8 Diog. Lacrt. VI. 89. — » I, 3Î. — 1» Sert. Ad Virg. Acn. I, 373 j XL, 51 ; Propcrt. IV, 23, 21 ; Schol. ad Hor. De arte poet. 373. — « Maiois, Ruina
Diun. Halic. I, 74 ; Cic. De orat. II, 125, 5. — U Dio, XLV, 17 ; XLVII, 8, 13, 16. de Pompéi, pl. i et ixnu de la 3e partie, et p. 1, ï" partie. — W Gai-j-*, IV, 46, m
— '» Senec. Epist. 117, 30 ; Antich. di Ercot. IV, 41, p. 195 ; Suct. Acro, 21. — /ïne; Senec. Epist. 48, 1, 1; 117,30; Fr. 1, g I, Dig. De cd. II, 13.
ALD — 179 - ALE
protection qu'il pourrait accorder suivant les circonstances. Digeste". En première ligne devaient figurer ceux qui
Du reste, on inscrivait aussi sur Yalbum les ordonnances avaient obtenu des dignités du prince, puis ceux qui
[decretum] purement accidentelles 19 que pouvaient rendre avaient été chargés des honneurs locaux 84 [municipium ,
les préteurs ou les édiles. L'édit renfermait d'ailleurs une DECURIONES].
action poenalis, popularis et in factum, aboutissant à une Il y avait aussi un album des citoyens qui se faisaient
condamnation à cinq cents aurei contre tous ceux qui à inscrire à l'effet de participer aux distributions de blé '!
dessein enlèveraient ou altéreraient les édits transcrits in [frumentariae L eges] et un album de chaque corporation
albo, ou même in charta, aliave materia, jurisdktionis per- [COLLEGIUM]. G. HUMBERT.
petuae causa™. Sous l'empire, le jurisconsulte Paul nous ALCESTISou ALCESTE ('Amerri;, 'AM<m]).— Alceste,
apprend qu'il y avait lieu à une cognitio extra ordinemn, et la plus belle des filles de Pélias1 et l'épouse d'Admète,
qu'on appliquait la peine de faux aux altérations de ré- dont elle racheta la vie au prix de la sienne. Admèle était
dit*. Modestin fait clairement entendre que c'est là une sur le point de mourir prématurément, quand Apollon
innovation impériale0, due peut-être à ce que l'édit avait obtint des Parques que sa vie ne fût pas tranchée, à la con
pris un caractère nouveau et en quelque sorte plus sacré, dition que quelqu'un des siens consentirait à mourir pour
depuis qu'il avait reçu force de loi sous Hadrien [edictum, ui. Son père et sa mère se refusèrent à ce sacrifice ; Alceste
praetor]. ll'accepta avec joie. Proserpine, touchée d'un si grand
Album senatorum. — C'était celui où figuraient les noms amour, la renvoya parmi les vivants, ou, d'après un récit
des sénateurs; il était lu d'ordinaire publiquement, lors de plus répandu, Hercule, l'hôte et l'ami d'Admète, étant sur
la lectio senatus [senatus, adlectio], par les consuls, puis venu dans la première heure du deuil, la disputa et l'ar
par les censeurs qui avaient soin d'omettre les noms des racha à la Mort (0âvaTo<)*.
membres qu'ils voulaient exclure de l'ordre " ; le premier Cette légende avait fait d'Alceste, dans l'antiquité, le
placé en tête de la liste prenait le titre de princeps senatus. type du dévouement conjugal. Elle a été, comme telle,
Sous Auguste, l'album du sénat dut être formé publique fréquemment célébrée', et représentée dans de nombreux
ment, et l'empereur y occupa le rang de princeps senatus"; monuments, dont quelques-uns sont arrivés jusqu'à nous.
on omettait lors de la recitatio ** de Yalbum les noms des Ceux qui se rapportent à l'histoire du mariage d'Alceste et
morts et des membres exclus du sénat; ces noms devaient d'Admète sont mentionnés ailleurs [admetus]. Nous repro
être rayés du nouvel album1". duisons (flg. 211) une peinture d'un vase étrusque de la
Album judicum. — La liste desjudicesjurati [judices], des collection de Luynes *,
qcaestiones perpetuae était dressée chaque année et pu qui montre les deux
bliée par les soins du préteur. La loi Servilia contenait à époux au moment où ils
cet égard des prescriptions détaillées [judiciariae leges] ; vont être séparés. L'un et '
plus tard, la liste des jurés dut être déposée à I'aerarium. l'autre sont désignés par
11 est souvent question de cet album dans les auteurs clas des inscriptions. Le sujet
siques**. En province, il était formé par le gouverneur au de la mort d'Alceste sui
moyen des équités romani et des marchands du con- vie de son retour à la vie
yentus M. convenait particulière
Album centuriae. — Il paraît que les citoyens étaient éga ment à la décoration des
lement inscrits d'après les tables du cens, dans les rôlés monuments funèbres. On
des classes et des centuries [centuria]; chacune de ces le voit, en effet, sculpté
dernières avait son album ; celui qui en était rayé par les sur des sarcophages 5. Il
censeurs était porté sur la liste des aerarii ou tabulae était peint aussi dans le
Ceritum, et soumis à une capitation arbitraire *°. tombeau des Nasons *.
Fig. 211. Adieux d'Admète et d'Alceste.
Album decurionum. — Dans les villes municipales, Yordo Dans un tombeau païen
decurionum ou le sénat local avait son album dont la lectio des catacombes de Rome7 une peinture représente Al
était faite périodiquement par les magistrats qui remplis ceste, désignée par une inscription ; elle est encore, au déclin
saient les mêmes fonctions que les censeurs à Rome, du paganisme, l'héroïne de la fidélité entre époux. On la
c'est-à-dire les quinquennales Le rang de préséance et voit conduisant par la main, devant les divinités des En
l'ordre des suffragesétaientdéterminésparceluidesinscrip- fers, la défunte à qui le tombeau était consacré. E. Saglio.
tions sur Valbum ; en effet, celui-ci était dressé d'après les ALEA, Kuêei'a. — I. Ces mots désignent en général
dignités des membres du sénat municipal, comme on le tous les jeux de hasard1, mais plus spécialement le jeu
voit dans Yalbum de Canusium", et dans deux textes du de dés [tau, tesserae, par impar, etc.].
» Paul. Sent. ree. I, 13, A. 3 ; V, 25, 5 ; fr. 7 et sq. Dig. De jur. II, 1 ; Quint. XII Jahn, Darstellungen des Handuterkes, etc. in Abhandl. derphilol. hist. Classe des
13. — » Ulp. fr. 7 pr. et sq. Dig. Il, 1 ; Instit. Just. IV, 6, § lî. — SI Sent, sâchsischen Gesellschaft der Wissenschaften, t. V, p. 285 ; Walter, Geschichte des
recept. I, 13 A, 3. — M Sent. V, 25, 5. — »Fr. 32, pr. Dig. XLVIII, 10. — «Festus, rOm.Bechts, 3* éd. Bonn, 1860, n. 129, 734, 835 ; Rudorlf, Rom. Rechtsgeschichte
». v. Praeteriti ; Tit. LW. XXXIX, 37; XXIU, 23. — «S Dio Cass. LUI, 1 ; LV1II, 5; Leipz. 1857-9, I, p. 144; II, p. 39, 40, 309 ; Becker-Marquardt, Handbuch der
LXXIII, 5. — *« Coripp. De laudibus Justini, IV, 142. — « Tacit. Ann. IV, 42, rôm. Alterthûmer, Leipr. 1851, II, 3, 224; 111, 1, p. 364-375 ; Pauly's Realen-
eum Lips. not. ; Dio Cass. XLI, 3 ; LV, 3 ; Peirelc, Frag. 137, 2, éd. Dindorf, I cyclopddie, Stuttgard, 1865, L, p. tt.
p. 68. — **Suet. Claud. 16 ; Tib. 51; Domit. 8; Seoec. Benef. III, 7, 6; Plin' ALCEST1S. 1 Hom. Iliad. II, 715. - » Apollod. I, 9, 15 ; Hygin. Foi. 51 i
Hist. nat. praef. ; Cic. Phil. V , 5 ; cf. Gronovius, Ad Oeil. XIV, 2. — M Cic. \err\ Eurip. Aie. 846 et sq. — 5 Eurip. Aie; Poet. ljr. ed. Bergk, p. 961 ; Ael. Var.
11,13,22; 111, 59, 136; Ad Allie. VI, 1, 15; 2, 4.— " Walter.GeicA. d. ràm.Rechts, hist. XIV, 45 ; Apostol. Adag. 'Jta(iiiSi( «vîpiia ; Zenob. Adag. I, 18 ; Senec. Ad
I, n. 108, p. 153 ; Ascon. In dimn. 3 ; Tit. LiT. IV, 24. — SI Tabul. Heracl, éd. Hau- Hein. 17. — » Bull. del. Inst. arch. 1847, p. 84 ; Dcnnis, Cities and Cemet. of
botd, lin. Liviil, et Blondeau, Monum. juris, Paris, 1859, p. 80. — 8* Orelli, Inscr. Etruria, II, frontisp. — 5 Millin, Galer. myth. 108, 4i8 ; Guigniaut, Noms, gai.
37il ; Modest. Fr. 10, Dig. L, 2 ; c.48 Cod. Theod. XII, 1 ; et Gothofred. Ad hancleg. mylh. CLlim, 651 ; Gerhard, Ant. Bildw. 28 ; Id. Arch. Zeitung, XV, 179 ; Carrara,
— 53 Fr. 1 et 2, De albo scrib. L, 3. — 31 Becker-Marquardt, Rom. AUerthùmer, III, in Berichte der Wien. Akad. 1851, taf. vi ; O. Jahn, Berichte der stichs. Gescllsch.
l,p. 370 et suiy. — 3i Tabul. Heracl. 15 et 16, éd. Haubold, p. 103; Blondeau, 1869, 14.— « Bartoli, Sep. de" Nasoni, 10. — ' Perret, Catac.de Rome, I, pl. lixim;
ilonum juris, p. 8!. — Bibliographie. Bouchaud, Mém. de VAcad. des Inscr. cf. Henzen, Suppl. Orelli, 6042.
t. XXXIX, p. 8 19; Raoul-IloelieUe, Peintures antiques inédites, Appendice; Otto ALKA. t Oïid. Pont. IV, 2, 41 ; Pollut, VII, 208.
ALE — 180 — ALE
II. A Rome, dès le temps de la république, une loi prohi particulièrement estimés, et après eux ceux de Mélos et
bitive des jeux de hasard (alea) donnait contre les infracteurs de Chalcis*. On leur faisait manger de l'ail et des oignons
une action (judicium) aboutissant à une condamnation du pour rendre leur ardeur plus grande *. Au moment de la
quadruple des valeurs engagées. Plaute mentionne cette lutte, on mettait les coqs en face l'un de l'autre sur une
1g> sous le nom de lextalaria *, parce qu'elle s'occupait sans sorte de table ou de plate-forme à rebords élevés ap
doute spécialement du jeu de dés ; il en est question dans pelée -ri\Ha * et on armait leur ergot d'un éperon de
Cicéron ' et dans Horace \ Mais la loi paraît avoir admis une bronze T.
exception pour le temps des saturnales5. D'un autre côté, A Athènes, une lbi ordonnait que chaque année un
l'édit du préteur contenait des dispositions sévères et fort combat de coqs eût lieu dans le théâtre aux frais du trésor
remarquables contre ceux qui tenaient des maisons de jeu, public, en mémoire, disait-on, de l'allocution par laquelle
ou offraient un refuge aux joueurs. En effet, on refusait Thémistocle avait relevé le courage de ses concitoyens,
toute ac tion aux premiers à raison des mauvais traitements, avant la bataille de Salamine ' ': voyant deux coqs qui se
vols ou dommages qui auraient été commis contre eux battaient, il leur demanda s'ils n'imiteraient pas, pour
dans leur habitation et pendant la durée du jeu*. En outre, défendre leur liberté et leur patrie, l'acharnement de ces
le préteur déclarait qu'il sévirait contre quiconque aurait animaux qui s'entre-tuaient pour le seul plaisir de vaincre.
employé la violence pour contraindre un autre à jouer, Les jeunes gens étaient tenus d'assister à ce spectacle, afin
ou à continuer le jeu, et Ulpien7 commente ces paroles, d'apprendre comment on lutte jusqu'à la dernière extré
en disant que le contrevenant peut être frappé d'amende, mité*. Le coq avec une palme, que l'on voit sur des tétra-
jeté M lautumias ou in vincula publica. Un sénatus-consulte drachmes d'Athènes est aussi un souvenir de cette insti
d'auteur inconnu prohiba tout jeu d'argent, excepté à tution. On remarque un semblable symbole sur les monnaies
l'occasion des exercices du corps" et, d'après Marcien, des de beaucoup d'autres villes, telles que Dardanus deTroadc,
lois Titia, Publicia et Cornelia, dont nous ignorons la date Ophrynium, Carystus d'Eubée, Antioche de Pisidie,
et les auteurs, auraient autorisé les paris (sponsiones) en Clazomène en Ionie, Calatia, Calés, Naples en Campa-
pareil cas *. Le droit romain accordait au père de famille nie, etc. Nous avons eu déjà l'occasion de signaler (p. 150,
la répétition de ce qui avait été perdu au jeu par son Dg. 184) un bas-relief où l'on voit deux coqs, marquant au
flls ou son esclave, et réciproquement l'édit donnait mois de Poseideon (décembre-janvier) sur un calendrier
contre le père une action de peculio au tiers qui avait payé figuré, l'époque où avaient lieu les combats de ces ani
une dette de jeu à l'esclave ou au fils10; enfin Justinien maux On a découvert au théâtre de Racchus, à Athènes,
proscrivit les jeux de hasard, avec des détails pour lesquels le siège du prêtre de ce dieu : sur chaque côté est figuré
nous renvoyons au Code. G. Humbert. un génie ailé mettant aux prises deux coqs Nous rap
ALEAIA ('AXs'ata, 'AXaïa). — Fête célébrée avec des con pellerons enfin le beau miroir de Corinthe (p. 147, fig. 182)
cours dans le stade1, en l'honneur d'Athéné surnommée où est gravée l'image d'un génie semblable
'AXt'a, c'est-à-dire qui donne la chaleur bienfaisante ', àTé- Les combats de coqs sont souvent peints sur les vases
gée en Arcadie. Celte déesse y avait un temple, qui fut re d'argile". Celui d'où est tirée la fig. 21 2 appartient au musée
construit, après un incendie, par Scopas, en 396 av. J.-C,
et devint le plus beau du Péloponèse*. Il est probable que
des fêtes semblables avaient été instituées dans les autres
villes de la même contrée où Athéné était adorée sous le
même nom, comme Aléa près de Stymphale*, Mantince'
et, sur le chemin de Sparte, Thérapné'. E. S.
ALEC [muria, garum].
ALEISON ("Aàekjov). — Vase à boire et à libations,
mentionné par Homère ', quelquefois fait de matières
précieuses, d'or par exemple (xpûemov), et muni de deux
anses (5u<ptmov). Dans Athénée* on le voit rapproché de la Fig. lit. Combat de coqi.
xûXtÇ [calixJ et du depas. E. S.
ALEKTRYONON AGONES ('A AtxTfuovwv à-j-Sive;), combats Grégorien, à Rome Deux éphèbes tiennent leurs coqs
de coqs. — Les Grecs de tous pays étaient passionnés pour prêts à s'élancer l'un sur l'autre. Une belle mosaïque de
ce genre de divertissement Les jeunes gens, les hommes Pompéi (fig. 213) montre l'issue d'un pareil combat". Der
de tout âge élevaient et exerçaient des coqs pour le com rière les deux coqs, l'un qui se dresse, les ailes encore fré
bat *. Ceux de Tanagre et de Rhodes, qui passaient pour missantes, l'autre saignant, les plumes en désordre, et la
les plus belliqueux (fxol^ijjioi, f'vvaïoi, àOXr^ai'') étaient tête baissée sont debout deux jeunes gens et deux en-
» Mil. II, S, ». — » Philip. II, Î3. — ' Od. III, Î4 ; Ascon. In divinat. Orelli, Acsch. Ewn. 870. — ' Taus. IX, 22, 4 ; Varro, De re rust. III, 9, 6 ; Suid. s. v.
p. 110. — » Martial. IV, 14; V, 85 ; Suot.' Ocl. 71. — 6 ulp. fr. 1, Dig. De aleator. 'AUrtweva et T«v«ïf«toi ; SIenand. ap. Meinekc. Comte, fr. IV, p. 135.— * Plin. Hi.it.
XI, 5. — i ld. § 4. — > Paul. fr. î, g 1, «od. til. — » Fr. 3, eod. tit. — 10 paul. nat. X, 24, 4S. — 5 Xen. Convis. 4, 9; Schol. Aristoph. Equit. 494. — « Aesch.
fr. 4, eod. ; III, 43. — Bibliooripiiie. Rudorff, /ton. Rechts Geschichte, Leipi. Contra Timarch. 53 ; Poil. IX, 68. — 1 Schol. Aristoph. Av. "59. — » Ael. Var.
1857-9, I, p. 38; II, 361, 395 ; Walter, Geschichte des rôm. Redits, Bonn, 3« éd. hist. II, 28 ; Petit, Leg. ait. p. 156 ; Philo, p. 466, ed. Maugey. — 9 Lndu. De
1360, n. 800. gymn. 37. — 10 Boule, Monn. d'Ath. p. 377. — H Le Bas, Voy. en Grèce, Mon.
ALEAIA. 1 Pans. VIII, 47, 3. — » Gerhard, Proilrom. p. 139; O. Miller, fig. pl. mi ; C. BSttichcr, in Philologus, t. XXII, p. 397. — Il Ileulé, Rrv. archcal.
Kl'ine Schrifl. Il, p. 177 ; Welcker, Griech. Gotlerlehre, I, 309 ; cf. G. Hermann, 1862, pl. xi, p. 349. - Comarmond. Mus. de Lyon, n. 318 ; de Wittc, Rev.
De graeca Minerva, p. 10. — 3 Paus. VIII, 45, 3 et 4. — * Id. VIII, 9 archéol. t. XVII, p. 372, pl. xm. — ** Dubois-MaisonncuYC, fntrod. à l'étude
3, et Î3, I. — s Id. VIII, 9, 3. — « Xen. Bell. VI, 5, Î7 ; Pau». III, 1», 7. des vases, pl. lxxtii ; Gerhard, Antilce Bildu). n. 623 ; ld. Trinkxchal. drs Mus.
ALEMON. 1 Od. III, 50 et 53; IV, !>92; VIII, 430.— « XI, 479 et 783.— Bulio- tu Berlin, pl.i ; Judica, Antich. di Acre, pl. m ; Roulez, Bull, de l'Acad. de Bruj.:
oiaphii. l'ssing, De nominibus vasorum graec. Hauniae, 1844. t. VII, 1" part. p. 416 ; de Witte, in Annali dell' Inst. arch. 1863, p. 241, pl. g.
ALEKTHYONON AGONES. I Colum. De re rusl. VIII, 2 ; Varr. De re nul. III, — '» T. II, pl. t. — " Zahn, Die schônsle Ornamente in Pompei, II, 50. — 17 Cf.
p. 296, ed. Schneider. — > Plat. Leg. VII, p. 789 ; Lytis, p. 21 1 ; Hipp. maj. p. 295 . Plin. But. nat. X, Î3.
— 181 — ALE
ALE
fants dont l'attitude répond à la leur : tandis que les vain les mains de jeunes gens, et l'on sait, en effet, que les Grecs
cus s'affligent, le maître du coq victorieux tient une cou- avaient un goût au moins aussi vif pour ces oiseaux dont
l'ardeur belliqueuse ne le cède en rien à celle des coqs *.
Il y avait des hommes dont la profession était de pren
dre, de nourrir et de dresser des cailles de combat (épruYo-
65jpott, àpiufoxposioi opTUY07rS>Xat "); on faisait aussi combattre
des coqs de perdrix M*
Le prix de ces combats était quelquefois l'oiseau vaincu,
quelquefois de l'argent; les enjeux étaient souvent consi
dérables et même ruineux pour le perdant r. E. Saglio.
ALEXANDIIEI ('AXsçovSpEtot martèle,). — Pollux 1 cite
parmi les monnaies d'or les plus répandues les statères d'A
lexandre, dont un
grand nombre sont
parvenus jusqu'à
nous. Ils sont de
poids altiquc, com
me les statères de
son père Philippe, et Fig. 215. Statère d'or d'Alexandre.
portent (flg. 215)
d'un côté la tôle de Minerve Promachos, de l'autre la Vic
toire tenant une couronne et l'armature d'un trophée'.
Les alexandres d'or eurent moins de célébrité et moins
de cours que les philippes [puilippei]. La monnaie du con
quérant macédonien qui fut la plus répandue fut ces tétra-
drachmes de poids attique portant au droit le buste d'A
Fig. 213. Combat de coqs. lexandre en Hercule et au revers Jupiter assis sur un trône
(fig.2I6),tétradrachmesqueZénon vantait comme agréables
ronne et un enfant lui présente une palme ; dans la main
gauche il porte le sac où le coq était tenu enfermé avant
la lutte. Le même objet est représenté sur un vase du
musée du Louvre l8, et on le voit aussi dans la main de la
statue connue sous le nom à'Alectryonophore ". Les sculp
tures M de plusieurs cippes et sarcophages ofTrent des ima
ges analogues à celles qu'on rencontre dans les peintures.
On peut rapprocher de la mosaïque de Pompéi le bas-relief
que reproduit la figure 214, d'après un de ces monuments,
conservé à Rome, Fig. 216. Tétradrachme d'Alexandre.
au musée de La-
tran Le sujet à l'œil et frappés sur des flans d'une grande régularité (ti-
est aussi la (in ixpOctXfjiouç xal Tt£pti'£i'p»[ji[jL£voui;)' en comparaison avec les tétra-
d'un combat de drachmes athéniens de la première série. Ces pièces eurent
coqs, et l'hermès tant de succès que toutes les villes grecques, soumises ou
qu'on voit au non soumises à Alexandre, en frappèrent depuis l'Epire
fond et près du jusqu'aux bords de l'Indus dans une direction, et depuis le
quel est une table Bosphore Cimmérien jusqu'à l'Egypte dans une autre. La
chargée de cou- fabrication des alexandres d'argent se continua bien après
Fig. 214. Bas-relief funéraire. ronnes et. de
, pal.
la mort du fils de Philippe ; elle dura dans la Thrace jus
mes indique une palestre. Cette composition donnera qu'au second siècle avant notre ère, et dans l'Asie Mineure
l'idée d'autres scènes du même genre " dans lesquelles des jusqu'à la bataille de Magnésie (189 av. J.-C.) et la con
enfants, des amours ou des génies ailés remplacent les per quête romaine.
sonnages que l'on voit ailleurs. De nombreuses pierres Contrairement aux philippes, les alexandres furent peu
gravées ofTrent des représentations semblables M. imités par les Barbares, excepté par ceux de la Pannonie.
Quelquefois aussi ce sont des cailles que l'on voit entre F. Le.normant.
l'Dubois-MaisonncuTe, l. /.; Panofka, Bilder ant. Leb. X, 6. — Krthler, L'Alec- tl. _» Aristot. HUt.mm.VL, 9 ; Athcn. XI, p. 464 d. — «Plat. Euthyd. p.290d,
tryonophore, Pelersb. 1835 ; Clarae, Mu s . de se. 349, n. Î223 a. — 1° Zoega, Bassiril. Alcib. I, p. 120a; Poil. VII, 136. — Acl. De nat. an. IV, I, et IV, 13 ; Plin. llist.
11, p. 194; Clarae, I. I. 191, 392, 200 ; Gerhard. Beschreib. Boms, II, 2.p. 73 ; Panofka, nat. XXII, 65; I.ainpr. Al. Sev. 41.— f.olura. De re rust. VIII, 2. — BoLioauran.
Wrihgeschenke, p. 15.— xl Benndorf et Schone, Lateran. Mus. n. 189 ; Garrucci, Mus. Schroder, De vario apud veteres gallorum usu, Rosbeck et Leipz. 1743 ; Beckmann,
Later. pl. ixiv, p. 59; Arch. Zeituitg, 1866. pl. ccvn, 1.— M Gerhard, Hyperb. rûm. Beitrdge sur Gi-sch. der Krfindungen, V, p. 446 ; Beckcr, Charikles, I, p. 1 19, 2* éd
Stnd. p. 144 ; Aringhi, Borna subterr. III, p. 73, 329 ; Bottari, Pitt. I scult. III, 137. 1854 ; Roulei, Dullet. de l'Acad. de Bruxelles, t. VII, lr« partie, p. 444 ; O. Jahn, Arch.
— K Winrkrlmann, Pierres gravées de Stosch, p. 133 et suiv. n. 696-701 ; p. 558, Beitràge, Berl. 1847, p. 437 ; de Witto, Annali delV lut. ii corr. arch. 1863, p. 241.
». 191-195 ; Tfilkcn, Ccschn. Sleine. p. 144, n. 490-492 ; p. 352, n. 82,83 ; p. 418 et AI.KXANDRK1. 1 IX, 59. — 1 Ch. Lenormant, Ann. dell" Inst. arch. t. XIX,
>o ». n. 234-240 ; Pierr. gr. du duc d'Orléans, 1. 1, pl. xxxu ; O. Jahn, Arch. Beitràge, p. 359-366. — 8 Diog. Laërt. VII, 1, 19. — Bibliographie, Miotract, Descript. de
pl. m, 4, 5, 6 ; Panolka, Bilder ant. Leb. x, 5, 6. Même sujet encore sur un \crrc à médailles antiques, t. I, et Supplém. t. III, Bois de Macédoine, Alexandre;
l.gurcs dorées, Boldetti, Osserv. sopra i cemet. p. 21, 26 ; Garrucci, Velri, xxxvi, L. Millier, Numismatique d'Alexandre le Grand, Copenhague, 1855.
ALI — 182 — ALI
ALICULA. — Vêlement ainsi nommé, selon le gram ce dernier cas, Ulpien, par analogie de la constitution
mairien Velius Longus l, parce qu'il enveloppait la partie d'Hadrien, relative aux alimentarii pueri, décide que
supérieure des bras (quodalas nobis injecta contineat). 11 est les aliments seront dus aux garçons jusqu'à dix-huit ans,
mentionné dans un texte * parmi les habillements propres aux filles jusqu'à quatorze ans, pietalis intuitu1. On sait
aux jeunes garçons, dans un autre' comme étant porté que Nerva et Trajan avaient institué des fonds dont le
par un chasseur. Les œuvres d'art offrent des exemples de revenu était consacré à l'alimentation des enfants des pau
vêtements répondant à l'indication de Longus, portés par vres. Il était pourvu à ces fondations pieuses " en partie
des bergers ou d'autres habitants de la campagne. Ainsi par des legs charitables. C'est pour cette raison que les legs
les sarcophages ornés de sujets chrétiens et les peintures qui ne pouvaient être faits jadis aux cités, à cause de leur
des catacombes offrent souvent* l'image du Bon Pasteur qualité de personnes incertaines, furent autorisés par
vêtu d'une sorte de pèlerine qui paraît être, dans quel Nerva, et ensuite par un sénatus-consulte plus complet
ques monuments, d'une peau velue; elle couvre les épaules proposé par Hadrien \ Ulpien nous apprend8 que le legs
et tout l'avant-bras ; quelquefois elle est fendue par de- fait à une partie de la cité était également valable, toutes
les fois qu'il pouvait servir à l'ornement ou à l'avantage
de la cité {ad ornatum vel compendium rei publicae). En
effet, il résulte de plusieurs fragments des jurisconsul
tes, insérés au Digeste, qu'on léguait souvent des capi
taux à une cité, soit pour faire des distributions, ou con
tribuer à des travaux publics, soit pour donner desaliments
ou l'éducation à des enfants indigents*, ou des secours
aux infirmes ou aux vieillards. Toutes ces dispositions, qui
jadis n'auraient pu être faites qu'à titre de fidéicommis"',
sont valides même à titre de legs depuis la constitution de
Nerva, inspirée sans doute par la nécessité de soutenir les
institutions charitables ". On voit par un rescrit de Sévère
et Antonin Caracalla, mentionné par Marcien au Digeste ",
que les legs faits ad alimenta puerorum demeuraient soumis
aux limites des trois quarts de la fortune, imposées par la
loi Falcidia dans l'intérêt des héritiers testamentaires ; les
Fig. 217. Berger». Fig. 218. mêmes empereurs décident que le président de la pro
vince sera chargé de surveiller le placement des fonds des
vant (fig. 217); on la voit aussi munie d'un capuchon5 tinés à ces prestations. — Il existe des inscriptions men
(fig. 218). tionnant de pareils legs G. Humbert.
On a l'ait dériver le nom de Yalicula des noms grecs SX\i\\ ALIMENTARII PUERI ET PUELLAE. —Enfants nour
et (ïXXtxa qui désignent une chlamyde thessalienne'[cHLAMYs]; ris par la munificence publique. Nous devons à la dé
mais rien ne prouve que ce rapprochement, fait par des au couverte et à l'interprétation de deux monuments les no
teurs modernes7 soit fondé. E. Saglio. tions exactes que nouspossédonsaujourd'huisurl'assistance
ALIMENTA. — Les jurisconsultes romains mentionnent publique à Rome et en Italie, sous les empereurs. Le pre
souvent des donations ou des legs faits à titre d'aliments 1 ; mier est la table de bronze, trouvée en 1747, non loin de
les fidéicommis étaient aussi fréquemment employés à cet Plaisance, dans la Gaule Cisalpine, sur le territoire de
effet. En général, les dispositions alimentaires par acte l'antique Veleia. Elle est actuellement conservée au musée
de dernière volonté s'interprétaient assez largement, et on de Parme, et contient la plus longue inscription con
les maintenait même au profit de personnes avec lesquelles nue. Elle fut publiée plusieurs fois, d'une manière inexacte
l'auteur n'avait pas faction de testament *. il est vrai l. Les antiquaires du siècle dernier, les savants
Le legs d'aliments comprenait la nourriture, le vête allemands du commencement du nôtre n'en purent don
ment, l'habitation, en un mot ce qui était nécessaire à ner une explication satisfaisante. Grâce aux travaux plus
la vie, mais non pas à l'éducation, le tout sauf volonté récents de l'illustre Borghesi, et aux nouvelles recherches
contraire du disposant 11 arrivait souvent à Rome qu'un de M. Henzen, la lumière s'est faite, et l'interprétation rai-
maître léguait à ses esclaves en les affranchissant, ou sonnée de ce monument a permis de connaître dans son
à ses affranchis antérieurs , les prestations qu'il avait ensemble et dans ses détails, la remarquable institution
l'habitude de leur faire de son vivant (quae viva praesta- dont il est le précieux témoignage. Ce qui a contribué plus
bam) *. Les legs d'aliments adressés à un enfant (puero que tout le reste à confirmer l'opinion des savants qui
vel puellae) étaient dus pendant toute la vie, à moins s'étaient approchés le plus de la vérité, c'est l'heureuse
qu'ils n'eussent été laissés usque ad pubertatem. Dans découverte faite en 1832, à Campolattaro, près de Béné-
ALICULA. « De orthog. p. 2i29. — » Clp. Dig. XXXIV, ï, 23, § 2 ; cf. Mart. Ep. 1" titre XXX. — 9 Marcian. fr. 117 ; Paul. fr. 122, Dig. De légat. 1° XXX. — I» Gains,
XII, 82.— » Tetr. Sat. 40. — » Bottari, Pitt. et scult. di Iloma solterr. I, ta*. 26, 31 ; Inst. II, Î87. — «t Aurel. Vict. Epit. 24. — « Fr. 89, Ad leg. Ealcid. XXXV, 2.
II, tai. 55, 76, 78, etc. ; m, tav. 131, 140., etc. ; rerret, Catac. II, pl. u. — 5 Bottari, — " Orelli, Inscr. t. I, a. 1172 j II, n. 4365 ; Orelli-Uenzen, n. 6669. — Bin.ui-
1. 1. t. II, p. 1. — • Hesycb. et Suid. t.v. ; cf. Poil. VU, 46. — ' Ferrar. De re vest. ouraii. Walter, Geschichte des r6m. Ilechts, 3« éd. Bonn, 1860, I, n. 304 ;
pars II, Mb. II, c. i ; cf. Hotmail, N. Franc, comm. in inst.jur. civ. et Lalanne, Beckcr-Marquardt, Handbuch. der rôm. Alterthùmer, III, 2, Leipi. 1853, p. 712-
De vest. et ont. inf. et adolesc. Jiom., BelloTaci, 1850. 718 ; Hcnzcn, De tabul. aliment, in Annali delV Instit. arch i 1844, p. 5-111 ; 184.'.,
ALIMENTA, t Dig. XXXIV, 1, De alim. vel cibar. légat. — « Fothier, Pandeet. h. in Bulletino dell' Inst. arch. p. 81-94, 233, 234 ; 1847, p. 6 à 16 ; 1849, p. 220-
Ut. n. 1. — 3 Fr. 6 et 7, Dig. h. tit. — * La portée de cette clause a fait l'objet de 239 ; Spangenbcrg, Juris rom. tabulae, Lips. 1822, p. 347-351; Rosshirt, Die Lehre
plusieurs questioos résolues par les jumcoasultes, fr. 9, § 1 ; 14, g î ; 15, g 1, et von den \ t'rmâchtnissen, II, p. 81 et 3, Hoidelberg, 1835.
fn.19, Dig. h. tit. -»Fr. 14, Dig. pr. et§ I,h. tit «Waltcr, Gcsch. dcsr&m. Iteehtt, ALIMENTARII PUERI. 1 Voy. la bibliographie. Le texte le plus pur a été publié
|, g 304, 3« éd. — ' Ulp. lleg. XXIV, 18 et 28. — ■ Fr. 32, g 2, Dig. De légat. par l'auteur de cet article : Disputatio hist. de tabulis aliinentariis, Paris, 1854.
ALI — 183 — ALI
vent, d'une seconde table 1 contenant un document sem gue 300,000 sesterces aux Atinates pour que le revenu de
blable relatif à la colonie des Ligures-Cornéliens-Bébiens, ce capital soit employé à l'alimentation des enfants pau
transportés de leur pays, par les deux consuls P. Cornélius vres de cette cité
et M. Baebius en l'an 183 avant J.-C. *. Borghesi a montré qu'une donation de même nature
Sous la république, les citoyens pauvres recevaient des avait été faite par un autre particulier aux garçons et aux
distributions gratuites de blé, et étaient nourris par leurs filles de la colonie de Terracine, la distribution devant se
patrons [spobtula, patronus, cliens]. 11 y avait donc, dès ce faire mensuellement *. Enfin tout le monde connaît la fa
temps, une assistance publique et privée. Les esclaves ne meuse inscription trouvée à Milan, dans le sarcophage de
parlicipaient pas à ces largesses, puisqu'ils étaient à la Lothaire, et qui fait connaître une générosité analogue de
charge de leurs maîtres ; les affranchis devaient être exclus Pline le Jeune ,0. Lui-même a pris soin de nous instruire,
également de ces munificences*, puisqu'ils recevaient, avec dans sa lettre à Caninius ", des moyens que son expérience
la liberté, les moyens d'en jouir; mais cette exclusion, d'homme de loi lui suggérait pour assurer la perpétuité de
qui ne paraît avoir eu rien de légal, a dû souffrir quelques son bienfait.
exceptions. Les autres villes de l'Italie et les provinces C'est cette libéralité des particuliers d'une part, et le
ne semblent avoir eu aucune partà la munificence de l'État, soin qu'ils ont pris d'autre part, d'assurer la perpétuité de
laquelle ne s'étendait qu'à la ville de Rome dont l'opinion leurs donations aux enfants pauvres, qui semblent avoir
et la faveur étaient surtout considérables aux yeux de ceux fourni l'idée première de l'institution des Antonins.
qui disposaient des deniers de la république. Les distribu En considérant Trajan comme le véritable créateur de
tions gratuites constituaient donc un abus en ce qu'elles l'assistance publique officielle dans l'Italie, il ne faut pas
encourageaient l'oisiveté, et faisaient aux riches d'abord, oublier que Nerva a conçu le premier l'intention d'appli
puis, plus tard, aux vainqueurs chargés des dépouilles du quer aux cités italiennes, les bienfaits delà libéralité dont
monde, un troupeau de partisans stipendiés, instruments Rome avait été comblée par les premiers Césars Le té
futurs de l'ambition des chefs. moignage d'Aurélius Victor est encore fortifié sur ce point
Les distributions intéressées des empereurs ne s'adres par la numismatique " qui nous offre, sur une pièce, la
sèrent qu'au peuple de Rome jusqu'à la fin du premier figure de Nerva tendant la main à un jeune garçon et à
siècle de J.-C, et encore ne furent-elles soumises à aucun une jeune fille, près desquels est une femme debout, avec
mode régulier jusqu'au règne de Trajan. Cet empereur fit l'inscription tvtela ITALIAE. Mais en matière d'institution
inscrire les noms des enfants pauvres de Rome qui avaient publique, celui-là qui exécute et organise peut passer à
des droits sérieux à la munificence de l'État, et, le premier, bon droit pour créateur. Or, les deux inscriptions dont
il voulut que cette assistance fût stable, perpétuelle*. C'é nous avons parlé plus haut sont du commencement du
tait là un progrès assurément : l'abus commença à se chan règne de Trajan. Celle des Ligures-Bébiens est de 101
ger en institution utile ; mais c'était peu d'avoir conçu après J.-C. et l'autre, dans laquelle l'empereur porte le
cette réforme, ou plutôt cette création, il fallait l'étendre. surnom de DACicvs est postérieure à la première guerre
Nous savons que les noms des enfants secourus par l'em contre les Daces et peut être reportée à l'année 104. Nous
pereur à Rome étaient inscrits par tribus \ reproduisons ici (fig. 219) un bronze de Trajan, du Cabi-
M. Mommsen a démontré 1 que les militaires eux-
mêmes n'étaient pas exclus de ces répartitions (divisiones),
et il en offre un exemple. Le monument déjà cité nous
montre que le privilège de l'inscription pour participer à
la distribution gratuite se transmettait comme un privi
lège héréditaire. Mais tout cela ne regardait encore que
le peuple de Rome, et c'est aux distributions faites à Rome,
et à celles-là seulement, que fait allusion Pline dans son
Panégyrique de Trajan. L'épigraphie nous révélera ce que Fig. 219. Institution, sous Trajan, des pueri alimentarii.
devint l'institution quand elle s'étendit à l'Italie et prit le net de France, au revers duquel on voit l'empereur assis et
caractère d'une mesure générale inspirée par le désintéres devant lui une femme qui lui présente les enfants sur les
sement et la prévoyance d'un grand administrateur, vrai quels il a étendu sa protection. Voici en quoi consistait
bienfaiteur de l'humanité. Tel nous apparaît Trajan dans l'institution :
cette œuvre des pueri puellaeque alimentarii, appelés aussi L'empereur prêtait à un faible intérêt (5 p. 100 à Veleia,
pueri puellaeque Ulpiani, la plus grande et assurément la 2 1/2 p. 100 dans la colonie des Ligures-Bébiens) un capi
plus méritoire de son règne. tal considérable à des propriétaires de telle ou telle cité.
De même que les largesses intéressées des patrons à leurs Ceux-ci, en retour, hypothéquaient leur domaine pour une
clients avaient devancé les distributions gratuites de l'État valeur égale à la somme prêtée, ayant soin de déclarer les
et leur avaient servi apparemment de modèle, de même hypothèques antérieures et autres grèvemenls de leurs
les donations toutes libérales des particuliers en Italie ont immeubles, et donnant en outre l'estimation d'ensemble
précédé l'institution philanthropique des Antonins. Les et celle du détail des terres, afin que, celle valeur, étant de
inscriptions nous fournissent plusieurs exemples de ces li beaucoup supérieure à la portion hypothéquée, le capital
béralités privées. Ainsi un certain T. Helvius Basila lè- de l'empereur fût à couvert. Cela fait, les propriétaires
* Le meilleur texte de cette table est celui qu'a publié M. Th. Mommsen dans Dec. 1845; Id. Dir rtm. Tribus in administr. Beziehung, Altona, 1844 ; Henzcn, in
1**. Imrript. rrgni Ncapolil. latinac, Lips. is52. 11 est fidèlement reproduit dans Aimai, dell' Inst. di corr. arch. 1845, Tab. alim. «2.-7 Dit rom. Trib. —
l'omrtge précédemment cité. — » Tit. LIT. XL, 37 et 38. — » Wallon, Hist. de " Orelli, 4365. — ' Borghesi, Annal, dell' Jmlit. di corr. arcA.Oct. et nov. 1839. —
F tclav. dam l'antiq. t. Il, part. Il, c. i, p. 404 et 407. — 5 Plin. Paneg. 25-27 : l°Ami. dell' fmi. treh. 1854. Cette inscription, publiée bien des fois, doit être lue
■ lbi non de divisione semel facta agi constat, sed certum et stabilc aliquid significari dans le teite présenté par M. Mommsen dans son article : Miscellanee epigrafch>>.)
atquc eoutinuari bcneliciuui. ■ — 6 Mouirnseo, Bullet. dell' Iiistit. di corr. archeoh : » Ep. VU, la. — U Aurcl. Victor, Episl. X1I,4. — « Ei kbel, Docl. num. VI, 407.
ALI — 184 — ALI
versaient le revenu de la somme prêtée, non entre les cisément à ceux qui étaient, comme par surcroît, curatores
mains de l'empereur, mais dans la caisse municipale pour alimentarii, ou ad alimenta, ou ab alimentis) était exercée
qu'elle fût appliquée à l'entretien alimentaire des enfants toujours par des clarissimiviri (sénateurs), anciens praetores,
pauvres des deux sexes. Exemple : Dans la table de Veleia, et très-souvent même anciens consuls. Ces curatelles
Trajan prête 1 million 44 mille sesterces sur hypothèque étaient donc souvent le degré intermédiaire entre le con
à 51 propriétaires de fonds dont l'estimation n'est pas sulat et le gouvernement des grandes provinces impériales
moindre de 13 ou 14 millions de sesterces. L'intérêt, à consulaires ou sénatoriales consulaires, fonctions au-dessus
5 p. 100, de la somme prêtée est de 52,200 sesterces. Cet desquelles il n'y avait plus que la préfecture de la ville.
intérêt est consacré à l'alimentation de 300 enfants pauvres Après Trajan, les inscriptions, les bas-reliefs et les
dont 263 garçons légitimes, 35 filles légitimes, 1 bâtard monnaies prouvent que l'institution alimentaire prospéra
et 1 fille illégitime. pendant plus d'un siècle. Hadrien lui donna une nouvelle
Ainsi 1° l'empereur venait au secours de la petite pro extension1*; Antonin etMarc-Aurèle en fondèrent de sem
priété (car la petite propriété existait sous les Antonins et blables au nom des deux Faustines leurs épouses ,9. Il y
les terres étaient bien plus morcelées alors qu'on ne le croit eut des alimentariae Faustinianae, A&s-puellae Faustinianae.
communément, les inscriptions alimentaires en font foi), On voit ici une monnaie d'or K (flg. 220), et une monnaie
en lui prêtant, à un intérêt très-modique, un capital que le
commerce ou plutôt l'usure ne pouvait lui offrir qu'à 10 ou
12 pour 100 ; — 2° il assurait des secours aux enfants pau
vres, et la perpétuité de la garantie hypothécaire entraî
nait la perpétuité du bienfait impérial. Nous pouvons de
plus affirmer que si deux monuments seulement ont été
trouvés jusqu'à ce jour, il est certain néanmoins que l'ins
titution s étendait au moins à toute l'Italie et vraisembla Fie. 220. Institution des puellac faustinianae Fig. 221.
blement aux citoyens pauvres des provinces.
Les inscriptions relatives aux magistrats alimentaires d'argent 11 (fig. 221), portant, au droit, le buste de Faustine
nous démontrent l'étendue du service administratif et par mère, et au revers, avec la légende PVELLAE FAVsTINIANAE,
conséquent de l'institution elle-même. cette impératrice et l'empereur Antonin sur une estrade
Quant aux monuments de Veleia et de la colonie des recevant les enfants qui leur sont présentés. Il y eut encore
Ligures-Bébiens, ce n'était autre chose que des contrats des novae puellae Faustinianae ; et, sous Septime Sévère,
publics passés entre l'empereur et les propriétaires des des Mammaeani pueri puellaeque, établis en l'honneur do
fonds hypothéqués. Il était placardé dans la basilique du Mammaea, aïeule de ce prince " : ce sont autant de
municipe ou de la colonie. preuves que l'institution était florissante pendant toute
Ce qui témoigne de l'importance et de l'extension de la durée du second siècle. La décadence dut commencer
l'assistance publique au second siècle, c'est l'organisation au troisième, et ce bel établissement fut sans doute aban
hiérarchique de magistrats spécialement afTectés à ce ser donné à l'époque de l'anarchie militaire, par suite de la dé
vice. 1° En commençant par le dernier degré de l'échelle, préciation des terres. Ce que nous retrouvons plus tard
le quaestor alimentarius qui était le même que lequaestorae- dans les lettres de Julien m, sur la charité et les établisse
rarii du municipe ou de la colonie lk. Il n'était pas rigou ments des chrétiens et l'assistance publique officielle du
reusement nécessaire qu'il cumulât les deux fonctions. code Théodosien " n'a plus de rapport avec l'institution
Cette charge était en grand honneur, puisque nous voyons alimentaire de Trajan. Ernest Desjardins.
un ancien dictateur de Nomentum l'accepter après avoir ALIPILUS. — Esclave attaché au service des bains chez
exercé la magistrature suprême de sa ville ,5. les Romains et dont la fonction était d'épiler. On lui donnait
Au-dessus des quaestores alimentarii, étaient les procura- ce nom parce qu'il devait, à l'origine, enlever seulement les
tores alimentarii dont la juridiction ou le service de sur poils des aisselles. Les laisser pousser était le signe d'une
veillance s'étendait sans doute sur une région entière : grande négligence ; mais il y avait des délicats qui se fai
procuratores alimentorumper Transpadum, Histriam et Libur- saient épiler jusqu'aux jambes l. On employait à cet effet
niam quelquefois en suivant les routes : procuratores ali soit une pince (volsella) , soit un onguent (psilot/irum).
mentorum viae Flaminiae 17. Au-dessus de ces derniers En Grèce aussi la mode de se faire épiler fut adoptée par
étaient les curatores alimentarii, qui nous sont connus par des hommes efféminés. Le poète Cralinus 1 parle d'épi-
un grand nombre d'inscriptions. La table de Veleia nous leuses (irapocri'ÀTpiai) à la manière de Lydie, indiquant ainsi
fait connaître deux personnages consulaires qui font le l'origine de ce raffinement. E. Saglio.
contrat au nom de l'empereur. Mais il se peut que ces ALIPTES ou ALIPTA ('A^tto);). — Nom de ceux qui
personnages, auxquels Borghesi avait attribué un rang et étaient chargés dans les gymnases et les palestres d'adminis
un titre exceptionnels, aient été simplement des curatores. trer les onctions et les frictions qui précédaient ou suivaient
Nous savons en effet aujourd'hui que les grandes curatelles, les exercices (Tptyiç et dcvo(Tpi<J*i<;), ou qu'on opérait quelquefois
celle des voies publiques par exemple (qui était confiée pré- dans les intervalles, à moins que les lutteurs ne prissent eux-

'k Griller, p. 3ti, 8; et p. 1092, 7; cf. 380, 4 ; Maffei, Mus. Yeron. 230. — Tavola alimentaria Velejate, delta Trajana, Farma, 1819; Henzcn, Tabula alim.
ISIIemcn, De tabula Ligur. Ilacb. in Ann. dcll' Instit. 1815. — H Crut. p. 40!, 4. Baebianorum , Romac, 1945; Id. Addilametiti e correz. ail' articolo sugli
— H Muratori, p. 756, 4. — « Spart. Hadr. 7. — 19 Capitolin. Ant. Pins, 8 ; M. alimenté publia', in Annali dell' Inst. 1849, p. 220 et 239 ; Garucci, Afonum. reip.
M. Aur. 7, 11, 26; Orclli, 3364 33S5. — *> Oaylus, Aumism. aurea imp. rom. Ligurum Bacbian. Roma, 1846; E. Desjardins, Dispul. histor. de tabulis aUmen-
p. 505 -, Cohen, Monn. imp. Faustine mere, n. 107. —'I Cohen, /. I. n. 108.— !» Spart. tartis, Paris, 1854; Walter, Geschic/ttfi n'es rônu Jlechts, n. 304, 13" cd. Bonn
Hadr. 7.- «3 Epist. Ad Arsacem Calât. pontif. p. 429, cd. Spanhcim.— »*Tit. XXVII, 1860.
ALIPILUS. 1 Sen. Ep. M et 111; J«». XI, 157, et Schol. ad h. I. ; Orelli, lutcr,
l et n. — BinKKiiraii. F. A. Wolf, Von eiiier milden Sliftung Trajan's, Berlin,
1808 ; Savigny, in Heildelberg. Jahrb. der Littéral. 1809, p. 154 et ». ; P. de Lama, 430J; Pignorius, De sera. 42. — « Ap. Athcn. XIV, p. 63S.
ALI — 185 — ALL
mêmes ce soin, comme on le voit dans beaucoup de mo ordinairement des esclaves, qui, dans les bains, faisaient
numents figurés. Ceux qui représentent des aliptes dans aussi des frictions, des massages, des onctions '. Les «Xef-
l'exercice de leurs fonctions sont plus rares. On en voit un itrpiai étaient des femmes chargées du même office 10. On
dans la figure 222 en voit une (fig. 223)
tirée d'une ciste gra qui s'en acquitte, en en
vée du musée Gré levant la sueur avec un
gorien 1 : il frotte un strigile, d'après une pein
pugiliste, tandis que ture d'un tombeau de la
celui-ci tient une voie Appienne , décou
fiole, d'où l'huile se verte au siècle dernier
répand sur son Le nom le plus ordi
corps. naire de ces serviteurs
L'utilité des onc des bains, chez les Ro
tions et des frictions mains , étaient unclor et
pour les luttes du unctrix. Un certain nom
gymnase et de la pa bre d'inscriptions font
lestre est expliquée connaître des personnes
par Lucien dans un attachées , pour ce ser
Fi p. 222. Alipte et pugilist». vice, à la maison des Fig. 223. Alipte des bains.
dialogue * où Solon
en expose les raisons au Scythe Anacharsis. Elles don empereurs, des impératrices et de leurs enfants".
naient à la peau plus de souplesse, aux muscles plus d'é A. C. Bussemaker, E. Saglio.
lasticité; le corps, que l'huile rendait glissant, devenait ALKATHOIA ('AXxâ6oia). — Fête célébrée à Mégare en
plus difficile à saisir et à soulever ; afin que les lutteurs ne l'honneur du héros Alcathous, fils de Pélops, qui avait bâti,
pussent pas cependant se dérober, lorsqu'ils étaient aux avec Apollon, les murs de la ville1. Le temple d'Alcathous
prises, ils répandaient sur leurs membres ainsi enduits, de servait de dépôt aux archives publiques *. Hunzjker.
la poussière ou du sable fin 3; cette dernière opération avait ALLEX ou ALL1X ("AXX^.'AXXiS). — Sorte de chlamyde
aussi pour but d'arrêter la sueur trop abondante et de mé [chlamys] particulièrement en usage chez les Thessaliens '.
nager les forces en garantissant contre l'impression de l'air, ALLIGATI. — Le soldat romain portait toujours une
dangereuse dans un moment où tous les pores sont ouverts. chaîne pourvue d'une menotte
H y avait un art des frictions. Les aliptes devaient être ha à chaque extrémité1. Quand il
biles à faire entrer l'huile dans la peau en faisant respirer faisait un prisonnier , il em
les athlètes de manière à favoriser cette pénétration *; l'ex ployait l'une des menottes pour
périence leur donnait une connaissance pratique du corps lui fixer les mains derrière le
et des moyens que pouvaient employer, pour conserver ou dos et se passait l'autre au bras
augmenter leurs forces, ceux qui se confiaient à leurs soins ; gauche : c'est le groupe ainsi
ils réglaient le régime des athlètes, et principalement leur formé qu'on appelait alligad;
alimentation 11 y avait dans les gymnases des grandes on en voit un représenté sur
villes des salles particulières (àXenrr^pia), qui étaient même l'arc de triomphe de Septime
quelquefois de somptueux édifices, où les jeunes gens se Sévère *. Ainsi, comme le disait
préparaient aux exercices '. On voit que les fonctions des Sénèquc5, ceux qui avaient en
aliptes, comme celles des gymnastae, avec qui ils ont été chaîné étaient enchaînés eux-
quelquefois confondus, n'étaient pas sans rapport avec celles mêmes. — On donnait le même
des médecins ; surtout sous les empereurs romains, quand nom aux esclaves indociles
Fig. 224. Alligati.
leur profession, d'abord fort inférieure, eut été relevée par qui, pour cette raison, étaient
des hommes tels que Herodicus de Sélymbrie. C'est de celui- mis aux fers ' [servi, ergastulum]. M.ASQUELEZ.
ci que Pline 7 date le commencement de l'iatraliptique. Les ALLOCUTIO [adlocutio].
aliptes prirent alors en effet le nom de îaTpaAE(7mr|; ou W- ALLUVIO. — Accroissement insensible (incrementum la.'
TpoiXefaTïii;. Cicéron et saint Clément d'Alexandrie établis tens) qui se fait aux rives des fleuves et rivières, soit par
sent entre la médecine et Faliptique ou iatraliptique cette un apport de terre qui vient s'y déposer, soit par un re
différence, que la première a pour objet le fond de la santé, trait des eaux *. La question j uridique qui s'élève à cet égard
tandis que la seconde s'occupe de la mine, du teint et de est de savoir à qui appartiendra cet accroissement. Elle se
la vigueur apparente du corps *. décide conformément aux principes généraux. Le fleuve
Ces aliptes des gymnases et des palestres ne doivent pas lui-même est public, mais son lit, suivant le jurisconsulte
être confondus avec les employés infimes du même nom, Pomponius, appartient aux riverains. Les riverains profite-

ALIPTES ou AL1PTA. 1 ifus.Greg. I, taT. 37 , Gerhard, Etr. Spiegel, taf. vi.— Plut. Mot. 533 b, p. 850; Krause, Gymnastik und Agonistik, I, p. 225 ; Petersen,
* Lueian. Anark. 24, 28 et sq. — 3 Sur les diverses sortes de poussière en usage, Phi- Dos Gymnas. der Griechen, Hamb. 1858, not. 11 et 15 ; Grasberger, Erzichung und
lostr. De gymn. p. 16 ; Galea. De san. tu. V, 3, t. VI, p. 328; Krause, Gymn. und Vntcrricht ira klassischen Allcrthum, Wiirzburi,-, 1866, I, p. 341 et 375.
Agon. p. 192. — * Plut. Son. tu.praec. 15 ; Galen. Musc. mot. II, 9, t. IV, p. 461 ; ALKATHOIA. 1 Pind. Isthm. VIII (VII), 67; Schol. Nem. V, 84; Paus. I,
Oribas. ed. Daremb. p. 484 et not. ; Krause, l. I. — » Aristot. Eth. Nie. II, 6, 7; 41, 4 ; 42, 1, 7. — ' Paus. I, 43, 4. — Bibliographie. De Villoison, Mém. de l'Acad.
Plut. De adul. et am-, 59 ; Arrian. Epict. III, 10, 1.— « Poil. VII, 166 ; Suid. s. v. ; des Inscript. XXVIII, p. 337 ; Bôckh. Expl. Pind. p. 176.
Corp. bue. gr. 3148 ; C. Curtius, in Hermès, t. VII, p. 43. — ' Bist. nat. XXIX, H.— ALLEX ou ALLIX. 1 Hosych. et Suid. j. ». »iiS et ôMiiu.
» Cie. Ad (am. I, 9 ; Clera. Al. Strom. VI, p. 294, cd. Sylb. ; cf. Tels. 1, 1. — » Jut. ALLIGATI. 1 Jos. Bell. Jud. III, 5.— 1 Bellori, Yelcrcs arcus Aug. tat. m. —
VI, 422 ; Mart. VII, 326 ; Sen. Ep. 56. — >» Poil. VII, 17. — « Ficoroni, La bolla 3 De tranq. anim. 10. — * Col. I, 9.
d'an, p. 45. — 1» Bôckh. Corp. vise. gr. n. 418 ; Grulcr, p. 581, n. 11 : et p. 785, ALLUVIO. 1 Gaius, Comm. II, 70 ; Instit. Just. II, 1, 20; Gaius, fr. 7, g| 1-7,
n. 5-, Reines, class. 9, a. 80 ; Murât, p. 891, n. 3. — Bibliographe. Wytteub. ad Dig. De adquir. rer. dom. XLI, 1.
I. 24
ALL — 186 — ALO

ront donc de l'alluvion qui ne fait que metttre leur sol à ALOA [haloa].
découvert, et par la même raison ils auront droit aux ALOADAE ou ALOIDAE ('AWSai, AWtaSat et 'AXcoEtSai).
îles qui se forment dans le fleuve, et à son lit s'il vient à — Otos (tûto<) et Ephialtès CEcpiâXTTiîl, géants ou héros,
sécher. Il en serait autrement si la violence du courant dont le nom est le patronymique de Aloëus, fils de Poséi
avait détaché un champ tout entier et l'avait transporté don. On attribuait leur naissance soit à ce héros1, soit à ce
contre ma rive. Ce champ ainsi déplacé, mais parfaitement dieu1. Leur mère était Iphimedeia. Suivant la tradition la
reconnaissable, reste à son ancien propriétaire, par oppo plus constante , la Terre les aurait nourris. On les croyait
sition à la terre qui, dans l'alluvion, se détache et se dé aussi nés d'elle *.
pose grain à grain, sans qu'on puisse reconnaître à qui L'imagination était frappée de leur taille gigantesque
elle avait appartenu. Si cependant les arbres que ce frag et de leurs audacieuses entreprises. Dès l'âge de neuf ans,
ment de champ a entraînés avec lui reprennent racine ils avaient neuf coudées de grosseur et neuf brasses de
contre ma rive, et entrent ainsi dans mon terrain, ils m'ap hauteur*; ils croissaient chaque année d'une coudée et
partiendront, et peutrêtre le champ avec'. Mais quand le d'une brasse, et, par mois, de neuf doigts8. Lorsqu'on re
fleuve, après avoir abandonné son ancien lit et s'en être trouva le corps d'Otos, il mesurait quarante-six coudées s.
creusé un nouveau, l'abandonne à son tour, à qui appar Ils tentèrent d'escalader le ciel , en entassant l'Ossa sur
tiendra le nouveau lit abandonné? Ce cas n'était pas sans l'Olympe et le Pélion sur l'Ossa ; retinrent Arès enfermé
exemple dans les fleuves torrentiels de l'Italie. Nul doute, durant treize mois dans une prison d'airain et osèrent
s'il ne s'agit que d'une simple inondation'. Cet événement prétendre à l'union de Hèra et d'Artémis 7. Ils trouvèrent
purement accidentel ne change rien à l'état des proprié la mort dans ces attentats ; selon les uns, ils auraient péri
tés tel qu'il existait auparavant. Mais si les choses ont duré dans leur attaque contre les dieux olympiens; selon les
assez longtemps pour qu'il y ait eu vraiment nouveau lit autres, Apollon ou Artémis ou les deux enfants de Lèto
du fleuve, les droits des anciens propriétaires sont effacés, les auraient frappés de leurs flèches divines 8. Aux Enfers,
et l'on applique au partage de ce nouveau lit abandonné ils étaient fixés à une colonne, dos à dos, et attachés
les droits purs et simples des riverains. Peut-être cette avec des serpents*.
méconnaissance des anciens droits tient-elle aux difficultés Il semble que ces naturels farouches se soient quelque
pratiques qu'on aurait trouvées à les rétablir. En tout cas, fois adoucis : ils ont, les premiers, sacrifié aux Muses sur
en exposant ce système, Gaius* avoue qu'il est fort contesté l'Hélicon et consacré la montagne à ces divinités 10. D'ail
(vix est ut id obtineat), et le système contraire est soutenu leurs, les anciens ne se les figuraient pas sous des traits
par Pomponius \ repoussants ou simplement gigantesques, ils admiraient
Nous avons exposé cette matière conformément aux leur beauté, surtout les proportions harmonieuses de leur
idées de M. Ducaurroy'. Suivant M. Ortolan' et la plupart taille". Les monuments consacrés aux Aloades, dont le sou
des commentateurs, tout serait ici le résultat de l'acces venir nous est parvenu, sont au nombre de deux. Pausa-
sion et du principe que l'accessoire suit le principal. nias u cite leurs tombeaux, en Béotie, à Anthèdon. On a
Les droits des riverains se limitent entre eux, pour les retrouvé à Naxos une inscription qui indiquait les confins
riverains opposés, par la ligne médiane du lit du fleuve, et du bois sacré dépendant du temple d'Otos et d 'Ephialtès1'.
pour les voisins du même côté, par des perpendiculaires Une des métopes d'un temple de Sélinonte" nous offre
tirées du point de rencontre de leurs propriétés à la rive le combat d'Artémis contre Otos, d'après l'interprétation
sur la ligne médiane déjà indiquée. de Gerhard *• et de Baoul Rochette 16. Ce dernier archéo
Les règles que nous venons d'indiquer s'appliquaient logue remarque que les Aloades sont toujours représentés
aux terres nommées agri arcifinii, c'est-à-dire dont la con avec la forme humaine sur d'autres monuments d'une
tenance était déterminée, non par une mesure fixe, mais par belle époque de l'art, qu'on peut croire produits sous l'in
des limites naturelles ou artificielles. Ager arcifinius, dit fluence des modèles attiques; tandis que sur des sculptu
Aggenus Urbicus', qui nulla mensura continetur, sed finitur res postérieures, les géants qui combattirent contre les
aut montibus aut viis, aut aquarum devergiis, aut notabilibut dieux sont ordinairement figurés, conformément aux des
locorum naturis, aut arboribus, aut fossis Au contraire» criptions des poètes, ayant, à la place des jambes, le corps
les terres concédées par le peuple avec une contenance erminé par des serpents.
fixe (agri limitait) n'avaient rien à gagner aux alluvions, Ce sont surtout quelques vases peints qui ont conserve
formations d'îles, abandons de lit qui avaient lieu à côté le premier type. Un des plus remarquables est une coupe
d'elles, et qui, dans ce cas, appartenaient au premier oc de Vulci, au musée de Berlin, représentant une gigantoma-
cupant '. Quelquefois cependant les concessions de terre chie. Au fond, on voit Poséidon vainqueur dePolybotès;
étaient faites par l'État, non à la mesure, mais en indi sur un côté, combattent Zeus, Athèna et Artémis; sur
quant des limites more arcifinio, suivant l'expression de l'autre, Apollon, Arès et Hèra : Apollon lutte avec une
Hygin10 qui exerça les fonctions d'AGRiMENSOR. épée contre le géant Ephialtès, qui tient un arc au repos
Les affaires concernant les alluvions et circumluvions" dans la main|gauche. Les noms des divinités et des géants
appartenaient au jugement des centumvirs. F. Baudry. ainsi que ceux du potier Erginos et du peintre Aristopha-

I Inst. Ju.it. 1, g 20 ; cf. 1, 7, § 1, De adquir. rer. dom. XLI, D. 1. — » Gaius, der Rimer, p. 282-6 j Cancrin, Abhandlung von dem Wasserrechle, Halle,
fr. 7, g 6, De adquir. rer. dom. Dig. XLI, I. — » L. 7, g 5, eod. — » h. 30, 1789.
§ 3, eod. — « N. 351-7. — 7 gg 20-4 Irutit. II, 1. — * In Frontin. comment. ALOADAE. 1 II. V, 385. — ' Od. XI, 305 ; Apollod. I, 7, 4. — S Eratosth. ap.
p. 72, éd. Lachm. ; cf. Isidor. Orig. XV, 13; on nommait aussi ces champs Sch. in Apoll. Rh. I, 482.— »Diod. IV, 85. — » Hyg. Fab. 28. — « Plin. Hist. nat.
occupatorii ; Flaccus , De cond. agr. p. 138, in Rei agrar. script, ed. Rudorff et VI, 16, 1. — 1 Sch. B. Ad II. Y, 385. — » Apollod. c; Hyg. I. c. — » Hyg. I. e.
Lachmann, Berlin, 1848-1852. — » L. 16, De adquir. rer. dom.; L. 1, §§0,7, — 1° Paus. IX, 29, 1. — " Eust. Ad. II. V, 385. — » Paus. IX, 22, 5. - » D'a
De flumin. XLIII, D. 12. — M De limit. consliluend. p. 160, in Rei agrar. près Villoison. Mêm. de l'Acad. des Inscr. t. XLVII (1787), p. 313. — «' Serradi-
teript. éd. Goes. et Rigalt., Amsterdam, 1674, in-4. — " Cic. De orat. I, 38. — falco, Antich. délia Sicilia, t. II, Ut. un, p. 58-63. — « Gerhard, Auserl.
DiBLioOftAFuiB. Die rômitche Feldmcsser, éd. Lachmarn ; Rein, Privatrecht \ Vasenbild. — l« Journ. des Sav. 1841, p. 649.
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nés se trouvent marqués IT. Une face d'une amphore du niers de l'État, devaient, à l'expiration de leurs fonctions,
musée de Vienne représente Poséidon écrasant Ephialtès rendre un compte exact de leur gestion. Pour mieux assu
sous un rocher ; on lit les deux noms nosEiAON et e<piaate2. rer l'accomplissement de cette formalité, on exigeait même
d'un certain nombre de magistrats, au moment où ils en
traient en charge, la promesse solennelle, quelquefois con
firmée par serment, qu'ils se soumettraient fidèlement à
cette obligation. Les Athéniens ne paraissent pas, il est
vrai, s'être montrés trop rigoureux dans l'application de
cette prescription, au moins si l'on en juge par quelques
exemples. Plutarque1 nous apprend, en effet, que Péri-
clès, en rendant compte d'une de ses expéditions contre les
Lacédémoniens, porta en dépense une somme de dix talents
avec cette seule indication : « Pour emploi nécessaire » ; et
ce procédé singulier, qu'Aristophane* a critiqué, non sans
quelque raison, trouva grâce devant les Athéniens. Ce
pendant, celui qui négligeait, au moins en la forme, de se
Fig. 225. Combat de Poséidon et d'Ephialtès. conformer à l'obligation imposée par la loi, était passible
d'une accusation publique, connue sous le nom de 'AXo-ffou
Le héros est couvert d'une armure complète". Sur l'autre Ypacprj, dont la connaissance devait rentrer dans les attribu
face, un second guerrier est probablement Otos venant tions des logistai. Le fonctionnaire coupable était puni par
au secours d'Ephial I'atimia ; il était privé du droit de remplir de nouvelles
tès. Une amphore fonctions publiques ; il ne pouvait pas recevoir de couronne;
du Louvre a égale il lui était interdit de disposer de ses biens par testament,
ment pour sujet la et même d'employer sa fortune en présents faits à une divi
lutte de Poséidon nité'. E. Caillemer.
et de Polybotès ou ALOPÈKIS (Aamtoixi'î, 'AA(07n]XEï!). — Nom que les Grecs
d'Ephialtès ». Un donnaient à un bonnet de peau de renard, coiffure natio
troisième vase pu nale des guerriers thraces, qui servait à les garantir contre
blié par Millingen, les rudes hivers de leur pays1. L'usage exclusif des bonnets
représente le même de fourrure s'est perpétué jusqu'à nos jours parmi les peu
combat *°; l'autre ples de ces contrées ; c'est même de chez eux qu'il paraît
face ofTre Artémis avoir passé dans le costume de presque toutes les armées
armée, qui exécute de l'Europe. Le bonnet des anciens Thraces se distinguait
elle-même sa ven par une forme particulière, analogue à celle d'un casque
geance, pendant que antique, surmonté d'une
Poséidon, au lieu pointe ; la queue de renard
d'Apollon , combat flottait en guise de crinière
et punit Ephialtès. derrière le cou, avec les deux
D'autres vases en pattes postérieures de l'ani
core, où sont des su mal , qui probablement pou"
jets analogues, ont vaient au besoin se nouer sous
été l'objet d'explica le menton et servir de jugulai
tions diverses aux res.Tels sont les détails qu'on
quelles nous ren observe sur les vases peints
Fil'. 226. L'n des Aloades enchaînés. voyons où ont figuré des héros de
Dans les peintures cette nation , particulière
qui décorent un pilier d'une grotte de Tarquinies , on a ment Orphée ou le roi Rhésos
cru reconnaître les Aloades et la Terre, leur mère; les (fig. 227) *. Les mêmes per
géants seraient représentés dans la position où ils subissent sonnages sont toujours, en
leur supplice aux Enfers " (fig. 226). K. Blondel. outre, chaussés de hautes
ALOGIOU GRAPHE ('Aaoyi'ou yp*?i')- — A. Athènes, les Fig. 227. Rhésos.
bottes en peau de faon ou
fonctionnaires publics, qui avaient le maniement des de- embades, qui faisaient partie de l'équipement des peuples
17 Catal. de Berl. n. 1736 ; Gerhard, Trinkschalen und Gefâsse, 2, 3; 0. tkol. I, p. 89 ; Pauly's, Bealencyclop. t. I, 2* éd., p. 788 ; Kartung, Heligion der
Jahn, Annali delf Inst. di eorr. arch. 1S69, p. 17*. — « De Labordc, Vases de Griechen, 2« partie, p. 233.
Lamberg, 1, pl. ili ; Dubois-Maisonneuve, Intr. à l'étuie des Vases, pl. lxtuiv ; ALOGIOU GRAPHE. 1 Pericl. 35. — « JVub. 859. — » Aesch. In Ctesiph. § 21 . —
Millingen, Ane. unrd. mon. I, pl. vu ; Élite des monum. céramoyraph. I, pl. v, BiBLiodUPmi. l'auly, Healencyclopaedie, Stuttgard, 1837, t. I, p. 375 ; Wactumuth,
p. 10; Sacken, Sammlung des k. k. Cab. p. 195. — 1' Catal. étr. n. 65; Elite Ilellen. Altcrthumskunde, Halle, 1846, t. II, g§ 104, 106, p. 210 et 249 ; K. F. Hcr-
des monum. cér. II, pl. il, p. 11. — *> Ane. uned. mon. I, pl. n, p. 21 ; De La- mann, Griech. Staatsalterlhumer, Heidelherg, 1835, s 154, p. 451.
bonlc, Op. I. I, p. 14 ; Dubois-Maisonneuve, Op. I.; Elite des monum. céram. ALOPEKIS. 1 Herod. VII, 75 : Saibtf Si UaïUn Tjat i:»>r' «lurixt^ Ipvrti
I, pl. vi. — " Ibid. III, pl. m, p. 36 ; Sara. Birch. in Arch. Zeit. Denkm. tffTpatiuovro, Wf4 Si io aw|x« HtOûvac,, liû Si Çttc-àç matClflliajwvM irotx^ac, Mfk Si voùe. r.'jSaç
u. Forsck. n. 60, déc. 1853, I, pl. LI, p. 203 ; N. Desvergers, l'Êlruii", ■ci xal xà< xvHja«î «tôOw .iÇfùv; Xen. Anab. VII, 4 : Keu -ïoti 4t|^ov I^Ivito ou ïvtxa ot
pl. mil; 0. Jahn, Annnl. ueW Jnst. 1869, p. 176; .Won. iiied. IX. tav. vi. — H •:tc viç «ftuiïtxio'ac izi val; xcçaXal; xai vol; ùai, xcu ;u&va; oi |idvov «ipi
t* Orioli, An i. delV Inst. arch. 1834, p. 153 ; Mon. ined. t. II, tav. iv. — Biblioora- voî; «vtevoiç, «XXà xaî *(pi volç |iijpit;, xat Tùy r.">Sû* tiA twv ït^cwv ijoyT.v,
mii;. f.reuzer-Guigniaut, ttelig. de Vantiq. N'ot. 3 duliv. V ; Millingen, Op. /.; Welcker, ÉXV où yXapùSaï. — * Desvergers, L'Éirurie, pl. rx. Comparez la ligure d'un
Kleine Schriften, t. II, p. 102-116: Die Molionen [Molioniden) und die Aloiden in aède thrace sur un vase peint dans les Monum. dell' Inst. archeol. vol. VIII,
der llias ; GuédéonofT, Ami. delV Imt. arch. 1852, p. 53 sq. ; Preller, Criech. My- pl. XLIII.
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de la Thrace \ La coiffure que nous venons de décrire, poursuit l'art de l'écriture, deux principes peuvent être ap
avec l'accompagnement ordinaire des hautes chaussures pliqués séparément ou ensemble : 1° Yidéographisme ou la
et avec un manteau d'une espèce particulière qui repré peinture des idées; 2° le phonétisme ou la peinture des
sente peut-être la zeira des Thraces, sons. Par une marche logique et conforme à la nature des
est portée aussi par la figure de choses, le premier système a partout précédé l'autre. De
l'aède, dans le beau bas-relief grec plus, si nous remontons à l'origine de toutes les écritures,
du Louvre (fig. 228), qu'une fausse à l'état de pur idéographisme par lequel elles ont com
inscription a fait nommer la Récon mencé, aux figures les plus anciennes de leurs caractères,
ciliation cCAmphion et de Zéthus. nous voyons constamment à leurs débuts Yhiéroglyphisme,
L'emploi du costume thrace fournit c'est-à-dire l'imitation plus ou moins habile, par un pro
une preuve nouvelle et décisive en cédé de dessin plus ou moins rudimentaire, d'objets maté
faveur de l'opinion des archéologues riels empruntés à la nature ou aux œuvres de l'industrie
qui croient y reconnaître plutôt humaine.
l'histoire d'Orphée et d'Eurydice. Dès que les hommes ont vécu en société, ils ont éprouvé
Polygnote, il est vrai, dans ses l'impérieux besoin de fixer par quelque procédé matériel
peintures de Delphes, avait habillé leurs idées et leurs souvenirs. En même temps ils étaient
Orphée à la grecque ; mais cette conduits, par un instinct naturel que nous voyons se dé
remarque môme de Pausanias * velopper de très- bonne heure et d'une manière tout à fait
montre que tel n'était pas l'usage spontanée chez l'enfant, à essayer d'imiter par le dessin les
constant des artistes, et qu'ils distin objets, animés ou inanimés, qui frappaient leur vue. Com
Fig. 228. Orphée. guaient volontiers le chantre de la biner ce besoin et cet instinct, employer, au lieu de moyens
Thrace en lui mettant sur la tête le mnémoniques résultant d'une convention tout à fait arbi
Gpaxiov l^(6ïi;xa (entendez le bonnet dont nous nous occu traire, la représentation plus ou moins grossière des objets
pons). Un fait plus difficile à expliquer, c'est qu'une coiffure matériels au moyen desquels on voulait conserver tel ou
semblable à Yalopèkis tel souvenir, éveiller telle ou telle idée, était une tendance
est portée, toujours non moins naturelle que celle de la simple imitation sans
avec les hautes bottes but déterminé. C'est d'elle que naquit l'hiéroglyphisme.
montant au genou, Mais, à cet état rudimentaire, l'hiéroglyphisme ne con
par quelques-uns des stitue pas encore une véritable écriture. Pour l'élever à
cavaliers de la frise du cette qualité, il fallait un notable progrès de civilisation,
Parthénon (fig. 229): amenant un développement à la fois dans les idées et dans
on peut supposer que les besoins de relations sociales plus grand que ne le com
les jeunes Athéniens, porte la vie sauvage. La plupart des peuples ne sont point
par suite des fréquents parvenus spontanément à ce progrès de civilisation qui
rapports d'Athènes pouvait donner naissance à l'écriture; ils y ont été initiés
avec laThrace,avaient par d'autres peuples qui les avaient précédés dans cette
admis cette mode voie, et ils ont reçu de leurs instituteurs l'écriture toute
étrangère dans leur formée, avec la notion des autres arts les plus essentiels.
Fig. 529. CaTalier des Panathénées. tenue équestre ; ou Aussi, lorsqu'on remonte aux origines, toutes les écritures
peut-être, des auxi connues se ramènent-elles à un très-petit nombre de sys
liaires thraces ayant figuré parfois dans la cavalcade des tèmes, tous hiéroglyphiques au début, qui paraissent avoir
Panathénées, le sculpteur s'était emparé de cette circon pris naissance d'une manière absolument indépendante
stance et y avait cherché un motif de variété. L. Heuzey. les unes des autres. Ce sont : i° les hiéroglyphes égyp
ALPHABETUM. — Ce mot est composé des noms des tiens; 2" l'écriture chinoise; 3" l'écriture cunéiforme ana-
deux premières lettres de l'écriture grecque, "AXça, B^xa, rienne; i" les hiéroglyphes mexicains; o° l'écriture cal-
usités également dans les écoles latines, comme le prouve culiforme ou katovns des Mayas du Yucatan. Ces cinq
un vers célèbre de Juvénal : systèmes, tout en restant essentiellement idéographiques,
sont tous parvenus au phonétisme. Mais, en admettant ce
Hoc discunt omnes ante alpha et beta puellae
nouveau principe, ils ne l'ont pas poussé jusqu'au même
Ce mot sert à désigner la série des caractères qui, dans degré de développement.
l'écriture des différents peuples, peignent les articulations L'hiéroglyphisme, nous l'avons déjà dit, a commencé par
et les voix de la langue. une méthode exclusivement figurative, par la représenta
L'étude des alphabets, de leur origine première, de leur tion pure et simple des objets eux-mêmes. Toutes les écri
filiation et de leurs modifications successives constitue la tures qui sont restées en partie idéographiques ont con
science de la paléographie comparée, science nouvelle qui servé jusqu'au terme de leur existence les vestiges de cet
n'est pas encore entrée en possession de tous les documents état, car on y trouve un certain nombre de signes qui sont
qui permettront d'en fixer définitivement les lois et les faits de simples images et n'ont pas d'autre signification que
essentiels ; mais nous n'avons à traiter ici que ce qui touche celle de l'objet qu'ils représentent. Ce sont ceux que les
aux écritures alphabétiques des Grecs, des nations de l'Asie égyptologues, depuis Champollion, ont pris l'habitude de
Mineure, des Étrusques, des peuples i taliotes et des Romains. désigner par le nom de caractères figuratifs.
I. Origine de l'alphabet. — Pour arriver au but que Mais la méthode purement figurative ne permettait d'ex-
S Pollui, Onom. IT, 55 : "E}iÇiit; ÙTtXl; plv ti inti^i^a, Opâxiov il ti iûpijn«, ttjv Sk ALPItABETCM. I Juven. Salir X, v. 209 ; Tertull. Adv. haeret. 50.
IStav &06dpvOi4 Tar-r..'/.; iotxiv. — * X, 30, 6.
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primer qu'un très-petit nombre d'idées, d'un ordre exclusi distincte de la langue parlée, pour qu'on pût très-bien en
vement matériel.Toute idée abstraite ne pouvait, par sa na tendre l'une sans connaître l'autre, et vice versâ.
ture même, être peinte au moyen d'une figure directe; car Mais l'homme n'a jamais écrit que pour être lu; par
quelle eût été cette figure? En môme temps, certaines conséquent tout texte graphique, quelque indépendant
idées concrètes et matérielles auraient demandé pour leur qu'il ait pu être par son essence de la langue parlée, a né
expression directement figurative des images trop déve cessairement été prononcé. Les signes des écritures idéo
loppées et trop compliquées pour trouver place dans l'é graphiques primitives représentaient des idées et non des
criture. L'un et l'autre cas nécessitèrent l'emploi du sym mots; mais celui qui les lisait traduisait forcément chacun
bole ou du trope graphique. d'eux par le mot affecté dans l'idiome oral à l'expression de
La présence du symbole dans l'écriture hiéroglyphique la même idée. De là vint, par une pente inévitable, une
doit remonter à la première origine et avoir été presque habitude et une convention constante d'après laquelle tout
contemporaine de l'emploi des signes purement figuratifs. idéogramme éveilla dans l'esprit de celui qui le voyait
En effet, l'adoption de l'écriture, le besoin d'exprimer la tracé, en même temps qu'une idée, le mot de cette idée,
pensée d'une manière fixe et régulière, suppose nécessaire par conséquent une prononciation.
ment un développement de civilisation et d'idées trop C'est ainsi que naquit la première conception du phoné-
considérable pour qu'on ait pu s'y contenter longtemps tisme, et c'est dans cette convention, qui avait fini par faire
de la pure et simple représentation d'objets matériels pris affecter à chaque signe figuratif ou symbolique, dans son
dans leur sens direct. rôle d'idéogramme, une prononciation fixe et habituelle,
Les symboles graphiques sont simples ou complexes. que la peinture des sons trouva les éléments de ses débuts.
Ces derniers consistent dans la réunion de plusieurs Le premier pas, le premier essai du phonétisme dut né
images dont le rapprochement et la combinaison expriment cessairement être ce que nous appelons le rébus, c'est-à-
une idée qu'un symbole simple n'aurait pas suffi à rendre. dire l'emploi des images primitivement idéographiques
Mais l'écriture purement idéographique avait beau ap pour représenter la prononciation attachée à leur sens
peler à son aide toutes les ressources que nous venons d'é- figuratif ou tropique, sans plus tenir aucun compte de ce
numérer, elle n'en restait pas moins un moyen déplorable- sens, de manière à peindre isolément des mots homophones
ment incomplet de fixation et de transmission de la pensée, dans la langue parlée, mais doués d'une signification tout
et plus on marchait dans la voie du développement des autre, ou à figurer par leur groupement d'autres mots dont
idées et des connaissances, plus son imperfection se faisait le son se composait en partie de la prononciation de tel
sentir d'une manière fâcheuse. Avec l'emploi exclusif de signe et en partie de celle de tel autre. C'est à ce premier
l'idéographisme on ne pouvait qu'accoler des images ou pas du phonétisme, encore tout rudimentaire, que l'écri
des symboles les uns à côté des autres, mais non cons ture s'est arrêtée chez les Aztèques du Mexique.
truire une phrase et l'écrire de manière que l'erreur Dans une langue monosyllabique comme celle des Chi
sur sa marche fût impossible. Il n'y avait aucun moyen de nois, l'emploi du rébus devait nécessairement amener du
distinguer les différentes parties du discours ni les termes premier coup la découverte de l'écriture syllabique.
de la phrase, aucune notation pour les flexions des temps Chaque signe idéographique, dans son emploi figuratif ou
verbaux ou des cas et des nombres dans les noms. Sans tropique, répondait à un mot monosyllabique de la langue
doute, quelques règles de position respective entre les ca parlée, qui en devenait la prononciation constante ; par
ractères idéographiques pouvaient jusqu'à un certain point, conséquent, en le prenant dans une acception purement
dans la langue écrite, remplacer tant bien que mal les phonétique pour cette prononciation complète, il repré
flexions de la langue parlée, et le chinois a conservé jus sentait une syllabe isolée. L'état de rébus et l'état d'expres
qu'à nos jours des vestiges de cet état des choses* ; mais la sion syllabique dans l'écriture se sont donc trouvés iden
ressource était bien imparfaite et ne pouvait fournir qu'un tiques à la Chine, et c'est à cet état de développement du
faible secours. phonétisme que le système graphique du Céleste-Empire
En outre, le progrès des idées et des notions à exprimer s'est immobilisé, sans faire un pas de plus en avant, depuis
par l'écriture tendait à faire de cet art un chaos inextri plus de quarante siècles qu'il a franchi de cette manière
cable à force d'étendue et de complication, si un nouvel le premier degré de la peinture des sons.
élément ne s'y introduisait pas, et si on continuait à vou Mais cette identité de l'état de rébus et de l'état de sylla-
loir représenter chaque idée, chaque notion, chaque objet bisme, qui confond en un seul deux des degrés ordinaires
nouveau par une image spéciale ou par un symbole, soit du développement de l'élément phonétique dans les écri
simple, soit complexe. Pour obvier à ces deux inconvé tures originairement idéographiques et hiéroglyphiques,
nients, on fut conduit par une pente naturelle à joindre la n'était possible qu'avec une langue de constitution mono
peinture des sons à la peinture des idées, à passer de lï- syllabique, comme le chinois. Chez les Égyptiens et chez
déographisme au phonetisme. De leur essence môme, les les inventeurs de l'écriture cunéiforme anarienne, que nous
écritures purement idéographiques des époques primitives regardons, à l'exemple de M. Oppert, comme ayant appar
ne peignaient aucun son. Représentant exclusivement et tenu à la race touranienne ou tartaro-finnoise, l'idiome
directement des idées, leurs signes étaient absolument in parlé, que l'écriture devait peindre, était polysyllabique.
dépendants des mots par lesquels les idiomes parlés des Le système du rébus ne donnait donc pas du premier coup
peuples qui en faisaient usage désignaient les mêmes idées. les moyens de décomposer les mots en leurs syllabes con
Ils avaient une existence et une signification propres, en stitutives et de représenter chacune de ces syllabes séparé
dehors de toute prononciation ; rien en eux ne fi gurait cette ment par un signe fixe et invariable. Il fallait un pas de
prononciation, et la langue écrite était par le fait assez plus pour s'élever du rébus au syllabisme.
1 Stanislas Julien, Discussions grammaticales sur certaines règles de position Paris, 1811 ; Id. Syntaxe nouvelle de la langue chinoise, fondée *ur les règles de
qui, en chinois, jouent le même râle que les inflexions dans les autres langues. position, Paris, 1809.
ALP — 190 - ALP
Ce pas fut fait également dans les deux systèmes des muable. Pour le cunéiforme anarien, comme pour les hié
hiéroglyphes égyptiens et de l'écriture cunéiforme ; mais roglyphes égyptiens, la langue des inventeurs étant
les habitants de la vallée du Nil surent pousser encore plus polysyllabique, le syllabisme constitua un état de dévelop
avant et atteindre jusqu'à l'analyse de la syllabe, décom pement distinct du système des rébus purs et simples, et
posée en consonne et voyelle, tandis que ceux du bassin manifestement postérieur. Le cunéiforme, après être par
de l'Euphrate et du Tigre s'arrêtèrent au syllabisme et venu jusqu'à cet état, n'en sortit point, et seuls, parmi les
laissèrent leur écriture s'immobiliser dans cette méthode peuples à la civilisation primitive, les Égyptiens, consom
imparfaite de l'expression des sons. mant un dernier et décisif progrès dans l'art d'écrire,
Chez les uns comme chez les autres, ce fut le système du eurent de véritables lettres.
rébus, première étape du phonétisme, qui servit de base à C'était un peuple dans la langue duquel les sons vocaux
l'établissement des valeurs syllabiques. Elles en furent ti avaient un caractère essentiellement vague, qui devait,
rées par une méthode fixe et régulière, que nous désigne comme l'a judicieusement remarqué M. Lepsius, abstraire
rons sous le nom A'acrologique. le premier la consonne de la syllabe, et donner une nota
Tout idéogramme pouvait être employé en rébus pour tion distincte à l'articulation et à la voyelle. Le génie
représenter la prononciation complète, aussi bien polysyl même d'un idiome ainsi organisé conduisait naturellement
labique que monosyllabique, correspondant dans la langue à ce progrès capital dans l'analyse du langage. La voyelle,
parlée à son sens figuratif ou tropique. Voulant parvenir à variable de sa nature, tendait à devenir graduellement
la représentation distincte des syllabes de la langue au indifférente dans la lecture des signes originairement syl
moyen de signes fixes, et par conséquent toujours recon- labiques; à force d'altérer les voyelles dans la prononcia
naissables, on choisit un certain nombre de ces caractères, tion des mêmes syllabes, écrites par tel ou tel signe simple,
primitivement idéographiques, mais susceptibles d'un em la consonne seule restait à la fin fixe, ce qui amenait
ploi exclusivement phonétique, par une convention qui dut le caractère adopté dans un usage purement phonétique à
s'établir graduellement plutôt qu'être le résultat du travail devenir alphabétique, de syllabique qu'il avait été d'a
systématique d'un ou de plusieurs savants. Lorsqu'il arriva bord; ainsi, un certain nombre de signes qui avaient
que leur prononciation complète formait un monosyllabe, commencé par représenter des syllabes distinctes, dont
ce qui se présenta pour quelques-uns, leur valeur dans la l'articulation initiale était la même, mais suivie de voyelles
méthode du syllabisme resta exactement la même que dans différentes, ayant fini par ne plus peindre que cette arti
celle du rébus. Mais, pour la plupart, la prononciation de culation du début, devenaient des lettres proprement
leur sens figuratif ou symbolique constituait un polysyl dites exactement homophones.
labe. Ils devinrent l'image de la syllabe initiale de cette Telle est la marche que le raisonnement permet de re
prononciation. C'est ce système, qu'à l'exemple des an constituer pour le passage du syllabisme à Yalphabétisme,
ciens, nous appelons acrologisme. pour le progrès d'analyse qui permit de discerner et de
On voit combien fut lente à naître la conception de la noter séparément l'articulation ou consonne qui, dans
consonne abstraite du son vocal qui lui sert de motion, chaque série de syllabes, reste la même, quel que soit le
qui donne, pour ainsi dire, la vie extérieure à l'articula son vocal qui lui sert de motion. Et ici, les faits viennent
tion, muette par elle-même. Cette conception, qui nous confirmer pleinement ce qu'indiquaient le raisonnement
semble aujourd'hui toute simple, car nous y sommes ha et la logique. Il est incontestable que le premier peuple
bitués dès notre enfance, ne pouvait devoir sa naissance qui posséda des lettres proprement dites au lieu de signes
première qu'à un développement déjà très-avancé de l'a syllabiques, fut les Égyptiens. Or, dans la langue égyp
nalyse philosophique du langage. Aussi, parmi les diffé tienne, les voyelles étaient essentiellement vagues.
rents systèmes d'écriture à la première origine hiéro Ce qui prouve, du reste, que ce fut la nature vague des
glyphiques et idéographiques, que nous avons jugés sons vocaux dans certains idiomes qui conduisit à la décom
véritablement primitifs et qui se sont développés d'une position de la syllabe et à la substitution de lettres alpha
manière tout à fait indépendante, mais en suivant des bétiques aux caractères syllabiques de l'âge précédent, est
étapes parallèles, un seul est-il parvenu jusqu'à la décom ce fait qu'en Egypte et chez les peuples sémitiques, qui,
position de la syllabe, à la distinction de l'articulation et de les premiers après les Égyptiens, employèrent le système
la voix, à l'abstraction de la consonne et à l'affectation de l'alphabétisme, encore perfectionné comme nous le
d'un signe spécial à l'expression, indépendante de toute verrons tout à l'heure, le premier résultat de la substitu
voyelle, de l'articulation .ou consonne, qui demeure tion des lettres proprement dites aux signes de syllabes, fut
muette tant qu'un son vocal ne vient pas y servir de motion. la suppression de toute notation des voyelles intérieures
Ce système est celui des hiéroglyphes égyptiens. Les trois des mots, celles de toutes qui étaient, de leur nature, les
autres s'arrêtèrent en route sans atteindre jusqu'au même plus vagues et les plus variables, celles qui, en réalité, ne
raffinement d'analyse et au même progrès, et s'immobili jouaient qu'un rôle complémentaire dans les syllabes dont
sèrent, ou, pour mieux dire encore, se cristallisèrent à la partie essentielle était l'articulation initiale. On n'écrivit
l'un ou à l'autre des premiers états de développement et plus que la charpente stable et fixe des consonnes, sans
de constitution du phonétisme. Les hiéroglyphes mexicains tenir compte des changements des voyelles, comme si
ne dépassèrent pas l'emploi de la méthode du rébus; l'é chaque signe de consonne avait été considéré comme
criture chinoise, par suite de l'organisme particulier de la ayant inhérent à lui un son vocal variable. On choisit bien
langue qu'elle servait à tracer, en adoptant la méthode du quelques signes pour la représentation des voyelles, mais
rébus, se trouva parvenue du premier coup au syllabisme, on ne s'en servit que dans l'expression des voyelles ini
qui, pour les autres écritures représente un progrès de tiales ou finales, qui, en effet, ont une intensité et une
plus ; elle s'y arrêta, et depuis le moment où elle eut at fixité toutes particulières, qui ne sont pas complémentaires,
teint ce point jusqu'à nos jours, elle est demeurée im mais constituent à elles seules une syllabe, qui, par cou
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séquent, sont moins des voyelles proprement dites que des On le voit, même après que les Égyptiens furent parve
aspirations légères auxquelles un son vocal est inhérent. nus à l'analyse de la syllabe et à l'abstraction de la con
Ce fut seulement lorsque l'alphabet phénicien fut adopté sonne, il restait un pas énorme à franchir, un projet capi
par des nations de race aryenne, et appliqué à l'expres tal à consommer, pour que l'écriture parvînt au degré de
sion d'idiomes où les voyelles avaient un rôle radical, fixe simplicité et de clarté qui pouvait seul la mettre en état de
et essentiel, que l'on choisit un certain nombre de ces si remplir dignement et complètement sa haute destina
gnes des aspirations légères ou initiales, pour en faire la tion. Répudier toute trace d'idéographisme, supprimer éga
représentation des sons vocaux de l'intérieur des mots. lement les valeurs syllabiques, ne plus peindre que les sons
Les hiéroglyphes égyptiens ont conservé jusqu'au der au moyen de l'alphabétisme pur, enfin, réduire les phoné
nier jour de leur emploi les vestiges de tous les états qu'ils tiques à un seul signe invariable pour chaque articulation
avaient traversés, depuis l'idéographisme exclusif de leur de l'organe; tel était le progrès qui devait donner naissance
origine, jusqu'à l'admission de l'alphabétisme dans leur àl'alphabet, consommer l'union intime de l'écriture avec la
partie phonétique. Mais aussi haut que nous fassent re parole, émanciper définitivement l'esprit humain des lan
monter les monuments de la vallée du Nil, dès le temps ges du symbolisme primitif, et lui permettre de prendre
de la m* dynastie, c'est-à-dire plus de quarante siècles enfin librement son essor, en lui donnant un instrument
avant l'ère chrétienne, les inscriptions nous font voir ce digne de lui, d'une clarté, d'une souplesse et d'une com
dernier progrès accompli déjà. Les signes de syllabes ne modité parfaites.
sont plus qu'en minorité parmi les phonétiques, dont la Ce progrès pouvait seul permettre à l'art d'écrire de pé
plupart sont déjà de véritables lettres, qui peignent les nétrer dans les masses populaires, en mettant fin à toutes
articulations indépendamment de toutes les variations du les complications qui en avaient fait jusqu'alors une science
son vocal qui vient s'y joindre. Que l'on juge par là de la abstruse et difficilement accessible, et de se communiquer
haute antiquité à laquelle il faut reporter les différents chez tous les peuples, en faisant de l'écriture un instrument
états antérieurs à l'apparition de l'alphabétisme, les degrés applicable également bien à tous les idiomes, à toutes les
successifs de progrès et de développement qui avaient con idées et à toutes les religions.
duit l'écriture jusqu'à ce point ! En effet, une écriture principalement idéographique ne
Les lettres alphabétiques de l'écriture égyptienne sont pouvait que très-difficilement passer d'un peuple à un
des figures hiéroglyphiques, au tracé plus ou moins altéré autre. Pour s'en servir, il fallait avoir les mêmes idées, la
dans les tachygraphies successives de l'hiératique et du dé même civilisation et presque la même langue. Nous n'a
motique, dont la valeur alphabétique a été établie en vertu vons que peu d'exemples de la communication de sys
du même système acrologique, que nous avons vu servir de tèmes graphiques de cette nature entre peuples de race
base à l'établissement des valeurs des signes de syllabes. différente, parlant des idiomes absolument divers ; mais
Chacune de ces figures représente la consonne ou la ils suffisent pour montrer qu'elle a toujours forcément pro
voyelle initiale de la prononciation de sa signification pre duit une complication sans bornes, et presque le chaos.
mière d'idéogramme, soit figuratif, soit tropique, mais Mais l'invention de l'alphabet proprement dit ne pou
principalement du mot auquel, prise dans le sens figuratif, vait prendre naissance chez aucun des peuples qui avaient
elle correspondait dans la langue parlée. créé les systèmes primitifs d'écriture débutant par des fi
Tel est l'état où, de progrès en progrès, nous voyons gures hiéroglyphiques, avec leur idéographisme originaire,
parvenue celle de toutes les écritures hiéroglyphiques pri même chez celui qui était parvenu jusqu'à l'analyse de la
mitives qui atteignit au plus haut degré de perfectionne syllabe et à l'abstraction de la consonne. Elle devait être
ment, la seule qui s'éleva jusqu'à l'analyse de la syllabe et nécessairement l'oeuvre d'un autre peuple, instruit par ce
à la conception de la lettre alphabétique, de l'articulation lui-ci.
indépendante de tout son vocal, l'écriture égyptienne. En effet, les peuples instituteurs des écritures originaire
Avant tout, un mélange d'idéogrammes et de phonéti ment idéographiques avaient bien pu, poussés par les be
ques, de signes figuratifs symboliques, syllabiques, alphabé soins impérieux qui naissaient du développement de leurs
tiques. En même temps que ce mélange, faculté pour tous idées et de leurs connaissances, introduire l'élément pho
les signes figuratifs ou symboliques de prendre une valeur nétique dans leurs écritures, donner progressivement une
phonétique accidentelle, comme initiales de certains mots, plus grande importance et une plus grande extension à
et, d'un autre côté, possibilité d'employer idéographique- son emploi, enfin porter l'organisme de cet élément à un
ment, dans un sens figuratif ou dans un sens tropique, les très-grand degré de perfection. Mais des obstacles invin
signes les plus habituellement affectés à la pure et simple cibles s'opposaient à ce qu'ils fissent le dernier pas et le
peinture des sons, indépendamment de toute idée : tels plus décisif, à ce qu'ils transformassent leur écriture en
sont les faits que l'écriture hiéroglyphique égyptienne pré une peinture exclusive des sons, en répudiant d'une ma
sente à celui qui veut analyser sa constitution et son génie. nière absolue tout élément idéographique.
Elle constitue, sans contredit, le plus perfectionné des sys Le plus fort venait de la religion. Toutes les écritures
tèmes d'écriture primitifs, qui commencèrent par le pur primitives, par suite de leur nature symbolique elle-même
idéographisme; mais combien ce système est encore gros et de leur génie, avaient un caractère essentiellement re
sier, confus et imparfait 1 Que d'obscurités et d'incerti ligieux et sacré. Elles étaient nées sous l'égide du sacer
tudes dans la lecture, qui, moins grandes pour les Égyp doce, inspirées par son esprit de symbolisme. Dans la
tiens que pour nous, devaient cependant encore se pré première aurore de civilisation des peuples primitifs, l'in
senter plus d'une fois pour eux-mêmes 1 Que de chances vention de l'art d'écrire avait paru quelque chose de si
de confusions et d'erreurs, dont une étude très-prolongée merveilleux que le vulgaire n'avait pas pu la concevoir
et une grande pratique pouvaient seules préserver! Quelle autrement que comme un présent des dieux. Aussi le
extrême complication 1 système hiéroglyphique était-il appelé par les Égyptiens
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eux-mêmes « écriture des divines paroles ». Sur le célèbre peinture des sons au moyen de signes invariables, un pour
caillou Michaux, parmi les principaux symboles de la reli chaque articulation.
gion chaldéenne, nous voyons le clou, > , élément Dans le monde ancien il n'y a eu qu'un peuple qui ait
fondamental du tracé adopté pour les caractères de l'écri rempli à la fois les conditions que nous venons d'é-
ture, placé sur un autel comme l'emblème du dieu Nis- numérer, voisinage de l'Égypte, action de l'influence égyp
roch, l'intelligence, le verbe divin. Ainsi, à Babylone, on tienne sur lui dès une époque très-reculée, et activité
avait divinisé l'élément générateur des lettres. On voit le commerciale supérieure à celle de tout autre peuple de
même fait se reproduire dans l'Inde, où le caractère d'ori l'antiquité : ce furent les Phéniciens.
gine phénicienne appliqué à écrire le sanscrit reçoit le Ainsi les Phéniciens seuls, par la réunion de ces circons
nom de dévanagâri, « écriture divine », et où l'invention tances, étaient capables de tirer un dernier progrès de la
en est attribuée à Brahma; chez les peuples germaniques découverte des Égyptiens, et de pousser la conception de
et Scandinaves, où les runes, lettres de l'alphabet na l'alphabélisme à ses dernières conséquences pratiques, en
tional, sont considérées comme essentiellement sacrées et inventant l'alphabet proprement dit. Ce fut, en effet, ce qui
douées d'une vertu magique, et où on les tient pour un arriva, et la gloire du dernier et du plus fécond progrès de
présent d'Odin. l'art d'écrire appartient en propre aux fils de Chanaan. Le
Bouleverser de fond en comble la constitution d'une témoignage de l'antiquité est unanime pour laleur attribuer.
écriture ainsi consacrée par la superstition religieuse, lui Qui ne connaît les vers tant de fois cités de Lucain?
enlever absolument toute la part de symbolisme sur la Phoenices primi, famae si creditur, ausi
quelle se fondait principalement son caractère sacro-saint, Mansuram rudibus vocem signare figuris.
était une entreprise énorme et réellement impossible chez Nondum flumineas Memphis contexere biblos
le peuple même où elle avait reçu une sanction si haute, Noverat ; et saiis tantum, volucresque feraeque,
Sculptaque servabant magicas animalia linguas ».
car c'eût été porter une atteinte directe à la religion. La
révolution ne pouvait donc s'accomplir qu'à la suite d'un Pline dit également : Ipsa gens Phoenicum in magna
changement radical dans l'ordre religieux, comme il arriva gloria litterarum inventionis *. Clément d'Alexandrie : 4>oivt-
par suite des prédications du christianisme, dont les apô xa; xal 2ûpouç ypappaTa ^ivoîjcat TrpwTOuç5. Pomponius Mêla
tres déracinèrent chez beaucoup de peuples (en Égypte, se sert des termes suivants : Phoenicen illustravere Phoeni
par exemple) les anciens systèmes d'écriture à l'essence ces, sollers kominum genus, et ad belli pacisque mùnia exi-
desquels s'attachaient des idées de paganisme et de su mium ; litteras et litterarum opéra, aliasque etiam artes, maria
perstition; ou bien par les mains d'un peuple nouveau, nuvibus adiré, classe confligere, imperitare gentibus, regnum
pour lequel le système graphique reçu du peuple plus an praeliumque commenté. Enfin, pour nous borner aux té
ciennement civilisé ne pouvait avoir le même caractère moignages considérables et laisser de côté ceux d'une va
sacré, qui par conséquent devait être porté à lui faire leur secondaire, on se souvient des expressions de Diodore
subir le changement décisif au moyen duquel il s'appli de Sicile : Sîpoi e&petoù twv YfijAfxaTiov eW.
querait mieux à son idiome, en devenant d'un usage Ici les témoignages littéraires sont pleinement confirmés
plus commode. par les découvertes de la science moderne. Nous ne con
Mais tous les peuples n'étaient pas à même de consom naissons aucun alphabet proprement dit antérieur à celui
mer l'invention de l'alphabet. Avant tout il fallait, pour des Phéniciens, et tous ceux dont il existe des monuments,
faire ce grand pas, un peuple qui, par sa situation géogra ou qui se sont conservés en usage jusqu'à nos jours, pro
phique, touchât à l'Égypte et eût été soumis à une pro cèdent plus ou moins directement du premier alphabet,
fonde influence de la civilisation florissante sur les bords combiné par les fils de Chanaan et répandu par eux sur la
du Nil . C'est, en effet, seulement dans ces conditions qu'il surface du monde entier.
pouvait prendre pour point de départ la découverte des Mais si les Phéniciens, comme nous sommes amenés à le
Égyptiens, base indispensable du progrès dernier qui reconnaître par ce qui précède, bien que n'ayant pas in
devait consister à bannir de l'écriture tout élément idéo venté le principe des lettres alphabétiques, furent les pre
graphique, à assigner un seul signe à la représentation de miers à l'appliquer dans ses dernières conséquences, en
chaque articulation, enfin de cette manière à constituer rendant l'écriture exclusivement phonétique, et composè
pour la première fois un alphabet proprement dit. rent le premier alphabet proprement dit, où en puisèrent-
Mais cette condition matérielle n'était pas suffisante. Il en ils les éléments?
fallait d'autres dans les instincts et le génie de la nation. Deux systèmes principaux ont été produits à ce sujet.
Le peuple appelé à donner ainsi à l'écriture humaine sa Le premier, auquel se rangeait encore Gesenius, tendait
forme définitive devait être un peuple commerçant par à considérer les lettres phéniciennes comme sans rapport
essence, un peuple chez lequel le négoce fût la grande af avec les autres systèmes graphiques des âges primitifs et
faire de la vie, un peuple qui eût à tenir beaucoup de découlant d'un hiéroglyphisme dont les figures originaires
comptes courants et de livres en partie double. C'est, en seraient expliquées par les appellations de la nomenclature
effet, dans les transactions commerciales que la nature conservée à la fois chez les Grecs et chez les Hébreux.
même des choses devait nécessairement faire le plus et le Ce système, fort spécieux tant que l'immortelle décou
plus tôt sentir les inconvénients, signalés par nous tout à verte de Champollion n'avait pas révélé l'existence de l'élé
l'heure, du mélange de l'idéographisme, ainsi que de la ment alphabétique dans les hiéroglyphes égyptiens, a été
facilité de multiplier les homophones pour la même arti depuis lors généralement abandonné des savants, dont la
culation, et conduire à chercher un perfectionnement de tendance a été plutôt de chercher en Égypte l'origine des
l'écriture dans sa simplification, en la réduisant à une pure caractères phéniciens. Et en effet, si la tradition antique est

SLucan. Phartal. III, 220-224. — » But. nat. V, 12, 13. - » Stromat. I, 16, 75. — 6 De sit.orb. 1, 12.— 7Diod. Sic. V, 74.
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unanime à présenter les Chananéens comme les auteurs du distincts de cette taehygraphic. L'un nous est constamment
premier alphabet, une masse imposante de témoignages offert par les papyrus du temps de la xvin" et de la xix' dy
indique leurs lettres comme puisées à la source du système nastie, et prit son origine dans la grande renaissance de
graphique des Égyptiens. Un célèbre passage de Sancho- toutes les institutions égyptiennes qui suivit l'expulsion
nialhon ' nomme Taauth, c'est-à-dire Tholh-Hermès, re des Pasteurs. L'autre était en usage avant l'invasion de ces
présentant de la science égyptienne, comme le premier ins conquérants étrangers et l'interruption qu'elle produit
tituteur des Phéniciens dans l'art de peindre les articula dans l'histoire d'Égypte, coupée par cet événement en deux
tions de la voix humaine. Platon Diodore 10, Plutarque ", parties que l'on a appelées Yancien et le nouvel empire.
Aulu-Gclle, prouvent la perpétuité de cette tradition. Ta L'invention de l'alphabet phénicien, bien qu'on ne puisse
cite enlin, qui nous a conservé le nom de Ramsès comme en préciser la date, est évidemment, d'après tous les in
étant celui du pharaon conquérant dont les prêtres expli dices, un fait trop ancien pour que l'on doive mettre en
quaient les victoires représentées sur les murailles des parallèle avec les lettres de cet alphabet, et considérer
édifices de Thèbes, Tacite se montre également bien in comme ayant pu leur servir de types, les caractères de
formé sur l'origine des signes rie l'alphabet chananéen, l'hiératique égy ptien postérieur à la xvme dynastie ; d'a
lorsqu'il dit que les lettres ont été originairement apportées près toutes les vraisemblances historiques, c'est seulement
d'Egypte en Phénicie : Primiper figuras animalium Aegyptii l'hiératique de Yancien empire qui a pu être la source de
sensns mentis ef/ingebunt (ea antiquissima monumenta memo- l'écriture des fils de Chanaan. Or, c'est précisément en
riae kumanae impressa saxis cernuntar) et litterarum semet prenant ce type le plus ancien de l'hiératique que l'on
inventorcs perhibent. Inde Phoenicas,qiria mari praepollebant, trouve à faire les rapprochements les plus séduisants entre
inlulisse Graeciae, gloriamque adeplos, tanquam repererint, les formes des signes exprimant les articulations correspon
quae acceperant dantes chez les Égyptiens et chez les Phéniciens.
En présence de ces témoignages et de la certitude désor Dans le type des papyrus de la xvmc et de la xix" dynas
mais possédée de l'existence du principe fondamental de tie, plusieurs des ressemblances les plus frappantes se sont
l'alphabétisme chez les Égyptiens nombre de siècles avant évanouies déjà, évidemment par suite de la marche diver
la formation du premier alphabet chez les Phéniciens, l'o gente que les deux peuples suivirent dans les modifications
rigine égyptienne des signes adoptés par les fils de Ghanaan successives du tracé de leurs écritures.
pour peindre les diverses articulations de la parole ne Nous venons de parler de la comparaison des signes ex
paraît guère pouvoir être mise en doute. primant les articulations correspondantes chez les Égyp
M. de Uougé a achevé de la démontrer dans un mémoire tiens et chez les Phéniciens. La nécessité rigoureuse de se
encore inédit dont on trouve une analyse développée dans restreindre absolument à ces comparaisons constitue la
les Comptes rendus de FAcadémie des inscriptions et belles- règle fondamentale des recherches de M. de Rongé. Les
lettres Le système fondamental en consiste à laisser en rapports politiques et commerciaux entre l'Égypte et les
tièrement de côté la nomenclature hébraïque et grecque, populations de race sémitique qui touchaient immédiate
et à considérer chaque lettre phénicienne comme devant ment à sa frontière, étaient si fréquents et si étroits, que les
provenir d'un signe égyptien exprimant, sinon d'une ma hiérogrammates avaient presque à chaque instant l'occasion
nière exactement précise la même articulation, du moins de tracer avec les lettres égyptiennes, dans les pièces qu'ils
la plus analogue. rédigeaient, des mots ou des noms propres empruntés aux
En effet, si toutes les vraisemblances indiquent que les idiomes sémitiques. De ces occasions et du besoin qu'elles
Phéniciens ont dû former leur alphabet sous l'influence et faisaient naître était résulté, par une conséquence natu
à l'imitation du principe de l'alphabétisme inauguré par relle et presque inévitable, l'établissement de règles fixes
les Égyptiens, qui seulement n'avaient pas su le dégager du d'assimilation en tre les articulations de l'organe sémitique et
mélange avec une forte proportion de signes encore idéo celles de l'organe égyptien. Il y en avait un certain nombre
graphiques, il n'est guère probable que ce peuple aurait de communes et d'exactement semblables entre les deux
emprunté à l'Égypte le dessin de ses lettres sans y puiser ordres d'idiomes; pour celles-ci, point n'avait été de diffi
en même temps les valeurs qu'ils leur assignaient. Lorsque culté. Les hiérogrammates les rendaient par les phoné
les Japonais ont tiré de l'écriture chinoise les éléments de tiques ordinaires dont la prononciation était exactement
leurs syllabaires, ils n'ont point procédé de celle manière; semblable. Quant aux articulations qui ne se correspon
ils ont pris aii système graphique de l'Empire du Milieu les daient pas d'une manière précise d'un côté et de l'autre,
valeurs en même temps que les figures. Or, il ne serait pas une convention générale et rigoureusement observée fai
naturel de supposer que les Phéniciens aient agi par rap sait transcrire chaque articulation de l'organe sémitique
port à l'écriture égyptienne autrement que les Japonais absente de l'organe égyptien, par les figures affectées à la
par rapport à l'écriture chinoise, lorsque le but qu'ils .représentation d'une certaine articulation de la langue de
poursuivaient et les résultats qu'ils atteignirent étaient l'Egypte, que l'on avait considérée comme la plus ana
exactement les mêmes, la suppression de tout élément logue.
idéographique dans l'écriture, et sa réduction a un pur La concordance d'articulations ainsi établie dès une
phonétisme employant un petit nombre de signes invaria époque très-antique entre l'égyptien et les langues sémi
bles, sans homophones. tiques doit être la base indispensable de toute comparaison
11 suffit de regarder les caractères de l'alphabet phéni entre les lettres phéniciennes et les signes de l'âge de Yan
cien pour acquérir la certitude que, s'ils ont été empruntés cien empire, pour en rechercher l'origine. Car, du moment
à l'Égypte, ils ne peuvent procéder directement des hiéro qu'il a existé chez les Égyptiens des règles fixes pour la
glyphes, mais seulement de la taehygraphic appelée hiéra transcription des articulations sémitiques avec les phoné
tique. Mais il y a au moins deux types fondamentaux et bien tiques de leur écriture, on ne saurait en bonne critique
I Vp. Eusrh. Praep. evang. 1,10 ; p. 2i, cd. Orelli. — » Phaedr. 59. — '0 Diod. Sic. I, 69.- " Quaest. conv. IX, 3. — '« T»c. Annal. XI, I i. -« »!)'!. p. 1I5-IÏ4;
i. 25
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chercher la source et l'origine de la lettre dont les Phé l'histoire de l'humanité, qu'un certain nombre d'érudits,
niciens ont fait le signe représentatif de chacune de parmi lesquels il faut citer Kopp, Gesenius , Charles Lenor-
ces articulations , que parmi les caractères que les mant, M. le comte de Vogué, M. Renan et M. Albrecht
hiérogrammates de l'Égypte ont spécialement affectés à Weber, ont déjà reconnu et qu'ils se sont étudiés à mettre
la peindre. en lumière. L'auteur de cet article a repris le même sujet,
L'application rigoureuse de cette règle a conduit M. de dans un livre actuellement en cours de publication, auquel
Rongé à dresser un tableau comparatif des lettres phéni l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres a décerné en
ciennes qui nous paraît ne plus laisser place au doute sur 1866 une de ses couronnes, et il a essayé d'en donner la
la manière dont les fils de démonstration d'une manière plus complète qu'on ne
HIÉBATIQUE PHENICIEN. Chanaan allèrent chercher l'avait encore fait.
ÉGYPTIEN.
dans l'écriture tachygraphi- En poursuivant ses études de paléographie comparative,
que des Egyptiens, leurs insti en examinant soigneusement lesdiverses écritures alphabé
tuteurs, les éléments avec tiques pour en rechercher la parenté et en établir les di
lesquels ils combinèrent leur vergences, de manière à pouvoir les classer par familles et
9 1
alphabet. Nous le reprodui à en reconstituer la filiation, il a vu peu à peu se dégager
"\ 7 sons donc, en mettant dans la à ses yeux une vérité qu'il regarde désormais comme in
colonne du phénicien les for contestable, l'existence du lien d'une origine commune
A ^ mes de caractères les plus entre toutes ces écritures, qui, sans exception, par des
antiques que l'on puisse rele courants de dérivation différents, découlent de la source
lK ^ ver sur les monuments jus chananéenne. On peut parvenir à rétablir d'une manière
qu'à présent connus de cette presque certaine l'enchaînement des degrés de filiation
Y écriture. plus ou moins multipliés par lesquels elles se relient à leur
Quinze lettres phénicien prototype originaire, et sur cette reconstitution baser un
Z nes, sur vingt-deux, sont as classement des systèmes d'écritures alphabétiques par fa
sez peu altérées pour que milles naturelles, à l'instar de ce que l'on a fait dans la
PH0 leur origine égyptienne se botanique et la zoologie.
reconnaisse du premier coup La grande et féconde invention des Phéniciens paraît
©
d'œil comme certaine. Les avoir rayonné presque simultanément dans cinq directions
autres, quoique plus éloi différentes, en formant cinq troncs ou courants de dériva
¥
gnées du type hiératique, tion, qui. tous se subdivisent en rameaux ou familles au
peuvent encore y être rame- bout d'un certain temps d'existence.
y
' nées sans blesser les lois de Le tronc central est le seul dont nous ayons à considé
L la vraisemblance , d'autant rer les écritures dans cet article. Son domaine embrasse la
plus que l'on constate facile Grèce, l'Asie Mineure et l'Italie. La transformation des
-y ment que leurs altérations se signes d'aspirations douces, et môme fortes, en signes de
sont produites en vertu de voyelles, y est constante. Il comprend d'abord les diverses
lois constantes. Nous regar variétés de l'alphabet hellénique, puis les alphabets dérivés
dons par conséquent la ques du grec, formant deux familles, asiatique (en prenant Asie
tion de l'origine des lettres dans le même sens étroit que les anciens Hellènes) et
phéniciennes comme défini italique.
0 tivement résolue par M. de IL L'alphabet grec Origine phénicienne de l'alphabet grec.
llougé. — Parmi les traditions relatives aux premiers âges des po
; En un mot, les Chana- pulations de la Grèce, il n'en est pas de plus constante et
néens n'empruntèrent pas de mieux établie que celle qui fait apporter la connaissance
seulement à l'Égypte le prin de l'alphabet aux Pélasges par les navigateurs phéniciens,
<p cf 9 cipe de l'alphabétisme, mais auxquels on donne pour chef Cadmus. Le plus grand nom
encore les figures et les va bre des auteurs de l'antiquité grecque et latine rapportent
leurs de leurs lettres. Leur cette tradition, ou du moins y font allusion Aussi l'al
<\
invention constitua le der phabet grec, sous la forme la plus ancienne, était-il désigné
W nier progrès du développe généralement par le nom de tpoivixrfta ^pa^aTa, « lettres
X
ment du système graphique phéniciennes, » et Hésychius nous fait connaître un
x +• né sur les bords du Nil, en verbe lx:poivîl,ai, qui avait été composé d'après la même
6 tirant de ce système les élé tradition.
I-'itf. i30. Origine épvp'ieniie (le ments d'un véritable alphabet Elle est pleinement confirmée, comme nous allons le
l'alphabet phéaicion.
et en bannissant de l'écriture montrer, par l'étude de l'écriture grecque elle-même dans
tout ce qui était de non-phonétisme. ses plus anciennes formes. Elle l'est aussi par la nomen
Tous les alphabets proprement dits, qui ont été ou qui clature traditionnelle des lettres chez les Hellènes, laquelle
sont encore en usage sur la surface du globe, se ratta est toujours demeurée sans changement celle que les
chent plus ou moins immédiatement à l'invention des Phéniciens avaient inventée, donnant à chaque caractère
phéniciens et sortent tous de la môme source, dont ils de leur écriture un nom signiticalif. La nomenclature phé
sont éloignés à des degrés divers. C'est un fait capital pour nicienne des lettres a été conservée par les Hébreux ; nous

li Ath. [, p. U h. ; Eust. Od.z, 1771 j Plia. U.iM. Y,ii, 13; Uiixl. Sic. 111, M ; Y, 74; Cl. Al. Str. l,p. 300 ; Ik'ajcli. (fa^ma; Suid. rf*|i|Mt« , Tulian. Or. m Gr. la
ALP — 195 — ALP
la mettons en regard de celle des Grecs, en plaçant dans car, s'il est des inscriptions qui, par la forme antique de
une troisième colonne le sens des appellations. leurs lettres, leur ressemblance avec celles des Phéniciens,
PHÉNICIEN?. NOMS 6RKC8. par les habitudes graphiques qu'elles révèlent, répondent
SIGNIFICATIONS.
d'une manière assez exacte à l'idée que l'on peut se faire
Bœuf. de l'écriture primitive appelée par les Grecs eux-mêmes
ma BîjTa. Maison. cadméenne (xaSpîïa fpau.[«tTa), ce sont celles qui ont été
ra'.Ufxa — pour yûplix. Joug. découvertes, tracées sur de grands blocs do lave ou sur la
AAra. Porte. paroi des rochers, dans les très-anciennes nécropoles de
Kn 'E-'}!AÔV. Fenêtre. Mésa-Vouno et d'Exomyti dans l'île de Santorin, ainsi que
dans l'île de Thérasia.
il BaC. Clou.
Vingt ont été d'abord copiées par M. le baron Prokeseh
"P> Z?,t« — état emphatique Arme. von Osfen et ont fourni le sujet d'une importante disser
d'une forme 'T. qui est tation de M. Bockh, insérée dans les Mémoires de t Aca
restée le nom éthio démie de Berlin Franz, dans ses Elementa epigraphices
Graecaeu, les a reproduites avec un nouveau commentaire.
pien de la lettre.
tHtk. Dans sa remarquable Etude sur l histoire de l'alphabet grec
Haie.
à laquelle nous aurons l'occasion de nous référer souvent,
Serpent. M. Kirehoff a résumé brièvement, et de la manière la plus
'lonrt. Main. complète, toutes les observations paléographiques auxquel
Kanira. Paume de la main. les les inscriptions de Théra connues en 18IKÎ pouvaient
1?
Aïu.?Ca — pour Actu.3a. Aiguillon. donner lieu Depuis lors M. MichaBlis a enrichi cette
Mû — c'est, comme en Eaux. classe si importante de monuments par la publication de
D'D deux nouveaux
éthiopien 'D, lesingu -
Nous croyons pouvoir fixer approximativement l'âge des
lierdu nom qui est au inscriptions de Théra, dans le ix° siècle avant notre ère et
pluriel chez les Hé la première moitié du vin" pour les plus anciennes, du
breux. milieu du vin" siècle au milieu du vu" pour celles de la
Nû — pourvûv. Poisson. date intermédiaire, enfin entre la xxx* et la xlv° Olym
î» piade, c'est-à-dire dans la seconde moitié du vu" siècle
itYjxa — par métathèse Support.
pour les plus récentes. Cette manière de voir place encore
de la gutturale et du j*. l'exécution des plus anciennes plusieurs siècles après le
p» '0 [AIXpOV. Œil. premier établissement des Phéniciens à Théra et la colonie
KB nr. Face. cadméenne de la Béotie, deux événements dont nous avons
Manque. Javelot de chasse. essayé, dans un autre travail ", de déterminer la date et
'1?
auxquels doit être rapportée la première introduction de
t)1p - Nœud.
l'alphabet parmi les populations de la Grèce. Mais les Phé
C?n Pio — pour pîiç. Tôle. niciens s'étaient maintenus à Théra, de môme qu'à Mélos,
la'v— sa'fiiri. Dents. beaucoup plus tard que dans le reste de l'archipel ; ils y
m Tau. Marque du bétail. étaient restés maîtres jusqu'à la venue des Doriens; par
suite, les plus anciennes inscriptions de cette île parve
Nous examinerons les principaux passages des écrivains nues jusqu'à nous touchent presque à l'époque où les fils
grecs relatifs aux différentes phases de la formation et du de Chanaan y dominaient encore d'une manière directe.
développement de leur écriture quand nous aurons con La ressemblance frappante, l'identité presque absolue
sulté les monuments de cette écriture elle-même sur son que la plupart des lettres des inscriptions de Théra offrent
histoire, et quand nous aurons relevé les faits positifs qu'ils avec leurs prototypes phéniciens, justifie notre opinion,
fournissent; car ces passages sont pour la plupart trôs-obs- que ces inscriptions font connaître presque sans altération
curset très-contradictoires, et ne peuvent cire bien compris les formes primitives de l'alphabet cadméen ou de l'alpha
qu'avec l'aide des monuments. bet phénicien appliqué à rendre les sons de la langue grec
Alphabet cadméen. — Si, à défaut de monuments positifs, que. Cependant il nous semble que l'on peut y remarquer
on cherchait, d'après les vraisemblances historiques, à fixer quelques changements introduits pendant l'intervalle qui
la contrée grecque où la tradition de l'alphabet primitif, en sépare la date de la transmission de l'écriture des Phéni
core presque phénicien, a dû se conserver le plus longtemps ciens aux habitants de la Grèce, de celle où furent gravées
intacte, on désignerait tout d'abord l'île de Théra. C'est là les plus anciennes parmi les inscriptions de Théra. Mais
que la population phénicienne demeura le plus tard, et, ces changements sont faciles à discerner, et à l'aide des
lors même que la colonie Spartiate et minyenne conduite inscriptions archaïques des autres parties de la Grèce on
par Théras, fils d'Autésion, y eut introduit l'élément do- arrive à reconstituer facilement toutes les lettres de l'écri
lien, qui devint bientôt dominant, l'origine cadméenne de ture cadméenne. Nous les plaçons, dans le tableau (fig. 231)
la race royale installée avec cette colonie maintint dans une en regard des lettres de l'alphabet phénicien, en donnant
mesure assez considérable les premiers habitants, graduel pour les lettres cadméennes deux formes, celle des monu
lement confondus dans la masse des nouveaux colons. ments où l'écriture va de droite à gauche, suivant la direc
En répondant ainsi on se trouve d'accord avec les faits; tion phénicienne, et celle des mouvements où ello va de
» 1846, p. 41-101. • 18 P. 51-57. — ,7 Mémoires de l'Académie de lierlm 19 Annales de philosophie chrétienne, 1867 : La légende de Codants et le$ éa-
|<our ÎSGJ, p. 150-161, - I» Ann. dH finit, ttrch, t. XXXVI, pl. R, n.3 et 4. — blùseiMntl phéniciens en Grèce.
ALP — 196 — ALP
gauche à droite, suivant la direction nouvelle que les 3° Z. — Ici les Grecs ont procédé par voie de simplifi
Grecs finirent par adopter. cation, en faisant ^ de \. Le tracé de cette lettre s'abré-
L'alphabet grecprimitif était composé de vingt-deuxlettres, geant de plus en plus, nous verrons, dans les paragraphes
comme le phénicien. Les suivants, que de > elle a fini par devenir de bonne heure,
PHÉNICIEN. GBEC CADMÉKX. caractères en sont pres
dans certains pays, un simple trait vertical, I.
que identiquement sem
A blables à ceux dont 4° *\. — C'est encore par voie d'abréviation que ce ca
usaient les (ils de Cha- ractère est sorti de ^ , le dernier trait de gauche étant
9 3 l naan. Mais la forme pa supprimé. Une inscription archaïque de Mélos contient la
léographique du phéni lettre complète, *~|.
-A 7 7 * cien dont ils dérivent est S0 Z. — Sorti de i^ ; même observation. La forme £
bien manifestement celle n'est pas abrégée.
A ^ que, d'accord avecM.Levy 6° V . — C'est encore une abréviation de p.- la moitié
de Breslau et M. le comte droite du caractère est tout à fait atrophiée.
\ \ ^ e
de Vogué, nous regardons 7° M. — C'est le W phénicien retourné.
comme la plus ancienne Ce qui distingue surtout du phénicien l'alphabet que
y Y X
de toutes celles que four nous appelons cadméen, c'est premièrement le système
z 1 1 nissent les monuments adopté pour l'expression des sons vocaux, secondement le
épigraphiques de la Phc- changement de direction de l'écriture.
OH B B H S H nicie, celle que nous ap Hérodote signale ces deux points comme les premières
pelons par conséquent modifications introduites par les Ioniens ou Pélasges — les
© © e archaïque par opposition deux noms sont pour lui identiques — dans l'alphabet
à la paléographie sido- reçu des Phéniciens: « Les lettres furent d'abord commu-
Z \ 9 <> nienne. « niquées aux Grecs telles que les Phéniciens en faisaient
Les lettres a, y, e, u, ç, « usage. Ensuite, au bout de quelque temps, on en mo-
y K K 7|,x, 1, v, o, il, 1, a, t, sont « dilia la valeur et la direction. » (M Ooi'vixsç... iafyxyov si;
L semblables aux K. 5. il. 1, Toù; "EWajva;.. . t4 ypdy.\ixTOi.., TrpwTov fisv toïci xat fi-av-î;
L l ?. n, D, -j. ], y. r\, ?• i. n. vpsovrai <I>omxe;- u.vzk SI, ypovou itpoêotîvovTo;, éepa tîj tpcovîj
/SA du phénicien, ou du moins
*\
tellement voisines que L'adoption de l'alphabet phénicien ou de ses dérivés pri
notre tableau suffit pour mitifs par certains peuples, présenta un problème embar
ce qui les concerne, sans rassant pour l'expression des voyelles, revêtues dans les
4- * i t t \ que nous ayons besoin de idiomes de ces peuples d'un caractère essentiel et radical,
donner d'autres explica et, au contraire destituées de signes chez tous les Sémites.
0 0 © 0 © tions. Les Grecs, les Ibères et les peuples germano-scandinaves,
En revanche nous de quand ils reçurent la communication de l'écriture phéni
1 7 ? 7T vons dire quelques mots cienne, les Tartares lorsque l'alphabet Syriaque leur fut
sur la manière dont se apporté par les missionnaires nestoriens, se trouvèrent
sont formées les figures également en face de ce problème. Quatre fois renouvelé,
des caractères p, S, i, p., il eut quatre fois la môme solution, la seule, du reste, qui
$ 9 <f> ? a. ç, et uâv. pût être adoptée. Les gutturales douces et les demi-voyelles
1° 31. — L'origine de sémitiques, auxquelles était assigné par occasion le rôle de
<\ p quiescentes, furent détournées dans une certaine limite de
cette figure est facile à
w AA reconnaître ; c'est le 9 , leur valeur primitive et devinrent de véritables voyelles.
dont la partie inférieure Chez les Grecs
T T T courbée s'est relevée de devenu /\ rendit le son a
manière à former une se
Fig. 231. Alphabets phénicien et grec g -
cadméen. conde boucle. On a pro
bablement imaginé cette — y\ — y et ou
7
déformation pour éviter toute confusion entre les lettres 0 — O — o
voisines comme figure $ a ^ , qui devenaient facilement,
dans les textes écrits avec rapidité et sans soin, ^9 et 1 - J i,
dès lors pouvaient être prises l'une pour l'autre.
Quant au n> devenu B, les inscriptions de Théra
On eût pu enregistrer encore dans le tableau comparatif, à
prouvent qu'il avait une double valeur, exactement
côté de ^? un autre type du §, 3 ou C, qu'offrent quel
comme le 1 dans les langues sémitiques, et qu'on l'em
ques inscriptions archaïques des îles de l'Archipel et qui ployait alternativement suivant la position comme voyelle
doit être un dérivé parallèle et aussi ancien du prototype
longue ou comme signe d'aspiration.
chananéen, conçu dans un autre principe. Dans les premiers monuments de l'alphabet cadméen,
2° A. — C'est probablement pour éviter la même con le sens de l'écriture devait être celui du phénicien, c'est-à-
fusion que l'on a de très-bonne heure supprimé toute dire de droite à gauche. Cette disposition s'est conservée
espèce de queue du 4 lequel devenant A ne pouvait
plus être pris pour le p resté M Hcrodot. V, 59.
ALP — 197 — ALP
assez tard lorsqu'il s'agissait d'inscriptions en une seule initial des inscriptions est changé. Aussi, de même qu'aux
ligne, même après que de nouveaux alphabets, composés inscriptions conçues en plusieurs lignes du premier bou
d'un plus ou inoins grand nombre de signes, eurent suc strophôde régulier répondaient des inscriptions en une seule
cédé chez les différents peuples de la race hellénique au ligne tracée de droite à gauche, aux textes en plusieurs li
premier caractère cadméen, leur source commune. Les gnes du second boustrophède répondirent de courtes in
inscriptions de Théra nous offrent de nombreux exemples scriptions d'une seule ligne, commençant cette fois à gau
de ce genre, non-seulement des textes ne se composant che pour se terminer sur la droite. Ce fut par là que se
que d'une seule ligne, mais môme un texte qui fournit en fit la dernière transition et que l'on en vint à écrire entiè
core plus complètement la reproduction des habitudes rement de gauche à droite, direction qui finit par être
graphiques phéniciennes, une inscription en deux lignes, adoptée à l'exclusion de toute autre, après un temps plus
toutes deux procédant de droite à gauche. ou moins long, par toutes les fractions de la race hellé
Il est impossible, dans l'état actuel de la science, d'indi nique.
quer, môme d'une manière conjecturale, à quelle époque Les diverses évolutions dans le sens de l'écriture, dont
cette direction de l'écriture, purement et simplement em nous venons de suivre la trace et dont nous avons essayé
pruntée aux Phéniciens, a commencé à être modifiée. de reconstituer les phases, se produisirent lorsque les dif
Mais on peut indiquer avec assez de certitude par quels férents peuples de race grecque employaient, encore tous
degrés successifs s'est opéré le changement dans le sens de l'alphabet proprement cadméen, c'est-à-dire la première
l'écriture. L'habitude d'accompagner dans les représenta modification de l'alphabet phénicien appliqué à l'organe
tions de l'art les figures des personnages de leur nom écrit et à l'idiome des Grecs, et avant que les alphabets éolo-
à côté, habitude presque constante chez les Grecs des plus dorien, ionien et attique fussent sortis de ce type.
anciennes époques, et dont certains vases peints, quelques Différentes variétés de l'alphabet grec à sa seconde é/ioque.
bas-reliefs, enfin, dans les textes, la description que donne — Déjà, au temps où furent gravées la plupart des inscrip
Pausanias du coffre de Cypsélus, nous ont conservé la trace, tions de Théra, presque toutes les populations helléniques
amena de très-bonne heure à disposer ces légendes expli avaient cessé d'employer le premier alphabet usité par
catives, non pas seulement en lignes droites et horizonta leurs ancêtres, qu'elles trouvaient incomplet, et, le modi
les, mais en lignes llexueuses entourant la figure. Telle fiant suivant les instincts et les nécessités de leurs dialectes,
était la disposition des inscriptions sur le coffre de Cypsé en avaient tiré de nouveaux caractères, différant de nom
lus. Cette disposition, dont nous avons des exemples sur bre et de formes suivant les peuples et les contrées.
quelques vases archaïques de fabrique corinthienne, Ce n'est que fort récemment que l'on a commencé à
éveilla, par le tracé de la ligne de l'écriture, par son retour établir une classification régulière parmi les monuments
sur elle-même dans une direction presque parallèle à celle qui représentent cette seconde phase de l'histoire de l'é
de la première partie de la môme ligne, l'idée de la marche criture grecque, à discerner plusieurs alphabets distincts et
du bœuf attelé à la charrue, que le laboureur fait revenir contemporains, et à jeter la lumière par ce moyen dans
sur lui-môme en traçant un second sillon à côté de celui une étude qui jusque-là présentait un inextricable chaos.
qu'il a ouvert le premier. L'image passa dans la langue et L'honneur en appartient à Franz, à M. Mommsen et à
le mot [5ouîîTf.o:sïjoov servit à désigner cette manière de dis M. Kirchoff.
poser l'écriture. Le premier de ces savants, dans l'introduction de ses
Mais ni l'usage ni le mot ne demeurèrent toujours res Elementa epigmphices graecae. distingua trois alphabets
treints aux inscriptions explicatives des bas-reliefs et des grecs de la combinaison desquels est sorti celui qui fut
peintures. On commença, et il semble môme qu'à une cer définitivement adopté par tous les Hellènes :
taine époque ce fut une élégance, à tracer les inscriptions 1° L'alphabet éolo-doi'ien, composé de vingt-cinq lettres;
en lignes llexueuses et bomtropkbdes, lors môme qu'il n'y 2° Xalphabet attique, composé de vingt et une ; 3° l'alphabet
avait pas de figures à encadrer. Bientôt ces lignes flexueu- ionique, composé de vingt-quatre.
ses ne parurent plus aux Grecs compatibles avec la régu Le second, dans les prolégomènes de son beau livre sur
larité que réclament les inscriptions monumentales ; on en Les' dialectes de Fltalie inférieure, traitant la question de
revint aux lignes horizontales complètement droites, mais l'origine des écritures italiotes, a exposé rapidement ses
en y conservant la disposition boustrophôde, c'est-à dire idées sur l'histoire et la formation de l'alphabet grec.
en alternant les lignes dirigées de droite à gauche et de 11 n'admet en Grèce que deux alphabets successifs :
gauche à droite. La première de ces deux dispositions du 1° Un alphabet primitif de vingt-trois lettres, représenté
boustrophôde, celle où la ligne initiale procède de droite à par les inscriptions de Théra, et dont les alphabets ionique
gauche, est la plus ancienne, ainsi que l'ont déjà remar et attique de Franz ne seraient, selon lui, que des variétés;
qué MM. Bôckh et Franz. Elle s'introduisit clans l'usage 2° un alphabet postérieur de vingt-six lettres, qu'il subdi
alors que la tradition des habitudes graphiques du phéni vise en deux variétés principales : l'alphabet corcyréen, l'al
cien était encore vivante. La disposition qui procède au phabet dorico-chalcidien; en y joignant encore deux autres
début de gauche à droite est postérieure, et marque une variétés qu'il considère comme le produit de la combinai
nouvelle étape dans le changement du sens de l'écriture. son du second système d'écriture avec le premier : l'alpha
C'est là, en effet, que se manifeste pour la première fois bet argien, l'alphabet éléo arcadien.
d'une manière décisive la tendance à écrire de gauche à Tel est le système de M. Mommsen. Celui au développe
droite, dans une direction opposée à celle qu'avaient adop ment duquel M. Kirchoff a consacré ses Éludes sur l'his
tée les Orientaux, tendance qui finit par prévaloir entière toire de l'alphabet grec n'en diffère pas essentiellement.
ment chez les Grecs. Une partie des lignes, dans ce second L'érudil chargé par l'Académie de Berlin de continuer et
système de boustrophède, est bien encore dirigée comme d'achever le Corpus de Bôckh admet aussi seulement deux
dans l'écriture qui a servi de source, mais déjà le point alphabets grecs archaïques : l'alphabet oriental, susceptible
ALP — 198 — ALP
de compter vingt-six lettres lorsqu'il est au complet, et l'al tiques qui nous ont servi à le dresser : c'est que nulle part
phabet occidental, qui n'en a que vingt-cinq sous sa forme dans les diverses contrées où cet alphabet était en usage,
la plus complète. Du premier, M. Kirchoff admet dix-neuf on n'en trouve toutes les lettres employées dans les ins
variétés, et du second, onze, qu'il classe géographiquement. criptions. C'est tantôt l'uneet tantôt l'autre qui fait défaut.
Nous croyons, quant à nous, devoir nous en tenir à la L'alphabet du célèbre vase connu sous le nom de vase Ga-
division de Franz, en y ajoutant cependant une section a lassi " prouve, du reste, que théoriquement, et probable
part pour l'alphabet en usage dans les îles de l'Archipel. ment dans l'enseignement des écoles, on admettait dans les
Nous admettons donc quatre alphabets grecs archaïques de cités où régnait l'écriture éolo-dorienne, à certains rangs
la seconde époque: i' l'alphabet éolo-dorien, auquel se rat dans la série des caractères, des lettres dont les habitants
tachent deux sous-variétés secondaires et distinctes : l'al des mêmes cités ne se servaient pas dans les usages épi
phabet corinthien, l'alphabet argien ; 2° l'alphabet attique; graphiques. En effet, cet alphabet contient des signes qui
3° l'alphabet des iles; i° l'alphabet ionien. ne se sont jamais rencontrés dans les légendes des vases
Ces quatre alphabets nous semblent, en effet, distingués doriens, à la paléographie desquels il appartient cependant.
les uns des autres par des caractères qui ne permettent pas Mais en revanche il n'a pas le <J>, que nous ont pourtant
de les confondre, ni de réunir non plus le second et le offert ces légendes.
quatrième sous la môme rubrique que l'alphabet cadméen A quoi peut tenir celte absence de telle ou telle lettre
des monuments primitifs de Théra. Ces caractères consis dans les pays où un même alphabet était en usage ?
tent dans : l3 le nombre des signes; 2° la valeur de cer La première idée qui s'offre à l'esprit lorsqu'on cherche
taines lettres. à sonder le problème, est celle d'une sorte de dérivation
L'alphabet éolo-dorien comprend vingt-huit lettres, si indépendante de l'écriture dans chacune des contrées
l'on enregistre dans une même liste tous les signes qu'il helléniques, et cette hypothèse permettrait en même
est susceptible de compter dans les différents pays où temps d'expliquer assez bien les variations de formes de
il était en usage. Les lettres caractéristiques en sont : certaines lettres suivant les pays où elles étaient en usage.
F?viM=<7, X = £, plus l'emploi de B ou H comme Cependant, quelque séduisante que soit cette idée au pre
un signe d'aspiration. mier abord, on ne saurait s'y arrêter. L'unité de l'alphabet
L'alphabet ionien compte vingt-quatre signes. L'absence éolo-dorien, son identité avec lui-même, non-seulement
des cinq que nous venons de citer le dislingue de l'éolo- dans les contrées où était en usage sa forme typique,
dorien, ainsi que l'addition d'une lettre pour exprimer l'o dont nous restituons le tableau, mais encore dans les
long, H, et l'emploi de B ou H comme une voyelle. deux sous-variétés qui nous restent à étudier, est trop évi
L'alphabet des îles est de vingt-sept lettres. Il a, comme dente pour que l'on puisse admettre la formation indépen
l'éolo-dorien, F î >i, mais il n'admet ni M = cr, ni dante des alphabets de toutes les cités dont nous avons
X = £. A cette dernière figure, il donne, comme l'ionien, examiné les monuments. Avec cette dernière hypothèse, il
la valeur de De même que dans le cadméen, H ou B faudrait admettre autant d'alphabets différents que de villes
y est également susceptible des deux valeurs d'aspiration dans la Grèce, et on retomberait dans l'ancien chaos,
et de voyelle. Enfin, cet alphabet a deux signes pour ex comme l'ont très-bien vu Franz, M. Mommsen et M. Kir-
primer l'w long et l'o bref ; mais ces deux signes, qui va eohff. Nous sommes en présence d'un de ces cas où l'on
rient du reste suivant les îles, ne sont pas les mêmes que doit nécessairement admettre, pour des objets du domaine
de l'archéologie et de l'histoire, la loi de subordination des
dans l'ionien.
L'alphabet attique, enfin, ne compte jamais que vingt et caractères secondaires aux caractères principaux, qui a
rendu de si grands services aux sciences naturelles. Et pour
une lettres. Il n'a ni F ? *1 M = cr, X = £, propres à appliquer ici le langage de ces sciences, l'alphabet éolo-do
l'éolo dorien ; ni SI, particulier à l'ionien ; ni ï, commun rien constitue une espèce renfermant trois variété*, com
aux trois alphabets dont nous venons de parler. Comme posées chacune A'individus qui ont tous les caractères essen
l'éolo-dorien, il attribue à H la valeur d'une aspiration. tiels de l'espèce et de la variété, mais qui présentent entre
Alphabet éolo-dorien. — Cet alphabet est celui que four eux certaines petites différences individuelles. En un mot,
nissent les monuments épigraphiques et numismatiques l'alphabet que nous appelons éolo-dorien est dans toutes
antérieurs au ive siècle av. J. C. dans la Béotie, l'Eubce, ses variations un seul et môme alphabet, dont les formes
les colonies chalcidiennes de l'Italie et de la Sicile, la Pho- se modifient légèrement dans les différentes peuplades hel
cide, la Locride, la Laconie, l'Arcadie, l'Elide, l'Hermio- léniques qui l'ont adopté.
nide, l'Achaïe et les colonies achéennes de l'Italie, la Mé Ce fait n'est pas aussi extraordinaire qu'il pourrait le
garide, Égine, Céphalonie, laThessalie et la Grande Grèce. paraître au premier énoncé. Il n'est pas non plus isolé
L'auteur du présent article y a consacré un travail spécial, dans l'histoire des écritures, car voici un exemple égale
où il a donné le relevé de tous les monuments qu'on en ment parallèle. Tous les peuples de l'Europe qui parlent
connaît des langues néo-latines se servent d'un même alphabet,
Le lecteur trouvera la liste complète des caractères de l'alphabet latin composé de vingt-cinq lettres. Mais plu
l'alphabet éolo-dorien dans sa forme typique, et leurs sieurs d'entre eux n'en emploient pas toutes les lettres, ce
principales .variétés fournies par les inscriptions et les mé qui n'empêche pas l'unité de l'alphabet, que dans les diffé
dailles dans la deuxième colonne de notre tableau (fig. 232). rents pays on enseigne complet aux enfants. Les Italiens
Il est une remarque qui doit se présenter tout d'abord ne se servent pas de x, de k, ni de y. lettres qui ne cor
à l'esprit, si l'on compare cette liste complète de l'alphabet respondent pas à des sons de leur organe et de leur idiome,
éolo-dorien avec les éléments épigraphiques etnumisma- cependant il ne viendra jamais à l'esprit de personne de
»• Revu? archrot. décembre 1807 , mari et avril 1SG8, Études sur l'origine et la I. VIII, pl. B, i). 1; .Mus. Oreaarian, t. Il, pl. cm-, Corp. iiua: gsaeç.
formation de l'alphabet j/rec, i' partie, — ï» Lepsius, Anu. delt' //«(. arch. p. i'iU.
ALP — 199 - ALP

CADMÉRN. É0I.0-DORIEN. Anr.IEN. CORINTHIEN. ATTIQDE. DES ILES. lONIElf.

A A AAA AAAtf A A A A aaaaa


B B B B BB
< A A |* A A A prr r r
<C<I <<c

A A »DA > D > a A A A A ^ A

* x ÊEE tint £EE ^££E


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Fig. 232. Alphabets grecs archaiqu«3.


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distinguer un alphabet italien différent de celui qu'em que la prononciation de cette lettre se mariait mieux aux
ploient les Français. On dit, et on a raison de dire, que sons de la flûte, et Pindare, dans des vers cités par le
tous les peuples néo-latins se servent de la môme écriture même auteur, donne au aàv l'épithètede xfëSaAov, c'est-à-
latine, où pour chacun d'entre eux certaines lettres n'exis dire d'articulation bâtarde. Nous devons en conclure que
tent qu'à l'état théorique. si £ ou Z, comme le a de l'alphabet grec définitif, repré
Il en était de môme chez ceux des Grecs qui faisaient sentait un s nettement accusé, M ou càv servait à exprimer
usage de l'écriture éolo-dorienne. L'alphabet éolo-dorien se un son plus gras et un peu chuintant. C'est ainsi que dans cer
compose essentiellement et en fait de vingt-huit, lettres, et taines parties de la Grèce où se sont conservées des formes
la suppression de quelques-unes de ces lettres sur certains dialectiques très-anciennes, dans l'Élolie par exemple, les
monuments alphabétiques, leur absence dans les inscrip hommes du peuple encore aujourd'hui donnent au a la
tions de telle ou telle contrée, ne prouvent qu'une chose, valeur sch et non de s. Les palikares de l'Étolie prononcent
c'est que les lettres supprimées n'avaient pas lieu d'être méschiméri pour \uor\pipi, « midi, » schyka pouraûxa « des
employées dans cette contrée, en tant que représentant figues, » etc.
des sons qui manquaient dans son dialecte particulier. Dans les pays dont la prononciation admettait l'usage
Plus on remonte haut, en effet, dans les monuments de simultané de ces deux lettres, comme nous allons le voir à
la langue grecque, plus on rencontre des traces de variété Argos, le son du M était particulièrement réservé à la sif
dans les dialectes et surtout dans la prononciation, non- flante finale des mots, soit dans les nominatifs singuliers en
seulement de contrée à contrée, mais de ville à ville. Ce oçou i)ç, OM ou ÇM, soit dans les génitifs singuliers fémi
n'est pas que ces variations dans la manière de prononcer nins en otç ou ï]ç, AM ou ÇM, soit dans les nominatifs, datifs
se fussent entièrement effacées plus tard; il serait, au ou accusatifs pluriels en ce, on, aiç, ouç et a;, ÇM, OIM,
contraire, facile d'en retrouver les traces chez les gram AIM, OM et AM, soit enfin dans les secondes personnes
mairiens et chez les poëtcs comiques, et le langage popu singulières des verbes. Dans certaines contrées toutes les
laire des habitants actuels des diverses provinces de la sifflantes, même dans l'intérieur des mots prenaient le son
Grèce lésa presque toutes conservées. Mais quand la langue chuintant duaàv,etalorsonn'employaitquelesigne M ; c'é
écrite eut été définitivement fixée, lorsque l'orthographe tait le cas de Corcyre, de l'Achaïe et de ses colonies ita
grecque fut devenue uniforme, tout en continuant de mar liennes. Enfin, dans d'autres contrées, enBéotie, en Eubée,
quer les caractères grammaticaux particuliers aux diffé dans la Phocide et dans laLocride, dans les trois quarts du
rents dialectes, on cessa d'indiquer par l'écriture toutes Péloponnèse, dans le plus grand nombre des villes de l'Italie
les nuances locales de la prononciation. Ce grand travail de et de la Sicile, aussi bien que dans les domaines des alpha
lixation de l'orthographe grecque correspond à l'adoption bets attique et ionien, le son du aàv manquait absolument à
par tous les peuples helléniques de l'alphabet définitivement l'organe des habitants ; on ne connaissait que celui de aïyu.*,
arrêté à vingt-quatre lettres. Jusque-là dans chaque con et dans l'écriture on n'employait que le signe £ ou Z. C'est
trée, et presque dans chaque ville, on écrivait avec une cette dernière variation de la prononciation qui finit par
orthographe particulière, non pas d'après des règles com l'emporter et par devenir générale, lors de la fixation défi
munes à tous les Grecs, mais en suivant exactement la pro nitive de l'orthographe grecque.
nonciation. Ce que nous venons de dire des deux lettres Z et M s'ap
Or, on doit forcément le reconnaître, quoique le nombre
des vingt-huit lettres de. l'alphabet éolo- dorien dépasse no plique également, aux lettres ^ (ou ^ 0,1 ^) et +, les
tablement le nombre auquel furent fixées les lettres et les quelles expriment deux sons complexes et sifflants très-
articulations de la langue grecque écrite, chacune de ces voisins l'un del'autre, et qui dans l'orthographe postérieure,
lettres représente une articulation distincte. commune à tous les Grecs, sont remplacés par un seul,
celui du Ç. Franz croyait encore que E0 ou ï et +, comme
Les deux sifflantes £ ou Z et M, auxquelles l'alphabet
* et X, étaient deux signes s'employant indifféremment
grec postérieur substitua une seule lettre, Z, dans l'ortho
l'un pour l'autre et exprimant une articulation identique.
graphe définitive, ne représentaient cependant pas primiti
Mais M. Mommsen " a fort bien fait voir qu'il ne pouvait
vement une prononciation identique, pas plus que le d et
pas en être ainsi, puisque les deux lettres |J et + figurent
le v phéniciens d'où elles sont dérivées.
Quoiqu'un passage assez obscur d'Hérodote n, dont le en même temps dans l'alphabet du vase de Caîré, la pre
mière entre N et O, la seconde entre Y et O. Il a même
sens véritable doit être que la lettre employée par les Do-
fait plus, et il est arrivé à fixer d'une manière certainela valeur
riens dans le môme cas que le aïYfxa parles Ioniens portait le
nomde aàv, ait pu faire croire àla plupart des grammairiens de ces deux lettres, g W ou ï représente aa, c'est-à-
anciens **, fort ignorants des questions de paléographie, dire une double s au son bien caractérisé, ce qui fait que,
que ces deux noms désignaient une seule et même lettre ; pour en déterminer la prononciation, dans les pays où
quoique môme cette opinion ait été renouvelée par toutes les sifflantes prenaient le son chuintant, on faisait
M. Mommsen ,s, qu'elle a entraîné à des erreurs assez suivre dans l'écriture cette lettre par un aàv. Ainsi sur
graves sur l'origine des diverses sifflantes de l'alphabet grec; un précieux vase corinthien publié par M. de Witte, le nom
d'autres passages, tout à fait formels, des écrivains de l'an du cheval Hbv6oç est orthographié IMaNGOM. On lit
tiquité démontrent que les deux noms de aî-j^a et de aàv, aussi le nom xo'ça; écrit MÏA^OÎ sur un vase de la fabri
ne désignaient ni la même lettre ni le môme son. Athénée * que corinthienne de Cœré qui est entré au Musée du Louvre
raconte, d'après Aristoxène, que les musiciens substituaient avec la collection Campana. Cependant en môme temps,
souvent le aàv au cTy^a en chantant, parce qu'ils trouvaient sur le môme vase, Eccvôo;, est orthographié MOS^AÏ,

» 1, 139. — » Srhol. ad Homcr. Itiad. H. v. 185. Cf. Call. ap. Athen. X, p. -153; — 25 Oie unteritalischen Diakkten, p. 14. — »« XI, p. 4«7. — « Die unterit.
Ach. trag. ap. Athcn. X, p. 466 ; Uenr. Steph. Thesaur. t. VU, col. 3, ed. Didot. DiaU p. 13.
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et Hoiuîéva Av)3IY'\Orl; sur un autre vase de la môme tions de la plupart des pays où l'on employait l'alphabet éolo-
fabrique et de la même collection, un personnage reçoit le dorien. A la place nous trouvons, tantôt comme en Béotie
nom de xo;o [x^?, « l'archer, » OïOT. Quant à +, on peut et en Attique, CD*;, tantôt, comme en Eubée, sur les lames
en rendre la prononciation par l, ou plus exactement en de plomb de Styra, P1;, ce qui représente les deux pro
core par x<j. nonciations locales de l'articulation complète figurée plus
Les sons aa et l se correspondaient dans les différents tard par le de l'alphabet définitif. A laquelle de ces deux
dialectes de la Grèce, nous le savons par les grammai
prononciations, ircou 90-, répondait originairement le signe
riens et souvent l'un remplaçait l'autre. Ainsi les Ioniens
disaient, ou plutôt écrivaient Si^b; et xpi$oç pour Smabc et Y ou C'est ce qu'il est impossible de décider, faute
Tp'.sab; ; ainsi de 'Oouocreù; les Siciliens avait fait OùXt^; m et de documents formels.
les Romains Ulixes, devenu plus tard à son tour Ulysses. Alphabets argien et corinthien. — Nous avons distingué
comme deux variétés spéciales de l'alphabet éolo-dorien
Au reste, la prononciation de <j<t et celle de xs n'étaient
les types d'écriture archaïque dont on se servait à Argos
pas les seules qui fussent en usage chez les Grecs pour
rendre l'articulation complexe que représente le \ posté et à Corinthe, ainsi que dans ses colonies, comme Corcyre
et comme Caeré en Étrurie. Ces deux variétés ont été étu
rieur. En Attique nous trouvons dans les cas où ail
diées avec de grands détails par l'auteur de cet article dans
leurs on eût employé ï ou +. Les inscriptions de la Béotie la Ileuue archéologique d'avril 1868, où il a donné la liste
emploient tantôt + et tantôt Le Ç de l'alphabet dé complète de tous leurs monuments jusqu'à présent connus.
finitif représente donc trois prononciations différentes selon L'alphabet d'Argos et celui de Corinthe forment la troi
les contrées, figurées de trois façons distinctes sur les sième et la quatrième colonne de notre tableau (fig. 232).
monuments d'époque antérieure: f-g HH ï, w;+X w; ^ Celui d'Argos est surtout caractérisé par la forme du X,
ou X ya. La dernière de ces trois prononciations ya, qui K puis f" , exclusivement propre à cette ville et qui s'y
était celle de l'Attique, finit par devenir générale lorsque maintint jusqu'à la fin du ive siècle avant l'ère chrétienne.
l'orthographe grecque fut fixée ; c'était la prononciation Celui de Corinthe et de sescoloniesa pour lettres caracté-
considérée comme la bonne pour le \. Aussi Grégoire de ristiqueslep, lîguréen ^, l'een g etl't en$; dans ses mo
Corinthe M, en parlant du dialecte éolique, en cite-t-il numents les plus anciens il n'emploie pas d'autre sifflante
comme une des anomalies caractéristiques que le l s'y pro que le M. Au reste, avec le cours du temps, on y voit gra
nonçait xa et le ty, irs, au lieu de^o- et deeps comme en At duellement disparaître les lettres aux figures particulières
tique (dans l'orthographe primitive de cette contrée on et l'alphabet de Corinthe, par ces changements successifs,
écrit 0<j ; de môme que ) : Âvxi Sï xoïï \, xï itpoiiépouov finit par n'être plus que l'alphabet éolo-dorien ordinaire.
;e'voç, xcs'voç, xai àvtt xoû <|<, ira, iréXo^, toXotcç. Alphabet attique. — Cet alphabet n'a jamais été usité
Quant aux lettres K et î, il est évident aussi que leur nulle part en dehors des étroites limites de l'Attique. Les
prononciation présentait une certaine différence, proba monuments en sont, du reste, nombreux, soit à Athènes
blement la même qu'en phénicien entre la prononciation même, soit dans les environs de cette cité, et quelques-uns
de s et de P, les deux signes dont elles dérivent. K était sû remontent jusqu'à une époque très-haute, contemporaine
rement le x de l'alphabet grec définitif, le K latin; î, qui des plus anciennes inscriptions de Théra. La cinquième co
passant en Italie, a produit le Q latin, devait avoir la môme lonne de notre tableau (fig. 232), contient les formes des
valeur. Mais cette articulation n'existait dans l'organe que lettres de l'écriture attique, telles qu'on les trouve dans ses
d'un très-petit nombre de tribus de la famille hellénique. plus anciens monuments.
Ni les habitants de l'Attique, ni les Ioniens, ni, parmi les C'est seulement par le petit nombre des caractères en
nations qui faisaient usage de l'alphabet éolo-dorien, les usage que cet alphabet se distingue de l'écriture éolo-
Éléens, les Arcadiens, les Locriens, ne la connaissaient. dorienne, dont on pourrait le considérer comme une simple
Chez la plupart de ceux qui la possédaient c'était peut-être variété. Comme à Argos et à Corinthe, dans les îles de la
l'articulation de toutes la moins définie. Car dans beaucoup mer Égée et dans les domaines de l'alphabet ionien, le signe
d'endroits, enLaconie par exemple, nous la voyons expri + ou X y a la valeur de y.
mée dans les monuments de l'époque tout à fait primitive; L'alphabet attique est, de tous les alphabets archaïques
puis, de très- bonne heure, elle disparaît, avant que l'or de la Grèce, celui dont l'usage s'est conservé le plus tard.
thographe soit encore régularisée; le K y triomphe et y de De l'époque primitive de l'écriture athénienne, qui va jus
vient seul en usage, jusqu'à ce qu'enfin le ? disparaisse abso qu'aux guerres médiques, à l'archontat d'Euclide, c'est-à-
lument dans la dernière réforme subie par l'alphabet grec. dire à l'an n de la xcvr Olympiade, les seules modifica
Après cette dernière réforme, c'est seulement à Corinthe tions qu'il éprouva furent une plus grande régularité in
que nous voyons le ? maintenu sur les monnaies, par une troduite dans le tracé des caractères et la substitution des
sorte de prétention archaïque, comme initiale, et pour formes Oà^/PàP,Zà'ï, <P à (D 31. Chacun sait que
ain>i dire comme symbole du nom de la ville, jusqu'à sa sous l'archontat d'Euclide, après l'expulsion des Trente
destruction par Mummius. tyrans, lorsqu'Athènes fut rendue à sa liberté, une loi pro
Reste le ¥ des Éginètes et des Mégariens, dessiné >)( posée par Archinus fit abandonner ce système d'écriture
chez les Locriens. Nous retrouverons cette lettre à Corin incomplet et incommode, que l'on ne conservait que par
the, chez les habitants de plusieurs îles de la mer Ëgée et une antique tradition, et y substitua dans les actes publics
dans l'alphabet ionien; mais elle manque dans les inscrip- l'alphabet des vingt-quatre lettres dites 'Iwvixà Ypïaaaxa 3i.
51 Jiathiœ, Gricekiiehe Grammitik, t. 1, p. 61, 62, 319 et 322. — *» Plularcb. Schul. ad Homcr. lliad. H, T. 185 ; cf. Cursiai, Fast. attic. t. 111, p. 276 ; Salmas.
ilnrctll. 20. — 50 Creg. Cor. 39. — " Franl, Elem. epigr. graec. p. UO et 12:;.— In inscr. Hcrod. p. 231 ; Spiiiilieim, />>• us. et praest. numism. t. I, p. 85;
*>! Theopomp. ap. Pbot. biltlioth. cod. 176 ; Plularcb. Aristid. 1 ; Midi. Apostol. T'.iieneh, Abhandl. d. liuirisch. Akad. d. M'ismnch. t. Il, part. 1, p. 409 ; Rose/
XIXll, ïb. Suid. J. o. ï«|ii«< i h/-'i\ S-'.lol. ad Euripid. Plioc.iltSi T. 6SJ cl 709 ; Jnscr. vetuit. p. XVI et suit. ; Fraaz, lilem. epigr. grâce, p. 148.
I. 20
ALP — 202 — ALP
Nous aurons à revenir un peu plus loin sur cet événement, sentent un état tout à fait primitif de l'alphabet auquel ils
décisif dans l'histoire de l'écriture grecque. appartiennent ; le î y est encore en usage ; il n'y a pas de
Alphabet dis iles. — Nous avons déjà indiqué tout à distinction entre o et «> ; mais déjà le B est employé exclu
l'heure les caractères essentiels qui distinguent des autres sivement comme voyelle.
écritures grecques de la môme époque l'écriture archaïque Une seconde époque de l'histoire de l'alphabet ionien
en usage parmi les habitants des îles de la mer Egée, et est marquée par l'abandon du ? et par l'introduction d'une
qui constituent son individualité. De même que les popu nouvelle lettre, fl, exprimant le son vocal o. L'w ainsi
lations de ces îles, où les deux races ionienne et dorienne
représenté, avec le B voyelle, devient, à partir de ce mo
étaient juxtaposées et enchevêtrées, pour ainsi dire, l'une
ment, le signe caractéristique du système graphique des
dans l'autre, se trouvaient géographiquement placées entre
Ioniens. Les principaux monuments de celte seconde
les Doriensdu Péloponnèse et les Ioniens de l'Asie Mineure,
époque sont les inscriptions des statues qui bordaient l'a
de môme leur écriture forme comme un intermédiaire entre
venue du temple d'Apollon Didyméen à Branchides, auprès
l'alphabet éolo-dorien et l'alphabet ionien.
de Milet **, inscriptions dont plusieurs ont été dédiées par
Tout en gardant les caractères généraux qui constituent
son individualité et son unité, l'alphabet des îles de la mer des personnages historiques vivant entre 560 et 510 avant
Égée présente un certain nombre de variétés locales qui se Jésus Christ, tels que les fils du philosophe Anaximandre,
Histiée, le fameux tyran de Milet, et Charès, tyran de
divisent en deux groupes : 1° celles qui admettent le F, re
Tichiossa. Il faut y joindre l'inscription célèbre du cap
jettent le î et n'ont qu'un seul signe pour les deux o, bref Sigée M, gravée dans la seconde moitié du vie siècle ".L'al
et long ; 2° celles qui n'admettent pas le F, ont le ? et pos phabet ionien de la seconde époque est encore celui avec
sèdent une notation distincte de l'o et de lw. Le premier lequel sont tracées les légendes des monnaies archaïques
groupe incline plutôt vers l'éolo-dorien, le second vers l'io de la Macédoine et de la Thrace méridionale, pays où
nien. Le premier est représenté par les monuments de l'é- il avait été introduit par la colonie ionienne de Samo-
pigraphic et de la numismatique archaïque de Rhodes, de thrace.
la Crète et de Naxos, le second par les plus vieilles inscrip Les deux types successifs de l'alphabet ionien archaïque
tions de Mélos, de Siphnos, d'Andros, de Paros etde ses co remplissent la huitième et la neuvième colonne de notre
lonies, et aussi par les inscriptions archaïques de Théra tableau (fig. 232). Les formes plus régulières et sans aucun
postérieures à l'abandon de l'alphabet cadméen; ce type reste d'archaïsme furent adoptées en Ionie à dater des
d'écriture fut aussi introduit en Macédoine et dans la environs de la lxxxvii" Olympiade. C'est sous ces dernières
Thracc méridionale par l'intermédiaire de la colonie pa- formes que l'alphabet ionien, un quart de siècle après,
rienne de Thasos. devint l'alphabet de tous les Grecs.
Les deux types principaux auxquels on peut ramener Origine des lettres nouvelles dans les différents alphabets
toutes les variétés de l'alphabet des îles composent, l'un la grecs de l'âge secondaii-e. — Les lettres ajoutées pour expri
sixième et l'autre la septième colonne de notre tableau mer des articulations qui manquaient de signes particuliers
(fig. 232). On y remarquera que si dans le second type la dis dans l'alphabet cadméen, sont, en tenant compte de toutes
tinction des notations de l'o et de l'« était de règle, pendant celles que l'on rencontre dans les alphabets grecs secon
assez longtemps, le choix des signes de ces deux notations daires, au nombre de sept ou de huit, selon la manière
fut très-flottant et qu'on variait à ce sujet presque dans dont on voudra les compter :
chaque localité. Nous reviendrons un peu plus loin sur ces
changements dans la manière de distinguer l'o bref de F
l'o long.
Alphabet ionien. — Nous conservons à ce dernier des al I ou m
phabets du second âge de l'écriture grecque le nom d'ionien CD ou
que lui a donné Franz, car ce nom a pour lui l'autorité + ou x)
des écrivains antiques parlant souvent des 'Iwvixà ffâ^^xa
ou « lettres ioniennes ». Cependant il serait peut-êlre plus *
i
exact de l'appeler Alphabet des Grecs de l'Asie Mineure, car + ou X
il n'était pas en usage seulement en Ionie, mais chez toutes
* ou
les populations grecques de la côte d'Asie, et même nous
le trouvons employé en Europe par des peuples qui n'a n
vaient rien d'ionien, mais qui entretenaient de fréquents
rapports avec l'Asie Mineure et avec certaines colonies La plupart de ces signes additionnels ont été tirés des
ioniennes des îles de la mer de Thrace. signes de l'alphabet cadméen les plus voisins comme son,
Les plus anciens monuments de l'alphabet ionien sont au moyen de la suppression ou de l'addition de quelques
les inscriptions gravées sur les jambes de deux des colosses traits, par un procédé qui s'est souvent répété chez les dif
qui décorent la façade du spéos d'Ibsamboul en Nubie **. férents peuples dans les cas d'inventions semblables.
Elles ont été tracées par des mercenaires grecs d'Asie On peut retrouver avec une entière certitude l'origine
Mineure qui accompagnaient le roi d'Égypte Psamméti- du plus grand nombre.
que 1" dans son expédition contre les guerriers égyptiens 1° Le F, auquel sa forme a fait donner par les grammai
révoltés qui se reliraient en Ethiopie u. Ces textes repré- riens de basse époque le nom de oiYanua, n'est pas en
33 Corp. inscr. graec. o. 51Î6 ; Lepsius, tknkmàler aus Aeyypten und pl. mu ; Kirchoff, Abhandl. drr Berlin Akademie, 1863, p. 13U-U0. —
Aethiopien, part, vi, pl. «crin et icii ; Kirctaff, Mémoires de l'Académie 3< Cliishull, Inscriptio Sigea antiquissima. Lcyde, I7i7, in-80 ; Chandler, Inscript.
de Berlin pour 1863, p. 147-U9. — » Herodot. 11, 30. — » Corp. inscr. gr. 1, p. 3 ; Corp. inscr. graec. n. S. — H KircliufT. Mémoires de l'Acad. de Berlin
n. 39 et 2361 ; Xcwtun, Biscoeeries al Halicarnassus, Cnidus and Branchidat, pour 1863, p, 133-138.
ALP — 03 — ALP
fait un double y, mais un double i . Voulant exprimer un exemples de cet échange entre deux articulations voisines.
son de la nature de f ou v, mais plus fort que celui de Y Nous en rencontrons aussi quelques-uns dans les monu
môme dans les diphthongues au et tv, on prit la lettre phé- ments épigraphiques. Tel est l'emploi de la forme <pvipa
nieo-cadméenne dont la prononciation avait le plus d'a pour âîjpa dans une inscription archaïque de Sparte, frag
nalogie, y ou y (de gauche à droite X ou X), et, pour ment très-mutilé qui semble avoir appartenu à une collec
marquer la plus grande intensité de l'articulation, on tion d'oracles *'. N'est-il pas permis de croire après cela que
doubla la lettre par superposition, y ou \. Seulement, 0 dérive de dont on aura réduit les deux traits croisés
pour régulariser la forme du caractère, comme les traits intérieurs à un seul trait vertical, en prolongeant ensuite
extérieurs à la haste, par suite de leur superposition, n'au un peu plus tard ce dernier trait par en haut et par en bas,
raient pas présenté un aspect heureux en les traçant obli pour mieux marquer la différence des deux lettres ? Ce
quement comme celui de X, on les rendit horizon qui confirmerait cette conjecture est une forme du >p par
ticulière et encore plus voisine du $t 0, qu'on rencontre
taux, F.
sur plusieurs monuments, entre autres dans une inscrip
2° La lettre qui exprime l'articulation complexe <rs, sort tion attique fort ancienne **.
évidemment du môme caractère phénicien que celle qui
4° Le /, X ou +, nous paraît, surtout dans la première
rend l'articulation simples. Le d , 5ç, est la source com
de ces deux formes, n'être qu'un K modifié pour exprimer,
mune de toutes les deux. MM. Lepsius et Franz l'ont déjà non plus le simple k, mais un kh.
démontré, et M. Mommsen l'a reconnu. I est bien 5° Quant au £ semblable comme forme au y, + ou X
en effet sorti du tracé vertical de la lettre phénicienne,
Franz le tire de 2^- comme ï. M. Mommsen ne sait que
sous la forme = que l'on voit par les monuments avoir
dire sur son origine. Nous ne croyons pas, quant à nous,
été quelquefois en usage en Asie antérieurement au que l'on puisse admettre l'opinion de Franz. Le caractère
vu" siècle avant l'ère chrétienne ; W d'un tracé couché
I ou H a bien pu être emprunté au parce qu'il ex
sur le côté, H|- -, quant à f0, c'est une sorte de combinaison
primait une articulation, complexe il est vrai <t<t, mais dans
bizarre de ï et de hH ■ H est à remarquer comme un fait
laquelle le <x était le principal et môme le seul élément
extraordinaire, mais cependant certain, que pour former constitutif. Que le X au contraire, se prononce, comme il
cette nouvelle lettre qui manquait à l'alphabet cadméen on se prononçait suivant les pays, xc, «jo-, ou -/y, il n'y en a pas
a remonté au prototype phénicien, que l'on a reproduit moins toujours dans son articulation un élément important
autrement qu'on ne l'avait fait pour en tirer 2 ou S, et et initial qui appartient à une autre famille d'articula
qu'on ne s'est pas borné à modifier la forme de la lettre tions que le <x, x, y ou Nous serions donc assez dispo
cadméenne déjà sortie de sés à penser que X, + = l comme X, + = •/» est "ne
3° L'origine du ® ou 0 est plus douteuse. Franz pre modification de K plutôt que de hç. Ce qui en serait môme
nant pour type de cette lettre la figure qui a la ligne mé- une preuve presque décisive, c'est qu'il semble que cette
diale prolongée en haut et en bas, <P, et guidé par une lettre ait été primitivement, non pas double, mais une gut
simple analogie de formes, suppose que le (p dérive du ? ; turale à demi sifflante. Ainsi dans le latin, où elle a passé,
que c'est ce dernier caractère auquel on aura donné la les plus anciennes inscriptions font toujours suivre le X
valeur de ph après qu'il sera tombé en désuétude dans son d'une S pour compléter l'indication du son, XS, et cette
emploi primitif comme q. Mais on voit par une multitude particularité s'est conservée jusqu'à la belle époque dans
d'exemples que le 0 ou <t> était déjà en usage dans les l'orthographe de quelques mots.
domaines des quatre alphabets secondaires lorsque l'on se 6° L'origine de Çl est plus facile à établir. Ici, comme
servait encore du î. D'ailleurs on n'a d'exemple dans au
pour le ï? on a remonté au type originaire phénicien
cune écriture qu'on ait pris un caractère tombé en désué
tude, en lui donnant une valeur absolument différente de que les Ioniens, inventeurs de cette lettre, étaient, en tant
celle qu'il avait primitivement, pour exprimer une articu qu'habitants de l'Asie, plus à môme de connaître que les
lation qui n'avait pas d'abord de signe distinct. Lorsqu'on autres Grecs. Le y phénicien, pris dans sa forme fermée,
veut arriver à ce but, presque constamment on choisit la avait donné à l'alphabet cadméen la lettre 0, qui expri
lettre dont la valeur est la plus voisine et on en modifie mait le son o, aussi bien long que bref. Les Ioniens, dési
légèrement la forme. reux de distinguer dans l'écriture o de o, reprirent ce
Or, en grec, il est une lettre qui existait déjà dans l'alpha même y f mais dans sa forme ouverte qu'ils retournèrent,
bet cadméen, dont la figure est très-voisine de celle de
y — Çl, De leur côté les habitants des Cyclades avaient
0, et dont la prononciation était considérée comme trôs-
emprunté la môme figure, mais en lui assignant la valeur
rapprochée de celle de cette dernière lettre, puisque toutes exactement opposée, celle de l'o bref, en conservant le
deux s'échangeaient souvent; c'est le (J). La permutation
O comme un o long. A Mélos on ouvrit l'o sur le côté
du S et du ? est un fait bien connu des grammairiens et
qui se produit dans presque tous les dialectes helléniques. pour indiquer quand il était bref, C, le laissant fermé
On la remarque surtout en éolien et en dorien. Homère 3" quand il était long. Quant à Théra, le signe dont on s'y
emploie le mot tfityzvxi pour SXtyeToct, Pindare <pX3v pour servait pour o tient à la fois de celui des Cyclades et de ce
Slfv, Théocrite 40 oZyx? pour oSûap. Mais ce ne sont pas lui de Mélos, OC-
seulement les écrivains classiques qui nous fournissent des 7° Restent les lettres * t = jtct*N')|C=x[/, dont

» OJgu. P, t,î«. — '» Nem.X, v. 1Î8.— «> Idyl. XV, t. 76; cf. Idyl. V,T. 148 ci i!30. — 11 Corp. viser, grar. n. iîi. — Le Bas, Voyage, Inscription*, pl. m, n. £•
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nous n'avons pas indiqué l'origine, au moins probable. Ici comme au phénicien ; ce fut l'adoption d'une ordon
nous ne saurions reconnaître aucune source, ni cadméenne, nance nouvelle de l'alphabet, qui depuis s'est toujours
ni directement phénicienne. On ne peut absolument, conservée chez les Grecs.
croyons-nous, considérer ces caractères que comme des Cette ordonnance diffère sur quelques points assez no
signes purement conventionnels inventés pour compléter tablement de celle des alphabets sémitiques et n'est com
l'alphabet. plète qu'en y comprenant les trois lettres inusitées dans
Parmi les lettres additionnelles que nous venons de les habitudes ordinaires de l'écriture et maintenues seule
passer en revue, il importe d'en distinguer de deux sortes, ment comme signes numéraux, |3aS, xomia et <ia[A7ct. En la
qui constituent deux phases différentes dans les modifica mettant en regard de l'ordonnance de l'alphabet phéni
tions apportées à l'alphabet cadméen. cien, que les Hébreux ont exactement conservée, on y
1° Les lettres qui sont communes aux quatre écritures observe les différences suivantes :
grecques secondaires. Ce sont (D X et peut-être ï Y. Ces 1° Le nom et la place du ^ ont été donnés à son dérivé
deux derniers signes ne se rencontrent, il est vrai, que postérieur et secondaire, F, au lieu d'appartenir comme
dans les alphabets éolo-dorien, ionien et insulaire ; mais il de droit à son dérivé le plus ancien et le plus voisin, Y,
est probable qu'ils avaient été supprimés dans l'alphabet qui prend le nom de ô^ôv et est rejeté à la suite du T,
attique, comme un certain nombre de lettres cadméennes,
2° La place du est donnée à son dérivé secondaire, I,
parce qu'au lieu de o-o- et ne? on prononçait en attique yjs et
tp<r, exprimés par X^ et®';. tandis que son premier dérivé, conservant le nom de
cÏYfJia, est rejeté immédiatement avant le T, au lieu où
Les caractères que nous venons d'indiquer, étant com
muns à tous les alphabets secondaires, doivent avoir été devrait être le caractère correspondant au W.
ajoutés à l'écriture avant la séparation de ces alphabets. 3° Le nom de xonrae, c'est-à-dire de tjïp, passe au dérivé
Ce fait aura pour nous une très-grande importance, lorsque du s, Ij sorti de *\, tandis que le p n'a plus de corres
nous étudierons tout à l'heure les passages des grammai pondant;
riens anciens sur la formation de l'alphabet hellénique. 4° Le càv, sorti de W et portant encore le même nom,
2° Les lettres qui sont particulières à une des quatre — altéré en <si\m, parce que dans le tracé qui lui fut donné
écritures, et qui ont été, par conséquent, ajoutées après plus tard, 7§, on croyait voir un <j lunaire et un m combi
leur séparation. Ce sont : F, + = ?, <V =x Pour Al nés — expulsé de sa place par le ("fixa, est rejeté à la
phabet éolo-dorien; F pour le premier groupe de l'alpha queue de l'alphabet, après \'ù\d-(<i.
bet des îles; £2 = o, C o u © = w pour le second ; enfin On ne saurait malheureusement déterminer d'une ma
= u), pour l'alphabet ionien. nière précise à quelle époque ont été introduits ces boule
L'invention du S; en forme de X ou + a été la cause de versements dans l'ordonnance primitive empruntée aux
Phéniciens. Ce qui est certain, c'est que l'ordonnance nou
celle du y en forme de a,. On peut conjecturer d'après les
velle remonte à une haute antiquité (car l'alphabet ar
inscriptions d'Ibsamboul que cette dernière figure était chaïque du vase découvert à Cseré en Étrurie et connu
le tracé primitif du \f/. Mais lorsqu'une partie des peuples sous le nom de vase Galassi w, est exactement disposé dans
éolo-doriens eut tiré du K, pour rendre la prononciation l'ordre qui sert encore) et qu'il en contient toutes les let
xo-, la figure + ou X, ces mêmes peuples ne purent plus, à tres, sauf le aov, le <|/ï et l'oi^s'ya, cette dernière lettre in
moins de tomber dans une confusion inextricable, employer connue aux Doriens :
pour le y le tracé primitif X ou +. Ils s'arrêtèrent pour ABrAEFZHOlKAMNZOrmPETY+G*
rendre cette articulation aspirée, .à la figure convention On peut ajouter que, sauf l'addition de l'w, laquelle doit
nelle ^, à laquelle ne se rattachait aucune valeur essen être postérieure et avoir remplacé le + = xo- tombé en
tielle et de tradition. Mais comme ce nouveau eût pu fa désuétude, cette ordonnance a été inventée dans un pays
cilement se confondre avec le on allongea le trait cen doi icn où on ne faisait usage ni du ? ni du o-âv. L'origine
tral du \f/ ou on doubla la lettre dans deux sens opposés, dorienne ou dans les do'maines de la première variété de
et on obtint ainsi les deux figures Y et dont la pre l'alphabet des îles est attestée par la présence du F, lettre
mière finit par être adoptée partout. exclusivement propre à ces deux systèmes d'écriture.
Ordonnance nouvelle de l'alphabet grec. — L'alphabet cad- Il est une loi que l'on constate d'abord dans ces modi
méen ou premier alphabet grec, comprenant juste les vingt- fications de l'ordonnance de l'alphabet, mais dont la cause
deux lettres de l'alphabet phénicien, devait suivre encore la demeure inconnue, c'est que lorsqu'un caractère phéni
même ordonnance. C'est ainsi que nous l'avons disposé cien a fourni deux lettres grecques, le dérivé secondaire a
dans notre tableau (fig.231). Nous avons encore fait de môme été mis au lieu et place de ce caractère, tmdis que son
dans le suivant (fig. 232,) destiné principalement à montrer premier dérivé a été rejeté ailleurs. C'est ce que nous
comment les alphabets grecs secondaires étaient issus de avons remarqué pour lei et le d- Les deux lettres qui dans
ce type primitif, et pour y faire mieux comprendre l'ori le phénicien et dans l'alphabet cadméen se trouvaient
gine des lettres nouvelles ajoutées au fond premier, nous placées entre t) et 1 ou H et P, 1 et î correspondant à
les avons placées en face des caractères cadméens d'où 2 et p, ont été réduites à une seule. Probablement pen
elles ont été tirées. Mais un fait important coïncida avec dant un certain temps on employa pour exprimer le chif
l'invention des lettres qui caractérisent les alphabets de fre 90, tantôt V\ et tantôt ?? suivant les pays; à la lin le
l'époque secondaire et qui manquaient au type cadméen, 1*1, devenu L, i'emporta, comme il l'a emporté déjà dans

** Lepsius, Ami. de Vintt. Arch, t. VIII, pl. B, o. I ; Franz, Elem. epigr. graec. p. 1ï\ Mus. Gregorian. t. II, pl. cm; Corp. insc. grâce, a. 8312.
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l'alphabet du vase Galassi. Mais comme le nom du ?, Partout ailleurs il est facile de constater que l'adoption
xÔT?za, était le plus connu, parce que cette lettre était de l'alphabet d'abord propre aux Ioniens fut postérieure
celle qui était restée le plus longtemps en usage dans au décret rendu dans Athènes sous l'archontat d'Euclide.
l'écriture habituelle de beaucoup de contrées helléniques, Nous ne possédons malheureusement qu'un trop petit
ce nom de xoTcrac, venu de fut appliqué au signe lj, nombre de documents pour préciser des dates absolument
sorti du s et non du p. positives, mais tout semble indiquer que le mouvement qui
Ceci fournit déjà une série de vingt-deux signes : a (3 y S portait à l'abandon des anciennes écritures locales pour
adopter l'usage d'une seule, commune à toute la race
t fl »jS-ixX(avÇouL put u. Les trois lettres attribuées
grecque, produisit ses effets sur l'étendue entière du
par la tradition à Palamède avec les E, 0 X f, furent monde hellénique dans un intervalle d'une quinzaine
ajoutées à la suite, hors des rangs de cette ordonnance, d'années au plus. Athènes, bien qu'abattue par les désas
comme il convenait à des lettres additionnelles. h'Q vint tres de la guerre du Péloponnèse, donnait encore le ton à
après, à son rang d'invention ; enfin, comme on n'obte tous les Grecs pour les choses d'art et d'intelligence ; ce fut
nait avec cette série de lettres ainsi disposée, dans l'emploi la mode d'imitation athénienne qui fit adopter par les peu
des signes numéraux, qu'une notation incomplète, allant ples éoliens et doriens l'écriture qui venait d'être choisie
jusqu'à 800, et comme il fallait un signe de plus pour ren dans cette ville. De cette manière, l'alphabet qui avait été
dre le nombre 900 et atteindre jusqu'à la notation de 1000, d'abord particulier aux Ioniens finit par ôtre le seul alpha
où recommençait l'emploi de l'a et ainsi de suite, on re bet en usage chez les diverses fractions de la race hel
prit, uniquement pour l'usage numéral, le oàv tombé en lénique.
désuétude dans l'écriture, et on le plaça le dernier de Récils des grammairiens antiques sur ta formation de Val-
tous, après l'w. phabet grec. — Maintenant qu'à l'aide des données certai
Adoption de l'alphabet ionien dans toute la Grèce. — Nous nes fournies par les monuments nous avons pu suivre les
avons déjà parlé de la date décisive que la deuxième année différentes phases de la formation de l'alphabet grec, nous
de la xciv0 Olympiade (403 av. J.-G.) constitue dans l'his devons aborder un autre ordre de documents et examiner
toire de l'écriture grecque. Le décret rendu par le peuple si, grâce aux faits que nous avons constatés, il est
d'Athènes sous l'archontat d'Euclide, d'après lequel on possible de tirer quelque chose de précis du chaos des
abandonna dans les actes publics l'ancien alphabet attique témoignages des écrivains anciens sur l'histoire de cet al
pour adopter un autre alphabet beaucoup plus complet, phabet, chaos rendu encore plus inextricable par les con
et partant plus commode à l'usage, fut un exemple déter fusions que les copistes des manuscrits ont introduites
minant que suivirent toutes les cités et toutes les nations parmi les lettres citées par les auteurs.
helléniques. L'alphabet et l'orthographe qui avaient été Nous avons eu l'occasion de parler plus haut de l'unani
adoptés dans Athènes devinrent l'alphabet et l'orthographe mité des témoignages antiques à reconnaître l'origine phé
définitifs, communs à tous les Grecs. nicienne des lettres grecques, tradition qu'Hérodote rap
Mais ce n'était pas un alphabet nouveau, formé par la porte surtout d'une manière précise et avec les plus
combinaison des alphabets secondaires précédemment en précieux détails. Le père de l'histoire attribue l'introduc
usage. C'était un de ces alphabets qui prenait le dessus et tion de l'écriture phénicienne en Grèce à la colonie de
effaçait tous les autres. Les Athéniens, qui pendant fort Cadmus **, et cette version est la plus habituelle chez les
longtemps, par une ancienne tradition, avaient persisté à écrivains grecs. Cependant quelques-uns attribuent l'in
employer un système d'écriture trop incomplet, dont leur vention des lettres helléniques à Orphée *9, à Musée 50 ou à
vanité se plaisait à faire remonter l'origine à Cécrops", se Linus ". Mais un récit rapporté par Diodore de Sicile 5S disant
décidèrent enfin à le remplacer par un autre système qui que Linus appliqua d'une manière plus convenable à l'i
représentât mieux toutes les flexions de leur dialecte. Deux diome des Grecs, les lettres phéniciennes, leur donna des
alphabets se présentaient à leur choix, Yéolo-dorien et l'io noms et arrêta définitivement leur tracé, montre que toute
nien. Us ne voulurent rien emprunter à leurs adversaires cette catégorie de traditions se rapporte, non à la première
les Doriens, qui venaient depuis si peu de les vaincre, et introduction de l'alphabet phénicien chez les habitants de
du joug desquels ils s'étaient délivrés, grâce au courage la Grèce, mais au travail de modification que ces habitants
de Thrasybule, l'année môme où ils inauguraient l'usage firent subir à l'alphabet apporté par les navigateurs cha-
de leur liberté reconquise par ce grand acte, au moyen nanéens pour l'appliquer à leur langue et à leur organe,
duquel ils voulaient marquer parunsigne extérieur comme travail qui donna naissance à l'écriture que nous avons
une sorte de rénovation d'Athènes. Ils choisirent donc appelée cadméenne.
l'alphabet ionien. Au reste, ils avaient été précédés dans Un autre récit traditionnel présente Palamède comme
celte voie par l'exemple de quelques peuples doriens. Un l'inventeur des lettres grecques 5S, et plusieurs monuments
décret argien datant de l'année 417 av. J.-G. est écrit en de l'art prouvent que cette opinion avait cours dès une
lettres ioniennes a. Il en est de môme d'une grande ins époque ancienne u. On dit aussi que le héros du siège de
cription d'Orchomène, antérieure à la fin de la guerre du Troie fut celui qui appropria les lettres phéniciennes à
Péloponnèse w. L'introduction de l'alphabet ionien en l'usage des Grecs 55. Quelques critiques de l'antiquité con
Béotie par Archinus 47 eut donc lieu avant son introduction cilient les récits relatifs à Cadmus et à Palamède, en disant
dans la cite de Minerve. que le premier alphabet cadméen ne comprenait que seize
*k Tarit. Annal. XI, 14. — u U Bas, Voyage. Inscriptions, part. III, p. 1, rhetor. 4 ; I.ucian. Ind. vocal. 5 ; Dio Chrysost. XIII, p. 4Ï8 ; riy^in. Fub. 274 ;
d. I. — w Corp. inxcT. grâce, n. S r>09. - *7 Bckkcr, Anccd. graee. t. II, p. 7S3. — Thcmist. Orat. IV, p. 60 A ; Schol. ap. Bikkcr, Aneed. graec. t. Il, p. 783 et 786.
« Hcrodot. V, 58-60. — *» Alcid. C. Palamed. p. 75 ; t. VIII, cd. Rcir.kc ; cf. Lobcck, — 5V V Ch. Lcnorniant ot De W'itle, Élite des monuments eéramographiques.
Aglanpliam. p. 234. — W Schûl. ap. Bckkcr, Anccd. grâce, t. II, p. 783. — 1. 1, p. 253. — s> Schol. ad Kuripid. Orc.it. v. 432 ; Athanas. Orat. contr. gent.
" Diod. Sin. III, 66. — M III, 67. — 53 Steiichor. Fragm. 38 ; Enripid. Palamed. 11 ; Arsen. Violai: p. 463 ; Cf. Tacit. Annal. XI, II; Tzclz. Chiliad. V; Exeges. in
ap. DindoiT. l'ragm. p. 104; Gorg. Dcclam. p. 690; Joseph Rhaccud. Syiwps. ïliad. p. 46 et 77.
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lettres, A B T A E I 1^ A M N O n P I T Y, et que syllabe brève *\ Mais le scholi iste publié dans les Aneedota
Palamède en ajouta de nouvelles S6. Servi us prétend que de Bekker est le seul qui en ait fait la remarque 6t. La raison
ce furent 0 0 X, Plutarque Z 0 0 X, Suidas Z 11 0 X, qui a fait croire que 0 avait été inventé avec 0 et X, est
tout àfait analogue à celle qui avait fait penser que Z avait
Maximus Victorinus H H* 0 X, saint Grégoire de Nazianze
été ajouté- en môme temps que E et y. Sachant par la
0 0 X E. Isidore de Séville H X Q.. Enfin un passage de môme tradition que les aspiiées de l'alphabet grec étaient
Pline " fournit les données suivantes : Utque in Graeciam le résultat d'une addition postérieure, ils supposèrent que
intulisse (litteras) e Phoenice Cadmus sedecim numéro . Quibut 0 devait y être compris avec 0 etX6\ ignorant que le
Trojnno l.e'lo Palamedes adjecisse quatuor hac figura 0E0X. a existait déjà dans l'alphabet phénicien. Quant au H,
Tolidem post eum Simonidem Melium Z H t Î2, quarum aspiration qui existait dans l'alphabet attique bien connu
omnium vis in nostris recognoscitur. Aristoteles decem et .octo des grammairiens, ils se refusaient à y voir, aussi bien que
dans le F, une lettre proprement dite M; c'est pourquoi
priscas fuisse: ABrAEZIKAMNOnPITY0,
et duas ab Epicharmo additas quant a Palamede rnavult . Pline ils l'excluaient de leur liste.
n'est pas, du reste, le seul à attribuer un rôle àÉpicharme La série de dix-huit caractères, citée par Pline d'après
et à Simonide de Céos, le poëte lyrique (non a un Simo- Aristote, est plus exacte que celle de seize lettres. On a
nide de Mélos M), dans la formation de l'alphabet grec lieu seulement de s'étonner en y voyant le 0 rangé parmi
les signes primitifs de l'écriture. Mais si l'on suppose, ce
détinitif. Marius Victorinus 89 rapporte les lettres 0 0 X
qui est naturel et fort admissible, que ce 0 est le résultat
à Simonide, Eustathe ZE t, Pline Z H Y £2, Suidas
E H Y & ; Tzetzès 60 et Moschopoulos 8l, d'après des écri d'une faute de copiste pour 0, et si on restitue la liste :
ABrAEZ0.KAMNOnPITY.on
vains antérieurs, disent Epicharme inventeur de Z ES7;
obtient la série complète des lettres de l'alphabet cad
Aristote, on vient de le voir dans le passage de Pline, lui méen conservées dans l'écriture attique, moins le H que
attribuait 0 X ; enfin Tzetzès met l'invention de 0 0 X sous l'on s'obstinait à ne pas considérer comme une lettre. Pour
le nom d'un certain Cadmus de Milet. admettre cette opinion il faut, il est vrai, supposer une
Le prétendu alphabet primitif de seize lettres est une interversion faite par les copistes ; admettre que l'on aura
pure et simplefiction des grammairiens. Franz, M. Momm- d'abord écrit 0 au lieu de 0 au septième rang de la liste,
sen et M. Kirchoff l'ont déjà reconnu, comme l'avaient fait puis qu'un nouveau transcripteur, voulant faire le savant,
avant eux Swinton, Eckhel, Gesenius et M. Bôckh. L'al aura transporté celte lettre tout à la fin pour lui rendre le
phabet cadméen se composait de vingt-deux lettres, comme vrai rang qu'elle occupait d,ins l'alphabet. Des interver
le phénicien. Mais comment et pour quelle raison les gram sions de ce genre et des tentatives de corrections inintelli
mairiens ont-ils réduit ce nombre à seize ? Le procédé qu'ils gentes, qui éloignaient plus que jamais de la leçon primi
ont suivi pour obtenir leurs seize caractères, soi-disant tive, n'étaient pas rares dans la transcription des ouvrages
primitifs, est facile à retrouver de l'antiquité pendant le Moyen-Age. De plus, en admet
Les grammairiens antiques étaient ignorants des ques tant notre conjecture, il faut rétablir ensuite, dans le pas
tions de paléographie. Ils ont donc, au lieu de remonter sage d'Aristote cité par Pline, pour les deux lettres addi
niix monuments vraiment archaïques, opéré simplement sur tionnelles, 0 et X au lieu de 0 X, et l'on obtient ainsi
l'alphabet grec dont on faisait usage de leur temps. Par là, dans ce passage un exposé de données parfaitement exactes
tous les caractères tombés en désuétude dans cet alphabet, sur l'origine de toutes les lettres composant l'alphabet
V\ ? M, étaient exclus de leur liste des lettres cadméennes. attique.
L'omission en était d'autant plus naturelle que dans l'alpha Les lettres attribuées à Palamède. — La tradition qui attri
bet attique, le seul desalphabetsarchaïques dont les gram bue à Palamède l'addition de quatre signes à l'alphabet
mairiens eussent occasion d'avoir souvent des exemplessous cadméen, en laissant de côté le nom quelque peu mythi
les yeux et dont la tradition se fût conservée exacte que du héros de la guerre de Troie et la date vraisem
parmi eux, aucun de ces signes n'était en usage. Quant à la blablement trop haute à laquelle les souvenirs helléniques
suppression de Z H 0, on se rend également compte des plaçaient cet événement, repose cependant sur un fait
motifs qui les y ont poussés. Un certain nombre de dia historique incontestable. Nous avons constaté en effet
lectes grecs remplaçaient £ par oS ou S5M, ce qui avait fait qu'entre l'époque où l'on se servait chez les Grecs d'un
alphabet composé de vingt-deux lettres comme l'alphabet
considérer par la plupart des grammairiens cette lettre
des Phéniciens et celle où les quatre alphabets helléniques
comme double. Sachant donc, par une tradition dont
secondaires se séparèrent les uns des autres, précisément
nos recherches précédentes ont montré la parfaite exac
titude, que les lettres exprimant des articulations dou quatre lettres, E 0 Y Y, furent ajoutées au fond commun
bles, E et Y, étaient le résultat d'une addition postérieure des caractères de l'écriture cadméenne. Or ces quatre lettres
semblent bien exactement se retrouver dans les passages
à l'alphabet primitif, les grammairiens, qui croyaient le des auteurs anciens qui parlent de l'invention de Palamède.
Z une lettre double, étaient portés à le considérer comme Voici en effet le tableau des caractères attribués par les dif
inventé en môme temps, lis auraient dû cependant être férentes sources à ce héros, dans la figure duquel on per
avertis de l'antiquité de la valeur du Z comme lettre sim sonnifiait l'esprit ingénieux des Grecs et les inventions des
ple parles vers d'Homère où cette lettre est précédée d'une époques primitives :

M Scry. ad Virgil. Aeneid. II, t. 86; Iren. Ado. haerct. I, 15, 4; Plutarrh. graec. p. 13. — M P. 2159. — *» Chiliad. V, v. 810. — «< P. 18, éd. TiUe. — •« Cf.
Sympos. IX, 3 ; Schol. ap. Bi'kkcr, Anecd. grtiec. t. II, p. 78S ; Siiid. s. r>. nal«;ii|îr,s ; , Malhiœ, flrieeh. Grammal. § 15. — *» Jliad. B, v. 631 ; A, v. 103 ; Odijss. A, T.
Mai. Virtorin, Art. qrammat. p. 1944 ; Gregor. Naiianl. Schol. ad Stelit. I, p. 06; Î46. — •» Ilckkcr, Amrd. yraec. t. II, p. 815. — 65 (,f. Schol. ap. Bekkcr. Anecd,
siiior. Orifr. III. (, 6, — 57 ffîst. ml. VII, 50, — 5' Vuy. Kranz, Elrm. rpigr. orner, t. II, p. 7S0, -. Gfi Jbid. p. 777,
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Z G 0 X
n Z 0 X
Maximus Victorinus : H * 0 X
Grégoire de Nazianze :
G <P X
Isidore de Séville : si h X
f Mss. de Paris, n-» 679S et 6797 : Y H 0 X
Pline G 0 X
0 Y G
Edit. de Venise, 1468 : 0 Y H X

Nous avons d'abord un accord complet de tous les écri Gallias le comique avait fait usage du Y et de YSI 68, et de
vains (excepté Isidore de Séville, qui semble avoir con plus le même Callias, dans la première année de laLxxxvn*
fondu l'invention de Palamède avec celle de Simonide) Olympiade, avait fait jouer une pièce que l'on qualifie de
pour l'origine des lettres 0 et X et leur attribution à Pala YpafijAaTtxT) rfa-j-cpSi'a et dans laquelle figuraient toutes les
mède. Pour le 0 on rencontre même encore plusieurs lettres de l'alphabet ionien ,J. Les inscriptions d'Athènes
autres passages 67. Le H est donné par saint Grégoire de offrent plusieurs exemples du même fait, de l'usage anti
Nazianze et par Pline, le V par Maximus Victorinus. Le H cipé de quelques-unes des lettres de l'alphabet ionien man
quant au vieil alphabet attique Un fragment de décret
de Suidas et le H de Maximus Victorinus sont le résultat de
fautes de copistes évidentes; au lieu du premier il faut lire de la lxxxv" Olympiade 11 contient le V au lieu de l'or
y et au lieu du second z.. Il en est de même de l'Y de Pline thographe habituelle (D 'j. Une dédicace environ de la
dans les manuscrits de Paris et Riccardi ainsi que dans même date 73 emploie le signe SI pour rendre Yo long.
l'édition princeps, et de 1*0 du manuscrit de Paris et de Enfin l'inscription du piédestal d'Athéné Hygie aux Propy
l'édition princeps, au lieu desquels on rétablira sans hésiter lées de l'Acropole 74 gravée pendant la construction mémo
la leçon originale y et 0. Quant à l'attribution du G et du du chef-d'œuvre de Mnésiclès 74, contient simultanément,
Z à Palamède, nous en avons vu tout à l'heure la eau e. dans la signature de l'artiste, l'H voyelle et l'E pour i\ sui
Peut-être aussi serait-on admis à corriger dans ces diverses vant l'ancienne orthographe atlique.
listes E pour Z, 0 pour G, et S* pour 0, toutes correc Le scholiaste d'Homère appelé scholia^te de Venise pré
tions simples et auxquelles sont habitués ceux qui étudient tend 76, que ce fut le grammairien Callistrate de Samos qui
les manuscrits grecs. On aurait ainsi exactement nos quatre le premier fit connaître l'alphabet ionien à Athènes, au
temps de la guerre du Péloponnèse 77. Mais n'y a-t-il pas
lettres additionnelles : 5$ X t. moyen de concilier ce témoignage fort sérieux avec une
Les lettres d Épicharme et de Simonide . — Quant aux tradition qui a pour elle des autorités puissantes? Ce serait
lettres dont on attribuait l'invention à Épicharme et à Si alors l'influence d'Épicharme et de Simonide qui aurait
monide, il est évident, comme l'a vu Franz, qu'il s'agit ici fait adopter par les lettrés d'Athènes, d'abord le \f< et le
de l'un de ces cas où l'on a donné le nom d'inventeur à
puis l'y) et Ym. Épicharme, écrivant à Syracuse où l'on
celui qui a vulgarisé une chose antérieurement inventée.
Il est évident aussi que les récits qui parlent de ces deux se servait des lettres I et V, avait dû les employer dans
inventeurs se rapportent à la connaissance que l'on eut de ses ouvrages, et Simonide, Ionien, s'était certainement
certaines lettres dans la ville d'Athènes, qui, pour l'adop servi dans les siens, comme tous ses compatriotes, de H
tion de l'alphabet définitif, donna l'exemple à presque voyelle et de SI. Puis, ce qui n'avait été d'abord qu'une
toute la Grèce. Des passages des auteurs anciens relatifs habitude particulière de quelques personnes aurait été
à l'invention d'Épicharme et de Simonide on doit conclure, généralisé un peu plus tard dans l'enseignement des écoles
avec Franz, que l'opinion générale attribuait à Épicharme par le grammairien Callistrate, qui aurait été de cette ma
Eet S*, et à Simonide H voyelle et SI. Ce sont justement nière le préparateur de la révolution opérée sous l'archontat
les lettres que l'alphabet définitif contient de plus que d'Euclide.
l'ancien alphabet atlique. III. — Les alphabets de l'Asie Mineure. — Nous com
Or, bien avant que le décret rendu sous l'archontat prenons sous cette dénomination commune les deux
d'Euclide eût opéré une révolution complète dans la alphabets indigènes de la Phrygie et de la Lycie, qui tous
manière d'écrire les actes publics du peuple athénien, plu les deux sont empruntés à la source hellénique. Nous n'y
sieurs des écrivains les plus renommés d'Athènes em joignons pas l'alphabet carien, dont on possède quelques
ployaient déjà dans leurs œuvres ces quatre lettres. Euri rares monuments, car le déchiffrement de ces inscrip
pide, dans son Thésée, s'était servi de l'H comme voyelle es. tions n'a pas encore été tenté et si l'on voulait juger de

" Philostrat. Herolc. X, 3 ; Martial. Epigr. XIII, 75 ; Auson. Edyll. de litt.mon. ». von Attiku, p. 1", note 2 ; Journal des savants, 1851, p. 247. — 71 Rhangabé, Ant.
iî; Neroes. Fragm. de mtcup. 15 •» Euripid. Thes. fragm. 5, cd. Bckker.—69 Athen. hellén. n 2-19.— 73 Hharifçabé, Ant. helién. n. 37 ; Mémoires de l'Académie de Berlin,
X.p. 4M— Athen. VH,p.î7«; Cf. Clinton, Fasti liellenici ad ano. 432, col. 4; Krii- pour 1863, p. 185. - ''• Rhangabé, Ant. hellén. a. 43 ; Le Bas, Voyage, Inscriptions,
Ffr, Rheinisches A/useum,t.l,p&ri. I, p. 137etsuiv. — 71 Le Bas, Voyage, Explication pl. tiii, n. 4 ; Bcu.lt!, L'Acropole d'Athènes, 1. 1, p. 284. — 75 plutarch. l'ericl. 13 ;
•les inscriptions, \. I,p.4; Rom, Kunstblatt, 1830, n. 39, 40, 60; 1840, n. 18 et 37; Demen l'lin. X.VII, 17. — 7« Ad Iliad. H, •». 185. — 77 cf. I hot. et Suid. ». i). ~v { iv^%.
ALP - 208 — ALP
l'alphabet carien uniquement sur son apparence extérieure, plus belle conquête de son voyage était celle de l'obélisque
on serait assez embarrassé. Beaucoup de ses lettres sem de Xanlhus, portant sur ses quatre faces un long texte histo
blent tenir au grec et indiquer une étroite parente avec le rique dont 250 lignes subsistaient encore . Un moulage en
phrygien et le lycien, mais en môme temps d'autres pa plâtre de ce monument d'une incomparable importance se
raissent plutôt sortir directement du phénicien, et d'autres voit au Musée Britannique, et le fac-similé a été mis aux
enlin ont un aspect tout à fait sui generis. mains du public par M. Fellows, non-seulement dans une
Alphabet phrygien. — Les monuments jusqu'à présent planche de son ouvrage, mais encore dans une publication
connus de l'alphabet phry séparée86. Une fois en possession de ces monuments, on re
4.LPIIABET PHRYGIEN. gien sont en très-petit nom connut que le môme alphabet formait les légendes d'une
bre, mais tous de date fort nombreuse série de médailles demeurées jusqu'alors sans
a A A ancienne. Les principaux attribution et dont les échantillons se multipliaient dans
sont les inscriptions des sept une forte proportion par suite des découvertes des derniers
b B B tombes monumentales tail voyageurs en Lycie 87.
9 r lées dans les rochers de l'an Très-peu d'inscriptions lyciennes ontdes dates certaines.
tique Prymnessus™ et dont On ne peut guère citer en ce genre que le décret bilingue
d A A la plus importante enfermait de Pixodare, souverain de la Lycie comme de la Carie, et
e les restes d'un roi du nom l'obélisque de Xanthus, qui, nous l'apprenons par les
de Midas. Ces inscriptions quelques lignes de texte grec qu'il renferme, a été destiné
V P F ont été successivement étu à célébrer les victoires de Kaias, descendant d'IIarpagus et
diées par Friedrich Osann 79 maître du pays sous la suzeraineté d'Arlaxerxe Longue-
% et par M. Lassen s0, qui est Main, dont le nom se lit dans le texte lycien. Mais tout
i 1 parvenu à déterminer la fa semble indiquer que ces inscriptions ne sortent pas d'une
mille de langues à laquelle période qui va du vi° au iv° siècle avant l'ère chrétienne,
h î< K appartenait le phrygien, à de l'établissement de la dynastie d'Harpagus en Lycie à la
l A retrouver toutes les formes conquête d'Alexandre. Les médailles à légendes lyciennes
de la déclinaison de cette sont toutes aussi de la môme période. Ainsi s'explique le
m langue et à fixer d'une ma peu de différences paléographiques qu'offrent entre elles
n nière certaine la valeur des les inscriptions lyciennes et la régularité du tracé de leurs
lettres. lettres, qui sont à un état notablement moins ancien que
0 o 0 L'alphabet phrygien, d'a les lettres phrygiennes dans ce que nous en possédons de
près les travaux de M. Las monuments.
P r r sen , est tel que nous le Un assez grand nombre de travaux ont été déjà consacrés
r p p donnons dans la figure 233. à l'étude des inscriptions lyciennes, et il faut citer comme
Alphabet lycien. — Les particulièrement importantes les recherches de M. Sharpe,
s m premiers monuments qui de M. Lasser et de M. Schonborn. Mais la connaissance
t T T révélèrent à l'Europe sa de la langue de ces inscriptions est encore dans l'enfance.
vante l'existence de l'alpha On ne traduit guère, tant bien que mal, que les courtes
u Y bet particulier à la Lycie inscriptions funéraires dont les formules sont constam
ph furent deux inscriptions ment les mômes, les noms propres changeant seuls. On
copiées par les voyageurs ne parvient à analyser d'une manière régulière que les tex
Coekerell et Bcaufort *' . tes bilingues. L'idiome dont on obtient ainsi quelques
Fig. 233. Alphabet phrygien. Elles furent de la part de fragments est d'une nature très à part. 11 semble sans doute
l'orientaliste français Saint- appartenir à la famille aryenne, mais sa place dans l'en
Martin l'objet d'une étude 81 qui nécessairement, avec semble de cette famille et ses analogies les plus directes
aussi peu de moyens d'information, ne pouvait produire sont encore à trouver. En revanche, à part le système dé
aucun résultat sérieux. Quelque temps après, le colonel licat et compliqué des voyelles sur lequel il reste encore
Leake ayant rapporté les copies de quelques autres textes des incertitudes, la lecture matérielle de l'alphabet est ac
épigraphiques de la môme nature, Grotefend y consacra quise.
un mémoire 83 qui ne produisit guère plus de résultais Nous donnons dans la figure 23-i l'alphabet lycien, avec
que les recherches de Saint-Martin. Les richesses de ses valeurs telles qu'elles résultent des travaux de M. Las
l'épigraphie lycienne ne furent connues d'une manière sen, ceux qui jusqu'à présent ont été poussés le plus loin
complète qu'à la suite des deux voyages de M. Charles pour la détermination des sons exacts des lettres 88.
Fellows, dont le compte -rendu fut publié, pour le Origine des deux alphabets phrygien et lycien. — En exa
premier en 18^8 84 et pour le second en 1841 *8. Le pre minant la question de l'origine commune des deux alpha
mier volume du savant anglais contenait trois nouvelles bets phrygien et lycien, nous devons commencer par laisser
inscriptions indigènes de la Lycie, le second en ren entièrement de côté le système de vocalisation de cette
ferme vingt-trois, toutes assez courtes et de nature funé dernière écriture, trop délicat et trop compliqué pour pou
raire, dont trois bilingues, grecques et lycienues. Mais la voir remonter à une date ancienne et pour être considéré
"8 Leakr, Journal of a tour in Asia Minor, p. 21 ; Robert Stcwart, Description of — 8! Journal des savants, 1821, p. 325 et suit. — 83 Transact. of the roxj. Asiat.
aident monuments teilh inscriptions in Lydia and Phrygiti, n. 1-7 ; Texicr, Des Sac. t. 111, p. 117 et suiv. — 84 A journal written durtng an excursion in Asia
cription de l'Asie Mineure, l. 1, pl. lvi et lix, p. 156. — 7'.i Midas oder Erkltïrmttj.y- Minor, Londres, 1838.'— 8'j Ait accoittit of discoveries in Lycia, Londres, 1841.
versuch der erweislich atteste» griechischen Inschrift, 1830. — *> Ueber die 86 The inscribed monuments at Xanthus, Londres, 1842. — "7 Fellows, Coins of
Sprachen Klcinusiens, dans la Zeitschr. der Deutsch. morgenl. Gcsellsch. t. X, aneient Lyia before the reign of Alexander, Londres, IS5S.— 88 Ueber die LykiscUen
p. o71-376. — 81 Walpole, TravcU in various coutitries of the Easl, p. 425 et -435, Inschriflen, dans la Zeitschr. der Deutsch. moroenl. Gescllsch. t. X, p. 329-363.
ALP — 209 — ALP
autrement que comme une addition postérieure au fond deux alphabets de l'Asie Mineure, dans ce qu'ils ont de
premier de l'alphabet, addition qui révèle dans la manière commun, dérivent d'un alphabet grec où l'on employait F
dont elle est combinée un haut degré de culture gramma et 0; où pour le son x les deux figures ^ et X étaient
ticale, un raffinement remarquable dans l'étude du langage.
également en usage; où, par contre, les trois lettres V\ ? M
La plupart des signes des voyelles dans le lycien, étant d'une
sifflante ne servaient plus; où aucune distinction n'était en
nature toute particulière, ne sauraient se rattacher ni au
usage entre les deux sons o, long et bref; où enfin la figure
grec ni au phénicien et ne peuvent être que le résultat de
de I s'était substituée de très-bonne heure à ^ pour rendre
combinaisons purement
ALPI1AI1ET LYCIEN. le son i. Or, de tous les alphabets grecs d'époque secon
artificielles. Dans et
daire que nous avons étudiés un peu plus haut, un seul
a. A P W ou ^ on reconnaît offre la réunion complète de ces diverses conditions ; c'est
bien que l'élément gé le premier type de l'alphabet des îles. Ce type graphique,
âr X nérateur est Y ou Vi avons-nous dit, était en usage dans la Crète, à Naxos, et,
ë redoublé ou augmenté ce qui est plus important pour nous ici, à Rhodes, c'est-à-
de différents appen dire sur un point touchant exactement à l'Asie Mineure et,
ë E
dices. Mais X ï + )|( dans cette partie du monde antique, à l'une des contrées
ï 1 ne se rattachent à au où l'alphabet que nous en croyons dérivé se montre à nos
cune lettre du reste de regards.
ï ï IV. L'alphabet étrusque. — Dès le xvi* siècle la vue
l'alphabet, et les élé
V B b ments en sont purement des nombreux monuments étrusques déjà recueillis à Flo
de fantaisie. rence inspira aux érudits le désir de tenter la lecture
ô B B matérielle des inscriptions qui les. décoraient. Mais c'est
Ces signes des voyelles
+ une fois écartés comme seulement en 1732 que le premier alphabet étrusque vrai
d'invention postérieure, ment satisfaisant et obtenu par des procédés raisonnes
X X nous trouvons dans le d'une manière scientifique fut publié par un Français,
ô lycien un fond ancien nommé Bourguet, dans le tome 1" des Dissertations de l'A
X X
d'alphabet presque iden cadémie de Cortone. Gori en 1737 et Maffei en 1739 le com
u tiquement semblable au plétèrent et le corrigèrent sur plus d'un point. La déter
il phrygien et n'offrant mination des valeurs des lettres étrusques donna môme
avec lui d'autres diffé lieu entre ces deux illustres antiquaires à une polémique
0 o rences que celles pro dont le résultat fut de permettre à Gori de dresser en
duites par les trois siè 1742, dans sa Difesa delï alfabeto ctrusco, un alphabet très-
M/ supérieur à tous ceux que l'on avait donnés jusqu'alors.
cles environ qui sépa
c * < > rent la date des inscrip Ce fut celui qu'adopta l'abbé Amaduzzi dans sa remar
tions phrygiennes rele quable dissertation sur la langue étrusque, et qu'en 1789
d Lanzi, dans son Saggio di lingua etrusca, suivit aussi, en
vées sur les rochers de
a. I Prymnessus des plus an l'appuyant de nombreuses preuves, mais en même temps
ciennes inscriptions ly- en le corrigeant en quelques endroits, en établissant par
Tt K ciennes connues. Ainsi exemple la valeur de sifflante du signe M, considéré jus
l le tracé des lettres est qu'alors comme un m. Depuis Lanzi il n'y a plus été ap
A
plus régulier, leur as porté de modifications que par le mémoire où M. Lepsius
m m n siette plus conforme à a assigné définitivement la valeur de z à la lettre La
: ,
n la perpendiculaire, en lecture de tous les signes de l'écriture étrusque peut être
fin l'influence des mo regardée comme désormais certaine et ne devant plus
P p r r difications de l'alphabet varier.
r grec, si intimement ap Plusieurs monuments nous font connaître l'ordre dans
p lequel les Étrusques rangeaient les lettres de leur alphabet.
parenté avec l'alphabet
s t 6 S lycien et usité dans des Le plus important est celui qu'on appelle Yalphabet de Bo-
cités avec lesquelles les marzo, du nom de la localité où a été trouvé le vase de
t T 'terre cuite sur le pied duquel il est tracé ". Deux autres
indigènes de la Lycie
h F étaient en contact jour alphabets analogues, dont l'un paraît plus ancien que celui
nalier, produit les for de Bomarzo *° et l'autre environ contemporain *' se lisent
»
X dans le fond de deux patères découvertes à Nola. Nous
mes des lettres E F A
Vlg. 134. Alphabet lycien. |V] f\J trouvons ensuite un syllabaire étrusque presque complet,
en même temps que l'alphabet grec éolo-dorien dont nous
Le fond commun que nous constatons ainsi dans le phry avons déjà parlé, sur le fameux vase Galassi découvert à
gien et dans le lycien est évidemment d'origine grecque Creré 9! et un autre tracé sur les parois d'un tombeau de
et non directement phénicienne, car il possède des lettres Colle, auprès de Sienne M. Nous réunissons ces différents
ajoutées par les Grecs au premier ensemble de vingt-deux ca alphabets dans notre tableau (fig. 235) à ceux que l'on peut
ractères qu'ils avaient reçu des fils de Chanaan, FOX. Les extraire de la grande inscription de Pérouse, des légendes
* Sccehi, Bultel. de l'Inst. arch. 1846 , p. 7 ; Mommscn, Die unteritaliscken Dialek- eugubin. pl. ixti, n. 34 ; Mommscn, Unterital. Dialekt. pl. i, col. 15. — M Am. de
ten, pl. I, col. 1 3 ; Noël de* Vergers, L'Étrurie et les Étrusques, pl. il,col. I. — 90 l'Imt. arch. t. VIII,pl. B ; Franz, Elan, epigr. graec. p. 44 ; A:us. etnisc. Grcgoiian.
Upiius, De tabulis emjubinà, pl. un, n. 33 ; Mommscn, Die unteritaliscken Dia- t. II, pl. cm. — '3 Denipster, Etrur. régal, t. II, pl. xcn , Lauii Saggio di lingua
lekten, pl. , col. 1 1.— 91 Gerhard, Xeapuls antiUe Dildœcrke, pl. n jLcpsius, De tab. etrusca, t. II, p. 213, S" édit. ; DennU, Citics and cemeteiies of Etruna, t. II, p. 137;
I. 27
ALP — 210 — ALP
des belles peintures historiques découvertes par M. No6l l'écriture étrusque, comme le vase Galassi, établissent que
Des Vergers dans un hypogée de Vulci, datant du ivL> siècle la distinction entre CD et 8, et f, n'existait pas au début
av. J.-C. M, des miroirs étrusques publiés par M. Gerhard,
et que l'on se servait d'un seul caractère, ?, qui n'est autre
enfin de la magnifique collection des inscriptions du musée
qu'un f grec. Ce fut seulement plus tard, lorsque l'emploi
de Florence, éditée avec tant de fidélité archéologique par
des noms de dieux et de héros empruntés au grec se mul
M. le comte Conestabile. Le lecteur trouvera ainsi réunies
tiplia dans de très-fortes proportions, que l'on sentit le be
dans notre tableau, toutes les principales variantes pa- ' soin de distinguer la notation du p/i, fréquent dans ces
léographiques de l'écriture étrusque.
noms, de celle du f, propre aux mots de la langue natio
Deux opinions se sont partagé les érudits au sujet de
l'origine de l'écriture étrusque. Les uns supposent que les nale. On prit alors pour le premier rôle la figure de Q, con
habitants de PÉtrurie reçurent directement des Phéniciens servée sans modification telle qu'elle était venue de la
leur système graphique, les autres, comme Oltl'ried Miiller Grèce, et pour rendre l'articulation de f, on doubla la
et M. Mommsen, qu'ils le durent à l'intermédiaire de la figure au moyen d'un étranglement central qui lui donna
Grèce. l'aspect du 8 de nos chiffres, 8.
Otlfïied Miiller nous paraît avoir parfaitement exposé les Ce n'est pas tout. Comme l'a reconnu Ottfried Miiller,
raisons, à nos yeux décisives, qui militent en faveur de la les formes des lettres étrusques sont dans leur généralité
seconde opinion. « L'écriture étrusque, dit-il, ne contient plus voisines de celles des lettres grecques anciennes que
que fort peu de caractères qui ne se retrouvent pas égale des lettres phéniciennes. Toutes les fois qu'un signe de
ment dans les inscriptions de la Grèce, et, d'autre part, l'alphabet national de l'Étrurie est pareil au signe corres
plusieurs formes phéniciennes que les Grecs avaient con pondant de l'alphabet archaïque de la Phénicie, c'est que
servées pendant une certaine période ne se rencontrent pas les Hellènes ne lui ont pas fait subir de changements; mais
dans l'alphabet étrusque. Nous voyons de plus que des toutes les fois que le tracé d'une lettre phénicienne s'est
caractères essentiellement helléniques, et qui avaient été trouvé modifié en passant dans le grec, la modification se
ajoutés parles Grecs à l'alphabet de la Phénicie, ont été reproduit dans l'étrusque. Et ce qui achève la démonstra
usités chez les Toscans. Il me semble d'ailleurs que la tion, c'est que le type d'écriture grecque dont l'alphabet
comparaison des lettres phéniciennes avec les lettres de étrusque se rapproche le plus est l'éolo-dorien, tel que
l'alphabet archaïque, grec ou étrusque, suffit à elle seule nous l'offrent les inscriptions de tous les vases peints grecs
pour nous convaincre que la plus ancienne écriture de d'ancien style découverts en Étrurie, tel par conséquent
l'Étrurie a des rapports beaucoup plus frappants avec que les colonies grecques répandues au milieu des Étrus
l'écriture primitive usitée en Grèce qn'avec les anciens ques en faisaient usage.
vestiges de l'écriture orientale, et que, par conséquent, ' Reste cependant l'argument que les partisans de l'ori
les caractères n'ont pas pénétré directement d'Orient en gine directement phénicienne de l'alphabet étrusque pui
Italie 95. » sent dans la faculté de suppression des voyelles, dont il est
Si l'alphabet étrusque sortait directement du phénicien fait un très-fréquent usage dans cette dernière langue et
et non du grec, comment expliquerait-on la présence dans qui paraît étranger aux Grecs, tandis qu'on pourrait le
cet alphabet de lettres qui ne sont pas phéniciennes et que rapprocher des habitudes sémitiques. Il est très-spécieux,
les Grecs ont inventées pour ajouter aux vingt-deux signes mais malheureusement pour ceux qui s'en prévalent il est
de la communication primitive des fils de Chanaan, telles fort ébranlé par une ingénieuse observation de M. Steub 56
que (D et 4-? Les partisans de l'origine directement et de M. Mommsen Ces deux savants ont en effet établi
phénicienne sont obligés de supposer une influence grec que la suppression de certaines voyelles était un fait dont
que postérieure qui aurait produit l'addition de ces trois les plus anciennes inscriptions étrusques n'offraient aucune
signes à la série première de caractères apportée de l'Asie. trace; qu'au contraire elles montraient une richesse de vo
Mais on chercherait vainement une seule inscription étrus calisation qui contrastait avec la pauvreté des textes épi-
que, même parmi les plus anciennes, qui révèle l'existence graphiques postérieurs sous ce rapport. C'est justement le
d'un alphabet privé de (D ou 4», et c'est déjà un grand contraire qu'il aurait fallu constater pour que l'omission
ébranlement pour leur système. L'ordonnance de l'alpha de certaines voyelles dans l'orthographe des inscriptions
bet étrusque est calquée sur l'ordonnance de l'alphabet étrusques pût être considérée comme un dernier vestige
grec, non sur celle de l'alphabet phénicien. Les modifica des habitudes de l'écriture phénicienne. La suppression
tions fondamentales apportées par les Hellènes à celte de certaines voyelles dans l'étrusque n'a d'ailleurs en
dernière ordonnance, et qui leur sont exclusivement pro réalité rien de commun avec la non-expression des sons
pres, la substitution du dérivé secondaire du ) , le digamma, vocaux dans le phénicien et dans les différents systèmes
à la place de son premier et direct dérivé, le Y, qui est re graphiques du monde sémitique. M. Lepsius a formulé de
jeté après le T, le passage du S, dérivé de D, au rang que la manière la plus précise et la plus certaine les causes et
tient le e; en phénicien, se retrouvent dans l'alphabet la loi de ce fait La suppression, dans les textes épigra-
étrusque exactement reproduites, et marquent encore la phiques étrusques, ne porte que sur la voyelle brève e,
Grèce comme la source d'où a découlé le système graphi dans les cas où elle précède une des quatre consonnes li
que du grand peuple de l'Italie centrale. quides /, m, n, r. Sa suppression tient donc à ce qu'on
La seule lettre de l'étrusque qui ne se retrouve pas en la considérait comme inhérente à ces lettres.
grec et qui soit le produit d'une invention des habitants de ' Tacite 99 a donc eu raison d'affirmer que c'est des Grecs
l'Etrurie, le 8, n'a pas été tiré d'une lettre phénicienne, que les Étrusques reçurent l'usage de l'écriture ; car l'al
mais d une lettre grecque. Les plus anciens monuments de phabet étrusque n'est en réalité que l'alphabet grec éolo-
" Noël des Vergers, L'Élrwie cl les Étrusques, pl. Ill-m. - Die Btnuker, I. I, Diulektett, p. 18.— Palaroffraphie als Mittcl far die Sprachforschuny zuurechlsmn
(. n, 1 1 ; t. II, p. 200.— Die Urbeioohncr Ilaflient, p. I 2.— •? Die mteritaluche» Sa iscril naeligewiesen, p. 74 ; Ami. de Vlnst. nrch. t. VIII, p. 200.— * Annal. XI, 1 1.
ALP — 211 — ALP
dorien , appauvri par la suppression d'un grand nombre l'auteur des Annales s'est trompé lorsqu'il a nommé Dé-
de lettres qui représentaient des articulations manquant marate de Corinthe comme l'introducteur de l'alphabet
à l'organe étrusque et enrichi par la création d'un seul grec en Etrurie. Démarate et sa colonie apportèrent avec
signe nouveau, affecté à l'expression du son f. Seulement eux l'alphabet corinthien, dont les vases peints les plus

PATÈRE DE NOU VASE VASE PATÈRE DE NOLA VASE INSCRIPTION MIROIRS INSCRIPTIONS
N° 1. GALASSI. DE BOMARZO. 2. GALASSI. DE PÉROUSE. ÉTRUSQUES. DE FLORENCE.

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Fig. 23S. Alphabets étrusque».

anciens découverts dans les nécropoles deCœré et de Tar- dont le courant de dérivation nous conduira jusque chez
quinii offrent de si nombreux exemples, mais dont l'usage les Osques et les Samnites, et celui du Nord, qui nous
ne paraît pas être sorti de ces deux villes, et qui n'a rien fera remonter jusque dans les Alpes et dans la Rhélie.
de commun avec l'alphabet étrusque. Ce furent les autres Nous réunissons dans notre tableau (fig. 236) tous les al
colonies grecques de la contrée, et particulièrement les phabets italiotes du groupe méridional, en les plaçant en
colonies d'artistes répandues dans toutes les parties de l'E- regard de leur prototype originaire, l'étrusque, qui occupe
trurie, qui communiquèrent aux habitants l'alphabet d'o la première colonne du tableau.
rigine tarentine, et par conséquent plus originairement Alphabet ombrien. — Les monuments qui nous révèlent
encore lacédémonienne, d'où sortit bientôt l'alphabet l'alphabet national des habitants de l'Ombrie sont en très-
national. petit nombre, mais comprennent l'un des documents épi -
V. LES ALVIUBETS ITALIOTES dérivés de l'étrusque. — graphiques les plus importants que nous aient légués les
Dérivé de l'alphabet grec, l'alphabet étrusque devint à son anciens peuples italiotes. Ils se composent, en effet, de
tour la souche de nombreux dérivés. Ceux-ci se répar quelques as portant les noms des villes deTudor 100 et d'1-
tissent en deux groupes bien distincts, celui du Sud, guvium "", puis des fameuses Tables Eugubines, découver-
Jlarchi et Tejsieri, L'aes grave del miiseo Kircheriano, clause II, pl. i et n. — toi Ibid. classe II, pl. ni et nr.
ALP — 212 — ALP
ECLO-DORIEN. ÉTRUSQUE. OMBRIEN. SADELL1QUE. OSQUE. tes en 1444 auprès de Gubbio, publiées pour la première
fois par Dempster, et étudiées de nos jours, avec les mé
A thodes modernes de la philologie comparée, par MM. Lep-
f\ N
sius, Aufrecht et Kirchoff.
B a B S Une partie de ces tables a son texte tracé avec l'écri
ture nationale, et une aulre, bien que conçue en langue
c < > ombrienne, est écrite avec les lettres latines. Les mômes
* mots et les mêmes formules se répètent dans les deux
D R 1/1
parties, et la comparaison en a permis d'établir la cor
E 3 respondance de chacun des signes de l'alphabet ombrien
3
avec une lettre latine. Mais elle n'est quelquefois qu'un à-
rr 1 3 C 1 peu-près. Les tables en écriture latine ne donnent pas de
correspondant exact au signe * ; c'est seulement la compa
i î * t » I raison avec l'étrusque qui amène à y reconnaître un z. Les
B (S » B deux sifflantes M et z sont également transcrites par S,
B
cependant il est évident que la prononciation n'en était
© ® O 0 *
pas la môme. Mais l'articulation un peu chuintante que
' 1 1 représentait le M ne pouvait pas être rendue d'une manière
exacte et précise avec l'alphabet des Romains. Nous voyons
1 l I de même la lettre latine R transcrire deux signes ombriens
qui n'étaient certainement pas homophones, 0 et 9- Le
II- F
premier est le r, exactement figuré comme en étrus
K * X que ; quant au second, c'est à M. Lepsius 101 qu'appartient
l'honneur d'en avoir le premier discerné et établi sur les
1/ v/ >/ V preuves les plus convaincantes la valeur précise. Le savant
prussien a démontré, en effet, que cette lettre représentait
M une articulation particulière à l'ombrien, intermédiaire
'V entre >• et s et tenant à la fois des deux. Enfin il est assez
N
difficile de préciser la prononciation que les rédacteurs de
m * * * la partie des Tables Eugubines tracée en lettres latines ont
* * voulu rendre par S' en transcrivant le signe <J. M. Lepsius
o suppose que c'est celle du sck; MM. Aufrecht et Kirchoff
r r n celle du y,- M. Mommsen, ch. Ce qu'il y a de certain, c'est
* *<• *- que S' ou d s'échange quelquefois avec le /c.
*
Il suffit de voir la liste de l'alphabet ombrien, telle que
* * * nous la donnons dans la troisième colonne du tableau
? fig. 236, pour reconnaître qu'il sort de l'alphabet étrusque
</
et qu'il le reproduit exactement, sauf les modifications sui
vantes :
> t a 1° Deux lettres grecques laissées de côté par les Étrus
(c,.. '1 V ques ont été reprises par les Ombriens : la consonne douce
51 =b, et le >|, employé dans les Tables Eugubines toutes
» •1 'r les fois qu'en étrusque on aurait mis le O, dont ces tables
n'offrent aucun exemple. Mais le j| faisait probablement
? partie de la série des lettres adoptées à l'origine par les ha
- ( d> * '/ bitants de l'Étrurie, car il se retrouve dans plusieurs autres
alphabets dérivés de l'étrusque.
M '( 2° Les aspirées 0 ^, admises dans l'étrusque, n'ont
r r.t a T point passé en ombrien. Quant au ©, qui était aspiré en
étrusque comme en grec, nous ne le rencontrons que deux
v- ^
• fois dans les Tables Eugubines ; il est alors rendu en latin
v Y v Y v « par T, et les mots mômes où nous le voyons figurer se re
trouvent dans d'autres endroits de la partie ombrienne des
'/ 7 tables, écrits avec +. Il est donc évident que l'organe des
7 '/ Ombriens, comme celui des Latins à l'origine, n'admettait
CP ID 13 pas l'aspiration pour les articulations c, p et t.
V
3° Deux lettres nouvelles ont été inventées par les Om
briens pour rendre des articulations qui n'étaient pas
* 't •t
8 représentées dans l'étrusque. L'une, q, n'est que le r, Q,
Fig. 236. Alphabets de l'Italie méridionale.
loi De lab. eugvbin. p. 18 et 56.
ALP - 213 — ALP
légèrement modifié par le prolongement de sa haste en ont été publiées en fac-similé et interprétées parM. Momm-
bas; l'autre, d, semble le résultat d'une combinaison pu sen ,05. Il faut y joindre les monnaies qui ont fait le sujet
d'un ouvrage spécial de M. Friedlânder ,M. Nous don
rement artificielle.
L'alphabet ombrien a fidèlement gardé la direction de nons cet alphabet dans la cinquième colonne du tableau
droite à gauche de l'écriture étrusque. Quant à l'expression (fig. 236).
des voyelles, elle est plus riche que d'habitude sur les mo Il suffit de comparer cette liste de caractères avec celle
numents étrusques et se rapproche davantage de celle du de l'alphabet sabellique, tout incomplète que soit celle-ci,
latin. La vocalisation qu'elle représente, bien que ne com pour constater que l'alphabet osque dérive de l'alphabet sa
prenant que les mêmes sons que celle de l'étrusque, en bellique du Picenum et n'est en réalité que cet alphabet
est fort différente. régularisé dans le tracé de ses lettres et appauvri de quel
Alphabet sabelligue. — Cet alphabet, que nous ne con ques signes, <•> M P, th, s', rs. Ces trois signes représen
naissons qu'imparfaitement, est celui qui figure dans la taient des articulations que la langue du Picenum possédait
quatrième colonne du tableau. Deux seuls monuments en comme l'ombrien, mais qui faisaient complètement défaut
révèlent l'existence, l'inscription de Grecchio 10S et celle de dans la langue osque. Lorsque les Osques voulurent rendre
Cupra Maritima ***. l'articulation du S- dans un mot d'origine étrangère, le grec
Sauf trois lettres ajoutées pour rendre des articulations •S^iiaupà;, ils l'exprimèrent comme les Latins par le t suivi
et des sons vocaux que ne possédait pas l'ombrien, l'al d'un h, écrivant thesavrom, comme on le voit à la ligne 48
phabet sabellique n'est autre que l'alphabet de l'Ombrie, du traité entre Nola et Abella. C'était, du reste, l'habitude
dont les signes ont été retournés pour écrire de gauche à des Osques, pour l'expression du très-petit nombre d'arti
droite. Les deux voyelles nouvelles sont formées par l'ad culations aspirées qu'admettait leur langue, d'écrire la let
jonction d'un point diacritique aux lettres exprimant les tre dure suivie d'un h. Dans le signe affecté à l'expression
sons vocaux les plus voisins dans l'alphabet ombrien, em du son vocal que les grammairiens latins appellent ipinguius,
prunté par les habitants du Picenum, I et V. L'i marqué le point diacritique ajouté en sabellique au I se change
d'un point, I', représente ce que le grammairien latin Lu- dans l'osque en un petit trait horizontal qui rejoint la haste
cilius appelle i pinguius, c'est-à-dire un son long et en réa droite, h Les inscriptions de Crecchio et de Cupra Maritima
lité intermédiaire entre t ete. Quant au v pointé, ty, c'est ne fournissent pas l'occasion de savoir si la lettre > de l'é
un o. La consonne ajoutée dans le sabellique ne se dis trusque, disparue de l'usage en ombrien, avait été reprise
tingue pas par un point diacritique ajouté à une lettre dans le sabellique. Nous la retrouvons en osque. Seulement,
existant déjà; c'est une figure entièrement nouvelle, P. au lieu d'y avoir la valeur de c comme en étrusque, elle y a
L'articulation du d n'existait dans l'organe ni des Étrus pris celle de g, que des exemples décisifs ne permettent pas
ques ni des Ombriens ; ces deux peuples, en recevant l'al de contester.
phabet des Grecs, n'avaient donc pas emprunté le signe qui Alphabet euganéen. — Un certain nombre de monuments,
servait à la peindre. Chez les populations sabelliques du des contrées de l'Italie situées sur les bords du Pô révèlent
Picenum, comme aussi chez celles qui se servaient de la l'existence d'un alphabet particulier, étroitement appa
langue osque, le d était une des articulations habituelles de renté à l'étrusque, qui était en usage dans ces contrées aux
l'organe ; il avait donc fallu y trouver un signe. La tendance temps antiques. Lanzi 107 constata le premier l'existence
naturelle avait dû porter à l'emprunter aux colonies grec et l'individualité de cet alphabet, et l'appela euganéen,
ques du voisinage, puisque celles-ci possédaient cette lettre du nom du principal peuple qui habitait ses domaines.
dans leur alphabet. Mais chez les colonies grecques avec Depuis, M. Mommsen y a consacré une dissertation spé
lesquelles les habitants du Picenum et des pays osques ciale, dans laquelle il en a rassemblé tous les monuments
avaient les rapports les plus habituels, le type usité pour le et a fixé d'une manière définitive les valeurs des signes avec
S était D. Or, cette figure était celle à laquelle, depuis la la supériorité critique marquée d'ordinaire dans tous ses
première communication de l'écriture alphabétique des travaux 108. Le savant prussien le désigne sous le nom d'al
Hellènes aux Étrusques, on avait pris l'habitude d'assigner phabet nord-étrusque; mais nous préférons conserver l'ap
la valeur de r, qui avait passé comme telle chez les Om pellation adoptée par Lanzi, d'abord parce qu'elle a en sa
briens d'abord, puis chez les populations sabelliques. Afin faveur la priorité, puis parce que celle que M. Mommsen
d'éviter une confusion, les gens du Picenum cherchèrent propose nous paraît de nature à pouvoir impliquer pour
à différencier de leur r le d tout semblable qu'ils puisaient quelques esprits une notion inexacte, l'idiome que cet al
chez les Grecs leurs voisins. Ils ajoutèrent à leur nouvelle phabet écrit était tout à fait différent de l'étrusque.
acquisition deux traits supplémentaires par en bas, qui en L'alphabet euganéen, mis en regard avec l'étrusque,
firent R. occupe la deuxième colonne de notre tableau (fig. 237).
Alphabet osque. — L'alphabet osque et l'idiome qu'il Entre cet alphabet et l'étrusque il y a parenté étroite, et
servait à écrire étaient en usage dans presque tout le Midi l'on pourrait même dire identité absolue sans l'absence
de l'Italie, sur une très-vaste étendue de territoire com des signes D (D 8, que possède l'étrusque tandis qu'ils
prenant les pays des Samnites, des Hirpins, des Apuliens, font défaut dans l'euganéen, et sans la présence de deux
des Frentani, la Campanie, la Lucanie et le Brutium. Les lettres absentes des inscriptions de l'Étrurie, >| et 0> cette
monuments en sont nombreux et embrassent une période dernière figure représentant un th en étrusque, tandis
comprise entre le iv" siècle avant notre ère et la fin du qu'elle est un o en euganéen comme en grec.
i" siècle ap. J.-C. Toutes les inscriptions osques connues Les monuments de l'alphabet euganéen montrent la
">'.)/on. inéd. de l'/nst. arch. t. IV, pl. lx, n.2; Mommsen, Unteiïtal. Dialekt. etrusca, t. III, p. 506-568. — 108 Die nordetruskischen Alphabrte auf Inschriften
pl. n. — 1W Mummscn, Untcrital. Dialekt. pl. mi. — Ho Unlerital. Dialekt. und Mûnzen, dans les Mitthrilungen àtrr Anliguarischen Oesellschaft in Zurich,
1. ti-ini. — 10" Die otkisehen Mùnien. Leipzig, 1850. — Saggio di tingua t. VII, p. 1 99-259.
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direction de cette écriture comme variable ; ils sont écrits tion th à une altération qui le rend exactement semblable
indifféremment de droite à gauche, en boustrophède, et de à un <p grec, ^ et Pour les lettres dont on cons
gauche à droite. tate dans l'euganéen deux formes, l'une presque sembla
V. Alphabets rhêtien et salasse. — Nous donnons ces ble au prototype étrusque, l'autre s'en éloignant par un
noms à deux alphabets très-voisins de l'euganéen et qui effet du temps, c'est toujours la seconde qui prédomine
n'en sont guère que des variétés. Ils occupent la troisième dans les monuments rhétiens; ainsi le s' y est beaucoup
et la quatrième colonne de notre tableau (flg. 237). plus fréquemment X que M, et le / beaucoup plus habi
Les monuments de l'alphabet rhétien, trouvés dans le tuellement X que +.
ÉTRUSQUE. EIGANÉEN. RHtTIEN. SALASSE. L'alphabet salasse est fourni par une précieuse inscrip
tion en langue celtique découverte dans le Novarais 109 et
'X A par les légendes des médailles que M. de Longpérier a res
A
tituées au peuple des Salasses, habitants de la chaîne des
0 * • Alpes ,l0. Cet alphabet est le môme que l'euganéen et le
rhétien, mais appauvri par la suppression des aspirées //,
a 1 3 $ i th et c/i, ainsi que du v. Pour s' et t les formes secondaires
* et altérées >4 et X y sont seules en usage. Enfin l'a, deve
nant £, s'éloigne de sa figure primitive dans le salasse plus
* * * que dans les deux autres alphabets du môme groupe.
t t
VI. L'alphabet latin. Antiquité de l'écriture à Rome. —
B Ottfried Mùller 111 et après lui M. Lepsius 111 ont essayé
©<•>? d'établir que c'était seulement 300 ans après la fondation
® o O <J> de Home, et lors de la rédaction de la loi des Douze Tables
que le latin avait commencé à ôtre une langue écrite et à
1 1 1 i posséder un alphabet propre. Mais celte manière de voir a
* été pleinement réfutée par M. Mommsen "*, qui a soutenu
>l K
la haute antiquité de l'art d'écrire dans la cité de Romulus.
si Des monuments écrits appartenant à l'ère des rois subsis
U *
taient encore au temps des auteurs classiques. Tel était le
v*\ va /VA
traité entre Gabies et Rome, conclu par l'un des Tarquins,
et non pas, à ce qu'il semble, par le dernier d'entre eux m.
M Denys d'Halicarnasse raconte avoir vu dans le temple de
* « * Diane Aventine, centre religieux de la confédération des
*
Latins, la table de bronze sur laquelle était gravé l'acte
* d'alliance avec les villes du Latium, dressé sous Servius
OO 0 O O O
Tullius "5. Ce n'était, sans doute, qu'une copie transcrite
"\ 1 au lendemain de l'incendie des Gaulois et d'après un exem
plaire appartenant aux Latins, car, suivant la judicieuse
AA M Kl m M M M remarque de M. Mommsen, « il paraît difficile d'admettre
qu'au temps des rois on sût déjà graver de longues ins
Q 4 a 4 a D criptions sur le métal. » Mais le fait seul qu'elle était la
reproduction d'un document écrit sous Servius Tullius
i l ; z suffit pour justifier la thèse que nous soutenons avec le sa
vant historien de Rome.
f x <r x X
Les mots de la langue latine qui servent à exprimer les
V V V V idéesde l'écriture et de son matériel, révèlent, comme l'a re
connu M. Mommsen, quels furent les premiers procédés
(0 * » s graphiques des Romains. On traçait les caractères à la
pointe (exarare, scribere, mot dérivé de la môme racine que
, 18 scrobes), ou bien on les peignait {linere, d'où littera) sur des
feuilles (folium), sur des morceaux d'écorce (liber), sur des
>l* Y * Y Y * tablettes de bois (tabula). Plus tard le cuir et la toile reçu
Fig. Î37. Alphabets de l'Italie septentrionale. rent les caractères tracés à l'encre (atramentum), car il
semble que le papyrus ne pénétrait guère en Italie aux
canton du Tessin, dans le Tyrol et dans la Styrie, ont été époques anciennes. Les titres sacrés des Samnites, ceux
rassemblés dans la planche I du mémoire de M. Mommsen des prêtres d'Anagnia, étaient écrits sur des rouleaux de
Sur les alphabets nord-étrusques. Le signe de la voyelle a, de
toile. Il en était de même des listes des plus anciens magis
A devient /}\ ou /(\ en passant dans le rhétien. La perte de trats de Rome, déposées dans le temple de Junon Moneta
la tradition du «p grec, que maintenaient encore chez les sur ki Capitole.
Euganéens le voisinage et les rapports journaliers avec les Veut-on d'autres preuves de l'ancienneté de l'écriture
Étrusques proprement dits, conduit le signe de l'articula chez les Romains ? Nous rappellerons l'antique circonscrip-
nt I\rv. arthtol. nou». sér. t. T, p. 453. — t'» /?<•». numism. 1861, p. 333-347, tental. Dialekt. p. 27 ; TîflmucAe Geschichte, 1. I, chap. nv. — 11* Dionvs. Halicnrn.
pl. IV. _ in Die ICtruxkrr, t. II, p. 312. — De lab. eugubin. p. 23 113 Un- IV 58. — "» Ibid. IV, 20.
ALP — i — ALP
lion allotie au bétail envoyé dans les pâtures [scriitura "'] définitivement, précédant la fixation de l'orthographe, qui
les mots d'invocation par lesquels commence tout discours ne fut complète que vers le temps d'Auguste ; la troisième
au Sénat, Patres conscripti, les vieux livres des oracles, colonne contient ces types définitifs.
les registres généalogiques, enfin les anciens calendriers Une tendance tout à fait propre au latin archaïque
de Rome et d'Albe. La tradition, dès le temps de l'expul est celle qui consiste à détacher les uns des autres les dif
sion des rois, parle des loges du forum, où les fds et les férents traits d'une lettre et à leur donner en même temps
lilles des patriciens allaient apprendre à lire et à écrire. autant que possible une direction de bas en haut. C'est
C'est là une fable peut-être, mais ce n'en est point une cette tendance qui amène les changements de A en A, de
nécessairement. Comme l'a dit M. Mommsen, « si les an E en II, de F en I'. C'est elle qui, se prononçant encore
tiquités de l'histoire romaine nous échappent, ce n'est ni
à l'absence de l'écriture, ni à celle des monuments qu'il plus dans le latin cursif des graffiti de Pompéi, y con
convient peut-être de s'en prendre. Il faut en accuser les duit le M et le N à être tracés, l'un par quatre, l'autre par
historiens qui, lorsqu'ils reçurent mission de fouiller les trois traits verticaux, Mil et III. C'est également cette ten-
annales de Rome, se montrèrent absolument incapables
d'en débrouiller les archives et qui prirent la tradition à 1—-
rebours, y allant chercher des récits de batailles et de ré A /K A
volutions; qui, fermant les yeux à la lumière, ne virent pas B B B B
ou ne voulurent pas voir ce que les monuments ne man
quent jamais de révéler à tout investigateur impartial et < C C C
sérieux. » D D D
Entre l'âge des rois et celui de la loi des Douze Tables
on nous signale encore quelques monuments écrits qui SEII E II E
avaient été préservés jusqu'aux siècles classiques. Tel était FF11 F I' F
le traité d'alliance offensive et défensive contre les Èques
et les Volsques, conclu avec les villes latines par les soins G G
de Spurius Cassius. On l'avait considéré comme si impor
H H H
tant que la table de bronze sur laquelle il était gravé avait
été placée derrière la tribune aux harangues. Gicéron 1,7 1 1 I
dit se souvenir de l'avoir vue; elle avait donc subsisté jus
qu'à son époque, où une circonstance que l'on ignore l'a K 1= K K
vait fait disparaître. Une autre table de bronze, conservée V V L L
celle-là dans le temple de Jupiter Capitolin, portait le texte
du premier traité de commerce entre Rome et Carthage, /A AA/ M/MM M
gravé en l'an 245 de la fondation de Rome (510 av. J.-C). N N N N N
Polybe 1 3 dit l'avoir vu lui-môme et raconte que la langue
en était si différente de celle de son époque que les archéo OOO 0 O
logues romains dès lors parvenaient à peine à entendre ce
r P P P P
texte.
Monuments anciens de l'alphabet latin parvenus jusqu'à 7 a a ex
nous. — Malheureusement aucun monument écrit d'ori
gine romaine remontant jusqu'à une aussi haute antiquité p p R R
n'est parvenu jusqu'à nous. Les monuments mêmes ac < s S S
tuellement conservés ne nous reportent pas, tant s'en faut,
,au temps de la loi des Douze Tables; aucun ne date T T T
d'avant la seconde moitié du iv" siècle de Rome. V V V
La série complète des inscriptions latines archaïques sub
sistantes, jadis dispersées dans un grand nombre de recueils X X X
et d'ouvrages où il était assez difficile d'aller les chercher, Fig. 238 . Anciens alphabet i latins.
a été rassemblée, avec un soin qu'égalent seulement le luxe
des reproductions et la solidité des commentaires, par les dance qui porte à ouvrir le 0 par en bas, O, d'une ma
soins de l'Académie de Berlin. Cette collection remplit le nière assez analogue à celle qui a produit le £2 chez les
premier volume du Corpus inscriptionum latinarum, œuvre Ioniens, sur quelques monuments de date fort ancienne,
magistrale de M. Mommsen, et le magnifique atlas defac si- comme la ciste de Ficoroni, les dédicaces du tribun mili
mile exécuté sous la direction de M. Ritschl, qui y a été joint taire M. Furius à Tivoli, et quelques-unes des inscriptions
sous le titre de Priscae latinitatjs manumenta epigraphica . de Pesaro.
Les'monuments contenus dans ce recueil nous ont fourni Origine de l'alphabet latin. — L'alphabet latin à ses
les éléments de notre tableau (fig. 238), dont la première débuts se composait de vingt et une lettres et s'arrêtait à
colonne contient les signes empruntés aux inscriptions an X "', que Quinlilien appelle ullima nostrarum. Pour re
térieures au dernier quart du v° siècle de Rome, la seconde trouver ce nombre de vingt et une lettres il est nécessaire
ceux que fournissent les textes gravés entre cette époque et d'ajouter un signe à ceux de la première colonne de notre
la tin du vr» siècle, époque où la forme des caractères se fixa tableau (fig. 238). Nous n'hésitons pas à penser, d'accord avec

«•Cic. //, Deleg. agrar. M ; Pro Maml. 6 j Plaut. Truc. I,»C. 2, v. 41. — WPro fiaW.23.— H8 m, 22, 2:. — Cic. De nai. dcoi: 11, 3" ; Quintil. Initit. orat.ï, 4, »,
ALP — 216 — ALP
M. Mommsen, que c'était celui duz. Lez avait en effet cer période des rois, elles répondent : Ce dut être de Cumes
tainement fait partie de la première ordonnance de l'al ou des villes do la Sicile. L'action de l'influence grec
phabet latin, calquée sur celle du grec, puisqu'ensuite sa que, venue de ces deux sources à Rome dès le temps
disparition y avait produit entre F et H une lacune où l'on des rois, se manifeste par beaucoup de preuves. La ré
introduisit, pour la combler, le G, lorsqu'il eut été posté forme de la constitution de la cité, que la tradition at
rieurement inventé. L'articulation que cette lettre repré tribue à Servius Tullius, est une imitation des républiques
sente disparut de bonne heure dans la prononciation latine grecques. Le système des poids et mesures tel qu'il se pré
et n'y revint qu'avec les mots empruntés du grec sans mo sente à nous dès les temps
GUEC CHALCIDIt.N. LATIN.
dificalion, mots dans lesquels son emploi fut exclusivement les plus anciens, système que
restreint aux âges classiques. Mais cette articulation exis l'on comprend également A A A fK
tait dans la prononciation des plus anciennes époques de dans les institutions mises
la langue. Nous lisons dans le grammairien Velius Longus1!0: sous le nom de Servius Tul B B B B
Nec aliéna latino sermoni fuisse z littera videlur, guum inve- lius, est en grande partie < C < C
niatur in carminé Saliari. Et en effet on trouve le : dans d'origine grecque, et dans
le premier mot d'un des deux seuls fragments du chant des ce qui y subsiste de vestiges t> D D
Salions qui nous ont été conservés par Varron Nous d'un système indigène an
térieur, il a été modifié de <T £ E
voyons figurer un z, tracé -af-, à la seconde ligne de l'ins
cription marse de Milionia**, dans le mot vezune; or l'al manière à s'accorder exac F F F
phabet des inscriptions marses est purement latin. En y tement avec les poids et me
sures des Hellènes; la plu X
rencontrant le z nous acquérons une preuve décisive de la
présence de cette lettre dans l'alphabet latin primitif, et en part des mots qui s'y rap H H
même temps nous y apprenons, à peu de chose près, portent sont grecs. II en est
de même du système mo ®
quelle était sa forme à Home.
L'alphabet primitif latin de vingt et une lettres, que nous nétaire dès que Rome com 1 1
parvenons ainsi à compléter, ne dérivait pas de l'étrusque mence à avoir une monnaie
comme les alphabets de l'Ombrie, du Picenum et des pays [as, denarius, litra]. Enfin K K
osques. Sa seule inspection montre qu'il sortait directe la langue latine renferme
V V
ment du grec, ainsi que l'ont reconnu Otlfried Miiller in et un grand nombre de termes
M. Mommsen m. Ce ne sont pas encore tant la direction empruntés au grec dès ses AV /A fW tA
différente de l'écriture, la présence des lettres douces b et époques les plus anciennes.
Modifications de l'alphabet N N
(I, ainsi que du q, manquant à l'étrusque, l'usage de la
latin jusqu'à sa fixation défi 0 o 0 O
seule sifflante S et l'absence du s', M, qui sont les indica
nitive. — Le plus ancien et
tions les plus décisives sous ce rapport ; c'est surtout ce r r p
l'un des plus notables parmi
fait que pour exprimer l'articulation f, exclusivement pro
ces changements fut celui
pre aux langues de l'Italie, les Romains n'ont jamais em 9 a
qui réduisit les deux sif
ployé la lettre nouvelle 8. inventée par les Étrusques et
flantes à une seule, S, et les P K p p
conservée par les Ombriens, les habitants du Picenum et
les Osques, mais ont affecté à cet usage le digamma grec, gutturales C et K à une h s 9 S
F, qui en étrusque avait pris la valeur de v. On peut, du seule également, C. Nous T T
reste, maintenant, grâce aux travaux de M. Kirchoff, pré avons montré tout à l'heure
ciser bien plus que n'avaient pu le faire ni Ottfried Miiller qu'à son origine l'écriture V V
ni M. Mommsen l'origine de l'alphabet latin. En recon latine possédait deux sif
naissant le premier la variété particulière du grec éolo- X X
flantes * et z, répondant à
dorien usitée dans les colonies chalcidiennes du Midi de deux articulations différen 0
l'Italie et de la Sicile, Cumes, Naples, Hhegium, Naxos, tes de la prononciation pri ■ \1/
Messine, Himera, le savant épigraphiste berlinois a com mitive. Mais la distinction
pris parfaitement l'importance de sa découverte et a signalé entre ces deux articulations Fig. 239. Alphabets grec chalciditn
dans l'alphabet qu'il rendait à la lumière la source précise n'était probablement pas et latin.
d'où l'alphabet latin est directement sorti On peut en bien marquée, ou la prononciation latine subit en ce
effet voir, dans notre tableau (fig. 2'id), que l'alphabet latin qui est des sifflantes un endurcissement notable. Le z
à son origine n'a été autre que cette variété de l'alphabet cessa de très-bonne heure d'être en usage à Rome et dis
hellénique, adoptée sans aucune modification, sauf toute parut même de la série théorique de l'alphabet, où sa
fois la suppression des signes des trois articulations aspirées suppression laissa une lacune que remplit plus lard le g.
th,phei ch, lesquelles étaient étrangères à l'organe romain; Dès le temps de la loi des^Douze Tables il était complète
et lorsque plus tard elles entrèrent avec quelques mots ment abandonné ; car si le z avait été employé dans ce
tirés du grec dans la langue des Latins elles y furent expri texte, les grammairiens latins auraient eu grand soin de
mées par la consonne dure correspondante suivie d'un h. l'y signaler. Toutes les inscriptions archaïques latines que
Au reste, si l'on consulte les vraisemblances historiques l'on possède révèlent un alphabet où le z fait défaut, et ces
pour savoir de quelles localités précises l'alphabet grec inscriptions, nous l'avons dit, sont des iv% v" et vie siècles
a pu être transmis aux Latins des âges primitifs, de la de Rome. Bien plus, dans les Tables Eugubines, dont la
1K> De orthogr. p. 2217, ed. Putsch. — m De ling. lut. VII, 20. — '« Muramsen, Dialekt. p. 26 et suit. ; Jlômische Geschichte, 1. 1, chap. ut. — 115 Mémoires de
UnleritaU Diahkt. pl. x\. — 1 3 Die Etrutkei; t. II, p. 312. — M* Vnterital. ïAcadémie de Berlin pour 1863, p. 22à.
ALP — 217 — ALP
date doit être placée au vi° siècle, le } ombrien, qui est qui avait amené le changement de valeur du C, pût se
bien positivement un z, est transcrit en latin par S. Le maintenir. Le besoin se fit de nouveau sentir de distinguer
grammairien Marius Victorinus 1M nous apprend que le la notation de g et de k; mais l'habitude de donner au C
poëte tragique Accius n'avait pas encore admis l'emploi une prononciation dure était trop bien prise pour que l'on
du z. Cependant de son temps cette lettre, sous la forme pensât à revenir à l'ancienne méthode. Il resta donc affecté
Z empruntée à l'alphabet grec définitif, avait commencé à l'expression de la gutturale dure, et une légère modifica
à reparaître à Rome dans des mots tirés de la langue hellé tion dans sa forme créa une nouvelle lettre, G, qui devint
nique. Une fois réintroduite, on s'était misa l'employer le signe de l'articulation douce g. On attribue l'invention du
quand on voulait transcrire les caractères affectés à l'ex G au grammairien Spurius Carvilius affranchi de ce
pression du z dans les autres idiomes de l'Italie. Ainsi dans Sp. Carvilius Ruga qui, dans l'année 523 de Rome, donna
la partie osque en lettres latines des tables de Bantia m,
l'exemple de la première répudiation qu'eût encore vue la
qui sont du temps des Gracques, le $ de l'alphabet indi cité desQuirites. Les monuments prouvent cependant que
gène est constamment rendu par Z. Ce ne fut, du reste, cette lettre avait commencé à paraître un peu plus tût.
que vers le temps de Cicéron que l'adoption du s devint Elle est déjà employée dans l'épitaphe de Scipion Barba-
générale m et que cette lettre fut définitivement réadmise
tus, consul en 436, et sur l'as libral de Luceria, antérieur
dans l'alphabet, où elle prit la dernière place. à la réforme de 485. Mais en même temps l'inscription de
La série alphabétique des Latins a constamment ren la colonne rostrale de Duillius, dont l'original avait été
fermé les deux gutturales C et K. Mais il est évident qu'à dressé en 494 et dont la copie parvenue jusqu'à nous sem
l'origine ces deux signes ne représentaient pas, comme ble très-fidèle en ce qui est de l'orthographe, ne connaît
plus tard, la même articulation. Ainsi que dans le grec, C que le C. Il faut en conclure avec M. Mommsen "*, que
était un g et K un k. Nous en avons la preuve par les abré c'est dans le cours de la seconde moitié du v° siècle de
viations des plus anciens noms, conservées traditionnelle Rome que le G fut inventé et fit son apparition, sans être
ment, où Cet C N ont, tant que le monde latin est de encore adopté d'une manière générale. Quant à la part de
meuré debout, continué à indiquer ceux qui se pronon Spurius Carvilius dans l'introduction de cette lettre, s'il
çaient en réalité comme Gaius et Gnaeus m, tandis que Caeso faut cesser d'en voir en lui l'inventeur, on peut supposer
se rendait par K. A cet état des choses se rattache aussi avec une grande vraisemblance que, comme il fut le pre
mier qui ouvrit à Rome une école de grammaire régulière
l'habitude si longtemps gardée d'employer le K pour ex et publique 1S!, ce fut lui qui par son enseignement géné
primer la gutturale devant l'a, tandis que la même articu
ralisa l'emploi du G et fit entrer ce caractère dans la série
lation était rendue par C devant toutes les autres voyelles,
des vingt et une lettres de l'alphabet, où il trouva une
écrivant par exemple JCarlltago, kalumnia, kaput, karmen-
place toute naturelle dans la lacune qu'avait laissée entre
lalia, merkatus, les mots qui dans l'orthographe définitive
sont Carthago, calumnia, caput, cannentalia, mercatus. Le F et H la suppression du z.
seul mot kalendae a constamment gardé son k, même après La série définitive de l'alphabet latin, telle que nous
le temps où, vers le vu' siècle de Rome, cette lettre fut l'employons, ajoute aux vingt et une lettres primitives deux
devenue complètement tupervaeua, comme l'appelle Ma caractères, Y Z, rangés après X . Ce sont deux lettres tirées
rius Victorinus 1M, et ne fut plus demeurée dans la série de du grec pour exprimer dans les mots et les noms propres
l'alphabet qu'en pure théorie. Cette disparition du k dans empruntés à l'idiome hellénique des articulations qui n'a
l'usage ordinaire fut le produit d'un changement dans la vaient pas d'expression précise dans l'alphabet latin de
prononciation latine, où pendant un certain temps, par vingt et une lettres ; elles sont venues se placer dans la
suite d'une influence évidente de l'étrusque, comme l'a série à leur rang d'adoption. Nous avons parlé tout à
prouvé Ottfried Millier IM, toutes les gutturales devinrent l'heure des vicissitudes du z, possédé d'abord, abandonné,
dures. Par suite de ce changement de la prononciation, le puis repris. Le Y, dont l'origine demeure constamment
C cessa de représenter la gutturale douce g et devint abso rappelée par son nom de y graecum, fut introduit à Rome
lument homophone du K ; dès lors, comme en étrusque, vers la môme époque où reparut le z, et, de môme, ne
où il avait également la valeur de k, il supplanta rapide devint pas d'abord d'un usage général. Ce fut seulement
ment cette dernière lettre et s'employa dans tous les cas vers le temps de Cicéron que l'une et l'autre de ces deux
où l'on, avait une gutturale autre que q. La révolution était lettres, Y Z, furent définitivement reçues et prirent place
déjà accomplie au temps de la révision des Leges regiae et dans la série de l'alphabet, où elles sont demeurées de
lors de la rédaction de la loi des Douze Tables, comme on puis lors "8.
en a la preuve par la phrase de cette dernière loi : ni cum VII. — L'alphabet falïsque. — Pour terminer cet
co pacil, que nous a conservée Festus au mot Talionis "*. article, déjà trop long, et achever de passer en revue les
Dans les plus vieilles inscriptions latines préservées jusqu'à différents alphabets de l'Italie antique, il nous reste à dire
nous, dans toutes celles qui sont antérieures à la seconde quelques mots d'un dernier, qui mérite de former une
moitié du V siècle de Rome, nous voyons le C employé section à part, à cause de son caractère mixte, tenant à
dans les cas où l'orthographe définitive met un g aussi la fois de l'étrusque et du latin. C'est l'alphabet parti
bien que dans ceux où elle met un c. culier au petit peuple des Falisques, que Strabon 157 si
Cependant l'articulation du g était trop naturelle à l'or gnale comme se servant d'une langue à lui propre. Il a
gane latin pour que la prononciation durcie des gutturales, été révélé dans les dernières années par des monu-
IK De arte grammat. p. 5456 , ed. Putsch. — <*" Mommsen, Untmtal. Dialekt. p. 311. — P. 363, ed. Millier. — "» Schneider, Latin. Grimmat. t. I,
p. 145. — "8 Schneider, Lot. grammat. t. I, part. I, p. 3T5. — "» Mar. Victoria, part, i, p. Î70. — 1" Untcrittil. Dialekt. p. 3*. — 13» Plutarch. Qnaest. rom. 50.
fi» art. grammat. p. 1489, cd. PuUch. — IM Ibid. — 131 Dit Etrusker, t. II, . . «8 Schneider, Lat. Grammat. t. 1. part, i, p. 373. — 13' V, p. ïM.
28
ALP — 218 — ALU
mcnts épigrapbiques découverts à Civita Castellana, l'an- assez grossièrement tracées d'un vase peint celle der
lique Falerii 138. nière lettre revêt accidentellement la figure de -f.. Mais la
Cet alphabet s'écrit de droite à gauche et est ainsi présence des formes ^ et t au lieu de ^ sur quelques-uns
conçu comme on le verra dans le tableau (fig. 240). des monuments falisques, prouve que c'est dans que
L'élément étrusque est doit être cherchée l'origine de ce signe. Nous nous trou
prépondérant; c'est de lui vons dès lors en face d'un emprunt de plus fait à l'alphabet
a que vient la direction de latin ; carc'est seulement en latin quele dérivé du digamma
l'écriture ; c'est lui qui a
c D C grec a la valeur de f, tandis qu'en étrusque il a la valeur
fourni les types des lettres
de v, un signe différent, 8, étant affecté à l'expression de f.
a, c, z, th, l, t. Mais en re
d Û L'origine mixte, participant à la fois de l'étrusque et du
vanche on ne saurait mé
connaître l'origine latine de latin, qu'il faut reconnaître ainsi à l'alphabet des Falisques,
e 3311 s'accorde parfaitement avec ce que l'on sait de l'histoire
d, o, r. D'autres signes de
l'alphabet, comme «, s, u, de ce peuple. Les Falisques se trouvaient entre les
f m Étrusques et les Romains, et leur pays formait le point de
peuvent venir également de
■* l'une et de l'autre source. jonction de l'influence des deux peuples et des deux civi
Enfin il est certaines lettres, lisations. Leur histoire se compose tout entière de rapports
h comme c, h p, pour les de paix, de guerre et de sujétion, tantôt avec l'un, tantôt
H H
quelles les inscriptions falis- avec l'autre. El comme un commentaire matériel de cette
th 0 ques nous offrent alterna histoire, ainsi que de la présence de lcltres venant de l'É-
tivement des formes qui se trurie et de Rome dans l'alphabet national, les fouilles de
i 1 rattachent à l'étrusque et Civita Castellana ont fait découvrir, mêlées aux inscriptions
proprement falisques, des inscriptions purement étrusques
des formes qui se ratta
l Al -H et des inscriptions purement latines archaïques.
chent au latin. En môme
temps l'alphabet des habi F. Lenormant.
m \M ALTARE [ara].
tants de Falerii n'est pas
un pur et simple mélange ALTERCATIO. — A Rome, dans les procès criminels
n v\ H portés soit devant les comices, soit devant une commis
de lettres latines et de let
tres étrusques empruntées sion (quaestio), les plaidoiries des défenseurs (actio, oratio
0 o continua) étaient ordinairement suivies d'un débat rapide
sans aucun changement. A
et contradictoire entre les deux parties, ou plus habituelle
P l'HP quelques-uns des signes
qu'ils empruntaient à leurs ment entre leurs avocats (patroni), qui se pressaient do
r questions brèves et d'argumentations serrées. Cette discus
voisins, les Falisques ont
sion en forme de dialogue se nommait altercatio 1 ; elle ter
donné des formes qui ne se
s minait le débat, sauf l'exception admise par la loi Servilia,
l S rencontrent que chez eux.
en matière de concussion [repf.tundae pecuniae], où la
Telle est la déformation du
t -r y A étrusque qui dans la plu comperendinatio autorisait l'accusateur à une seconde ac
part des inscriptions devient tion ou plaidoirie. La forme de discussion appelée allciralio
u V presque semblable à un r, élait également usitée au sénat, devant le peuple et dans
,q. Tel est le caractère f-, les procès civils 1 portés, à la suite de la délivrance de la
Fig. 240. Alphabet falisquc. formule, devant un juge juré (judexjuralus), et les rhéteurs
tout à fait particulier au fa-
lisque, dans lequel le R . P. Garrucci voyait un g ou un k, mais attachaient une grande importance à cette partie de l'art
dont M, Mommsen et M. Detlefsen ont définitivement fixé la oratoire. G. Humbert.
valeur comme étant celle d'un /. M. Mommsen suppose que ALUMEN (-TU7tTYipîa), alun. — Les anciens connaissaient
c'est un dérivé du <p grec, parce que, dans les inscriptions l'alun, dont ils se servaient pour la teinture des laines ',
«8 Garrucci, Ann. de l'Inst. arch. t. XXXII, p. 2II-2SI ; Mommsen, Monatsber. etrusca, Rome, 1789 ; Mommsen, Die vnteritalischen Dialekten, introduction,
der Berlin. Akad. 1860 ; Detlefsen, Bullet. de ilnsl. arch. 1861, p. 199 et suit. Leipzig, 1850 ; N. Desvergers, L'Étrurie et les Étrusques, atlas, Paris, 1864 ;
— 139 Corp. inscr. graec. n. 8432. Ariod Fabretti, Corpus inscriptionum italicarum et Glossarinm itaticum, Turin, 1867.
BiBLioGRjpnis. § I. De Rougé, Mémoire sur l'origine égyptienne de l'alphabet g V. Lepsius, Inscriptiones umbricae et oscae, Leipzig, 1841 ; C. Janelli, Inscrip-
phénicien , analysé dans les Comptes-rendus de VAcadémie des Inscriptions et tiones oscae et TabiUae Eugubinae, Naples, 1841 ; Grotcfeud, Budimenta linguae
Belles-Lettres pour 1860; F. Lenormant, Introduction à un Mémoire sur la umbricae, Hanovre, 1836-1839 ; Aufrecht et Kirchoff, Die umbrischen Sprach-
propagation de l'alphabet phénicien, Paris, 1866. denkmaler, Berlin, 1819; Mommsen, Die unicritalischen Dialekten; A. Fabretti,
Sur l'étendue de la propagation do l'alphabet phénicien dans les différentes parties Corpus inscriptionum italicarum et Glossarium italicum ; Mommsen, Die nord-
du monde antique : Kopp, Bilder und Schriften der Vorseit, t4 II, Manheim, 1821 ; etruskisrhe Alphabete avf Inschriften und Mùnzen, dans les Mittheilungen der an-
Gesenius, Scripturae linguaeque phoeniciae monumenta, Leipzig, 1837; A. Weber, tiquarischen Gesellschaft in Zurich, t. VII.
Ueber den semitischen Crsprung des indischen Alphabets, dans ses Indische Skizzen, g VI. Mommsen, Bômische Geschichte, t. I ; Id., Die unleritalischen Dialek
Berlin, 1857 ; De Vogué, L'alphabet araméen et l'alphabet hébraïque, dans ses Mé ten ; Id. Corpus inscriptionum latinarum de l'Académie de Berlin, t. I ; Ritschl,
langes d'archéologie orientale, Paris, 1868 ; F. Lenormant, Essai sur la propagation Priscae latinitatis monumenta epigraphica, Berlin, 1862 ; Kirchoff, Studien zur
de l'alphabet phénicien dans l'ancien mande, en cours de publication. Geschichte des griechisches Alphabets, Berliu, 1864.
g II. Franz, Elementa epigraphices graecae, Berlin, 1840 ; Th. Mommsen, Die g VII. Garrucci, dans le tome XXXII des Annali dell' Instit. di corresp. arch. ;
unicritalischen Dialekten , introduction, Leipzig, 1850; Kirchoff, Studien zur Detlefsen, dans le Bullctino dell' Instit. di corr. arch., 1861.
flcschichte des gi'iechisches Alphabets, Berlin, 1S64; F. Lenormant, Etudes sur ALTERCATIO. 1 Quint. Inst. oral. VI, 4, 1 ; 3 et 5, et VI, 3, * ; II. 4, 28 ;
l'origine et la formation de l'alphabet grec, dans la Bévue archéologique de Cic. Brut. 44.— » Tacit. Ilist. IV, 7 ; Quint. II, 4, 28 et VI, 4 ; Tit. Liv. IV, 6. —
Bibliographie. Geib, Criminalprocess der Borner, Zurich, 1842 ; Waltcr , Gcs-
1867 et 1868. chichte des rôm. Bechts, 3> édit. Bonn, 1860, II, n. 731 et 850, V' livre,
g 111. Sharpe, dans Ch. Fcllows, An account of discaveries in Lycia, Londres,
1841 : Lnssen, i'eber die Lykischen Inschriften und die Spraehen Kleiiiasieus, dans traduit par Picquet Damesme, Paris, 1863, page 90 ; Rudorff, Rôm. Berhtsgeschichtr,
le tome X de la Zeitschrift der dentschen morgenlândischen Gesellschaft ; A. Lcipz., 1858, II, p. 251, 252,439 ; Laboulave, Essai sur les lois crim. des Bomains,
Schônborn et M. Schmidt, The Lycian inscriptions, [eut, 1868. Paris, 1845, p. 563.
g IV. Gori, Dtfesa dell' alfabeto etrusco, Florence, 1742 ; Lanzi, Soggio di lingua ALUMEN.l Plin. Hitl, nat. XXXV, 15, 52.
ALV — 219 — AMA
pour la préparation des cuirs, pour celle des bois que l'on exemple, l'auget de bois qu'on voit placé sous 1'clabii d'un
niellait ainsi en état de résister au feu1, pour la médecine*. menuisier pour recevoir ses outils, dans une peinture de
Ils le tiraient d'Égypte, de Phrygie, d'Arménie, du Pont,
d'Espagne, de Macédoine, des îles Éoliennes . des Cy-
clades, etc. *. On a retrouvé dans l'île de Mélos des grottes
sur les parois desquelles l'alun s'était formé sous la plupart
des formes naturelles dont il est question dans les auteurs
anciens. On savait aussi faire de l'alun artificiel 5. E. S.
ALL'TA. — Cuir assoupli au moyen d'une macération Fig. 242. Établi de menuisier.
d'alun [alumen]; par extension, toute peau molle '; ou les Pompéi (fig. 242)'; une mangeoire; un bassin pour les
objets qui en étaient faits', principalement une chaussure fruits ou hors-d'œuvre 10 ; un pétrin, tel que les tables à
[calceus]. E. S. bords relevés qu'on voit employées à cet usage dans un
ALVEARE Iapes].
ALVEUS, diminutif alveolus. — Cavité naturelle ou
objet de forme creuse. Nous noterons dans les auteurs les
acceptions suivantes :
I. Le lit d'un fleuve un fossé, un sillon creusé pour
recevoir les jeunes plants de la vigne *.
II. Un bassin propre aux ablutions, quelles qu'en fus
sent la matière cl la dimension 3 : une cuvette, une bai
gnoire; puis, dans les bains agrandis des llomains, la pis
cine d'eau chaude [balneum]*. Un historien nous ap-
Fig. 243. Pétrin.

bas-relief du tombeau du boulanger Eurysacès (fig. 243)


à Rome ; un van pour cribler le grain u, sans doute de
même forme que ces tables, et pareil à ceux dont on se
sert encore en Italie.
IV. La table munie de rebords (alueus lusorius, tabula
aleatoria), sur laquelle on jetait des dés ou l'on faisait
mouvoir des pions ou dames, à divers jeux tels que les
TESSERAE, DUODECIM SCRIPTA, etc.
V. La coque ou la carène d'un navire '\ un tronc
creusé en forme de bateau; par extension, on appliqua le
mot à toutes les petites embarcations, particulièrement à
celles qui étaient faites d'une seule pièce de bois (liovôÇuXiv )15 ;
on voit (fig. 24 i) un bateau de ce genre, d'origine romaine,
241. Cuvette. découvert dans les marais de Horsey, en Angleterre **.
VI. Une ruche d'abeilles. Le nom le plus usité est
prend' qu'il était d'usage que les enfants de la famille alveare [apes].
impériale fussent lavés dans des bassins d'écaillé, et que, VII. Les cannelures d'une colonne ou d'un pilastre ".
pour cette raison, VIII. Le diminu
le père de l'empe tif alveolus est aussi
reur Albin , ayant employé 18 pour une
reçu, quand celui- navette de tisserand
Fig. 244. Bateau monoiyle.
ci vint au monde, [TELA]. E. S.
d'un pêcheur la carapace d'une tortue, en augura sa ALYTARCHES [olympia].
grandeur future. Dans une peinture des thermes de AMALTHEA ('ALic&Oeiot '), Amalthée. — Nom de la
'Jitus*, représentant la naissance d'un enfant (fig. 241), chèvre qui nourrit Jupiter enfant, dans un antre de l'Ida
on remarque un personnage qui apporte un bassin évi ou du Dicté, en Crète ; elle fut par lui placée au rang des
demment destiné au môme usage; on voit un objet sem astres '. D'après d'autres traditions, qui varient d'ailleurs,
blable dans un bas- relief 7 dont le sujet est analogue. en attribuant, selon les pays, à Amalthée, des pères diffé
III. Une auge, un baquet, une sébile ou tout autre réci rents, ce fut une nymphe qui prit soin du jeune dieu, en le
pient se rapprochant des précédents 8 par sa forme : par nourrissant du lait d'une chèvre et du miel des abeilles \

> CdL NoeU ait. XV, i ; Arara. Marc. XXII, 11. — 3 Win. /. J. ; Dioscor. V, tav. — 10 Petr. Sat. 6ô. — H Canina, Archit. rom. tavr. cet ; Mon. ined. dell' //t*l\,
122 et suit. — * llcrod. II, 180; Plin. et Diosc. I. I. ; Cels. V, 38, 12. — s Diosc. tav. mu. — Il Cit. Bes rust. XI, 51 ; Apul. Met. IX, p. 193. — » Plin. But. nat.
/. /. — Bibliographie. Lenz, Minéralogie der Griech. und Borner, Gotha, 1861, p. 76, XXXVII, 2, p. 69 ; Suct. Claud. 33 ; Val. Mai. VIII, 8, 2; Coll. I, 20. — l'Tit. LW.
98, lui, 132 et suit. XXIII, 31; Sali. Jug. 21. — 1» Ovid. Fasl. III, 591 ; Prop.UI, 5, 32; Vell. Il, 107 ;
AI.UTA. 1 Caes. Bell. gall. 01, 13 ; Mart. VII. 35. — » Juv. VII, 192 ; Ov. Art cf. Tit. Liv. 1, 4. — M Artis, Durobriv. pl. lvu. — " Vitr. III, 4. — 1* llieron. Jip.
am. III, S7I. 130, Ad Demclr. n. 15.
ALVKLS. 1 Virg. Aen. VI, 303 ; IX, 3Î j Georg. I, 203 j Plin. JJist. nat. IV, 4, 5 ; AMALTHKA.l Sur la formation de ce nom, Schwcnclt, Etym. mytk. Andeutungen,
i:urt. VI, 4. — » Plin. liist. nat. XVII, 22, 3b ; Colum. IV, 4, 2. — » Auct. ad Herenn. p. 41 ; Welckcr, L'eber eine kret. Colonie in Theben, p. 6; Schomann. Opusc.
IV, 10; Cic. Pro Coel. 28; Orid. Met. VIII, 652. — * Vitr. V, 10. — ■ Capitolin. acad. 11, p. 260. — » Arat. Phaen. 163; Kratosth. 13 ; Callim. Ayant. in Joo. 49;
Albin. 5. — 8 Pouce, Bains de Titus, 16. — 7 Bartoli, Admir. roman, pl. lxv. — II; (t. .1.; il. 13 ; Apollod. I, 1 , 6. — • Sehol. Ad Jliad. XXI, 194; H;g. /. /. et
•Pbaedr. 11, 5, 13 ; Plin. Hist. nat. XVI, 11,22; Juv V, 88. —8 P.tt. dUrcol. 1, Fab. 182; Lactaut. Iiut. I, 22; Apollod. II, 7,3; Ttaîon. Ad Aral. 64; Ertlotth. I. U
AMA — 220 — AMA
A ces deux ordres de récits correspondent deux types de pereurs romains, dans l'île de Crète à Apamée " et à
monuments. Lcspremiers représentent le dieu enfant allaité Laodicée de Phrygie
par une chèvre : on le voit assis, sur une des faces d'un On racontait aussi que les cornes de la chèvre Amalthée
autel carré du musée du Capitole 4. Rhea-Cybèle ou versaient le nectar et l'ambroisie 17 ; l'une d'elles, ayant été
Adrastée est assise près de lui, et deux Curé tes exécutent rompue, fut rapportée, enveloppée de feuillage et remplie
la danse armée qui doit empêcher d'entendre les vagis de fruits, à Jupiter, qui la plaça, avec la chèvre elle-même,
sements du nouveau-né (fig. 245). Le bas-relief célèbre de

Fig. 245. Jupiter nourri par la chèvre Arualthcc. Fig. 216. Jupiter dans les bras de la nymphe Amalthée.

la galerie Giustiniani, actuellement au musée deLatran, parmi les astres. D'après une autre version, c'est le dieu
où l'on voit auprès d'une chèvre un enfant buvant dans qui avait brisé la corne et l'avait donnée aux nymphes
une grande corne, qu'une nymphe lui présente 5, a long dont il recevait les soins, en leur accordant que cette
temps passé pour un tableau de l'enfance de Jupiter, et corne fût toujours pleine de tous les dons qu'elles pour
beaucoup de détails accessoires semblent confirmer cette raient souhaiter 18.
interprétation ; mais elle a été généralement abandonnée La corne d'Amalthée est devenue dans le langage,
depuis que Visconti a fait remarquer6 que l'enfant qui comme dans la mythologie et dans les représentations de
boit a les oreilles pointues d'un satyre, et l'explication l'art, le symbole de la fertilité et de l'abondance [cornu
nouvelle de quelques antiquaires qui rapportent ce mo copiae]. On la voit dans les mains des divinités qui
nument au dieu Pan, paraît la mieux fondée Deux bas- possèdent et répandent les richesses, comme la Fortune,
reliefs du musée du Vatican 8 se rapprochent par leur Bacchus, Pluton, les Fleuves, etc. Quand Hercule eut ar
composition de celui du Capitole : on y voit aussi l'enfant raché la corne du fleuve achélous, il obtint en échange
allaité par une chèvre. On trouve une scène semblable celle d'Amalthée. Pour beaucoup de mythographes, la
figurée sur une monnaie d'Aegium en Achaïe 9. Des corne d'Achéloiis n'est point autre que celle d'Amal
monnaies frappées en Crète sous Trajan 10 montrent thée , fille comme lui de l'Océan, de qui il l'aurait
le petit Jupiter assis sur un globe, la chèvre est à côté reçue l9. Dans une autre légende, Hercule reçoit d'Her
de lui. Celles d'Aegae en Cilicie, ont aussi pour type mès la corne d'Amalthée au moment où il va combattre
une chèvre couchée ou debout ", représentation dans Géryon *>.
laquelle on ne peut méconnaître Amalthée, qui, sur Le sens naturel de ces légendes, aperçu dès l'antiquité,
d'autres monnaies de la môme ville", a les traits d'une doit être cherché dans la richesse que répandent les sources
femme portant le jeune dieu et tenant une corne d'a et les cours d'eau. La corne d'Amalthée devint le symbole
bondance. de tous les bienfaits dus à la puissance fécondante des
Ces dernières monnaies rentrent dans la seconde série de eaux; les noms d'Amalthée (amaltheum), de corne d'A
monuments dont nous avons à parler. Dans ceux-ci, c'est malthée ('AjjLotXOei'aç xépaç), furent donnés à des contrées
une femme qui prend soin de l'enfance de Jupiter. Telle particulièrement favorisées sous ce rapport, et à des jar
est une terre cuite du musée du Louvre (fig. 246)", où on dins dont l'abondance des eaux faisait le principal at
la voit assise entre deux Curetés ou Corybantes, et que trait E. Saglio.
l'on peut comparer à des monnaies frappées sous les em- AMANUENSIS. — Esclave de confiance ou affranchi

* Mus. Capit. IV, 7 ; Millin. Gai. myth. V, 17 ; Guigniaut, ]\'oiw. gai. myth. Campant : Campant, Opère in plast. tnv. i; Mon. ileli Insl. 111, tav. itn; Annat.
Lllll, 218. — 6 Gall. Giust. II, tav. LXl ; Montfaucon, Ant. cxpl. 1, pl. vu ; Admir. 1S40, p. 141 ; Overbcck, (. /. p. 331. — 1» Mionnet, Descr. Il, 259, 11 ; Suppl. IV,
rom. tav. nvi ; Bôttiger, Amallhea, 1, pl. i ; Nibby, Mus. Chiaram. II, 2 ; Garnirai, 300, 32; Lenormant, .Voue. ffal. myth. pl. îv, n. 15; Overbcck, p. 332, Miinztar.
Mus. Latcr. tav. us ; Bcnndorf cl Schûne, Later. Mus. 2-4. — 6 Mus. Pio Clem. v, n. 4 et 5. — « Mionnet, IV, 238, 239, 268, 270; Orerbeck, /. (. Miinztar.
IV, 31, p. 231. — 'i Bcnndorf et Schûne, (. /. ; Annali delV Insi. 1806, p. 111 ; v, n. 6. — '» Mionnet, /. /. p. 330, 781, 782. — 17 Schol. Callim.' Kymn. ùi
Sli"haèïis, 1803, p. 303.— « Pistolrsi, Yalic. descr. V, tav. lxvi, 2 ; Platner, Iieschreib. Jov. 49. — 18 Ovid. Fast. V, 115 cl suiv. ; Hyg. Poem astr. 11, 13 ; III, lï. —
Jlnms, II, 2, Î03 ; et II, 2, 53, n. 190. — » Denktchr. der bayr. Akad. VU, p. 61, 19 Schol. aAIliud. XXI, 194 ; Apollod. II, 7, 5, 2 ; Diod. IV, 36 ; Strab. X, p. 458.
taf. il, n. 26 ; Overbeck, Zcus, p. 327, Miinztar. v, n. 1. — '» Mionnet, Descr. — lOHcsych. s. o. 'A^aiteiaî xif«;. — «i Diod. III, 68; Athcn. XII, 59; Cic. De
suppl. IV, p. 29S, 10 et 11 ; Overbcck, Zeus, Mûnztar. v, n. 3. — '1 Mionnet, leç. Il, 3, 7 ; Ad Allie. I, 13, l; 16, 15, 13; II, 1, 11; 20, 2. — BOLIOSUMU.
Descr. III, 333 et suiv. 10 et 11 ; 543t 32; Suppl. VII, 152, 9 et 10; Ib. 540, Schomann, De Jovis incunabulis, in Opttsc. Acad. Berlin, 1857, II, p. 258 ;
iî et 13; IV, 33 ; 545, 42. — " Ibid. 541, 20 ; cf. Eckhcl, Docl. mm. 111, p. 37 ; Pauly's, Rcalencycl. 1, p. 824, 2c éd.; Overbcck, Geiech. Kunstnvjthologie, Zcvst
Weleker, Gr. Gôlterlehre. Il, 239 j Overbcck, Zeus, p. 32Si — H 0e la collection p. 327 cl suiv, Lcipz. 1871,
AMA — 221 — AMA

faisant fonction de secrétaire 1 et qui devait avoir une en elles des prêtresses ou des adoratrices d'une déesse
uiain rapide et exercée à tous les genres d'écriture. On lunaire, qu'elle s'appelle Anaïtis ou Enyo, Artémis d'Éphèse
désignait aussi sous le nom de a manu * ceux qui remplis ou Artémis Tauropole *.
saient cet office. E. S. Les Grecs se figuraient les Amazones 10 comme une na
AMARYNTHIAouAMARYSIA('A|iap<:rvOia, 'Apapuaiet). — tion de femmes belliqueuses ne souffrant point d'hommes
Fête célébrée en l'honneur d'Artémis A marynthia ou Ama- parmi elles. Une fois l'an, au printemps, elles se rappro
rysia, c'est-à-dire « la brillante », déesse lunaire, qui a chaient de leurs voisins les Gargaréens pour perpétuer
donné son nom à Amarynthos, petit bourg d'Eubée plutôt leur race. Elles n'élevaient que desfilles, les enfants mâles
qu'elle n'en a reçu le sien1. Amarynthos, où cette fête était étaient tués ou mutilés, ou renvoyés à leurs pères. Élevées
célébrée, formait le centre d'une petite confédération ou pour la guerre, les Amazones ne pouvaient rester en paix.
amphictyonie, à laquelle prenaient part les principales villes Aussi, dans leur histoire, ne compte-t-on pas moins de six
d'Eubée, Chalcis, Érétrie et Carystos, et aussi les îles de expéditions, presque toutes offensives.
Céos, Andros, Téos et d'autres *. Cette fôte, avant les ra 1° Invasion des Amazones en Lycie. Elles sont repoussées
vages de la guerre persique, avait lieu avec une grande par Bellérophon, qui se trouvait alors chez le roi Iobate " ;
pompe ; Érétrie seule y envoyait, pour faire partie de la 2° Invasion des Amazones en Phrygie. Priam assistait en
procession, 3,000 hoplites, 600 cavaliers et 60 chars'. qualité d'auxiliaire des Phrygiens à la bataille qui se livra
Une danse en armes (itu^pî/Y)) était exécutée à cette occa sur les bords du Sangarius
sion, et on proclamait solennellement les noms des hommes 3° Le neuvième des travaux d'Hercule fut d'aller cher
bien méritants *. cher le ceinturon de Mars que portait la fille de ce dieu,
Une autre fête de ce nom se célébrait à Athmonon, Hippolyte, reine des Amazones. Hercule aborde avec
où Artémis Amarysia avait un temple. Cette fête paraît Thésée, Pélée, Télamon et d'autres compagnons d'armes,
avoir été commune à toute l'Attique et non pas exclusive à l'embouchure du Thermodon. Hippolyte se montre dis
ment propre au dème d'Athmonon \ Hunziker. posée à céder le précieux baudrier, mais Junon répand le
AMAZONES ('AjxaÇôvEc, 'AuoiÇovi'Se;) . — Les Amazones, bruit que la reine est en péril : les Amazones attaquent le
peuple de femmes guerrières dont le mythe paraît être vaisseau des Grecs. Hippolyte périt dans la mêlée delà
formé des récils qui avaient cours au sujet de l'ardeur main d'Hercule, et les Amazones sont exterminées. An-
belliqueuse de certaines femmes de la Scythie, et du sou tiope, sœur d'Hippolyte, devient l'esclave de Thésée ,3.
venir des hiérodules ou prêtresses armées de Pallas, d'Ar 4° Selon une autre légende, Thésée aurait enlevé An-
témis et d'Enyo, la meurtrière déesse des combats'. Re tiope, et les Amazones auraient poursuivi le ravisseur
culée, il est vrai, dans un passé fabuleux, et dans une con jusqu'en Attique. Antiope périt en combattant ses sœurs
trée placée de plus en plus loin, l'existence des Amazones à côté de son amant lk. Ou bien encore, Antiope, délaissée
passait encore pour incontestable au temps où, avec plus pour Phèdre, attaque l'infidèle avec une armée qu'Hercule
de critique a, on s'était habitué à écrire l'histoire. On anéantit 15.
supposait généralement qu'elles avaient habité dans le 5" Les Amazones, à la fin de la guerre de Troie, mar
Pont, sur les bords du Thermodon, et que Thémiscyra chent au secours de Priam, sous la conduite de leur reine
était leur principale ville3, mais qu'elles avaient aussi oc Penthésilée 18.
cupé une grande partie de l'Asie Mineure : Éphèse, Cumes, 6° Expédition des Amazones contre l'île de Leucé, à
Srayrne, Myrine, Paphos, Siriope auraient été fondées par l'embouchure du Danube. Le spectre d'Achille, dont
elles*; et en effet la figure des Amazones est représentée Thélis avait déposé les cendres en ce lieu, apparaît mena
sur les médailles d'un grand nombre de cités asiatiques 5. çant : à son aspect, les chevaux se cabrent et foulent aux
Diverses explications ont été proposées au sujet de leur pieds les téméraires Amazones
nom. D'après la plus répandue, ce nom (formé de à pri La popularité de la fable des Amazones s'explique en
vatif, etjjutsôî, mamelle) viendrait de la coutume qu'elles grande partie par l'heureuse prédilection desartistes. Repré
auraient eue de brûler à leurs filles la mamelle droite pour senter des femmes jeunes, belles, courageuses, engagées
les rendre plus aptes au maniement de l'arc mais cette dans une lutte violente contre des héros non moins beaux
explication est relativement moderne et n'est confirmée et non moins braves, quelle bonne fortune pour les sculp
par aucune représentation de l'art antique. Avec plus de teurs ou pour les peintres I Ces derniers trouvèrent encore
raison, on pourrait soutenir que dans le mot Amazones un élément de pittoresque dans le contraste du costume bar
l'a a une valeur augmentalive7, ou bien que ce nom dérive bare, scythique ou asiatique, avec la noblesse et la simpli
de masa, qui veut dire lune dans la langue tscherkesse fi,
cité de l'armure grecque ou la nudité héroïque. Les peintures
puisque l'examen de toutes les traditions fait reconnaître des vases (fi g. 247 et 248) le plus souvent nous montrent "

AMAVUENS1S. 1 Suct. Ner. 44 ; TU. 3; Paul. Sent. II, 31, 37. — » Suct. Caes. — 6 Hippocr. Ile aère, aauis, 17, Littrd ; Philostr. Her. XIX, 18 ; Strab. XI, p. 503,
74; Xetp. 3; Orelli, 2733, 2931, 5394, 6651, 7189 ; Hemen, Annali delV Inêt. 1856, 506. — 7 Crubcr, in Ersch und Grubers Encycl. s. v. ; cf. Bcrginann, Op. I. p. 25.
p. 15, n. 41. — 8 Sprengel, Apol. des Hippocratcs, II, p. 595; Rcine^gs, Ueschr. des Caucasus
AMARYMTHIA. 1 Schomann, Oriech. Alt. Il, 425. — » Hcrod. V, 99) Thuc. 1, in Ilull. Encycl. III, p. 318. — 9 Guigniaut et Bcrgmann, /. (.; A. Maury, Relig. delà
45; Strab. X,p. 448; Call. Dbuu 188; T. Ut. XXXV, 38; Bchol. Pind. 02.XIII, 159; Grèce, III, p. 177 ; Prellcr, Gr. Uytk. I, p. 244 ; II, p. 85, 2« éd. — 10 Hippocr.
Sainte-Croix, Oouv. féde'ratifs. p. 136 et suit. — 3 Strab. U c. — * Hangabé, Antiq. t. t.; cf. Littré, Œiœ. d'Hippoer. Introd. I, p. 336. — » Hom. //. VI, 180 ; Schol.
kellén. 2, n. 089, 1232. — S Paus. I, 31, 5 ; Hcsych. ». 0, Ljcophr. 17. — " Hom. //. III, 189; cf. II, 811, et Diod. III, 55. — '» Diod. IV, 16.
AMA/.OMOS. 1 0. Huiler, Gesch. der griech. Stâmme, p. 356 ; Guigniaut, Beliff. — 1» Plut. Thes. 26. — 15 Plut. Thés. 28. — '« Quint. I, 009. — " philostr. Her.
de tantig. II, part, m, p. 97'J et suiv. ; Bergmann, Les Amas, dans l'histoire, Colmar, 19,20. — 18 Millin. Mon. inéd. 1, pl. xxxvi ; Id. Peint, de vas. I, pl. x; Dubois-
liji ; et d'autre part, Fréret, Afém. de VAcad. des viser. XXI, p. 1U6 ; Stc-Ooix, Maisonneuve,'/ji//W. à l'étude des vases, pl. vu, 2 ; Panofka, Musée Pourlalès,
Exam. crit. des hùt. d'Alex, p. 332. — * Arrian. VII, 13 ; Strab. XI, p. 503 ; Appian. pl. xxiT, ixxTi ; Gerhard, Apul. Vas. it, t ; Id. Auserl. Vas. III, p. 42 et suiv,
Bell. Mitkr. 103; cf. Croie, Hisl. de la Grèce, t. I, p. 235 et suit, de la trad. pl. cLiii-CLxiv ; V, pl. cccxxix ; tov. les nombreuses peintures de vases indiquées
fr. — 3 strab. X, p. 503 ; Diod. Sie. U, 45, 46 ; Hitler, Asien, IX, I, 95. — 4 strab. par cet autour et par O. Muller, Hamlb. S§ 412 et 417 ; W'clcker, Denkmâler. 111,
XI, p. 504 ; XII, p. 550 ; XIII, p. 623 ; Steph. Djz. ». ». I>tfv« et A|K&vtuv ; Ephor. p. 342 ; Stephani, Comptes rendus de la commise, archtol. de St-Pétersb,
Freg. 87, Didot ; Paus. IV, 31, 6 | VII, 2, 4. — • Uionnct, Ucscr. t. IV, p. 89 et suiv. \SW, p. 107, et?.
AMA — 222 — AMA
les Amazones portant un vêtement collant, qui couvre Les Amazones ont été figurées ainsi par les plus grands
entièrement le corps. Les jambes , quelquefois nues , artistes de la Grèce. On lit dans Pline 19 que Polyclète, Phi
dias, Ctésilas, Phradmon et Cydon
! rpOVTH concoururent pour l'exécution d'une
statue d'Amazone destinée à orner le
A.ElN'oMA'tH temple d'Éphèse w. Les cinq statues fu
rent acquises par les Éphésiens. Dans ce
brillant assaut, la palme fut remportée
par Polyclète. La belle statue d'Ama
zone, qui du palais Matlei a passé au
Vatican (fig. 249), pourrait être, suivant
Visconli, une imitation de celle de Poly
clète ". O. Mùllcr " est d'une autre
opinion : suivant ce grand antiquaire,
cette figure serait la copie de la statue
qui, dans le concours d'Éphèse, avait
valu la seconde place à Phidias. Mais
la statue de Ctésilas **, le troisième
concurrent, aurait servi de modèle à
Fig. 247. Amazones. l'Amazone blessée du Capitole et à celle 49. Amazone du
du Louvre. Vatican.
sont plus ordinairement enveloppées d'un pantalon Les combats des Amazones ont été représentés sur un
(ovaîuf.îî;ç) qui se perd dans une chaussure pointue certain nombre de monuments célèbres. Le Poecile" et
ou légèrement recourbée, ou dans des bottines de le temple de Thésée", à Athènes, étaient ornés de pein
peau; le haut du corps et les bras sont couverts d'une tures de la main de Micon et de Polygnote, montrant les
courte tunique à manches, Amazones aux prises avec Thésée. Pour orner le bouclier
serrée à la taille par une de sa Minerve, dans le Parthénon, Phidias représenta 14 ce
ceinture , par- dessus flotte môme combat, qu'il sculpta aussi sur les traverses qui
un manteau ou une deu réunissaient les quatre pieds du trône dans le temple de
xième tunique plus ample; Jupiter à Olympie "; sur la porte de l'opisthodome de ce
ces vêlements sont tantôt temple, Alcamène M avait représenté Hercule combattant
zébrés ou tachetés , peut- l'Amazone llippolyte. On voit le môme sujet sur une des
être afin d'indiquer qu'ils métopes du temple de Sélinonle **.
étaient faits de peaux de Plusieurs monuments célèbres retrouvés dans ce siècle :
bêtes ; tantôt semés de fleurs, le temple d'Apollon Épicurius près de Phigalie ,0, le tom
d'étoiles , etc. ; la coiffure beau de Mausoleà Halicarnasse 31 , et le temple d'Artémis
est une mitre phrygienne, I.eucophryne à Magnésie sur le Méandre, sont ornés de
quelquefois un casque ou bas-reliefs où l'on voit la lutte des Amazones et des
bonnet de fourrure [alopekis] Grecs •*. La frise du temple d'Apollon Épicurius est attri
propre aux peuples du Nord. buée aux élèves de Phidias, etl'on saitque celle du tombeau
Fig. 248. Amazone. Leurs armes sont l'arc, le de Mausole fut traitée par les plus grands maîtres de
carquois, le javelot, la hache la dernière école attique. Des groupes représentant des
à un ou à deux tranchants, l'épée, quelquefois la massue, Amazones et des Grecs combattants, dons du roi Altale,
et enfin le bouclier rond ou le bouclier échancré, ou en décoraient le côté sud de l'acropole d'Athènes **.
forme de croissant, nommé pelta (raVtï), vÉj^ov). Elles com Un certain nombre de sarcophages nous montrent aussi
battent tantôt à pied et tantôt à cheval. Il y a aussi des vases le combat des Grecs et des Amazones. Nous nous bor
sur lesquels les Amazones paraissent vêtues et armées à la nerons à signaler ici le sarcophage de Vienne *, le plus
manière des Grecs, et c'est de cette manière que les sculp beau peut-être de tous ceux qui ont été trouvés en Grèce ;
teurs les représentèrent constamment dans les beaux temps celui de Mazara, en Sicile 35 ; celui du Louvre, trouvé à
de l'art. Elles portent dans leurs ouvrages le simple et Salonique 36, etc. Un sarcophage, actuellement placé dans
sévère costume dorique, se composant seulement de la la cathédrale de Gorlone 37, mérite une mention particu
tunique et de la petite chlamyde ; la tête, quand elle n'est lière, parce qu'il représente, conformément à une légende
pas découverte, est coiffée d'un casque. Ordinairement le d'Éphèse'8, la défaite des Amazones par Bacchus, sous les
sein, les bras, les jambes, et les pieds sont nus. murs de cette ville. De beaux bronzes, statuettes 39, boites

I» BUt. nat. XXXIV, 8, 19. — » Visconli, t. Il, p. 164, éd. de Milan. — »1 1b, Abhttndl. pl. mu. — 87 Paus. V, 11, 4 58 ld. I, 17, 1 ; V, II, 7. - 59 Ser radi-
t. l[,tav. xxxvm ; Bouillon,.1/us. dcsantiq.il, pl. x ; Gerhard, Beschreib. derStadt Bain. falco, Antir.h. d. Sic.il. II, tav. xxxiv. — so stackelberg, Der Apotlotenipel su
t. H, 2" th. p. 1 GO ; 0. Jahn, Berichte der sdchs. Guelbeh. 1850, p. 48, pl. iv. — llassae ; Marb. of British Mus. IV, pl. xn-xxiu ; Expéd. scient, de Morée, II,
*- De Myrina Amazone, in Comment, soc. Golt., VII, p. 59 ; ef. Gerhard, Bullet. dclV pl. xx, xxi. — 51 Newton, But. of discoveries at Haiicarn. pl. ix, x ; Mon. delt' Inst.
tnstit. 1830, p. 30 ; Foggini, Mus. Capit. 111, 40 ; Clarac, Mus. de sculpt. pl. cclxv ; arch. V, tav. i-iii, xmi-ixi ; Annali, XXXVII, tav. A. — M Tcxier, Voyage en Asie
Bouillon, II, II.'—M Handb. der Archàol. g 1X1. — « Aristoph. I.ys. 678 ; Schol. Min. III, pl. xevi ; Clarac, Mus. de se. pl. c a, czvtl j. — s* Paus. I, 25, 2. —
Ad h. 1.; Pau*. I, 15, 2 ; Arr. Exp. Alex. VII, 13, 5 ; Tlin. Hist. nat. XXXV, 59. — 3* Bouillon, Mut. des antiq. 11, 93 ; Monlfaucon, L'Antiq. exjil. IV, 7. 2. — 8r» Houel,
Paus. 1, 17, i ; Harpocr. IlsM*m»{. — « Plut. Pericl. 31 ; Plin. Hist. tint. XXXVI, Voyage en Sicile, I, p. 24 ; Mus. Capitol. IV, 23. — 36 Clarac, Mus. de se. II,
18 ( Paus. I, 17, 2 ; May. pittoresq. 1860, p. 355; F. Lcnormant, Gaz. des B.-arls, pl. cxvii ab. — 37 Gori, Inscr. ctr. III, tav. xlvi ; Gerhard, Arch. Zeitnng, 1845,
1860, p. 129 ; Arch. Zeit. 1800, pl. cinv ; 180:s, pl. exevi ; Ami. dell' liât, ttreh. tar. ixx. — »» Pau*. VU, 2, 4 ; Plut. Qu. gr. 56 ; Tac. Ann. III, 61. — »9 Beoiizi
XXXIII, laT. O.; Conte, Die Athcna-Statac des Phidias, 1865 ; Gerhard, Gesamm d'Ere, ta*. uni, lxiv; Mus. Borb. III, 45.
AMB — 223 — AMB
de miroirs w, cistes gravées M, ornements d'armure", etc., avait lieu après qu'on avait promené les victimes autour
offrent aussi l'image de combats d'Amazones qui parais des moissons vertes *. Hunziker.
sent être des imitations ou réminiscences des grandes AMBITUS. — I. Espace libre qu'un propriétaire était
œuvres de la sculpture, et on les retrouve encore dans les ' obligé de laisser autour de sa maison pour la séparer de
bas-reliefs de quelques urnes cinéraires M ; de môme qu'on celle du voisin 1 ; c'est le dernier vestige qui subsista dans
peut chercher le souvenir des chefs-d'œuvre des Micon, la législation, de l'enceinte (?pxo;, herctum) tracée par la
des Panaenos et d'autres peintres leurs émules, dans les religion, dans les temps primitifs, autour de chaque foyer
peintures de vases ou dans celles qu'on a découvertes à et du domaine où ce foyer était enfermé.
Pompéi **. « Deux maisons ne doivent pas se toucher; le môme
Le combat de l'Amazone Penthésilée contre Achille et mur ne peut pas ôtre commun à deux maisons ; car alors
sa mort ont fourni aux sculpteurs et aux peintres les su l'enceinte sacrée des dieux domestiques aurait disparu. A
jets de nombreux ouvrages qui ne sont point indiqués Rome, la loi fixe à deux pieds et demi la largeur de l'es
ici [penthesilea]. Ils se sont plu aussi à représenter pace libre qui doit toujours séparer deux maisons, et cet
des Amaiones aux prises avec des griffons [grtps]. espace est consacré au « dieu de l'enceinte'. »
E. VlNET. IL Démarches ou actes illicites tendant à obtenir les
ANBACTI. — Nom d'esclaves en langue gauloise, sui honneurs ou les magistratures. Ce nom vient* de l'usage
vant Feslus César nous apprend, d'autre part *, que les où étaient les candidats de se promener au Champ de
chevaliers, en Gaule, réunissaient autour d'eux à la guerre Mars ou sur le Forum pour solliciter les suffrages des
un nombre à'ambacti et de clientes proportionné à leur nais citoyens, au temps de la république k.
sance et à leur richesse. Les auteurs modernes ne s'accor L'art de gagner les votes dut être de bonne heure ré
dent pas surla condition de ces ambacti Suivant les uns, c'é primé par de nombreuses lois que la corruption rendit
taient de jeunes nobles 5 qui s'associaient volontairement inefficaces. Dès Tannée 322 de Rome ou 432 av. J.-C.
autour d'un chef, comme les leudes chez les Germains; Tite-Live * nous apprend que les tribuns militaires L. Pi-
ces soldurii'' dévoués auraient différé complètement des narius, Sp. Posthumius et L. Furius exerçant l'autorité
clients plébéiens. Suivant d'autres auteurs, les ambacti consulaire, une rogation [lex] fut proposée par les tribuns
auraient été des hommes libres d'origine, appartenant à la senatus aucloritale, et bientôt transformée en loi pour in
plèbe *, mais réduits à se placer dans une clientèle servile *, terdire l'usage des robes blanches (togae candidae), vête
condition intermédiaire entre la liberté et l'esclavage do ments dislinctifs des candidats qui en ont pris leur nom ;
mestique des Romains. Il paraît raisonnable d'admettre il paraît que cette loi ne tarda pas à tomber en désuétude *.
qu'il existait plusieurs classes de clients ou dévoués (rfe- En 358 av. J.-C. sous le consulat de C. Fabius Ambustus
totï), et que les ambacti apparlenaient à la moins élevée 7; et de C. Plautius Proculus, le tribun du peuple C. Poete-
M. H. Martin pense que, du temps de César, la clientèle lius fit adopter un plébiscite, connu sous le nom de loi
libre avait dégénéré et s'était presque partout transfor Poetelia de ambitu, dont l'objet était d'interdire la sollici
mée en servage". Cela est vrai; cependant l'auteur des tation des suffrages dans les réunions publiques ou mar
Commentaires mentionne séparément les ambacti et les chés {qui nundinos et conciliabula obire soliti erant compri-
clientes. G. Humbert. mebantur) 7 ; elle ne mit pas un terme aux abus, car le
AMBARVALE SACRUM ou Ambarvalia. — FÔte romaine dictateur Moenius fut forcé en 314 av. J.-C. de poursuivre
distincte d'un côté de I'amburbium, et de l'autre du sarrifi- les nobles coalisés pour obtenir les magistratures 8 ; mais
cium deae Diae célébrée par les arvaies fratres. Il faut dire déjà la répression devenait difficile à cause du nombre des
cependant que les ambarvalia coïncidaient avec cette der coupables : presque tous les patriciens avaient pu donner
nière fête, quant au temps1, et de plus qu'ils lui res prise à l'accusation. On essaya d'une législation sévère, et,
semblaient autant par leur but, qui était d'obtenir du ciel en 1 84 av. J.-C, une loi Cornelia Baebia réprima Vambitus,
la fertilité des champs*, que par leurs cérémonies, puis en le frappant d'une incapacité de dix ans pour ce qui con
que les ambarvalia se terminaient également par une cerne les magistratures*; elle fut suivie en 159 av. J.-C.
danse accompagnée d'un chant*. Mais, tandis que le sacri- d'une autre loi De ambitu 10 à laquelle Walter donne le
pcium deae Diae était une solennité publique célébrée par nom de Cornelia, parce qu'elle fut portée sous le consulat
les aitales, les ambarvalia, au contraire, étaient célébrés de Cn. Cornélius Dolabella; quant à la loi précédente, Si-
par chaque propriétaire en particulier, et ils consistaient gonius et Heineccius la nomment Aemilia Baebia, parce
en la purification des champs par le triple sacrifice d'un qu'elle aurait été portée en 82 av. J.-C. sous le consulat
porc, d'une brebis et d'un taureau [suovetaurilia], qui de Cn. Baebius et L. Aemilius Paulus Suivant Heinec-
W Mon. ined. deli Inst. VIII, pl. nxi ; Annali. 1871, p. 131, 136. — '1 Mus. légitl. XVin, p. 4«3et suît. — « Hitt. de France, 4« éd. I, p. 133; Mommsen, Rôm.
Grrgor. I, 40, 41 -, Gerhard. Etr. Spiegel, pl. il et x. — ** Brôndstrd, Bronzes of Geschichte, III, p. Ut, 3» éd. 1862.
Sirit. p. 16 e» suit. — *> Inghirami, Mon. etruschi, I, 64 ; II, 192 ; Id. Mut. AMBAnVALE SACRUM. 1 Marini, Atti de' frat. Areali, p. 138. — > Macrob.
Chiut. I, 43 ; Cori, Mut. etr. I, 136 ; Micali, Mon. tint. tav. iuv. — Mus. Burb. Sat. III, 5, 7. — ' Virg. Georg. I, 350.— » Cato, De re rust. 141 ; SerT. Ad Virg.
I. II, A ; Bull, napolet. H. S. VI, p. 154; Zahn, Xeuentdekte Wandg. 9; Helbig. Eclog. III, 77 ; V, 75 ; Virg. Georg. I, 345 ; Serv. Ad h. I. — BinMocnirmi. Ma
Wandgentàlde der Stàdte Campaniens, p. 265. — BiBLioanAmis. Outre les ouvrages rini, Atti e monum de' frat. amali, pl. xxix ; Schweglcr, /(dm. Geschichte, p. 434 ;
indiqué» dans les notes, Vôlcker, Myth. Geogr. p. 217 et 219; d'Anville, Mém. de Prellcr, Rôm. Mylhll. p. 301, 370 et sui». ; Bccker-Marquardt, Handbuch ''er rûm.
tAcnd. des Intrr. t. XXXV, p. 573 ; de Guignes, Ibid. p. 539 ; Nagcl, Gttchichte Altetthilmer, IV, p. 148.
der Amiz. Stutlg. 1838 ; Winckelmann, Histoire de l'art, V, 2, g 21 et suit. ; 0. AMBITUS. 1 Fest. J. ».; Varro, De ling. lot. V. 22 ; SerT. Ad Aen. II, 469 ; Tarit.
Miller, Handburh der Archùol. I' éd. 1818, §8 Ut, 2; 410, 4; 412, 1; 417; Ann. XV, 43. — * Fustcl. de Coulangcs. La cité antique, p. 71 ; Ortolan, Hist. de la
Ikcrt, Veher die Amaz. in Abhandl der bayer. Akad. 1847 ; Gottling, Ge- législ. rom. p. 108, C éd. : Dirkften, l'eberticht des Textes XII Tabul. ad lab. Vil ;
tamm. Abhandl. II, p. 196; Bflttiger, Yatengemàlde, I, 3, p. 182 et suiy.; Id. Id. Manmile latiaitatis fontium juris, Berl. 1827, s. ' Macr. Sat. I, 14.— ' Varr.
ArrlAol. drr Malerei, p. 556. De hng. lut. V, 28 ; Non. IV, 21 ; P. Diae. ». »..- Isid. V, 26. — » IV, 25. — • La-
AMBVCTI. • S. t>. Ambacti. — • Bell. gall. VI, 15. — ' Giraud, Estai sur l'hitt. boulaye, Estai tur les lois crim. det Hom. p. 282 et suit.; Zumpt, II, 2. p. 219. —
àm droit franc. 1, p. 23, 32 et suii. — * Caes. Bell. gall. III, 21. — » Ib. VI, 13. — 1 Tit. Liy. Vil, 15. — « ld. IX, 26. — » Id. XL, 19. — 10 Tit. Ut. Epitt. XLVII ;
* Pcrrcfiot, Ue la condit. des terres dans let Gaules, I, p. 10 à 16 ; Dom Martin, Hitt. Sebol. Bobb. pro Sylla, 5, p. 361, Orell. — » Walter, Rom. Rechls Gesch 11,
det Gaulet. I, p. 652. — 7 Giraud, p. 23 et 24 ; comparez de Courson, Rev. de n° 815 ; Huichkc, Zeltschr. f. civ. N. F. 14, p. 4. Laboulayc, Op. I. p. 285, note 1.
AMB — 224 — AMB
cius '*, la loi Aemilia Baebia aurait interdit les largesses torales[soDALiTiA]. mais suivant Zumpt ce délit se rattacha
des candidats " et la loi Cornelia Fulvia les aurait punies plutôt à la violence [vis] qu'au crime d'ambitvs. Enfin, en
de l'exil en 159 av. J.-C. ". Malgré laloi Gabinia qui intro 702 de Rome ou 52 av. J.-C, la loi Pompeia de vi et am
duisit le vote secret en 139 av. J.-C, et la loi Maria, par bitu M, fut destinée à réprimer les délits de Milon et de
laquelle Marius, pendant son second consulat en 119 ou ses complices, en instituant une procédure et une pénalité
120, établit pour voter des passages étroits (pontes), afin de spéciales, contrairement à nos principes modernes en ma
rendre leur liberté aux électeurs, en écartant les agents tière de rétroactivité, mais conformément aux idées des
électoraux, les abus allaient toujours en grossissant 1S. anciens qui confondaient la justice, la politique et l'admi
11 est certain que, dès la première rooitié du septième nistration, en les soumettant toutes à la souveraineté du
siècle de Rome, on établit pour statuer sur le crime d'am- peuple s'exerçant dans les comices ou dans les commis
bitus «ne commission permanente [quaestio perpétua!. sions déléguées so. Cependant il paraît que la loi Pompeia
C'est ce que l'on peut conclure d'un passage de Cicéron ,6, de ambitu, dans son chef distinct de celui de vi, eut une
et du procès scandaleux que P. Rutilius et M. Scaurus s'in destinée plus durable M. Elle modifia dans un sens ri
tentèrent réciproquement, en 114 ou 115 av. J.-C, 639 goureux la procédure et la pénalité 3!, et permit notam
ou 640 de Rome ". Il paraît que, vers la môme époque, on ment de poursuivre les crimes d'ambition, accomplis dans
abrogea une loi Fabia, de 60 av. J.-C, relative au nombre les vingt années antérieures au troisième consulat de
des sectalorcs, c'est-à-dire des agents ou compagnons dont Pompée; ce qui donna lieu à un grand nombre d'accu
les candidats pouvaient se faire assister 18. 11 y a doute à sations, et notamment à celle de L. Scipion, beau-père
l'égard d'une loi Aurélia de ambitu portée par le consul du consul, qui viola pour lui sa propre loi 3S. Mais elle,
A. Cottaen 75 av. J.-C, ou par le préteur A. Colla en 70. eut d'autres conséquences politiques plus graves, et qui
Puis le tribun Cornélius proposa, en 67, un plébiscite qui précipitèrent la chute de la République **. Jules César ne
punissait les acheteurs des sulTrages, et môme les divisores, réprima pas l'ambition par une loi, mais il la neutralisa
employés pour répartir l'argent entre les électeurs ache en s'altribuant le choix de la moitié des candidats m.
tés ". Mais le sénat pour prévenir l'adoption de ce projet, Auguste qui, dans sa loi Judiciorum pnblicorum et privn-
en lit proposer un autre, en 67 av. J.-C par C. Calpurnius torum, avait réorganisé la compétence et la procédure en
Pison, alors consul avec M. Acilius Glabrio. Le premier avait matière civile et criminelle, rendit aussi plusieurs lois sur
lui-même été accusé précédemment du crime d'ambitus*1. des crimes spéciaux, et notamment en 18 av. J.-C une loi
Cette loi fut votée et porta le nom d'Acilia Calpurnia; elle dite Julia de ambitu 3e. Elle punissait aussi les parties qui
prononçait contre les coupables d'ambitus une peine pécu visitaient leur juge; et peut-ôtre aussi le juge qui visitait
niaire et l'incapacité d'exercer une magistrature, ou de l'une d'elles Suivant le jurisconsulte Modeslinus dont
faire partie du sénat Sl ; en outre, elle assurait l'impunité le Digesle ne fait que reproduire un fragment, la peine
au coupable d'ambitvs qui en ferait condamner un autre aurait consisté en une amende; Dion Cassius mentionne en
pour le même délit", peut-ôtre faut-il admettre qu'elle outre une incapacité politique de cinq ans. Mais sous l'em
punissait aussi les divisores ss. Elle fut bientôt appliquée pire l'influence prédominante du prince dans les élection*,
aux consuls Autronius Paelus et Cornélius Sylla **. Néan laissait peu de place aux crimes d'ambition ; bicntôi les
moins, en présence des intrigues scandaleuses d'Antonius comices furent transférés par Tibère duChamp-de-Mars au
et de Catilina, le sénat sur le rapport de Cicéron, déclara Sénat'*, et Yambitus ne se présenta plus que dans la sphère
par un sénatus- consulte la loi Calpurnia applicable aux restreinte des élections aux charges municipales; un séna-
cas où les candidats offriraient au public* des repas et des tus-consulte y appliqua la loi Julia avec une peine de cent
jeux de gladiateurs, et s'entoureraient d'un cortège de gens aura et l'infamie". Pour ceux qui prenaient à leurs gages
soudoyés ". Bientôt après, pendant le consulat de Cicéron, un cortège de partisans soudoyés, ou môme d'esclaves, on
fut rendue sur sa proposition la loi Tullia, qui confirma ces leur appliqua la déportation dans une île, comme coupa
décisions, en 691 de Rome ou 63 av. J.-C, et punit sévère bles de violence publique.
ment les vendeurs de suffrages, et frappa d'un exil de dix Sous le bas- empire, la loi Julia de ambitu prôta son nom
ans les coupables d'ambition Mais celte loi fut impuné à la punition de diverses irrégularités dans la recherche
ment violée par Pompée en faveur d'Afranius et le sénat des fonctions du palais ou de certaines charges publi
ne put faire adopter une loi plus sévère, proposée par le ques *°, notamment lorsqu'on les briguait itérativemenl,
tribun Aufidius Lurco en 693 de Rome ou 61 av. J.-C. ™. En après les avoir gérées; les peines étaient la déportation et
699 de Rome ou 55 av. J.-C, fut portée la loi Licinia de la confiscation. G. Humbert.
sodalitiis, qui réprimait les associations ou coalitions élec- AMBLOSEOS GRAPHE ('A[a6),iÔo-e<oç -fP?i5)- — L'avorte-
li Antiq. IV, 18, 78. — » ?Jon. Marc. VII, 19 ». v. Largi. — 1* Plin. Hist. no*. 55; Appian. Bell. ch. II, Î3 ; Vcll. Pat. II, 47 ; Tit. Li». Epit. 207 ; Dio Cass. XL.
XXXV, 41. — » Cicer. De leg. III, 17; Plut. Alar. 4 à 7; Laboulayc, Op. I. 52; Zumpt, II, 2, p. 419. — "Tac. Orat. 38; Cic. Brut. 94; Zumpt, p. 434 M An-
p. 286. — « Brut. 30. — « Heinec. IV, 18, 78; Waltcr, t. Ascon. lu Orat. ; pian. Bell. rit'. H, 24, 25, 27 ; Valer. Maïim. IX, 5. — >» Laboulayc. p. 299 ; Rein,
Cic. pro AI. Scaur. — 18 Cic. pro Mur. 34. — " Ascon. In Cornet. Orclli, p. 719. — «Suct. Caet. 41. — 36 Suet. Ocl. 34; Dig. De leg.Juil. de ambit.
p. 74. _ M Dio Cassius, XXXVI, 21 ; Cic. In Cornet. I, 32. — »1 Ascon. In XLV1II, 14 ; Rein, p. 722. — *> Dio Cass. LIV, 16. — M Tac. Aun. 1, 15. — » Fr.
Cornet. Orclli, p. 1.8; Isidor. V, 26; Lahoulaye, p. 287; Schol. Bobb. Pro 1, D. h. tit. ; Paul. Sentent, recept. V, 30. A. — *0 Arcad. et Honor. 1. 1-3 ;
Sylla, 5, p. 361, Orclli ; Cic. Pro Mur. 23. — » Cic. Pro Cluentio, 36 ; Pro C. Theod. Ad leg. lui. mag. et Honor et Theod. 1. 4, cod. IX, 26. — Hilliociupiim:.
Bnlbo, Î5; Ferrât. Epiât. I, 13. — « Laboulayc, p. 28S, note 2; suivant Sigonius, De antiq. jure pop. rom. de Judiciis, 11,30; Hcineccius, Antiq. syn-
Lange, II, p. 650, ce fut la loi Calpurnia qui introduisit une commission per tagmn, IV, 18, 77-79 ; Ferratius, Epist. 1,13: Beaufort, Républ. rom. II et IV ; Bou-
manente île ambitu, i3, 32; Sali. Catil. 18. — ** Sallust. Calil. 18 ; Dio Cassius, chaud, Rech. sur la loi Julia tle amb. dans les Mthn. de l'Acnd. des inser. XXXIX,
XXXVI, 27 ; Suct. Jul. 9 ; Cic. pro Sylla, 17, 18 ; De finibus. II, 19 ; Drumann, Rom. 1777, p. 382-136 ; Th. Mommscn, De collfg. et sodiilit. Rom. Kicl, 1843, p. 40-73;
Getch. Il, 514. — « Cic. Pro Mur. 67 ; Zumpt, II, 2, p. 250. — M Dio Cassius, Walter, Rom. Rechttgetchiehtt, Bonn, 1860, 3' éd. t. Il, p. 815, n. 774 ; Rein,
XXXVII, Ï9 ; Cic. In Yatin. 15, 37 ; Pro Murena. 3, 23. 32, 47, S9 ; Pro Plancio, 83 ; lias Crimiitalrecht der Rôrner, Leipz. 1S44. p. 701 ; Laboulayc. Essai sur 1rs l'tis
cf. Schol. Bobb. Pro Sylla. 5, p. 362 ; Pro Sextio, 64, p. 309, Orclli. — S7 plut. crim. des Rom. Paris, 1845, p. 282 ; Rudorff, Rom. Rechlsgpsrhichtr, Leipi. 1857,
Cat. min. 21. — *» Cic. Ad Atlic. I, 16, 18 ; Rein, p. 714 ; Zumpt, II, 2, 266. — 1, p. 79 ; 1859, II, p. 399 ; A. W. Zumpt, Dos Criminnlrerht der rom. Rcpublik, II,
S;( Ascon. In argum. Alilon. p. 37, Orclli; Dio Cassius, XI., r>2. — 30 Laboulayc, 2, p. 217, 245, 264, 367 ; Rinkcs, Disput. de crim. ambit. et de soditl. apwl Rom.
p. 297; Zumpt, II, 2, p. 404. — » Ascon. In AI-lon. Orclli, p. 37; Tint. Pomp. Lugd. Bat. 1854
AMB — 223 — AMB ■

ment âjx6Xu><riç, ânoîpôopà), autorisé, encouragé, ordonné D'autres exemples dans l'Iliade présentent l'ambroisie sous
même dans certains cas par les philosophes anciens, no la môme forme. Zeus ordonne à Apollon d'en parfumer le
tamment par Platon 1 et par Aristote *, était-il puni par cadavre du héros Sarpèdon, et de le laver, pour le préserver
les lois d'Athènes? — La plupart des historiens, Meier 3, de la corruption, ce qu'exécute le dieu8. Thétis fait couler
Hœlscher4, Westermann \ Mayer", répondent négative goutte à goutte dans les narines dePatrocle l'ambroisie et
ment. D'autres, comme Hermann 7, disent que la loi avait le rouge nectar, afin que son corps demeure incorruptible \
gardé le silence, mais que, dans la pratique, il y avait con De même, dans l'Odyssée et dans d'autres poèmes, Idothée,
troverse sur le point de savoir si le fœtus est un homme fille de Protée, place sous les narines d'Ulysse et de ses
et s'il était possible d'appliquer au fœticide les peines de compagnons l'ambroisie parfumée, qui les préserve de
l'homicide ; ils se fondent principalement sur un discours l'odeur des peaux de phoques 8; l'ambroisie, répandue de
attribué à Lysias (xocr' 'AvTi-yévou; âf/êXojuEio; 8); discours qui la main d'Aphrodite dans le sein de Bérénice, lui donne
prouve, disent-ils, que l'avortement était matière à discus l'immortalité 6 ; Phœbus l'applique sur une plaie en même
sion devant les tribunaux. Nous croyons, avec .M. Boisso- temps que le nectar 7 ; Cyrène la répand sur le corps
nade9, qu'un texte de Galien est décisif en faveur de l'affir d'Aristée 8; Vénus prépare les sucs salutaires de l'ambroisie
mative : « Lycurgue et Solon, disciples des dieux, ont, avec la panacée pour guérir la blessure d'Enée ; d'une
dans leurs lois, prononcé nettement des peines contre l'au onction d'ambroisie mêlée au doux nectar, elle purifie son
teur de l'avortement10. » Cette opinion est confirmée par fils et le fait dieu •.
deux fragments qui nous ont été conservés par Stobée ". Doit-on s'étonner de plusieurs passages, où l'ambroisie
« Les législateurs, dit le stoïcien Musonius, ont défendu aux paraît plutôt un breuvage qu'un aliment ? Le Cyclope com
femmes de se faire avorter et ont infligé des peines à celles pare le vin d'Ulysse à une émanation d'ambroisie et de
qui n'obéiraient pas ; ils leur ont aussi défendu d'empêcher nectar10 ; Sappho chante un mélange d'ambroisie dans un
la conception, et de se servir de drogues abortives. » Chez cratère 11 ; la déesse Athèna verse l'ambroisie d'un aryballe
les Grecs d'Asie, l'avortement était regardé comme un sur la tête de Démosthène 18 ; le poète de la comédie
crime capital ; Cicéron, pendant un voyage en Asie w, moyenne Anaxandridès fait du nectar un aliment et de
apprit qu'une femme de Milet avait été condamnée à mort l'ambroisie un breuvage
pour s'ôtre laissé gagner par les héritiers de son mari, et C'est l'aliment des héros et des chevaux divins : Athèna,
avoir pris des breuvages qui la firent avorter. Comment sur l'ordre de Zeus, verse dans la poitrine d'Achille le
la législation athénienne aurait-elle laissé impuni un fait nectar et l'agréable ambroisie, pour le soustraire à la
que les autres législations réprimaient 13 ? M. Boissonade faim u; là encore l'ambroisie est confondue avec le nectar,
fait enfin remarquer que le silence d'Aristote est significa sous la forme liquide. Elle n'en apparaît séparée que pour
tif; il n'aurait pas manqué, en effet, de citer, à l'appui de servir de nourriture aux chevaux divins < le Simoïs fait
ses étranges conseils sur l'avortement, les pays où cet acte croître l'ambroisie que doivent paître les chevaux de
était regardé comme licite. Notons, en terminant, que, Hèra a. Ovide a imité Homère en rassasiant d'ambroisie les
dans le très-ancien serment, attribué à Hippocrate et exigé chevaux des Heures ,6, et en la faisant paître aux chevaux
des médecins, ceux-ci s'engageaient à ne pas provoquer d'a- du Soleil ". Platon, dans l'allégorie des attelages des âmes,
vortements : oùôi ywouxi -Kinam tpOôptov Siocui. E. Caillemer. ajoute le nectar comme breuvage, après l'ambroisie 18.
AMBROSIA ( Apêpocrta), l'ambroisie. — Sans chercher à C'est aussi l'aliment des dieux. Rarement, l'ambroisie
donner de cette substance divine une définition plus pré se trouve séparée du nectar, et, dans plus d'un cas, il ne
cise que le sujet ne le comporte, nous mentionnerons, en paraît y avoir entre ces deux mots que la différence du
suivant, autant que possible, l'ordre du temps, les divers terme général au particulier. On a remarqué que, dans
emplois que les auteurs anciens, les poètes surtout, sem l'Iliade, l'ambroisie n'est jamais l'aliment des dieux; il en
blent en avoir faits. est de même dans les poèmes de Virgile. L'Odyssée n'offre
Nulle part, dans l'Iliade, elle n'est considérée comme un qu'une seule fois l'ambroisie nettement distinguée du
aliment propre à entretenir chez les dieux la vie immor nectar : c'est dans le repas que Calypso présente à Her
telle; mais c'est un principe onctueux, d'un suave parfum, mès Plus loin ,0, les servantes de la déesse lui apportent
dont la vertu est de purifier et de conserver. Ainsi, lorsque l'ambroisie et le nectar, cette fois réunis. De môme,
Hèra se pare pour plaire à Zeus et l'attirer dans le piège Hésiode dit que les dieux mangent et le nectar et l'am
d'un sommeil profond : « D'abord, avec l'ambroisie, elle broisie et que la divinité coupable de parjure ne peut
purifia de toutes souillures son corps plein de séduction ; plus se nourrir d'ambroisie et de nectar u. Dans Pindare,
elle se parfuma d'une huile onctueuse, immortelle, suave, Tantale a dérobé aux immortels le nectar et l'ambroisie,
de l'odeur la plus agréable à la déesse ; quand cette huile qui l'avaient rendu incorruptible 83 ; les Heures et Gaia ont
est agitée dans la demeure de Zeus aux fondements d'ai fait couler goutte à goutte sur les lèvres d'Aristée le nec
rain, et la terre et le ciel sont pénétrés de son parfum1. » tar et l'ambroisie, et lui ont donné l'immortalité **. Plus
On a cru reconnaître cette scène sur un vase de la Basi- tard, tantôt l'ambroisie se confond avec le nectar", tantôt
lieatej mais suivant une autre interprétation, cette pein elle s'en distingue nettement î6.
ture serait la toilette d'Aphrodite *. Sur la composition et l'origine de l'ambroisie, les auteurs
A.MBLOSEOS GRAPHE. ' Ciritat, V, D. 90, 46. — « Politica, Vllj 14, g 10. — — 3 Od. IV, 415. — « Theocr. XV, 108. — ' Bion. Ahr. XI, 3. — « Virg. Oeorg. IV,
* Atlische Process, p. 31 1. — * llœlscher, De vita et seriptis Lysine, p. 135. — * la 415. - 9 ov. Met. XIV, 605. — M Od. IX, 359. — H Ljr. gr. Bergk, fr. Si. —
Psuly'n, Healennjel. I, 2« cd. p. 2. — 6 Dechte der Israélite», Athener. etc. II, p. 5. U Aristoph. Equ. 1091. -- 18 Ap. Alh. p. 389 A; cf. Eust. 163», 62. — '* //. Xl.X,
— ' Privatalt. g il, n. 5. — " tlcrlschrr, /. /. p. 131, et Didot, Orat. Ait. II, 256. — 347 ; 352. — "II. V, 777. — 16 Met. Il, 120. — « Met. IV, 215. — H Phaedr.
» Rech. sur les toi, nne. relatives à l'avortement, 1814 (im-dît;. — 10 XIX, 177, éd. Ï47 k. _ 19 Od. V, 93 •» Ib. 189. — «I Theog. 600-2. — »« Ih. 796. — » 01. 1
kiihn. — « Floril. 74, 61 et 75, 15. — » Pro Cluentio, XI, 32 ; cf. 1. 3B, I). De C2. _ » Pytk. IX, 63. - » Arisloph. Arh. 196 ; Lucr. VI, 972; Plut. Mur. iMi V .
poenis, 48, I». — H Cf. Wachsmuth, Belle». Alterthùmer, i' éd. Il, 216. Procl. In Crat. p. 161.— M 0\.De Ponto. I. 10, Il ; Plut. Moi: 938 B ; l.ucian. Dial.
AMBHOSIA. 1 //. xiv, 170 ; cf. Eust. Ad II. 974, 7. — « Cotai. Beugnot, a. 8; tli'itr. IV, 3. — Hrs;ch. à;i6fo<jla et 'i^'.TW, ; Et)iil. Mug. a^Cf.wi'.;, 80, 52 ; T!ieiiii>t.
Elite eéramogr. IV, p. 65 et 148 ; pl. «. — ' /(. XVI, 670, 680. — * II. XIX, 3». Ih: XIII. p. 293 B, Suid. *|t6ee«Mt.
I. 29
AME — 226 — AME
anciens présentent plusieurs opinions. Ibyeus attribue à Indépendamment d'autres monuments, plus loin indi
l'ambroisie une douceur neuf fois moindre que celle du qués, où Vamentum est figuré, trois qui sont ici reproduits en
miel iT. Faut-il voir une imitation et une sorte de commé montrent clai-
moration de l'ambroisie divine dans cette offrande à Zeus rementl'usage.
Ktèsios, dont parle Anticlidès, auteur d'un ouvrage sur Le premier est
Alexandre, et qu'il dit être composée d'eau pure, d'huile une amphore
et de fruits de toute sorte*8? Nous avons cité le vers, où du Musée bri
le Simoïs fait naître l'ambroisie pour les chevaux de Hèra. tannique, dont
Une tradition que Proclus donne sous le nom d'Orphée une figure, pu
faisait remonter à Dèmèter le partage de la double nourri bliée pour la
ture des dieux et l'invention de l'ambroisie1*. Homère cite première fois
1 Fig. je
i.<«.. „Mouvement droit.
, .,
les colombes qui portent l'ambroisie à Zeus 30, légende par Mérimée *
suivie par Myrô, femme poëte du commencement du (fig. 250), a été le point de départ des nouvelles recher-
iiic siècle ", et par Plutarque K. Bloxdel.
AMBROSIA. — Fête dionysiaque célébrée à Athènes
dans le mois de Lenaeon (janvier) ', et qui tirait peut-être
son nom de celui d'ambroisie, donné au vin doux*. Cette
fête faisait- elle partie de celle des Lenaea [dionysia] ou s'en
distinguait-elle? On n'est pas fixé sur ce point*. E. S.
AMBUBAIAE. — Ce nom, qui vient du syrien abub,
ambub (flûte, fifre), désignait des musiciennes venues de
l'Orient qui se faisaient entendre en public, avec leurs ins
truments nationaux, fifres, harpes et timbales, particuliè
rement dans le cirque. Elles exerçaient en même temps le
métier de courtisanes '. K.
AMBURBIUM ou AMBURBIALE . — Cérémonie expia
toire consistant en une procession, suivie d'un sacrifice et
de prières, dans les rues de la ville et autour de son en
ceinte1. Les victimes (amburbiales hostiae !) qui devaient être
offertes aux dieux étaient promenées solennellement par les
collèges des prêtres, suivis des citoyens. Cette cérémonie Fig. 251. Mouvement de bu en haut.
paraît avoir eu lieu à Rome tous les ans aux lupercalia ; et ches. Le second (fig. 251) est un disque de bronze trouve
en outre, on y avait recours quand des présages sinistres à Égine, actuellement au musée de Berlin'; le troisième
semblaient menacer la ville. On en trouve encore la men (fig. 252), encore inédit, est une coupe de la collection
tion dans la biographie d'Aurélien par Vopiscus 3, où elle Campana, au Louvre. Tous trois représentent des lut
est formellement distinguée de la cérémonie des ambarya- teurs au moment où ils sont prêts à lancer le javelot.
lia, avec laquelle on l'a quelquefois confondue. E. S. Une lanière enroulée au
AMELIOU DIKÈ ('Ajuai'ou S£x7)). — Nous trouvons, dans le tour du bâton forme une
Lexique d'Hésychius, la mention d'une action désignée sous anse dans laquelle l'un
ce nom. Elle paraît avoir été, comme I'ageorgioudikè,établie (fig. 230) a introduit l'in
pour régler les rapports d'un propriétaire avec son fermier. dex seulement, les deux
Mais nous n'avons sur elle aucune espèce de détails, et la autres, l'index et le mé
définition qu'en donne le grammairien : Çy]u.i'ou St'xr), ne nous dius. Cette lanière, d'après
place pas même sur la voie des conjectures. E. Caillemer. tous les textes, était de cuir
AMENTUIM ou AMMENTUM ( 'AyxuXt), 5uu.a, évalua). — (lorum). Aucun n'en indi
Courroie adaptée au bois d'un javelot pour en faciliter le jet que lalongueur, sansdoute
et en augmenter la portée '. Comment cette courroie était- variable, ni la manière
elle fixée, et comment s'en servait-on pour donner au dont elle était attachée. Sur
trait l'impulsion? On resta dans le doute à ce sujet jusqu'au un vase de la collection
moment, encore peu éloigné, où quelques monuments d'Hamilton ', est peint un
Fig. 252. Mouvement de lias en haut.
antiques mieux observes fournirent l'éclaircissement des personnage tenant un ja-
textes restés obscurs, et où des expériences furent tentées, velot, au bois duquel pendent deux courroies déroulées
d'abord en France, puis en Allemagne et en Suisse, d'a et non nouées ensemble, et dans la grande mosaïque de
près leurs indications1. Pompéi7, on voit un trait gisant à terre (fig. 253) autour

-" Alhen. Il, p. 30 B; i-f. Sch. Pind. IV, lia. — Vthcn. XI, p. 473 C. — AMELIOU DIKÈ. Wachsinulh, Uellen. Alterthunukunde, Malle, t. Il, 1846,
13 Proel. / r. — 30 M. XII, 62. — »' Alhen. p. 491 A. — 31 Mot. 156K, 941 F. p. S34, g 105, 77.
AMBIIOSIA. I Etvm. M. ». v. Avauiï ; Tzeti. et Mochop. Ad Hesiod. Op. et dira, AME.NTUM. 1 Scrv. Ad Aen. IX, 665 ; P. Diac. ». c. ; Sil. II. IX, 509. —
:S(I4 et sq. — 2 Hnokh, Lenûen, p. 110. — 3 Preller in Pauly's Renlencycl. II ; s M" Philol. Vermmml. in Heidelberg, 1866. p. 206 et s.; Anhnnge ;u Wmi-
p. I0S8 ; Binek, llelig. der Hellen. 11, p. 1H6 ; Ang. Mommsen, Heorlologie, p. 340. mandorffs Ordmwgsubungen der deutseh. Sehuttui'nens, rrancf. 186$; Jàger,
AMBLBAIAE. 1 Hor. Sat. I, 2, 1, avec le commentaire de Heindorf; Juvcn. 111, Deutsche Turnzeitung, 186$, n. 26. — 3 Hev. nrchéol. 1860, II, p. 211. —
12 ; Suet. A'er. 27 ; Petron. 74. » Ann. dell' Inst. 1842, tav. d'agg. B; Krause, Oymn. taf. Il, 6; Pinder, Ucber
AMBUBBILM ou AMBI Rlll VLt. I Scrv. Ad Virg. Ecl. 111, 77 ; Lucan. I, 693 ; den Fùnfkampf, Berl. 1867, p. 39. — » Scrv. Ad Aen. IX, 665 ; Fesl. ». ». ;
vpul. Met. III, init. — s P. Diac. ». v. — » C. 20 ; cf. Strab. V, p. 230 ; Marquirdt, C.loss. Virg. ap. Barth, Advers. 37, 5 ; GIoss. Labb. ». b.; cf. TU. Liv. XXXVIII,
Httndb. d. rôm. Alterthùmer, IV, p. 418, n. 2860. — Uibliograpuik. Preller, JROm. 41, 4. — 6 Tisehbein, Ym: d'Hamilton, III, pl. mu. — 7 Mua. Uorb. VIII, tav.
Mythologie, p. 372. wxvi et suiv.
AME — 227 — AMI
duquel s'enroule une courroie dont une des extrémités Quand on se préparait à lancer le javelot on passait dans
forme la boucle, tandis que l'autre paraît dénouée. Ces l'anse les premiers doigts (digitis tende prioribus)", c'est-à-
dire l'index et le médius, comme dans les fig. 250, 251, ou
l'index seulement, comme dans la fig. 249; on la tenait
tendue, de manière à ajouter à l'effort du bras la force
Fig. 253. Javelot muni de lamcntum. d'impulsion que peuvent donner les doigts. La position
des personnages n'est pas la même dans ces figures; deux
exemples montrent que Yamentum ne restait pas fixé tou d'entre eux vont lancer le javelot de bas en haut; l'autre,
jours d'une manière invariable, avant ou après le jet; et, droit devant lui. La première manière est celle qui conve
en effet , on savait déjà par les auteurs8 que l'opération nait le mieux, lorsqu'on ne se proposait pas un but précis,
d'enrouler et de nouer Yamentum (èvoiyxuXoûv, IvaYxuXi'Çeiv, niais qu'on voulait seulement atteindre à une grande dis
nmentare, amentum torquere) devait être faite avant qu'on tance, par exemple pour inquiéter l'ennemi sans l'appro
marchât au combat ; mais on ne saurait dire, quoique cher; ou bien dans les jeux et dans les exercices du gym
des expériences viennent, à l'appui de cette conjecture, si nase, où, sans viser un but, on voulait lancer le javelot le
la courroie était ainsi enroulée afin de donner au trait, plus loin possible17. On voit aussi (fig. 255) dans une pein
en se déroulant, une direction plus sûre et un mouvement ture d'un tombeau étrus
plus accéléré *. S'il en était ainsi en certains cas, il est que deChiusi18, un athlète
probable que plus ou un pyrrichiste passant
ordinairement la les doigts dans l'anse adap
boucle était fer tée à un long javelot, qu'il
mée de façon à' va lancer de bas en haut,
résister à l'impul mais la courroie n'est pas
sion des doigts. encore tendue. La seconde
La figure 254, d'a manière de lancer était la
près une pein seule qui rendît possible
ture qui décorait d'atteindre un but déter
un tombeau de miné : c'était nécessaire
Paestum ,0, mon ment celle des chasseurs,
tre deux guerriers c'était aussi celle qu'on
Fig. 2.% t. Alitai;» hasta. marchant l'un sur devait préférer à la guerre,
l'autre après avoir lorsque l'on combattait Fig. 255. Athlète étrusque.
lancé leurs javelots, dont l'anse ne s'est pas défaite mal d'assez près.
gré la force du coup : un de ces javelots a cependant percé Les exemples que nous avons cités prouvent que l'usage
la jambe de l'un des combattants. L'autre tient encore de Yamentum fut répandu de bonne heure en Italie aussi
un trait, en passant la main dans la courroie comme s'il bien qu'en Grèce. Il n'en est fait aucune mention dans les
avait saisi une épée par la poignée. On en a conclu" que poèmes d'Homère; mais au ve siècle,
c'était là une arme particulière, dont l'anse pouvait servir elle était l'arme de jet préférée des
à appuyer le coup en frappant; à cette arme s'applique Grecs", les jeunes gens s'exerçaient à le
raient les expressions ansatae hastae ou ansata tela, em manier dans les gymnases; à la guerre
ployées par Ennius"; mais nous ne pouvons voir dans la le [.i£<jâYx<Aov, ou javelot garni de l'àYJulXi),
peinture de Paestum autre chose que des javelots pourvus était l'arme des peltastcs, et l'on s'en
d'un amentum semblable à celui qu'on remarque fréquem servait également à la chasse*0. En Italie
ment dans les monuments; et dans le terme ansata husta, où l'usage de Yamentum fut introduit de
qu'un équivalent de amentata husta. bonne heure, puisqu'on le voit claire
Vamentum devait être fixé au milieu de l'arme, comme ment figuré dans les peintures déjà signa
l'indiquent, et le nom de [AtaefyxiAov devenu celui du javelot lées (fig. 254, 235) et plus anciennement
lui même ", et les témoignages précis de plusieurs au encore (fig. 236) parmi les peintures d'un
teurs", mais ce milieu doit s'entendre sans doute du centre tombeau étrusque de Caere qui sont
de gravité, qui se déplace suivant que l'arme est garnie à entrées au Louvre avec la collection
son extrémité d'une pointe plus ou moins pesante. Cette rai Campana. La hasta amentata fut aussi
Fig. 256. f.ueiTH'i'
son n'expliquerait pas encore pourquoi dans les monuments chez les Romains l'arme des troupes lé étrusque.
Yamentum paraît quelquefois placé à une distance si iné gères 52 [veutesI : on la trouve quel
gale des deux extrémités : il est permis de croire que la quefois désignée sous le nom de hasta velilaris a. E. S\r,i.io.
place changeait selon la commodité de celui qui lançait le AMIANTUS [asbestos].
javelot. Dans d'autres monuments ici reproduits ou que AMICI AUGUSTI. — Personnages admis, depuis le règne
nous pouvons citer15, Yamentum occupe assez régulière d'Auguste, à former l'entourage habituel du prince ; dans
ment la place que lui assignent les ailleurs. un sens plus large, ce mot comprenait même les convives

"Plut. Apoplit. Alex. 13; Virg. Aen. IX, 663 ; X, .185; Sil. II. IV, U; cf. Oie. n. Jaliu, Bemalte Yasen mit Goldschniuck, pl. n, — 1* Son. Hippol. 280 ; 0\.
Deor.l. 57, 242; Brut. 78, 271. — 9 JSger, /. /. — 'o Nicolas, Ant. di Pesta, VI; Met. VII, 7S7 ; XII, 321; cf. Xen. Anab. IV, 3, 28; V, 2, 12. — >1 Pinder.
litghirarui, Monum. etr. 1. 1, tav. i, 5. — H Ricliult. Dict. des antiq. s. iv Ansalus, Fnnfkampf. p. 91 et 112. — <» Mon. ined. dell' Inst. 1850, tav. vu. — 19 Eurip.
i. — » Ap. Non. p. 556 Merc, 619 Quichcrat ; et ap. Macroh. VI, 1. — I' Eu- Androm. 1132; Or. 6711; Phen. 1141. — *° Kur. Bacch. 1205 ; Pohb. XXIII. I.
rip. Phoen. 1141; Id. Androm. 1132; Polyb. XXIII, 1, 9. — I* Poli. I, 136; lsid. 9. — « Monum. ined. dell' Inst. 1859, tav. xix. — »l cie. Brut. 7S, 271. —-< Tit.
Wlll, 7; Sert. /. /. - is stuart, Ant. of Alh. III, p. 47; Millingen, Vases l.iv. XXVI, 4, 4. — BraLinanAltiPK. Kôrhly, 26* Philnt. Vrr*ammht<ig in W'ih'zhnrt/,
fiftnts ine'd. pl. % ; Mon. itied. dell.' faut, I84fi. tav, wxiii; Ibid. VIII, tav. xti; |»6K, p. 22f> et s.
AMI — 228 — AMI
ordinaires de l'empereur. Suivant M. Friedlânder ', les souvent ils appartenaient à l'ordre sénatorial, comme les
personnages politiques au temps de C.Gracchus et deLivius consuls et les consulaires, çonsulares 17 ; cependant il n'est
Drusus avaient déjà divisé leurs amis politiques en trois pas rare de voir des chevaliers admis dans la première
catégories: les confidents ou conseillers intimes, les prin classe des amis de l'empereur, à raison de leur mérite ou
cipaux partisans et la foule des alliés plus ou moins dé de leur office '*, ou même de jeunes favoris au début de
voués Jules César eut aussi ses amis attitrés et rangés en leur carrière , comme Lucain près de Néron et aussi
diverses classes '. Mais sous Auguste et surtout sous Tibère Othon 19 ; enfin des parents ou alliés du prince, comme
et ses successeurs *, les termes amici ou familiar es principes Hadrien à la cour de Trajan, enfin des condisciples de
désignèrent des personnes régulièrement choisies pour l'empereur *°.
participer aux conseils et à la société ordinaire de l'empe Les amis surtout primae admissionis étaient en générai
reur. Ce nom devint un titre régulier et permanent, sup appelés au conseil du prince" (consilium principis), mais
posant des prérogatives spéciales ; les amis formèrent une pas nécessairement; en sens inverse, les membres de ce
sorte de noblesse de cour, sans embrasser tous ceux qui s'y conseil, principalement depuis Hadrien, n'appartenaient
trouvaient admis à titre de sénateurs ou même de sim pas tous à la classe des amici™. On comptait principale
ples chevaliers. Le germe de l'institution fourni par les ment les chevaliers dans la seconde catégorie. La troisième
usages politiques de Home fut développé par les princes, classe comprenait tous ceux dont le prince voulait faire sa
d'après le type des cours orientales. En efTet, la noblesse société habituelle, indépendamment de leur position so
de cour se partageait chez les Perses 3 en parents, en alliés, ciale, à cause de leurs talents, de leur politesse ou des
amis et convives du roi. Alexandre avait transporté cette agréments de leur commerce. C'étaient en général de<
institution à la cour de Macédoine, d'où elle passa chez ses philosophes, des savants, des comédiens, des artistes, etc.,
successeurs, notamment chez les Séleucides et les Ptolé- 'parfois des étrangers et surtout des Grecs d'origine. On les
riiées, où il y avait des irpS-rot <p(Xoi, etc. 6. C'est chez ces nommait grati, ou convictores ou commensaux habituels
derniers probablement que les empereurs romains puisè de l'empereur, quoique ayant à la cour un rang subor
rent les traits principaux du système des amici Augusti. donné; à peine pouvait-on les appeler des amici (stricto
Cette expression devint un titre permanent, indépendant sensu) S3. Cependant le philosophe Areus d'Alexandrie à la
de l'amitié personnelle du prince, et peut-être même un cour d'Auguste, et ses deux fils, etc. jouirent d'une con
attribut attaché à certaines fonctions comme les grandes sidération exceptionnelle; ces o-ufi.6iioTa( habitaient le palais,
préfectures '. Le choix des amis était important et fécond ou étaient admis au conlubernium. Au contraire, les amis
en conséquences pour l'administration générale de l'em de la première ou de la seconde classe se présentaient le
pire "; aussi avait-il lieu pour toute la durée du règne, matin au lever de l'empereur ; ils étaient conviés plus ou
tandis que l'admission au conseil du prince (honor con- moins régulièrement à sa table, et une certaine catégorie
silii) était souvent temporaire En écrivant à ses amis, de domestiques du palais était attachée à leur service, sous
l'empereur les gratifiait de très-chers (rarissime) 10 ; il les pre le nom de a cura amicorum a. Du reste, les habitudes des
nait d'ordinaire pour compagnons de ses voyages ou de ses empereurs varièrent beaucoup relativement au choix de
expéditions militaires, comme ceux qui formaient jadis leurs convives et à leurs procédés à l'égard des amici ,0. On
l'entourage des généraux ou des gouverneurs sous la répu trouve la même variété en ce qui concerne les voyages et
blique (cohors), et ce nom leur fut encore appliqué cohors les expéditions. Le privilège de suivre l'empereur était en
Augusti favor. De là aussi le nom de compagnons, comités, général en même temps un devoir 17 ; les amis habitaient
origine des com tes du Bas-Empire, et maintenant synonyme avec le prince ou il pourvoyait à leur logement; ils avaient
û'nmici Avgusti n. Cependant on donnait parfois ce titre dans le camp une place réservée près du quartier impérial**.
à un compagnon accidentel du prince 1S. Quoi qu'il en soit, Le prince leur fournissait une indemnité de voyage, viati-
les amis, au sens étroit du mot, se divisaient en deux classes, cum amicorum, ou du moins la subsistance w; mais par
et dans un sens plus large, en trois classes14. Le rang de ces fois ils étaient amenés par le comitatus à des dépenses
nmici dépendait moins de l'ordre auquel ils appartenaient ruineuses50, et réciproquement leur logement ou leur
que de la situation que leur conférait l'empereur. Cepen transport devenait une charge très-onéreuse pour les cités
dant les deux premières classes se composaient en général qu'ils traversaient M. M. Friedlânder a recueilli des faits
de personnages qui, par leur naissance, leur fortune ou nombreux qui attestent la courtoisie ordinaire des empe
leurs fonctions, occupaient une haute position sociale. reurs envers leurs amis5î, et la haute influence que ceux-ci
Ceux de la première catégorie se nommaient primi amici pouvaient exercer sur la marche des affaires et le choix
ou cohors primae admissions 15 [ahmissio], ou in timi amici, des généraux, etc. a. On comprend aussi que les courtisans
gratissimi amicorum , principes in Caesaris amicitia ,e. Le plus de la première classe vivaient clans la contrainte et l'in-
AMICI AUGUSTI. • Darttell. ans der Sittengesch. Ilmns,}, p. 118 et s.; cf. Bcr- Hist. Aug. Alex. .S'en. 20. — ,6 Tacit. Anu. I, 71 ; IV, 29 ; X, 31 ; Dial. de oral. S.;
ker, Bandbuch. Il, 3, p. 231 el s.— 2 Scnec. De benef. VI, 34. — 3 Suet. Jul. 52 ; Cm. Dio, LXVI, 11 ; cf. Tacit. Ann. XVI, 18 ; Sueton, Otlio. 3. — 17 Tacit. Ann. I, 27 ;
Ad famil. VI, 12. 2. — » Scnec. De elem.l, 10; Dio Cas9. LXI.X, 7 ; Tacil. Ann. VI, IV, 9, 29, 4». 58; II. 20; VI, 3; Dig. I, 1, 2, 49; Suet. Ol/io, 1, et Friedlânder,
'l ; Suet. 776.. III. — r» Letronne, Rech, pour scrïùr à l'Itist. de l'Egypte, p. 58, 314 ; Op. L p. 124, noie 3. — i* Sen. De benef. 1,10; Tacit. Annal. XIII, 12 ; XV, 50. —
Dunkcr, Gesrb. des Alterth. Il, 042; pour les Parthcs, Athcnod. IV, p. 154 F; I» Suet. Oth. 3 ; Yitellius, 4 ; Plul. Galba, 19 ; Tacit. Annal. XIII, 46. — «0 Dio,
pour le» Arabes, Strabo, XVI, 4, 21. — s Q. Curt. VI, 5, 11 ; VI, 20, 17 ; Joseph, LX1X, I ; Hist. Aug. Hadr. 15; M. Ant. 13. —21 Suet. Tilt. 55; Tit. 7. —
Ant. jud. XII, 7, 3; XII, 9, I ; XIII, 4, S; Maceab. I, 3, 38; T. Liv. XLV, 12 ; 22 Bethmann-Hollweg, Jlandb. il. civil proc. p. HIR.— '» Suet. Tib. 46. — Suet.
Polyb. XXX, Il ; l.etromie, Op. I. p. 38; Plut. De exil. c. 7. — 7 Tacit. Ann. XI, Oet. S9, 98; Dio, M, 16; Sen. Ad Mari:. IV, 2; Ep. XXIX, 5; Lucian. Parasit.
Il : Dit;. Xt.lX, I, I . s :! ; JuTen. IV, 112; Hist. Aug. ffadr. c. 13; Friedlânder, I, 52; Plut. Princip. philos. II, 13. — « Orelli, 1588, 2917, 2918, 2932 ; cf. Mar-
p. 120, nely. 5. — 8 Hist. Aug. Alex. Sen. 85 9 pli,,. Epitt. IV, 22; VI, 22, 31.— i|iiardt, Handb. V, n. 858. — M Hist. Aug. Hadr. 9 ; Aul. p. 11 ; M. Anlon. Comut.
10 Comme Trnjau dans ses lettres à Pline : >oy. Borghe-i, Œuvres. III, toi. — Il Val. I, 16 ; Ant. phil. 26 ; Alex. Sev. 4. — '7 Mare. Ant. Comm. I. 10 ; Suet. Galba. 7 ;
Mai. IX. 1S, eut. I. — is Juv. IV, 83, 84, 80; Henien, 0051 ; Gruter, 1100, 5; Yesp. 4. — Hygin. De mutnt. eastrnr. — *> Tacit. Ann. 1, 37 ; Suet. Tib. 40 ;
.tlomm>en, //Me. II. II, «30 ; Orelli, 934 ; Gruter, 407, 1 ; 407, 2; 412, 3 ; Dig. Oetav. 29 ; Quintil .VI, 3, 52. — '0 Philo, Légat, nd Coi. p. 596 ni ; Sueton. Calig.
I, 15, 4; cf. Becker, Handb. Il, 231-3. — 1' Tac. Ann. I. 17; II, 65; Slat. 19. — 31 plin. Panerj. 20; Hist. Aug. Anton, p. 7. — 32 I. p. 133 et s. Dio.
Silv. III, 71 ; Orelli, 750 ; Momm.cn, l. I. 4237 ; Henien, 7420, 6502. — H Sen. LVII, 11; Suet. Tib. 23; Oet. 53; Claud. 35; Otho. 4; Galba. 20; iVeru,
De henef. VI. 34; Snet. Tih. 10. — I» Sen. /. /.; Dialog. II, 18, 2; De rleni. I. Il); 27, etc. — M Tae. Ann. XIII. 0; Hat. IV, 7; Hist. Augnot. Alex Sev. (15.
AMI — 229 — AMI
quiétude, craignantde perdre la faveur du prince34, objets trouve de pareilles stipulations dans le premier traité fait
d'une méfiance et même d'un espionnage dangereux '*; entre Home et Carthage en 245 de Rome ou 509 av. J.-G.
ils passaient parfois du premier rang des amis à la disgrâce suivant Polybe *, mais reporté avec plus de vraisem
et finissaient par le suicide ou dans les supplices36. Leur blance par les modernes en 406 de Home ou 348 av.
renvoi de la cour leur enlevait, non -seulement la familia J -G. ,0, et dans le second traité conclu en 448 de Rome
rité du prince, mais l'accès du palais Une pareille ou 306 av. J.-G. C'est ainsi que les Romains protégeaient
décision équivalait presque à un ordre d'exil '8. Chacun leurs nationaux attirés au loin par le commerce chez les
s'éloignait du disgracié, bientôt les délations se multi rois amis, où ils étaient publico nomine tuti En cas de
pliaient contre lui, il était accusé devant le sénat, con lésion de leurs droits, ils pouvaient non-seulement s'a
damné à l'exil et pour y échapper se donnait la mort ". dresser à la justice du pays, mais encore recourir à des
Quelquefois un exilé revenait à la cour et s'exposait encore arbitres spéciaux nommés recuperatob.es et institués par
aux mêmes dangers40. La mort de l'empereur n'entraînait le traité d'amitié pour juger les litiges relatifs à la viola
pas d'ordinaire l'exclusion de ses amis; leur maintien tion des facultés garanties par le foedus [recuperatio].
était considéré comme un devoir de piété, mais qui fut G. Humbert.
souvent méconnu 41 ; dans les révolutions violentes, les AMICTORIUM. — Bande de linge fin analogue au stro-
amis n'étaient pas épargnés, sauf d'honorables excep phium et à la fascia pectoralis, dont les femmes romaines
tions — D'après un usage emprunté à la cour de Perse 43, s'entouraient la poitrine 1 ; et aussi, sous le bas-empire,
de jeunes nobles étaient élevés à la cour (puen eminentes vêtement de toile forte, à l'usage des hommes : la forme
Caesaî'is) 44 avec les princes de la famille impériale ou les n'en est pas connue î. E. S.
enfants de rois étrangers, et y contractaient avec le futur AMICTUS (diminutif amiculum). — Terme général pour
souverain les liens d'une amitié durable 45 . Nous ren tout vêtement de dessus dont on s'enveloppait et se dra
voyons à M. Friedlander 46, qui en a rassemblé de nom pait (amicire), tels que la toge et toutes les espèces de
breux exemples. G. Humbebt. manteaux par opposition aux vêtements de dessous, tels
AMICITIA. Une des formes d'alliance usitées d'après que la tunique, plus immédiatement adhérents au corps
le droit international romain [foedus, jus gentu;mJ. Elle (induere, induius).
offrait une grande analogie avec le droit d'hospitalité Le même mot s'applique 4 au port du vêtement, à la ma
[hospitii jus], accordé à une cité étrangère. Certains nière d'en draper les plis (componere), qui avait une grande
auteurs 4 admettent même que Yamicitia n'était qu'une importance pour les anciens. Ils y voyaient le signe de la
forme plus récente et à peine juridiquement différente distinction extérieure.
de cet hospitium ; cependant le premier terme était plutôt A amictus et amicire correspondent les mots grecs
employé pour les traités entre cités \ En outre, Pom- l7rt6Xî)(jt.a, ImêoXotov, itep(6Xi)(xa, itsptêôXatov, <x|ATO£c!vïj et iirt-
ponius paraît distinguer nettement Yamicitia, de Yhos- êaXXeaôai, <î(AitÉ^e<r6ai. E. S.
AMIS ('A(aîç et cA(a(ç). — Vase dont l'emploi était, chez
pitium et du traité d'alliance (foedus amicitiae causa factum ')
et Paul parle d'une cité alliée ou amie, etc. (ad sociam les Grecs, celui de notre vase de nuit. On l'appelait an
amicamve aut ad regem socium amicumve 4), désignant ainsi ciennement oùpavïj Il nous est surtout connu par des pas
des rapports de droit public, distincts quoique analogues. sages des comiques indiquant un usage étranger à nos
Le sénatus-consulte Lutatien relatif à Asclépiades, etc. s, mœurs : il paraît que ce vase était un des ustensiles indis
concède à certains sujets provinciaux d'être placés au rang pensables dans les repas et réunions de buveurs *. Les con
des amis du peuple romain (in amicos populi romani referri) vives se le faisaient présenter par des esclaves chargés de
et en même temps, le jus hospitii. Quoiqu'il en soit, le traité ce soin \ On pourrait même supposer que chacun d'eux
A'amicitia contenait, suivant Walter 6, les deux clauses avait un à/x(; assez près de lui ; car Eschyle et Sophocle 1
suivantes : 1° engagement pour les peuples amis de recou avaient représenté dans des pièces aujourd'hui perdues,
rir aux voies d'accommodement pour régler leurs diffé des Grecs ivres qui se cassent de ces vases sur la tête 5. Sur
rends 7 ; 2° règlement des relations de leurs sujets respec une coupe du musée Grégorien, on voit entre les mains de
tifs, de leurs droits en territoire étranger et de la protection l'un des personnages un vase à col étroit (fig. 257) et l'em
à eux due par l'autorité locale. Toutefois le peuple ami ploi qu'il en va faire est assez clairement exprimé pour no
restait libre de prêter son secours en cas de guerre *. On faire l'objet d'aucun doute; tandis que sur une hydrie de
» Galon. Ai Hippocrat. epid. IV, 9, ed. B. XVII, B. 150 ; Epict. Dissert. IV, 8, 41, Redits, n. 83, note 28 ; Egger, Lal. vet. rel. p. 27.';. — « Op. I. I, n. 80 cl 81. —
; S«n. De ira, II, 33 ; Tiicit. Atm. III, 30 ; Bist. IV, 8 ; Juv. IV, 72.— » Vit. Hadr. 7 Dion. liai. III, 3 ; Folyb. m, 22,24; T. Liv. XXXVIII, 3». — » T. Lit. XLV,25;
Il ; Dio, LXVIU, 15 ; Suet. Oetao. 66 ; Tib. 55 ; Calig. 26. - '« Vit. Hadr. 15. _ Polyb. XXX, 5.-8 III, 22, 23, 24. — lo Schwegler, Rom. Gesch. XVIII, 13 ; Momm
1 Tacit. Annal. II, 70 ; VI, 29 j Suct. Calig. 3, ^ ; Lips. Excurs. L ad Annal. II ; sen, Tl6m. Vhronal. 2' éd. p. 320; Walter, Op. I. n. 81, note 3, et u. 94. —
Orflli, 932, 4997. — œ Tacit. Ann. III, 24. — S» Suct. Orl. 24 ; Dio, LUI, 24 ; Tac. 11 Dig. XLIX, 15, 19, g 3, De eaplivis et postlim. Les Romains n'eurent jamais d<<
Am. I, 5 ; VI, 9 ; XIII, 46 ; Suet. Yesp. 4, 14 ; Olho. 3. — *o Epict Dissert. 1, 10. pareils traités avec les Gaulois (T. Liv. V, 33-36) avant la première guerre qu'a
— « Dio, LXVII; 2; LXXIl, li, 4; Suet. Tit. 7; Vita Commod. 3. — *i Tac. mena l'incendie de Rome. — Bibliographie. Bceker - Mar<|liardt, Bandbucb drr
H'at. 1,71; Plot. Otho, 1; Plin. Ep. IV, 22; Juv. IV, 113. — » Xcn. Anab. rôm. AlterthOmer, Leipz. 1851, III, I, p. 25 et suiv.; Walter. Geschichte des rùm.
I, 9, 3. — *k Hcnicn, 6236. — Suct. lll. gr. 1 17 ; Oetav. 48 ; C/aml. 32 ; Tit. 2, /ledits, I, 80, 84, 94, 3« «d. Bonn, 1860 ; Voigt, Jus naturale, II, 93, 234, 177; IV,
Joseph. Ant. jud. XVIII, 6, 1. — ** I, p. 141. — Bibliochaphik. Haiihold, De con- 2, 134, 136 et suiv. Leipz. 18.18 ; T. Mommsen, Rem. Fnrsdntngeii. i. p. 1328 et
%'ntorio principis, Lips. 182.H, I, p. 207 et suiv.; Ernrsti, Exeurs. XV ad Sueton. suiv., Berlin, 1864 ; Id. in Hermès, 1869, p. 127 cl suiv.
îil>er. 46 ; Mcibom, Maeceims, Lugd. Bat. 1653, p. 12 et.suiv.; Gothofrcilus, Ad cod, AMICTORIUM.1 Mart. XIV, 149; Hieron. In fsaî. Il, 3, \. 23. — ! Ijh\.
Theod. VI, 13 ; Salniasiu», Ad SpartianiVit. Badrian. 18; Ad Trebell. Pollion. Theod. L. VIII, t. 5.
■it.Afacr. {Irigintu tyranni); Bccker-Marquardl, Handhuch der riim AUerthfimer, AMICTUS. ■ îsacv. ap. Varr. De ting. lat. VII. 3, 92; C.ic. Ad Att. VI, I ; I).
Ij-ipi. 1849, II, 3, p. 231 et ». ; L. Friedlander, Darstellungen ans der Sittenge- nr. III, 32 ; Phil. VI, 34 ; Plin. Ep. II, Il ; Tac. Ann. XIV, 21. — * Cic. De <„:
trhichte Roms in fier Zeil von August his zum Anxt/ang der Antonine. 3" éd. Leipzig, II, 22, 91 ; Quintil. fnst. or. XI, 3, 156. — » Ov. Melam. IV, 318, et Burmann, Ad
l«6<J, I, p. 118 et suiv. h. I ; Id. De Ponto, 11. 5, .".2, et Heinsius, Ad h. I.
AMICITIA I Mommsen, Rem. Forschungen, I, p. 238 et ». — * Yoy. pour AMIS. Aesch. et Sopli. ap. \then. I, 30, p. 18. — s Aristopli. Vesp. 807 ; Demoslh.
tant Gori, Iiuc. 2, 306. — * Dig. XLIX, 15, 5, S 2, De captivis et pnstlimin. — Arf». Ton. LIV; Athcn. XII, 17. 319. — :' Aristoph. Dan. 543; Eupolis, Fr. 303 ;
» Dig. XLIX, 15, 19, S 3. —6 Haubold, Momm. p. 90-57; Mommsen, Rem. Gns- j Diph./'V. 43,34; Epier. R\ 5 ; Plut. Apopht. p. 834, Wyttenbach.—*£, /.—«II, 85. 2.
trerht, p. 267-371 ; Id. Rom. Trilms. p. 152, 160; Waller, Gesch. des rûm. \ — RiRi.inr.n ipiiir. Gatakcr, Adrersaf. miseellan. lih. Il, c. H, t. I, Opp. p. 2M1.
AMM — 230 — AMM
la collection Campana, au Louvre, un vase bas, très-ou Une dernière tradition faisait venir d'Afrique un certain
vert (flg. 258), paraît avoir la même destination; soit que Ammon, au temps de la domination de Dionysos en Egypte ;
l'djxiï n'eût pas une forme constante et bien déterminée, il aurait amené au dieu d'immenses troupeaux, et reçu en
échange des terres en face de Thèbes ; les cornes, avec
lesquelles on le représentait, seraient un souvenir de ce
bienfait. Suivant une variante de la même tradition, tout
l'honneur de celte action reviendrait au dieu, qui aurait
fïg. 257. Kip. 25S. par ce motif reçu les cornes de bélier comme attribut 9.
Outre les fêtes d'Ammon à Thèbes, on a gardé le souve
soit que dans l'une des peintures que nous venons de citer nir d'une fête célébrée en son honneur à Athènes ; mais le
un vase différent ait été pour un moment détourné à cet nom même en est douteux *. 11 est probable que la tri
usage, comme il arrivait quelquefois. rème sacrée d'Ammon, appelée Atnmonis 10 ou A?nmonias ",
L'ijilç s'appelait chez les Romains matula ou mntclln, jouait quelque rôle dans cette solennité. On sait que les
nom commun à d'autres vases. Ch. Morel. Athéniens l'employaient pour envoyer leurs offrandes aux
AMMA (vA(X|xa). — Mesure de longueur qui n'est pas sacrifices du dieu et qu'un trésorier, magistrat élu à la
proprement grecque, mais égyptienne. Son nom paraîtêtre majorité des votes (Tauu'aç àp^ojv/stpoT&v^To'î) y était attaché1''.
celui du cordeau qui servait à l'arpentage. On n'en trouve Lorsque Protogènes décora les propylées de l'Acropole, il
la mention que dans les fragments de Hiéron et de Didyme. y peignit les deux trirèmes sacrées, la Paralos et la Ham-
Elle valait 40 coudées ou 60 pieds1. Ch. Morel. monis, désignée aussi sous le nom de Nausikaa '*.
AMMON (*A[xj«ov). — Ammon, divinité d'origine étran L'art hellénique ou romain consacra à Zeus Ammon un
gère, sémitique ou égyptienne, que les Grecs et les Ro grand nombre de monuments, dont quelques-uns sont par
mains identifièrent avec Zeus et Jupiter '. Son oracle en venus jusqu'à nous ,5. Pausanias vit encore à Sparte un
Libye, dans la grande Oasis, n'eut pas moins de célébrité sanctuaire consacré à ce dieu Il en mentionne un autre
parmi eux que ceux de Dodone et de Delphes [oraculumI. sur l'agora de Gythion ". Ammon eut un temple ou au
Son culte y avait été apporté de Thèbes, en Égypte, appe moins un autel à Aphytis, dans la péninsule Pallène ,8.
lée par les Grecs Diospolis*. Il fut connu d'abord des Grecs Lysandrc, ayant levé le siège de cette ville, à la suite d'une
de la Cyrénaïque, pays limitrophe de la grande Oasis, puis nocturne apparition du dieu, ordonna aux habitants de lui
du nombre toujours croissant de ceux qui visitaient son sacrifier, e t se rendit en Libye pour s'efforcer de l'apaiser 19.
sanctuaire et consultaient son oracle, désormais compté Des médailles d'Aphytis attestent ce culte . A Olympie
parmi les grands oracles nationaux3. Au temps de Philippe on lui faisait des libations en même temps qu'à Parammon
et d'Alexandre le culte d'Ammon était répandu dans la Grèce. et à Hèra-Ammonia, divinités évidemment de môme ori
Alexandre affecta toute sa vie pour ce dieu une dévotion gine et identifiées par les Grecs à Hermès et à Hèra.
intéressée *. Les rites, les fêtes, les images du dieu égyptien La sculpture consacra à Ammon de nombreux monu
à tête de bélier, identifié par les Grecs avec leur Zeus, fu ments. Un des plus anciens sans doute, remontant à la
rent expliqués par des légendes empreintes de leur esprit et première moitié du v* siècle, était la statue, œuvre de Ga-
destinées à mettre Ammon en rapport avec leurs divinités. lamis, que Pindare lui avait dédiée à Thèbes ". A une
On racontait que Zeus, qui ne voulait pas se laisser voir, époque incertaine, des Hellènes de Cyrène avaient consacré,
avait cédé cependant aux instances d'Héraklès : il avait à Delphes, un char et, sur le char, une statue d'Ammon.
écorché un bélier, en avait coupé la tête, et s'était mon Le musée de Naples conserve un Zeus Ammon en marbre,
tré tenant cette bête devant lui et revêtu de la toison5. On d'un très-bon style et fort intéressant à cause de la rareté
expliquait encore l'origine des cornes de bélier, attribut des représentations entières du dieu I!. A demi couché sur
d'Ammon, en disantque Dionysos, ou, suivant quelques-uns, un rocher, il s'appuie de la main gauche ; deux cornes de
Héraklès allant dans l'Inde, et menant son armée à travers bélier s'élèvent du milieu de son épaisse chevelure surmon
les déserts de Libye, à la fin, presque épuisé de soif, avait tée d'un calathus; son vêtement se compose d'une ample
invoqué Zeus, son père. Un bélier apparut, et en creusant tunique à manches courtes et d'un manteau. Une seconde
le solde son pied, découvrit une source. Pour cette raison, statue, plus petite, en bronze, est au Cabinet des médailles
Zeus Ammon, dont le nom serait dérivé de d![A|xo<; (sable), devienne; le dieu, vêtu d'un manteau, est en marche".
serait représenté avec les cornes d'un bélier 6. D'autres Pausanias rapporte qu'à Mégalopolis, près du théâtre et
assuraient qu'Ainmon, né dans un bois, avait été trouvé du Boulcutèrion , on avait construit une maison pour
par les habitants voisins et regardé comme fils de Zeus Alexandre, fils de Philippe ; on y voyait un hermès d'Am
et d'une brebis. Suivant une quatrième tradition, des pas mon avec des cornes de bélier". Le nombre des bustes et
teurs, entre Cyrène et Carlhage, virent un enfant, dont la hermès simples d'Ammon conservés aujourd'hui dans les
tète portait des cornes de bélier, assis sur le sable et pré musées est assez considérable : on peut en citer dix-sept
disant l'avenir. Soulevé de terre, il se taisait ; déposé au moins; dans les uns prédomine l'élément humain;
de nouveau, il parlait. Soudain il disparut ; on le crut les autres laissent plus apercevoir de la nature du bélier.
dieu, et l'on commença en ce lieu à honorer Zeus Ammon7. Dans la première classe, le buste en marbre du musée

AMMA. 1 Hultscb, Griech. und roui. Métrologie, p. 36. 'AuLEictYfi; cf. Hesych. s. v. — 10 Harpocr. s. p. Ap|iwvi(. — lt vrist. Diuarch. et
AMMON. iHcrod. 11,42. - »Di<xl. I, 15. — >Herod.I, 46 j Plat. Leg. V, 9; Ad. Philuch. in Fragm. cantabrig. iexici rliet. p. 675, 28 ; cf. Orat. ott. éd. Didot, t. II,
Arittid. Orat. Platmie. I, p. 12, éd. Dindorf; Origen. Adv. Cels. VII, p. 333 j Cic. p. 4:iC. — ts Schol. Demosth. p. 570, 3. — « Suid. s. v. «uùu. — 1» PHn. But. mit.
rte divin. I, 4». — * Plut. Cimon, 18 ; Nirins, 13 ; Lysand. 20 ; Alex. 3 et 72 ; 35, 10. 37. — 15 four le sanctuaire de Libve, voy. oucratm. — 16 Pau*. III, 18, 2.
Paus. VIII, 11. 6; Diod. XVII, bl. — 5 lier. II, M. — « Ser». Ad Aen. IV, 196; — » Id. III, ïl, 7. — « Plut Lysand. 20. — » Paus. III, 18, 3. — s» Id. V, 13,
H)g. Astron. avec cpielques variantes. — ^ Serv. /. /. — 'Hvg. /./.—» Iles; ch. 11. - ai id. IX, 16, 1. — S! f.larac, Mus. de srulpt. t. III, 309, pl. cccci E.
». ». Ann'i»; Bûckh. Stiiatsh. der At/ien, II. p. 2»9, conjecture 'Aji|iivi<i ; Id. Corp. n. 692 E. — M Sacken et Kenner, Samml. des k. k. Mon;, wvl Antik. Cabinets m
ivse. gr. p. 252, n. 157. Peut-être cotte fete est-elle la même que la fête appelée W/eit, n. H6I. — " P««*. VIII. 32, I,
AMM — 231 — AMM
de Naples ** est le plus remarquable (lig. 259). Les che bourg37, appartiennent à la même série. A ces bustes on
veux recouvrent presque la racine des cornes fortement re peut joindre deux hermès simples, l'un38, en grès, trouvé
courbées, de même qu'ils dissimulent l'attache des oreilles près de Bonn, qui offre une ressemblance frappante avec
d'animal, placées dans la le buste du Capitole, l'autre 38 qui de la collection Cam
courbure des cornes. Sur pana a passé au musée du Louvre.
le sommet de la tête la che Une inscription de Deir-el-Kuelah, dans le Liban 10, a
velure est à demi courte ; conservé le souvenir d'une représentation en bronze d'Am-
sur la nuque elle est coupée mon avec des cornes : c'était sans doute un masque qui ser
à la façon des athlètes. La vait à l'écoulement de l'eau d'une fontaine. Tel paraît avoir-
barbe est seulement ondu été l'emploi de la plupart des masques de ce dieu, conservés
lée. Le front médiocrement clans nos musées M. La première place parmi eux revient à
bombé, mais fortement sail un masque colossal du musée des Offices à Florence
lant au-dessus des orbites et Les deux masques qui, par la beauté, s'en approchent le
surtout au milieu, présente plus, sont le masque colossal de la villa Albani **, et un
plus haut une dépression ou plus petit au musée du Vatican M. A un degré inférieur se
un creux marqué de deux placent deux masques de Pompéi M ; enfin un petit masque
plis. Les yeux ne sont pas au musée de Berlin **.
très-ouverts. Le nez long, On ne compte pas moins de quinze hermès doubles où
l-'ig. i.'»9. /('ils Aimuon. un peu arqué et très-mince, Ammon est figuré dans les musées. Les uns le montrent
et la bouche, dont les con uni à Dionysos, soit barbu ", soit imberbe **. Ce rappro
tours sont très-particuliers, montrent le type du bélier chement paraît plutôt avoir été suggéré aux artistes par
uni au type humain dans un mélange idéalisé. Un buste les légendes communes aux deux divinités et, en particu
en marbre du Panthéon de Wcirlitz *\ œuvre d'une bonne lier, par la tradition qui faisait de Dionysos un fils de Zeus
époque, rappelle celui de Naples. Il s'en distingue surtout Ammon Les cornes de taureau que portent ces tètes de
en ce qu'il n'a pas d'oreilles d'animal. Dans cette première Dionysos jeune et imberbe peuvent inspirer quelques
classe, il suffit de mentionner encore un buste de la gale doutes sur leur attribution; car le Dionysos ammonien ou
rie Giusliniani aujourd'hui disparu, une tête du musée libyque de nombreuses médailles de Gyrène et d'autres
de Berlin M, un buste inédit du musée de Naples une pe villes a des cornes de bélier. Au lieu de l'interprétation
tite tête en marbre de la collection Barone à Naples, enfin généralement admise50, qui reconnaît dans ces hermès un
une tète sur un autel funéraire du musée des Offices à Dionysos taureau, dieu de la fécondation par le principe
Florence 30. Une tête inédite de la Glyptothèque de Mu de l'eau, on a proposé d'y voir des représentations du
nich*' présente un intermédiaire entre le caractère noble Triton libyque
et idéal du buste de Naples et des autres bustes analogues, Un hermès du musée de Berlin M associe au dieu une
et le caractère bestial de ceux de la deuxième série. tête de satyre. On le voit, sur un rhyton à Naples !3, réuni
La deuxième série comprend sept bustes, où domine la à Hèra Ammonia ou à Libya. Un hermès double, relevé
nature de l'animal ; on y voit surtout le dieu-bélier. Sans par Gerhard", offre un Ammon d'un type noble, presque
que ce type manque tout à fait dans les monnaies grecques, semblable à Zeus, uni à une tête à peu près semblable, mais
on le remarque en particulier dans des monnaies romaines sans cornes, et qui paraît être Sérapis. Il existe aussi des
de l'Afrique, et les bustes qui le présentent doivent être monuments où deux têtes d'Ammon sont adossées l'une
également considérés comme romains. Nous citerons une à l'autre 55.
tête du musée du Capitole", dont l'expression est sauvage, On trouve des tètes d'Ammon, soit seules, soit unies à
farouche, à demi bestiale ; les cornes tiennent tout à fait des têtes de bélier, aux angles des autels et des cippes funé
au visage , ainsi que les oreilles, qui sont des oreilles de raires, aux anses ou aux places des anses des vases de môme
bouc. Une tête, à Venise38; une tête de marbre grec, des destination. La tête d'Ammon, munie de cornes comme
tinée à une statue, au musée de Latran'4; une autre au celle d'un bélier ou d'un taureau, paraît avoir servi d'amu
même musée 33 ; une petite tête de la collection Barone, à lette, aussi bien que la tête barbue aux cornes de taureau,
Naples; un buste, autrefois dans la collection Campana, au qui a été prise tantôt pour A chéloùs, tantôt pour Dionysos;
jourd'hui au Louvre36; une autre tête, de la même collec c'est ainsi qu'on le rencontre sur une cuirasse 86 et sur un
tion, aujourd'hui au musée de l'Ermitage, à Saint-Péters- casque87. Elle figure dans deux remarquables bas-reliefs,

K N. 187; Gerhard et PanoCka, Neapels ant. Bildwerke, n. 119; Braun. in Ann. W Dans la salle des dieux et des héros: Gerhard, Berltns ant. Bildir. u. 367. —
drlt Instit. 1848. la», d'agg. H, p. 193. — ML. Gcrlach, Wôrlitz. Ant. Hefl 2, M Montai, dell' Instit. IV, tav. uix ; Ami. dell' Instit. 1848, tav. d'agg. i, p. 186,
taf. it, p. 25. — rj Gol.Giustin. 11, tav.xt.iv. - s» N. 778. — » N. 281. — »» N. 269. n. 141 c; Beschreib. Romt, II, il, p. 72, n. 5il, note; Ib. 11, n, p. 238 ; MalTei,
— '< Brunn, Beschreib. (1er Glypt. ï' éd. p. 101, n. 81. — 3» 1" étage n. 57 ; Mus. Vcron. p. xcui, u. 3 ; Antich. di Ercolano, VIII, tav. lxx ; Visconti,Jr*w. Pio-
Bottari, Mus. Capitol. 1, tab. 4, observ. ; Beschreibung Roms, III, 1, p. 172, n. 58. Clem. V, p. 12, note d ; Braun, Annali dell' Instit. 1848. p. 190. — *8 Visconti,
— •*> Zanctti, Ant. statue di Yenezia, II, tav. nr. — •* Benndorf et Schône, Ant. l. I. V, tav d'agg. A, n. 3; Montfaucon, Ant. expliquée, I, pl. m, n. 3;
ttiVw. des /Mteran. Mus. 83. — » Itiid. n. 388. — M Frôhner, Notice de ta K. Bôtticher, Naehtràge z. Yerseizh.derBUdhauenp.n.9i7 ; Gerhard, Berlin. Ant.
srulpt. antique. 519. — 3" Guédéonow, Ermitage imp. Mus. de scidpt. ant. n. 324. Bildw* n. 07 q; Hiibner, Ant. Bildw. in Madrid, n. 87. — »» Diod. 111, 05-73. —
— " Ler.ch, Johrbûrh. d. Yereins v. Alterth. im Bhcinlande, 1H46, taf. i», p. 116. 50 Visconti, Museo Pin Clem. V, p. 12, note d; Braun, Ann. dell' Instit. 1848,
— •» FrShner, 1. 1. n. 550. — *" Henien, Ilull. delV Instit. 1846, p. 83 ; Corp. Inscr. p. 193; De Witte, Ibid. 1858, p. 82.— 5t K. Bôtticher, Xachtrag. z. Yerzeichn. d,
Ur- m. n. 4:i,iS ; Lctronne, Berne aeehèol. 111, p. 8(1 ; Cavedoni. Ami. dell' Instit. BUdhauerw. n. 985 et suiv. — si N. 170. — Kl Archàol. Zeitung, 18*9, p. 77.
1-17. p. 167. — U Gerhard, Arch. Zeilunij, Anzeig. 1859, p. 35, n. 328. — — 5* Antike Bildw. taf. ceci», n. 3. — 53 Hûbocr, .1»/. Bildic. in Madrid, p. 304,
" Vi««iEiti, Mnseo Pio-Clem. V, p. 12, noted; Braun, Ann. dcb.' Instit. 1848, n. 704 ; Mus. Disneianum, pl. lxi ; Stephani, Comm. imp. archéot. de S.-Pr-
p. 1*6. — 43 Sons la voûte de l'Atrio di Giunone : Beschreib. Bomi, 111, il, p. 479. tersbourg, 1802, p. 78, note 2; Beschreib. Bonis, 11, u, p. 281, n. 33; Pisto
— fcfc Dan* la seconde chambre des bustes, n. 346 : Beschreib. ftnms, 11, II, p. 188, lcsi, /I Yaticano descritto, VI, tav. cm; Braun, Ann. dell' Instit. 1848, p. 192.
n. 6)*; Jkfuseo Pio-Clem. V, tav. vi ; Pistolcsi, // Yaiic. descritto. V, tav. xlix, I. — 36 C.larac, Mus. de se. pl. 3i>6, 42 ; pl. 338, 2114. —57 Arncth, Ant. Cameen,
— l» Avellino, Quarto casa di Pomp. p. 34; Annali delV Instit. 18(7, p. 167.— taf. \.
AMM — 232 — AMM
l'un au Louvre M, l'autre à Turin89. La figure entière du dieu quatre périodes de son histoire : domination des Battiades
donne un grand intérêt à un vase en marbre, découvert à (640-450), gouvernement républicain (450-322), les Ptolé
Pompéi80. D'après la description qui en a été faite, Ammon mées ; la quatrième période, qui est celle de la domination
y aurait été représenté, comme dans l'offrande des ha romaine, est sans intérêt pour l'étude des représentations
bitants de Cyrène à Delphes, dont il a été parlé plus haut, monétaires d'Ammon. Avant le milieu du v" siècle, et,
monté sur un char à deux chevaux. On a conservé quelques suivant toute apparence, dans un temps bien plus reculé 80,
lampes61, où le masque du dieu tient lieu d'ornement. On les premières têtes du dieu sont du style archaïque le plus
le trouve de même sur un antéfixe en forme de pal- dur. Ce sont des drachmes sans nom de ville. 11 en est
niette, dans la collection Campana **. Un bas-relief en autrement des plus anciennes monnaies avec le nom de
terre cuite, reproduit à plusieurs exemplaires63, le présente Cyrène 81 : de môme que dans les plus anciennes monnaies
orné du bandeau bachique, et accompagné de deux jeunes de Barca M et des Euespérites 83, le type est celui du style
satyres. archaïque (fig. 261). La deuxième période est l'époque du
Sur les vases peints, on n'a pas signalé Zeus Ammon plus beau dévelop
avec l'attribut ordinaire des cornes de bélier ; on peut seu pement de l'art. La
lement en citer deux, sur lesquels se voit la figure de Zeus tête d'Ammon est
avec un sceptre surmonté d'une tête de bélier 6k. d'une grande dis
Les pierres gravées qui représentent Ammon sont assez tinction . Un des
nombreuses. Le plus souvent, on trouve la tête barbue plus beaux monu
avec les cornes de bélier, soit de profil 65, soit de face 6e, ments de la numis
avec l'expression élevée du type de Zeus67, ou dérivant matique cyrénaïque
de ce type 68 ; d'autres fois plutôt avec le caractère bachi est une médaille Fig. 261. Monnaie de (Arène.
que w, ou sous des traits particuliers et presque indivi sans nom de ville,
duels 70 ; ou dans un rapport très-frappant avec une avec le nom du magistrat aibystpato sur le revers81; la
physionomie bestiale, mais en général semblalbc à une tète rappelle le type de Zeus des monnaies locrienncs cl
tète de chèvre plutôt qu'à une tête de bélier71. Un petit arcadiennes. Deux médailles, l'une de Cyrène m, l'autre de
nombre de gemmes offrent, comme les monnaies impé Barca88, ont quelque ressemblance avec le beau buste de Na-
riales frappées en Egypte, la tête d'Ammon, couronnée ples, tandis que d'autres 87 peuvent être comparées aux bus
de rayons et surmontée du calathus 7i. D'autres pierres, tes où le caractère du dieu est le plus rapproché de la na
comme les mêmes monnaies, joignent à ces attributs le ture bestiale. Sur une médaille en or, plusieurs fois pu
trident entouré d'un serpent73; il en est bliée88, Ammon est debout, la partie inférieure du corps
une 74 où Ammon a sur la tète le croissant couverte d'un manteau ; il ne porte point de cornes de bé
de la lune ; sur une améthyste '*, on le voit lier; la tête est radiée; le personnage est tout à fait sem
porté par un bélier ; une autre pierre '', blable au Zeus hellénique : sur sa main droite est posée la
montre (fig. 260) une figure entière d'Am victoire; de la gauche, il tient un sceptre, un bélier le suit.
mon avec la tête d'un bélier, le foudre dans La troisième période de la numismatique de Cyrène pré
l;ig. 260. Ammon. la main droite, la main gauche appuyée sente sur les monnaies frappées par les Ptolémées, des tètes
sur un sceptre. d'Ammon 89, qui n'ont rien de particulier. A côté se pla
On voit aussi sur des gemmes, quelques doubles têtes cent quelques représentations plus ou moins barbares du
d'Ammon et de Libya. La plus connue de ces représen même dieu, sur des monnaies du roi de Numidie Juba Ier M.
tations se trouve au Cabinet de Florence 77, une tête de C'est également en Afrique qu'ont été frappés les deniers
femme unie à celle d'Ammon, sur une pierre de la collec de Q. Cornificius, avec la tête d'Ammon M, aussi bien que
tion de Berlin 78, paraît être celle de Hèra. Une pierre, ceux qui montrent une tête de femme couverte de dépouilles
plusieurs fois publiée 79, offre l'image d'un bélier avec d'éléphant : Q. Cornificius administra l'Afrique en qualité
l'inscription c. AMAN (us), nom du possesseur de cette de propréteur, après la mort de César.
pierre, qui honorait Ammon comme son protecteur et son On voit encore Ammon sur les médailles de Métaponte,
parton. de Catane, d'Aphytis, dans la péninsule Pallène, de
La numismatique surtout fournit une riche collection Cassandrea 9i, de l'ancienne Potidée, de Ténos, de Mitylène ;
de monuments où est figuré Zeus Ammon. La Cyrénaï- sur elles des villes de Mysie, Pitane, Lampsaque et Per-
que, principal foyer de son culte, se distingue par le grand game, de Cos M, d'Ancyre en Galatie w,et de Césarée n en
nombre de ces médailles. Elles appartiennent à trois des Cappadoce.

Musée Napoléon, 11,pl. xxix ; lienkm. der ait. Kunst. II, n. 411. — fi9 Marmara 76 Lippert, llaktyl. 1, n. 6 ; Mus. carton, tab. xxn ; cf. Schlielitegroli, Pierres gran',!,
Taurin. II, U. 2t, p. IS et suiv. — 80 Bull, delt Instit. 1841, p. 98. — 61 Passcri, de Stosch, XXI, 76 ; Guighiaut, Itel. de VAnt. pl. lxii, 269 ; Winekelmann, 76. —
l.ueernar, I, tab. xxxn ; II, tab. uv, 2. — fii Campana, Opère in plastiea, tav. m. — 77 Mus. Florent. 1, tab. lui, n. 6; Lippert, Suppt. n. 8; Cades, n. 60 ; 1, A.
Antiquit. of /unia, Vign. 5, 2 i Combe, Ane. terracot. in brit. Mus. pl. xxxn, n. 61 et 62 ; Overbeek, h. U et 12. — 78 cl. I, n. 24. — 79 Au musée de Ber
ti. 6(i ; lienkm. fier ait. À'iuwf, II, n. 180, O. Jahii, Die Lauersforter Phalerae, taf. lin : Tolkcn, Erklùr. Yerteichn. Cl. VIII, n. 140 ; cf. l'anofka, Gemm. mit
m, 3 ; Campana, Op. in pltistiea, tav. xxvn ; d'Agincourt, Fragm. pi. xv, 2, etc. — Inschrifl., in Abh. d. Berl. Akad. 1851, taf. i, n. 1 ; Huller-Wieseler, Denkm.
Micali, Antichi mnnum.ta\. lxxvi; Are/i. Zeilung. I846.tar.xxxix.il. 1 ; ('.renier, ait. Kunst, II, 32 b. — 80 L. .Millier, Numism. de l'ane. Afrique. 1, p. 21. — 81 ibid.
/nr Huilerie der alten Dramat. taf. v ; lienkm. der ait Kunst, II, D. 393.— •* Lippert, u. 27-29, p. 12. Overbeek, Gr. Kunslmyth. I, i. Miinitafcl, IV, 1-4. — SI Ibid.
fiaktyliuthek, I, 3-5, Suppl. 4; Winekelmann, Stoich. Samml. II, II, n. 09-72; 5. — 8* h. Mûïler, I. /. p. 88, 332 et 333. — 85 Overbeek, /. (. 8. — » Ibid. 9. —
(.ades, Impronte gemme, I, A. 47-52. — 6,5 L-ippcrt, Suppl. o, 6; Winekelmann, /. /. 87 Ibid. 10. — 88 Ibid. 11, 12, 13, 15 ; Mlillcr, /. i. p. 73. — »» Ch. Lenormant.
74, 75 ; Cades, /. /. 39-46. — *" Overbcek, Griech. Kunst myth. 1, 1 ; Cemmentafel, Xraw. yalerie myth. p. 69, pl. ix, 18 ; Mionnet, Suppl. t. IX, pl. vu, n. 1 ; cf. M,
l\ , I et 4 ; Cades, /. /. 48 et 51. — 8» Ibid. 47 ; Oterbeck, 2. — 6» Cades. 37 ; pl. DLVIH, n. 35 ; L. Millier, /. /. p. 50, n. 194 ; cf. p. 68 et 100. — *> L.
Lippert, Suppl. 6. Florcnz ; Overbeek, 6. — 70 cades. 50 ; Overbcek, 3. — 71 Cades, Millier, /. t. p. 38 ; Overbeek, 17 et 1S. — 81 L. Millier. /. I. III, p. 43, u. 55 et 56.
52 ; Overbcek, 7. — "s Cades, 57 et 59 ; Oterbeck, 9 et 10 ; cf. Lippert, Suppl. 7 ; — 92 Eckhel, Iloctr. num. vet. V, p. 196 ; Denkm. d. ait. Kunst. I, taf. uv,
Winekelmann, 55, 56 ; Cades, 54, 56, 58. — 7» Cade», 55 ; Overbcek, 8. — 7» Wine- n. 341. — 95 Eckhel, /. /. p. 60; Mionnet, /. /. 471 sq. 173 sq. ; Suppl. 52 et suiv.;
kelmann, ibid. 73. — 75 ch. Lenormant, Nom. galerie myth. p. 69, pl. ix, 23, — 340 et suiv. — 9> Overbeek, p. i'JS. — »3 Ibid.
AMN — 233 — AMO
Enfin Ammon apparaît sur les monnaies des empereurs l'amnistie, quelques personnes intentaient des actions judi
romains frappées en Egypte 96. K. Blondel. ciaires contre les complices des Trente, Archinus, l'ami de
AMIVESTIA (A[jivT,(iTÎa). — L'amnistie est «l'oubli d'in- Thrasybule, fit voter une loi qui permit au défendeur d'oppo
fractions dont le souvenir ne serait ravivé qu'au détriment ser alors à l'agresseur une irapaYP*<p^i fondée sur l'amnistie8.
du repos public. Pour calmer les esprits, pour éteindre les Nous trouvons un second exemple à l'occasion d'une in
dissensions, on promet de ne pas entamer ou de ne pas surrection à Samos pour renverser la démocratie. Le parti
continuer des poursuites, ou même de ne pas tenir compte vainqueur se borna à amnistier la plupart des coupables9.
des condamnations intervenues, comme dénouement de De l'amnistie, nous rapprochons la grâce et la réhabili
poursuites déjà faites, à raison do telles ou telles classes d'in tation. « La grâce s'adresse aux personnes directement
fractions. .. L'amnistie s'applique aux infractions, abstrac et immédiatement. C'est une faveur qui s'applique nom
tion faite de ceux qui les ont commises... Si les agents en mément à des bénéficiaires déterminés, à des infracteurs
profitent, ce n'est que médiatement et indirectement » convaincus, à des condamnés dontla condamnation n'est
L'amnistie était connue des Grecs, et l'histoire nous en a pas anéantie, bien qu'elle ne reçoive pas exécution ,0. » La
conservé plusieurs exemples que nous allons rappeler. grâce s'exerçait plutôt dans l'intérêt privé que dans
Nous ferons observer toutefois que, comme il s'agit d'une l'intérêt public, et, bien que le droit de grâce n'appartînt
faveur accordée à des coupables, le pouvoir qui concède qu'à l'assemblée du peuple, il devait y en avoir de fréquents
l'amnistie peut mettre à sa générosité telles conditions exemples; mais les historiens grecs en ont relaté seule
qu'il juge convenables, en exclure telles personnes déter ment un petit nombre. Les Athéniens rapportèrent, après
minées, lui faire produire tels ou tels effets. Userait donc trois ans seulement, le décret d'ostracisme rendu contre
difficile, à cause du petit nombre des documents qui nous Aristide et qui devait régulièrement produire effet pendant
sont parvenus, d'indiquer quelles étaient, en Grèce, les dix ans 11 ; ils firent également grâce à Démosthène " et à
règles générales de cette matière. Alcibiade 13 des condamnations à l'exil qui avaient été
Lorsque, en 403 av. J.-C. , grâce à l'intervention de Pau- prononcées contre eux. Plutarque 14 nous dit toutefois
sanias, la paix fut conclue entre l'oligarchie athénienne que le peuple ne pouvait pas remettre au condamné les
et les exilés établis dans le Pirée, Thrasybule et tous ses amendes qu'il avait encourues ; mais l'historien nous in
compagnons échangèrent avec les oligarques qu'ils ve dique un moyen à l'aide duquel, relativement à Démos
naient de combattre des serments solennels d'oubli du thône, cette prohibition put être éludée. Le peuple lui fit
passé ; les mêmes engagements furent pris plus tard envers don d'une somme d'argent égale au montant de sa dette.
les oligarques réfugiés à Eleusis. Cette promesse d'ou Quant à la réhabilitation, elle relève le condamné des
bli est désignée par Plutarque sous le nom de ^tpta^a incapacités et des déchéances que sa culpabilité reconnue
âfmieTia;1; mais le mot « amnistie » ne se rencontre pas lui avait fait encourir. « La grâce agit sur les inflations
dans les auteurs contemporains, qui disent seulement (jl-Jj matérielles ou sur la peine; la réhabilitation sur lesinflic-
;iV7)<Tixax£ïv 3. Les seules personnes exceptées de I'df«r,<m'a tions morales ou sur les incapacités 1B.» — Une loi deSolon,
furent les Trente Tyrans, les Onze, qui avaient fait exécuter rapportée par Plutarque 1S, relève de I'atimia un certain
les décisions des Tyrans, et les Dix, gouverneurs du Pirée ; nombre d'individus et les déclare fertTt|Aot. E. Cahxemeh.
et encore ces diverses personnes eurent le droit de béné AMORGINA (Aiao'py'voc). — Tissus extrêmement légers,
ficier du pardon en rendant compte de la manière dont rivalisant de finesse et de transparence avec le byssus et
elles avaient géré leurs charges, et en dégageant leur res ainsi nommés parce qu'on les fabriquait avec une plante
ponsabilité des injustices commises par leurs collègues \ (àpiopYii;), probablement une sorte de lin *, cultivée dans l'île
Les fils des Tyrans eux-mêmes purent rester dans Athènes, d'Amorgos, une des Cyclades. La fabrication n'était pas
et y jouir de tous leurs droits de citoyens5. Pour augmenter enfermée dans cette île : la plante était exportée et tra -
les garanties résultant de la le.i: oblivionis 6, on ajouta à la vaillée ailleurs 3. On en faisait, à ce qu'il semble, presque
formule du serment annuel des sénateurs une clause par exclusivement des tuniques de femme (^itwvmx, evciju.ocTa),
laquelle ils s'engageaient à ne recevoir aucune evSstÇtç, au fort recherchées à Athènes et chèrement payées vers le v"
cune ir.%fuif\ fondées sur des faits antérieurs à l'archontat et le IVe siècle av. J.-C. *. Les amorç/ina, indépendamment
d'Euclide ; enfin, on fit jurer chaque année par les Hê- de la beauté du tissu, se distinguaient par leur couleur
liastes qu'ils ne se rappelleraient pas les faits accomplis, rouge ou pourprée \ 'Àf*opY?) est le nom d'une plante qui
qu'ils n'appuieraient pas ceux qui se les rappelleraient, sert à colorer en rouge, peut-être la môme que Tournefort
et qu'ils respecteraient en tout le décret d'amnistie7. Ces vit encore cultivée à Amorgos 6. Il est assez difficile de
serments, dont l'utilité était nécessairement transitoire, discerner dans les auteurs qui emploient l'épi IhètcxuopYtvoc,
tombèrent en désuétude, et on ne les trouve pas dans la s'ils veulent désigner une étoffe faite de Yipoçrfiç., ou teinte
formule, très-suspecte d'ailleurs, conservée dans le dis avec les sucs de rdcuopY?!, ouun produit quelconque de l'île
cours de Démosthône contre Timocrate. Comme, malgré d'Amorgos. E. Saglio.
•* Ibid. et Miinztafi'I, IV, 23. — " Zoé'ga, Num. aeg. imp. — BiBLiooiiruiE. Smith, 1844, p. 473, 646, 617 ; K. F. Hermann, Griech. Staatsalterthùmer, 1855, g 71, 0, et
l>it ti„n. nfgr. mythol. ; A. Jlaury, Jlelig. de lu Grèce, t. III, et s. ; Paulj, Real- tOS, 9 ; Saripolo», ïtonma toivmt,; topeQwurç, I, 1868, p. 316 et suiv.
eaeyrl. I, 2« éd. s. v.; J. Oïerbeck, Griech. Kunstmytlmlogie, Zem, I, xiv, p. 273-305, AMOItGIXA. I Aristoph. Lysi.it. 150, 735 et Schol. Ad h. I. ; Harpocr. 'Ajof'ii ;
AMNESTIA. 1 Bertauld, Leçons île législation criminelle, Caen, 1855, p. 3, 4. — F.tym. M. p. 85, 10 ; Kust. ad Dion. Pepicg. 52.1. — * Poli. VII, 57 et 74 ; Aristoph.
» Praec. ger. reip. XVII, S 8, Didot, 993 ; Id. Cicer. 42 ; cf. Val. Max. (. I. et Schol.; Suid. 'Av^iî ; Ilo>;ch. 'Ajiifviv* i Moeris, '\rj^i(. — * Aristoph.
IV, I, 4, et Vopisc. Awelian. 39, g 4. — ' Andoc. De my.it. jj 90, I). 63; 1. 1.; Aeschin. Ado. Timarch. g 97.— »Etym. M. 80, 14 ; Ps. Plat, lipàt. 13. p. 3r,;iii ;
cf. Cic. Philyip. I, I, — * Andoc. De mtj.it. S 90, 1). 63.— » Demosth. C, cf. RangaM, Ailt. hell. Il, 536,546 et s.. 549 ; Aristoph. 1. 1. et Schol.; cf. Athcn. VI,
H<*nt. de dote, §32, B. 10;S. — «Corn. Nep. Thrasyb. 3, i. — 1 Andoc. p. 255 e. — 5 Schol. Aeschin. /. I. ; Stoph. Bvz. 'A;jopv4î ; Suid. F.tym. M. ; Eu>t.
De mytt. g 91, D. 63. — » Isocr. C. Callimaeh. XVIII, S 2, I). 260. —9 Thuc. /. /. ; Bckker, Anccd. p. 204, 9. — 6 Voyage du Levant, p. 89, Amsterd. 1718. -
VIII, 74; cf. Xcn. Jlist. graeea, V, 4, 04. — 10 Bertauld, /. I. p. :.. — H Plut. Biiiliocrapiiik, Vati's, Textiimim antiguornm, Lond. 1841, p. 310 et suiv.; Biicti-
Ari*t. 8.— » ld. Demosth. 27. — 1» Id. Alcib.i3.— " Id. Demosth. 27. — l« Ei- sfiisrhiitz, lli<> Hauptstdtten des Gçwerl,/lci.i.ies im elft.isisehen Allerthume) l.eipz.
po«é- des motifs de la loi du 3 juillet 1S.',2. — »6 .Soin, 19. — BiDMOGittPitlF. Patilv 1869, p. 68; H. Bliimner, Die geteerbliche Thàtigkeit der Vôlker des elassisrlien
Realencyclop. 1, 1837, p. 416 ; Wachsmuth, Bellen. Alterthumsknnde, Halle, t. I, Atterthnms, Leipz. 1869. p. 94.
I. 30
AMP — 234 — AMP
AMPELOS ('Aj/iteXoî).— Personnification de la vigne et d'Orope on montrait une fontaine par laquelle, disait-on,
génie compagnon de Dionysos. Ses aventures ont été le grand devin d'Argos était sorti des entrailles de la terre9.
chantées par Nonnus et par Ovide Il était d'une grande Il eut des temples et il rendit des oracles 10. Celui d'Orope
beauté, et Dionysos l'aima à tel point qu'il ne pouvait se jouissait d'une immense célébrité. Les malades venaient
passer de sa compagnie. Confiant dans sa force, Ampelos de toutes les parties de la Grèce attendre ses révélations
ne craignait pas d'attaquer les bêtes sauvages. L'un de ses en dormant dans son temple sur la peau des victimes Il
exploits fut de monter un taureau des plus féroces qui, devint comme un second Esculape '*.
après l'avoir porté quelque temps d'une course impétueuse, L'art grec, l'art étrusque et même l'art romain se sont
le jetai terre avec tant de violence qu'il en mourut. Dio emparés des faits les plus saillants de cette légende, divisée
nysos, inconsolable de la perte de son favori, obtint d'A- par eux en trois parties : ils nous montrent Amphia
tropos-qu'Ampelos, qui n'avait pas encore passé l'Achéron, raiis dans la période qui précède la guerre, nous assistons
fût métamorphosé en vigne; et le dieu ne l'aimapas moins à son départ, puis nous voyons sa mort.
sous cette forme nouvelle que sous la première. Plus tard Parmi les monuments figurés de la première période, il
Ampelos fut placé dans le ciel et y devint la constellation faut signaler avant tout le célèbre scarabée " de la collec
du Vendangeur ( Vmdemitor). tion de Stosch. aujourd'hui au musée de Berlin (fig. 263).
Un groupe du Musée britan
nique représente (lig. 262) Dio
nysos et Ampelos au moment de
la transformation de celui-ci *.
On possède aussi des terres cuites
sur lesquelles Ampelos est figuré
sortant au contraire d'un cep de
vigne entre deux Faunes, l'un
vieux et l'autre jeune, qui s'é
merveillent et applaudissent '.
Ampelos et Acratos (la vigne et
le vin pur) figurent souvent dans
les représentations de la pompe
dionysiaque ; ce sont les génies
Fig. 262. Dionysos et Ampelos. ou -démons de Dionysos qui le
soutiennent dans sa marche ou Fig. 263. Amphiaraiis pt les chefs arfriens.
prennent place avec lui sur son char *. L. de Bonchaud.
AMPHIARAIA ('Ai^iapâia). — Fôte célébrée en l'hon Cinq des sept chefs de l'armée argienne sont représentés
neur d'AMPiiuRAiis, à Orope. Des concours gymniques, sur ce scarabée avec des inscriptions qui les désignent :
hippiques et musicaux avaient lieu à cette occasion l. E. S. Polynice, Tydée, Amphiaraiis, Adraste et Parlhénopée.
AMPIIIARAUS(4;ji!ptôpaoç). — Amphiaraiis, fils d'Apollon Winckelmann a vu dans cette composition le conseil de
ou d'Oïclès et d'Hypermcstre ou de Clytemnestre époux guerre des chefs de l'armée argienne. Welcker 11 reconnaît
d'Ériphyle*, père d'Alcméon, d'Amphiloque, d'Eurydice Amphiaraiis dans la maison d'Adraste, prédisant en pré
et de Démonassa, ou bien encore de Tiburtus, de Catittus sence des plus intéressés au succès la funeste issue de cette
et de Coras s, un des plus braves, des plus sages et des plus guerre. On le voit sur
pieux entre les Grecs. Sa renommée comme devin égala des vases peints assis
celle de Tirésias. 11 prit part à la chasse du sanglier de Ca- tant à la mort d'AR-
lydon * et à l'expédition des Argonautes *. ciiemoros. Un miroir
Ériphylc, corrompue parle don d'un collier que lui avait étrusque de Vulci,
offert Polynice, força son mari, lié par un serment, à aller interprété parM. Bou
combattre les Thébains quoiqu'il eût déclaré que cette lez ,5, représente, selon
guerre serait fatale à tous ceux qui y prendraient part. cet antiquaire, Tydée
La guerre commença; les Argiens donnèrent l'assaut à apportant à Adraste,
la ville de Thôbes, mais la mort de Capanée changea l'at son beau-père, en pré
taque en déroute. Amphiaraiis prit la fuite ; un Thébain, sence d'Amphiaraus,
Périclymène, allait le frapper par derrière, quand Jupiter le collier corrupteur.
lançant sa foudre, ouvrit un gouffre dans lequel Amphia Les noms des trois
raiis fut englouti, avec Bâton son aurige, son char et ses personnages sont ins
Fig. 264. Amphiaraiis et Ériphyie.
chevaux '. Le nom de la ville d'Harma (apfxa , char) 7 crits auprès d'eux.
perpétua et précisa le souvenir de cet événement. Am Le départ d'Amphiaraiis se voyait sur le coffret de
phiaraiis reçut de Jupiter le don de l'immortalité s. Près Cypselus 16 ; un vase 17 de la Glyplothèque de Munich nous
AMPELOS. <N'onn. Dionys. X, XI Pt XII, pusim j Ov. Faut. 111, 409-413. — — « Pind. Nam. IX, 25; 01. VI, 14. — ' Slrab. IX, p. 405; cf. Paus. I, 34, 2. —
* Combp, Ane. marbl. in Britûh mus. part. III, pl. 11. — 3 British mus., Townley 8 Apoll. III. 3, 0, 6.-9 Paus. I, 34, 3. — 10 ld. I, 2, 3 ; II, 23. 2. — " Herod.
gallery, Loud. 1836, t. I, p. 105. _4 Milita, Gai. mylh. lu, 237 ; lut, 243 ; 1, 46. — n Paus. 1, 34; Welcker ad Philostr. Imag. p. 366. — " Winckelmann,
ut, 244, 264 ; lu, 267, etc. Pierres gr.de Stosch. cl. III, 2, n. 172, et Mon. inrit. tav. 105; Overbcck, Bildw. zum
AMP1IIAKAIA. 1 Schol. Pind. 01. VII, 134 ; Rangabé, Anl. hellén. H, n. 965 ; thebischen Meldenkreis, p. 81 , pl. ni, 2. — l* Ep. Cyel. 1. 11, p. 332. — 15 Ann. delV
cf. n. 679, 685, C86 ; Preller, in Bericlile der sàehs. Gesellsch. 1852, p. 140 ; Bursian, Inst. arcA.XV.p. 215; cl.Bull.Napol.nl, p. 48; Gerhard, Etrusk. Spiegel. Il, pl.
/à. 1859, p. 110. clixtiii ; Overbeck, Op. I. pl. m, 3. — ,6 Paus. V, 17, 4. — 1" O. Jahn, Bescbreib.
AHPHIAflALS. IPaus. III, 12, 4; II, 21, 2 ; Hjg. Fab. 70. 250; Apoll. I, 8, 2.— der Yasensamm. in der Pinakothek su Milnscben, u. 131 ; Id. Areh. Aufsâlze ;
» Apoll. 1. 9, 13. — ' Virg. Âen. VII, 671. - » Apoll. I, 8, 2. — » Apoll. III, 6, 2, 1. Hicali, Monum. ined. 2« éd. Flor. 1832, pl. icv; Overbcck, pl. m, 15, p. 152
AMP — 235 — AMP
montre la scène décrite par Pausanias qui parle au long de fondation à Thésée '. Dès les temps les plus anciens, les
ce coffret. D'autres peintures de vases représentent le dé Ioniens des Gyclades s'y réunissaient pour célébrer la fête
part I8. La figure 264 est tirée d'une peinture 19 qui orne un d'Apollon*.
lécythus trouvé à Cervetri. Amphiaraùs désigné par une Un passage de Tacite peut faire penser que cette am
inscription A0IAPEO2 est armé; Ëriphyle debout devant phictionie régla tout ce qui concernait les colonies ioniennes
lui lient à la main le fatal collier. d'Asie Mineure 5. Les Athéniens, maîtres de l'île, la purifiè
La mort d'Aniphiaraiis est représentée dans un bas-relief rent en 426 et réorganisèrent l'amphictionie dont ils s'at
découvert sur l'emplacement de la vieille ville d'Oropc. tribuèrent la présidence. Les comptes de l'année 377 à 374,
Ce bas-relief très-vanté par Wclcker 80 nous montre le mo trouvés à Athènes,nous font connaître quelques parties de
ment où le devin va être englouti avec sonchar,ses chevauxet son organisation 6. Elle réunissait tous les habitants des
son aurige. Un bas-relief 11 dans le jardin de la villa Pam- Cyclades; le conseil, suvéSptov, prononçait des amendes,
fili, intéressant quoique très-inférieur par l'art, repré surveillait l'emploi des revenus appartenant au temple
sente le même sujet. Une élégante peinture monochrome B d'Apollon, affermait ses propriétés, prenait toutes les me
du musée de Naples le montre aussi fuyant devant le Thé- sures nécessaires pour l'envoi des théories et la célébration
bain Périclymène. Enfin dans un bas-relief (fig. 2G5) d'une des jeux. Les affaires de cette amphictionie furent l'occa
sion de plusieurs discours prononcés par Hypéride et par
Lycurgue.
L'existence des amphictionies, dont les noms suivent,
n'est pas certaine :
4° Amphictionie d'Argos, dans le temple d'Apollon Py-
thien, devant laquelle les Messéniens auraient porté leurs
débats avec Sparte7 ;
5° Amphictionie de Samicum pour les villes de l'Élide,
dans le temple de Poséidon 8 ;
6° Amphictionie d'Amarynthos, dans le temple d'Artémis,
pour les villes de l'Eubée ".
Les assemblées des colonies doriennes, au Triopium, et
des colonies ioniennes, à Mycale, ne semblent pas avoir
formé des amphictionies.
Kig. 265. Mort d'Amphiaraùs. La plus célèbre était celle qui tenait ses assemblées deux
fois par an, l'une aux Thermopyles, à Anthéla, près du
urne funéraire étrusque " on voit le gouffre déjà ouvert sanctuaire de Déméter, l'autre à Delphes, près du temple
devant les chevaux, qu'une Furie entraîne en les saisissant d'Apollon Pythien. Cette association fut formée par les
par les rênes. Ernest Vinet. peuplades helléniques, lorsqu'elles étaient encore en Thes-
AMPHICTYONES (A^opixtûovif) ou AMPIIICTIONES salie, et avant, des tribus ionienne et dorienne; la même
(Aus>txTt'ovE;). — Cette double orthographe, que l'on trouve organisation fut conservée après l'invasion et l'établisse
dans les textes anciens, répond à la double étymologie que ment des Hellènes dans la Grèce proprement dite.
les Grecs donnaient à ce mot. Les uns avaient imaginé Composition de l'assemblée. — L'assemblée se composait
l'existence d'un héros Amphictyon, fds de Deucalion, fon de douze peuples 10 . La liste n'a été transmise par aucun
dateur de l'assemblée qui se tenait aux Thermopyles. écrivain d'une manière tout à fait exacte ou complète ;
Les autres faisaient dériver amphictionie de djAspixTfoveç, mais en rapprochant des inscriptions d'une époque pos
synonyme de itEptxtfovEî (ceux qui habitent autour). Cette térieure les listes d'Eschine, de Théopompe, de Pausa
étymologie est beaucoup plus vraisemblable que la pre nias on peut fixer ainsi les douze peuples qui firent
mière, et dans les inscriptions, on trouve le plus souvent le partie de l'assemblée amphictionique jusqu'à la guerre
mot écrit de la seconde manière. Le mot Amphictionie de Phocide.
désigne une association de peuples habitant autour d'un
môme sanctuaire, et réunis par la communauté d'origine 1. Tliessaliens. 7. Maliens.
ou d'intérêts. Ces associations remontent à l'époque la 2. Phocidiens. 8. Oetéens.
plus ancienne; quelques-unes même doivent être anté Dorions 1 de la Doridc.
du Péloponèse.
9.
10.
Perrhèbes et Dolopes.
Magnètes.
rieures à l'établissement des Hellènes dans la Grèce. Les
i. Ioniens d'Athènes.
d'Eubéo ou d'Ionie.
11. Acnianes.
auteurs anciens nous en font connaître un assez grand / Hypocnémidiens.
nombre. 5. Béotiens. 12. Locriens ] Hespériens ou Ozo-
0. Acliéens Phtliiotes. ( les.
1° Amphictionie d'Onchestos en Béotie, qui tenait ses
réunions dans le temple de Poséidon 1 ; Les Delphiens ne firent pas partie de l'assemblée primi
2° Amphictionie deCalaurie,dans le temple de Poséidon, tive ; ils étaient comptés parmi les Phocidiens, dont ils ne
réunissant les députés de plusieurs villes argiennes, de l'île furent séparés que par l'intervention de Lacédémone après
d'Egine, d'Athènes et d'Orchomènc de Béotie *; les guerres niédiques.
3" Amphictionie de Délos, dont Plutarque attribuait la Chacun de ces douze peuples disposait de deux suffra-
l» ilu». Greg. II, 48 ; Overbeck, pl. III, 7 et p. 97 ; Millicgen, Peint, de vases p. 148, pl. vi. 8.
r/reci, pl. Il ; Ann. deW Intl. 1843, p. 206. — I» Ann. deli Inst. 1813, p. 211 ; et AMPHICTIONE8. • Strah. IX, 2, 33. — » Strab. VIII, 6, 14. — ' Plut. Thes.
1863, p. 233, tav. d'agg. G. — *> Ann. delf Inst. t. XVI, I8i4, p. 166 ; Momm. tari. 21. — » Hum. Hymn. in Apoll. 146 et sq. ; Thucjd. III. 104. — 5 Tac. Ann.
t. IV, pl. t. — *1 R. Rochuttc, Monum. inéd. d'nnt. fif/. p. 426, pl. lwiii A, n. 2 ; IV, 14. — e Corp. inscr. gr. 158. — 1 Paus. IV, 5, 1. — 8 strab. VIII, 3, 13
Orcrlieck, p. 148, pl. ri, 9. — " W. Zahn, Ornnmente und tleninlde mis Pompe!. » Strab. X, 1, 10; T. Ut. XXW, 38. — " Acschin. Ilipi ™fa=?i»Sii«5, ad. Didot,
1' Folgc, Berl. 1842, pl. i. — » lnghirami, Mua. etruschi, t. II, tav. 84 ; Orerbeck, p. 83 ; Thcupomp. Fr. 80. — lt Aesch, et Theop. I. t.; Paus. X, 9.
AMP — 236 — AMP
ges; quelle que fût leur importance, tous avaient l'égalité les intérêts communs et exercer en commun l'intendance
de droits. « J'énumérai les douze peuples, dit Eschine, je du temple; il ajoute qu'Acrisios organisa le jugement des
montrai que chacun avait un suffrage égal, le plus grand Amphictions pour les querelles que les villes auraient entre
comme le plus petit, que le député de Dorium ou de Cyti- elles. C'est ce que semble indiquer le serment prêté par
nium a une puissance égale à celui des Lacédémoniens, car les Amphictions, tel que l'a rapporté Eschine". « Je lus
chaque peuple a deux suffrages; que, pour les Ioniens, le les serments, par lesquels nos ancêtres s'engageaient à ne
député d'Érétrie, de Priène est aussi puissant que celui des détruire aucune des villes amphictioniques, à n'intercepter
Athéniens, et de môme pour les autres18. » Postérieurement les eaux potables ni dans la guerre ni dans la paix ; et si
à cette organisation, plusieurs tribus, surtout les Doriens quelque peuple enfreignait cette loi, à marcher contre lui
et les Ioniens, prirent de grands développements. Mais elles et à détruire ses villes; si quelqu'un pillait les richesses
n'eurent toujours que les deux voix, que leur avait attri du dieu, ou se rendait complice en quelque manière de ceux
buées l'organisation ancienne ; seulement, on partagea les qui toucheraient aux choses sacrées, ou les aidait de ses
voix, et il y eut des villes qui eurent ou un seul suffrage, ou conseils, à le poursuivre avec le pied, la main, la voix, de
une moitié, ou même une part plus petite de suffrage toute leur force. Au serment était jointe une imprécation
Par exemple Athènes eut l'une des deux voix des Ioniens; terrible. » Eschine en donne le texte dans un autre dis
les Doriens du Péloponnèse, l'une des deux voix des Do cours tJ et la fait remonter à l'époque de Solon : « Si quel
riens, et celte voix appartenait tantôt à Sparte, tantôt à qu'un, soit ville, soit simple particulier, soit nation, con
Sicyone ou à Argos. trevient à ce serment, qu'on le dévoue à Apollon, Artémis,
Il y avait deux sortes de députés : les hiéromnémons Latone et Athéné Pronaea. Que leurs terres ne produisent
('iEpop.v^povE;) désignés aussi par le titre de 'A^ïixtiôvojv oî aucun fruit; que leurs femmes n'accouchent point d'en
cuvEopoi, et les pylagores (TOAafôpai), appelés aussi iyoç.'xipoî fants qui ressemblent à leurs pères, mais de monstres; que
Les hiéromnémons, désignés par le sort, formaient la dans leurs troupeaux, aucune bêle ne mette basque des
partie permanente de l'assemblée et disposaient des votes. animaux contre nature; qu'ils aient toujours le dessous et
Les pylagores, élus par le peuple, ne paraissent pas avoir à la guerre et dans leurs procès et dans les délibérations
eu le droit de suffrage; ils étaient envoyés en plus ou publiques; qu'ils soient entièrement exterminés, eux, leurs
moins grand nombre par les villes, pour soutenir leurs maisons et leur race ; qu'ils ne sacrifient jamais saintement
intérêts devant l'assemblée. Par exemple, Athènes, qui n'a à Apollon, à Artémis, à Latone, à Athéné Pronaea et que
vait qu'un seul suffrage, envoya à l'assemblée un hiéro- jamais ces divinités n'aient leurs offrandes pour agréables. »
mnémon et trois pylagores, parmi lesquels Eschine 15. L'assemblée amphictionique avait eu tout d'abord un
L'assemblée ordinaire composée de ces deux sortes de caractère religieux ; c'était à elle qu'était confiée l'inten
députés s'appelait oWoptov; mais, dans des cas fort graves, dance du sanctuaire de Delphes cl des jeux Pythiens. Sur
elle pouvait convoquer une assemblée extraordinaire (IxxXvj- ces questions, son autorité fut toujours souveraine. Une
cxi'a) qui délibérait et rendait des décrets. A cette assemblée, inscription contient le règlement établi par les hiéromné
dit Eschine, on convoque non-seulement les pylagores et mons pour la célébration de la fête d'Apollon; ils veillent
les hiéromnémons, mais encore ceux qui font des sacrifices à la proclamation et au respect de la trêve sacrée, surveil
et qui consultent le dieu t6. lent l'entretien des routes que doivent suivre les théories
Il faut rattacher à l'assemblée : le secrétaire ou les secré ou députations sacrées envoyées parles différentes villes,
taires, qui sont nommés seulement dans quelques inscrip prescrivent jusque dans les plus petits détails les sacrifices
tions; et le héraut sacré Upox^puÇ, qui paraît avoir exercé à accomplir". La présidence des jeux Pythiens leur appar
ses fonctions pendant toute sa vie ". tenait également, ils étaient chargés de recevoir les noms
Les Amphictions faisaient frapper monnaie ; les spéci des concurrents, de maintenir l'ordre parmi les specta
mens de cette monnaie sont rares, mais très-beaux. Sur la teurs, de faire proclamer les prix par leur héraut. Ils
face, on voit la tête de Déméter voilée ; au revers, avec le avaient le droit de prononcer des amendes contre les par
mot AMMKTlONûN dans le champ, l'omphalos de Delphes, ticuliers ou les villes qui contrevenaient aux règlements.
sur lequel Apollon est assis, tenant de la main gauche un Leur autorité était la même sur le sanctuaire de Delphes.
Ce furent eux qui, après l'incendie de 548, firent dresser
le plan du nouveau temple, adjugèrent l'entreprise aux
Alcméonides et fixèrent la contribution que devait payer
chaque cité w. L'architecte du temple fut toujours placé
sous leur direction a.
Une de leurs charges, et la plus importante, était de
veiller à ce qu'on respectât la sentence qui défendait de
cultiver la plaine de Girrha consacrée à Apollon. Le main
Fig. 266. Monnaie d'argent des Amphictions.
tien ou la revendication des limites du territoire sacré de
grand rameau de laurier; à ses pieds est la lyre 18 ; sur une Delphes contre les empiétements des voisins, occupa à plu
pièce de la collection Prokesch le serpent est enroulé sieurs reprises les Amphictions. On a récemment retrouvé
autour de l'omphalos. ou améliore le texte des sentences qui établissaient ces
Attributions de l'assemblée. — D'après Strabon M, l'assem frontières du côté d'Amphissa et d'Anticyre. En présence
blée amphictionique avait été fondée pour délibérer sur des délégués des villes intéressées, les hiéromnémons par-

13 Aesch. (. I. — '3 Slrab. IX, 3. — » Aesch. Cintra Ctmiph. p. 117 otsq.; ci autres exemplaires dans f.adakene, Mrd. grecq., pl. n, n. 1», p. ISO; et Briindsted,
Deiuosth. J'ra rnrona, p. 279; Le Bas, n. 833-842; limer, inéd. tir ffelphn, n. I Yoy. dans la l'in'ri; t. I, \ipn. du titre et p. 113. — 1» Jlev. nnmismat. 1860,
,.| t. — Il Aesch. I. I. — l« Aesch. /. /. p. 119. — " Le Bas, 83», 835, 837. — p. 270. — « strab. IX, 3. — »1 P. 83. — « Aesch. Cnntra Ctesiph. p. 117. —
13 Au Cabine! de France : Pellerin, Recueil, I. p. 10^ ; Mionnct, I/c.scr. II, p. 9G, 21 ; » Corp. inscr. gr. n. 1GS8. — " Herodol. Il, 180. — K Le Bas, n. 8(0.
AMP — 237 — AMP
couraient les limites; ils décidaient l'expulsion des pro et ne devaient accepter les décisions d'une assemblée ainsi
priétaires qui avaient empiété sur le terrain sacré et la composée, que lorsqu'elles leur convenaient. Aussi les ar
démolition des maisons; une série de bornages très-minu rêts des Amphictions ne furent exécutés que lorsqu'un peu
tieusement indiqués et constatés par des bornes (Spot), des ple puissant y trouva son intérêt. Pour détruire la ville de
inscriptions ou des trépieds gravés sur le rocher assuraient Cirrha qui pillait les pèlerins se rendant au temple, il
la propriété du dieu de Delphes. Cette enquête était sou fallut l'appui de Solon et d'une armée athénienne. Si les
mise aux votes de l'assemblée amphictionique, et, après Mégariens furent châtiés pour avoir refusé de punir
sa confirmation, gravée sur les murs du temple. Sous les meurtriers d'une théorie, c'est que leur crime avait
l'empire, ces sentences des hiéromnémons servirent de base excité l'indignation générale. Mais quand il fallut défendre
aux jugements des gouverneurs romains ,6.Les Amphictions la Grèce contre les Perses, l'assemblée amphictionique fut
ne veillaient pas avec moins de soin à la conservation des impuissante ; plus de la moitié des peuples qui la compo
revenus du dieu. Ces revenus provenaient de l'argent du saient, suivaient l'armée de Xerxôs ; aussi la véritable assem
trésor prêté à intérêt aux villes et aux particuliers, du fer blée commune fut celle qui se tint à l'isthme de Corinthe.
mage des gros et des petits troupeaux, de la location des Les Amphictions n'eurent d'autre rôle que de mettre à
maisons, terres et vignes appartenant au temple On prix la tête du traître Éphialte, de décerner quelques sta
voit par les inscriptions qui nous ont conservé ces rensei tues, de faire graver des inscriptions sur la tombe de Léo-
gnements, que la mauvaise volonté et la mauvaise foi des nidas et des héros des Thermopyles. Après la victoire, les
débiteurs réduisaient souvent les Amphictions à ne pouvoir Lacédémoniens proposèrent de réformer l'assemblée, d'ex
établir les sommes dues au dieu. Pour trouver un secours clure les peuples qui avaient suivi le parti des Môdes et de
dans cette œuvre difficile, le conseil promettait des récom donner leurs voix à ceux qui avaient combattu pour
penses aux particuliers qui dénonçaient les détournements l'indépendance; Thémistocle fit repousser une proposition
commis au préjudice du dieu, en poursuivaient le redres qui aurait assuré la prédominance de Sparte 33.
sement et faisaient condamner les coupables. L'amende Plus tard, les Thébains, maîtres de la Grèce du nord,
prononcée contre ceux-ci était versée dans une caisse spé essayèrent de se faire un instrument du conseil amphi
ciale, appelée xtëo'mov s9. De même, c'étaient les particuliers ctionique; l'année même de la bataille de Mantinée, ils
qui dénonçaient les vols sacrilèges commis dans les trésors firent bannir, par une sentence, les Delphiens qui soute
de l'enceinte sacrée et qui s'occupaient de faire restituer au naient le parti d'Athènes et des Phocidiens. Mais les Athé
dieu les objets volés*8. niens protestèrent par un décret qui déclarait nulle la
Les Amphictions pouvaient récompenser les bienfaiteurs sentence des Amphictions et donnait aux Delphiens bannis
du temple en leur décernant des privilèges, comme ceux le droit de cité à Athènes 3\
que les villes accordaient à leurs proxenes (àstpaXeia, Les Thébains et les Thessaliens qui dominaient dans le
isuXîa, spoSixCa, drAeia, Tuposopfa) et les placer sous la protec conseil voulurent encore s'en servir pour se venger de leurs
tion spéciale des hiéromnémons 30. Un xrjpuxeïov, sur lequel ennemis les Lacédémoniens et les Phocidiens, et les firent
était imprimé le sceau des Amphictions, était alors remis condamner à une amende considérable35. Delà, la deuxième
à ces personnages, comme marque visible des privilèges guerre sacrée, qui, pendant dix ans (353-345), ensanglanta
qui leur étaient attribués '\ la Grèce du Nord et se termina par l'intervention de Phi
De nouveaux documents épigraphiques prouvent qu'en lippe. Le conseil des Amphictions, instrument des vain
matière religieuse, l'autorité du conseil avait été acceptée queurs, décréta le désarmement des Phocidiens et la
par les villes grecques. Une députation des artistes Diony dévastation du pays; il leur enleva leurs deux voix pour
siaques d'Athènes [dionysiakoi teciinitai] obtient un dé les donner aux Macédoniens. Il servit encore de prétexte à
cret des Amphictions qui leur accorde, comme à des ser la troisième guerre sacrée , par la sentence contre les Amphis-
viteurs des dieux, l'immunité et la sûreté, l'inviolabilité siens qui avaient labouré la plaine sacrée, et amena ainsi
pour leurs personnes et leurs biens, l'exemption du service l'asservissement de la Grèce à la Macédoine. Philippe et
militaire et de toutes charges ; si quelqu'un leur fait tort, il Alexandre se firent proclamer, par cette assemblée, généra
doit être responsable devant les Amphictions, lui et la lissimes de la Grèce contre les Perses.
ville où le tort aura été fait à l'artiste34. Depuis cette première modification, la composition du
En principe, les Amphictions avaient une juridiction sou conseil amphictionique subit plusieurs changements, qui ne
veraine sur toutes les villes qui faisaient partie de la con sont pas tous indiqués par les auteurs anciens, mais dont on
fédération; ils pouvaient décider sur les plaintes qu'une peut retrouver la trace dans les inscriptions.
ville portait contre une autre et condamner la cité coupable Il n'y a aucun monument qui mentionne des hiéromné'
aune amende; mais leurs arrêts n'étaient pas toujours exé nions macédoniens; probablement, ils cessèrent de faire
cutés, quand ils frappaient une nation puissante et capable partie de l'assemblée à l'époque de la guerre Lamiaque.
de résister. L'histoire de l'assemblée amphictionique En 278, les Phocidiens recouvrèrent leurs deux voix,
montrera mieux son impuissance à devenir le tribunal après la part énergique qu'ils prirent à la défense de la
commun de la Grèce. D'abord tous les Grecs n'en faisaient Grèce contre les Gaulois. Ce fut probablement alors que
pas partie, ni les Étoliens, ni les Achéens, ni les Acarna- les Delphiens furent introduits dans le conseil avec double
niens n'avaient de voix dans l'assemblée. Puis, dans l'as suffrage. Mais un peuple nouveau commence à y avoir
semblée même, la majorité appartenait aux peuplades la prépondérance. Les Étoliens avaient pris part à la guerre
thessaliennes, sans force et sans importance politique, Lamiaque, et de celle époque peut-être date leur intro
tandis que Sparte et Athènes n'avaient qu'une seule voix duction dans le conseil amphictionique. Dès les temps des
îs Wtscher, Mém. des sav. ctrany. présentés à l'Acad. des In.icr. t. VIII, suiv. — 31 Le Bas, n. SJ'i, — Si Kgger, Études liist. sur les traités publics chez les
— 37 Corp. inxcr. gr. n. 1689, IG90. — 28 Deux inscriptions encore inédites. — Grecs et chez les Romains, p. 287. — M Plut. Thémist. SO. — M Kirchuft", Bullet,
«• Wracher, l. I. p. 139. — >° Inscr. inéd. de Delphes, n. 1 et 2 ; Le Bas, n. 833 et de l'Acad. de Berlin, 1868, p. 193. — M Diod. XVI.
AMP - 238 — AMP
premiers successeurs d'Alexandre, ils étaient assez forte qui confirma les antiques décrets des hiéromnémons et la
ment établis à Delphes pour que Démétrius fût obligé de sentence de Manius Acilius. Ce fut lui probablement qui
faire célébrer à Athènes les jeux Pythiens. Leur énergie réorganisa le conseil des Amphictions pour en faire le
dans la lutte contre les Gaulois augmenta encore leur in conseil commun de la Macédoine et de l'Achaïe. Telle
fluence ; dans les inscriptions amphictioniques de cette semble avoir été l'intention de l'empereur d'après la
époque, qui sont nombreuses, les Étoliens occupent la composition que rapporte Pausanias M. U y avait trente
première place et possèdent le plus grand nombre de voix. députés : 6 de Nicopolis, 6 de Macédoine, 6 de Thes
Ils ne se contentèrent point de s'attribuer double suffrage; salie; Béotiens, Phocidiens, Delphiens, 2; Locriens
le nombre des hiéromnémons qu'ils envoient à l'assemblée Ozoles, t; Locriens Epicnémidiens, 1; l'Eubée, 1;
n'est pas invariable; et on trouve parfois jusqu'à 14 hiéro Athènes, 1; Doriens de la Doride, i ; Doriens du Pélo
mnémons étoliens86. En même temps, on remarque que les ponnèse, i.
peuples thessaliens n'y figurent plus. Les Étoliens ayant Le conseil amphictionique, comme le monde grec tout
occupé une partie de la Thessalie s'étaient probablement entier, eut un moment de renaissance, pendant le règne
approprié leurs suffrages. 11 n'y a pas d'inscription de cette d'Hadrien. Un fragment inédit d'une lettre, que l'empereur
époque qui présente le nombre ancien de 24 hiéromné adressa aux Amphictions en 125, atteste l'intérêt qu'il por
mons. A côté des Étoliens, on trouve presque toujours tait à ce conseil. On construisit alors à Delphes un nouvel
deux Delphiens, deux Phocidiens, deux Béotiens, quelque édifice où il tenait ses séances" (o-uvéSptov). Les Amphictions
fois un Athénien, un député de l'Eubée, et un des Doriens y firent réunir par leur épimélète une bibliothèque achetée
du Péloponnèse. Les Étoliens surent se faire un appui de avec l'argent sacré du dieu". Après les Antonins, il n'est
l'assemblée amphictionique dont la juridiction pouvait plus question de l'assemblée amphictionique, qui s'éteignit
s'étendre sur toutes les causes, et donner une apparence dans l'obscurité. P. Folcart.
légale à leurs projets de domination. Dans un traité avec AMPHIDROMIA (T3t à[AtptSpo'(jLia, oiu.ç5p6'[juov 3|xap). — Fête
les habitants de l'île de Céos, on voit qu'ils s'engageaient célébrée à Athènes dans les familles peu de jours après la
;\ ne pas les attaquer sous le prétexte d'une accusation naissance d'un enfant. La porte de la maison était parée de
amphictionique (àjjwptxTuovtxov ÎYxXn)(Mew), preuve que c'était branches d'olivier, si le nouveau-né était un garçon et de
une arme dangereuse entre leurs mains. Ce fut une des guirlandes de laine, si c'était une fille '. Le jour de la fête %
causes qu'alléguèrent les Achéens dans la guerre des deux les femmes qui avaient assisté la mère dans ses couches se
ligues. Ils promettaient aux Amphictions de leur rendre lavaient les mains en signe de purification. L'enfant, tenu
leurs lois et l'intendance du temple de Delphes dont les par deux d'entre elles (et peut-être primitivement par des
Étoliens s'étaient emparés s8. Ils ne purent y réussir, car hommes3), était porté rapidement autour du foyer et asso
dans les décrets postérieurs à cette guerre, on retrouve les cié ainsi au culte domestique : c'était la cérémonie prin
hiéromnémons étoliens au premier rang et en grande cipale, celle qui donnait son nom à la fête, terminée par
majorité. un repas auquel étaient conviés les parents el les amis*.
Le conseil amphictionique fut rétabli dans son ancienne Ils y apportaient des cadeaux tels que des seiches et d'autres
forme par les Romains. Fut-ce par Manius Acilius, après mollusques. Des présents étaient faits à l'enfant par les pa
la défaite d'Antiochuset des Étoliens, lorsque le général rents, les amis et les serviteurs de la maison8 : c'étaient
romain confirma les décrets des Amphictions sur les li des jouets ou de petits objets qu'il portait ensuite suspendus
mites du territoire de Delphes en 189 ? ou par Paul-Émile, au cou [chepundia].
pendant son séjour à Delphes en 168? Deux inscriptions Le jour des amphidromia paraît s'être confondu avec
de cette époque39 montrent que l'on réorganisa le Con celui où un nom était donné à l'enfant en présence de la
seil en rétablissant les 24 hiéromnémons et les deux famille 6 : de là sans doute les divergences d'opinion sur le
voix appartenant à chacune des tribus. Les Étoliens moment où la première fête avait lieu : les uns la placent
étaient complètement exclus, mais non les Delphiens, à le cinquième jour, les autres le septième ou le dixième jour
qui on laissa leurs deux voix. Pour ne pas dépasser le après la naissance; de là aussi les termes différents é'êSojxat,
chiffre ancien de 24 suffrages, on réunit en une seule les É65o(juxSa àfEtv, i65o|*eû«o6ai 7, ou SexÔtkjv fluetv, «yeiv, itmâcjai8,
deux tribus thessaliennes des Maliens et des Oetéens. Ce employés par les anciens auteurs pour nommer ces fêtes
fut ce conseil que Sylla força à livrer les richesses du qu'ils ne distinguent pas. Des sacrifices étaient naturelle
sanctuaire. ment offerts en cette occasion, comme dans toutes les
Cette restauration dura jusqu'à l'époque d'Auguste, qui solennités, et comme dans tous les repas qui réunissaient
changea complètement la composition du conseil en attri la famille autour du foyer.
buant aux habitants de Nicopolis, après la bataille d'Actium, On a essayé de reconnaître des scènes des amphidromia
les voix des petites peuplades thessaliennes. dans divers monuments : dans la plupart * manquent les
A l'époque de Pausanias, l'assemblée avait subi de nou circonstances les plus essentielles au sujet. Le moins
veaux changements. Trajan avait fait de nouveau fixer les contestable serait une terre-cuite (fig. 267) dont il existe
limites du territoire sacré par unlégat, C. Avidius Nigrinus, plusieurs exemplaires à peu près semblables 10 : on y
36 Le Bas, 833-812 ; Ituer. inéd. de Delphes, 1-6. — »7 Corp. inscr. gr. 4350. — 6 Harpocr. 'EÇiont'jojilvo-j ; Eurip. l.l. — 7 Hesych., Harpocr. s. v; cf. Aristot. Hist,
M Polvb. IV, 25. — M Wcscher, /. I. p. 57 et 202. — ** Paus. X, 8, 3. — H Plut. De an. VII, 12. — * Aristoph. Av. 923 ; cf. F.urip. Elect. 654 et 1121 ; Suid. au<^>
pylh. orne. 30. — *x Le Bus, n. 845. — Bibliographie. Sainte-Croix, Des Anciens ifrtuurau; Hesych. iuut-r^v OOoyitv. — 9 Gerhard, Antike Jtildwerke, 1, 50-52 ; Id.
gouvern. fèdératifs, Paris, 1801 ; Valois, Mérn. de l'Acad. des Inser. t. 111 etV; Lc- Griech.Yasenbilder, 1, pl. lux et lu, p. 196; cf. IV, p. 111. — 1" Wiiickelraann.
tronoe, Ibid. n. série, VI ; Tittmanu, Veber den Bund der Amphikt., Berl. 1812; Mon. inéd. 53 ; Millin. Gai. mylh. lxmi, 232 ; Welcker, Nachtrag zu Aesch.
P. Foucnrt, Mémoire sur les ruines el l'histoire de Delphes, 1865, p. 157 et suiv.; Tril. Fraucf. 1826, p. 122 ; Id. Griech. Gôllerlehre, III, p. 216 ; ranofta, Bild. ant.
Wcscher, t. VIII des Mém. près, par div. savants à l'Acad. drs Inscriptions. Leb. I, 1 ; Campana, Ant. op. inplastica, pl. u. — Bibliographie. K. F. Hcrraann,
AMPHIDROMIA. 1 Hcs\ch. ïiifmov Uçipciv. — * Schol. ad Plat. Theaet. p. 122 b; Griech. Privataltcrthûmer, §32, 12, 29 éd.; Pctersen, Die Geburtstagsfeier bei den
Harpocr., Ktym. M-, Suid. s. v. — s Hesvçh. if.^ifli^?tov t,^«p ; Preuner, Hestia- Yesta, Griech., in Fleckeisen's Jahrb. 1S58, p. 286; SchSnwnn, Griech. Alterthùmer. 1],
p. 54, n. 2. — » Athen. Il, p. 65 c. ; IX, p. 370. — « Ter. Phortn. I, 1, 13. — p. 536. 2'éd. 1863; Preuner, IJestia-Yesta, Tubiugen, 1861, p. 52.
AMP — 239 — AMP
voit un Satyre et une Ménade qui portent dans un van Eurymaque, avait détruit la ville nouvelle et que Cad
un enfant, peut-être Bacchus ; ils paraissent danser ; mais mus, arrivant ensuite, l'avait rebâlie*. Mais Apollodore
place Cadmus en tête de la généalogie et intercale les
jumeaux à un point plus bas de la série10. Suivant Pau
sanias, Cadmus n'aurait bâti que la forteresse de Thèbes
appelée de son nom Cadmée ; la ville elle-même aurait
été l'œuvre des fils d'Antiope, vainqueurs de Lycus Ils
donnèrent à l'ensemble le nom de Thèbes, d'après celui de
Thébé, leur parente '*. Thébé était fille du fleuve Asopos,
qu'on donnait aussi pour père à Antiope. On la fait aussi
femme de Zéthus IS. Quant à Amphion, il épousa Niobé,
fille de Tantale et de Dioné dont il eut des enfants sur
le nombre et les noms desquels on diffère et qui péri
rent sous les flèches d'Apollon et d'Artémis en punition
de l'orgueil de leur mère [Niobé].
Fig. 267. Eafaoce de Bacchus. Apollodore dit qu'Amphion échappa à la destruc-
dans ces bas-reliefs mêmes on ne voit ni feu, ni foyer. lion de sa famille ; suivant Ovide il se tua de désespoir ;
E. Saglio. Hygin le fait périr dans une attaque contre le temple
AMPHION ('Ajxçi(ov).— Amphion, fils de Zeus et de la Thé- d'Apollon, sous les flèches du Dieu ; d'après Pausanias, il
baine Antiope, frère de Zéthus Il existe sur la naissance mourut de chagrin et dut expier aux enfers ses outrages
de ces jumeaux plusieurs versions s. Le poète généalogiste contre les enfants de Latone I6. Son supplice et celui du
Asius, cité par Pausanias 3, dit qu'ils eurent pour père à Thrace Thamyris étaient décrits dans un po6me de
la fois Zeus et Épopée. Selon la tradition adoptée par Minyas 17.
Hygin *, Antiope, fille de Nyctée et femme de Lycus, Amphion n'était pas seulement un héros fondateur; c'é
ayant été séduite par la ruse d'Épopée (ou Épaphus), fut tait encore un musicien célèbre. Selon Pausanias qui
répudiée par son mari, qui épousa Dircé. Ce fut alors qu'elle cite en témoignage Myron de Byzance, Amphion ayant
fut aimée de Zeus. Cependant Dircé, soupçonnant Lycus le premier élevé un autel â Hermès, en fut récompensé
de n'avoir pas rompu toute relation avec sa première par le don de la lyre. Sur ce point aussi il y avait plusieurs
femme, fit jeter dans un cachot Antiope chargée de chaî traditions. Phérécyde fait donner la lyre à Amphion par
nes. Échappée par le secours de Zeus, elle accoucha sur les Muses, Dioscoride, par Apollon ,9. On a dit de lui,
le Cithéron de deux enfants à qui les pâtres du lieu don comme d'Orphée, que les bûtes sauvages, les rochers
nèrent les noms de Zéthus et d'Amphion. D'après une même étaient entraînés aux sons de sa lyre ,0 ; ce fut ainsi
autre tradition, suivie par Euripide 5 et par Ennius, et qu'il éleva les murailles de Thèbes, et Apollonius le re
qui se trouve également dans Hygin ", la fille du Béotien présente se faisant suivre par les pierres, tandis que
Nyctée aurait été d'abord séduite par Zeus, puis, menacée Zéthus, moins favorisé, les portait sur ses épaules en
par la colère paternelle, elle se serait réfugiée à Sicyone travaillant â ces murs fameux. Homère ne parle ni de ces
où Épopée l'aurait accueillie et épousée. De chagrin, circonstances ni du talent d'Amphion comme musicien.
Nyctée se donna la mort, après avoir chargé son frère Suivant Pausanias, Amphion, gendre de Tantale, avait
Lycus du soin de sa vengeance. Celui-ci se rendità Sicyone, appris des Lydiens leurs modes musicaux, et ce fut lui qui
tua Épopée, et ramena Antiope enchaînée. Elle accoucha ajouta à la lyre la quatrième corde appelée nété ".
à Eleuthères; on y montrait encore, du temps de Pausanias, Amphion pasteur, constructeur de murs, citharôde, se
la grotte où étaient nés les jumeaux et où, exposés pour rapproche par plusieurs traits de cet Apollon avec lequel
périr, ils avaient été trouvés par un berger qui les avait la légende le montre en rivalité et dont il semble une
sauvés et nourris 7. Lycus livra Antiope à sa femme Dircé forme héroïque. D'un autre côté, la légende des jumeaux
qui l'accabla de mauvais traitements ; mais l'amante de thébains reflète celle des Dioscures, et Euripide les appelle
Zeus parvint à s'enfuir et à rejoindre ses fils, qui, ins les « dieux aux blancs coursiers » Ils avaient à Thèbes
truits par le berger, reconnurent leur mère. Ils la vengè un monument commun, consistant dans un tumulus de
rent ensuite en attachant Dircé, que Dionysos avait terre **. Chaque année, à une certaine époque, les habi
rendue insensée, aux cornes d'un taureau sauvage ; mais, tants de Tithorée en Phocide s'efforçaient d'enlever en
en la livrant à la mort, ils épargnèrent Lycus sur l'ordre secret de la terre de ce tumulus pour l'ajouter au mo
d'Hermès, et Lycus, obéissant aussi à ce dieu, remit le nument d'Antiope ; s'ils y réussissaient, leur territoire
royaume aux mains d'Amphion. devait l'emporter en fertilité sur celui de Thèbes ; un
Homère nomme les fils d'Antiope comme fondateurs de oracle l'avait ainsi promis; aussi les Thébains faisaient- ils
Thèbes et de ses fameuses murailles8. Les scholiastes, pour la garde autour du tombeau de leur héros. Les pierres
concilier cette version avec la tradition plus répandue de qui formaient les substructions de ce tumulus étaient
la fondation de Thèbes par Cadmus, ont raconté qu'après brutes et sans art, et l'on racontait que c'étaient les
la mort d'Amphion et de Zéthus, le roi des Phlégyes, mêmes qui avaient suivi Amphion jouant de la lyre ,4.
AMPIIION. 1 Apollod. III, 10, 1. — « Stork, Dp Labdacidarum hittoria, p. 38-13, — « Paus. Il, 6 ; IX, !i. — 1S Paus. Ibid. — I» Apollod. III, 5, 6. — Id.
Leyd. 1829. — » II, 6, 3. — * Fab. VU, cf. Proport. III, 15. — 5 Wagner, Eurip. Ibid. ; Hygin. IX; Oiid. tfetam. VI, 172 et 174. — 15 Heyne, ad Apollod. 111, 5, 6.
fragm. Didot, 1847, p. 661 et s.; Valkenaer, Diatrib. in Eurip. c. 7, 8; Heyne, _ 1» Paus. IX, 5, 8. — " Id. Ibid. — 18 Id. Ibid.; Apollod. III, 5. — '» Schol.
Aatiq. Aufsdlze. II, p. 206; Welcker, Griec.h. Trag. H, p. 811. — « Fab. VIII ; Apoll. Hhod. I, 741. — «0 Paus. /. I. ; Apol1- Hho<1- '*'• — sl Pauli- 5 S cf-
Apollod. I", *• — 7 P""*- 38. — 8 Od. XI, 262 sqq. ; Eustath. Ad h. I.; cf. IX, 8. — « Phoeniss. 606 ; Herc. fur. 29 et sq. ; cf. Hosych. s. ». kfowifoi.
Srliol. Ad Iliad. XIII, 301. — » 0. Millier, Orchomen, p. 222 et suiv.; Grote, Bitt. — « Eurip. Plmen. 146, et Schol. Ad h. t.; Paus. IX, 17, 4; X, 32, 11. —
de la Gréer, trad. franc,, t. I, p. 290 et suiv. — io Apollod. II, 1, I, 3; 10, 1. 2' Paus. X", 114.
AMP — 240 — AMP
Le contraste des caractères d'Amphion et de Zéthus, ce sculpté 33, restes d'une imitation plus ou moins libre du
lui-ci rude, sauvage, entièrement adonné à la chasse et groupe en marbre. Deux peintures de Pompéi **, une
aux travaux de la vie pastorale ; le premier au contraire autre d'Herculanum 35 représentent aussi le châtiment de
d'un naturel plus élevé et plus tendre, se plaisant au Dircé; le même sujet est peint grossièrement sur un mur
chant et aux accords de la lyre, fut développé par les du columbarium de la villa Panfili Enfin on retrouve
poètes, notamment par Euripide **, qui opposèrent dans le même sujet sculpté sur des sarcophages étrusques 3".
ces deux personnages le musicien au paysan, l'homme Dans un des tableaux décrits par Philostratc l'ancien M,
sans éducation (jîâvaudo;) à celui qui a reçu l'instruction Amphion, la lyrp à la main, fait mouvoir les pierres qui
complète des Grecs (uousixo';) ; enfin, à l'esprit philosophi s'assemblent sur les murs de Thèbes. Aucun texte ancien,
que celui dont l'essor est arrêté par la pratique vulgaire aucun monument connu ne reproduit cette scène.
delà vie. Les disputes des deux frères sur ces sujets fu L. DE RONCBATJD.
rent, disait- on, une cause de rupture entre eux M. AMPHIORKIA ('Ajjuptopxia). — Expression employée par
Les arts se sont emparés aussi de la légende d'Antiope les grammairiens 1 pour désigner le double serment que le
et de ses iils. Peut-être doit-on reconnaître la dispute des demandeur et le défendeur prêtaient au débutde l'instance
deux frères dans une peinture de Pompéi ,T, et dans un devant les tribunaux d'Athènes; le demandeur jurant (pie,
beau bas-relief du palais Spada î3. On a renoncé à voir s'il formait son action, c'est qu'il avait confiance dans son
leur image dans celui du musée du Louvre î9, que, d'après bon droit (îrpouit/Wa) ; le défendeur affirmant ensuite que,
une inscription certainement moderne, on avait cru re s'il résistait aux prétentions du demandeur, c'est qu'il les
présenter leur réconciliation. croyait mal fondées (àvre>t/.ocna). Quelquefois ce double ser
Le célèbre groupe (fig. 268), connu sous le nom de ment est encore désigné sous le nom d'àjJww.)(j.o<;(a ' ou de
Taureau Famèse, œuvre d'Apollonius et de Tauriscus de 0tW|jL05ia, OU même d'àvTtojAOCi'a s.
D'après Pollux * le mot <xu.cpiopxi'a désignerait non-seule
ment le serment des parties, mais aussi le serment des
juges. C'est toutefois une question controversée que celle
de savoir si les juges devaient prêter serment au début
de chaque instance. La négative nous paraît certaine, et
il faut en conclure que l'àutptopxta ne comprenait que le
serment des deux parties, du Stiôxtov et du cptuywv \
E. Caillemer.
AMPIlISBETESISCA^taêr^TTioiO.— Terme de procédure
chez les Athéniens. — Dans une acception générale, le mot
dfupicê^rtiaiî désignait toute contradiction apportée au droit
dont une personne se prétendait investie. On pouvait dire,
en ce sens, de celui qui intentait une action en revendi
cation : àiu.cpti6r]T£ï. Mais il était principalement employé
en matière héréditaire, et il avait alors une acception spé
ciale que nous devons indiquer.
Lorsqu'un Athénien mourait sans laisser de descendants
connus, le parent le plus proche, qui voulait recueillir
l'hérédité, était obligé de former une demande d'envoi en
possession. Cette demande (X^tc toû xX^'pou), adressée à
l'archonte compétent, était portée par celui-ci à la con
naissance du public au moyen d'affiches et de proclama
tions dans les assemblées du peuple : tic. àfj.;pt<i6YiTsîv î| 7ta-
paxaTaêâXXsiv (Joi'iXrrai toïï xX^pou ïj xaxà fÉvoç xatà Sta-
(hn'xaç '. Les intéressés étaient par là mis en demeure de
faire valoir leurs droits : â(Mpi<r£i]Ttïv 3j TraptxxataëâXXetv.
Tralles, qui est au musée de Naples, représente Dircé at L'à[ji<f!cj6ïiTT,(7c; et la TtapaxaxaêoXr) mentionnées dans ce texte
tachée aux cornes du taureau par les fils d'Antiope 30. Le se rapportent-elles aux mêmes hypothèses ; ou bien doit-
même sujet est figuré sur deux pierres gravées " et sur des on distinguer des cas où Vi^id^r^aii; était admissible,
monnaies w. On a trouvé à Pompéi des fragments d'ivoire d'autres cas où il y avait lieu à la 7rapaxaTa6oXvi ?

» Valckenacr, l. I. VU, VII!; Wagner, Eurip. frngm. éd. Didot, 1817, p. 661 et s.; pl. jiï. — Mus. Borb. XIV, 4 ; Mem. delf Accad. Ereol. III. 10, p. 406 ; IV.
Wcil, (Uns le Journ. de l'instr. pull. 1817, p. 851), «58 et ïuiv. ; Eubul. ap. Athen. p. 1, 308 ; n. Rochelle, Choix de peint. 23, et p. 287 ; Zabn, Die schônste Ornant.
II, p. 47 ; cr. VIII, 43, p. 351 b. j Auct. ad Herenn. II, 27, 43 ; Cic. De inv. 50, 94. Ptmip. 111,91 ; Avellino, Bull. Napnl. III, p. 83; O.Jahn, I. /.p. 95; Ilelbig, Wand in
— «r> Hor. Ep. I, 18, 41. — *> Mus. Btirb. XI, 23 ; Monum. dell' Inst. II, 59, 3; (jemâlde der rerschùlt. Slâdte, 1 1 51 , 1 1 53. — M Mem. delV Ace. Ere. 111, 9, p. 40 1 ;
0. Jahn, in Areh. Zeitung. 1833, p. SI. — M Braun, ZwSlf Bas-reliefs, taf. 3; Wele- IV, 1, p. 308 ; R. Rochctte, l. L; Jahn, /. /.; Helbig, 1152. — M O. Jahn, I. I. et
ker, Aile Denkm. II, p. 318 ; 0. Jahn, l. I. p. 82. — S9 Winckelmann, Mon. intd. Abhandl. der bayer. Akad. 1856. — S' Inghirami, Coller. Orner. III, 59; IV, 60 ;
185 ; Clarac, Mus. de se. 116, 212 ; Millin. Ont. myth. 107 his, 512. Il en existe des Arch.Zcit. 185ï,taf. 47 et 48; 1853, taf. lvi, lvii ; O. Jahn, /. I. p. 100.— =8 I, 10.
répétitions : Mus. llotli. X, 02; Zoëga, Bassiril. 42. — 80 Plin. //fat. nat. XXXVI, AMPH10IIKIA. 1 Hesychius, éd. Alb. 1, 30S ; Suidas, s. v. à^ziifx'.a.— * Hesychim,
A, 10; Mus. Borb. XIV, 5; Chirac, Mus. de. se. pl. 811 A; Millin. Gai. Myth. I, 311. — » Schol. in Demosthenem, 378, 18, éd. Didot, p. 623. — * Pollui, VIII,
cil, 513; O. Muller, Handbuch, S 157, ï' éd.; Wclckrr, AUe Denkm. I. p. 352 122; cf. Dekker, Anecdota, I, p. 184 et 311. — 5 Wcstcrmaïui, De jurisjurandi
et s.; O. Jahn, l. I. p. 86, 89, pl. lvi, 1. — »l Ibid. 514 ; Cori, Columb. Liv. p. un; juiliatm Alheniensium formula, pars I, Leipz. 1858, p. 8 et 9 ; VVachsmuth, ffelle-
Winckelmann, Deser. p. 222 ; O. Jahn, Areh. Deilr. taf. m, 3. — " Millin. I. I; nisrhe Altertluimskunde. Halle, t. Il, l(M6, p. 262 ; Schiimnnn, Attisent Proeess.
Eckhri, Diietr. num. III, p. 191 ; Id. jViim. vet. aneed. 15. 1, p. 209 ; O. Jahn, 626 ; Plalner, Proeess nitd Klagen, I, 84 ; Fritzsche, De sortitione judieum apud
p. 87 et suit., taf. nui, 1 et 2. — Mus. Borb. XIV, 4, p. 9; Avellino, Descr. Athemenses, p. 8.
di una casa, 1843 ; O. Jahn, /. /. p. 94, taf. lvi, 2-8; Sahatter, M*d. conformâtes, AMP1IISBETE8IS. ' ncmosth.C Macartatum. S 5. R. 1051 , cf. Pollux, VIII, 99
AMP — 241 — AMP
Heffter 1 et, après lui, de Boor s ont dit qu'il n'y a pas à de la irapaxaTaêoX)) devait toujours être suivie; la simple
rechercher une différence entre les deux expressions; car à(i(pt<jëifTï](ji; n'était plus admise dans ce cas
elles s'appliquaient à la même hypothèse. Tous ceux qui Nous consacrerons à la itapaxaxaSoXTi un article spécial. Il
contestaient les droits du prétendant à l'hérédité devaient nous suffit d'avoir indiqué ici ce qui la distingue de VÀ^wa-
s'opposer à l'envoi en possession, à(i:ptc;6ir]TEÎv, et verser ëiynf]<jtç. E. Caillemer.
la consignation du dixième exigée par la loi, itapaxaxa- AMPHITHEATRUM ('AtxcptôéaTpov ) . — Amphithéâtre,
6âX>.Etv. Mais cette opinion doit être écartée ; car, si elle monument construit par les Romains pour y donner les
était vraie, le texte porterait à^oisêr^tîi xat (et non pas t|) combats de gladiateurs et les chasses d'animaux sauvages
TOxpaxaTaêaXXeiv. La disjonctive y) prouve qu'il s'agit de deux [gladiatores, venatio]. Les premiers jeux1, dont l'invention
choses différentes. La difficulté est maintenant de déter est attribuée aux Campaniens, étaient dès longtemps fami
miner les deux hypothèses prévues dans la proclamation. liers aux Étrusques, lorsqu'ils furent pour la première fois
Bunsen * croit que, si la contestation était relative à une introduits à Rome et offerts dans le Forum Boarium,
hérédité pour laquelle il n'y avait pas encore eu d'envoi en l'an 264 av. J.-C, par Marcus etDecimus Brutus, qui vou
possession, il y avait â^ia^rix^me ; si, au contraire, l'envoi laient ainsi honorer la mémoire de leur père !. Jusqu'à la
en possession était déjà prononcé, la contestation devait fin de la république, ils eurent lieu dans le Forum, où l'on
nécessairement se produire sous forme de notpaxotTaêcAo- élevait à la hâte des échafaudages en bois ' pour ces fêtes
Harpocralion dit, en effet, que la TrapaxaTaêoXiî est dirigée d'une magnificence toujours croissante.
contre celui qui est saisi, xa-ci toZ XaSoVroç \ — On peut ré En 59 av. J.-C, C. Scribonius Curio voulant surpasser
pondre qu'il eût été véritablement bizarre d'inviter, par la Scaurus dansla somptuosité des jeux qu'il offrait, fit exécuter
bouche du héraut, les citoyens à contester des envois en deux théâtres en bois adossés l'un à l'autre. Après les repré
possession antérieurement prononcésparle magistrat. Nous sentations dramatiques les scènes s'enlevaient, les specta
allons bientôt mentionner des textes qui parlent de itapa- teurs restaient à leurs places, et les deux théâtres, par un
xaraéoX^ pour des hérédités non encore adjugées. Aussi mécanisme combiné *, venaient se réunir pour n'en faire
quelques éditeurs ont rectifié le texte d'Harpocration et lu qu'un seul, qui était circulaire, et dont le centre, formé par la
Àa^ôvTOî au lieu de Xa€o'vToç. réunion des deux orchestres, présentait une arène pour les
Meier et Schœmann 6 se fondant sur les définitions de jeux des gladiateurs ; le dernier jour des fêtes on laissa les
plusieurs grammairiens 7, disent qu'il y avait ipyiaê^Triaii; deux théâtres réunis, en enlevant les scènes pour former une
lorsque l'opposition était fondée sur la qualité d'enfant arène5. César, trouvant cette arène mieux appropriée que
légitime ou adoptif ; TOxpaxararloX^ lorsque l'opposant invo celle du cirque pour les chasses de bêtes féroces, fit élever,
quait un droit moins respectable, la qualité de successeur l'an 46 av. J.-C, un double théâtre semblable en bois. On
testamentaire, ou un degré de parenté collatérale plus l'appela amphitheatrum 6 à raison de cette disposition, et
rapproché que celui du prétendant à l'envoi en posses theatrum venatorium du nom de l'espèce des jeux 7.
sion. Nous nous bornerons, pour toute réfutation, à citer C. Statilius Taurus éleva dans le champ de Mars, l'an 30
des exemples d'enfants procédant par la irapaxaTaêoXvi 8. av. J.-C, le premier amphithéâtre en pierre 8; et l'on doit
Nous nous rattachons à une dernière opinion, proposée supposer que la pierre n'y était employée que partiellement,
par Platner" et soutenue par Steigertahl 10 et Schneider car il fut atteint sous Néron parle grand incendie de Rome';
Celui qui croyait devoir s'opposer à l'envoi en possession il n'en est fait mention nulle part depuis cette époque. Au
pouvait indistinctement employer la voie de YàivpivGforiatt; guste, dont les suggestions avaient poussé Taurus à bâtir son
ou celle de la TrapaxaTaêoA'rj. L'àuupiaê^TYjatç n'exigeant pas amphithéâtre, en fit élever probablement plusieurs : son
de consignation préalable, et n'exposant pas le plaideur à testament, gravé sur les murs du temple d'Ancyre, nous
de graves conséquences, ne donnait aucun préjugé en sa apprend qu'il donna vingt-six combats de bêtes fauves dans
faveur. Au contraire, lorsqu'il optait pour la Ttapaxara- le cirque, dans le Forum et dans des amphithéâtres 10.
6oX^. le dépôt d'une importante consignation judiciaire, En Italie, la place publique avait servi d'arène pour les
qui devait être perdue en cas d'insuccès et la menace de gladiateurs, et Vitruvc 11 explique par cette raison la cou
pénalités plus graves encore", étaient des conditions rigou tume persistante en ce pays (à la différence de ce qui
reuses auxquelles il se soumettait ; en les affrontant il avait lieu chez les Grecs) de donner aux forums la forme
prouvait qu'il avait une grande confiance dans son bon d'un quadrilatère allongé, qu'il considère comme mieux
droit. Pour cette raison, on exigeait du prétendant à l'envoi appropriée à ce genre de jeux. Dès le premier siècle,
en possession qu'il fit de son côté la même consignation ; s'élevèrent dans tout l'empire, à l'imitation de Rome, des
sinon il devait se désister de sa demande.— On peut donc dire amphithéâtres dont les ruines attestent encore la grandeur,
que la TCapaxaTaëoX^ était une àpuptTê^T7)iTtç plus solennelle même dans des villes de médiocre importance. En Italie
que l'(îu<}-i<i€iÎTïi(Tt; ordinaire et à laquelle les intéressés surtout, il n'y eut guère de ville si petite ou si pauvre qui
avaient recours lorsque la bonté de leur cause ne leur sem n'eût de temps en temps des spectacles de ce genre. Les
blait pas douteuse. Ce qui fait dire à Schneider : « Paraca- amphithéâtres ne furent pas moins nombreux dans les
labolia forma gravior est, épupiaê^TTiffi; levior » Gaules, en Espagne et dans tout l'Occident ; on en cons
Lorsque l'envoi en possession avait été prononcé, la voie truisit dans les provinces d'Afrique et d' Asie. En Grèce les

» Athen. Gerichtsverf. p. 38S. — * Veber Bit. întestaterbrecht, p. 99; Wester- AMPHITHEATRE»!. ' Strali. V, 4, p. 280 c — ! Val. Max. II, 4, 7 ; T. Lit.
mann, in Pauhs lient Encycl. t. 111, p. 1199. — » De jure hered. Athen. p. 9î.— Bpit. 16. — * Vitr. X, pracf. 3 ; Dio Cass. XXXVII, f>8. — * Weinbrenner, A', teutsch.
* S. o. «nçwCv«ïv.— 8 AU. J'roeess, p. 104; voir toutefois p. 619. — 7 Harpocr. et Mercur, 1797, p. 307 ; Canina, Arch. rom. III, p. 147, pl. MT. — s Pliu. XXXVI, 24.
Suid. i. t>. ^TiiCr-iîv ; Poil. VIII, 32 ; Bekkcr, Antcd. I, p. 197 « Dcraosth. C. — 6 Ou peut-être ampkitheatra (tanquam theatra duo; . Mommsen, lies gest. divi Au//.
I.1-altar. g 31. R. 1090; Use. De PAU. hered. § 12. 11. 275. — » Process und Klnuen, p. 65. Le mot Amphitheatrum se rencontre pour lu première fois dans l'inscription
II, p. 110-313. — i*De vi et iMmt«f«xoiaSoi*; in caus. Athen. hered., Celle, 1832, d'Ancyre : Perrot et Guillaume, Kjcplor. de la (inlatir. p. 2'»2 ; et dans Vitruve (I, 7],
p. II. — Il De jure hered. Athen. Munich, 1851, p. 50-54. — » lsac. De Xicostr. qui n'entre à ce sujet dans aucune explication. — 7 Dio, XLUI, 23. — 8 Dio, LI,
hered. g 11, D. 262.— " Loe. cit. p. 50. — I* Demostli. C. Uacart. g 16, R. 1034. 23 | Tac. Ami. III, 72. — 9 Dio, LXII, 18. — 10 Perrot et Guillaume, /. /. — " V, I.
I. 31
AMP — 242 — AMP
combats de gladiateurs et les chasses ne furent jamais la pierre au bois fut probablement la cause de cette longue
goûtés que par la dernière classe du peuple; aussi ne doit-on interruption des représentations. Pendant cet intervalle elles
pas s'étonner de rencontrer dans la Grèce peu de restes furent données dans le cirque. En 357, Ammien vit l'édifice
certains d'amphithéâtres, quoiqu'il en ait été élevé un assez parfaitement intact S6. Sous Théodose II et Valentinien III
grand nombre à partir du n" siècle '*. Le nombre des am (de 425 à 450), le préfet de Rome Lampadius fit réparer l'a
phithéâtres aujourd'hui connus par leurs ruines ou par des rène, le podium, les portes et les gradins 1T. Les dernières
témoignages positifs n'est pas loin d'une centaine Quel chasses, dont l'histoire fasse mention, furent celles de 523 ;
ques-uns, en partie debout, sont classés parmi les plus elles sont rappelées par Cassiodore, qui y assistait. Bède,
beaux restes de l'antiquité romaine. Tels sont ceux de écrivain du vin' siècle, dit que de son temps le monument
Rome, de Vérone, de Pola, de Capoue, de Pouzzoles, de était encore entier.
Pompéi, de Syracuse, d'Arles, de Nîmes, etc. L'amphithéâtre Flavien, placé sur un terrain plat entre
Rome n'eut d'autre amphithéâtre en pierre sous les pre l'Esquilin, le Caelius et la Velia ,8, présente un aspect gran
miers Césars que celui de Taurus. Caligula y donna des com diose et régulier ; sa situation en rendit la construction
bats de gladiateurs, jeux célébrés aussi dans le champ de dispendieuse. D'autres amphithéâtres taillés entièrement
Mars18. 11 commença un amphithéâtre qui ne fut pas con dans le roc, creusés dans les flancs d'un ravin ou placés
tinué après lui. Néron en fit construire un en bois près du sur la déclivité d'une montagne, offraient une apparence
champ de Mars ie, l'an 57. Au même temps appartient la moins majestueuse, mais étaient édifiés avec plus d'écono
ruine connue sous le nom A'amphùheatrum Castrense, à mie. La ville de Sutri nous montre un exemple d'amphi
Rome Le travail en brique, d'une très-belle exécution, théâtre taillé dans le roc sans aucune construction; les
est semblable à celui des pieds-droits de la porte du camp corridors et les vomitoires subsistent encore **. A Paestum
prétorien, ouvrage du règne de Tibère, et à celui des arcs les premiers gradins tout au pourtour de l'arène sont seuls
dits de Néron, près la porte Majeure. Vespasien, après la creusés dans le sol 90 ; ceux de la partie supérieure sont sou
guerre de Judée, construisit ce grand amphithéâtre Flavien, tenus par des substructions. Nous retrouvons la même
aujourd'hui le Colisée, que Martial comparait aux plus combinaison à Pouzzoles S1 et à Pompéi Les amphithéâ
grandes merveilles de l'antiquité 18. Il fut établi au milieu tres de Pergame !S et de Cyziquc", en Asie Mineure, sont
de la ville dans l'emplacement du stagnum Neronis 1B. L'im établis chacun dans un ravin très-encaissé au fond duquel
mensité de l'édifice ne permit pas à Vespasien de le termi coule un ruisseau. Par les dispositions de la construction
ner. L'an 80 de l'ère vulgaire, Titus l'inaugura. Le témoi on voit que, dans le premier, les eaux pouvaient être ar
gnage des historiens 10 est confirmé par les médailles : on rêtées afin de transformer l'arène en bassin pour y faire
voit l'amphithéâtre Flavien représenté sous divers aspects combattre des animaux amphibies, ou pour y introduire
sur celles de Titus (fig. 270) et môme de Vespasien M. des combattants sur des barques. Dans tous les cas l'exiguïté
On présume toutefois que Titus ne vit pas l'achèvement du lieu ne permettait pas de donner de véritables nauma-
de l'édifice et que Domilien le termina. L'un et l'autre chies, le grand diamètre de l'arène ayant M mètres et le
firent lutter dans l'arène submergée des barques remplies petit 37 mètres. Le cours d'eau traversait l'arène suivant
de combattants "[naumachia]. Cependant il est impossible le grand axe ; les ouvertures qui se trouvaient à l'extrémité
de supposer que les substructions de l'arène du Colisée de ce dernier donnaient passage au torrent. Le monument
existassent dès ce temps-là, et que le sol de cette arène ne était en partie taillé dans le roc. Les restes d'un amphi
fût pas plus bas que le sol actuel ; car d'une part, l'eau, qui théâtre, aussi taillé dans le roc, ont été retrouvés par
eût envahi les substructions, aurait causé de très-grands Blouet à Corinthe, au-dessus et près de la ville moderne**.
dégâts, et d'autre part les portiques du rez-de-chaussée Parmi les amphithéâtres adossés à la pente des collines,
eussent été inondés et inabordables. On ne peut préciser nous remarquons celui de Syracuse **, et celui de Pola, en
l'époque de la construction de ces souterrains ; il semble Istrie S7. Ce dernier est d'un grand effet du côté de la mer;
résulter d'un passage d'Hérodien qu'ils existaient du temps le soubassement et le premier ordre disparaissent à l'opposé
de Commode, qui descendit et combattit lui-même dans par le fait de la conformation du terrain. L'inclinaison et la
l'arène. Il s'y rendait par un souterrain communiquant avec nature du sol ont permis de pratiquer des sièges dans le
la loge impériale M. Hadrien donna des fêtes dans cet am roc et d'épargner les frais de construction des carceres,
phithéâtre. Antonin le Pieux fut obligé de le restaurer îk. corridors et escaliers.
Sous Macrin, Dion fut témoin de l'incendie occasionné par La forme des amphithéâtres était elliptique, sauf de
la foudre * qui consuma toute la partie supérieure et en rares exceptions, parmi lesquelles nous citerons celui de
dommagea le reste des gradins. La violence du feu et Sparte, dont le plan était circulaire M. Blouet en rapporte
l'impossibilité de l'éteindre dénote la grande quantité de la construction à l'époque du bas-empire.
bois employé pour la partie haute de l'édifice . Une mé Le marbre, la pierre de travertin, le tuf et la brique en
daille , frappée à l'effigie d'Alexandre Sévère, rappelle que trèrent dans la construction du Colisée. La façade, les
cet empereur inaugura de nouveau l'amphithéâtre, qui portiques extérieurs, les chaînes, les arcs étaient composés
depuis l'incendie n'avait pu servir à cause des grands tra de pierres liées par des crampons en fer scellés avec du
vaux de restauration qui s'y exécutaient. La substitution de plomb ; de tuf et de briques étaient faits les murs intérieurs
» Friedlânder, Sittengeschichte Roms, II, p. 287, et 447 (2« éd. 1867) 13 E.Hiib- lin. Ant.pius,». — « Dio, LXXVI1I, 25.— s'Amminn. XVI, 10. — »7 Orelli, Inscr. I,
ner, Annali deli Inst. arch. 1856, p. 67 ; Fricdliinder, Op. I. p. 109 et suiv. — 1* Voy. p. 69, n. 13 ; Sabatior, Méd. contorniatvs, p. ~k>. — 58 Suet. Yesp. 9 : Mart. De spect.
la bibliographie. — is Suet. Calig. 18. - l« Tac. Ann. XIII, 31 ; Suet. Ner. 12. — 11,5. — W Canina, Etruria maritt. p. "6, pl. xzl. — 30 Clérisseau, Moitum, de Ntmrs,
17 Piranesi,.AHf. di Homa, pl. ix, fig. 2, et p. 3, n. 15 ; Preller, Regionen lioms. 132 ; p. 93. — Mpaoli, Antich.di Pozzuoli. — ^ llnzoiï, Ruines de Pompéi, p. S0, pl.xi.vi.
cf. Bccker, Handbur.h der rôm. Alterth. I, p. 5*9. — 18 Mari, De spect, ep. 1. — — 33 Texicr, Asie Mineure. II, p. 174, pl. cvi. — 3V Pcrrot et Guillaume, Expf. de
1» Slart. De spect. ep. 2. — w> Titus, 1 ; l)io, L.YVI, 2b ; Aurel. Vict. Caes. 9, 7. — In Galatie, p. 74, pl. m. — 33 Blouet, Expéd. dr Aforée, III, p. 36 ; Bangabé, Aférn.
S' Cohen, Mon», imper., I, p. 359, n. 16;*, et p. 362, pl. xvi, 181. Voy. sur les mé de sau. étraiio. prés, à l'Acad. des /user. t. V, 1857, p. 316. — 36 JJon. ined. deft'
dailles qui offrent des représ, du Colisée, Eckhel, Dnct. num. VI, p. 357-359, 375 ; Inst. lABullet. 1831, p. 101 et 148. — :" Stuurt et RcTclt, Suppl. aux Ant. d'Ath.
VU, I ■ 271, 31b. — " Suet. Dom. 4 ; Uio, XLVI, 25. — «3 Herodian. I. - « Capito- t. IV, c. i de la trad. franç. — 38 B'ouct, Erped. de Morée, II, p. 6b, pl. xlviu.
AMP — 243 AMP
et les voûtes. A Vérone w, à Capoue *°, à Nîmes", la pierre Chaque étage à colonnes comprenait quatre-vingts colonnes
est employée avec autant de profusion qu'au Cotisée : Yam- et autant d'arcades; le dernier comptait quatre-vingts
phitheatrum Castrense est en brique ; celui de Pergame en pilastres sur piédestaux et quarante petites fenêtres. Entre
pierre et moellon, celui de Cyzique en gros blocs de granit, les piédestaux on avait pratiqué quarante ouvertures. Soi
ceux de Bordeaux et de Saintes en petits matériaux blo xante-seize des arcades de l'ordre inférieur servaient d'en
qués avec du mortier et reliés par des assises de briques ; trée aux spectateurs et portaient chacune un numéro dif
celui de Pompéi en opus incertum. férent, en chiffres gravés sur la clef; les quatre autres, non
Leur étendue était subordonnée à l'importance locale, numérotées et situées aux extrémités des axes de l'ellipse,
en tenant compte du nombre des habitants des villes voi formaient les entrées principales. Les arcades supérieures
sines, privées de semblables édifices. Le Colisée contenait éclairaient les promenoirs, qui contournaient l'édifice, ainsi
87 mille places ** déterminées et pouvait en plus permettre qu'une partie des couloirs et des escaliers : chacune de ces
à 15,000 personnes environ d'assister aux spectacles. Son dernières avait un parapet au milieu duquel était un pié
grand axe, compris destal surmonté de statues. Les arrachements confirment
les constructions, les inductions qu'on peut tirer des médailles frappées sous
était de 188 mètres, Titus (fig. 270) et sous Domi-
le petit axe de 156 tien, sur lesquelles on voit des
mètres ; ceux de statues ornant le milieu des arca
l'arène étaient : le des. Les mêmes médailles mon
grand de 76 mètres, trent encore au dernier étage
le petit de 46 mè des cercles qui alternent avec
tres**. Le grand axe les fenêtres indiquées précédem
de celui de Pouzzo- ment : ces cercles sont peut-être
les avait 190 mè les clipei dont parlent les auteurs
tres, le petit 144 anciens, et qui n'étaient autres
Fig. 270. Grand bronze de Titus.
mètres. M. Fried- sans doute que des boucliers en
liinder, dans son métal. L'on remarque aussi sur ces médailles des quadriges
travail si complet placés au-dessus des arcades du rez-de-chaussée des quatre
sur ce sujet **, in entrées principales; celles-ci se distinguent encore des
dique les mesures autres entrées par une plus large ouverture ; l'entrée de
de cinquante-deux l'empereur était seule ornée de colonnes dégagées. Ces
amphithéâtres, dans entrées sont accusées à Nîmes par une saillie de 0m,30 et
un tableau auquel par une largeur plus grande deûm,65, que celle des autres
nous renvoyons. arcades. Un fronton placé sur les colonnes du deuxième
Beaucoup de ces étage et des têtes d'animaux sculptées dans les tympans
édifices étaient si du rez-de-chaussée et de l'étage supérieur ornaient la
tués dans l'inté porte du petit axe, réservée aux magistrats qui représen
rieur des villes sur taient l'empereur.
un sol de niveau et Au quatrième ordre du Colisée, au-dessus des fenêtres,
offraient un plan el une série de consoles correspondaient à autant de trous
liptique d'une régu pratiqués dans la corniche ; ces consoles soutenaient, et
larité complète. Les les trous maintenaient les pièces de bois verticales, ou
plan, coupe et élé mâts (malt), destinées à tendre le velarium, afin de mettre
vation du Colisée re les spectateurs à l'abri des rayons du soleil. L'amphithéâtre
produits" (fig. 26'.), de Nîmes présente aussi des exemples de ces supports, qui
271, 272, 273), et se répétaient intérieurement, pour y placer probablement
les explications qui d'autres poteaux et contre-fiches élayant les mali; dans
vont suivre servi l'épaisseur du mur, de petits escaliers conduisaient à la
ront à rendre plus plate-forme supérieure, réservée pour les hommes chargés
clair ce que nous de la manœuvre du velarium. A Pola les mali descendaient
avons à dire des dans une rainure de la hauteur de l'attique et venaient se
amphithéâtres en poser dans un dé fixé sur la corniche du deuxième ordre.
général. La hauteur des amphithéâtres et le nombre d'ordres em
269. Amphithéâtre Fla^ien. Section de la façade La façade du Co ployés dépendaient de leur dimension et de leur position:
restaurée. lisée s'élevait sur à El-Djemm, l'antique Tysdrus, dans l'ancienne province de
deux degrés et com Carthage, on compte quatre étages d'ordres"; à Pola un
prenait quatre étages d'ordres (fig. 269). Les trois premiers soubassement et trois étages, à Vérone trois étages, à
étaient à arcades et ornés de demi-colonnes doriques, ioni Nîmes deux étages. Des avant-corps situés à peu près dans
ques et corinthiennes ; le quatrième présentait un mur percé les milieux des parties comprises entre les entrées princi
de fenêtres rectangulaires et orné de pilastres corinthiens. pales, sur la façade de l'amphithéâtre de Pola, renfermaient

39 besgodetz, Les édif. tttU. de Rome, p. 279 et suiv. — *0 Canin*, Arch. rom. part. Beaux-Arts. — *' Sittensgeseh. Roms, II, p. 457, 2« éd.— *» Duc. fteslaur. du Colisée.
II, 131, part. III, p. 151, pl. cuiii. — '1 ClOrisseau, Mon. de Nîmes, p. 75. — — VU Grand bronze du Cabinet de France; cf. Cohen, Monn. impér. 1, pLxvl,n. lïi-1,Ti
* Lipsius, l)e ampMlheattit, — ** Duc, Jiestaur. du Cotisée, Rihlioth. de 1 erulc îles tus. — *7 Moment, ined. deW Inst. V, pl. xlvi.
AMP — 244 — AMP
des escaliers conduisant du sixième étage aux gradins conduisaient à l'arène. Le second ambulacre n'était séparé
supérieurs w. du premier que par des piliers qui correspondaient à ceux
(Dans les substructions qui soutenaient les bancs des tle la façade; il donnait directement accès aux escaliers
spectateurs, l'amphithéâtre Flavien présentait au rez-de- (scalae) et aux passages (viae, itinera, adilus). 11 n'a son pareil
chaussée cinq ambulacres ou galeries parallèles à l'ellipse qu'à l'amphithéâtre de Capoue qui, par ses dimensions, se
de l'arène; ils conduisaient aux escaliers et passages qui rapprochait beaucoup du Colisée. Le troisième ambulacre
desservaient les différentes places. Le premier ambulacre divisait en deux parties la masse de construction dans la
formait un portique de 80 arcades qui toutes donnaient quelle se trouvaient les escaliers et quelquefois les careeres
accès sur la voie publique. Ce portique se trouve dans ou chambres dans lesquelles les animaux étaient enfermés
tous les amphithéâtres construits sur un terrain horizontal ; avant de paraître dans l'arène. Il desservait le premier
dans ceux qui sont adossés au flanc d'une montagne, le maenianum, et était éclairé d'en haut. Du quatrième ambu
portique est interrompu, quelquefois transformé en sou lacre on arrivait au podium. Ces deux derniers ambulacres
bassement comme à Pola *9, ou il est remplacé par un mur avaient été adoptés dans plusieurs amphithéâtres où le
de soutènement, comme à Pompéi so. Des quatre entrées quatrième circonscrivait l'arène, dont il n'était séparé que
principales, deux arcades situées aux extrémités du petit axe par un mur. Enfin, le cinquième ambulacre, qui ne se re
étaient réservées, l'une à l'empereur, l'autre à ceux qui trouve qu'à El-Djemm se distinguait par son revête
occupaient la tribune placée en face de la sienne ; les ment de marbre, par ses ornements de stuc et son pavé de
deux autres entrées situées aux extrémités du grand axe, mosaïque M; peut-être servait-il de circulation pourl'empc-

Fip. 271. Vue extérieure du Colisée, état actuel.

reur et les dignitaires; ou bien, comme l'a conjecturé vail des passages et des escaliers conduisant aux gradins
M. Duc. était-ce là que se réunissaient les gladiateurs avant supérieurs et au portique qui les couronnait. Dans les
de paraître en public ; des portes, en effet, ouvraient direc autres amphithéâtres, les ambulacres, les escaliers et les
tement celte galerie sur l'arène. passages étaient disposés d'une manière analogue. La po
Les murs des escaliers et des passages sont généralement sition des amphithéâtres taillés dans le roc ou adossés con -
normaux aux courbes elliptiques, quelquefois ceux qui tre une colline modifiait sensiblement le nombre des am
forment l'entrée de l'arène suivaient une direction parallèle bulacres et la combinaison des escaliers. Ces édifices par
au grand axe. Le premier ambulacre qui, à l'amphithéâtre suite de leurs dispositions et de leurs dimensions recevaient
Flavien, servait de portique d'entrée, et celui qui lui était les eaux pluviales en telle abondance qu'ils exigeaient un
attenant, se répétaient aux deux étages supérieurs 11 y avait écoulement facile et bien ordonné. La restauration du Co
ainsi à proximité de toutes les places de vastes promenoirs, lisée de M. Duc fait voir avec quel soin les architectes
sous lesquels les spectateurs pouvaientse réfugier en cas de avaient étudié les conduite et la canalisation.
pluie. Au troisième étage les escaliers occupaient une place De l'extérieur passant à l'intérieur, nous remarquons
dans ces ambulacres. Dans la hauteur du quatrième ordre, dans la cavea, c'est-à-dire dans la partie destinée aux spec
l'épaisseur de la construction était réduite à la largeur tateurs, trois divisions : le podium où étaient les places
du premier ambulacre ou portique extérieur; il s'y trou- d'honneur, les maeniana ou gradins, le /jorticus ou portique.
W Stuiirl et Rcvett, SuppLaux antiq. d'Alhènei, Trad. franc;, t. IV, 1. 1, pl. v, vi, vu. 61 ftlunum. med. dell' In&t. di corr. arch. V, pl. itvi. — &s Ntbby, Anfit.
— *9 Smart et Revett, l. I. — 50 Mazois, Huines de Pompei, t. Il, p. SO, pl. ilti. Flan. I, p. 427.
AMP — 243 — AMP
Le podium était une plaie-forme élevée au-dessus de l'a au préteur qui présidait aux jeux et à celui qui les don
rène, qu'elle circonscrivait, et assez haute pour mettre les nait 5S. Ces loges portaient aussi les noms de puluinar et de
spectateurs à l'abri des atteintes des animaux féroces. Il suggestum M. Des passages et des escaliers particuliers les
renfermait les places destinées à l'empereur, aux sénateurs, réunissaient aux grandes salles placées sur le petit axe; les
aux principaux magistrats, aux vestales, aux préteurs, à l'or salles dépendantes de la loge de l'empereurétaient ornées
donnateur des fêtes et aux personnes de distinction **. Les de stucs et de marbres.
gradins (gradus) étaient plus larges que les autres, de ma A Pompéi et à Nîmes, le podium était divisé en plusieurs
nière à recevoir des sièges mobiles {subsellia) **. Les places loges séparées entre elles par des dalles en pierre. Dans la
d'où l'on jouissait le mieux du spectacle étaient situées aux dernière de ces deux villes, outre les sénateurs, les vestales
extrémités du petit axe de l'arène; deux loges, dominant le et les principaux magistrats, le podium recevait les cor
podium, y étaient réservées, l'une, appelée cubiculum, à porations importantes de la cité, dont les noms sont encore
l'empereur, l'autre, vis-à-vis, (editoris tribunal), aux consuls. inscrits en gros caractères sur la moulure de son couron-

Fig. 2*32. Plan de l'amphithéâtre Flavico.

nement; on y lit le nombre des places qui leur étaient ou de rouleaux soit en bois soit en ivoire tournant sur des
réservées axes de fer. Les nœuds du treillis de l'amphithéâtre de
La face du mur du podium sur l'arène était revêtue de Néron avaient pour ornement des touffes d'ambre sculp
pierres parfaitement polies pour enlever toute prise aux tées *°. Ces précautions ne furent probablement pas tou
animaux : ce revêtement était de marbre au Colisée 58, il jours suffisantes, car les auteurs anciens rapportent que
était peintà Pompéi59. Comme ce mur ne s'élevait quelque l'on creusait dans certains amphithéâtres, parfois un canal
fois pas assez haut pour défendre les spectateurs des assauts (euripus) 61 au pied du podium, pour éloigner les animaux
des bêtes, on le surmontait de filets, de grillages en métal et principalement les éléphants.

» Sliet. Octan. 43, 44; Tnc. Xnn. IV, 16; Juï. .S'il/. XI, 143; Marini, de Lyon, p. 396. — »» Calpurn. Ecl. VII, 5, 48. — »» Mazois, Humes de
Atti d. frat. an. p. SI 9 et suiv. tali. mu. — « Suet. Oct. 43. — Pompéi, II, p. 80, pl. iitu, iLvin. — «0 Plin. But. nat. XXXVII, 11, 3; Cal
a Snet. iVer. If; Plin. Paneij. 51. — 56 Suet. Cae>. 76. — « Boissieu, [mer. purn. /. /. — «I Suet. Caet. 39; Plin. Hat. nat. VIII, 7.
AMP — 246 — AMP
Un mur servant d'appui appelé balteus, séparait le po spectateur était muni d'un billet [tessera], qui indiquait
dium des gradins; au Colisée des mosaïques l'enrichis la place qu'il devait occuper Les vomitoires, qui don
saient 62. Deux baltei divisaient en trois parties, dans le sens naient accès dans le milieu des maeniana, coupaient les
de la hauteur, les gradins de ce môme édifice; des terrasses gradins et étaient entourés de balustrades qui, au Colisée7'
ou praecinctiones longeaient ces baltei et offraient une (fig. 274), et dans l'amphithéâtre de Capoue75, avaient été dé
grande facilité pour les communications. Chaque division corés de sculptures représentant des rinceaux, des animaux
s'appelait maenianum Les chevaliers, dont les places et des personnages. Le bon ordre dans le placement des spec
venaient aussitôt après celles des sénateurs 81 , et auxquels tateurs était confié à des employés (locarii ou dissignatores)
Caligula permit l'u et la surveillance géné
sage des coussins 65 , rale était l'attribution
occupaient le premier du villicus amphùheatri.
maenianum du Colisée. L'arène, vaste espace
A ce maenianum, au- central destiné aux
dessus des grandes en combattants , a reçu
trées de l'arène , on son nom du sable (are-
trouve les traces de na) dont elle était cou
deux tribunes qui , verte, et que l'on y
peut- être comme dans jetait pour absorber le
les théâtres , étaient sang répandu. Des em
réservées aux préteurs pereurs comme Cali
ou aux vestales. Vé gula, Néron et Carin
rone n'en possédait ont montré leur prodi
point d'autres ; Nîmes, galité en remplaçant
au contraire, n'en avait le sable par du cinabre
pas à cette hauteur. ou de la poudre d'or 76.
Au second maenianum L'arène était de forme
étaient placés les tri elliptique , rarement
buns66 et les simples circulaire ; les deux en
citoyens. Puis venaient trées principales s'ou
au dernier maenianum, Fig. 273. Amphithéâtre Flavicn. Coupe sur le grand aie. vraient aux deux extré
sur des gradins en mités du grand axe ; le
bois67, les gens des classes inférieures (popularia)*. Au Co mur du podium parfois était aussi percé de portes d'où sor
lisée ce summum maenianum se subdivisait en deux parties, taient combattants et animaux.
l'une découverte, et dont les gradins étaient en marbre 69, Dans certains amphithéâtres, l'arène était supportée par
l'autre couverte par un portique sous lequel se plaçaient les des substructions dans lesquelles se trouvaient des ambu-
femmes du vulgaire et la plèbe (pullati) 70, assises sur des
gradins comme sous les portiques qui terminaient les gra
dins des théâtres 7l. Ces gradins étaient en bois. Le portique
n'était pas indispensable, malgré l'ordonnance d'Auguste
qui y reléguait les femmes, puisque l'amphithéâtre de
Nîmes en est dépourvu. Des cathedrae, ou loges, couron
naient à Pompéi l'ensemble des gradins n. Les femmes des
puissants personnages étaient autorisées à partager les
places des vestales. Le balteus, qui, au Colisée, séparait le
summum maenianum de celui du milieu, était décoré de
fenêtres et de niches; beaucoup plus élevé que les autres,
il établissait probablement une division bien marquée
entre les tribuns et les classes inférieures. A chaque pré-
cinction il y avait des ouvertures ou vomituria qui des
ambulacres donnaient accès aux gradins. En face des vo-
Fig. 27-i. Vomitoircde l'amphithéâtre Flavicn.
mitoires se trouvaient les scalaria ou petits escaliers qui
descendaient entre les gradins et divisaient chaque maenia Iacres et des chambres pour les bêtes. Au-dessous de la
num en sections ayant la forme de coins, ce qui leur fit galerie que soutenait le podium de l'amphithéâtre Flavien,
donner le nom de cuneus. Si le" maenianum était trop étendu il y avait des chambres, et sous l'arène cinq ambulacres,dont
en hauteur, des vomitoires s'ouvraient dans son milieu. deux épousaient la forme elliptique, et trois, dans le milieu,
Pompéi et Nîmes en ont conservé des exemples assez com étaient parallôlesau grand axe et séparés par de petites cham
plets. Les gradins étaient en bois, en pierre ou en marbre. bres77. Dans ces trois derniers ambulacres on remarque les
Chaque place était numérotée à Pompéi, et é tait limitée par traces des pentes douces qui montaient à l'arène : au-dessus
deux traits gravés dans la pierre à Nîmes et à Pola. Tout des petites chambres il existe des ouvertures carrées en

«s Calpurn. Bel, VII, 5, 48. — I» Atti A. (rat. an.; Canina, Arrh. rom. part. 111.— p. 84, pl. xlvi. — 7a Voy. un exemple dnns Uommscn, ûericlUt der tâcha. GeteUteh,
«» Suct. Domit. 4. — «» Jut. III, 154; Dio, L1X, 7. — «Calpurn. I. I. — 67 Suet. 1849, p. 286 : CUSVI (cun.vi) IN (feriori ?) X [gradu decimo) VIII (loeo oeb&To).
(ht. 44. — •* Suet. Domit. (. — e» Canina,ArcA. rontana. pari. III j Atti d. fr. — 7* Canina, Arch. rom. pl. cm. — 75 Ibid, pl. cxnv. — "6 Suet. Cuiig. 1S. —
mal. — "> Vitr. V, 0; Calpurn. 26. — H Suct. Oct. it. — « Maz.iis, l.l. Il, 77 Canina, Uuc, /. I.
AMP — 247 — AMP

forme de puits dans les angles desquelles sont les rainures retentissante, qui enveloppe le monde *. Elle en est, comme
où s'adaptait le mécanisme employé pour hisser les animaux Thétis, la personnification féminine, et c'est ainsi qu'elle se
et les faire paraître instantanément au milieu de l'arène : place à côté de Poséidon ou Neptune, la plus haute expres
des trappes en bois devaient recouvrir ces ouvertures, dont sion du redoutable élément. On disait que ce dieu l'ayant
l'amphithéâtre de Capoue et celui de Pouzzoles offrent des vue danser parmi les Néréides, à Naxos, s'en était épris et
exemples d'une parfaite conservation™. Les substructions de l'avait enlevée *. Selon d'autres, elle s'enfuit jusqu'auprès
l'arène du Colisée sont de l'époque de la décadence, celles d'Atlas; mais le dauphin la suivit et la ramena à Poséidon,
qui les avaient précédées ayant été détruites, au v° et au qui par reconnaissance le plaça parmi les astres5. Am
vi° siècle, par deux tremblements de terre, et restaurées phitrite fut mère de Triton, de Rhodé, de Benthésicymé 8.
par les préfets de Rome Lampridius et Basilius, comme le Amphitrite fut représentée comme épouse de Neptune
certifient les inscriptions. L'amphithéâtre de Vérone n'avait dans un grand nombre de monuments de l'art grec et gréco-
de substructions que sous les axes de l'ellipse et sous les am- romain. Sans parler des frontons du Parthénon 7 et des
bulacres ; celui de Syracuse avait des chambres, une grande bas-reliefs du temple de la Victoire Aptère où il n'est
salle et un ambulacre qui y conduisait. L'arène de Pergame pas bien démontré qu'on doive la reconnaître, nous savons
était probablement en bois, car aucun arrachement ne té qu'on voyait cette déesse constamment placée à côté de
moigne qu'il y ait eu des substructions. De ces souterrains Neptune dans des monuments remarquables par leur beauté
sortaient aussi les décorations (pegmi oxxpegmata 7*) qui de ou leur antiquité ; de même qu'on les honorait d'un culte
vaient servir au spectacle. Martial, Calpurnius et Hérodien commun à Lesbos*,à Syros et àMyconos10, à Ténos, dont le
nous apprennent, en effet, qu'on représentait des scènes temple renfermait des statues de Neptune et d'Amphitrite,
mythologiques et que l'arène se changeait soit en forêt, soit de neuf coudées de haut, œuvres du fondeur ïélésias ".
en gouffre, d'où s'élançaient les animaux80. On les voyait réunis sur le socle de la statue de Jupiter à
La munificence de ceux qui donnaient les spectacles allait Olympie sur l'autel d'Apollon à Amyclée dans le tem
jusqu'à répandre des pluies odoriférantes (sparsiones) sur les ple de Minerve Chalkioekos à Sparte l*. Le pronaos du
spectateurs"1, ou à faire brûler des parfums dans des trépieds. temple de Neptune à Corinthe offrait un groupe formé par
Les jours de représentation tout cet ensemble était cou les trois figures d'Amphitrite, de Neptune et de Thalassa
vert par une tente de couleur ou velarium M. Pline nous dit (la Mer). Dans la cella du même temple, sur un char attelé
que L. Spinter fut le premier qui couvrit le théâtre avec du de quatre chevaux conduits par deux tritons d'or et d'i
lin lin, et que Néron fit étendre sur l'amphithéâtre un ve voire, on voyait Amphitrite à côté de Neptune 1!. Le bas-
larium bleu parsemé d'étoiles Les différentes toiles, qui relief de Munich, connu sous le nom de Noces de Neptune et
composaient le velarium, étaient tendues au moyen de pou d'Amphitrite, peut donner quelque idée de cet ouvrage
lies, de cordes et d'anneaux attachés aux mali, que faisaient célèbre, dédié parHérode l'Athénien. On y voit (fig. 275) les
mouvoir, au Colisée, des marins de la flotte 8* ; on pouvait fa
cilement découvrir telle ou telle partie de l'amphithéâtre à la
demande des spectateurs8*. La partie du milieu, qui couvrait
l'arène, étaitfixe,el ordinairement ornée de broderies figu
rant un char, un aigle ou tout autre sujet analogue. Cette
toile devait être maintenue par des cordes horizontales qui
se fixaient aux mâts et par des cordes verticales qui des
cendaient vers le podium : telle est la supposition que
font naître les points d'attache qui existent au podium de
Nîmes. C. Thierry.
AMPOITRITE ('AjxcpiTpiTTi). — Amphitrite, une des Né
réides ou des Océanides1, épouse de Neptune. Il n'est pas
question de cette union dans les poèmes d'Homère. Am Fig. 275. Neptune et Amphitrite.
phitrite n'est même pas nommée dans l'Iliade ; et dans
l'Odyssée son nom ne signifie pas autre chose que la mer deux divinités sur un char que traînent des tritons, et Doris,

w Canina, Arek. rom. part. II, c. tu, pl. cxxm ; Monum. ined. dell' Inst., Bullet. Poldo d'Abbenas, Disc. hist. de l'antiquité de Nimes, Lyon, 1650 ; Maucomble,
1*41, p. H3 -, Paoli, Antich. di Pozzuoli, pl. ixii ; Orclli, Inscr. I, p. 69, n. 113. Hist. des antiq. de Nimes, Paris, 1746 ; Clérisseau, Antiq. de la France, Monum.
— w s™. Ep. 61. — »o Mart. De spect. ep. ÏO ; Calpurn. Z. I. — 81 Scn. Quaest. de Nimes, 1804 ; Millin, Voyage dans le midi de la France ; Grangcnt, et Durant,
nat. U, 9, î ; Guarini, Fasti duumv. p. 92. — 81 Lucr. IV, "3 ; Guarini, l. I. Monum. du midi de la France, Paris, 1819, t. I ; Pelet, Descr. de l'amph. de Nimes,
et p. 133, 11 ; Mus. Borb. I, Rel. degli scavi, p. 2. — 8' Hist. nat. XIX, 1853 ; Rexoil, dans les Mèm. lus à la Sorbonne, 1866, p. ^4; Eslrangin, l'Amph. à
I, 6. — » Lamprid. Commod. 15. — » Suet. Calig. 26; cf. Mart. XII, 29, 15. Arles, 1836; Id. Études sur Arles, 1838 : Petit, Sur l'amphit. de Fréjus, dans le Bul
— Bibi-iogrifihb. 3. Lipsius, De amphilheatr. , Antverp. 1585 et 1621 ; et dans letin monum. de Caumont ; Delamare, Bech. sur la ville de iMmbèse, dans les Mihn.
r.raevius, The>. antiq. rom. t. IX, p. 1269 ; Carli, Degli anfiteatri, Milan, 1788 ; de la Soc. des antiq. de France, 1852 ; Id. Explor. scientif. de l'Algérie ; Pellissier,
MaflVi, Verona illustrata, Degli anfiteatri, t. V, p. 135, Milan, 1826 ; Canina, Lettre à Hase (sur l'amph. de Thysdrus), dans la Rev.archéol. I, 816 ; Aime Ro
Architt. rom. t. II; Fontana, Anfiteatro Flavio, 1725 ; Marangoni, Délie memorie chas, Ibid. IX, 90 ; P. Coste et Canina, dans les Ann. de l'Instit. 1852, et Monum,
sacre e profane dell' anfit. Flavio, 1746 ; Fea, Noiizia degli scavi nell' anfit. inéd. t. V, pl. xlii-xliv- Nous devons nous borner à ces indications relatives à quel
Flavio, Borna, 4813 ; Nibby, Délia via sacra, dell' anfit Flavio, etc., Roma, 1819 ; ques-uns des principaux amphithéâtres nommes dam l'article, en rcuvoyant pour les
Wagner, De Flavio amph. commentationes, Marburg, 1829-31 ; De Lnurentiis, autres à Friedlandcr, Darstell. avs der Sittengeschichte Roms, t. II, p. 401 et suiv.
Deseriz. dello stato aniico e mod. dell' anf. Campano, 1835; Pelet, Amphilh. de 2* éd. 1867 et aux ouvrages cités dans les notes ci-dessus.
Captjue; Rucca, Capua vetere, Napl. 1828 ; ld. in Mus. Borb. t. XV, 1856 ; Id. Suï AMPHITRITE. i Hesiod. Theog. 243 ; Ael. Nat. an. XII, 45. — » Apollod. I, 2,
ipnge odell' anf. Puteolano, 1851 ; Paoli , Ant. diPozzuoli, Napl. 1768 ; Delagnrdettc, 2, et I, 4, 6. — » Od. III, 91 ; V, 422 ; XII, 60, 97. Sur la formation du nom, Schô-
Ruines de Paestum, Paris, an vu ; Bonnucci, Pompéi décrite, Napl. 1828 ; Mozois, mann, Op. acad. II, 167.— » Kustath. Ad Od. p. 1458, 40. — » Eratosth. Catart.
Ruines de Pompéi, t. II; Jorio, Plan de Pompéi et rem. sur les édifices, Nap. 1828; 31 ; Hyg. Poem. astr. II, 17.— 6 Apollod. III, 15, 4. — 7 Muller-Wieseler, Denhn.
Donaldsoa, Pompéi, I,pl.Lxm et t.Giorn. degli scavi pompei. 1863; Stuart et Revett, d. ait. Kunst, pl. xxvll, p. 14-17. — 8 Ann. dt'li Inst. di corr. arch. XIII, p. 64;
Antiq. of Atkens (Supplém. Antiq. de Pola), t. IV; Carli, Scoperte nell' anfit. di Ross, Die Akrop. von Athen, pl. xvi. — » Plut. Sap. eonv. 20. — " Ross, Inscr.
Pola; Slanko-vich,/)Wf anfit. di /Ma, Venez. 1822 ; Allason, Pictur. views of Pola, II, n. 107, 135. — « CIcm. Al. Protr. p. 41 ; Bockh, Corp. insc. gr. II, 2329,
Lond. 1819; Serradifalco, Antich diSicilia,lV,p. 108 (Syracuse), et V, p. 19 (Catane) ; Î331-2334 » Paus. V, H, 3. — » Id. III, 19, 40. — » Id. III, 17, 3. — i» Id. H.
AMP — 248 - AMP
la mère d'Amphilrite, venant au-devant des deux époux un figures 277, 278 et 279 représentent des amphores de
flambeau nuptial à la main ,8. Amphitrite porte le voile des Ithodes. de Cnide et de Thasos », c'est-à-dire des trois princi-
mariées. On la voit dans une mosaïque du Louvre 17 debout
à côté de Neptune, sur un char attelé de chevaux marins.
La belle cylix de Vulci, dite coupe de Sosias, nous montre
Amphitrite, personnification des eaux, assise dans la réunion
des dieux à côté de Vesta, personnification du feu ,9. Elle
tient un sceptre ou plutôt un thyrse terminé par un bou
quet de varech; elle est vêtue d'une tunique talaire finement
plissée et d'un manteau qui couvre ses genoux. Son vê
tement est à peu près le même à l'intérieur de la belle
coupe signée du nom d'Euphronios, représentant la visite
du jeune Thésée, qui est récemment entrée au Louvre ; on
y lit, comme sur la coupe de Sosias, son nom écrit à côté
d'elle w. On la voit encore auprès de Neptune sur le cra
tère de la collection de Luynes, représentant le même
sujet10; et assise à côté du lit où Neptune est couché, sur une
autre coupe où est peint le banquet des dieux M. Fig. 277. Amphore Fig. 278. Amphore Fig. 279. Amphore
de Rhodes. de Cnide. de Thasos.
C'est peut-être Amphitrite que nous montre une remar
quable peinture de la Casa dei copitelli colorati à Pompéi M; paux centres de fabrication de ces vases dans l'antiquité.
et on est forcé d'y songer notamment quand on rapproche On y voit (et il en est de même de ceux qui, dans les mo
de ce monument les médailles des Bruttiens qui repré numents figurés, répondent le mieux aux indications four
sentent une femme voilée, qui est probablement Amphi nies par les anciens sur les divers emplois de l'am
trite , assise sur un hippocampe et tenant sur ses genoux phore), les deux anses placées des deux côtés du col
l'Amour **. C'est aussi Amphitrite qu'on voit en buste sur et se rattachant à une panse plus ou moins allongée,
une monnaie d'argent de la fa généralement plus large vers le haut, amincie à la par
mille Crepereia A côté de la tie inférieure, ou même terminée en pointe, de telle
figure, dans le champ, on dis sorte qu'il était nécessaire pour faire tenir l'amphore de
tingue un poulpe. On peut en bout de la poser sur un support [incitega] ou de la planter
rapprocher une pierre gravée dans le sable. Beaucoup ont été retrouvées dans cette
de la galerie de Florence *, où dernière position. On voit (fig. 280) la coupe d'une cave
la déesse paraît sous le môme découverte à Rome en 1789, détruite depuis, divisée en
aspect. Sur une autre pierre deux pièces, où les amphores étaient régulièrement rangées
Fig. 276. Amphitrite et Triton. gravée'8, on la voit (flg- 276) comme elles sont ici représentées '.
assise sur le dos d'un Triton ; elle Dans les autres figures qui accompagnent cet article, la
tient en main le trident, seule marque qui la distingue des forme générale des amphores est la même; elles ne dif
Néréides, souvent ainsi figurées à côté de dieux et de fèrent entre elles, quel que soit leur emploi, que par les
monstres marins. E. Vinet. dimensions, toujours proportionnées, du col et des anses,
AMPIIOMOSIA [ampuiorkiaJ. par la grosseur et la longueur du ventre, enfin par la base
AMPHORA ('A|AtpopEÔ«, AfjuptçopEuî). — I. Amphore, vase tantôt effilée et pointue, tantôt plate ou pourvue d'un pied.
d'un usage général, à toutes les époques, chez les Grecs Les amphores panathénaïques , c'est-à-dire celles qui
et chez les Romains, pour enfermer le vin, l'huile, le contenaient l'huile des oliviers sacrés ((/.optai) donnée en
miel et d'autres denrées. Homère appelle l'amphore âpupi- prix aux vainqueurs des Panathénées* [panatiienaia],
ijopeôç, et ce ont un pied
nom indique et un cou
un caractère vercle muni
tmmmmmmm
signalé com d'un bou
me essentiel lon : elles
par les com sont repré
mentateurs , Fig. 280. Coupe d'une cave romaine. sentées sur
dansla forme les monnaies
de ce vase 1 : en effet, les deux anses au moyen desquelles d'Athènes 5 (flg. 281 et, avec les couronnes des vain
il pouvait être porté, lui donnent une physionomie dis queurs, sur le siège de marbre d'un agonolhète, ci-dessus
tincte parmi les vases conservés dans les collections. Les p. 150, fig. 184). Ceux qu'on possède sont remarquables par

16 Schorn, Beschr. der Ghjpt. n. 121 ; 0. Jahn, Berichte der Geselltch. der Viss. 11 Morelîi, Thesaur. fam. roffl. Crepereia, n. 1 ; Cohen, Méd. consul, pl. m,
in Leipzig, 1854, p. 160, pl. m-nli. — 17 Delamare, Explor. scient, de l'Algérie, Crepereia, n. 1 ; Muller-Wieseler, Op. I. pl. vu, 790. — w Gori, Mus. Flnr. I,
Archéol. pl. cixiu-cxli ; Clarac, Uvtt.de te, t. II, p. 1289-91 ; Friitauer, Notice de la tav. lxxxv, n. 4. — M Lippert, Daetyt. Serin. III, n. 50 ; Miïller-YYieseli-r,
trulpt. n. +9 ; fiev. archéol. t. VIII, 1851 , p. 336 ; 0. Jahn, in Denkm. und Forsch. f. I. n. 81.
1860, pl. cxlit, p. 1Î0. —» Monum. dell liât. pl. hit, xxv ; Gerhard, Trinkteholen, AMPHORA. * Atheei. XI, p. 501 a : 'Apfif0fc6f 4 ixatijwO:v xœtœ tà MT«twrfp«tC4
pl. vi ; Mûller-Wieseler, Denkm. d. ait. Kunst, 1, pl. xlv, n. 2108— 1» Annuaire de flpi<r6ai ; cf. Schol. Apol. Rh. IV, 1187. — 1 Dumont, Inscr. céramiques de Grèce,
l'assoc. pour l'encour. des études grecq. 1872, p. 453, pl. i. — *° De Lnynes, Vases dans les Archives des miss, scient., t. VI, p. 13.— 3 Séroux d'Agïnconit, Bec. de fraym.
ëtrusq. pl. xn, un ; Mon. dell' Intt. I, pl. lu et un ; Welcker, Alte Denkm. de se. en terre cuite, p. 45, pl. xix, 29 et 30 ; cf. Winckelmann, II, p. 70. — * Schol.
pl. xxv ; Élite des mon. cêramoyr. III, pl. ix et x. — " Mon. deli Inst. V, ta*, Soph. Oed. Col. 701 ; Schol. Aristoph. Aub. 100; Siinonid. Analect. èd. Jacobs. I.
ixu, — ai Niccolini, Case di Pompei, Casa de capit. color., tav. nr. — *3 Mion- p. 72 ; Pind. Nem. X. 33, et Schol. Ad h. I.; Suid. |iopL«i. — • Beult', Monnaies
uet, Descr. 1, p. 179, n. 759 ; Muller-Vieseler, Op. I. 11, pl. n, n. 688. — d'Ath. p 82, 83 et passim ; Monum. dell' Intt. II, t. 56; Annal X, p. 38.
AMP — 249 — AMP
les peintures qu'on y voit ordinairement et qui ont fait Dans d'autres on conservait 11 du miel, de la saumure,
connaître leur destination : d'un côté (fig. 282)6 Pallas ar des fruits et comestibles de toutes espèces; on y mettait
mée du cas
que , de la
lance, de l'é
gide ou d'un
bouclier ; la
déesse est de
bout entre
deux colon
Fig. 281. Tétradrachme d'Athènes. nes, au som
met desquel
les sont des coqs ou des chouettes, quelquefois des vases;
et, dans le champ, on lit l'inscription ton AeENF.eEN Fig. 28-1. Récolte de l'huile.
abaîïs (prix donné à Athènes), et parfois les noms des
archontes alors en fonctions 7 ; au revers, l'exercice dans le sable nécessaire aux gymnases; on y renfermait des mon
lequel a élé remportée la victoire : par exemple, la course naies, etc. Mais le principal emploi des amphores fut en
sur l'amphore de Vulci 8 repro tout temps de
duite (fig. 283) ; car on a trouvé contenir le vin.
des amphores semblables en Dans l'Odys
dehors de la Grèce, et elles sée Ulysse et
Télémaque se
préparant à
voyager font
remplir de vin
des amphores Fig. 285. Transport des grains.
fermées avec
soin au moyen de couvercles ou de bouchons (TroWaut).
Les exemples en sont nombreux dans les écrivains grecs
des temps postérieurs et c'est ce qu'attestent aussi les
sceaux dont on voit l'empreinte sur des débris d'amphores.
Chez les Romains, on mettait dans des amphores tous les
vins qui devaient être conservés": d'où la distinction du
vinum amphorarium et du vinum doliare. On tirait celui-ci
directement, pour le boire, des grandes outres ou des
grands vaisseaux de terre [dolium, pithos] où il avait été
versé au sortir du pressoir [vinum]. De curieuses peintures
dePompéi18, dont une est ici reproduite, montrent (fig. 28G)
Fig. 282. Amphores panathénaïques. Fig. 283. comments'opé-
raient le trans
sont en grand nombre dans les collections, qu'elles soient port du vin et
venues d'Athènes, ou qu'elles appartiennent à d'autres sa distribution
pays où on a imité la forme et la décoration des vases dans les ampho
athéniens 9. res. Quand elles
Les dénominations par lesquelles les auteurs modernes étaient rem
ont cherché à distinguer des amphores d'autres vases ana plies, on les fer
logues par leur forme générale, mais un peu différents mait au moyen
par les proportions de leurs parties, ne s'appuient pas, en de bouchons de
général, sur des autorités suffisantes. Dans une peinture liège{cortex, su-
de vase où est figurée la récolte de l'huile, on voit (fig. 28-i) bev) ou d'argile,
des amphores qui servent à cet usage 10. Une coupe à enduits {obline- Fig. 286. Transport du vin.
figures noires de la collection Campana, au Louvre re, adslringer-e )
(fig. 285) ", représentant les travaux des champs, montre de poix ou de plâtre 17 ; une étiquette (superinscriptio,
de grandes amphores chargées sur un chariot, vraisem nota, titulus, tessera, pittacium) gravée sur chaque amphore
blablement pour transporter des grains, et on a trouvé ou suspendue au col, fournissait diverses indications, telles
en Italie de ces vases qui en renfermaient effectivement. que l'espèce du vin, son âge, la contenance du vase, la

}\W du Louvre. — 7 Millingcn, L'iicd. Momm. p. I, pl. i; Briekh, Corp. dell' Inst. [, tar.xl.ir.— tl Cf. 0. Jahn, in Berichtc der sdchs. Oesellsch. 1867, p. 78. —
iurr. gr. a. 33 cl p. 4S0; 0. Huiler, Hanlb. der Arch. g 99, 3 ; Ch. Lenormant, H Hom. II. XXIII, 170 ; Xen. Allai. V, 4, 28 ; Cie. Verr. II, 72; Hor. Epod. II, 1S; Sut.
Rtv. archéol. 1818, p. 230, 1849, p. 56; De Witte, Bullet. de VAcad. des /mer. II, 4,66; Plin. tfist.nat. XV, il ; Hart XIII, 103 ; XIV, 116 ;Doni, [nscr. pl. xixni,
1868, p. 178. — * Monum. delf fnst. I, 21, 22, p. 216 cl suiv. ; cf. Gerhard, et s.; Herod. 111,96; C Nep. Bonn. IX, 3. etc.— H Oïl.ll, 290, 349,370 ; IX, 164,201.
Ant. liildw. pl vi, p. 117; Id. Etr. und kamp. Vas. pl. A, D. — 9 Voy. sur cette — 1» Herod. III, 6; Aristoph. Plul.St» ; Eccl. 1119; Nub. 1203; Pae. 20J.— 1» Hor.
question les ouvrages indiqués par 0. Huiler, Ilandb. § 99, 2; 0. Jahn, VVi- Od. 1, 36, 1 1 et sq. ; Colum.XII, i» ; Dig. XXXIII, 6, 1» ; Salmts. Excrc. Plin. p. 331.
fnsamml. zu Atiinchen, pl. xx, ccxxxtii; Lenormant et De Witte, Elite céram. — 1« Mus. Dorb. IV, tav. a ; V, tav. iLrill. — « Hor. Od. I, 20, 3 ; III, 8, 10,
Introduct. ; cf. De Witte, Éludes sur les vases peints , 1865, p. 25. — 10 Afonunu Colum. XII, 11, 12,23, 32, D9, 41, 42; Gerhard, Arch. Anzeirjer, (865, p. 51.
I. 32
AMP — 250 — AMP
marque du fabricant l9. On possède des amphores où se un magistrat, en matière de justice criminelle ordinaire,
trouvent inscrites l'une ou l'autre de ces indications pouvait en faire autant s, après avoir pris l'avis de son con
Des amphores ou des débris d'amphores en argile, trou seil; telle est l'origine de Yampliatio, d'après W. Zumpt
vés dans toutes les parties du monde grec et dans tous les et Walter. Dans les procès criminels portés devant une
pays où les Grecs avaient porté leurs produits, attestent commission (qnaestio) et même devant les qunestiones per-
non-seulement l'étendue de leur commerce, mais encore petvae, qui succédèrent aux commissions extraordinaires,
le grand nombre des fabriques différentes, reconnaissables lorsque les jurés appelés à se prononcer avaient déclaré,
à la composition ou à la cuisson de la terre et souvent par un vote public, qu'ils n'étaient pas édifiés (m,u liquet),
même indiquées d'une manière précise par des inscrip ils décidaient par cela même que l'obscurité de l'affaire
tions. D'autres, portant leur paraissait exiger une seconde instance qu'on appelait
des marques et inscrip amplialio. Le préteur ou le magistrat qui présidait la com
tions latines, donnent mission, ordonnait le renvoi à un plus ample informé*
lieu à des observa (amplius ou amplius cognoscendum), et ce renvoi pouvait
tions semblables pour être ordonné plusieurs fois sur la demande des jurés*. Ce
l'Italie [vasa, inscrip- système était complètement étranger aux judicia populi,
TIONES]. c'est-à-dire aux affaires criminelles portées devant les co
La matière dont mices. Si la décision n'était pas rendue le jour même, il y
étaient faites les am avait ampliatio, en ce sens seulement qu'il fallait recom
phores était communé mencer les plaidoiries et le vote 8.
ment la terre cuite ; il y h'amplialio ordinaire était assez fréquemment employée".
en eut aussi de mar Le jour où s'ouvrait la nouvelle instance était fixé par le
bre ou d'albâtre M, de président 7 ; l'instruction recommençait complètement ; on
verre", d'argent **, de pouvait y présenter des défenseurs et des moyens de preuve
bronze. On en voit nouveaux. Cette procédure subsista sous le régime des com
(fig. 287) une de ce mé missions permanentes 8 ; mais elle devint moins fréquente
tal, d'un travail élégant, et dut tomber peu à peu en désuétude, principalement à
appartenant au musée cause de l'introduction de la comperendinatio dans les
Fig. 287. — Amphore on bronze. Étrusque du Vatican **. procès repelundarum ou dans les procès des magistrats,
Homère et Pindare ** suivant Zumpt, par la loi Servilia qui supprima en ce cas
parlent aussi d'amphores d'or et d'airain. E. Saglio. Vampliutio, et ordonna une seconde instruction après les
II. 'Afjupopeuç était aussi, à Athènes, le nom d'une me plaidoiries et l'audition des témoins et avant jugement. Le
sure de capacité pour les liquides, ordinairement appelée même auteur admet que la loi Cornelia de Sylla maintint
METRETES. Y ampliatio dans les autres procès.La comperendinatio différait
Chez les Romains, amphora devint le synonyme de qua- de Yampliatio, en ce que celle-ci était vraiment une nou
drantal. Une amphore étalon (amphora capitolina), placée velle instance, tandis que la première n'était qu'une seconde
au Capitole, servait sous l'empire à la vérification des me plaidoirie ou instruction nécessaire, organisée par la loi,
sures analogues employées par les marchands sans décision du tribunal. Elle disparut, suivant Zumpt,
L'ampkora était chez les Romains, comme chez nous la avec Ya?nplialio, en 70 av. J. C, par l'effet de la loi Auré
tonne, l'unité de mesure pour le jaugeage des navires lia de judiciis, " qui aurait supprimé ces deux procédures, et,
[navis]. Ch. Morel. suivant les auteurs antérieurs, sous l'empire, avec les quaes-
AMPHOTIS ("AfjupM-rt;). — Vase en bois dont les paysans tiones repetundarum, lorsque les procès de concussion fu
se servaient pour traire et pour boire. On ne saurait, sur rent portés au sénat, maître de sa procédure [repetundaeJ;
cette seule indication, en deviner la forme. Peut-être le nom de là l'incertitude des notions des écrivains contemporains
venait-il de ce que ce vase avait deux oreilles ou deux sur l'ancienne comperendinatio. G. Himbert.
anses; ou peut-être ressemblait-il à l'enveloppe de laine ou AMPULLA, Ampoule. — Fiole, flacon au col étroit au
de cuir appelée aussi au<pomç, au moyen de laquelle les corps globuleux, servant principalement à porter l'huile
athlètes protégeaient leurs oreilles quand ils s'exerçaient dont on faisait usage dans les bains (ampulla oleuria) *; on y
au pugilat [pugilatus]. E. S. mettait aussi du vin, du vinaigre ou une boisson quelcon
AMPLIATIO. — Dans la législation romaine, un juge que 8 (ampulla potoria). Les vases de ce genre en verre et
civil 1 pouvait toujours ordonner un plus ample informé; en terre cuite sont en grand nombre dans les collections,

1» Plaut. Poen. IV, 11, 11 ; Hor. Od. Il, 3, 8 ; III, 8, 9; Sat. I, 10, 21; Tib. H, IV, 44 ; Cic. In Verr. I, 29. — » Aseon. In Verr. I, 9, 29. — » T. Liv. XLIII, 2;
1, 27 ; Pelron. 34; Jut. Y, 33 j Plin. Hist. nat. XXIII, 1, 33; Mart. XIII, 31 ; Val. Max. VIII, 1,2. — » Dion. IX, 41. — « Auct. ad Hercnn. IV, 36 ; Cic. In
Galon. XIV, p. 25, éd. Kiihn ; cf. Alb. Dumont, Inscr. céram., p. 33. — '» Fiorelli, Verr. I, 29 ; Pro Cluent. 28 ; Brut. 22 ; Aseon. Ep. II. — ' Cic. Brut. Î2." —
Sam Pomp. 1861, I, p. 26; II, p. 48 ; III, p. 84; Niecolinl, Case Pomp. VIII, 8 Cic. In Verr. I, 9 ; Pro Cluent. 76 ; Sigonius, De judie. II, 22. — > Soncc. Ep.
p. îl ; Btdl.Napol.W3, p. 88 ; Berichte d. sâchs. Gesellsch. 1S57, p. 198. — *" Plin. 97 ; Plin. Ep. V, 21; VI, 2; Tac. Orat. 38. — Bibliographie. Sigonius, Dejudir.
But. nat. XXXVI, 12, 59 ; Ane. marbl. of Brilish mus. II, pl. lui. — »1 Petr. 34 ; II, 20 à 22 ; Heineccius, Antig. rom. syntagma, IV, 18, 30 ; Ferrât. Epist. lib. VI,
Mart. II, 40, 6. — M Comptes rendus de la comm. wrthéol. de St-Pêtersb. 1864, Venet. 1737 ; Klcnze, Fragm. leg. Servit, repet. c. 1 3, Berlin, 1825 ; ld. Leltr-
pl. i, il. — M Mus. Greij. I, tav. tvm. — a* XXIII, 92 ; Pind. Nem. X, 67. — buch des Strafcerfahreas, Berlin, 1833, p. 131 ; Walter, Gesc/tie/tte des rom. Bechts,
Riulioghapiiik. Letronne, Journ. des savants, 1833 ; L'ssing, De nomin. vasor. Bonn. 1860, 3e édit. n. 731 et 852 ; Laboulayc, Essai sur les lots cr iminelU'S de» Do
graec.p. 38, Copenhague, 1844; 0. Jahn, Vasensammlung der Pinakothek zu mains, Paris, 1844, p. 377; Geib, Criminalproceis, Leipz. 1842, p. 374-381 ;
Mimehen, 1854, pl. xcii, ci; Krausc, Angeiologie, Halle, 1854, p. 219 ; S. Birch, Hudorll, llôm. Rechtsgeschiehte, Leipz. 1837-59, I. 78 ; II, p. 251, 412; W. Zumpt,
Jlist. of anc. pottery, Lond. 1838, I, p. 189 ; II, p. 77 et 310 ; Becker, Gailus, éd. Dos Criminalrecht der B6mer, Berlin, 1863-69, II, 1, p. i'J4 et «. ; II, 2, p. 125 et
Rein, 1863, p. 299 et suiv.; Marquardt, Btm. Privatalterth&mer, 11, p. 72, 243, 252. suiï.f et p. 211 à 216.
AMP1IOHA II. 1 Capil. Max. duo, 4; Prise. De pond. 62. AMPULLA. 1 Plin. Ep. IV, 38. — » Apul. Flor. II, p. 34 Oud. ; Mart. III, 8Î,
AMPHOTIS. 1 Philetas ap. Ath. XI, p. 782 d. 26 ; Cic. De fin. IV, 12. — S Plaut. Merc. V, 2, 86 ; Mart. VI, 35 ; XIV, 110 ; Suct.
AMPLIATIO. 1 Cic Pro Caecina, 2, 6; 4, 9; 33, 97 ; Gcll. XIV, 2. — ST. Lit. Domit. 21 ; Plin. Hist. nat. XX, 14, 54.
AMP — 251 — AMP

et de formes très-variées. Ceux qu'on voit réunis (fig. 288, à part. Il ajoute souvent, ainsi que d'autres poëtes, aux
289, 290 et 291) sont en verre et appartiennent au musée noms des déesses l'épithète de ^puuotixmixeç * (à la coiffure
d'or). Le scholiaste d'Euripide s dit expressément que
Yampyx était un ornement en or, enrichi de pierreries, dont
les femmes ceignaient leur tête. Il s'agit ici évidemment,
la partie étant prise pour le tout, de l'ornement principal,
bandeau ou plaque de métal, que l'on portait sur le front,
comme le montrent un grand nombre de monuments.
On a découvert dans des tombeaux, en Crimée deux
( parures de ce genre,
Fig. 288. Fig. 289. Fig- 29U. Fif. 291. consistant ên une
Ampoilcs en verre. plaque d'or creusée
par derrière, bom
du Louvre. La figure 292 reproduit une ampoule en verre bée par devant,
de la collection de Luynes, à laquelle est adaptée une anse imitant de ce côté
mobile en bronze qui permettait de la te l'arrangement des
nir suspendue. Une autre à peu près sem cheveux divisés par une raie ; on peut reconnaître dans
blable, en bronze, attachée au moyen de ces bijoux, dont le contour et la forme creuse rappellent
chaînettes, avec une patère etplusieursstri- celle d'un strigile, l'ornement que les Grecs appelaient
giles, à un anneau qui les réunit (fig. 291), a-vXeyyU, du nom de cet instrument. Aux deux bouts et
a été trouvée àPompéi *; on en trouvera au milieu, sur le dessus, sont des anneaux par où l'on
la figure au mot balneum. passait des cordons qui assujettissaient la plaque sur le
On faisait aussi des vases semblables front. Une de ces parures est ici reproduite (fig. 293).
Kig. 292. Ampulla en cuir (scorteae ampullae s, ampullaceo C'est par des moyens analogues que devaient être fixées
olearia. corio) *, commodes surtout pour por les plaques de métal de formes diverses dont on voit les
ter sur soi en voyage. femmes si souvent pa
Le terme très- général à'ampulla doit sans doute s'éten rées dans les monu
dre à des formes de vases désignées par d'autres noms ments. On en voit ici
chez les Grecs et chez deux exemples , l'un
les Romains [lecy- (fig. 296), d'après un
THUS, B0MBYLI0S, GUT- vase peint qui repré
TUS, ALABASTRUM, UN- sente desMuses1, l'autre
GUENTAR1UM ]. Apu- (fig. 297), porté par Sé-
lée 7 donne la des mêlé, d'après ùn miroir Fig. 296. Fig. 297.
cription d'une ampulla Coiffure grecque. Coiffure étrusque.
gravé gréco-étrusque 8.
de forme lenticulaire Les chevaux aussi sont quelquefois appelés ypuo-âiiTcuxEç °,
{lenticulari forma, te-
reti ambitu, pressula
rotundùate) à laquelle
répond assez bien
le flacon en bronze 8,
Fig. 293. Ampoule en bronze. Fig. 294. reproduit fig. 293 et
294 ; d'autres, en terre
cuite, de forme à peu près semblable se rencontrent assez
fréquemment. E. Saglio.
AMPULLAR1US. — Fabricant d'ampullae*.
AMPYX (yA[iWi). — Coiffure à l'usage des femmes, et
aussi harnais de tête des chevaux. Du double emploi du mot,
aussi bien que de l'examen des divers passages des écrivains
grecs où il se rencontre, on peut conclure que c'était là et cette épithète n'est
un terme général désignant, dans son acception la pas moins clairement
plus large, non une coiffure ou un ornement d'une sorte expliquée par des mo
particulière, mais le réseau formé par les liens, brides ou numents, où l'on voit,
bandelettes (àaitvxwv 7roÀuf*tTo>v s) qui enserraient la tète. , Fig. 299. Harnais.
comme sur un vase de
Cependant Homère, énumérant les diverses parties de la la collection d'Hamilton (fig. 298) ,0, un ornement de tê
coiffure d'Andromaque 3, nomme Yampyx comme une pièce tière placé en travers du front d'un cheval, ou comme dans

» -Vu». Borb. VII, ta», xn. — 5 Fest. s. v. Rubidus. — « Col. VIII, 2 ; Plaut. foUivrc, ISt tAuit.v ttvnîl<i|ir,y ; cf. Schol. Ad h. I. — * II. XXII, 468; Hes. Theoqe
Stich. Il, i, 77. — 7 Apul. I. /. — 8 Micali, Mon. ined. pl. lu; cf. Mus. Grcg. I, 916 ; cf. Poil. V, 96 ; et dans Pind. Nem. mavipnita e^6»v. — » liée. : 60. — • Compl
10. — Bibliographie. Cssing, De nomin. rasor. graec Copenhague, 1844, p. 64, rendu de la comm. arch. de St-Pétersbowg, pour 1859, pl. III, 2; et pour
71 ; Krause, Angeiotogie, Halle, 1854, p. 451 ; Beckcr, Gallus, 2« éd. de Rein, 1865, pl. I, 4, et p. 34. — 7 cf. Gerhard, Prodromw, p. 21 ; Antike Denk-
1863; II, p. 330 ; 111, p. 108. mâkr, p. 391 ; Bôttiger, Kleinc Schriften, III, p. 93. — 8 Gerhard, Finis/;
AMPULLARIUS. 1 Plaut. Rud. III, 4, 51 ; Orclli, Inscr. 4143. Spiegel, I, pl. 83; d'autres, ibid. 1, 77, 82, 102, etc. — « Hom. //. Y, 35a!
AMPYX. 1 Dérivé de i|irtx" ; Paus. ap. Eustath. Ad 11. p. 128(1, 56 ; cf. p. 128.— cf. Eustath. Ad h. I. et Bckkcr, Anecd. 388, 6, 7. — >» Tischhein, Vases d'ilà-
* Aesch. Suppl. 431, et Schol. — -1 II. X, 469 . tia^nta «raXlmt, 'A;»-«a «nut- milton, I, t.
AMU — 252 — AMU
une peinture d'un tombeau de l'Italie méridionale (flg. quand il écrivait sur les pierres son xxxvn" livre, indi
299)11, une plaque verticale (npouEnoTuStov, <x|iituxT)|p ") qui que aussi cette source 8 ; il nomme 6 Zachalias de Ba-
le couvre jusqu'aux naseaux [frontale]. bylone, qui avait dédié à Mithridate un livre dans lequel il
Le mot ampyx&e. trouve encore employé par extension attribuait aux pierres précieuses une action sur la destinée
pour le couvercle ou le bouchon d'un vase E. Saglio. des hommes. Les esprits les plus éclairés paraissent avoir
AMULETUM. — Nous réunirons et nous classerons sous partagé la croyance du vulgaire à l'efficacité merveilleuse
ce titre, en renvoyant pour les plus importants à des arti de certaines pierres dans des cas prévus 7. Nous citerons
cles spéciaux, les objets extrêmement variés auxquels les seulement quelques exemples.
anciens attribuaient le pouvoir de préserver soit des ma L'agate, très- estimée dans la haute antiquité 8 (plus tard
ladies, soit des maléfices, et en général de détourner toute elle le fut moins), passait pour un préservatif contre les pi
influence maligne des personnes ou des choses auxquelles qûres des araignées et des scorpions ; on croyait aussi qu'elle
ils étaient attachés: tel est, en effet, le sens précis du mot détournait les tempêtes et le tonnerre '. Toutes les agates
amuletum venu d'Orient, vraisemblablement vers les ne possédaient pas ces qualités : on les éprouvait en les je
premiers temps de l'empire romain, et de ses équivalents tant dans l'eau bouillante; si elles la refroidissaient, on pou
plus anciens 7rEpîa[/.u.a, nsptowrrov, ligatura, alligatura, tous vait avoir confiance, à la condition de les attacher avec des
indiquant l'idée d'attache. D'autres noms qui viennent de crins de lion. On doit écarter, ajoute Pline, les agates
la forme propre à certains amulettes, de la matière dont qui ressemblent à la peau de l'hyène : elles jettent la dis
ils étaient faits, ou de la vertu qu'on leur supposait, seront corde dans les familles ; celles qui n'ont qu'une couleur
expliqués dans la suite. rendent les athlètes invincibles. Placée entre les cornes ou
Pline dit avec raison ' que l'usage des amulettes est, sur les épaules des bœufs attelés à la charrue, l'agate attire
aussi bien que la pratique des enchantements, né de la sur le champ labouré la fertilité l0. — Le diamant est un
médecine : l'un et l'autre ont leur origine dans la super antidote, il chasse la mélancolie, calme les affections de
stition qui attribuait à des puissances occultes des maux l'âme, dissipe les craintes mal fondées ; de là vient qu'on
dont on ne pouvait démêler les causes véritables. Sans nous lui donne aussi le nom à'anachites (àva^txviç) — Le jaspe
arrêter sur l'emploi que la médecine faisait des amulettes, qui ressemble h l'émeraude et qui a dans son centre une
nous devons dire qu'ils étaient compris parmi les nom ligne blanche transversale, est recommandé à ceux qui
breux remèdes auxquels elle avait recours -d'une manière ont quelque harangue à prononcer 11 ; il peut aussi neu
purement empirique, soit pour soulager les maux physi traliser l'effet des breuvages composés avec des herbes
ques (pcrjOrifAotTot), soit pour les prévenir (cpuÀax-nîpia, itpotpu- enchantées. Le jaspe qui a la couleur de la verdure
XaxTtxà), et qu'on appelait tous d'un nom commun physica printanière attire sur les champs desséchés la pluie bien
(suatxâ)'. Plus les causes des maux qu'on éprouvait étaient faisante ,s. — Les dieux ne résisten t pas aux prières de celui
inconnues, plus on était enclin à les attribuer à des in qui se présente dans leurs temples en tenant dans sa main
fluences surnaturelles. La superstition de ce qu'on appelle un cristal limpide — Les magiciens affirmaient que l'a
encore aujourd'hui en certains pays le mauvt>is œil, la méthyste empêche l'ivresse (circonstance d'où lui vint son
croyance à la fascination [fascinum], était surtout uni nom) ; ils ajoutaient que si l'on grave sur ces pierres le nom
versellement répandue. On croyait se garantir de ces in du Soleil ou de la Lune et qu'on les porte comme amulet
fluences au moyen des amulettes. C'élaient ou des sub tes, elles préviennent les empoisonnements, procurent
stances nalui elles, ou des objets présentant certains signes un accès favorable auprès des princes, enfin qu'elles doivent
ou figures dans lesquels on faisait résider leur efficacité ; détourner la grêle et les sauterelles, pourvu qu'on ré
ou bien même ils devaient, croyait-on, leur merveilleuse cite une certaine prière dont ils donnaient la formule a.
puissance tout à la fois à leurs propriétés naturelles et à — L'antipathès sert de spécifique contre la fascination 16 ;
leurs formes symboliques. d'après Ctésias 17 , il guérit les lépreux. — La chalcophane
I. Pierres, plantes, animaux ou parties d'animaux servant est recommandée aux acteurs tragiques — La ckélonie
d'amulettes. — 11 n'y avait pas d'amulettes auxquels on ou œil de tortue, si on la tient sur la langue, fait connaître
eût une foi plus générale que certaines pierres, les unes l'avenir pendant un jour entier w. — L' héliotrope, portée en
précieuses ou rares, les autres n'ayant de valeur que par amulette et combinée avec certains charmes, rend invisi
les images ou les caractères qui s'y voyaient. 11 est à re- ble 10. — L'hématite sert à faire découvrir les embûches,
marquerque la plupart venaient d'Orient, comme l'emploi guérit les maladies des yeux et du foie, fait gagner les
superstitieux qui en était fait. C'est ce qu'on peut induire procès. — Etc. 21 .
aussi des auteurs anciens qui ont écrit sur ce sujet. Quel D'autres pierres n'ont de valeur que parce qu'elles se
que date qu'on assigne au poëme orphique sur les pierres trouvent dans certains endroits, comme la céraunie, re
(AtOixi), où sont célébrées leurs vertus mystérieuses, il est cherchée des magiciens, qu'onne rencontre, disaient-ils, que
facile de voir ' que l'auteur avait eu des prédécesseurs, et dans les endroits frappés de la foudre ,s ; d'autres, parce
qu'il était un adepte de la magie orientale. Pline, qui avait qu'on les tire du corps de certains animaux. D'après Apol
sous les yeux un grand nombre d'ouvrages antérieurs, lonius de Tyane M, la prunelle de l'œil du dragon est une
Il Ballet. Nnpolil. N. s., IV, pl. iv. — « Aesch. Sept. c. Theb. et Schol. Ad IX, 2 et sq. ; Diosc. Mat. med. V, 5, 5 ; Isid. Orig. XVI, 5 ; et les textes indiqués
h. I.; llesych. 'Aa-jxnîf.a. — 13 Schol. Aristoph. Ach. 671. par Marquardt, Ifandb. d. rôm. Alt. IV, p. 124 et suiv. — 8 p0lin. V, p. 21 ; Isid.
AMULETUM. I Hamàlel, de hamal, porter, en arabe; mais l'usage vient de XVI, 11 ; Caylus, Jlec. d'ant. II, p. 35, pl. ». — » Plin. XXXVII, 10. — 10 Orph.
plus loin, de la Chaldée, ou peut-être de l'Inde; le latin amuletum apparaît pour Lith. 238 et sq. éd. C. Hermann.— » Plin. XXXVII, S.— '2 XXXVII, 9. —13 Orph.
la première fois chez Pline, Jiist. nat. xxx, lb, 47; XXXVII, 3, 12. — * Hist. mit. Lilh. 261 et sq. — IV Ibtd. 170 et sq. ; Caylus, liée. III, pl.xr, 3. — « Plin. XXXVII,
XXX, 1. — 3 Charpentier, dans buennge, Glosa, med. ht. s. v. Physica ; Becker-Mar- g. _ 1C pli,,. XXXVIII, 10; Uioscor. V, 140. — " Ap. Stab. De morb. — « Plin.
quardt,//umf6. der rôm. Alterth. IV, note 717 et suiv. — ♦ Tyrwhitt, Ad Carm. de XXXVII, 10. — I» Isid. Orig. XVI, 4 ; Marbod. 19. — *° Isid. Orig. XVI, 7 ; Solin.
l'ipid. Lond. 1781, V. 67 et sq. — 5 ffist. nat. XXXVII, 3, 54; 9, 118, etc. — 27. _ ai Orig. XVI, 8 ; Marbod. 36 ; Plin. I. I. ; et. Caylus, Dec. d'ant. pl. iyiii ;
6 Hist. tint. W'WII, 10. — 7 Voy., outre les indications de Pline et les traités 11, pl. il ; III, p. 139, pl. xxxv. — >» Plin. XXXVII, 9; Isid. Orig. XVI, 13. —
spéciaux de Pscllus, De lapid., Harbod. Lib. lapid. ; Galen. De simpl. med. foc. *-3 Philostr. Vit. Apoll. Tlujan. III, 7.
AMU — 253 — AMU
pierre étincelante à laquelle sont attribuées plusieurs vertus réputée comme un remède contre les maladies incurables45.
secrètes ; des pierres de toutes couleurs, qui se trouvent, Elle devait rendre l'esprit plus actif et plus libre, dévelop
disait-on, dans la tête du même animal, servaient aussi de per la sagacité ; avant d'écrire un de ses ouvrages, Car-
talismans. Philostrate * compare leurs propriétés merveil néade se purgea avec de l'ellébore **. Si on le répand en
leuses à celles du fameux anneau de Gygès. Milon de Cro- prononçant des paroles consacrées, écrit Pline 4S, on purifie
tone " se rendit invincible en portant une pierre trouvée le bétail. On l'employait aussi contre la rage et contre
dans le gésier d'un chapon. Celles que l'on découvre dans l'épilepsie w; mais il fallait, observer rigoureusement cer
le corps d'une biche pleine entretiennent la santé des tains rites en le cueillant *7.
femmes enceintes qui les portent comme amulettes ss. Les animaux renferment dans leur corps, au dire des
Une petite pierre prise dans un nid d'hirondelle guérit anciens, de nombreuses et remarquables propriétés talis-
les épileptiques maniques. Les paysans clouaient à des arbres, dans leurs
Le corail (curalium, xoupâXtov) et l'ambre (succinum), qui champs ou à l'entrée de leurs maisons, la tête ou un mem
passaient aussi pour des minéraux, doivent être men bre de certains d'entre eux w.
tionnés à la suite des précédents. Les vertus phylactériques L'hyèneest un des animaux dont lesmagiciens racontaient
du corail étaient incontestées. Solin dit d'après Zoroas- le plus de merveilles; nous ne citerons que quelques faits.
tre, que sa vertu est telle, que tout ce qu'on fait en cette Si un guerrier attache à son bras une dent d'hyène, jamais
matière a par cela seul une action salutaire. Une branche les traits qu'il lancera ne manqueront le but ; portée au
de corail suspendue au cou d'un enfant, est pour lui un cou à l'aide d'un ruban de fil, elle préservera des frayeurs
sûr préservatif (tutela) *. Elle écarte d'une maison toute nocturnes et des terreurs qu'inspirent les ombres. Cer
mauvaise influence * ; elle résiste aux typhons et à la fou taines parties du corps de cet animal suspendues au cou
dre. Une espèce particulière de corail, la gorgonie, calme d'une femme grosse la garantissent d'une fausse couche.
les vagues de la mer et détourne la foudre **. En Orient, Ses nerfs ou son œil font renaître la fécondité éteinte par
le corail était à la fois un objet de religion et de luxe **. quelque maléfice ; ses.excréments préservent des sortilè
Aujourd'hui encore, l'usage des amulettes en corail est ges et de la fascination ; sa moelle épinière portée en
répandu en Italie et dans d'autres pays. — Pour Yambre, amulette calme le délire des malades ; son rectum est
Pline 33 indique divers emplois qu'on en faisait en méde une sauvegarde contre les injustices des hommes puis
cine et remarque que les femmes des bords du Pô, où on sants, fait aboutir les pétitions, tourner les jugements à
le recueillit d'abord, portaient des colliers d'ambre, non- notre avantage, et gagner les procès **. — Les anciens
seulement pour se parer, mais aussi comme préservatif accordaient au loup une grande puissance contre les en
contre les maladies. On en faisait porter en amulettes aux chantements ; sa chair est pour les femmes en couches
petits enfants 5*. un préservatif contre la fascination M. Sextus Platoni-
Les métaux passaient pour avoir par eux-mêmes une cus " énumère longuement les propriétés magiques de
vertu phylactérique, et particulièrement l'or 5>. Le fer la graisse de cet animal ; elle chasse les ombres et les
avait aussi des propriétés magiques : en traçant sur la terre fantômes. Sa face rend les maléfices sans effet, aussi l'al-
des cercles avec un instrument de ce métal, ou en les figu tachait-on aux portes des maisons de campagne 5". —
rant en l'air par trois fois autour d'un enfant, on détour Le fiel de la chèvre placé sur les yeux ou sous l'oreiller
nait de lui tout maléfice ". La famille Servilia croyait sa d'un malade tient lieu de narcotique *5 ; il préserve des ma
fortune étroitement liée à un triens de cuivre * : elle s'éle léfices qu'on obtient à l'aide de la belette des champs s4.
vait ou s'abaissait suivant les proportions que prenait la Les excréments de cet animal enfermés dans un sachet et
pièce de monnaie : aussi lui rendait-elle un culte et l'ho- portés comme amulette par les enfants calment leur im
norait-elle par des sacrifices. patience 6S. — Le fiel d'un chien noir mâle est un préser
Les plantes n'étaient pas employées seulement dans la mé vatif contre toutes sortes de maléfices; une maison est pu
decine ou pour la composition des philtres, il y en avait qui rifiée par son parfum56. — On faisait des amulettes avec 1er,
étaient de véritables amulettes-58. Déjà dans Homère M, la oreilles d'un rat enveloppées dans une étoffe de couleur
plante que le poète appelle (xGXu préserve Ulysse des en rose" ; le foie du rat était aussi d'un grand secours contre
chantements de Circé. L'aubépine, le laurier, le nerprun, les maléfices 5B. — On attribuait aux cornes de-Yonagre cornu
pour ne citer que ces exemples, ou des branches de ces ar des propriétés merveilleuses 59 : il suffit d'avoir bu dans
bustes, étaient placés devant la porte des temples ou des une de ces cornes, pour être pendant tout le jour à l'abri
habitations w afin de neutraliser les influences malignes. Il des maladies, pour ne pas souffrir d'une blessure, pour tra
y avait des gens superstitieux qui ne sortaient pas sans verser impunément le feu, pour n'avoir rien à craindre des
mettre du laurier dans leur bouche D'après Apion la poisons les plus violents, etc.— En portant comme amulette
plante appelée cynocéphalie était souveraine contre tous un talon de porc, on peut à son gré exciter la discorde 60.
les maléfices. La fleur de l'ellébore était particulièrement — Une langue de renard suspendue' au cou dans un bracelet

»£. J.;ef. Plin. XXXVII, 57; Solin. 30; Iaidor. Orig. XVI, 13; Lac. Phars. simpl. med. p. R9. — " Hor. Kp. II, 2, 136 ; et 3, 82 ; cf. I.ucian. Ver. hat. U, 7.
VI, 657. — «5 PliD. XXXVII, 10. — »« Plin. XXVIII, 17 ; Sext. Plat. I, 17. — — " Gell. XXII, 15 ; Val. Max. VIII, 7, 5. — « XXV, 5; cf. Dioscor. IV, 151 ;
" Plin. XXX, 10 ; Quint. Scrcn. 36, p. 161 ; Plin. Valer. II, 58. — «8 De curalis Theophr. Utit. IX, ï. — *« Plin. VIII, 40 ; XXV, 5. — " Theoph. IX, 9; Plin. I. c;
ramulis, II, 26. — » Plin XXXII, 2. — 30 Geopon. XV, 1 ; cf. Grat. Fal. Cyneg. Dioscor. IV, lbl ; cf. Florus, 111, 18; Plaut. Pseud. IV, 7, 89; Virg. Georg. III,
t. 400. — M Plin. XXXVII, 10. — 3t Plin. XXXII, 2 ; cf. Tertull. De culte fem. II, 451. — «'Schol. Aristoph. Plut. 944. — *» Plin. XXVIII, 8; Galen. Ther. IX,
10; Caylns, Bec. d'ant. t. IV, p. 197, pl. lxiii. — 88 XXXVII, 3. — 3» Ibid p. 912; Marc. Empir. VIII, p. 57 ; XXXVI, p. 240 ; Aelinn. Hist. an. VI, 22. —
« Plin. XXXIII, 4. îi. — M p|i„. XXXIV, t5. — « Ap Tlin. XXXIV, 13. — 38 Ano 50 Plin. XX VIII, 19. — " De tup. VIII, 1. — 5* Plin. XXVIII, 10.— 33 Plin. XXXVIII,
din IUpl £«àv«)v, ap. Maeer Floridus, éd. Sillig, p. 200 et sq.; Yan Dale, De idol. 19; Scit. Plat. V, 2. — 3» Plin. XXVIII, 10. — 33 plin. XXVIII, 9; Sext. Plat. De
p. 601 et sq. ; Welckcr, Kleinc Schrift. III. — 39 Od. X, 292, 301 et «q. — M Juy. capr. IV, 16. — 36 plin. XXX, 10; XXXIII, 4. — 37 Plin. XXX, 11 ; Plin. Valcr. III,
VI, ÏÎ6; Plin. XVI, 29, 51 ; Ovid. Fut. 1, 137 ; VI, 130 ; Boissonade, Auecd. gr. 6.-38 p|i„. xxiX, 4. — 89 philostr. Vit. Apoll. Tya. III, 2. Il est probable que
I, I, p. 423 ; Geopon. XI, 2; Etym. M. 'Amivoj; ; Hes\ch. 'AvnfAioi et 'Arr/'uv;. — l'onagre cornu n'est pas un autre animal que la licorne : F. Denis, Mend. ench. ; Chaa
11 Th.'.,phr. Char. 16, et fasaub. ad h. I. — « Ap. Plin. XXX, 2; cf. Galen. De saiiR, Pkil. p. 437. - «0 Plin. XXVIII, 20.
AMU — 254 — AMU
guérit le mal des yeux — La chauve- souris et le hibou des taupes 77, celles des serpents, les premières dents qui
sont de mauvais augure ; s'ils entrent dans une maison, on tombent aux jeunes chevaux recevaient la même destination
doit s'empresser de les saisir et de les clouer sur la porte et s'employaient pour tout ce qui concerne la dentition 7S.
pour éloigner tout danger 61. La tête desséchée d'une D'autres parties de certains animaux étaient appliquées
chauve-souris portée en amulette dissipe le sommeil ; après aux maladies des parties analogues du corps humain, par
l'accomplissement de quelques formalités, elle préserve une exemple les nerfs, les jambes d'un vautour, d'un onagre,
bergerie de tout maléfice ra. — Les excréments des moi les osselets d'un lièvre, etc. , attachés à la jambe ou au pied.
neaux et des corbeaux portés dans un sachet et attachés au On attribuait des effets semblables à quelques produits
cou guérissent les maux de dents *. — Les guêpes, les che de l'organisme humain : les calculs bilieux, par exemple,
nilles, les limaçons, les cloportes, les araignées, les four pouvaient guérir les maladies du foie M. Pline parle avec
mis, etc., servaient d'amulettes pour les fièvres 6\ — On ra de longs développements 81 des prodigieux effets dus à
contait bien des merveilles sur un tout petit poisson que l'état pathologique des femmes à des moments déterminés.
Pline "nomme échénéis. 11 calme les vents et la tempête, il On croyait à l'efficacité de certaines reliques des person
tient immobile un navire sur les flots furieux ; les auteurs nes qui avaient péri par accident ou dans les supplices «fi*.
grecs ne tarissent pas sur ses propriétés. Porté en amu Les cheveux d'un pendu guérissent les lièvres, et la corde
lette par une femme grosse, il la garantit des fausses cou de pendu les maux de tête M. Un clou ou un morceau de
ches et la soulage dans les douleurs de l'enfantement, etc. bois arraché d'un gibet et enveloppé de laine arrête la
Il peut rendre momentanément impuissant "7. Le même fièvre quarte **. Pline énumère 88 les maladies qui sont
amulette avait un grand succès auprès des plaideurs, qui lui guéries ou calmées par le traitement du sang des gladia
attribuaient le pouvoir d'arrêter les procès et de suspendre teurs, telles que la goutte, les écrouelles, les furoncles, les
les jugements. Pline ajoute 68 qu'il compense tous les ma érésipèles, l'épilepsie, etc. Un fil imbibé de ce sang et
léfices pour lesquels on l'emploie, en arrêtant les pertes des porté dans un bracelet d'argent est un remède contre
femmes enceintes et en faisant venir les enfants à terme. l'hydrophobie et les fièvres.
— L'anguinum ou œuf de serpent avait le privilège de faire Il y avait aussi de nombreux talismans 86 employés soit
gagner les procès. L'empereur Claude se plut à démontrer pour exciter, soit pour réprimer l'ardeur des désirs amou
d'une façon cruelle l'inanité de ce talisman : ayant appris reux, et pour rompre les enchantements dont les amants
qu'un chevalier romain toujours en procès en portait un croyaient être victimes.
sur lui, il le fit mettre à mort e9. — La langue du caméléon II. Objets artificiels portés en amulettes. — Nous avons
préserve des dangers de l'accouchement, et son cœur, des énuméré jusqu'à présent les diverses sortes d'amulettes,
lièvres quartes ; la patte droite attachée au bras gauche en ne tenant compte que de leur nature et de la matière
avec une lanière de peau d'hyène garantit des vols et des dont ils étaient faits, indépendamment de la manière
frayeurs nocturnes. Des pastilles faites avec la patte gau de les porter, de la forme qui leur était donnée, des ima
che et portées dans une boîte en bois rendent invisible. Au ges ou des signes qu'on y ajoutait et auxquels on attachait
moyen de l'épaule gauche, on provoque des rêves déli une plus grande importance encore. C'est surtout sous
cieux; avec l'épaule droite on terrasse ses ennemis. Enfin forme de bijoux et d'ornements de toute espèce que les
la queue de cet animal arrête la prolixité des écrivains ; pierres et les métaux précieux, l'ambre et le corail ser
sur quoi Pline regrette, non sans quelque raison, que cet vaient d'amulettes. On peut affirmer, d'après les textes et
amulette n'ait pas opéré sur Démocrite, lorsqu'il racontait d'après l'examen des objets mêmes qui ont été conservés,
les mille merveilles du caméléon70. qu'une très-grande partie des bijoux antiques ont été faits
Les dents avaient une place importante dan^ les pres et portés dans une pensée superstitieuse. Il y avait des ma
criptions de la médecine empirique. On attribuait à la nières très-variées de les porter : suspendus au cou ou sur la
première dent qui tombe à un enfant des vertus singu poitrine (fig. 300 et 302) 87, soit comme un pendentif isolé,
lières, pourvu qu'elle n'eût point touché terre : enchâssée
dans un bracelet et portée continuellement au bras, elle
préservera des maux de la matrice 71 . Sextus Platonicus™
lui accorde le pouvoir d'empêcher les femmes de concevoir,
lorsqu'elle est enchâssée dans un chaton d'or ou d'argent 7\
Une dent de loup portée comme amulette par les enfants
les empêche d'avoir peur et les garantit des souffrances de
la dentition7*; attachée au cou d'un cheval, elle le rend
infatigable à la course75. On trouva en Grimée, en 1805,
sous un tumulus, les restes de cinq chevaux dont les têtes
étaient en partie ornées de plaquettes d'or ou d'argent, en Fig. 300. Amulettes. Fig. 301.
partie de défenses de sanglier perforées 78 ; les dents du
même animal servaient souvent d'amulettes; percées d'ou soit en collier, et sous cette forme quelquefois rassemblés en
tre en outre, on les portait suspendues au cou. Les dents grand nombre (voyez p. 257, fig. 310); ou bien passés en
61 Marc. Emp. VIII, p. 66 ; Plin. XXVIII, 11. — " Plin. X, 12; cf. 1. Obsequens, De eq. XVI, 13; Plin. Valcr. 1,42; Plin. XXVIII, 19; Anth. Pal. VI, 246 ; cf.
De prod. 107-109, de. — •> Plin. XXIX, 4. — •» Plin. XXX, 3 ; Marc. Empir. XII, Compte rendu delà Comm. arch.de St-Pétersb. 1865, p. 196. — "y plin. Valer. il,
p. 85 ; Scit. Plat. II, 6-3. — « Plin. XXX, 10 et 11 ; XXVIII, 7 j Kopp, Explic. 47; Alei. Trall XI, I. — 8» Marc. Empir. De medic. 22. — si XXVIU, 7 ; cf.
inscript. obscurcie in amuleto inscriptae. HeidVlb. 18.'I2, 4. — 86 XXXII, 1. — Pallad. I, 35 ; Colum. De cuit. hort. X ; Ael. Bist. an. VI, 3. 6. - M Alci. Trall.
«7 Plin. XXXII, 10. — 6» IX. Î4. - «3 Plin. XXIX, 3. — 70 Plin. XXVIII, 8 ; Marc. I, 18. — » Plin. XXVIU, 4. — »» Ibid. et Plin. Valcr. III, 6. — » XXVIU, I et 7 ;
Emp. VIII; Scrib. Larg. Comp. 38; Cael. Aurel. 1,8; Gell. X, 12. — M Plin. cf. Dioscor. Il, 97 ; CeU. III, 23; TertulL Apol. 9 ; Scrib. Larg. Il, 13 et 17 ; Al.
XXVIU, 4. —7» IV, 17.— '3 Cf. Stat. Theb. IX, 688 ; Calp. Ecl. VI, 43. —7» Plin. Trall. I, 15. — *» Plin. XXII, 10 ; XXVIII, 4, 89; XXIX, 6; XXX, 11 ; Marc. Kmp. s.
XXVI II, 19.— 7&Gratid.— 78 stephani,Compte rendu de la Comm.arch. de St-Pétersb. — 87 pig. 300, d'après un miroir étrusque : Gerhard, Etr. Spietj. pi . ccclxy ; fig 302,
1865, p. 19. — 77 plin. XXX, 3. — ™ Quint. Scrcn. De inf. dent. 60; Seit. Plat. statue en terre cuite, au Louvre.
AMU — 255 — AMU
ceinture ou en écharpe autour du corps(fig.30l ,302)M ; ou en mais les premiers mots paraissent être aptem. <paos iepon,
bagues [anulus], en bracelets [armilia], en boucles d'oreilles et dans la divinité figurée au centre on reconnaît avec cer
[inaurjs] ; placés à l'extrémité d'une aiguille de tête [acus] ; titude l'Artémis d'Éphèse. Cette plaque est vraisemblable
cousus sur les vêtements [brac- ment un amulette fabriqué à Éphèse et rapporté par un
teae], etc. : c'est ce qu'on pieux habitant de Syracuse pour être suspendu dans sa
pourra voir par quelques-uns maison comme un préservatif contre tout malheur. Elle
des exemples figurés dans les est encore remarquable parce qu'elle n'appartient pas,
articles spéciaux relatifs à comme la plupart des objets qui se rapportent à ces super
chaque sorte de bijoux. stitions, à une époque avancée de l'empire romain ; mais,
Des amulettes qui n'eussent d'après la forme des caractères et la manière dont la figure
pas pu facilement être portés est traitée, elle peut être attribuée au n« siècle av. J.-C.
en parure (telles sont beau A côté des bulles il faut placer les disques et les crois
coup des substances naturelles sants ((jEÀTi'vta, jjLr,v(c?xot, lunulae) ,!; puis d'autres petits ob
dont il a été parlé plus haut) jets86, d'apparence très-variée, semblables à des jouets (fig.
étaient enfermés dans des sa 301), que les parents ou les nourrices mettaient au cou des
chets ou dans les capsules d'or enfants dans l'intention de détourner d'eux tout malheur
ou de cuir appelées bulles, [crepundia].
dont l'usage fut si général sur Les phalères [phalerae], aussi bien celles qui étaient
Fig. 30!. Amuleltcs. tout en Italie. Il en sera parlé placées sur une armure comme décoration militaire, que
ailleurs avec développement celles qui servaient d'ornement au harnais des chevaux,
[bulla]. Disons seulement ici que les bulles se portaient (fig. doivent être comptées parmi les amulettes ; car on les choi
300, 302) suspendues au cou, au bras ou sur la poitrine, sissait dans la même intention.
souvent attachées à un collier ou à un bracelet, et qu'elles Les pierres, l'ambre, le corail, les métaux portés comme
contenaient aussi sans doute des phylactères, des recet talismans présentaient ordinairement quelque figure sym
tes, des formules (phylacteria, remédia, praebia) 89, comme bolique, ou bien l'on y voyait gravés des caractères, des
on en a trouvé, en effet, dans quelques-unes de celles qui nombres, des formules empruntés pour la plupart à la
ont été conservées : par exemple, dans une bulle qui est ac magie et à l'astrologie orientales [chaldaei, magia]. Nous
tuellement au Louvre, une feuille d'argent où sont gravées n'avons pas à en parler ici ; il suffit de rappeler qu'on ren
des conjurations contre les démons et les maléfices*0. On a contre surtout de pareils signes sur des bagues ,7 (oaxtôXtot,
constaté 91 que les recettes écrites sur parchemin (brève) ipuatxot, <papf/.axtTai, TeTeXtifAevoi) : tels sont les ABRAXAS des
étaient rares et que l'usage général était de les graver sur gnostiques, et les pierres qui portent des noms mystérieux
une matière plus durable : Tes laminae argenteae et les comme celui cVabracadabra •*, qui se lit en tous sens.
laminae aureae sont spé Si nous passons de ces signes et de ces formules aux
cialement recomman images symboliques auxquelles on attribuait de pareils
dées par Marcellus Em- vertus, nous devons donner la première place aux figures
piricus **. de divinités, portées en amulettes comme des gages d'une
Les formules éphé- protection spéciale : c'est ainsi que Sylla 99 portait toujours
siennes (Ephesiae litte- dans son sein une figurine d'Apollon. Les images des dieux
rae, 'E^Éeta ypâpitafx) le plus souvent invoquées comme détournant les maux
méritent une mention (àTroTpôiratot, àiroxrfxaxot, avernmci), furent sans doute or
spéciale, à cause de la dinairement préférées; mais celles qu'on rencontre en plus
renommée dont elles grande abondance, et qui sont aussi le plus fréquemment
jouirent et qui y fit re nommées par les auteurs et les inscriptions, sont celles de
courir contre toutes dieux étrangers dont le culte ne fut introduit que tard
sortes de maux et de dans le monde grec et romain, tels que Diane d'Ephèse,
sortilèges, même par Mithras, Isis, Anubis, et surtout Sérapis et Harpocrate ; ce
des Grecs, quoique leur dernier, devenu pour les Romains le dieu du silence, de
teneur fasse reconnaître vait sans doute préserver contre toute parole imprudente
leur origine barbare qui eût pu attirer le mauvais sort l0°. La même considéra
On voit (fig. 303) le des tion a pu faire adopter comme amulettes de petites figures
Fig. 303. Lettres éphésiennes. dont quelques-unes ont été prises à tort pour des ima
sin, réduit au quart,
d'une plaque, non de métal, mais de terre cuite, conservée ges de la déesse angerona : elles représentent une femme
dans la collection publique de Syracuse A part quelques tantôt nue, tantôt vêtue (fig. 30i, 305), qui porte une main
mots, l'inscription qu'elle porte est restée inintelligible; à sa bouche, l'autre derrière elle, comme pour « marquer,

«'Fig. 301, .Mm. Pio-Clem. III, tav. x«n,et A. —M Athen. XII, 70, p. 548 ; Macr. Plaut. Epidic. V, 1, 33 ; O. Jahn, Uebcr d. bisen Dlick, in Berichte der sdchs.
Sut. I, 6»1 ;Varr. De ling. lat. VII, 108 ; Marc. F.mp. I. L; Festus, P. Diac. ». v. — Getsellsch. 1855, p. 42. — »« K. F. Herraann, Der Knabe mit dem Yogel, Gôtting,
•° Bijoux du musée *Y«p. ///, n. 251; Frnhncr, Amul. basilidieme ; cf. R. Ro 1847 ; O. Jahn, l. I. p. 41 ; Mus. Pio-Clem. III, 22. — «7 Aristoph. Plut. 883, et
chelle-, Mém. de t'Acad. des Inscr. XIII, p. 577. — »' Frûhner, Op. I. p. 15. — Schol.; Inlcrp. Hesych. «. o. Aox-iMiicn; o«fnoxiti](, I, p. 879; Pictoriu», Ad Marbod.
De nudic. 20 et 29. — »' Athon. XII, p. 548 c; Phot. Lex. p. 40 ; Eustalh. Dactylioth. 6 ; Lindcnbrog, Ad Amm. Marc. XXIX, 1, 31 ; Scaliger, Ad Manil.
Ad Od. XIX, 247 ; Diogcnian. Prov. IV, 78; Interp. ad Suid. et Hesych. s. v. ; Astr. V, 392 ; Salmasius, Ad Vopisc. Aurelian. 18 ; Id. F.xerc. Plin. p. 348, 654;
LeutKh. Ad h. I.; Van Dalc, De idol. p. 526 ; Wctstcin, Ad Act. aposl. XIX, 9; Hcinesius, Var. lect. III, 4, p. 392 ; Van Dale, De idolatr. p. 529, 531 et sq. ; Kirch-
Wiocr, Bibl. Itealwôrterbueh, s. v. Zauberei; Schomann, Gr. Alterth. II, p. 336, inann, De annul. c. m; Gori, Thesaur. gemmnr. ant. astrifer. ; Hemsterhuis,
2* éd.; Meineke, Frag. eomic. gr. IV, p. 181 ; Mcnand. p. 132; Lobeck, Aglaopli. Ad Schol. Aristoph. Plut. 883 ; Lohcck, Aglaoph.p. 377,753 ; Meiueke, Frag.eomic.
p. 1163. — »* Avolio, Délie antiche fatture di argilla, Palerm. 1829 ; Stephani, gr. II, p. 454; Bûttigcr, Kleine Schriftcn, III, p. 411.— »8 Sercn. Samm. 52, 941.
Mélanges gréco-rom. de l'Acad. de Sl-Pétersb. I, p. 1, pl. i. — 93 Hesych. oi*»|vt$ ; — n plut. Sylla, 29. — «» O. Jahn, /. /. p. 47, 49.
AMU — 250 — AMU
a dit justement Letronne Ml, les deux orifices d'où le bruil bronze, ou sur divers objets mobiliers ,06, où ils sont
peut sortir et rompre le silence », et l'on sait qu'il ne mêlés à d'autres symboles, pour lesquels il faut chercher
pouvait être troublé, en beaucoup de cir une interprétation dill'érente. Ce sont des images d'a
constances, sans fàcbeux présage. Quelquefois nimaux réels ou d'êtres fantastiques, des figures mons
une main est pendante. L'anse placée der trueuses ou risibles et souvent obscènes. La représen
rière le dos de quelques-unes (fig. tation de certains animaux peut avoir été, dans bien dos
304) ne laisse pas douter qu'elles cas, destinée à rappeler les divinités secourables dont ils
n'aient été suspendues comme amu sont des acolytes, comme le cerf qui appartient à Diane
lettes. On possède aussi des figures et le cygne à Apollon ; ou bien le choix qui en a été
d'homme dans la môme attitude IM, fait s'explique par la vertu phylactérique que la su
et d'autres ayant une double tête perstition faisait résider dans les êtres mêmes dont ils
présentant d'un côté une face hu offrent l'image, ainsi qu'on l'a vu plus haut, et il en est
maine, de l'autre celle d'un lion ,os. de même des plantes auxquelles on attribuait une pa
Kig. 304. Les Hermès et les images d'Apol reille efficacité : nous citerons en exemple une feuille d'or
Amulette.
lon Agyieus, de Priape, d'Hécate et qui devait être cousue sur un vê
d'autres dieux, placés devant les maisons et les temples, tement et qui représente une fleur
comme de véritables àTco-rpoTraià, doivent être au moins d'ellébore (fig. 307), ouvrage grec,
rappelés ici 10i. trouvé dans un tombeau de la Russie
Il était naturel que l'on pensât à réunir autour d'une di méridionale ,07. Mais les autres ont
vinité préférée les emblèmes de plusieurs autres, dont on une origine différente, et l'on ne
espérait s'assurer également le secours. On a appelé pan- peut y voir que des amulettes con
thées [pantuea signa] ces figures où l'on voit groupés au tre le mauvais œil et la fascina
tour de l'image d'Harpocrate, de la Fortune, de Vénus, tion. Nous renvoyons, pour tout ce Fig. 307. Fleur d'ellébore.
de l'Amour, de Minerve, etc , toutes sortes d'attributs ap qui se rapporte à cette supersti
partenant à des cultes différents; les mains et les pieds tion si répandue dans le monde antique, à un article spé
votifs, chargés de même d'attributs de dieux ou d'animaux cial [fascinum].
symboliques, doivent pour la plupart se ranger à la suite Les préservatifs les plus usités contre ce genre de malé
des figures panthées, quand elles ne sont pas le signe d'un fices ont en général leur explication dans la nécessité de
vœu, d'une prière ou d'une imprécation [votum, pantuea rompre le charme qu'exerce le regard fascinateur, en l'at
signa]. Quelquefois ces attributs seuls, sans les figures des tirant et en le fixant ailleurs par l'effroi, par la surprise ou
divinités, sont rassemblés sur un amulette, comme par par le rire, ou de détourner l'envie (invidia, <p8ôvoç) par une
sorte d'expiation volontaire "".Cependant il en est un grand
nombre pour lesquels cette explication semble insuffisante
et dont on ne se rendrait compte vraisemblablement que si
l'on pénétrait plus avant dans la connaissance des supersti
tions de l'Orient, d'où la croyance à leur efficacité est venue
sans aucun doute. Nous nous contenterons d'en rappeler ici
quelques-uns. Des images et surtout des têtes d'animaux,
les uns malfaisants, comme le lion, le loup, le sanglier,
le serpent ; les autres ordinairement inoffensifs, comme le
taureau, le cheval, l'âne; des figures d'êtres imaginaires,
comme le griffon, le sphinx, la sirène, ont été adaptés de
toutes les façons aux meubles, aux armes, aux vêlements,
portés en bijoux, placés sur les murs, sur les portes, par
tout enfin, par précaution contre le mauvais sort. Les pré
servatifs (à7ro-pô^ata) par excellence furent le masque de la
Gorgone, dont on rencontre encore tant d'exemples, et les
représentations du phallus, non moins répandues ; il ne
faut pas oublier que chez les Romains le phallus fut aussi
appelé fascinum. A côté se placent des figures qui rappel
lent le phallus par le geste, par la position des doigts ; et
des objets destinés, comme certains coquillages, des genres
Fig. 306. Réunion 'I emblèmes servant d'amulettes.
peigne {pecten) et porcelaine (cy/ji-aea), à servir d'emblème
du sexe féminin ; les figures de satyres, de silènes, et d'au
exemple on le voit sur une plaque de terre cuite (fig. 30(5) tres qui appartieifhent au cycle bachique, se rattachent
qui paraît avoir été autrefois munie d'un manche ou fixée au même ordre d'idées.
sur un support 105 ; de même, sur des lampes de terre ou de Tous ces amulettes, même les amulettes phalliques,

— "» Un. archéol. III, p. 141 : IV, p. 230 ; et. III, p. 369 et suiv. et pl. 51 ; IV, p. lO'Thuc. VI, 27; Aristoph. Yesp. 801 ; Plut. 1113; Hesjch. 'Avnii.ni et Ex«t«'.i. —
31 ; Caylns, Dec. t. H, pl. liiii, et VII, 4; Causseus, Mus. rom. I, 2, 33 ; Monlfaucou, 10S Voy, pour l'explication des emblèmes. Bull. arch. Napolit. N. s. t. V, p. 169,
Ant. rxpl. H, 191, 3, 4 ; Gerhard, Etr. Spiegel, taf. m et un et p. 41 ; 0. Jahn, /. I. tav. vi, 2, et pour un objet à peu près semblable, O Jahn, /. /. p. 52, pl. v, 3. —
Une figurine semblable à la fig. 304 est parmi les bijoux du Louvre. — Oiylus, 108 0. Jahn, l. I. taf. v, 3; Bu//. Napol. 1». s. III, tav. vu, p. 1865, p. 90, pl. m,
Jtec. II, liiii, 3 ; Gerhard. /. /. ; Arneth. Gald und Silbennonum. S. I, 56. — '«s 33. — 1<" tompt. rend, de la comm. ai'ch. de. St-Pét£rsh, p. 1865, p. 9<d et
Gerhard, /. /. ; Id. Ant. Uildw. cccini, 5, 3; lien. arch. V, p. 27; O. Jahn, /. /. — pl. m, 33. — iw O. Jahn, L L p. 59; ld. Die Lauersforter Phalerae, p. 19
AiMU — 257 — AMU
étaient portés ouvertement sur la personne, ou placés en précédemment, toutes les formes de bijoux, et notamment
évidence sur les objets, sur les édifices. On les peignait et cellesde pendentif oude collier.On ne peut méconnaître l'in
on les sculptait sur les murs, sur les portes, parmi les or tention quia fait réunir dans les objets représentés (fig. 308
nements des frises ou au rebord des toits; ils entraient
dans la décoration de toutes sortes d'ustensiles, de meu
bles, d'armes, etc. ; de là cette prodigieuse quantité d'i
mages autrement inexplicables, tant de masques hideux
ou grotesques, tant de ligures ity phalliques. Quand ils ne
faisaient pas partie intégrante des objets, ils y étaient
extérieurement attachés. Beaucoup se reconnaissent en
core aisément à l'anneau qui servait à les suspendre ou au
trou qui les traverse de part en part, de manière à y pas
ser un cordon pour le même usage. De même, on cousait
sur les vêtements des feuilles de métal, comme celle qu'on et 309), quelques-uns des emblèmes qui passaient pour les
voit plus haut (fig. 307), offrant des images préservatrices ; plus efficaces m, la tête de taureau, le phallus, le croissant.
ou on leur donnait, comme aux amulettes dont il a été parlé Dans un collier (fig. 310), trouvé dans un tombeau de

Fig. 310. Collier d'amulettes.

Kertch en Crimée "°, se trouvent rassemblés beaucoup Parmi les animaux qui ont été imités dans les amulettes,
d'amulettes dont il a été question, des animaux (un lion, le scarabée mérite, à cause de son fréquent emploi, une
une grenouille, une tête de coq, un scarabée), un phallus, mention particulière. Les Égyptiens
un hermès ityphallique, une main avaient fait de cet insecte le repré
faisant la figue, des figures accroupies, sentant de leur dieu Phtah, créateur
une entre autres dont la coiffure pa de l'univers, et par suite l'emblème
raît indiquer une origine orientale, du monde et parfois du soleil. Ce
des faces lunaires, etc.; enfin des pierres symbole passa d'Egypte en Grèce et
ou des pâtes de verre dont la vertu en Italie, mais en perdant sa signi
résidait dans leur forme sinon dans fication primitive. Une partie de
leur matière, et dans les yeux et les ceux qu'on a trouvés dans ces deux
dessins bizarres dont elles sont semées. pays, ont été importés d'Égypte;
Kig. 312. Bague grcci|ue.
Dans la figure 311, on voit suspendu mais la plupart ont été fabriqués
Fig. 311. Amulette. à une chaîne de coquillages enfilés, du en Grèce et surtout en Etrurie, où ils se rencontrent en
genre cypraea, dont nous avons parlé, une tête de coq dont abondance. Celui qu'on voit (fig. 312), monté en bague et
l'œil ressemble à un œil humain '". Ce sont autant d'amu qui était déposé dans un tombeau de la Chersonèse Tau-
lettes contre la fascination. rique '", est un ouvrage grec du meilleur temps. Le travail
L'œil, en effet, qu'on voit figuré sur un si grand nombre très-soigné permet de reconnaître tous les détails de l'ani
d'objets de toute espèce, était, par une sorte de renverse mal. 11 est en or, ce qui est fort rare 111 ; les scarabées
ment de reflet produit, considéré comme un des plus puis étrusques sont le plus souvent en cornaline, en onyx, en
sants moyens de préservation contre le mauvais œil. On en agate, en pâte de verre, mais non en terre émaillée comme
trouvera aussi de remarquables exemples au mot fascinvm. la plupart de ceux qui viennent d'Égypte. On voit (fig. 313)

"•Cavluj, liée. dont. VII, 60; Knight, Worship of l'riapus, pl. m, S, p. IS; O. Jahn, l. I. V, 6. — 111 Comptes rendus de la Comm. arch. de St~Pétersbourg,
O. Jahn. I. I. pl. t, 4 et 5. — M> Achik, Anl. du Bosphore cimmérien, III, 210; p. 1865, p. 78, pl. m, n. 24. — tis lin autre scarabée en or est au Louvre : Bijoux
O. Jahn, /. /. pl. i. -- lit Cljlus, Rec. t. V, pl. xv, f. ; cf. t. III, pl. TUI, 4 ; du Musée Xapol. III, n. 904.
I. 33
AMU — 258 — AMY
un collier trouvé à Vulci, actuellement au Louvre, com AMYKLAUES OU AMYKLAI ('AfxuxASoe;, à|AÛxXxi). —
posé de vingt-trois scarabées en cornaline, garnis de chatons Chaussure de luxe, dont la mode était venue, disait-on,
d'orm. A la surface infé d'Amyclae.enLaconie1. Onn'en connaîlpasla forme. E. S.
rieure, qui est plate, sont AMYMOISE (Âuupolviî). — Amymone, fille de Danaiis et
gravés des figures d'ani d'Éléphantis. Les récits d'Apollodore 1 et d'Hygin *, qui
maux et des sujets appar nous ont conservé ce mytbe, varient seulement dans quel
tenant à l'art et à la my ques détails. Selon Apollodore, Danaiis venait de s'établir
thologie de la Grèce : ces dans l'Argolide, quand une affreuse sécheresse contraignit
figures distinguent ordi le colon égyptien d'envoyer ses filles, et parmi elles Amy
nairement les scarabées mone, chercher de l'eau au loin. Chemin faisant, Amymone
Pig. 313. Collier de scarabées étrusque. ,, ,
étrusques de ceux qui atteignit d'une de ses flèches un satyre endormi, au lieu
sont propres a l'Egypte. Le caractère de l'animal y est d'un cerf qu'elle avait visé. Le satyre voulut faire violence
aussi moins fidèlement conservé. à la Danaïde, mais il prit la fuite à la vue de Neptune qui
Il suffira de mentionner, en terminant, encore quelques parut à l'instant La fille de Danaiis s'étant abandonnée à
objets que des idées et des pratiques superstitieuses expli son libérateur, celui-ci lui indiqua la source qu'elle cher
quées dans des articles auxquels nous renvoyons firent chait. Dans le récit d'Hygin, c'est le satyre qui trouve
considérer comme des amulettes. Amymone endormie et veut abuser d'elle pendant son som
Le son de l'airain passait pour avoir une vertu prophy meil; tentative que rend vaine l'arrivée de Neptune pro
lactique. Des clochettes de ce métal furent employées non- voquée par l'appel pressant de la jeune fille. Le dieu lance
seulement dans les cérémonies de certains cultes comme contre le satyre son trident qui va s'implanter dans la
des instruments de purification, mais encore portées en roche voisine, cl, en le retirant, fait jaillir trois filets d'eau
amulettes. On les voit fréquemment suspendues à des qui deviennent la fontaine de Lerne.
phallus [tintinnabulum]. Des monuments relativement assez nombreux ont pour
Signalons encore la forme de nœud donnée à des ba sujet cette légende. On pourrait diviser les peintures de
gues, à des bracelets ou à d'autres objets par suite de vases qui s'y rattachent en deux classes : celles où la Da
croyances analogues [nodi s] ; les clous simples ou couverts naïde est représentée fuyant les caresses de Neptune, et
de signes mystérieux que l'on portait sur soi, ou que l'on celles où il a triomphé de sa résistance. Les deux moments
plaçait dans un endroit déterminé [clavus] ; enfin les mon sont réunis sur une coupe apulienne ' de la collection
naies d'or et d'argent à l'effigie d'Alexandre le Grand, Jatta. On y voit, d'un côté, le dieu de la mer poursuivant
qu'une singulière superstition fit Amymone, et, de l'autre, frappant en sa présence le rocher
rechercher comme portant bon d'où l'eau jaillit. La poursuite amoureuse reparaît sur un
heur dans les entreprises : « Que beau vase de la collection Lamberg *, où l'artiste a fait
dire, s'écrie saint Jean Ghrysostome, intervenir Aphrodite (a<ppoaite) et Eros(Ei'Oz). Parmi les
de ceux qui se servent d'amulettes peintures de la seconde classe, celle qui décore un beau
et de ligatures, et qui entourent vase de la Lucanie 6, mérite surtout d'être mentionnée.
leur tête et leurs pieds de médailles On y voit la Danaïde, apaisée et vaincue, assise, une am
d'Alexandre 116 ? » On voit (fig. 314) phore à la main, au pied de la source de Lerne, transfor
une garniture de baudrier en or, mée en une fontaine monumentale ; et Neptune debout,
du Musée d'artillerie, portant, dans armé de son trident, le pied sur un rocher, dans l'attitude
un encadrement romain, une mé qui lui a fait donner l'épithètc de irsTpotïoî ; une biche, qui
Fig. 311. Plaque de baudrier. daille d'Alexandre '". On peut en semble brouter une plante, est placée entre le dieu et 'la
rapprocher les médaillons des em Danaïde comme pour rappeler le cerf manqué par Amy
pereurs romains munis de bélières, qu'une superstition af mone; enfin quatre personnages dans lesquels on peut re
fectée fit aussi porter comme des amulettes. E. Labatut. connaître Mercure, Pan, Vénus et l'Amour, et une autre
AMUSSIS, AMUSS1UM. — Instrument employé par les figure qui nous semble la personnification de la fontaine
charpentiers et les maçons pour constater que leur ouvrage de Lerne, complètent cette scène. Ce même côté de la
offrait une surface parfaitement plane. C'était une tablette légende se trouve reproduit sur un vase, publié par Mil-
(tabula) ou une règle (régula) en fer ou en marbre bien lin 6, mais le peintre l'a compris d'une façon beaucoup
poli, frottée de craie rouge de manière à marquer la plus plus simple : la Danaïde est assise sur le rocher d'où jaillit
légère inégalité sur la surface où on la promenait Vi- la fontaine de Lerne. Un autre vase 1 nous offre encore
truve1 nomme amussium, une table de marbre ainsi polie, la réconciliation ou hiérogamie d'Amymone et de Nep
sur laquelle était tracée la rose des vents. — Les adjectifs tune : c'est ce que semble indiquer la présence d'Éros
amussim, adamussim, examussim servent au figuré à indi et celle d'une femme dans laquelle on a cru reconnaître
quer un ouvrage parfaitement achevé. Ch. Morel. Junon *. Ce vase se distingue de ceux que nous venons de
Il* Ibitl. n. 181.— l'»Treb. Poil. Tritj. tyr. 14. — 1" Homil. ad pop. Antioch.— lerae, Bonn, 1860 ; Marquardt, Handbucli der râm. Alterthûmer, t. IV, p. 116 et
III Catal. du Musée d'artillerie, C. 31. — BlaLiowAma. Àrpe, De prodigiosis suiv.; Stephani, Comptes rendus de la Commission archèol. de St-Pétcrsb. 1863,
operibus, talitmo.net et amulela dictis, Hamb. 1717 ; Van Dale, De idolatr. p. 526, 1864, 1865.
531 sq.; Du Cange, Glossar. mediae grâce, s. v. M ■ ■■--■>. et toXaxTiifta ■, ld. Gloss. AMUSSIS, AMUSSIUM. 1 Non. Marc. p. 9; Mercier et Quicherat ; Fest. s. e.
med. latinit. s. v. Ligaturae et Pkylacteria ; Hemsterhuis, Ad Schol. Aristop/t. Plut, Examussim ; Siscnna ap. Charis. 170 Putsch, p. 117 Lind.; Auson. Idyll. XVI, 10.—
590 ; Leclerc, // st. de la médecine, I, 1, 12, p. 38 cl 5 ; Wincr, Hibl. Realwôrter- « Vitr. I, 6, 6.
bnch, s. t. Amulete ; Heyne, Opusc. academ. VI, p. 256 et sq. ; Bottiger, Kleine AMYKLADES. Theocr. X, 35, et Schol. ; Poil. VU, 88.
Schnften, I, 256 ; 111, 409 ; K. F. Hermann, Der Knabe mit dem Yogel, AMYMONE. 1 II, 14. — ' Fab. 169. — ' Gerhard, Auserl. Vasenbilder, t. II.
Gûtting, 1817; ld. Gottesdienst. Alterthùmer, % 42, 18; Bôtticher, Die Tektonik — • De Laborde, Vases de Lamberg, t. 1, pl. ixt. — 6 Gargallo Grimaldi,
der Hellenen, IV, p. 8G ; 0. Jahn, Ueber den Aberglauben des bôsen IJlieks, in Annal. dclV lnst. t. XVII, p. 58; Momim. ined. IV, 14, 15. — « Peint, de
Ueriehtc der sâc/is. Geiellsehaft, 1855, p. 40 et s.; ld. Die Lmiertforter Pha- caie», 1. II, pl. i*.— ' Hirt, in Amallhea, t. II, p. 277, 882.— 8 uirt. /. /.
ANA — 259 — ANA
citer par deux particularités intéressantes : en premier ANADIKIA fAvaStxfe). — Les Athéniens appelaient àva-
lieu, la présence de quelques satyres, ce qui donnerait à Six(a ou TtaAtvStxi'a le fait d'un plaideur qui revenait sur un
croire que cette composition avait été inspirée par un procès déjà jugé en cherchant à faire réformer ou rétrac
drame satyrique 9 : Eschyle en avait composé un sur ce ter le jugement rendu.
sujet10; en second lieu, par la pose et les gestes d'Amy- Le principe de l'autorité de la chose jugée avait été for
mone, qui paraissent empruntés, suivant la remarque mulé par la loi athénienne presque dans les mêmes termes
d'un antiquaire M, à l'une de ces danses mimiques si ai que par la loi romaine : « Les lois ne permettentpas de
mées des Grecs '*. La similitude de pose a fait reconnaître « plaider deux fois contre la même personne sur la même
dans une peinture de Pompéi " Amymone « affaire » Il y avait cependant trois voies ouvertes pour
s'élançant vers Neptune pour échapper faire tomber certains jugements: 1° l'appel à un tribunal
aux insultes du satyre. La même fable se supérieur; 2° l'opposition, lorsqu'une partie avait été dé
retrouve encore sur un miroir gréco- boutée de sa demande ou condamnée par défaut ; 3° une
étrusque de la bibliothèque du Vatican w. sorte de requête civile, lorsque le jugement avait été déter
On voit Amymone, debout auprès dé miné par de faux témoignages.Bien que l'expression àva8tx(a
Neptune et tenant une urne, sur une fût une expression générique s'appliquant à toutes les voies
pierre gravée de la collection Kestner 15 de recours sans exception, elle était cependant le plus sou
Fig- 315. Amymone (fig. 345); sur d'autres, où elle est figurée vent appliquée à ce que nous avons appelé la requête ci
et Neptune.
seule, on la reconnaît au trident de Neptune vile *; nous ne nous occuperons dans cet article que de ce
qu'elle tient d'une main, tandis que de l'autre elle porte dernier cas, renvoyant pour l'appel à l'article sçetitç et pour
un vase, qui rappelle la fontaine de Lerne ,6. Ernest Vinet. l'opposition à l'article érème diké.
AMYSTIS (*A(xu«ïTtc;). — D'abord ce mot n'exprimait que Celui qui se prétendait condamné par suite de faux té
l'action de boire tout d'un trait, sans prendre haleine, ce qui moignages avait, soit la ^uSuixotpTupuôv SUy) contre les témoins
élait fort ordinaire chez les Thraces' ; il servit ensuite à dé qui avaient déposé contre lui, soit la xaxoTE^vtwv Sîxi) contre
signer les vases dans lesquels on pouvait boire ainsi com l'adversaire qui avait présenté ces témoins. Ces actions ne
modément. faisaient pas disparaître la condamnation qui l'avait frappé;
Athénée, qui donne ces renseignements*, ajoute que, elles lui permettaient seulement d'obtenir une indemnité
dans les banquets, on faisait quelquefois un jeu de chanter pour le préjudice que cette condamnation lui faisait subir.
avec accompagnement de flûte tandis qu'un des convives Il y avait toutefois des cas où, le dommage résultant du
vidait une amystis ; l'art consistait à achever sa chanson jugement étant inappréciable, ces actions étaient insuffi
dans le môme espace de temps que le buveur mettait à santes. Le seul moyen de réparer le préjudice était d'anéan
avaler le contenu du vase. Ce jeu ressemble beaucoup à tir le jugement. Aussi lescholiaste de Platon fait-il remar
certains divertissements du même genre qui sont encore quer que « l'àvâStxoi; xpt<nç n'a pas lieu pour toutes sortes de
en usage parmi les étudiants allemands. Ch. Morel. « procès, mais seulement, comme le dit Théophraste, dans
ANABOLEUS |EQUCSl. « les affaires de nationalité, de faux témoignage et de
ANABOLICAE SPECIES. — Dès le temps de la répu « succession 5. » Dans ces trois actions, en effet, le dom
blique romaine, plusieurs provinces avaient été assujetties mage résultant de la condamnation déterminée par de faux
à certaines prestations en nature, consistant en une quote- témoins ne pouvait pas être couvert par une réparation
part des fruits, et dont le nom à cette époque est vectigal. pécuniaire. Car la condamnation entraînait dans la Sevi'ot;
Sous l'empire, à côté du tribut en argent, se maintint Ypaoïi la perte du droit de cité, dans la '}eu8ofxapTuptùv Sîxy]
encore un impôt en nature à la charge des terres, sous le l'atimie, dans les affaires de succession la perte des droits
nom d'ANNONA. Parmi ces prestations se trouvaient prin de famille. L'énumération du scholiaste était-elle limita
cipalement des fournitures de froment, d'orge, d'huile, de tive? Il semble qu'on doive assimiler aux actions qu'il in
lard, de foin, etc. L'Égypte en particulier devait une con dique toutes celles où la condamnation portait atteinte aux
tribution du cinquième des fruits, et des prestations de droits de cité ou de famille et à l'honneur de la personne *.
verre, de papyrus, de lin. Toutes ces denrées d'outre-mer, Pour que l'àvaSixt'a fût admise dans les cas exceptionnels
qui devaient être transportées à Rome, d'après une consti que nous venons d'indiquer, fallait-il, comme le ditle scho
tution d'Aurélien sont comprises par Yopiscus sons le liaste de Platon, que tous les témoins ou la plupart d'entre
nom générique d'anabolicae species *. On nommait anaboli- eux eussent été condamnés pour faux témoignage? Cette
carii une classe de navicularii spécialement chargés de ce exigence se trouve formulée dans les Loisàc Platon5; mais
transport. Ils formaient une corporation jouissant de cer nous croyons que le droit attique s'était montré moins ri
tains privilèges : ainsi ils étaient exempts des charges de goureux. Un seul témoignage, qui aura paru décisif aux ju
tuteur et de curateur \ On voit au code Théodosien ' que ges, peut amener une condamnation inique, etil serait peu
cette faveur appartenait en général aux navicularii, char équitable de laisser le condamné sous le coup du jugement
gés de transporter Yannona à Rome \ Le code Théodosien par ce seul motif que les autres témoins, dont les déposi
les appelle ailleurs catabolenses 6. G. Hi'.mbert. tions étaient peut-être insignifiantes, ont agi de bonne foi6.
I Bôttigcr, Amalthea, p. 287. — 10 Welckcr. Nachtrag ;n Aesch. Trilogie, p. 308. here. —- 3 Yatie. (r. 137, Mit. Buccholz, I82S, p. 121. — * C. 3 et 7, De navicul.
— tl Raoul Rochette, Choix de peint, tint. pl. xxr. — 1* Voy. d'autres vases, Lenor- XIII, 5. — S C. 1 et 32 Cod. Thcod. — " C. 9. 10 Cod. Theod. XIV, 3. —
maut et de Witte, Élite des mon. eêrom. III, pl. x\-xxvn ; Jhillet. Xapo'. Il, p. 57, Bibliographie. Buceholz. Yatie. fragm. comm. Kônigsb. 1828, p. I2l, Beeker-
61.— " Raoul Rochette, l. I. pl. n ; Mus. Bnrh. VI, 18; III, 52; Brunn, dans la Harquardt, Ifandbuch der rôni. Altert humer , Leipzig, I853, III, t. p. 188;
Hev. archéol. 1816, p. 198. — <» Gerhard, Ktntsk. Spiegcl, t. 1, p. 65, pl. kit. Kuhn, Die stâdtische vnd biirr/erlkhe Verfast. des rùm. lleichs, I. p. 75 et s.
— I* Guigniaut, Nauzt. galer. myth. n. 5088 ; Muller-Wieseler, Denkm. der ait. Leipz. 1861.
Kmat, 11, 7, n. 82. — •« Tolkcn, Erlil. Verzeiehn. III, 2, n. 181, 182 ; Muller- ANADIKIA. ' Bemosth. C. Leptinem, % 117, R. 502 ; C. Phorm. g 25, R. 952 ; etc.
Wieseler, /. /. n. 82*, 82b ; Wirar, Galerie de Florenee, I, pl. xci. — 2 Harpocr. s. v. «vaîueoTa*fja'. ; Hudtwalcker, Diaetrten. p. II8-H9. — 3 Dareste,
AMYSTIS. t Athen. X, 60, p. 412 f; 67, p. «7 e. — S XI, 25, p. 783 d, e. Le Trait»' des lois de Théophraste, p. 1 1 . — 4 lté Neve Moll. De peregrin. rond.
ANABOl.irAK 8PBC1K8. I Vopise. Aurelian. 1t. — î ne ràtiUm, transre. p. 07-71. — '' XI. Steph. 937 e. — « Platner, I. p. 108.
ANA — 260 — ANA
Le plaideur qui réclamait l'dvctîtxta était tenu de four rédhibition et dans quels cas elle l'interdira. Si quelqu'un
nir une caution pour garantir que le jugement attaqué, vend un esclave atteint de la phthisie, de la pierre, de la
s'il était maintenu, serait exécuté. On suppose presque strangurie, du mal que l'on appelle sacré, ou de quelque
toujours que l'dvaSixîa était demandée par le défendeur autre infirmité corporelle ou intellectuelle, longue, difficile
injustement condamné; elle pouvait aussi, en principe à guérir et dont il ne soit pas aisé à tout le monde de s'a
au moins, être invoquée par le demandeur que de faux percevoir, il n'y aura pas rédhibition lorsque l'acheteur
témoignages faisaient débouter de sa demande. Mais, sera un médecin ou un maître de gymnase, ni lorsque le
dans la pratique, elle ne devait se produire ainsi que très- vendeur aura déclaré d'avance la vérité à l'acheteur. Si le
rarement. Nous avons dit, en effet, qu'il ne suffit pas vendeur est habile et l'acheteur ignorant en ces sortes de
d'une condamnation des témoins pour que V&vaSixla soit choses, l'acheteur aura le droit de rendre l'esclave pendant
possible ; il faut encore que le préjudice causé ne puisse six mois s'il s'agit de tout autre mal que du mal sacré ;
pas être réparé par des dommages et intérêts. Or, dans pour cette maladie, le délai de la rédhibition sera étendu
presque tous les cas, le demandeur injustement repoussé à une année. L'affaire sera jugée dans une réunion de
pourra être indemnisé au moyen d'une somme d'argent. médecins choisis d'un commun accord et celle des parties
Les juges saisis de la requête en rétractation dujugement qui succombera paiera à l'autre le double du prix de la
devaient examiner si le jugement attaqué était dû unique chose vendue. Si le vendeur et l'acheteur sont l'un et l'au
ment aux faux témoignages. Platon, il est vrai, dit qu'il tre de bonne foi, la rédhibition et les procès seront jugés
doit être annulé lors même que les premiers juges n'au comme il vient d'être dit ; mais la partie condamnée paiera
raient pas eu égard aux dépositions des faux témoins7 ; seulement une fois la valeur de l'esclave. Si l'esclave
mais cette opinion est trop peu raisonnable pour que nous vendu a commis un meurtre et que le fait soit connu du
puissions, en l'absence de textes précis, l'attribuer a la vendeur et de l'acheteur, la rédhibition ne sera pas admise.
législation d'Athènes 8. Si l'acheteur n'a pas connu le meurtre, il pourra agir
Nous devons en terminant mentionner, sans insister da lorsque plus tard il en aura connaissance et le jugement
vantage, la mesure politique (Sià to>Xitix^,v alrtav) 9 qui fut de l'action appartiendra aux cinq plus jeunes nomophyla-
adoptée par les Athéniens après la chute des Trente Tyrans. ques S'il est prouvé que le vendeur était instruit du meur
Tous les jugements rendus pendant la tyrannie furent dé tre, il purifiera la maison de l'acheteur en observant les
clarés nuls et non avenus et les plaideurs durent soumettre formalités prescrites par les exégètes, et il paiera à l'ache
à un nouvel examen des tribunaux les affaires qui y avaient teur trois fois le prix de l'esclave. »
donné lieu 10. Ce fut là évidemment un fait exception Hermann pense que Platon s'est borné à reproduire les
nel " et non pas, comme on l'a cru une règle applicable dispositions du droit positif d'Athènes Nous voulons
à toutes les époques d'anarchie. P. Gide, E. Caii.lf.mer. bien admettre à la rigueur, à cause de l'analogie que notre
ANAGLYPHA et ANAGLYPTA [COELATURA]. action présente avec la $kâër\ç Six») 4, la différence faite entre
ANAGNOSTES ('Avoefvwotyiç) . — Ce nom, qui en grec le vendeur de bonne foi et le vendeur de mauvaise foi, le
•■ignifie lecteur, désignait chez les Romains un esclave premier condamné au simple, le second condamné au
chargé de faire la lecture à son maître, particulièrement double \ Nous pouvons encore, à la rigueur, concéder le
pendant les repas et au bain On l'appelait aussi lectnr *, délai de six mois pour la mise en mouvement de l'action 6.
C'était en général un des esclaves les plus instruits de la Mais nous ne nous résignons pas à croire que toutes les
maison, parfois un affranchi. Il y avait des anagnostae qui prescriptions minutieuses de Platon aient été empruntées
lisaient aussi ou récitaient, au théâtre ou dans les lieux aux lois d'Athènes, qu'il y ait eu notamment un tribunal
publics, des passages de poètes favoris [acroama]. R. de médecins chargé de juger les procès de rédhibition 7.
ANAGOGÈS DIKÈ ('Avay^; Sîxr)). — La vente d'un es Tous les textes qui parlent de 1 ava-yt»-^ prévoient l'hy
clave ayant quelque défaut caché ou atteint d'une maladie pothèse de la vente d'un esclave. Devons-nous en conclure
non apparente, telle que l'épilepsie, pouvait donner nais qu'il n'y avait pas de rédhibition possible lorsque le ven
sance à une action privée en garantie, lorsque le vendeur deur avait livré un animal atteint de maladie ou une chose
n'avait pas fait connaître à l'acheteur le défaut ou la ma impropre à l'usage que l'acheteur voulait en faire? L'affir
ladie. Cette action fondée sur les vices de la chose vendue mative est soutenue par M. Millier *, qui enseigne que la
était désignée dans la procédure athénienne sous le nom pXo£6ï)ç 3(x-»i suffisait en pareil cas pour indemniser l'ache
d'àvavojY^ç oi'xy] '. Pendant combien de temps l'acheteur pou teur, sans qu'il fût nécessaire d'aller jusqu'à la rédhibition.
vait-il agir contre le vendeur? Quels étaient les détails de Nous croyons, au contraire, que le vendeur pouvait être
la procédure? Quelles condamnations étaient prononcées contraint de reprendre la chose qu'il avait vendue, lorsque
contre le vendeur qui succombait? Y avait-il lieu de distin cette chose ne répondait pas à sa destination. Nous allons
guer entre le vendeur de bonne foi et le vendeur de mau bientôt citer un texte de Lysias qui applique Vivaytoy^
vaise foi? Ce sont autant de questions sur lesquelles les lexi à la constitution en gage d'un chev.il 9. Aussi sommes-nous
cographes ont négligé de nous renseigner. porté à attribuer au droit d'Athènes ce que dit Dion Chry-
Platon, dans son Traité des Lois 4, est entré, sur l'àvoc- sostome : « Si une personne livre un vêtement de mauvaise
yorpl, dans des détails très-précis, que nous devons repro qualité, un meuble mal conditionné, un animal malade et
duire : « Voici, dit-il, dans quels cas la loi permettra la impropre au service que l'acheteur en attend, elle sera
~ Dr Irg. XI, Stcph. 937 d. — 8 Platner, I, 407-108. -> Hesych. s. c. «v«W — ANAGOGÈS DIKÈ. I Suid. t. r. lwra-i| oUiiov, Bern. 227 ; Hesych. ». r. «va-u^.
'0 Dem. C. Timocr. S 56, R. 718; cf. Andoc. De myster. gg 87-8S, D. 63. — Alb. 318 ; Bekker, Anecd. grarca, 1, 207 et 214. — « XI, Steph. 916, abc ; Didot, I,
il Hndtwalcker, DiaeMen, 1(7. — is Petit, Leg. AU. éd. VVcss. p. 454. — 402-463. — » Dr vettig. inst. vrt. I, p. 65 et 66. — » Dem. C. Midiam, g 43,
limi.ioumpHiii. Schoornann, Aîtùr.he Procem, 1S24, p. 759-76:; ; Platner, Prorets R. 527-52». — » Cf. L. 37,§ 1, D. De evict. 21, 2 ; t. 31, g 20, D. De aedil. erficto. 21,1;
und Klagen liri dm Attikrrn, I, p. 398-416. Theoph. III, tit. XIX, g 2; Teuffcl, in Pauly's Rralencyct. I, 2' éd. p. 950. — « TeufTel,
ANAGNOSTE8. 1 Cic. Ail Attie. I, lî; C.Nep. Afffe. XIII, 14 ; Plin. «p. III, I, 5 ; I. 1.; cf. L. 1 9, g 6, D. De aedil. ed. 21 , 1 .— ' Meier, Attixehe Prorrss, p. 5Î5. - «Paul) '<
OH. III. 19. - J Suet Orl. 78 ; Plin. Ep. I. 15 ; Oeil. XVIII. 5. Rralrnryrl. t. II. p. 1001 ; cf. I. I, 2" éd. p. 950. — » VIII, g 10.
ANA — 261 — ANA
contrainte de le reprendre 10. » 11 est possible que la loi prescrivaient la tenue de registres publics relativement
ne se fût formellement expliquée que pour Yivoiywyii aux immeubles, à Athènes, par conséquent s, à Aenos en
oîxkou ; mais les interprètes ont dû l'appliquer par voie Thrace \ h Chio *, à Smyrne 6, à Aphrodisias 7, à Amphi-
d'extension aux autres hypothèses C'est ainsi que la ju polis 8, à Philadelphie 9 ; elle était aussi en vigueur dans
risprudence se forma à Rome. L'édit des édiles ne parlait l'Ëgypte ptolémaïque 10. E. Caillemer.
textuellement que des mancipia, jumenta et pecora1*; mais ANAKAION [anankaion].
on généralisa sa disposition et on l'appliqua à tous les objets ANAKALYPTERIA ('AvaxaWnipiot). — On distinguait,
mobiliers ou immobiliers chez les Grecs, plusieurs espèces de libéralités faites à l'oc
Il paraît résulter d'un texte de Lysias que rivctY"^ pour casion des mariages.
vices rédhibitoires fut étendue du contrat de vente à d'au 1° Les âvaxaXurcT^pta étaient les donations faites à la
tres contrats et notamment au contrat de gage. Polyclès femme par son mari ou par les parents et les amis de celui-
s'était engagé à fournir un cheval à son créancier en nan ci, le jour où, pour la première fois, elle paraissait devant
tissement d'une créance de douze mines. L'animal qu'il eux sans être enveloppée de ses voiles On les appelait
livra venait de faire campagne et les fatigues de la guerre aussi Tcpo<rep6EYx'nipia * e^ âimflpia 3. Plus tard, on les appela
l'avaient affaibli. Le créancier résolut d'agir contre le ôiojpsTpa \ D'après Hésychius3, cette cérémonie avait lieu
débiteur par lava-fM-pi, et il fallut les instances d'un ami le troisième jour du mariage; mais il paraît plus raison
commun pour qu'il se désistât de son action lk . nable de la placer, avec l'un des lexiques de Séguier0, dans
E. Caillemer. le festin nuptial. On discutait la question de savoir quelle
A>AGOGIA et KAÏAGOGIA {'Avariai, Kavxyûyia). — était l'étendue du droit de la femme sur ces donations7.
Le départ présumé de quelques divinités et leur retour 2° Les 3ta7cap6Évia étaient les donations faites par le mari
dans le sanctuaire qui passait pour leur résidence habi à sa femme le lendemain des noces à la suite de la vù;
tuelle donnaient lieu à des solennités ordinairement en [AuiTTixvi. Elles correspondent au Morgengabe, au pretium
rapport avec la succession des saisons. L'exemple le plus delibatae pudicùiae des Germains; Pollux les définit en effet :
connu est celui de Proserpine pleurée et cherchée par Swpoc tA &7cèp toû tJ|v itapôsvi'av à:peXsc/Ôa i 8.
sa mère pendant tout le temps qu'elle demeurait aux en 3° Les IxauXta (et peut-être aussi àwxûXia 9) étaient des
fers '. On disait aussi qu'Apollon quittait Délos, pour pas présents faits à la femme le second jour du mariage par son
ser à Patare, en Lycie, les mois d'hiver, et ne revenait père 10 et peut-être aussi par les membres de sa famille 11 .
qu'au printemps !. Au temple de Vénus, sur le mont Éryx, S'il faut en croire Suidas, il y avait une pompe spéciale
en Sicile, on entretenait des pigeons consacrés à la déesse. pour les libéralités paternelles. Un véritable cortège, com
A l'époque de l'année (xaipo? àvaY">Yl'aç) où l'on croyait posé d'un enfant vêtu de blanc et tenant une torche allu
qu'elle se rendait en Libye, les oiseaux s'envolaient; ils mée, d'une canéphore, et d'un groupe de femmes portant
ne revenaient qu'après neuf jours, appelés xaTaytoYioi. On les objets donnés, se rendait solennellement de la maison
disait qu'ils avaient accompagné la déesse, dont le retour du père à celle du mari. On profitait quelquefois de cette
était le signal de réjouissances dans toute la contrée 3. A cérémonie pour remettre au mari la dot de sa femme.
Éphèse il y avait aussi une fête appelée KataymyioM, pen A Lesbos, ces donations faites aux jeunes filles par
dant laquelle les jeunes gens déguisés et masqués parcou leurs parents s'appelaient aSpiiuara *'. E. Caillemer.
raient les rues et se permettaient toutes sortes de plaisan ANAKEIA ('Avâxsta, Wvâxeiov). — Fête célébrée h Athè
teries, parfois licencieuses*. Huxziker. nes en l'honneur des Dioscures, qu'on appelait Anakes ou
ANAGRAPHÈ ( 'AvaYpaoïri ) . — Formalité imposée à Anaktes Une course de chevaux (t7nto3pojj.i'a) faisait partie
l'acquéreur d'immeubles par plusieurs législations grec de cette fête 3 ; et c'est peut-être aussi à cette occasion
ques et qu'on peut comparer à notre enregistrement ou à que l'on servait aux deux héros, dans le Prytanée, un repas
notre transcription hypothécaire. L'aliénation était men dont Athénée 3 a gardé le souvenir et un sacrifice men
tionnée sur un registre public par un fonctionnaire qui tionné dans une inscription conservée par le même auteur1.
percevait, à cette occasion, des droits plus ou moins élevés. Des fêtes analogues paraissent avoir été célébrées soit sous
Nous citerons, comme exemple d'ava^pasii, la formule le même nom, soit sous celui de dioskouria, à Sparte, Ar-
suivante que nous trouvons dans une inscription d'Athè gos, Messine et partout où les Dioscures ou Anaktes étaient
nes : « Léontios, fils de Calliadès, du dème d'Épicéphisia, honorés d'un culte public [dioscuri]. E. Saglio.
a vendu un fon<Js de terre situé dans le dème de Cotho- AÎSAKES et ANAKTES [CABiiu, DlOSCURl].
cides ; l'acheteur est Mnésimaque, fils de Mnésochos, du ANAKRISIS ('AvâxpKTiç). — Nom par lequel les Athéniens
dème de Cothocidcs ; le centième est de deux drachmes et désignaient cette phase de la procédure durant laquelle le
trois oboles *. » — 11 est permis de croire que la formalité magistrat, saisi d'une contestation, instruisait l'affaire et
de 1' àvaYpaçii était requise, pour le déplacement de la pro réunissait tous les éléments de décision qui devaient être
priété à l'égard des tiers, par toutes les législations, qui produits devant le tribunal. Nous allons exposer quelles
"X, 13. — Il Meier, AU. Proe. 525 ; Platner, Proc. und Klagen.U, 312 ; Wachs- 8 Biïchsensehiitz. Jlesitz und Evwerb, p. 527. — 9 Corp. insc. gr. n" 3429. —
»uth, Hell. Alterth. î' éd. II, 189; Hermann, Privâtait. 2' éd. g 66, 20 ; Mayer, 10 Voir notre étude sur le contrat de vente à Athènes dans la Revue de législ. aiir.
Reektder Athener, 11, 222 ; Biichsenschiili, Bénit: und Eneerb, ii28. — >» L. 1, g 1 ; et moderne, 1870-1871, p. 647-652 et p. 667-671.
L. 38, pr. et g 5, 1). Dr aedil. rd. 21 , 1. — " L. I, pr. D. De aedil. ed. 21, 1. — 1* Aec. ANAKALYPTERIA. 1 Harpocr. éd. Bekker, p. 17 ; Pollm. III, 36. — * Pol. III,
obt.adv. fam. § 10, Didol, p. 129; Demosth., C. Euerg. et Atnes. § 36, R. H'iO. 36. — » Pol. II, 59, et III, 36 ; Hesych. éd. Alberti, II, 772; Moeris, éd. Bekker, îu.i.
AtAGOGIA et KATAGOGIA. 1 Bœckh, Pind. p. 399. — « Serv. Ad Aen. IV, — » Harpocr. éd. Bekker, 17. — » Éd. Alberti, 1, p. 325. — » Bekker, Aneed. 1.
•M ; Cillim. In Apoll. 14. — » Aelian. Ilist. amm. IV, 2 ; 1 or. hist. 1,15; Athcn. 390 ; Theophr. Charnel. 30, appelle aussi ces donations r^'.ftw^'.. — 7 Theon, 11,14. —
IX, M. — * phot. DM. e. 254. » Pollm, 111.36. — 9 Hesych. Alb. 1,430; voy. cep. Poilus, 111,39.-1° Suid. éd. Bern-
ANAGRAPHÈ. » Aristot. Polit. VI, 5, S 4. — î Rangabé, Anl. hellén. II, n°- 877, hardy, 357 ; Phot. .5.1'. >.(x«viî(. — » Hesych. Alb. 1, 1316. — I* Hes\ch. Alb. 1, 131.
et 234Î. — » Demosth. C. Pantaen. Arg. R. 963 ; Hesych. s. v. lv tosApLo?», ANAKEIA. 1 Pans. ap. Eustath. Odgss. 1425, 60 ; Hesych., Harpocr. s. v.; Poil.
963. Voir toutefois Hofmann, Beitrâge zur Geschichte des griech. Rechts, I, 1, 37 ; Séguier, Lexic. p. 212 ; cf. Cic. De nat. deor. III, 21, 4 ; Davis. Ad h. I. —
wio>, 1870, p. 97. — » Theophr. in Stob. Florileg. 44, 22. — 0 Aristot. Oeconom. ! Lys. ap. Dion. Hal. De vi die. in Demosth. 11 ; el Frag. 45, éd. Becker. —
»• 2, S 12. Mot, I, 012. — « Corp. Insc. graee. n» 2382. — 7 Ibid. n« 28Ï6. » IV, 137 c. — * VI. p. 235 h ; cf. Paus. /. /.
ANA — 262 — ANA
étaient à Athènes les règles de la procédure m jure, au été régulièrement ajourné? 4° La Xîjijiç présentée par le
moins pour les affaires privées qui suivaient leur cours demandeur au magistrat était-elle régulière en la forme?
régulier. 5° l'objet de la demande pouvait-il servir de base à une
Au jour fixé par l'assignation (irp<kx>Y)<jtç) le demandeur action en justice ? 6° l'action choisie par le demandeur
et le défendeur se présentaient devant le magistrat, dans était-elle conforme à la nature du litige? 7° l'action était-
l'hégémonie duquel rentrait l'objet du procès ; le plus ha elle introduite à une époque de l'année où la loi permet
bituellement, c'était l'un des neuf archontes. Le demandeur tait de l'intenter? 8° n'y avait-il pas eu entre les plaideurs
déposait entre les mains de ce magistrat un acte écrit qu'il transaction ou jugement irrévocable? 9" le magistrat saisi
avait préparé à l'avance, et qui contenait : les noms des était-il compétent?... Dans tous les cas où il n'y avait pas
parties, l'exposé des faits qui avaient donné naissance au de doute possible sur la réponse à donner à ces questions,
procès, l'objet de la demande et la désignation des témoins le magistrat accueillait ou rejetait la demande. S'il y avait
qui avaient assisté à l'ajournement. Cet acte écrit était doute, l'action était admise à titre provisoire, avec réserve
connu sous le nom générique de XîjÇc< ; mais quelquefois, des droits du défendeur. Le magistrat, qui, en dehors des
dans les actions personnelles, on employait l'expression cas prévus par la loi, refusait de recevoir une Xîjiitç, enga
spéciale E^xX-qua. On trouvera dans les orateurs plusieurs geait sa responsabilité. Il s'exposait à des poursuites lors
exemples de XîjÇeiî1. qu'il rendrait compte de son administration. Le deman
Lorsque l'action intentée par le demandeur était une de deur n'était même pas tenu d'attendre cette époque ; il
celles pour le dépôt desquelles la loi avait fixé un jour était autorisé à se plaindre devant le peuple assemblé dans
spécial (pour l'adultère, le 26* jour du mois; pour le paye la première réunion de chaque prytanie.
ment de dettes de sommes d'argent, le dernier jour du Quand le magistrat jugeait l'action admissible, il ordon
mois, etc.), le magistrat, n'étant pas distrait par d'autres nait certaines mesures conservatoires : 1° Si le défendeur
soucis, pouvait et devait examiner immédiatement la de était un étranger et qu'il ne fournît pas de cautions garan
mande. Il n'est guère admissible, en effet, si l'on songe au tissant qu'il ne s'éloignerait pas et comparaîtrait à toute
chiffre de la population de l'Attique, que le nombre des réquisition, il était soumis à la contrainte par corps et
plaideurs, se présentant le même jour, pour intenter la placé dans le SEapuo-nipiov. 2" La mise en mouvement d'une
même action, ait été jamais assez considérable pour que action intéressant non-seulement les parties, mais encore
le magistrat se trouvât dans l'impossibilité de les enten les tiers, des mesures de publicité étaient prises pour aver
dre immédiatement. Il ne faut pas oublier, d'ailleurs, que tir ces derniers. Le texte de la demande, ou au moins un
les principaux magistrats, les trois premiers archontes, extrait rédigé par le secrétaire du magistrat, était inscrit
avaient à côté d'eux des assesseurs (za'peppoi) qui leur facili sur des tablettes enduites de chaux ou de plâtre, quelque
taient l'accomplissement de leur tâche en procédant aux fois même gravé sur des tablettes de cire et exposé dans
vérifications préalables, le magistrat se bornant à adopter le voisinage du lieu où le magistrat tenait ses audiences.
et à prononcer la décision que les parèdres avaient adop Peut-être un autre extrait était-il attaché au peuplier
tée. Quant aux derniers archontes, les six Thesmothètes, blanc de l'agora. Enfin une copie était déposée dans le
ils formaient une sorte de collège alternativement présidé metroon, temple affecté aux archives de la république
par chacun d'eux ; l'un des membres du collège examinait d'Athènes. Ces affiches étaient maintenues jusqu'au juge
sommairement la demande, jugeait si elle était admissible, ment du procès, ou, si un arrangement intervenait entre
et le président se bornait â transmettre officiellement la les parties, jusqu'à ce que le magistrat ordonnât de les
décision aux parties intéressées. faire disparaître. 3° Il y avait lieu au dépôt de certaines
S'il n'y avait pas de jour fixé spécialement 'pour le dépôt consignations judiciaires, xpuraveTa, TrapaxaTa6oX>j, etc.,
de l'action, .alors le magistrat compétent, absorbé par d'au auxquelles des articles spéciaux seront consacrés.
tres occupations, pouvait être empêché d'écouter les parties Quand toutes ces formalités étaient remplies, il fallait
et obligé de les renvoyer à un autrejour. Aussi, pour pré s'occuper de l'instruction proprement dite du procès,
venir ces retards ou ces renvois, le demandeur, avant de l'àvaxptut;. Lorsque le demandeur voulait porter le
d'assigner son adversaire, allait trouver le magistrat, et le débat devant un arbitre public, le magistrat désignait l'un
priait de lui indiquer un jour où il pourrait comparaître des SianriToù et se dessaisissait de l'affaire. C'était alors
devant lui avec la certitude de le rencontrer et d'obtenir l'arbitre qui dirigeait l'instruction, et quand bien même,
une audience. L'assignation était ensuite donnée au défen par suite d'un appel interjeté contre sajlécision, le pro
deur pour le jour fixé par le magistrat. cès serait revenu devant les magistrats et les tribunaux or
Quand plusieurs parties se présentaient a la fois devant dinaires, on utilisait les renseignements que l'arbitre avait
le magistrat pour lui remettre leurs demandes, il fallait réunis, et on ne procédait pas à une seconde dvâxptsiç.
établir un ordre suivant lequel les Mjémî seraient reçues et Lorsque les parties se soumettaient au droit commun, le
vérifiées. La loi n'avait pas voulu abandonner cette clas magistrat leur fixait un jour plus ou moins éloigné, afin
sification au magistrat. Désirant maintenir autant que pos de leur donner le temps de préparer leurs moyens d'action.
sible l'égalité entre les citoyens et prévenir l'arbitraire, elle A partir de ce moment, dans les actions publiques, le
avait décidé que le sort réglerait l'ordre des admissions s. demandeur ne pouvait plus se désister soit expressément,
L'examen de la XîjEt; par le magistrat portait principa soit tacitement, sans s'exposer à une amende de mille
lement sur les points suivants: l°le demandeur avait-il drachmes et à une dégradation civique partielle. Mais,
le droit d'ester en justice ? 2° la demande était-elle inten dans les actions privées, les désistements et les transactions
tée contre une personne ayant qualité pour se défendre entre parties étaient toujours possibles. Nous voyons même
personnellement? 3° si le défendeur faisait défaut, avait-il dans Isée 3 deux plaideurs qui transigent entre le moment
ANAKHIS1S. 1 Demosth. C. Stpph. I, § 46, R. 1115; C. Pnnlaenet. g 22 et t. Vesp. 894 et «. — s Demosth. r. Sttph. II, S 22, R. 1138. Dimeog. lier.
R. »73 ; C. Aphnh. ni. S M. R. SM ; rf. f)rnt. Mtiri. Diilot. II. p. IBS et Aristoph. S is. n. 2fi«.
ANA — 263 — ANA

où l'on a recueilli les suffrages et le moment où le ma dans les temps passés, lorsque tous les hommes croyaient
gistrat va les compter. Cette transaction parut si régu aux dieux ; mais il blâme énergiquement ses contempo
lière que, sans hésiter, le président mêla les boules favo rains qui exposent trop facilement les citoyens au parjure
rables et défavorables. en mettant aux prises devant les tribunaux la conscience
Au jour désigné par le magistrat *, le demandeur et le et l'intérêt.
défendeur devaient se représenter devant lui. Si le de Nous devons laisser actuellement de côté les incidents
mandeur faisait défaut, sa demande était rejetée sans nul qui faisaient obstacle à la marche régulière de la procé
examen. Si c'était le défendeur qui ne comparaissait pas, dure, exceptions ou demandes reconventionnelles ; nous
il y avait jugement par défaut. — Supposons que le deman en parlerons sous les mots itapotYpa^, Siaiiaptupi'a et àvtt-
deur et le défendeur se présentent devant le magistrat. Ypatpvi. Nous allons supposer que le défendeur acceptait
Quatre voies différentes s'offraient au défendeur. Il pou immédiatement la lutte, ou bien, s'il avait soulevé une
vait 1° acquiescer à la demande, reconnaître que l'action exception, qu'il avait succombé, les tribunaux ayant jugé
était légitime et bien fondée et donner satisfaction aux exi que le procès devait suivre son cours naturel.
gences du demandeur; — 2° sans contester directement Un fait important à noter et qui va nous faire compren
les faits allégués par le demandeur, opposer à son action dre toute l'importance de l'dvaxpwtç, c'est que, le jour du
une ûn de non-recevoir, paralyser la demande par une jugement, devant les Héliastes assemblés, chacune des
exception, irapctYpa^ ou quelquefois Sia[/.apTup£a ; — 3" ad parties ne pouvait se prévaloir que des éléments de preuve
mettre en principe les réclamations du demandeur, mais qu'elle avait fournis pendant l'instruction et qui avaient
former en même temps contre lui une demande recon été recueillis par le magistrat. Ainsi le témoin, que le
ventionnelle, ÉêvTtfpatpTi ; — 4° enfin, contredire purement plaideur n'avait pas fait entendre dans 1 avâxpiut;, ne pou
et simplement les afiirmations du demandeur, eùGuSixîa 5. vait pas être admis à déposer devant le tribunal, quelque
Le premier parti à la disposition du défendeur ne doit important que fût son témoignage u. On peut donc dire
pas nous arrêter longtemps. Puisqu'il s'inclinait devant que le sort du procès dépendait en grande partie du soin
les prétentions de son adversaire, il n'y avait pas de procès que. chacun des adversaires mettait à recueillir ses preuves
à instruire, pas de procédure à diriger. Le magistrat don devant le magistrat.
nait acte au demandeur de la soumission du défendeur; Les grammairiens et les rhéteurs divisent les preuves ju
un acte écrit réglait les rapports ultérieurs des parties et diciaires en deux grandes classes, les unes qu'ils appellent
le litige était terminé. itfereiç àxe^vci et que nous pouvons nommer preuves natu
Dans les autres cas, exception, demande reconvention- relles ; les autres icl<mn fmgvoi, que nous désignerons sous
nelle, acceptation immédiate du débat, le défendeur re le nom de preuves artificielles l5.
mettait au magistrat un acte écrit dans lequel était indi Les preuves artificielles consistent dans l'emploi de
qué le parti qu'il adoptait 6. moyens oratoires plus ou moins habiles. Un heureux rap
Un débat contradictoire s'engageait alors, et l'instruc prochement de textes législatifs, une savante combinaison
tion commençait. de témoignages, une ingénieuse série d'hypothèses et d'in
Le premier acte de l'àvaxpisiç était le serment des parties. ductions, voilà des tti'otsh cvte^voi. La rhétorique joue ici
Le magistrat chargé de l'instruction exigeait du deman un grand rôle. Mais, on le comprend aisément, ces preuves
deur qu'il affirmât solennellement la légitimité de sa de artificielles ne se rencontreront que dans la harangue pré
mande ; du défendeur qu'il déclarât avec la même solennité parée par l'orateur pour le débat public en présence des
que sa résistance était bien fondée. Si l'on devait en juges. Nous n'avons donc pas à nous en occuper; car,
croire les grammairiens, le serment du demandeur s'ap tant que dure l'dtvaxpisiî, on se borne à réunir des maté
pelait itpocaixout'a ; le serment du défendeur àvTwnosîa ; l'en riaux pour les discours et tous ces matériaux rentrent dans
semble des deux serments àijuptopxfa, SiwjAosta ou à\vfb>poaltt la catégorie des iriVrei? oEte/voi ou preuves naturelles.
[amfhiorkia]; mais les orateurs ne donnent pas à ceux de D'après une énumération d'Aristote, que les grammai
ces mots qu'ils emploient des acceptions très-précises ; riens postérieurs se sont bornés à reproduire, il y avait
àvTwftoai'a, par exemple, désigne souvent dans les plai cinq espèces de preuves naturelles : 1° les lois; 2° les
doyers le serment des deux plaideurs tandis que Stw- preuves littérales ; 3° les preuves testimoniales; 4° les dé
[wsi'a s'applique parfois exclusivement soit au serment du positions des esclaves mis à la torture ; 5° le serment
défendeur *, soit au serment du demandeur ». Cette énumération d'Aristote est-elle complète ? 11 est
On a dit, sur la foi d'Ulpien 10, que le demandeur devait permis d'en douter et de croire que la procédure athé
en outre jurer de poursuivre le procès jusqu'au bout nienne admettait d'autres preuves directes, telles que
(juramentum de prosequenda lite); on a ajouté que, dans l'expertise. Dans une affaire criminelle pendante devant
certains cas au moins, il était tenu d'affirmer qu'il agissait l'Aréopage, nous voyons un médecin appelé à faire un rap
spontanément et qu'il n'avait reçu ni ne recevrait aucuns port sur la blessure qui a motivé la poursuite 17 ; dans un
présents^ Xa6tïv Swpa |Mfrefotyw6ai").Mais on a donné par plaidoyer de Démosthène, la partie invoque le témoi
là à des textes une portée qu'ils n'ont pas réellement, et il gnage du médecin qui a soigné le malade '*. Pourquoi ce
faut se contenter d'admettre les serments relatifs au bon moyen d'instruction n'aurait-il pas été employé dans toutes
droit des plaideurs les affaires où il était utile ?
Platon, dans son Traité des lois w, fait même remarquer Les présomptions simples rentraient dans les preuves
que l'usage de ces serments judiciaires pouvait être bon artificielles; mais les présomptions légales étaient certai-

1 Dem. C. Tkeocr. § 8, R. 1324. — » Dera. C. Phorm. g 4, R. 908 ; fc. 906, p. 674. - » Acsch. C. Timarch. g 114, I). p. 49. — M Schoemand, AU. Procès»,
13- — • Dem. C. Steph. I , g 46, R. 1115. — 7 lsae. De Dicaeog. her. §g 1 et 16, p. 626 et a. — « XII, D. 48S. — H Dem. C. lloeol. île nomme, g 17, R. 999.
D. 265 et 268 ; De Astyph. her. g 34, Didot, 303. — « Dem. C. Aristocr. g 69, » Aristot. Met. I, 2, g 2, 1). I, 313. — '» Arist. Hhet. I, 15, g ï. D. I, 313. —
L. R.643. — » Lysias, C. Simon. §1, D. 108.- M Schol. iu Dcmosth. 541, 23, I). " Dem. C. Boeot. g 33, H. 1018. — •» I)«n. C. Canon, g 12, R. 1260.
ANA — 264 — ANA
nement connues des Athéniens et il y avait lieu d'en tenir culier, l'adversaire ou une tierce personne, la communica
compte. Peut-être cette preuve était-elle comprise sous le tion aurait pu en être fréquemment refusée; la loi per
titre de vôfxot. mettait au plaideur d'agir contre le détenteur du titre par
Quant à l'aveu, il était certainement pris en considéra- une sorte A'actio ad exhibendum, la $£xn) el; êu,<pavtov xaTcî-
lion. Seulement, de deux choses l'une : ou l'aveu était un o-rao-tv". Le défendeur qui succombait dans cette action était
aveu direct et il suffisait pour qu'il y eût condamnation ; condamné à des dommages et intérêts envers le deman
ou bien il fallait dégager des déclarations de l'adversaire deur, et de plus le magistrat pouvait prononcer contre lui
tout ce qui lui était défavorable et impliquait une recon une amende proportionnelle au retard qu'il mettait à obéir
naissance du droit du demandeur, et ce moyen rentrait à la décision rendue. Quand la pièce réclamée avait été
dans les mo-TEt? ïvtv/wi. Il semble d'ailleurs résulter de plu produite, soit spontanément, soit à la suite de la Slxi) iîç
sieurs textes que l'aveu était divisible. Un plaideur avoue êatpotviôv xaïaiTatriv, la partie intéressée en prenait une copie.
qu'il a emprunté, mais il affirme en môme temps qu'il a Pour assurer qu'il y avait conformité entre la copie et l'ori
remboursé la somme à son créancier 18. « Eh bien ! dit Dé- ginal, elle avait soin d'appeler des témoins qui collation-
moslhène, le fait de l'emprunt est reconnu et il n'y a plus naient les deux textes; elle invitait même quelquefois l'ad
à le discuter. Voyons maintenant s'il y a eu vraiment resti versaire à assister à la transcription pour qu'il lui fût im
tution. » possible de soulever plus tard des objections contre l'exac
Toutes les preuves, au fur et à mesure qu'elles étaient titude de la copie. Les originaux ou les copies, après avoir
produites, tous les procès-verbaux, au furet à mesure qu'ils été présentés au magistrat, étaient déposés dans l't/Jvoç u.
étaient dressés, étaient déposés par le magistrat dans l'tyîvoc, 3° Les preuves testimoniales (|xapxupi'a) et 4° la torture des
ce fameux hérisson, dont parlent souvent les orateurs et esclaves (pâoavo;). Nous renvoyons pour ces deux modes de
que rappellent les sacs de procédure de notre ancienne ju preuve aux articles spéciaux qui leur sont consacrés. Ils
risprudence. jouaient un rôle si important dans la procédure athénienne
Reprenons l'énumération d'Aristote : 1° Les lois (vo'jaoi). que nous ne pourrions pas, en les étudiant incidemment,
11 n'y avait pas à Athènes de recueils de lois pareils à ceux leur donner tous les développements qu'ils comportent.
qui se trouvent dans les mains de nos juristes. Les lois les 5° Le serment (#pxo;) était Yultimum praesidium des plai
plus importantes étaient seulement affichées sur la place deurs; ils y avaient recours, à défaut d'autres preuves,
publique où chacun pouvait en prendre connaissance; les malgré la défaveur avec laquelle il était vu par les
textes originaux étaient déposés dans le tnetroon ou palais moralistes ÎV.
des archives d'Athènes10. La partie qui éprouvait le besoin Lorsque les parties avaient respectivement indiqué tous
d'invoquer devant les tribunaux un texte de loi, soit pour leurs moyens de preuve, le magistrat leur donnai!, lecture
appuyer sa demande, soit pour justifier ses résistances, était des pièces et des procès-verbaux qu'il avait dressés. Puis
donc obligée de copier, sur les affiches ou dans les archives, il déposait tous ces documents dans le vase de métal ou de
le texte relatif à son affaire et de venir le déposer entre les terre que l'on appelait i^Tvo;. Le couvercle de ce vase était
mains du magistrat, qui le plaçait dans l'I^ïvo?. Ce procédé scellé par les parties et par le magistrat *, qui conservait le
élait très-imparfait. Peut-être, lorsque l'extrait émanait du tout sous sa garde jusqu'au jour du jugement î6.
metroon, le conservateur des archives atlestait-il par un A ce moment l'àvoixpi(Tiç était terminée, et il ne restait
signe quelconque l'exactitude de la copie remise par le plus aux plaideurs qu'à préparer les discours qu'ils de
plaideur à l'archonte. Mais les textes sont muets sur cette vaient prononcer devant le tribunal compétent, au jour
garantie, et il est probable que le plus souvent on se bor fixé pour le jugement de leur affaire . E. Caillemeh.
nait à copier le texte affiché sur la place. Le législateur avait ANAKTOTELESTAI [cabiri].
pensé sans doute que la facilité des vérifications rendait la ANALEMMA ('AvdtXi)p|ut). — Ce mot signifie propre
fraude si aisée à découvrir qu'elle n'était guère redoutable ment tout ce qui est élevé, supporté : ainsi, au pluriel, de>
dans la pratique; il avait d'ailleurs édicté, contre les plai murs élevés sur de fortes fondations
deurs qui falsifiaient les lois ou produisaient des textes Vitruve l'emploie pour indiquer un instrument de ma
supposés, les peines les plus rigoureuses, même la peine thématiques réglé d'après le cours du soleil, et dû à l'obser
capitale ". vation des ombres qui décroissent à partir du solstice d'hi
2° Les titres (auvOîixoti). Toutes les fois que les Athé ver; il sert, à l'aide de l'équerre et du compas, à décrire le*
niens avaient eu la précaution de dresser un acte écrit, cet effets de cet astre dans le monde. C'est d'après la grandeur
acte était présenté au magistrat dans l'iiv<xxpi<riç ; on pouvait des ombres équinoxiales, dit-il encore, qu'on découvre la fi
invoquer également les registres publics, par exemple ceux gure des analèmes au moyen desquels on tire, suivant la
qui constataient les ventes (àvafpxyxi) , les registres des per situation des lieux et l'ombre du gnomon, les lignes qui
cepteurs des douanes, les livres des Irapézites ou banquiers indiquent les heures *.
lit même les livres domestiques. S'il s'agissait de registres On appelait analèmes, chez les Romains, des cadran*
publics, le plaideur intéressé se procurait aisément l'origi qui montraient la hauteur que le soleil^avait tous les jours
nal ou au moins une copie; le refus mal intentionné du à midi ; par la grandeur des ombres du gnomon, ils n'in*
délenteur n'était pas à craindre dans ce cas. Mais, lorsqu'il diquaient pas les heures, mais seulement les mois et les
s'agissait de titres privés en la possession d'un simple parti- signes. Depuis on y joignit des cadrans horaires; ils mar-
13 Dcm. C. Pkom. g 'S, R. 908. — '0 c.. r.urtius, Dos Metroon m Athen als Platner, Process und Klagen, p. 119 et s. Nous mentionnerons, mais avec beau
Staattanhht, Berlin, 1868. — M Dem. C. Aristog. II, § 24, H. 807. — M lsae. De coup de réserves, les dissertations de MM. Cauvct, De l'organisation judiciaire chez
Philoct. hered. g 31, D. i78. — »' Dem. C. Ohjmpiod. g 48, H. Iiso. — n iSOcr. les Athéniens, 1844, Le Bastard Delislc, Aperçu de In justice chez les Grecs, 1845.
Ad Démon. § 23, D. 5 ; Dem. C. Apat. g 13, R. 896; — «Dem. C. Boeol. I, g 17, et Cucheval, Étude sur les tribunaux athéniens, 1863; Les deux premières sont
R. 999 ; C. Euerg. g 16, R. 1143 ; C. Conon. g 27. R. 12GS. — » Dcm. C. Steph. surtout incomplètes ; la troisième eA pleine d'erreurs.
1, g 58 , 1119; cf. Polliu , VIU, 17. — Bibliochiphib. Hefflcr , Athenâische ANALEMMA. 1 Hesjch., Suid. J. v.,- Diod. 17, 21 ; Dion. Halic. Ant. rotn. III,
Uerichtsvcrfassung, p. 280 et s.; Schocmann, Attischc Process, p. 593 et s.; 69. — « Vitr. IX, i.
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quèrent ensemble, et les mois par la longueur des ombres, qu'il laissait entre les mains de son débiteur, en un capi
et les heures par leur inclinaison : ce qui était nécessaire tal devant produire à son tour des intérêts. Il était connu
pour les cadrans des Romains, qui divisaient le jour en des Athéniens et des autres peuples grecs ; car nous le
douze heures et les nuits également, si bien que, pendant trouvons mentionné dans les Nuées d'Aristophane 1 et dans
une partie de l'année, c'étaient les heures du jour qui plusieurs inscriptions.
étaient les plus longues, et pendant l'autre c'étaient celles Tout débiteur, qui ne payait pas les intérêts à l'époque
de la nuit 3 [uorologium]. de leur échéance, était même, d'après M. Biichscnschutz *,
L'analème antique ne doit pas être confondu avec l'ana- habituellement tenu de payer les intérêts de ces intérêts.
lème moderne, qui est beaucoup plus compliqué et plus Cela résulte, dit-il, de textes où, parlant d'intérêts, on a eu
exact que l'instrument décrit par Vitruve. D. Ramée. soin de faire remarquer que ces intérêts ont été produits
ANANCAEUM. — Vase de forme inconnue. Plaute 1 en directement par un capital, eùûuToxfa 3 ; remarque inutile
parle comme d'un vase à boire de grande capacité ; Yar- si l'anatocisme n'eût pas été la règle générale. Aussi le
ron * le nomme parmi d'autres objets précieusement cise rencontre-t-on très-fréquemment et jusque dans les con
lés qui composaient le bulin fait par les Romains à Sy- trats qui intéressent les cités *. Cependant nous lisons dans
baris. E. S. Théophraste que tirer intérêt de l'intérêt et n'accorder
AN'ANKAIOX (ÂvaYxaîov ou 'Avâxaiov). — Les lexicogra qu'à cette condition un délai à ses débiteurs sont des si
phes 1 désignent sous ce nom une prison (oeaj/ioroptov) ré gnes d'avarice sordide 5. L'anatocisme n'avait donc pas
servée, d'après Suidas4, aux esclaves rebelles et aux affran lieu de plein droit, puisque le moraliste suppose une con
chis qui, ayant manqué à leurs devoirs, étaient replacés vention spéciale postérieure à l'échéance, convention dont
en servitude. Maussac et J. Pan' croient que les àvaYxaïa s'abstenaient les personnes plus soucieuses de leur hono
étaient des prisons privées et domestiques. Mais M. Schu> rabilité que de leurs intérêts pécuniaires. Aussi, dans la
mann paraît disposé à les regarder plutôt comme des pri comédie d'Aristophane, l'idée d'anatocisme est-elle ratta
sons publiques *. chée à celle d'usurier.
UEtymoloqicum magnum et les Aé;eiç f^ropixal s nous di Comment se calculait l'anatocisme ? Les intérêts
sent que les prisons chez les Béotiens portaient aussi les étaient-ils capitalisés à la fin de chaque mois, lorsqu'ils
noms d'aivctYxaïa ou d'àvaxaïa 6 et leur témoignage est con- étaient payables à de courtes échéances, ou bien la capi
tlrmé par Xénophon 7. E. Caillemeh. talisation ne se faisait-elle qu'à la lin de chaque année 6 ?
ANAPIIORA ('Avaçopâ). — Lorsqu'une personne était 11 nous paraît probable que la loi laissait aux parties la plus
obligée, soit par la loi, soit en vertu d'un jugement, de grande liberté et leur permettait de faire toutes les stipula-
payer une dette qui n'était pas sa dette personnelle, elle lions qu'elles jugeaient convenables. E. Caillemeh.
avait un recours (dvotçopâ) contre le véritable débiteur '. ANAUMAC1IIOU GRAPHE (AvaupaxîouYpot^). — On dési
Ainsi nous voyons, dans Démosthène a, un Athénien propo gnait sous le nom d'dvauiAifytov le refus de service sur la flotte
ser au peuple de condamner des triérarques à verser dans dans les cas où la loi en faisait un devoir et surtout l'inac
le trésor public une somme d'argent qu'ils ont capturée tion pendant un combat naval *. L'action publique dirigée
sur un navire égyptien et qui a été déclarée de bonne contre celui qui, à Athènes, s'était rendu coupable de l'un
prise ; seulement, comme il paraît qu'ils n'ont plus cette ou de l'autre de ces crimes était appelée àvaufjut^i'ou YPaipi>
somme en leur possession, ils auront un recours contre Elle appartenait à l'hégémonie des stratèges [strategos].
ceux qui la détiennent : éWvoiç eTvoci eîç toù; é/ovta; àvaso- La peine prononcée par la loi était I'atimia 3.
pav. E. Caillemeh. Suidas dit qu'elle s'étendait môme à la postérité du
A.NAPIESMA [ïUEATRUM]. condamné ; mais cette opinion est erronée ; le lexico
ANASKEUAZELN ( 'AvacrxeuâÇeiv t^v Tpa^av). — Lors graphe s'est trompé en généralisant et en appliquant à
qu'un banquier d'Athènes [trai>ezites] était hors d'état tous les délits énumérés dans le § Il d'Andocide ce que
de remplir ses engagements, et, comme nous dirions l'orateur dit seulement du vol et de la corruption. Y
aujourd'hui, faisait faillite, le comptoir sur lequel il avait avait-il confiscation et vente aux enchères des biens du
plus ou moins longtemps opéré dans I'agora était renverse condamné, nous trouvons dans Andocide une solution né
(ai TpaireÇai «rvairxEuixÇovTai) '. Cet usage de retourner la table gative ; mais nous serions porté à croire que l'avis con
du trapézite se retrouve, au moyen âge, dans la rupture traire est préférable. En effet, dans le discours de Lysias
du banc (bancarupta, banqueroute), sur lequel les Lom contre Alcibiade, nous voyons que, pour deux délits ana
bards faisaient leurs affaires. logues (XciTOTa;t'ou xai oei).i'a;), les biens du condamné étaient
Ouand le trapézite, sans faire faillite, croyait devoir li compris dans la condamnation : sêou^ÛT) a-ripo? eîvai xaî
quider, on disait qu'il y avait SiaAuo-iî s. E. Caillemeh. t3c -/pr'aaTa atkotî Sïi;xEu8^vat l. E. Caillemek.
ANASTAUROUN [crux]. ANAXYRIDES [braccae].
ANATIIEMA [donarium|. ANCIIISES ('Ay/i'ct,;). — Anchise, fils de Capys1 ou d'As-
ANATOKISMOS ('Avatoxurjxôî). — L'anatocisme avait saracus * et de Thémis tille d'ilus3, roi de Dardanus sur
lieu lorsqu'un créancier transformait des intérêts échus, le mont Ida, parent de Priam. Homère établit ainsi sa gc-
' Voy. la traduction française de Vitruve par lie Bioul. Bruxelles, 1816. AXATOKI8MOS. ' Au*. 1155-1166. — « Bcsitz und Eiwerb, p. 499. — » Corpi
AXANCAEUM. 1 Huit. II, 3, 33.— * Ap. Non. Marc., p. 5*7 Mercier ; 633 Quichcrat, inter.gr. n« 233li. — '» Hahgabé, Antiq. hell. ti° 90'i. — 5 Charaet. 10. — •Rangabé,
ANANKAION. Harpocr., Suid., Hcsycb. s. v. Avalai». — * Suid., âydxaiov. — l. I. p. 603-608;
J U* grati animi offic.p. 72. — * Ad Isaeum, p. -193. — 5 Bekker, Anfcd. 1, p. 202, ANAtMACIllOU GRAPHE. 1 Hériter, Gerichltverfassvng, p. 157. — » l'ollm,
15. — e Schuïinann, Ad Is. p. 494. — ' Hitt. graeca, V, 4, §g 8 ot 1 1. VIII, 42. — 3 De myst. g 74. — » Lysias, C. Alcib. 1, g 9, II. 164. — Biblio
ANAPHOUA. ' Ilcrmann, Privataltirthitmrr, 2" éd., § 70, 7 > C. Timocratcm, graphie. Robinson, Antiquités grreques, t. I, p. 190, et t. II, p. 209 ; Waclismuth,
S 13, R. 70 t. llellenischc AUcrtlinmskumlr, Halle, II, 1846, p. ÏI3 ; Meicr,/)(.' bonis damnatumm,
AKASKEUAZEIN. t Demosth. C. Timoth. g 68, H. 1204-1203; C. Apntur. Berlin, 181», p. 123 ; Leljvld, De infamia, 18315, p. 108.
S •>. R. 895. — « Denu»th. Pro Phontl. S S0, H. 9S9. — Bibliocbaphib. Hiiraud, De ANCHISES. 1 Hom. Ihail. XX, 539 ; Iliod. sïcul. IV, 75, 5.— > Apollod. III, 12,2:
nr.jutl. auct. liv. Il, c. Hlir, g 22, ap. Otto, Thesaurul, t. Il, p. 1280. — ' Id. ibid.
1. 34
ANC — 266 — ANC
néalogie : Zeus, Dardanus, Erichthonius, Tros, Assaracus, à recueillir l'hérédité de l'autre, il lui confère Vif/KJtzix
Gapys Pasteur, beau comme les immortels 5, Anchise, (otieoot ttjv à-f/ioTetav) 3. Ainsi, les fils légitimes, les frères,
outre les bœufs qu'il conduisait lui-même au pâturage, pos les cousins germains, les autres cousins au degré sueces-
sédait une race merveilleuse de chevaux qu'il avait obtenue sible ont l'à-f/iuxit'a; ils viennent, en tenant compte de la
en faisant saillir ses propres juments parles chevaux deLao- proximité de la parenté, à la succession de leur parent.
médon, lesquels descendaient des coursiers divins donnés à L'enfant naturel, au contraire 3, les cousins éloignés n'ont
Tros par Zeus lui-même après l'enlèvement de Ganymède 8. pas 1 aYy ioia'a. On peut donc se rattacher à une personne
11 futaiméd'Aphrodileeteutcommerceaveeellesur le mont par les liens du sang, être son parent, evtftvr,;, sans être
Ida7. Énée fut le fruit de leurs amours. La légende d'Anchise, en mémo temps son àj/ivnvs *.
comme celle d'Énée, comprend des traditions homériques Ouels sont parmi les cuYYiV£~s ceux qui ont l'aty^ic-îi'ot ou
et des traditions virgiliennes. Les premières ont rapport aptitude à succéder? quels sont ceux qui ne l'ont pas?
aux amours d'Anchise avec Aphrodite et à la naissance Nous répondrons à ces questions en traitant du droit de
du héros troyen ; les secondes, à la fuite de Troie et à succession à Athènes [hereditas]. E. Caillemeh.
la navigation vers l'Italie [aeneas]. D'après une tradi ANCILE [salii].
tion rapportée par Pausanias, Anchise mourut en Arca- ANOLABRIS. — Table servant aux sacrifices chez les
die et fut enseveli au pied d'une montagne qui prit son Romains. Elle paraît avoir pris son
nom, à la limite des territoires de Mantinée et d'Orcho- nom de celui des vases appelés an-
mène Près du tombeau était un ancien temple d'Aphro clabria {A'anclare, puiser), qui y
dite. Virgile fait mourir Anchise à Drépane, en Sicile, et étaient placés pour le service du
met sa sépulture au mont Eryx 9. On donne à Anchise un culte '. Une table semblable , por
lils du nom de Lyrus 10 et une fille nommée Hippodamie, tant les instruments du sacrifice, est
mariée à Alcathoiis, fils d'Acsyète, qui périt au siège de ici représentée (fig. 31"), d'après
Troie ". Mais il est surtout célèbre comme père d'Énée. un bas-relief du Louvre *. E. S.
Dans l'Enéide, on le voit révéler à son fils, descendu aux ANCORA CAYxugotjEùvii), ancre. — Leshisloriensdel'anli-
enfers pour l'interroger, les futures destinées de Rome 1S. quité, toujours très-curieux de préciser l'origine des in
Anchise est représenté avec Aphrodite sur une médaille ventions les plus simples, ont attribué celle de l'ancre aux
des Uiens '3. On peut aussi le reconnaître sur un relief de peuples de l'Étrurie '. Mais celte allégation n'a d'autre
bronze trouvé en Épire (fig. 316) : l'artiste l'a figuré au mo- valeur que de prouver la haute ancienneté des arts mari
times chez les Étrusques5. Du moment où l'homme s'est
aventuré sur les eaux, en mer comme en rivière, il a dû
chercher un moyen de fixer son embarcation malgré le
courant ou la tempête, et divers systèmes se sont naturel
lement produits en divers lieux à la fois.
Dans le principe, l'ancre paraît n'avoir été qu'une lourde
masse dont la pesanteur seule empêchait le mouvement du
navire. C'étaient des tubes en bois où l'on avait coulé du
plomb, comme ceux que les Phéniciens vidèrent pour les
remplir d'argent, à leur retour de Sicile 3, des vases remplis
de sable et de cailloux *, ou simplement de grosses pierres,
percées par le milieu et rattachées au navire avec des
cables. Le mot eùvvi, que l'on rencontre très-fréquemment
dans Homère et qui exprime par une image des plus heu
reuses le repos du mouillage s, désigne spécialement cette
Fig. 310. Anchise et Vénus.
dernière espèce d'ancre. Arrien dit avoir vu dans le temple
ment où la déesse vient à lui, accompagnée d'Kros et d'Hi- de la déesse du Phase, sur la rive du Pont-Euxin, quelques
méros, et où leurs amours vont commencer11. Sur un vase fragments de pierre de forme très-antique, ayant servi
romain contenant des ossements calcinés, découvert au d'ancre aux époques les plus reculées de la marine grec
Havre en 1870, on voit figuré en relief Anchise dans le que °. Plus tard on adopta le système des crocs de fer
costume asiatique, conduit vers Vénus par Eros l5. D'autres
enfoncés dans la terre, ce qui présentait plus de résis
monuments représentant Anchise lors de sa fuite de Troie, tance, et le nom d'àyxupa s'introduisit dans le langage.
porté sur les épaules d'Enée, sont indiqués au mot aeneas. Dès le v° siècle avant l'ère chrétienne, ce terme nou
L. de RoNciuun. veau avait remplacé l'antique eùvr]', et la transforma-
ANCHISTEIA (Ay;(t<rTe£a). — Terme de droit que l'on lion devait déjà dater d'assez loin pour qu'Eschyle, dans
rencontre très-fréquemment, u Athènes, dans les lois et ses Suppliantes 7, pût donner une ayxupa sans trop d'invrai
dans les discours relatifs aux successions ab intestat '. semblance au vaisseau des fils d'Aegyptus. Si nous en
Lorsque le législateur, prenant en considération les liens croyons Pollux 8, ces ancres n'eurent d'abord qu'une
du sang qui unissent deux personnes, appelle l'une d'elles seule dent ou patte, ce qui leur valut le nom d'â-repos-ouo;.

* Iliad. XX, 213, 211). — 3 Hom. ffyinn. in Yener. 55. — 6 lhad. V, 26S-269. C.Lcocli. § 2, II. 10SI. — S Deraosth. C. Mai-art. S 50, R. 1006. — 3 Demosth. Eod
— "' Hymn. in Yener. 50 et sq.; yuint. Smyru. Posthom. VIII, 98 ; Hesiod. Theog. loc. § 51, R. 1007. — * Bekker, Anecd. I, 213.
1009. — » Pausan. VIII, 12, 8.-9 Aen. III, 710; V, 31, 75. — '» Apollod. 111, A\CI.ABR1S. — i P. Mac. s. v. Anclabris e( Efcariae. — î Clarac, Mas. de se.
12, î. — 11 Iliad. XIII, 427 sqq. — 1* VI, 756 s(|q. — 13 Milliu, Gai. tni/th. Xl.IV, II, pl. clxxxv ; cl. Mus. Capitol. IV, tav. xxxvn.
644. — tk Millingen, Ane. un*d. monum. I. II, pl. xn ; Itûller-Wieseler, Denkm. ANCORA. 1 Plin. Hist. nat. VII, 56, 57. — s Dempstcr, Etrur. reij. I, 350. — 5 Diod
der ait. Kuntt, I, pl. uni, n. 293. — 15 Ballet, de l'Aead. des Jnscr. 1870, p. 157. Sic. V, p. 358. — • Suid. s. v. Zi&rpa. — 5 1, 436 et passion* — c Arrian. Pcripl. P
ANCIIISTEIA. ' Isac. l)o Bagn. hered. gg 2, 17 et s. D. 309 et 312 ; Demostn. Eux. p. 5. — 7 Acsch. Suppl. 760. — 8 p0U. 1, 9.
ANC — 267 — AND
C'est l'ancre à un bras que nos marins appellent ancre tombeaux 19, etc., on semble avoir continué à faire en même
borgne. Nous n'en avons pas de représentation graphi temps usage d'ancres qui en étaient dépourvues; car on en
que, mais la tradition s'en est conservée en Europe, et voit qui sont ainsi figurées dans le bas-relief déjà cité du
plusieurs peuplades sauvages emploient encore le même musée du Ca
type. L'ancre à deux bras, à|ji(pî<TTO|jt.o; ou àuoiêoXo;, a une pitale et dans
origine fort douteuse. Pausanias en attribue l'invention à d'autres mo
Midas, roi de Phrygie 9, Pline à Eupalamas de Sicyone 10, numents M.
et Strabon 11 au philosophe scythe Anacharsis. Des images Les pattes
de ces ancres nous sont fournies par les vases peints, par triangulairesà
les bas-reliefs et deux dents, en
par les mon forme de fer
naies. Dans les de flèche, pla
plus anciens cées à l'extré
monuments, mité des bras,
comme dans la furent, si tou
figure 318 d'a tefois on peut
près un vase ,s, s'en rapporter
où l'on voit un aux types figu
marin levant ou rés dans les
jetant l'ancre, recueils M, un
318. Marin jetant l'ancro. l'extrémité de dernier per
la verge oppo fectionnement
sée aux bras est dépourvue de la barre transversale ou jas, de l'ancre; on
comme on l'appelle aujourd'hui. On ne distingue pas non voit 1 an- pig 32| Ancrc e( cordag(,
plus dans cette peinture les cre représen
anneaux visibles dans une au tée avec ces dents sur la pierre d'une bague chrétienne î!
tre ancre (fig. 319) également (fig. 322).
d'après un vase peint où L'ancre était généralement suspendue à l'avant ou sur le
Hercule est représenté saisis flanc du bâtiment13, comme on le voit
sant cette ancre et s'en faisant sur la colonne Trajane et dans un
une arme pour combattre Cy- bas-relief trouvé à Narbonne * ; mais
zique. L'anneau placé à l'ex- le bas-relief déjà cité du musée du
, , „ trémité supérieure de la verge, Capitole, où l'ancre est figurée sus
ou arganeau, servait, comme pendue à l'aplustre d'un bâtiment, et
on le voit dans un bas-relief romain1* (fig. 320), à passer d'autres témoignages prouvent î3 que Fig. 322. Ancre symbole
le cable qui tenait l'ancre attachée; l'autre anneau, au l'on attachait aussi les ancres à l'ar chrétien.
point de jonction des rière. Comme aujourd'hui, les navires en avaient un plus ou
deux bras, est presque moins grand nombre, suivant leur importance M. La plus
toujours visible aussi solide de toutes, celle sur laquelle se fondait la dernière
dans les monuments. espérance des navigateurs, que nous appellerions l'ancre
Quoique son véritable de miséricorde, portait le nom d'ancre sacrée (tspâ, sacra) -'.
emploi ne soit pas sûre Aussi disait-on, jeter l'ancre sacrée (pâXXstv ayxupav Ispàv),
ment constaté, il est pour exprimer que l'on recourait aux moyens suprêmes.
permis de supposer, L'expression lever l'ancre (aïpsiv xà; à-'xôpç) pour dire
avec M. Jal", qu'il était a s'en aller » avait passé de même dans le langage com
destiné à recevoir l'ex mun. E. Rosc.hach.
trémité de l'orin, cor ANCORALE (2/ot'vta oYxôpsta. — Le cible de l'ancre) '.
Fifr. 320. Ancre et aplustre dage dont l'autre bout, Ce nom était donné aussi bien au gros cordage qui, au
retenu à la surface de moyen d'un anneau placé à l'extrémité de la verge, atta
l'eau par un corps flottant, indiquait aux marins la situa- chait l'ancre au navire, qu'à celui qui devait retenir la
lion précise de l'ancre. Même après que l'addition de la bouée (er/;;jL6ïov c<Yxûoaç) flottant sur l'eau pour indiquer la
barre transversale, ou jas, eut complété l'ancre à deux place où l'ancre était fixée *. Ce dernier passait par un
bras, telle qu'on la voit représentée (fig. 321) d'après autre anneau, qu'on voit presque toujours figuré dans les
un bas-relief de l'arc de triomphe d'Orange 16 , sur de monuments où des ancres sont représentées : il est placé
nombreuses monnaies", sur des pierres gravées, et particu en dehors, à la jonction des deux bras [Voy. les figures au
lièrement sur de nombreux cachets qui paraissent avoir mot ancoiu]. E. S.
servi de symboles à des chrétiens18, ou sculptées sur leurs AXDRAPODA [servi].
» Pau*. I, 4, 5. — m Plin. I. I. — H Slrab. X, p. 303. — 12 D'Hanearrille, Vnscs 370, etc.; Fahrctti, 568, 569. — 20 Bartoli, Mus. Capit. IV, pl. LUI «1 Torrf mima,
f/famUtm, t. II, pl. nit, éd. Taris ; Wt-lcker, Aile Denkmàltr, III, pl. m. — Sicil. num.; Schefler, De re nttv.; Lupi, Op. I. p. Gi. — 21 lUildetli, Op. I. p. !>o3,
" Grriurd, Anhùol. Zeitung, 18S1, pl. nm.- HAliu. Capitol. IV, :it.— Clou), — 23 Virg. .te». III, 277 ; \ I, 902. — Bartoli, Col. Trnj. pl. lxï ; Al. de Laborde.
mmiiq. a re mot. — ifi Cnristie, Afouw/t. d'Onuu/r, pl. ivn. — 17 Monnaie* d'Ios, Atonum. de. la France. I, pl. — 25 Act. Apost. e. wvii. — 2(ï Alh. V, 43 —
Abritas Pacstam, Hatria, Comagènc; d'Alexandre, de Sélennis, d'Antiochus, de « l'oit. 1, 93 ; Lucian. Jup. tiag. 51 ; Plut. Sol. 19, 35;— «1 Pohh. XYXI.ïi.
la gens AHia, Ht: — i« Botlari, fin. e teult. di Borna totterr. III. p. H, ni, 135. AM'OKAI.K. I fil. Liv. XXII, I": XXXVII, 30. —2 pans. Mil, 12 ; Min. Il si.
— i» Lapi, Smrae rpitaph. p. 3t. 1.1(1 et s.; Boldetti, Oxmn. mpm i rimit. 306, nit. XVI, S. 13,
AND — 268 — AND
ANDRAPODÏSMOU GRAPHÈ ('AvSpowreSrfffWÛ rponpii). — distinguer. D'après M. Weber 9, ràv8poÀr,<j/(a n'était permise
On désignait, à Athènes, sous le nom générique de (îvSponco- que chez les peuples qui étaient engagés avec la répu
5«TTai', deux classes de malfaiteurs bien distinctes : 1° ceux blique d'Athènes par des traités internationaux. Meier
qui s'emparaient d'un homme libre, le chargeaient de donne une solution diamétralement opposée : en effet,
chaînes et le vendaient comme esclave ; 2" ceux qui se dit-il, si un traité était intervenu entre Athènes et l'État
rendaient coupables d'un vol d'esclaves. L'action pu étranger, il suffisait de se prévaloir du traité ; sans doute, si
blique dirigée contre l'une et l'autre de ces catégories les magistrats étrangers refusaient d'en tenir compte, ce
d'individus portait le nom de àvSpxTroStfffxoî; YPayi' L'ins refus entraînait l'annulation du traité, et l'àvSpoXii^îa rede
truction de cette action rentrait dans la compétence des venait possible, parce qu'on était replacé sous le droit
Onze [iiendeka] et les deux crimes dont elle poursuivait la commun des peuples avec lesquels aucune convention
répression entraînaient pour les coupables la peine de mort 1 . diplomatique n'avait été faite ,0.
L'àvSpa7io3t(7(jLoç était un des délits pour lesquels il était Que devenaient les trois étrangers saisis par les parents
permis d'employer la procédure extraordinaire de I'apa- de la victime? Il est probable qu'ils étaient traduits devant
gogès. La troisième loi attribuée à l'orateur Lycurgue par les tribunaux d'Athènes ". Pollux présente, en effet,
le pseudo-Plutarque 3, avait pour but, d'après M. Wester- lav3poAY]ij>i'a comme une procédure particulière 1S, et
mann *, de rendre en partie l'àvSpa-o5t(rjjK); impossible et on VElymolof/icum ?nagnum la définit une espèce d'action :
doit la traduire ainsi : « Pour prévenir la vente dos hommes eîSoç ÈY^iVaTOî. Nous ignorons toutefois les particularités
libres comme esclaves, nul ne pourra traiter avec un mar de cette procédure et les peines auxquelles étaient exposés
chand d'esclaves sans se faire représenter un certificat con les défendeurs, innocents du crime pour lequel ils étaient
statant que la personne vendue a déjà servi chez tel maître inquiétés. Pollux nous dit seulement 13 que celui qui avait
nominativement désigné. » [eleutiieroprasiou graphe. 1 eu à tort recours à rivSpoATj'J/ia n'échappait pas à la respon
E. Cailleher, sabilité de son acte; les étrangers injustement enlevés
ANDREIA [sysshta]. pouvaient sans doute lui demander des dommages et
ANDROLEPSIA ('Av3po)a]'}£a). — Quand un citoyen d'A intérêts u.
thènes était mort à l'étranger de mort violente et injuste ', L'institution que nous venons de décrire se rattache
si l'État sur le territoire duquel le meurtre avait été com évidemment aux anciennes idées religieuses des Grecs.
mis laissait le meurtrier impuni et refusait môme de l'ex Il faut, disait la religion, que tout meurtre soit expié;
trader, les parents de la victime étaient autorisés par la autrement la victime poursuivra de ses imprécations les
loi athénienne à s'emparer de trois citoyens appartenant à parents impies qui négligent de la venger. Lorsque l'État
cet État5. L"exercice de ce droit était l'otvopoAYi'j/ia (nommé sur le sol duquel le crime a été commis refuse de pour
quelquefois àvîpoXityiov). suivre ou de livrer le meurtrier, il se rend en quelque sorte
De la définition que nous venons de donner et qui repose complice du meurtre et il faut qu'il en subisse la peine.
sur le commentaire ajouté par Démosthène au texte de la Seulement, comme il ne peut pas être traduit directement
loi il résulte, contrairement à l'affirmation de Pollux \ devant les tribunaux, on l'y fera représenter par un ou
que l'àv3po>,ri'j/îa n'aurait pas été possible dans le cas où un plusieurs de ses membres ,r'. Avec le temps et les pro
meurtrier, après avoir commis un meurtre dans l'Attique, grès du scepticisme, cette poursuite dirigée contre des
aurait cherché un refuge dans un pays étranger. Et cela est innocents dut tomber en désuétude ; cependant Démos
rationnel ; car la loi athénienne permettait au coupable, thène déclare encore que la loi sur l'àvopoAïi'Wa lui paraît
déjà poursuivi devant les tribunaux athéniens, môme une des plus belles et des plus justes lois de la République
après une première défense, d'empôcher le jugement en athénienne. E. Cauxemer.
prenant le chemin de l'exil. N'eût-il pas été vraiment ridi AiNnROMEDA(Av3po;AÉ8a).— Andromède, fille de Céphée,
cule d'accorder au meurtrier le droit de se retirer à l'étran roi d'Ethiopie, et de Cassiopée. Cassiopée avait osé se vanter
ger, et de déclarer ensuite que les parents de la victime de l'emporter sur les Néréides en beauté. Tant d'orgueil
pourraient exiger de l'Etat dans lequel il s'était réfugié, irrita les filles de la mer et Neptune lui-même. Non con
l'application d'une peine ou l'extradition 6? tent de submerger le pays, le dieu envoya un monstre
Le droit d'àvSpoXr^i'a était accordé, quelle que fût la marin pour le ravager. L'oracle d'Ammon consulté ré
nationalité du meurtrier. Était-il admis lorsque la victime pondit que le fléau cesserait si Cassiopée livrait Andro
était un isotèlo, un métèque, ou un esclave athénien? mède, sa fille, au monstre comme une proie. Contraint
M. Weber répond affirmativement6 ; en l'absence de textes par son peuple d'obéir à l'oracle, Céphée fit enchaîner An
précis, il nous paraît prudent de réserver notre jugement. dromède à un rocher. C'est là que Persée l'aperçut : il en
Les seuls parents qui eussent la faculté d'àvSpo^r^i'a devint amoureux et promit, si on la lui donnait pour épouse,
étaient les parents evtô; avî'itdnriToç " . de tuer le monstre : à cette condition l'Ethiopie fut délivrée
L'àv3po>r,'}i'a pouvait-elle avoir lieu indistinctement sur le par lui 1 [PF.RSF.rs].
territoire de tout peuple étranger? La loi citée par Démos Ce mythe était de nature à attirer les artistes: il est plas
thène ne fait aucune distinction, et l'orateur semble admet tique, et, ce qui est assez rare dans la haute antiquité, il est
tre qu'elle s'applique à tous ceux Trap' oïç ov to irâOo; y^vt,- chevaleresque; aussi les monuments qui s'y rattachent sont-
Tat *. Cependant Meicr et M. Weber croient qu'il faut ils assez nombreux. Nous citerons en première ligne un
ANDRAPODÏSMOU GRAPHE. • l.yniax, Contra Agnml. g 67, T), ISS ; Xen. » lb. g Sli, R. 648. — * VIII, 50. — » Meier, Attache Procès», p. 279. — « Or. >«
Memor. I, ï, 8 82 ; Demo«th. C. Philip. I, s 47. R. SI ; Harpoerat. ». p. XvtjaiKÎ-.»n;; : Aristorr., Ienn, 1815. — ^ Dem. C. Mncart. g 57, R. 1068. — « Dora. C. Aristorr.
Rekkcr, Antvdota, I. p. il!» et 394; cf. Plato, Leges, IX, I), 438 et SU, I), 40ti. — g 84, R. 818. — » Or. in Ariitncr. — 10 Meier, Opusr. acnd. II, 1863, p. 189. —
! Isocrat. Antidosis. S 90, 1). SU. — s R. kkf r. fWMcs. 2"éd.. t. lll.p. 4i.— » Jieal- I' Bckker.AiMvrf. (/raeea,ï, 213-214. — «Poil. VIII, 41. — » VIII, 51. — "> Heffler,
Eneyet , IV, p. Iî70. — Ribliocraphir. Pauly's lïenl-Eneyel. 2* éd. t. I, p. pftrî ; Athen. Gfrichfsrrrf. p. 429. — *R Meier, Attisrhc J'rorpts, p. ■iSO.
Wachsmnth, Helteil. Alterthunukunde, Halle, 1846. 1. II, S 104, p. 217 et 220. WDBOMKDA 1 Apnllml. 11. 4. :i ; Rygin. l'ah. 64; Ovicl. Met. IV, 670 et sq. ;
ANDROI.RPSIA. 1 Demofth. C. Ariatner. S 81. R. IHS. — » fh. £ »î. R. 647. — I.neian. fh'nt. mnr. H.
AND — 269 — ANG
bas-relief du musée du Capitole 1 (fig. 323); il rappelle une ANGERONA. — Déesse des Romains, sur laquelle on n'a
épigramme d'Antiphile ' et ces paroles de Lucien * dont le que des indications rares et obscures. On sait qu'elle avait
vif esprit paraît toujours frappé des beautés de l'art : «Per- son image au-dessus de l'autel de Volupia, dans la curia
sée détache les acculeia (ou mieux occuleia), et qu'elle était représentée
tenant un doigt sur sa bouche bandée et scellée '. D'après
fille et lui présente les uns, son nom venait de angere, et ceux-là faisaient d'elle
la main pour l'aider la divinité qui délivre des angoisses et des soucis secrets 5 :
à descendre sur la c'est peut-être pour celte raison qu'elle était placée auprès
pointe de ce rocher d'une déesse qui paraît avoir personnifié le contentement
glissant. » A côté se et la volupté s. D'autres disaient que les Romains lui of
placent trois autres fraient des sacrifices parce qu'elle avait mis fin à une ma
bas-reliefs, en mar ladie contagieuse (angina) dont ils étaient frappés, eux et
bre comme le pre leurs bestiaux *. Angerona, d'après une autre explication,
mier, l'un au musée était le nom caché de Rome, qu'il était interdit de pronon
de Naples 5, le se cer, de peur de le révéler à ses ennemis 5, et c'est ce secret
cond dans une des que commandait par son geste l'image de cette divinité-
cours du palais Mat- Mais ce nom ne fut connu d'aucun des auteurs qui ont parlé
tei"; le troisième a de ce secret : il ne l'a pas été non plus de Macrobe, qui ne
été publié par In- fait qu'indiquer le nom d'Angerona parmi plusieurs autres
ghirami '. On voit sur lesquels on faisait de semblables conjectures.
la même scène re D'autres interprétations se fondent sur l'époque où An
présentée dans un gerona était fêtée et sur le nom de Diva qui lui était aussi
Fig. .123. Andromède Pt Persée. bas-relief en terre donné. Le xn des calendes de janvier (21 décembre), jour
cuite, provenant de des angeronalia est aussi celui des divalia6; cejour-là les pon
la collection Campana, au Louvre 8. tifes sacrifiaient à Angerona. On a fait remarquer, que cetto
D'assez nombreuses peintures d'Herculanum et de Pom- double fête se trouve ainsi placée précisément au momenl
péi , nous montrent la délivrance d'Andromède 9, et dans ce de l'année où les jours ont la plus courte durée et com
nombre il en est deux dans lesquelles l'artiste a donné pour mencent à grandir ; et on y a vu, sous les deux noms, une
témoins à cette scène les nymphes de la mer. D'autres fête du renouvellement de l'année1. D'autre part, la date de
peintures 10 nous montrent une tradition moins connue du cette fête rapproche Angerona des antiques divinités du sol
môme mythe : Andromède et Persée sont assis au bord romain, Saturne, Ops, Acca Larentia, avec lesquelles elle a
d'une fontaine ; la fille de Céphée regarde dans le miroir des peut-être une étroite parenté 8.
eaux la tète de la Gorgone, suspendue à un arbre ou dans Il n'est pas probable qu'aucune des figures antiques dans
la main de Persée. Nous signalerons encore trois peintures lesquelles on a voulu reconnaître Angerona9 la représente
de vases". Deux de ces peintures font partie de la collec en effet. A toutes manque un caractère signalé par les ail
tion Santangelo au musée de Naples 1!. La troisième ap leurs : la bouche bandée et scellée. Le doigt posé sur les
partenait en 1838 à un particulier de cette ville. L'une des lèvres, qui a fait donner ce nom à diverses figures, convient
peintures du musée Santangelo a été publiée par Raoul aussi bien à d'autres divinités et n'est pas suffisamment
Rochelle. Cette peinture est d'une exécution barbare. Ci significatif. Celles de ces figures, nues ou vêtues, qui portent
tons encore une médaille de la ville de Deltum, dans la unemainà la bouche etl'autre, selon les expressions de Cay-
Thrace". Persée délivrant Andromède est un des sujets de lus10, à l'opposé (voy. p. 256, fig. 304, 305), ne peuvent cer
peinture dont Philostrate l'ancien nous a donné la des tainement pas être prises pour l'antique divinité à laquelle
cription1*; mais cette composition s'éloigne singulièrement quelques-uns attribuaient une protection spéciale de Rome.
des bas-reliefs du Capitole et des peintures de Pompéi. Là, E. Saglio.
suivant Philostrate, Persée à bout de force» était couché à ANGERONALIA [angerona].
terre et tout souillé du sang du monstre qu'il avait vaincu. ANGIPORTITS ou ANGIPORTUM. — Ruelle étroite
On voit aussi Andromède enchaînée et son libérateur auprès entre deux rangées de maisons *. Cette ruelle pouvait
d'elle sur des cistes gravées ". Ernest Vinf.t. n'avoir qu'une seule issue, ou conduire, comme une
ANDRON [DOMUSl. impasse, à une seule maison. Le nombre de ces maisons
ANGAR1A [evectiones, cursus publicus]. paraît avoir été très-considérable à Rome *. D. Ramf.f..

* Mus. Cnpit. IV, tab. lu ; S. Bartoli, Atlmïr. rom. ant. tav. wviv; Braun, ANGERONA. 1 Varro, De Umj. Int. VI, 23 ; Plin. Hist. nat. III, S, 9 ; Macrob.
ZirOlf Bns-rel. tirs Pal. Spada, 10. — 3 Brunck, Annlect. I, 11, p. 172, cp. 13. — Soi. 1, 10, 7 ; III, 9, 4 ; Solin. 1, 1. — S Masurius ap Macr. Sot. I, 10, 7. — S ]facr.
* !.. I. — Gerhard et Pannfka, Seap. nul. Bilia. I, p. 129, n. 487 ; cf. Bon- /. /.; Tertull. Ad tint. Il, 11 ; Augustin. Cio. f)ei, IV, 8 et U ; cf. Enniua, Annal. 247;
niicri, fiuide pour le musée Bourbon, p. 196, n. 43. — fi Amaduzzi et Ypnuti, Mon. f'.ie. De fin. I, 1 1 et II, 4. — * Jul. Modcst. ap. Macr. /. /. ; l'est, s. v. Angeronae deae.
Matteinrum, tah. 23 ; S. Bartoli. tav. x\x ; Braun. /. /. vignette (in n° 10. — 7 Mon. — 5 Plin. XXVIII, 2, 4 ; Macr. Sat. III, 9, 4 ; Plut. Qu. rom. 61 ; Scrv. Ad Aeit. II,
f irme, tav. lvi, p. 466. — 8 Campana, Ant. op. in plastica, tav. lvii. — 9 Helbig. 3.11. — 0 Cnl.Mnff. et Pra-n. — 1 Mommscn, Insc. Int. toit. p. 409 : « Ab angerendo,
Wnndgemfîlde, n. 1183-1203; PUt. d'Ercol. t. IV, tav. vu; Mus. Borbon. t. V, iri est, Arô toj «vaçisîiSai tj>v t'/.iiv n ; cf. Huschke, Pas alte rom. Jnhr, Breslau,
tav. mu; t. VI, la*, l ; Braun, /. /. — "> Pilt. d'Ercol. III, tav. xn ; Mus. Borb. 1869, p. Ï54. — 8 Preller, Boni. Mytli. p. 431. — ' l.a Chausse, Mm. rom. I, sect. 2,
II, tav. xxiix. — » Sehulz, Annal. delV Inst. areh. 183S, p. 183, et Bull. del. pl. xxxv; Montfaucon, Ant. expl. Il, 191, 3, 4 ; C.aylus, Bec. de sr. |||, pl. 5■
liât. 1842, p. 57. — 13 Heydemann, Vas. des Mus. v. iïeapel, p. 636 et814; B. Ro- VII, 4, 5, 6 ; Specim. of anc. srufpt. Il, pl. xliii ; Bévue arehèol. III, pl. Li ; cf.
rhette, Monum. inèd. pl. xli. — 13 Dumersan, Cabinet d'Allier de Hauteroehe. Letronne. ffid. IV, p. 130 et suiv. — 10 Bec. dont. III, p. 169. — tl Ibid. II, 79, 3 ;
pl. m. — t* Imag. xxix; cf. Welcker, Ad PMI. p. 384. — U Ann. delï Inst. 1800, Brv. archéal. pl. u, et p. 3X1, 309 ; Gerhard, F.tr. Spiegel. pl. xn, xm.
p. 110; rt Mon. ined. VI, -10. — Biblioorapiiik. K. F. Hermann, Perseus und ANGIPORTL'S. ' Le mot est forme, de nngustns et portus, d'après Varron, Pe
Andromeda, Gotting, 1851; O. Millier, I/andbuch der Arrhâol. g 414, 3; Stark, ling. lut. V, 145 ; cf. Vitr. I, 6 ; Fest. p. I", éd. Millier; rlp., in Dig. Ile signif. sert.
Archfiol. Studicn, p. 96 ; Helbig, Wnndgemiilde der vïrsrhiitteten Stndte Cam- V). — * CatnU. 58, 4 ; Horat. Carm. I, 25, 10 ; Plant. Pseud. IV, 2, 6 ; Ap. Non. III.
pnmens, n. 1183 et suiT. 1 ; Ter. Adelph. IV, 2, 39 ; Cir. De Pin. I. 31 ; P. Mil. i\ : Ad Heren. IV, 51.
ANN — 270 — ANN
ANGITIA.— Déesse des Marses qui habitaient auprès du nourricede Jupiter9. Pourd'iiutrcs (et cette opinion n'est pas
lac Fucin.Desdébrisde constructions subsistant encore dans en désaccord avec les précédentes), elle était la Lune, et les
le petit village de Luco, et ce nom même, dérivé de lucus, évolutions de cet astre seraient une explication naturelle
sont des monuments du culte qu'ils lui rendaient dans des des légendes où elle apparaît tour à tour jeune et vieille.
bois sacrés1. Ils l'invoquaient comme une déesse des guéri- On fait remarquer que son nom répond au grec îvr\ xcù veoi
sons, qui leur indiquait les simples salutaires dont leur pays (la vieille et la nouvelle lune) 10 ; évoç, est la même chose
est riche et dans la connaissance desquels ils se piquaient qu'annus : Anna Perenna serait la déesse des années, à la
d'exceller3: Ce pays abondeaussi en serpents dont ilssavaient quelle on sacrifiait pour en obtenir un grand nombre. Les
conjurer la morsure par l'usage de ces herbes et par leurs sacrifices des ides de Mars étaient publics et privés ".
incantations. C'est peut-être pour celte raison que le nom La tête de femme diadémée qu'on voit à la face des monnaies
de la déesse, qui est Angitia ou Ancitia dans les meilleurs de la famille Annia ,s paraît être l'image d'Anna Perenna,
manuscrits et dans les inscriptions ', a été quelquefois écrit adoptée par allusion à ce nom. E. Saglio.
Anguilla, et que des mythologues modernes en ont fait une ANNALES LEGES. — Lois appelées aussi annariae\
déesse des serpents ; et de là sans doute aussi viennent les qu'on rendit à Rome pour poser une limite à l'ardeur pré
récits anciens qui la confondent avec la Médée grecque *. maturée des jeunes gens qui briguaient les charges pu
Elle a aussi été identifiée avec la Circé de Circeii, dont le bliques. Dans les premiers temps de la république, l'abus
fils aurait été l'auteur de la race des Marses. E. Saglio. ne se lit pas sentir, bien qu'on rencontre déjà des consuls
ANGUILLA [piscatio, flagellum]. et des dictateurs peu avancés en âge !, mais en 340 de
ANGU1S [dbaco, genius]. Rome ou 214 avant J.-C, on voit mentionné un âge légal
ANKYLÈ [kottabos, amentum]. (aetas légitima), pour l'édilité 3.
ANNA PERENNA. — Déesse romaine dont la fête, célé Un premier plébiscite proposé par le tribun L. Villius,
brée aux ides de mars 1 (15 mars), dans le bois qui lui qui en prit le surnom d'Annalis, fut voté à ce sujet en 57 i
était consacré près du Tibre s, paraît avoir été, à Rome, la de Rome, 180 avant J.-C. Cette loi Villia, d'après l'opi
fête du printemps. Le peuple répandu dans le bois, assis nion commune, exigea dix ans de service militaire, et de
sur l'herbe par couples, quelques-uns sous des tentes ou plus, pour la questure, l'âge de 31 ans; pour l'édilité,
sous des cabanes de feuillage, buvait, chantait et dansait, 37 ans ; pour la préture, 40 ans ; pour le consulat ,
en s'abandonnant à une grande liberté. 43 ans *. Une loi Pinaria de M. P. Rusca fut également
Ovide, qui nous a laissé de cette fêle une peinture animée', rendue sur cet objet, mais on n'en connaît point la date
confesse que de son temps on no savait déjà plus qui était exacte5; Rudorff, d'après Pighius, la place par conjecture
Anna Perenna. Les érudits rattachant ce nom à la tradition en 023 de Rome ou 131 ans avant J.-C. Enfin Sylla, en 073
Iroyenne, alors à la mode, en faisaient la sœur de Didon, la de Rome ou 81 avant J.-C, toucha celte matière dans la
reine de Carthage. Après la mort de celle-ci, elle serait venue loi Cornelia de magistratibus ; la loi Julio, municipalis, fixa
en Italie et aurait été favorablement accueillie par Enée ; l'âge nécessaire pour les honneurs municipaux, en 45
mais effrayée par la jalousie de Lavinia elle se serait préci avant J.-C. ou 709 de Rome. La souveraineté du peuple
pitée dans les eaux du Numicius4. C'était là une interpré permettait aux comices de se mettre au-dessus des lois et
tation de récente origine, mais le culte d'Anna, comme du droit commun, dans des cas urgents, soit qu'il s'agîl
nymphe, était ancien à Lavinium auprès du Numicius, d'accorder des dispenses d'âge ou de délai, ou de nommer
aussi bien qu'à Rome auprès du Tibre ; on l'honorait en au consulat un citoyen qui n'aurait pas suivi la filière
mars, précisément au temps où les sources recommencent ordinaire des dignités qui y conduisaient.
à couler et où les cours d'eau se remplissent 5. Mais le système exposé plus haut a été modifié par Nip-
D'après un autre récit, que rapportele même poëte6, Anna perdey 6. Suivant cet auteur, le passage souvent cité de
était une vieille femme deBovillae, qui, lors de la retraite Polybe 7, relatif à la condition du service militaire, a été
des plébéiens sur le mont Sacré, les avait nourris en leur tronqué par un abréviateur et doit être complété, comme
distribuant chaque jour les gâteaux (liba) cuits par elle : on on va le voir, soit à l'aide des faits nombreux qu'il a
lui avait élevé des autels. Dans cette tradition on reconnaît recueillis et analysés, soit à l'aide des prescriptions de
la trace d'un culte rendu à une déesse de la plèbe et à une la loi Julia municipalis 8 pour les magistratures municipa
déesse nourricière. On ajoutait, pour expliquer les chants les, soit à l'aide d'une meilleure interprétation de divers
très-libres que se permettaient les jeunes filles à l'ocasion passages de Cicéron 9. En résumé, la loi Villia annalis ou
de la même fête 7, qu'Anna, prise par Mars pour confidente onnaria aurait établi une alternative : elle fixait d'abord
de l'amour qu'il ressentait pour Minerve, s'était substituée à trenle ans l'âge minimum requis pour briguer une ma
à celle ci, et avait réussi à tromper le dieu. Minerve est ici gistrature, à condition d'avoir fait trois ans de service à
confondue avec la déesse sabine Nerio. cheval (stipendia equeslria) ou six ans à pied (stipendia pe-
On disait encore 8 qu'Anna Perenna était Thémis, la mère destria). Mais, en outre, la loi permettait de briguer les
des Heures; ou bien lo; ou bien encore une Atlantide, charges à la seule condition d'avoir accompli dix ans de
A\'GITIA. 1 Gualtani, Mon. Sab. 59-63 ; Salis, Rcisen durch Neapcl, p. 259, graphie. Prellcr, llowisrhe Mylhtthttjie, p. 305; klauscn, Aeneas und Penatcn :
268, 274 j Fox, Annal, del. Init. 1831, tnv. E,3.— «Plin. Hist. nat.yw, i, 4; XXV, Schwegler, Itôm. (iesehiehte, II, p. 241 ; Mommscn, Inscr. lutin, anlv/vissiinae, I.
2, S ; Virg. Aen. VII, 753 et s. — » Orelli-Henzcn, 1 15, 1*46 ; Mommscn, Insc. Neap. p. 388 ; Huschkc, Das alte r/lmisclw Jahr, Breslau, 1869, p. 43.
5433, 5592, 6012. — 1 Scrv. Ad Aen. VII, 359. — Biiliooeaphie. Klauscn, Aeneas AN.XAI.ES I.KGKS. 1 Arnob. Adv. mit. Il, 07; Paul. Diac. p. 27. — ' Cit.
uud diePenaten, 1840, p. 1039 cl suit.; Frcller, Mm. Mythologie, 2'tfd. 1805, p. 361. Philipp. y, 17, 47 ; Tacit. Annal. XI, 22; Tit. Liv. VU, 26. — ' Tit. LiT. XX V, 2;
ASNA PKRENNA. 1 Cal. Farn. et Val. — s Cal. V«/.,-Mart. IV, 64, 16. — Ovid. Fast. V, 05; Polyb. VI, 19, 4; cf. Pardessus, page 50 de son Mihmàrp sur
:> (iv. Faut. III, 523 cl sq.; Mari. IV, 64, 10. — * Movers Phônis. Il, p. 94. — l'âge; il pense, d'après celte dernière indication, qu'il était nécessaire d'avoir servi
5 Moinmsen, Unterital. Dialekt. p. 248 ; Frellcr, Ilôm.Myth. p. 305. — «Ov. /. (.001. dit ans dans les lésions avant d'obtenir une magistrature. — • Tit. Liv. XL. i l ; l'ic.
— 7 lb. — 8 0>. /. /. 050. — » //,. 653 ; Prellcr, /. (. _ 10 Macr. Sat. I, 12, 6 ; cf. De off. Il, 17, 59. — » Cic. De Orat. II, 05, 20. — G Die annales Leges, Leipi. 1865,
Or. /. /. 531 ; Preller, /. /. — n J. Lyd. //.• mens. ; Momrascn, /«se. ht. ant., et in Abhnndl. d. sâchs. (lesellsch. t. V. — 7 M, 19, t. — 8 Corp. insc. lut. 206, li
p. 388. — " r.olinp, Moiiii, de la rép. mm, p. 16, et pl. u, Annia. cl à 4, — Bruno- gnes so et suiv, — 9 Philip. V, 19; De fege agr. U, 2; Nipperdey, p. 51 et suît.
ANN — 271 —
service à pied ou à cheval (decem stipendia), indépendam tinua d'être considérée comme entière. En pratique,
ment de l'âge de trente ans. Or, on pouvait servir comme on restait en général au-dessus du minimum légal, et
volontaire avant dix-sept ans et même à quinze ans; il on était censé gérer une magistrature en son temps (suo
était donc permis d'arriver alors aux honneurs à vingt-six aimo) m, quand on l'exerçait un biennium après la charge
ou vingt-sept ans. Ajoutons qu'en cette matière une année précédente, et non pas, comme l'ont cru les interprèles,
commencée était réputée accomplie, d'après une inter quand on l'obtenait à l'époque du minimum d'âge exigé
prétation favorable maintenue jusque sous l'empire ,0. En par la loi, minimum qui, d'après les combinaisons les plus
second lieu, la loi Villia exigeait l'intervalle de deux ans favorables et en omettant certains degrés, était de trente-
(biennium) entre deux magistratures différentes ", excepté cinq ans pour la préture et de trente-huit pour le consulat.
pour la censure qui pouvait suivre le consulat lî, et sauf Mais, régulièrement", celui qui parcourait tous les degrés
aussi l'application à ce cas de la maxime annus incoeptus de la carrière après l'intervalle exact de deux ans, pouvait
/>ro pleno habetur Enfin le peuple était le maître d'ac être questeur dans sa trente-unième année, tribun dans
corder des dispenses des conditions légales (dispensatio- sa trente-quatrième, édile dans la trente-septième, pré
solvi Icyibus) lv. D'après cela, pour être admis à la préture, teur dans la quarantième, et consul dans la quarante-troi
le minimum d'âge devait être trente-cinq ans, et pour le sième ; donc Cicéron, consul à cet âge, pouvait se vanter de
consulat trente -huit ans; toutefois l'alternative ouverte la rapidité de sa carrière; si.au contraire, on commençait
par la loi Villia, relativement au service de dix ans, parait dans la trentième année, en abrégeant les délais d'après
avoir été abolie peu de temps après les Gracques. Ainsi on la fiction permise, on pouvait être questeur à trente ans,
ne put devenir légalement que dans sa trentième année, tribun à trente-deux, édile à trente-quatre, préteur à
questeur, tribun ou édile; en observant l'intervalle légal, trente-sept, et consul dans sa quarantième année; un dé
il n'était possible, en passant par la questure, de devenir lai plus court n'aurait pu être obtenu qu'en sautant le tri
tribun ou édile qu'à trente-deux ans. Si l'on avait voulu bunat ou l'édilité, ce qui était permis ss. César fut ques
parcourir la série complète des trois emplois, on n'aurait teur à trente-deux ans, édile à trente-cinq, préteur à
pu être édile que dans sa trente-quatrième année. En effet, trente-huit et consul dans sa quarante-unième année
la série des honneurs (gradus honorum, ordo magistratuum) Il n'y eut pas sous l'empire de leges annales, mais
était la suivante : questure, tribunat, édilité, préture, Auguste régla par une ordonnance Sl les conditions et la
consulat, censure. Mais il importe de placer ici plusieurs série des magistratures. Les lils de familles distinguées
restrictions. Ainsi la censure était en quelque sorte en commençaient leur carrière civile par une des fonctions
dehors de la carrière ordinaire des emplois. La série pré du vigintivirat, comme celles de n vir capitalis, m vir mo-
cédente servait surtout à fixer dans le sénat le rang des netalis, x vir stilitibus judicandis, m vir viarum curandarum s5,
anciens magistrats, sauf qu'il n'y avait aucune différence ainsi que le montrent un grand nombre d'inscriptions
entre les censorii et les consulares. Pour les trois premières latines ou grecques; ou bien ils débutaient au service mi
charges, questure, tribunat, édilité, il n'était point pres litaire comme tribun avec laticlave ou préfet de la cava
crit aux candidats de suivre la séiie; la loi n'exigeait pas lerie î6. Puis venait la questure, qu'il fut permis dès lors
qu'on eût été tribun ou édile pour devenir préteur 15, d'au d'aborder à vingt-cinq ans87 et qui entraînait l'admission
tant mieux que le tribunat était interdit aux patriciens. au sénat". L'intervalle entre deux charges fut réduit à
En général, on ne redescendait pas d'une charge supé une année. On voulait remédier ainsi au manque de can
rieure à une inférieure, à moins d'être obligé par une expul didats pour certaines charges onéreuses m. Auguste exigea
sion du sénat à recommencer sa carrière 16. le premier qu'entre la questure et la préture on gérât soit
En 81 av. J.-C. la loi Cornelia de magislratibus modifia le tribunat, soit l'édilité. Il fixa, pour la préture, le mini
le système précédent en interdisant la préture à celui qui mum d'âge de trente ans30; on ne put être consul avant
n'avait pas été questeur (certus ordo magistratuum). On trente-deux ans. La concession des insignes de ceux qui
maintint la règle de la loi Villia, qui ne permettait pas avaient été préteurs ou consuls (ornamenta praeloria, consu-
d'être consul avant d'avoir été préteur ". D'un autre côté, laria, etc.) par le sénat sur la proposition du prince, n'en
Sylla ferma aux tribuns la carrière des honneurs, jusqu'à traînait pas, suivant A. W. Zumpt31, depuis Tibère et,
l'abolition de cette règle par la loi Aurélia, en 079 de H., suivant Nipperdey, n'avait jamais entraîné l'entrée et le
75 av. J.-C. En négligeant cette rigueur passagère, droit de suffrage au sénat31; car la nomination de séna
voici quel fut le système en vigueur depuis Sylla jusqu'à teur suivait souvent cette concession, et la préture était
la fin de la république 18. Nul ne put obtenir la questure gérée parfois après la collation des ornamenta praetoria 3J.
ou une charge plus élevée avant l'âge de trente ans, ou Bien plus, la concession par le sénat du droit de sententiam
tre trois ans de service à cheval ou six ans à pied. On dut dicere inter consulares, vel praelorios, etc. impliquait bien
laisser entre deux charges diverses un intervalle de deux l'entrée et le suffrage au sénat, dans les rangs d'une certaine
ans", sauf en ce qui concerne la censure; mais pour le classe de sénateurs, et les insignes de ceux-ci, mais elle
calcul de l'âge et des intervalles, l'année commencée con- ne donnait pas, à elle seule, le droit d'obtenir une charge

»ig. L. 4, S fr. llpian. — " Cici Ad din. X, ÎS ; Nippcrdey, p. 24 c s. — 1* Voy. 23 C'est à tort que Momtrjscn, R6>n. Geseft. III, p. 15, prenant un faux point de départ
le* exemples cités par Nipperdey, p. 35. — 13 Jb. p. 31. — K Ib. p. 20 et suiv. — quant aux leges annales, a voulu changer la date de la naissance de César; Nipperdey,
•s Cic. l'ro Pliait. 21 ; Plut. Sylla, 5 ; Nippcrdey, p. 30 et 47. — 1° 1b. p. 37. — p. 4 et suiv. — s» Dio Cas». LU, 20 ; Wulter, Rôm. Dédits Gesch. 1,284. — » l)io Cass.
App. Bell, cm. I, 100, 121 ; Cic. De lege agr. II, 9, 24 ; Lange, R6m. Allerth. III, 1.1V, 26 ; LX, 5 ; Tacit. Annal. 111, 29. — *> Sueton. Tiber. 9 ; Tacit. Agricola, 5 ;
; Nippcrdey, p. 39. — l« Nippcrdey, p. 62 et s. — 19 cic. Ad faut. X, 2j ; De L. Renier. Met. dépig. p. 13, 36 et s.'— «' llio Cass. LU, 20 ; fr. 2 Dig. De minor. IV, 4 -,
uff. Il, 17; llrut.ti.— » Cic. De off.W, 17, 59; De lege agrar. 11,2 ; Bruliu, 94; J. Lips. Excurt. ad Tacit. Annal. 111, 29. — *8 Tell. Pat. Il, 104, 111 ; Dio Cass.
A<< divin. X, 25 ; Pro Mil. 9 ; Ad familiar. X, 25, 2 ; Wex, in Mutin. Mus. 111, LXV1I, Il ; Suct. DomiUO. — » Dio Cass. XL1X, 16; LUI, 3 ; LIV, 26, 30; LVI, S7 ;
y. 276; Schott, De lege Villia, p. 19 et 30 ; Nipperdey, p. 50. — *' On laisse ici de LX, 11 ; Nipperdey, p. 47, 55, 63 ; Wcx, édition d'Agricola, p. 203 et suiv. — 30 Dio
tôle le calcul favorable des délais et l'omission permise de certaines charges ; Cioéron Cass. LU, 20. — 31 In Rhein. Muséum, II, Î67 et s.; Dio, XXXVI, 40; XLIII, 47 ;
considère ces faveurs, comme des exceptions à la règle : Cic. De leg. ngr. 11,2; Phil. XLVI, 41 ; LIV, 10, 19, 22, 32 ; Zumpt, Mon. Ancyr. 1. 6 3* Appcnd. Il à la
V, 17, (8 ; V, 19, 52. — *« Voy. les exemples cités par Nipperde; . p. 39 et suiv. — diss. sur les leges annales, p. 75 et suiv. — 33 Dio Cass. XLVI, 46 ; Spart. Hadr.
ANN — 272 — ANN
supérieure **, conduisant à entrer dans une nouvelle caté pelaient commentarii, et l'on a souvent confondu, à tort,
gorie de sénateurs. Ainsi le titulaire n'était pas autorisé à les commentarii ponlificum avec les annales maximi. Ils
réclamer une province comme les prétoriens ou les con en sont tout à fait distincts. Les commentarii ont précédé
sulaires, et, quand il obtenait ensuite la préture ou le con les annales et leur ont survécu. Il faut également se gar
sulat, il ne pouvait se dire praetor iterum ou consul iterum, der de les confondre avec les libri pontificales ou ponti-
préteur pour la seconde fois. Tous les municipes, auxquels ficii, qui sont des rituels. C'est de ces commentarii ou do
la curie accordait le jus sententiae sont dits adlecti décréta cuments conservés dans les archives [tabclarium], que C.
decurionwn 35 (adlectio). Enlin, dans un sens spécial, de Canuleius se plaignait de ne pas avoir l'accès, l'an 309 de
puis César 36 et sous les empereurs, le prince, en vertu Rome, 445 ans av. J.-C. 7. Par cette exclusion, disait-il, les
d'un pouvoir ajouté à la potestas censoria, put placer au plébéiens ignorent leur propre histoire, que les étrangers
sénat parmi les anciens questeurs, anciens préteurs ou les mêmes connaissent. Une grande partie de ces commentarii
consulaires (inter quaestorios, praetorios vel consulares alle- périt dans l'incendie de Rome, lors de la prise de celle ville
geve ou sullegere ou referre ST, des citoyens qui différent par les Gaulois 8. Plus tard, ce qui en était conservé fut
des sénateurs de la classe indiquée plus haut, en ce qu'ils réuni en forme de livres, ou au moins mis à la disposition
ont droit, après le temps légal, à un emploi supérieur M, du public ; car ces documents sont cités par Cicéron* et
par exemple à une province sénatoriale échue par le sort39. Denys d'Halicarnasse ,0. On voit qu'ils renfermaient des
C'est à tort que Zumpt n'admet pas avant le règne de récits étendus et circonstanciés : on ne peut donc les con
Claude une allectio inter consulares *°. Perlinax plaça les fondre, comme l'a fait M. Leclerc, avec les annales maximi,
allecti inter praetorios après les ex-préteurs M. — Le prince dont la rédaction était, au contraire, brève et sèche.
pouvait aussi faire entrer dans une curie municipale, parw/- On ignore à quelle date le grand pontife exposa pour
lectio, même des mineurs de vingt-cinq ans M. G. Humbert. la première fois devant sa maison l'album, ou la table blan
ANNALES MAXIMI. — Les grandes annales ont été la chie, contenant les faits principaux de l'année précédente.
plus ancienne' forme de l'histoire à Home [libri annales] '. Cela du moins n'avait pas encore eu lieu l'an 310 de Rome,
Parmi ces libri annales, l'un avait un caractère officiel quand C. Canuleius prononça le discours cité ou imaginé
et public : il était rédigé par les soins du grand ponlife, par Tite-Live. L'historien n'eût pas pu lui faire dire que
pontifex maxirnus , et portait, à cause de cela, le nom le peuple romain ignorait son histoire, si cette institution,
d'annales maximi*. destinée à la lui faire connaître, avait alors existé.
Toutes nos connaissances sur la nature et la rédaction Hulleman pense " que l'établissement de l'album fut un
de ce livre reposent sur les deux passages suivants, l'un de subterfuge employé par les patriciens pour se débarrasser
Cicéron, l'autre de Servius, très-diversement interprétés des demandes d'accès aux commentarii, renouvelées sans
par les auteurs modernes qui se sont occupés de l'histoire doute avec instance après Canuleius par d'autres tribuns.
primitive de Rome. En communiquant au peuple une partie des faits consignés
C'est, dit Cicéron3, pour conserver les souvenirs publics dans les archives, on lui faisait prendre patience sur la con
que, depuis les premiers temps de Rome jusqu'au grand servation secrète des autres. On sait que Cn. Flavius, au
pontife P. Mucius Scévola, le grand pontife recueillait tous milieu du v* siècle de Rome, divulgua la connaissance des
les événements de chaque année, et les écrivait sur une Fastes ll. On peut assigner une date voisine à la création de
table blanchie [album] qu'il exposait dans sa maison afin Valbum, qui répond à un besoin analogue de publicité.
que le peuple pût en prendre connaissance. Voilà ce qu'on En tout ceci il n'est pas question du livre appelé annales
nomme encore aujourd'hui les grandes annales. maximi, lu et cité plus tard par Cicéron, Tite-Live et d'au
Servius complète les notions qui précèdent. Les annales tres historiens. C'est qu'en effet il n'existait pas encore. En
se faisaient, dit-il, de celte manière : tous les ans le grand voici une preuve. Un passage de la République, de Cicéron,
pontife écrivait, au haut d'une table blanchie [album], les sur lequel nous reviendrons plus loin, prouve que les
noms des consuls et des autres magistrats; puis il y consi éclipses de soleil étaient mentionnées à leurs dates dans les
gnait tous les événements mémorables au dedans et au de arinales maximi. Or Caton l'Ancien ,s, exposant comment il
hors, sur terre et sur mer, jour par jour*. entend écrire l'histoire, dit qu'il ne veut pas noter quand
Voici, suivant Hulleman, auteur d'un travail approfondi les vivres sont chers, ou quand il y a quelque éclipse, et il
sur la matière, les phases par lesquelles la rédaction ajoute : uquodin tabula apud pontificem maximum est». Si le
de ce que l'on appelle les grandes annales a dû passer s. livre des annales maximi avait alors existé, c'est ce point
Dans les premiers temps de Rome, les pontifes seuls pos de comparaison qu'il eût plutôt choisi. Caton mourut en
sédaient la science nécessaire pour mesurer le temps 605 de Rome, 150 av. J.-C.
et pour confier à l'écriture le souvenir des événements mé L'usage de Valbum cessa, comme nous l'apprend Cicéron
morables. Ils étaient chargés : 1° de dresser le calendrier; dans le premier passage cité, sous le grand pontificat de
2° d'établir la suite historique des années en constituant P. Mucius Scévola. Ici encore une date précise nous man
la liste des magistrats éponymes; 3° de prendre les notes que. Ce personnage était déjà pontifex maxirnus, en G24
historiques relatives à ces deux objets ". Ces notes s'ap- de Rome mais l'abrogation dont il s'agit ne date pas né-
31 Nippcrdev; p. 80 ; Dio, LV, 31 ; LVI, 17, 25, 2C, 28, 3). — »s Henzon, Index, rotilaine, Paris, 1837, sect. m, p. 49; P. Willems, Droit public romain, Louvain,
pi 134; Nipperdc>,p> 82 et suit. — s» Cicer. Pkilipp. V, 17, où N'ipperdey lit : loco U72, 2» édit. p. 215 et suit. ; Bccker-Marquardt, ROm. Alterthtmer, II, 2, p. 20 et
t/uacsiorioîtiil'u'u de praetorio ; Zumpt, Mon. Ancyr. I, fi. — 37 Orelli-lli-nzen, 800, suit.. Lcipc. 1857 ; K. Nipperdry, Die annales I<cges, Leipz. 1S65 ; Aug. Fréd. Scholt,
OOOS. — 38 Id. 2258, 5970, 5317, 5502, 6454, 6748. — 39 U. 1170, 3659, 6401. — Delegc Yiltia, dans ses Opuscula juridica.
W Dio, XLHT, 47 ; LU, 42. — M Capitol. Pertinax, 6. — « Henzen, 7009 ; Dig. L, ANNALES MAXIMI. 1 Cic. De oral. II, 12 : erat historia nihil aliud nisi auua-
'1, 6, 1. — Bibliogiuphie. Rudorff, Jtôm. fléchis f/rschichte, Leipzig, 1837-9, I, lium confectio. — - Mncrob. Sot. III, -1 ; Paul. Diac. s. v. Maximi. — 3 y>t< orat. Il,
§ 32, p. 79 et note 2 ; Waller, Geschichlc des rom. Redits, 3« édit. llonn, 1800, I, 12. — * Ad Aen. I, 373. — S Disjiut. critica de ann. mux. — 6 Hùbner, Iakrbuch.
». 145 ; Wei, in Rhein. Muséum, 1845, p. 276-288 ; Lange, Rôm. AUerthùmer, p. 409. — 7 Tit. Lit. IV, 3. — » Tit. Lit. VI, I. — » Drut. 14, De domo, 53, 136. —
Berlin, 2« édit. I862-«7, 1, p. 599 et s.; U, 214, 610; III, .1SÎ; Hoffmann, ROm. 10 Antiq. rom. VIII, 56. — » Op. I. p. 37. — H Tit. Liv. X, 49. — » Ap. Aul. Cell.
Senatus, Berlin, 1847, p. 172-177 ; Pardessus, Mém. sur l'âge dans la législation II, 2H ; cf. Hulleman, p. 49. — I» Hulleman, p. 41,
— 273 — ANN
cessairement de son entrée dans le sacerdoce. Hulleman que les faits bruts, énoncés dans un style archaïque et sec.
lui assigne l'année 628 **, parceque les jeux séculaires, On ignore à quelle époque fut faite la division de cet
célébrés cette année même, terminaient bien une période ouvrage en quatre-vingts livres, division mentionnée par
historique ; mais les recherches récentes sur la chronologie Servius **. Elle est due peut-être à Verrius Flaccus, et date
encore obscure de ces jeux ne confirment pas l'hypothèse rait, en ce cas, du règne d'Auguste.
de leur célébration en 628. En tout cas la suppression de Aulu-Gelle " cite le xi* livre. Les premier, deuxième,
l'album est, comme on le voit, des premières années du quatrième et sixième sont cités par le faux Aurélius Victor
vu" siècle de Rome. Le motif de cette suppression fut la (de Origine gentis romanae); mais ces dernières mentions
diffusion croissante des connaissances historiques, au moyen n'ont évidemment aucune valeur.
«les livres de Caton, de Licinius Macer, de Claudius Quadri- Reaucoup de critiques ont vu des citations des annales
garius et autres. maximi dans les auteurs, là où ceux-ci disent simplement :
Le mot album est traduit en grec par Upett SéAtoi ,8, ^vaxE; annales, ou commentarii pontificum. Nous avons dit que les
rapi toïç <xp-/ispsûai xei'jxsvot tandis que les commentarii sont commentarii sont tout différents, et annales est le titre com
appelés ypoKpai Upoipavriov 18. mun des anciennes histoires en vers ou en prose. M. E.
Cicéron et Servius nous apprennent comment l'inscrip Hiibner ne croit empruntés aux grandes annales que les cinq
tion des événements intéressants se faisait sur l'album. Il passages suivants : Dion. d'Halicarn. I, 74; Cic. Rep. I,
faut bien entendre les mots per singulos dies (]Our par jour) 16, 25 ; II, 15, 28; A. Gell. Noct. Att. IV, 5 ; Vopisc, Vita
du commentateur de Virgile. Ils signifient non pas que Tacit. init. C. i* la Berge.
l'on écrivait chaque matin le résumé des événements de la ANNONA. — Expression employée chez les Romains
journée précédente, mais que la date précise du jour môme en plusieurs sens différents : l'annone était 1°, d'après
auquel avait eu lieu tel événement, jugé digne de figurer l'étymologio (annus), le produit de la récolte annuelle ;
sur l'album, était inscrite avec la mention de ce jour 2° l'ensemble des moyens de subsistance ou approvision
C'est pour avoir mal compris les mots per singulos dies, nements, particulièrement en céréales ; c'est-à-dire toutes
qu'on a cru que les actadiurna étaient la continuation des les denrées réunies dans les magasins des particuliers ou
grandes annales, dont ils diffèrent considérablement. dans les greniers publics par mesure de prévoyance [cura
Venons enfin au livre appelé annales maximi. Nous avons annonae, iiorreum, trarfectus annonaeI, et spécialement
vu qu'il n'existait pas au temps de Caton, et probablement les blés emmagasinés pour l'approvisionnement de la
il ne fut élaboré qu'après la suppression de Valbum. P. ville de Rome 1 ; 3" un impôt direct en nature, déjà perçu
Mucius, auteur de cette suppression, suggéra l'idée du sous la république dans plusieurs provinces *, notam
livre, dont la rédaction fut confiée aux ponlijices minores, ou ment sous forme de dîme [decuma], et employé prin
scribes du collège des pontifes. Ceux-ci, au moment où cipalement sous l'empire 3 à des distributions ou à l'en
l'histoire se sécularisait, livraient ainsi au public un travail tretien de l'armée (anonariae functiones), indépendamment
où étaient condensés les documents recueillis depuis plu des denrées requises [froientitm emtlm et frumentum
sieurs siècles par le collège, et propre à perpétuer le souve emtum imperatum] ; 4° le prix du blé sur le marché pu
nir de leurs services. blic'; 5° enfin la portion de blé ou de pain distribuée
Hien ne prouve, comme on l'a cru, que les annales ne sous l'empire aux employés et aux militaires 5 , à titre
fussent que la reproduction des tables annuelles recopiées de traitement en nature [annona militaris]. On ne s'oc
bout à bout. Ce travail n'aurait pas été possible; car ces cupera dans cet article que du deuxième sens indiqué
planches encombrantes n'étaient sans doute pas conser plus haut.
vées. Les annales furent rédigées au moyen des commentarii I. Epoque de la république. — La mesure des approvi
accumulés dans les archives : là où les documents faisaient sionnements de la ville de Rome a dû varier en pro
défaut, les rédacteurs puisèrent à d'autres sources, ou bien portion des progrès de l'enceinte et de la population
émirent des conjectures. Par exemple, il est clair que leur de la ville proprement dite. On ne peut à cet égard
récit des premiers temps de Rome n'était point fait à l'aide prendre pour base certaine, comme certains auteurs, les
de pièces originales. En somme, ils paraissent avoir été chiffres du cens indiqués par les historiens; car le cens
assez judicieux dans la critique des traditions qu'ils ac renferme tous les citoyens romains en état de porter
cueillaient : ainsi ils avaient sagement refusé d'admettre les armes, compris dans les classes, et ayant par con
que Numa fût disciple de Pythagore ,0. La première éclipse séquent leur domicile légal à Rome, quelle que fût d'ail
qu'ils mentionnaient était celle de l'an de Rome 350 81 : le leurs leur résidence habituelle [census]. D'autre part, les
souvenir écrit des autres avait péri dans l'incendie de historiens ne nous parlent pas, en général, du nombre
Rome : les pontifes n'avaient pas voulu donner au hasard des femmes, des enfants, des esclaves, des étrangers
la liste et la date des éclipses antérieures. Elles furent plus admis à résider à Rome, ni de ceux qui y vivaient avec
tard calculées par les savants en partant de la première le droit de Mi'NiciriuM sine suffragio, etc. ; il est donc
que mentionnaient les annales, et qui est réelle. Caton " fort difficile de connaître le chiffre de la population réelle
et Cicéron 13 s'accordent à dire qu'il y avait fort peu de de la ville, c'est-à-dire des habitants de Rome, chiffre
détails dans ces annales publiques : elles ne donnaient nécessaire pour en calculer l'approvisionnement à une

Hulleman, p. 18. — 16 Dion. Halic. Anl. rom. I. 73. .— H Ibid. I, 74. — Orelli-Henien, 2172, 750, 6759. — > App. Bell. cit. II, 140; V, 4 ; Cie. Bt Bull. II.
18 llritl. VIII, 56. — 19 E. Hûbner, Inhrbuch, p. 420. — »0 Cie. Bep.U, IS. — «1 Ibid. I, 29; Pro lege Manil. 6 ; Pro Flareo. S ; In Yerr. III, 6, 7. — » Dig. XXVII, 6, 32,
16 ; cf. Hullrman, p. 73-77. — «• A. Gell. Xoct. att. II, 28. — M De orat. II, 12. — g 6 ; Cod. Thcod. XIV, 17, 13 ; XII, 6, 3 ; XI, ! et VII, 4 ; Cod. Justin. X, 16; Walter,
» Son. Ad km. I, 373. — «» Ntet. att. IV, 5. — Bimooupnii. i. V. Leclerc, Geseh. tirs rom. Bechts. n° 408. — * Tit. Liv. II, 34 : « Si annonani velerem vo-
Des journaux chez les Bomains et des Annales des pontifes ; 1. G. Hulleman, lunt . ; ld. IV, 12 « Annonae levntae. ; Orelli-Henien, 5323 ; Suet. Tiber. 34: Di(r.
Ihtpulatio critica de annalibus maximi*. Amsterdam, I8'i.'; ; K. Hûbner, in XLVIII, 12, r; ; Knhn, Ueber die Korneinfùhr. in Bom,«' I35,in Zeilschr.fùrAlterth.
Fteckeisen's lahrbùch. vol. 79, p. 401-423. 1S45. — » Veget. I, 19 ; Amm. Marcell. XVII, 9 ; Procop. Vand. II, 21 ; Hist.
AJCSONA. I Tit. Ut. », 9 ; XXX, 26, 38 ; XXXI, 30 ; Caes. Dell. cie. I, 52 j arran. 23 ; l.amprid. Aler. Sev. 41 ; Cod. Ju>t. XI, 24 ; XII, 38 ; Novell. 130.
I. 35
ANN — 274 — ANN
époque donnée; cependant on indiquera plus loin quelques que 4 sesterces étaient le prix moyen du modius de blé sous
essais tentés pour le fixer. la république romaine *. D'ordinaire le marché de Rome
Les céréales employées à l'alimentation du peuple en gé était suffisamment approvisionné en céréales et en vin
néral, et même des soldats 6 et des esclaves, consistaient par les contrées voisines et assez fertiles du Latium, de
principalement en froment (triticum, far), rarement en orge l'Étrurie, de l'Ombrie, etc. M, malgré l'accroissement de
{hordeum)1 ; c'est au moyen âge seulement qu'on commença la population. Quelquefois on fut obligé d'aller jusqu'en
d'avoir recours au seigle et à l'avoine (avena), qui n'était Sicile.
guère en usage que pou r les chevaux. Ordinairement la farine L'Italie donnait des produits bruts considérables aux m',
de froment était réduite en bouillie (puis ou pulmentum) , iv" et v" siècles de Rome, à raison de la petite culture, pra
nourriture habituelle des premiers Romains ; plus tard on tiquée en majorité par des hommes libres H. Kn 529 de
préférale pain8. La mesure du blé était leMODius, qui con Rome ou 225 av. J.-C, la majeure partie de l'Italie, alliée
tenait, d'après Dureau de la Malle, 8'",671, dont le poids ou sujette de Rome, présentait une population mâle libre
moyen était 6*,I,503. Les procédés de mouture et de panifi et en état de porter les armes, de 750,000 individus de 17 à
cation étant imparfaits, le poids relatif de la farine au blé 60 ans !8. Cette étendue de 15,356,109 hectares contenait,
était dans le rapport de 16 à 20, et le blé ne rendait en pain d'après les évaluations de Dureau de la Malle w, environ
que son poids9. La quantité de blé employée pour la nour 7,437,926 hectares de terres labourables dont 35 p. 100
riture d'un esclave était de 4, 4 1/2 ou 5 modii par mois 10 ; environ demeuraient en jachère : les 4,834,053 hectares
aux soldats on distribuait, suivant Polybe, aussi 4 modii 11 restants, ensemencés de 5 modii de froment par jugerum 30,
ou 34lil,l84. Plus tard on donna 5 modii aux frumentaires produisaient, déduction faite, de la semence de l'année
dans les distributions gratuites, et même aux prisonniers 15 suivante, 1 ,050 livres de blé environ par hectare, et en tout
(43,l,,355 — 32k",516 en poids). Suivant Columelle 1S, un vi 5,080,543,452 livres de blé par an. Or, d'après la consom
gneron recevait trois livres (françaises) de froment par jour mation moyenne des paysans et des citadins italiens, le
et 261 litres de vin par an. Dureau de la Malle " évalue à calcul donne une population totale de 4,978,484 individus
cette époque la livre de pain et le litre de vin à 15 centimes. en Italie, parmi lesquels environ 2,312,677 se composaient
On a quelques données sur le prix moyen du blé en Italie d'esclaves, d'affranchis ou demi-citoyens. Les chiffres four
à certaines époques 15 ; mais il faut tenir compte 16, quand nis par Denys d'Halicarnasse 31 pour la population de Rome
on parle du prix du modius de blé en as, de ce que la va en 278 de Rome ou 476 av. J.-C, époque où le territoire
leur de l'as, primitivement une livre pesant de cuivre {aes romain [ager romanus] était peu étendu comparativement à
grave), fut réduite successivement de 12 onces à 2, 1 et l'enceinte de la cité, permettent d'apprécier aussi la popu
enfin 1/2 once, en 485, 537 et 665 de Rome, ou 269, 217 et lation et la consommation de Rome. Or, il y avait 110,000
89 av. J.-C. [as]. Or, d'après Pline, en 298, en 327 et en 245 citoyens romains mâles de 17 à 60 ans, et le reste, soit
de Rome, on fournit du blé au peuple à 1 as le modius, 330,000, composé de vieillards, femmes, esclaves, étrangers,
c'est-à-dire à un as de douze onces de cuivre, et à 1 as de etc. Dureau de la Malle évalue, d'après les tables de po
2 onces en 501 de Rome. C'étaient des blés que les édiles pulation, les citoyens mâles au-dessous de 17 et au-dessus
faisaient distribuer soit aux frais de l'État, soit à titre de de 60 ans, à 85, 145 ; les femmes libres et citoyennes de tout
largesse (largitio), à un prix inférieur au cours normal; âge à 195,145 ; il reste 49,710 individus pour les esclaves,
quelquefois on visitait les magasins des particuliers et pérégrins et affranchis 3!. La consommation moyenne des
on les forçait de vendre l'excédant de leur provision citadins en blé était d'un peu plus de 2 livres (poids de
En 552 de Rome ou 202 av. J.-C, du blé envoyé d'A marc) par jour, et, par conséquent, pour la population en
frique par Scipion fut distribué moyennant 4 onces de tière de Rome, 880 mille livres de blé, ou pour l'année
cuivre le modius, et l'année suivante pour 2 onces ,8. Po 321,200,000 livres environ. Plus tard, la population de
lybe " indique pour la haute Italie et la Lusitanie des prix Rome augmenta, mais avec Yager romanus, où habitaient
extrêmement bas, dus probablement à la difficulté des un grand nombre des nouveaux citoyens, et les calculs ap
transports; il évalue à 4 oboles le medimnus du blé de Si proximatifs ne peuvent plus s'appuyer pour Rome sur les
cile, soit un peu moins de 2 as le modius m. En Sicile, pays chiffres du cens donnés par les historiens. Aussi les éva
de production, le blé valait, avant l'administration de luations des interprètes modernes relativement à la popu
Verrès, en un temps de libre commerce 5 deniers ou lation de la capitale aux différentes époques sont-elles des
20 sesterces = 15 fr. 53 c. le modius **. Sous l'administra plus divergentes. Juste Lipse 33 l'évalue, sous Auguste, à
tion de Verrès, en 681 de Rome ou 73 av. J.-C, le modius 4 millions; Is. Vossius.. à 14 millions34; Gibbon, pour le
était réduit au prix de 2 ou 3 sesterces **, c'est-à-dire 8 ou ni" siècle de l'ère chrétienne, à 1,200 mille habitants 35 ;
12 as; le prix du blé de dîme (decumanum) était taxé à Dureau de la Malle, pour le IV siècle après J.-C, à
3 sesterces, et celui du blé de réquisition (imperatum) à 502,000 têtes 33 ; mais ses calculs ont été justement criti
4 sesterces, c'est-à-dire 78 centimes. En 818 de Rome qués par C G. Zumpt 37. Bunsen admet, avec celui-ci, une
ou 65 av. J.-C, le taux de 3 sesterces était considéré population de 1,300 mille à 2 millions d'habitants, y com
comme un bas prix *». Dureau de la Malle en conclut pris 650 mille esclaves 38 ; c'est l'opinion qu'adopte Mar-
• Plin. Hist. nat. XVUI, 8, 83 ; Caes., Bell. gall. VII, 17 ; Tacit. Annal. XIV 24 . ct 1 15. - 17 Ce. De o/yîe.U, 17; Tit. Liv. IV, 12. — « Tit. Liv. XXXI, 4, 50.-1» H,
— 1 Sucton. August. 24 ; Polyb. VI, 38 ; Dio Cass. XLIX, 27, 38 j Appian. Ilhjr. 20 ; 15, et XXXIV, 8, 7. — *o Dureau de la Malle, I, 107, 108.— « Il y avait sans doute
Polyaen. VIII, 24, 1 ri ï. — » f.olum. De re rust. II, 11 ; Plin. Hist. nat. XVUI, 16, di.-elte en Italie. — *i Cic. Yerr. III, 214. — " Cic. Verr. III. 81 ; 84, 87, 75. —
141 ; Moreau do Juimès, Slat. des peupl. de t ant. II, p. 433-4S I ; Becker-Marquardt, « Tarit. Annal.W, 39. — « I,p. 1 09. — îs Colurn. Dererust. praer. 1,20 ; Plin. Hist.
Handbuch, III, 2, p. 88 et s. ; Dureau de la Malle, Économ. pol. des Itom. I, p. 279.— nat. XVUI. ( ; Dureau de lu Malle, II, p. 235 et s.; Tit. Ut. VII, 25. — « Dureau
s Plin. Hist. nat. XVIII, 3, 83 ; Juven. XIV, 170 ; Varro, De ling. lat. V, 105 ; Dureau de la Malle, II, 67.79, et 123,215, 218 et s. — « Polyb. II. XXIII, 9. — *»Ec. pol.
de la Malle, I, 110; Plin. Hist. nat. XVUI, 20, 2. — M Calo, De re rust. 56; Seneca, I, p. 281 et s. — s» Varro, De re rust. I, 44, I. — 31 Antiq. rom. IX. — 8! Êcon.
Epist. 80. — il Polyb. VI, 39. — » Sallust. Histor. III, p. 97 1, Cortius. — U De re pal. I, p. 270 et s.— » De mag. rom. 111, 3. — 3* Var. obs. Lond. 1085, p. 32 et s. -
rust. III, 3, S. — 1» Êcon. polit. I, 150.— 15 plin. Hist. nat. XVIII, 4.— 16 Comp. W Hist. de la décad. r. un. Moreau de Jonnès, II, p. 5*5.— » I, p. 403. — 37 Ueber
Dureau de la Malle, I, 107. et I.elronne, Cons.gén. sur les monnaies gr. et rom. p. 18 dm Sland der Bmôl., Rerlin, 1841, p. 01 et s, — « Betrhreihunq noms, 1, p. 184.
ANN — 275 — ANN
quardt *9. Quoi qu'il en soit, les données précédentes per limentation normale de Rome 64. Les dîmes de Sicile, dont
mettent de fixer la quantité des céréales nécessaires à les publicains avaient affermé le recouvrement moyennant
l'alimentation de Rome, eu égard au chiffre que l'on aura la charge de livrer à Rome une quantité fixe de blé en na
adopté pour l'ensemble de sa population. ture, servaient à cet emploi ". On interdit même aux cul
. En temps ordinaire, les négociants en blé [negotiatores] tivateurs de transporter les produits de Sicile ailleurs qu'en
suffisaient à l'approvisionnement du marché de Rome; Italie, sans autorisation du sénat66. Cicéron rapporte que
Cicéron 40 distingue le commeatus publicus et le commeatus de son temps la Sicile expédia à Rome pour le compte de
privalus ; mais, au cas de disette causée soit par l'inter l'État 6,800,000 modii en blé de dîme ou de réquisition 57 ;
ruption des communications en temps de guerre M, soit par il est probable que la Sardaigne en fournit presque au
les phénomènes naturels, le sénat ou les consuls et les tant M. Les agriculteurs italiens durent se réduire au pâtu
édiles surtout intervenaient pour procurer du blé à rage59, à la culture potagère et à celle de la vigne et des
prix réduit au moyen d'importations [cura annonae] a. oliviers, protégés par des prohibitions spéciales 60. La pro
Les fausses idées économiques, si longtemps admises, vince d'Afrique, après la chute deCarthage, contribua aussi
sur la nécessité de l'inlervention de l'État dans la fixation à l'approvisionnement de Rome. Tous ces blés transportés
du prix des denrées de première nécessité, permettaient à Pouzzoles (Puteoli), où les particuliers louaient fort cher
môme de peser sur les particuliers 44 pour les forcer à des greniers (granaria)*1, étaient conduits à Ostie, livrés
vendre ou d'établir un maximum par voie d'édit ** ; les au questeur et transportés à Rome par des navires de trans
édiles prononçaient des amendes contre les spéculateurs port (naves caudicariae)", de la corporation des bateliers du
pour accaparement, et contre les auteurs de toute espùce Tibre [caudicarii]. Ces blés, avant les lois frumentaires,
de manœuvre ou coalition tendant à surélever le prix étaient vendus au prix de revient par les édiles, de façon à
des denrées, sans trop distinguer entre la coalition des dé maintenir un taux modéré sur le marché; l'État ne faisait
tenteurs et les spéculations moins blâmables (annona com de sacrifices qu'en cas de disette63; mais, sous l'empire de
pressa, dardanariatus]. 11 dut y avoir de très bonne heure la loi frumentaire de C. Gracchus, qui fit établir à cet effet
des greniers publics [horrea publica) établis à Rome et à Ostie des greniers publics (horrea Semproniana). le blé fut livré à
pour y emmagasiner les grains achetés par les édiles ou 6 as 1/3 le modius (senos aeris et trientes) à quiconque se pré
par les curatores et annonaepraefecti,en vue d'une disette ou sentait, c'est à-dire à un prix un peu supérieur à la moitié du
de l'éventualité d'un siège; dès 487 de Rome ou2U7 av. J.-C. , cours du marché, qui était entre trois et quatre as; quatre as
un questeur établi à Ostie veillait au transport des céréales = 12 sesterces ou 78 c. On distribuait par mois un certain
à Rome 46. Mais cette mesure se généralisa sans doute nombre de modii, qui fut réduit à 5 par la loi Octavia 65, pour
après la conquête des provinces, quand l'agriculture dépé chaque impétrant citoyen romain domicilié à Rome66. Ces
rit en Italie "avec la classe des hommes libres48, par l'effet distributions furent organisées par un sénatus-consulte en
des guerres civiles ou étrangères, et de la concurrence des 892 de Rome ou 62 av. J.-C, puis par la loi Cassia Terentia
blés de Sicile, de Sardaigne ou d'Afrique, qui amena en (681 de Rome ou 73 av. J.-C.) 67, et le soin (cura frumenti
Italie une transformation de la culture et la concentration populo dividetidi) confié à divers magistrats, remplacés au
de la propriété [latifundia]. Sous la république, les édiles temps de César par les aediles cerealesK. La loi Clodia de 696
distribuaient déjà du pain aux indigents près du temple de de Rome ou 58 av. J.-C. rendit la distribution gratuite6*,
Gérés 4". Les distributions de blé à prix réduit *°, devenues mais au profit des citoyens indigents seulement, d'après l'o
régulières depuis la loi de C. Gracchus, en 631 de Rome ou pinion la plus commune 70. Pompée fixa le chiffre des acci-
123 av. J.-G. [frumentariae lecesJ, et rendues gratuites au pienies et dépensa 40 millions de sesterces en 50 av. J.-C.
profit de la plebs urbana depuis la loi Clodia, en 096 de Rome Jules César réduisit le nombre des participants aux frumen-
ou 58 av. J.-C. furent d'abord une suite et plus tard une tationes du chiffre énorme de 320 mille à 150 mille71, par
cause notablement aggravante de cette décadence de la des dispositions dont on trouve quelques restes accessoires
production des céréales en Italie. La population indigente dans la table d'Héraclée,ou lex JuUamuniciptilis, rendue en
de Rome s'accroissait sans cesse par l'espoir d'y vivre sans 709 de Rome ou 45 av. J.-C. 7I. Mais ce chiffre accru par la
travail "; en 650 de Rome ou 104 av. J.-C., le tribun Marcius fraude fut ramené, comme on le verra, à 200 mille sous
Philippus le constatait avec exagération, en disant qu'il Auguste 79. On doit rappeler d'ailleurs que la liste conte
n'existait pas dans la cité deux mille hommes qui eussent nait des impubères et même des enfants de trois ou quatre
un patrimoine M. Les blés de Sicile et de Sardaigne furent ans 74, et non l'ensemble des citoyens romains, comme
affectés non-seulement à l'entretien des troupes, mais à l'a- le donnent à entendre Plutarque 75 et même Appien '*.
«III, 1, p. lOOetsuiv.— ^ Pro lege Manil. 17; etTit. Liv. Il, 11. — u'uionys. VU, Verr. 11, 2, b ; Tit. Liv. XXUI, 41 ; XXVI, 40 ; XXVII, 8 ; Kuhn, Op. I. p. 976.—
I, 5; Tit Lït.U, 9, 34. — « TU. Liv. XXVI, 4 et SO ; XXX, 26 ; XXXIII, 42 ; Polyb. «Cic. Verr. III, 16, 18, 36, 43, 49, 55. — " Polyb. XXVIII, 2; Nasse, ileletemata
VU, 27 ; Non. Marc. ». l>. Pandore. — « Plin. Bist. nat. XV, 1 ; XVIII, 3 ; Tit. Liv. de pub. cura ann. p. 4 et s. — H Cic. Verr. III, 70. — !>* Nasse, Op. I. p. 5. —
XXXI, 38 ; Kuhn, Ueber die Korneinfûhrung in liom, in Zeitschrift,[ùr Alterthums- — 5» Plin. Bist. nat. XVIII, 5, 30 ; Dureau de la Malle, II, p. 68 et s. — » Cic.
wùsenschnft, 1845, p. 993, 1073 et s.; E. Labatut, L'alim. pub. ches les Homains, De rep. 111, 9. — 61 Cic. De finib. Il, 26, 84, et Madwig, Ad h. I. — M Varro,
éd. p. 18, 36 et s. — ** Tit. Lin. IV, 12. — M Plin. But. nat. XVIII, 4 ; Lamprid. t. II, p. 246 Bipont. ; Senec. De brev. vitae, 13. — W Marquardt, III, 2, p. 92,
Commod. 14; Tit. Liv. X, 11; XXX, 26 ; XXXI, 4, 50; XXXIII, 42 ; XXXVUL, 35; note 39. — 6» Schol. Bobb. p. 300 Orelli et 303 ; il faut donc corriger dapre*
Plaut. Budens, Il, 3, 42 ; Walter, Gesch. des rôm. Bechts, no 208. — *6 Tit. Liv. IV, Monuuscn, Ilùm. Tribus, p. 179, la leçon de Cicéron, Pro Scxlio, 25, et de Tite Live,
12, 13 ; Cic. Pro Sexto, 17 ; De /uiiusp. resp. 2. — *7 Colum. De re rrnt. I, 3, Epit. 60. — es cic. De off. Il, 21 ; Brut. 62 ; Licinianus, p. 23 ; Orelli, Index
10 ;Varro, Z)ere nul, 1, 2, 9 ; Suct. Aug. 42 ; Tacit. Annal. III, 53, 54 ; Dureau de la leg. s. v. Octavia. — 6» App. Bell. civ. Il, 20 ; Dionys. IV, 24. — «1 Cic. In Verr.
Malle, H, 53, 54, 134. 216, 218 cl s., 230, 233.— *« Sallust. Jugurth. U;Derep. ord. 111, 70 ; V, 21. — «» Hirschfcld, Annona; in Philologm, t. XXX, p. là
II, 5; Tit. Liv. VI, 12 ; Plin. But. nat. XV11I, 7; Walter, Gesch. n°252. — *»Varro et surtout p. 40, 41. — e» Mais voy. Mommscn, Iibm. Tribut a 181-200. — ™ Wal
ap. Non. Mareell. I, 20». — »0 App. Bel. civ. I, 21 ; Plut. C. Gracch.ù; Cic. ter, Gesch. 295; Rudorff, Gesch. I, g 18, p. 45; Marquardt, 111, 2, 103 ; Momm
Tuscul. III, 20 ; Pro Sexl. 48 ; Tell. Patere. II, 6 ; W alter, Op. I. n° 294 ; Bar- scn, Gesch. IV, 3, et V, 9 ; Hirschfeld, /. /. p. 6 à 8. — 1' Suct. Jul. Caes. 41 ;
'luardt, Hnndbvch. III, 2, 88.— »l Dio Cass. XXXVIII, 13 ; Cic. Pro Sext. 25 ; Schol. Dio Cass. XLIII, 21. — 7« Lin. 1 à 19; Uaubold, Monum. légal, p. 99. — " Suet.
Bobb. p. 300 Orelli ; Ascon. In Pis. p. 9 Orelli ; Walter, /. I. 293 ; Lange, Rùm. Alt. Il, Octae. 40 ; Dio Cass. LV, 10 ; Monum. Ancyr, tab. III. a laeva lin. 20. — ™ Suet.
Sli : III, 32 et s. — »» Marquardt, /. I. III, 1, 322 et s. ; III, 2, p. 90 ; App. Bell. eie. Oet. il ; Orelli-Henien, Inscr. 3338, 3339, 66il3. — 75 Jul. Caes. 55. — 7« Hell.
Il, 120 -, Dionys. IV, 24 ; Dio Cass. XXXIX, 24. — 3» Cic. De nffîc. 11, 21. — " Cic. ni: II, 102.
ANN 276 — ANN
Toutefois Hirschfeld, un des savants qui ont traité le plus butions de pain ; le tout était indépendant des largesses
récemment de Vannona, pense que tous les citoyens do extraordinaires consistant en augmentation de la ration,
miciliés pouvaient se faire inscrire sur les listes, d'après ou en distributions supplémentaires 98 de blé, d'huile, de
un tirage au sort (sortilio) opéré par les préteurs77; mais vin, etc. [coNGiARiuM,LARGrnoNEs],au gré de la munificence
qu'en fait on n'y inscrivait que ceux dont le cens était impériale. En l'an 5 av. J.-C, les participants étaient re
inférieur à 400,000 sesterces 78. montés au chiffre de 320 mille, qui fut ramené en l'an 2
L'ensemble des participants portait le nom de plèbe de à 200 mille, après un nouveau recensement 97, et ce maxi
la ville (plebs^urbana) " ; on les nommait aussi ueneatores, mum paraît s'être maintenu au moins jusqu'au règne de
à cause des tables de bronze où ils étaient inscrits 80. En Septime Sévère 9S. Nous croyons, avec la majorité des in
22 av. J.-C, Auguste confia la surveillance de celte admi terprètes, tels que Dirksen Rein 100 et Walter 101 , que
nistration à deux, et plus tard à quatre curateurs ou les pauvres seuls furent admis à s'inscrire, bien que
praefecti frnmenti dandi 81 , jusqu'à ce que, à la fin de son rè cette opinion soit combattue par Mommsen, Marquardt
gne, il eût créé la préfecture de l'annonc, qui. comprit à et Hirschfeld; ceux-ci admettent toutefois qu'en fait les
la fois la cura annonae et la cura frumenti u. Le praefectus indigents seuls réclamaient. Du reste, la quantité distri
annonae eut sous ses ordres des centunones annonae et des buée était loin de suffire à l'ensemble de la population,
/jrocuratores annonae, dans les provinces frumentaires, et la que Marquardt 101 tixe ainsi en l'an 5 av. J.-C, d'après le
surveillance des greniers ou magasins publics •*. Le système chiffre des 320 mille recipienles :
de gratuité inauguré par la loi Clodia entraînait pour le trésor
des pertes considérables. Cicéron les évalue au cinquième Citoyens romains mâles domiciliés, y compris
des vectigalia ou revenus indirects du trésor public sk, par les enfants 320,000
Population féminine libre 320,000
suite de la suppression du prix de 6 as 1/3 payés jadis par Sénateurs et chevaliers 10,000
5 modii distribués aux citoyens. Dureau de la Malle 8S a Garnison 20,000
tiré de là diverses conclusions sur le budget général de Esclaves des deux sexes 96n,(i0!)
Rome, mais elles sont écartées avec raison par Walter ?8. Tout 1,630,000
en effet, Dureau de la Malle a pris pour base du prix du
modius, dont il fut fait remise, 5/6 d'as au lieu de 6 as 1/3, D'après le nombre des maisons 10\ l'auteur arrive, avec
d'après la leçon plus correcte établie par Mommsen 87, seni Gibbon, à un chiffre de 1,200 à 1,600 mille habitants. Or
et trientes. Plutarque évalue la perte à 1,250 talents, en 5 modii de blé par mois, distribués aux 320 mille, et plus
viron 7 millions de francs. Suivant Marquardt 8S, on peut tard aux 200 mille participants, ne pouvaient évidemment
évaluer comme il suit les dépenses occasionnées par les suffire à la consommation totale de la population, et même
distributions aux diverses époques des lois frumentaires : du nombre des privilégiés. Car 5 modii ou 66 livres 1/2 de
En 73 av. J.-G. d'après la loi Terentia Cassia, 10 millions blé = 32 kilogr. 715, d'après Dureau de la Malle, ou 43 li
de sesterces ; en 62 av. J.-C. d'après un sénatus-con- tres 355 par mois suffisaient à peine à la nourriture d'un
sulte 8S, 30 millions; en 56 av. J.-C, d'après un édit de plébéien, d'un prisonnier "* ou d'un esclave, à cause de
Pompée 90, 40 millions ; en 46, avant l'édit de J. César, l'imperfection de la mouture, qui amenait une perte assez
57 millions 600,000 sesterces, au prix de 3 sesterces le mo considérable, et rendait la farine chère relativement au
dius. Or à cette époque, 10 seslerces valaient, d'après Du cours des grains105. Les riches tiraient de leurs possessions
reau de la Malle **, 27f,95 ou environ 28 francs; ainsi le le blé nécessaire à leur consommation 106 ; les gens de la
chiffre de la dépense des distributions en 46 av. J.-C. peut classe moyenne, mais non possesseurs de terres à blé, ache
être évalué à 16 millions 128 mille francs. Cette évaluation taient des céréales au marché 107. Celui-ci était approvi
prouve aussi l'accroissement énorme de la population indi sionné en partie 108 au moyen de l'impôt en nature des
gente par suite de cette espèce de taxe des pauvres 95 et des provinces frumentaires (annona ou canon frumentarius),
affranchissements frauduleux opérés pour y participer 93. qui n'était pas employé sur place, et dont le produit excé
C'est ce qui amena Jules César à faire en l'an 46 le recense dait notablement le chiffre exigé pour la distribution ordi
ment par quartiers (vicatim) de la population de la ville, naire à la plèbe m. Ainsi l'Egypte, sous Auguste uo, devait
et la réduction à 150 mille du nombre des percipientes **. transporter à Rome par an 20 millions de modii de fro
II. Époque de l'empire. — Pendant cette période l'ap ment, ou 270 millions de livres, qui suffisaient pour la
provisionnement de Home demeura soumis en principe consommation de toute la ville pendant quatre mois '". 11
aux règles précédentes. Le commerce libre en faisait le résulte de là que la consommation totale exigeait 60 mil
fond, mais les distributions frumentaires gratuites 95 à la lions de modii, lesquels, à 60 modii par tête, supposent au
plèbe urbaine continuèrent régulièrement jusqu'au règne moins un million d'habitants ,l4. Le tribut de l'Egypte dé
d'Aurélien, en 270, où elles furent transformées en distri- passait de beaucoup les 12 millions nécessaires à la dis-
" Sue», tacs. 41. — "8 Hirscbl'eld, Op. I. p.6 et suiï. ; 90, 9j.— "9 Orelli-UeiW'ii, ras, X, 10. —95 Nasse, Meletemata, p. 25 : Marquardt, Handb. III, 2, p. 103; .Moni-
p. 124, n. 1172. — 80 Sencc. De benef. IV, 28 ; Orelli-Henien, 6002. — 81 Dio Cass. mscu, llùm. Trib., p. 186, admet une légère rétribution, sauf pour certaines cai^
UV, 1, 17; LXXV1II, 22; Suet. Octav. 37; Frontin. De aquaed. 100; Mommsen, gratuites. — M Voy. par exemple, Pliu. l'arng. 20; Dio Cass. LUI, 22; LV, 26.
Prarfecti frum.dand. in Hermès, t. IV, 364-369. — m Tac. Annal. I, 7 ; XI, 31 ; Dio — 97 Maman. Ancyr. tab. III ; Marquardt, l. I. 111, 2, p. 97 ; Dio Cass. LV, 10 ;
l'.ass. LU, 24, 33 ; Senec. De brev. vit. 18, 19 ; Dig. IIV, I, fr. 1, § 18; XIV, 5, Suet., Octav. 10. — 98 Dio Cass. LXVI, 1. — 9(1 Civititische Abhandl. II, p. 17s
S ; XLVIII, 2, 13. — 83 Orelli-IIemcu, 3655, 6320, 6521, 6523 ; Walter, n» 293. — ets. — 100 In Pauly's Realencycl. IV,778.— Gesch. n» 295. — '»* 111, ï, p. loi.
s* C.ic. Pro Sext. ï:,, 55. — 85 n, p. 401 et s. — 88 Gesch. u» 294, noie 26. Il lui — 103 Mommsen, Ueber den Chronog. vont fahre 354, in Berichte der tâek».
reproche d'avoir mal interprété les textes, probablement celui Je Dion Cassius, LV, Uesellsch. 1850, p. 602 et s. ; Preller, Die Jtegionen '1er Stadt Jtom, Iena, 1846, p. 30,
13. — 8" Schol. Bobb., In Sext. 15, 48, p. 300, 303 ; cf. Plut. Cato M.Î6; 86 et s. — 10* Sen. Epist. 80, in line ; Sallust. Jlist. frag. III, 10, p. 77, éd.
Caes. 8. — M III, 2, p. 94 et s. — 89 p]at. Cat. Min. 25; Caes.» ; lieip. gerend. Haverc ; De la Malle, 1, p. 274. — 105 pliu. Hist. nat. XVIII, 20, 2 ; De la Malle, I,
prm'r 21, éd. Heisk. vol. IX, p. 258. — *> Cic. Ad Quintum frat. II, 5. — p. 281. — 10« Senec. Epist. «1. —107 Tac. Ami. H, 87 ; XV, 39; Uist. IV, 38.
91 Écun. polit. I, p. \M. — 9i Sallust. Catilina, 37 ; Varro, De re rust. 11, initio; — 108 Kuhu, Op. I. n« 135 et sui\. — 109 lbi>. p. 1005 et suiv. — «0 Aurel.
Vpp. Dell. ci». Il, 120. — 93 Dionys. IV, 24. — 9k lit. Lit. Epit. l'.XV ; Suet. Vict. Ep. 1. — m Joseph. Bell. jud. Il, 16, 4. — "! Marquardt, Handlmch, III,
Caes. Il ; Dio Cass. XLUI, 21 ; Plut. Caes. 55 ; App. Bell. cii>. Il, 102 ; Zona- note 99.
ANN — 277 — ANN
tribulion de l'annone aux 200 mille frumentaires. La Sicile, de dépérir en Italie et dans plusieurs provinces avec la
l'Afrique, etc., donnaient également un appoint considé petite propriété, et la subsistance du peuple romain dé
rable ; ces produits, réunis à celui de l'Egypte, devaient pendit de plus en plus de la flotte et des provinces trans •
excéder les 60 millions nécessaires pour l'année. Le sur marines ISS. Depuis le règne d'Aurélien, vers 270, les distri
plus fut ensuite placé dans des magasins de réserve par les butions, au lieu de se faire en blé, consistèrent en pain de
ordres des empereurs prévoyants [cura annonae.horreum]. première qualité 1W ; il substitua à 3 livres romaines ou
Septime Sévère laissa disponible à sa mort le contingent 2 livres françaises de blé par jour, 2 livres romaines de pain
frumentaire de sept années 113 [canon frumentarius], cal de fine fleur de farine pour chaque participant..
culé d'après les bases suivantes : 75 mille modii par jour, III. Epoque du bas-empire. — L'approvisionnement de
soit \ ,012,500 livres de blé par jour, ou 27,375,000 modii Rome et de Constantinople fut assuré au moyen d'un con
à dépenser par an. Or, comme les frumentaires n'en pre tingent imposé à certaines provinces productives [canon
naient que pour 200 mille personnes il restait de quoi frumentarius] ; Rome tirait le sien de l'Afrique, et Con
fournir à 450 mille personnes de plus ; on vendait donc ce stantinople de l'Egypte l30. La corporation des navicu-
surplus à bas prix pour le compte de l'État, afin de peser larii était chargée du transport jusqu'aux bouches du Tibre.
sur les cours 115 ; c'était encore une largitio de l'Etat, et Nous renvoyons, pour plus de détails, aux articles annona
peut-être vendait-on alors une de ces cartes payées {tes- civica,praefectusannonae, canon frumentarius, cura an-
serae frumentariaé) donnant droit à tirer des magasins régu nonnae arca frumentaria. Une partie de ce produit en
lièrement une certaine quantité de blé 116. Par la limita blé était employée à vendre du pain de deuxième qualité à
tion à 12 millions de modii, de la quantité de la distribution prix réduit W1, une autre portion à des distributions gra
normale aux frumentaires, on avait eu en vue de ménager tuites de pain m, partis gradilis, dont le mode et la quotité
le commerce libre et les intérêts de l'agriculture in. varièrent 13S. A Constantinople, la surveillance du nombreux
Néanmoins, en cas de disette, l'empereur accroissait la personnel de l'annone appartenait directement au préfet
ration à titre de largesse [congiaria] "8, ou même, par pure de la ville m [praefectus urbi]. La réglementation exces
politique, on ouvrait les greniers de réserve, sans pouvoir sive établie sous l'empire et l'organisation officielle des
quelquefois ramener un prix modéré sur le marché, no corporations durent laisser peu de place au commerce
tamment quand il y avait eu mauvaise récolte en libre pour l'approvisionnement de Rome. Parfois les exi
Egypte ,I8. C'est ainsi que le prix du blé devint fort élevé gences des commerçants romains faisaient bannir pen
à plusieurs reprises sous Auguste li0, par exemple en 759 de dant quelque temps les marchands étrangers, et notam
Rome. La cherté fut grande pendant presque toute la ment dos gens qu'on était obligé de rappeler ensuite
durée du règne de Tibère.En772de Rome ou 19 après J.-G., (pantapolae) 135. Cependant les provinces productrices et
il dut fixer un maximum pour le prix du blé vendu au surtout l'Afrique étaient épuisées, comme le prouvent
peuple et paya aux marchands une soulte de 2 sesterces leurs plaintes et les nombreuses remises d'impôts qu'on
par modius, ou environ 55 centimes 1". 11 est assez proba dut leur accorder **•. En résumé, le régime économique
ble que ce maximum fut de 3 sesterces. Sous Claude, il y de l'annone, sans préserver les Romains de la famine,
eut encore une disette ***. Sous Néron, après l'incendie de attira à Rome et plus tard à Constantinople la lie de
Rome, en 818 de Rome ou 65 de J.-C, on put abaisser le la population de la banlieue et de la province 137, qu'il
prix du blé jusqu'à 3 sesterces m. Au temps de Pline fallut en chasser ensuite 1M ; il employait le travail des
l'Ancien m, qui vécut dans les années comprises entre Claude cultivateurs honnêtes à nourrir une populace oisive ; il
et Titus, le modius de froment produisait 1 /2 modius de forçait de recruter par la contrainte les corporations de
farine, et en fleur 5 sestarius. Le modius de farine valait mariniers 139 et de boulangers de la capitale 140 ; enfin il
40 as= 10 sesterces ou 2', 49; le prix d'un modius de farine ruinait le commerce libre, et propageait l'institution de
blutée 48 as = 12 sesterces ou 2 ',99; le modius de lleur Yannona ciuica dans les grandes villes comme Alexandrie,
de farine valait le double, 96 as — 24 sesterces ou or,98. Carthage, etc. M. Ce système de l'intervention régulière de
Pour prévenir les famines, Trajan et ses successeurs cher l'État pour nourrir le peuple des cités ne fit qu'étendre
chèrent à assurer l'approvisionnement de Rome pour sept le paupérisme à Rome, comme à Constantinople
ans à l'avance 1,s, au moyen de greniers de réserve d'une [mendici] ; il accrut la misère des colons égyptiens {Iwmu-
part, et d'autre part, de privilèges ou d'immunités con logi) ll3, et autres agriculteurs (agricolae), qui abandon
cédées aux marchands et à l'industrie du transport par naient leurs terres (agri deserti) M pour se soustraire à
mer [negotiatores, navicularii] "6. la charge des impôts ou aux exactions des agents chargés
Durant cette période de l'empire, l'agriculture continua d'en recouvrer le produit [annonariae species]. Tel fut

"» Sparlian. Scter. 23; Schol. Ad Luean. 1,319, vol. III, p. 53 Wcber : Uirschfeld, Annonu, p. 20, 21. — l*> Amm. Mare. XXV11I, 1, 17; Gothofr. ad
Hoina volcbat ornai die LXXX millia modioruni annonac. — 114 Dio Casa. r. 7 Cod. Tlieud. De navicul. XIII, 5; Orelli-Henieu, 3200, 3489, 3574, 3651, 5592,
LXXV1, 1. — H3 Parfois l'Etat le fixa lui-même: Lampritl. L'nmmod. 11; Kuhn, (i!7U et s. 6522, 6920, 6928, 7195; — 131 i. Lydus, De mag. UI, 7 ; c. 1 Cod. Th.
Op. I. p. 1071 ; Marquardt, III, 2, p. 101. — 116 Dio Cass. LV, 26 ; Suct. Octav. il, XIV, 5; c. 1 C. Th. XIV, 19. — C. 5 C. Th. XIV, 17, De annona civica, et
12; Juten. VII, 4; Orclii, II, 33BU. — «1 Mo Cass. LV, 26; Suet. Octao. 42. Gothof. Ad A. /. - ts»i. Ljdus, J. /. 111, 38 ; Walter, fiescA. n"3S2. — 13* Serrignv,
— I" Dio Cass. LUI, 2 ; LV, 26; Tac. Ami. I, 7. — "« Plin. Paney. 30, 31. Droit pub. rom. 1, n"» 544 et s. p. 286. — 135 \0v. Valent. III, tit. V, De pantapoi
— t» Vcll. Paterc. H, 94 ; Suet. Octav. 42 ; Dio Cass. LV, 26. En France, le pr. S 1 ; Kuhn, Stât/t. Verfassung, I, 3, p. 8u. — 13» C. Th. XI, 28, De indulg.
prit du blé de 1815 à 1830 a été en moyenne de 21 fr. 10 c. l'hectolitre ; le débit, c. 1, 2, 5, 6 ; Sérriguy, Droit public rom. 1, p. 260 et p. 298. — 137 Suct.
rapport de l'argent au blé a été de 708 à 1, Durcau de la Malle, 1, p. 105. — Aug. 42 ; Dio, LV, 26. — 138 Justin. Novell. 4, 5, 13, 14, 80; L;dus, De mai/. 11,
Tac. Ara. II, S" ; IV, 6 ; VI, 13. — '« Suet. Claud. 18. — 1*> Tacit. Annal. 29, 30 ; Procop. Hist. arc. 20. — 13» Kuhn, Stùdt. Yerf. I, 3, p. 78, 80 et ». —
W, 39. — 1» Hist. nal. XVIH, 20, 2; Durcau de la Malle, 1, p. 110. — 1M C. Th. e. 12, 17, 18. De pistor. XIV, 3. — l*1 C. Th. XIV, lli ; XIV, 25 ;
'«5 Lamprid. Heliog. 27. — 12« Lampr. Alex. Sec. 22 ; Dig. L, 4, 5 ; L, 5, 3 et Svuunach; IX, 58; X, 60; Edict. Jusl. XIII. e. i; Procop. Hist. arc. 2t>; Walter,
», I 1 i L, 6, g 3 et g 6. — an Colum. I, praef. gg 1, 2, 3, II, 12 ; I, 3, 10 ; Urscà. u» 399 ; Sérrigny, Droit public, I, n» 314, p. 267 et s. — Novell. I et 5
Plin. Bitt. nul. XVIII, 7. — 1» Tac. Ann. III. 54; XII, 43; Varro, De fe de Justin.; Novell. 80, praef. — 1>3 r. Th. c. 1, t, 6, De pitlroc. rie. XI, 24,
rut. H, praef. 23; Colum. 1, praef. s 20; Wallcr, (remit. n« 344; I).- lâ I ibigue, J. Golhofred. ; Salvian, De gubern. Dei, V, 28; .Novell. May. tit. 11, 5 I,
Malle, H, 221, 307, 424 et s. — 1» Vopisc. Aurelian. 35, 17 ; Zosim. 1, 61 ; De ind. relia. — 14» C. Just. XI, 61.
ANN — 278 — ANN
le résultat de la violation des lois de l'ordre économique conduites à Rome, déchargées par les membres de la cor
aussi constantes que cellesde la nature I4S. G. Humbert. poration des catabolenses9, et emmagasinées pour être ven
ANINOISA. — L'annona a été personnifiée par l'art et est dues ou distribuées 10, sous la surveillance d'une nom
devenue un personnage mythologique vers les premiers breuse administration. A cette administration se rattachait
temps de l'empire, à ce qu'il semble. On la voit sur des une caisse spéciale, nommée arca frumentaria 11 ; il exis
monnaies à partir du premier siècle après J.-C. Tantôt elle tait aussi un canon vinarius, fourni à titre d'impôt en na
est réunie à Cérès, comme sur un grand bronze de Néron ' ture par les régions suburbicaires et par quelques autres
(lig. 324), tantôt seule, et caractérisée par la corne d'abon provinces "; le préfet le faisait emmagasiner et vendre un
dance, par la mesure de grains quart au-dessous du prix normal du marché [arca vina-
(modius) placée à côté d'elle, par ria] ; on pourvoyait de la même manière à l'approvision
des épis, un vase, une statuette nement de l'huile [arca olearia]. Enfin le praefectus urbi
de Rome; quelquefois aussi une remplissait les fonctions exercées autrefois par les édile*
ancre, uneproue, un gouvernail, relativement à la police des marchés, des poids et mesu
indiquant l'approvisionnement res, émettait des édits relativement à la vente de la
qui sous les empereurs se faisait viande, etc. 18 ; il avait sous ses ordres les surveillants ou
principalement par mer : on voit tribuns des divers marchés (tribunus fort suarii, fori vi-
sur la monnaie ici reproduite nariï), etc.
une voile ou une coque denavire II. L'annona civica proprement dite, qui avait pour objet
Fig. 324. Annona et Cérès. qui a la même signification *. de nourrir les classes pauvres, était organisée dans la capi
Des inscriptions témoignent tale avec le plus grand soin. La nécessité politique, plu»
qu'Annonafut réellement considérée comme une divinité, encore que la charité, le commandait, en présence des ha
et reçut des offrandes et des vœux *. L'inscription d'un bitudes oisives et turbulentes et de la puissance du prolé
monument placé sous la protection du Génie de Rusi- tariat à Rome et à Constantinople. Les empereurs avaient
cade (Philippeville), un des ports d'approvisionnement de établi des boulangeries publiques, à la tête de chacune des
la Numidie, nous apprend qu'un habitant de cette ville quelles était un manceps et desservies par la corporation
avait fait exécuter, avec une statue de ce génie, une autre des pistons '*. On livrait à bas prix à ces boulangeries une
statue représentant l'Annona de Rome*. E. Saglio. partie du canon frumentarius, pour en fabriquer du pain de
ANNONA CIVICA. — Cette expression, dans son sens qualité inférieure, destiné à être vendu au peuple à bon
le plus large, signifie l'ensemble des moyens organisés au marché 13 (panis osliensis, à Rome) ; une autre partie du
bas-empire pour approvisionner les deux capitales, Rome canon frumentarius était employée à des distributions gra
et Constanlinople, ou cet approvisionnement lui-même. tuites ,6. Ce système, déjà en vigueur sous Constantin, fut
Dans une acception plus restreinte, elle indiquait seule ensuite développé, et la quotité de ce canon frumentarius
ment les denrées distribuées gratuitement ou à bas prix augmentée 17 ; depuis Aurélien, les distributions ne se fai
aux indigents de ces deux villes, ou à certaines personnes saient plus en farine, mais en pain de première qualité1".
privilégiées. Après l'année 343, où écrivait Vopiscus, on augmenta la
I. A Rome, c'était encore comme à la fin du règne d'Au quantité du pain, en diminuant la qualité et en faisant
guste le praefectus annonae 1 qui, avec le concours de payer une indemnité, jusqu'à ce que Yalentinien I", en 309,
sHsofficinlesouappnritorts, étailchargé, sous la surveillance rétablit les distributions gratuites de pain de première qua
du fraeffxtus urbi *, de veiller à l'approvisionnement et lité, mais en diminuant la quantité Ces distributions
au bon marché des denrées alimentaires. Celui-ci seul pro avaient lieu chaque jour sur des places élevées et garnies de
bablement en était chargé à Constantinople; car les textes gradins, d'où le nom de panis grwJitis *° [largitiones]. Les
ne mentionnent plus ici le préfet de l'annone 8. Cet approvi noms des ayants droit, qui recevaient comme signe de
sionnement s'opérait au moyen du canon frumentarius, reconnaissance une tablette appelée tessera délivrée par
impôt en nature dû par certaines provinces. Le collège des le préfet de l'annone, étaient inscrits sur des tables d'airain
navicularii était chargé du transport des céréales jusqu'à placées aux lieux de distribution **. Pour encourager les
l'embouchure du Tibre pour la ville de Rome \ Là elles constructions, on attachait même le droit de tessera h la
étaient contrôlées, mesurées par les mensores 5, puis dépo propriété des maisons nouvellement bâties °; en outre, il
sées dans des magasins publics 6; ensuite, ces denrées, par existait encore à Constantinople une dotation établie pour
l'intermédiaire des nautae Tiberiniow caudicarii 7, et au be prêter, en temps de disette, des capitaux aux mancipes pour
soin au moyen de barques mises en réquisition B, étaient l'achat du blé **. Enfin on faisait encore aux pauvres de>
1*5 Serrign;, n"> 357-398. — Biuliookaphik. Naudct, Des secours publics chez Theod. XIV, 4; C. 1, XIV, 15. — • C. 1 Cod. Theod. De patron, horreor. port.
hit Romain*, dans les Mém. de l'Acad. des inscr iptions, 1838, t. XIII, 12-13, 12-71 ; XIV, 23. — 7 Vopisc. Ami. 47; Cod. Theod. XIV, 21 ; Cod. Just. XI, 26 ; C. ï Cod.
Mommscn, Die Riimische Tribus, Alloua, 1814, p. 178-208 ; Kuhn, Ueber die Korncin- Theod. XIV, 3. — » C. 2 Cod. Theod. XIII, 7 ; Nov. Theod. II, tit. VIII ; Noi.
(ûhr. in Rom, in Zeiltchrift f. Alterth. 1815, p 993 et! 137 ; Rein, in Dauly's Reulen- Valent. III, t. XXVIII ; C. un. Cod. Thcod. XIV, 21. — » C. 9 et 10 Cod. Theod.
t'ijcîopàdie, IV, 776 et s.; E. Nasse Meleteniata de publica cura annonae apud Rorna- XIV. 3. — 10 C. 1 et 2 Cod. Theod. XI, 14; C. 24, XII, b. — " C. 2 Cod. Theod. XII,
iios, Bonn, 1851; Bccker-Marquardt, Handbuch rûm. Alterthumer, III, ï, p. 88 et s. 1 1. _ u c. 1, 2, 3 Cod. Theod. XI, 2 ; Vopisc. AureL 48 ; Symmaeh. Hfitt. v II.
I.cipz., 1856 ; O. Hinchfdd, Annona, dans ltPhilologut, t. XXIX, p. 1-96; Waltor, Ge- 96 ; IX, 131 ; X, 51. — ls Edietum Aproniauutu, in Hauhold, Mon. leg. éd. Spugeu-
xchichle des rûm. Redits, 294-295, i' éd. Bonn, 1860 ; Lange, Rômische Alterthumer, berg, 1830, p. 292 ; Orelli, 3165 ; Zell, Delectus inscr. 1850, 1718, 1719.— I* J. Lydus,
II, 642 et s. 2" éd. Berlin, 1863 ; Serriguy, Droit public romain, I, n<" 304. 344, Paris, De mag. III, 7; Socrates, V, 18; C. 2 Cod. Thcod. XIV, 16; C. 18 Cod. Theod.
1862; Labatut, De l'alimentation publique chez les Romains. î* éd. Paris, 1870. XIV, 3 ; Nov. Just. 80, c. 5. — « C. 1 Cod. Theod. XIV, 15 ; C. I, XIV, I»
ANNONA. — I Eckhel, Doctr. mon. VIII, n. 368 ; Cohen, À/onn. imper. I, pl. 16 Spartiau. Sev. VIII, 23. — " Zosim. H, 32; Socrat. II, 13 ; SoKxaen. UI, 7;C. i
xii, Néron, 84. — * Brunn, Ami. de l'inst. arclt. 1849, p. 135 ; Preller, Rom. Cod. Theod. XIV, 16 ; c. 14, XIV, 17. — '* Vopisc. AureL 35, 47 ; Zosim. I, 61 ;
Mythol, p. 6-2. — ' Orelli, 1810 ; m>o>A« ukctai. — 1 Léon Benier, Lise, de (.. 2 Cod. Theod. XIV, 16. — 19 C. 5 Cod. Tbeod. XIV, 17, et Cothofr. Ad h.
l'Algérie, 1, 2174 ; Frûhner, Notice de la sculpt. antiq. n. 474. leg. ; Witter, Gesch. des rom. Rechts, I, n» 382. — *> Ç. i, 3, t Cod. Thcod. XIV,
ANNONA CIVICA. < Cassiud. Var. VI, 18 ; C. " Cod. Thcod. I, 6 ; C. Just. 17. — «i Nov. 88, c. 2 ; Cothofr. ad C. 2 Cod. Theod. XIV, 17. — " c. 5 Cod.
XII, 59. — * C. 5 et 7 Cod. Thcod. 1, 6 ; Symmach. Epist. X, 26. 38, 55. — ' J. Ly- Theod. eod. — 23 C. I, 5, 11, 12, 13, cod.; C. 2, XIV, 16; Nov. 88, c. 2. — »i C.
dus De mag. III, 38. — » Cod. Theod. XIII, 5 ; Mil, 8 ; Xlll, 9. — C. 9 Cod- I, 3 Cod, Theod. XIV, 16.
ANN — 279 — ANN

distributions gratuites d'huile 15 et même de viande de le lard ; des capita, fourrage, bois, et aussi de vêtements.
porc " fournie pour Rome par certaines provinces d'Italie, La Thrace fournissait un habit par 20 capita, la Scylhie et
saufadaeratio; les détails de la perception et de la distribu la Mysiepar20ca/HÏa,l'Égypteet l'Orient par 33 juga1, mais
tion étaient à la charge de la corporation des suariï 17 , qui l'Orient avec faculté de payer en argenl. Cette conversion
recevait pour cela une rémunération de Yarca vinaria K. en argent [adaeratio], d'abord proscrite en principe, fut
Afin de prévenir les abus, les empereurs avaient édicté ensuite assez souvent autorisée au moins pour certaines
des peines sévères contre les mendiants (mendicantes non in- fournitures. Quand il y avait lieu à réquisition extraordinaire
validi n) ou les individus quelconques qui se présenteraient [compara™ publica], Yaurum comparatitium venait en dé
indûment pour prendre part aux distributions gratuites so. duction du tributum ex censu. Mais, en règle générale, les
Mais l'abus était dans l'institution elle-même, conséquence annonariae functiones devaient être placées dans les magasins
fatale des traditions léguées à l'empire par la république ro publics de la province8, à l'époque du recouvrement de l'im
maine, et du développement dans les capitales d'un im- pôt, qui se faisait en trois termes par les soins des susceptores
menseprolétariat oisif etcorrompu. h'annona civica formait dépendant du préfet du prétoire [praefectus fraetorio].
le budget de la fainéantise, et, dans certains cas, la ren Les praepositi pagorum ou pagarchi et les praepositi horreo-
dait héréditaire, en attachant les distributions à la pos rum 9 veillaient à l'emmagasinement et à la garde des den
session de certaines maisons, etc. Ainsi, contrairement à rées. Dans chaque magasin public se trouvait un dépôt de
tous les principes d'une saine économie politique, alors poids et mesures, destiné à prévenir les fraudes ; les pos
bien ignorée, l'État se ruinait, tout en détournant du tra sesseurs devaient d'ailleurs livrer un excédant de mesure,
vail, source unique de la richesse publique, et en encoura- (epimetron), à raison du déchet10. Les recteurs des provinces,
geant l'imprévoyance et l'oisiveté. qui avaient dû veiller à la rentrée des annonariae functiones,
111. Dans les villes municipales, des magistrats portant les faisaient parvenir dans les mansiones de l'armée par l'in
quelquefois le nom d'édiles [aediles municipales] avaient termédiaire des primipilari. En cas de retard des recteurs,
été jadis chargés de la cura annonae. Plus tard, après Dio les opinatores étaient envoyés pour procéder à une exécu
ctétien, on voit des surveillants spéciaux (episcopi), chargés tion sommaire. Les employés de l'administration mili
de l'approvisionnement ,l. Gharisius, qui écrivait pro taire (aeluarii et subscribendarii), chargés du contrôle des
bablement sous Constantin, nous parle encore de fru- troupes, délivraient des mandats aux optiones des légions a
mentarii et d'olearii, chargés de l'achat du blé et de l'huile l'effet de se faire remettre les denrées nécessaires par les
pour les magasins publics *\ En outre, certaines villes re gardiens des magasins; ensuite les optiones procédaient à la
cevaient des secours spéciaux destinés à soulager les pau distribulion entre les soldats. Des constitutions impériales
vres : ce fut le cas de Formiae et Puteoli 53 ; on voit encore avaient déterminé la nature et la quotité de ces fourni
figurer dans les textes un frumentum Carlhaginicnse **, tures" pour les temps ordinaires et pour ceux d'expédi
AlexandrinumM, portion du canon frumentarius employée tion. Les corps en marche pouvaient obtenir des denrées
en lurgitiones frumentariae, et exigeant des agents spé sur réquisition, sauf dédommagement en argent pour les
ciaux34. G. Humbert. propriétaires, ou imputa tiondes bons de réquisitions sur les
A>'NOiNA MILITARIS. — On nomma ainsi sous l'em impôts '*. En outre, les provinciaux devaient le logement
pire la portion de l'impôt direct en nature, destinée à militaire 15 [metatum]; on les obligeait aussi à préparer la
l'entretien de l'armée et des fonctionnaires Ces four farine, le pain et le biscuit; enfin ils fournissaient le maté
nitures formaient une partie de la solde de l'armée* riel de l'armée, comme chevaux, bêtes de somme, et le
[aes militare] et des appointements des employés, qui bois, le cuir, les métaux 11 destinés aux fabriques impériales
recevaient des denrées en quantité proportionnée à leur di chargées de l'équipement et de l'armement. Ces fabriques,
gnité (annonas suae congruas dignitali) *. Plus tard, ces pres d'abord placées sous la direction du préfet du prétoire,
tations furent remplacées par une certaine somme d'ar furent ensuite confiées au ministère du magisterofficiorum
gent, à titre d'indemnité pour fourrage [pro capitu) * ; on en G. Hl'MBERT.
trouve des exemples curieux dans plusieurs constitutions AMVO.NARIAE SPECIES. — Dès le temps de la ré
de Justinien où l'on voit le tarif des salaires de différents publique romaine, une partie de l'impôt direct était ac
fonctionnaires \ Mais les livraisons en nature continuèrent quittée en nature [aerarium]. Cet impôt se nommait alors
d'être exigées et fournies pour l'armée ; elles se compo aestimatum ou vectigal. Mais, dès le commencement de
saient d'abord des cellaria*, c'est-à-dire de denrées alimen l'empire, sous Auguste, apparaît le nom d'annona ou an
taires, comme le pain, la viande, l'huile, le vinaigre, le vin, nonariae functiones, annonariae species, appliqué à l'impôt en

»» Par Ira mensac olenrine, Cod. Throd. XIV, 21. — Aur. Vict. Caes. 35; Theod. VII, 4 ; Lydus, De mag. I, 45 ; C 32, cod. — » BrUson, s. ». Caput; C. 1 Cod.
Z<K>im. Il, 9 ; Lamprid. Al. Sec. 22 ; Vopisc. Aurel. 35, 47. — *7 Symm. Epiât. X, Just. De ann. et capit. I, 52; C. 15 Cod. Just. XII, 38.— »C. 1, 83 4 et 8 ; C. 2, 8S 18,
34 ; C. J, 3, 6 Cod. Throd. XIV, 4. — «» Cod. Theod. c. 4, XIV, 4 ; Edict. Apronian. 19, 23 ; C. Just. 1, 27 ; Nov. 24-30 ; Edict. Just. 4, 8, 13. — • C. 4 Cod. Throd. I, 19 ;
»p. Haubold, Afonum. leg. p. 292. — S» Cod. Throd. XIV, 18 ; Cod. Just. XI. 25 ; Capitol. Gord. III, 28 ; Sulpit. Scv. Sacra histor. II, 53 parle, en 400, de cellarin
N'ot. 80, c. 5. — SI C. 5, 6 Cod. Throd. XIV, 17. — 81 Mentionnés dan* un fragment fournis aux évoques ; Veget. III, 3.-7 C. 3 Cod. Theod. VII, 6. — » Cod. Th.
de Charisma, Ex liliro simjulari de munir, civil. ; Dig. De mimer. L. 4, fr. 18, g 7. VU, 4; Const. 1, 5, 11. 14, 17, 32. — 9 Gothofrcd. Parât, ad Cod. Theod. XI, 1 ;
— •« Fr. 18, § 5, Dig. eod.; Sot. 128, c. 16. — » Symmach. IX, 58; X, 60. VII, 4, et XI, 14. — ,0 C. 3, 14, 15, 21 Cod. Theod. XII, 6, De susceptor. — " Cod.
— «Cod. Throd. XIV, 25. — » C. 2 Cod. Thood. XIV, 26; Edict. Ju»t. XIII, 4; Throd. c. 4-9, VII, 4, De erog. milit. annon. — U Nov. Just. 130, c. 1, 3, 5. —
Procop. Mit. arc. 26. — " Orelli, n* 530 ; Orrlli-Hrnzrn, 0906. — Bidlioobaphik. 1' Cod. Theod. VU, 8; Cod. Just. XII, 41.— " Gothofr. Parât, ad Cod. Theod. VII, I,
Waltcr, Geschichle des rômisch. /ledits, 3« éd. Bonn, 1860,1, n»' 295, 381, 382, 399; p. 255 et 256 ; VIII, I, p. 170. — 15 Notit. dign. Orient. 10 ; Ocrid. 3 ; Lyd. De niai;.
Becker-Marquardt, llandbuch dur rùm. Alterthùmer, Leipzig, 1853, III, 2, p. 88, Il, 10; III, 5, 40. — HiBLioGRApniR. Waltrr, Geschichle des rôm. Redits, 3« éd.
M-109, 1*2; E. Nasse, Meletemata ilc publiai cura annonae apud Jlotinmitn, llonii, Bunu 1860,1, n°* 326, 312, 404, 408, il!1 ; Becker-Man|uarilt, Hanilbuch lier romisch.
1*51 ; Dirksrn, Civilistiche Abhandlungcn, Berlin, 1820, I, p. 171 et suiv.; Ruhn. Alterthûm. Leipzig, 1853, 111, 2, p. 182-185 ; Savigny, Yermischtc Schriften, Berlin,
iUr die Korni'iufùhr. in Itom.im Altcrthum, in Zcitschrift. fur A Itcrthumsicissensch. I85U II, 100 et suiv.; Baudi de Vrsme, Dei tributi nelle Gallie, Turin, 1839 ; Des
184S, p. 993-1008; p. 1073-1084; Serrigny, Droit public romain, 1, p. 250 et 253, impositions en Gaule, trad. par Laboulayr, /tenue histor. de droit. Paris, 1861,
Paris, I84S2; Naudct, Des secours publics chez les Humains, Paris, 1838. p. 379 rt suiv.; Huschkr, L'eber den Census und die Steuercerfassung der frûhcn
AWONA MILITARIS. 1 Elle remplaçait Ynrstimatum rt les commeatus de la ré rCm. Kaisertirit. Brrlin, 1847 ; Serrigny, Droit public mmain, II, p. 135 et 335.
publique. — I Treb. Pollio, C.lmid. 14, 15 ; Vopisr. Prob. i : Aurel. 9. — » C. 1 Cod. Paria, 186*.
ANO — 280 — ANT
nature 1 et aux denrées fournies par ces prestations. Une donner à leurs filles *. Le philosophe chalcédonien espérait
partie était destinée aux troupes cantonnées dans les pro que, grâce à l'égalité, tous les citoyens seraient à même
vinces [annona militabis], ou même à des fonctionnaires; de recevoir une éducation convenable et qu'elle éloignerait
une autre partie, à l'approvisionnement de Rome [annona ci- d'eux les convoitises, source de beaucoup de crimes. Il li
vica]; mais nous n'avons ànous occuper ici de Yannona que mitait d'ailleurs l'égalité aux propriétés immobilières et
comme impôt direct en nature, indépendamment de sa des laissait en dehors de son système les biens mobiliers. Aris
tination. En Gaule, et même en Italie, cet impôt venait se tote5 a très-bien réfuté les théories de Phaléas, et nous ren
joindre ait tributum ex censu. D'abord, la seule regio anno- voyons le lecteur à cette réfutation. E. Caili.embb.
nnria fut soumise à cette charge en Italie*; plus tard, mais AISQUINA [funes, vela].
avant l'époque de Dioclétien, les tributa in speciebus furent AIVQUISITIO [JUDICIA].
imposés môme à la regio urbicaria c'est-à-dire au territoire ANSAIUUM ou ANSARIA PECUNIA. — Impôt indirect
compris dans un rayon de cent milles autour de Rome, et sur la vente des marchandises exposées sur les marchés
renfermant une partie del'Ëtrurie, duPicenum, de la Cam- publics Caligula le premier avait frappé d'un impôt les
panie et de l'Ombrie 4. Cet impôt fut considérablement objets de consommation habituelle {eduliay, impôt qu'il
accru depuis que Maximien eut établi une nouvelle formule ne faut pas confondre avec la taxe sur le prix des enchè
très-rigoureuse de déclaration au cens, et augmenté la pro res [centesima rerum venalium] de beaucoup antérieure' et
portion de l'impôt à payer d'après le census 5. appliquée seulement en Italie. Ce maeelli vectigal fut aboli,
Dans les autres provinces, il exislai t un impôt foncier paya au moins en partie, à cause des clameurs du peuple, au
ble en argent, et un second impôt foncier payable en nature, temps de Pline, qui le qualifie de portorium* ; mais plus
lequel s'élevait tantôt au septième, tantôt au dixième des lard il reparut en Italie et môme dans les provinces, et il
fruits produits par les fonds stipendiâmes ou tributaires (ainsi existait encore du temps de Cassiodore [siliquatici'm] ex
nommés suivant qu'ils appartenaient aux provinces du sénat cepté sur le blé, le vin et l'huile !. On le nommait aussi
ou de l'empereur 6). L'Égypte, entre autres, depuis les Pto- vectigal ansarii promeixalium ; à ce droit se rattache encore
lémées, payait une double dîme de ses produits et le blé accessoirement le vectigal foricularii promercalium ou fo-
qu'elle fournissait suffisait à l'approvisionnement de Rome ricarium, qui consistait peut-être en un droit de place payé
pour quatre mois8; les huit autres mois étaient défrayés par par les marchands, tandis que, suivant Marquardt 6, Yonsa-
Yannona de la province d'Afrique. Autrefois l'Asie et la rium était payé au fisc par l'acheteur, en déduction de sou
Phrygie avaient également payé une dîme qui, à l'époque prix d'achat 7. Cependant on n'a sur ce point que des ren
de Trajan, était déjà transformée en argent 9; du reste, les seignements très-incomplets, car le texte du code Hermo-
contribuables s'efforçaient le plus possible d'obtenir cette génien cité en note, semble parler d'un droit payé par l'a
conversion [adaeratioI qui n'était pas toujours permise ou cheteur d'un immeuble, possessio. Walter paraît penser,
facultative. Plus tard, le système du tributum ex censu s'éten d'après une inscription 8, que Yansarium étaitun droit d'oc
dit à toutes les provinces, excepté l'Egypte 10 ; mais toujours troi établi à Rome au profit de la caisse municipale [arca
il fut accompagné d'un impôt en nature, ou annona, pro municii'alis], au moins depuis une constitution de Marc-
portionné au census ", servant,soit à l'entretien de l'armée 12 Aurôle, qui avait fait poser des limites d'octroi autour de
ou des employés, soit aux manufactures impériales, et versé la ville. Au contraire, Dureau de la Malle * voit dans Yan
dans la caisse du préfet du prétoire [pfaf.fectus traetobio] ; sarium une taxe sur les denrées mises en vente au marché,
cet impôt était payable en trois termes entre les mains de et perçue à l'intérieur de la ville. G. Humbf.rt.
receveurs (susceploi-es) spéciaux G. Humbf.rt. ANTAE, IlapaîTctoEç. — Anles, piliers quadrangulaires
A>î>tUS [calendarium, chronogbai'hia]. qui décorent et fortifient les extrémités
ANOMALOSISfAvofjiaWtç). — Nom donné par Aristote1 d'un mur, et particulièrement, dans la
à l'une des doctrines socialistes de l'antiquité, doctrine at disposition des temples grecs et romains,
tribuée à Phaléas de Chalcédoine *. Phaléas posait en prin les têtes des murs latéraux de la cella
cipe que l'égalité de fortune et l'égalité d'éducation entre prolongés jusque sur la façade (Dg. 32o).
les citoyens sont indispensables pour prévenir les révolu- Ces antes participent de la fonction du
lions *. L'égalité de fortune lui semblait facile à établir au mur, qui clôt l'édifice, et de celle des co
moment de la fondation d'un Etat ; mais il estimait qu'on lonnes, qui soutiennent l'entablement et
pouvait aussi l'obtenir assez vite môme dans les États de sur la ligne desquelles elles se trouvent
puis longtemps constitués ; il suffisait pour cela d'ordonner placées : double caractère qui se fait l'ig. 325. Plan (lu tem
aux riches de donner des dots à leurs tilles et de leur défen sentir dans leur décoration. Comme le ple, de Ttaémis »
Bhamnus.
dre d'en recevoir pour leurs fils, en môme temps qu'on mur, elles présentent des surfaces planes,
prescrivait aux pauvres d'en recevoir pour leurs tils sans en des assises horizontales y sont marquées et contrastent avec
\\NO\ARIAE SPF.C1ES. 1 Veget. 111, 4 ; Baudi de Vcsmcs, Des impositions de la AJiOMALOSlS. 1 Polit. II. 9, 8. — 1 Quelques historiens ont cru que Phaloa-
fiante, trad. par Laboulaye, Bévue histor. dedroit, Paris, 1861, p. 367 ; Gothofr. ad r. .3 était Carthaginois ; mais cette opinion est erronée, car Aristote consacre un autre
Cod. Theod. XI, 28. — s Trebeli. Poil. Trig. tyr. 24 ; Saviguy, Yermischte Schrifl. chapitre à l'eiposition des doctrines politiques de Carthage. — 3 \rist. Polit. 11, 4. I .
Il, 67-215, Berlin, 1850.— > Aurel. Vict. Oies. 39 ; C. 3 Cod. Thcod. XI, 2 ; C. 14, XI, — * Jtnd. H, 4, 2; cf. Montesquieu, Esprit des lois, V, 5. — s Arist. /. /.
iï. — » Waller, Gesch. des rom. liechls, 3» édit. Bonn. 1860. n"< 325 et 389. — A\SAR1UM. 1 Le mot parait Tenir de Basa ansat", grands vases dans lesquels on
5 Aurel. Vict. Caes. 39; Laetant. De morte persec. 23, 26. — ' Gaius, II, 21 ; Front. transportait les denrées. — * Suet. Califf. 40 ; Joseph. Allt. jud. XIX, 1, 4. — * Tar.
Df ayrrir. quai. p. 5, 35 ; in Gromat. vet. éd. I.achman, Rcrlin, 1848-52. — ^ Oros. Annal. I, 7»; II, 42. — » Hisl. nat. XIX, 4, 51, 56. — S Cassiod. Yar. IV, 19;
Jlist. I, 8. — 8 Joseph. Bell. jud. II, 16, 4. — » Hyg. De limit. const. p. 205, 206, ap. Gothofr, Ad Cad. Theod. VII, 20, 2; Orelli, 3348. — 8 ROm. Alterthùmer. III. i,
Gromat. ret. ed. Lachman. — to Recker-Marquardt, liandb. der ritm. A ft. Il, 3, 199. p. 209. — 1 Cod. Hermog. III. I. — * Vopise. Aurel. 45; Orelli, 3:47; Momniscn.
— Il C. 15 l'.od. Theod. XI, 1 ; Marquardt, I. /. III, 2, p. 185. — « Cod. Theod. VII, 4. Kpig. analeet. 15, 1850, p. 309. — 9 Ècnn. pol. des Boni. p. 463. — BniMnuni.
- 13 Gr.thuf. Paralitl. ad C. Tlieod. XII, 6. — RianonRAPHii. Walter, B6m. Bechts- Becker-Mai'quardt. Handbneh der rom. Altrrlltinner, Leipz. 1853, III, 2, p- 108
yeschichle,3' éd. Bonn, 1860, n«- 32:1,389,406,408 ; Brrkrr-3lar<|uardt, Uandbuchder et suit.; Walter, Geschirhte des rom. Bechts. 3' éd. Bonn, 1860, n»i 297. 329.
rom. Alterthùmer, Leipz., 1853, 111, 1, 61,65 et 111. 2, p. 182 et suiv. ; Serrigny, Droit 331 ; Bureau de la Malle, Économie politique des Bomains, Il, p. 463, Paris.
public romain, 1, p. 335 et II, 135. Paris, 1862 ; Mommscn, Bum. Feldmesser, II, 198. 1840.
ANT — 281 — ANT

les cannelures des colonnes; comme les colonnes, elles inférieure des colonnes. C'est ce principe qu'adopte Vitruve.
ont des chapiteaux et parfois une base ; mais bases et cha Les antes offrent ordinairement très-peu de saillie sur les
piteaux diffèrent do ceux des colonnes ; elles en ont néces parois des murs auxquels elles appartiennent. Le fût de
sairement la hauteur; enfin il y a entre leur hauteur et leur l'anle ne diminue pas, sauf en de rares exceptions, telles
largeur un rapport qui, sans être celui de la colonne, s'en que le temple de Diane à Eleusis1' et le monument cho-
rapproche sensiblemenî. ragique de Thrasyllus à Athènes 16. La diminution s'opère
Le temple à antes1 (aedes in antis, vab; Iv 7:apa<jTâcrtv) est quelquefois par le fait de l'inclinaison d'une seule arête
décrit par Yitruve s dans sa classification des temples anti suivant que les faces qui engendrent cette arête parti
ques. Les détails qu'il donne en différents passages3 et les cipent de la forme pyramidale extérieure ; on en trouve
ruines qui subsistent, tant en Grèce qu'en Italie, attestent un exemple à la pinacothèque de l'acropole d'Athènes.
que les antes eurent primitivement la destination que nous Les antes sont rarement pourvues de bases, si ce n'est
avons indiquée. En Grèce il nous reste un exemple de ce quand le mur sur lequel elles se trouvent en est lui-
genre de temples dans celui de Thémis à Rhamnus (fig. 323 même orné comme au temple de Thésée ; cependant à
la porte de l'enceinte du temple de Cérès à Eleusis, les
bases sont semblables à celles des colonnes, dont l'ordon
nance est corinthienne, et elles ne se continuent pas sur
les murs 1S. Les chapiteaux des antes diffèrent toujours de
ceux des colonnes ; ils adoptent facilement, quand il s'en
trouve, les moulures qui, au-dessous de l'architrave, con
tournent l'édifice ; ils sont composés, soit de moulures
simples, comme au Parthénon et aux Propylées, soit de
moulures sculptées et de frises décorées, comme àl'Erech-
théion, soit enfin de feuilles, d'allégories, d'animaux chimé
riques, comme à la porte do l'enceinte du temple de Gérés
à Eleusis.
L'antc ne fut pas employée seulement dans la construc
tion des temples. Le célèbre vase François, de la galerie de
Florence, qui paraît avoir été peint dans la première moi
tié du V siècle, nous offre un curieux exemple d'un édifice
d'ordre dorique, dont l'entrée présente la disposition du
temple à antes (fig. 327) : c'est la demeure de Thétis, dont
les noces sont représentées sur ce vase. La prostns ou

Fip. 320. Façade du temple de Thémis à Hhamuuà.


n H ri n .1.1" r n
et 326) *. Nous retrouvons encore dans les propylées de Mi 1—i 1 1
nerve à Sunium 5, dans ceux du temple de Cérèss, dans le jii V
îf
temple amphiprostyle de Diane à Eleusis7, différentes variétés
de la décoration in antis. Quelque développement que prirent
les temples, l'antc resta toujours employée de la môme ï \^ ' Y
manière aux extrémités des murs, ainsi qu'on peut le re
marquer à Athènes, au portique de l'Érechthéion8, au tem
ple amphiprostyle de la Victoire Aptère 9, dans le temple 1
0 !
périptère du Parthénon 10 et dans le temple plus ancien M
de Thésée ". \ 1m
x^ggls
L'emploi des antes chez les Grecs nous suggère encore
i i 1
les remarques suivantes. Les antes ont le plus souvent
Kig. 327. Façade d'une maison, d'après un vase peint.
trois faces principales qui sont rarement égales entre elles;
les unes, correspondant aux colonnes, sont généralement parastas de beaucoup de maisons grecques devait être
plus étroites que le diamètre inférieur de ces colonnes, et semblable
plus larges que leur diamètre supérieur; les autres varient Au temps de Périclès, l'ante servait aussi à décorer les
ordinairement entre la moitié et le tiers des précédentes. angles des édifices, à la rencontre des surfaces extérieures
Parmi les exceptions on peut citer les propylées du temple des murs (antae angulares) ; elle subissait alors une modi
de Minerve à Sunium dont chaque ante a deux faces d'é fication, c'est-à-dire qu'elle n'avait plus que deux faces
gale largeur. 11 en est de même du temple de Thémis", avec principales souvent égales entre elles ; la pinacothèque des
cette particularité que, suivant les préceptes de Vitruvc lk, Propylées, à Athènes nous donne un exemple de ce
les antes sont exactement de la môme grosseur que la partie genre.
\XTAE. 1 Non. I, 121 : Quadrae columnae ; Paul. s. e. Antes ; Ser\. Ad (îeorg. : e. il. — " Penrose, Ait invrationtînii nf tltt' prinri/ites nf nlfirn. mr/iit. pl. \x\ii
Kiniuentiores lapides, vel columnae ultîmae, quîblu fabriea sust netur ; Hesyeh. : \\*. P. Lehas et I.andron, Xoijuge archèol. en firèee et en Asie Mini'itrt'. — to penrose.
v. ïtfi; --îï; ïv.^oiç Tttp«|i)Uv«t i\v>i\ ; cf. Scliol. Kurip. Ândrom. 1122 ; et Op. I. pl. i». — U Ib. pl. hïvv. — 1* Blouct, Expéil. de Morte, III, p. 20, pl. nui.
Pollm, I, 76. — > III, I. — > IV. i ; IV, 7 j VI, 10. — » Ined. nntiq. nf Ultra. — " Anl. ined. de l'Ait, e. vu. — « IV, \. — 15 ,4nf. inéd. de l'Ail, ci.—
irad. fr. c. vu, pl. i. — "> Blnurt, Kxpèd. de J/oreV, t. m, p. 20, pl. mvi. — ' Anl. 16 Stuart, Ant. d'Alh. t. Il, c. iv.— n Penrose, pl. kyiii. — IS.tnr. inéd. de l'Ait.
iVJ. de l'Att. e. n. — " Ihiil. v. ». — * Stnart, Anl. iFAlh. trnil. fraiir. l. n, V. r. m. — I? Vite. VI, 10. — 20 Penrose. pl. nul.
[. 36
ANT — 282 — ANT

A peu près à la môme, époque on appliquait les antes à en luttant, la terre, il y puisait, une force nouvelle et par
une seule face sur les parois des murs, comme à l'Érech- là devenait invincible ; mais Hercule en se mesurant à son
théion, sur la face intérieure du mur méridional". tour avec lui, le tint embrassé et suspendu en l'air jusqu'à
Les Grecs adaptèrent aussi lésantes aux jambages des ce qu'il l'eût étouffé '.
portes et des fenêtres; la pinacothèque des Propylées, à Celle légende devint un des épisodes les plus populaires
Athènes, nous en fournit un exemple " [janua, fenestra]. de l'histoire d'Hercule ; sa lutte avec Antée fut souvent re
Les Romains qui, du mol ante (devant), ou du grec àvia'w, présentée et devint comme un idéal de la palestre, dans les
tirèrent antae", employèrent dans leurs diverses construc œuvres de l'art antique. Nous ne connaissons que par les
tions les antes à trois faces principales, à deux et à une auteurs les sculptures dont Praxitèle
seule face. Généralement les faces étaient égales entre avait orné le fronton du temple d'Her
elles, et avaient la même grosseur que les colonnes ; elles cule à Thèbes -, un groupe exécuté par
présentaient un peu plus de saillie que chez les Grecs, et ne Polyclèle et qui fut transporté à Rome a,
subissaient pas de diminution; elles avaient des bases et et d'autres encore*; mais le même sujet
des chapiteaux semblables à ceux des colonnes; elles étaient est répété dans des bas-reliefs 5 et des
parfois cannelées, surtout dans le style corinthien, même bronzes qui ont été conservés ". sur un
auprès de colonnes de marbre ou de granit non cannelées. miroir étrusque7, sur des pierres gra
Nous trouvons des exceptions dans les monuments cons vées8 (fig. 328) et même sur des mon
truits en Italie, ou sous la domination romaine en Grèce, et naies". 11 est au nombre des tableaux
dans lesquels la t radition grecque s'était le mieux conservée. décrits par Philostrate10; on le voit dans Fig 3!8.
Ainsi au temple d'Hercule à Cori s', les faces d'une même llereule et Alitée.
une peinture du tombeau des Nasons",
anle présentent une légère différence entre elles, et sont et sur un certain nombre de vases grecs. 11 est à remarquer
plus étroites que le diamètre des colonnes. Dans le temple que, à la différence des autres monuments, où Antée est
de Mars à Rome", figuré dans les
dans celui d'Au bras d'Hercule
guste à Pola qui le soulève,
aux propylées de conformément à
l'Agora à Athè la tradition, les
nes r, les antes peintures de vases
subissent une di les mettent aux
minution. Leurs prises comme des
chapiteaux, dans lutteurs ordinai
le temple de Cori res. Celle qui est
et dans le temple ici reproduite
corinthien d'Au i fig. 329), d'après
guste à Ancyre *, un vase de l'an
ne sont pas sem cienne collection
blables à ceux des colonnes. Elles n'ont pas de cannelures, Campana, au Louvre est un des plus beaux exemples de
quoique les colonnes en soient ornées, au temple de Mars la peinture des vases au v" siècle avant J.-C. E. Sagliu.
Vengeur et au portique d'Octavie à Rome !°. ANTARII FL'NES. — Cordes fixées par une extrémité au
L'ante. fut employée par les Romains comme par les Grecs sol ou sur un point solide, attachées par l'autre aux pou
dans les habitations particulières. tres ou grands blocs à mouvoir, qu'elles empêchaient de
Les Étrusques firent usage des antes, comme on le voit tomber à droite ou à gauche, en les maintenant à peu près
dans leurs tombeaux et leurs urnes cinéraires, qui affectent dans la direction qu'ils devaient suivre pour arriver à leur
souvent la forme de maison (voy. p. 286, fig. 333). Nous place définitive '. C. de la Bkkge.
citerons encore un tombeau hypogéen de Cervetri, qui ANTEAMBULONES. — Esclaves qui, dans les rues de
présente un linteau soutenu par deux antes qui diminuent Rome, marchaient devant leur maître et lui frayaient un
sur les trois faces, et qui ont chapiteaux, bases et canne passage dans la foule.
lures 30. C. Thierry. On donnait aussi ce nom aux clients qui précédaient leur
ANTAEUS, 'AvtïTo;. — Antée, géant, fils de Poséidon et patron, pour lui faire honneur, lorsqu'il paraissait en pu
de Gè ou la Terre. Il régnait sur la Libye et forçait les blic '. On les appelait encore, à raison de leur toge blan
étrangers qui passaient par ce pays à lutter avec lui; il che, nivei Quintes1, ou, à cause de leur nombre lurba to-
construisit un temple au dieu son père avec les ossements gata, et praecedentia Inngi agminis officia 5 [cuens, salita-
de ceux qu'il avait fait périr. Chaque fois qu'il touchait, tio, sportlla]. G. Hl MHKRT.

-1 Stuarl, Ant. d'Ath. t. Il, c. n, pl. xxx. — '2 Boitte, Restaurai, des propylée* les bas-reliefs ou l'on voit la suite des travaux d'Hercule. — • Zuunoni, Gai. di
d'Athènes, à la Bibliothèque (te l'École des Beaux-arts. — s;* Cf. Non. I. 24 ; P. Diae. Firenze, III, t. r.v ; Catal. Beugnot, n. 379. — ' Gerhard, Elr. Spiegel, iu, iv.
s. D. Anleç; Serv. Ad Georg. II, 417. — 2V Gailhabaud, L'art dans ses diverses 335, 2. — 8 De Wilde, Selectae gemrnae ant. n. 153 ; Guigniaut, Noue. gai. mylh.
tranches, p. 25. — 23 Dcsgodetz, Édif. ont. de Home, p. 139, 141. — M stuarl, Op. 1. n. 165. 6; .Vus. Chiusino, II, 148. — 9 Huvrn, Tesor. Brit. 1, p. 218, 272; De
t. IV, c. il, pl. xxi. — -' stuarl, t. I, ». i. pl. m. — *'<* Perrot et Guillaume, Ex- Witte, Emp. gui ant régné dans les fîaules. pl. vil, 97. — 10 Imag. II, 21 ; Welcker.
plor. de la Galatie et de la Ritltyiiie. pl. in et suiv. — ïfl Desjjodetz, Op. I. p. 165. .1'/ h. I. I. — 11 llellcirt, Sep. d. Nason. 13 ; Montraucon, Ant. expl. 1. pl. cxxx. —
— Canina, Ftruria mar t. I, p. 195, pl. i.xvh. 12 Mon. ined. del. fnst. arch. 1855. tav. v, p. 38 ; 1856, tav. v, p. xxv ; voyez en
ANTAKls. 1 Apollod. Il, 5. 11 ; Hyf. Fab. al ; Pind. Tsthm. IV, 5i ; Luean. core de Witte, fatal. Durand, n. 12, 305 ; Gerhard, Auserl. V«s.pl. mit, 2, p.
Phars. IV, 017 ; Slnt. Tlieb. VI, 893. — S Pau*. IX, 11, 4. — • Plin. .V.VXIV, 19. 2. 102 et s.; O. Jalln, Yasensammt. zu Mùnehen, n. 3, 114, 1107.
- * Lioanius, Kepltr. IV, p. 10S2 ; Brunek, Analeet. III, 210, n. 2Rt. — r> Benndorf ANTAIUI FINES. < Vitr. A, 3.
et Sehône, Lateran. Muséum, n. 505. l'ne des métopes du temple de Thésée n ANTEAMBll.ONES. • Suet. Yesp. 2; Martial. 11, 18, 5; X, 74, 3 ; H. Wallon.
Athènes représente Kerkvun plutôt qu'xnttV. qui n'est pas ordinairemenl liffiiré dans Hist. de l'eselan. t. 11. p. 115. — x Id. III. 7. — 1 Juven. 1. 96; VIII, 49; X. 4i.
ANT — 283 — ANT

AÎN'TECESSOR. — I. Quand une année romaine était en dier l'édit du préteur; les jeunes gens déjà formés aux
marche, son chef prenait habituellement toutes les pré belles-lettres suivaient les consultations d'un jurisconsulte
cautions nécessaires pour éviter une surprise ; outre l'avant- (audire ?%esjjonsa) ou parfois obtenaient de lui des leçons
garde, il y avait des corps de troupes qui faisaient des re suivies (iiislitutio), ou une direction complète et spéciale
connaissances, fouillaient le pays, éclairaient la marche.etc. (instructio) l.
En comparant les passages des au leurs latins où il est ques Cet enseignement dut prendre un caractère plus régulier
tion de ces corps, et surtout ceux où ils sont mentionnés à l'époque du bel âge de la jurisprudence romaine, où l'on
simultanément, il est possible de déterminer les attribu voit apparaître, avec les deux grandes sectes de juriscon
tions de chacun d'eux. L'avant-garde fut d'abord fournie sultes, des ouvrages de pure doctrine, et notamment des
par les extraordinarii1, puis par les auxiliarii3 ; elle était livres élémentaires, sans doute destinés aux étudiants ;
composée, non-seulement de cavalerie, mais encore d'in telles furent d'abord les célèbres lnstitutiones de Gaius, puis
fanterie a, car il fallait qu'elle pût prendre position et arrê celles de Florentinus, Ulpien, Callistrate, Martianus, Mo-
ter pendant quelque temps l'ennemi, si elle le rencontrait, destin, etc. Dès lors aussi un certain nombre de juriscon
pour donner à l'armée le temps de se disposer au combat. sultes, à Rome surtout, s'adonnaient plus spécialement à
Avec elle marchaient ceux qui étaient chargés de choisir l'enseignement, dont ils faisaient leur profession habituelle.
l'emplacement du camp et d'en faire le tracé4. Elle déta Depuis Vespasien, les professeurs des arts libéraux avaient
chait elle même en avant (ante) et formant ce que nous reçu de l'État un tracement annuel (annona) les empe
appelons l'extrême avant garde, les antecessores 3 ou ante- reurs exemptèrent des charges publiques les maîtres qui,
cursores*, qui marchaient en ordre, avec précaution, et à Rome, avaient été agréés au nombre des professeurs of
choisissaient la route à suivre. ficiels. Papinien 3 nous apprend spécialement que les ju
Les exploralores'' , chargés des reconnaissances (explora- risconsultes qui auraient accepté une tutelle, pouvaient,
tiones) 8 formaient sous l'empire un corps séparé 8 : quant d'après des constitutions de Sévère etd'Antonin Caracalla,
aux speculatores w, excursatores" ou procursatores H, répan se faire libérer de cette charge, lorsqu'ils avaient été ad
dus sur le front et les flancs de l'armée, c'étaient les véri mis ensuite à faire partie du consilium piuncipis. Aulu-Gelle
tables éclaireurs : iis opéraient donc isolément (nparsi"), parle de stationes où l'on enseignait publiquement le droit
fouillant le terrain, cherchant tous les renseignements pos et Pline paraît y faire également allusion1. Il y eut de bonne
sibles, observant tout, si bien qu'on donnait le même heure des écoles de droit en province, notamment à Bé-
nom aux . espions Ils faisaient leur service d'observa ryte, colonie italique fondée par Auguste en Phénicie et
tion même pendant la nuit 13. Un certain nombre d'entre qui reçut des privilèges de Dioclélien et de Maximien *.
eux étaient attachés à chaque légion 16, on les chargeait Ulpien mentionne ailleurs les professeurs de droit en pro
quelquefois de la transmission des ordres 1T, et enfin on peut vince qu'il appelle juris civilis professores, en leur refusant
conclure de ce que dit Tacite 18 et d'une inscription 19, qu'ils pour leurs honoraires non-seulement une action, mais
étaient organisés en centuries. Sous l'empire, ils furent même une cuynitio extraordinaria [actio] devant le praese»
attachés spécialement à la personne du prince et devin provinciae; ces maîtres peuvent recevoir librement des étu
rent ses gardes !0. Ce qui les distinguait des prétoriens, diants, ingressu sacramenti, ce qui ne saurait être digne
c'est qu'ils étaient armés delà lance", et c'est ainsi qu'ils ment réclamé ensuite par les voies judiciaires. Il s'agit
sont plusieurs fois représentés sur les colonnes Trajane et là évidemment des professeurs non rétribués par l'État,
Anlonine, accompagnant l'empereur ou placés en senti qui enseignaient le droit dans les provinces. Aussi ailleurs6
nelle devant sa tente ; ce sont eux que Josèphe désigne 21 le même jurisconsulte "' décide-t-il qu'ils ne sont point
par le mot >oYZooopot, après avoir dit précédemment ** que exempts de la tutelle, tandis que Modestin, élève d'Ulpien,
les fantassins qui forment la garde particulière du général nous apprend que les professeurs de droit à Rome étaient
portent la lance et le bouclier rond. On les employait toujours dispensés de toute tutelle ou curatelle 8 à la diffé
aussi pour le transport des dépêches ** et on finit par les rence des legum doctores in aliquo praesidatu docentes. Plus
charger des exécutions45. tard, en 321, Constantin établit une immunité complète
Les avis et renseignements donnés par les speculatores pour les professeurs de droit, quelque fût leur domicile9,
étaient désignés par le mot specu/ationes M. Masquelez. relativement à toutes les charges publiques. L'empereur
II. Antecessor fut aussi le nom des professeurs insti Julien, peut-être pour exclure les chrétiens de renseigne
tués pour enseigner le droit dans les écoles publiques éta ment, voulut que les maîtres nommés par décret des
blies par les derniers empereurs. curiales fussent confirmés par décret impérial. Une cons
Au temps de la république, l'enseignement du droit titution de Valentinien et de Valens paraît avoir rétabli la
avait été purement privé ; il émanait des jurisconsultes [ju- liberté d'enseignement, ou du moins rendu aux chrétiens
riscossulti] autour desquels leur réputation amenait une orthodoxes le droit de professer 10. Enfin, une constitution
foule de jeunes disciples. Les enfants apprenaient d'abord célèbre des empereurs Valentinien 1er, Valens et Gratien,
les Douze Tables par cœur ; ensuite on leur faisait étu- rendue à Trêves en 370, organisa véritablement la police
ANTKCESSOR. I. — I Pohb. But. VI, lu. — « Jos. Oeil. jud.X, 2. — ' Cacs. Bell, « Scuec. De ira; Llp.; Marc. Evang. VI, 27. — « Amm. Marc. X1V.2 ; XVIH, s.
tjall. II, 17, 19 ; Tac. Ami. I. 51. — » Pol. HLit. VI, il ; Jos. Bell. jud. 111, 6 ; V, AiMTKCESSOn. II. — ' Fr. 2, § 35,3, 8, 43, 47 Dig. De orig. jur. I, !; Ciccr. Brut.
î ; Xeg. Il, 7.— 5 Cacs. Bell. afr. 12.— « Cacs. Bell. yall.V, 47; Bell. ch. 1,16; III, 89 ; De orator. I, 41, 142 ; cf. RudoilT, Jloiu. Bcchlsycsch. I, p. 30», note 1 ; Puclit».
16. — " Cacs. Bell. yull. II, 17 ; Vell. l'ai. 11, 113; Tit. Liv. XXI, 26. — » Amm. Cursus instit. I, g 103, 5" édit. 1856. — » Suct. Yesp. 18; Lamprid. Alex. Sev. 44.
Marc. XXXI, 12. — » Hyg. Gr. 24. - 10 Cae». Bell. afr. 12 ; Sali. Juy. 101, 106 ; — 'Fr. 30, De excusât. Dig. XX VII, I ; fr. 6 S 13. codem ; Vatic. frag. 150. — *Cell.,
Bell. hirp. 38; Tit. Liv. XXVII, 15. — 11 Amm. Marc. XXIV, I. — 1* Amm. Marc. Xuct. att. XIII, 10; Plin. Ep. 1, 13; Jur. I, lis et Schul. —5 Fr. I, § I Dig. De
XXXI, 12. — "TU. Liv. IX, 23. — « Til. Liv. XXII, 33; XL, 7; Varr. De liny. Int. cens. 1-, 15 ; cf. c. 1, Uioclct. et Maxim. Cod. X, 49.— 6 Fr. 1, S li Dig. De exlraord.
\ 1. 32 : Spcculator. t/uem mittimu-i otite ut respicint quae vuluiims. — 15 Cars. Brtl. r.uyn. L, 13. — 7 Vatic. frag. g 150. — » Fr. 6, g 12 Dig. Deexms. XXVII, 1. —
'jitll. VII, 11; Tac. Abu. 11. 12. — 1* Bell. hisp. 13. — 17 Bell. afr. 31. — 1» Hisl. 8 C. 6 Cod. Just. De profess. X, 52 ; c. 1 Cod. Theod. De in'-'dic. et prufiwsor. XIII,
1, iï. — " Orelli, 3518. — J0 Tac. Sut. II, Il ; Sud. Claud. 35. — « Suit. 3; kuhu, Stddt. Yerfass. des ràm. Reichs, I , p. 87 et suiv., loi. —10 (•„ f, o0d.
/ /. et fintfja, IS. — « Bell. jud. III, ti. — " mi., — » Sud. Cul. II. — Theod. cod. XIII, 3.
ANT — 284 — ANT

de l'enseignement ". Celte loi s'occupe principalement de près de chaque établissement d'instruction supérieure était
régulariser la surveillance disciplinaire des étudiants, con instituée une bibliothèque publique, pourvue d'un per
fiée à Yofficium des censuaks, sous le contrôle du préfet de sonnel suffisant 21 .
la ville. La nomination et la révocation des professeurs Parmi les jurisconsultes qui furent chargés de préparer
appartenaient en principe, a Home, au sénat '!, comme la le travail du code Théodosien, figuraient sans doute plu
fixation de leurs appointements 13. sieurs anciens professeurs des écoles impériales ; mais les
Une véritable université fut fondée à Conslanlinople textes ne nous font connaître ces rédacteurs que par le>
en 425 par Théodose 14 . Cette école établie au Capitole titres officiels de leurs dernières fonctions gouvernemen
sous le nom d'école publique ou impériale (auditorium tales. Cependant une loi " mentionne un certain Apelles,
publicum ou nostrum) fut mise ;\ l'abri de la concurrence, qualifié de vir diserlissimus et de scholiasticus, ce qui indique
par une disposition prohibitive. L'enseignement public un avocat ou un professeur. Indépendamment de l'école de
fut interdit sous peine d'infamie ou d'expulsion de Con- droit de Constanlinople et de celle de Rome, il en existait
stantinople, à tous ceux qui auparavant faisaient des cours encore plusieurs avant Justinien à Athènes, à Césarée et à
publics sur les matières enseignées dans l'école impériale, Béryte **. Celle-ci surtout jouissait en Orient d'une grande
mais renseignement privé donné aux élèves d'opulente réputation. Justinien employa plusieurs des professeurs de
famille (intra domeslicas parietes), demeura permis à tous ces écoles à la rédaction de ses compilations législatives.
autres qu'aux professeurs ofliciels de l'université. La fa C'est ainsi qu'on voit ligurer dans le nombre des commis
culté devait comprendre trois professeurs d'éloquence la saires chargés en 528 de la préparation de son code'*,
tine et dix grammairiens; pour la langue grecque, cinq Théophile, membre du consistoire et professeur de droit à
orateurs et dix grammairiens ; en outre un professeur de Constantinople, nommé également dans la constitution
philosophie et deux professeurs de droit (qui juris ac legum rendue en 529 **. En confiant ensuite à Tribonien, questeur
formulas pandant). C.-J. François, auteur d'une dissertation du palais, la direction de la compilation des Pandectes, le
générale sur les lois romaines relatives à l'instruction pu même empereur lui permet de former une commission de
blique 1S, pense qu'avant cette constitution, les juriscon rédacteurs choisis parmi les plus éloquents p;ofesseurs ou
sultes sans doute avaient professé publiquement, mais avocats". Ces commissaires sont en eiret énumérés dans la
non pas en vertu d'une institution officielle (ex auclori- constitution sur la confirmation du Digeste On y voit
late publica). Nous persistons dans l'avis contraire, au figurer Théophile, Dorothée, professeur à Béryte, appelé
moins pour la ville de Rome 16 ; car l'immunité des charges spécialement à raison de son immense réputation à prendre
n'aurait pu être concédéesans inconvénients aux professeurs part à cette œuvre ; Anatole, fils de Léontius et petit-fils
de droit, si leur nombre n'avait été déterminé et par con d'Eudoxe tous ayant professé avec éclat à Béryte; Cra-
séquent leur admission intra numerum agréée par le sénat, tinus, cornes sacrarum largùionum et professeur à Constanti
comme pour les autres professions privilégiées. Antérieu nople. Parmi eux Tribonien, Théophile et Dorothée furent
rement déjà, à Home et à Béryte 17, il existait des écoles spécialement appelés à composer un ouvrage élémentaire,
de droit renommées, qui attiraient un grand nombre devenu célèbre sous le nom d'institules de Justinien
d'étudiants; il n'est guère possible d'admettre que ces Enfin, l'empereur, dans une constitution spéciale adressée
établissements fussent demeurés en dehors de toute direc aux antecessores Théophile, Dorothée, Théodore, Isidore,
tion officielle, ou au moins municipale ; mais il est vrai de Anatole, Thallélée, CratinusetSalaminius, s'occupe spécia
dire que la loi de Théodose nousolfre le premier exemple lement M de réorganiser, dans tout l'empire, l'enseignement
connu d'organisation législative de l'enseignement supé du droit. Cette loi est datée de Constanlinople le il des
rieur. La même constitution s'occupe aussi de l'établisse calendes de janvier 533, c'est à-dire postérieure à la mise
ment matériel des facultés, et assigne une salle particu en vigueur des trois principales compilations de Justinien.
lière à chaque professeur. Le préfet de la ville est chargé Parmi les noms de ceux auxquels elle s'adresse on doit re
de veiller à l'exécution de ces dispositions. En eiret, une marquer ceux d'Isidore, de Thallélée et de Salaminius,
constitution de la même année, adresséeàConslantius, qui n'avaient pas fait partie des commissions législatives,
fectus urbi '", le 7 des calendes de mars, assigne des salles mais dont les deux premiers publièrent plus tard des tra
spéciales à différentes chaires et ordonne l'agrandissement vaux importants, soit sur le Digeste, soit sur le Code ; on en
d'un certain nombre d'amphithéâtres. Une autre loi de trouve des fragments dans les scolies des Basiliques ;".
la môme année " élève plusieurs professeurs et entre L'empereur rappelle, au début de cette constitution
autres le jurisconsulte Leonlius, à la dignité de comte Oinnem reipublicae, l'état antérieur de l'enseignement du
du premier rang, et promet celte haute faveur à ceux droit. Les études étaient distribuées en cinq années, dont
qui, après vingt ans d'exercice de leurs fonctions, auront les trois premières étaient consacrées à l'enseignement
mérité l'approbation du sénat de Constanlinople. Quel proprement dit et les deux dernières à des conférences.
quefois on accordait à certains d'entre eux l'admission La première année, les élèves étudiaient les Institutes de
gratuite au nombre des sénateurs Remarquons qu'au- Gaius, considérées comme renfermant les éléments de l'en-

II C. I Cod.Theod.\IV,9,£»e ttud. lilieral, — lï Vv. G, § 4 Dig. De excus.XWU, « C. S Cod. Theod. De stud. liber. X, ». — M t. 5 Cod. Thcod. De conit. princip. 1. 1 .
C. ï, 7 Cod. Just. De prof. X, iiï ; c. I Coll. Thcod. De prof, qui in urbe, VI, il.— — *s II parait qu'une certaine renaissance des études de droit se manifesta dans cette
1» Symmach. Epùt. I, 79;V, 3S.— I» C. 3 Cod. Thcod. De stud. libéral. XIV, 9 ; C. unie. \ille un peu uvan! Justinien, sous l'influence île Tutrice et d'F.udoxe, surnotnnie-
Cod. Just. cod. lit. — 15 Spécimen juridirum inaugural, de legib. rom. ad publ. depui» Heroet : \o\. Huschke, Juriêp. anlej. Lips. I8G1, p. 7i8. — « Court, line,
intlil. pertin. Lugd. Batat. 1834, p. 81. — 10 On toit déjà sous Néron un étranger t/une, g 1. — «S De eonfinn. eodice, Const. Summa reipublicae, g i. — M t.ou-l
envoyer son [ils il Rome pour y étudier le droit : l'hilostr. Vil. Apntl. VII, ii. — Deo aurtore. S 3 Cod. Just. De tel. Jur. I, 17. — !" Court. Tanla eirea nos S »,
" Grcgor. Thaumaturg. Ad Orig. opéra, éd. Gérard Vossius, 1603, p. ISti. (et c. ï Cod. Just. I, 17 ; et Const. Dédit nubis Deux. S 9, c. 7 Cod. Just. I, 17. —
auteur mentionne déjà en 239 ap. J.-C. l'école de Béryte comme assez florissante ; S8 L'empereur rappelle a celle1 occasion d autres professeurs célèbres île Béryte : tu}.
C. I Cod. Just. X, .19 ; et, pour le n<- siècle, Libunius, éd. H. I, p. 103, IJ3, 143, Huschke, Op. 1. p. 7i8. — N Kad. const. g II, et /«.il. pronem. — 5» Const. Omnem
t8b. — I» C. 53, De operib. pnbl. Cod. Thcod. XVI ; c'est peut-être un fragment de reipublicae. — 3' Kacbbach. Introd. n l'étude du droit. Paris, 1856, 3' éd. p. ïll :
la lui précédente. — i« n. I Cod. Thcod. VI, ». — w Symmarh. Epint. X, ï).. — Huschke. Opère louât p. 7i7.
ANT — 285 — ANT

semble du droit privé ; puis ils abordaient quatre matières et la 7° partie (livres xlv à l), el de plus le code de Jus
spéciales, traitées dans des libri singulares, savoir, la dot, tinien. En terminant, l'empereur rappelle une interdiction
la tutelle, les testaments et les legs. On prenait pour base des déjà faite par ses prédécesseurs d'enseigner publiquement
commentaires sur Sabinus, dont les ouvrages sur le droit le droit ailleurs 33 qu'à Béryle et à Constantinople; il men
civil étaient devenus une sorte de texte légal pour les juris tionne les violations de cette défense, notamment à Alexan
consultes classiques. On préférait les travaux d'Ulpien ou drie et à Césarée, et menace les infraeteurs d'une amende
de Paul sur cet auteur. Les étudiants de première année de dix livres d'or et de l'expulsion de la cité où ils ont
portaient dans l'usage le nom de dupondii, sorte de pe enseigné. L'empereur ajoute plus loin que le soin de veil
tite monnaie [dupondius]. Dans la deuxième année, les ler à l'observation de ces prescriptions est confié pour
professeurs expliquaient des commentaires sur l'édit du Constantinople au préfet de la ville, et pour Béryte au pré
préteur. Cet édit se divisait habituellement en sept par sident de la Phénicic maritime conjointement avec l'évê-
ties ; on s'occupait d'abord de la première qui traitait des que de la cité et les professeurs de droit. Chacune des éco
juridictions, puis d'une autre partie qui était tantôt la se les de droit dut compter quatre professeurs. Malheureuse
conde, dejudiciis, ou la troisième, de rébus ireditis, alterna ment Justinien, craignant de voir ses lois étouffées sous le
tivement, le tout d'après les commentaires d'Ulpien. Les poids des commentaires, défendit 31 aux interprètes de pu
étudiants de cette année se nommaient edictales. La troi blier des explications développées; il permit seulement des
sième année d'études avait pour objet : 1° celle des deux indices ou tables raisonnées des matières ou des 7rapctT!x)>a,
parties ci-dessus qui n'avait pas été enseignée précédem sortes de tables de concordance des passages analogues ou
ment ; 2° les consultations ou responsa Papiniani, ouvrage corrélatifs dans les divers recueils, ou des gloses nomiques
qui tenait le premier rang dans l'estime des jurisconsul des termes techniques latins, qu'il fallait expliquer en
tes ; aussi les élèves de 3° année prenaient-ils le nom de grec. Néanmoins les professeurs se livraient à une inter
papinianistae. En 4° année, ils s'occupaient dans des con prétation développée du texte officiel, et la paraphrase de
férences de résoudre les questionstraitéesdans les réponses Théophile sur les Institutes de Justinien, dont ce professeur
de Paul, circonstance qui leur fit donner le nom de lytae avait été l'un des trois rédacteurs, n'est probablement qu'un
(XuTal) ou solutores. Enfin en 5" année ils étudiaient de la cahier dicté par lui aux élèves. L'auteur, comte du con
même manière les constitutions impériales, et se nom sistoire en 528, professait le droit à Constantinople en 532
maient prolytae ou arcftisolufores. et mourut probablement en 536. En 534 Justinien ordon
Justinien ayant abrogé tous les ouvrages des jurisconsul tes na la révision de son Code el confia la direction de ce tra
et les constitutions de ses prédécesseurs, en tant que ces vail ù cinq commissaires 35 parmi lesquels nous retrouvons
écrits ne figuraient pas dans ses compilations, dut établir Dorothée, questeur et professeur à l'école de Béryte. Plus
un nouveau système et d'autres matières d'enseignement3*. tard, lorsque l'empereur eut recouvré Rome et une partie
La première année il ordonna d'enseigner les Institutes de de l'Italie, après y avoir introduit sa législation 36, il eut
Justinien et la première partie desPandectes, répondant à soin de décider que le traitement (annona) qui avait été
la première partie de l'édit, et comprenant les livres iàv; payé antérieurement aux professeurs grammairiens,
les élèves auxquels est adressé le livre deslnstilules prirent orateurs, médecins ou jurisconsultes, serait maintenu, afin
le nom dejustinianei. Eu deuxième année on devait étudier d'entre tenir le foyer des études libérales destinées à la
alternativement, comme jadis, la deuxième partie, de judiciis jeunesse studieuse ss. Peu à peu les prohibitions de Jus
(livre v à xi) ou la troisième, de rébus creditis (livre xii à xiv tinien relatives aux commentaires de ses lois tombèrent en
des Pandectes); ensuite les matières de la dot, de la tutelle, désuétude ; il y eut non-seulement des traductions et des
des testaments el des legs, traitées dans les livres xxm à paratitles de ses recueils, mais encore des interprétations
xxvi du Digeste ; mais on ne devait expliquer qu'un livre développées (tô ^orro;), des questions (lpum;<jeiç), des solu
de chaque matière, suffisant pour donner l'occasion de dé tions (Wtiç, etc.). Ainsi Dorothée écrivit sur les Institutes
velopper les principes de l'ensemble; les élèves conservèrent et les Pandectes des commentaires cités par les Scolies
leur ancienne dénomination d'edictales. En 3e année, les des Basiliques; il en fut de même d'Etienne, professeur de
professeurs devaient enseigner d'abord celle des 2e et 3e par droit à Béryte, qu'il quitta après le tremblement de terre
ties qui n'avait pas été expliquée antérieurement ; puis, au qui détruisit cette cité en 555. Tels furent encore Cobidiu»
lieu des réponses de Papinien, les livres xxi, xxn et xxm ou Gobudas, et Isidore; Julien, professeur de droit à Cons
du Digeste, traitant du gage comme droit réel, de la tantinople, publia, sous le titre d'e/^o»ieou liber novellu-
vente, des intérêts et des fruits et des preuves. Comme les rum, une traduction en latin des Novelles grecques de
fragments de Papinien occupaient en général à peu près dans Justinien; Thallélée, également professeur de droit, com
chaque titre le commencement du 3e tiers, les élèves con menta le Codex repetitae praeleclionis, etc.39. Quant au mou
servèrent le nom de papinianistae parce que Justinien avait vement des études de droit après le 6e siècle, nous n'a
fait placer un fragment de cet auteur en tète de chaque titre vons pas à l'étudier ici ; il suffit de renvoyer aux auteurs
du livre xx. En 4e année, sous le nom de lytae, les étu qui se sont occupés spécialement du droit byzantin el
diants s'occupaient des 4e et 5e parties des Pandectes, li notamment à l'excellente Histoire du droit byzantin de
vres xyii à xxm et xxvut à xxxvi ; en 5e année, ils de M. Mortreuil 40. G. Humbeht.
vaient étudier la 6e partie du Digeste (livres xxxvn à xliv) ANTEF1XA, Antélixe. — Les édifices étaient couverts,
u g î, Bac conslil. — '» L'école d'Athènes était déjà supprimée eu !ii9 ; celle ses constructions. Voy. Coriiig, Itisr. acad. I, in line. — 38 Ad praym. tanct, c. xxn. —
>i Alexandrie subsistait encore en 548 ; celle de lier; te m: put se relever après le W Eschbacn, Intr. à Vêt. dn droit, p. 211 et s. ; C. B. Heimbaeh, De hasilic. oriy. Lip*.
tremblement de terre de aoi, bientôt suivi d'un incendie, malgré le tentatives I .s il», 1, p. 60 et slliv. et (',. (i. lleinibaeh, Ancrilota. I, p. 203 et suiv. I.ips. 1840 ;
laites pour la transplanter h Sidon. — a» Dell mictore, g 12, et C. Tttnta, s SI. — I".. C. /.aehariae, UUtor. jur. graec. rom. p. 21, 183'J, Ueidelberg. — «0 Paris, 1843.
» Const. Cordi nobis est, 8 2. — 36 l'ntr/miit. snnet. e. vi de l'année 554. — 1846. — HiBLiooKftpitiK. ('.. J. François, Spécimen juridicum inaugurale de hgihus
!i Ori ne s'accorde guère u\ec le reproche adressé par certains historiens a cet Homanorum ad publicam imtitntionrm pertinentibut, Lugd. Datav. 1834; Kini-
■ ni|wreur d'avoir suspendu le paiement des professeurs de Constantinople pour payer merer, rntfi-surlnotfj iitti-r tlii> /-'rai/r oh iinclt Jnstînitru. /ti-r/it dir /Vo/Vvflor. del
ANT — 286 — ANT
chez les Grecs et chez les Romains, de tuiles plates en terre plaçait quelquefois des ornements semblables; une moitié
cuite ou en marbre (teyulae, uwXvivs;), dont les jonctions, de l'antéfixc décorant à l'angle la face principale, et l'autre
qui suivaient la pente de la toiture, étaient recouvertes
par d'autres tuiles à double égout ou convexes (ùnbrices, xa-
XuTTÎjpE;). A l'extrémité des rangs à'imbrices étaient ajustés,
au moyen d'une languette entrant sous le dernier imbrex, les
ornements que les Grecs appelaient xaWrvjpEç avOE^cotoi l, et
les Latins antefixa ou imbricesex/remi, frontati. Festus définit
1 antéfixe un ouvrage en terre cuite, que l'on attache au toit
sous la chute d'eau (sub slillicidio)- et l'on voit dans Tite-Live
qu'une statue de la Vic toire placée au sommet du temple de
la Concorde, à Rome, étant venue à tomber, l'ut retenue
par les Victoires qui étaient ainsi placées en antéfixes *.
Selon Pline, Dibutade de Sicyone fut le premier qui plaça
des masques (personae) sur le bord des toits: il les nomma
fjioty/ja : ensuite, ajoute le même auteur, il fil les eetypu*. 11
est probable que par la première expression Pline veut dire
que l'antétixe, qui l'ut d'abord faite en terre cuite, était mo
delée à lamain, etparla seconde, qu'elle était le résultatd'un
moulage permettant d'en tirer de nombreux exemplaires.
On a trouvé et on conserve à Athènes des ectypa en terre
cuite coloriée, provenant du premier temple de Minerve in Fig. 331. Antéfixe du temple de Diane Propylée, a Eleusis.
cendié par les Perses5. Sous Périclès, ce temple fut réédifié,
sa couverture fut de marbre et les antéfixes furent ornées de moitié se retournant d'équerre suivant la face principale '*.
palmettes sculptées6. Les antéfixes, en général, se trouvaient Ces sortes d'antéfixes étaient plus fréquentes sur les tom
à l'extrémité de toutes les files à'imbrices, comme au temple beaux que sur les temples.
de Thémis7; quelquefois elles étaient placées de telle sorte Les Étrusques ont fait usage d'antéfixes en terre cuite,
que de deux files voisines une seule en était ornée, ainsi qu'on presque toujours coloriées : il en existe encore un grand
peut le remarquer au temple de Diane Propylée à Eleusis". nombre , que
Des antéfixes ornèrent aussi le sommet des toits. Pline l'on peut étu
nous dit que des ec dier particu
typa vinrent les orne lièrement aux
ments des faîtages des muséesdu Lou
temples ". Ces anté vre (fig. 332),
fixes liaient lesimbrices île Pérouse et
des deux pentes et de Naples. C'est
étaient sculptées sur surtout des ur
les deux faces : celles nes cinéraires
du temple de Némé- étrusques, où
Antéfixe étrusque.
sis en fournissent un sont imités des
Fig. 330. Ornement d temple de Némésù édifices, que l'on en déduit l'application dans la dé-
exemple (fig. 330) ,0.
Les antéfixes en marbre offraient parfois simplement une
silhouette contournée et une surface lisse sur laquelle était
peint quelque ornement : il a été trouvé aux propylées
d'Eleusis une antéfixe dont la peinture, presqu'entièrement
effacée, a laissé suffisamment de traces pour permettre d'af-
tirmer l'existenced'un dessin colorié. Une autre semblable,
c'est-à-dire à face lisse, appartient à la pinacothèque de
l'acropole d'Athènes ; elle est sans trace de peinture ; mais
par son contour on peut juger que sans aucun doute elle était
ornée de la même manière. Des masques, desfeuilles et des
palmettes formaient les types des antétixes grecques, dont
nous donnons (fig. 331) un exemple appartenant au temple Fig. 333. Crue cinéraire étrusque.
de Diane Propylée a Eleusis ".Aux extrémités et au som
met des frontons, quand il n'y avait ni vases ni statues, on coration des monuments. L'une de ces urnes (fig. 333),

risftr., Hanovre, 1 837 ; Schwarz, Krzieltungslehre, Leipzig, 1013 ; Jac. Gothofrcdus, 3u édit. Paris, 1869; kuhu, Die stàdtische wld bixgerl. Yerfassung des rfnn. Reiclts.
Ad Cod. Theod. De stud. libéral. XIV, 9 ; J. de Wal, lté juriê doeendi rations apud 1, p. 87 et s., Leipz., 1864; Serrigny. Droit public romain, II, no» 1004 à 1024.
llomanos, Groning. I S3S> ; Westrick. Visa, inaugur. ad l. 6, g 12, De excusât. Ilig. ANTKFIXA. 1 Bœckh, Urkunden Uber das Seewesen derAth. p. 407 et suiv.— 1 Fest.
\XVII, I , J.pj <le, t tîifti: Conning, Dissertât, de antiquitai. académie, édit. HeumanD, .v. v. — 3 Tit. Llr. XXVI, 23 ; Voy. des antéfixes ornées de victoires dans Séroux
i.orttiiifr. 1739. supp. LVI1. et di>s. IV, p. lin ; Zimmern, Oesch. des rôtn. Jtechls. d'AgincOUrt, lier, de fragm. pl. xxxi, 2, et au Louvre. — * Dist. nat. XXXV, 13,
Heid. 1829. gg 68, 70; Millier, lté genio, moribus et luxa aeci Theodosiani, Havniae, 12.— 5 P. Lebas et F.. Laudron, Voyage arehéol. en tirèce et en Asie Mineure, pl. n, I .
1797, I, p. U cl suii.; Walter, (leschichtt des rûm. Jteehtl, 3' éd. Bonn. 1860, I, — 8 Stuart et Revett. Antiq. of Attteu, trad. franr. T. II, c. i, pl. ix. — ' Caniua,
S 384, 399; U, SS 137, 143, 447, 4j3, 4S4; Rudorff, HOm. Reehtsgesek. 1, p. 308, Ait/i. greca, tav. xv. — 8 Ib. tav. xvhi. — 9 flist. nat. XXXV, 43. — 10 Canina.
Leipzig, 18-ï7; BecJter, Handbuch der rùm. Alterthûmer, 111. 1, p. 307, Leipzig, 1 Soi ; Areh. greca, tav. xxvi. — H Vned. anliq. of Attira, trad. fr. c. v, pl. n, 3. —
Giraud, Hist. du droit romain, taris, 1 8S7 ; Démangeât, Cours de droit romain, " Canina, Arrh. greca, tav. xcvlli, 9 ; O. Millier, Hamtlnirh der Arclidol. g 2*1.
ANT — 287 — ANT
du musée de Florence est ici reproduite ; nous en citerons au musée du Louvre de nombreux spécimens de ces bas-
encore une autre, découverte dans un tombeau de reliefs |zofhorus]. C. Thierry.
Bomarzo et décorée d'antéfixes à l'extrémité des rangées ANTENKALEIN, 'AvTeYxaXetv[ANTlGRAPliÉ|.
A'ùnbricet ANTENNA [vela].
Les Romains prirent aux Étrusques ce genre de dé ANTEPAGMENTUM [janua].
coration. La figure 33* présente un ensemble perspectif de ANTEPILAM. — Les triaires ont été quelquefois appe
lés pilant' à cause du pilum qui fut d'abord leur arme par
ticulière : ceci explique le mot antepilani employé par cer
tains auteurs s pour désigner les corps placés en ligne
devant les triaires, c'est-à-dire les hastats et les princes.
[legio]. Masquei.f.z.
ANTEROS ('AvtÉsojO. — Antéros, fils d'Aphrodite et
d'Arès, frère d'Éros Dans ces deux démons ou génies
opposés l'un à l'autre, l'antiquité avait sans doute voulu
symboliser la lutte des instincts passionnés qui s'attirent
ou se repoussent. Éros était l'amour heureux, Antéros
l'amour malheureux. On représentait le premier avec des
boucles de cheveux dorés, l'autre avec des boucles noires '.
L'un et l'autre présidaient aux gymnases, à coté d'Hercule et
d'Hermès. Leurs statues se voyaient réunies au gymnase
Fig. 33-4. Toiture d'une maison romaine, à Ostie. d'Klis, dans la partie appelée Plethrion 3. Dans une palestre
tuiles, d'imbrices et d'antéfixes formant la couverture d'un du môme gymnase, un bas relief représentait Éros et An
toit conservé à Ostie '*. Des fleurs, des fruits, des masques, téros luttant l'un contre l'autre : le premier tenait à la
îles feuilles diverses, des vases, des aigles, des tôles d'ani main une palme que l'autre s'efforçait de lui arracher \
Tels nous les montre un bas- relief du musée de Naples 5
maux, des figures entières ou même des groupes ornent la
(li,^. 337) dans lequel Antéros paraît caractérisé par des aile >
face des nombreuses antéfixes romaines qu'on possède en
core. 11 est probable que, du temps de Caton, les antéfixes
romaines avaient souvent un caractère religieux, puisque
le rigide censeur se plaignait de l'admiration et des louanges
des Itomains pour les ornements d'Athènes et de Corinlhe,
tandis qu'il les voyait rire des antéfixes en terre cuite de
leurs dieux Une antéfixo trouvée à Rome représente Cy-
bèle dans un vaisseau, entre deux lions. Le portique d'Oc-
tavie a conservé des antéfixes où sont représentés desaigles17.
D'autres, comme celles qu'on voit ici, l'une (fig. 33o), décorée
d'une tôle de femme
coiffée d'un diadème
et d'un voile'8, l'autre
(tig. 33fi), en forme
Fig. 337. Éros cl Antéros.
de masque grotes
que w, servaient à la aux plumes recourbées, différentes de celles que l'art
fois d'ornement et de prôte ordinairement à Éros. On peut remarquer la même
gouttière. Les sarco particularité dans un autre bas-relief, au palais Colonna,
phages romains faits à Rome, où deux génies ailés luttent a la course aux
à l'imitation de monu flambeaux B.
ments étaient, comme Dans un bas-relief du Louvre, représentant la lutte
chez les Étrusques, or (acrocheirisiiios, lutte des poignets) de deux Génies, on a
Fig. 33j. Anléfrxes gouttières. Fig. 330.
nés d'antéfixes : beau- eru reconnaître aussi Éros et Antéros7. Peut-être faut-il
coup de musées en possèdent des exemples. reconnaître encore Éros et Antéros dans quelques-uns des
Les antéfixes sur le faîtage des toits durent être fort en bas-reliefs et des pierres gravées, fort nombreux, où l'on
usage chez les Romains, quoiqu'il n'en ait été découvert voit des enfants ailés luttant ensemble \
qne de rares exemples. Dans d'autres cas, Antéros apparaît comme le démon
Quelques archéologues ont donné le nom d'antéfixes à vengeur de l'amour méprisé ; c'est à ce titre qu'il avait un
des bas reliefs en terre cuite dispo-és en frises dans les autel il Athènes, dédié par les métèques, ou étrangers do
temples ou dans les habitations, et fixés par des clous dont miciliés. On racontait à ce sujet une légende dramatique,
des trous circulaires indiquent la place ,0. On peut voir que Pausanias a recueillie9. L. de Ronchauh.
13 Uieali, Mon.per un. alla star, ilei pop. ital. Flor. IS32, pl. Lxxn. — ^Canina, AVTEnOS. I Cic. Pe nat. de.v: III, !i9, 00. — » Ruoap. Jambl. p. 15, Boissonadr. —
Ktruria maritt. Il, pl. en, p. 1-42 ; Moninn. inril. iïpII' In.it. arelt I, tav. ilii, et 'Pans. VI, 13, 3. — * Ihid. t.—* Mut, Barbon. XIV, Ut. mm ; E. Brann,AntikeMar-
Annal. 1^43, p. 307. — 15 Campana, Antiehf opère in plaëtiea, tav. vi. — 18 Tit. morirerlce, déc. II, taf. ltiii ; Muller-Wieaeler, îlenkm. iler nlt. Kunst. II, 664. — 8 I .
Liv. XXXIV,3. — (7 Canina, Arehit. romand, I. pl. lxxix ; L. Reynaud, Traité d'nr- Braun, /. /. 5. — ' Clarae, Mum. de Kulpt. pl. clxiiit, ccxx; Bouillon, Mut, mu.
ekil. IM partir, pl. lxxix. — 18 Campana, Op. I. tav. xi, p. lij, actuellement an Lou I. 111, pl. xiv ; Frrehner, .Xot. de la ne. nn 2.Ï9. — H Montlaucon. Anttq. expt. I, I ;
tre. — I» Srroux d'Agiueourt, Bec. île fragm, pl. \\\\, 0; Cf. Ihid, t. — *> VV. Bôttiprr, Kl. Sckrift. I, 162; Welekex, Or. Gotterteltre, II, p. 7Î7; O. Muller. /. /.;
Smith, Diei. of greek and roman tint. s. v. Mullrr-wiisrler, /. /.«S; TAiketi, Oetehn. Sleiiie. n. 67 1-677. — » Pans. I, 30, 1 : Suid.
AXTEP1LAM. t Varro. fie lin//. Int. V. S9.— « T. Ut. VIII. «. Vïkr-t-, : Rouli1. Aernp. rt'Atli. II. p. 303.
ANT — 288 — ANT
ANTESIGNANI. — Nom donné, dans la légion romaine, ANTIDOSIS ('Avrfôoo-iç). — Le mot Intëomç, dans le droit
aux soldats choisis entre les plus braves auxquels était attique, pouvait s'appliquer à tout échange ; mais, dans
confiée la défense des enseignes*. Il arrivait quelquefois son acception habituelle, qu'un discours d'Isocrate a rendue
qu'on les réunissait pour tenter une opération difficile 1 ; populaire, il désignait une espèce particulière d'échange,
on vit même, dans une circonstance grave, César leur se rattachant à l'organisation politique et à l'administra
donner l'ordre de déposer leur charge et de combattre tion financière de la république athénienne.
mêlés à îles cavaliers * : c'est sans doute ce fait, ainsi que La république d'Athènes, au lieu de pourvoir directe
leur position dans la ligne de bataille, qui les a fait con ment, sur les fonds du trésor public, à certaines dépenses
fondre avec; les vélites par le savant Saumaise; mais un d'intérêt général, y faisait face au moyen des liturgies. Des
passage de Tite-Live 3 enlève toute indécision à cet égard. citoyens riches étaient, suivant des règles que nous ex
L'aigle fut confiée d'abord au premier manipule des triai- poserons ailleurs [ieitoubgiai], désignés pour remplir, a
res, puis à la première cohorte mais chaque manipule leurs frais, les obligations qu'entraînaient, par exemple,
ou cohorte avait au moins une enseigne particulière ', l'équipement et l'entretien des navires do guerre, la cho-
qui, dans le combat, était placée au centre de chaque régie, la gymnasiarchie ou l'hestiasis.
corps de troupe : il y avait donc des antesignani dans cha Les citoyens les plus riches devaient seuls être soumis à
que manipule ou cohorte, et quand l'armée était rangée ces charges. Solon 1 imagina un moyen singulier pour ar
en bataille sur trois lignes, ils se trouvaient placés sur le river à ce résultat et pour permettre à celui qui se croyait
front de chacune de ces lignes. Cette observation permet injustement désigné, ou dont la fortune avait été notable
de comprendre les détails donnés par Frontin 8 sur les dis ment amoindrie par des revers5, de rejeter le fardeau sur un
positions adoptées par Sylla quand il eut à combattre Ar- autre citoyen plus a même de le supporter. C'est ce moyen
chélaiis : il en résulte aussi que les postsignani étaient les qui porta le nom d'«vr£5o<Ttî et que nous allons décrire.
soldats placés dans les derniers rangs de chaque manipule Lorsque le débiteur d'une liturgie croyait avoir rencon
ou cohorte. tré un citoyen dont la fortune était supérieure à la sienne
De tout temps, on a confié la garde des enseignes aux et qui cependant était exempt de toute charge, il lui adres
soldats les plus braves et les plus expérimentés : on ne doit sait la sommation de prendre sa place et de supporter à
donc pas s'étonner de retrouver jusque dans les écrits de l'avenir les dépenses occasionnées par la liturgie. Cette
Végèce, non-seulement la mention de cet usage, mais en sommation, au moins en ce qui concerne la liturgie de l'a -
core le nom donné autrefois à ces hommes dévoués : il rance de l'impôt sur les biens (7upoEt<j!?opot), ne pouvait pas
dit * en outre que les antesignani étaient aussi appelés être faite indifféremment à toute époque, Démosthène 1
campigeni. Masquelbz. nous dit, en effet, que les stratèges autorisaient, une fois
ANTESTATïO [OBDO JODICIORUM]. chaque année, les citoyens compris dans la classe des trois
ANTHEMA ("AvOîua). — Danse mimique, littéralement cents à proposer leurs dvTiSo'oEtç.
danse des fleurs, par laquelle on célébrait peut-être l'ar Si le citoyen désigné, que nous appelleronsle défendeur,
rivée du printemps. Ceux qui y prenaient part dansaient et accédait à la sommation, tout était terminé et le nouveau
chantaient en même temps des paroles dont Athénée a débiteur était substitué à l'ancien.
conservé celles-ci : « Où sont les roses, où sont les violettes, Maison comprend facilement que les résistances devaient
« où est le bel ache? Voici les roses, voici les violettes, voici être fréquentes. Un procès, rentrant dans la catégorie des
a le bel ache '. » Hunziker. SieeStxao-fai, s'engageait alors, et voici quelle en était la mar
A:VTIIESPlIORIA(,AvO£a-,pôp!a).— Fôte des fleurs, célébrée che. Le demandeur, assisté de témoins, se transportait dans
au commencement du printemps, et qui peut être ratta la maison et sur les immeubles du défendeur ; il les exa
chée à différents cultes, particulièrement a celui de minait conlradictoircment avec son adversaire; il en fai
Cora ou Proserpine dans le Péloponnèse, en Sicile, à Ilip- sait constater l'état par les témoins, qui recueillaient les
ponium en Italie. Les femmes cherchaient les fleurs nou déclarations actives et passives du défendeur et vérifiaient
velles et en faisaient des couronnes et des guirlandes, le nombre et l'importance des stèles hypothécaires. Cet
imitant ainsi la déesse, telle qu'on se la figurait, entourée examen terminé, pour prévenir toute soustraction de la
de ses compagnes '. A Mégalopolis, il y avait, dans le tem part du défendeur, on fermait les portes de sa maison et on
ple de. Démétèr et de Cora, deux statues de jeunes filles y apposait des scellés; on établissait des gardiens des im
portant des fleurs (xo'pat ivOoso'poi) : c'étaient, selon les uns, meubles4. A partir de ce moment, le défendeur ne pouvait
les filles de Démophon, selon d'autres Artémis et Alhéné1, plus disposer valablement des biens qui lui appartenaient,
qui cueillaient des fleurs avec Proserpine, quand elle fut il ne pouvait même pas les déplacer.
ravie par Hadès. A Argos, à la fôte des fiançailles (Upôî La raison, à défaut de textes, nous dit que les mêmes
-/■âiio;) de Zeus et de liera Anthéia, des jeunes filles portant précautions pouvaient être prises par le défendeur relati
des corbeilles remplies de fleurs (àvQEucpopoi) faisaient cor vement à la fortune du demandeur, et les mêmes formalités
tège à la déesse, tandis que des jeunes gens jouaient sur la devaient alors être remplies 5.
llùte un air sacré appelé Upîxtov \ Hi n/ikkh. Les deux parties s'engageaient ensuite solennellement à
ANTHESTERIA [diostsia]. se remettre de part et d'autre, dans le délai de trois jours,
ANTHESTERION [calendabium]. un inventaire exact et détaillé de leur fortune*. Il n'était
ANTESIGNANI. - 1 Cacs. Bell. civ. 1,57. — * Tit. Liv. IX. 39; XXII, 5.— » Cg». .il. I. — « Pollux, IV, 10, 78; P.-iiis. II, iî. I ; 17, i; Etymol. C.ud. p. ,'i7. 4s.
Bfll. eiu. 1, M; III, 75, 84. — * Bell. civ. III, 7S. — S XXVII, 18. — » H;g. De ANTIDOSIS. 1 Hullmann a révoqué en doute l'attribution «V ïfintidosis à Solou ;
rush: 3. — 7 Tit. Liv. Vlll, 8; XXVII, 14; Varr. /*• liuq. Int. IV; Polvb. Hist. mais il n'a pas ébranlé l'autorité qui doit, jusqu'à prouve contraire, s'attacher au
VI, il. — » Strat. II, .1, S 17. — » 11, 7. témoignage île Démostheno, C. Pkaenip. S I, R. 1038; voir Schelling, De Snlonis
AXTHIiMA. 1 XIV, p. «;» F. leg. p. 611, cl Hermann, SlnnlmllerthUmn; S 163, note 18. — > Hem. C. Phaen. g "1,
ANTHESPHORIA. 1 Poilu*, I, .17 ; Slrabo, VI. ï.'rf) ; Hosych. rt Phot. 'H9o««»«»« H. IH39. — » C. Phaen. 88 4-5. R. 1040. — * Dem. I. I. 8g 5, 6 et 7, R. 1040. —
iMt.r.-;i*. i'jsri, Y"'V«Uï'.« ^ïjiTpà i^'.iiivr, iv lltï.',î:v.*T;.j,.i *.<i-i to îas. — i Psuls. Vlll. j » Schirmann, rtrier/i. Allerlli. i- M. 1. p. 180. — » Dem. C. l'hue». 8 II, R. tiUi.
— 289 — ANT

pas toutefois nécessaire d'y comprendre les mines possé Les juges, en rapprochant et en comparant les deux in
dées à titre emphytéotique, attendu que cette espèce de ventaires", recherchaient quel était celui des deux adver
biens, soumise à des taxes spéciales, n'était pas tenue de saires qui possédait la fortune la plus considérable et déci
contribuer aux liturgies7. Les inventaires, au moment où daient — non pas comme on l'a soutenu", que l'échange
chacune des parties remettait le sien à l'adversaire, étaient devait avoir lieu, — mais bien quelle était celle des deux
affirmés sous la foi d'un serment, 'dont la formule nous a parties qui, à cause de la supériorité de sa richesse, devait
a été conservée par Démosthène être soumise à la liturgie.
A cette hauteur de la procédure, deux incidents pou S'ils se prononçaient en faveur du défendeur et que la
vaient se produire. demande leur parût être le résultatd'une erreur et non pas
Si des objections étaient dirigées contre la sincérité des l'œuvre de la mauvaise foi, ils renvoyaient le demandeur
inventaires, il fallait nécessairement statuer d'abord sur les sans lui appliquer aucune peine. Le rejet de la demande
contestations qui se produisaient9. Cette question préjudi avait toutefois, même dans ce cas, une conséquence impor
cielle ne doit pas nous arrêter ; il ne peut y avoir, à son tante ; il rendait impossible l'introduction, par celui qui
égard, ni obscurités, ni incertitudes. venait d'échouer, d'uneseconde demande en àvr(8oac{ contre
Le second incident est plus notable ; quelques au une autre personne '*. Sans cette prohibition, des instances
teurs 10 en ont môme nié la possibilité ; mais ils ne sont successives auraient pu laisser pendant trop longtemps in
arrivés à cette conclusion qu'en dénaturant gravement le décise la détermination du citoyen obligé à la liturgie, et
sens et la portée d'un texte de Démosthène. Cet orateur les intérêts de l'État eussent été gravement compromis.
rapporte que, poursuivi en antidosis par Thrasylochus, il Si, au contraire, la demande était accueillie, il fallait, ou
se déclara prêt à acquiescer à la demande d'échange qui bien que le défendeur prît la place du demandeur, ou bien
lui était adressée, sous la condition expresse que son ac qu'il échangeât avec lui sa fortune. La loi accordait au dé
tion en dommages et intérêts contre ses tuteurs infidèles fendeur qui succombait le choix entre ces deux alternatives.
lui serait réservée et ne passerait pas à Thrasylochus n. Il Il est vraisemblable que, presque toujours dans la pra
résulte de ce fait que le défendeur, avant de prendre un tique, le défendeur, au lieu de se séparer de biens qui
parti définitif, avait le droit de demander préalablement avaient pour lui une valeur d'affection indépendante de leur
que tel élément de son patrimoine, spécialement désigné, valeur intrinsèque, acceptait la charge delà liturgie. C'est
fût exclu de l'échange et lui demeurât propre. Cette ré ce que fit Démosthène, poursuivi par Thrasylochus, lors
serve est aisée à comprendre et à justifier. Lorsqu'une ac qu'il reconnut que la réserve de son action contre ses tu
tion importante est engagée sans qu'il soit possible d'en teurs ne devait pas être accueillie ; c'est ce que fit égale
prévoir le résultat, comment évaluer exactement la for ment Isocrate poursuivi par Mégaclide17; enfin, dans un
tune de chacune des parties litigantes et apprécier si l'é discours de Lysias18, l'orateur dit nettement que son adver
change offre ou non des avantages ? Démosthène pouvait saire aimerait mieux supporter dix fois la charge de la
être réduit à une fortune modeste, ou se voir classé parmi chorégie que d'échanger avec lui sa fortune.
les citoyens riches d'Athènes, suivant que lesjuges repous Lorsque, exceptionnellement, le défendeur condamné
seraient ou accueilleraient la demande qu'il se proposait de optait pour l'échange, il devait remettre tout son actif au
former contre ses tuteurs. 11 lui était donc très-difficile de demandeur et recevait, en contre-dation, la fortune de
reconnaître si son intérêt lui commandait d'accepter un son adversaire. La loi exceptait toutefois de l'abandon les
rchange général ou d'en rejeter la proposition. Voilà pour mines, par la même raison qui les avait fait écarter de l'in
quoi il se déclarait prêt à abandonner sa fortune actuelle ventaire. Peut-être, la pratique autorisait-elle encore d'au
ment liquide et certaine, en gardant pour lui les chancesfa- tres exceptions", pour les cléruchies, par exemple, qui,
vorables ou défavorables que lui offrait son procès de tu de même que les mines, étaient exemptées de certaines
telle. La question préjudicielle , soulevée par cette liturgies — M. Schœmann met sur la même ligne les
nouvelle otaârxasîa ", de savoir si la réserve devait être ad biens « quorum communis ipsi (permutanti) cum aliis pos-
mise ou repoussée, était alors discutée ; mais nous igno sessio erat Sl. » Mais il résulte d'une définition d'Harpocra-
rons les principes qui guidaient les juges dans la recherche tion que les xotvtovixa contribuaient à la triérarchie comme
d'une solution". les autres biens, lorsque le possesseur avait une fortune
Supposons maintenant qu'il n'y eût pas de réserves, suffisante pour être soumis à la liturgie. L'exception pro
que la loyauté des inventaires ne fût pas incriminée, et posée par M. Schœmann ne nous paraît donc pas admis
que cependant les deux adversaires, après avoir examiné sible. — Quand l'exécution de l'échange soulevait quel
les états qu'ils s'étaient respectivement communiqués, ne qu'une de ces difficultés ou d'autres analogues, il y avaii
pussent pas se mettre d'accord. Les pièces devaient alors lieu à une nouvelle SiaSixao-i'a sur laquelle les juges pro
être déposées entre les mains des magistrats dans l'hégé nonçaient M.
monie desquels rentrait la contestation : les stratèges, s'il L'échange conduisait donc, par une voie détournée, au
s'agissait de hiérarchie ou de itpottotpopâ ; les chorages, but que le demandeur avait voulu atteindre. Il soutenait
s'il s'agissait de chorégie Ces magistrats instruisaient qu'il devait être exempté de la charge et remplacé par tel
l'affaire et la portaient devant le tribunal compétent. autre citoyen plus riche qu'il désignait. Celui-ci lui re-

7 Dcmosth. Eod. loc. g 18, R. 1044. — 8 End. Inc. § 11, R. 1044. — * De- (liminntion. La question a peu d'im|>ortance et les textes sont muets; mais
morth. Etui. Inc. g 10, R. 1043. — 10 F. Vollbrccht, De antidosi, Clnusthal, 1846 j l'équité paraît exiger que les juges statuent en tenant compte de l'état de choses
rf. Philologiu, 1. II, p. 108 et s. — » r. Aphob. II, g 17, H. 811. — 1» l)c- existant au jour du jugement. — 15 Muflier, Athen. Gerichtseerfassmg, p. 379.
nwth. T. Aphnb. Il, S 17, R. 811; cf. Plalner, Process und Klagen , U, — 16 plalner, Proceês und Klagen, II, p. 109-110. — " Havet, Jttrod. auMift.
p. IS-1* — » Btrckh, Staatâhmahalt. 2« éd. I, p. 756-739 ; cf. p. 755, note, d'Isocraie sur l'anlidosis, 1862, p. cvi. — 1» Prn invalida, g 9, Didot, SOI. —
pour la réfutation de l'opinion de Vollbrccht. — » Plalner, Prncess und Klugen, 19 Ilermarin, Staatsalterth. s 102, 20. — 20 Demoslh. De classibus, g 10, R. 182.
11, p. 108, se demande ce qui arrivait lorsque, dans l'intervalle entre la re — 21 Anliq. jur. pub. Graee. p. 329. — 52 lloerkb, Staalshmtsh. der Ath. 2» éd.
quête et le jugement, la fortune du défendeur s'était accrue ou avait subi une I, p. 739.
1. 37
ANT — 290 — ANT
mettait sa fortune. Le premier se trouvait donc mainte Achaïe par Aratus, en l'honneur d'Antigone Doson, roi de
nant, de son propre aveu, le plus riche, et il n'était plus Macédoine, lorsqu'il devint son allié. Il voulut qu'on l'ho
fondé à se plaindre. norât par des sacrifices, des jeux, et des chants, comme
Cette succession à titre universel devait amener, dans s'il eût été un dieu'. E. S.
l'application, des difficultés assez sérieuses. Un exemple ANTIGUAPHKCAvTivpxçvi). — Ce mot signifie proprement
suffira pour l'établir. Nous avons dit que tout l'actif du contre-écrit : dans toute action en justice, à Athènes, le
défendeur passait sur la tête du demandeur, et réciproque demandeur devait formuler ses prétentions par écrit, et
ment. Cette transmission se comprend aisément lorsqu'elle c'est aussi par écrit que le défendeur devait y répondre.
est limitée à des objets mobiliers ou immobiliers par leur Cette réponse pouvait se présenter sous trois formes diffé
nature. Mais que devenaient les droits et es obligations? rentes, qui sont toutes trois désignées dans les sources par
Si l'échange eût été accepté, les débiteurs de Thrasyloclms le terme commun d avriypa-^'.
seraient-ils devenus débiteurs deDémosthène? Et, ce qui La réponse du défendeur pouvait d'abord consister en
est plus grave encore, les créanciers, envers lesquels Thra- une dénégation directe de la demande ; en ce cas le débat
sylochus s'était obligé, auraient-ils été tenus de se conten se réduisait â une question unique, à savoir, si la demande
ter de la garantie personnelle offerte par Démosthène, avec était ou non fondée; il n'y avait qu'une seule instance, une
lequel ils n'avaient pas contracté ? Il est difficile de ré seule instruction, un seul jugement [DlKÊ].
pondre à ces questions d'une façon satisfaisante w. Voici Le défendeur pouvait encore, sans contredire les alléga
toutefois une théorie assez simple et assez naturelle qui tions du demandeur et tout en reconnaissant que son ac
nous paraît ressortir des textes : les droits ou obligations tion était fondée, prétendre seulement qu'elle était mal in
exclusivement attachés à la personne n'étaient pas com tentée (par exemple formée trop tôt, ou trop tard, ou
pris dans la transmission ; ceux qui se rattachaient princi portée devant un tribunal incompétent), et qu'elle était par
palement à la fortune passaient au coéchangiste. Deux suite non recevable. Ici, à la différence du cas précédent,
applications vont mettre en relief cette distinction. Dé l'objection soulevée par le défendeur constituait une ques
mosthène avait à se plaindre de ses tuteurs qui avaient tion nouvelle, distincte de la question de fond et préalable
mal géré ses affaires et qui lui devaient, comme répara à celle-ci : car, avant de rechercher si l'action du deman
tion de leur négligence, des dommages et intérêts. Thra- deur était ou non fondée, il fallait bien examiner si cette
sylochus intente contre lui une demande en (WSoo-tç. Si action était ou non admissible; cette question donnait
l'échange a lieu, Démosthène perdra le droit d'agir contre donc lieu à une instance incidente, avec débals séparés,
ses tuteurs ; l'aclion, tendant à un résultat purement pécu constitution d'un jury ad hoc, et jugement spécial; et ce
niaire, appartiendra à l'avenir ;\ Thrasylochus, 6; xoù tmv n'était qu'après ce jugement rendu et l'action reconnue
Stxwv TouTbJv toû (xïTtSo'vTo; Yt^vofisyiiiv îl ; aussi Démosthène, recevable, que le procès sur le fond, jusque-là tenu en
pour ne pas laisser échapper sa vengeance, se soumit à la suspens, reprenait son cours. Ce mode de défense, bien
liturgie. Supposons, au contraire, que l'une des parties qu'appelé comme les autres àvTtfpa^ \ portait un nom plus
soit tenue d'une obligation alimentaire envers un de ses spécial, celui de 7rapaYpa3ii : ici, en effet, le défendeur, au
parents, sa mère par exemple; malgré l'échange, elle res lieu d'aller directement contre (aW) les allégations du de
tera toujours débitrice, parce que la dette tient à la qualité mandeur, élevait à côté (ïrapâ) des prétentions de celui-ci
de fils qui ne peut entrer dans la transmission. L'adversaire des prétentions distinctes [l'AnAGitArnÈ].
de Phénippe le dit formellement : « Ma situation à l'égard Enfin le défendeur, au lieu de chercher à repousser l'ac
de ma mère restera toujours la même, que je devienne tion comme mal fondée ou à l'écarter comme non receva
possesseur de la fortune de Phénippe, ou que je conserve ble, pouvait prendre à son tour l'offensive, et intenter lui-
la mienne83. » môme une demande contre le demandeur. C'est là le sens
Nous avons trouvé, dans le Code de Justinien, un texte le plus exact d'avriYpat^, contre-action. C'est ainsi qu'Es-
curieux, qu'il nous parait intéressant de rappeler, à propos Chine, actionné par Timarque en reddition de comptes (d;
de l'ivrtSoan athénienne. On sait que, sous l'empire, les oiOûva;), accuse lui-même Timarque d'infamie * ; que Théo-
décurions étaient responsables envers le fisc impérial du phime, poursuivi par l'action d'injures (S£xt) aïxi'»;), intente
recouvrement des impôts; c'était une sorte de liturgie, à son tour une action d'injures contre son adversaire3;
présentant beaucoup de traits de similitude avec la ticosic;- que Rœotus, partageant l'hérédité paternelle avec son frère
<popâ d'Athènes. La dignité de décurion était par la fort consanguin qui demande à prélever la dot de sa mère, ré
onéreuse, et les citoyens appelés à l'occuper cherchaient pond en réclamant de son côté le prélèvement de la dot
par tous les moyens en leur pouvoir, notamment par la que sa propre mère a reçue 4. Ici, comme danslaTiîcpaYpasii',
fuite, à y échapper. En leur absence, on désignait d'autres la prétention du défendeur donne lieu à une instance sépa
citoyens chargés de percevoir et, au besoin, d'avancer les rée et à une procédure distincte; mais, tandis que la Ttapa-
impôts, et, pour leur faciliter l'accomplissement de leur YPocpTÎ se rattache au procès sur le fond comme une ques
obligation, on leur transmettait la possession des biens des tion préalable à la question principale, au contraire, la
fugitifs. « Si ad magistratum (decurionatus) nominati au- contre action et l'action sont entre elles complètement in
fugerint, requiranlur; et, si perlinaci eos animo latere dépendantes : elles s'introduisent l'une et l'autre dans les
paluerit, bis ipsorum bona permittantur, qui prœsenti mêmes formes, par un ajournement (■r.ç.ôvxlr^t;, àVrsvxa-
tempore in locum eorum ad duumviratus mimera voca- à:ïv, àvTtxaTïjYopEtv, àvTiXotY/.â'Etv, àvTt-po7xa).£Îi0ai), et cha
bunlur86. » E. Caiixemer. cune est instruite et jugée séparément, sans que le juge
ANTIGONEIA (Tà 'AvTiro'veta). — Fôtes instituées en ment de l'une soit subordonné à celui de l'autre. Le seul
»> Voir sur ce point llefrtcr, Atlten. Gerichtsvrrf. p. 380-38Î ; Platncr, Process ASTIGONEIA. 1 Tolvl). XXVIII, 16; XXX, 20; Plul. Clrom. 10; M. .irai.
vnd Klagen, 11, p. 110 ; Bœckh, Slaalshaush. der Atlutier, 2« éd. I, p. 753-755. — 45.
« Domosth. C. Aplwbum, II, g 17, R. 811 ; cf. C. Midiam, % 79, H. 540. — ANTIGRAPIIK. 1 I.jsias, C. Panrleon. § 10. — * Acschin. C. Tim. SS 119-154.
« Dcmoilh. C. Phnenip. % 27, H. 1047.— M L. 18, C. Du deeurionihus, in, -il. — 3 Domosth. C. Everg. S 4b. — » I)emo«th. C. Rornt. 11. SS 14 "11-
ANT — 291 — ANT
point commun par lequel Vàrtiyfautf se relie à la demande ment demandeur ni défendeur, les conclusions respectives
principale, c'est qu'elle est, dans la plupart des cas, portée de chaque partie prennent toutes également le nom
devant le môme magistrat, lors môme que, considérée iso d'àvTtYpa^. P. Gide, E. Caillemer.
lement, elle ne rentrerait pas dans sa compétence ; en ANTIGRAPHEIS ('AvttYpaçsîî). — Les inscriptions de
sorte que la demande principale attire à elle l'àvTrypoKp^ . l'Attique prouvent qu'il y avait un assez grand nombre
Mais sul'fira-t-il que deux demandes s'engagent réciproque d'àvTtYpasEÏ; ou contrôleurs ; ainsi, près du trésorier de
ment entre les mêmes parties, pour que la seconde de chaque dème, se trouvait un àvTiYpacpeû; chargé de surveil
vienne l'àvTtYpatpv] de la première et la suive au môme tri ler sa gestion
bunal? Non, il faut de plus qu'il y ait entre les deux de Mais deux surtout occupaient une position considérable
mandes une certaine connexité; cette connexité se rencontre dans la république : Le contrôleur du sénat (àvTtYpa^tyç
dans les diversexemples que nousavons cités toutà l'heure : ttîç PouXt)?), et le contrôleur de l'administration (àvTiYpa<peùç
ainsi, dans celui où elle est le moins apparente, dans l'àvri- t9|; Stoixï5(7E(oç) .
Ypccoiî d'Eschine contre Timarque, elle consiste en ce que, Le premier fut à l'origine un magistrat élu (aîptT<5ç). Plus
si Timarque était condamné et par suite frappé d'infamie, tard, on le désigna par la voie du sort (xaï]pmtôç) Il fut
il devenait par cela même incapable de suivre l'accusation toujours pris dans le sein du sénat; mais on n'exigeait pas
qu'il avait intentée contre Escbinc [atimia]. qu'il fût l'un des prytanes, et, dans les inscriptions où son
Notons, en passant, deux particularités qui différen nom figure parmi les àio-ixot, il n'appartient jamais à la
ciaient ràvTi-ypaifii des actions ordinaires. tribu dirigeante 3. Sa mission était de contrôler les délibé
1° Toute partie qui succombait dans raviiypoe^ devait rations du sénat : Tcavrot àvT£Ypot:psTO *.
payer à l'autre partie l'épobélie, somme égale au sixième Le second, dtvTiYfacpe!)? 1% Siotxvîc?Etjç, était élu par le peu
de la taxation primitive 5. Toute partie Il ne faut pas, en ple (^EipoTovrjTÔi;). Il était le surveillant, le contrôleur du
effet, distinguer, avec certains jurisconsultes, le cas où le trésorier de l'administration [tamias eh té dioikèsei].
vaincu était le demandeur primitif, et celui où la défaite D'après Eschine, la république avait autrefois un con
portait sur le demandeur dans l'avriypa^. Le perdant, quel trôleur élu, qui, dans chaque prytanie, rendait compte
qu'il lût, devait être soumis à l'épobélie, et cette solution au peuple des revenus. Plus tard, à raison de la confiance
paraît assez raisonnable. Si le demandeur reconvenlionnel qu'inspirait Eubule, les fonctions de cet àvriYpaipEÔ; furent
perd son procès, l'àvTtYpatpii est déclarée de mauvaise foi réunies à celles d'intendant du Théorique [theorica], ainsi
et son auteur doit en porter la peine. Si, au contraire, le que celles des ai'Odektai,... si bien que, à partir de cette
perdant dans l'àvTiYpatpïî est le demandeur dans la première époque, toute la gestion des finances se trouva dans la môme
instance, il est prouvé qu'il a eu tort de continuer la lutte main 5. — Dans sa première édition, Bôckh avait pensé que
et de ne pas s'entendre avec son adversaire 6. 1 avxiYpoKjEÔ; dont parle Eschine était le contrôleur du sénat6.
2° Le demandeur qui intentait la Si'xy) aîxt'aç était excep Opinion peu vraisemblable ! Car, quel rapport pouvait-il y
tionnellement dispensé du dépôt des prytanies. Si l'adver avoir entre le contrôleur du sénat et l'intendant du Théori
saire, usant du droit d'àvTiYpa'fï], intentait reconventionnel- que, pour que leurs fonctions fussent réunies? B6ckh a
lement la môme action, l'exception n'était plus appliquée lui-môme reconnu son erreur7. C'était donc l'àvTtYpa<pe"î tt;ç
au premier demandeur et le second ne pouvait pas s'en Stoixni'o-Eto;, qui, à la fin de chaque prytanie, rendait compte
prévaloir. Le fait que les deux parties s'accusaient respec au peuple de la gestion financière. E. Caillemer.
tivement rendait vraisemblable la réciprocité des torts, ANTINOEIA [ANTINOUS1.
et dépouillait les plaideurs de l'avantage que la loi accor ANTINOUS. — Jeune Bithynien favori d'Hadrien, ho
dait habituellement à celui qui se disait victime de l'alxîa '. noré d'un culte après sa mort mystérieuse dans les eaux du
La distinction entre les trois espèces d'àv-rtYpotcpYi que Nil en 1IJ0 après J.-C. On prétendit que cette mort était
nous venons d'exposer se retrouve dans le droit romain volontaire et qu'Antinous s'était offert comme une victime
et les législations modernes, qui distinguent de môme en pour prolonger les jours de l'empereur. On le mit au rang
tre les défenses au fond, les exceptions, et les demandes des dieux La Bithynie, sa patrie, la ville qui porta son
reconvenlionnelles. Mais nulle part, peut-être, cette diffé nom, Antinoopolis enÉgypte, Mantinée en Arcadie et d'au
rence n'est accusée avec autant de réalité et de précision tres villes de la Grèce manifestèrent un grand zèle pour le
que dans les formes de la procédure grecque. nouveau dieu*. On connaît une fô te particulière célébrée à
Nous devons indiquer en terminant une autre signifi Athènes comme une fête dionysiaque, dans la ville môme
cation toute spéciale du mot avriypa^, dans certains pro ('AviivoEia ev dfoTEt) et à Éleusis ('AvTivdEta h 'EXEuo-ïvt) Anti
cès en pétition d'hérédité. Lorsqu'il n'y a pas d'héritiers nous était pareillement fôté à Argos, à Mantinée *.
saisis, c'est-à-dire de descendants du défunt, la succession Mais c'est de l'art qu'Antinous a reçu son immortalité
e>t vacante et ouverte à tous les prétendants qui peuvent, véritable, en Asie comme en Grèce. Au moment môme où
pendant un certain délai, venir former leur demande de la décadence est déjà commencée, la statuaire retrouve
vant l'archonte; le délai expiré, la lutte s'engage entre sa force pour créer encore une fois un type idéal. « La sûreté
tous les candidats à la succession, et, comme dans ce dé avec laquelle les artistes varièrent graduellement le type
bat chacun joue un même rôle, sans qu'il y ait propre- d'Antinous, depuis l'homme jusqu'au dieu, en passantparle

5 Pollui, VIII, 58. — « Bœckh, Staatsh. di-r Ath. i< éd. I, p. 482-435. — tiffaetic. — Voir sur le premier ■mn«fc&<i Dcmosth. C. Androtionem, g 38, H.
7 Bipckh, Loc. cit. p. 475-476. — Bibliographie Ueier et Schœmann, AU. Proc. 605, et Schol. h. I. Didot, p. 703 ; Lexica Seguieriana, p. 185 et 190 ; Schol. in Aris-
p. 629, note 18 et p. 651-657; Hcirtcr, Athen. Gerichtsverf, p. 430-433 ; Wester- toph. Equitei, 1256, Didot, p. 73 ; Pscllus, éd. Buissonade, p. 102 ; Bœckh, Staats-
m:inn in Pauly's lleal-E'itnjrlopacdir, 2« éd. I, p. 1118. haushaltung, i' éd. p. 261-263.
APiTIGBAPHElS. 1 Corp. insc. gr. 100. — * Tollux, VIII, 98. — 3 Corp. inse. ANTINOUS. 1 Dio, LX1X, 1 1 ; Spart. Badr. 14 ; Paus. VIII, 9, 4. — > Paus. /. .
gr. 190. — * Poli. I. c. — 3 Aesehin. C. Ctesiph. s Didot, p. lui. — 6 Bœckh, Orig. C. Cels. 111, p. 132. — 3 Corp, insc. gr. 283 ; cf. Fr. Lcnormant, Rcch■ arckéol.
Staaiihaushalt. der Ath. In éd. p. 202 ; cf. Baumstark, in Pauly's Healency- à Kteuris, p. 185; Dittenbergcr, De rpheb. att. Gotting. 1863, p. 73 ; A. .Yloinniscn,
clopaedic, III, p. 919. — 7 Bœckh, /. c. 2« éd. p. 263 ; cf. Harpocration, s. v. «v- Hrortohgin, 1864, p. 61. — » Corp. in$c. gr. 1124.
ANT - 292 — ANU
héros, et cependant sans porter atteinte aux traits essen dailles de Claudiopolis 17 de Bilhynic, où il était né, et
tiels de son individualité, mérite, dit O.Miiller5, toute notre d'Hadrianopolis en Thrace 18. Les médailles de Tius en
admiration. » Parmi ces ouvrages nous signalerons d'abord Bithynie 19, nous le montrent avec le costume héroïque,
les bustes et portraits où le caractère individuel est plus assis sur une panthère. Visconti !0, a cru pouvoir re
précis, bien que quelquefois le statuaire ait idéalisé son connaître Antinous dans l'un des éphôbcs du fameux
modèle pour rappeler que l'homme dont il reproduisait les groupe de Saint-Ildefonse; mais cette conjecture n'a pasetc
traits était divinisé. En premier lieu, un buste du Vatican, généralement admise. Cet antiquaire a remarqué que le
remarqué par Visconti 6 à raison de ses proportions co buste colossal du Vatican et l'admirable bas-relief de la
lossales, de sa belle exécution et de sa parfaite conserva villa Albani sont creusés à l'intérieur, évidemment afin de
tion ; puis l'admirable buste du Louvre 7, jadis à la villa diminuer la pesanteur du marbre. Celle précaution, dit Vis
Mondragone près Frascati. Les cavités des yeux ont dû conti Sl, tient peut-être à l'empressement avec lequel Ha
recevoir des pierres fines, enchâssées dans les lames de drien faisait transporter ces images qui lui étaient chères
métal dont on voit encore la trace le long des paupières dans les lieux où il se plaisait à résider. Ernest Vi.net.
inférieures, et la fleur du lotus devait couronner cette ANTIQUAR1US [LIBRARIus].
belle téte, dont le caractère est un peu sombre, comme ANTLIA (AvTMa). — Machine pour élever de l'eau. Ce
tous les portraits d'Antinous. A côté de cette œuvre capi nom est appliqué 1 à des appareils très-différents [rota
tale, se place le magnifique bas-relief de la villa Albani AQUARIA, TOLLENO, COCHLEA,TYMPANUM, Sll'liO, GIRGILLUS].
qui représente le favori d'Hadrien à mi-corps et plus grand ANTONINIANUS. — Monnaie, d'abord d'argent, puis de
que nature. Antinous ici porte deux couronnes : l'une sur billon, valant 1 1 denier, introduite sous Caracalla.L'antoii-
sa tête, l'autre dans sa main 8. La statue du Capitole '
trouvée à la villa Adriana, n'est pas moins célèbre : elle
représente Antinous en héros ; ses formes sont athléti
ques, ses cheveux courts et bouclés. Une autre statue
trouvée au même endroit, et actuellement au musée de
Berlin 10, le montre sous les traits d'AG.vriiODAEMON (voy.
p. 131, fig. 173). La belle statue trouvée à Ostie en 1798, Fig. 339. Argcntcus autoniuianus de Caraealla.
aujourd'hui au musée de Latran statue vivante et co
lossale, dont une répétition décore le musée de Dresde matais (fig. 339) se distinguait dès l'abord du denier en ce que
nous fait voir Antinous sous les traits de Bacchus. Il est la tôte de l'empereur y était toujours radiée, et le buste
armé du thyrse, la ciste mystique et le serpent sont à ses de l'impératrice porté sur un croissant. On appelait quel
pieds. Une statue du Louvre le représente sous le costume quefois aureus antoninianus Vaureus au taux de .'„- de la livre
d'Aristée. Il porte le pétase et les bottes appelées péronés. auquel l'avait réduit Caracalla [aureus]. F. Lbnormant.
Un Antinous en Apollon Pythien, marbre de Lycopolis, a A>TYX ("Avtu;). — Nom commun à toutes sortes d'ob-
fait partie de la collection Drovctti La glyptique et la jels circulaires, tels que : le bord du bouclier rond dé
numismatique se sont de môme appliquées' à reproduire crit dans les poèmes d'Homère [clipelsI ; une partie du
ce type si pur d'Antinous ; on le voit sur un camée du ca char des Grecs [currus] ; une partie de la lyre [lyra].
binet de Vienne, coiffé d'un masque de Silène u et, avec ANUBIS ("Avouëiç). — Anubis, dieu égyptien, représenté
son nom, sur une sardoine de la collection de Marlbo- avec une tôte de chacal, que les Romains et quelquefois
rough Une médaille d'Alexandrie d'Egypte 19 (fig. 338), les Grecs prenaient pour un chien : d'oùl'épithôle de latra-
tor que Virgile a donnée à ce dieu ', dans un temps où les
cultes de l'Egypte étaient généralement méprisés à Rome.
Cependant on avait déjà tenté sous la république d'y in
troduire quelques-uns de ses dieux, et parmi eux Anubis1.
Le nom égyptien était Anpou ou Anup/i, que les Grecs
alexandrins ont écrit Anoubis 3 et Anebo : c'est ainsi que
s'appelait le lettré à qui Porphyre a adressé une épilre,
reproduite en partie dans la Préparation évangéiique
d'Eusèbe. La ville appelée par' les Grecs Cynopolts (ville
du chien), élaitla capitale du nome d'Anpou (Cynopolite)1 ;
Fig. 338. Antinous.
mais il ne paraît pas qu'ils aient, aux temps plolémaïqucs,
offre probablement un des portraits les plus fidèles du favori assimilé Anubis à aucun de leurs dieux.
d'Adrien; sa tête est surmontée de la fleur du lotus, et on Ce fut seulement sous l'empire romain et peut-être à
lit à côté ANTIKOOX HPwOC. C'est encore lui qu'on voit au une époque avancée de son histoire, qu'Anubis fut assimilé
revers, il est à cheval et porte un caducée. Les lettres ie, à Mercure ou Hermès, sans doute à cause du rôle qu'il
dans le champ, indiquent la dix-neuvième année du règne joue dans la psychostasie égyptienne, ou scène du pèse-
d'Hadrien (33 après J.-C). 11 figure encore sur les mé- ment des âmes devant les juges infernaux, rôle qui l'a fait
• n. Millier, Handb. der Arch. § 103.— s tMus. Pio-Clem.l. VI.Uy.xlti.—'Clarac, pl. 6b et 1 17. — H lb. Sup|iU IV, 19. — « Ib. II, 303. — » lb. V, p. 259. — î° Op.
Descrip. des antiq. n. 126 ; Bouillon, Mus. des nul. t. I ; Montez, IcHitigrA. XXXIX, 3. varie, 1, 160; Hubner, Ant. Bildwrrke in Madrid, p. 73. — si Mus. Pio-CUm. t. VI,
— 8 VVinckelmann, Afottum. inéd. no 180; cf. Beschrcib. Bonis, t. 111, 2, 1)26. — Ut. ilth. — Bi»Lloolir»i«. Lcvrtotr, L'eberden Anlinmïs, Berlin, 180s;O. Millier,
9 Mus. Cnpil. t. III, Ut. lti ; I cvczow, Ueber rfn» Antin. pl. m, it ; cf. Besehr. Roms, Handbueh der Arehnol. 2« éd. 1818, § 203 ; Muller-'VVicscler; Itenkmâler der oiten
1U, S, p. 252.— Ml Berlin. Bildw. I, n. 140 ; Bouillon, l. II, pl. 51 ; cf. Clarac, Mus. de. Kunst, 1, pl. lx\, 387 et suiv. ; ll.Brunn, in PaulyV Reaîenryclopàdir; 1, p. 1125,2* éd.
se. t. V, p. 196 ; Lcïczow, Op. I. pl. n.— Il Bcnndorf et Schônc, tater. Mus. 79 ; A.NTl.IA. 1 Arleinid. Oneiroer. I, 56 ; Suet. Tib. 51; Mart. IX, 19, 4.
fiarucci, Mus. LiUrr. pl. y ; Clarac, 9*7, 2430 j Pistolesi, Yatic. deser.IV, 8. — 1» Bccker, AMiBIS. 1 Ara. VIII, 698. — > Val. Mal. I, 3, | ; Tertull. Apol. 6.-5 Ou
Augusteum, taf. cxiiiu. — «0. Millier, Handb. d. ArrA.g 203 — >' Eckhel, Pierres encore 'AvouSt; et 'Eiwrei;, Brugsch, Lettre à M. de Hougc, p. 68 ; et 'Avâ>6a; : Corp.
9ini). pl. n. — 1» Ring, Ant.gems, 1, p. 18. — 11 Mionnct, Doser, t. VI, 203; Lcvcioy» line. ijr. 4909. — * Brugsch, Oeogr. des ail. Argypt. I, p. 116, lid.
ANU — 293 — ANU
considérer commeun dieu psychoponipe.Plutarquel'appelle prix était montée en or, est le premier témoignage vrai
'Jipjtâvouêiî 5. On le voit figurer tenant le sistre de la main ment historique en cette matière, touchant les Grecs. Sans
droite et une sorte de caducée de la main gauche, au musée doute, ils avaient avant ce temps des cachets pour sceller
du Capitole6, et (flg. 340), avec des attributs caractéristi les lettres, les coffres, les portes et tout ce qui devait être
ques, le caducée et les talaria, sur clos [signum] ; dès le temps de Solon, une loi fut néces
un autel d'Isis, trouvé à Rome en saire, qui interdit aux graveurs de ces sceaux (SaxTuWyXu^ot)
1719 '; il porte en oulre la situla, de garder une empreinte de ceux qu'ils avaient fabriqués6;
comme sur les monuments égyp mais étaient-ce des bagues qui servaient ainsi de cachets?
tiens, et la palme qu'Apulée 8 lui Quelques personnes doutent 7 que les Grecs en aient eu
donne aussi pourattribut. La palme avant le v° siècle, et supposent que les cachets étaient anté
est de môme un attribut de ce dieu rieurement des pierres suspendues à la manière des cy
sur des pierres gravées qui devaient lindres assyriens.
servir d'amulettes ou de cachets.En Les plus anciens anneaux des Grecs étaient sans pierre
général, ilestrare qu'il figure isolé enchâssée (aTtsipot, a^foi, âXtOot), ils étaient entièrement en
des grands dieux égyptiens [isis, métal, en fer, à ce qu'il semble \ Les Lacédémoniens en
osiris , serapis] , introduits dans le avaient encore de ce métal au temps de Pline 9 ; mais, à
culte des Romains, et à côté des Athènes, si de pauvres citoyens continuèrent à porter des
quels il n'a qu'un rôle secondaire. bagues de peu de prix 10, la plupart les remplacèrent par des
Fig. 3 10. Anubis. Cependant on trouve un Anu- bijoux d'or et d'autres matières précieuses, ornés généra
biaque , c'est-à-dire un membre lement de pierres dont la valeur consistait tantôt dans les
d'une corporation formée en l'honneur d'Anubis, portant figures qu'on y voyait gravées, œuvres d'art souvent d'une
un nom tout romain et résidant à Ostie, dans une inscrip grande perfection, tantôt dans leur rareté ou leur éclat
tion dont la date consulaire est mutilée, mais que M. Hen- naturel [gemmae]. On ne se contenta bientôt plus de l'an-
zen9 croit appartenir au troisième consulat de l'empereur neau-cachet que chacun mettait au quatrième doigt (rcapix-
Septime-Sévère, 202 après J.-C. F. Robiou. jjlecjoî), celui que nous appelons l'annulaire "; les élégants
ANULARIUS (AaxtuÀtoYAusoç). — Fabricant d'anneaux 1 couvrirent leurs mains de bagues " ; des hommes du carac
[anulus]. Les inscriptions indiquent à Rome une corpo tère le plus grave, Démosthène, Aristole, en portaient plu
ration [collegiumI d'hommes de ce métier, distincte de sieurs Ce luxe ne lit que croître dans les temps posté
t elles des autres ouvriers travaillant pour la bijouterie et l'or rieurs '*. Les femmes n'avaient pas pour ce genre de parure
fèvrerie. Si beaucoup d'anneaux qui nous ont été conser un goût moins prononcé que les hommes13, les bagues grec
vés sont des œuvres d'un art délicat et compliqué, d'autres ques que l'on possède encore suffiraient à le démontrer :
n'ont exigé qu'un travail et des outils très-simples. Cicé- beaucoup sont trop étroites pour avoir été portées par des
ron 1 raconte que L. Pison, préteur en Espagne, fit asseoir hommes. Peut-être les femmes grecques avaient-elles aussi
devant son tribunal, sur la place publique de Cordoue, un pris de l'Orient la mode d'en porter un grand nombre à la
ouvrier qui lui lit devant tout le monde un nouvel anneau fois. On peut voir au Louvre, parmi les antiquités de l'île
d'or. C'est ainsi que travaillent encore dans l'Orient des de Chypre, pays où la Grèce et l'Asie se sont constamment
bijoutiers ambulants. E. S. et étroitement mêlées, un fragment de statue de femme dont
ANULUS ou ANNULUS *. — Anneau, de quelque espèce tous les doigts sont chargés de bagues. A une autre ex
que ce soit, et particulièrement bague que l'on met au trémité du monde oriental, dans un tombeau de Nicopol,
doigt (SotxtûXtoç). en Crimée, où étaient ensevelis les restes d'un roi et d'une
Les Grecs eurent certainement des bagues dès une époque reine delà Chersonnèse, on a constaté que le roi avait deux
reculée. Toutefois il n'en est fait aucune mention dans les bagues à ses doigts et que la reine en portait dix ". Ces
poèmes d'Homère, Pline l'Ancien l'avait déjà remarqué s ; et bagues, ouvrages du iv° siècle avant J.-C, sont de la main
cependant on sait avec quel soin sont indiqués tous les d'artistes grecs, à qui sont dus à peu près tous les bijoux si
détails du costume dans les descriptions homériques. Les abondamment fournis par les fouilles faites dans le môme
peuples orientaux, qui possédèrent dès la plus haute anti pays, et qui appartiennent généralement aux meilleurs
quité des pierres gravées qui leur servaient de cachets 3, non temps de l'art hellénique. D'autres bagues ont été trouvées
pas, il est vrai, ordinairement montées en bagues, durent à Athènes et dans diverses parties de la Grèce.
en transmettre l'usage de bonne heure aux Grecs d'Asie et Nous en donnons quelques exemples, à l'aide desquels
d'Europe avec qui ils étaient en relations. Les passages de on se fera une idée plus nette de leur façon et on distin
quelques auteurs *, se rapportant à des héros des temps guera leurs différentes parties, que les auteurs désignent
fabuleux ou décrivant des ouvrages qui les représentaient, par des noms particuliers. Ainsi on comprendra aisément,
ne prouvent pas que l'usage existât chez ceux-ci à une en voyant les anneaux représentés flg. 341 à 343, dont
date aussi ancienne. Ce que dit Hérodote" au sujet de Poly- le bandeau est semblable à une corde nouée par les
crate, tyran de Samos au vi* siècle avant J.-C, qui affec deux bouts à la poche d'une fronde, la comparaison natu
tionnait particulièrement une bague où une pierre de grand relle qui a fait nommer souvent la bague par les Grecs
1 h. et Os. 61 ; Guigni.mt, Noue. gai. myth. pl. xlvi ; Bail, de l'Inxt. arch. 1802, Leasing, Antiq. Uriefe, I, 22, p. 01, t. VIII de ses œuvres, éd. Maltx. ; Millin, dans
p. 51. — 6 Mus. Capil. t. 111, pl. lxmy. — ' Jb. t. IV, pl. x. — 8 JUelam. XI, 3TJ. le Mag. eneyclnp. 1" ann^c, h Y, p. 1 23. — r» Diog. Laert. I, 57. — 7 King, An/, geins,
— ' Suppl. à Orelli, n° 60211. I, p. 353. — 8Aristot.iVi;/.sïV\I[I,<J; Bhet. 1, 15, p.46;Spengel; Artcmid. Onricroer.il,
AMJ1.AHH.S. 1 Cic. Acad. II, 26, 80 ; C. insc. lut. 1107. — 2 Yen: II, 4, 25. 5; Poil. VI, 33, 8. — *Hist. nat. XXXIII, 49. — D'une drachme : Aristoph. Plut. 883 j
ANUI.US ou ANNL'I.US. La première orthographe est celle des meilleur* ma de trois oboles: Id. Thesni. 423; cf. Xen. Anab. IV, 7. — H Plul. Symp. IV, 8. —
nuscrits et dr5 inscriptions. — s llist. nat. XXXI II, I, 4. — 3 JIos. I, 41, 42 ; IV, 31, H Aristoph. iVuo. 322 ; et Schol. /Ceci. 032 ; Suid. t. ». >?;afi;. — 13 Dinareh. In Item.
50; Isaï. 111, SI ; Ksther, 111, 10, 12 ; III, 2 ; llerodot.l, 193 ; cf. Ring, Antiq. gems.l, p. 36 ; Diog. Laert. V, I. — tv Lucian. Somn. xen galU \~ ; .Xau. 45 ; Icarom. 13 ;
p. 38 et s. — iF.urip. Iphig. Aul. 154; f/ippnl. s:;o ; Pans. 1, 17, 3 ; 111, 12, 4; IV, 34, Aclian, Yar. hist. XII, 30. - 15 Poil. II, 155 ; Aristoph. ap. Poil. VII, 96.— 16 Compté
* i \,30, î ; Plat. Itcip. II, 359. — 6 111, 41 ; Fliti. XXXVU, 2 et 4 ; sur ce sujet voy. rendu de la Commis, arch. de St-Pètersb. |wur 1864, p. IS2, pl. v, 10-12.
ANU — 294 — ANU
aifEvSdvT] et par les Latins funda™. Ce nom s'applique plus est quelquefois mobile et tourne sur un axe (fig. 344)":
particulièrement au chaton (appelé encore tojsXôç ou toeak, c'était un amulette contre le mauvais œil [fascinum]; ou
aâvSpa, palay* qui enserre la pierre ('{/^o;,c&paY^, gemma). bien la pierre est remplacée par un enlacement en forme
La comparaison n'est pas moins juste, pour Cire moins frap de nœud, dit nœud d'Hercule, par suite d'une autre supers
pante, quand elle s'applique à des bagues grecques, étrus tition qui sera ailleurs expliquée [nodus] *0. De tout temps
ques ou romaines, semblables à nos chevalières, dont on certains anneaux furent portés comme des préservatifs et
possède encore un très-grand nombre : le cercle plus ou des talismans (ipappaxTrou, teteXegheW) [amuletum, magiaI.
moins épais s'élargit et se renfle pour enchâsser la pierre D'autres" ont la forme d'un serpent ou d'un ruban enroulé
ou la lame de métal, tantôt plane et tantôt saillante, qui en spirale, faisant autour du doigt un ou plusieurs tours,
sert de cachet. Cette pierre, onyx, cornaline, jaspe, amé quelquefois couvrant une phalange entière. Celui qui est
thyste, etc. [gemmae], eslquelquefoismobileautourd'unaxe ici figuré (fig. 3io) a été trouvé dans l'île d'Ithaque **. On
et présente à volonté d'un côté un sujet gravé en creux, de
l'autre une figure en relief. Telles sont les bagues ornées
de pierres taillées en forme de scarabée, que l'on rencontre
en abondance chez les Étrusques, et qui furent portées
aussi, dans une intention supersti
tieuse [amuletum] , par d'autres
peuples, par les Égyptiens d'abord, Fig. 345. Bagues grecques. Fig. 346.
puis par les Phéniciens et aussi voit encore (fig. 316) un anneau massif en or ciselé, terminé
par les Grecs, comme le prouvent
de chaque côté par une tôte de serpent 19.
quelques-uns de ces bijoux qui ont
Toutes ces sortes de bagues se sont rencontrées dans les
été conservés, du plus pur travail tombeaux de l'Italie aussi bien que dans ceux de la Grèce.
grec ; quelques pierres portent D'autres sont propresau premier pays. Outre les scarabées,
même des inscriptions en carac- pour lesquels les Étrusques eurent une prédilection mar
, m. !„,„, uec .earabée. ttpM ionicns- 0n Voit (fig. 341) Une quée, il y a une classe de bagues qui leur appartient, à ce
de ces bagues trouvée en Crimée,
qu'il semble, exclusivement : ce sont 30 des anneaux d'or
entièrement en or ; l'insecte est en relief, d'un travail
portant un chaton en forme de cartouche allongé, tantôt
achevé, et sur le plat sont figurés en creux Aphrodite et
comme celui qui est ici dessiné (fig. 347), arrondi aux ex
les déesses d'Éleusis Au lieu d'un scarabée, c'est un lion
trémités, tantôt pointu ou en amande31. Le chaton épais et
qu'on voit (fig. 312) taillé par un artiste grec dans une cor
saillant renferme une lame d'or,
naline orientale ; au revers est figuré en intaille un lion cou
qui est ou estampée et ciselée en
rant; ce bijou fait partie, comme le précédent, du musée
relief, ou au contraire profon
dément gravée. Sur la lame de la
bague ici reproduite est figuré
A pollon sur un char traîné par des
chevaux ailés, poursuivant Phlé-
gyas et sa fille Coronis,qu'iI perce
de ses flèches. Des deux côtés de
Fig. 342. Itagucs grecques. Fig. 343. l'écusson des chimères sont pla Fig. 347. Bague étrusque.
cées comme supporLs:li. Le sujet
de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg". Un autre encore, du gravé sur la lame d'un anneau semblable 33, où est repré
même musée, qui présente également à sa partie convexe senté le char d'Admôte, attelé d'un lion et d'un sanglier, a été
l'image d'un lion, offre au revers (fig. 343) celle d'un tro reproduit ci-dessus (p. "70, fig. 109), mais grandi. On voit,
phée s3.
représentées aux doigts des personnages, hommes ou fem
Nous ne pouvons indiquer ici que quelques-unes des for mes, couchés sur les sarcophages étrusques, des bagues de
mes données aux bagues par les ar grande dimension, dans lesquelles on peut reconnaître des
tistes grecs, qui ont su les varier anneaux pareils à ceux que nous venons de décrire 3i.
avec leur goût habituel nous si L'exemple cité par Pline 33 d'antiques statues de Nuina
gnalerons seulement parmi celles et de Servius Tullius, à la main desquelles on voyait une
qui furent également adoptées par bague passée au quatrième doigt, appuie la double tradition
les Grecs, par les Étrusques et par les d'après laquelle l'usage des anneaux serait venu aux Ro
Fig. 341. Romains, des bagues dont la pierre,
Anneau figurant un u'i]. mains des Sabins selon les uns, et selon les autres des
par ses couleurs et quelquefois par Étrusques !* ; il est probable qu'il exista de bonne heure
la forme de son encadrement, offre la figure d'un œil ; elle chez tous les peuples de l'Italie. Des bagues, dont l'origine
Il Eurip. Hippol. 870. — 18 Plin. II,st. mit. XXXVII, 37 et 12. — '» Cic. De off. suiv. 501,577 ; Monum. et Ami. del. Inst. 1855, p. 53 et pl. x.— is Stackelbcrg, Gràber
111,9; Poil. VII, 119; Anlhol.gr. IV, 18,6; Apul. Flor. I, 9, 33. — *> Dos scarabées der Hcll. pl. i.xxui, voy. aussi pl. lxxiv. — *9 Au musée de Knples. Mus. Borb. II,
trouvé* dans les tombeau* phéniciens de la côte do Syrie font partie de la collection pl. xiv ; une bague pareille au Louvre, Mus. Nap. III, n. 580. — 30 Musée
de Luynes, au cabinet de la Bibliothèque nationale; d'autres viennent de Sardaignc, Nap. III, u»' 401 et suiv. — 'I Ib. 485 et suiv. ; Mus. Gregur. I, exiv, c. — >J A minli
voy. King, Ant.Gems, p. 97, 107, 12-1. — *l Compte rendu de la Comm. areh. de del. Inst. areh. 1846, tav. v; r.habouillct, Catal. des pierres de la Biblioth. 614;
St-I'étersb. pour 1805, p. 78, pl. iu, 2-1. — îJ Ant. duBosph. Cimmérien, au mutée De Vittc, Catal. Durand, 2152 ; Id. Bull, de l'Aead. de Dclrj. I, p. 256. — » Mus.
de CErmitage, pl. xvn,8. — -3 Ib. 1 1. — 2» Collections des musées de l'Ermitage à Nap. III, 40i ; Abekcn, Mittelitaliea, pl. tji, 6.— Micali, Monum. per sere.alla
Saint-Pétersbourg; de Naplcs; du Louvre et de la Biblioth. nationale, à Paris; de stor. d. ont. pop. ital.\A. cvill ; ld. Monum. ined. pl. xux, etc. — 35 Plin. Ilist. nat.
Berliu ; de Vieune, etc. — *5 Annali det. Inst. areh. 1854, p. 113, pl- xxxm ; XXXIII, 4; Coll. X, 10; Isid. Orig. XIX, 32; cf. Macr. Soi. VU, 13.— » Tit. Liv.1, 11;
Cbabouillet, Colleet. L. Fould, n. 1112-1144, pl. xi ; lîijuux du musée Napol. III, Dion. Hal. Il, 38 ; Flor. 1,5, 0; Plin. XXXlli,4.T. Livc et Dcnys en attribuant l'intro
u"« 47", 522, 557, 583, 592.— " Mus. Nap. III, n°> 502 et s. — Î7 Ib. n"' 493, 494 it duction aux Sabins, d'après une interprétation inexacte de la légende de Iarpeia.
ANU — 29b - ANU
grecque est manifeste, ont aussi été trouvées dans les tom fuite w. On connaît les emblèmes choisis pour leurs cachets
beaux de Cumes et de l'Italie méridionale. Vraisemblablement par un certain nombre de personnages. C'était tantôt le por
ce furent les Grecs et les Étrusques plutôt que les Sabins, peu trait d'un ancêtre, d'un ami : Lentulus Sura avait celui de
ple dur et pauvre, qui donnèrent des modèles aux Romains, Scipion sur son anneau 48, et les disciples d'Epicure sur lo
quand ceux-ci ne se contentèrent plus de l'anneau de fer de leur voulaient voir le portrait de leur maître47; tantôt la repré
leurs ancêtres. L'anneau d'or fut, sous la république, un in sentation de quelque fait dont on tirait gloire : Sylla avait
signe de la noblesse, unerécompenso ou un privilège attaché pris pour cachet l'image de Jugurtha captif remis entre ses
à certaines fonctions [anulus aureus] ; l'anneau do fer de mains43; tantôt encore la figure d'une divinité: César avait
meura dansl'usagc commun 37. On en possède encore quel adopté celle de Vénus armée, ou tout autre symbole : sur
ques-uns de cette espèce, appartenant à des temps fort divers, l'anneau de Pompée, qui fut présenté avec sa tête à Jules
ainsi que des pierres qui portent des traces de l'oxydation César, était gravé un lion tenant un glaive49; sur le sien
qui a détruit la monture ". L'habitude conservée pour les Auguste eut d'abord un sphinx; plus tard, le buste d'A
triomphateurs de porter l'anneau de fer, et pour les fiancés lexandre le Grand, enfin sa propre image so, qui fu t conservée
d'en envoyer un semblable, sans pierre, à leur future épouse, comme sceau par ses successeurs Sl. Cependant Galba garda
sont des vestiges des anciennes mœurs 89, dans un temps le cachet de sa famille, un chien sur une proue ss. Hadrien
où elles étaient d'ailleurs entièrement transformées. Sous voulut avoir sur son anneau sa propre effigie ■*.
l'empire, l'anneau d'or, alors marque distinctive des cheva Des exemples, dont le plus ancien remonte au temps de
liers, fut accordé par le prince à des personnes d'un rang la deuxième guerre punique54, nous montrent l'usage qu'on
inférieur, notamment à des affranchis, d'abord avec une faisait des bagues à cachet pour sceller des missives, des
certaine réserve, puis sans mesure, et cet insigne usurpé actes publics et privés et leur donner de l'authenticité.
par des hommes de toute condition, malgré quelques efforts Le môme moyen servait aussi chez
impuissants pour maintenir les anciennes règles, finit par les Romains, plus vigilants encore que
perdre toute signification. Au temps d'Hadrien, il n'y avait les Grecs, à fermer les coffres, les am
plus que les esclaves à qui il ne fût pas permis de le porter 40. phores et les greniers 53 [signum]. On
On voit à Rome deux statues d'acteurs comiques , eut aussi pour cela des anneaux aux
dont une au moins représente certainement un esclave. quels une clef était adaptée et quel
L'une et l'autre ont à la main gauche un anneau placé quefois réunissant, comme celui qui
à la dernière phalange de l'index (fig. 348). Visconti M est ici reproduit (fig. 349) 56, une clef
y a vu un anneau propre aux esclaves et et un cachet : les exemples n'en sont
l'a appelé condalium, adoptant ainsi l'opi pas rares dans les collections.
nion commune sur le sens qu'il faut don Mais on n'eut bientôt que faire de Fig. 319. Anneau à clef.
ner à ce mot. Toutefois cette opinion ne pareils prétextes pour motiver le
se fonde que sur un passage d'une comé luxe des bagues : il devint tel, qu'on les étala à tous les
die de Plaute 4S, où l'anneau qu'un esclave doigts. La mode varia. Pline affirme, d'accord avec la
a perdu au jeu est ainsi nommé; mais plupart des auteurs 5S, que les Romains n'en mirent d'a
Fig. 318.
c'est, sans aucun doute, de celui de son bord qu'au quatrième doigt, puis à l'index, enfin au petit
maître, et non du sien, qu'il s'agit. Condalium vient de doigt. Le riche Crassus fut peut-être le premier qui osa
xovîûXo;, qui n'est qu'un synonyme de SaxTÔXtoî. Plaute se montrer avec deux anneaux 17 ; du temps d'Horace, il
voulant donner à une de ses comédies le nom de celle de était de bon ton d'en avoir trois à la main gauche58;
Ménandre qui avait pour titre Aca-ruXioî, l'appela Condalium. plus tard, on en mit aux deux mains, et en aussi grand
Un autre nom, ungulus, anciennement donné aux bagues nombre que les doigts en pouvaient tenir. Quinlilien
chez les Romains n'a pas probablement l'origine que lui recommande aux orateurs de ne pas en surcharger leurs
a attribuée saint Isidore **. Ce nom vient de celui que les mains, et surtout de ne pas en porter au delà de la
Latins donnaient à la pierre le plus souvent employée pour deuxième articulation 59. Ces exagérations passèrent lou-
les cachets, les Grecs l'appelaient ôvu^iov, et ce nom s'est jours pour ne convenir qu'aux femmes ou aux
conservé jusqu'à nos jours dans l'italien nicolo, ou onicolo. hommes efféminés00. Juvénal parle aussi de
Le goûtdespierres précieuses et finement gravées [gemmae] bagues d'été, plus légères que celles qu'on
s'introduisit à Rome avec la culture grecque et y progressa portait l'hiver M.
avec le luxe à mesure qu'elle s'enrichit. Scipion l'Africain Les monuments confirment ce que disent
fut, dit-on, le premier qui mit à son doigt une bague ornée les auteurs de la manière de porter les ba
d'une sardoine **. On peut juger de la passion que l'on eut gues chez les Étrusques et après eux chez
ensuite pour les belles pierres par ce seul fait, qu'Antoine les Romains. On peut voir, d'après ceux qui
Fig. 850.
proscrivit un sénateur qui possédait une bague ornée d'une sont ici reproduits que, outre le cachet
opale d'une grosseur extraordinaire, afin de s'en emparer ; porté à l'annulaire de la main gauche (fig. 3Î>0) ce
ce fut aussi le seul objet que le proscrit emporta dans sa qui fut le commun et constant usage, on mit des bagues

17 Mart. III, 29; Appian. Pun. 104; Alex, ab Aie*. Génial, (lies, II, 19. — IV, 3, 13 et 18 ; Suet. Oct. 101 ; Dio, LI ; Isid. Orig. X, 26.1. - a plaut. Cas. I,
*' Gorlacus, Daclylioth. pl. i et suiv. ; Ring, Ant. gems, I, p. 352. — 39 pljn. I. L — 1,2; Trinum. III, 3, 63 ; Cic. Ad tiron. XVI, 26 ; Plin. ffist. mit. XXXIII, 1 et 0 ;
*• Voy. les textes cités et les observ. de Friedliinder, Darstell.aits d. Sittengesrhicïtte Pcrs. Sat. VI, 17 ; .Mari. IX, fil. — 36 Boldrtti, Ossero.sopra i remet, cn'st.tax. ir,
Roms, I, 3' éd. 1809, p. 83 et 235. — »t Mus. Pio-Clem. III, 28, 19 ; V, 32. — □. 36, 37. — " |sid. Orig. XIX, 32. — I» Hor. Sat. II, 7, 8. — 6» Quintil. XI,
*Trinum. IV, 3, 7 et lô. — W Orig. XIX, 32 ; l'Un. 1. I. — 4» Plin. XXXV1I.0, 23. 3. 112; Sencc. A'at. quaest. VI 1, 31 ; Jl.nl. XI, 50; Lucian. Somn. seu gall. 12;
— •» Plin. XXXVII, 21, 6. — « Cic. Cat. III, 50 ; Ov. Trist. I, 7. 5. — « f.ic. De Ci™. Alex. Paedag. III, 2. — M Clem. Alex. (. /. : Isid. I. I. — 61 juv. |, 28 ;
/in. Y, 1. — M Plin. XXXVII, 1. — M Plut. Pomp. 80; cf. Dio, XLII, 1S. — 5» Plin. cf. Mart. V, 63. — " Mus. Borb. I, Sl ; II, 59; X, 50; H. Rochettc, Choix du
(.; Sort. Oct. 50; Dio, Ll, 3. — " Suct. I. t — *' Dio, l.l.- 5» Spart. Hatlr. 26. peint. Mais, du poète; PUt. d'En. I, 5; Zahn, Schinste Orn. in Pompei, XIII,
— » Tit. LiT. XXVII, 28 ; Suid. ». ». AarMw; ; Frontin. Strat. IV, 8 ; Plnut. Curr. 7, 1 ; Atti i. Aead.pontif. VI, "7; Garrucct, Mus. hâter, pl. vu et xx, etc.
ANU — 290 — ANU
à tous les doigts, celui du milieu excepté {digitus infamis, comme offrandes dans les temples89 et quelquefois ornaient
verpus, impudicus) à cause des superstitions qui attri les images des dieux 70.
buaient à ce dernier un caractère spécial Une de ces inscriptions mentionne un anneau à plusieurs
[fascinum]. Une main de bronze (fig. 351) pierres {polypsephus), expression qui s'explique par la vue de
conservée au musée de Cortone en offre quelques bijoux antiques, et qui peut s'en
un remarquable exemple "; c'est le seul tendre soit des bagues ornées d'une ran
monument que nous ayons vu, hors de gée de pierres précieuses soit de celles
FÉgypte, où une bague soit placée au qui ont plusieurs cachets dans des cha
pouce. 11 n'en manque pas où des bagues tons séparés. On en voit une semblable "
sont visibles au petit doigt ou à l'index ; ici dessinée (fig. 355). On possède aussi
parfois plusieurs sont réunies sur le même des anneaux doubles et triples qui pré
doigt, et non pas toujours superposées et sentent sur le devant l'apparence de deux Fijg. 355.
se touchant, comme chez les modernes, et trois bagues, ornées chacune de leur Bopuo à trois clmt<ms-
Fig. 351.
mais à des phalanges différentes, et ce qui gemme et se confondant par derrière en un seul cercle".
s'éloigne encore plus de nos habitudes, placées sur l'arti La mode vint, sous Claude 74,de faire graver le cachet, non
culation. La figure 352 représente dans une pierre, mais dans un anneau massif en or. On voit
la main d'un personnage qu'on ici le dessin réduit (fig. 3oG), d'une bague semblable appar-
j voit, au Louvre, couché sur un nant à la collection du Louvre. Des anneaux
—"*L" sarcophage étrusque enterre cuite ornés de l'image de l'empereur étaient une
Fis- 352. d'une basse époque; la figure 353, marque de faveur accordée seulement à ceux
une main de bronze, fragment qui étaient admis dans l'intimité du prince 75
d'une statue, conservé au musée des Offices, à Florence. [admissio,amici augcsti]. Quelques personnes
Elle est reproduite ici pensent que les bagues d'or représentant l'em- Fig. 356.
dans d'assez grandes pereur peuvent avoir été ornées, au lieu de ""f*"0'1 orn>a5Sif-
proportions pour qu'on figures gravées en creux, de bustes en ronde bosse. On
distingue la lorme et la en possède, en effet, qui sont ornées
place des anneaux passés ainsi défigures de divinités (fig. 357) 76.
Fig 3-3. à l'articulation de l'in Le fer, le bronze, l'or, l'argent, le
dex et de l'annulaire 6S. plomb môme 77 et le zinc 78 ont été em
On faisait vanité, sous l'empire, d'avoir des bagues d'un ployés à fabriquer des anneaux; on en mlml
poids considérable. Quelques-unes de celles qu'on pos possède encore en ambre, en ivoire75; les
sède encore sont néanmoins de dimension tellement auteurs indiquent ceux qu'on faisait en
exagérée, que l'on a peine à croire qu'elles aient été ces matières comme ayant été a l'usage FΣ. 357.
portées. Tels sont des anneaux qui sont faits d'une Bapue ornée de bustes.
des femmes "°.
seule pierre taillée dans sa On eut à Rome des baguiers et des écrinspour ranger les
masse, comme celui qu'on bagues dès le premier siècle avant J. -G. [dactyliotufxa1.
voit (flg. 304)66; d'autres lo E. Saclio.
dépassent encore de beau ANULUS AITREUS. — L'anneau d'or était à Rome un
coup en grandeur67. Est-ce ornement réservé par la coutume ou par les lois a une cer
à propos d'anneaux sem taine catégorie de citoyens1 distingués delà masse du peu
blables, d'un poids qui les ple par leur origine ou par leur condition.
rend lout à fait incommodes, I. Sous la république. Cet insigne paraît n'avoir appar
qu'un auteur se récrie, di tenu d'abord qu'aux députés que le sénat choisissait dans
sant qu'ils ne conviennent son sein pour les envoyer en mission auprès des nations
que pour les jambes63. Peut- étrangères'; on le leur donnait pour rehausser l'éclat de
Fig. 351. Anneau massif en cristal. être ces anneaux, dont la leurs fonctions :1, et non ainsi que l'ont supposé plu
grandeur étonne, élaient- sieurs interprètes k, comme symbole de leur mission, ou
ils consacrés à quelque divinité. On sait en effet par les pour sceller leurs dépêches. Ces anneaux d'or, ornés de
inscriptions que, chez les Romains aussi bien que chez pierres5, leur étaient fournis par le peuple6, c'est-à-dire
les Grecs, des bijoux de toute espèce étaient déposés aux dépens du trésor public. Primitivement, ceux qui
c3 Echtermeycr, Ueber Namen vnd symbol. liedeut. der Finger beid. Grieck. u. Getchn. Stcine, kl. III. 337 ; King, Op. I. p. 291.— 78 Crivaud de la Vincolle, Arts
lUmrr, Halle, 1835, p. 32; Jorio, Délia mimira degli ant. p. 136. — 8V Mut. et métiers, 63. — 79 Bijoux du musée Nap. III, Ambres, n. 985; Ivoires, n. 1012-
Carton, pl. Lisii. — 85 Voy. encore Bronz. d'Ercol II, pl. Lxxxiu,et p. 328, not. 4 ; 1016 ; 11. Rochettc, Além. de l'Aead. des insc. XIII, p. 555. — W Artemid Oneirnr.
Piroll, V, pl. ilïiii, un, p. 82, 83 ; Atti d. Acad. pontif. IX, p. 464 ; Mut. Pio- II, 5 ; 11. Suid. s. v. ïoûxwoi. — Biai.ior.aArniE. Fortunius Licetua, De annuité
rinn. m, 2S, 29 ; V, 32 ; Jahrb. ». AUertk. in Bheinl, 1846, pl. m. — 86 Celui nntiquis, l'Uni, 1614 et 1645 ; H. Kitsch, De annulorum utu et rarietate, Lips.
qu'on voit ici est au musée de Vienne; il est en cristal : Arneth, pl. xvil, 11 ; 1614; De la Chausse, De rosis, builis, annuiis etc. in Gronovti Tltesaur. t. Iï ;
cf. Borioni, Collect. ant. 66, p. 47; Anu. dcl. Intt. arch. 1840, tav. d'ugg. A B. Kirchinanus, De annuiis, Slesvici. 1657 ; F. Curtius, De annuiis syntagma, Ant-
— 87 Celui des Piccolomini (Montfaucon, Ant. expi. Suppl. III, pl. xiv), mesure verp. 1706 ; Gorlaeus, Daetyliotbeea, Anlverp. 1609 ; Becker, Chariklet, Leipï.
le doubla de la fig. 354. — «* llart. XI, 37.— 89 Dôckli, Corp. insc. gr. 150, 1851, I, p. 341 ; Becker et Rein, Oallut, Leipz. 1863, III, p. 175 ; Krause, Pyrr/n-
p. 235 et s. — 10 Montfaucon, Ant. expl. II, pl. cxxxn ; Orelli, 2510 ; Dullet. des ant. telcs, Halle, 1856, p. 131-146, 169-196; King, Antiq. gems, Lond. 1860; Id. Ant.
de France. 1859, p. lui ; Hiihner, in Hermès, I, p. 353. — Comannond, Daer. gemt and Ringt, Lond. 1872.
de l'éerin d'une dame rom. pl. i, 8. — 71 Gorlaeus. Daetyliotli. n" 08, 102 ; King, AM'LIIS AUliKl'S. 1 Suivant Pline, Hist. nat. XXXIII. i, 4 et «uiv., et Zonaras,
Ant. gemt, I, p. 19. — Bijoux du musée An/). /// ; Ant. du Bosph. pl. w, 3. — Annal. VIII, 6. Cette catégorie privilégiée a beaucoup varié selon les époques. —
"k Plin. WXItl, 1, 6. Il y a des exemples de bagues plus anciennes, ainsi gradées, * Isidor. Orig. XIX, 32, 3. — 3 Plin. /. /. g 12 : Quoniam ita exterorum honoratis-
dans les collections ; cf. King, Anliq. gemt, 1860, p. 279. — 7» Plin. XXXIU, 3, 12 ; simi intelligebantur. — * Rein, in Tauly s Bealenc. I, 1035, 2' Mit.; Lange, Bôm.
Suet. Tib. 58 ; cf. Seu. Ile benef. III, 26. — 78 Celle-ci est au musée du Louvre, Bijoux AUerthamer, II, S 142, p. 152, 2* éd. — S laid. Orig. XIX, 32. 3. — 6 Zonar.
du musée Sap. III, 579, 671 ; cf. On; lus, Bec. d'ant. Il, pl. lixitiii, 3. — n Tôlkcn, VIII. 6: Nid. /. /. : Annuli de publico dabantur.
ANU — 297 — ANU
avaient reçu l'honneur de cet anneau, purent le porter en partenait aux dix-huit centuries 2k; on peut admettre le
public, après l'expiration de leur mission, mais non dans nombre de 3,000 anneaux d'or comme vraisemblable, puis
la vie privée', où ils se servaient d'anneaux de fer comme qu'on y pouvait renfermer ceux des nobles, sénateurs, pa
les autres citoyens romains. 11 est vraisemblable 8 que cet triciens et des leyati, au delà desquels s'était étendu le pro-
usage fut usurpé par les autres patriciens, puis, selon le coure miscuus vsus de cet insigne. La masse des anneaux ap
naturel de la vanité humaine, par les nobles [mobiles], c'est- partenait à l'élite des chevaliers, formée des équités equo
à-dire par les agnats ou descendants par les mâles de ma publico c. On ne peut eu dire autant des chevaliers equo
gistrats curules [magtstrattjs]. Plusieurs interprètes aussi9 privait) merentes ; ils ne devaient pas faire partie de ces
ont admis, d'après un texte de Pline, dont l'altération est principes civilatis qui, en 583 de Rome ou 171 av. J.-C. dé
aujourd'hui constante 10, que l'anneau d'or avait été en posèrent leurs anneaux d'or, après avoir vu condamner
principe le privilège de tous les sénateurs en cette qualité Claudius par huit centuries de chevaliers sur douze 26. Mais
[senatus]. Mais si certains textes 11 supposent que des séna on doit présumer qu'individuellement ils s'attachèrent à se
teurs ont porté cet insigne, c'est qu'ils étaient eux-mêmes confondre extérieurement 47 avec les chevaliers propre
ou d'anciens leyati, ou patriciens, ou nobiles; d'ailleurs ces ment dits (trossuli). En outre, le général {imperator ou pro
textes parlent en môme temps des chevaliers. Un passage consul) pouvait accorder l'anneau d'or pour services mili
de Tite-Live 11 serait plus probant, s'il n'y était question taires éclatants 2S à des cavaliers, ou même à des scribes
d'abandonner aussi les bulles et les anneaux d'or des enfants; attachés à son état-major so. Cela servit sans doute à faire
ce qui suppose un insigne nobiliaire transmissible, à une étendre ce privilège à tous les chevaliers equo merentes.
époque où l'ordre sénatorial n'était pas constitué comme Les femmes, en dépit de la loi Oppia, se donnaient depuis
tel (en 539 de Rome ou 2 15 av. J.-C). Pline dit aussi for longtemps le luxe d'anneaux d'or so. Enlin, après la loi
mellement 13 qu'au temps de Q. Servilius Caepio, ques- Sempronia Gracchi, qui rangea parmi les juges" [judex,
teu;- en 653 de Rome ou 101 av. J.-C, tous les sénateurs judiciariae leges] tous ceux qui possédaient le cens de la
n'avaient pas encore l'anneau d'or. Ce privilège de la no première classe pour être sénateurs, c'est-à-dire 400,000
blesse fut étendu à son tour par des usurpations successi sesterces, l'ordre équestre fut légalement fondé, en 632 de
ves Mais au v° siècle de Home, elle l'exerçait encore avec Rome ou 122 av. J.-C. 3Î.
ferveur. En cas de deuil public, comme à la nouvelle de la La loi Roscia, en 687 de Rome ou 67 av. J.-C, avait re
défaite des fourches Caudines, en 433 de Home, ou 321 av. connu aux chevaliers le droit de siéger au théâtre sur les
J.-C l5, ou en signe d'indignation, comme à l'occasion de quatorze premiers bancs après les sénateurs M. Cependant
la préture de l'ancien scribe Cn. Flavius16, en h 48 de Rome, la plupart des équités equo privato se contentèrent encore de
ou 300 av. J.-C, les nobles déposaient leur anneau d'or. l'anneau de fer3*. En revanche, les préteurs ou proconsuls,
Cet insigne était d'ailleurs enlevé aux indignes Les che abusant de l'ancien usage 35, prodiguaient cette distinction
valiers eux-mêmes n'avaient pas encore conquis ce privi à des hommes qui n'avaient pas fait preuve de services
lège au Ve siècle 18; mais il ne tarda point à être obtenu éminents à la guerre. Cicéron reproche à Verres d'en
par la catégorie la plus voisine de la noblesse, celle des dix- avoir gratifié son complice le scribe Maevius, dans une
huit centuries de la première classe, dont les membres assemblée solennelle38; l'orateur parodie ici spirituelle
étaient pourvus d'un cheval public (egtwïes equo publico), ceux ment l'antique formule dont le préteur avait profané
qu'on pouvait appeler juventutis proceres19, et qui s'asso l'usage37. Le dictateur Sylla lui-môme avait donné l'an
ciaient en fait aux tendances et aux privilèges nobiliaires neau d'or au comédien Roscius 3S, le questeur Ralbus à
[équités]. Ce changement était déjà opéré au vic siècle de l'histrion Herennius Gallus 39. Cela supposait dès lors que
Rome. Après la bataille de Cannes (538 de Rome ou 21G le concessionnaire avait le cens équestre, ou que le dona
av. J.-C), Magon10 fit verser devant le sénat de Carthage teur le lui procurait w. La donation entraînait tous les
trois boisseaux et demi remplis d'anneaux d'or enlevés honneurs dus au titre de chevalier romain notamment
aux principaux chevaliers romains (eorum ipsorum primo- le droit do s'asseoir au théâtre sur les bancs des équités, le
res), c'est-à-dire, suivant nous, aux équités equo pub liev ; droit de siéger parmi les juges, etc.
Florus n ne parle que de deux boisseaux. En admettant II. Sous rempire. — Pline remarque à l'occasion de l'or
même cette version, plusieurs ont taxé les anciens d'exa ganisation par Auguste des décuries déjuges, que la ma
gération "; mais il y avait à Cannes G.000 cavaliers romains jeure partie de ceux-ci, à la différence des chevaliers cquo
qui périrent presque tous" et dont la moitié au moins ap- publico, portaient encore l'anneau de fer. Mais, à l'épo-

7 Plia. /. /. g 12. — 8 Dachne, De jure aur.anmUornm, p. 21 ; cf. Marquardt, Hist. '« XL1II, 16. — 37 Beeker, II, 275 ; Daehhc, p. 12. — » Suet. Caes. 33, 39 ; Acron.
fqmt. rom. p. 7, 17, 86; Lange, liôin. Alterth. S 01, II, p. 7, 2« édit. — 3 Bcekcr, Ad fforat. Sntir. Il, 7, 53 : Non licchat cquitibus romanis aunulis uti, nisi a prac-
llnndb. der rôm. Alterth. Il, 1, p. 273; Lange, II, g 103, p. I5i; E. Belot, Hist. des toribus donati essent ; anniilo ere,n equestri quenl quasi cques bonus a praetore me
chevaliers mm. p. 218 ; U, p. 357. — 10 flist. nat. XXXIII, 18, où il Huit, d'après les ruisti. — 29 cic. Yerr. III, 80. — 3" Daehue, p. 12. — 31 Lange, II, p. 8, 152, et
manuscrits, effacer les mots senatus et ab eo. — U Dio Cass. XXXVIII, -15 ; Oro*. IV, S 132, p. 569. — 3i Waltcr, Op. I. n» 254, 255 ; E. Belot, Hist. des chec. rom. II,
Ift; Zonar. IX", 1 ; Kirchmann, De minuits, p. 115, restreint le droit d'anneau d'or p. 197 et suiv. ; Marquardl, Hist. cquit. p. 87. — 33 Dio Cass. XXXVI, 25'; Vcll.
am seuls nobles admis dans le sénat. — '* XXVI, 36; Florus, II, 6, 24 ; August# rat. II, 3 ; Cic. Phil. II, 18 ; Tit. Liv. Epit. 99 ; Belot, Hist. des ehev. p. 353 et «.
Ch it. Dei, III, 19; tojcz la discussion de Daehne, p. 13 et suiv. — " Hist. nat. - »V Plin. Hist. nat. XXXUI, I, 7, 8, g 30 ; Ibid. ], 4, 12 ; 1, 6, 21 ; Plut. Mar.
I, 6, S 21. — " Plin. I. I. g 13. - 13 Tit. Liv. IX, 7. — '6 Tit. Liv. IX, 46 ; Val. XXXIV, 6. — 35 Isid. Orig. XIX, 32: Apud ltoinanos anuli de publico dahuntur
Mai. VIII, 3, g { Plin. XXXIII, 6, 17, 18.— " Vnler. Max. III. !i, 1. — « PKa. Jlist. et non sine discrimine. Nam dignitatc praecipuis viris gemmati dabantur, caeteri.s
nnt. XXXIII, 6, 18. — » Tit. Lit. II. i. - ™ Tit. l.iv. XXIII, 12; Plin. Hist. nat. solidi. — 36 cic. Yerr. 111, 80, n. 186, 187. — 37 Daehue, p. 26, n. 12, rétablit
XNMII, 1, 20; Val. Mai. VII, 2, 16; Paul. Oros. IV, 16 ; Zonar. IX, 1; August. ainsi le texte de la formule vraie : Quando tu quidem in praelio. in bello, jure
Cic. Dei, III, 19; Lucian. DM. mort. XII, 2; Sil. Ital. XI, 236. — « II, 6, 18; militari nunquam mihi dep.iisti : omuibusque in iisdem periculis et in legatione
Tit. Lit. Ep. 23, ne parle <|ue d'un boisseau. — 2* Becker, /Oint. Alirrth. II, 27:;, et in praetura et hae. in provineia versatus es : ob eas causas hoc anulo aureo te
n. 36*. — W Dionys. Halic. II, 17. — 2* Oct. Ferrarius, Electomm, I, 21, p. 78 ; dono. — 3S Jlacrob. Sat. II, 10. — '9 Cic. A4 divers. X, 32, 4.— *° Cic. Yerr. III,
Daehne, p. 8, note 10 ; Lange, II, S 103, p. 152, admet déjà <juc l'u>a^e de l'anneau 80, 181, 186 ; Daehnc, p. 27, n. 17 et 18. — " Cic. Ad divers. X, 32 : Tôt enim
* étendait à tous les chevaliers, même publicains, et à leurs fils ; Ciittling, Gcsch. lier fucrant ordines equestris loci. — »' Hist. nat. XXX'IU, I, 7, g 30 ; cf. Dachne,
rOm. Vrrfasmng, g 1127, p. 372. — 15 Polyb. VI, 37 ; Appian. VIII, 104 ; Zumpt, p. 18; Contrà, llarquardt, Hist. equil. p. 86,n. 2; Waltcr, Gcsch. des rôm. Itechts,
L'fber die rom. Miter, p. 80 ; VValtcr, Gcsch. des rom. /techts, n°* 255 et 356. — n» 837, p. 501, note S.
I. 38
ANU - 298 — ANU
que où écrivait Pline, tous ceux qui avaient le cens éques dans les gardes de Rome [vigiles] pendant six ans. Mais
tre possédaient l'anneau d'or ; c'est que l'usurpation par les abus continuèrent, et les empereurs eux-mêmes accor
les riches M avait, comme précédemment, fait légaliser dèrent le droit d'anneau d'or à une foule d'affranchis in
l'usage. Le volume môme de l'anneau variait au gré du dignes 60. Pallas, qui avait reçu le titre de praetorius, fut
caprice et de l'opulence u. Suivant Zumpt w, la règle au môme invité par le sénat à faire usage de son droil d'an
rait été établie en faveur des chevaliers en général sous neau d'or 61 ; il fut attribué entre autres aux affranchis
Auguste ; mais, d'après Rudorff *6, la seconde' décurie de Icelus Asiaticus 61, Hormus *, Claudius et Ituscus, sous
juges aurait seule eu Vanulus aureus à cette époque, et Vcspasien lui-même 63 ; Crispinus fut prince des cheva
aurait été formée des anciens équités anulo aureo, par op liers 6S. S'il est douteux qu'ils reçurent par cela même
position à la première décurie des selecti, composée de Vequus publicus il est certain que le prince complétait
sénateurs. Bien que nous croyions avec Walter " que ce parfois le cens équestre du gratifié 6S, et lui conférait un
dernier système soit très contestable, il est probable que nom nouveau 69. Quelques empereurs réprimèrent encore
c'est sous Tibère seulement que le jus anuli aurei fut at les violations du sénatus-consulte de Tibère. Ainsi, au
tribué a tous les chevaliers 48. Mais la transition avait été temps de la censure de Claude 70, le chevalier Flavius Pro-
ménagée depuis la chute de la république. Jules César culus lui déféra quatre cents faux chevaliers pour port
éleva au rang équestre, en les dotant sur la caisse mili illégal de l'anneau d'or. Le prince confisqua leurs biens 71 ;
taire, les centurions primipilares* ; il donna l'anneau d'or Domilien écarta des bancs des chevaliers ceux qui n'a
à Laberius pour prix de son entrée sur la scène so. Les em vaient pas le cens équestre72; les inspecteurs s'efforçaient
pereurs, en vertu de leur pouvoir proconsulaire (imperium de bannir les intrus, mais en vain 73. Trajan, vers la lin de
proconsulare), usèrent aussi du droit qu'avaient eu les gé son règne, ordonna de réserver la dignité équestre et les qua
néraux et les gouverneurs de province, pour concéder torze bancs du théâtre à ceux qui avaient reçu Yequw publi
l'anneau d'or à des citoyens ayant le cens équestre ; ils cus 7*. Cette réaction aurait dépassé le but, ou elle ne fut pas
n'en abusèrentp3s d'abord, parce que, d'une part, ils vou relative au jus anuli aurei ; car l'abus de l'anneau d'or fut
laient ne pas prodiguer les droits des chevaliers, et parce tel qu'il ne devint plus que le signe de l'ingénuité
que, d'autre part, les ingénus riches ne tenaient pas trop réelle ou fictive. Cette révolution est opérée déjà sous
à l'anneau que chacun usurpait dans la pratique Mais Hadrien, qui la constate dans un rescrit 76 sur les effets de
les affranchis sollicitaient beaucoup celte faveur, qui la concession du jus anuli aurei; elle donne désormais au
renfermait implicitement les avantages de l'ingénuité. titulaire l'ingénuité, sauf les droits du patron, dont il prend
Octave accorda la dignité équestre avec l'anneau à titre le nom et la tribu 77. En même temps l'ordre équestre
de récompense à Vinius Philopœmen, à Ménas, l'affranchi perd peu à peu son éclat et son caractère particuliers,
de Sextus Pompée, à son médecin Anlonius Musa, à Ve- jusqu'à ce qu'il disparaisse sous Constantin'". L'anneau
dius Pollio n. Les affranchis opulents continuant leurs en d'or procure, avec l'ingénuité, l'aptitude aux honneurs,
treprises ou leurs brigues, un sénatus-consulte fut rendu mais l'exemption de la torture n'appartenait qu'aux che
sous Tibère, en 23 ap. J.-C, ou 776 de Home M, pour valiers 79. Seplime-Sévôre, en 197 de J.-C, et plus tard
mettre un terme aux abus. Nul ne put avoir l'anneau d'or Aurélien donnèrent le droit d'anneau d'or à tous les sol
s'il n'était ingénu ainsi que son père et son aïeul pater dats 80 . Antérieurement, le primipilat entraînait le cens et
nel 6k, s'il ne possédait le cens de 400 mille sesterces (en l'anneau de chevalier pour les centurions qui en étaient
viron 100 mille francs), et n'avait le droit de siéger sur les revêtus81. Vers 211 ou 212, le même avantage était con
quatorze bancs réservés aux chevaliers par la loi Julia cédé aux centurions ordinaires et même aux optiones des
theatralis; néanmoins on n'exigeait pas le même cens chez légions, et leur collège leur donnait, à l'occasion d'un
les ascendants Mais le chevalier qui perdait le cens était voyage dans l'intérêt commun ou de leur retraite, une gra
exclu du jus aurei anuli™, et l'on appliquait la môme rè tification appelée anularia, suivant l'opinion de M. Momm
gle à ceux qui encouraient l'infamie ou commettaient un sen 8l. Mais, en dehors de ces cas exceptionnels et de ceux
acte déshonorant57. Sous le règne de Tibère, une loi Vi- où le chevalier obtenait Yequus publicus, désormais la con
sellia 58, portée en 777 de Home ou 2-i ap. J.-C, punit cession du fus anuli ne conféra plus le rang équestre, mais
en outre les affranchis qui usurpaient les prérogatives de seulement celui d'ingénu. Elle n'avait point lieu du reste
l'ingénuité. Cette même loi39 donnait aux Latins [latini- sans le consentement du patron , sous peine de dé
tas] un moyen d'acquérir la cité romaine, en servant chéance", et n'amoindrissait en rien les droits du patron
" llorat. Epist. I, I, 58 ; Jacob, apost. Epist. II, p. 2. — Juvco. Sat. III, 3350. — ei Plia. Epist. VIII, 6.-63 Suot. Galba, 14 ; Plut. Gallia, 7. —
140; XIV, 302; Ferratius, II, Epist. ï, p. 80, va trop loin en affirmant que, M Suet. Vitellius, 12; Tacil. Bist. Il, 57. — et Tacit. Bist. IV, 39. — Stat. Sito.
suivant le cens, l'anneau devait être ingens ou minor. — ** Ueber die rôm. II, 3, 143-145. — 66 juvco. IV, 32. — 6? Heiueu, Ad inscr. Aurelius Nicomedes,
Hitler, p. 96 et s. — W Gesch.l, g 39; II, s 103; Suet. Octao. 32; Plin. Bist. 1S57, p. 86 et s.; Grutcr, 263, 7 pour un fils d'affranchi. — 68 juveu. 111, 33;
nat. XXXIII, 7, 8 (I, 2). — « Gesch. n» 837, note 9. — *« Marquardt, Hitt. Mart. VII, 64. — «9 Suet. Galba, 14 ; Dio Cass. LXXIX, 16. — 70 Plin. Bist.
cquit. p. 86 ; Walter, Gesch. des rôm. Rechts, 356, note 55. — W Suet. /. Caes. nat. XXXIII, S. — 51 Suet. Claud. 25. 11 ne les réduisit pas en esclavage, comme
33 ; Caes. Bell, cio. I, 77; 111, 7, 10, 53 ; II, 20. - M Macrob. Sat. U, 7, 10 ; l'a écrit M. Bclot, Bist. des ehev. II, 351. — T- Suet. Domit. 8 ; mais cr. Mart. 11.
Sucton. /. Caes. 39. — 31 Petron. 32, Trimalcion porte à un doigt un anneau 37. — 73 Mart. III, 95 ; IV, 67 ; V, 8, 24, 27 ; VI, 9. — 7V Walter, Op. I. 357 ;
doré, et à un autre un anneau d'or constellé d'étoiles de fer. — SI Sucton. .M. Bclot, II, p. 365, cite Plutarque, Vite Cie. XIII (XVHI), qui n'est pas concluant ;
Octav. 27, 74 ; Uio Cass. XLVIII, 45, 48; LUI, 30; LIV, 23. — «8 Plin. Bist. mais voyez Dosith. Badrian. Seul. 6, et lilp. Itcg. VU, 1 ; Marquardt, p. 07;
nat. XXXIII, 2, 8, § 32. — •* Ceci ne faisait que confirmer une règle anté Belo', II, 378, 411. — '» Juv. III, 33; Mart. VII, 64; Plin. BUt. nat. XXX1I1, 33.
rieure. — 55 Zumpt, Rôm. Ritter, p. 96. — M Mart. Il, 57 ; VIII, 5 ; Juvcn. XI, — ~c Dig. XL, 10, 6, De jure aun. aur. ; Yatic. fragm. 226; Marquardt, Bist.
42 ; Apul. Apolog. 75, p. 367 ; Daehnc, p. 20 el suiv. — 57 plin. Bist. nat. equit. p. 91 ; Fricdlander, Sittensgesch. Jloms, I, p. 230, 3* édit. — 77 Tcrtull.
XXXIII, 152 ; Suet. Claud. 24 ; Uio Cass. LIV, 2; LVI, 25, LXV, 6. — 5S c. unie. I)e resurrect. curais, c. 57. — 78 Walter, /. /. 356 ; N'audet, De la nabi, chez les
Cod. Just. Ad leg. Vis. IX, 21 ; c. 1 Cod. Just. X, 32, Si servus ; c. un. Cod. Romains, n» 98 et suiv. - "9 Jul. Capitol. Macr. 4; fr. 10, g 1, el fr. Il Dig.
Just. IX, 31, Qumido civil. - 53 T. Mommsen (Uckkcr's Jahrbuch, 1858, p. 335 XXIX, 5, De sénat. Silan. — 80 Hcrodian. 111, 8 ; cf. Lamprid. Sev. Alex. I» ;
et suiv.) a voulu reporter celte loi en 689 de Home ou 71 av. J.-C. , d'après une Vopisc. Aurei. 7 ; Orclli-Hcnzcn, 3750, 6407. — 81 Mart. Epig. VI, 58 ; Orelli,
inscription de Toulouse ; mais son opinion a été rejetée par Walter, Op. I. n« 353 3018, 3049.— 6« Cité par L. Renier, Mélanges ëpigr. p. 238 à'240 ; voy. cep. Belot,
et 438, et A. W. Zumpt, Stud. roman, p. 298 et s. — «0 Orelli, Insc. t. Il, 2176, II, p. 379 et 380. — i» Plin. Epist. X, 12 ; Dig. XL, 10, 3 ; Xatie. fragm, 226.
APA — 299 — APA

[patronus] , non-seulement aux respects {obsequia , reve- mes (àv3ponroot<7Tat), les voleurs avec effraction (foiytopu^ot^
rentia) •*, mais encore les droits pécuniaires, par exemple les spoliateurs des temples (Upoo-uXot) *, les XtoitoSutat 5, les
sur la succession de l'affranchi95, qui à sa mort était, sous falsificateurs des poids et mesures6, etc. Quant au vol pro
ce rapport, encore réputé libertus. Son état n'était donc prement dit (xÀoTcvi), pour qu'il donnât passage à l'aira-
qu'une image de la liberté"6. Septime-Sévère et Antonin ■[Myt-î, il fallait qu'il fût manifeste et commis de nuit. S'il
Caracalla, dans un rescrit, avaient déclaré que l'anneau avait été commis de jour dans un lieu public, tel qu'un
d'or augmentait l'honneur du concessionnaire sans chan gymnase, un établissement de bains ou un port, Yàmatywyrj
ger essentiellement sa condition 87. Aussi l'on avait décidé n'était possible que si l'objet dérobé valait plus de dix
qu'il pouvait être mis à la question, en cas de mort vio drachmes. Pour les autres vols, le coupable n'était exposé
lente du patron ss. On imagina donc un acte plus avan à Ïi-Kixybiyri que s'il avait pris une chose estimée plus de
tageux, la restitution de l'ingénuité, comme si elle eût cinquante drachmes7. Peut-être enfin ràTrayu-pi était-elle
été originelle {natalium restitutio). Opérée par le prince permise contre les recéleurs, qui, d'après les principes du
avec le consentement du patron, elle éteignait le droit de droit attique 8, étaient punis des mêmes peines que les
patronage 89. Celte fiction existait déjà du temps de Q. Cer- voleurs.
vidius Scacvola s0, conseiller de Mare-Aurèlc, et qui vivait Par extension, râTcaYtoyi fut accordée pour d'autres dé
encore sous Commode et Septime-Sévère, c'est-à-dire de lits. Le meurtrier, qui, poursuivi devant les tribunaux,
l'J3à 211 de J.-C. Justinien, en ">29 permit à l'affran s'était soustrait par un exil volontaire à une condamnation
chissant lui-même de libérer, par une déclaration formelle, imminente, et qui plus lard rentrait sans autorisation sur
l'affranchi des droits de patronage, sauf les règles re le territoire de l'Atfique, était exposé à l'aTta^wy/î 9 ; on finit
latives aux obsequia et à l'ingratitude, par une assimilation même par rendre cette procédure applicable à tous les cas
imparfaite à la natalis restitutio. Le même prince avait, de meurtre manifeste'0 ; il est vrai que les meurtriers, pour
en 530 9!, déclaré citoyens toutes les classes d'affranchis, suivis sommairement, réclamaient énergiquement et sou
en abolissant les Latins Juniens, et les déditices [libertus]. tenaient que la '-po'vou YpaÇ'î pouvait seule être employée
Il semble aller plus loin, en 539, en décidant par une con contre eux.
stitution nouvelle M, que tout affranchissement régulier Citons encore, comme soumis àl'àTraYOJY^les adultères",
emporterait de droit les effets de la concession de l'anneau lessorciers (y<>Veç)1s, les impies (dtoeSeîç) ",les sycophantes",
d'or et même ceux de la natalium restitutio 9* ; mais le con les soldats qui refusaient le service militaire (airpaxeia) ,5,
sentement exprès du patron demeura exigé pour la perte les enfants qui maltraitaient leurs parents (xaxwtnç yo-
des droits de patronage95, et cette renonciation elle-même vs'mv) 16, les citoyens qui usaient de droits dont l'exercice
ne produisait que l'effet restreint indiqué ci dessus, sans leur avait été enlevé par une condamnation les métè
porter atteinte à la reverentia due au patron et à Yingrati ques qui ne payaient pas régulièrement la taxe annuelle
actio. Mais, depuis cette époque, tous les hommes libres pu (jAEToi'xiov) w, peut-être même ceux qui corrompaient les
rent légalement porter l'anneau d'or, tandis qu'aupara jeunes gens 19 ; un décret autorisa ràitaYoJY^ contre les
vant ils se servaient d'anneaux d'argent et les esclaves Athéniens, qui, au moment où Athènes fut assiégée par
d'anneaux de fer95. G. Humbkrt. les Lacédémoniens, quittèrent la ville et cherchèrent un
APACELOI [AGELAI]. refuge, à Décélie *°.
APAGOGÈ (ATrayco-pi). — Procédure sommaire autori Le magistrat devant lequel le délinquant était conduit
sée par la loi athénienne contre certains délinquants dans par l'accusateur variait suivant la nature du délit commis.
le cas de flagrant délit. L'accusateur qui prenait le cou Pour les xaxoùpYot et les y°Vs;, on allait devant le collège
pable sur le fait pouvait s'emparer de lui, en respectant des Onze (oî â'vSsxa) ; pour la xaxwo-i; y°vs'wv, devant l'ar
toutefois son domicile ', et le conduire devant le magistrat chonte éponyme ; pour l'ào-E'êeta, devant l'archonte-roi ;
compétent. pour le défaut de payement du (xexoi'xiov, devant les Polètes;
A quels délinquants r&tarywy^ était-elle applicable? Eile pour la ffuxocpavTi'a, pour l'exercice illicite de certains droits51,
dut à l'origine être limitée aux xaxoûpYot*; tous les gram et pour la plupart des autres délits, devant le collège des
mairiens parlent, en effet, de V&r.oiyMyr] tôW xaxoôpycov. On Thesmothètes. 11 semble même que 1 a7caY<»Yii fût possi
comprenait sous le nom générique do x^xotipyoi les malfai ble devant le Sénat; car, dans la formule du serment an
teurs les plus dangereux (ji£ft<rra «oixoiivret)3, les voleurs qui nuel qui, à partir de l'an 403, fut exigé des sénateurs au
assassinaient leurs victimes (àvSpo-fôvot), les voleurs d'hom- moment où ils entraient en fonctions, on lit: « Je ne re-

Dig. Il, 4, 10, 8 3 ; Cod. Just. VI, 7, 3, et VI, 6, De ohseq. pat. praest. — & Dig. libri IV, Berol. 1840 ; Wallcr, Geschichte des rôm. Dechls, n°« 555, 353, 356, 488,
XL, 10, 5 ; XXX, VIII, 2, 3 ; Gaius, Itatit. III, 35 et s, ; Ulp. Iteg. XXVII, 1 ; XXIX, I. 500, 837, 3« éd. Bonn. 1860; Zumpt, Ueber die rôm. Ditter, Berl. 1841, p. 65-113 ;
— « Coil. Just. VI, 8, 2, De jura aureor. anmil. — 87 Dig. XXXV, I, 33, § 2, De L. Friedlànder, Darslellungentaus der Sittensgeschickte Doms,'i' éd., Leipzig, 1809,
condit. et demoiustr. — 88 Dig. XXIX, 5; fr. 10, g 1, et tr. Il, De sénat. Silani. p. 81, 135 ; E. Bclot, Histoire des chevaliers romains, Paris, 1872, II, p. 287, 350, 301 ,
— » Dig. XL, 11; fr. 2, 4, 5, De natal, restit.; XXXVIII, 2, fr. 3, g 1, De bon. libert. 365, 370 et 411, 9.; Naudct, De la noblesse chez les Domains, Paris, 1803 ; Daehne,
— 9» Dig. XL, 11, De nat. rest. fr.3.— 91 Cod. Just. VI, 4, 3, De bon. lib. — 9î Cod. De jure aureorum nnulorum cura, Halle, 1863.
Ju<t. VU, 6, De lat. lib. Ml ; Instit. Just. I, 5, De libert. ; Theophil. Inst. I, 5, § 4. Al'AGOGK. 1 Demosth. C. Aristocr. S 80, R. 047. — î Harpocrat. s. v. 'Aotji,
— 93 Novell. 78, 1 et s. — »'> r.ujiis, Observât. VII, 14; Zimmern, Gesch. I, p. 788, éd. Bekker, p. 24; Bckker, Anecd. graeca, I, 200 et 414; Hesych. éd. Albcrli,
7'Ji; Puchta, Itatit. II, § 215; Walter, Op. I. 488, 500, note 85. — 95 tes Basi p. 419; Suid. éd. Bernhardy, p. 519. — 3 Aeschin. C. Timarch. g 91, D. 45.
liques prouvent la continuation postérieure du droit de patronage, contrairement - 4 Voy. toutefois Antiphon, De caede Herod. g 10, D. 25. — 5 Dcm. C. Comment, S 1,
à l'avis de Zimmern ; Démangeât, Cours de droit ronx. I, sur les Institutes, I, V, II. 1256; Lysius, C. Theomn. 1, § 10, D. 134; C. Agoratum, g 68, D. 158.
3- é l. Paris, 1869.— 96 isid. Orig. XIX, 32. — Bibliogbaphie. Kirehmannus, De — 6 Bœckh, C. inscr. gr. n» 123, g 9. — 7Dem. C. Timocr. SS 113-114, R. 735-736.
amiulis liber singularis, Sleswig, 1057 ; P. «un Diss. de jure aureor. annu- — 8 Lysias, C. Philoer. g 11, D. 217. —9 Dcm. C. Aristocr. gg 23 et 31, H. 029-030.
lorum, Trajeet. ad R'nen. 1734, in OEIrichs Thés, diss. 11, 1, Brem. cl I.ips. 1709; — 1» Antiph. De caede Her. SS 9 et suiv. D. 25 ; Ljfias, C. Agor. SS 85 et s. D. 101 ;
Kirratius Uct., ffector.lib.il. Patav. 1679; Kerratius, Epist. lib. XI, Vcnct. Lycurg. C. Lcocr. g 112, D.2I; Dcm. C. Aristocr. §80,R. 647.— U.Vesch.C. Timarch.
1733; Gôttling (ieschichte der rûm. Verfastung, Halle, 18 :o ; Lange, Dôm. g 91, D. 45. — » Plato, Mena, g 13, D. I, 419. — 13 Dem. C. Androt. g 27, B. 601.
Mlerlhûmer, II, p. 8 cl 152, Berol. 2" éd. 1807; Rein et W. Tcuffél, in Pauly't — 1» Dcm. C. Theocr. S 10, R. 1321. — is Dcm. C. Timocr. g 105, R. 733.— 16 //..
Realencyclop. I, 2« édiL s. v. Annulus; Beckcr, llandbuch der rôm. Altrrt/iilinrr, — " /&.— '« Dcm. C. Arislog. I, g 57, R. 787. — 19 Acsch. C. Timai ch. g 43, D. 37.
H, 1, p. 273, S33 et s., Lcips. 1843-9 ; Slarquardt, Historiae eqm'tum roman. — *>Lyc. C. Leoer. g 121. D.23. — « Voy. cependant Dcm. C. Traiofr.g 105. R. 73'.
APA — 300 — APA
cevrai aucune evSsi$i;, aucune ixcrfuy-ri à raison de faits croit qu'il faut le reconnaître dans une sorte de poêlon
passés avant l'amnistie, à moins qu'il ne s'agisse des exi en bronze que représente la figure 358, trouvé avec
lés" ». Nous trouvons, en outre, dans Libanius, une olt.ol-
ytofi\ UpodûXou Trpôç TipuravEi; **. Si le renseignement donné par
ce grammairien est exact, le fait dut être exceptionnel ; mm,
car remaywvï] tepoo-uX&w avait lieu devant les Onze. Meier
croit qu'il faut traduire ainsi la formule du serment : «Je Fig. 358. Apalare.
ne permettrai pas aux magistrats de recevoir une ev-
Sei£tç . . . 24 » ; ce qui impliquerait, il est vrai, que le sénat d'autres instruments de cuisine à Pompei3. E. S.
avait sur les magistrats un droit de contrôle, dont on ne APATÈSEOS TOU DÈMOU GRAPHE ('Atokt»)<kioç toû
rencontre ailleurs aucune trace. Platner pense que rdma- S^pou Yp»ip^). — Les auteurs grecs mentionnent quelquefois
Y<»-pi devant le sénat était possible dans les cas qui don un délit qu'ils désignent sous le nom de à-a-vfciî toZ îiîuou,
naient passage à Vd<ja^s.\i-JL -~\ î, TÎjç pouXïjç, v) toû SixactTipi'ou, î) Tvjç jjXiatac1. Il consistait h in
Le citoyen qui usait de l'aira-jo»"!^ remettait au.magislrat duire en erreur, par des affirmations ou par des promesses
un écrit contenant l'indication du crime commis par l'ac mensongères, le peuple ou le sénat, à tromper les tribu
cusé. Cet écrit, appelé également àzafwYiî **, devait conte naux et à obtenir d'eux des décisions injustes. Grâce à la
nir la mention que le coupable avait été surpris en flagrant généralité du mot à7râT7]o-tç, on pouvait faire tomber sous
délit, i-' aÙTOïiwpt.) 21 . Le magistrat ordonnait que l'accusé le coup de la loi qui réprimait ce délit un assez grand
fût mis immédiatement en prison, iv tS ÇuXtjj -\ Dans cer nombre de faits. Nous citerons notamment le fait de
tains cas, cependant, l'accusé pouvait échapper à cette dé produire devant les tribunaux une loi imaginaire, inventée
tention préventive en fournissant trois cautions. par le plaideur pour les besoins de sa cause*; le fait de
Quelles étaient les conséquences de FàTrccYcoYi' ? Les xa- déposer dans l'urne d'où l'on extrayait les noms des ma
xoûp^oi et les forcez, lorsque le délit était constant et avoué gistrats deux tablettes portant le même nom 3, etc. Cal-
par eux, subissaient, par l'ordre des Onze et sans condam lixône, qui, après la bataille des Arginuses.fit décider parle
nation judiciaire s9, la peine capitale. Il en était de môme peuple que les huit stratèges seraient jugés simultanément ,
pour les exilés qui rentraient sans autorisation dans l'At- fut également poursuivi par l'àirixTifattoî toZ Siipiou Ypayi
tique. Les métèques qui n'avaient pas payé le [astoi'xiov Pour ia répression de ce délit, on employait les procé
étaient vendus comme esclaves. Dans la plupart des autres dures que nous décrirons sous les noms d'iiiSANGELiA et
cas, la peine n'ayant pas été déterminée par la loi, on de de phobolè5. L'instruction était dirigée par les Thesmo-
vait la faire fixer par les tribunaux ,0. 11 fallait bien encore thètes. Si l'accusation était reconnue bien fondée, le cou
s'adresser aux tribunaux, lorsque l'accusé soutenait qu'il pable était puni de mort 6. E. Caillemer.
n'était pas frappé des incap'acités auxquelles on l'accusait APATURIA (ATOXToûpia). — Fêle dont une tradition
d'avoir contrevenu : par exemple, qu'il n'était pas a-ripio; athénienne rapportait l'origine à la guerre des Athé
ou banni ; ou lorsqu'il contestait les faits allégués par l'ac niens et des Béotiens en l'an 1100 avant notre ère. Son
cusateur Lorsque celui-ci succombait, il était condamné nom venait, disait-on, de la ruse (aTra-r/j) par laquelle le
à payer une amende de mille drachmes 3S. Messénien Mélanthos s'était débarrassé du roi des Béotiens
L'à-aY<i>Y'»] présente beaucoup de similitudes avec Fe^v Xanthios, en combat singulier, et à laquelle il avait, dù
■pri<ri; et I'evoscçiç, dont les anciens l'ont fréquemment rap la royauté. On expliquait par les mêmes récits le sacrifice
prochée. Il ne faut pas, cependant, confondre ces trois offert dans celte fête à Dionysos Mélanaigis : c'était lui
procédures. Dans Yio-f^r^, l'accusateur, au lieu de traîner qui, au moment du combat, disait-on, avait favorisé Mé
le délinquant devant le magistrat, allait chercher celui-ci lanthos, en apparaissant couvert d'une peau de chèvre.
et l'amenait sur le lieu du délit, pour qu'il s'emparât lui- Celui-ci reprocha à son adversaire de s'être fait assister
même du coupable ; aussi, Démosthène conseille l'emploi d'un compagnon, et au moment où il se retournait, le tua1.
de Yhr^aii; à ceux qui se défient de leurs forces physi Cette légende, quelle que soit son origine, n'a été ratta
ques 83 ; le magistrat pouvait d'ailleurs pénétrer dans la chée que par l'étymologie populaire à la fête des Apatu-
maison où le délinquant s'était réfugié34. Quant à l'&Ssii-iç, ries, qui était à Athènes la fête des Phratries. Il n'est pas
c'était seulement une dénonciation faite au magistrat com douteux que le nom àT2Toupta (modification légère de àr.y.-
pétent par l'accusateur, qui, au moment même du fait délic Topia pour aixara-ropta) ne soit tiré de celui du jour où les
tueux, n'avait pas pu ou n'avait pas voulu saisir le coupable ; membres de chaque phratrie s'assemblaient dans une loca
c'est en ce sens qu'il faut comprendre le texte dans lequel lité affectée à cet usage (spotTpiov), pour y traiter de leurs
Pollux dit que F(xtoxy<«>y^ s'applique lorsque le coupable est affaires communes s. A Athènes, à la vérité, les phratries ne
présent, I'èvSeiçiç lorsqu'il est absent35. E. Caillemer. représentaient plus une division politique : ces assemblées
APALARE. — Ustensile de cuisine, dont le nom paraît avaient un caractère purement religieux et ne louchaient
dériver A'a/jala ova 1 (œufs mollets). 11 servait sans doute aux intérêts publics que par l'enregistrement des enfants
à préparer ce genre de mets, et d'autres encore'. On nouveau-nés qui avait lieu à cette occasion. Mais celle
« Andoc. De myst. g 91, D. 03. — s' l)em. Arg. orat. c. Artstog. I, R. 767. APALARE. 1 Apîc. 7, 17. — S Auson. Epist. 21. — 3 Mus. Borb. V,
— M Attische l'rwrss, p. ÏÎ7. — 83 Plâtrier, Prncrss und Klagi-u, 1, p. 283 et s. pl. LU.
- 26 Lvsias, C. At/or. g 8b, I). ICI ; Suid. s. v. fcnrprril, éd. Berahardy, 519; Bckker, APATÈSEOS TOU DÈMOU GRAPIIÈ. ' Dem. C. Aristorr. g 97, R. 053 ; Pollu\.
Au-cd. graem, I, 41 1. — 27 Ljsius, €. Agur. g 85 et S. D. 161. — î» Dem. ('. 77- VI, 152. — » Dem. C. Aristog. II, g 24, R. 807. — :> Dem. C. liarot. I, g 12, H. 998.
mocr. g 116, R. 716.— « Pollux, VIII, lui. — 30 Antiph. De carde Her. g 10, I). — * Xen. Hist. gr. I, 7, passim.— » Dem. C. TïmoM. g 67, R. 1204.—«Dem. C.Lr/,1.
25.— 31 Acsrh. C. Tinuu-eli.% 113, D. 49. — 3i Dem. C. Androt. g 26, R. COI ; Poil. SS 100 et 135, II. 487 et 498. Meier, Attische Procest, p. 311.
VIII, 49.— 33 Dem. C. Androt. g 26, R. 601. — SV p0||. VIII, 50. — 33 p„||. V1II, AI'ATUIUA. t Sehol. Aristoph. Acharn. 116. —2 Meier, De gentil, ««.p. Il .-t
49. — BiBLiocuiPHiK. HefTler, Athenaeisehe Gerichtsvcrfussung, 1822. p. 203-213' suiv. Peut-être à l'origine se réunissaient-ils autour du même foyer, et ce foyer dey ait
Meier, Attische Procrss, 1824. p. 224-239; Platner, Process und Klayen, 1824. I, être celui de la cité même, dans le Prytanée, plus tard dans le Tholos. Voy. Auir.
p. 257-208 ; Weslermann, in Pauh's Hml. Eucyelnjinrdie, t. III, 1844, p. 137. Mommseu, lïrortolnqir, p. 305.
APA — 301 — APE
fiîte continuait à former un moyen d'union entre les villes Au contraire, si l'enfant avait été reçu, son nom avec celui
ioniennes de l'Asie, qui toutes y prenaient part, excepté du père était inscrit dans la liste des membres de la
Colophon et Éphèse, exclues anciennement, à la suite phratrie (tpprroptxôv YpxiAÙaTcïov après quoi la viande qui
d'un meurtre'. Elle se célébrait encore à Trézène *, à Sa- restait du sacrifice était distribuée avec du vin (otvio-rri-
mos5, à Chios 6, à Cyzique7, et jusque dans la ville de pta S8) aux assistants. 11 était d'usage aussi, ce jour-là, de
Phanagorie, en Scythie s. faire réciter aux garçons en âge d'aller à l'école, des pièces
A Athènes, la fête avait lieu dans le mois de Pyanepsion de vers apprises par cœur et de distribuer des prix aux
et durait trois jours, dont la date n'est pas connue exacte plus habiles *7. D'autres réjouissances et sacrifices avaient
ment9; ils auraient, s'il fallait en croire Hésvchius ,0, été encore lieu alors, entre autres une course aux flambeaux
suivis d un quatrième appelé i^t'Sîa; mais ce nom désigne, accompagnée d'hymnes en l'honneur d'Héphaistos, où l'on
d'une manière générale, le. lendemain de chaque fête. Les avait l'habitude de paraître avec ses plus beaux habits 2*.
préparatifs de la fête étaient faits plusieurs jours d'avan nUNZIKER.
ce ". Des trois jours consacrés à la fête elle-même, le APELEUTIIEROI ('ATreXsôOspoi). — L'esclave athénien
premier s'appelait SopzEi'a ou Sopiria u, à cause des repas où pouvait arriver à la liberté soit en vertu d'une conces
un avait coutume de se réunir le soir, et auxquels devaient sion de l'État, soit en rachetant son indépendance, soit
pourvoir les npo-î'vOai, TtpoYâio-Tai, insus/Tito» choisis pour • par l'affranchissement que son maître lui accordait.
laire ces apprêts; parmi eux les oho^iti avaient plus parti L Quand un esclave avait rendu un grand service à la
culièrement la surveillance des vins 13. Le principal sacrifice république, par exemple, en dénonçant un crime capi
avait lieu le deuxième jour, appelé 'AvâppW; (on faisait dériver tal ou en combattant vaillamment dans les armées
ce nom de àvap>Jeiv qui indiquerait lé mouvement par le athéniennes, l'État, comme récompense, lui accordait la li
quel on lirait la tête delà victime que l'oa allait abattre berté. Ainsi les esclaves qui prirent part à la bataille des
Les frais de ce sacrifice étaient payés par l'Etat, et c'est Arginuses furent déclarés libres pour leur brillante con
pourquoi les grammairiens rangent les Apaturics parmi les duite *. Après Chéronée. la liberté fut promise aux esclaves
fêtes publiques (SyjfjioTeXYiç iopTi]) l5. Le troisième jour, les qui s'associeraient à la défense du territoire '. A cer
pères ou leurs représentants (xûptot) amenaient les enfants taines époques de crise, la république conféra même la
légitimes nés dans l'année, pour les faire inscrire sur les liberté à des masses d'esclaves : Clisthène les admit dans
registres de la phratrie. A cet effet, celui qui présentait l'en les tribus après l'expulsion des Pisistratides *, et, s'il faut
fant commençait par offrir une brebis ou une chèvre que en croire Pausanias, dont le témoignage, il est vrai, n'est
l'on sacrifiait sur l'autel de Zeus Phratrios et d'Athéné pas confirmé par les historiens, avant la bataille de Mara
Phratria, placé dans cette enceinte La victime s'appelait thon, tous les esclaves d'Athènes auraient été déclarés libres
xoopîïov17, parce qu'elle était offerte pour des enfants (xoû- et incorporés dans l'armée 5. Dans tous ces cas, l'État de
poi, xoûpai), et pour la même raison, le jour s'appelait v^ipa vait naturellement indemniser le maître de l'esclave, et
xoupswTtç ,8. Une autre explication, d'après laquelle ce nom celui-ci devenait complètement libre
viendrait de ce que les jeunes gens se coupaient les cheveux II. L'esclave pouvait encore arriver à une entière indé
à cette occasion pour les offrir aux dieux, paraît moins pro pendance 7 en achetant sa liberté, soit avec ses économies,
bable 19. Le même sacrifice s'appelait encore ptsTov, nom qui, soit avec l'argent d'autrui. C'est toutefois une question
selon les uns, est le comparatif de jxtxpdç (petit) appliqué à controversée que celle de savoir si le maître pouvait être
la victime M; mais qui, selon d'autres, signifie qu'elle était forcé d'accepter le prix de l'esclave et de lui donner la li
âgée d'un mois (<xd^) Celui qui l'amenait, s'appelait berté, ou s'il devait consentir librement. Un texte de
[ii'.aYwyo'ç. Si quelqu'un s'opposait à l'enregistrement de Piaule 8 paraît bien favorable à la première opinion 9.
l'enfant et que ses raisons fussent agréées par l'assemblée, III. L'affranchissement proprement dit des esclaves ré
on renvoyait la victime de l'autel M. Au contraire, s'il n'y sultait le plus habituellement du testament du maître 10,
avait point d'empêchement ni d'opposition d'aucune sorte, qui, en mourant, léguait la liberté à ceux qui l'avaient
le père était admis à affirmer par serment la légitimité fidèlement servi. Mais il pouvait aussi avoir lieu par acte
de l'enfant M, et l'on procédaitau sacrifice. Cette cérémonie entre vifs. C'est ainsi que l'on trouve des affranchissements
terminée, les membres de la phratrie déposaient leurs proclamés, soit devant les tribunaux", soit devant le peu
suffrages sur l'autel de Zeus, et si la réception de l'enfant ple assemblé dans le théâtre et pris à témoin par les in
était refusée à la majorité des voix, le père pouvait porter téressés ,!.
plainte devant les tribunaux. S'il obtenait gain de cause, IV. L'esclave une fois affranchi ne devenait pas par cela
non-seulement l'enfant devait être reçu, mais de plus ceux même citoyen 13. 11 était seulement, quant à sa condition
quis'y étaient opposés, devenaientpassibles d'une amende **. juridique, assimilé aux métèques [metoikoi], à tel point

» lierai. I, 1 47 ; Schol. Itiblioth. Coisliu, p. 605. — 4 Paus. II, 22, 1. — « Herod. p. 21, C. — *■ Schol. Arist. Pae. 901 ; Harpocr. s. e. Àiei-ti; ; Meicr, l. c. p. 13,
YUa Ilom. 30. - « Suid. s. v. "o^po;. — ' Mcier, Op. c. p. 12. — » Strabo.XI, 2; 18; Hermann, Gott. Alt. §50, 31. — Bibiiograpuib. Mcursius, Graecia feriata ;
Steph. Il>z. ». o. 'Axsreuf». — 9 Schol. Aristopli. Ach. 146; Theophr. Char. 3 ; Meicr, De gentilitale attica, p. 10 sqq.; Hermann, Gottesdieml. Alterthllmer, g 56,
cf. Bockh ; C, insc. gr. 1, p. 221 ; Aug. Mommsen, ffeortologie, p. 302. — M Hesych. 29-31; K.AV. Miîller, in Pauly's Realeneyelopaedie, >. v., 1. 1, î' éd.; Schoemann,
I, p. 429. — U Atlicn. IV, 71. — « Pollui, VI, 102; Athen. IV, 171; Brkker, Gricchische Alterthllmer, II, ï' éd. p. 521 ; Rinck, Die Religion der Hellenen, Zu
Anecd. p. 417, s.; Suid. s. v. 'lunifii et ispttia. — 13 Athcn. /. /. et X, 425 ; rich, 1855, II, p. 206 ; Au;;. Mommsen, I/cortologie. Leipzig, 1S64, p. 302.
Pull. VI, 7 ; Phot. et Sleph. s. v. — 1* Aristoph. Pue. 890. — •& Suid. /. /. ; Eust. APKI.KLTIIKROI. 1 Plat. De leg. XI, 1). 461, 21 ; Lysias, Pro sacra olea, S 16,
Ad 11. Il, 552 ; Meicr, /. c. p. 12. — ,c Schol. Arist. Ach. 146 ; .Meicr, Le. Il, 1). 125; Pro sacril. Calliae, S 5, I). 117. — - Aristoph. Ran. v. 33, 190, 693.
n. 81-86.— 17 Bckkcr, AnevI. 273 ; Etym. M. 533, 35. — '» Schol. Arist. Ach. 14fi; — 3 Uio Chr\s.XV,21.— * Arist. Polit. 111, 1, 10. — 'Paus. VII, 15,7; Voy. toutefois
Xenoph. Ilell. I, 7, 8. — '3 Meicr, l. e. p. 47. — *> Harpocr., Suid., Phot. s. ». ; Aris I, 32, 3. — 6 Becker, Cliarildrs, 2'- éd. III, p. 41. — 7 Becker, eod. loe. — * Casiiia,
toph. llan. 811; Poil. III, 52. — »' K. F. Hermann, Zeifchr. f. il. Alterth. 1835, II, 5, 6 : » Quin, si tu nolis filiusquc etiam tuus, vobis imilis at.|uc aiuliorum in-
p. 1142 ; Schormann, Griech. Alterth. II, p. 522 ; cf. Aug. Mommsen, Heortol. gratiis, una libella liber possum firri. » — 9 Voir cependant Westermann, in Pauly's
p. 308. — « Dcmosth. C. Haeart. 1054 ; Isae. De Philoct. hered. S 22. — » Isac. Real encijcl. IV, 1026. — 1» Dio(ç. Laé'rt. III, 30 ; V, 1, 15 ; î, 55 ; 3, 63 [ 4, 72 ;
De Cir. hered. S 19 ; Demosth. C. Eubulid. 1315. — s* Dcmosth. C. Macart. 1078. .V, 21, etc. — 11 lsams, Pro Kitmat. Didot, p. 334.— 1* Acschin. C. Clesip/i. S 41,
- «D.-uioith. C. I.nchar. 1092. — « Poilu*. III, 52; IV, 22. — « Plalo, Tim. Uidot. 104.— 13 Dcmosth. Pro Phorm. g 6, H. 946.
APE — 302 — APE
qu'on lui donnait quelquefois le nom de çe'vo; u. La langue composé de juges appartenant à la tribu du plaignant. Le
athénienne avait toutefois un terme spécial et plus exact témoignage un peu indécis des rhéteurs sur ce point 29
pour le désigner, celui d'àTtEAEÛOEpo;. De vives discussions se peut être éclairé par le Traité des lois de Platon M. Mais la
sont engagées entre les rhéteurs sur le point de savoir question reste encore obscure.
quelles différences existaient entre ce mot et le mot èlzkiû- Si la S£xr) <x7:isTac7to'j était reconnue bien fondée, l'affran
Oesoî, différences attestées par Athénée 15. Peut-être le der chi retombait en esclavage. Etait-il replacé sous la puis
nier désigna -til plus particulièrement à l'origine les per sance de son ancien maître, ou bien vendu aux enchères
sonnes délivrées de l'esclavage de la dette. Mais comme, par les Polètes, avec attribution du prix au plaignant 31 ?
avec le temps, on finit par employer indifféremment les 11 est probable que le choix entre ces deux partis appar
deux expressions, nous ne nous arrêterons pas à exposer tenait à celui-ci 32.
les opinions diverses des grammairiens 1S. Si au contraire l'action du maître était rejelée, il
Gomme le métèque, l'affranchi était obligé de payer le perdait ses droits de patronage, et l'affranchi était alors
liEToîxtov. Quant au triobole, s'il y a controverse en ce qui complètement assimilé, non pas aux citoyens, mais aux
concerne le métèque il ne peut y avoir aucun doute métèques. E. Caillemer.
relativement à l'affranchi. Celui-ci était incontestablement V. En dehors d'Athènes, l'affranchissement des esclave*
tenu de l'acquitter en sus du («tofxtov 18. se produisit avec des formes variées, que les inscriptions
L'affranchi devait aussi, comme le métèque, avoir un font connaître.
patron ou Tipméxifi, qui était tout naturellement son 11 était purement civil à MantinéeM et dans un grand
ancien maître, dans le cas au moins où celui-ci avait nombre de villes thessalicnnes". Dans ces dernières, l'esclave
droit de cité w. En échange de la protection qu'il don qui recouvrait sa liberté, en se rachetant ou par une libé
nait à l'affranchi, le patron jouissait de certaines préroga ralité du maître, payait à la ville un droitde quinze statères,
tives. C'était lui qui recueillait la succession de Yznzkztâiçoi àl'époque grecque, de vingt-deux deniers et demi, à l'époque
mort sans postérité *°. 11 pouvait de plus réclamer l'accom romaine. Les magistrats inscrivaient alors son nom et celui
plissement de certains devoirs que les textes positifs ne pré du maître sur une stèle. La condition de l'affranchi était
cisent point : S xeXeuouuiv olvo'fiot. Nous avons seulement le celle de l'étranger domicilié3''.
témoignage de Platon51. D'après ce philosophe, les égards Beaucoup plus souvent, l'affranchissement avait une
que l'affranchi doit à son patron consistent en ceci, que forme religieuse ou était mis sous la protection d'une divi
l'affranchi doit aller trois fois par mois chez son patron nité. A Messène, l'acte était gravé sur une stèle exposée
pour lui offrir ses services en tout ce qui est juste et rai dans un temple 35.
sonnable, qu'il ne doit point se marier sans le consulter,* La forme religieuse est plus visible dans plusieurs villes
ni conclure une union qu'il désapprouverait ; qu'il ne de Béotie et de Phocide. A Orchomène, le maître consa
peut pas devenir plus riche que son ancien maître, etc. crait l'esclave qu'il voulait affranchir à Sérapis et à lsis;
Ces devoirs de respect et de services, quels q .'ils fussent désormais, il était défendu de mettre la main sur lui pour
d'après le droit positif, étaient-ils obligatoires seulement le réduire en servitude ; le prêtre et les magistrats devaient
envers l'affranchissant? Les enfants ou les héritiers du protéger sa liberté contre toute tentative de ce genre et
maître auraient-ils pu en réclamer l'exécution ? La ré punissaient l'auteur d'une amende30. On trouve le même
ponse est douteuse, et l'on pourrait en faveur des héritiers mode d'affranchissement dans les temples de Sérapis à
argumenter de ce qui avait eu lieu dans l'affaire d'Euma- Chéronée et à Coronée 37, d'Athéné Poliade il Daulis",
the Cependant la thèse contraire est plus sùrc. Il ne d'Asclépios à Sliiïs39. Cette consécration était un véritable
semble pas en elfet que Phormion, l'affranchi de Pasion, affranchissement, comme le disent expressément, plusieurs
ait été juridiquement tenu d'aucune obligation pareille des inscriptions ; le maître avait naturellement le droit de
envers Apollodore, le fils de son ancien maître 13 . stipuler à son profit certaines restrictions.
Quelle était la sanction de ces prescriptions législatives Ces affranchissements à titre gratuit sont jusqu'ici beau
sur les devoirs de l'affranchi ? On paraît admettre assez coup moins nombreux que ceux qui avaient lieu par forme
généralement que le maître, dont les droits avaient été de vente à une divinité. On a trouvé quelques exemples de
méconnus, pouvait se faire directement justice en s'empa- ces derniers dans les temples de Dionysos à Naupacte,
rant de l'ingrat et en le détenant prisonnier jusqu'à ce d'Asclépios à Elatée, de Sérapis à Tilhorée, d'Aphrodite
qu'il eût racheté sa liberté **. Nous conservons bien quel Syrienne à Physcis en Étolie. Mais ce fut surtout à Apol
ques doutes sur la légitimité d'un pareil procédé !S. lon Pythicn, à Delphes, qu'il fut d'usage de vendre ainsi les
Mais il y avait, dans tous les cas, un moyen juridique, esclaves. On a retrouvé gravés sur les murs du sanctuaire
mis à la disposition du patron et offrant de plus sérieuses environ cinq cents actes de cette nature. Les Dclphiens
garanties. C'était I'apostasiou nmi * n'étaient pas les seuls à employer cette forme d'affranchis
Celte aclion, qui appartenait à l'hégémonie de l'archonte sement; on voit, d'après les inscriptions, que des esclaves
polémarque avait ceci de particulier,: que les étrangers furent ainsi amenés et vendus au dieu de Delphes par le*
n'étaient point admis à figurer dans la SwuapTvpfa Peut- habitants de la ville voisine d'Amphissa, des cités de la
être aussi le jugement était-il remis à un tribunal spécial Locride, de laDoride,de la Phocide, de la Béotie, del'Eto-
I» nom. C. Neaer. § 17, R. 1531. - 13 III, 82, 115. — 18 De Bruyn de Ncve Moll, s. v. fle»>tnaf/'j; ; Poil 11 \ ,VUI , 91. — "Ev taïç-rsj OxooTaal'.v Sixetiç mjuîiVjvtai îutpapTjjtï*
De peregrinor. op. Athen. condition?, p. 18 el 19. — 1" Bocckh, Staalshauslialt. oi Ei-.-.i. Hiirpucr. s. l>. 4i«;i'.-.fr.f'ia. — M Harpocr. et Suid. s. v. '0-.\ r.fi( Ç'^V-
i° éd. I, p. 4*7. — 18 llurpucr. s. r. Mitnisiov. éd. Bckkcr, p. 127. — '9 licier, De _ M i. t. _ 31 Meier, op. !. p. 33. — 31 Srhocmaiin, tirirch. Allerlh. 2* éd. I,
bonis dmnnntonim. p. 34. — *° Iî-aîiis, De ;\icoste. heredit. g 9, Didot, p. 202 ; cf. p. 301. — 33 Le Basîet Fourart, Inser. du Péloponnèse, sert.VI. — si l.c lias, 3" par
Meicr, /. c. p. 231. — SI Leg. II, c. 2, Slcph. 714 c. — *2 nidot, Oral. frag. p. 333. tie, n- 1127 et s. 1151 et s. 1191, 1217, 1298; Hcmey, Le mont Olympe.} Inscrip
— M l)em. C. Stcph. I, s 71, cl s. R. 1123 ; cC Meicr, De bonis dama. p. 30 et 37. tions. - SS Le Bas et Foucart, Insa: du Péloponnèse, 309, 310. — "i IKcliarmr,
— « Suid. s. v. Avûcaisv cf. Meier. Op. I. p. 30. —- 2j Luciail. Ilis olelivotns, Arehiees des missions scientif. t. IV, p. 480 el s. — 37 Le Bas, 3c partie, n" 7'.'7,
— 56 Hitrpocr. cl Suid. s. v. 'Aï^ttœt.c-j. — Déni. C. Lncrit. % 48 H. 10. Harpm'r. 066. 1 i. — *" Il'id. n" RI2. — 39 Ibid. n" M.l. — BinMonairHi». Janus Pan. Dr
APE — 303 — APE

lie; quelques-uns même venaient déplus loin, d'Athènes, daitees affaires était réglé à Delphes par la loi de la ville, et.
d'Achaïe, de Thessalie, et même de Syracuse ou de Pergamc. à l'étranger, les Delphiens avaient conclu des conventions
Cette forme d'affranchissement, très-compliquée, est née à cet égard avec les États voisins: Béotie, Achaïe, Locride,
de l'usage ancien de consacrer au service de la divinité des Amphissa, Êtolie, Doride, Phocide et Thessalie. La vente
esclaves qui devenaient des hiérodules et restaient attachés était accomplie publiquement et en présence de témoins : les
au temple. La servitude y étant plus douce, les esclaves deux prêtres d'Apollon et souvent le néocore, les trois sé
recherchèrent les moyens de changer de maîtres, et pour nateurs semestriels de Delphes et des particuliers, habitants
cela, ils donnèrent au dieu la somme destinée à payer au de Delphes ou étrangers. Enfin, pour assurer la publicité
maître leur rançon. C'était un véritable rachat de l'esclave et la conservation de l'acte, il était remis àun citoyen désigné
par lui-môme, mais il employait l'intermédiaire du dieu. clans l'acte, et il était gravé sur les murs du sanctuaire.
Voici la formule dans sa forme la plus simple, telle qu'elle L'effet de la vente n'était pas toujours immédiat ; l'es
était usitée au n" siècle avant notre ère. En tôte de l'acte clave étant considéré comme une propriété ordinaire, le
est la date, fixée par le nom de l'archonte éponyme de Del maître qui le vendait au dieu avait le droit de faire ses
phes et le mois, puis l'acte de vente: « Cléon, fils de conditions et de stipuler des restrictions qui portaient sur
Cléoxénos, a vendu à Apollon Pythien un corps mâle qui les biens ou la personne de l'esclave. De là des stipulations
a nom Istiœos, pour le prix de quatre mines, à condition très-nombreuses et très-variées au profit du maître. Il se
qu'Istiaeos soit libre, que nul ne puisse mettre la main sur réservait, par exemple, le droit d'hériter de l'esclave;
lui, pendant toute sa vie, et qu'il fasse ce qu'il veut. » En- quelquefois, il y a une réserve au profit des enfants de
lin le nom des témoins qui avaient assisté à la vente. l'esclave, s'ils sont nés après l'acte de vente; ou bien, ce
La vente était accompagnée d'une cérémonie reli droit du maître est étendu jusqu'à la seconde génération,
gieuse qui rappelait l'origine de cet usage. Le maître, ac et il doit hériter si les enfants de l'affranchi meurent sans
compagné de l'esclave, se présentait devant le temple d'A laisser d'enfants. Par conséquent, défense à celui-ci d'a
pollon, passait près du grand autel, et s'avançait jusqu'au liéner ce qu'il possède ; s'il donne quelque partie de ses
seuil de la grande porte. Là, les prêtres venaient à sa ren biens, la donation est nulle et, s'il le fait de son vivant,
contre recevoir l'esckive qu'on amenait au dieu, et, en pré la vente elle-même est annulée, c'est-à-dire qu'il retombe
sence des trois sénateurs semestriels et d'un certain nom dans la servitude.
bre de témoins, remettaient au maître le prix convenu. D'après les idées des anciens sur l'esclavage, les enfants
Dès que la somme stipulée avait été remise, l'esclave ap de la femme esclave appartenaient au maître, comme le
partenait au dieu, sauf les restrictions que le maître pouvait produit de ses troupeaux. Lors donc qu'une esclave est
apporter à la vente. Mais il ne restait plus attaché au tem vendue avec ses enfants, elle doit payer pour eux aussi
ple comme dans l'origine, il ne devenait pas un hiérodule. bien que pour elle-même. Si elle doit rester encore auprès
Comme c'était lui qui avait confié au dieu l'argent néces du maître après la vente, une clause spéciale décide si les
saire pour l'acheter, la condition de la vente était qu'il enfants nés pendant cette période seront libres ou demeu
serait libre, qu'il pourrait aller où il voudrait, habiter où il reront esclaves.
voudrait ; nul n'avait le droit de mettre la main sur lui pour Le maître pouvait aussi imposer à l'esclave qui se rache
l'asservir. tait par l'intermédiaire du dieu, l'obligation de pourvoir
Sa liberté était garantie par une série de précautions. à la nourriture et à l'entretien d'une personne qu'il lui
D'abord, on joignait d'ordinaire à la cession du maître désignait, ou se réserver pour lui-môme ces avantages, ou
l'approbation de ses héritiers qui, plus tard, auraient pu se décharger sur lui de certaines dettes, et notamment de
menacer la liberté de l'esclave vendu au dieu. Ensuite on celles qu'on appelait eranoi. Le vendeur était souvent
lui reconnaissait le droit de se défendre par la force contre préoccupé de sa sépulture et des honneurs à rendre à son
celui qui voudrait le réduire en servitude; de même, le tombeau ; toutes ces exigences étaient insérées dans le
premier venu avait le droit d'intervenir au nom du dieu contrat avec des détails minutieux : accomplir toutes les
pour protéger son affranchi menacé, sans risquer d'encou cérémonies d'usage après la mort, apporter sur son tom
rir un procès ou une amende. De plus, le vendeur était beau les fleurs de la saison, couronner son image d'une
obligé, comme dans les contrats de vente ordinaire, de couronne de laurier tressé, deux fois par mois, à la nou
fournir un ou plusieurs garants, appelés (kêatMTÎjpEç, qui velle lune et au septième jour. Afin d'assurer l'exécution
s'engageaient avec lui à faire respecter la vente faite au de ces cérémonies, l'affranchi n'avait pas le droit d'ha
dieu, et, par conséquent, à protéger l'affranchi contre tous biter hors de Delphes.
ceux qui voudraient le remettre en servitude. Si le ven Outre ces stipulations, qui se présentent le plus fréquem
deur et le garant ne remplissaient pas leurs obligations, ment, voici quelques exemples des restrictions que le
une action pouvait leur être intentée au nom du dieu par maître, selon ses caprices ou ses besoins, avait le droit
l'esclave ou tout autre qui voudrait se charger de ses inté d'apporter à la liberté de l'affranchi. Pour celui-ci, dé
rêts; ils étaient condamnés à une amende qui, d'ordinaire, fense de rentrer dans le pays où il avait servi ; pour celui-
équivalait à une fois et demie le prix de la vente. Quand le là au contraire, défense de le quitter sans l'aveu du ven
vendeur n'était pas un Delphien, il avait le plus souvent à deur ; l'un doit accompagner son maître dans un voyage
fournir comme garants un citoyen de Delphes et un habitant d'Egypte en Macédoine, un autre élever deux enfants, un
de la ville où l'esclave devait retourner. Tout ce qui regar- troisième enseigner son métier à de jeunes compagnons
grati animi offir.iis atque ingratorum poena, Icjdc, 1809, p. C7 à 73 ; Mcicr, De terthûmer, Heidclborg, 1852, et ï' éd. 1853, S 58; ld. Stnatsalterthùmrr, Ilcidcl-
bonis damnatoriim, Berlin, 1819, p. 31 à 37 et 234; Mcicr et Schocmaun, Der berp;, 1855, § 114; Schoemann, Griech. Alterthnmer, 2« éd. Berlin, t. I, 1861,
atlisehe Process, Halle, 1824, p. 36, 473 et 474 ; Sehocnmnn, Antiqu.il.juris publici p. 3G-4 ; lîiichsonschiïlz, Besitz und Erwerb, Halle, 1869. p. 168 et s.; Curtius,
Orarcarum. Greifswald, 1838, p. 18!) ; de Bruyn de Neve Moll, De percyrinorum Anecdota Delphien, Berlin, 1343; Wallon, Dist. de l'esclavage, ch. x ; Inscrip
■i/.wl Athéniennes conditione, Durdrccht, 1839, p. 13 et 19; Wuchsmuth, Helle- tions inédites de Delphes, Paris, 1863; P. |Foucart. Mémoire sur l'affranchissement
nische Allertkumskunde, i' éd. Halle, t. II, 1811), p. 99, 323 ; Hermann, Privatal- des esclaves par forme de vente à une divinité. Paris, 1367.
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d'esclavage; un jeune enfant doit aller, pendant un temps pérance de la liberté; elle lui assurait en outre un certain
fixé, apprendre le métier de foulon et faire gratuitement nombre de garanties, depuis qu'il était censé être devenu
tous les ouvrages de celle sorle pour la famille de son an la propriété du dieu. Mais elle ne pouvait pas conduire à
cien maître ; enfin un médecin stipule que son esclave, l'extinction de l'esclavage, parce que, les besoins restant les
après la vente, restera encore cinq années près de lui mômes, le maître remplaçait le serviteur vendu par un
pour l'aider dans l'exercice de son métier. autre qu'il pouvait payer avec l'argent môme qu'il avait
Le plus souvent, le maître en vendant à Apollon la nue reçu du dieu. P. Foucabt.
propriété de l'esclave, s'en réserve l'usufruit pendant un APÈNÈ [véhicula].
certain nombre d'années ou même pendant toute sa vie; APENIAUTISMOS [niONOU GRAPHÈ].
il peut môme, après sa mort, assurer cet usufruit à une AI'KS (MtXtwat abeilles.) — Les anciens donnaient à
autre personne. Pendant le temps de ce séjour auprès du l'élève des abeilles les soins les plus minutieux. Ils avaient
maître (irapa|iov^, d'où est venu le nom de IIotpusvMv et d'au étudié jusque dans leurs moindres détails les habitudes de
tres semblables), l'esclave, quoique ayant paye par l'inter ces utiles insectes ; aussi voit-on tous les écrivains qui se sont
médiaire du dieu le prix de sa rançon, doit rester dans la occupés d'agriculture accorder aux abeilles une importance
maison du maître, travailler pour lui, exécuter tous ses toute spéciale1. C'est qu'en effet, les ruches devaient être
ordres, sans mériter de reproches. S'il n'obéit pas, le maî dans l'antiquité d'un rapport bien plus considérable que de
tre peut le battre ou le faire battre par qui il voudra. nos jours, le miel remplaçant le sucre et la cire étant
Mais il n'a plus le droit de le vendre, et, s'il le frappe, il recherchée.
ne doit pas le blesser. De grossières erreurs avaient cours au sujet des abeilles
Si la faute de l'esclave était plus grave, c'est-à-dire si au point de vue de l'histoire naturelle : on se figurait, par
l'une des clauses du contrat n'était pas exécutée, la vente exemple, qu'elles pouvaient être engendrées spontanément
faite au dieu était annulée. Dans le cas où l'esclave ne sur le cadavre d'un bœuf en putréfaction ; aussi les poètes
voulait pas rester auprès du maître le temps fixé, il devait leur donnent-ils quelquefois l'épithèle de pouy^vat' ; on
payer une nouvelle somme d'argent ou donner à sa place croyait que la ruche était gouvernée par un roi (ïiyejjlwv),
un autre esclave du môme âge que lui. La vente n'était c'est-à-dire par un mâle, et l'on ne se rendait nullement
valable, c'est-à-dire l'esclave n'était complètement libre, compte de la différence réelle entre les abeilles ouvrières
qu'après l'accomplissement de toutes ces obligations; un (ypn<mi) et les bourdons (xt^vi;, fuci, fures) ; enfin cer
exemple montrera combien elles étaient lourdes. Un es tains auteurs prétendaient que le miel se trouvait tout
clave voulant se racheter, mais n'ayant pas l'argent néces formé par la rosée sur les fleurs et que les abeilles ne
saire, avait emprunté les cinq mines de sa rançon à un faisaient que le transporter dans leurs rayons.
citoyen nommé Apollodoros. En échange l'esclave Phai- Les ruches doivent être placées dans un endroit abrité.
néas doit rester auprès de lui, tant qu'il vivra, et le nourrir On se contenta d'abord, et cet usage se conserva dans les
dans sa vieillesse, faire tout ce qu'il lui commandera et le petites fermes, d'imiter les ruches naturelles qu'on trouve
jour et la nuit, sans mériter de reproches; ne le quitter dans les creux des arbres et des rochers *, en pratiquant des
sous aucun prétexte ; sinon on pourra le saisir et l'emmener niches dans le mur de la maison, sous le toit ; mais tous
de toute ville et de tout sanctuaire; Phainéas peut le châ ceux qui en avaient le moyen tâchaient d'établir un rucher
tier ou le faire châtier, comme il voudra, mais sans le proprement dit {apiarium, alvearc, alvearium, mellarium,
vendre. Et le texte ajoute : « Après que Phainéas aura ffffxêXoç, <nff[*r\, (AsXiTTOTpoïiEÏov, [XEX(uiTia). 11 était quelquefois
nourri Apollodoros dans sa vieillesse sans mériter de repro d'une seule pièce, construit en briques ou en poterie;
ches, qu'il l'aura enseveli et qu'il lui aura rendu tous les mais on préférait les ruches mobiles (alvi, alvei, xu'J/ÉXai)
honneurs que l'on rend aux morts, qu'il soit libre » qu'on fabriquait en bois, en écorce, en liège surtout, ou
On voit donc que la liberté obtenue par la vente au dieu bien en jonc tressé, en paille mastiquée avec de la terre
était souvent bien incomplète et ajournée. Pourtant l'es ou du fumier de vache3. Une ruche de ce genre, sem
clave y gagnait, môme dans ce cas, car des bornes étaient blable à celle de nos pays, est représentée (fig. 359) d'après
fixées au pouvoir du maître. S'il y avait contestation sur un bas-relief romain \ On en fit sous l'empire en pierre
la manière dont l'esclave avait accompli ses engagements, spéculaire5, permettant, comme nos ruches modernes en
la question était décidée par un tribunal de trois arbitres
qui décidaient souverainement, après avoir prôté serment;
les arbitres étaient désignés d'avance et choisis par les
deux parties. Enfin, le maître et l'esclave prononçaient, en
présence des prêtres et des témoins, un serment récipro (,m x 7 [■■■•■■■j
que au nom d'Apollon ; le premier s'engageait à ne nuire
à l'esclave ni directement ni indirectement, le second iilili \±7 ^Esr
jurait de ne pas faire tort au maître pendant tout le temps I'ig. K'i. ltuchc tressée. Fig. 300. Ruche en métal.
qu'il devait encore rester à son service.
Cette forme d'affranchissement, très-avantageuse pour verre, d'observer l'intérieur; et l'on a découvert à Pompéi"
le maître qui pouvait à la fois recevoir le prix de l'esclave une ruche artificielle en métal dont on voit dans la fig. 360
et conserver ses services, était également recherchée par l'extérieur et l'intérieur divisé en étages {fort), auxquels
celui-ci, parce qu'elle lui donnait quelques droits et l'es- donnent accès un grand nombre de petites ouvertures.
APES. ' Comparez en gênerai: Xenoph. Oecomm. VII; Aristot. Hist. mtim. III, 23. — • Hcsiod. Theoy. S'Jl et sq, ; cf. Goguet, Orig tirs loù:, 111, p. 399 ;
V, 18 et suiv.; IX, 27 et suiv. ; Vurro, De re rtisl. III, 16; Virg. Georg. IV; Genp. XV, 2, 7; ef. Thiopll. Hist. plant. III, 10, I ; Varro, Colum., Pnll. t. I.;
r.olura. IX; Plin. Hist. nat. XI et XXI, 14; Pallad. VII. Théophraste avait Virg. Georg. IV, 34 sq. ; Schol. Arixtoph. .Vu*. 27j ; Yetp. 241 ; Geop. I. I.
écrit un traité spécial m^i piM-n;, voy. Diug. Laërt. V, 13, 44, et le frag — k Monlfaucon, Anlif. expi. I, 201. — B Plin. XXI, 47. — « Donaldson, Pompéi.
ment conserve par l'botius, Biblioth. cod. 278 ; Poil. VU, 14, 7. — ' Alciphr. II" partie.
APE — 305 — APH
Ordinairement les ruches étaient percées de chaque côté Médie et en Arménie, leur miel était fort recherché ".
de deux ouvertures pour laisser sortir et entreries insectes; Le meilleur miel était fourni par l'Attique [mel].
ces ouvertures étaient munies d'une porte s'ouvrant à volonté Les anciens attribuaient à Aristée l'honneur d'avoir en
afin qu'on pût visiter et vider la ruche ou en modifier la seigné aux hommes l'élève de l'abeille. Pour eux cet insecte
température. Il est difficile de se faire une idée de toutes les était l'emblème de l'éloquence, d'un langage agréable. Des
précautions qu'on prenait pour préserver les abeilles et des abeilles s'étaient posées, disait-on, sur les lèvres de Platon et
prévenances qu'on avait pour leurs moindres besoins. Un de Pindare". L'abeille étaitencore le symbole d'unÉtat bien
beau rucher comptait au plus trois rangs de ruches qui organisé, de la fondation des colonies. Elle était l'attribut
ne devaient pas se toucher les unes les autres. Le rang de Diane, de Cérès, des Muses, quelquefois de Jupiter, et
inférieur reposait sur un parapet en pierre, de trois pieds figure sur les monnaies d'Éphèse, de Smyrne, d'Érythrée,
de haut et revêtu de stuc pour empêcher l'accès des ani d'Aradus,de Parium, de Céos, d'Êlyrus, d'Hybla, de Cama-
maux rampants ou grimpants comme le lézard et l'escar rine en Sicile, etc. u. Ch. Morel.
got '. On avait soin de placer le rucher à une certaine dis APEX [flamen, saliï].
tance des bâtiments d'exploitation pour éviter toute exha APIIAIRESIS EIS ELEUTHERIAN fAtpai'psciç eîç &eu-
laison malsaine. On éloignait également toutes les plantes ôepfav). — Lorsqu'une personne en possession de la liberté
qui pouvaient nuire à la santé des abeilles ou à la qualité était réclamée comme esclave par un individu qui préten
du miel, par exemple le houx; on plantait au contraire le dait avoir sur elle les droits de maîtrise (eîç SouXsîav ayEiv)1,
cytise et le thym tout auprès, enfin on entretenait dans tout Athénien pouvait intervenir et soutenir que cette per
l'enclos un courant d'eau pure. sonne, étant de condition libre, devait être laissée en li
L'esclave chargé de la surveillance du rucher {apiarius, berté. Cette intervention du tiers était l'cfyaipEtn; 5 ou
mellarius, curator apiarii, mclitlurgus, lieXittoupyo;) devait £5a(pwtç elç IXEuOeptav *; elle avait paru nécessaire, parce
nettoyer les ruches trois fois par mois au printemps et en que, à Athènes comme à Rome, la personne revendiquée
été, ou du moins voir si elles étaient en bon état. Pour re comme esclave n'était pas admise à démontrer qu'elle
cueillir un essaim (examen), on usait des mêmes procédés avait la qualité d'homme libre; le droit d'ester en justice
que de nos jours : on faisait du bruit avec des instruments n'appartenant qu'à ceux dont la liberté était incontestée
de fer ou de cuivre, on jetait de la poussière en l'air, pour et non pas à ceux dont la condition était encore incertaine.
empêcher les insectes d'aller trop loin; enfin, pour les attirer Pour que 1 arpaipEutc fût valable, il fallait que le tiers se
sur une branche, on la frottait de quelque substance sucrée. rendît avec le prétendu maître devant le magistrat compé
On pratiquait aussi le moyen des fumigations pour for tent : l'archonte éponyme, si la personne dont l'état était
cer les abeilles à entrer dans la ruche ou à en sortir. Quand en cause était traitée comme citoyenne ; l'archonte polé-
elles étaient irritées, on les aspergeait d'eau miellée. En cas marque, si elle était considérée comme étrangère *. De
de sédition, lorsqu'il y avait deux reines, on prenait les vant ce magistrat, il fournissait trois cautions solvables *,
rivales et l'on tuait celle qui paraissait la plus faible La pour garantir qu'une indemnité serait payée au maître,
sollicitude pour les abeilles était poussée si loin qu'on si l'àoaîpEotç était reconnue mal fondée. La loi permettait
recueillait avec soin celles qui étaient surprises par le mau à l'auteur de l'àsat'pEo-iç de s'offrir lui-même comme l'une
vais temps et qu'on les réchauffait avant de les remettre de ces trois cautions
clans la ruche. L'sipai'pEo-t; régulière produisait par elle seule cet effet
On enlevait le miel (mellatio, mellis vindemia, castratio considérable, que la personne dont l'état était contesté
alvorum, {uXiTtout;) deux ou trois fois par an ; ordinaire devait être provisoirement traitée comme libre7, et que
ment on en prenait les quatre cinquièmes en juin et les l'obligation de prouver la condition servile incombait au
deux tiers en octobre ; on tenait compte toutefois des ri prétendu maître. C'est le même principe que l'on retrouve
gueurs de la saison, si le temps avait été défavorable. On à Rome : « Vindiciae secundum libertatem dabantur. » Tant
chassait les abeilles en soufflant de la fumée dans la ruche". qu'il y avait doute, on devait, en effet, se prononcer en fa
Le rayon s'appelait en latin favus, en grec xrjpfov , on don veur de la liberté. Car, comme le dit Aristote 8, « si c'est
nait le nom de propolis (■jtpoTroXtç) à la substance plus solide un grand mal qu'un esclave soit déclaré libre, c'est un
et plus sucrée qui remplit les cellules les plus rapprochées mal bien plus grand encore qu'un homme libre soit dé
de l'ouverture, enfin la matière gommeuse qui réunit les claré esclave. » Si le maître se croyait injustement dé
rayons entre eux était nommée êptOaxT], mot que Varron pouillé, il pouvait intenter contre le tiers une action pri
emploie aussi en latin, et qui désignait probablement la vée (àtpatpifTEw; ou Ê;aipÉo-Eu>î Six*)) *, rentrant dans l'hégé
même chose que le terme melligo ou laeMtmjao:. Le même monie de l'archonte éponyme ou du polémarque, suivant
auteur parle d'un rucher qui rapportait jusqu'à cinq mille la distinction que nous avons indiquée plus haut. S'il pou
livres de miel 10. vait démontrer que la personne en cause était véritable
A côté des abeilles domestiques (apes urbanae, cicures) il ment esclave et qu'il en était propriétaire, cette personne
y avait les essaims sauvages" (apes sylvestres, ferae, rw- devait lui être remise, et de plus l'auteur de I'oi^aiptat; était
ticaé) qu'on s'efforçait parfois de prendre. En Hyrcanie, en condamné à lui payer des dommages et intérêts ,0. Une

' Phil. De anim. prop. 28 ; Arist. VIII, 5 ; Plin. VII!, 54. — » Geop. XV, S, 15. preek and rom. Antiq. s. v. Agricultura.
— • Plin. XI, 15 ; cf. Schol. Aristoph. Eq. 797; Winckclmann. Hist. de l'art, I, 65. APIIAIRESIS EIS ELEUTHERIAN. ' Aescbin. C. Timarch. g 6Î, D. 40. —
— It Vtrro, (./. — 11 Yarroet Aristot. I./.; Schol. Aristoph. Arharn. 831.— 1* Q. Curt. î lsocr. Trapetit. § 14, D. 253 ; Acschin. I. (. g 62, D. 41 ; Harpocr. s. ». éd. Bekkcr,
VI, 4, 22 ; Strab. II, p. 73. — « Cic. De clic. I, 33 ; Paus. IV, 23, 2. — 11 Bochart, p. 41. — S Lysias, C. Ponction, g 9, D. 199; Harpocr. éd. Bckker, 74; Bekkcr,
HierouHc. IV, 2 j Creuzcr, Symbolik, III, 348 et s. ; W. Henzel, Mytholotj. For- Anecd. grarca, I, 252. — * Mcicr, Attische Process, p. 393-391. — 6 Plat. De Iry.
tthungen und Snmml., 1842, p. 192. — Bibliographie. St-John, The Sellent, II, XI, 1). 462, 2.- 6 Dcmosth. C. Neaer. g 40, R. 1358. — ' Lys. C. Panel, g 9 et s.
290, Lond. 1844 ; Lem, Zoologie der nllenGriechen und Rômcr, Gotha, 1856, p. 562; 1). 199; Platncr, Process und Kiagcn, II, p. 237. — » Problem. XXIX, 12.— • Dcm,
Mageritedt, BienenzucU der Vôlkrr des A Uerlhunu, 18.il ; et Bilder aus der C. Neaer. g 4b, R. 1360 ; voir les fragments du discours d'Iscc, Pro Euinathi
rûmiKlien Landtcirthschaft, t; VI, Sonden'lauseu, 1803; Smith, Dictionary of Didot, u, p. 333 et sui*. — "> Plat. De leg. XI, U. 462.
L 39
APH — 306 — APH
somme égale au montant de ces dommages devait être ver M. de Koutorga '. Voici l'exposé succinct de ce système.
sée au fisc à titre d'amende ". Toute propriété pouvait être ostensible ou inostensible,
Lorsque l'cWp£<7tc était irrégulière, c'est-à-dire si elle selon le degré d'apparence que présentait la possession
avait eu lieu avec violences ou sans les formes exigées par du propriétaire. En d'autres termes, au moins jusqu'à
la loi, le tiers pouvait être poursuivi par la piafwv St'xr) l'époque où la Grèce tomba sous la domination romaine,
L'dçai'peijiç iU IXeoOEpfev était également possible, lors ces dénominations de propriété ostensible et de propriété
qu'une personne de condition libre était possédée comme inostensible n'indiquaient pas la chose possédée elle-même,
esclave. Un tiers avait le droit d'intervenir (àçaipsïrjoat, mais seulement la manière dont elle était possédée.
iÇatpetffeai) et de demander que la liberté fût rendue à cette En principe, et cessant toutes circonstances de fait, la
personne. Les textes sont muets sur cette hypothèse; propriété ostensible comprenait : 1° les fonds de terre,
mais elle a de grandes similitudes avec la précédente, et Ityuoe ouata ou àYpo'ç; 2° les maisons, oîxt'at ; 3" les esclaves,
les mêmes règles devaient lui être appliquées. àvSpdtTco&a; 4° le mobilier, -zh. etcitcaix. — La propriété inos
P. Gide, E. Caillemer. tensible renfermait l'argent comptant, t& /p^ta, et les
APHAMIOTAI ('A(»3C[ai(3to[i). — Lorsque les Doriens se créances, tk SavEi'c^ata *.
furent emparés de la Crète, ils soumirent à leur domina Mais la propriété inostensible pouvait devenir ostensible;
tion les habitants du pays, mais ils ne les traitèrent pas et ce passage d'une catégorie dans l'autre était désigné
tous de la même manière. Les uns, les &7riîxoot, peut-être par les motst'u.ipavfÇEiv -ri /pyj^'ara. Cela résulte de plusieurs
v ceux qui s'étaient soumis sans résistance et qui avaient textes. Ici, Démosthène déclare n'avoir que des capitaux
volontairement traité avec les conquérants, eurent une ostensibles5; là, il appelle dtpYÔpiov tpotvEpôv l'argent déposé
condition assez douce qui rappelle celle des mpfoixot de chez un banquier". Ailleurs, Isée, dans l'énumération des
Sparte Les autres furent réduils en un véritable servage biens cp<mp<x, comprend l'argent comptant qui se trouvait
analogue à celui des Hilotes Spartiates : ces derniers dans la succession au moment du décès, les prix de vente
étaient les dcipajuioTai ou xXccpwTai et les (ivwTtai *. Les et les créances portant intérêt7.
àpapiSkai cultivaient les terres des particuliers, et leur Réciproquement, on pouvait transformer la propriété
servitude devait, par cette raison même s, être plus dure ostensible en propriété inostensible : alors on disait obavi^Eiv
que celle des jwwÎTat qui étaient attachés comme serfs aux ti ovTot ; É^ctpYupfÇetv *V oùm'av. C'est ce qu'on faisait no
terres de l'État Notons cependant que les àtpaptô-rott n'é tamment lorsqu'on voulait se dérober aux charges des
taient que des colons et étaient exemptés de tout service AElTOUpYlOtt 8.
domestique. Pour obéir aux ordres personnels du maître C'est qu'en effet cette distinction des biens ne présentait
et pour vaquer aux occupations de la maison, il y avait guère d'intérêt qu'au point de vue de la prestation des
des esclaves proprement dits, les xpwnàvYiToi*. — Bien que impôts. Toutes les fois qu'il ne s'agissait pas d'une propriété
les jrçpûôrat fussent exclus des exercices gymnastiques et certaine, dont il était facile de déterminer l'importance
n'eussent pas le droit de porter des armes 6, M. Schômann et le possesseur, l'administration ne s'en préoccupait pas,
pense qu'ils pouvaient être appelés au service militaire et et c'est ce qui arrivait le plus souvent pour l'argent comp
que le corps des 8ep<xtcovteç, dont il est fait quelquefois tant et pour les créances. Mais si l'existence du capital
mention, était recruté parmi eux 7. E. Caillemer. était juridiquement constatée, si le possesseur lui-même
APHANÈS OUSIA ('Açavijî ofola), — Les biens se divi en faisait la déclaration, alors l'administration considérait
saient dans le droit altique en biens ostensibles, oùtrt'a ces biens comme ostensibles et en tenait compte pour la
oavepâ, et en biens inostensibles, ovudx àcpavii;. Quels étaient lixation de l'impôt.
les biens compris dans chacune de ces catégories? L'opinion de MM. Bôckh, Hermann et Schômann est,
D'après M. Giraud, la distinction athénienne correspon il faut le reconnaître, plus conforme au texte d'Harpocra-
drait exactement à la division admise par les Romains : tion, qui classe dans la propriété inostensible l'argent, les
des biens corporels, d'une part; des biens incorporels, esclaves et le mobilier, tandis qu'il ne met que les immeu
d'autre part. Les valeurs incorporelles auraient seules fait bles dans la propriété ostensible Mais cette opinion
partie de l'ouen'oe «pavrî; Le numéraire aurait été rangé peut-elle prévaloir contre celle des auteurs de l'époque
dans la propriété ostensible. D'après Bôckh1 et Hermann, classique. Harpocration écrivait longtemps après la con
l'analogie existerait plutôt avec notre distinction des biens quête, à une époque où les expressions avaient pu changer
en biens immeubles et en biens meubles; l'oùafa (jfoavyfc se de signification et désigner, non plus le mode de posses
rait donc évidemment composée de ces derniers. sion, niais la chose même possédée. E. Caillemer.
Une troisième opinion, beaucoup moins simple, mais APHÉLÈS ('AijEAifc). — Pour pouvoir remplir, à Athc-
qui paraît plus conforme à l'économie générale des j nés, certaines fonctions publiques, notamment pour être
textes qui nous sont parvenus, a été présentée par archonte, il fallait être exempt d'infirmités corporelles
i
" Dem. C. Theocr. g 21. H. 1328 ; voir Bôckh, Staatsh. derAth. 2» éd. 1. p. 49F, terlh. 2« éd. § 14, n. 10 et s.; Schômann, Griech. Alterthamrr, 2« éd. I, p. 187;
note a. — » Lys. C. Panel. g 12, D. 199 ; Plat. Leg. D. 462, 4. — BiBLioanApniK. Bùchsenschtitz, Besitz und Erieerb, p. 38. — 3 Séances et travaux de l'Aead.
Meicr, Attischc Process, 1324, p. 393-103 ; Platner, Process und Klagen bei den t. L, p. 222-227 ; le mémoire de M. de Koutorga a paru en brochure sous ce titre :
Attikem, 11, 1825, p. 237 et s.; Westcrmann, in Pauly's Jtealeneyclopaedie, III, Essai sur les trapèzites ou banquiers d'Athènes, Paris, 1859 ; Toir p. 6-11. — * Isne.
1844, p. 322 et s. De Cironis herrd. g 35, D. 296 J De Hagn. hered. g 43, D. 316. — » Déni. Epist.
APHAMIOTAI. I Wachsmuth, Hellen. Alterth. I« éd. I, p. 394. — ï PoUoi, 111, III, g 9, R. 1485. — « C. Oltjmpiod. g 12, R. 1171 ; cf. C. Steph. I, g 66, R. 1121 ;
83 ; Suid. et Phol. s. v. Kli^u. — ' Schômann, Griech. Alterth. 2" éd. I, p. 309. C. Dionysod. g 1, H. 1283 ; lsocr. Trapezit. § 7, D. 252. — 7 Isac. De Hagn. her.
— * Wachsmuth, Hellen. Alterth. î' éd. I, p. 404; cf. Hermann, Staalmllerth. g 12, D. 316. — » Aeschin. C. Timarch. g 101, D. 47 ; Isae. De Hagn. her. g 47, D.
4« éd. | 22, n. 7 et ». — t Alhen. VI, 84, p. 263. — « Arist. Politic. II, 2, 12. — 317 ; Dem. De pace, g 8, R. 59. — 9 A', c. 'Asuvr,; oiui«, éd. Bekker, p. 41 ; Suid. s.
' Griech. Aiterth. î« éd. 1, p. 310; cf. Bûchscnschûtz, Deeilx und Erwerb, 18G9. v. O'ja'.a çocvïpat, éd. Bprnhardy, p. 1227 et la note ; Bekker, Anecd. g?-aeca, 1, p. 4GS.
p. 131-132. — Bibliographis. Dr. Koutorga, Essai sur les trapèzites ou banquiers d'.Uhrttes,
APHANÈS OUSIA. I Séances et trav. de l'Acad. des scieiic. morales et polit. Taris, 1*59 ; \oy. aussi Séances et travaux de t'Académie des sciences morales et polir
t, L, p. 242. — » Staatshauslt, der Alhen. éd. I, 638 j cf. Hermann, l'rivatat- tiques, t. L, p. 227-iiO.
APH — 3( 7 — APH

(dfos^j eTvai, u,J| eTvn tSv etSuvâtiov). Les noms des infirmes leurs maîtres avaient fait élever et instruire en commun
n'étaient point placés dans l'urne d'où l'on devait faire avec leurs enfants et qui, à cause de celte communauté
sortir les principaux magistrats (tSSv pifioxm àp^ÛW. — 'O d'existence, étaient dotés de la liberté, sans obtenir cepen
voiaoç xtuXuet aStiva-rov xAijpoîiiTÔai tûW ÉWa clp-^ovriuv dant le droit de cité ". L'affranchissement avait-il lieu de
C'est en ce sens qu'il faut entendre ce que dit Hésy- plein droit, dès que certaines conditions déterminées par
chius *. Ce n'était pas en effet dans l'dtvaxpto-iî, ainsi que une loi spéciale avaient été remplies ? Fallait-il, dans cha
cet auteur semble le dire, que l'on vérifiait si les xÀT]po>Tol que cas particulier, l'intervention d'un magistrat confé
âpyovreç étaient infirmes ; l'examen de ce point avait lieu rant, au nom de l'État, la liberté à l'enfant? Nous ne sau
antérieurement au dépôt des noms dans l'urne. La pro rions répondre. M. Biichsenschutz " pense que l'on assi
position d'Hésychius ne serait complètement vraie que milait aux [AÔOaxEç les enfants nés de l'union d'un citoyen
pour les £etpoTov?]Tol apx<msç ou pour les atpexof ; cepen de Sparte et d'une Hilote.
dant il mentionne formellement des x/ripiotot apxovTs;, et Les SEo-irootovaùTat étaient des affranchis, qui, comme
dans cette mesure son affirmation est inexacte. leur nom l'indique, servaient sur la flotte 10, mais on ne
E. Caillemeh. sait à quel office ils étaient employés.
APHESTER (A<pe<jTKip). — Nom donné par les Cnidiens Quant aux à^ÉTai, aux à&îa-Koxoi, aux IpiixT^pEç, on est ré
au président d'une assemblée de soixante membres, les duit aux conjectures. M. Schœmann pense que les àoixxt
o?!tv^|*ovec, que le peuple chargeait d'exprimer une opinion et les àSÉtjTcoToi étaient, non pas d'anciens Hilotes, mais
sur les principales affaires intéressant la république. Les d'anciens esclaves, sur lesquels des citoyens Spartiates
spttqpovcc, choisis dans l'aristocratie cnidienne, restaient en avaient acquis un droit de propriété privée par achat ou
fonctions pendant toute leur vie E. Caiixemer. autrement, et qu'ils avaient mis en liberté ". M. Wachs-
APIIETAI (ÂysTat). — L'historien Myron de Priène, muth voit dans les IpuxTÎjpEî des affranchis que nous pour
dans un texte qui nous a été conservé par Athénée a rions comparer à nos ambulanciers modernes, parce qu'ils
écrit que les affranchissements d'esclaves étaient fréquents , étaient chargés de relever les blessés sur les champs de
à Lacédémone, et que, parmi les affranchis, on distinguait bataille, de les soigner et de donner la sépulture aux
les dçsTcti , les (JSécTtoTot, les ÈpuxTÎjps;, les SEïiroo-tovaÛTai, les morts w. Ces opinions n'ayant aucune base solide, nous
veo5af«i$sii;, sans parler d'autres classes d'affranchis sortant nous bornons à les indiquer sans les adopter ni les re
des Hilotes, probablement les (xôSaxeç, les Irauvax-roi, etc. jeter **.
11 ne faut pas oublier, toutefois, que les Hilotes, étant des Citons encore, comme cas d'affranchissement ayant
serfs publics, ne pouvaient pas être affranchis par les maî donné naissance à une classe spéciale d'affranchis, l'exem
tres auxquels ils étaient attachés; la liberté devait leur ple des Hilotes qui avaient servi sous Brasidas, et qui reçu
venir nécessairement de l'État'. Un simple particulier n'a rent le titre de Ppao-tÎEioi " ; leur condition ne dut pas
vait le droit d'affranchissement que sur les esclaves pro être complètement identique à celle des vEoSaiwôîatç, car les
prement dits employés à son service personnel, et le nom historiens les mentionnent en les distinguant de ces der
bre en était très-peu considérable à Sparte. niers. E. Caiixemer.
Quelle différence y avait-il entre ces diverses catégories APHETOI HEMERAI ('AcdetoI -^pat). — Nom donné
de personnes ? Pour les i-jttuvaxToi, les vEoSapuoSEt; et les pô- aux jours où le sénat d'Athènes n'avait pas de séances'.
6axsï, les renseignements ne lont pas absolument défaut. Les jours néfastes [apophrades uemerai] et certains jours de
S'il faut en croire Théopompe \ les litEÛvaxTot étaient les fête *, dont le nombre alla toujours croissant en vertu de
Hilotes, qui, pendant la première guerre de Messénie, décrets spéciaux étaient des (ÎçetoI Jjuipac. Bœckh éva
lurent autorisés à épouser les veuves des Spartiates tombés luait seulement à trois cents environ le nombre des jours
sur le champ de bataille et qui obtinrent successivement où le sénat athénien se réunissait chaque année *.
la liberté et le droit de cité. En admettant l'exactitude de E. Caillemea.
ce renseignement, qui ne se concilie guère avec le récit de APHISTASTHAI TÈS OUSIAS [BONOBUM CESSiol.
Strabon *, les trauvaxToi formeraient une catégorie tout à APHORMÈ ('A:popiAYÎ). — Capital donné en commandite,
fait exceptionnelle parmi les affranchis. c'est-à-dire prêté à un banquier. (TpajtEÎJf-nnç) pour qu'il le
Les vEoîafMoSti; étaient d'anciens Hilotes qui, après réunît à ses propres capitaux (îSt'a i<fop\xr\) et l'exploitât
avoir été admis, dans les temps de crise, à servir comme comme fonds de banque. L'action pour recouvrer l'argent
hoplites dans les armées de Sparte, avaient obtenu la li ainsi prêté était l'dç-oppjç St'xr] '. P. Gide.
berté en récompense de la bravoure dont ils avaient fait APHRACTUS [navis].
preuve. De tous les affranchis, autres que les ÈitEuvaxTot, APHRODISIA ('AtppoîiW). — Nom commun aux fêtes
ceux-ci étaient les plus favorisés, et, dans la hiérarchie célébrées en l'honneur d'Aphrodite ou Vénus. Le principal
des personnes, ils venaient immédiatement après les siège de ce culte était l'île de Chypre1, et surtout la ville
citoyens de Paphos, où se trouvait, disait-on, son temple le plus an
Les jjLÔOaxEç ou [xo'Omveî étaient de jeunes Hilotes 7 que cien *, bâti par Aérias ou Cinyras, dans la famille duquel

APHÉLÈS. » Lysias, Pro imal. XXIV, g 13 ; cf. g 2Î. — » 5. v. 'Asii^,. — Bi- I, p. 208. — « Hellen. Altcrth. 2« éd. I, p. 403, 34. — » Cf. Bûchsenschiiti, l. t.
■LioGiirniE. Halbcrtsma, De magistrat, ap. Athen. probationc, Daventry, 1841, p. 172, note 2. — " Thuc. V, 34. — U Thuc. V, 67.
p. 27 ; Hermann, Slaatsalterthttmer, Heidelb. 1855, g U9, 9. APHETOI HKMERAJ. 1 Pollui, VIII, 95. — « Demosth. C. Timocr. g 26, R.
APHESTï.n. 1 Plut. Quaest. gr. 4, Didot, 360. 708 ; Aristoph. Thesm. 79. — » Athen. IV, 71, p. 171. — * Staatsh. der Athen.
APIIETAI. I VI, 102, p. 271. — « Strab. VIII, 5, S 4. — » Athen. VI, 101, p. 271. 2« éd. I, p. 327.
— * VI, 3, g ï et 3 ; Toir toutefois Hesych. éd. Alberti, I, p. 1332, 19. — 5 Pollui, APHORMÈ. 1 Voy. le plaidoyer de Démosthène pour Phormion, qui est une dé
111, 83 ; Hesych. Il, 667, 8, et Suid. II, 936, éd. Bcrnhardy ; cf. Thucyd. VII, 58 ; fense (saaaïpaçr;) à une a^ofi**,; Stxij. — Bibliographie. Biichsenschutz, Ilesitz
Plut Agetil. 6. — fi Bûchsenschiiti, Besîts und Encerb, p. 171. — 7 Hesych. und Erwerb, ISC9, p. 479 ; Cailtenier, Le contrai de prêt à Athènes, 1870, p. ia
11, 612, notes 22 et 27 ; Plut. Cleom. 8.-8 Athen. VI, 102, p. 271. Voy. «pendant et s. ; Hermann, Privatalterthùmer, 2» éd. 1870, g 49.
Jcannet, Let institutions sociales et te droit civil à Sparte, Paris, 1873, p. 83. — APHRODISIA. 1 Homcr. Hymn. V, ï. — • Tac. ffist. 11, 3; Amtal. III, il;
/. p. 170.— 10 Bûchsenschiiti, l. I. p. 172, note 2.— « Griech. Alterth. 2'éd. Mai. Tvr. Serm. 38.
APH — 308 - APL
le sacerdoce de la déesse était héréditaire '. Ce temple se 'ïGptïTHC(x,5[uYBRiSTiKAl. A SamoSjlemythe de la déesse était
composait de plusieurs vastes cours ouvertes, entourant une représenté par des danses mimiques"; la fête de Lemnos.au
chapelle, où se trouvait l'image d'Aphrodite sous la forme contraire, avait un caractère sombre, rappelant la légende
d'un cône entre deux candélabres (fig. 361)*. La principale du meurtre commis par les femmes * sur les hommes.
fête y était célébrée, comme partout A Athènes, il faut distinguer surtout trois cultes et trois
sans doute, au printemps5, dans des fêtes : d'abord celle que l'on célébrait en l'honneur d'A
jardins et des bosquets remplis de phrodite Pandémos ; les hétères, réunies par Solon autour
fleurs8, que la déesse elle-même, de son temple, y prenaient surtout part **; plus tard, elle
disait- on, avait fait croître 7. La fut célébrée aussi par une corporation religieuse appelée
foule y affluait8 pour assister aux TeTpaotïtat, parce que la fête avait lieu le quatrième jour du
courses de chevaux, aux jeux gym mois a7. Un autre culte était celui d'Aphrodite Colias et des
niques, aux concours musicaux, déesses qui présidaient à la naissance (rtvtTuÀAi'Set), égale
dont cette fête était l'occasion9. ment servies par des hétères *8. Enfin il y avait dans le Pirée
Fig. 361. Templo de Paphos.
On offrait à la déesse des sacrifices la fête de l'Aphrodite Syrienne, à laquelle présidaient une
non sanglants, des fleurs et de l'encens 10. Tacite parle ce prêtresse corinthienne et une corporation d'ORGÉONESM.
pendant de victimes mâles qu'on amenait au temple : il s'agit A Thèbes, on célébrait les Aphrodisia au mois de dé
sans doute de celles qu'on immolait pour en consulter les en cembre30. En Thessalie, les femmes seules y prenaient part;
trailles. Les femmes alors lavaiqnt l'image de la déesse dans c'est dans celte fête que la célèbre hétère Laïs périt
la mer, et prenaient un bain elles-mêmes pour se préparer assassinée31. Dans l'île de Zacynthe, il y avait une fête an
aux solennités de lanuit(n<xwu^ç)".Ony célébrait aussi des nuelle avec des courses Une double fête de Poséidon
mystères qui dégénéraient souvent en débauches '*. Les et d'Aphrodite JÀmnesia et Galenaia, c'est-à-dire , «qui
personnes qui souhaitaient d'être initiées (h xîj ts/vv] ^ot/îxr,) apaise la mort et conduit au port, » avait lieu à Égine.
recevaient, en entrant dans le temple, un peu de sel et un D'abord on offrait un sacrifice au dieu des mers en mé
phallus, en échange d'une pièce de monnaie destinée au tré moire de ceux qui étaient morts en naviguant, puis on se
sor de la déesse En général, ce culte, à l'exemple des cultes livrait à une joie dissolue en célébrant les bienfaits de la
orientaux, favorisait la prostitution11, surtout par les nom déesse de l'amour33. En Acarnanie également, Aphrodite
breuses hiérodules (tspooouAoi) qui le desservaient et que était fêtée comme déesse marine par des combats navals *.
nous retrouvons à Corinlhe, à Éryx en Sicile, et jusqu'à En Étolie, à Calydon, il y avait une fête célèbre par L'af-
Athènes. Vénus avait encore en Chypre d'autres temples fluenee des hétères35. Hunziker.
célèbres ; ainsi à Vieux-Paphos, .où tous les habitants des APHRODISIASTAI ('Aï.poît<riaaTat'). — Membres de deux
villes d'alentour se rassemblaient pour une procession so sociétés religieuses de l'île de Rhodes et de la côte de
lennelle. Le nom d'ày^Twp, porté par le grand prêtre du Carie1, qui étaient vouées spécialement au culte d'Aphro
temple de Paphos15, lui venait vraisemblablement de ce dite [tiiiasos]. P. Foucaut.
qu'il était le chef et le conducteur de cette pompe. On la APIARIUM et APIARIUS |apes].
retrouve àGolgoï16, à Amathus, où l'on célébrait une fête APLUSTRE, "AoXairrov. — Aplustre, ornement placé à
appelée Ketpituxri; 17. Comme le culte d'Aphrodite en Chypre, l'extrémité de la poupe d'un navire. C'était une char
celui de l'île de Cythère et celui du mont Éryx en Sicile pente formée de pièces de bois assemblées; on dislingue
étaient d'origine phénicienne1'. dans quelques monuments une ou plusieurs traverses des
L'influence des cultes de Chypre et de Cythère s'étendit tinées à les tenir réunies, comme dans les bas- reliefs repro
d'abord à Sparte, à Corinthe et à Argos '*. A Corinthe, où duits plus loin (fig. 363, 363). Le dessin et la dimension
celte déesse avait un temple fameux, deux jours étaient par de cet appendice varient dans les représentations très-nom
ticulièrement célébrés : les nombreuses hétères et hiéro breuses que nous en possédons, mais sans s'éloigner d'une
dules au service d'Aphrodite prenaient seules part à la fête disposition qui leur est commune de li
le premier jour, les autres femmes le second *°. Quand l'É gnes recourbées, resserrées à la base, se
tat se voyait menacé de quelque danger, c'étaient les hétères déployant vers le haut et rappelant l'aile
qui présentciient à la déesse les supplications publiques51. ou la huppe d'un oiseau, la queue d'un
A Argos, la fête principale d'Aphrodite s'appelait uiroîpia, poisson ou les tiges d'une plante inflé
•parce qu'on y offrait des sacrifices de porcs u. Une autre chies dans le même sens. L'aplustre fut en
fête, célébrée à Argos en l'honneur d'Aphrodite, se rappor usage dans toutes les marines de l'anti Fig. 362. Monnaie
tait, d'après la légende, à une victoire remportée sur les quité. Les monnaies témoignent qu'il dé de Phasélis.
Lacédémoniens par les Argiennes après une défaite des corait les vaisseaux de Tyr et de Sidon aussi bien que ceux
Argiens. Les hommes s'y montraient en habits de femmes, de la Grèce et de Rome. 11 est nommé par Homère1. On le
et les femmes en costume d'hommes. Cette fête s'appelait voit figuré sur des vases peints de style ancien, surdesmon-

3 Schol. Pind. Pyth. II; Hesych. s. v. Kiwpô&ct; Guigniaut, La WrtUt de Pa - ti Athen. III, 49, 96 ; Clem. Al. Protr. 33. — •» Plut. De virt. mulier. * ; Millier,
phos, t. IV de la trad. do Tacite, par Burnouf. — * Uunter, tïôtlin zu Paphos, Dor. I, p. 174 »* Luc. Sait .37, 63. — « Philostrat. Her. 19, 14. — « Athen. VIII.
pl. iv, 1-8 et II ; Guigniaut, Galer. myth. LIT, 201-206; Mioimet, III, p. 670 ; La- 579 E ; XIV, 7S,p. 659. — tl Athen. /. c. — *> Arisl. .Vi/6. 52, etc. ; Gerhard, Gr.Mflh.
jard, Culte de Venus, pl. i, 10-li; Gerhard, Akad. Abhandl. pl. xli, 2, et lu, I, p. 384 ; Hermann, Gott. AU. S 62, 45. — » Rangabé, in Afin. delV Intl. archenl.
II. — « Hor. Od. I, 4, 15; Engol, Cypr. II, 160. — « Engel, Cypr. II, 262. — 1849, p. 161 sqq. ; ld. Alit. Hell. 11, n. 809. —XI Xenoph. Hell. V, 4, 4. — » Schol.
' Hesych. s. r. Mvfljuu; Athen. III, 27. — 8 Slrah. XIV, 683. — » Engel, /. I. Il, Arisl. Plut. 179. — 3» Dion. Hal. Anf. rom. I, 50. — » Plut. Quaest. gr.U : Athen.
176 sqq. — Tac. Hitt. II, 3 ; Virg. Aeii. 1,416 ; Engel, II, 1S5. — " Aeschin. Kp. 10; XIII, 55, 95. — » Dionys. I, 50. — » Plaut. Poenul. I. I, 63 ; 2, 45, 52. — Urauo-
Ovid. Fast. IV, 133, sqq. — I* Illiner. III, 2; Uor. Od. I, 4, 5 ; Engel, II, 161. — r.nAFUiK- Gerhard, Griech. Mythologie, p. 378-409 ; Hermann, Gottesdienst. Aller-
1> Clem. Alex. Prol. 13 ; Arnob. Adv. gent. V, p. 159.— " llerodol. 1, 199. — 15 He thùmer, g 52, 25 et 30 ; 62. 45 ; Schùmann, Geierh . Alterlhùmer, II, p. 497. 2' od.
sych. s. >.. ; Strnb. XIV, 6. — 1» Engel, II, 81. — " Hesych. ». ». - " Gerhard, Gr. APHRODISIASTAI. 1 Ross, hier. gr. ined. p. 292 ; Hamilton, Itesr arehes in Ali"
Math.it 366, 3 ; 369, I. — 1» Herodot. I, 105; Paus. III, 23, 1 ; Gerhard, /. /. — Mmor. t. II. n. 30t.
•I Alton. 1111,32-33, p. 574. — « Pind. Fragm.f. 608 sqq. Boeekh ; Athen. VIII, 574. APLUSTRE. I Ittad. XV, 717.
APO — 309 — APO
naies grecques et romaines, sur des pierres gravées, dans Ils étaient au nombre de dix, désignés par le sort, à
des peintures murales et des bas-reliefs, tantôt comme un raison d'un par tribu Leurs fonctions étaient : d" dresser
prolongement de la poupe, avec laquelle il semble faire la liste de toutes les sommes dues à l'État ; mentionner les
corps entièrement : tel on versements faits par les collecteurs ; rayer, sous le contrôle
le voit surlesmonnaiesde du sénat, les articles soldés' ; 2° centraliser toutes les re
Phasélis(fig.36:!),d'Apol- cettes opérées pour le compte de l'État par les divers agents
lonie de Lycie, d'Histiée, financiers*, et, avec le concours du sénat, en faire la répar
de Cyzique, d'Anchialus, tition entre les diverses caisses publiques*; 3° juger les
etc., et dans le bas-relief contestations relatives aux objets sur lesquels s'étendait
romain du palais Spada* leur administration Pollux ajoute 7 : recevoir les tributs
(fi g. 363), ici reproduit; des alliés; mais cela ne dut être vrai, au moins comme règle
tantôt comme un acces générale, qu'à partir de la suppression des Hellénotames,
soire pouvant à volonté chargés de cette attribution.
s'implanter à l'arrière du On ne peut dissimuler que beaucoup d'incertitudes et
bâtiment ou en être déta d'obscurités régnent encore sur le rôle financier de ces
ché : tel il paraît dans la magistrats. Avaient-ils, comme semble le dire Aristole, la
plupart des représenta garde de certains revenus publics ? Étaient-ils seulement
tions antiques, et on le chargés des écritures sans être à proprement parler comp
Fig 363. Poupe d'un vaisseau.
voit surtout clairement tables? Nous devons regretter vivement la perte du Traité
dans les monuments où il est figuré séparément, comme des républiques d'Aristote, qui renfermait des développe
dans le bas-relief du musée du Capitole 3 (lig. 364) ; les ments sur ce sujet
détails de sa construction y sont facilement saisissables. Lors des réformes financières introduites par Eubule,
D'autres monumenls montrent des aplustres ainsi détachés, les fonctions des à-oSextai furent confiées aux trésoriers
faisant partie de trophées, ou mêlés aux armes et aux dé du Théorique [ttieorikon]. Plus tard, on revint aux erre
pouilles de peuples vaincus*. En effet, l'aplustre était ments de la constitution de Clisthène
comme une enseigne que l'on s'efforçait d'arracher au II. Pollux 10 mentionne d'autres àrroSéxTat, fonctionnaires
inférieurs qui n'ont rien de commun avec les précédents: ol
tovcjïtov àrorjLSTpoûuEvot. Ils étaient préposés à la réception et au
mesurage des blés provenant d'acquisitions faites par l'État
ou de libéralités conférées à la République". E. Gaiixbher.
APOD1DRASKINDA (' ATtooiîpajxi'vîa). — Jeu de cache-
cache, que les enfants, en Grèce, pratiquaient exactement
comme ceux de nos jours. Pollux le décrit comme il suit:
« L'un des joueurs reste au milieu, en fermant les yeux, ou
bien une autre personne les lui tient fermés; les autres
s'enfuient et lorsque le premier va à leur recherche, il

Fig. 364. Ancre et aplustre. Fig. 365. Aplustre.


vaisseau ennemi8. On le voit aussi comme l'emblème
d'une victoire navale ou comme un symbole de la na
vigation, dans la main de Neptune6, de la Victoire7 (fig. 364)
ou de divinités et de héros protecteurs des cités maritimes";
ou encore gravé dans le champ des médailles à côté de
leur effigie9. Il rappelle aussi sur les monnaies de plusieurs
familles romaines, des victoires dont elles s'honoraient 10.
On pourra comparer avec les figures ici gravées celles
qui accompagnent les autres articles où il est traité de la
marine. E. Saguo.
APOBATERIA (' AiroêaTiipia). — Sacrifice offert après une
heureuse navigation a Zeus, surnommé A71060^010?'; à Poséi
Fig. 366. Jeu de cache-cache.
don*, et peut-être encore à d'autres divinités marines. E. S.
APO BATES [desultoresJ. s'agit pour chacun de revenir avant lui au lieu d'où il
APODEKTAI fATOOc'xTott). — I. Magistrats athéniens est parti (tic, tôv to'tcov xôv ixtt'vou)1. Une peinture d'Hercula-
établis par Clisthène pour remplacer les kolakretai '. num (fig. 3(36) répond bien à cette description*. Ch. Morel.
* Braun, Zwôlf Basicl. p. 319 ; 0. Jahu, Arc/it Beilràge, pl. \. — 3 Mus. CapU. APODEKTAI. 1 Harpocr. s. ». 'Amtbw.— * Lexica Seguier. p. 1 98. — ' Harpocr.
IV, 34.— * Voy. une monnaie de la famille Sulpicia : Cohen, Mann, consul, Sulpicia, 3, s.v.; cf. Demosth. C. Timoer. § 16Î, Reiskc, 750. — 1 Pollux, VIII, 97. — *Corp. in-
pl. xzxviii; les obélisques du musée de Florence, Vestibule, no» 16 et 17 ; Caristie, Arc, serip. gr. n. ; Froehner, Inscr. du Louvre, n. 100 ; Lex. Seguier. p. 198 et 427 ;
d'Orange, pl. m, mu. — s Juxen. X, 135; Lucan. III, 671 ; V, 585. — 6 Monn. de By- Hermann, Staatsaltérth. § 150, notes 7-8. — « Pollux, VIII, 97 ; Meier, Atlischc
zaoce, de Démétrius. — 7 Monn. d'Himei-a ; Winckeimann, Mon. inéd., 1 30 ; Clara?, Process, p. 98. — 7 /. I. — 8 cf. Polit. VI, 5, 4. — 9 Suid. s. v. 'AuSwtui ; Etym. M.
Mus. de te. 223, \15;Marbl. of Dritish Mus. II, 41 ; Mus. diMantova, III, 7 ; Élite p. 124; Zonar. p. 234 et s.; Boeckh, Slaatihaushalt. 2' éd. p. 214-216; Schoe-
des mon. céram. 1, pl. lxxv ; Millingcn, Uned. mon. 11, 24. — 8 Monn. de Tarente, mann, Griech. Aîicrth. 2e éd. I, p 433 ; Grole, ffist. de la Grèce, trad. Sadous,
Corinthe, etc.— 9 Monnaies de Sidon,de Sinope,de Corinthe, de Philippe, d'Alexandre. V, p. 313. — I" VIII, 1U. — " Schubert, De Rom. aedilibus, Koeuigsberg, 1828,
— 1 Monnaies des familles Cassia, Sulpicia ; d'Auguste. p. 113.
APOBATERIA. i Steph. By;. t. v. Intprr*;. — « Schol. Ainbros. Ad Odijss. 111, 6. APODIDRASKINDA. 1 PollUJ, IX, 117. — * Anlkh, d'Ercul. I, tax. mm.
APO — 310 — APO
APOGRAPHÈ ('AiroYpatpii). — Lorsque des biens possé de l'instance, outre les Prytanies, consigner la 7tapaxaTï6oX/i.
dés par un simple particulier provenaient du domaine de Quand l'auteur de l'àTroYpapi succombait, sans obtenir
l'Etat, auquel le détenteur les avait injustement soustraits, au moins le cinquième des suffrages il était condamné à
ou lorsque le possesseur retenait sans droit des biens com une amende de mille drachmes envers l'État et déchu du
pris dans une confiscation, tout citoyen capable et jouis droit de dresser à l'avenir une nouvelle à7coYpa<pr)' 1S. Nous
sant de ses droits civils pouvait, dans l'intérêt du trésor, croyons toutefois que le démarque, qui agissait conformé
dresser un état de ces biens, et le remettre aux magistrats ment aux devoirs de sa charge, n'était pas exposé à ces pé
compétents. Cet état avait reçu le nom à'&xvfpoutf. La loi, nalités. Si, au contraire, \'à.^çi^ était reconnue exacte,
prévoyant le cas où nul Athénien ne prendrait l'initiative, son auteur obtenait une part notable, rpfa ptï'p») '*, de la va
avait aussi donné aux démarques le droit à'à-Koyfâyw '. leur des biens qu'il faisait rentrer dans le trésor public.
Enfin, dans plusieurs circonstances, le peuple institua des Notons encore que le démarque n'aurait pas eu droit à cette
magistrats extraordinaires, tels que les o-uXXoyeïç 8 ou les récompense, décernée seulement à nîiojtriç.
fonriTai' avec mission spéciale de rechercher les biens du Indépendamment du sens que nous venons d'étudier, le
domaine de l'État qui pouvaient se trouver, sans titre, mot àuoYpaiprî avait encore., dans la langue du droit, d'aulrcs
entre les mains des citoyens. acceptions. Quelquefois il désignait l'acte d'accusation,
Si le possesseur désigné ne soulevait aucune objection surtout lorsque plusieurs personnes étaient accusées d'un
contre l'âm-ffa^, le trésor public faisait valoir ses droits, môme crime : Y&w/çaiyri est alors l'énumération des co-au-
le bien rentrait dans le domaine et tout était terminé. teurs du crime ". Quelquefois il est synonyme de déclara-
Mais il arrivait souvent que le possesseur refusait d'ad lion solennelle faite devant un magistrat E. Caillemer.
mettre l'exactitude des faits allégués. On affirmait, par APOIKIA [colonia].
exemple, dans l'iiroYP*^ qu'il y avait confiscation encou APOKÉRYXIS ('ATtox7i'pu!;i(;). — Acte par lequel un père
rue; il cherchait à établir qu'il n'était pas dans un des cas abdiquait sa puissance paternelle. Le fils, ainsi exclu de
où la loi prononçait cette peine et qu'il conservait la libre la famille, est dit à7rox-/)puTTo'[Asvo;, àwoxEXTipuYriEvpç ; le mot
disposition de sa fortune ; c'est ce que fait le client de etTtoxiipuxTo:;, qu'on rencontre chez les auteurs plus ré
Lysias dans le discours Pvo milite *. On prétendait qu'un cents, n'est point atlique, au dire de Pollux On se sert
bien avait été soustrait au trésor public, soit directement, tleoÎ7iEi7CEtv, comme synonyme d'àTcox7]pti$ai.
soit indirectement; le possesseur démontrait qu'il l'avait 1 Les documents sur l'dTcox^puîtî sont aussi rares que peu
acquis en vertu d'un juste titre, ttoôev ty tt tà /p^aTa ; celle certains. D'après Platon s, 1 aTcoxïîpuljtç ne devait avoir lien
démonstration, qui s'appelait également àwoYpayii *, est que sur l'avis conforme d'un conseil de famille; Lucien,
l'objet du discours de Lysias De bonis Arùtophanù*. La ou du moins l'auleur de la déclamation ATtoxYipuTTo^Evo; 3,
contestation pouvait môme venir d'un tiers, lorsque celui- semble exiger l'homologation du magistrat. Ce qui résulte
ci soutenait que, dans l'àTcoYpacprç de biens confisqués, on du nom môme de l'institution, c'est qu'elle s'accomplissait
avait compris à tort une chose lui appartenant en propre, avec une certaine solennité et était proclamée par un hé
ou lorsqu'il justifiait de l'existence d'un droit réel à son raut devant le peuple. Enfin, quant aux effets de l'àTcoxrî-
profit sur certains biens du coupable pu;i;, il est probable qu'ils ne s'étendaient pas au delà
Pour terminer le débat, un procès s'engageait, procès pu d'une simple exhérédation. P. Gide.
blic que l'on aurait pu appeler àiroypaipTj; Yp*pr', mais que l'on APOKLETOI [aetolicum foedusI,
appelait simplement oiT.oyçzyr] 8 ; ce qui explique pourquoi APOLEIPSEOS DIKÈ [D1VORTIUM].
dans plusieurs textes l'àroYpacpii est opposée aux St'xai et aux APOLEIPSIS [DIVOHTIUM].
Yp*pai' proprement dites '. 11 s'ensuit que, dans la môme procé APOLLO, «froïëo; 'AtcoaXcdv, plus anciennement 'AirXtôv et
dure, on trouve le môme mot employé dans trois acceptions âttéXXwv '. — Apollon, l'un des grands dieux de la Grèce.
différentes et désignant tout à la fois l'état dressé par l'une Nous parlerons successivement de sa légende, de ses carac
des'parties, l'établi- sèment de la propriété par l'autre partie, tères et de ses fonctions; de son culte et de ses monuments.
et le procès soulevé par leurs affirmations contradictoires. I. — Dès l'antiquité on a distingué plusieurs Apollon;
Cette espèce de procès appartenait à l'hégémonie des Cicéron en nomme quatre 1 ; nous ne nous occuperons
Onze 10 ; notons toutefois que, momentanément, après l'ex d'abord que du fils de Jupiter et de Latone, qui est devenu
pulsion desTrente, la compétence fut attribuée aux -wSixot1'-. le véritable Apollon hellénique, devant lequel tous les autres
Dans les discours qui nous ont été conservés, l'auteur disparaissent.
de riTOYpatpiî joue tantôt le rôle de demandeur tantôt La tradition la plus répandue est celle qui le fait venir
le rôle de défendeur '*. La différence vient de ce que, dans au monde dans l'île de Délos, où Léto [latona], sa mère,
le premier cas, celui contre lequel VàTtoypw^ était dirigée qui n'avait pu trouver d'asile nulle part pour ses couches,
était en possession de la chose litigieuse, tandis que, dans put enfin terminer sa course errante et mettre au monde
le second cas, il ne possédait pas ; il devait alors, au début deux jumeaux, Apollon et Artémis. L'hymne homérique 3

APOGRAPHÈ. 1 Harpocrat. ». v.Wr*(ZKi Bckker, Anccdota, I, 199— * Bekker, Wcstcrmann, in Pauly's Heal-Encyclopaedie, t. VI, 1852, p. 249 ; Otto, De Aihe-
Anecd. I, 304. - 3 Bocckh, Staatsh. der Ath. 2« éd. I, 213 ; Photiiu, s. v. ïvnirfc.— nienxium actionibiis forensibus, 1852, p. 27-32.
* Op. IX, g§ 4 et ». D. 131. — ' Harpocr. et Suid. ». ». tmw-i. — ' Op. XIX, D. APOKÉRYXIS. 1 IV, 93. — * XI, 9 , Steph. 928. — 3 Op. XXIX. — Bulio-
174 et s. — 7 Dcmosth. C. Nicostr. R. 1245 et s. — * Harpocr. et Suid. ». ». — caimir.. V. Klescl, Dissert, llifl iiïoxT^Oïiw;, x. de abdicatione, ad leg. 6, Cod.
• Lys. C. Agorat. g 65, D. 158; Harpocr. ». ». rlvSm'.i. — >° Etym. mag. ». ». De patria pot. Lcips. 17.'.i3 ; Van don Es, De jure familiarum apud Athen., Lugd.
îvîira, 338.— 11 Harpocr. ». ». »>ii»i. — H Lys. Pro milite ; De bonis Aristoph. Bat. 1S64, p. 125-134; Cailleiner, Annuaire de Vassoc. pour Fencour. des études
C. Philocr. — 13 Ucra. C. Nicostr. — Bocckh, Staatsh. ï' éd. I, 195. — « Lcly- grecques. 1870, p. 30 et s.
Tcld, De infamia jure ait. p. 258. — 1» Dem. C. Nicostr. g 2, R. 1247 ; cf. Jleicr, APOLLO. 1 Boeckh, Corp. iuscr. graec. 1767 ; Rangalié, Antiq. h"lb!n. II, p. 10I1!.
De bonis damn. p. 50G. — 17 Hcsych. ». ». à»rf«fij. — » lséc, De Philoct. hered. 1033; Schoemann, Opusc. 1, 338; Schwnck, Mgt/i. Amleutungen, p. 199; Butl-
g 30, D. 278. — Bidi.iooiuphib. Meicr, De bonis dmnnatorum, 1819, p. 201-509 ; inann, Mytliologus, 1, 1 67 ; Prcllcr, Criech. Myth. I, 182; Wclckcr, GriecJi. Gùtter-
llcffier, Athenacische Gerklitscerfassung, 18Î2, p. 388 e( s. ; Jlcier, Attise/te Process, lehre, I, 460 ; A. Maury, J/ist. des rrlig. de la Grèce aat. t. I, p. 125. — S De tiat.
H t. p. 253-260 ; Pîatnor, Procest uiid Klagen bei den Atlikern, 1825, II, 119 311 ; dtor. III, 22, 23.— 3 In Apoll. 14 et sq. ; Callim. In Dtl. 203 si|cj. ; Hygin. Fab. :>3.
APO — 31! — APO
les fait naître sur le mont Cynthus, non loin de l'Inopus. D'a griffons, ou porté lui-même par un de ces animaux : tel on
près la légende éphésienne, rapportée par Tacite *, Apol le voit représenté sur des vases peints. L'une des peintures "
lon et sa sœur naissent dans le bois sacré d'Ortygie, près ici reproduites le
d'Éphèse ; l'Inopus est remplacé par le Cenchrius et le pal montre porté par
mier par un olivier. Suivant les uns, l'île de Délos s'appe un cygne, et des
lait d'abord Ortygie Astérie suivant d'autres '. Elle prit cendant, la lyre en
le nom de AîjXoî (la claire, la brillante), après la naissance main, auprès du
d'A pollon et devint fixe, de flottante qu'elle avait été jusque- palmier qui lui
là7. L'hymne homérique, dans sa première partie, qu'on était consacré (fig.
doit regarder comme un hymne à part, consacré aux fûtes 367). Dans la se
de Délos, célèbre la rapide croissance du jeune dieu, qui, conde peinture
dès qu'il a goûté l'ambroisie et le nectar, fait éclater ses (fig. 368), il paraît
langes et, s'emparant delà lyre et de l'arc comme des attri tenir des branches
buts de sa puissance, annonce qu'il va révéler les volontés du même arbre,
de Zeus '. un griffon lui sert
Le mythe le plus célèbre de l'histoire d'Apollon est sa de monture Le
victoire sur pttiion, dragon terrible qu'il tua de ses flèches. départ (cÎto>Î7);.u<x)
Le second hymne à Apollon ' nous montre le dieu cher elle retour du dieu
chant en Béotie un lieu pour y fonder son sanctuaire, (èmo7]ijua ) , émi-
comme Léto, dans le premier hymne, en cherchait un grant vers les con
pour y faire ses couches. La nymphe Tilphussa, ou Del- trées hyperboréen Fig. 367. Retour d'Apollon à Délos.
phussa, lui conseille de s'établir dans une gorge du Par nes ou se transportant en Lycie, étaient célébrés dans ses
nasse, sur le territoire de Crissa, espérant que le jeune dieu principaux sanctuaires par des chants (Suvot xXv,tixo(, (xhotîe.u-
deviendra la proie du dragon qui y séjourne. Mais Apol
lon, vainqueur du monstre, bâtit son sanctuaire dans la
gorge sauvage, et se venge de Tilphussa en obstruant sa
source. Tel est, dans son antique simplicité, le récit ho
mérique. D'après des traditions sans doute plus récentes,
Python était un fils de la Terre, envoyé par Héra jalouse
de Léto* que Zeus avait rendue mère, ou, selon d'autres, la
poursuivant, pour la tuer, seulement après qu'elle eut mis
au monde ses enfants jumeaux. Zeus, avec l'aide de Po
séidon, lui fait trouver un asile dans l'île d'Ortygie. Quatre
jours après sa naissance, Apollon tue Python avec les flèches
que lui a données Héphaistos". Une peinture de vase repré
sente Léto portant dans ses bras ses deux enfants et pour
suivie par le serpent, qu'on voit sortir de l'antre de Delphes"
[latona]. Après avoir tué Python, Apollon se réfugia dans
la vallée de Tempé pour l'expiation du meurtre ". Ce fut là
qu'il se purifia, et de là aussi qu'il revint à Delphes dans une
pompe sacerdotale, couronné du laurier de Tempé et por Fig. 368. Apollon Hyperboréen.
tant une branche à la main ; et c'est en mémoire de ce retour, .TTixoî) ", à l'expiration et au renouvellement de la belle
que les Delphiens envoyaient à Tempé tous les neuf ans un saison.
nombre de jeunes gens choisis pour y sacrifier à Apollon; D'autres fables racontent la pénitence d'Apollon con
ils revenaient de ce voyage la tôte ornée du laurier sacré damné à passer neuf ans au service d'un morlel, parce qu'il
[SEPTER10N, DAPHNEPUORUl. avait tué les Cyclopcs, coupables d'avoir forgé la foudre avec
11 faut rapporter au séjour du dieu dans la région du laquelle Jupiter avait frappé Esculape. Pendant son exil,
Pélion et de l'Ossa, sinon à des traditions venues d'un nord Apollon faisait paître les cavales d'Admète [admetus] **.
plus lointain", les fables relatives à l'Apollon des ré Nous trouvons ici le dieu dans ses fonctions de vo'jxto; ou
gions hyperboréennes. L'imagination avait fait de ces ré pasteur, bénissant par sa présence la maison royale dans
gions une contrée mystérieuse u, dont on ne retrouvait laquelle il habite comme serviteur et où sa protection fait
plus la route, ni par terre ni par mer, où l'on jouissait d'une entrer comme épouse du maître la fidèle et dévouée Al -
pnix et d'unelumière éternelles. Là, le dieu habitait, disait- ceste Une légende analogue le fait servir chez Laomé-
on, avec Léto et Artémis, entouré d'un peuple voué à son don, dont il conduit les bœufs, et le montre en même
culte et partageant ses plaisirs; de là, chaque année, au temps travaillant avec Poséidon à la construction des murs
retour de l'été, il revenait dans les sanctuaires de Délos et de Troie ; mais ici se développe le côté terrible du dieu,
de Delphes, sur un char traîné par des cygnes ou par des en opposition à sa face bienveillante, dans la vengeance
* Annal. III, 61. — « ITygin. Fab. 33. — « Callim. In Del. 197, 224 ; Apollod. flâner, I, 272 ; Letronne, Journ. des sao. 1839, p. 134 ; Welcker, Griech. Gottcr-
V, 1. — ' Callim. /. /. 41-54, et Ovid. Met. VI, 333 sqq.; l'ctron. Anth. lat. I, lehre, H, 352 ; A. Maury, Relig. de la Grèce, I, p. 143; Prellcr, Gr. Afijth. Il,
173 ; Macr. Sat. I, 17. — 8 In Apoll. 127 sqq.; cf. Theognia, 5 à 10. — 9 Cet p. 189. — lk Pind. Pyth.X, 46 sq.; Alcac. ap. Minier. Or. XIV, 19 ; Soph. ap. Slrmb.
Ininno comiucnc au \ers 179. — 10 Pind. l'yth. III, 11 ; Eurip. Iph. Taur. 1230; VII, 293 ; Diod. II, 47. — 15 Tiscbbein, Vas. d'Hamilton. II, pl. xu ; Élite des mon.
II; gin. Fab. 33; 0»id. Metam. I, 7; Macrob. I. I. — H Tiscbbcin, Vases d'I/amilton, cérnm. II, pl. xii ; Mùllcr-Wirselcr, Denkm. der ait. Kunst, II, n. 140. — i6 Elite,
IV, 3 ; Lcnormant et de Witte, Élite des mon. cérnmoyr. II, pl. 1. — lî Hesiod. ap. des mon. cératn. II, pl. v. — Il Mcnand. De encont.c. m, iv. — l" lloni. lUad. II,
> bol. Eur.p. Aie. 1 ; Plut. Quaest. gr. \i;lA.,I)eurae. def. 13,21.-1' o. Millier, 766 sqq.; Callim. In Apoll. 47. — 1» Ilygin. Fab. 50 et 51 ; Diod. Sic. VI, 6, 6.
APO — 312 — APO
qu'il tire de Laomédon pour lui avoir refusé la récompense sont nombreux et divers. On en reconnaîtra cependant la
promise à son travail. liaison dans l'énumération et la classification qui suivent.
Telle est, dans ce qu'elle a d'essentiel, la légende di Lé caractère le plus frappant sous lequel il nous appa
vine et humaine d'Apollon ; on y voit, dans la brume raît est celui d'un dieu de la lumière, qui tantôt se confond
dorée du mythe, tous les traits d'une grande vie : naissance avec le soleil et tantôt en est distinct. Les études orientales
merveilleuse, génie prédestiné, lutte et victoire, faute et ont contribué à lui restituer ce caractère solaire, lequel
expiation, enfin le triomphe ; Apollon y apparaît comme avait été contesté, et lui assignent en môme temps une
un héros et comme un prêtre, comme un fils de dieu et origine asiatique, ou plutôt aryenne. Bien que le nom
comme un dieu, qui, déchu pour un temps de sa splen d'Apollon soit, à ce qu'il semble, purement grec **, et qu'on
deur, parcourt la terre, s';issocie aux travaux des hommes, ne l'ait pas trouvé dans les Védas, on ne lui en reconnaît pas
éprouve lui-même les misères et les humiliations de la moins des traits frappants de ressemblance avec les dieux-
destinée humaine, pour remonter enfin à son rang dans soleils des Hindous, Souryaet Houdra". La victoire d'Apol
l'Olympe et y jouir en dieu de son immortalité. L'hymne lon sur Python rappelle de la manière la plus frappante
homérique nous le montre en possession de ces honneurs celle d'Indra sur le serpent Ahi dans l'hymne védique M.
célestes, o A son approche, et dès qu'il tend son arc bril Daphné, dont les poêles ont fait, à cause de la significa
lant, les dieux se lèvent de leurs sièges ; Lélo reste seule tion de ce nom, une nymphe transformée en laurier et
assise auprès du dieu qui se réjouit de la foudre ; elle dé échappant par là à la poursuite amoureuse d'Apollon 3\
tend la corde, passe le carquois, et de ses mains enlève des * s'appelle en sanscrit Ahanâ; c'est l'aurore que le soleil
fortes épaules d'Apollon l'arc, qu'elle suspend contre la co aime, poursuit, et qui meurt, quand il l'embrasse de ses
lonne de son père à un clou d'or ; puis elle le conduit à rayons 38 ; les Charités, associées à Apollon dans d'anciens
son trône. » monuments, sont les Harils, ou juments attelées au char du
Dans ses rapports avec d'autres divinités, Apollon se soleil dans la mythologie indienne ". Suivant Plutarque,
montre toujours supérieur à elles par un caractère moral les anciens Grecs pensaient qu'Apollon et le Soleil étaient
plus élevé. Associé à Poséidon dans la construction des un même dieu*0, ce qui sans doute n'empêchait pas qu'Apol
murailles de Troie, il n'en passait pas moins pour l'avoir lon ne fût distinct du dieu-nature Hélios [sol]. 11 semble
dépossédé de l'oracle de Delphes, qui appartenait à ce dieu queDélos ait été l'île du soleil levant: quand Apollon y naît,
en commun avec la Terre Sa supériorité se déploie tout y devient d'or Ce métal brillant était sans doute
également dans sa lutte avec iiermès racontée dans un des consacré symboliquement à Apollon ; car sa lyre, son car
hymnes homériques Son rival dans l'invention de la quois, son arc, ses vêtements étaient d'or, selon Callima-
lyre n, il est son vainqueur à la course dans les jeux Olym que **, et il avait dans le lieu le plus caché du temple de
piques **. Il l'emporte au pugilatsur Arès lui-même", aussi Delphes, une statue d'or *\ Le nom ancien de Phœbus,
bien que sur Phorbas, dont il punit de mort l'inso <I>oî6oç (le brillant, le pur), qui resta accolé à celui d'Apollon,
lence *. Ce fut lui qui enseigna l'art de tirer de l'arc î6, et ce nom lui-même sans doute, rappellent son identité pri
à Hercule, dont la légende offre avec la sienne plus d'un mitive avec le soleil.
point de ressemblance, mais qu'il domine cependant de Les récits qu'on faisait des migrations du dieu ont la
toute la hauteur de sa divinité. même origine; et il faut encore expliquer de môme le
Apollon n'avait point d'épouse, il avait été refusé, de grand rôle que jouent certains nombres dans la religion
même que Poséidon, par Hestia, la sévère déesse mais d'Apollon. C'est au dieu solaire qui règle le cours du mois,
les unions qu'on lui attribuait avec des mortelles sont nom que les nombres sept et neuf étaient consacrés *'. C'est le
breuses et nombreuse sa postérité Les plus illustres septième jour du mois qu'on célébrait sa fôte. Ce jour, où
de ses enfants sont Esculape [aesculapius], le dieu de la l'on plaçait sa naissance, lui appartenait partout, comme
médecine, qu'il eut d'Arsinoé ou Coronis 19 ; Iamus, cé aussi le premier jour du mois, c'est-à-dire celui de son
lèbre devin, tige des lamiens d'Olympie, né d'Evadné30; renouvellement (veopivta) : de là les noms de 'tâiopayivfc,
Aristée [ahisteus], dieu pastoral de la Thessalie, né de la de 'E6So|i.aïo; ou 'E6So|ievoç, de 'E^xafx^vaïoç *6, et celui de Nou-
nymphe Cyrène 3I. Ces filiations s'expliquent par l'affinité l«5vio; *6, qui lui étaient donnés. Celui de 'L6So;xaY éti)ç " est
des pouvoirs et des fonctions. Il en est de même de la tra interprété diversement : il convient également au conduc
dition qui lui donnait pour filles Hilaira et Phœbé, épouses teur des sept jours de la semaine, des sept planètes, des
des Dioscures 3!. D'un caractère plus mystique étaient les sept pléiades, etc. A la naissance d'Apollon, les cygnes do
relations d'Apollon avec Hérophile, la sibylle qui prédit Méonie tournèrent sept fois autour de Délos en saluant au -
l'enlèvement d'Hélène et la chute de Troie, et qui se disait tant de fois de leur chant l'accouchement de Latone, et en
dans ses vers tantôt sœur, tantôt épouse et tantôt fille mémoire de ce chant Apollon donna sept cordes à la lyre**.
d'Apollon 33 [sibyllae]; plus mystérieuses encore et fatales On pourrait faire encore plus d'un rapprochement sem
celles qu'il entretint avec Cassandre, la tragique fille de blable. Les nombres neuf et cinq, dans d'autres circons
Priam [cassandra]. tances des légendes et du culte apollinaires, n'avaient pas
II. — Les caractères et les pouvoirs attribués à Apollon moins d'importance.

'« l'ausan. X, 5, 0. — «' In Mercm: — « Paus. IX, 3(1, 1. — M Id. V, 7, 10. — - s» Ibid. p. 109. — W Plut. De orac. def. 42 ; ld., An recle dict. si latent, esse
" Ibid. — is Sehol. Ad Iliad. XXIII, 660. — >« Diod. Sic. IV, 14, 3. — « Rom vie-end. 6 ; Etym. nrng. 'Exa-ES^Satuv. — Hora. In Apoll. 135 ; Callim. In liel.
Ihjmn.inVen. 21, 23. — 38 Hygin. fab. 161 ; Pau-an. passim. — W Hcsiod. Frngm. 260-204. — " In Apoll. 32-34. — M paus. X, 34, 5. — *l G. Hermann, Opuse. VII,
•■•6 Didot; Pind. l'ylli. III, 41 sqq. ; Hygin. I. /. ; Paus. IV, 31, 5. — So l'ind. p. 291 et s. ; O. Millier, Orcliomen. p. 221 ; Id. Dorier, I, p. 329 j Schwcnck, Andevl.
Olymp. VI, 57 sqq.; Paus. VI, S, 5. — Pind. J'yth. IX, 104 sqq. ; Yirg. Georg. p. 60i; Velcker, Or. Gôtterlehre, I, 466 ; lr 7 Thargelion a nélus ; le 7 Bysios à
IV, 317 «qq.j Diod. IV, 81 cl 82. — »» Paus. II, 22, S ; III, 10, 1. — 33 Paus. X, Delphes ; le 7 Karncios à Cyrène ; le 7 Artemisios à Antiochc. — *8 Plut. Symp. VIII,
12, 2. — >* Voy. noie 1. — s» A. Maury, Jiel. de la Gr. t. I, p. 126 et suiv. — 1,2; Corp. insc. gr. 463 ; Schol. Callim. In Del. 251 ; K. F. Ilcrmanu, Gotlesd. Al-
56 Rig- Veda. I, 32. — s' OVid. Metam. I, 452 sqq. ; Hjg. Fab. 203 ; Serv. Ad Aen. terth. 44, 5. — i6 Schol. ad Hom. Od. XX, 155 ; Eustath. Hom. p. 1887, 22 ; Schol.
M, 91. — 38 jiax >lulltT, Essais de myt/u camp., trad. de O: Perrot, pi U7-119» Ari'loph. Plut. 1 1 26; — " Aeschyl. Septi ci Theb. 731; — « Callim. In Del. 249, 254.
APO — 313 — APO
On ne peut méconnaître le dieu de la lumière (àûxt^/ux), médecine ; elle s'en distingue néanmoins. Comme destruc-
dans l'Apollon Lycien 49 (Aûxtoç, Aûxeto;, Auxi)Y«wfc), dont leur de monstres, dessécheur de torrents, Apollon tantôt
on trouve le culte établi dès un temps fort ancien sur une fait naître et tantôt dissipe les miasmes putrides; de là son
partie des côtes de l'Asie Mineure, et qui donna son nom double rôle relatif aux épidémies. On lui attribuait la ces
au pays des Termiles, devenu la Lycie. Les sanctuaires de sation de ces fléaux, et la reconnaissance des peuples était
la Lycie, et principalement celui de Patare, étaient, d'après attestée par des monuments tels que le temple de Phi-
une tradition analogue à celle des Hyperboréens, le séjour galie, en Arcadie w, ou la statue d'Apollon 'AAsÇt'xaxoç,
du dieu pendant six mois chaque année M. Il est pro œuvre de Calamis, à Athènes SB. Apollon était le dieu pu
bable que c'est d'Asie que le culte d'Apollon Lycien vint à rificateur et expiateur par excellence (xaOâpo-ioç)80. 11 n'a pas
Athènes, à Argos, à Sicyone, à Trézène et jusqu'à Lycorée ce caractère seulement dans ses fôtes à Delphes [ptthia],
près de Delphes. Les mômes idées y devinrent, par une sorte où il donne l'exemple de se laver lui-même du meurtre de
de dérivation, l'origine de fables dans lesquelles le loup Python : partout on rencontre dans son culte des pra
(Xûxo;) était le symbole de l'hiver chassé par l'action du so tiques semblables [delphinia, thargelia, karheia].
leil, ou encore des fléaux auxquels Apollon a la puissance Sous d'autres aspects, Apollon personnifie en lui les di
de mettre fin. Le loup qui figure sur les monnaies d'Ar ■ vers états des sociétés naissantes. Dieu chasseur('AYpaîuî)6l>
gos a été avec raison interprété dans ce sens. il préside à la destruction des animaux sauvages, ennemis
C'est aussi le dieu solaire qui fait germer et fructifier, de l'homme Dieu pasteur (Nô^wï, Kapveïoç), ancien berger
c'est lui qui protège les moissons. Apollon BapY^Xio? rece des troupeaux d'Admète et de Laomédon, son regard favo
vait les prémices des récoltes à Delphes et à Délos ; des rable fait multiplier les troupeaux en même temps qu'il
épis d'or (/pusotiv (te'poç) étaient portés à Delphes par les ci détruit les loups et les autres animaux nuisibles. Sous le
toyens de plusieurs villes M. L'épi qui figure sur les mon nom d'ÂYuieôç [agyieus], il veille au seuil de chaque demeure,
naies de Métaponte est une allusion à cet usage (flg. 369). et sert de guide sur les chemins". Il est architecte, construc
Dans les fêtes des teur de villes 85 : dès l'âge de quatre ans, avec l'aide d'Ar-
tiiargelia, on fai témis, sa sœur et sa compagne fidèle, il a construit un autel
sait aussi des of clans l'île d'Ortygie 88 ; il a élevé les murs de Troie en com
frandes expiatoi pagnie d'un autre dieu, Poséidon, et d'un mortel, Éaque "7,
res pour obtenir s'associant ainsi aux travaux des hommes. Conducteur
la protection d'A de colonies ('Ap^viYé-ni;, Ktistï);, Olxtar.K, Amixotitt);), c'est
Kig. 36J. Monnaie de Métaponte. pollon contre les lui qui, sous la forme d'un corbeau, a guidé Battus d la
fléaux qui désolent fondation de Cyrène et qui a mis sur ses lèvres les paroles
les agriculteurs : c'est ce que rappellent sur les mômes mon magiques par lesquelles il écartait les lions du berceau de
naies, la souris ou le rat, dont Apollon 2(mv9eû; ou 2j/.i'v0io? la cité 68 ; ou bien, accompagné du dauphin, ami du navi
est le destructeur 6î; sur d'autres on voit à la môme place gateur, Apollon AeÀcpCvioç conduit les colons sur les mers 8\
la sauterelle, autre ennemi contre lequel on invoquait le Comme dieu de la musique et de la poésie, Apollon dé
secours d'Apollon ïlapvo^i'cov ou napvôxto; 65 ; ailleurs, on ploie un nouveau pouvoir civilisateur. Inventeur de la lyre
vient de le dire, on l'appelait comme défenseur contre ou de la cithare 70, ou, suivant une autre tradition 71 , l'ayant
les ravages des loups (Auxoxto'vo;) **. reçue d'Hermès pour en devenir le maître, Apollon Mou-
Apollon -archer ("Exa-ro?, 'Exa'epYoç, 'ExaTïjêoAoî, 'Exr,&>Ào;, sotYÉTTiî préside le chœur des Muses7'. Apollon est le dieu
KXutc'tow, 'ApYopÔToSoî), est un développement d'Apollon- des luttes poétiques et musicales qui ont joué un si grand
soleil. Il apparaît armé de son arc et de ses flèches comme rôle dans le développement de la Grèce 73. Le dieu passait
un dieu vengeur (OuX-.oç), envoyant la mort aux hommes pour avoir concouru lui-même et pour s'être vengé de ceux
injustes ou insolents, ou à ceux qui l'ont offensé. Ainsi on qui s'étaient opposés à lui dans l'exercice de son art. Linus,
le voit frappant de la peste l'armée des Grecs tuant les ce fils d'une muse, et, selon une tradition, d'Apollon lui-
fils de niobé ou combattant avec les dieux de l'Olympe même74, fut tué par lui pour avoir osé le défier au chant7".
contre les géants [gigantes]. Il était adoré comme dieu On sait quelle vengeance il tira de marsyas assez audacieux
guerrier et protecteur sous le nom de Bo/)8po'u.toç [boedromia]. pour lutter avec la flûte du satyre contre le dieu de la ci
On lui attribuait aussi la mort subite et douce 58. Sous cet thare. Le jugement de midas et la punition qui lui fut infligée
aspect, Apollon prend place parmi les divinités fatales qui pour avoir préféré la flûte de Pan à la lyre d'Apollon ne
tiennent dans leurs mains la destinée humaine, et devient sont pas moins fameux. Cependant Apollon se réconcilia
conducteur des Mœres ou Parques (MotpetYfa|«) 57. avec les joueurs de flûte, lorsque Sacadas, musicien et
Le dieu qui frappe est aussi celui qui secourt, qui dé poëte argien, eut fait entendre le premier chant sur la
tourne le mal, le sauveur ( 'AAsÇfxoxoc, 'Axs'hoî, 'AxéVtwp, flûte, aux jeux Pythiques, où il remporta le prix78.
'Eitixoiîpioî, 'ATtotpôitaioç, 2t»)Tiip). Apollon paraît figurer la Apollon joue surtout un grand rôle comme dieu de la
vertu purificatrice, l'action bienfaisante du soleil. Celte divination et des oracles [divinatio, oraclla]. C'est Zens
action le rattache à celle qu'il exerçait comme dieu de la qui lui a donné la science de toutes choses 77. La divination

*» Macrob. Sat. 1, 17, 36; Welckcr, Gr. GOtterlehre, I, p. 47* et rait. ; I, 41, 3. — W Callim. In Apull. 50 sqq. — ><• paus. I, 31. 6 ; II, 19, 8 ; VIII, 32,
rreller, Gr. Myth. I, p. 20i. — M lierai. I, ISS ; Vire;. Aen. IV, 143; Scrv. 4. — <* Callim. In Apoll. 55, 56, 57. — » Ib. 58 sqq. — «7 Pind. (Ilymp. VIII, 40
Ad h. t., Strab. XIV, p. 166; Eust. Ad Lion. Perieg. 129. — "O. Millier, sqq.*— 68 Callim. In Apoll. 65 sqq.; Pind. Pylh. V, 71 sqq. — I» Wrleker, Gr.
Dorier, 1, p. 271 ; Ami. del. Inst. areh. 1843, p. 46; 1850, p. 63; Ilev. nu- Gôtterl. 1, p. 499 ; Trcller, Ausgncùhlte Aufsâtze, p. 244. — "» Callim. h
m'sm. 1845, p. 393. — •> l)c W'itlc, lieu, numism. 1858, p. 1 ; de Longpéricr, Del. 253, 254 ; Paus. V, 14, 8. — " Hom. In Mère. 496 sqq. — '! Moin. Iliad.
Ib. 185», p. 115.— M Strab. XIII, p. 613; Paus. I, 21, 8. — <* Soph. El. 6. I, 603, 604 ; Pind. JVon. V, 41-45 ; Paus. 1, 2, 4 ; Plut. Symp. IX, 14. — " 0. Millier,
- J5 Iliad. I, 43 sqq. — M Ib. XXIV, 75s, 759. — '1 X, 24, 4. - " Paus. VIII, Mit. de la liltér. gr. trad. de Hillebrand, l. I, p. 307. — '» Paus. Il, 19. S;
41, 8. — » ld. I, 3, 4. — 60 De WHte, dam les AKit. de VInst. arch. XIX, Hjgin. Fab. 161, 2:3 '» Paus. IX, 29, 6. ~- 'G Puus. II, 22, 8 et 9. — ~ lion.
p. 426 ; A. Mnurv, I. I. Il, p. 141. — «' Xenoph. De te. at. 1, I. — " Paus. In Alerc. 471, 533 sqq.; Aescll. L'uni. 19.
I. 40
APO — 314 — APO
confinait, d'ailleurs, à la poésie et à la médecine. C'est cipal jour de la fête ày^ofia, sans doute en commémo
comme devin ( l*Tp<>fioevTtî), qu'Apollon vient se confondre ration des antiques migrations, et parce qu'Apollon avait
avecPaeon, l'ancien médecin des dieux dans la mytholo été le dieu conducteur, le 0eo; ^yiTwp des Doriens 8S. On re
gie homérique « C'est Apollon, dit Pindare 7', qui dis trouve ici son caractère solaire, le soleil ayant été le conduc
pense aux femmes ainsi qu'aux hommes les remèdes contre teur des migrations aryennes dans leur marche d'Orient
les maladies cruelles. » C'est aussi lui qui envoie les son en Occident Le culte du dieu d'Amyclée, assimilé par la
ges80. 11 préside à toute inspiration, poétique ou prophé suite à Apollon, et de Hyacinthe *°, dont on fit son favori,
tique. L'institution des oracles est liée au progrès de la ci tué par lui én jouant au disque, enterré sous son idole
vilisation ; ils acquirent une telle influence, que le plus même, et dont le sang donna naissance à la fleur pourprée
célèbre de tous, celui de Delphes, devint la métropole reli du même nom, ce culte a précédé dans le Péloponèse l'in
gieuse de la Grèce et la capitale politique des peuples qui vasion dorienne. Apollon Amycléen fut un des dieux les
envoyaient des représentants à l'assemblée amphictioni- plus vénérés des Lacédénioniens, et les uyacinthia une de
que de Delphes [ampuictiones]. Les Barbares eux-mêmes leurs fêtes les plus importantes.
envoyaient des présents au temple de Delphes 81 . Apollon était le dieu par excellence des Doriens, leur
III. — Le dieu de la chaleur et de la lumière, l'archer dieu national ; ce qui ne veut pas dire qu'il faille renfer
destructeur des monstres, le dieu pasteur des anciens habi mer, avec Otfried Muller, l'historien des Doriens, le ber
tants du Péloponèse, le dieu marin des rivages de la mer ceau du culte apollinique dans la Thessalie; mais on peut
Ëgée, n'est devenu que par degrés ce dieu de l'ordre et de suivre avec lui la marche des Doriens portant leur dieu de
l'harmonie, régulateur des saisons, fondateur et législateur l'Histiéolide dans la Phocide, où ils allaient fonder le tem
des cités, créateur des arts, qui révèle par la poésie et par ple de Delphes", et ensuite dans le Péloponèse. La grande
les oracles des vérités supérieures ; dieu purificateur procession delphique qui se rendait tous les neuf ans à
qui venge le mal et qui l'efface, qui guérit les corps et ré Tenipé pour y cueillir le laurier du Pûnée [DAi'iiNÉrHORu]
concilie les âmes, arbitre et pacificateur des peuples, dont était une manière de retour aux origines du culte. La route
le culte, par ses progrès, a marqué partout les progrès de que suivait la théorie pour revenir à Delphes, en passant
la civilisation et de la raison publique. Les traits rassem par la Doride, celte route qu'on appelait la « voie sacrée»,
blés dans cette figure idéale qui reçut les adorations de était san> doute la même qu'avait suivie la migration do
toute la Grèce et qui était la plus pure expression de son rienne M. Plus tard, ces mêmes Doriens portèrent leur dieu
génie, furent épars d'abord entre des divinités plus gros dans le Péloponèse, lors du retour des Héraclides, dirigé
sières, diverses par leur origine aussi bien que par leur par les prêtres de Delphes. Les progrès du culte d'Apollon
nature et leurs attributs; on peut saisir une parenté entre suivirent les progrès de la puissance dorienne.
elles, mais non établir une filiation régulière. Otfried Muller veut que le culte d'Apollon ait été porté
Parmi les divers Apollon mentionnés parCicéron", il en en Crète, ainsi qu'à Délos, par des aventuriers doriens,
est un peut-être pélasgique, celui qu'il appelle Nomion et dès le temps où -la tribu habitait encore sur les rives du
dont il fait le législateur de l'Arcadie. Ce surnom de Nouto; Pénée. Cependant Cicéron admet un Apollon crétois, pa
(pasteur) convient à la divinité d'un peuple de bergers. Ce rent et rival du Zeus crétois. Ce qui résulte de l'hymne ho
pendant on ne trouve de trace historique d'un culte d'Apol mérique 9S, c'est qu'il existait entre les sanctuaires de
lon en Arcadie qu'à une époque relativement récente, et la Cnosse et de Pytho d'antiques relations, et que le temple
construction du temple le plus fameux qu'il eut dans cette d'Apollon Pythien fut à l'origine desservi par «les prêtres
contrée, celui de Phigalie, ne remontait pas plus haut que crétois.
la guerre du Péloponèse 8J. Le culte d'un Apollon pasteur « Le culte d'Apollon, dit Grole, est un des faits les plus
et chasseur se rencontre sous différents noms (rioî,u.vioç, anciens, les plus importants et les plus fortement marqués
'EwiiijXcoç, TpatYio;, 'ApvonôiAr^MaXoeiç, PaXâ^toc, 'Afpeû;), dans du monde grec, et il s'est répandu au loin dans toutes les
diverses parties de la Grèce **. Celui d'un Apollon KapvEïoi;, branches de la race 9k. » Il n'était même pas exclusivement
qui se rapproche de l'Apollon No<jicoî, paraît fort ancien grec. Apollon, dans l'Iliade, apparaît comme le dieu des
dans le Péloponèse. Pausanias parle d'un dieu Kxpvsïo;, Troyens hostile aux Grecs. Le culte d'Apollon Sminthien
auquel on donnait le surnom de « domestique » (Oïxexaç), et était répandu dès l'époque homérique sur toute la cote
dont le culte avait précédé à Sparlc l'arrivée des Doriens 8S. asiatique et dans les îles voisines à Chrysc, à Cilla, à Té-
Ce dieu a pu se confondre avec l'Apollon dorien. Selon nédos, à Lemnos, à Céos, à Lesbos, dans la Lycie, à Rhodes
Callimaque, Sparte avait été le premier siège du culte et jusque dans le voisinage d'Alexandrie en Égypte, avec
d'Apollon KapvEïo; M. De là il se répandit dans le Pélopo les noms de Aûxtoç, de -puvOEu; [sminthia], de Ilapvo™;,
nèse et passa dans l'île de Théra, puis à Cyrène où cet de KiXXaïoî, de rpuveïo;, etc. Il est probable que c'est d'Asie
Apollon avait un temple dans lequel on entretenait un feu que le culte d'Apollon Aûxto; vint à Athènes, à Argos, à
perpétuel87. Les fôtes d'Apollon KapvEto; à Sparte offraient Sicyone, à Trézène, à Lycorée
un caractère à la fois guerrier et pastoral [karneia]. Le Des traits assez marqués distinguent l'Apollon ionien ".
prêtre qui célébrait cette fête s'appelait dbfïj-r^ç, et le prin- Cet Apollon, marin et colonisateur, père d'Ion, dont le

Iliad.X, 401 sqq., 899 sqq. — 7» Pyth. V, 85, 86. — M A. Maury, llel.de laGr. t. II, p. 668. — W Paus. 111, 1, 3; et 19,3. — *'0. Mûllor, Dorier, I, p. 202 et s.;
ont. U, p. 500. — 81 Hcrod. I, M, 50, 51, 5Î; Acschin. C. Ctesiph. p. 483, § 124. Welcker, Griech. Gûtterlehre,l,?.V!l.- 91 nom. In Apoll. 216 sq. ; Plut. Quacsl.
— »' De nat. deor. 111, 23 ; C.lcm. Al. Protr. Il, ÎC, p. 8 Pott. — M Paus. VUÎ, 41, <jr. 12 ; Aclian. Hist. var. III, 1 ; O. Millier, ftori-.T, t. I, p. Î02 ; A. Maury. Op. IA- 1,
8 ; O. Miillcr, Dorier, t. [, p. 202; A. Maury, Jlel. de la Grèce, t. 1, p. 135, lï(i. p. 142. — »' In Apoll. 474 sqq. — 8* Bist. de lu Grèce, trad. de Saduus, 1. 1, p- 50.
— •» llacr. Sut. [,17; Thuc. III, 3 ; Scliol. Aristoph. A'uA. 144; Hesych. et Steph. — »s Hom. II. I, 37 ; Eust. Ad II. I, p. 34 ; Strnb. MU, p. C01, 612, 613, 618 ; Pau».
Byz. s. v. .MaU-;ii5 ; Procl. ap. Phot Bibl. c.ccxxxii, p. 321 ; Plut. Amnt. 13; cf. Soph. IX, 12, 3 ; Soph. Philoct. 1461 ; Welcker, /. /. p. 183 ; de Witte, Iteo. manism. 1858 et
Ocd. Col. 1091. — 83 l'nus. III, 13, 4 et 5 ; C. l'illf. gr. 1416. — ««Callim. lu Apùll. 1864. — *8 Welcker, /. /. p. 476 ; Inscription du siège d Apollon Aixn»; à Athènes, dans
72. — " C. insc. gr. 4467 b. ; Callim. I. I. 73, 83 ; Piud. Pyth. V, 70 » Hesych. le Bull, de l'Inst. arch. 1862, 116; Welcker, /. /. p. 476 et s. ; Preller, /. p. 195.
». o. 'Atijti[; ; A. Maury, lue. cit. — 81 A. Pic:ct, Les origines indo - européennes, — 97 E. Cuiliti», loi.icr ; Welcker, Op. I. p. 4Ï9 ; rrellcr, Ausgew. Au[éâ.zc,p. 244.
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culte se substitua en partie à celui de Poséidon c'est redevient navigable. Le môme dieu, à Êgine, était appelé
Apollon AsXcpîvcoç, dont le dauphin, ami des navigateurs, OIxioTii,-etAi.)jAaTi'T7jç, et le mois d'avril, où l'on célébrait sa
est le symbole, et qui conduisit les colons ioniens de rivage fête [uYDRÈpnoniA], était le mois delphinios m.
en rivage. Il avait un temple dans l'acropole de Massilia Apollon "Axnoç, dont le principal sanctuaire et les fêtes
C'est lui qui, sous cette forme, dans l'hymne homérique, les plus importantes [actia] étaient ceux du promontoire
dirige vers Grisa et vers Delphes les Crétois de Cnosse qui d'Actium en Acarnanie 103 ; Apollon de Leucale (AEuxa'Ta(;),",;
doivent s'y consacrer à son culte. Une peinture de vase Apollon 'Aiy^TTii; et 'Avaçaïoç, 'Eu&ntio; et 'Exêâirioç, dont on
montre (lig. 370) 100 le dieu voguant vers ses nouveaux an- rencontre les noms en divers endroits où l'on prétendait
qu'il avait reçu les sacrifices des Argonautes 111 ; Apollon
'E7ri6aT7'pto;, à Trézène1", et d'autres encore ont des carac
tères communs : c'est un dieu protecteur qui apaise les
flots et en même temps un dieu purificateur à qui on fait
des offrandes expiatoires.
Ce dernier caractère appartient aussi à Apollon ©ap^Àio;
également fêté au printemps, dans le mois qui s'appelait, de
son nom, thargélion, comme le dieu qui protège et mûrit les
moissons ; non-seulement on lui en portait les prémices"1,
mais encore on lui offrait des sacrifices expiatoires pour ob
tenir son assistance contre les fléaux redoutés des agricul
teurs (tuargelia].
Les fêtes d'Apollon se succédaient à Athènes de mois en
mois pendant lout l'été. Nous renvoyons pour ce qui con
cerne chacune d'elles aux articles spéciaux. C'était, au
commencement de l'année athénienne, dans le mois d'hé-
catombaion (juillet-août) la fête des hécatombes [hecatom-
baia], qui lui a donné son nom, comme celle de meta-
geitnia a donné le sien au mois suivant. Du nom de
boedromia venait le nom de boèdromion, donné à la fin
de septembre et au commencement d'octobre; de celui
Fig. 370. Apollon Dolphinien.
de tyanepsia, le nom de pyanepsion (octobre -novembre).
lels. assis sur un trépied ailé qui vole à la surface des flots. Après l'hiver revenaient à la fin de mars, le 6 munychion,
Les dauphins qui l'accompagnent sont des emblèmes d'A les delphinia, et un mois après les thargelia. On ne con
pollon Delphinien. Il tient l'arc et la lyre, qui conviennent naît pas précisément l'époque des panionia.
également à Apollon Pythien , que les Athéniens ne Hors d'Athènes, outre les fêtes déjà mentionnées des
croyaient pas différent du premier '". Ils l'honoraient, Doriens [karneia, hyacyntiiia], celle des gymnopaidia était
comme père d'Ion, du nom de nurpSlo? 1M; c'est-à-dire qu'ils propre à Sparte; les sminthia étaient sans doute célébrées
lui rendaient, comme à l'auteur de leur race, un culte de ailleurs qu'à Rhodes, où on les trouve indiquées ; la
famille; comme tel aussi, ils l'introduisirent parmi les Béotie avait, comme Delphes, une fête appelée dapunehio-
divinités de l'Acropole 103 . La fable par laquelle s'établit ria. Les trois grandes fêles de Délos [délia], magnifique
une filiation qui donnait à Apollon pour mère Athéné et ment chantées dans l'hymne homérique à Apollon Délien,
pour père Héphaistos, en sorte qu'il se trouvait être le frère rassemblaient dans l'île, au commencement de l'été, pour
d'Érechtheus, ne fit que rattacher le cullc ionien à des cultes emprunter les expressions du poêle, « les Ioniens à la rote
plus anciens de l'Atlique10'. traînante».
Les Athéniens avaient parmi leurs temples un Pythionm Le caractère du dieu solaire, si reconnaissable dans la
et un Deljj/tinion ; celui-ci élevé, disait-on, dès le temps plupart des fêtes d'Apollon à Athènes, n'est pas moins sen
d'Egée ou de Thésée 1M, le premier vers l'époque de Solon sible dans celles qui se succédaient à Delphes du printemps
ou des Pisislratides. 11 y avait d'autres sanctuaires d'Apol à l'automne [ïiieopuania, septerion, tueodaisia, dapiine-
lon Pythien à Marathon et à QEnoô, sur la voie sacrée d'É- phoria, theoxenia, pyïuia], quoique d'autres idées s'y
leusis comme sur toutes les routes suivies par les théo mêlent et soient dominantes.
ries qu'envoyaient à Delphes les villes de la Grèce entière, C'est à Délos que le culte d'Apollon paraît avoir eu son
celles de l'Asie, de l'Italie et de la Sicile, aussi bien que des plus brillant épanouissement ; à Delphes, le caractère est
îles de lamer Egée ou du Péloponèse. Les Athéniens célé plus sévère. L'importance de l'oracle de Delphes, surtout
braient la fôte d'Apollon Delphinien [DELPBMiA]à la fin de après l'établissement de la ligue amphictionique1", époque
mars(0 niunycbion), c'est-à-dire après l'équinoxe, lorsque, à laquelle le mantéion pythien devint un centre religieux
sous l'influence du dieu qui ramène les longs jours, la mer pour toute la Grèce (xotvJ) ssna t?,? 'EXAoéîo;) "5, fut surtout

*» E. Curtius, lonier, p. 19, 49; A. Maury, Bel. de la Grèce, t. I, p. 146 ; I, 526 ; E. Curlius, Zur Geschichte des Wegebnus, p. 26.— los Schol. Plnd. Ifern. V,
Gi'rhardg/VutKfan, p. 107 ; 1J. Gr. Myth. % 207.— 99 Strab. IV, 179 ; de La Saussave, 81 ; Disseil, Expl. J'ind. p. 401.— 109 Thuc. 1, 29 ; Hcuzey, L'Olympe et l'Acarnanie,
j\'um. Xarbon. p. 9, pl. l-xil. — ln0 Aionum. delT Inst. ai'ch. I, pl. xlvi ; Elite tics p. 387. — l'o l'lut. Pomp. 24; Strab. X, 452 ; O. .Millier, Doricr, I, 231 ; ld. P~o-
mottum. céramogr. 11, pl. vi. — *01 Dcmosth. De fat: g 141, p. 274; Id. C. Eulml. g lu, leg, 116. — Apoll. Hhod. 1, 359, 403, 966, 1186. — "S Paus. Il, 32, 2. -
p. 131». — «M Plal. Euthyd. p. 414 d; Ilaipocr. 'AriVluv n«Tfô.oî. — 103 Schoemann, 113 Ainsi à Delphes, il recevait les épis d'or {/fjssûv 9if.;' de Mét:ipunle, Strab. X,
' fiusc. I, 318; F. Lcuormunt, Itec. ries inscr. d'Élcttsix, p. 248 ot s.; AJonogr. tic 264; et d'autres villes éloignées, Myrrine, Apollonie, l'lut. De l'yth. Or. 16; de
li eoie sacrée d'Eleusis, I. p. 515 cl s. — 10> Cic. De mil. deor. 111, 22 ; ). Lyil. même à Délos. Voy. la note 51. — 11* A. Maury. I/ist. des relig. de la Gr. I. II,
Le mens. IV, liai, p. 100. — loi Thuc. II, 15 ; VI, 54 ; Suid. Ilvîiiv ; Hesych. 'E. nViit... p. iii i ; Foucart, Mémoire sur Delphes, 1S63. 2" part., dans les Archiv. des mis*, scient.
— '* l'lut. 77,-.. 12, 18. - l<n l'reller, Gr. Myth. I, 206 ; Welekcr, Or. Gûtterlehre, ! t. Il ; Grote, llist. dt la Grèce, t. 111, p. l it de la Irad. franc. - us Plut. Arist. 20.
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politique et morale [ohacula, ampmctiones]. C'est par ordre repos mj et cet usage, comme le précédent, était rattaché
de l'oracle que furent institués d'abord les jeux Olympiques à la légende de Céphale, qui le premier, disait-on, avait
[olympia], puis les jeux Pythiens à Delphes [pythia] après la donné l'exemple de chercher la guérison dans les eaux de
guerre Sacrée, dans la 48° olympiade (586 ans avant J.-C.) la mer [cephalus]. Les sacrifices analogues dont on trouve
Jusque-là la fête célébrée à Delphes chaque neuvième ailleurs 185 la trace, dans le culte devenu si pur d'Apollon, ont
année, n'avait d'autres luttes que des luttes musicales. Les tous pour origine sans doute le besoin d'expiation ; et ce
jeux établis sur le modèle des jeux Olympiques avaient besoin n'est pas étranger à l'usage de lui offrir les prémices
lieu sous la surveillance et la direction des Amphictions, non-seulement de l'agriculture (celles-ci lui étaient dues
le conseil commun de la Grèce. Mais si le dieu habitant comme au dieu qui fait mûrir les moissons), mais de toutes
des rochers de Pytho avait consenti à laisser troubler ces choses, et même de lui consacrer, comme chez les Crétois
solitudes par le bruit des chars 1,1 , afin de faire de son sé et chez les Magnctes, une génération entière (i-noipyui
jour un lieu de réunion pour tous les Hellènes, ce lieu ne àvOpoWMv)186, sorte de printemps sacré analogue au ver sa-
perdit pas son caractère essentiellement religieux. Non- cnuM des peuples italiens. Il y avait à Délos un autel où
seulement tous les peuples grecs, mais aussi les étrangers y l'on n'offrait pas de sacrifices sanglants, mais seulement des
cherchaient, comme les Phrygiens au temps de Midas, les grains d'orge ou de froment ; à Patare, on portait des gâ
Lydiens sous les Mermnades, les Étrusques et les Romains teaux en forme d'arc, de flèches et de lyre; à Delphes, des
sous les Tarquins, des conseils sacrés pour le gouvernement gâteaux et de l'encens1". Ces offrandes non sanglantes
des Étals et la conduite de la vie. n'étaient pas les seules : on sacrifiait aussi à Apollon des
Ce n'est pas seulement par ses oracles, qui exerçaient bœufs, des chèvres, des brebis 1!S; les hétacombes immo
sur l'existence des États et des citoyens une si puissante lées sur ses autels avaient fait donner son nom au premier
influence, qu'Apollon s'était attiré la vénération uni mois de l'année des Athéniens.
verselle. Il était un dieu purificateur et un dieu sauveur La musique, les chœurs de chant et de danse faisaient
(KaOâpctoî, 2wr/îp)"7 : c'est h lui que s'adressaient les sup partie, en général, du culte de toutes les divinités, mais par
pliants pour être délivres de toute souillure. Le recours aux ticulièrement de celui d'Apollon, qui conduit le chœur
cérémonies religieuses comme moyen d'expier et d'effacer des Muses et des Grâces. La poésie religieuse s'est dévelop
le crime paraît être entré dans les mœurs des Grecs posté pée dans les temples : ce fut à Delphes que, suivant la tra
rieurement à Homère118; à mesure qu'elle y pénétra, elle dition, on chanta les premiers hymnes (iîtxvo;) [hymnus,
accrut l'autorité du dieu qui, à Delphes ou ailleurs, récon paean] et les premiers cantiques (Tupoo-ioîi'a) datant, selon
ciliait et apaisait lésâmes [lustratio, expiatio, orestes]. toute apparence, des premiers àgesm. Leurs auteurs pas
L'idée de pureté se rattache naturellement à la religion saient pour les fils d'Apollon et des Muses : quelques-uns
du dieu de la lumière. Elle n'est pas seulement imposée étaient les fondateurs de ses principaux sanctuaires. Ces
au coupable, au meurtrier qui ne peut assister aux fêles hymnes, chantés avec accompagnement de l'instrument
d'Apollon, s'il n'a expié son crime119: personne ne doit préféré du dieu, la cithare ou laphorminx[LYRA],plus tard
s'approcher de son temple s'il ne s'est auparavant purifié aussi de la llûte, réglaient encore le mouvement cadencé des
par l'eau ou par les sacrifices. Celui qui se croit menacé chœurs. Apollon lui-même avait inventé la poésie caden
par un songe fait aussi une offrande à Apollon 'Atotço- cée (vôuo;) 13°. Le chant et la danse se répandirent avec le
7:aio;li0.On l'implore contre les maladies et surtout contre les culte d'Apollon et des Muses dans toutes les contrées hel
épidémies, après avoir fait des lustrations ; on voyait en léniques. L'hymne à Apollon, à côté des concours de d;inse
core, au temps de Pausanias M, la statue d'Apollon Wzll- et de chant établis dès l'origine par les Ioniens à Délos m,
xaxo;, œuvre de Calamis, qu'on avait fait venir à Athènes mentionne le pugilat. Apollon, dont on célébrait la force
pendant la peste au commencement de la guerre du Pélo- à cet exercice, qui y avait vaincu Phorbas, présidait aux
ponèse. Le voisinage des morts est en horreur au dieu : jeux gymniques avec Hercule et Mercure, et son image se
par trois fois il commande aux Athéniens de purger de ses voyait réunie à celle de ces dieux dans les palestres et les
tombeaux l'île de Délos, l'île sacrée Ui. gymnases, comme un modèle de vigueur, de beauté et de
Nous avons déjà signalé le caractère expiatoire des sacri jeunesse éternelle. Il était le protecteur invoqué, avec les
fices des tiiargelia ; à Leucale1*3 comme dans la fête athé Nymphes et les Fleuves, par tous les jeunes hommes, sous
nienne, un criminel était précipité du haut des rochers le nom de KoupoTpoço; : ils lui faisaient des offrandes, fré
pour servir de victime expiatoire (iTiorpoTniç y&piv) ; quand quemment celle de leur chevelure, la première fois qu'ils
les mœurs s'adoucirent, on préserva la vie du condamné en la coupaient
l'enveloppant de plumes, ou môme en attachant à son corps IV. — La lyre, l'arc et les flèches, le trépied sont les attri
des oiseaux tout entiers, un bateau l'emportait chargé des buts les plus ordinaires d'Apollon. «J'aimerai l'agréable ci
fautes de tout le pays ; plus tard et par suite de la transfor thare et l'arc recourbé, et j'annoncerai aux mortels les véri
mation même apportée dans les idées par la religion d'A tables desseins de Zcus.» Ce sont là les premières paroles du
pollon, le saut de Leucate fut considéré comme un remède dieu naissant à Délos, et ses attributs sont les symboles de
et une purification qu'offrait aux âmes trop violemment sa triple fonction; nous les trouverons et aussi quelquefois
agitées par l'amour, le dieu à qui elles venaient demander le I'omphalos de Delphes, accompagnant ses images et servant

•16 Hom. In Apoll. 270, 271. — 1" Aesch. Eum. 262. — »8 Grole, Hùt. de la Gotlesd. Alterth. 27, S. — l«« Hermann, Op. I. 20, 17; O. Mûller, Op. I. 1, 231.
Grèce, I, p. 29 de la trail. l'ranr.; cf, O. Millier, Ad Aesch. Eum. p. 137 ; Sclioomann, — 1»7 O. Mûller, Op. I. p. 327; Ann.deiïlmt. ai ch. ISiO, p. 03, tav. BCD.— >-8 Hum.
Ad l'Uind. p, ÔTt ; lu1. Anliq. juns gr. p. 73, 2 ; HeiHKinn, Gollçsdienst. Alterlh, 5, /(. I, -il, 66, 316; Callim. In Apoll. 60. — Pau». X, 7, 2; Mûller, Dorier, II,
i; 23, 18. — nom. C. Aristng. 37. — '*> Acschyl. Perl. 207; et Bloomhelil, p. 3'12 ; ld. J/ùt. de la lilt. gv. I, p. 44 et 3. de la trad. franc.; Bernhardy, GruudrÎM
Oloss. — 1!< I, 3, 4. — •« rhit. Sept. sap. 14; Thnc. III, 104; Herod. 1, 04. dergriech.Litler.t,p.in,î'(i\.; A.Maury, Op. M, p. 237 et 9. ; II, p. 134.—UOOtr.
. . 113 strab. X, p. 452 ; Ovid. Fasl. V, 630 ; Phot. s. v. AtwUm;{. — «« Strab. I. I. ; Mûller, Bernhardy, A. Maury, l. I. : Prcller, Gr. Myth. p. 223. — "1 In Apoll. 14!
Sei v. Ad Aen. III, 272 ; Mém. de l'Acad. dei Imcr. VII, p. 245 ; O. Mûller, Dorier, „qq. _ 13S Hom. //. XXIII, 060, et Schol. — »> Hesiod. Thcog. 346; Hom. Od. XIX,
l, p. 234. — Eu Chypre, à Abdére, en Thossalic : Paui. X, 32, 2 ; nermann, 86 ; Thcophr. 21 ; Non. Mare. i. v. Cirros ; Welckcr, Gr. Gûllerlehre, II, p. 339.
APO — 317 — APO
à en marquer le véritable caractère. 11 y faut joindre aussi Delphes, près du grand autel, un loup de bronze, consacré
les arbres et les animaux qui lui étaient consacrés, le lau en l'honneur d'un loup qui avait fait retrouver les trésors
rier principalement, et aussi le palmier et l'olivier [arbores du temple dérobés par un voleur153. L'image d'un loup,
sacrae]. Ces arbres sacrés racontaient à leur manière les qu'on appelait le héros Aûxo;, était placée, à Athènes, à l'en
origines de son culte à l'ombre des bois et au bord des trée des tribunaux154. A ces animaux réels se joint un ani
eaux 134 ; les animaux exprimaient l'essence et le génie du mal fabuleux, le griffon, animal composé, d'origine proba
dieu sous une forme vivante et symbolique. Le cygne lui blement orientale [grïhius]. On voit le griffon, le corbeau,
était consacré, comme oiseau chanteur 13S, ou mieux comme le serpent, avec le trépied et la lyre
emblème du soleil, ainsi qu'on le voit dans le Véda ,3,. Le d'Apollon, sur une pierre gravée du
cygne, qui passait chez les anciens pour doué d'un vol infati musée de Berlin (fig. 371) 15s. D'autre?
gable1", était le compagnon des voyages d'Apollon ; le dieu animaux encore sont, quoique moins
revenait du pays des Hyperboréens dans un char traîné par fréquemment, des acolytes d'Apollon :
des cygnes, ou bien un cygne 138 le portait vers Délos (ci-des le daim ou la biche, qui l'accompa
sus, fig. 3G7). Un autre oiseau consacré à Apollon comme gnent138 aussi bien quesa sœur Artémis Fig. 371. Attributs
emblème lumineux, était le coq; on en comprend aisément [diana] ; la cigale, la sauterelle, le et acolytes d'Apollon.
la raison. Les statuaires le plaçaient dans la main du dieu du lézard, le vautour, etc.
soleil comme un héraut du jour 139; parla môme raison, les V. — Le culte d'Apollon fut inconnu des premiers Ro
Romains sacrifiaient le coq à la Nuit "°. Le corbeau était mains. Son introduction à Rome se rattache aux premières
un oiseau fatidique. Un corbeau, lequel n'était autre que le relations entre les peuples italiens et les Grecs établis dans
poète Aristée de Proconèse dans une existence antérieure, la partie méridionale de la Péninsule. Apollon n'était pas
accompagnait Apollon à la fondation de Métaponte ni, et encore nommé dans les indigitamenta de Numa 157. L'his
celui qui guida Battus a la fondation de Cyrène cachait toire des livres sibyllins [sidyllae] apportés de Cumcs à
Apollon lui-môme, le dieu conducteur des colonies14'. Rome au temps de Tarquin le Superbe indique d'où ve
C'est aussi comme animaux divinatoires qu'on consacrait a nait la religion nouvelle et à quelle date elle fut impor
Apollon le rat et le serpent : le rat est le symbole d'Apollon tée. D'après un passage de Tite-Live 15s, les llomains se
Sminthien qui le porte dans la main sur des médailles 145 ; seraient mis dès l'origine en rapport avec l'oracle de Del
le serpent, symbole d'Apollon Pythien [draco], avait sa phes. Camille consulta Apollon Pythien lors du siège de
place à Delphes sous le trépied de la pythie Ces ani Y'eii et, après la prise de la ville, lui consacra la dîme du
maux étaient censés contracter, en respirant les exha butin 159. Apollon avait déjà au temps des décemvirs, sinon
laisons de la terre, une vertu prophétique. Le dauphin était môme plus tôt, un sanctuaire situé aux prés Plaminiens 160 ;
l'emblème d'Apollon Delphinien : Apollon prend sa forme, la construction d'un temple y fut commencée en432 av. J .-C.
dans l'hymne homérique, pouraller fonderDelphes145. Nous en exécution d'un vœu fait pendant une peste (pro valetudine
l'avons vu dans une peinture de vase (fig. 370), accompagné populi)"1 ; c'est ce môme temple que Tite-Live mentionne
du dauphin, qui semble être l'image de la civilisation voguant plus tard sous le nom de temple d'Apollon Medicus. 11 ne
sur les mers, rapprochant par la navigation les rivages paraît pas qu'il y ait eu d'autre temple d'Apollon jusqu'au
éloignés, fondant des colonies jusque dans les contrées règne d'Auguste. En 3'J'J av. J.-C, à l'occasion d'une nou
sauvages ou barbares 146. A tous ces titres il appartient à velle épidémie, Rome eut pour la première fois recours,
Apollon. Le loup est un symbole de lumière, peut-être par d'après la prescription des livres sibyllins, au lectisternium;
un rapprochement déjà signalé entre àûxo;, loup, et Aux»), le on y vit Apollon avec Diane et Latone prendre, parmi
crépuscule du matin; Apollon est appelé Aûx=io; à Argos, d'autres dieux grecs une place principale. Enfin c'est
comme ZeusAuxaïoç en Arcadie,ArtémisAuxai'aàTrézène encore après avoir consulté les livres sibyllins que Rome,
Dans certaines fables, le loup semble jouer en Grèce le rôle menacée par Annibal, institua 163 des jeux en l'honneur
du lion en Orient148; c'est ainsi que, dans la légende de d'Apollon [ludi apollinares], semblables aux jeux Pythien;
Danaus, on le voit combattre le taureau, combat qui donna de la Grèce avec des sacrifices selon le rite grec. Le dieu
lieu à la fondation du temple d'Apollon Lycéen1'0. Les mon que les Romains empruntèrent des Grecs, fut, on le voit,
naies d'Argos et de l'Argolide portent, dès l'origine, l'Apollon devin et sauveur. Les Vestales l'invoquaient sous
l'effigie d'un loup, dont la tôle quelquefois est entourée le nom A'A polio Medicus et à'Apollo Puean 164. Dès le temps
de rayons IS0. Le loup reparaît dans les traditions et les de la deuxième guerre punique et de la fondation des jeux
symboles d'un grand nombre de pays 151 ; dans les lé apollinaires il était, comme le remarque Preller 16s, adoré à
gendes relatives aux origines de Delphes même, on voit les Rome avec tous ses attributs et dans toute l'étendue de sa
Deucalionides, guidés par les hurlements des loups, échap puissance; il était un dieu sauveur, le dieu des oracles, de
per aux pluies diluviennes et bâtir sur le sommet du Par la musique et de la joie; enfin, quand on excitait sa colère,
nasse la ville de Lycorée 153. Il y avait dans le temple de il devenait un dieu vengeur : «la gaieté, le caractère hospi-
L'Inopus, le Ccnchrius, l'Ismenus, le Pénéc, etc. — 133 Callim. In Apoli. 3 ; In l'animal symbolique d'Apollon : f.leni. Al. Protrept. IV, p. 47 ; Welcker, Op. I. I,
Del. 249 sqq. — «« A. Maurv, Op. l.t.l, p. 147, note 6. — 1" Aclian. f/ist. var. 1, M. p. 478. — »» Paus. 11, 19, 3 et 4. — 13» Welcker, l. I. p. 480. — «1 O. lliillcr,
— <*» O. Miiller. Handb. der Arch. g 308 ; ld. Dorier, I, 270.— m Plut. Cur Pythia Dorier, I, 30.", ; Welcker, l. I. — 152 l'aus. X, C, 2 ; O. Jahn, in Oeriehte d. siichs. Ge-
nune non reddit orac. carminé, 12. — 140 Ovid. Ftut. I, 355. — *H O. Miiller, ///'.s-/, de sellsch. I, 417. — 133 l'aus. X, 14, 4; Aclian. Ilist. un. XII, 10. — Harpocr.
la litt. gr. t. II, p. 39 (le la trad.— lu Callim. In Apoli lit',. — 'W Aclian. Ilist. nu. SuéÇuv; Lexica et Parocmiogr. Vjxvj Stxa;; Etym. m. Sixàiai. — 135 Tolken, Erklâr.
III, 5 ; Plin. Ilist. nat. VIII, 82; Strah. XIII, p. 601; Dict. Cret. Il, H, 47; Miiller, Verzeichn. Kl. 111,2, n. 782; Wicseler, Denkm. d. ait. Kunst, II, n. 133a.—1M Paus.
Dorier, I, p. 285; Wcickcr, I, p. 482; lleo. de Numism. 1858, p. 1 ; 1859, p. 113. VIII, 18, 2 ; X, 13, î ; Stcphani, Compte rendu de la Connu, areh.de Sl-Pélcrsh.
— l**Lacian. De astral. 23. — 115 In Apolt. 399 sqq. On voit le dauphin sur de trës- pour 1861, p. 08 et s.; Élite des momnn. céram. II, pl. iii-xl; Gerhard, Aimjev,
-ineiennes monnaie* de Delphes, Joitrn. des sav. 1838, p. 96 ; mais cf. Schoemann, Vas. pl. xxvi à xxxvi. — 137 Arnob. Il, 73. — "« I. 30. — 159 Tit. Liv. V, (i.
Op. ncad. I, 314 ; sur celles d'Argos, do Chalris, etc. — l*6 Fables d'Arion, de — 160 Tit. Ut. III, 63 ; cf. Itliein. Muséum, M. F. XVII, 323, et IV, 25. — 161 XL, 51.
lhalanthos, de Taras, Pau*. X, 1315; Aristot. ap. Poil. IX', 6, 80; Miiller, Dorier, I, — 161 Tôt. Liv. V, 13; Dion. Halic. Fraijm. I. XII. — isi Tit. Liv. XXV, 12; Macr.
317. Taras, sur les monnaies de Tarente, est posé sur un dauphin. — 1«7 l'aus. 11, 19, I, 17, 27. — '«'• Macr. I, 17, 15. — 103 Preller, liôm. Mijth. p 271 ; p. 200 de
1 ; VIII, 38, 4-7 ; II, 31,4. — 1** Il est à remarquer que c'est le lion qui, en Lycic, est la trad. française.
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talier qui accompagne d'ordinaire ces cérémonies, est un forme se dégage de la raideur et de la rudesse du premierâge
des traits particuliers aux fêtes de l'été et des moissons qu'on de la statuaire. Les ligures trouvées à Ténée à Théra"1,
célébrait en l'honneur d'Apollon... A côté des anciens dieux à Orchomène en Béotie, à Mégare, à Naxos "*, qui sont de
du Lalium et de la Sabine, dit encore le môme auteur marbre et lesplusanciennes qu'on puisse citer; la précieuse
aucun dieu n'e*t devenu plus populaire que l'Apollon grec. série des bronzes de style ancien ou archaïque du Louvre '"•
Ce culte étranger eut môme assez de séve pour rajeunir à et d'autres collections 178 le représentent debout, entière
une époque où les cultes nationaux étaient en pleine déca ment nu, imberbe"7, les cheveux longs, tombant sur les
dence. Sous Auguste il prit place à côté de Jupiter Capito- épaules ou ramassés derrière la tôle; les bras, quand ils
lin et resta, jusqu'à la lin du paganisme, le dieu le plus ado cessent d'être pendants le long du corps, sont, tendus en
ré. » Auguste, qui fit transporter dans le temple d'Apollon avant, et l'on voit qu'ils tenaient les attributs qui sont
Palatin les livres sibyllins, auparavant gardés au Capitole (les ordinairement dans les mains du dieu. On peut rapprocher
quindecimyiri, chargés de leur garde, devinrent ses prêtres), d'autres monuments des témoignages que nous ont laissés
avait un culte particulier pour ce dieu, môme avant de lui les auteurs au sujet d'ouvrages célèbres de quelques-uns
attribuer la victoire qui lui donna l'empire ; il agrandit son des sculpteurs qui succédèrent aux Dédalides et préparè
temple d'Actium et rétablit, avec un éclat nouveau, les jeux rent la brillante époque de l'art. Déjà les Crétois Dipœnos
Actiaques [actia]. Apollon Palatin réunit tous les attributs et Skyllis, qui vivaient vers la 50° olympiade (5KO avant
des Apollon qui l'avaient précédé ; on lui accorda des l'êtes et J -G.), avaient taillé dans le marbre pour la ville de Sicyone
des honneurs dans la nouvelle organisation des jeux sécu- des figures d'Apollon, d'Artémis, d'Héraclès et d'Athéné'78.
culaires [ludi saeculares]. O. Mùller a ingénieusement conjecturé qu'il s'agit ici de
VI. — Les images d'Apollon furent certainement innom ligures groupées représentant la lutte pour le trépied entre
brables dans l'antiquité : beaucoup nous sont connues par Apollon elllercule,etla réconciliation quisui-
les témoignages des auteurs, et un nombre considérable vit Nous pouvons nous faire une idée de
de monuments où ce dieu est figuré subsistent encore au Isur disposition d'après un grand nombre de
jourd'hui. Les plus anciennes furent ces piliers ou pierres bas-reliefs 180 et de peintures de vase qui repro
coniques qu'on peut voir (fig. ."172 et 373) sur les monnaies duisent cette scène. Tectœus et Augélion, qui
de plusieurs cités grecques m, ainsi que sur quelques va firent l'Apollon colossal de Délos et lui mi Fig. 374. Apollon
ses ,6S, figurant Apollon et quelquefois Artémis, et qui res rent l'arc dans une main et dans l'autre les Augélion. de TecUeus et
tèrent jusque dans les beaux temps de l'art la représenta- trois Charités, chacune avec un instrument
lion ordinaire d'Apollon Agyieus [agtieus]; puis des idoles de musique, appartenaient à l'école crétoisc1". On recon
de bois [xoana] ,69, où naît l'Apollon Délien, leur ouvrage, sur une monnaie do
la forme humaine bronze d'Athènes (fig. 37 V) m. L'Apollon
était à peine indiquée. Philesios, que fit en bronze Canachus,
Ces grossiers sym de Sicyone, pour le temple des Bran-
boles portèrent sans chides, le Didymaeon, près de Milet ,
doute de bonne heure portait un faon sur sa main étendue.
les attributs qui de Des médailles de Milet, une statue de
vaient faire recon bronze, au Musée britannique (fig. 375),
Fig. 372. 73. Apollon Lnohios naître le dieu. Le cé une pierre gravée dont le type est con
Apolluu Agviuiv Al'lcmia Loctiia. lèbre Apollon d'A- forme, une figurine du cabinet de la
nuyclée ,:o était une œuvre d'un art déjà plus avancé, Bibliothèque nationale, permettent de
puisque la statue consistait en une gaîne d'airain à laquelle reconstituer la statue de Canachus et
avaient été adaptés une tête casquée, des pieds et des mains ; d'en reconnaître le style '**. On peut
elle tenait l'arc dans l'une, et dans l'autre la lance. A cette aussi consulter pour le style et les types
période primitive appartient aussi une idole antique de La- de cet ancien Apollon la statue ar
cédémone qui représentait Apollon avec quatre bras et chaïque du Louvre, mal à propos res
quatre oreilles H1. taurée en Bonus Eventusm, et un buste Fig.
Dès que l'art sort de cette enfance, il cherche à former colossal du même musée Le même Apollon l'Iule
un type de beauté où la force domine d'abord, mais qui artiste avait fait un Apollon en bois pour l'Ismenion de
gagne en grâce, en élégance et en jeunesse à mesure que la Thèbes DeCalamis, il y avait à Athènes, au Cérami-
l«s Ib. p. 131, 276; 112,203 de la l-nd. fr.; Tibul. II, 5. — m Paus. I, 31,3 ; II, arch. 1873, p. 147, pl. ti; Vischer, in Nuove mem. del. Insl. I8U5, p. 401, pl. m.
19, 7 ; VIII. 3i, 3 et 53, 3 ; Mlcrin, Med. de peuples, I, pl. m, 1 ; Eckhcl, Catal. — "6 Annali, 18J4, tav. E; Chabouillct, Catalog. n. S939 et s.; Spechn. of une.
Mus. Viudobon. I, p. 102, 4; Mionuet, Deseript. Suppl. III, p. 318, n. 43; 306, sculpt. pl. y et m ; Clarac. Musée de se. pl. 482 A, n. 9i9 A ; Panufka Musée Pourlulés,
B. 55 57 ; Combe, Mus. Hunier, pl. yl, 6 ; Millin, Gai. Mijlh. XXIV, 1 19 ; Millingen, pl. ml ; Friedrichs, Berlin. Antik. t. I, n. 51 j II, n. 1823 et 1823 a ; Bionzi d'F.r-
Ane. coins ofgreek eit. and kiut/s, pl. m, 19, 20 ; Panufka, b'in/luss dur Slamm- colano, I, 71, 72, etc. — 177 On ne voit Ap"llon barbu que sur quelques vases (M'int* :
goth. auf Ortsnnm-n, I, pl. m, 9 ; Mullcr-Wicseler, Denkm. d. <ilt. Kunst, 1, n. ; Gerhard, AustL Vas. I, p. 117, 64 ; ld. Trmksclial. pl. iv ; Klite céram. II, pl. xv,
Bottichcr , Ilmimkult. pl. xvin, 3a c, d, e, p. 77. — l68 Millin, llescr. des lumb. de xvi. et dans une statue de marbre au musée de Lvon. — 178 plin. Hist. nal.
Canose, n ; PanofU, Mus. Dlaeas, pl. vu ; Arch. Zeituug. Il, pl. xiv j X, p. 141 ; XXXVI, 4. — '7> ïïandb. der Arch. g 365, 5. — t»0 Voy. note 196. — Pausan. II,
Miller- Vicier, Denkm. d. ait. Kunst, I, n. 275. — '» Paus. III, 25, 3 ; IV, 31. 7. 32, 5 ; IX, 35, 3 ; Plut. De musica, 14 ; Macr. Sat. 1, 17.— 'H R. Rochelle, Mém. de
— no Find }'ijtli V, :.5 ; Paus. III, H et 19 ; Quatremère de Ouiiicy, Jupit. Ohjmp. nutn. et d'antiq.p. 130; Renié, Monnaies d'Athènes, p. 164; cf. Spon, Voyage, I,
p. l%. — 171 Hc-ycll. s. v. K-.vpiîi'.» et kwnuùi;; Zenob. I, 51 ; Liban. Antioeh. I, p, 137.— 1B3 paus. VIII, 46, 3; IX, 10, 2; Plin. llist. nal. XXXIV, 19; Jliiller-
p. 340. — 17' A la Chplullicque de Muni h ; Annal, del. Insl. arch. 1847, p. 305, et Wieseler, Denkm. d. ait. Kunst, 1, pl. iv, n"' 19-23; Speeim of une. sculpt. 1,
H 19, p. 159 ; BuUel. I«:.0, p. 83, et 1 bOy, p. 34 ; Mon. ined. IV, pl. lu» ; Overbeck, pl. su ; cf. pl. v ; Gerhard, Antike Bildœerke. pl. xi; Chabouillet, Cat'il. général,
Griech. Plaslik. I, p. 95 ; Scliorn, liesehr. der lih/ptothek, n. 45. — >7> Au Musée n. 2943 ; Clarac, Mus. pl. 1 073, 2785 a ; Frochner, Xolice de la se., n. 69 ; l.ip|» it.
britannique, Sclioll, Archnol. Miltlfilu ir/. pl. iï ; Welcker, Aile Denkm. I, p. J99; Dactylioth. I, 132; Overbeck, Gr. Plaslik, I, 1 OC — !»» Frochner, Xoticc,
Annal, del. lust. 1817, p. 107; 1841. p. 15; Bullet. 1837, p. 47; 1841, p. 186. n. OS ; Clarac, Desciip. n» 292 ; Musée, pl. 276. 803.— I« Fro'hncr. Xolice,
— I"1 Annali, 1117, p. 108 ; llull. 1861, n. 41 ; Welrker, /. /. p. 400. - "5 Mon. del. 11, 69; Clarac, Uescr. 133; Mm. de se. 1073, 278* a; Boirllin, .lus. des ntij.
///«/. 1 pl. ,u m, u< ; dr Longpcricr, Xolice des bronzes, n. 53 et s. ; De V ille, /tel). t. III, bustes, pl. i et n. - 'M Pau». IX, 10, 2.
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que, un Apollon Alexikakos, tendant son arc qui fut vu par Heure, mais qui sont tous plus ou moins fidèlement imités
Pausanias 187 ; à Apollonie, en Illyrie, un colosse de bronze d'un même modèle de style hiératique ; l'autre costume est
qui fut porté à Rome par Lucullus ,&s; un autre en marbre celui que porte Apollon dans tous les bas-reliefs connus sous
qu'on voyait à Rome du temps de Pline dans les jardins de le nom de monuments choragiques197, oùon le voit(lig. 377i
Servilius189. Un sculpteur d'Égine, Onatas, fui auteur de l'A suivi de sa sœur Artémis et souvent aussi de Léto, sa mère,
pollon de Pergame, dont Pausanias a vanté la grandeur et chantant le péan, en s'accomp:ignant de la citbare, et rece
la beauté et d'un Apollon éphèbe, célébré dans une vant des mains delà Victoire 198 le vin de la libation qu'il va
épigramme d'Antipaler"1. En général, Apollon, dans les verser sur l'autel. Ces monuments étaient des ex-voto
ouvrages de ce temps, conserve un caractère viril et offerts par les vainqueurs des concours de musique aux jeux
sévère, les membres longs, le visage rond 19i; cependant on Pythiens [ptthia]. Au fond est figuré un des temples de
trouve au-si des formes jeunes dans des sculptures de style Delphes. Comme le précédent sujet, celui-ci a été fréquem
archaïque m, notamment dans quelques bas-reliefs traités ment traité et toujours aussi, à ce qu'il semble, d'après un
avec plus de liberté que les statues. Apollon y apparaît original plus ancien. On rapprochera de ces bas-reliels
tantôt vêtu d'une légère chlamyde jetée sur les épaules, beaucoup de vases d'ancien style, à ligures noires, où le
comme sur la margelle de puits trouvée à Corinlhe, actuel dieu est représenté d'une manière analogue "*. La distinc
lement à Londres m; tantôt entièrement enveloppé de la tion que nous avons faite entre les costumes et les attributs
tunique et du manteau : tel est l'Apollon conducteur des qui caractérisent Apollon dans ses différentes fonctions,
Nymphes et des Cha se peut suivre dans les sculptures et dans les peintures de
rités, du monument la belle époque.
de Thasos, au Lou Calamis, dont nous avons cité les œuvres ; Pythagore de
vre 193 ; dans ces deux Rhégium, qui avait fait pour Thôbes deux statues, l'une
bas -reliefs, Apollon d'Apollon Cilharède. qu'on surnommal'Inlègrc, parce qu'il
tient la lyre , mais avait conservé, pendant trente ans, après la prise de la
ordinairement le vê ville par Alexandre, l'or qu'un fugitif avait déposé dans son
tement léger lui est sein l'autre d'Apollon Pylhien perçant le serpent de ses flè
donné dans les sujets ches, 'dont une monnaie de Crotone (tig. 378) , offre peut-être
où il a un caractère une image 801 ; Myrod,
guerrier, et pour at auteur d'une statue
tributs l'arc et les flè du dieu, qui fut enle
ches; tandis que les vée par Marc-Antoine
longs et amples vête- aux Éphésiens et res
. Dispute
Fip. 376. , du trépied. ments appartiennent
rl tituée par Auguste*12,
aux représentations et d'une seconde, si
d'Apollon Cilharède. On voit le premier(fig. 376) dans les bas- gnée de son nom , Fig. 378. Monnaie de Crotone.
dont Cicéron vante
la beauté et que Verres déroba au temple d'Agrigente*01,
font la transition entre les écoles anciennes et celle de
Phidias. On voyait de ce grand artiste, dans l'Acropole
d'Athènes, une statue en bronze d'Apollon Parnopios *°\
La nouvelle école atlique a donné au type d'Apollon son
caractère définitif : désormais ce dieu aura l'apparence d'un
adolescent qui arrive seulement à son complet développe
ment. Son corps, plus sveltc, offre un mélange admirable
de grâce sans mollesse et de force élégante., qui tantôt rap
pelle davantage, selon la remarque d'O. Miiller803, la vigueur
gymnastique d'Hermès, tantôt la plénitude et la délicatesse
des formes de Dionysos; son visage plus ovale, souvent
allongé encore par les cheveux noués sur le sommet de la
tête, est noble, ouvert, plein de fierté et en même temps de
douceur. Scopas, l'un des maîtres de la nouvelle école,
Ktfr. 377. Apollon, Artémis et Léto, monument choragique. en reprenant le type d'Apollon Cilharède, tel que l'avaient
conçu les maîtres antérieurs, lui prêta une expression
nouvelle d'enthousiasme et d'inspiration Ce fut un
reliefs nombreux où sont figurés Apollon et Hercule se dispu Apollon de Scopas qu'Auguste consacra sur le mont
tant le trépied de Delphes m, exécutés à une époque posté -
Palatin On pense en avoir retrouvé une imitation clans
OT I, 3, 4; cf. Ann. d. Insl. arch. 18.14, p. 201, pl. n. - 188 si-ab. VII, p. 31 il ; pl. cxix,49 ; Frochner, Notice, n.
Plin. Bat. uat. XXXIV, 39; Appian. Illyr. 30. — "9 l'lin XXXVI, 36, 16 ; silliç. »'0. Millier, 7. 1. S 96. 2.1; AVcleker, /./. 11.37 (
Calai, artif. — 11» l'aus. VIII, 42, 7. — 19t Anth. Palat. IX, 238. — 19» 0. Millier, il. Ja'in. Arch. Deitrûge, p. 209 ceux du Louvre, Clame, Musée, pl. cxx-cxxn ;
Frochner, Notice, n. 12-18,—190 Voy. un fragment de bas-relief très-anei en ou Apollon
Handb. d. Arch. g 360. — 183 Apollon du Louvre, provenant de la collection de Ma reçoit la couronne des mains d'Athoné : Arch.Zcitunrj, 1819. pl. xi. — ,tJ9 Lenonnant
laria. — 19k En la possession de lord Guilford-Dodwell , Alcuni bas.tiril. di Grecia, et de Witte, Elite des monum. cèram. t. II, et Gerhard. Auserl.'Yas. t. 1, Dclphische
pl. fi ; Gerhard, Ant. Bildw. pl. xi ; Mùllcr-Wicseler, Denkm. d. ait. Kunst, I, n. 42 ; Cotthcilen. — «00 Plin. Hist. nat. XXXIV, 8, 1» ; cf. Athen. I, p. 19 b, c.—s»' Plin. /. /. „■
Orcrbeck, Op, l. I. p. 125. — 195 //eu. nrchèol. 1865, 11, pl. xxiv ; Kroehner, Notice, ft. Rorh 'lté, Mcm. de num. et d'oiU. p. 33. pl. ni, 1 19 ; de Luyncs, Choix de méd. fit'.
0. il. — 19C Base d'un candélabre ou d'un trépied, à Dresde : Becker, Augustewn, 1,5; pl. I ; Mus. Ilorb. VI, pl. mu. — nos p]i„. /. —- tm ,;jr. yrrr, IV, 41. 7,1.
voy. pwir les répétitions nombreuses du même sujet, O. Huiler, ffandbuch, g 96, 20 ; — tu: pans. 1,24, 8 ; cf. Tzeti. Chil, VIII, 353.—sos Handb. d. Arch. S 360.— «"< /t.;
Waielier, Altc ll,;ikm. II, 208 ; III, 208 ; on eu voit une au Louvre, Clarac, Aluscc, Iriiclis, Skopas, p. 50 cl «. — n/ï rlin. Uist. nat. X.YXVI, 25 ; rn>; ;it. II. 31.
APO — 320 — APO
le célèbre Apollon Musagète du Vatican*08, qui chante en détaché du groupe des Niobides, tantôt une imitation de
«'accompagnant de la cithare, couronné de laurier et vétu l'Alexikakos de Calamis, tantôt un Apollon chassant les
d'une longue tunique et d'uncamplc slola flottante (G g. 379). Erynnies, tantôt le vainqueur de Python, de Tityus ou de
Ce môme Scopas avait fait, pour Marsyas. Ces diverses hy
l'île de Chrysa, en Troade, un Apol pothèses et d'autres encore
lon Sminlhien so'1. Des médailles de peuvent s'accorder avec
la ville d'Alexandria Troas repré la découverte d'une fi
sentent l'Apollon Sminthien nu, gure de bronze reprodui
portant un rat sur sa main droite sant exactement l'Apollon
étendue ou l'ayant à ses pieds ; de du Vatican , et qui tient
la main gauche il tient un arc210. dans la main gauche, qui
Praxitèle est l'auteur de cet Apol manqueà celui-ci, un frag
lon si connu sous le nom de Sau- ment de peau dans laquelle
roctone (tueur du lézard), dont il faut voir selon les uns
il existe plusieurs reproductions, l'égide, et selon les autres
charmante figure d'adolescent ad la dépouille de Marsyas
mirable de souplesse et de grâce*". vaincu818. On sait quel en
Léoeharès exécuta plusieurs ligures thousiasme l'Apollon du
d'Apollon S1S. L'une d'elles était â Belvédère a excité. O. Mill
Athènes, dans le Céramique, où se ier pense que l'original
l ig. 379. Apollon Musa»ete. voyait aussi l'Apollon Palroosd'Eu- ne devait pas être anté Fig. 381. Apollon du Belvédcrr.
phranor413. La figure sculptée sur rieur à Lysippe !19. A côté
un autel trouvé à Athènes (fig. 380) en est peut-être de cet Apollon combattant, les Apollon au repos forment
une imitation"4. un groupe qui comprend d'admirables statues. Le Louvre
L'inscription in en possède plusieurs sso. On donne quelquefois le nom
dique que l'au d'Apollon Lycien, d'après un passage de Lucien s", à un
tel était dédié à Apollon dont le bras gauche s'appuie sur une colonne ou
Apollon Agyieus un tronc d'arbre, tandis que le bras droit est rejeté au-
et Palroos , au dessus de la tête, attitude pleine de grâce et d'abandon.
dieu de Pytho et Tels sont aussi VApolline de Florence !8S et une statue
deClaros, au pro du Louvre ïï\ L'Apollon Citharède est tantôt nu, comme
tecteur de toute l'Apollon au cygne du musée du Capitole "\ si gracieux
la race ionienne. et presque féminin, ou comme l'Apollon au griffon du
Nousn'énumé- même musée, plus puissant et plus majestueux m; ou bien
rerons pas toutes vêtu de la stola pythique comme l'Apollon Musagète,
les images anti attribué à Scopas, dont il a été parlé plus haut a6, ou
ques d'Apollon celui qu'on voit dans le bas-relief de l'apothéose d'Ho
dont les auteurs mère"7. Apollon, comme dieu prophétique, a été souvent
ont fait mention. représenté assis
Parmi celles ou appuyé sur
Fig. 380. Apollon Patroos. qui nous sont le trépied, ou
parvenues en sui I'ompualos :
très-grand nombre, nous citerons seulement encore quel c'est ainsi qu'on
ques-unes des plus remarquables ou qui offrent un intérêt voit encore sur
particulier ÎIS. diverses mon-
La plus célèbre est (fig. 381) l'Apollon Kallinikos, du Va naies,parexem- Fig. 382. Monnaie des Amphictious.
tican, appelé aussi Apollon du Belvédère "". On a vu dans ple sur celle des
cette statue, qui semble, à certains détails, une imitation Amphiclions (fig. 382), où il porte aussi la stola pythique !
d'un original en bronze"1, tantôt un Apollon vengeur La figure 383 reproduit une ciste gravée gréco-étrusque 5

*W Mus. Pio-Clem. I, 10 ; Bouillon, Mus. des antiq. I, 33 ; Mus. Napoléon, a. 195. l'art, lia», et Gadechcns, I. I. p. 1294— •'• winckclniann,77i'.if. de l'art, I, 1, 3;
— -<» Strab. XIII, p. 001; F.usl. Ad Iliad. p. 30, 16; Urlichs, Sknpas, p. 108. 0. Millier, Handb. S 361 ; Fcuerbach, Der Valie. Apollo; Wieseler, Dcnkm. d. ait.
— -i0 Choiseul-Gouftier, Voy. pitt. t. Il, pl. lxyii, 12, 11, p. 155 ; Millingcn, Méd. gr. Kunst, II, n. 124; Kekulé. in Annal, del. Intl. 1867, p. 124. — **> Clarac, heser.
fnéd. : de Witte, llcc. numitmi. p. 24 et s. et pl. i.— 211 Plin. Sist. nat. XXXIV, 70 ; «27, 197 ; Musée, 269, 912 ; 267, 920 ; Bouillon, 3, 4 ; 3, I ; Froehncr, Notice, 74
Froehncr, Notice, n. 70 ; Clarac, Descript. 19 ; Musée de sculpt. pl. 268, 905 ; Mus. et 70. — «1 Anach. 7. — *« Clarac, Musée, pl. 477, n. 912 c ; Millin, Gai. myth.
Pio Clem. t. 1, 13 ; Broun, Ituinen und Museen Roms, p. 676 ; Welcker, Alte Denlcm. XIV, 96. — "3 Clarac, Descript. 188; Mus. pl. 267. 921 ; Bouillon, t. I, 18;
I, 406; Bouillon, t 1, 19 ; WinckelnwDD, Mon. ined. pl. xl ; Rev. archéol. VI, p. SI, Froehncr, n" 75 ; voy. aussi Chaboui'let, Catal. n. 1 ijO ; Bculé, Mon». d'Ath.
288, 482. — "« Paus. I, 3, 4 ; Plin. XXXIV, 79 ; Plut. Them. 15 ; Plat. Episl. 13, p. 285. — '«* Mus. Capitol, t. III, 15 ; Clarac, Mus. de sculpt. 483,928. — «!* Mus.
p. 361 a. — Ï13 Paua. 1, 3, 35. — «4 Stuart, Ant. o[ Athen. 1, p. 25; cf. Heulc, Capitol, t. III, 13 ; Clarac, Md. 480, 921 a. — !« Clarac, Musée, pl. 494. 496.
Mann. d'Ath. p. 272. — *'r> Clarac, Mus. de se. pl. 473-196 , O. Mullcr, Hand'j. Miillcr-Wicseler, /. (. 133 a et bj Miounct, Descr. I, 220, 98 ; II, 561, 300 et s.;
gg 359 et s. ; Mùller-wicseler, Denlcm. d. ait. Kunst, II, pl. xi-xiii ; llrunn, Geseh. der Élite cérnm. pl. i et suiv.; Gerhard, Auserl. Vas. pl. uni et s.; Mon. dell' lust., 1847.
gr. Kùnstlcr ; Gadechcns, in Pauly's llcalencycl.s. v. Apollo et voy. ci-après la bi 1. IV, pl. XLIl, etc. — 217 Mus. Pio-Clem. I, tav. B; Guigniaut, Nouv. gai. myth
bliographie. — SI6 Mus. Pio-Clem. 1,14; Musée français, IV, pl. vi ; Bouillon, I, 17 ; pl. ccxx, 760. — SM Bn'indsted, Voyage dans la Grèce, 1, vign. du titre ; Cudalvènr,
Clarac, Musée, pl. 47 i, n. 900. — 217 C'est l'opinion (le plusieurs critiques et en Méd. gr. pl. n, 18 j Mionnet, Descr. H, 96, 21 ; 111, 77. 118; V, 29, 255; Suppl. V
particulier du sculpteur Flaxman, lie/tort from tlie committee on Elgiit's eollect. 386, 644 ; VI, 98, 1 16 ; de Lu; nés, Méd. gr. xrn ; Clarac, Musée, pl. 318; 485 *j
p. 32. — *4& Slephani, Apollo Boédromios, Péterjb. 1860 ; cf. Pouipieville, Voyage, 486 A, n. 937 ; 480, 482, 485; 486, 488, 490 ; Mus. Uorb. XIII, pl. lu ; Millier
320, t. IV, p. 101 ; Wieseler, Der Apollo StroganoJ, 1861 ; voy. la note 35 de Wieseler, I. /. II, pl. m. — Mouton, dcli Inst. VIII, pl. xxr-xxx.
APO — 321 — APO
Apollon est assis devant l'omphalos, sur lequel est perché le APOMOSIA [EXOMOSIA].
corbeau fatidique; il tient en main le laurier, comme dans APOPEMPEIN [divortium].
un très-grand nombre de ses représentations, et répond à APOPHASIS(AitMpa(Ttî).— Dans la procédure athénienne,
Œdipe, qui est venu consulter l'oracle. On le voit encore, le mot <x7co<pâ(rt; était fréquemment employé et avait des
acceptions très-diverses.
1° Il signifiait d'abord le prononcé d'un jugement; c'était
probablement un héraut, qui, sur l'ordre du magistrat
directeur de l'instance, proclamait la décision adoptée par
le tribunal1. Les sentences des arbitres s'appelaient égale
ment cnroŒiâffeiç *.
2" Par extension, le mot àTcdooto-iç désigna, non plus
seulement la prononciation du jugement ou le jugement
lui-même, mais encore l'ensernble des débats judiciaires
(ttjv SiGtyvuxjiv ») et le jour où ces débats avaient lieu *.
3° On donna aussi le nom d'ekéçao-iç à l'inventaire que
chacune des parties, dans le cas de demande en àvTt'Sodtç,
était obligée de remettre à son adversaire * [ahtidosis].
4° Enfin, dans certains cas d'une gravité exceptionnelle
(l'affaire d'Harpale "par exemple), le peuple chargeait
Fig. 383. Apollon consulté par Œdipe à Delphes.
l'aréopage 6 de procéder à une enquête sur des faits délic
nu ou vêtu, mais caractérisé de la même façon, sur des vases tueux et de déclarer dans un rapport quels étaient les cou
peints w, dans des peintures murales m, sur des pierres pables présumés qui devaient être traduits devant les tri
gravées m, etc. Le laurier dans la main d'Apollon est une bunaux. Ce rapport était appelé iizôfotmc 7. L'àTretpcwtç de
marque de son rôle de purificateur dans beaucoup de re l'aréopage n'impliquait pas nécessairement la culpabilité
présentations sur lesquelles on reviendra ailleurs [lustra- de l'accusé *; mais elle était un grave préjugé contre
tio]. Il est figuré comme dieu de la médecine dans une celui-ci ; la tâche de l'accusateur était notablement faci
peinture de Pompéi à côté d'Esculape et de Chiron, et litée, et l'accusé, Démosthène en fit l'expérience, échap
sur des monnaies où il a pour attribut le serpent On pait difficilement à une condamnation '. E. Caillemer.
reconnaît Apollon Nomios, ou pasteur, dans une statue de APOPHORA (ÂTcwpopâ).— Nom donné par les Athéniens
la villa Ludovisi *" : assis sur un rocher, il tient la lyre, et le à la redevance que certains esclaves payaient à leurs maî
bâton des bergers {pedum) est à côté de lui. Un bronze de tres sur les produits de leur travail. Un maître autorisait
style fort ancien, du musée de Berlin m, le montre dans les quelquefois un ou plusieurs de ses esclaves à exercer li
mêmes fonctions, portant un mouton. La belle médaille brement une industrie, à charge par eux de lui apporter
d'Antigone (fig. 384), frappée selon toute apparence après la périodiquement une somme déterminée prise sur leurs
victoire de son fils Démétrius Po profits. Ainsi Timarque possédait des esclaves corroyeurs,
liorcète sur Ptolémée Soter "7, qui, sous la direction d'un d'entre eux, travaillaient pour
représente Apollon protecteur des leur propre compte ; chacun versait entre les mains de
navires. Il est assis sur la galère Timarque deux oboles par jour; le chef d'atelier en devait
amirale qu'Antigone lui consacra. trois *. La condition de ces esclaves était relativement
Diverses compositions où Apol heureuse; car ils jouissaient d'une liberté assez grande et
lon est mis en rapport avec d'au n'avaient presque rien à envier aux industriels citoyens
tres figures mythologiques, Diane, d'une classe infime; quelques-uns même vivaient dans
Fig. 384. Médaille d'Antigone Latone, les Muses, Mercure, Mar- l'aisance et menaient un grand train *. D'autres maîtres
syas, Daphné, etc., seront indi permettaient à leurs esclaves de travailler pour autrui,
quées au nom de ces personnages. L. db Ronchaud. sous la condition qu'ils abandonneraient au maître une
APOLLO SORANUS [soranus]. partie de leurs salaires; les concessionnaires de mines * et

**> Élite eéram. 11, pl. ht; Raoul-Rochelle, Monum. inéd. pl. rarn; Aimait Heidelbg, 1824 ; Buttmann, Mythologus, Berl. 1824, I, 1 ; G. Hermann, De Apolline
d. Irul. 1865, tai. H, etc. — «M Pitt. d'Ercol. IV, 64 ; Mus. Borb. X, 20 ; Mûller- et Diuna, Lips. 1836 ; Gottschick, Apollinis cultus unde ducendus sit, Berl. 1839 ;
Wicselcr, Denkm. der ait. kunst, II, pl. m, 136; Helbig. Wandgemàlde, 183 Schwarti, De antiquissima Apollinis natwa, Berl. 1843 ; Schflnborn, Ueber dos
et s. — «3» Cbabouillet, Catalog. n. 1466 et s. ; TOlken, Geschn. Sleine, III, 2, Wesen Apollos und die Verbreitung seines Dienstes, Berl. 1856 ; Schômann, De
a. 747, 749, 750 ; Lippcrl, Daclyliotheke, I, 84 ; Hillin, Pierres gravées, 4. Apoll. custode Athenarum, in Opusc. academica, Berl. 1856, I, 318 ; liinck, Die
— «» Pitt. d'Ercol. V, 50 ; Millin, Mon. inéd. Il , Il ; Id. Gai. myth. pl. cliii, 554. Heligion der Hellenen, Zurich, 1855 ; A. Maury, Hist. des religions de la Grèce an
- O* Mionnet, Suppl. I, 371,104, 105 ; II, 489, 1685, 1687. - M5 Millin, Gai. myth. tique, Paris, 1857-59; K. F. Hermann, Gottesdienst. Alterthûmer, 2° éd. Heidelb.
pl. ht, 97 ; Guigniaut, Nom. gai. myth. pl. Lxzm, 283. — *3* Friedrichs, Berlin, 1S58 ; A Feuerbach, Der Vatican. Apollo, 2" éd. Stuttgart et Augsb. 1855 ; Stephani,
ant. Bildw. t. II, n. 1823. — SW Visconti, Mus. Pio Clem. VI, 9 ; Mionnet, Suppl. Apollo Boédromios, Petersb. 1860 ; Aug. Mommsen, Heorlologie, Leipi. 1364,
III, pl. n ; cf. Id. Descr. 52, 231 577, 823 et s. — Biblioghàphie. Creuzcr, Symbolil;, p. 49, etc.; Marquardt, Handbuch der rtm. Alterthûmer, t. IV. p. 301, 330.
f (dit. Il, 515 et s., 537 et s. ; Guigniaut, Itcligions de l'antiquité, t. II ; O. Millier, APOPHASIS. 1 Lucian. Pro imag. § 29.— » Pollux, II, 129 ; Demosth. C. Apatur.
Die Dorier, II, p. 200 et a. (2« éd. 1844) ; Id. Handbuch der Archdol. der Kunst, §§ 20-21, R. 899; Isae. De Dicaeog. hered. 32-33, D. 271. — ' Bekkcr, Anecd.
8 359 et s. ; Miillcr-Wieselcr, Denkmàler der altcn Kunst, II, n. 124 et s. ; Schwenck, graeca, I, p. 210. — 1 Dem. C. Everg. § 45, H. 1153. — s Dem. C. Phaenipp. gB 25
Mythol. Skizzen, Francfort, 1 830, p. 98 ; Id. Mythol. der Asiat., Aegypt., Griechen, et s., R. 1046 et s. ; Harpocr. éd. Bekkcr, 31. — « Hyperid. C. Demosth. D. p. 400,
llomer, Francf. 1843-46, I, 109; II, 104 ; Lauer, System der gr. Mythol. p. 253; 2, 7 Voir les discours contre Démosthène de Dinarquc, §8 1,7, 48, 49, etc. D.
Stoll et Gâdcchcns, in Paulv's Bealencyclopddie, s. v. Apollo, I, p. 1253, 2' éd.; 155 et s.! et d'Hvpéride, D 398 et s. — » Voir cependant Jules Girard, Un procès
Gerhard, Griech. Mythologie, g 296 et s. et 967 ; Id. A userlesene Vasenbilder, I, de corruption chez les Athéniens. 1862, p. 25 et s. — » Eggcr, Mém. sur quelques
Dclph. Gollhcilen; Prcller, Griech. Mythol. I, p. 132 et s.; Id. B/lm. Mythol. nouv. fragm. de Vorat. Hypéride, 1868, p. 20 et s. ; cf. Schaefer, Demosthenes und
p. 265; Id. Ausgewâhlts Aufsàlze, 1864, p. 224 ; Braun, Gr. Mythol. % 402 et s.; seine Zeit, t. III, 1858, p. 296 et s. ; Dugit, Étude sur l'aréopage athénien, 1867,
Id. Yorschule der Kunstmyth., p. 22 et 9. pl. iittii-iltii ; Welcker, Griech. p. 197 et suït.
Gôtterlehre ;Lcnormant et de Witte, Elite des monum. céramographiques,t. II, Apol APOPHORA. ' Aeschin. C. Timarch. R 97, Didot, 46. — * Xcnoph. De Hep.
lon et Diane ; Biihr, De Apolline patricio et Minerva primigmia Atheniensiitm, Athen. I, S II. — ' Andoc. De myst. g 38, D. 54 Xcnoph. De vrctiq. 4, 14,
I. 41
APO — 322 — APO
les commandants de navires 1 recrutaient parmi ces escla turnales 1 [saturnalia] et à l'occasion des mariages '. Ces
ves les ouvriers ou les marins dont ils avaient besoin. cadeaux consistaient en objets de luxe ou d'utilité, quel
La somme que l'esclave versait à son maître comme quefois en esclaves. Martial a intitulé son xiv° livre Apo
«roipopâ devait être à peu près égale au profit que le maître phoreta, parce aue chacune des épigrammes qu'il contient
eût retiré de son esclave en utilisant directement ses ser a pour sujet un objet ainsi donné. On y voit figurer des
vices. Ce protit, si on le compare à la valeur de l'esclave, bijoux, des tablettes, des cure-dents, des vêtements, des
paraît avoir été assez élevé. Xénophon nous dit qu'un lanternes, des cuisiniers et des confiseurs. Il va sans dire
esclave travaillant dans les mines rapportait en moyenne que la valeur de ces cadeaux dépendait des ressources de
une obole par jour 11 ; le prix courant des esclaves destinés l'amphitryon. Pétrone* fait le récit complet de la distri
aux mines ne dépassait pas cent cinquante drachmes; le bution d'apophoreta, faite chez Trimalchion sous forme
capital engagé produisait donc annuellement 40 pour cent. de loterie. Vespasien 8 offrait habituellement des apo
Les trente-deux ou trente-trois esclaves armuriers, apparte phoreta aux hommes le jour des Saturnales, aux dames
nant à Démosthène et valant cent quatre-vingt-dix mines, le jour des matronalia. Caligula 6 donna à la fin d'un re
donnaient un revenu annuel de trente mines, soit 15,78 pas deux millions de sesterces à un cocher du cirque.
pour cent *. Les vingt ouvriers en sièges, que possé Le nom d'apophoreta (génit. apophoretae) est donné par
dait le même orateur et qui valaient quarante mines, saint Isidore7 à une sorte de plateau servant à présenter
rapportaient annuellement douze mines, soit 30 pour des fruits ou d'autres mets.
cent1. Ces revenus de 40, de 30, de 15,78 pour cent ont paru On appelait aussi apophoreta ou apophoreticum, des ca
à M. Bœckh trop élevés, et il a exprimé l'opinion que les deaux que faisaient à leurs amis ceux qui donnaient des
40 pour cent, produit des esclaves mineurs, comprenaient, jeux publics, après la célébration de ces jeux8. Ch. Morel.
non-seulement le bénéfice réalisé sur le travail des esclaves, APOPHRADES HEMERAI ('AiroçpâSeç VÉpat). — Les
mais encore le profit retiré de la mine elle-même affermée Athéniens ' appelaient dlito^paSec ijutpat les jours néfastes,
en même temps que les ouvriers ; que, dans les 30 et 15,78 pendant lesquels le sénat ne se réunissait pas [apbetoi
pour cent, entraient également les gains que le maître hemerai], les magistrats n'exerçaient pas leurs fonctions,
faisait sur les matières premières employées par les escla les tribunaux ne rendaient pas la justice1; pendant lesquels,
ves 8. Nous ne devons pas toutefois perdre de vue que le en un mot, on s'abstenait, soit dans la vie publique, soit
capital, représenté par les esclaves, était essentiellement même dans la vie privée, de tous les actes qui devaient
périssable; qu'il était d'ailleurs exposé à des détériorations être accomplis sous des auspices favorables
ou à des dépréciations nombreuses, lorsque l'esclave de Nous citerons, comme exemples d aTtosppotosç fj (xs'pai, le jour
venait malade ou infirme ou lorsqu'il prenait la fuite. Il des plynteria *, les trois jours précédant le dernier jour
était donc juste que le maître obtînt, en évaluant le tra du mois8, la fête des Antesthéries [dionysta] celle des
vail de son esclave, non-seulement l'intérêt du prix de nekysia ou NE[A£«ia 7, etc. E. Caillemer.
l'esclave, intérêt qui était toujours assez élevé à Athènes, APORRHANTERION [perirrhanterion] .
mais encore une somme permettant de reconstituer le APORRHESEOS DIKÈ [apporrhesis].
capital dans un assez bref délai Si les esclaves em APORRHESIS ('ATH^pVtç). — Opposition solennelle
ployés aux travaux des mines rapportaient beaucoup plus qu'une personne, prétendant avoir quelque droit sur un
que les autres, c'était précisément parce qu'ils étaient immeuble, formait à la vente ou aliénation de cet immeu
exposés à de plus grands dangers, et que, le capital cou ble. Toute aliénation immobilière, dans la plupart des
rant plus de risques, la prime annuelle d'amortissement villes grecques, devait être précédée d'affiches et publi
devait être plus forte. Nous ne serions donc pas éloigné cations, qui avaient pour but de purger l'immeuble aliéné
de croire que les chiffres ci- dessus indiqués fussent la des droits réels qui le grevaient. Tout créancier hypothé
représentation exacte du profit que le maître retirait de caire, ou toute personne ayant un droit quelconque sur
ses esclaves. — Nous ne pouvons pas argumenter de l'exem l'immeuble, devait, pour le conserver, déclarer par une
ple d'àraxfopâ que nous a conservé Eschine10, parce que àTto'^Y)<itî s'opposer à l'aliénation1. î\ GAe.
nous ignorons quelle était la valeur vénale d'un esclave Si le vendeur jugeait l'opposition mal fondée, il pouvait
corroyeur; une inscription de Delphes 11 estime à dix en demander la mainlevée et réclamer des dommages et
mines un Te^vfraç ctxuteô;; mais il n'est pas admissible que intérêts en réparation du préjudice qu'elle lui avait causé.
le prix courant des ouvriers en cuir ait été si élevé au L'action intentée par le vendeur pour arriver à ce résultat
iv° siècle avant J.-C. E. Caillemer. était l'dhtojipSfawoç Si'xr] \ E. Caillemer.
APOPHORETA ('Amxpo'piiiTa). — Cadeaux que les convi APORRHETA fA-oppV<x). — Terme générique employé à
ves emportaient à la fin d'un festin. Le nom est grec, et un Athènes pour désigner un certain nombre d'expressions
témoignage prouve que les Grecs, au moins à la cour des injurieuses, déterminées par la loi \ dont il était défendu
Ptolémées, connurent en effet cet usage 1 ; tous les autres de se servir en tout temps, en tout lieu et à l'égard de
exemples appartiennent aux Romains de l'empire. On dis toutes personnes. Parmi ces expressions, nous trouvons les
tribuait des apophoreta, particulièrement aux fêtes des Sa- suivantes: àvîpocpôvo;, homicide ; itotTpaXot'aî, nirrpaXofaç, par-
* Xen. De rep. A th. I,g 11. — 5 Xen. De vectig. IV, 14 et 53 ; cf. Biichsenschutz, — 3 Luc. Pscudol. 12 ; Plat. De leg. VII, D. 383 ; Bekkcr, Aneed. graeca, I, p. 5.
Besitz und Erwerb, p. 203, n. 2. — 6 Demosth. C. Aphob. I, § 9, B. 816.— ' Dem. Plut. De El apud Delphos, 20, D. 480. — * Plut. Alcib. 34 ; Xenopli. llist. graec.
Eod. loc. ; cf. Schsefer, Dmosthenes und seine Zeit, I, p. 243 et suW. — 6 Bœckh, I, 4, 12; Pollui, VIII, 141. — 5 Schoemann, Griech. Alterthûmer, 2« éd. II, 421.—
Staatshaushalt. der Ath. 2« éd. I, p. 102-103. — » Biichscnschiilz, Besits und « Hesvch. s. v. Mi«p«l, éd. Alb. II, 600. —1 Becker, Charikles, 2' éd. III, p. 121.—
Erwerb, p. 206. — 10 L. I. n. I. — 11 Foucart et Wescher, n. 429. BinLiooRipuiE. Schomann,Z>e eomitiis A then., Gryph. 1819, p. 50; Premier, Heitia-
APOPHORETA. 1 Alhen.VI,229, c ; cf. iv,p. 148 a; Ambros. Advirg. mit— «Mari. Yesta, Tùbing., 1861, p. 476.
XIV, 1,6.—* Schol. Juv. VI, 203.— * Sat. 56. — S Suct. Vesp. 19. — 8 Id. Cal. Al'onnilKSIS. 1 Demosth. C. Nicostr. S 10 ; Isae, De Ueneehis hered. § 2S ; Pol-
53; cf. Oct. 75. — 1 Orig. XIX, 4. — 8 Symm. Ep. II, 80 (81); V, 54 (56); IX, lux, VIII, 59. — s De Mencch. hered., § 29, D. 247. — Bibliogiuphii. Caillemer
109 (119). Berne de législation, 1S71, p. 657.
APOPHRADES HEMERAI. 1 Lucian. Pteudol. Il et 14. — s Plut. Alex. M. 14. APORRHETA. > Lysias, C. Theomn. I, § 2, D. 133.
APO — 323 — APO
ricide; Ç>ityâ<rr.i<;, lâche qui a fui en jetant son bouclier*, etc. dans la même condition que les métèques 1 [apeleutue-
Miiller ' cite encore Xo«to8ônr)ç, voleur d'habits, et àvSpcmo- ROl]. P. Gide.
oiot^î , voleur d'hommes ; mais le texte de Lysias *, sur lequel APOSTOLEIS ('ATtodToXetç). — Nom donné par les Athé
il s'appuie, ne dit pas clairement que ces deux mots ren niens à des magistrats dont l'existence ne paraît pas avoir
trassent dans les (frtd^7]Ta.Ilétaitaussidéfendu de reprocher été régulière et que l'on établissait seulement dans des
à une personne d'avoir fait le commerce sur le marche 5. circonstances spéciales1. Ils étaient au nombre de dix
La prohibition était sanctionnée par une amende de cinq désignés par l'élection et non par le sort ; le choix portait
cents drachmes sur l'ensemble du peuple et n'avait pas lieu par tribu
On appelait encore inôÇfat* les choses dont l'exportation Ils exerçaient, sous la surveillance et le contrôle du sénat *,
élait interdite7 (xi pi) l&yûyiuM 8) ; tels étaient les objets les attributions suivantes : lorsqu'une expédition maritime
nécessaires pour la construction et pour l'équipement des était résolue, ils veillaient à ce que la flotte fût prompte-
flottes: les bois de construction, la poix, la cire, le chanvre, ment armée et accéléraient son départ • ; ils pouvaient
les cordages, les outres pouvant renfermer l'eau po faire mettre en prison les triérarques qui ne s'acquittaient
table etc. L'exportation des céréales et de beaucoup pas à temps de leurs obligations6; enfin, quand des contes-
d'autres produits nécessaires à la subsistance de l'Attique talions s'élevaient entre les triérarques, à l'occasion de la
était également défendue. E. Caillemer. restitution des agrès appartenant à l'État, que les comman
APOSTASIA. — Sous les empereurs chrétiens, des lois dants des navires devaient se transmettre les uns aux autres,
nouvelles frappèrent les crimes commis contre la religion les (Îtcootoaeïç étaient chargés d'instruire l'affaire concur
orthodoxe [iiaehetici, pagani], notamment Vapostasia ou remment avec les inspecteurs des arsenaux7. E. Cailleher.
abandon de la foi catholique. Constantin défendit aux APOTHECA fATco6iixr]). — Endroit où l'on serrait des
chrétiens d'embrasser le judaïsme [judaei], sous peine de provisions quelconques1, et plus particulièrement une pièce
la confiscation; Théodose, Valentinien et G ratien pronon dans la partie supérieure de la maison romaine, où l'on
cèrent la perte du droit de tester et de recevoir par testament plaçait les amphores contenant le vin. Cette pièce, tout à
(lestamenti faclio), contre les chrétiens 1 qui reviendraient fait distincte de la cella vinaria, était située au-dessus du
au paganisme. En 391 Valentinien, Théodose et Arcadius fumarium ; on en a conclu que le passage de la fumée à
ajoutèrent à cette peine l'infamie perpétuelle *. Cependant, travers la pièce devait contribuer à améliorer le goût du
en général , ces constitutions maintiennent le droit de vin *. D. Ramée.
succession ab intestat au profit des plus proches parents APOTHEOSIS ('AnoOÉwo-iç), CONSECRATIO. — Apothéose,
des apostats *. En 426, les actions fondées sur l'apostasie déification d'un mortel.
furent déclarées perpétuelles et les parents chrétiens Le naturalisme était le principe de la plupart des reli
purent réclamer indéfiniment contre les testaments, ou gions antiques ; mais comme les anciens peuples se repré
les donations et ventes frauduleuses des apostats. Le pro sentaient leurs dieux sous les traits des hommes, ils arri
sélytisme * était d'ailleurs plus sévèrement atteint, car, vèrent aisément à croire que les hommes pouvaient devenir
outre les incapacités précédentes 7 , Yauetor persuasions des dieux. Cette croyance avait pénétré à des degrés diffé
était menacé, suivant les circonstances, de mort et de rents chez une grande partie des nations de l'ancien monde.
confiscation. G. Humbert. En Égypte, les Pharaons se donnaient le titre de « fils
APOSTASIOU DIKÉ ('Airo<ro«n'ou Sîxij). — On appelait du soleil, » les monuments nous les montrent adorant leurs
à-<xrraGeov, abandon, l'ingratitude de l'affranchi à l'égard prédécesseurs. Ils réunissent si bien en eux la nature di
•de son patron. Nous ignorons quels étaient précisément vine et la nature humaine qu'on les voit quelquefois s'ho
les devoirs imposés à l'affranchi en retour de la liberté que norer eux-mêmes et offrir un culte à leur propre image.
son patron lui avait donnée ; nous savons seulement qu'il Les Ptolémées recueillirent avec grand soin cette part de
devait prendre celui-ci pour npoordrern chaque fois qu'il leur héritage. Ils organisèrent solennellement dans leur
agissait c i justice. Le patron qui avait à se plaindre de son capitale le culte de tous les princes qui avaient gouverné
affranchi, pouvait, soit le détgnir dans sa prison privée, l'Egypte depuis Alexandre. La célèbre inscription de Ro
soit intenter contre lui l'omodranfou S(xt). Cette action était sette nous montre que le roi régnant, majeur ou mineur,
une action privée, appartenant au patron seul, et portée était tenu pour dieu comme les autres et associé aux hom
devant l'archonte polémarque. Si l'affranchi était con mages que recevaient ses prédécesseurs
damné, on le vendait comme esclave, et le prix de vente Les Grecs admettaient l'existence des héros ou demi-
était sans doute donné en indemnité au patron ; si c'était, dieux, c'est-à-dire d'êtres issus d'un dieu et d'une mortelle
au contraire, le patron qui succombait, il était déchu de et participant des deux natures [héros]. Parmi les héros
tous ses droits de patronage et l'affranchi se trouvait alors on rangeait ordinairement les fondateurs de villes et les

> Lys. /. c. I, g 6 et «.; II, § 3 et s., D. 134 et 137. — » In Pauly's Real- Platncr, Quaestiones de jure crim. roman. Marburg,18 42, p. 265 et suit. ; RudoriT,
mcycl. t. II, p. 14. — * Lys. C. Thcornn. I, g 10 et II, g 5, D. 134 et 137. Rûmische Rechtsgeschichte, Leipzig, 1859, II, p. 369.
— » Demosth. C. Eubulid. g 30, R. 1308. — « lsocr. C. Loch. § 3, D. 276 ; Lys. APOSTASIOU DIKÉ. ' Demosth. C. Aristog. I, g 65 ; Diog. Laërt. IV, 46. —
C. Thcornn. I, g 12, D. 134. — 7 Aristoph. Remue, 362 et suiv. et Sehol. Ad h. I. Bim.ioGRipniB. Perrot, Le droit public d'Athènes, Paris, 1867 ; c. m, g 13.
— » Bekker, Anecd. gratta. I, p. 434, 8. — » Boeckh, Staatsh. der Ath. 2« éd. APOSTOLEIS. 1 Demosth. C. Everg. g 26, R. 1147 ; cf. Hudtwalckcr, Diàteten,
1, p. 76 ; Bûchscnschtilz, Desitz und Erwerb, p. 549 et s. Voir notre Étude sur p. 71, et Mcicr, Attische Process, p. 113. — « Bekker, Anecd. graeca, I, p. 203 et
les institution commerciales d'Athènes. 1865, p. 10 et s. et Revue critique de 4 5. — » ltocckh, Staatshaush. der Ath. III, p. 56, 171, 210. — » Dem. C. Everg.
jurisprudence, XXVII, p. 58 et s. §5 33 et 37, R. 1149-1150.— tPollux, VIII, 99; Harpocr. éd. Bekker, p. 30; Suid. éd.
APOSTASIA. 1 C. 1 Cod. Theod. De Jud. XVI, 8, De apost XVI, 7 ; C 1 Cod. Just. Bcrnhardy, p. 654 ' Dem. De Corona, g 107, R. 262 ; De Corona trier, g 4,
Il', apost. I, 7. — » C. 1, 2 Cod. Theod. XVI, 7, et 6, 7, cod. — » C. 5 Cod. R. 1229. — ' Dem. C. Everg. § 26, R. 1 146 ; cf. Ulp. Schol. in Demosth. R. 262, 18,
Theod. eod. — * C. 1 et 6 eod. — * C. 7 Cod. Theod. eod. — « 11 était déjà puni Ad. Didot, p. 59C ; Plalner, Process und Klagen, II, p. 97 et s.
s jus le paganisme à l'égard des juifs ; Lamprid. Alex. 17 ; Paul. Sent. V, 22, 3, 4. APOTIIECA. 1 Cic. InVatin. 5; Phil. Il, 27. — « Hor. Carm. III, 8, H, et III,
— 7 C 3 Cod. Theod. h. lit.; C. 1S Cod. Just. De Jud. 1,9; C. 5 Cod. Just. De 21, 27 ; Sat. II, 5, 7 ; Colum. 1, 0, g 20 ; Calcn. De antid. I, 3 ; Vitr. VI, 5 ; Plin.
apost. I, 7. — Bibliogupbu. Rein, Dos criminal Recht der Rômer, Leipzig, 1858, Ep. II, 17.
p. 895 et 896; Cothofrcdus, Ad Codiccm Theodosian., XVI, 7, tome VI, p. 223-231; APOTIIGOSIS. 1 Lclronnc, Inscript, de l'Égtjple I. p. ÏW.
APO — 324 — APO
éponymes de nations qui étaient devenus illustres (ÈTtojvt,Lioi, ainsi que la reproduction du temple qui fut bâti à César
xtfarai, op£/)Y£Tai), et ils recevaient un culte : on leur assi après que le sénat l'eut proclamé dieu 9. Sur celle qui est
mila par la suite, et on admit aux mômes honneurs des
hommes remarquables par des mérites extraordinaires.
Héraclès, « le favori et l'orgueil des Hellènes *, a fut placé
dans l'Olympe, quoiqu'il eût commencé, d'après la lé
gende généralement acceptée , par être un homme, et mis sur
le même rang que les immortels [hercules]. Cet exemple
porta plus tard ses fruits. A l'époque de la guerre du Pélo- Fig. 385. Monnaies de Jules César. Fig. 386.
ponèse, le Spartiate Lysandre, vainqueur des Athéniens, reproduite fig. 386, on voit l'étoile au fronton du temple,
fut adoré dans l'Asie Mineure *. Quand la Grèce eut perdu et sur la frise ces mots : divo ivl.
sa liberté, tous les tyrans qui l'asservirent reçurent tour L'exemple était donné. Le successeur de César, Auguste
à tour les honneurs divins. Des temples furent élevés à eut à se défendre contre l'empressement des peuples qui
Flamininus, après la défaite de Philippe, et l'on composa, voulaient â toute force le diviniser. La conduite qu'il tint
pour le célébrer, des hymnes qui se chantaient encore en cette occasion fut très-prudente : après la victoire d'Ac-
du temps de Plutarque *. Après lui les mêmes hom tium.il permit à la province d'Asie et à celle de Bithynie de
mages furent prodigués à presque tous les proconsuls, lui élever des temples à Pergame et à Nicomédie, mais à la
aux plus mauvais aussi bien qu'aux meilleurs. La Sicile condition que son culte y serait associé à celui de la déesse
institua des fêtes en l'honneur de Verrès, et la Cilicie Rome et qu'aucun Romain n'y prendrait part 10. Les autres
bâtit un temple à son gouverneur Appius, le prédéces provinces profitèrent de cette permission. Vers l'époque
seur de Gicéron, qui l'avait entièrement ruinée. de la guerre des Cantabres s'éleva l'autel de Tarragone ",
C'est à Rome que l'apothéose a pris sa forme la plus ré et en 742 celui de Lyon (fig. 387), autels monumen
gulière et la plus curieuse; elle y a produit des consé taux, auprès desquels l'Espagne citérieure et les Gaules
quences religieuses et politiques fort importantes : c'est
là aussi qu'il convient surtout de l'étudier. Les Romains
semblaient pourtant par eux-mêmes n'être pas trop portés
à mettre des hommes dans le ciel. Leur mythologie primi
tive contient peu de héros. On raconte que leur premier
roi, Romulus, fut divinisé après sa mort et identifié avec le
dieu sabin quirinus ; mais après lui, aucun autre person
nage de leur histoire légendaire n'obtint le même honneur.
Le seul précédent qui pouvait autoriser chez eux l'apo
théose, c'était cette croyance fort répandue qu'après sa ïlg. 3sï- Autel de Home et d'Auguste â Lvou.
mort le père de famille devenu dieu sous le nom de Lare vinrent célébrer des fêtes en l'honneur de Rome et d'Au
protège les siens [lares]. Comme l'État est constitué sur le guste l*. Quant à la conduite que tint Auguste au su
modèle de la famille, il est naturel que le roi aussi bien que jet de l'introduction de son culte dans Rome et dans l'I
le père soit divinisé et devienne le Lare de l'État. Le premier talie, les écrivains ne sont pas entièrement d'accord.
prince à qui l'apothéose ait été officiellement décernée à Dion Cassius prétend 15 que dans toute l'Italie personne
Rome après Romulus fut Jules César. De son vivant, le sé n'osa lui rendre les honneurs divins de son vivant ; •
nat, qui ne savait qu'imaginer pour le flatter, avait décidé mais cette affirmation est démentie par les inscriptions.
qu'on lui élèverait une statue avec cette inscription : « c'est Elles nous montrent que, pendant qu'il vivait encore,
un demi-dieu » ; puis, allant plus loin encore, on décréta il avait des prêtres et des temples à Pise, à Pompéi, à
qu'on lui bâtirait un temple où il serait adoré sous le nom Assise, à Préneste, à Putéoles, et dans d'autres villes im
de Jupiter Julius \ Après ses funérailles, le peuple, qui le portantes u; il faut donc s'en tenir à l'opinion de Suétone
regrettait beaucoup, lui éleva un autel et une colonne de qui nous dit que, tant qu'il vécut, il n'interdit son culte que
vingt pieds à l'endroit où son corps avait été brûlé, et une dans Rome (m urbe quidem pertinaeissime abstinuit hoc ho
sorte de culte s'organisa sur cet autel improvisé. Le consul nore") ; encore essaya- t-on de bien des manières de lui
Dolabella fit détruire la colonne et disperser ceux qui ve faire violence. Il ne put empêcher que dans les chapelles
naient y prier; mais après la victoire des Triumvirs, en 712, domestiques on ne lui élevât des autels où l'on venait at
le sénat fut contraint de ratifier l'apothéose populaire et tester sa divinité l6. Il avait rétabli les compitalia et réparé
donna officiellement à César le nom de divus Julius *. Pen les chapelles consacrées aux Lares des carrefours. Ces Lares
dant les fêtes brillantes qui furent célébrées en l'honneur étaient au nombre de deux, on en ajouta un troisième, le
du nouveau dieu, une comète parut dans le ciel. « L'ap génie d'Auguste, et l'ensemble prit le nom de Lares impé
parition de cet astre, disait Auguste dans ses mémoires, riaux {Lares Avgustî) ". Ainsi, du vivant même d'Auguste,
parut au peuple la preuve que l'âme de César avait été son génie, associé aux dieux Lares, reçut à Rome un culte
reçue parmi les immortels, et lorsqu'on lui éleva plus tard solennel; mais tant qu'il vécut, on n'osa pas lui élever offi
une statue sur le Forum, on plaça une étoile sur sa tête 7. » ciellement d'autel ou de temple à lui-même dans la capi
On retrouve cette étoile sur quelques médailles (fig. 385) 8, tale de l'empire. Ce n'est qu'après qu'il fut mort à Nola,

» W'clcker, Griech. GOtlerlehre, III, p. 594. — > Plut. Lys. 18; Athen.XV, pl. lui, p. 38. - « Cohen, l. I. n. 90, 91. — "> Dio, LI, 20. — » Tac. Afin. I,
p. 696 c. — * Plut. Flamin. 16. — » Dio, XLI1I, M et XLIV, 6 ; Serv. Ad Yirg. 7S ; Eckhcl, Doct. num. I, p. 57.— H Eckhcl, Doct. num. VI, p. 135; de Doissicu,
Ed. V, 36. — • Voyci, sur cet acte du sénat, la note de M. Momrasen dans le laser» de Lyon, p. 82, 113; Cohen, L L, Auguste, n. 273 ; cf. pl. vi, Tibère,
Corp. imc. lat. I, p. 183. — ' Plin. Hist. nat. II, 24. — 8 Cohen, Monn. n. 43. — ta oio, t. Z. — 1* Voyez surtout Norris, Cenotap/iia Pisana et L'Indei
imp. I, J. César, pl. m, n. 120, Ul ; cf. n. 40, 41, 49, 53 ; toy. aussi l'apothéose du recueil d'Orelli. — 15 Suct. Aug. 52. — 16 Hor. Episl. Il, 1, 15. — " Ovid.
de t. César, sur l'autel d'Auguste, au Vatican : Raoul Rochelle, Afonum. inéd. Fast. V, 140.
APO — 325 — APO

l'an 767 de Rome (14 après J.-C), qu'on lui accorda les commé pour emporter avec lui dans l'Olympe l'âme du
hommages qu'il avait en partie refusés pendant sa vie. Le prince *°. Un bûcher semblable est flguré sur un assez grand
cérémonial qu'on imagina à cette occasion servit de précé nombre de médaillesimpériales,notammentsur celles d'An-
dent et fut presque toujours employé dans la suite, quand tonin et de Marc-Aurèle. On en voit un ici (fig. 388), d'a
on accorda l'apothéose à quelqu'un de ses successeurs. près une médaille frappée après la mort de Pertinax51. Les
C'est au sénat qu'était réservé le droit de reconnaître et de beaux bas-reliefs de la colonne Antonine présentent aussi
proclamer le nouveau dieu ; il lui revenait d'après la légis quelques images relatives à la consécration des empereurs.
lation romaine Cependant, dans la suite, les empereurs Sur deux des faces du piédestal on voit la decursio
l'ont quelquefois revendiqué pour eux w. Après que le sé (fig. 389) : les soldats avec leurs armes, les cavaliers avec
nat eut décerné l'apothéose à Auguste, son corps fut en
fermé dans un cercueil couvert de tapis de pourpre et porté
sur un fit d'ivoire et d'or. Au-dessus du cercueil on avait
placé une image en cire, qui le représentait vivant et re
vêtu des ornements du triomphe. Au Champ de Mars, on
dressa un immense bûcher à plusieurs étages en forme de
pyramide [pyba], orné de guir
landes, de draperies, de sta
tues séparées par des colonnes.
Le corps fut posé au sommet
de la pyramide, et fut ensuite
entouré par les prêtres ; puis
les chevaliers, les soldats, cou
rant tout autour du bûcher {<k-
cursio), y jetèrent les récom
Fig. 388. Bûcher de Pertinax. penses militaires qu'ils avaient Fig- 390. Apothéose d'Antonio et de Faustine.
obtenues pour leur valeur. Des
centurions s'approchant ensuite avec des flambeaux y leurs enseignes courent autour du bûcher. Sur la troi
mirent le feu. Pendant qu'il brûlait, un aigle s'en échappa, sième (fig. 390), un génie ailé, le génie de l'Univers, selon

Fig. 389. Decursio aux funérailles d'Antonin


Vignoli M, ou celui de l'Éternité, d'après Visconti **, em sés tous les deux, et auprès desquels sont placés les deux
porte sur ses ailes, Antonin et sa femme Faustine, divini- aigles qui s'envolèrent du bûcher à leurs funérailles. Au-

Tertull. Apolog. 5; Histor. Aug. Maori». 6, 8. — '9 Tac. Ann. I, 78. — p. 465 et s. ; Quatrcniérc de Quincy, Mém. de l'Acad. des inscr. t. IV, Nouv. série.
» Uio, LTI, U et ».; LXII, S; Herodian. IV. 2. — «• Cohen, Op. I. 111, — s» Vignoli, Columna Anton. PU, p. 119 et s. — *» Visconti, Mus. Pto-Clem.
pl. », Pertinai, n. 28; cf. 26 et 27, et en général, Eekhcl, Iloct. num. VIII, t. V, p. 181, pl. xxix.
APO — 32b — APO
dessous du génie, Rome, dans son costume traditionnel, sur des monnaies de ces deux empereurs" (fig. 393). Un
les regarde partir, et sur son visage se peignent à la fois autre temple lui fut consacré par Livie, sa femme, au Pa
le regret de les perdre et la joie des honneurs qu'ils re latin 53 : des jeux furent fon
çoivent. dés en son honneur [ludi au
Après son apothéose, Auguste ne fut plus désigné que gustales, PALATINl].
par le nom qu'il avait donné lui-môme à César : on l'ap Nous ne suivrons pas à tra
pela divus Auguttus. Primitivement, le mot divus n'était vers l'empire, toute l'histoire
pas différent de deus. Varron penchait même à croire de l'apothéose impériale.
qu'il s'appliquait plutôt aux dieux qui l'avaient toujours Qu'il nous suffise de dire
été, tandis que deus convenait mieux à ceux qui avaient qu'elle fut souvent décernée
commencé par être des hommes {dit mânes) u, et Virgile à des princes et à des prin
a employé une fois ces deux mots dans le sens indiqué cesses qui ne méritaient guère
par Varron **, mais l'usage en décida autrement. Le mot un tel honneur , comme Fig. 393. Temple d'Auguste.
divus fut si bien réservé aux princes qui avaient été déi Claude et les deux Faustines.
fiés après leur mort, qu'on regarda comme un mauvais Cet abus donna lieu à des réclamations très-vives de la
présage pour Néron qu'un consul l'eût appelé divus dans part des gens sensés. On connaît la charmante satire de
le sénat *6. Quelquefois, mais rarement, on donna aux Sénèque contre l'apothéose de Claude, où il le représente
princes divinisés le nom d'un dieu. On trouve, dans des qui monte au ciel clopin-clopant et finirait par s'y établir,
inscriptions, Livie appelée Cérès et Hadrien appelé Ju si Auguste, qui voit le tort qu'un pareil collègue peut faire
piter18; ce genre d hommage était extrêmement usité chez à sa divinité, ne le faisait précipiter dans les enfers". On
les Grecs; les Romains paraissent y avoir toujours répu connaît aussi les vers sanglants de Lucain, dans lesquels il
gné. Cependant on possède beaucoup d'images de princes prétend que l'apothéose décernée aux Césars est une façon
et de princesses représentés avec les attributs de dieux et de punir les dieux d'avoir laissé périr la république ,s. Ce
de déesses. L'apothéose était ordinairement désignée par pendant l'apothéose dura aulanl que l'empire ; elle survécut
même au paganisme. Les premiers empereurs chrétiens fu
rent déclarés dieux par le sénat, comme leurs prédécesseurs.
Mais à ce moment l'apothéose avait à peu près perdu tout
caractère religieux; ce n'était plus qu'un hommage et une
flatterie comme une autre, qu'un prince chrétien pouvait
accepter sans trop de scrupule. Les habitants d'Hispellum
ayant demandé à Constantin de lui élever un temple, il y
consentit, « à condition, disait-il, que l'édifice qui devait
porter son nom ne serait pas souillé par les pratiques cou
Fig. 391. Apothéose de Kaustine. Fig. 392. Auguste déifié. pables d'une superstition dangereuse *. » Ce n'était donc
plus qu'un monument civil, une sorte d'hôtel de ville, où
certains symboles qu'on rencontre sur les monuments et les décurions se réunissaient pour protester de leur dé
surtout sur les monnaies des empereurs déifiés. C'est no vouement au prince et signer des décrets en son honneur.
tamment l'image d'un aigle ou d'un paon, soit placés sur Il est probable que l'empereur Gratien, qui refusa le pre
un autel ou sur un globe céleste, soit supportant l'empe mier les insignes de grand pontife, fut aussi le premier
reur et l'impératrice qui montent au ciel 19 (fig. 391). Ces qui ne fut pas officiellement appelé dieu après sa mort
princes sont représentés e"ux-mêmes, avec les attributs des L'apothéose a eu dans l'empire romain des conséquences
dieux, assis sur un trône, tenant à la main le sceptre, la politiques très-graves dont il faut dire un mot en finissant.
foudre ou la hasta pura, portant sur la tête la couronne On a vu qu'Auguste avait permis aux provinces de lui bâtir
radiée, quelquefois surmontée du nimbe. Sur une belle des temples en compagnie de la déesse Rome. Autour de
médaille d'Auguste (restitution de Titus), ici reproduite ces temples de Home et d'Auguste se réunirent partout les
(fig. 392), on voit aussi devant l'empereur un autel al députés qui formaient le conseil de la province [concilium
lumé 30. A partir de Néron, la couronne radiée se retrouve en latin, en grec koinon]. Ces réunions n'avaient lieu d'a
même sur les monnaies des empereurs vivants. bord que pour célébrer les fêtes impériales; mais bientôt
En môme temps qu'on décernait l'apothéose à Auguste, ces conseils s'arrogèrent des prérogatives importantes. Rs
on créait, pour l'honorer, un collège de prêtres [sodales envoyèrent des légati au souverain et se permirent de louer
augustales], qui se composait de vingt et un membres ti et de blâmer les administrateurs de la province. C'est par
rés au sort parmi les plus grands personnages de Rome et eux qu'une sorte de réveil de l'esprit provincial eut lieu
auxquels on adjoignit les membres de la famille impériale. dans tout l'empire. Les députés, réunis dans le temple de
Ce collège se choisit un président [klamen augustalis], qui Rome et d'Auguste, nommaient un président qui s'appelait
fut Gcrmanicus". Tibère éleva au nouveau dieu, près du en Orient grand prêtre [arcuiereus], et en Occident prêtre
Forum, un temple qui fut inauguré parCaligula; on le voit ou flaminc de la province [sacerdos, flamen] **. Ces

Serv. Ad Aen. V, 25. — »» Aen. XII, 139. — »« Toc. Ann. XV. 74. par. pl. ti, il, iiijiin; Eckhcl, Pierres du Cab. de Vienne, pl. i; Arncth. Die ant.
— « Orclli, 6IS. — t» O.elli, 5453.— "Cohen, l. /. II, pl. xit, £20 et les autres Cumeen in Wien. — »' Tac. Ann. 1, 54. — « Dio, LV1, 46; LU, 7; Eckbel,
médailles de consécration. — 80 Cohen, I, pl. îv, Octave Auguste, 481 ; \oy. aussi Doct. num. VII, p. 25 ; Cohen, i. (. Caligula, a. 18. — *» Plin. Hist. nat. XII,
l'apothéose de Titus, à la toute de l'arc qui porte son nom : Bcilori et Bartoli, Ar- 19( 42. — 5fc Scnec. Ludus de morte Cacsaris sioe apocolokuntosis. — 86 Lucan.
cus triumph. ; celle de Faustinc la jeune, de l'arc de Mare-Aurèle, .Vus. Capit. t. IV, VII, 450 ; cf. Dio, LX, 35 ; Juvcn. VI, 019. — 56 Orclli, 5580, et Momniscn, Ana-
pl. in ; de Claude, au musée de Madrid : Bartoli, Admir. rom. 80 ; et les magnifi leklen, 54. — 37 De Rossi, Inscript, christ, p. 338. — » Vovcl pour tous les dé
ques camées des cabinets de Paris et de Vienne : Mougcz, feon. rom. t. il, pl. m, tails de ces réunions, Marquardt, De provinc. Itomun. conciliis et sacerdot., iu /:'j>Ac-
iiit et a.; Clarac, Mus. de sculpt. pl. iiliii et suiy. ; Lcaormant, Icon. des em- merii epigr. t , p. 200.
APO — 327 — APP
grands prêtres et ces flamines finirent, quand on organisa n'est pas admissible; la femme ne pouvait obtenir de col-
la hiérarchie du clergé païen, sous Maximin et sous Julien, location qu'à la date du jour où l'hypothèque avait été con
par obtenir un droit de suprématie et de surveillance sur stituée et rendue publique ; elle devait laisser passer avant
les autres prêtres et furent à peu près ce qu'ont été plus elle toutes les hypothèques plus anciennes T.
tard les métropolitains du christianisme, qui les remplacè II. On donnait aussi le nom de <xTOTi'txri[xa à l'hypothèque
rent s'. Le culte des Césars était célébré aussi dans chaque établie en faveur des pupilles sur les biens de leurs tuteurs.
municipe, et. il y avait à peu près les mêmes caractères Cette hypothèque existait-elle de plein droit en vertu do
qu'au chef-lieu de la province. Le flamine de l'empereur la loi, ou avait-elle besoin d'être stipulée? Il y a sur co
était aussi le prêtre le plus important de la ville et prenait point quelques dissidences. Les uns, comme Schrader et
quelquefois le titre de flamine du municipe *°. Enfin, s'il Reiske, voient dans cette hypothèque une hypothèque lé
est vrai, comme on le croit généralement, que la corporation gale. D'autres, comme Van Assen déclarent que les textes
des àugustales, qui se composait d'affranchis et de petits cités ne conduisent pas nécessairement à cette solution;
négociants, s'était constituée pour rendre les honneurs di ils nous apprennent seulement que, en fait, lorsqu'on avait a
vins aux empereurs, elle devait former comme le dernier craindre que la fortune des pupilles ne fût compromise par
échelon du culte impérial dans les provinces. C'est ainsi le tuteur, on exigeait de celui-ci des garanties spéciales, en
que le culte des Césars s'étendit à tout l'empire et, par une dehors du droit commun, ainsi que cela avait lieu à Rome '.
série d'institutions diverses qui s'adressaient aux différentes La dernière opinion nous paraît seule exacte.
classes de la société, l'embrassa tout entière. G. Boissier. Lorsque les biens du pupille étaient donnés à bail sur
APOTIMEMA ('Aitor(|Mi!ia). — I. La femme mariée ne la demande du tuteur qui voulait se décharger de l'admi
paraît pas avoir eu, à Athènes, d'hypothèque légale ou nistration, les locataires devaient fournir des sûretés réelles
tacite sur les biens de son mari ; mais elle avait le plus sou pour la garantie de leur gestion ; ces sûretés s'appelaient
vent une hypothèque conventionnelle, désignée sous le également dmotipiLiaTa 10. L'archonte désignait des experts
nom de àTtoTi[«)j«t qui visitaient et évaluaient les biens offerts comme garan
Au moment de la célébration du mariage, le xupwç de la tie, et déclaraient si ces biens étaient suffisants pour pro
femme, qui faisait pour elle la constitution de dot (-rtuS- téger les intérêts de l'incapable. On appelait ces experts
c9at tv 7rpotx(), exigeait du mari une garantie pour assurer la àTO>Tlf*ï)T0t( ".
restitution de la dot, soit en cas de divorce, soit en cas de Pour le pupille comme pour la femme, la loi n'avait pas
dissolution du mariage par le prédécès de l'un des époux. dérogé à la règle de la publicité des hypothèques. Des Spot
L'affectation des biens du mari à la sûreté de la dot n'avait avertissaient les tiers de l'existence du droit stipulé au
pas besoin d'être constatée par un acte écrit ; elle pouvait profit du pupille 12. E. Caiixemer.
se faire en présence de témoins, dont les dépositions ver APOTYMPANISMOS ('AitoTuiiTtavt<r(j.o'ç). — Genre de sup
bales venaient, au jour de la restitution, constater l'exis plice en usage à Athènes. Le condamné était assommé à
tence de l'hypothèque. coups de bâton : «fotoTUjATcavfoai, dit le Lexique des Rhéteurs,
Quels étaient les biens qui pouvaient être offerts en ga tÔ Tu[/.Ttotvt[> à7roxTEÏvai, S îtÉp io-ti ÇûXov (SuTtEp ^ônaXov Cette
rantie à la femme? Nous croyons que les immeubles étaient peine paraît avoir été appliquée : 1° au cas de délit contre
seuls susceptibles d'hypothèque. Il est vrai que plusieurs la république. Lysias nous apprend qu'elle fut infligée à
auteurs, notamment Meier *, renvoient à un passage de une personne convaincue d'avoir eu des intelligences cou
Démosthène où il s'agit de choses mobilières : <jxeût) '. Mais pables avec l'ennemi, itapa^puxTtopEuôjievoî 1 ; 2° au cas de
on peut facilement se convaincre que, dans le texte cité, meurtre (ivSpojpo'vo;) 3 ; 3° au cas de vol (Xw7to8um'a) *.
la femme ne réclame pas sur les objets mobiliers un On discute la question de savoir si cette peine pouvait
droit d'hypothèque. L'orateur parle de choses qui ont été être appliquée à des citoyens, ou si elle n'était pas, au con
comprises dans la constitution de dot (àeyoûctti; Su eTtj èv fîj traire, limitée aux esclaves et aux étrangers. M. Georges
^potxl Tett[«)|iÉva), et dont la femme est restée propriétaire : Perrot adopte la dernière solution5; mais la première
tÎ 5è (JxeÔyi è5ts, xctl (xr)SÈv xôlv È(*wv (pÉpETE. C'est donc un nous paraît plus exacte *.
droit de propriété que la femme invoque à rencontre des Nous ne citerons pas comme exemple de répression
créanciers de son mari \ légale le fait que l'historien Dinis de Samos mettait à la
L'hypothèque de la femme mariée était, comme toutes charge des Athéniens. Ceux-ci, après une victoire sur la
les autres hypothèques, soumise à la publicité ; elle devait Hotte samienne, auraient massacré les prisonniers $ûXot; t&;
être portée à la connaissance des tiers par le moyen des xEoaXà; ouYxo'J/avtE; 7. E. Caillemer.
tfpoi On a dit qu'elle conférait à la femme un véritable APPARITORES. — I. Agents mis à la disposition des
privilège et lui donnait le droit d'être payée avant tous les magistrats romains pour leur rendre différents services, à
autres créanciers indistinctement 8 ; mais cette opinion l'occasion de l'exercice de leurs fonctions. Dans son sens
" Julian. Epist. 49 et 63. — *° Corp. bue. lat. II, 1941. — Bibliographie. — » Cf. Schoemann, Antiq. juris, p. 343 ; Wachsmuth, Hellen. Alterthums unde,
G. Pictorius, lie apoth. tam exter. gentium quam Roman., Basil-, 1558; C. Nica- II, § 103, p. 178. — • Van den Es, De Jure famil. apud Athen., 1864, p. 45. —
sius, De numo pantheo Badriani, Lugd., 1690 ; Menken, Consecr. Augustorum ex « Wachsmuth, Bell. Alterth., 2- éd., U, § 103, p. 178-179. — ' Voir notre Étude
nvernis illustr., Lips., 1694; et in Op. academ, 1734, p, 1 ; Hongault, Honneurs divins sur la restitution de la dot à Athènes, 1867, p. 36 et suit. — * Adnotationcs ad
rendus aux gouvern. de province sous la rép. rom., dans les Mém- de l'Acad. des Gaium, 1, p. 129. — » Gaius, I, § 199. — "> Voir notre Étude sur le contrat de
laser.; Schôpflîn, De apoth. sive consecr. imper, rom., Argent. 1730 ; et in Com louage à Athènes, 1869, p. 20 et s. — " Harpocr., s. y. 'itonmitl. — lt Bœckh,
ment, hist. et crit., Basil., 1741; Welcker, Griech. Gùtterlehre , t. III, p. 294; Corp. insc. graec. n° 531; Revue archéol. 1867, I, p. 37; Journal des savants,
Nitzsch, De apotheosis apud Graecos vulgatae cousis, Kiel, 1810 ; Limburg.-Brou- 1873, p. 339.
wer, Hist. de la civilis. morale et religieuse des Grecs, t. VII, ch. xxxv, Groning. APOTYMPANISMOS. 1 Éd. Bekker, p. 198. — » C. Agorat. g 67, D. 158; cf.
1341 ; Harquardt, Handbuch der ràm. AlterthOmer, t. IV, p. 98 et 423; Preller, Dcm. De Cherson. g 61, R. 104. — s Lysias, C. Agoratum, g 56, D. 157 » Lysias,
H&m. Mythologie, p. 769, 2' éd., 1865. C. Agorat. g 68, D. 158. — ' VÉloquence politique d Athènes, 1873, p. 130.
APOTIMEMA. • Harpocr. *. V. 'Aim|Mrt« ; Pollnx, III, 36; VIII, 142; Etvra. — SRevue critique d'histoire, 1873,1, p. 186. — 7 Plut. Pericl. 28 ; cf. Poil. VIII, 71.
Mag. 340, 44; Petit, Leges atticae, éd. Wcsseling, p. 552-S53 ; cf. Suid. et Hcsych. — Biu.iooiap>». Hermann.fnna/atterMamer, Heidelberg, 1852, g 72, 20; Grund-
— * Ve bonis damnatorum.p.iîî, note 219. — >C. Everg. et Mnesib. g 57, n. 1156. sâtze und Anwendung des Strafrechts, Goetting, 1855, p. 37.
— 328 — APP
le plus large, ce nom comprenait tous les serviteurs scribes, mais non pas des decuriae scribarum. Enfin, le
des magistrats, moins les servi publici, c'est-à-dire cinq même individu pouvait appartenir successivement à diffé
classes de personnes 1 : les scribae, les accensi, les lictores, les rentes catégories d'appariteurs ; il n'est pas prouvé cepen
vialores, les praecones. Cicéron semble y ajouter les arcln- dant qu'il y eût à cet égard un règlement d'avancement.
tecti * ; mais ceux-ci n'étaient employés que dans des cas Nous renvoyons pour les détails relatifs à chaque classe
particuliers. Dans un sens plus restreint, le nom à'appari- d'appariteurs, aux articles spéciaux : accensus, lictor,
tores ne comprend * ni les scribae, ni les lictores, mais seu PRAECO, SCRIBA, VIATOR.
lement les autres personnes indiquées ci-dessus. Cette ac IL Sous l'empire, les anciens magistrats d'origine répu
ception du mot, comme le fait remarquer Becker4, est blicaine conservèrent leurs appariteurs 18 jugés nécessaires
moins exacte et aussi moins fréquente, car les scribes et à l'éclat de leur position officielle. Ainsi il y eut pour le ser
les licteurs eux-mêmes prêtent leurs soins aux magis vice des magistrats supérieurs trois décuries de licteurs
trats (apparent ou parent magistratibus). savoir: une pour les consuls et deux pour les préteurs. La
Ce qui caractérisait essentiellement les appariteurs decuria lictoria consularis servait également à l'empe
comme agents inférieurs, c'est qu'à la différence des ma reur 18. Les mêmes magistrats avaient en outre des huis
gistrats, du moins pendant la république, ils recevaient siers ou viatores probablement répartis en trois décu
un traitement annuel (merces) 8, payé par le trésor pu ries ; en outre, des praecones et apparitores, qui étaient
blic. Les magistrats faisaient connaître les noms de ces employés également par les censeurs, et composant trois
agents pour être enregistrés (déferre), aux questeurs, et au décuries, dont la première (decuria consularis) servait près
temps de Fronlin, aux préteurs de Yaerarium 6, et déli du prince Tant que les questeurs urbains conservèrent
vraient les mandats de payement. Les scribes et Ubrarii l'administration du Trésor [aerarium], ils eurent à leur dis
étaient logés in locis publicis, d'après les ordres des magis position trois décuries de scribae quaestorii, formant un
trats qui les employaient 7. collegium, une décurie de viatores quaestorii et de praeco
Les apparitores se recrutaient fréquemment parmi les nes. Tous ces agents passèrent ensuite au praefectus aera-
affranchis 8. Dans les guerres civiles, on vit des esclaves rii*. On trouve auprès des tribuni plebis des scribae tri
employés comme appariteurs, abus proscrit par un édit bunitii, viatores tribunitii, praecones tribunitii, formant sans
de l'an 716 de R. (38 av. J.-C.) '. Rien ne s'opposait à doute autant de décuries n ; près des édiles curules, des
ce qu'ils fussent ingénus, pourvu qu'ils appartinssent à scribae et des praecones, mais pas de viatores *. Les scribes
la classe plébéienne 10. Les scribes étaient les plus con et les hérauts composaient également des collegia soumis
sidérés et tenaient même un rang honorable " ; déjà la ensemble à la direction de deux curateurs choisis annuel
loi célèbre de XX quaestoribus 11 ou lex Cornelia de scri- lement par l'empereur **. Les édiles curules avaient des
bis, viatoribus et praeconibus, au temps de Sylla (en 673 viatores dès la seconde guerre punique Parmi les ap
île Rome, ou 81 avant J.-C), prescrivait de prendre les pariteurs des édiles plébéiens, on ne connaît avec cer
viatores et les praecones parmi les citoyens romains titude que des viatores, obtenus en vertu d'une loi Pa-
ce qui peut s'appliquer à des affranchis. Chacune des piria î8, qui, d'après la conjecture de M. Mommsen, aurait
cinq classes, c'est-a-dire les scribes, les licteurs, les accensi établi les aedilcs céréales Les triumviri capitales et
ou ordonnances, les messagers ou huissiers (viatores), et les quatuorviri viarum curandarum [magistratus minores] ne
les hérauts (praecones), constituait une corporation (cor paraissent avoir eu ensemble qu'une décurie de viatores™.
pus) ; elle se divisait en décuries [decuria], qui tiraient Il ne paraît pas que les accensi des magistrats supérieurs
leur nom du magistrat près duquel elles pouvaient exercer [accensus] aient d'abord été organisés en corporation (col
leurs fonctions (viatores consulares, aedilicii, tribunitii). Les legium). Cependant on en trouve une centurie sous l'em
consuls, ou d'ordinaire chaque magistrat, choisissaient les pire !9. Quant aux nomenclatores 30, ce n'étaient que des
appariteurs (leyerc, sublegere) " au sein de cette décurie. employés privés et non des appariteurs.
Élus pour un an, ils étaient habituellement renommés, en Les corporations d'appariteurs avaient leur place mar
sorte que leur emploi pouvait être considéré comme indé quée dans les cérémonies et processions publiques 31 . Sous
fini. Celui qui était choisi par un magistrat pouvait lui faire le bas-empire les employés du palais, et à la suite les bu
agréer un remplaçant (vicarius), et comme la place était reaux des magistrats furent organisés militairement en
lucrative, on en fit bientôt un office vénal que le titulaire compagnies (scolae). G. Humbert.
cédait moyennant finance, comparare decuriam vel sm'ptuin. APPELLARE. — Au temps de la république romaine,
Chaque décurie avait ses chefs nommés mat^'srr/ ou, à raison le mot appellare désignait le fait d'un citoyen qui invo
de leur nombre, sexprimi ou decemprimi. On doit obser quait à Rome l'intervention d'un magistrat contre un acte
ver qu'il n'y avait de licteurs que près des magistrats ayant ou une décision d'un autre magistrat égal ou inférieur au
imperium, et qu'auprès de ces derniers on rencontre des premier *. En effet, le principe fondamental de la constitu-
APPAnlTOIlES. I f.ic. Verr. III, (16, 78 ; Frontin. De aq. 100. — « Cic. De leg. I.;. p. 14. — 1» Gruler, p. 28, 4, 5 ; Muratori. 700, 2 ; Orelli, 3197, 3252 ; Mommsen,
aqr. II, la. — » Val. Mai. VU, 3, 9; Sud. Domit. Il ; Cic. Verr. III, 66 ; Plut. Cat. p. 16.— «0 Orelli, 4921 ; Mommsen, p. 20. — 81 Becker, i. /.II, 2, p. 357 ; Mommsen,
min. 16. — * Mm. Allerth. II, 2, p. 370. — 5 Cic. Verr. III, 78 ; Catil. II, 7 ; Corn. p. 29 à 39. — " Mommsen, p. 39, 40. — » Gcll. XIII, 12. — '» Mommsen, p. 41.
»p. Eumen. 1. — 6 Front, De aq. 10:1. — 7 Tub. Ileracl. p. M 7, in Haubold, Monum. — « T.-Liv. XXX, 39.- *6 Orelli, 2253. — >' Mommsen, p. 38 et 47.— »« Gruler,
leg. — » Tacit. Annal. .Mil, 27 ; Cic. P. Quint. 3. — » Dio Cass. XLVI1I, 43; lex 169, 5 ; Muralori, 2026, 3 ; Mommsen, p. 48. — »' Vatic. frag. 13#. — *> Mommsen,
de vig. qu. I. 8. — 10 Til. Liv. II, 55 ; Valcr. Maxim. IX, 1, 8; Tit. Liv. XL, «9. p. 3 ; fr. 7, g 5 Dig. XXXVIII, I ; fr. 44, S 2 Dig. XL, 13. — »1 Dio Cass. LXX1V, 4.
— Il La considération des appariteurs tendit à s'accroître : Cic. Dl Verr. III, 66, 80; — Biblioghapihk. Mommsen, Ad legem de scribis, 1844 ; Id. De apparitoribus viag.
In Catil. IV, 7 ; Pro domo, 28 ; Sueton. Claud. I. — H Ap. Haubold, Momtm. leg. roman. 1847, et in Ithein. Muséum fùr Philologie. 1848, p. 1-57 ; Id., in Annali del.
p. 85-89 ; RudurIT. Itùm. Rechtsgesch. I, S 81, p. 213. — •» Mommsen, Ad leg. Instil. archeolog. 1849, p. 209-220 ; Lange, Rômische Alterthùmer, Berlin, 2- édil.
de scribis, 1813; Gottling, Lex de sciïb. 1S44; voyez les fragments de celle loi: 1803, S 90, p. 768 et suiv. ; Becker-Marquardt, Handbueh der rôm. Alterthùmer, II, 2,
Fggcr, Reliq. sirm. lat. p. 285; cl Dio, XLVIII, 43. - » Cic. ProCluenl. 45; Tit. p. 370 et II, 3, p. 272 à 275, Lcipz. 1849 ; Walter, Geschichte des rôm. Rechts, 3«
Liv. XL Î9 ; Lex de XX quaesloribus, V, 31.— « Cic. Verr. III, 79 ; Schol. Juvcn. éd. Bonn, 1860, n° 143.
3 ; V, Suel. Vit. Horat. — I» Bcckcr-Marquardt, ROm. Alterth. 11,3, p. 272. APPELLARE. 1 Tit. Liv. II, 18, 27 ; III, 36 ; IV, Î6 ; XXXVIII, 58, 60 ; Diç. fr.
— H Montniscu, De a parit.p. Il et s. ; Fabretti, fnscr. p. 159, n< 276. - 18 Mommsen. I, § 3, De appcllat. XLIX, 1.
APP — 329 — APP
tion politique était l'équilibre des pouvoirs publics par le L'empereur, comme juge d'appel, tantôt statuait par
concours de plusieurs magistrats égaux, annuels et respon lui-même, avec l'assistance de son conseil, tantôt déléguait
sables*. De là le droit d'iNTERCESSio ou d'opposition accordé l'affaire, ?oit au sénat, soit à un magistrat ou même à un
à l'un des consuls, des censeurs, etc., contre l'acte de particulier. Peu à peu il s'établit à cet égard une espèce
l'autre Il ne faut pas confondre l'appellation d'un de hiérarchie. Ainsi on appelait d'un juge au magistrat qui
tribun (appellare tribunos ou tribunum) ou d'un collègue l'avait constitué5, des magistrats municipaux au préteur, ou
dont on sollicite l'intervention, avec le recours au peuple au juridicus, ou au président de la province *. De celui-ci,
OU PROVOCATIO AD POPULUM *. on pouvait appeler au vicaire du diocèse ou au préfet du
Au commencement de l'empire, la qualité de tribun prétoire, et du vicaire à l'empereur. L'empereur jugeait ra
accordée à Auguste à perpétuité permit de lui faire appel, et rement lui-même. Il déléguait la connaissance de l'affaire
conduisit au système de I'appellatio ou recours à un juge h d'autres, souvent au sénat 7. Théodose II établit à cet
supérieur. G. Humbert. égard une commission composée du préfet du prétoire
APPELLATIO. — Appel d'une sentence. et du quaestor palatii *. Quant au préfet du prétoire, il
Pour les Grecs, voyez anadikia, ephesis. remplaçait l'empereur, et ses décisions n'étaient pas sus
I. La faculté d'appel n'existait pas dans l'ancien droit ceptibles d'appel On pouvait seulement les attaquer au
romain; seulement plusieurs conditions étaient exigées moyen d'une supplique au prince 10 [supplicàtio], laquelle
pour la validité d'une sentence. C'est ainsi qu'elle était était une voie de rétractation et non d'appel, car c'était le
considérée comme entièrement non avenue, dans le cas préfet lui-même qui était appelé à reviser sa sentence
d'incapacité soit du magistrat, soit du juge, soit d'une des ou celle de son prédécesseur. Cette voie de recours pou
parties ; lorsqu'elle ne contenait pas condamnation à une vait être employée jusqu'à l'expiration des deux ans qui
somme d'argent; lorsqu'elle était en contradiction directe suivaient le remplacement de celui qui avait rendu la
et manifeste avec les lois, etc. sentence.
La restitutio in integrum était possible contre une L'instance en appel était toujours une extraordinaria
sentence valable, comme contre tout autre acte, lorsqu'il cognitio, terminée par un decretum du juge d'appel [ordo
existait une juste cause, telle que minorité, absence, judiciorum]. L'appel était suspensif de l'exécution de la sen
dol, etc. *. Quant au droit pour un magistrat d'empê tence attaquée. Il pouvait être interjeté, soit de vive voix
cher ou de casser les actes d'un magistrat égal ou infé apud acta ", au moment où la sentence était rendue, soit
rieur, il n'existait pas à l'égard des sentences, parce que par un écrit, au moyen d'un libellus appellatorius 1S, conte
celles-ci étaient l'œuvre d'un juge et non point l'œuvre nant la désignation de l'appelant et de la sentence atta
d'un magistrat. quée. L'appelant devait en outre obtenir du premier juge
L'empire modifia ces idées. On s'accoutuma peu à peu des Utterae dimissoriae, ou apostoli c'est-à-dire un écrit
à considérer le pouvoir du juge comme une délégation du destiné à faire connaître l'appel interjeté, et accompagne
pouvoir du magistrat, à confondre la datio judicis et la des pièces du procès. Sous Constantin les appels à l'em
delegatio jurisdictioni» [jurisdictio]. Dès lors l'empereur, en pereur devaient être accompagnés d'un rapport du juge
vertu de son pouvoir tribunitien, qui s'étendait dans tout qui avait rendu la sentence attaquée. Ce rapport (consulta-
l'empire, intervint pour réformer les sentences des juges, tio, relatio w), pouvait être combattu par les parties au
môme en dehors des cas de restitution en entier, en délé moyen de libelli refulatorii.
guant ordinairement son pouvoir à certains magistrats \ Le délai d'appel a varié de deux à dix jours. La peine
Lorsqu'une sentence était nulle, le condamné pouvait, d'un appel téméraire consistait à payer quatre fois les
au lieu d'appeler, se borner à attendre que la judicati frais 16 et le tiers de la valeur en litige. Cette dernière pé
actio fût intentée contre lui, et opposer alors la nullité de nalité fut ensuite remplacée par une amende laissée à la
la sentence, auquel cas il subissait une condamnation au discrétion du juge ". L'appelant devait assurer l'exécution
double s'il succombait. Les textes parlent aussi d'une de ces condamnations éventuelles en donnant caution ou
revocalio in duplurn *, dont la nature n'est pas bien connue. en faisant un dépôt préalable 18 . R.
11 est probable qu'elle avait lieu dans le cas où le con IL Nous devons considérer à part et examiner de plus
damné, au lieu d'attendre l'action judicati, agissait lui- près la faculté d'appel dans le droit répressif romain. L'ap
même pour faire déclarer la sentence nulle (et non pas pel dans le sens propre du mot n'existait pas, à l'origine,
simplement injusta), cas auquel il était raisonnable qu'il comme un recours hiérarchiquement organisé à un tribu
fût exposé à la même condamnation au double que s'il nal supérieur contre la condamnation prononcée par un
eût attendu l'action judicati. Sous Justinien, il n'est plus juge inférieur.
question de cette revocatio. Sous la royauté, le roi, juge suprême, pouvait faire élire

I Cic, De legib. III, 4. — » Zumpt, Crim. Recht der Rimer, I, p. 138 et s. ; Annal. XIV, 28. — 8 C 32, pr. et § î-4 Cod. Just. De app. VU, 62 ; J. Lyd. De
Caes. Bell. rio. III, 20 ; Val. Haï. VII, 7, § 6 ; Cic. In Verr. II, 1, 46 ; Ascoiv mag. II, 15, 16. — » Fr. 1, § 1 Dig. I, 11.— » C. 5 rjod. Just. I, 19; C unie. Cod.
Ad h. I. p. 19Î ; Orelli, Lex Flav. Salpens. 27. — * Tit. Liv. XLIII, 16 ; Tfoyez ce VII, 42. — » Fr. 2 Dig. De app. XLIX, 1 ; C 14 Cod. De appel. VII, 62.— « Kr.
pendant Cic. De leg. III, 3, 6, et Zumpt, 1. 1. I, p. 417 et 425. — Bibliographie. 1, § 4 Dig. De app. XLIX, 1. — " Dig. XLIX, 6; Paul. Sent. V, 34.— » Cod.
Ortolan, Hist. de la législation romaine, 6" éd. Paris, 1858, I, n° 209 j Rubino, De Theod. XI, 30. — « C 5 Cod. Theod. XI, 39 ; Symm. Epist. X, 48, 52, 53. — M Ta-
tribun, potest., Cass. 1825; Walter, Geschichte des rimisch. Rechts, 3« édit. Bonn, cit. Ann. XIV, 28. — " C 3 Cod. Theod. I, 5. — « Paul. Sentent. V, 33 et 37.
1860, n»« 759, 811, 859; RudorfT, Rôm. Reehtsgeschichte, Leipzig, 1859, II, g 85, — Bulioorifhii. Conradi, Jus provocationum ex ant. Rom. erutum, Lips. 1723 ;
|i. 281 ; Laboulaye, Estai sur les lois crim. des Romains, Paris, 1845, p. 72, 428 et et in Opusc. min., éd. Pcrnice, Halle, 1828; Kiistner, Bist.prmoc. et appell. apud
tmy.; A. W. Zumpt, Criminal Recht der Rimer, 1, 1, p. 78, 166, 211 et s., 417; vet. Rom., Lips. 1740 ; Noodcn, De appell. Amstel. 1838 ; Savigny, System des
• Ch. Giraud, les Tables de Malaga, lettre 5«, p. 68 et s., Paris, 1856, i' édition. rim. Rechts, VI, p. 485 et a.; Bethmann-HoUweg, Gerichlsverfassung, Bonn, 1834;
APPELLATIO I. • Dig. XLIX, 8 ; Cod. Just. VII, 46. — » Fr. 16, § 5 Dig. De Puchta, Cursus Institut. II, g 180-187 ; Walter, Geschichte des rim. Rechts, 3«édit.
mmor. IV, 4; c. 2, 4, 5 Cod. Just. H, 27. — » Dio Cass. LI, 9 ; LU, 33 ; LIX, 8 ; Bonn, 1860, II, n" 759, 859, et suiv. ; lA.,Bist. de la procédure civile, trad. par La-
fr. 40, De reb. cred. XII, 1. — * Paul. Sent. V, 5-7 ; Cod. Greg. X, 1 ; Rudorff, Rôm. boulaye, Paris, 1841, p. 96 et suit. ; RudorfT, Rim. Rechtsgeschichte, II, p. 41, 281,
Jiechtsgesch.il, p. 312, 318. — » Fr. 1 Dig. XLIX, 3. — » Fr. 1, S 3 et 4 Dig. XXXIX, 451 et s., Leipzig, 1859 ; Relier, Procéd. civile, 2» éd. Berlin, 1855, trad. par Cap-
2; Frag. Vat. 232, fr. 2 Dig. XLIX, 2.-7 Capitol. M. Ant. 10 ; Suct. Nero, 17 ; Tac mas, Paris, 1870.
I. 42
APP — 330 - APP
des duumviri pour un cas spécial, et admettre contre leur un instant par le caprice de Caligula '*, se régularisa et se
décision un recours au peuple 1 [provocatio] ; mais ce n'é généralisa '*. L'empereur dut organiser son conseil, à l'aide
tait pas là une institution permanente et régulière. duquel il jugeait 15 [consilium, auditorium, consistorrm
Sous la république, la création de collèges de magistrats principis]. La communication de ce droit au sénat ne
égaux en pouvoir permit à celui qui était condamné par fut guère que transitoire L'appel ne fut plus un moyen,
l'un d'eux d'en invoquer un autre contre la sentence du analogue à Yintercessio, de paralyser ou d'annuler une
premier (appellare collegam), et de mettre en mouvement sentence, il devint un mode de recours au tribunal su
le droit d'intercession [ intercessio ] qui appartenait à prême de l'empereur, qui put réformer la condamnation
chacun d'eux. C'est l'application du principe de la parpo- en dernière instance ". Le prince, suivant le langage que
testas * ; à plus forte raison, un magistrat ayant une au Dion Cassius prête à Mécène, devint le supérieur de tous
torité supérieure [imperium majus) aurait-il pu briser une ceux qui jugeaient comme de tous ceux qui comman
sentence injuste ; le plus souvent le citoyen condamné par daient 19 ; les magistratsfurentainsi soumis à une hiérarchie
un magistrat était admis, s'il était à Rome ou dans le rayon comme délégués de l'empereur 19. L'appel à un juge plus
d'un mille, à invoquer l'aide d'un des tribuns ', ce qu'on élevé fut admis en règle générale, au moins sous le bas em
nommait appellare fribunum [tribunus plebis], et arrêtait pire *. On appliqua à Yappellatio en matière criminelle les
ainsi, en obtenant son intercessio, l'exécution de la sen mêmes conditions et formes qu'en matière civile notam
tence ; ce n'était pas une seconde instance, car l'opposi ment en ce qui concerne les délais **, l'effet suspensif de
tion du tribun cessait avec la durée de sa charge; un l'appel w. Le refus de l'admettre ou de suspendre l'exécution
recours au peuple (provocatio), permis seulement au cou était considéré comme une violence publique[vis publica] •*.
pable qui n'avait pas avoué * ou qui n'avait point été pris L'appel était ouvert non-seulement au condamné, mais
en flagrant délit, pouvait seul saisir une juridiction sou môme à un tiers **, excepté dans les cas où l'intérêt publie
veraine de la connaissance du délit. Encore le recours ne paraissait exiger une punition immédiate, comme pour les
fut-il pas possible contre les commissions déléguées par le brigands célèbres, les auteurs de conspiration, etc. ■*. Le
peuple s [quaestio], ni contre les magistrats extraordinai juge remettait aussi à l'appelant un acte constatant qu'il
res e, ni contre les sentences des généraux pour crime mi avait interjeté appel (ripostoU™, litterae dimissoriae). Le droit
litaire, ni contre les condamnations correctionnelles7. Nous de se faire représenter par un mandataire [procurator] était
renvoyons aux articles provocatio, judicia publica, comi- restreint aux cas de peine n'excédant pas la rélégation **.
tia, les développements sur les conditions et formes, soit La mort de l'accusé mettait fin à l'accusation et rendait
du recours, soit de la justice criminelle exercée par le l'appel inutile, mais non au point de vue des effets pécu
peuple dans les comices. niaires du premier jugement **, auquel cas l'héritier devait
Sous l'empire, le prince réunit au commandement mi justifier l'appel. Il n'était point autorisé 30 en cas d'aveu for
litaire {imperium proconsulare) tel qu'il s'exerçait jadis en mel ou de flagrant délit, ni pour certains crimes graves,
province 8, l'inviolabilité et le droit d'intercession de la comme le rapt, la dépossession violente, ni enfin dans l'hy
puissance tribunitienne 9 à l'égard de toutes les magistra pothèse de contumace c'est-à-dire d'absence volontaire
tures anciennes, comme à l'égard des magistratures de après citation. G. Humbert.
création impériale [praefectus]. Il en résulta pour tout APPLICATIONS JUS. — Le jus applicationis ne nous
accusé et même pour tout condamné le droit d'invoquer est connu que par un seul passage de Cicéron ', qui ne
le secours du prince (appellare) et de lui demander justice nous en fournit qu'une notion fort incomplète. Voici la tra
ou même de réclamer la rescision ou la réformation d'une duction de ce passage : « Celui qui venait en exil à Rome,
condamnation prétendue injuste 10. Le droit de recours à en vertu du droit qui lui permettait d'y trouver un asile
l'empereur est devenu un privilège, remplaçant l'ancienne comme exilé, pouvait s'attacher à un citoyen qu'il prenait
inviolabilité du citoyen romain ", en vertu de la loi Julia de en quelque sorte pour patron. En supposant que cet exilé
vi publica, qui a pris la place des leges Porciae. Ce système mourût intestat, ne faudrait-il pas qu'à cette occasion un
d'appel personnel à l'empereur li(appellatio Caesaris), écarté avocat fût en état de développer en justice et d'éclaircir
APPEIXATIO O. » Dionys. 111, 22 ; Tit. Liv. I, Ï6 ; VIII, 33 ; Festus, s. v. So- LI, 19; LVIII, 3 ; LIX, 18; Tacit. Annal. XVI, 8 ; Sueton. Octav. 33; Laboula;.-,
rorium tigillum ; Val. Mai. VIII, 1,1; Cic. De rep. II, 31 ; Scncc. Epiât. 108 j A. Lois crim. p. 429. — M Dio. LU, 33. — Woeniger, Dos Provocationsverfahrni.
W. Zumpt. Crimin. Recht, I, 1. p. 85 et s. — » Cic. De legib. III, 3, 4 ; Dionys. p. 236 ; Walter, Gesch. n. 841, 859. — «OC. 20, 57, 58, 61 C. Th. De app. XI, 30,
Halic. V, 9 ; Tit. Lit. II, 18, â7 ; UI, 36, 54 ; Ch. Giraud, Tab. de Malaga, 5* lettre, c. 29 C. Jusl. De appell. VII, 62. — «• C. 6, g 3 j c. 12 C. De app. VII, 62 ; c. 7 G.
p. 68 et s.; Zumpt, 1, 1, p. 138 ; Cujas, Obsero. XXI, 33. — 3 Auxilium tribuni: Cic. J. Quor. app. VU, 65. — « Fr. 1, g 5 à 8 ; 2, g 1, 3 Dig. Quand, op. XLIX, A.
De rep. II, 33, 58 ; Tit Liv. XXXVIII, 58, 60 ; III, 20, 56 ; Dionys. VIII, 87 ; X, — M Dig. XLIX, 7.—«Paul. Sent. Y, S6,l ; fr. 7 D. Ad leg.Jul. de ui'puo.XLVIU.O.
41 ; Gell. XIU, lî; Zumpt, Crim. Itecht, I, 1, p. 196, 209 et s.; 417, 425, I, 2, — 25 Fr. 6 D. XLIX, 1 ; fr. S. g 1 et 3 D. XLIX, 4. — *> Fr. 16 D. De appell. XLIX, 1.
p. 172 et i. — » Tit. Liv. U, 4; Cic. In Catil. U, 12; Sallust. Catil. 52; Walter, — Î7 Fr. 9 Dig. XLIX, 14, De jure fisci ; fr. 1 De libell. dim. XLIX, 6. — » Dig.
Ge«cA. des rôm. Recht*, 11, 831 ; Zumpt, /. I. I, 1, p. 166 et I, 2, p. 170, 1 92, 230 XLIX, 9 ; fr. 18 D. XLIX, 1. — *» C. 6 Cod. IX, 6 ; C. tu, 66 ; Dig. XLIX, 13, A'i
et s. ; Suet. Aug. 33 ; Laboulaye, Lois crim., p. 143 ; Zumpt, 1, 2, p. 181 — » Lex pend, appell. — 30 c. 1 , 4, 7, 31 , 33 C. Th. Quor. appell. XI, 36 ; c. 15 C. Th. De
repetund. 69-72 ; Cic. In Yatin. 14; Schol. Bobbio, p. 310, Orelli ; Plut. Cic. 9. posais, IX, 40 ; c. 1 Cod. Th. Ad leg. JvL de vi, IX, 10 ; c. 1, § 3 C. Th. De rapt.
— « Tit. Liv. IV, 13 ; VIII, 33-35; Fcstus, s. v. Optima; RudorlT, Rechtsgeschklile. IX, 24 ; c. 2 C. 1. Quor. appell. VII, 65 ; C. 1 pr. C. De raptu virg. IX. 13.— « C. 1
II, | 125, p. 451 et 452 ; Cic. De leg. I, 15, 43 ; Pro Sext. Roscio, 43 ; Walter, Cod. J. VII, 65. — Biblioguaphir. Conradi, Jus provocat., in Opuscula minora,
Op. I., 859. —7 Cic. De leg. III, 36 ; Frontin. De aquaed. 129 ; fr. 1, § 4 D. De éd. Pernice, Halle, 1828 ; Walter, Geschichte des rôm. Redits. 3« éd. Bonn, 1560,
aleat. XI, 5 ; fr. 35 D. De in jur. XLVII. 10 ; fr. 2 D. De in jus «oc. II, 4 ; fr. 2, § 16, n"' 831, 841, 842, 848, 859 ; A. W. Zumpt Criminalrecht der Itùmer, I, 1, p. 78,
De or. jur. I, 2. — » Dio Cass. LUI, 17 et 32 ; fr. 8 D. I, 16 ; Laboulaye, Essai 138, 166, 19!, 397, 417, 425 ; I, 2, p. 15, 41, 170, 183 et ». 193, 231 et suiv.,
sur les lois crim. p. 429 ; Walter, l. I. 275, 276, 352, 841, 842. — » Dio Cass. LI, Berlin, 1865 ; Laboulaye, Essai sur les lois criminelles des Romains, p. 65, "i,
19; Zumpt, 1, », p. 231.— '» Suet. Octav. 33 ; Dio Cass. L1X, 8, 18 ; Fr. 1 D. A 87, 143, 428 et s., Paris, 1845 ; Woeniger, Dos Sacralsystem uud das Provoca-
quib. appell. XLIX, 2 ; Arislid. éd. Dind. I, 338 ; RudorlT, Rechtsgesch. p. 452 ; tiomverfahren der Rùmer, p. 236 et s., Lcipz. 1843 ; Eisenlohr, Provocatio, Schwe-
Walter, l. I. a. 276, 352, 359, 841, 8a9. — « Fr. 7 et 8 D. Ad leg. M. de vi rin, 1858 ; Rudorfl; Rom. Rechtsgeschichte, 11, p. 451 et 452, Lcipz. 1859 ; Gcib,
publica, XLVHI, 6; Acta Apostol. XXII, 25-29 ; XXIII, 27 ; XXV, II, 12, 21, 25; Geschichte des rôm. Criminalprocess, Lcipz. 1842.
WiUenu, Droit publ. rom. p. 83. — « Suet. Octav. 33. — » Suet. Calig. 16. APPLICATIONIS JUS. 1 De oral. I, 39. — Bibliocràfhii. Becker-Marnuanlt,
— "Dio Cass. LU, 33: LV, 7 ; Tacit. Annal. VI, 10; XIV, 50 ; Plin. Epist. VI, 2i,31j Handbuch der rôm. Alterthùmer. Leipz. 1864, 11, 1, p. U6 et note 290; Wallur,
VII, 6 ; Capitol. Mure. Anton, 24. — '» Spartiao. Hadrian. 8, 1 i ; Dio Cass. LX1X, 7. Geschichte des rôm. Rechts, 3' éd. Bonn, 1860, §§ 13, 114, 115 ; Lange, Rom. .W-
— 1« Suet. Nero, 17 ; Yopisc. Prob. 13; Tacit. Annal. XIV, 28. — H Diu Cass. terthumer, Berlin, 2« éd., 1863, 1, p. 210 et s.
APR — 331 —
pleinement ce jus applicationis si obscur et si méconnu dépouillé, il ne pouvait plus être question, jusqu'au juge
d'ailleurs? » Il s'agit évidemment là d'un droit déjà en ment rendu sur cette question d'état, de patron, ni d'âxpo-
touré d'obscurités au temps de Gicéron, parce qu'il
dépendait de l'antique institution de la clientèle [clientes]. M. Perrot8 donne une autre explication plus simple:
Le patron devait avoir des droits à la succession du client, c'était, dit-il, le patron qui servait d'intermédiaire entre le
à défaut d'héritier testamentaire de celui-ci. Quels étaient métèque et le trésor public pour le payement du u.etoîxiov.
à cet égard les effets de l'acceptation volontaire d'une Quand aucun irpoo-râ-nfit ne s'était présenté pour l'étranger
clientèle par un étranger réfugié à Rome ? Telle était la domicilié et que celui-ci n'était pas venu payer la taxe, il
question que Cicéron proposait à l'avocat digne du nom était très-vraisemblable qu'il était dans une situation irré
de jurisconsulte ; question difficile, parce que depuis long gulière et qu'il n'avait pas de représentant juridique. Le
temps sans doute les règles de droit privé relatives au re défaut de payement du u-stoixiov appelait donc l'attention
crutement et aux effets civils de l'ancienne clientèle étaient sur le métèque et l'exposait à voir signaler, par la Yf»?7!
tombées en désuétude, ou avaient été abrogées par la loi iicpoirraufou, qu'il s'était abstenu de choisir un patron.
des Douze Tables. G. Humbert. E. Caillemeb.
APROSKLÉTOS DIKÈ ('Aitp6«ùw|Toç St'xi,). — On appe APSYCIION DIKÈ ('Aij/uxwv 8(xï)). — Nous trouvons sous
lait ainsi à Athènes l'instance introduite sans un ajourne ce nom, à Athènes, une action, mentionnée par Pollux, sur
ment régulier. Si le défendeur comparaissait en justice laquelle nous sommes réduits aux conjectures. Les mots
malgré l'irrégularité de l'ajournement, cette irrégularité 5i|/Ô£(Dv Sfxai servaient sans doute à désigner les actions
était couverte ; mais, s'il ne comparaissait pas, il était pré qui, dans un intérêt religieux, poursuivaient la réparation
sumé n'avoir pas été suffisamment averti, et le demandeur des meurtres et des accidents occasionnés par des objets
ne pouvait obtenir défaut contre lui. Le demandeur ne pou inanimés; elles appartenaient à l'hégémonie de l'archonte
vait donc obtenir une condamnation par défaut contre son roi1 ou des phylobasileis, sur lesquels nous avons peu de
adversaire qu'en prouvant qu'il l'avait valablement assigné, détails, et étaient jugées dans le Prytanée [prytaneum] \
et à cet effet il devait, en l'assignant, se faire assister de E. Caillemer.
témoins ou recors (x>y]t9)pe;) pouvant venir déposer en jus AQUA. — L'usage de l'eau, dans l'antiquité, peut être
tice de la régularité de l'assignation P. Gide. envisagé soit au point de vue de la vie privée, soit au
APROSTASIOU GRAPHE ('ATtpoo-Tao-i'oo Ypaçvî). — Action point de vue du régime légal ou administratif.
publique accordée par le droit attique contre les métèques I. — Quant à la vie privée, il suffit de rappeler ici que les
qui négligeaient de se choisir un 7cpoo-TaT7)« ou patron parmi Grecs et les Romains usaient de l'eau abondamment soit
les citoyens Cette action appartenait à l'hégémonie de en boisson, soit pour les bains, soit pour le blanchissage
l'archonte polémarque*. Le métèque qui succombait était ou l'arrosage '. On buvait l'eau pure (aqua mera) ou, le
exposé au moins à la confiscation'; peut- être même en plus fréquemment, mélangée au vin* [convivium]. En été,
courait-il des pénalités plus graves *. on employait de l'eau glacée*, ou rafraîchie avec de la
D'après Suidas 5, il y aurait eu également àTtpoo-Tcto-t'ou neige ou de la glace, en prenant soin de faire bouillir l'eau
Ypa®i] dans le cas où le métèque ne payait pas le metoikion 6, avant de la congeler k ; au contraire, en hiver, on faisait
et dans le cas où il se faisait frauduleusement passer pour tiédir l'eau destinée à la boisson [calda]. On trouvera aux
citoyen. Il est certain cependant que le non-payement articles spéciaux ce qui se rapporte à ces usages et à l'em
du (jiETot'xiov était réprimé par une apagogè, et que l'usur ploi de l'eau pour les purifications [lustratio], pour les sa
pation de la qualité de citoyen donnait passage à la (jsvt'a; crifices [sacrificium], pour les bains [balneum], pour le
Ypatfrç. Comment concilier ces divers témoignages? blanchissage [fullo], pour les mariages" [nu ptiae], etc. Rap
^ Voici l'explication que propose Meier 7 : le métèque qui pelons que, d'après Jean Lydus *, on avait l'habitude de
n'avait pas de patron et ne payait pas le uetoi'xiov, celui qui boire de l'eau le I" juin pour prévenir les maladies.
n'avait pas de patron et usurpait la qualité de citoyen, II. — Au point de vue juridique, les Romains distin
pouvaient, par indulgence, être poursuivis seulement au guaient les eaux pluviales {aqua pluvia ou coelestis), et les
moyen de l'<Î7cpo<7Ta<rtou Ypa?^, dont les conséquences étaient eaux courantes (aqua profluens). Parmi ces dernières, en
moins rigoureuses que celles de l'&mfwf^ ou de la Sevfai; laissant de côté ce qui concerne la mer [mare, littus, res
vpoKpvi. La condamnation qui intervenait contre le défen communes], il faut considérer les sources [fontes] les ruis
deur, en l'obligeant comme métèque à se choisir un patron, seaux (rivus) et torrents (flumen non perenne) et les cours
le soumettait par là même au [«toixiov et lui interdisait les d'eau permanents (flumen perenne).
actes permis aux seuls citoyens. L'emploi de ràTcpoa-Taofou A. L'eau pluviale, avant de tomber, appartient au pre
Yfwtsp-^ était donc un acte de bienveillance et non pas une mier occupant; une fois qu'elle a touché le sol, le maître
application des règles du droit. Pour qu'il fût possible, il du terrain peut s'en emparer pour son usage, ou la laisser
fallait même que le défendeur reconnût, dès le début de couler vers les fonds inférieurs ; mais il lui est interdit de
l'instance, sa qualité d'étranger; car, si le défendeur sou faire aucun travail (opus facere) de nature à accroître la
tenait qu'il était citoyen, comme il conservait la jouis charge de leurs propriétaires 7, en augmentant le volume ou
sance du droit de cité jusqu'à ce qu'un jugement l'en eût la rapidité de la chute de l'eau, ou en altérant sa qualité,

APROSKLÉTOS DIKÈ. i Pollui, Onom. Tilt, 6, 62; Harpocration , s. v. Platncr, Process und Klagnn bei den Attikern, II, p. 74 et s. ; Hermano, Griech. JVt-
vatalterthùmcr, i« cd. § 58, 16.
APROSTASIOU GRAPHE. 1 Pollui, VIII, 3b. — » Poil. VIII, 91 ; Demosth. APSYCIION DIKÈ.' Pollui, VIII, 90. — »ld. TOI, 1Ï0.— Buuosufib. Wukf
C. Lacrit. g 48, R. 940. — ' Photius, s. ». limita;. — ' Harpocr. s. v. 'Ai;ornai» ; mulh, Hellenische Alterlhumskunde, Halle, 1. 11, 1846, p. 246, g 106, 14 d.
Bckkcr, Anecd. gracca, I, p. 201 et 440. — 5 5. v. 'Ar-manav ; cf. Bekker, Anecd. AQUA. ' Vitr. VIII, 1 et 3 ; Isid. XX, 3. — » Bccker, Giillus, 3« «dit. I, p. 201
ir. 1, 43S. — « Cf. Poli. III, 56. — 7 Attisclw Proccss, p. 315. — 8 Droit public et s. — » Mart. XIV, 116 et s. — * Plin. Sist. nul. XIX, 4, 19 ; Cell. XIX, 5 ; Bec-
'l'Athènes, p. 264. — Biulioghaphir. Mcicr, J)c bonis damnatorum, p. 38 et s. ; Id. ker, 1. 1. p. 305 et s. — 3 Bcrgk, in Philologus, XI, p. 385 ; Bccker, /. 11, p. 2»
Attache Process,p, 315-318; KclHcr, Athenaeische Gerichtsverfassung,p. 165-168; et a. — • De mens. IV, 57. — ' Fr. I, g 1 Dig. De aqua, XXXIX, 3.
AQU — 332 — AQU
de manière à causer un dommage. Réciproquement, le | venaient à se former (insula), ou des terrains détachés et
maître d'un fonds inférieur ne pouvait pratiquer aucun transportés par la violence des eaux (avulsio), sont résu
travail ou changement de nature à repousser les eaux sur mées aux articles alluvio et insula.
le sol supérieur 8 ; la partie lésée obtenait du préteur une Les propriétaires riverains pouvaient se garantir de l'ac
action personnelle dite aquaepluviae arcendae *, pour faire tion des eaux par destravauxdéfensifs.à condition dene pas
rétablir les choses dans leur état primitif. L'affaire était porter aussi préjudice à leur voisin *'. Le préteur accordait
renvoyée par le magistrat supérieur à un juge arbitre un interdit (de ripa munienda) à celui qui voulait protéger
(arbiter), qui décidait après descente sur les lieux. Du reste, ses travaux régulièrement faits et de nature à ne pas nuire
il paraît que la loi des Douze Tables avait déjà réglementé à la navigation. Il devait d'ailleurs donner la caution du
cette matière, comme le prouvent certains mots de son dommage futur (cautio damni infecti) pour dix ans, boni
texte, cités par le jurisconsulte Pomponius 10. Quant au viri arbitratu On appliquait les mêmes règles par ana
dommage résultant du cours naturel de l'eau, il n'était dû logie aux rives d'un lac ou d'un étang **. Quand les ouvrages
aucune indemnité ". Le propriétaire d'un mur ou d'une nuisibles avaient été exécutés sans caution préalable, la
construction devait diriger les eaux de pluie qui tombaient partie lésée n'avait d'autre voie que celle de l'action de la
sur cet ouvrage de main d'homme, de manière à les faire loi Aquilia de damno injuria dato n.
couler sur un terrain ou sur la voie publique, à moins d'a Les riverains des fleuves publics conservaient la propriété
voir acquis la servitude urbaine "de stillicide (stillicidium) du sol de leur rive, qui n'était pas commune comme
ou celle de /lumen, qui supposait le droit d'envoyer l'eau celle des rivages de la mer [littus]*6. En effet, les pre
par un tuyau, fluminis immittendi [servitutes]. Du reste, en miers avaient seulement une propriété grevée d'une sorte
matière d'eau pluviale, le droit commun pouvait être mo de servitude , du moins quand il s'agissait des fleuves
difié par la loi provinciale, comme en Afrique, ou par la navigables, que les Romains distinguent expressément
loi municipale, ou par une possession immémoriale équiva (flumina navigabilia) M. Le maître de la rive demeurait pro
lant à une loi ", vetustas quae semper pro lege habetur. Nous priétaire des arbres nés sur le sol; nul ne pouvait y cons
renvoyons pour les détails aux Pandectes de Pothier, qui truire sans son consentement, ni rien occuper ou acquérir
a réuni, dans un ordre méthodique, les textes de ce titre sur la rive ; mais l'usage de la rive était public pour les
du Digeste, et à quelques interprètes". besoins de la navigation. Sous ce rapport, on confond par
B. Quant aux droits du propriétaire d'une source [fonsJ, fois improprement la rive parmi les res communes*1. Cha
il suffit de rappeler ici que le maître du sol pouvait user de cun peut pêcher, naviguer sur le fleuve, attacher des câbles
la source à sa volonté, sauf à laisser l'eau prendre ensuite aux arbres, y débarquer *8. Mais le peuple ou ses magistrats
son cours naturel vers les fonds inférieurs 1S. Le maître exercent une juridiction exclusive sur le fleuve et ses rives
d'un fonds pouvait même, en y cherchant une source, tarir pour empêcher ce qui nuirait à l'usage public. Sous ce rap
celle du voisin. port, le flumen est une res publica M.
C. Le ruisseau (rivus) et le torrent (flumen non perenne) ap Quant au volume d'eau du fleuve, il est res communis, et
partenaient d'ordinaire aux propriétaires riverains, et en chacun peut y puiserde l'eau courante (aqua profluens) pour
principe n'étaient grevés d'aucune servitude quant à leur les usages domestiques. Mais le droit de prise d'eau ne peut
rive; seulement celui qui avait le droit d'accès vers l'eau, être exercé sans autorisation pour les besoins de l'agricul
pouvait y puiser l'eau courante, chose commune 18, à sa ture ou de l'industrie dans un fleuve public navigable, ou
volonté. L'usage et les lois municipales ou les interdits dont l'adjonction est nécessaire pour rendre navigable un
prétoriens paraissent seuls avoir réglementé la distribution autre cours d'eau. Ainsi la prohibition était la règle pour
des avantages de ces petits cours d'eau 17 entre les riverains Vaqua in usupublico; dans le cas contraire, à moins d'une
supérieurs et inférieurs ou parallèles. Le Digeste ne s'oc prohibition spéciale du prince ou du sénat, rien n'empêchait
cupe pas spécialement de cette matière. le riverain de prendre ou de dériver de l'eau (quo minus ex
D. Au contraire, les arpenteurs [agrimensor] et les ju publico flumine aqua ducatur nihil impedit) so. Au contraire,
risconsultes avaient traité en détail du régime des cours le maître des deux rives n'aurait pu pratiquer un pont pour
d'eau permanents (/lumina perennia). Le texte des Institutes son usage privé " (pontem privati juris). Un édit du préteur
de Justinien 19 paraît admettre que tous ces fleuves sont pu défendait tout travail dans le fleuve navigable ou sur la
blics; mais le jurisconsulte Marcien est plus exact en disant rive, de nature à nuire à la navigation; à cette occasion,
presque tous (pêne otnnia) '*. Nous devons entendre cela il proposait deux interdits, l'un prohibitoire, l'autre resti-
des cours d'eau qu'Ulpien nomme perennia et qui sont tutoire **.
seuls publics, d après l'avis de Cassius, approuvé par Celsus Un autre interdit concernait spécialement le rivage de la
et par Ulpicn. Quelle était la condition de ces fleuves pu mer [littus] n. Quant aux fleuves publics non navigables,
blics ? Ils ne l'étaient que dans leur forme actuelle cl dans Labéon pensait qu'on pouvait demander au préteur d'accor
leur destination. Les explications au sujet, tant du lit aban der un interdit utile [interdictum], pour défendre toute
donné par les eaux (alveus derelictus), que des îles qui entreprise de nature à dessécher le fleuve ou à retarder

> Fr. 1, g 10 cod. ; Fronlin. De conl. agror. n. 35, 57, Lachmann; Waltcr, Gesch. fr. 4, 5, 6, Fmium regund. X, 1. Le préteur maintenait par un interdit [De
des rôm. Redits, n° 77i. — » Fr. 6, g 5 et 6 Dig. XXXIX, 3. — " Fr. 21 D. XL, 7 ; aqua cotidiana et aestiva) l'usage annal d'une prise d'eau. Fr. 1 pr. Dig. cod. et fr.
Paul. Fr. 5 D. XLUI, 8. — « Cic. Topic. 0, 10 j Hein, Pnvatrecht der Damer, 1, g 26, XLUI, 20. — 18 g 2 De rer. div. — '» Fr. 4, g I D. De rer. div. 1, 8|
p. 219. — « Fr. S, § 9 Dig. XXXIX, 3 ; Rein, /. /. p. 321. — »» Frontin. De cont. Garbouleau, Dom. publ. p. 95. — *> Fr. I, g 2 et 3 D. De flum. XLUI, 12. — Fr.
<igr. p. 3b; Aggen. Urb. De cont. agr. p. 88; Paul. Fr. 2 Dig. De aqua. XXXIX, 1 Dig. XLUI, 15, Deripa mun. ; Frontiu. p. 51 ; Hxgin. p. 124 ; Sicc. Flarcus, p. 150.
3 ; fr. 2, g 3 eod.; Scaeïola, Fr. 26 eod.; fr. 3, g 4 D. XLUI, 20. — H Dirksen, — « Fr. 1, g ï et 3 Dig. XLUI, 15. — « Fr. 1, g 6 eod. — »* Fr. 1, g 5 eorf.
Vbers. d. XII Tab. p. 486 et s. ; Schneider, in Zeitschr. f. civilist. V, p. 325 et 8. ; — ss Instit. II, 1, §g 3 et 5. — »« pr. j; g t j Dig. De flumin. XLIU, il. — " Fr.
Rudorû", in Schrift. der rôm. Feldmesser, II, p. 462 ; Pagenstecher, Die Lettre 2 pr. et g I ; fr. 4 pr. et g 1 Dig. De rer. div. I, 8. — «S g 4 Instit. J. II, 1 ; fr. 5
vont Eigenthum.l, p. 124 et s.; Audran, Des limites de la propr. Toulouse, ISOj. De rer. die. Dig. I, 8.— M g 2 Instit. II, I ; fr. 3 Dig .De flumin. XLUI, 12. — *> Fr.
— « Fr. 3. pr. et g 1 ; fr. îl Dig. XXXIX, 3. - M Fr. î pr. et g 1 Dig. I, 8 ; fr. 10, Dig. XLUI, 12. — Si Fr. 4 Dig. eod. — » Fr. 1 pr. et gg 19 et 20 eod. — »' Fr.
8 2. D, XXXIX, 3; Instit. I. III. f 1, De rerum div. — " Fr. 3, g I D. XLUI, 20, 2; 1, gg 17 et 18, li. lit.
A(JU — 333 — A(jU
le cours de l'eau. Le préteur avait encore offert un inter nommait aqua quotidiana; si on n'avait ce droit que pour
dit tendant à prévenir les travaux ayant pour but de dé l'été seulement, il prenait le nom A'aqua aestiva 49.
tourner le cours d'un fleuve public, navigable ou non 34, Le jus pecoris ad aquam appellendi, ou pecoris ad aquam
et un autre défendant de troubler la navigation sur un cours appulsus 80, contenait le droit de conduire ses bestiaux
d'eau ou un étang public **, ou d'empêcher les troupeaux boire à la source ou au bassin situé dans le fonds d'autrui,
d'arriver à la rive d'un fleuve public pour s'y abreuver '•. et impliquait le passage (iter, aditus, jus adeundi ad fontem).
On a vu quelles étaient les limites du droit de prise Quant aux eaux ménagères ou corrompues par un usage
d'eau dans les fleuves publics S7 ; pour les eaux apparte spécial, nul ne pouvait les envoyer sur le fonds d'autrui,
nant à des particuliers, rit» ou fontes, le droit d'abreuvoir sans avoir obtenu une servitude particulière (jus immit-
(pecoris adaquam appulsus), ou de prise d'eau (aquae hauslus), tendi, ou jus cloacae mittendae vel immittendae) 81. Lors
et le droit de conduite d'eau (aquae ductus) à travers le fonds qu'un égout passait ainsi sous le bâtiment d'autrui, chacun
d'autrui d'une manière permanente (aqua perenni), ou en de ceux qui avaient le droit d'user de la c/oacapouvait le
la tirant du fonds d'autrui, ne pouvaient s'exercer qu'à curer ou le réparer et obtenait à cet effet un interdit pro-
titre de servitude, ou en vertu d'une possession immémo hibitoire Il y avait un interdit restitutoire pour les
riale 88 (vetustas). L'intérêt de l'agriculture exigeait cette cloaques publics M. G. Humbeht.
dérogation à l'impossibilité d'acquérir les servitudes par III.— Pour la Grèce, nous avons aussi relevé dans les au
prescription, prohibition consacrée par la loi Scribonia. teurs quelques textes relatifs aux charges et aux avantages
Nous renvoyons, pour ce qui concerne la construction, la qui pouvaient résulter pour les immeubles du cours natu
réglementation et l'administration des aqueducs publics rel des eaux.
à l'article aquaeductus. A. Le propriétaire d'un fonds inférieur était obligé de
Au point de vue du droit privé, il convient de dire recevoir les eaux qui découlaient d'un fonds plus élevé,
quelques mots de la servitude d'aqueduc (jus aquae ducen- notamment les eaux pluviales Cette servitude, dérivant
dae) 38 ; elle était en général considérée comme une ser de la situation naturelle des lieux, était justifiée rationnel
vitude rurale 40 (praediorwn rusticorum), elle était donc lement par un argument sans réplique, que nous trouvons
chose mancipi en Italie, et susceptible d'hypothèque et dans Démosthène : « Si le maître du fonds sur lequel est
d'extinction par le non- usage pendant deux ans. Cepen tombée l'eau pluviale ne peut pas s'en débarrasser en la
dant quelques textes 41 qualifient un droit d'aqueduc de laissant couler sur les terres de ses voisins ou en la condui
servitude urbaine (praediorum urbanorum). Cette anti sant sur la voie publique, quel usage pourra-t-il bien en
nomie a fort embarrassé les interprètes ; les uns se sont faire? Vous ne le condamnerez pas sans doute à la boire55. »
attachés à la nature du fonds dominant, les autres à la Platon ajoute toutefois que le propriétaire du fonds supé
circonstance que l'aqueduc, destiné aux besoins d'un colle- rieur (6 èitâvw) devait faire tout ce qui était en son pouvoir
gium, supposait nécessairement l'idée d'un édifice. Suivant pour atténuer la charge imposée au propriétaire du fonds
nous, cette servitude était en général rurale, parce qu'elle inférieur (6 xaTto) 56.
ne supposait pas de sa nature une construction en maçon Celui-ci ne pouvait pas élever de digue pour empê
nerie ; on se servait de simples tuyaux de conduite ; mais cher l'écoulement des eaux 57. C'est ce que prouve, non-
on pouvait convenir d'établir un aqueduc en maçonnerie seulement le texte formel de Platon, mais encore tout
(per lapident aquam duci posse) **, ce qui suppose aussi habi le plaidoyer de Démosthène contre Calliclès. Calliclès se
tuellement des regards. Alors la servitude consistant à main plaignait que Tisias eût entouré son fonds d'un mur qui
tenir un certain état de la superficie, ou in habendo, était faisait obstacle au passage des eaux. La plainte de Calliclès
réputée urbaine. Du reste toute servitude d'aqueduc a plus était mal fondée, attendu que le fonds de Tisias n'était
d'étendue que le simple droit de puisage ou prise d'eau pas contigu au fonds de Calliclès, et qu'ils étaient sépare*
(aquae haustus ou servitus hauriendae ou hauriendijus) 48 ; car par une voie publique suffisante pour l'écoulement. Mais,
celle-ci n'implique pas l'ouverture d'un conduit sur le sol si la règle que nous venons de formuler n'avait pas été ad
d'autrui, mais seulement la faculté de passer (iter, aditus) **. mise, le procès n'aurait pas eu la moindre raison d'être.
Aussi un fonds dominant ne peut exercer que Yaquae haus Les propriétaires s'entendaient quelquefois pour faciliter
tus et non le droit d'aqueduc à travers une voie publique le cours des eaux sur leurs propriétés respectives; ils creu
qui le sépare du fonds servant w. Le maître qui jouit d'un saient un fossé qui recevait les eaux des fonds les plus élevés,
simple droit de passage sur un fonds (iter ou actus), ne peut et les transportait jusqu'à une rivière, un étang, ou une
y élever les arceaux d'un aqueduc, ni y établir un pont*6, voie publique, à travers les fonds inférieurs, qui déversaient
sans une concession spéciale. Quelquefois la servitude eux-mêmes leurs eaux dans ce fossé. Il est évident que l'un
consistait w à prendre de l'eau à la source d'autrui pour des propriétaires ne pouvait pas par sa seule volonté an
la conduire au fonds dominant ; d'autres fois, seulement à nihiler la convention et détruire le canal. Voici ce que
conduire à travers le terrain d'autrui 48 l'eau de la source nous dit encore le fils de Tisias : o Si autrefois il y avait eu
dont on était maître, sur un autre fonds dont on avait éga dans ma propriété un fossé pour recevoir les eaux, je com
lement la propriété (iter aquae per fundum tuum). mettrais certainement une injustice en refusant de les re
Le droit de prendre l'eau en tout temps, hiver ou été, se cevoir. Dans beaucoup de propriétés, il y a, en effet, des

» Fr. 1 Dig. XLIII, 13. — M Fr. 1 Dig. XLHI, 14. — M Fr. 1, § 8 Dig. eod. XXXIX, 3. — »• Fr. Il Dig. XXXIX, 3. - « Fr. 9, 10, 24, 34 , 35 Dig. VIII, 3;
— *7 Voy. aussi fr. 10, § 2 (Dig. XXXIX, 3, De aqua), qui défend la concession fr. 2 et 4 Dig. XLIII, lï. — *» Fr. 1 D. VIII, 3 ; fr. 20 eod. ; fr. 21, 31 eod. ; fr. 3,
pat- le préleur d'une ductio. -»Fr. S, jî I). XXXIX, 3 j fr. 19, 20 eod. — »» Cic. g 2, XIX, 1. — « Fr. 21, g2 et 3 D. XLIH, 20. — » Fr. 1, g 1 ; fr. 4, 5, g 1
l'ro Caecii. 26; Ad Quint, fratr. III, 1, 2; Paul. Sent. rec. I, 17, 1 et 2. Dig. VIII, 3 j fr. 13, g 1 D. VUI, 4. — " Fr. 7 D. VIII, 1 ; fr. 2 D. VIII, 3 ; fr.
— M Fr. 1 pr. D. De terv. praed. rwticor. VIII. 3 ; Instit. II, 3, pr. — « Fr. H, 1, g 4, 5 Dig. XLIII, 23, De cloacis. — S» Fr. 1 pr. et g 1, 2 D. XLIII, 23. — » Fr. 1,
S 1 D. De publ. VI, 2. — *s Paul. fr. 17, g 1 I). XXXIX, 3. — *! Cic. Pro g 15 Dig. eod.; fr. 2 eod. — » Art. 640 du Code civil. — K Demosth. C.
Caecii. 26 ; fr. 9, 20, g 3 Dig. VIII, 3 ; fr. 1, J I D. XLIII, 22, De fonte. — *» Fr. Coll. g 18, H. 1276. — M De leg. VUI, Didot, p. 413, 47. — « Plato, eod.
.1, .S 3 Dig. VIII, 3. — » Fr. 14, g 2 De servit'. VIII, 1 ; fr. 17, g 2, 3 et 4 D. I <w. 44.
AQU — 334 — AQU
canaux dont l'existence est parfaitement reconnue. Les inscription hypothécaire de l'archontatde Nicoclès (302 av.
propriétaires des fonds supérieurs y versent les eaux plu J.-C), ainsi conçue : 5po; ^lopt'cov xat olxt'aç xai toô CSaxo; toù
viales et les eaux qui proviennent de leurs maisons ; ils les TrpoffovTo; toîç yoipi'oiî xXr'pwv Susïv68... «L'hypothèque des mi
passent aux fonds inférieurs, qui agissent, à leur tour, de la neurs orphelins, Charippus et Charias, fils de Charias, petits-
même manière **. » fils d'Isotélès, frappe des fonds de terre, une maison et
B. Tout propriétaire dont le fonds était contigu à une deux parts d'eau appartenant aux fonds de terre. »
voie publique pouvait se servir de cette voie pour l'écou B. Cailleher.
lement des eaux existant sur sa propriété t9. « C'est votre AQUAE (©épuat, ÀouTpi). — I. Nous résumerons sous ce
usage à tous, dit le fils de Tisias, de conduire les eaux de titre les notions qui nous sont parvenues sur l'usage des
vos maisons et de vos terres sur la voie publique (sî; tJjv 63ôv eaux thermo-minérales dans l'antiquité. Les anciens en
È^aYEtv) •°. » connaissaient un grand nombre, et auprès de la plupart
C. Dans un pays accidenté et rocheux, où les pluies d'enlre elles, l'affiuence des baigneurs et des buveurs avait
sont rares et l'eau peu abondante, l'une des plus grandes formé de véritables stations de malades. Elles sont ordi
préoccupations de l'agriculteur doit être l'irrigation de ses nairement désignées par les écrivains latins sous le nom de
propriétés. Aussi, dès les temps les plus anciens, les Grecs Aquae : telles sont, pour ne citer que quelques-unes de ces
songèrent à aménager soigneusement les eaux et à les ré eaux restées célèbres dans notre pays ', Aquae Sextiae
partir le mieux possible entre les propriétaires. Homère (Aix en Provence), Aquae Gralianae ou Altobrogum (Aix en
peint déjà le laboureur, la houe à la main, dirigeant à tra Savoie), Aquœ Convenarum (Bagnères), Aquae Bormonis
vers ses vergers l'eau d'une source et débarrassant les ca (Bourbon-l'Archambault), Aquae Neri ou Neriomagienses
naux d'irrigation de tout ce qui a pu les obstruer 6\ Xéno- (.N'éris), Aquae Calidae (Vichy), etc. Les noms modernes de
phon parle des rigoles que les Milésiens avaient établies beaucoup de localités où entrent les formes Aiguës, Aix,
pour arroser les champs **. Les Grecs n'abandonnaient pas Ax ou Dax, rappellent l'ancienne désignation. De même,
les eaux à leur libre cours ; ils détournaient le lit des ri Tliermae était le nom de divers endroits où se trouvaient
vières (icapexTpEirovre; 6y étov) 6S, afin de répartir les eaux, entre des sources chaudes, parmi lesquels le plus renommé pour
tous les intéressés, dans un vaste réseau, que Platon com ce motif était Thermae ou Therma (0ipfi<x, (rh'pjjiat al 'lue-
pare au système de la distribution du sang dans le corps païai, aujourd'hui Termini), au nord de la Sicile. Cette
humain"*. Il y avait même d'anciens règlements locaux qui station fut fondée après la destruction d'Himère par les
fixaient les bases de la répartition; ces règlements avaient Carthaginois, non loin de cette ville déjà connue par les
pour eux l'approbation traditionnelle des cultivateurs, et mêmes eaux minérales. On voit sur des monnaies de Ther
Platon, dans son Traité des lois **, vante leur sagesse. mae *, d'un côté la tête d'Hercule et de l'autre les Nymphes
Malheureusement, ils ne nous ont pas été conservés inté qui, d'après Diodore de Sicile8, pour complaire à Minerve,
gralement : « Celui qui voudra irriguer son champ devra firent jaillir la source destinée à réparer les forces du héros
établir une prise d'eau sur la rivière voisine, si elle fait qu'elle protégeait; et sur celles d'Hi
partie du domaine public ; car il ne serait pas admis, môme mère (fig. 394), Hercule recevant
dans l'intérêt de l'irrigation de ses fonds de terre, à dépouil sur son épaule l'eau qui s'épanche
ler le propriétaire d'une source ou d'un cours d'eau rentrant du masque de lion d'une fontaine*.
dans le domaine privé... Les fonds intermédiaires seront On peut rapprocher de ces mé
obligés de subir le passage des eaux, que l'on dirigera de dailles, des bas-reliefs, des pierres
telle façon que le préjudice causé soit aussi faible que pos gravées et des inscriptions 5 où
sible... » Par des raisons de convenance, que notre loi du Hercule se trouve réuni aux Nym
29 avril 1845 n'a pas négligées, le législateur exemptait de phes et considéré comme présidant Fig. 394. Monnaie d'Himère.
cette servitude d'aqueduc les maisons, les temples et les aux eaux chaudes.
monuments6*. Suivant une autre légende, c'était Minerve elle-même ;
Pour éviter les contestations entre les propriétaires qui se selon d'autres encore, c'était Vulcain qui avait fait couler
disputaient avidement les eaux, on déterminait à l'avance aux Thermopyles, sur le bord de la mer, les sources sulfu
la quantité d'eau que chacun aurait le droit de prendre et reuses où Hercule le premier retrempa ses forces *. On re
peut-être aussi la durée de la prise. La part d'eau ainsi trouve en beaucoup d'endroits des traditions semblables
attribuée à un propriétaire (jjipu; uSxro?) s'appelait, d'après attribuant à Hercule la découverte des eaux thermales et
Hésychius, vou^ 87. Dans les actes de disposition du domaine, expliquant pourquoi ces eaux étaient appelées bains d'Her
les parties mentionnaient le droit aux eaux, attribut pré cule ('HpâxAeia XouTpà) et lui étaient consacrées7.
cieux, qui augmentait la valeur de la propriété. Il en était L'indication qu'on rencontre ehez les écrivains anciens,
de même dans la description des biens hypothéqués. On a de sources dans le voisinage des temples d'Esculape et des
retrouvé, sur le territoire de l'ancien dème d'Acharnés, une asiles qui y étaient ouverts aux malades [asklepeion], sem-

M Dem. C. Coll. S 19, R- 1377.— Cf. Code civil, arl. 681.- ™ Dem. C. Coll. g 26, 254,266 et 268, Paris, 1S7I ; Audran,/>.» limites légalesde la propr. Toulouse, 1865.
n. 1279. — «1 H. XXI, 257 et s. — 6S Anab. U, 4, g 13. — «3 Kurip. Suppl. v. 1111. AQTJAE. 1 Yoy. l'enumération des lieux qui out porté le nom A'Aquae dans la
— "Km. Didot, U, p. Ï38, 3Ï.— 65 T1U, D. p. 413. — <« Plalo, e.- «7 Éd. Al- Realencyclopâdie de Pauly, t. I, i' éd. p. 1366. — 2 Torrcmuzza, Sicil. vet. nummi,
Itcrti, 11, p. 686. — 6S Journ. des sav., 1S73, p. 339. — Didliogiuphik. C.ancrin, pl. xc, 5 et 6. — ' Diod. IV, t. I, p. 268 Wesseling. — * Méd. du cabinet de France ;
Abhandlung von dem Wasserrecht, Halle, 1789; Kôchy, Civil. Krorterung. Lcips. voy. aussi Pcllcrin, Mèd. de peuples et villes, III, pl. cix, 31 ; Torremuxza, /. /. pl.
1791 ; Scll, flùm. Lehre der dmg.Hechte, Bonn, 1852, I, p. 254 cls. ; Rein,/)» /"ri- xxxv, cf. xxxvii, 9. — 5 Spon. Mise. ont. II, 7, p. 32; Fabretti, De aguaed. p. 101 ;
vatrecht der Rômer, Lcips. 1858, p. 282 et s.; Scnftpilsach, Qundnam flum. pub. Mus. Pio-Cl. VU, 10 ; Grutcr, 43, 3 ; Mus. Capit. IV, 5> ; Millin, Gai. myth. SI,
aloeù Justin, leges jus cunstit., Halle, 1861; Démangeât, Cours de droit rom. 476 ; Gori, Mus. Flor. U, pl. xiv, 4; d'Anse de Villoison, Mêm. de VAc. des inscr.;
2' cd. Paris, 1867, t. 1, p. 420, 440, 491 ; Durcau de la Malle, De la dût. lég. Guie.niaut, Nouo. gai. myth. pl. cxxiï, 503 * ; O. Jahn, Arch. Beilràgc, p. 62, pl. it ;
drs eaux dans les Annales de phys. et de ehimie, Vil, p. 339; Serriguy, Droit Orelli, Inscr. 1560. — 6 Herodot. VII, 176 ; Schol. Aristoph. Nub. 1047; T. Lit.
public romain. Paris, 1362, n"' 315 et s. et 522, 581 et s.; Gai-bouleau, Iiu domaine XXVI, 15. —' Schol. Aristoph. I. Aristot. Meteor. II, 8; Schol. lloiu. Itiad.
public en droit rom. p. 88 et s., Paris, 1859; Accatias, Précis 'h- droit rom. 1, u°*tJ7, XXIV, 616 ; Eust. p. 1273, 2 ; Athrti. VII, 6 ; Schncidcwin, Ad Ibyci fragm. p. ISO.
AQU — 335 — AQU
ble attester qu'elles servaient à la médication " ; en tout IL Les sources minérales furent extrêmement fréquen
cas, beaucoup d'eaux thermo-minérales sont mentionnées tées par les Romains. Ils dépassèrent de beaucoup les
par les auteurs et par les inscriptions, tant dans la Grèce Grecs par l'emploi et par les applications variées qu'ils en
continentale que dans les îles et en Asie 9. firent dans les maladies ". L'Italie était riche en eaux
Mais à quelle époque les Grecs commencèrent-ils à faire thermo-minérales1'. Les écrivains grecs et latins du temps
usage de ces eaux? Pline a remarqué qu'Homère n'en avait des Césars, de même que les nombreuses inscriptions dé
point parlé I0. Cependant il est question dans l'Iliade de la couvertes près des sources, font foi que les malades s'y
source chaude du Scamandre, qui mêle ses eaux fumantes portaient en foule, et que dès lors beaucoup de gens en
à celles d'une autre source glacée **. Hippocrate connaissait faisaient aussi des lieux de plaisir. Déjà du temps de Caton
leurs effets **, mais rien ne prouve que leur emploi eût le censeur, on faisait un grand usage des eaux minérales;
passé dès le temps où il vivait dans la pratique médicale. car Plutarque affirme dans la vie de ce . Romain célèbre,
Les eaux de Scotussa en Thessalie, celles d'^Edepsus qu'il acheta des sources naturelles d'eaux chaudes, comme
en Eubée sont mentionnées par Aristote **; ces dernières étant plus productives que des champs cultivés. Il résulte
étaient fréquentées par les malades au moins dès le ni" également des mêmes documents que les Romains préfé
siècle av. J.-G. '*, et devinrent par la suite une station re raient les eaux thermales aux eaux minérales froides. Il
cherchée autant pour les agréments qu'on y trouvait réunis est probable, comme le fait justement remarquer M. Grep-
que pour les soins de la santé 15 ; il en était de même des po ", que cette préférence tenait à ce qu'ils étaient très-
eaux de Lébédos, de Téion et d'autres indiquées par Pau- adonnés à l'usage des bains chauds, qui faisaient, pour ainsi
sanias". Elles étaient visitées surtout au printemps et à dire, partie de leur vie domestique.
l'automne ". Les Romains regardaient aussi comme sacrées les sources
La vénération que les Grecs avaient pour les sources en thermales, et les avaient placées sous la protection des
général [fontes, nymphae] est attestée, à l'égard de celles à dieux. C'est pour cela que Pline dit qu'elles ont grossi
qui ils demandaient la guérison, par des inscriptions 18 la liste des divinités et que pour elles on a bâti des villes :
exprimant leur reconnaissance et quelquefois mention par exemple, Pouzzoles en Campanie, Stalyelles en Ligu-
nant des offrandes faites aux Nymphes, à Esculape, à rie, Aix dans la Narbonnaise ,5. En effet, outre les dieux
Hercule, à Apollon, à Artémis Thermia ou prolectrice des du Panthéon romain, beaucoup de dieux ou de déesses
eaux chaudes. C'était une coupe précieuse, une statue, un topiques présidaient à ces sources, sans que pour cela les
bas-relief, quelque Nymphes perdissent rien de leurs droits sur elles. Et ces
fois d'un grand prix, divinités locales imposèrent leurs noms à beaucoup de
représentant ces di villes d'eaux : ainsi en Gaule, du dieu Jiorvo ou Bormo,
vinités 19 ; plus sou trois villes thermales ont pris leur nom : ce sont Bour-
vent sans doute des bonne-les-Rains, Aquae Borvonis w, Bourbon-Lancy*7, Aquae
figurines de bois ou Nisineii, et Bourbon-l'Archambault, Aquae Bormonis ss. Le
d'argile K , ou des dieu llixo ou Lixo a donné le sien à Luchon **; et le dieu
tablettes peintes , Lixovius ou Lissoius, à Luxeuil 30. En Italie, une déesse ou
semblables à celles un dieu appelé Mefilis était invoqué en plusieurs endroits
qu'on voit(fig. 395), où existaient des eaux sulfureuses 31 . Les malades guéris
dans une peinture ou soulagés par les eaux adressaient à ces divinités ou
de vase déposées aux Nymphes des eaux leurs vœux exprimés dans des in
parde pieuses mains scriptions dont il nous reste un assez grand nombre **.
à l'intérieur d'une Leurs actions de grâces se retrouvent sur des autels
fontaine ; ou bien votifs avec cette dédicace : aquis ou fontibus Les au
des représentations teurs ** et les inscriptions nous apprennent qu'elles étaient,
des parties du corps comme chez les Grecs, fréquemment consacrées à Her
guéries par le se cule •*• Les malades ne se contentaient pas d'adresser
cours des eaux : on des actions de grâces et de faire des dédicaces aux di
Fig. 395. Offrandes à une source. en a trouvé dans vinités des eaux, ils leur payaient en outre un tribut
beaucoup de sta en jetant dans les piscines des pièces de monnaie et
tions thermales datant de l'époque romaine, et de pa d'autres objets. Effectivement, en faisant des réparations
reilles offrandes n'étaient pas moins dans les habitudes aux anciennes piscines des Aquae Apotlinares (Bagni di
des Grecs [donahia]. E. Saglio. Vicarello), on découvrit en 1852, dans l'eau minérale

» P»uj. Il, 2, 3, el 27, 6, 8 ; Aristid. XVIII, 1. 1, p. 408 «q. Dind. ; Xen. item. p. 240. — « Galen. éd. de Kuhn, t. V I, p. 423 et 424 ; t. VII, p. 601 ; t. X, p. 219,
Sotr. III. 13, 3; v. Bussemakeizt, Daremberg, Œuv. d'Oribaie, t. II, p. 876. 387, 535, 536, 667, 990 ; t. XI, p. 387, 393 ; XVII B, p. 155, 657 ; Oribas. 1. X, e. m,
— •Pau». DI, 24, 5; IV, 3, 5; VI, 22, 4; VII, 5, 10-12; VIII, 2,3; IX, 34,3 ; Arislot. t, ti, p. 483 et s. éd. Daremberg. — *s Slrab. V, 2, 9 ; Mart. VI, 42; XI, 7 ; Plin.
De mir. ausc, ter» la fin; Unger, Reise in Griechenland, 1862, p. 26 et s.; Ross, Hist. nat. XXXI, 2. — îk Greppo, Étudet archéol. sur les eaux therm. de la Gaule,
Inselrehen, II, 52, 183 ; Conze, Reite auf Lesbos, pl. ix, 4, 5, 6 ; xti, 2, et les ou p. 4, Paris, 1846. — M Hist. nat. XXXI, 2. — »« Berger de Xivrey, Lettre à
trages cités par Hermann, Gricch. Prioatalterth. g 2, p. 16, 17.— 10 plin. Hist.nat. M. Hase sur une inscr. lot. de Bourbonne-les-Bains, 'Paris, 1833. — *7 Ibid.
XXXI, 32. — « Iliad. XXII, 147. — M Hippocr. De atre, aquis et lotis, § 7 ; Epid. V, — «» Carte de Peutinger. — M Greppo, Op. c. p. 69. — *> lb. p. 123 et s. ; E. De
S 9, éd. Littré. — u De mir. ause. 1 ; Meteor. II, 8, 9. — M Athen. III, 3. — » Plut. lacroix, Mém. de la Soc. d'émul. du Doubs, 3* série, t. II et VII ; 4« série, t. III.
Symp. IV, 4; Id. Frat. am. 17. — " VI, 22,4; VII, 3, 2, et 5, 5; VIII, 41, 4. — Si Plin. Hist. nat. H, 93 (95) ; Scrv. Ad Virg. Aen. VII, 84 ; Tac. Hist. III, 33 ;
— " Plut. I. /.; Calen. Son. tu. IV, 4 ; t. VI, p. 244, éd. Kuhn; Daremberg, Notes Festus, s. v. Septimontio; cf. Mommscn, Insc. Neap. 376-378, 1403, 4540 ; Henzen, 58US
de la trad. d'Oribase, p. 880. — H Curtius, Griech. Quell- und Brunneninschr. p. 12 et». — S» Orclli, 1627 et s. et Uenicn, Suppl. à Orelli, 5758 et ».; ilummswi, Inscr.
et ». ; Corp. inse. gr. 2184-2188 ; Conie. Reise auf Lesbos, p. 16 et s. ; cf. Aristot. Neap. 3514 ; Braun, Ant. Marmorwerke, II, pl. y M Orelli, 1635, 1636, 1641,
Probt. XXIV, 19.— t» C. iiuc. gr. 5859, 5974 ; Bull. del. Inst. an h. 1853, p. 137; 1642. 1643, 1644, 1645. — SV Henzen, 5765, 5766 ; Athen. XII, 6, p. 513 F; Tit. Ll».
r.urtiua, l. t. p. 13 ; et ci-dessus, note 5. — «0 plat. Phaedr. 230 ; Anth. pal. IX, XXII, 1 ; voy. plus haut, notes 5 et 6 ; Orelli, 1560 et s. ; Mommsen, Insc. Neap. 4' 58.
326. — »l Munum. del.Inst. arch. IV, 14 et 18; O. Jahn, in Arch. Zeit. 1848, — S» Plin. Ep. VIII, 8 ; Senec. Nat. quaest. IV, 2 ; De benef. VII, 4.
AQU — 336 — AQU
elle-même M, outre une grosse masse de cuivre brut, une tionne un Maronus, histrio, âgé de trente ans et surnommé
grande quantité de pièces de monnaie, quelques-unes Hocabaius M. 11 se peut sans doute que ce Maronus soit venu
très-anciennes, d'autres plus récentes, appartenant aux aux eaux pour sa santé, mais il ne faut pas oublier que
temps de la république et de l'empire. On trouva en l'on a trouvé des ruines de théâtre dans plusieurs stations
même temps quelques vases d'airain et d'argent dédiés à thermales. Dans des fouilles faites à Baden en Suisse, on a
Apollon, à Sylvain et aux Nymphes. trouvé un nombre considérable de dés à jouer en os
Parmi ces vases, il s'en trouvait trois (tesserae lusoriae) **.
en argent (flg. 396) sur lesquels était Quant aux traitements que suivaient les malades, ils ne
gravé l'itinéraire de Gadès à Rome. De différaient pas sensiblement de ceux qui sont mis en usage
môme aux bains d'Arles, dans les Py de nos jours. Les anciens, en effet, avaient appris par l'ex
Pfiuvi*
JKllfVJ au*
A. rénées-Orientales, pendant les travaux périence la plupart des applications des eaux thermales
lSliU.
tlLïL mu Au*
mitai lu exécutés pour augmenter le volume aux diverses maladies. C'est ainsi qu'ils les employaient en
iDittUli*
VJUMfc uU.Un des sources, la masse des eaux expulsa boissons, en bains et en douches Ils faisaient un grand
litlli*
de l'intérieur, avec des monnaies d'Em- usage de la vapeur ** et même des boues minérales *7. Bien
. AtV|i
HUiii nu un pories et de Nîmes, de petites lames plus, au dire de Pline, ils employaient l'eau de mer elle-
de plomb pliées en trois ou quatre et même, froide ou chauffée, en bains, en douches, en clys-
chargées de caractères cursil's gravés tères et même en boisson comme purgatif". Ils en fai
saient d'artificielle pour être employée loin de la mer
Hig. 396. Gobelet d'argent. à la pointe et très-altérés. Ce que l'on
peut en déchiffrer démontre que ces Malgré leur défaut absolu de toutes connaissances chimi
objets sont des ex-voto en l'honneur des Nymphes et des que, ils avaient appris à distinguer les divers caractères
divinités du lieu S7. Enfin, on a trouvé à plusieurs stations des eaux thermales et à les diviser en espèces suivant
thermales des têtes, des membres, mains, bras et jambes, qu'elles contenaient du soufre, de l'alun, du nitre, du sel,
et même des figures entières en argile, analogues à celles du bitume, de la chaux, du cuivre, du fer. On peut voir dans
en cire qui sont appendues dans nos églises. C'étaient sans le livre xxxi de l'Histoire naturelle de Pline j usqu'à quel point
doute les offrandes et ex-voto des pauvres gens [donaria] 88. l'observation leur avait enseigné à employer telles ou telles
Les villes d'eaux thermales étaient, nous l'avons dit, an eaux dans les différentes maladies, en variant les espèces
ciennement comme aujourd'hui, tout à la fois des lieux d'eaux et leurs applications suivant les espèces et les carac
de traitement pour les malades et des endroits de plaisir tères des affections diverses qui affligent l'homme. Pres
et de mode pour les gens bien portants ". Aucune n'éga que aucune des stations n'a échappé à l'exploitation des
lait, sous ce rapport, les thermes fameux de Baies, qui Romains, et, à la grandeur des ruines qu'on y a retrou
présentaient à la fois toutes les délices que peuvent réu vées, on peut voir combien l'affluence des baigneurs y était
nir la nature et l'art *°. Strabon, Josèphe et d'autres considérable. Il y a aussi des raisons de croire que les Gau
auteurs disent que ces eaux attiraient un immense con lois en faisaient usage même avant la conquête de César50.
cours de baigneurs, mais qu'on y venait chercher moins Aucun texte précis ne démontre que des médecins fus
encore la santé que les plaisirs de tout genre 41 . Cicéron sent attachés aux stations thermales dans l'antiquité. Les
déjà, et après lui les auteurs du temps des Césars, célé habitudes administratives des Romains, telles que nous
braient Baïes comme un lieu de délices où tout concourait les connaissons, ne permettent guère de croire que l'État
à l'agrément des visiteurs, et qui retentissait incessamment se soit occupé de ce détail. Mais il est certain pourtant
du bruit des concerts. De nombreux passages des écrivains que des médecins s'y rendaient ou y demeuraient pour
latins prouvent aussi que Sénèque n'a guère exagéré en donner des secours aux malades et les diriger dans leurs
affirmant que Baïes était bien dotée par la nature, mais traitements thermaux. D'ailleurs, dans toutes les familles
que la débauche en avait fait son séjour favori ; que c'é serviles un peu nombreuses, c'est-à-dire appartenant aux
tait un rendez-vous des vices où le libertinage ne se refu gens riches, il y avait un ou plusieurs médecins. On peut
sait aucune satisfaction, où les désordres étaient tels que donc conjecturer avec toute vraisemblance, que les grands
la licence paraissait un tribut que l'on devait à ce lieu iS. et les riches qui fréquentaient les stations thermales, s'y
Il ne faut pas s'étonner après cela si dans des thermes faisaient accompagner par le médecin de leur maison.
moins célèbres et moins recherchés, on essayait d'attirer Dr René Briau.
les baigneurs par des représentations théâtrales. Il est dif AQCAEDCCTCS , 'V$payu>Yeïov , Orovot/oç. — Aqueduc,
ficile de dire quel degré de vraisemblance on peut assigner construction destinée à conduire les eaux.
à cette conjecture ; ce qui est certain, c'est qu'on a dé I. Chez les Grecs. — L'eau est une des plus précieuses
couvert à Bourbonne-les-Bains une inscription qui men- richesses, et son absence une des plus cruelles privations des

* Marchi, La itipe tributata aile dwinità délie aeque Apollinari, Roma, 1852; Beilquellen Griechenlands, Humberç, 1843 ; Melion, Ueberdie Bâder und Beilquet-
Hcnzen, Suppl. à Orelli, 5210 ; Desjardins, Ann. deiï Inst. arch. 1859; Jacobs, Les len der alten Griechen, in Oestr. Blàlter fur Litter., 1847 ; Lersch, Geschichte
trois itinér. des Aquae Apolliuares, dans la Rev. des soc. sav. 1859; Garucci, der Balneologie, Wiirzburg, 1863 ; Bartb. Monlagnane, Tractalus 1res de balneis,
Ditsert. arch. di vario argom. X, 17 et 160 ; 0. Jahn, in Arch. Zeiiung, 1867, p. 78. Patav. 1525 ; De Balneis oinnia quae extant âpud Graecos, Latinos et Arabas.. .
— 57 Greppo, Op.c. p. 293. — <• Ib. p. 36 et 9î;Bullet.del. Inst. arch. I847, p. I7'J Veneti, 1553; Andr. Baccius, De thermis libri septem, Vcnet. 1598; Joan. Guntberii
et s. ; Hennis, Ciliés and cemeteries of Etruria, II, p. 108. — " Martial. XI, Si ; Andernaci, Commentarius de balneis et aquis medicatis, in très dialogos ; J. M. Sa-
c.laudian. Idyl. VI. — »° Horat. Epist. I, 1, 85 ; Mart. XI, 80. — »' Strab. V, -1, ;>, vonarola, De omnibus mundi balneis, Vcnet. ; Barth. a Clivolo, De balneorum nattt-
nidot; Joseph. Antiq. Jud. XVIII, c. vu, 2 Didot. — M Sen. Epist. 51; cf. Cic ralium viribus libri quatuor, Lugd. 1552; J. Fr. Lombardo, 2VN04*I£ eorum qime
Pro Cael. 15 ; Jn Clod. 4 ; Mart. I, 63. — *> Berger de Xivrey, Lettre à M. Base ; de balneis aliisque miraculis Puteolanis scripta sunt, Vcnet. 1566 ; Tractatus rnrù
Athan. Renard, Bourbonne et ses eaux thermales. Paris, 1826. — ** Allmann, de aquis compluribus medicatis, Lugd. Batav. 1689; Tractatus de aquarum Galliae
Muséum helvet. part. XXVI. — W Hor. Ep. I, 15, 8 ; Plin. But. nat. XXXI, 32 j medicatarum natura, viribus et usu, 1732 ; Caryopbilus, De thermis Bercidaneis,
Strab. V, 228. — " Plin. Bist. nat. XXXI, 2 ; Cels. De re med. II, 17 ; Senec. Traj. 1743 ; Dictionnaire des eaux minérales, Paris, 1775 ; J. G. Greppo, Études
Ep.u. — W plin. Bist. nat. XXXI, 6. — *» Ib. XXXI, 33. — *9 Ib. XXXI, 31. arehéol. sur les eaux thermales de la Gaule à l'époque ropiaine, Paris, 1 8 1». ;
— 50 Greppo, Op. c; Delacroix, Op. c; Beaulieu, Antiq. des eaux numérales de Durand-Fardel, Lebret et Lefort, Dictionnaire tirs eaux minérales et d'hydmtoy;e
Xichy, Pionnières, etc. 185. — Birijograpiiik. Landcrcr, Dcschreifanu/ dvr [ médicale, Paris, 1860.
AQtJ — 337 - AQU
pays cliauds. De bonne heure on dut sentir en Grèce la né qui portaient les eaux du Taurus à Hécatompylos, l'an
cessité non-seulement de la recueillir et de la conserver au cienne résidence des Arsacides. Ils ont été retrouvés en
moyen de fontaines, de puits et de citernes, mais encore partie par les voyageurs modernes, et des observations
de l'amener semblables
d'une grande ont été faites
distance. Les en Perse, en
villes bâties Phénicie, en
sur des hau Palestine, en
teurs ( sur Syrie et dans
tout dans les l'Asie Mineu
plus anciens re. Nous don
temps)étaient Fig. 397. Aqueduc souterrain de Palmyre. Coupe dans l'aie longitudinal. Fig. 398. Puits vertical. nons ici (fig.
souvent dé 397 et 398) la
pourvues de sources, ou bien elles en possédaient qui ne coupe d'un aqueduc construit à une époque moins an
fournissaient qu'une quantité d'eau insuffisante. Peut- cienne que celle qui nous occupe, mais d'après les mêmes
être les Grecs prirent-ils d'abord exemple des Phéniciens, principes, qui a été retrouvé parmi les ruines de Palmyre6;
dès longtemps habiles à construire de remarquables édi il est en beaucoup d'endroits interrompu et détruit, mais
fices pour la conservation et la conduite des eaux, de en d'autres parfaitement conservé ; ses ramifications s'é
môme qu'ils apprirent d'eux à faire des routes 1 ; en tout tendaient en partie sous le sol, en partie au-dessus, dans
cas ils restèrent constamment fidèles à la pratique de la ville entière.
l'Orient, en dirigeant les eaux par des conduits souter Il n'est guère douteux que ce système n'ait passé d'Orient
rains qui se conformaient à la configuration du sol et en en Occident dès un temps fort ancien. Nous avons parlé
suivaient la dépression ou l'élévation naturelle, et non, des canaux d'émission du lac Copaïs. Thèbes attribuait à
comme le Drent les Romains, à l'aide de canaux sup Cadmus l'établissement des conduits qui portaient l'eau
portés par de longues séries d'arcades traversant pres jusque dans sa citadelle *. Argos faisait remonter à Da-
que en ligne droite les monts et les vallées. L'absence natis la canalisation des eaux torrentielles des montagnes,
de ces somptueuses constructions en Grèce, avant l'époque qui avait, dès avant Homère, converti sa plaine aride
romaine, a fait répéter souvent que les Grecs n'avaient pas (iroXuîtyiov "Apyoî ') en champs fertiles et en pâturages
eu d'aqueducs; on s'est fondé principalement sur un pas (TtoXuitupov "ApYoç, îimôêoTov "Apyoî '). Des conduits en partie
sage de Strabon *, qui n'a fait que comparer cependant les creusés, en partie édifiés, recevaient les eaux au sortir dos
beautés naturelles que les villes grecques devaient à leur montagnes pour les conduire dans la ville; il en existe en
site, toujours heureusement choisi, avec celles que les Ro core des traces. On en rencontre d'autres sur l'emplace
mains ajoutaient aux leurs par de grands travaux d'utilité ment de l'antique Mycènes *.
publique, tels que les chaussées et les aqueducs. Samos avait un aqueduc, admiré par Hérodote10 comme
Les aqueducs des Grecs, pour n'être pas apparents un des plus magnifiques ouvrages de la Grèce, qui traver
au-dessus du sol, n'étaient pas moins remarquables par la sait une montagne pour conduire les eaux à la ville. Une
hardiesse de leur percement, par l'intelligence avec la galerie avait été percée sur une longueur de sept stades ;
quelle ils étaient accommodés à la nature du pays et par le elle avait huit pieds (2m,48) de hauteur et autant de lar
soin apporté à leur construction, dont on peut juger dans geur, et dans le sol de cette galerie on avait creusé un canal
les endroits où l'on en a conservé des restes. Les canaux d'une demi-coudée (0m,237, l\iiiaimi-/[y) de profondeur sur
d'écoulement du lac Copaïs en Béotie 3, auxquels l'Orcho- trois pieds (0m,93) de largeur. Cette remarquable cons
mène des Minyens dut sa plus grande prospérité, ne sont truction, vraisemblablement du temps où Polycrate régnait
pas des aqueducs, dans le sens ordinaire du mot, puisqu'ils à Samos était une œuvre de l'architecte Eupalinos de
servaient, non à amener les eaux, mais au contraire à dé Mégare. Des fouilles faites par M. Guérin ont fait retrouver
verser le trop-plein du lac ; mais ils peuvent être cités comme les restes d'un canal souterrain qui devait être la prolon
exemple de ce que les Grecs ont su faire en ce genre dès gation de celui-là, et de puits verticaux servant de regards.
l'époque la plus reculée de leur histoire. Un canal de Mégare aussi possédait une fontaine d'une somptueuse
plus d'une demi-lieue de long, traversant la montagne au architecture, alimentée par des sources du Cithéron, et
nord-est, faisait communiquer le lac avec la mer. On ren qu'elle devait au tyran Théagènes L'époque de la tyran
contre encore aujourd'hui dans celte direction, de distance nie paraît avoir été favorable, en Grèce comme à Rome, à
en distance, de grands puisards par lesquels on peut at l'exécution de grands travaux publics ; et il n'y en avait
teindre à des conduits artificiels situés à une profondeur pas de mieux faits pour la rendre populaire que ceux qui
de soixante, de cent pieds et quelquefois davantage. Toute assuraient l'abondante distribution de l'eau. Il en fut de
cette construction ressemble à celle des anciens aqueducs même à Athènes La sécheresse du sol de l'Attique devait
de l'Asie, qui consistent partout en conduits souterrains rendre ses habitants particulièrement industrieux à se
(uitôvouot) et en puits verticaux (<spsa-n'<xt). Tels étaient, d'a procurer l'eau ; elle en fut surtout pourvue sous le gou
près Polybe qui emploie précisément ces termes, ceux vernement des Pisistratides. Athènes n'avait, à l'origine,

AQCAEDTJCTC8. 1 Ritter, Erdkunde, XVII, p. 341 ; E. Curtius, Zut Geschichte des 2, p. 418. - 1 Iliad. IV, 171. — » //. XV, 372 ; II, 287 ; Eust. Ad II. IV, 164 ; Strab.
Wegebaus, p. 8. — 1 V, p. 235. — a Leake, Travels in north. Greece, II, c. xv, p. 281- VIII, p. 370, 388 ; Curtius, Pelopon. II, p. 35 et s. — » Id. in ArcA. Zeilung, p. 30.
293 ; Forchhammer, Hellenika, p. 159 et s. ; Fiedler, Reise durch Griechenland, I, — !» III, 60 ; Guérin, Étude sur Vile de Samos, 1856, ch. ut) sf. Bculé, Hist. de l'art
p. 1 15 ; Sauvage, Annal, des Mines, 4* série, t. X ; Burnouf, Archives des miss, scien- grec av. Périclés, p. 175. — lt O. Muller, Handb. der Arch. % 81 ; Guérin, /. I. —
lif. 1850, p. 150; Ritter, Abhandl. der Berlin. Akad., 1854, p. 358. — * X, 23, 3. Il paus. I, 40, 1 ; Lcakc, 1. 1. II, p. 393. — I' Forchhammer , Hellenika. p. 64 ; Leake,
— * Vt'ood, Ruins of Palmyra,p\. «vu ; Abhand! d. lierUn. Akad. 1854, pl. i, n. — Topogr. of Ath., App. XUI, 2« éd. ; E. Curtius, in ArcA. Zeitung, 1847, p. l»ets.;
Diraearch., p. 143, Kuhr. ; Ulrich», lopogr. von Theben. in Mûnchner Denkschr. III, ld. Sieben Karlen von Athen, texte, p. 28 ; Botticher, in Philologus, XXII, p. 223.
1. 43
AQU — 338 — AQU
en dehors de l'Acropole où coulait le mince filet de la sera parlé ailleurs des tuyaux servant à distribuer les eaux
Clepsydre, qu'une seule source d'eau potable, la célèbre [fistula, tubus].
Callirhoè 14 ; elle reçut ensuite les eaux del'Hymette etcelles Nous renvoyons aussi à un autre article pour les con
du Pentélique.Del'Hymette partaient deux cours d'eau qui duits qui alimentaient les fontaines et qui faisaient partie
se dirigeaient vers la ville, en passant sous le lit de l'Ilissus de leur construction [fontes].
par des canaux taillés dans le roc. Le Pentélique en four Les aqueducs de la Grèce dont on voit des restes élevés au-
nissait davantage : des conduits souterrains, qui subsistent dessus du sol peuvent être considérés, en règle générale,
en grande partie et dont on peut voir encore les regards comme appartenant à la période romaine. Il s'en rencontre,
placés à une distance de 40 à 50 mètres l'un de l'autre, même de ce temps, qui sont souterrains, comme celui qui,
quelques-uns ayant leur ouverture un peu au-dessus du sous l'empereur Hadrien, fut établi entre Stymphale etCo-
sol, aboutissent à l'est, du côté d'Alopèkè, de même que rinthe *1 sur une longueur de près de cent mille mètres.
les eaux de l'Hymette, au réservoir commun d'où elles se La pratique des Grecs fut celle que leur enseignait la na
distribuent encore aujourd'hui dans la ville. Le Parnès ture : elle leur montrait les sources des montagnes se
aussi fournissait de l'eau à Athènes, et quelques restes de frayant des routes profondément encaissées dans les rochers,
ses anciens conduits et des ouvertures servant à leur et disparaissant souvent entièrement pour reparaître plus
aération existent encore; d'autres conduits viennent du loin fraîches et limpides ; ils surent en l'imitant conserver
Lycabète ; on a reconnu aussi un aqueduc dans la vallée à leurs cours d'eau artificiels une température égale, et
au sud de l'Acropole. Les canaux, de formes et d'époques leur assurer une durée illimitée, puisqu'on en retrouve qui
différentes, que l'on a pu observer à Athènes sont pour la fonctionnent encore en" beaucoup d'endroits. Ils surent
plupart construits en pierre et couverts de tuiles ou de aussi, avant les Romains, qui ont profité de leurs ensei
dalles plates; les plus importants sont assez larges et assez gnements, ménager des ouvertures pour aérer l'eau et
hauts pour que deux hommes puissent y passer. Sur donner un dégagement aux gaz qu'elle contient; ouvrir
quelques points, par exemple près de la Tour des Vents, des regards où elle pût reprendre son niveau, dans les en
on rencontre trois aqueducs superposés de dates diver droits où les conduits s'abaissent avec le terrain (xoiXîa,
ses. Une partie des eaux dont il vient d'être parlé, cou venter !S) ; la faire reposer pour la clarifier dans les réser
laient jusqu'au Pirée qui en recevait en outre par un voirs, puis la diviser pour la distribuer avant son écoule
autre aqueduc souterrain venant du Korydalos. Toute la ment par les fontaines. E. Saglio.
plaine autour d'Athènes recouvre un vaste réseau d'aque II. Chez les Étrusques. — Ce n'est pas seulement en
ducs qui mettaient à portée des besoins de chacun, les uns Orient et dans les pays grecs, que l'on a construit des aque
l'eau qui descendait des montagnes, les autres celle qu'on ducs suivant la méthode qui vient d'être exposée. On en
recueillait en creusant jusqu'à la couche inférieure d'ar rencontre de semblables en Italie, dans les contrées qu'ha
gile Longtemps oubliés, parce qu'ils sont enfouis, ils ont bitèrent les Étrusques, si habiles dans tous les ouvrages des
cependant survécu au somptueux aqueduc romain qui tinés à faciliter l'écoulement des eaux, et qui furent en cela
conduisait dans la ville agrandie par Hadrien l'eau du les maîtres des Romains [emissarium, cloaca]. Nous nous
Céphise, et l'Athènes moderne profite encore des travaux contenterons de faire remarquer que, pour ouvrir l'émis
exécutés, il y a tant de siècles, par l'Athènes antique. saire du lac d'Albano, dont les travaux furent conduits
Les aqueducs par lesquels Syracuse 17 recevait et reçoit d'après les procédés habituels aux Étrusques, un canal
encore en partie, au nord, l'eau de l'Anapos, au sud, celle souterrain, que l'on peut suivre aujourd'hui sur une lon
des sources du Crimiti, sont de même placés sous terre ; on gueur de 2,500 mètres, fut creusé pendant que le cratère
peut en reconnaître la direction, en observant les restes des du mont Albain était rempli d'eau; ce canal n'avait qu'une
réservoirs et des fontaines qu'ils alimentaient, et les ouver hauteur d'homme environ, sur un mètre et demi de large;
tures, d'un beau travail grec, pratiquées dans le roc vif, des des puits verticaux, dont quelques-uns existent encore,
puits nombreux qui servaient à leur entretien et à leur placés à A0 mètres l'un de l'autre, servaient à la ventilation
aération. De la ville, l'eau coule, comme jadis, sous le fond et à l'extraction des déblais. L'exécution de cette opéra
de la mer, jusqu'à Ortygie. tion gigantesque fut, grâce à cette division du travail, pour
Nous ne ferons que mentionner d'autres aqueducs dont suivie sur plusieurs points à la fois; deux cents ouvriers
on trouve l'indication dans les anciens écrivains, ou dont les pouvaient travailler en même temps, ce qui explique la
restes ont été observés par les rapidité avec laquelle elle fut achevée *. E. S.
...a xz. » voyageurs, à Cirrha ,8, à Si- III. Chez les Romains. — Il n'est pas douteux que les
cyone M, à Crissa en Phoci- Romains n'aient suivi d'abord, dans la construction de
<le w, à Chalcis M, à Démétrias leurs aqueducs, la coutume ancienne. Le premier qu'ils
i!c Magnésie", à Philippi ,3, à élevèrent 30 sur des arcades, ce qui donne à ce genre de mo
(jythium **, à Cyrène dans numents, chez eux, un caractère si frappant, n'était porté
la Troade M, etc. Dans ce der par ces substructions que dans un espace de soixante pas ;
Fig. 399. nier endroit ont été trouvés il commençait à deux lieues environ de Rome, sur la voie
des tubes de terre cuite (<rôptYY£« etùXol), intacts, d'un excel Prénestine, et aboutissait, au pied de l'Aventin, entre la
lent travail, dont un est ici reproduit (fig. 399) ; mais il porte Capena et la porte Trigemina. Toute la partie en

"Thuc.il, 15.— « Cf.Vitr. VIII, 3. — »» Plat. Leg. VIII, 844.— «Thuc. VI, 160} — M Hatan, Ausgrab. auf der Borner. Pergamus, 1865. — *> Paus. II,
Schubring, Bull. d. ttat. arch. 1864, p. 163, 202; Id. in Philologue, 1864, p. 163; 3, 5 ; VIII, 22, 3. Sur l'aqueduc d'Adrien à Athènes, Lebègue, Bull, de l'École
1865, p. 577. — t» Paus. X, 37, 5 ; Ulrichs, Reisen in Griechenland, p. 9. — » Plat. d'Athènes, XI. — " Tels sont les aqueducs de l'Attique, conformes aui prescriptions
Arat. 9 ; Rom, Reisen und Reiserouten, p. 48 ; Unger, Reise in Griechenland, p. 195. de Vitrine, VIII, 7. — «• Fabretti, De emissario Fucini, III ; Nibby, Analisi délia
— *> Pau». X, 37, 5. — «1 Fiedler, Reisen in Griech. 1, p. 446. — « Leake, North, carta di dintorni di Roma, I, p. 105; N. Desiergers, L'Étrurie, I, p. 155; tojt.
Greece, IV, p. 376. — " Heuzey, Mission en Macédoine, p. 51. — •* Hos», Kûnigs- aussi Dennis, Cities and cemeteries of Etruria, I, p. 99, 156, 400, 496. — *> Fron-
reise, II, p. 227.— *» Bartb, Wanderungen dureh das Kyrcn, Kûstenland, I, p. 425. tin. De aquaed. 5 ; lit. Liv. IX, 29 ; Diod. Sic. XX, 36 ; Orelli, Insc. 58».
AQU - 339 — AQU
dehors de la ville était sous terre. Cet aqueduc fut édifié déjà, et qui ont excité l'admiration de Strabon et de Denys
l'an 441 de Rome (313 av. J.-C), sous la censure d'Ap- d'Halicamasse" : l'un et l'autre furent commencés sous
pius Claudius Caecus, d'où il prit le nom A'aqua Appia. Caligula et achevés sous Claude. Le premier recevait les
Des fouilles récentes ont fait retrouver, près de la Porta eaux de deux sources très-pures, appelées Caerulus et Cur»
Maggiore, le canal de cet aqueduc taillé dans le roc, haut tius, vers le trente-huitième milliaire de la voie Subla-
de six pieds, large de trois, et aéré par plusieurs puits ver censis, et d'une troisième un peu plus près, l'Albudinus,
ticaux non moins estimée. Cet aqueduc parcourait un espace de
Quarante ans plus tard, en 273 av. J.-C., M. Curius Den- 46,406 pas, dont 36,230 dans des conduits souterrains*1.
tatus commença pendant sa censure, et Fulvius Placcus Vespasien, Titus, Dioclétien y firent des réparations*5.
acheva, en 271, un nouvel aqueduc qui prenait au-dessus Vaqua Claudia, qui s'élevait à 47m,42 au-dessus du quai du
de Tibur l'eau de l'Anio, à vingt milles de Rome. Il avait Tibre, n'était dépassée en hauteur que par l'Anio novus,
une longueur de 43,000 pas ; sur 221 seulement les cons dont l'eau recueillie vers le quarante-deuxième milliaire
tructions s'élevaient au-dessus du sol. On l'appela Anio de la voie Sublacensis, était portée par les mêmes arcs que
vêtus, pour le distinguer d'un autre aqueduc qui reçut aussi Vaqua Claudia, mais dans un conduit supérieur. C'était
sous l'empire l'eau de l'Anio {Anio novus) ; la dépense fut aussi l'aqueduc qui avait le plus long développement :
défrayée par une partie du butin fait sur Pyrrhus". il parcourait un espace de 58,700 pas.
En 144 av. J.-C, le préteur Q. Marcius Rex, sur l'ordre Ces neuf aqueducs sont ceux dont parle Frontin, qui fut
du sénat, construisit le grand aqueduc qui porta le nom curator des eaux sous Nerva et Trajan. Il faut y ajouter
A'aqua Marcia. Il avait une longueur de 61,710 pas, dont Vaqua Crabra, dont l'eau, prise à ce qu'il semble un peu
7,463 au-dessus du sol; dans un espace de 6,935 pas il était au-dessus de Tusculum, ne fut sans doute jamais conduite
supporté par des arcs assez hauts pour conduire l'eau à Rome par un aqueduc particulier et fut abandonnée aux
jusqu'au sommet du mont Capitolin M. Il fut réparé plu besoins de Tusculum par Agrippa : c'est, selon toute ap
sieurs fois sous les empereurs **, Une grande partie est parence, celle que l'on trouve plus tard désignée sous le
encore debout. nom de Damnata". Deux nouveaux aqueducs furent cons
Un autre aqueduc, Vaqua Tepula, qui amenait au Capitole truits, l'un sous Trajan, Vaqua Trajana, qui porta les eaux du
de l'eau prise dans le champ de Lucullus, vers le dixième lac Sabatinus (lago di Bracciano) au Janicule et dans la ré
milliaire de la voie latine, fut construit en 126 av. J.-C. par gion transtibérine M ; l'autre sous Alexandre-Sévère, Vaqua
les censeurs Cn. Servilius Caepio et L. Cassius Longinus55 ; Alexandrina, destiné à alimenter les thermes qui por
il rejoignait au septième mille Vaqua Marcia, et coulait dans taient le nom de cet empereur'6. Nous laisserons de côté
un canal séparé, porté par les mêmes substructions. d'autres aqueducs secondaires sur la direction desquels on
La quantité d'eau (11,348 quinarii) amenée par ces n'a que des données incertaines, ou qui ne sont que des
quatre aqueducs n'était déjà plus suffisante au temps dérivations de quelques-uns des précédents*7; c'est seule
d'Auguste, qui, l'an 34 av. J.-C, fit embellir Rome de 700 ment en les comptant, ou par des confusions de noms,
bassins (lacus), de 105 fontaines jaillissantes (salien(es), et de qu'on arrive à' compléter la liste des dix-neuf aqueducs
130 châteaux d'eau (castella), dont plusieurs d'une indiqués par la Notitia regionum urbis et le Curiosum urbis
grande magnificence ; il ouvrit 1 70 bains gratuits à l'u Homae regionum xim, documents qui datent du quatrième
sage du peuple. Par les soins de son édile Agrippa, l'an siècle de notre ère. Procope dit*8 qu'il y en avait quatorze
35 av. J.-C, il avait réparé les anciens aqueducs et amené, en 537, quand Vitigès assiégea Rome.
par un nouveau conduit de Vaqua Marcia, Vaqua Julia, Disposition et construction des aqueducs. — Les eaux
recueillie dans la vallée comprise entre Tusculum et le étaient dirigées par des canaux dans un réservoir commun
mont Albain"; l'an 22, il inaugura Vaqua Virgo, aque où l'aqueduc prenait naissance (caput aquae). Quand les
duc qui conduisait, et conduit encore, par des canaux eaux étaient tirées d'un fleuve, comme les deux Anio,
en partie souterrains, en partie supportés par des arcs, ou d'un lac, comme VAlsietina, le conduit {specus, canalù)
l'eau d'une source située au huitième milliaire sur la voie s'ouvrait immédiatement sur le fleuve ou sur le lac. Vi-
Collatine, et qui aboutit à Rome, au sud du Champ de Mars truve recommande*9 de ne pas prendre les eaux aux sour
et à l'est du Panthéon". Claude le répara5*. Cette eau était ces de plaine. « Le soleil, dit-il, qui absorbe les parties les
surtout estimée pour les bains58. Auguste amena aussi Vaqua plus légères de l'eau dont la terre est imbibée, n'y laisse
Ahietina, tirée du lac Alsietinus (lago di Martignano), à que les parties les plus pesantes, les plus crues et les plus
6,500 pas à droite du quatorzième milliaire de la voie désagréables. » C'est pourquoi il prescrit aussi de couvrir
Claudia. Son eau peu estimée servait aux arrosages et à les aqueducs de façon que le soleil ne darde point sur
alimenter la naumachie ; elle desservait aussi le quartier de l'eau ses rayons; on leur donnait la ventilation néces
la rive gauche du Tibre, quand l'eau venait à y manquer*0. saire au moyen d'ouvertures (lumen, spiramen) placées
Deux aqueducs plus importants encore, Vaqua Claudia et à intervalles de 240 pieds5". Pendant longtemps, on l'a dit
l'Anio novus, furent ajoutés aux sept que Rome possédait plus haut, les Romains enfouirent les conduits, peut-être

» Parker, in Archaeologia, t. XLH, p. 20. — ■ Front. 6 ; Aur. Vict. Vtr. ill. 43 ; 21; Claud.îO; Lamprid. Al. Se». 30; Orelli, 54, 55. - « Orelli, 55, 56, 57; Gruter,
Muratori, t. VI, 447, 1; Orelli, 3203; Bullet. del. Inst. arch. 1801, p. 12 et 39; 176, 1; 177, 1 ; 178, 3 ; 601, 7 ; Muratori, VI, p. 447, 1 ; Nardini, Borna ant. t III,
Archaeologia, t. XLH, p. 16. — M Front. 7; Plin. Bist. nat. XXXI, 3, 24; Strab. p. 375. — »l Frontin. 9 ; Fabretti, De aquaed. p. 142 et s.; Jordan, Topogr. der
V, p. 240 ; Gruter, 182, 8; 183, 4; 232, 6018 ; Mommsen, Corp. insc. lut. 489. Stadt Rom, H, p. 225 ; Archaeologia, l. I. — « Orelli-Henien, 5097 ; Eckhel,
- » Dio Cass. XL1X, 42 ; Plin. Hist. nat. XXXI, 3 ; Front. 7 ; Muratori, VI, 444, Doct. num. VI, p. 425, 428 ; Cohen, Monn. imp., Trajan, 30b; Jordan, l. I.
J; Gruter, 177, 1; Orelli, 52, 63. — » Plin. /. I. XXXVI, 15, 24; Front. 8. — M Lampr. Al. Sev. 25. Sur le point de départ et la direction de cet aqueduc,
- M Front. 8, 9, 19; Plin. XXXVI, 15, 24; Muratori, 641, 3. — 87 Front. 10; tov. Fabrctti, l. I. I, 1 ; Melchiorri, Append. ogli Atti di frai. an. p. 28; Bor-
Dio Cas». LIV, 11 ; Plin. XXXI, 3, 25 » Gruter, 177, 5 ; cf. 177, 3 et 4 ; 232. gagna, Dus. dell' acad. pontif. XV, 139 et s. — W Fabretti, /. I. III, » et «.;
-M Plin. /. L; O-vid. Trist. 111, 12, 22; Sencc. JSpist. 83; Mart. V, 20, 9; Cassio, Corso dette acque ; Nibby, Doma ant. I, 329 et s.; Jordan, l. Orelli,
VI, 42, 18 ; XI, 47, 6. — *0 Front. 1 1 ; Gruter, 178, 2. — M Strab. V, 3 ; Dion. 59; Gruter, 178, 6; 182, 7. - WfioM. I, 19. - *» Vitr. VIII, 1. - » Vitr. VIII;
Hal. III, 67. — *> Front. 13, 14; cf. Plin. XXXVI, 15; Suet. Oct. 57; Calig. Plin. Hist. nat. XXXI, 31.
AQU — 340 — AQU
par crainte qu'ils ne fussent coupés, dans leurs guerres in reste d'aqueduc souterrain dont la partie inférieure est
cessantes, par des ennemis qui venaient jusqu'à leurs creusée dans le roc. Au-dessus de Tivoli, à Vicovaro, on
portes; ils s'assujettirent par conséquent à suivre, par des peut suivre, pendant plus d'un mille, un aqueduc taillé
canaux souterrains (cuniculi), les contours des vallées. dans le roc, qui a cinq pieds de haut sur quatre de large.
Dans la suite, lorsque quelques-uns de ces anciens con Le tuf de la campagne romaine, par sa consistance, per
duits se trouvaient ruinés par le temps, on abrégea leur mettait de ne pas construire de murs; telle est Vaqua
parcours en traversant les vallées, au moyen de construc Virgo qui, en entrant dans Rome, traverse le monte Pincio,
tions soit pleines, soit évidées, suivant la hauteur sous la villa Médicis. Des canaux souterrains, assez élevés
La pente donnée à ces conduits (libramenlum, vis currendi) pour qu'un homme pût y passer, conduisaient les eaux do
n'était pas toujours la même : il résulte des mesures prises l'aqueduc de Metz à la naumachie M. Des canaux analo
sur les ruines subsistantes qu'elle variait de un pied pour gues se reliaient à l'aqueduc du Gard. Près de Ghelves, en
cent à un pied pour cinq mille **. Cette dernière mesure Espagne M, le rocher est percé en certains endroits pour
s'approche de celle que donne Pline, qui indique un pied livrer passage à l'eau. En un point, il a été complète
de pente sur 4,800 5S. Vaqua Virgo (actuellement eau de ment coupé depuis son sommet jusqu'au nivellement do
Trevi) prouve encore aujourd'hui qu'une telle déclivité est l'aqueduc : c'est un canal à jour de 33 mètres de profon
suffisante. La pente de l'aqueduc du Gard est d'un pied deur sur une longueur de plus de 67 mètres ; on a laissé
pour 2,500. Vitruve veut que l'on donne aux canaux en quelques masses de pierre entre les deux parois pour servir
maçonnerie une pente d'un demi-pied pour cent au moins. d'arcs-boutants ; l'empreinte des instruments employés
L'aqueduc moderne d'Arcueil n'a que 0m,462 sur 389m,807 ; pour ouvrir ce conduit est encore visible. Des puits, de
celui de Roquencourt a 0m,975 sur 3,3l3m,36i. Quand, par distance en distance, permettaient d'aérer les canaux sou
suite du rapport entre la distance de la source à la ville terrains et d'extraire les déblais 80. Ces puits étaient creusés
et la différence des niveaux de ces deux points, la pente au-dessus de ces canaux, ou sur leurs flancs. Le canal était
était trop rapide, on l'atténuait en faisant parcourir aux quelquefois mis en communication avec l'extérieur au
conduits un espace plus grand que la distance entre la moyen d'escaliers, comme on le voit au monte Pincio, et à
source et le point d'arrivée : ainsi les sources qui alimen l'émissaire du lac Fucin *'.
tent l'aqueduc du Gard ne sont situées qu'à 3 lieues de L'eau coulait enfermée dans un canal de maçonnerie
Nîmes, et cependant l'aqueduc se développe sur un par (specus , aquagium , forma, canalis structilis), ou dans des
cours de 7 lieues **. Des coudes, en coupant le courant, tuyaux de plomb ou de terre cuite [tubus, fistula], quel
étaient la conséquence de ces détours ; ils servaient parfois quefois de bois ou même de cuir épais.
à modérer l'impétuosité de l'eau qui, augmentant toujours Les conduits (specus) des aqueducs étaient en pierres, en
de vitesse, aurait par sa force d'impulsion détruit ou dété maçonnerie ou en briques, revêtus d'un fort enduit en opus
rioré les canaux. On obviait aussi à l'inconvénient d'une signinum. Le canal du pont du Gard, tout en pierre, a iB,32
trop grande pente, en adoptant tout d'abord une inclinai de large sur lm,64 de haut dans œuvre; ses murs latéraux
son convenable; puis, au lieu de prolonger le specus sans ont Qm,825 d'épaisseur ; il est couvert en dalles de 0m,33
interruption jusqu'à la ville, on s'arrêtait après un certain d'épaisseur, sur 1 mètre de large et lm,99 de long, en sorte
parcours et on établissait un autre specus à un plan infé qu'elles portent d'un mur à l'autre : les joints sont garnis
rieur, ayant même inclinaison que le premièr ; on réunis en ciment. Sur les parois latérales une épaisseur en ciment
sait ces deux specus par des gradins ou par un puits circu de 0m,082 recouvrait les pierres, et sur ce ciment on avait
laire, comme à VAnio novus. Quelquefois aussi ces détours passé une couche de peinture ou enduit très-fin de bol
étaient le résultat de la recherche, au fond des vallées, des rouge, pour empêcher toute flltration. Le fond de ce canal
niveaux de sols assez élevés pour éviter d'établir des con est en blocage de chaux, de gravier et de petites pierres,
structions trop hautes : c'est ainsi qu'à l'aqueduc de Sé- ayant d'épais 0m,22.Les canaux superposés de la porta Mag-
govie, en Espagne, "on remarque, entre deux collines, un giore à Rome sont en pierre de travertin. Le canal àel'aqua
angle ou pli exécuté pour aller retrouver dans le centre de Claudia a lm,12 de haut sur 0m,9i de large ; celui de l'Anio
la vallée, un terrain plus élevé M. On peut voir plus loin a 2° ,73 de haut et 1IB,58 de large. Il y a un bel exemple de
(fig. 400) une déviation analogue de l'aqueduc d'Aspendus specus à la section de l'aqueduc de Trajan, près la villa
en Asie Mineure. Panfili; le canal est en maçonnerie de briques revêtue
Quand un aqueduc avait à traverser la masse résistante d'un fort ciment de chaux, sable et tuileaux bien broyés
d'une montagne, on revêtait simplement les parois avec et bien battus. Le specus de l'Anio novus, au delà de Tivoli,
un composé de chaux et de pouzzolane bien mélangés, pour est en briques ; des soupiraux 61 ont été ménagés de dis
éviter toute flltration, ainsi qu'on peut le voir encore dans tance en distance dans la partie supérieure, tant pour
quelques-uns des aqueducs qui ont été conservés. Si le exercer la surveillance que pour faciliter les travaux et
roc était trop dur, on faisait un détour pour l'éviter. Si, au l'aération. Le canal de Vaqua Antoniana, construit en bri
contraire, le terrain était susceptible de s'effondrer, on ques par l'empereur Antonin Caracalla, avait de large 0m,82,
construisait des voûtes et des murs revêtus de tuiles pilées, de hauteur, jusqu'à la naissance de la voûte, 4m,6o, et do
de chaux et de sable (opus signinum M) ; parfois ces murs corde 0n,39 ; les murs avaient 0m,9l 6S. Le specus de l'aque
étaient entièrement construits de chaux, de sable et de duc de Patare ** est composé de pierres calcaires percées
cailloux cassés ne pesant pas chacun plus d'une livre, mé suivant une forme cylindrique, de telle sorte qu'étant pla
lange appelé aussi opus signinum ". A Tusculum il y a un cées les unes au bout des autres, elles présentent un canal
" Front. 18. — M Canina, Architett. rom., Aquedotti. — H Hist. nat. XXXI, Labordc, Voyage pitt. et hist. en Espagne, I, p. 92, pl. cuv et cit. — ™ Vitr.
31. — »k ClériMeau, Monum. de Nbnet, I, p. 127.— H Canina, Arch. rom. pl. clivi. ;. — «1 Canina, l. I. pl. cliitii. — •» Montfaucon, t. IV, 2« part, c. IX.
■ M Plin. Hit. nat. XXXV, 4« tu fine. — « Vilr. VIII, 7. — M Canina, Arch. — 63 Fabretti, De aq. pl. in. — "* Teiier, Descr. de l'Asie Afin. 111, p. SÏ4.
rom. pl. cuti; Rondelet. Adiit. aux Comment, de Frontin.f. 33. — 89 A. de pl. CLXXIX.
AQU — 341 — AQU
semblable à un tuyau. Ce canal réunit les collines qui do A l'approche de la cité on utilisait quelquefois les ar
minent la baie de Kalamacki ; il suit les deux penles de la cades d'un aqueduc pour supporter un deuxième et même
vallée qu'il traverse, et remplit l'office de siphon renverse. un troisième canal. Les aqueducs, qui traversaient les
Vitruve m ne conseille les aqueducs de ce genre qu'avec voies principales conduisant à Rome, étaient à cette inter
l'emploi de tuyaux section décorés d'un
en plomb ou en po motif spécial et
terie. Ils ne pou même monumental
vaient recevoir d'ail dans le style des
leurs une grande arcs de triomphe :
quantité d'eau ; au tel est celui de Vaqua
trement la force Virgo qui se voit
d'impulsion eût tout encore dans le palais
rompu , quelle du Buffalo. Le dou
qu'eût été la résis ble aqueduc de l'a-
tance des conduits. qua Claudia et de
L'application de VAnio novus; le tri
tuyaux en plomb, ple aqueduc qui
posés dans des con Fig. 400. Aqueduc à siphon d'Aspendus, porte Vaqua Marcia,
ditions analogues, a Vaqua Tepula et Va
été faite à l'aqueduc de Lyon68, qui traverse le mont Pilate qua Julia, en sont surtout de remarquables exemples. Le
et les vallées de Garon, de Bonan et de Saint-Irénée. Les premier, qui forme à son entrée dans Rome la Porta
eaux descendaient au fond de la vallée et remontaient en Maggiore (fig. 401), fut commencé par Caligula, inauguré
suite, en vertu de leur propre pression, dans des tuyaux par Claude " ; il est construit en blocs de tuf, de pépérin
disposés «n forme de siphon renversé, et soutenus dans leur et de travertin; ses arcs mesuraient70 jusqu'à 35 mètres de
partie inférieure, qui était horizontale, par des arcades en haut. Les conduits de Vaqua Claudia ont un parcours de
maçonnerie. Un autre exemple d'aqueduc à siphon est 46,406 pas, dont 10,176 en arcades; ceux de VAnio, 58,700
celui d'Aspendus, en Pamphylie, qu'on voit ici (fig. 400) pas, dont 9,400 en arcades; réunis, ils apportaient 9,345
dessiné d'après une photographie °7. quinarii, dont 4,607 pour la Claudia et 4,738 pour VAnio,
Le specus était supporté par un mur (substruclio), plein ou tandis que les sept autres aqueducs en donnaient ensemble
percé d'arcades (arcuationes). L'emploi du mur était rare seulement 15,460. Le second des deux aqueducs cités plus
au delà d'une certaine haut montre claire
élévation. Les arca- 3I.CIAVDIVS.DWSL.£.CA£S4MÏEraV3. GERfAAkllCVS . fONTIE^/AAXIJA- ment, par la coupe
des,moins dispendieu T RI B V NrClA"KirE3Kt£XILtD3; tMP£RATOB..XXVU . FATER. . iXTMA'E. faite sur l'arc appelé
ses, présentaient aussi AQVAS.CIAVDIAM.EXJOjmBVS.QVi:VoaB*NTVR.M3^ actuellement Porta
JTEMA'lIENQVlJIOVAM.A.MIIIIAP.. IXU.IVA 3MPENSA,:IN.VRBEN.PEroiNBIÎ*S.Cmvjr.
plus de solidité et ne San-Lorenzo(fig.402),
fermaient point la vue. JMP.CAE»R.VESEASIANVS.AVGVSr.P0NTIF.^\«C.TRI3. «JT.ll 1MP.VT C0S111 DESK1IH.P.P. la superposition des
AQVAS . CVXn«4rcCAEIW£AM.PERDVCTAiADHD XLW01Û.TIÎOSTAJNTSR.DIW'SAStNE-
Ces constructions ont ■PERjiWNCS.NDVENS.SVA.IMPCNSAVRBt.REJmVn".
des caractères diffé POSTtKTEXÎHPERATOIOCVlI. PATER. PATWAE.CENSORÛlS.Vm.
rents suivant le pays AQVAS.CVKTWAET.CAœJLE\virero/^ADr«JXUSflO.Er.POPTïA.
et l'époque où elles
ont été faites. On s'est Tepula
servi de pierres qua-
drangulaires.pépérin, /ua Marçia
tuf ou travertin , sous
la république, comme
le prouve Vaqua Mar-
«Ja,etsouslespremiers
empereurs, comme
l'indique Vaqua Clau
dia. La maçonnerie
de blocage revêtue de
briques ou d'opus reti-
culatum fut ensuite
Fig. 402. Coupe de la Porta
employée : telle on la Fig. 401. Porta Maggiore, à Rome. San-Lorenzo, à Rome.
voit à Vaqua Antoni-
niana; on fit aussi usage des moellons réunis au blocage trois cours d'eau qu'il portait et le détail de sa construc
et à Vopus reticulatum : nous citerons pour exemple un tion71. L'aqueduc de Zumbat-Kalesi est en grand appareil71;
aqueduc situé entre les villes de Kenkbelen et de Selek chaque pierre posée sans ciment est taillée en bossage.
en Asie Mineure*8; ou bien encore on se servit des pierres Les aqueducs dont il vient d'être parlé n'ont qu'une
jointesà la brique etau blocage : tel estl'aqueduc de Mérida. seule rangée d'arcades, tandis que d'autres en ont deux

a Vitr. VIII, 7. — «« Rondelet, Addit. aux Comm. de Frontin, pl. iti. — « Tré- Claud. 20 ; Canina, /. /. pl. clitiii ; Ann. del. Inst. X, pl. m. — 70 Front. 72, 73.
maui, Explor. archéol. de l'Asie Mineure, pl. vin et ix. — 68 A. de Laborde, — 71 Canina, /. I. pl. ami. — 1s De Laborde, Voyage en Orient, Asie Mineure, p. 1 13,
Voyage en Orient, Asie Min. pl. lu, dessin 140.— •» Frontin. 13; Suct. Calig. SI ; pl. lui, dessin 128.
AQU — 342 — AQU
superposées, comme celui de Ségovie, en Espagne, ou même liaut. Celui de Tarragone a aussi une double rangée
trois, comme celui du Gard. L'aqueduc de Ségovie" est en d'arcades ; il est construit en pierres à bossage ; sa hauteur
pierres de taille posées sans ciment; les arcs ont 5m,72, les totale est de 31 mètres, sa longueur de 218 mètres7*. Les
piles ont le quart des arcs. Les piédroits de la première piliers des arcs inférieurs sont en talus des quatre côtés;
rangée d'arcades s'élargissent de haut en bas par des re ceux des arcs supérieurs sont, en façade, à-plomb de la
traits couronnés de moulures. L'aqueduc a 66 mètres de dernière assise des précédents, et ne diminuent que sur

l it'. 403. Aqueduc du Gard,


les faces intérieures des arcades. L'aqueduc du Gard, près arcs étaient coupés par d'autres de manière à former deux
de Nimes (flg. 403)", est bâti en gros quartiers de pierres étages dans les endroits où il y avait trop de hauteur; il
polies, à joints secs et bien posés, qui ont 2m,60, largeur en était de même à l'aqueduc de l'Anio, au-dessus de Tivoli,
de la face des piles, sur 2ra,6o etO""^ de haut. Il est com et à l'aqueduc de Carthage 77 qui avait vingt-trois lieues de
posé de deux étages de grandes arcades, et d'un troisième long. L'aqueduc de Metz 78 est en briques, avec des retraits
aux piédroits ; dans le milieu de la vallée où passe la Mo
selle, les arcs, plus larges que ceux des extrémités, sont
surmontés d'un rang d'arcs plus petits et plus nombreux.
Nous citerons encore, parmi les travaux en briques les
plus remarquables, les contre-forts que dut établir Agrippa
lorsqu'il plaça au-dessus de la Marcia et de la Tepula le
conduit de la Julia; et les arcades que Néron fit cons
truire pour conduire les eaux de l'Anio novus et de la Clau-
dia au mont Goelius et à l'étang qui porte son nom. Ces ar
cades furent prolongées par Septime-Sévère pour amener
les eaux au Palatin, à l'Aventin et dans la région transtibé-
rine. Les restes de l'aqueduc de Trajan près de la villa
Panfili, en dehors de la porta San-Pancrazio, sont com
posés en partie d'opus reliculatum, en partie de briques,
beau travail, d'une grande précision. Du temps de Pro-
cope, cette eau faisait mouvoir les moulins placés sur la
pente du Janicule Tronqué par Vitigès, relevé par Béli-
saire, abandonné dans la suite, il fut rétabli par Paul V,
lorsque celui-ci créa la fontaine Pauline.
Les deux aqueducs de Mérida dans l'Estramadure ne le
cédaient en rien à ceux de Rome 80. Le plus grand a 37 pi
les encore debout, et quelques-unes soutiennent trois
rangs d'arcs, les uns au-dessus des autres. Le conduit est
élevé à 23m,50 au-dessus du sol. La construction est un
mélange de pierres et de ciment, revêtu à l'extérieur de
Fig. 404. Coupe de l'aqueduc du Gard, belles pierres bien taillées en bossage, d'une symétrie par
faite, d'une grande dimension et séparées, de cinq assises
rang de petites, qui porte le specuSi L'arc sous lequel en cinq assises, par des filets de briques.
passe le Gardon est plus large que les autres. L'aqua Constantinople avait des aqueducs de pierre, dont deux,
Alexandrina, construite par Alexandre-Sévère, l'an 223 de qui subsistent encore en partie, nous en montrent toute la
l'ère vulgaire, est un ouvrage tout en briques 76 dont les magnificence : l'un porte le nom de Valens, l'autre celui de

73 Montfaucon, t. IV, Suppl. p. 102, pl. xliii ; Canina, Arch. rom. pl. clxvi ; — 76 Canina, l. I. pl. clxiy. — 77 Trémaux, Parallèles des édtf. ane, et mo
Gomcz de Sommorostro, El agueducto de Segovia, Madrid, 1820. — 7i De La- dernes, pl. uni; Durand, Topog. de Carthage, 1836, p. 79, 136, 139, 144.
borde, Voyage pitt. en Espagne, t. I, p. 32, pl. lt, lvi. — 75 Ménard, ffist. — 78 Montfaucon, t. IV, c. x, pl. cxvxii, et suppi. c. vi, pl. iv; Canina, Arch.
des antiq. de Nimes, 1829, p. 69; Canina, Arch. rom. pl. clxv; L. llcynaud. rom. pl. cliïi. — 7S Procop. Goth. I, 15. — M De Laborde, l. I. I, p. 112, pl. cl,
Traité d'archit. II, pl. lxxii ; Archiv. de la Commis*, des ilonvm. hist. ÇLI, CLLh
AQU — 343 — AQU
Justinien; mais quelques personnes pensent que ces aussi de leurs propres deniers des aqueducs, qui fournis
noms sont, ceux des empereurs qui les ont restaurés, et que saient l'eau à leurs bains, ou aux fontaines, aux jets et aux
le premier fut élevé par Hadrien, le second par Constan cascades qui embellissaient leurs villas. C'était générale
tin; ils furent souvent réparés par la suite sous les empe ment à grands frais que ces eaux étaient amenées, soit par
reurs grecs et sous les Turcs, leurs successeurs. L'aqueduc des aqueducs spéciaux qui remontaient jusqu'à la source
de Justinien avait un passage pour le public, qui traversait même, soit par un embranchement sur les aqueducs de
les piles dans leur milieu, au-dessus du premier rang d'ar l'Etat. Près de Tivoli, on voit encore les restes d'un aqueduc
cades, sur une largeur de lm,299 81. qui alimentait la villa Adriana, et dont les eaux étaient
Aux aqueducs romains qui ont été indiqués dans ce prises à YaquaClaudia : il existe des vestiges d'un aqueduc
qui précède, on en peut ajouter un grand nombre dont qui amenait l'eau à la villa des Quintilii. Sans citer d'au
on voit encore les ruines8*. Nous devons nous conten tres exemples, il suffit de parcourir la campagne romaine
ter de renvoyer aux études dont ils ont été l'objet de la pour voir qu'elle est sillonnée de ruines qui témoignent
part des antiquaires et des voyageurs et de faire remarquer de la quantité de ces aqueducs particuliers. C. Thierry.
que les Romains ont pourvu au besoin d'eau, partout où ils Administration des eaux. — Voy. pour les Grecs efi-
se sont établis, avec une abondance et une magnificence STATAI TON HYDATON.
qui dépassent de beaucoup ce qu'ont fait les modernes I. Consli-uction et entretien des aqueducs. — A Rome,
Les eaux étaient reçues près des murs de la ville dans sous la république, la construction appartenait aux cen
de grands réservoirs où elles se purifiaient, en y déposant seurs ; nous devons écarter l'attribution qu'on en a faite
les matières qu'elles tenaient en suspension, et dans les aux édiles; les aqueducs de Rome, pendant la républi
châteaux d'eau, où débouchaient les tuyaux destinés à les que, ont tous été établis 87 par les censeurs, véritables
répandre dans les différents quartiers [castellum, piscina ministres des finances et des travaux publics [census].
limaria]. La distribution des eaux s'opérait par des tuyaux Tous furent exécutés, en effet, avec les fonds de l'État
[fistula] dont les orifices étaient de 25 modules différents. votés par le sénat, et le plus souvent sur les excé
La jauge 81 des tuyaux se faisait dans le château d'eau, dants des recettes ; ces entreprises avaient lieu à chaque
au moyen de calibres en bronze (calix), au nombre de 25. renouvellement de lustre88. La plus forte dépense de l'État,
Celui qui servait d'unité était appelé quinarius, et avait écrit Polybe89, est celle que les censeurs font tous les cinq
pour diamètre 88 un doigt il présentait une surface de ans pour élever et réparer les édifices; c'est le sénat qui
Om,ATi millimètres carrés. Le doigt (digitus) était l'unité l'autorise et donne le pouvoir de la faire. Il faut voir une
de mesure; il égalait la seizième partie du pied romain, exception dans l'aqueduc que construisit le préteur Mar-
soit 0m,019. Le pied romain, ou pied du Capitale, égale cius(608 de Home): il agissait en vertu d'un sénatus-con-
0m,297. Sous la direction de Frontin , les neuf aque sulte M. Il nous paraît donc incontestable que toutes les fois
ducs , d'après les mesures prises par lui aux sources que la république avait un censeur en charge, lui seul avait
mêmes, devaient apporter à Rome 24,805 quinarii. Mais le droit d'ordonner ces travaux, de les organiser, de choisir
ce chiffre n'était pas celui des registres sur lesquels l'adjudicataire, etc. L'exemple d'Agrippa, le gendre d'Au
étaient inscrites toutes les eaux distribuées dans la guste, qui construisit plusieurs aqueducs", à une époque
ville et dans les environs : il y avait beaucoup de fraudes et où la censure avait cessé d'être ce qu'elle était sous la ré
de déperditions. publique, n'infirme point ce qui vient d'être dit. Agrippa
Le niveau de ces eaux était différent : l'Appia, la moins en fit seul tous les frais, usant du droit que lui donnait son
élevée, avait 8m,37 au-dessus du quai du Tibre, à la titre d'édile de s'occuper des travaux publics [aediles]. Les
cloaca Maxima, après un parcours de 1 1 ,190 pas, dont Romains avaient un mot pour caractériser les actes de gé
60 seulement en arcades, près de la porte Capena. La Mar- nérosité de ces magistrats : largitio aedilitia. Il était aussi
cia -avait 37m,48 d'élévation, après un parcours de d'usage, sous la république, d'affermer les travaux à exé
61,710 pas. L'Anio, la plus élevée de toutes, avait 47m,52, cuter, si minime que fût leur importance. Des entrepre
toujours au-dessus du quai du Tibre, après un parcours neurs publics (redemptores) étaient pour ce motif tenus d'a
de 58,700 pas. Le pas était égal à lm,48o. voir un certain nombre d'esclaves employés constamment à
On peut apprécier le débit que les aqueducs avaient à entretenir et réparer (restituere, reponere, refîcere, resarcire)
Rome, d'après celui des trois conduits anciens qui amè les aqueducs, tant dans Rome que hors de Rome. Les noms
nent encore aujourd'hui l'eau dans la ville. L'aqua Vir- de tous ces ouvriers, l'ouvrage dont ils étaient chargés, et le
gine ou de Trevi, l'ancienne aqua Virgo, réparée sous Ni quartier où ils devaient l'exécuter, étaient inscrits sur des
colas V, Sixte IV et Pie IV, débite 65,780 mètres cubes registres publics (tabulae publtcae)**. Grâce à ces dispositions,
d'eau, et l'aqua Felice, l'ancienne Alexandrina, restaurée le contrôle des magistrats s'exerçait plus facilement et plus
par Sixte V8", produit 20,537 mètres cubes en vingt-quatre sûrement.
heures. "L'aqua Paola, anciennement YAlsietina, rétablie L'entreprise des travaux publics comprenait des devoirs
par Paul V, fournit 94,181 mètres cubes; ce qui donne, de deux sortes : la locatio et la probatio*'. Il appartenait en
pour ces trois aqueducs, un total de 180,500 mètres cubes. principe aux censeurs, et par exception seulement aux
Les empereurs et beaucoup de particuliers construisirent consuls, aux préleurs, aux édiles et aux questeurs, de

»i Procop. But. are. 26 ; Cad. Theod. VI, 4, 30 ; Gothofred. Ad Cod. Theod. suiv. — «S Rondelet, Comment, de Frontin, Notions préliminaire», art. II, § 16.
XV, 2, 3 ; Rondelet, Add.aux Comment, de Frontin, p. 42, pl. xix ; Perlusier, Promen. — t>« N'ibby, Borna ant., Aqucdotti, I, p. 339. — S1 Tit. Lit. XXXIX, 44 ; Front.
dans Constantinople,l,f. 166 ; Ker Porter, Travels, 11« part.; i. de Hammer, Cons- 5, 6, 8, 126 ; Plin. Bist. nat. XXXVI, 15-24 ; Orelli, 539. — »» Front. 5 ; Plin. Bisl.
tantinop. md Bosporus, I, p. 567 et s. —8i Voy. aussi les recueils d'inscriptions; le mit. XXXVI, 15; Tit. Ut. XXXIX, 44. — M Front 7; Plin. But. nat. XXII, !•
Bulletin monumental de Caumont et la bibliographie à la suite de ces notes. — M Voy. — »0 VI, 13. — »' Front. 9 et 91 ; Dio Cass. XLIX, 43; Plin. XXXVI, 15. Voy.
de Botasieu, Inscr. ant. de Lyon, p. 446 ; et Moinmscn, Vas Edikt Auyusts ùber die ci-dessus, p. 339. — »» Front. 96, 119 ; Orelll-Hcnzen, 6428 » tic. In Verr.l, 54;
Wasserleit. Don Yeuafro, in Zeitschr. /fie yesch. Beclitsuiiss. XV. — •* Frout. 26 cl 57 ; Polyb. VI, 7 ; Festus, s. v. Redemptorcs.
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donner les travaux à l'entreprise (locatio)". Le soin d'ap les curules avaient préposé, dans chaque canton, deux des
prouver les ouvrages'5 (proùatio) était confié tantôt aux habitants à la surveillance des eaux publiques105. Des lois
censeurs, tantôt aux édiles, ou même aux questeurs; il analogues existaient pour les colonies et les municipes:
en devait sans doute être ainsi lorsqu'il était nécessaire de par exemple, à Venafrum, dont les habitants devaient, pour
réparer plusieurs aqueducs en même temps. toutes les contestations sur ces points, s'adresser à Rome
L'établissement des aqueducs donnait lieu à de vérita au rnAETOR peregrinus105.
bles expropriations pour cause d'utilité publique. L'État Auguste, après la mort d'Agrippa, qui avait été
ou la commune achetait le terrain entier sur lequel devait chargé de la surveillance perpétuelle des aqueducs, cons
passer l'aqueduc. On arriva de cette façon à fixer d'une ma titua le régime des eaux sur des bases nouvelles; il confia
nière certaine le droit des limites entre les particuliers et à Messala Corvinus, ancien consul, l'administration des
la république06. Le terrain inutile était revendu; mais eauxavectlesdroitstrèsétendus,etle titre de curator aqua-
de chaque côté de l'aqueduc, on avait soin de réserver, rum 10T, qui fut désormais attaché à cette fonction (12
en en marquant la limite au moyen de bornes, un espace après J.-C). Deux aides (adjutores) lui furent adjoints, avec les
de quinze pieds pour les constructions élevées au-dessus du mêmes marques de dignité qu'on accordait aux magistrats.
sol qui conduisaient l'eau à Rome'7; de cinq, pour les con Un sénalus-consulte de la môme date détermina l'étendue
duits souterrains ou situés à l'intérieur de la ville". Ces de leurs fonctions108 : hors de Rome, les curalores avaient
délimitations, fixées longtemps après la fondation des à leur service deux licteurs, trois esclaves publics, un ar
premiers aqueducs, étaient nécessaires pour prévenir les chitecte (archilectus) ; pour chacun d'eux, des greffiers
dégradations, pour empêcher la construction d'édifices (scribaé), des expéditionnaires (librarii), des huissiers (ao
adossés aux aqueducs, ou la plantation trop rapprochée censi), des crieurs (praecones), etc., en un mot tout le per
d'arbres, dont les racines, en s'insinuant dans les murs, les sonnel attaché à l'administration des eaux. Ils dirigeaient
eussent fait éclater; enfin pour rendre la surveillance et surveillaient ce personnel et en répondaient 10*, parti
facile. Les contrevenants étaient condamnés à l'amende. culièrement des aquarii, dont ils avaient souvent à ré
Les sénatus-consultes qui réglaient ces matières entrent primer les fraudes. Dans Rome, ils avaient droit au même
dans des détails que nous ne pouvons reproduire ici ". cortège, à l'exception des licteurs. Ce sénatus-consulte
Tous les matériaux nécessaires pour les réparations réglait aussi les salaires et les états de frais, ordonnait
(terra, limus, lapis, arena, ligna) devaient être pris dans qu'il fût remis aux curateurs, les tablettes, le papier et
les fonds les moins éloignés, et nul ne pouvait en tout ce qui était nécessaire à leurs fonctions, et décidait
empêcher le transport à travers sa propriété, sauf à être enfin que les consuls régleraient avec le préteur du trésor,
indemnisé. 11 en fut ainsi au moins depuis Auguste ,0°. la forme de ces fournitures. Il fut réglé aussi que les cura-
Les particuliers dont les propriétés étaient traversées par tores vaqueraient pendant la quatrième partie de l'année
les aqueducs, furent dispensés sous l'empire des charges aux jugements publics et particuliers, de leur compé
extraordinaires, à condition qu'ils entretiendraient et tence, etc. in.
nettoieraient les canaux ; s'ils n'exécutaient pas la con Les fonctions des curatores aquarum n'étaient limitées
vention, on confisquait au profit du trésor la partie rive que par la volonté du prince ; dans l'espace de 107 ans qui
raine de leur fonds ; ils étaient aussi tenus de planter des s'écoulèrent entre Messala choisi par Auguste et Frontin
arbres le long des canaux, à intervalles de 15 pieds101. qui exerça ces fonctions sous Nerva et qui nous a laissé
La surveillance que devaient exiger les censeurs et les la liste de ses prédécesseurs, on ne compte que quinze
édiles était réglée par de nombreuses prescriptions. curatores Ces fonctions importantes ne furent confiées
Les champs qui étaient, au mépris des règlements, qu'à des personnages consulaires : de là le titre de consu-
arrosés avec l'eau destinée au public, étaient confisqués ; lares aquarum que nous voyons apparaître, au second siècle
on prononçait aussi une forte amende contre les fermiers de notre ère, à la place de l'ancien nom 11S. Les consulares
publics qui avaient favorisé cette contravention. Si quel aquarum furent placés sous les ordres du praefectus crbi.
qu'un était convaincu d'avoir corrompu l'eau à dessein, il Les attributions de ces magistrats étaient analogues à
était condamné à une amende de 10,000 sesterces10*. Celui celles des curalores, à Rome et à Gonstantinople. Nous ren
qui avait percé et rompu des canaux, pratiqué des irri voyons, pour de plus amples détails, aux titres du Digeste
gations ou tenté de le faire, était condamné à une amende et des Codes (De aquaeductibus).
de 100,000 sesterces105. Le souvenir des rigueurs dont avait Sous l'autorité des consulares aquarum étaient placés des
usé Caton pendant sa censure, n'était pas encore oublié procuratores aquarum et comités formarum, chargés d'une
sous Auguste. On sait par Tite-Live m qu'il rendit à leur surveillance plus immédiate et de l'exécution des ordres ,u.
destination toutes les eaux publiques détournées pour II. Concession des eaux. — Anciennement, il n'était ac
l'usage des édifices ou des champs particuliers, et qu'il cordé aux particuliers aucune concession d'eau (jus aquae
put exécuter de grands travaux avec le produit des impetratae, ou ducendae), sans doute à cause du peu d'abon
amendes. dance de l'eau à Rome. Défense est faite à tout citoyen,
Pour assurer l'exécution de tous ces règlements, les édi- disait la loi, de prendre d'autre eau que celle qui tombe
»» Cic. In Verni, .10 ; Pkil. VII, 7 ; Fronl. «6 ; Orelli, 1294-3267 ; Asconius, Ad Yerr. — 10» Front. 129 ; Cassiod. Vor. VII, 6 ; Cod. C. I, 0, XI, 42 ; Cod. theod. XV, I.
II, Si. — ** Front. 96 ; Asconius, /. /. dit aussi : « Harum rerum cura prupria censo- — 10' XXXIX, 44. — 105 Front. 97. - '08 Id. 129 ; Orclli-Hcnzen, 6428. — 107 Front.
ribus datur, id est sartorum tectorum ciigcndorum. Verum haec liceri et procurare, 99-102. D'après une inscription du musée de Toulouse, ce titre aurait déjà été donné en
cum caeteris item tum publicis, tum pritatis operibus aedilium cura est omnia. 682 de Rome : Roschach, Catalogue du musée de Toulousr,î\l ; cf. Henien, In leges
— *> Frontin. lit ; mais il semble que les lois d'expropriation pour cause d'utilité Vùellia....observ. epigr., Bonn, 1860. - '°8 Front. 100. — «» Front. 67, 75, 100, 114.
publique n'étaient pas d'une application absolue, ou qu'on parvenait à les éluder : 117, etc. — »o Frout. 101.— Front.102. — »« Orelli-Hemen, 2284, 2502, 3162,403e,
Tit. Ut. IL, SI. — * Front. 100, 128, etc. — »8 Id. 1Î7 et s.; on les -voit filées 6181, etc. La première constitution de Constantin sur les aqueducs est adressée : . Ad
ailleurs à 8 pieds ; Orelli-Hemen, 6580 ; Mommsen, /. I. p. 292. — » Voir Front. Maiimilianum consularem aquarum • ; Cod. XI, 42 ; cf. XII, 60 ; Cod. Theod. XV, I,
124 à 130. — •«> Front. 125 j Orelli-Hemen, 6428. — Cod. C. 1, XI, 42. — H» Cassiod. Vnr. VII, 6 ; Front. 105, 112 et in fine; Notitiadignit. cm, p. lio ;
— 1« Front. 97; ef. 73; Dig. L. 1, g 1, XLVII, Il ; Cod'. C î, 4, 6; XI, 4». Guthcr.fle offic. dom. Aug. I, 6, 12; Orelli. 916, 1194, 6337 ; Corp. toc. gr. C627.
AQU — 345 — AQU
du réservoir à terre c'est-à-dire l'eau superflue mier chef. On vendait chèrement l'eau aux concession
(caduca). L'eau n'était concédée que pour l'usage des bains naires ; les établissements publics, les bains, etc. , payaient à
publics et des foulons qui blanchissaient les vêtements. l'État, comme les particuliers, un droit annuel (vectigal ex
Mais après la construction des nombreux aqueducs que aquaeductibus, ou vectigal formae) m. Il faut aussi compter
nous avons énumérés, on accorda facilement des conces le produit des amendes, qui était très-élevé, et dont le
sions (aquaeductus), moyennant un droit (vectigal) payé au taux fut même porté à des proportions énormes 1". Les
trésor public IW. Sous les empereurs, les habitants de Rome seuls domaines et édifices placés près des conduits des
eurent l'eau sans redevance ; elle devait couler jour et nuit châteaux d'eau, des bassins et des fontaines, payaient au
adusum populi11'; mais on conserva l'ancien système pour trésor un droit annuel de 250,000 sesterces '**. On peut
les villes de province: on n'y pouvait obtenir une concession juger approximativement du revenu total produit par
que moyennant une redevance à la caisse municipale '". les aqueducs d'après l'élévation de cette somme, et en
■ Les concessions étaient essentiellement personnelles, tenant compte des quantités qui se distribuaient pour les
elles ne passaient ni à l'héritier ni au nouveau propriétaire. autres usages. Dureau de la Malle 180 estime que les con
Dès qu'une concession devenait vacante, on l'annonçait au cessions n'absorbaient pas le vingtième des quinaires con
public ; il en était fait mention sur le registre des eaux, et cédés aux particuliers, ce qui constituerait pour l'État
l'on interrompait la distribution aussitôt que sa durée un revenu de 1,244,000 fr. Frontin nous apprend que tout
était épuisée "8. Nerva, par une sage mesure, accorda une le personnel de l'administration des aqueducs était payé
prorogation de trente jours pour donner aux intéressés le sur le trésor public lsl. La quantité d'eau frauduleusement
temps de faire les démarches nécessaires et pour ne pas détournée que Frontin rendit à sa destination est encore
priver tout à coup un domaine de l'eau qui le fécondait un élément qui permet d'apprécier l'importance de cet im
(ne praedia subito desliluerentur) "9. Le droit d'accorder pôt. Dureau de la Malle m a comparé le nombre et le prix
des concessions d'eau (aquam dare, distribuere, describere, des pouces d'eau distribués à Paris en 1843 avec ceux qui
vendere), fut sous la république confié aux censeurs et étaient distribués à Itome sous Trajan; d'après ses calculs,
aux édiles ; mais, sur ce point encore, il paraît résulter des 3,380 pouces d'eau constituaient un revenu de 890,000 fr.
textes, que les édiles n'avaient de pouvoir que lorsqu'il n'y La longueur totale de tous les conduits qui apportaient
avait pas de censeurs en charge. C'était donc à ceux-ci de l'eau à Rome était de 428,000 mètres, dont 32,000 sur
que devaient s'adresser les particuliers 1!0. Après la mort arcades; la mesure d'eau puisée aux sources était de
d'Agrippa, qui, à la suite de son édilité, avait été chargé 24,500 quinaires "'.Hors de Rome, il se distribuait 4,063 qui
de l'administration perpétuelle des aqueducs ,,,) les parti naires, dont 1,718 pour l'empereur et 2,345 pour les par
culiers qui désiraient avoir des prises d'eau, durent adresser ticuliers; en ville, 247 châteaux d'eau distribuaient 9,953
une demande au curator aquarum, qui la remettail à quinaires ainsi répartis : pour l'empereur, 1 ,707 ; pour les
l'empereur, seul dispensateur des concessions m. particuliers, 3,847 ; pour les usages publics, 4,40 1 . On com
Frontin nous fait connaître les moyens employés pour prenait sous ce dernier titre les pièces d'eau, les fontaines,
que chacun eût la quantité d'eau qu'il payait, et pour pré les spectacles, les établissements publics ***.
venir les fraudes des employés. Les particuliers eux-mêmes Les eaux étaient classées d'après leur qualité . Vaqua Mar
pouvaient exercer un contrôle, à l'aide du tuyau de bronze da, par exemple, était tout entière réservée pour la bois
servant de compteur, par lequel l'eau passait du réservoir son, alors que celle de l'Anio servait à l'arrosement et aux
public dans les canaux de distribution ,ss [calix]. usages ordinaires ,ss.
Les termes des concessions variaient beaucoup : tan IV. Administration des eaux dans les municipes. — Les
tôt l'eau n'était distribuée qu'à des heures déterminées (aqua magistrats des cités, chacun suivant sa compétence, se
certis koris ducta m) ; et il paraît que cette indication était partageaient toutes les fonctions attribuées à Rome aux
inscrite sur les tuyaux ; nous y lisons par exemple : «ab hora censeurs, aux édiles et aux curateurs; les documents
secundo, ad horam sextam » m ; tantôt ces concessions étaient épigraphiques nous montrent des quinquennales m, des
limitées à un jour, à une saison, etc. (aqua quotidiana, aes- quatuorviri1*1', un duumvir 138 et les édiles d'un pagos, éta
livà) "".Les fontainiers devaient fermer les conduits après blissant des conduits ou les réparant.
l'expiration du délai. Des légats de l'empereur, des gouverneurs de provinces,
Les aqueducs devinrent pour l'État la source d'un re des chefs militaires, construisirent aussi des aqueducs "9.
venu si considérable, que leur construction, quoique coû Les empereurs enfin en dotèrent souvent les cités'*0.
teuse, n'en fut pas moins une dépense productive au pre- E. Labatut.
llt ■ Ne quis privatus aliam ducat, quam quae et lacu humum accedit. » 1640 ; J. Chiflet, De aqua Virgine, Àntra-p., 1662 ; et in Graevii Thesaw. antiq.
— «S Front. 94, 103, 118, etc. ; Cic. Leg. agr. III, 2 ; Vitr. VHI, 7 ; Cod. XI, 42, rom. t. IV ; Fabretti, De aquis et aquaeduct. net. Rama», Rome, 1680 et 1788 ; C.
• 7 : « Aqua domibus ctiam certa conditione coucessa ; i Orelli-Henzcn, 5326 ; cf. G. de Winckler, De jure impetratae aqua», Ups. 1749; C. Materons de Cilano, De
G4!8. — 1" Front. 105. — IM Id. 94 — «8 Id. 103, etc. — «• Id. 109. — 1» Id. aqua Virgine, Altona, 1754; Polenus, Comment, ad Front., PataT. 1722 ; Cassio,
98; Orelli-Henzen, 5326-6428. — •« Front. I. I. — M» Id. 103, 105, 110 et s.; Corso délie acque, Roma, 1756 ; Heubach, De politia Rom. Gfitting. 1791, p. 83 ; C. F.
Dig. XUII, 20, 1, g 42; Cod. XI, 42, 14; Cod. Theod. XV, 2, 2. — U» Front. Schmid, De aquar. tulela Rom., Viterb. 1801 ; Petit-Radel, Notice hist. comparée
24 i 37. — »» Dig. L. 5, 8 1, XLIII, 20. — «5 Mommsen, Zeitschr. fur gesch. sur les aqueducs des anciens et la de'riv. de la rivière d'Ourcq, Paris, 1803; Rondelet,
Rechtswiss. XV, p. 307. — "« Dig. /. /. — W Front. 118-119, etc.; Vitr. Commentaire de Frontin sur les aqueducs de Rome, suivi de la descript. des princi
VIII, 6. — <*» C. Theod. C 2 et 9, XV, 11. — 1» Front. 118. — 1!» Distrià. paux aqueducs, Paris, 1 820 ; Dureau de la Malle, Sur la distribution, la valeur
et législ. des eaux, p. 13. — «' Front. 118. — »M L. I. — 1» Front. 65 à 75. et la lègislat. des eaux dans l'anc. Rome, dans les Annales de Chimie et Physique,
— I>* Id. 78, etc. — "S Front. 92. — 1" Mommsen, Inic. Neap. 5713; Gruter, t. VII, p. 339 ; Canina, Storia dell' architettura romana, II, Aqued. pl. om et
171, 8; 1020, 4; Muratori, 478, 1; Orelli, 3892 ; cf. 3317; Gruter, 486, 7. s. ; H. Jordan, De publ. urbium Romae et Const. aquaed. et de aqua impelrata, Bonn,
— Mommsen, Imc. Neap. 6112. - »9 Orelli, 4019. — M» Orelli, 199, 812 ; 1844; Id. Topographie der Stadt Rom, im Alterthum, II, p. 48 et s., Berlin, 1871 ;
Crolcr, 177, 3, etc. — '«"Henien, 5342, 6428 ; Orelli, 136 ; Renier, Archio. des miss, Smitb, Dict. ofgreek and rom. antiq. s. v. Aqwsductus ; Becker, Rôm. Alterthûmer, I,
scient. 1851, p. 173. — Biblioobaphib. E. Curtius, Ueber stûdtische Wasserbauten der p. 701 ; Mommsen, Dos Edikt Augusts ûber die Wasserleitung von Venafro, in
Rellenen, in Archdologische Zcitung, 1847, p. 19 et s.; Id. Ueber griech. Quell- Savigny's Zeitschr. fùr gesch. Rechtsvoiss., Berlin, 1850, t. XV, p. 287-326 ; Henien,
und Brunnenmschriften, Gotting., 1859 ; Kitter, in Abhandlungen der Berlin. Ajfca- in Rheinisch. Muséum, t. IX, p. 539-554; Pauly's RealencyclopSdie, I, 2« éd. s. v,
dénie, 1 854, II' partie. — Ferd. de Castro, A quaeducl. novae et ant. liomae, Salmant. Aquaeductus; F. Cori, Charta topogr. cursus aquaed. Rom-, 1869.
I. 44
AQU — 346 — AQU
AQUAE DUCTUS et AQUAE HAUSTUS. Pour les servi sous le nom de publica, composée de deux cent quarante
tudes de ce nom voyez aqbae. hommes ; une autre par Claude, sous le nom de caesarea,
AQUAE ET IGNIS INTERDICTIO [exsilium]. qui en comptait quatre cent soixante. Frontin distingue
AQUAE SALIENTES [fontes]. différents emplois : ceux de villicus ou intendant, chargé
AQUAELICIUM ou AQUILICrcM. — Cérémonie à la de contrôler la distribution des eaux ; de castellarius, fontai-
quelle on avait recours à Rome dans les temps d'extrême nier du château d'eau [casteixum] ; de circitor ou custos,
sécheresse. Hommes et femmes, pieds nus, les dernières inspecteur ou chef de ronde ; de paveur (silicarius) ; de
vêtues de la stola et les cheveux épars, montaient au Ca- stucateur (tector), etc. '. La tâche des ouvriers était réglée
pitole, et y adressaient leurs prières à Jupiter afin qu'il chaque jour. Vers la fin de l'empire, les curateurs des
envoyât la pluie*. eaux, alors appelés consulares aquarum'', avaient sous leurs
Une cérémonie semblable se rattache au culte de Mars. ordres des comités formarum, hommes du métier exerçant
Près de son temple, situé hors de la porte Capena, était dé une surveillance plus directe, un nombreux bureau [offi-
posée une pierre qu'on appelait lapis manalis (la pierre qui cium) et un personnel considérable d'esclaves publics. Une
coule) : lorsque les pontifes la promenaient par la ville, la constitution de Zénon 8, après avoir rappelé les prohibi
pluie, disait-on, ne manquait pas de tomber'. Cet usage, tions de dériver l'eau des aqueducs, et de nuire aux con
fort ancien et que Rome avait, à ce qu'il semble, emprunté duites par aucune plantation ou construction, sous peine
aux Étrusques, paraît avoir été pratiqué ailleurs encore en de confiscation de celle-ci, ordonne que les employés des
Italie8. E. Saglio. eaux de Constantinople (aquarii ou aquarum custodes quos
AQUAEMANAL1S, aquiminale ou aquimanile, aquimi- hydrophylacas nominant) porteront désormais sur la main le
narium (^epvTëov). — Pot à eau, aiguière, servant à verser nom du prince. Ce stigmate, usité également à l'égard des
l'eau dans une cuvette '. 11 était d'usage chez les Romains ouvriers attachés aux fabriques impériales [fabricenses] '
de distribuer de l'eau aux convives pour se laver les mains et des tirones ou recrues, devait faire reconnaître en
avant et pendant le repas *. tout temps les gardiens des eaux, de manière à empêcher
De là vient que ces vases sont les procuratores de la maison impériale de détourner ces
nommés, avec les bassins qui agents de leur destination spéciale, et à libérer ceux-ci
les accompagnaient néces de toute charge de transport (angariae) ou de travaux pu
sairement, parmi l'argente blics. A la mort de chaque aquarius, son successeur devait
rie et la vaisselle de table *. être immédiatement marqué de la même empreinte, en
Dans une peinture d'un tom sorte qu'il n'y eût aucune interruption dans le service.
beau étrusque de Corne - G. HUMBERT.
to*, représentant un festin, II. On voit par les inscriptions 10 qu'il y eut dans les
on voit (fig. 403), sous un municipes des aquarii réunis en corporation. Les riches
dressoir, où sont rangés des particuliers eurent aussi des aquarii ou fontainiers em
coupes, des cratères, etc., ployés au service des eaux dans leurs maisons et dans leurs
Fig. 405. Aiguières et cuvettes sous deux vases munis d'une anse , domaines 11 : c'étaient ou leurs esclaves, ou des ouvriers
un dressoir.
et placés dans des cuvettes, loués pour ce travail, et c'est sans doute
dont l'emploi était vraisemblablement celui que nous pour ces derniers que l'édit de Diocté
venons d'indiquer. E. Saglio. tien u fixe le prix de la journée à vingt-
AQUARII. — I. Esclaves publics chargés, sous la direction cinq deniers.
des magistrats, de l'entretien des fontaines, des aqueducs et Des aquarii étaient aussi employés à
en général de la distribution des eaux chez les Romains porter l'eau nécessaire aux soldats
La construction et les grosses réparations étaient seules On appelait encore aquarii et aquarioli
confiées à des entrepreneurs (redemptores). Sous la répu des hommes de condition infime et dé
blique, les censeurs et les édiles avaient la haute surveil criés, la plupart affranchis, qui portaient
lance de ce service important *, qui fut confié sous Au dans les maisons l'eau nécessaire à la
guste à un officier spécial, le curator aquarum [aquaeduc- cuisine, aux bains, etc., et en profitaient
tus] Frontin nous a conservé * six sénatus-consultes souvent pour faire le métier d'entre
rendus vers 742 de Rome (12 av. J.-C), concernant la ju metteurs ** (iropvoSiâxovoç).
ridiction de ces curatores,&t notammentl'organisation et le La fig. 406 reproduit une sculpture du
traitement de leurs apparitores ou employés. Un plébis musée de Lyon '*, de basse époque, où Fig. 406. Aquarius.
cite5 rendu en 744 de Rome, établit des mesures de un aquarius représente vraisemblable
police et des peines contre les infracteurs aux règlements ment le signe du Verseau, appelé aquarius et ûîpo^o'oç,
sur les eaux publiques. Une familia fut établie par Agrippa dans les écrits des astronomes. E. S.
AQUAELICILM ou AQB1LICICM. > Fest. ». ». Aquaeliciura ; Tertul. Apolog. — « Front. I. I. 71, 112, 116 et suiv.— ' C. 1 Cod. Theod. De aquaed. XV, ï; C. I
40; Petron. Sot. 44. — > Fest. 1. I. et ». ». Manalis lapis ; Serv. Ad Aen. III, 175 j Cod. Theod. De div. offic. VIII, 7.— 8 c. 10 De aquaed. Cod. Just. XI, 42. — » C. 3
cf. Non. Marc. ». ». Trulleum.— • Labeo ap. Fulg. p. 559. — Bibliographie. K. 0. De fabricens. Cod. Just. XI, 9 ; Gothofrcd. Ad l.\c\ic. 1.— 10 Orclli-Henzen, 1186 ;
Miller, Die Etrûsker, t. II, p. 340 ; Freller, Itùmiscke Mythologie, p. 172, 313, Mommsen, Disc. r. Neap. 744. — 11 Paul. Sent, recept. III, 6, § 48 ; fr. 12, g 42 Dig.
»• éd. 1865. De inst. leg. XXXIII, 7 ; cf. Plaut. Cas. I, 36 ; Poen. I, 2, 14. — « C. ni, n. 31.
AQUAEMANALIS. I Varr. ap. Non. ». ». Trulleum ; Gloss. Labbe : xlfviSo», aquac- — HKellermann, Vigil. laterc.l.î, 75; Orelli-Henzen,6791. — » Jut. VI, 332 ; Fest.
manile. — ' Plaut. Persa, V, 1, 16; Fab. Piclor, ap. Non. ». ». Pollubrum. — ' Dig. s. ». Aquarioli ; Saumaise, Ad Vopisc. Carin. 21 ; Tcrtull. Apol. 43. — « Commar-
XXXIII, 10, 3 pr. et § 3 ; XXXIV, 2, 19, § 12 ; cf. XXXIV, 2, 21, § 2 ; Paul. Sent. mond, Mus. lapid. de Lyon, pl. ti, n. 187. — Bibliographie. Walter, Geschichte des
111, 6, 56. — * Afonum. ined. del. Inst. arch., 1831, pl. uni ; Mus. etrusc. Gregor. rôm. Jlechts, 3e édit. Bonn, 1860, I, §§ 210, 296, 379, 397 ; Rudorft", in Savignys
1, pl. cir. Zeitschrift, XV, 220; Bccker Marquardt, Handbuch der rôm. Alterth. Lcipz. 1849,
AQUAMI. » Coelius, Ad Cicer. VIII, 6 ; Frontin, De açuaed. 96. — » Front. II, 3, p. 249 ; Bôcking, Notitia dignitatum, II, p. 197 et 199, Bonn, 1853 ; Jordan.
I. I. 94-97 ; lit. Ut. XXXIX, 14. — s Sueton. Octav. 37 » 104, 106, 108, 125, 127 ; Depublicis urbium Itomae et Const. aquacductibus,BoBa, 1844 ; Dureau de la Malle,
Eggcr, Latini sei-mon. reUq. 1843, p. 328 et suit. — 5 Front. 129; Egger, l. /.p. 331. Économie politique des Romains, 1840, II, p. 477 et s., Paris, 1840.
ARA — 347 — ARA
AQUILA [JUPITER, APOTHEOSIS, SCEPTRUM, SIGNA MILITARIA, focus). Sur ce foyer, où le feu était perpétuellement en
FASTIGIUM]. tretenu, on déposait avant chaque repas les prémices de
AQCILEX. — Les Romains appelaient de ce nom des la nourriture ; avant de boire, on y versait une libation
hommes habiles à découvrir et à capter les sources ', art de vin ; la famille assemblée adressait chaque jour au
qui paraît avoir été fort ancien en Italie. Énée l'aurait dieu du foyer sa première et sa dernière prière ; en toute
possédé déjà, s'il fallait en croire certaines traditions, et on occasion il était le premier et le dernier invoqué, on lui
a expliqué par des récits semblables les rapports de Numa offrait le premier et le dernier sacrifice [sacra privata,
avec la nymphe Égérie'.Les Étrusques y furent renommés3. vesta, lares, pénates]. Celui-là seul qui avait part au culte
Quelques-uns des plus grands personnages de Rome, domestique devait être présent à ses cérémonies : c'est
comme Paul-Émile *, en connaissaient les secrets, qui fai pourquoi l'autel de ce culte fut placé loin des regards
saient peut-être partie de la religion. On disait que les profanes, au milieu de l'enclos (fpxoç, herctum) enfermant
aquileges avaient des paroles pour faire jaillir les eaux B; les champs, la maison, le troupeau, en un mot tout ce qui
mais leur science paraît avoir été fondée sur des obser constituait l'héritage des populations primitives ; plus tard,
vations positives '. au centre des bâtiments qui composaient l'habitation "
On donna aussi le nom d'aquilex à des fonctionnaires [domus] ; mais l'étranger et le fugitif qui pénétraient en
chargés de la direction des eaux et de la construction des suppliants dans cette enceinte et qui s'asseyaient sur la
aqueducs7. E. Saglio. cendre de l'autel revêtaient par cela seul un caractère
ARA, altare, focus, pwfto'e, éo-^eîpa, farta — L'autel est inviolable et sacré [asylia]. Les lares et génies tutélaires
sans doute le plus ancien monument du culte; il était de la famille et les autres dieux dont elle invoquait la pro
l'indispensable instrument des sacrifices, et son emploi tection (8sol ItfÉcTtOt, idTtOÛ^Ol, ÉvOtXOl, ÊpXEtOl, (JLOJ^lOt, XTlfatOt,
remonte aussi haut que les souvenirs les plus reculés des TtaTpîiot, dii patrii, domestici, pénates ") furent groupés au
races qui ont peuplé la Grèce et l'Italie. tour du foyer et associés ainsi au culte domestique, ou
Il ne fut primitivement qu'un simple tertre de terre et bien eurent des autels séparés placés devant des niches
de gazon un amas de feuillages *, plus souvent une pierre
ou un monceau de pierres' : l'autel de Zeus, au sommet
du mont Lycée en Arcadie, était un monticule \ Le nom
de piopoî, dans sa première et plus générale signification,
s'applique à tout ce qui forme une élévation au-dessus du
sol \ Des peintures de vases', des bas-reliefs7, des pierres
gravées nous montrent (fig. 407) des autels semblables,
placés devant des images de
divinités, dont le style indique
les premiers âges de l'art, ou
représentés dans des scènes
pastorales ; et c'est aussi dans
les peintures de la vie des
champs, où se retrouvent les
mœurs primitives et la sim
plicité de l'ancien culte, que
nous les rencontrons chez les
auteurs dont nous pouvons ci
ter les témoignages. De pa
reils autels (otÙTOcr^eSi'ai layâçai,
Fig. 407. Autel de pierres amoncelées. arae temporales) pouvaient être
dressés à la hâte pour un seul Fig. 408. Autel domestique.
sacrifice, après lequel ils étaient abandonnés, comme
ceux que, d'après le poëte, construisaient les Argonautes ou des édicules [aedicula] contenant des effigies de bronze,
sur les rivages où ils débarquaient 1 ; ou bien ils étaient d'argile, de bois même, ou devant des images peintes
établis d'une manière aussi simple, mais plus durable, sur la muraille (fig. 408) : les maisons de Pompéi, bâties
dans des lieux consacrés par un culte régulier. au i" siècle de notre ère, offrent des exemples de l'une et
Et d'abord chaque famille, dès qu'elle eut une demeure l'autre disposition Dans les riches habitations, bien
fixe ,0, eut un autel qui fut la pierre du foyer (l<r:U, layâpt, avant ce temps, ce qui était jadis réuni se trouva séparé :
AQCILEX. 1 Col. De re nui. II, 2, 20 : Indagator aquarum. — > Klausen, Aeneas Zeitung, 1851, pl. mr. — 8 MalTci, Gemme, II, 4; Montfaucon, Antiq. expl. II.
und Penaten, III, p. 956, 960, 963. — ' Varr. Ap. Non. p. 69. Mercier : Tuscus — 9 Apoll. I. /.; Paus. VI, 24, 2 j Marini, Atti difrat. aruaf.tab. iliii,5 ; Mommscn,
aquilei ; cf. 0. Muller, Etrûsk. II, p. 340. — * Tit. Lit. XLIV, 32 et ». — 5 Son. Corp. inscr.lat. I, p. 32.— «Diod. Sic. V, 63 ; Schol. Aristoph.Wu/. 395 ; Hcsych.II,
Nat.quaeit. III, 15, 7. — « Tit. Liv. /. t.; Plia. Hist.nat. XXVI, 16 ; Pallad. 1X,8 ; p. 1018, Alberti : ■{•>«« i<rùa;. ol«la; 'iviM:. Sur le culte du foyer, Toy.Pctcrscn,
Vilr. VIII, 1. — 1 Plin. Ep. X, 38 (46), Dig. L, 6, 6. der Hausgottesdienst der Griechen, Casse), 1851 ; Bflttichcr, Tektonik der Hellenen,
ARA. 1 Cespes, ara graminea : Virg. Aen. XII, 118 ; Oïid. Met. VII, 241 ; XV, IV, p. 322, n. 5 ; Preuncr, Hestia-Yesta, II ; Fustel de Coulaogcs, La Cité antique.
573 ; Trist. V, 519 ; Fait. II, 645 ; Hor. Od. I, 19, 13 j III, 8, 4 ; Apul. Met. VII, 1 et II, et les articles auxque)s nous renvoyons plus bas. — HMiff4jA?aXô{ *fft;'a : Acsch.
10; Tertul.Apo;.25;Mart.X,92. — » Theocr. XXVI, 5. — > Apollon. Eh.1, 1123 ; II, Agam. 1025 ; Galcn. De antid. éd. Kiihn, XIV, p. 17; Comut. Denat. rfeor. 28.—
695. — * Paus. VIII, 38, 7. — » Eust. Ad II. VIII, 441. — • La figure représente un " Eustith. Ad Od. p. 1756, 20, et 1814, 10 ; Hcrod. I, 44 ; Soph. Aj. 49 ; Eurip. Bec.
autel de pierres entassées de\ant une image de Chrysé : Millingen, Peint, de vases, 345 ; Med. 385 ; Plat. Leg. IX, p. 931 a ; Schol. Aristoph. Av. 436 ; Dion. liai. I, 67 ;
pl. il ; do Lahorde, Vases de Lemberg, I, pl. uni ; Inghirami, Pitt. di vasi, 17 ; Cic. De har.resp. 27; Virg. V, 660; VIII, 543; Serv. Ad Aen~U, 296; 111,469 ; Schol.
Mon. ined. del. Inst. VI, 8 ; R. Rochette, Peint, ant. inéd. pl. Yl ; Arch. Zeitung, Hor. Epod. II, 43. — » Eur. Aie. 170 ; Schol. Aristoph. Plut. 395. — *» La fig. 408,
1845, pl. iiiï ; 1853, pl. lu ; 1865, pl. 199. — ' Zoëga, Bassiril. Ant. I, 20 ; Vis- d'après Mazois, Ruines de Pompéi, 11, pl. jxiv; et voy. le catalogue de Hclbig,
conti, Mus. Worslei. I, pl. ir ; Gerhard, Ant. Bildwerke, pl. liiihi, exiv ; Arch. Wandgem&lde der verschùtteten Stâdte, n. 29 et >.
ARA — 348 — ARA
les foyers destinés à préparer les aliments furent relégués (Pm|aô; 7rpôvaoç), en face de la statue du dieu (ou de tout
dans la cuisine ; les autels et les images des dieux furent autre symbole attestant sa présence), qui devait être visible
réunis dans des chapelles [lararium, sacrarium]. du dehors pour ceux qui venaient sacrifier La hauteur
La place des autels de quelques divinités était déter de l'autel devait donc être en rapport avec le niveau du
minée par la fonction spéciale attribuée à celles-ci dans pavé du temple, toujours fort élevé, et souvent il était
la maison : ainsi, chez les Grecs, dans les habitations qui exhaussé sur une large base ou sur les degrés mêmes, au
possédaient une aùX^, ou cour intérieure, et un autel dis moyen d'une construction spéciale (ôujxAyi) w, comme on
tinct de Zeus protecteur de l'enceinte ( 'Epxeïoç ) 1S, cet peut le voir, par exemple, à Pompéi, devant l'entrée du
autel entouré d'un mur ou d'une barrière, formait au temple de la Fortune 81 ; une miniature du Virgile de la
milieu de la cour une construction à part. Celui de Zeus bibliothèque du Vatican ", ici reproduite (fig. 409), donnera
IvTr,(Tioç, à qui l'on demandait la conservation et l'accrois une idée claire d'une autre disposition analogue. Tous les
sement des biens, se trouvait dans l'endroit qui servait sacrifices sanglants se faisaient au dehors; au dedans, on
de magasin ou de chambre à provisions (rafAteTov) '*. Les ne voyait d'autres autels allumés que ceux sur lesquels on
dieux qui présidaient a l'union des époux avaient, à ce entretenait, comme sur le foyer domestique, un feu per
qu'il semble, des autels dans la chambre nuptiale ". pétuel (irûp ao-Ssrrov), ce qui avait lieu non-seulement dans
Quand un auteur parle du culte rendu à Hermès ZTpoaaïoç les sanctuaires de Vesta, mais aussi d'autres dieux " ;
et à Hécate, gardiens de la porte 18, nous pouvons nous et les brasiers sur lesquels on
figurer, dans l'endroit ainsi désigné, leurs images dans des brûlait des parfums (àr/ceptov,
niches ou des armoires, et devant elles, sinon des autels Oupua-rriptov , ara turaria, turi-
construits à demeure, au moins des tables [mensa], des crema), et dont il sera parlé
trépieds [tripus] ou de simples brûle-parfums [turibulum], spécialement ailleurs [tus, tu
qui en tenaient souvent lieu, comme on le verra plus loin. ribulum]. Une fumée de bonne
Nous renvoyons à ce qui a été dit ailleurs des autels élevés odenr devait toujours se mêler
à Apollon et à d'autres dieux devant les maisons [agyieus]. à celle des sacrifices : aussi ne
Ce qui se passait dans la famille autour du foyer se doit-on pas s'étonner de voir
répétait, pour les associations de familles qui compo dans les monuments (fig. 410)",
saient la phratrie en Grèce, et la curie à Rome, autour non-seulement des grains d'en
d'un foyer commun, autel des dieux qu'elles adoraient cens ou d'autres parfums ré
ensemble, dans le lieu (çpâxpiov, curia) spécialement des pandus sur l'autel par un des
tiné à leurs réunions [piiratria, curia]. 11 en fut de même servants du sacrifice portant la
pour la tribu [tribus] ; de même encore pour la cité entière, boîte qui les contient [acerra],
dont tous les membres étaient unis par un môme culte, mais encore des brûle-parfums
autour d'un autel renfermé dans le prytanéc ou le temple placés à côté ou au-dessus des
de Vesta [prytaneum, vesta]. autels proprement dits, soit à
Lorsque des temples furent bâtis pour servir d'habita l'extérieur, soit à l'intérieur du Fig. 410. Autel et idole de Héra.
tion aux dieux, temple. Nous citerons une pein
ils eurent pour ture de vase de très-ancien style où l'on voit une femme
modèles les habi cherchant un refuge sur un autel fort élevé (fig. 41 1), dont
tations des hom elle gravit les degrés :
mes : un mur un pareil autel devait
(é'pxoç, TtEpfêoÀoç) être certainement situé
sépara le terri en dehors de l'édifice.
toire consacré La femme, qui est, selon
(tsixevoî) de tout toute apparence , Po-
ce qui l'entou lyxène fuyant devant
rait, et un autel Achille, saisit le support
fut placé au mi d'un bassin qui servait
lieu, devant l'en sans doute à brûler
trée de la de les parfums. On re
meure du dieu, trouve le même objet, Fig. 411. Grand autel et vase à parfums.
comme il y en avec une forme â peu
avait un dans près semblable ou se rapprochant de celle d'un lampa
l'aùXii, précédant daire, placé sur l'autel, dans divers monuments étrusques :
l'entrée de la la figure 412 représente, d'après un bas-relief de Chiusi,
Fig. 409. Autel sur la thymélè.
maison. On im aujourd'hui au Louvre, un autel auprès duquel se font les
molait les victimes et on les brûlait sur cet autel extérieur apprêts d'un sacrifice. Dans un autre bas-relief de la même

» Eust. Ad Od. XXII, 335; Alhen. V, p. 189; Harpocr., Suid., Phot. s. t>. ictr/jurf-Y,pl. rn ; un autre sur les degrés d'un monument funèbre: ib. pl.vm (ci-apréi
Ef«"u>;; Paus. X, 77, î; Eur. Troj. 17; Pelen-ea,/fausgoltesdienst, p. 17 ; Premier, p. 353, fig. 428). — W Hcsych. ttofUll* ïScwo; iipiv; Acsch. Suppl. 669; Eur. Ion, 115.
Hcstia-Yesta, p. 8Set s.; Fuslcl de Coulanges, La cité antique, p. 71 ; Sehômann,Gr. — *l Mazois, /iuines de Pompéi, t. IV, pl. xiv, xv ; Comp. les aulels devant d'autres
Alterlh. p. 552, 3" éd.— 16 lsae. De Cira», her. 1 6 ; Harpocr. p. 1 79 ; Casaub. Ad Athen. temples : /&., pl. iv, v et xn à xyiii. — M A. Mail Yirgilii piciurae ant. cod. Xatic.
XI, p. 473. — » Petcrsen, Op. I. n. 145, 170. — '8 Aristoph. Plut. 1154 et Schol. ; 183;), pl. xliv. — S» Bottichcr, Trklonik der Bell. IV, p. 318 ; Lasaulx, Studien de)
ld. Vesp.836.— l»Aesch.S«pp/.495 ; Vitruv. IV,5,1 et 9 ; Lucian. De sacrif. lî; on klass. Altertk. p. 111 ; Premier, ilestia-Ycsta, p. 196. — >* Arch. Zeitung, 1853,
\tiit l'aulcl ainsi placé, dans beaucoup de peintures de vases, sur des monnaies (ci-des pl. lv. — 25 Actuellement au Louvre ; la représentation qu'en a donnée Gerhard,
sus p. 3M, 3ï6,flg.386, 39î), etc. Voy. l'autel devant un temple de la voie Sacrée, Mon. Auserh Yasen, pl. tum, n'est pas de tous points exacte.
ARA — 349 — ARA
provenance, on voit un aulel tout semblable autour duquel réduit seulement au quart de sa grandeur, est orné de bas-
sont rangés les lits d'un banquet funèbre *\ La figure 413 reliefs parmi lesquels on distingue
sur une face Hercule enfant étouf
fant les serpents, et sur l'autre les
Lares, dans l'attitude qui leur est
habituelle. Cet objet devait donc
être certainement un instrument
de la religion domestique. D'au
tres, non pas tous aussi petits, mais
toujours faciles à transporter (foculi,
écyapi'Seç) trouvaient leur emploi
dans des cérémonies sans lesquelles Fig. 416. Petit autel domes
Fig. 412. Autels élrusqucs. Fig. 413. beaucoup d'actes de la vie publique tique.
reproduit une peinture, également étrusque, d'un tombeau ne pouvaient s'accomplir 3S.
de Cervetri (Caere) où l'on voit un personnage s'appro- Les autels placés dans le sanctuaire étaient nécessaire
ehant d'un autel, sur lequel ment peu élevés {arulaé), puisqu'ils ne devaient pas dérober
est posé un ustensile analo la vue de l'idole, même aux adorateurs qui étaient dehors33.
gue. Ailleurs, comme dans Des tables (tepa ou ûutopô; TporecÇa, sacra ou augusla mensa) ser-
un bas-relief 88 (fig. 414), le
vase qui contient les parfums
embrasés est une sorte de
pot à feu et on le voit porté
à côté de l'autel. Dans une
peinture découverte à Rome
au siècle dernier 19 , deux
femmes (fig. 415) jettent
des grains d'encens sur des
foyers placés au pied d'une
statue de Mars : l'un a la
Fig. 414. Autel et vase a parfums. forme d'un petit autel rond,
l'autre celle d'un réchaud
muni de deux anses pour le rendre plus portatif. Ces
exemples donneront dès à présent une idée suffisante
Fig. 417. Autel et table d'offrandes.

vaient aussi à déposer des fruits, des gâteaux, des offrandes


et des dons de tout genre [mensa, donaria]. On voit (fig. 417),
d'après un vase peint sv, une table de ce genre, auprès d'une
image de Bacchus ; elle est appuyée à un autel, qui n'est pas
enfermé dans un temple, car une prêtresse s'en approche
tenant d'une main la victime, de l'autre le couteau préparé
pour un sacrifice sanglant. Sur des tables semblables
étaient déposés extérieurement les présents qui ne devaient
pas être consumés, mais portés dans le sanctuaire par les
prêtres ou prêtresses qui y avaient entrée 31.
Toutefois il ne semble pas que les rites bachiques re
présentés dans la peinture dont nous venons de parler
s'accomplissent devant un temple. Beaucoup d'autels
étaient dressés sous le ciel libre, soit dans le péribole d'un
Fig. 415. Autels à parfums {arae turicremae). temple, soit même loin de tout temple, indépendants
de l'emploi et de la variété des formes de l'ara turicrema ; de tout édifice, protégés seulement par une barrière
on en trouvera d'autres à l'article turibulum. (Opt'Yxoç, TCEpt(j^o(vt<r(xo, cancelli **), dans une enceinte consa
Dans la même classe doivent être rangés de très-petits crée (t£u£voî, hpiv, fanum, sacellum) dans un enclos, dans
autels dont il a été conservé un assez grand nombre M, soit un bois sacré, sur le sommet d'une montagne, comme
en métal, soit plus ordinairement en terre cuite, et qui étaient à l'origine ceux qu'on élevait à Zeus sur les hauts
(leur dimension seule le prouverait) n'ont pu servir qu'à lieux38 ; auprès des sources et des rivières ; sur le bord de
brûler des parfums. Celui que reproduit la figure 416 31, la mer ; à l'intérieur des villes, sur les places publiques,
M Au LouTre ; voy. aussi Moitum. ined. del. Intt. 1864, pl. u ; Annal, p. 28. I, pl. xvi, 3. — M Vitr. 1. 1. ; Cic. In Verr. II, 4, 3 ; Macr. Sat. III, 11, 5. — »k Mon
—17 Ad Louvre ; Mon.d. Inst. 1859, pl.xxx. — 28 Voycz-cn de semblables dans Zoè'ga, ined. del. Inst. 1860, pl. ixxvn. — 35 BStticher, Tektonik, IV, p. 567,210.— M Her-
Batsiril. ont. t. II, pl. tvi, et Braun, Zwôlf Bas-rel. VII, Vign. — *> Winc- mann, Gottesd. Allerth. 17, 13; 19, l et 2 ; Bôtticher, l. I. p. 22; Liibbcrt, Op. I.'
Lclmann, Mon. ined. pl. CLXXvn. — '0 Cavlus, Itec. d'ant. t. III, pl. xlv, 5; Sé- p. 37. — H Hom. II. VIII, 48 ! Hcrod. III, 142; Paus. VI, 20, 7 ; 25, 1 ; X,
roux d'Agiocourt, Fraym. de seulpt. antiq. pl. xxi-xxll. On en peut voir au Louvre 33, 6 ; 38, 4 ; Poil. VIII, 141 ; Plut. Vit. X oral. p. 847 a ; Cic. De div. I, 45 ;
et dans beaucoup de musées. — 31 Au musée de Berlin, Gerhard, Ant. Bitdw. lxiv. Tac. Aiin. XV, 41 ; Solin. I, 10; Serv. Ad Aen. VIII, 271 ; Orelli-Henicn, 1806 .
— * Cic. Pro domo, 123, 124, 123 ; Plut. Crass. 16 ; Liibbcrt, Comment, pontificales, Corp. insc. lat. 1577,3, 2.— •> Hcsych 'Eiiucp;^ Ziirç ; Wclckcr, Grieeli. GMterlehre ,
Bcrl. 1867, p. 99 ; Mus. Borbon. XI, pl. xi.lv ; Roechcgiani, Raccolta di cento tav. 1, p. 169 ; Pyl, Gricch. llundbauten, Grcifswald, 1861, p. 83.
ARA — 350 — ARA
dans les rues et les carrefours ; sur les routes ; aux fron si l'on devait en calculer les proportions sur cette échelle,
tières des États; dans les camps ; près des tombeaux, etc. cette image rappellerait ces gigantesques autels qui étaient
Il y en avait qui étaient consacrés aux dieux, d'autres placés auprès de quelques temples de la Grèce, non
aux héros, aux mânes, aux génies locaux. Aux pre devant l'entrée, qui en eût été obstruée, mais dans le
miers seulement, plus élevés, appartenait, chez les Grecs, péribole ou dans une enceinte particulière, et sur lesquels
dans un langage rigoureux, le nom de pwjxô; ; on appelait pouvaient être immolées les hécatombes.
foyers, eff^âpoei", les autels des héros. Une distinction Nous savons par les auteurs la mesure de quelques-
analogue était faite entre trois sortes d'autels : altar, ara, uns des plus célèbres : l'autel de Jupiter à Olympie M
focus, par le rituel romain, comme l'atteste une prescrip avait 125 pieds (40m,62) de tour à sa base, et 32 pieds à son
tion qui en est évidemment extraite w; mais cette dis sommet ; sa hauteur était de 22 pieds. Pergame possé
tinction, déjà obscure pour les anciens, ne fut pas ordinai dait so un autel célèbre en marbre, orné de sculptures
rement observée. On peut seulement conclure de leurs représentant la guerre des dieux et des géants, qui avait
explications et du rapprochement de quelques passages où 40 pieds (13 mètres) de haut; nous rappellerons encore
ces termes sont employés", que ara (de àsi'po)) était, comme l'autel élevé par Hiéron à Syracuse et celui de Parion, qui
pwfirfç, en grec, le nom commun à tous les autels, si peu couvraient l'un et l'autre la longueur d'un stade, etc. n.
qu'ils fussent élevés au-dessus du sol ; focus, comme fatlx M. G. Bôtticher M a reconnu, avec autant de sagacité que
et so/jjpa, était le nom du foyer, élevé ou non, servant à
tenir le feu allumé pour les usages du culte aussi bien que X 1
pour les usages domestiques : indispensable pour consu
mer les offrandes de toute nature **, il se retrouve néces 1
sairement dans tout autel; enfin on appelait altaria, et
dans la basse latinité, altare ou altarium un autel plus rj -
haut que les autels ordinaires **. Il résulte aussi des H ~J
textes, que les altaria appartenaient aux dieux supérieurs r— ----- — —
i 1
seulement, les arae à tous les dieux **. On a renoncé, et Fig. 419. Frise et corniebe du grand autel d'kleusU.
sans doute avec raison, à une explication d'après laquelle
le mot altaria signifierait un gradin supérieur de l'autel, d'érudition, dans deux fragments (fig. 419 et 420) trouvés à
ou encore les offrandes qu'on y déposait 48. Mais si les Athènes et à Éleusis, et considérés jusqu'ici comme appar
textes sur lesquels s'appuyait cette interprétfition " ont tenant à l'entablement de deux temples, des restes des
été mal lus ou mal compris, il n'en est pas moins vrai que grands autels de l'Éleusinion d'Athènes et du temple de
l'on peut citer des autels au-dessus desquels on en voit Démèter à Éleusis. Les objets qu'on y voit sculptés, les
comme un second plus petit superposé. Tel est celui que
représente un bas-relief, fragment d'une scène qui a dû
servir, avec des bucrànes et d'autres ornements, de déco-

Fig. 420. Frise du grand autel de l'Éleusinion à Athènes.


pavots, les épis, les corbeilles, le vase appelé plémochoé, la
phiale destinée au mets appelé xuxewv, etc. , sont autant d'at
tributs propres à ce culte [eleusinia]. Le morceau trouvé
à Éleusis M a 25 pieds et demi de long ; la hauteur des tri-
glyphes de celui d'Athènes permet de croire que l'autel
entier avait de 10 à 12 pieds de haut. Ces vastes construc
tions, dont il faudrait peut-être chercher les premiers mo
dèles dans les bûchers et les pyramides de l'Orient, et dont
on peut rapprocher d'autres vestiges fort anciens, qui sub
Fig. 418. Fragment de la décoration d'un autel. sistent en Italie8*, se composaient de plusieurs assises : la
ration à un autel M(flg. 418). Sa grande dimension est clai plus basse formait un immense soubassement (xpïiTrt'ç)
rement indiquée par la petitesse de l'arbre placé à côté ; et qu'on appelait TrpôOuatc ; c'est là", nous le savons au moins
» Poli. 1,8; Eust. Ad Od. XXlll, 71 ; Porph. De antro nymph. 6. — W Fab. Pictor, Gloss. lal.-gr. tztC^i;, altarium. — *• Gerhard, Ant. Denkm.;xoj. aussi Blouct,
tip. Hacr. Sat. III, 2, 3: « Eœta porriciunto, disdanto,in altaria, aramve, focumvc Expéd. de Morde, III, 19, 5. — »• Paus. V, 13, 5. — 5» Ampelius, Lib.mem. 8. —»i Diod.
cove quo exta dari debebunt. ■ — M Voyei Bcrtaldus, De ara, II, 11 ; Guther, De XVI, 81. Le grand autel de Delphes o Paus. X, 14,4) detait être un autel
vct. jure pontif. p. 126 ; Pitiscus et Forcellini, Lex. s. t. ; Lûbbcrt, Comm. pontif. semblable. — 8» Philologus, 1 866, p. 227 et s.; Toy. ausi F. Lcnorniant, Ilech. archéoi.
p. 87 ; Bouché-Lcclercq, les Pontifes de Vanc. Rome, Paris, 1871, p. 134. — MServ. à Eleusis, p. 397 et s.; et Rev. d'archit. 1858, p. 150. Les deux autels auraient été
AdAen. III, 134. — *3 Orelli, 251 9 ; Sulp. Sev. Bist. lac. 1,19. — «Paul. Diac.».».; reconstruits \ers le il* siècle ap. J.-C. — 53 Ce ne peut être, d'après H. Bôtticher, qu'un
Isid. XV,4, 14. — M Scrv. Ad Ecl. V, 66 ; Ad Aen. II, 515 ; cî. Vllr. IV, 9. — M Pitis des petits cotés de l'autel. — •» Petit-Radel, Recherches sur les mon. eyclop. p. (43,
cus, t. v.; Grotcfend. Préf. du Dict. de la lang. lat. de Frcund (p. i de la trad. 171, 175,209; Raoul Bochettc, Mém.deVAcad.des Inser. t. XVII, 2' part. p. 67 et 296 ;
franc, de Theil) ; Liibbcrt, l. I. p. 89. — M Lucan. III, 404 ; Quintil. /;.,•/. XII, 26 ; Id. Hercule assyrien, pl. iv ; cf. Bôtticher, Tektonik, IV, p. 37. Voy. aussi, U dis
Solin. II, 11 ; Prudent. Cathem. VII, 203 ; Peristeph. X, 49 ; Orelli, 2519 ; Scrv. sertation sur l'Ara maxima, dédié à Hercule, à Rome, de M. de Rossi, Ain. del. Inst.
Bel. V, 66, in fine. Comp. en grec UiSinw, Theocr. XVI, 26 ; Apoll. Il h. IV, 1128 1854, p. 28.— »» Paus. V, 13,5; Bôtticher, in Philologus, 1867, p. 13 ; R. Rochelle, l.
ARA — 381 — ARA
pour l'autel d'Olympie, qu'on abattait les victimes, dont les d'oves, de triglyphes, etc.; il a une base, et supporte une
chairs étaient ensuite consumées sur la plate-forme supé tablette creusée ou munie de rebords (fig. 421, 423, 426) sur
rieure. Des escaliers donnaient accès de chaque côté à laquelle on plaçait les offrandes, on allumait le feu du sacri
la irpôôoon, et pour y amener les animaux destinés au fice et l'on versait les libations ; un canal laissait écouler
sacrifice, on rendait la montée plus facile, en jetant de le vin et le sang des vic
la terre ou de la cendre entre les degrés 56. D'autres de times. On remarque dans
grés conduisaient à la partie supérieure ; à Olympie, ils beaucoup de peintures do
étaient faits de la cendre des victimes brûlées sur l'autel, vases (fig. 422, voy. aussi
et de celle qu'on y apportait du Prytanée et qui, mêlée à fig. 189, p. 167),les liquides
l'eau de l'Alphée, servait aussi à l'enduire et à accroître qui se répandent au de
chaque année sa hauteur. hors par une ou plusieurs
Il est facile de comprendre la nécessité d'étendre une ouvertures placées sur la
couche épaisse de cendres sur les autels, quand ils étaient face83. Au-dessous de la ta
faits ou revêtus de marbre, comme à Pergame ou à Eleu blette supérieure, on voit
sis, sans quoi cette matière eût été promptement con fréquemment , comme
vertie en chaux par l'action du feu. Cette pratique se sous l'abaque d'un chapi
fondait d'ailleurs sur une idée religieuse. Quelques-uns teau ou sous la corniche
des autels les plus antiques et les plus vénérés de la d'un entablement , une
Grèce étaient formés des cendres et des ossements des moulure plus ornée w (fig.
victimes consumées. Pausanias en cite en divers en 417 , 421 , 422) ; quelquefois
droits 17 : tel était par exemple, à Thèbes, celui d'Apol des volutes s'enroulent
lon, surnommé 2irôStoî par ce motif; celui du même dieu, aux angles, soit au-dessous
à Délos, qu'on appelait ô xEpôtoav ou xepâ-rtvoî p«o[w'ç, était un de cette tablette, soit au- Fig. 421. Autel d'Apollon à Delphes.
immense amas de cornes des chèvres abattues à la chasse, dessus, et forment ce
disait-on, par sa sœur Artémis M. Il y a aussi des exemples qu'on a appelé les cornes de l'autel85 (fig. 410, 418, 422) ;
d'autels qui n'étaient autre chose que le bûcher du sacri ou bien, comme aux extrémités de
fice, qu'on brûlait entièrement avec les animaux de toutes beaucoup d'édicules, particulièrement
sortes qui y étaient enfermés H. de tombeaux, des antéfixes se retour
On a pu voir déjà, par les exemples qui ont été cités, nant d'équerre remplissent le même
que la construction des autels participa à tous les progrès office 88 ; outre ces cornes, le rebord
de l'architecture. Les autels primitifs de terre ou de gazon surhaussé dessine parfois un petit
étaient conservés, il est vrai, dans les traditions de cultes fronton (fig. 421) Autour de l'autel
qui remontaient aux plus anciens temps : sous l'empire, étaient suspendues 88 des bandelettes
et jusqu'aux derniers temps du paganisme M, on sacri [vitta, infula], des couronnes, des
fiait encore sur de pareils autels aux divinités domesti rameaux de quelque arbre consacré
ques, à celles qui protégeaient la maison et le champ, à la divinité à laquelle l'autel ap- Fig. 422. Autel avec fronton,
comme les Lares, Terminus et Dea Dia 61 ; mais à côté de partenait [ahbores sacrae, verbena],
ces restes grossiers et toujours respectés des religions pri des guirlandes de fleurs et de fruits (encarpa), souvent
mitives, d'autres autels construits régulièrement s'embel imitées par la sculpture dans les monuments qui ont
lirent peu à peu; nous en pouvons juger par ceux qui été conservés (fig. 414, 418, 423, 425). On imita de
nous ont été conservés et qui sont en grand nombre, et même les têtes des animaux dont les ossements blan
par ceux, plus nombreux encore, dont les œuvres de la chissaient autour des édicules et des autels consacrés
peinture et de la sculpture nous offrent des modèles. Les aux dieux à qui on les avait sacrifiés, et on en fit un
plus simples consistent en un massif quadrangulaire de motif de décoration : on le rencontre fréquemment dans
pierres assemblées sans aucun ornement " ; ou bien, ils les monuments sculptés (fig. 418, 419, 420, 426) qui ap
ont la forme d'un cippe, d'une borne ronde, comme ceux partiennent à un art avancé **, plus rarement sur les
qui étaient devant les maisons, consacrés aux dieux pro vases peints qui représentent des œuvres plus anciennes.
tecteurs de la rue [agyieus] ; mais plus ordinairement l'autel, On a vu plus haut (fig. 417) le crâne décharné d'un
rond, carré, oblong, triangulaire, octogone, quelle que soit, taureau accroché au flanc d'un autel deBacchus™; dans
en un mot, sa forme, a l'apparence d'un petit monument d'autres peintures de vases, des dépouilles semblables
dans lequel sont observées les règles architectoniques ; le gisent à terre ou sont suspendues, non loin de l'autel, à
cippe ou le dé qui en forme la masse est orné de moulures, une colonne, ou placées simplement dans le champ de la
"•Pans. Vil, 18, 7.-5' V, 13,8, et 14,8 et 10, et 15,9; IX, 11, 7; cf. Wclcker.Gr. 1. 1. pl. 111, etc.— MAnth.pal. VI, 10, 3 : ■ Bu?i; «tfotjsi ■ ; Nonnus, Dionys. XLIV,96 :
CiUerUhre, I, p. 170. — S» Callim. In Apotl. 60 ; Spanheim, Ad h. Plut. T/ies. • Ki-c';ao; Vitr. IV, 8 : iCornua» j Justin. XXIV, 28 ; Corn. Ncp.Anni't. 2; Macr.
ii-.ld.Solert. unt'n.35 ; OHd.Sêr. îl,Mj Osann, in iTu;i«(4faH, XVIII (1837), n. 11. Sut. III, 2 ; voy . à ce sujet R.Hochctte,Peint, ant. inéd. p. 402 ; Hermann, Gottesd. Al
— » Paus. VII, 187 ; IX, 3, 4. — «0 Prudent. Perist. X, 187. — «1 Ovid. Fut. 1, 645 j jerM.17,11; Schômann, Gr. Alterth. H, p. 186,2* éd. — « Élite céram. IV, pl. vu ;
Variai, Atli di frai. an. tab. mil, 5 ; cf. Cod. Thcod. XVI, 10, 12. — "Gerhard, Elr. Annal, del. Inst. 1865, ta*. P; Millin. Gai. myth. pl. cm, n. 289. — « Gerhard,
and kamp. Vtu.pl. n-ni ; O. Jahn, De Minervae simulacru attic. pl. n, I ; Mus. Pio- Trinksch. d. Mus. zu BerlU, pl. îv, 5; Id. Auserl. Vas. I, pl.xiviii; Élite céram. 1,
Clent. VII, pl. l ; Afui. Barbon. VIII, pl. in ; Élite des monum. céram. II, pl. lxxiy A. pl. xxxviA etxcii; Annal. del. Inst.l. I. — n Spanlu-im Ad Callim. //j»». tu Apoll. 81 ;
—^Winck-elmann, Mon. ant. inéd.n. 138 ; Millin, Vases, 1,8 ; Élite céram. I. pl. xxi ; Virg. Ed. VIII, 65 ; Georg. IV, 276 j Hor. Od. IV, 1 1 , 7 ; Ovid. Fast. III, 30 ; Trisl. III,
II, pl. cru, cyiii ; III, pl. li ; Corhard, Arch. Zeilung, 1845, pl. xxxvi ; Id. Auserl. Vas. 13, 15 ; Propert. IV, 66 ; Tibul. I, 3, 18 ; Stat. Theb. V11I.298 ; Vite, IV, 1 ; Mardettc,
III, pl. ccrair ; ccxxri ; KiUingen, Peint, de vas. pl. xxm, xlvii ; Ritschl, Priscae lat. Pierres gravées, t. II, pl. ut, lu, un, lxxi ; Mon. del. Inst. 1849, pl. xi ; Zoèga, Uas-
rnontm. eptgr., pl. in, p. 80. — La 6g. 421 représente Oreste assis sur l'autel d'Apol siril. ant. 18 ; Gerhard, Ant. Bildw.i.\\\it lxxxiii, liiv ; Clarac, Musée de se. pl.cxx,
lon : Monum. dd. Inst. 1857, pl. iliii ; 1846, pl. no, et 1861, pl. lxxi ; Gerhard, l. I. ; Id. n.156; cm, 157; clxxiï,177; ccixih,147; 11, 76, 165. — •> Clarac, /. I. et pl. lxvi,
A ni. Bitdie. pl. lxui ; Élite céram. I, pl. nv, xvi, xxi, xxxih, icm ; II, pl. ïiii, xxxn, n. 77 ; Gerhard, Ant. Bildw. cxrr. On voit aussi les têtes de bélier figurées sur la table
mit, niTi, cxr, cxvi; III.pl. ix, Llltl B, liiti, lixix ; IV, pl. vu, xcvni ; Millingcn, de l'autel : R. Rochelle, Mon. inédits, pl. lui.— 70 Mon. ined, del. inst. 1860, pl. xixvll.
ARA — 352 — ARA
peinture 71 . Les images et les attributs des dieux, des scènes Des autels ont été érigés plus d'une fois en accomplisse
du culte ou de la mythologie, dont les autels figurés sur ment d'un vœu, sans être en réalité destinés à la célébra-
les vases peints n'offrent guère d'exemples, sont fréquem lion d'aucun culte, mais avec une signification purement
ment représentés sur les autels sculptés qui nous ont été symbolique 78 : de là vient qu'on en possède un grand nom
conservés ™. La figure 424 montre un de ces autels qui bre qui n'ont ni foyer creusé à leur partie supérieure, ni ori
existe encore à Pompéi ", sur l'un des côtés duquel on fice par où puissent s'échapper des liquides. On a sou
voit la cérémonie d'un sacrifice, tandis vent aussi confondu avec les autels
que sur les autres faces (fig. 423, 423) des bases de statues sur lesquelles des
sont groupés divers instruments du dédicaces sont inscrites. Il faut encore
culte. Des distinguer
emblèmes des autels
religieux ont les monu
souvent servi ments funé
de la môme raires qui
manière à en avaient la
décorer les forme [sepul-
autels; on en crum, olla].
a vu plus Nous di
haut (fig. rons quel
419, 420) de Fig. 423. C&té gauche. Fig. 424. Autel du temple dit de Quirinus, à Pompéi. Fig. 425. Cité droit. ques mots
remarqua en finissant
bles exemples. A côté des autels qui précèdent, con d'un accessoire que l'on peut remarquer sur plusieurs
sacrés à des divinités, en voici un (fig. 426), trouvé à autels, mais dont les exemples sont cependant rares :
Lesbos w, que son inscription , de l'époque romaine , c'est une sorte de toit qui parait destiné à abriter le feu
[Oj AAMOI [AJPJ2TANAPQ TQ KAEIÏ-
TEIPQ HPQi , désigne clairement
comme l'autel d'un personnage
honoré comme un héros. C'est un
cippe rond de 0m,62 de haut, orné
de guirlandes suspendues à des pa-
tères, qui alternent avec des tetes
de béliers; on peut voir, creusée
dans le plateau supérieur, une ca
vité pour les libations et, à côté,
•V\ des serpents comme on en ren-
)j contre fréquemment figurés auprès
des autels [genius, draco].
Des inscriptions font souvent Fig. 427. Autel couvert.
Fig. 426. Autel d'un héros.
connaître, sur les autels qu'on a
conservés, le nom du dieu ou du héros qu'on y honorait ; dû sacrifice. Ceux qu'on a cités jusqu'à présent se voient
celui du personnage, du peuple, de la cité, etc., qui les a dans des œuvres d'une antiquité
dédiés ; quelquefois les motifs et les circonstances de la peu reculée 7*. Nous en offrons un
dédicace ; les conditions et privilèges qui y étaient atta nouvel exemple (fig. 427), d'après
chés, les prescriptions relatives aux sacrifices, enfin tout un vase à figures noires de style
ce que devait comprendre, chez les Romains, la règle de très-ancien, de la collection Campana,
fondation {lex arae, lex dedicationis ou consecrationis) 1r'.
au Louvre. La couverture est sou
Un autel n'était généralement consacré qu'à une seule tenue par des barreaux au-dessus
divinité ; mais il ne manque pas d'exemples, chez les Grecs d'un autel qui n'a d'autre décoration
et chez les Romains, d'autels communs à plusieurs, ou que la disposition en damier des
même à tous les dieux, ainsi associés dans un même culte pierres dont il est formé ; le foyer est
(Owi ou[A6w|xot, ôjxoGiôjiioi 7e). D'autre part, les autels de plu allumé et l'on amène, aux sons de la
sieurs dieux pouvaient être réunis dans un même sanc double flûte, la victime qui doit être Fig. 428. Autel couvert.
tuaire, si, à côté du dieu qui y était principalement ho sacrifiée. La figure 428, tirée d'un
noré, d'autres y recevaient un culte (6eoI Tta'ptopoi, gÛ[a6ci>ijloi, bas-relief 80 découvert à Rome en 1848, représente un autel
oûvvaot, côvoixoi "). couvert d'une sorte de coupole, et qui est placé comme
71 Monum. ined. del. tnst. 1846, pl. xxx ; 1850, pl. xxn ; Élite des mon. céramogr. I. Schol.; Paus. I, 34, 2 ; V, I, 14; Aesch. Suppl. 225; Plut. Ou. rom. 59; Mummsen,
pl. xxxiu ; cf. Theophr. Char. 21. — 7x La petite figure assise qu'on voit dans le Insrr. lat. ant. p. 399, 10 ; Visconti, Mus. Borgh. pl. lxi ; Wclcker, Gr. Gôtterlehre.
fronton de l'autel reproduit (fig. 4z2) est une exception ; au contraire, les exemples Il, 169.—"Paus. I, 31, 2; II, 2, 7 et 25, I ; VIII, 9,1 ; Thuc. IV, 79 ; Arnaldos,
abondent dans les monuments sculptés : Zoëga, Bassiril. I, 14, 15, 46 ; II, 70, 112; J5ediï»naftSfo'.(, Hag. 1732. —78 Orelli-Henzcn, 1217, 1231, 1238, 1257 et s. ; 1283, 1299,
Clarac, /. /. ; Gerhard, Ant. Bildw. exiv et ci-dessus, fig. 377, p. 319. — 7' Mazois, 1813, 1820 et s., 1840. — 7» Mus. di Mantova, 111, pl. nv ; Clarae, Musée, pl. ccxvn,
Buines de Pomp. IV, pl. xv. — 7V Conzc, Jicise auf der Insel Lesbos, Hanovre il. 314; Bouillon, Mus. des ant. III, pl. lviii ; A,m. del. inst. 1849, tav. d'agg. H;
1865, p. 11, pl. iv, 5. — 1* Conze, /. /. p. 11, pl. îv, 3 ; FrChncr, Notice de la voy. aussi ci-dessus, p. 168, la fig. 190. C'est encore un autel semblable que l'on voit,
sculpt. antiq. p. 36 ; Orelli-Henzcn, 2489, 2490 , 6120; cf. Mommsen, Inscr. crovous-nous, sur une monnaie de Sicyonc : Cabinet d'Allier de Hauteroche, pl. vi,
/I. Neap. 6011 ; Plin. Ep. X, 59 ; Serv. Ad Aen. II, 761. — 7» Pind. Ol. V, 5 et 15. — *> Brunn, Ann. del. Inst. arch. 1849, p. 382 et s.; Mon. ined. V, pl. vui ;
ARA — 353 — ARA
devant l'entrée d'un temple, au pied de l'escalier d'un chez certains peuples, un tronc d'arbre formant avec une do
tombeau monumental. E. Saglio. ses branches une bifurcation, qui put servir de pic ou de
ARACHNE [horologium]. houe avant qu'on eût l'idée d'y atteler des bêtes de trait.
ARATEA. Deux fêtes annuelles de ce nom étaient célé Elle est représentée dans quelques monuments, notam
brées à Sicyone, en l'honneur d'Aratus : la première, appelée ment dans un bas-relief fréquemment reproduit sur. les
2toTKip(a, le jour où il avait délivré la ville, la seconde à l'an urnes cinéraires de l'Étrurie *. On y voit (fig. 429) un
niversaire de sa naissance Hunziker. héros athénien qui combattit à Marathon, d'après la lé
ARATOR AGRI PDBLICI. — Une partie ou la totalité gende, armé seulement
du territoire conquis par Rome sur l'ennemi et devenu ager de sa charrue, avec la- g$Zk
pubucus fut quelquefois rendue aux anciens possesseurs, quelle il tua un grand
moyennant une redevance en nature ou en argent. Les nombre de Barbares. Il
cultivateurs ainsi rétablis dans leur ancienne jouissance était inconnu et dispa
n'avaient plus la propriété, impossible d'après les principes rut après la bataille.
du droit romain sur le sol de la province, mais une sorte L'oracle interrogé près- ^4ml\\
de possession indéfinie et irrévocable. Il est fait mention crivit d'honorer d'un cW-IL-rA
de ceux qui publicos agros arant dans deux passages de culte particulier le hé- Y \\\ \ 1
Cicéron ', dont l'interprétation est fort contestée entre les ros de la charrue * \ i V\
savants. L'orateur dit qu'un très-petit nombre de cités si (ïjpwç'E^eTAaToi;), le nom \ \$\
ciliennes ont été jadis conquises par les anciens Romains; du manche (v/hlv), qui
que leur territoire devenu ager publiais leur a été restitué, servit à le désigner , Fig. KV). u hér0l de ia charrue.
et que les censeurs ont l'habitude de le louer... Ailleurs étant pris pour l'ins
il ajoute que ceux qui cultivent les champs de Yagerpubli trument entier ; et, en effet, la charrue représentée dans
ais ont à payer une redevance fixe, ex lege censoria, d'après la figure n'est qu'un long manche terminé par un crochet.
les clauses du bail des censeurs. Zumpt * et Walter 3 pen C'est cette charrue qu'Hésiode appelle 5 (towyuov opoTpov,
sent que l'objet de l'adjudication est ici non le sol même, c'est-à-dire charrue d'une seule pièce : elle pouvait, sans
puisque la possession en était restituée aux anciens maî l'addition d'aucune partie, être pourvue d'un manche : il
tres, mais le recouvrement de la redevance envers l'État suffisait pour cela que le même tronc fût pourvu de deux
prise en ferme par les publicani, aux termes du contrat branches dirigées en sens opposés, la plus forte et la plus
passé avec les censeurs. Du reste, ici le sol était toujours courte formant le soc, la plus longue le manche. On
considéré comme ager publicus, à la différence des agri de- donnait d'avance à un jeune chêne ou à un ormeau une
cumani ou arationes, sur lesquels les possesseurs sujets à la pareille disposition, en pliant les branches ou en les assu
dîme, aralores ou decumoni, avaient une sorte de propriété jettissant au tronc par des liens 6. Nous avons un exemple
perpétuelle, autant qu'elle pouvait se concevoir en pro de charrue d'une seule pièce, dont le manche et le soc sont
vince. D'autres, au contraire*, voient dans les aralores agri formés par des prolongements naturels, sur une pierre
publici de simples locataires ou fermiers de leurs an- gravée de la galerie de Florence 7 (fig. 430); et c'est aussi sans
ciennes propriétés. G. Humbert.
ARATRUM, "ApoTpov, la charrue. — L'usage de la charrue
remonte en Grèce et en Italie jusqu'au passé lointain où
les inventions sont enveloppées de fables et attribuées aux
dieux, ou aux héros qui sont issus d'eux. En Grèce, on
nomma tour à tour comme ses inventeurs Jupiter ou
Bacchus1, Pallas ou Cérès; ces deux déesses en auraient
appris l'emploi à Triptolème [triptolemus], qui l'enseigna
dans toute la Grèce ; d'autres en faisaient honneur * à
Buzygès (Bouïûfi;) dont le nom signifie celui qui lie les bœufs
sous le joug [arotoi hieroi], et il semble que la tradition Fig. 430. Charme d'une seule pièce.
de l'Attique, qui faisait d'un héros national le premier la
boureur, ait été acceptée par les Romains, chez qui on ne doute cette charrue qu'il faut reconnaître sur les monnaies
rencontre, pour expliquer l'origine de la charrue, aucune des colonies romaines, où est rappelée la cérémonie prati
légende qui leur soit propre. quée à la fondation des villes [colonia]. On en traçait la
La charrue primitive était celle qu'on rencontre encore limite en creusant un sillon à l'aide d'une charrue attelée

Garrticci, Mus. Lateran. xxx, 111 ; Bcnndorf et Schône, Lateran. Mus. p. 214; eux, cxlv, eu, ccxn, exni, ccxux et s.
voy. an autel placé ainsi devant un temple, dans un autre bas-relief découvert en AltATEA. 1 Plut. Arat. 51.
même temps et qui représente les monuments de la voie Sacrée : Mon. del. Inst. V, ARATOn AGRI PUBLICI. 1 In Verr. III, 6 et V, 21 ; ef.Tit. Liv.XXXHI,7 ;Schvtc
pl. tu ; Garrucci, l. I. xxxix ; Benndorf et SchSne, p. 230. — Bibliociuphij. Bcr- gler,/fôm. Geschichte, XXV, 3,7. — » M Verr. III, 6. — ' llôm. Rechtsgeschichte, l,
thaidus, De ara, in Gracvii Thesaur. antiq. t. VI ; Mixlcr, De anliç. aris, Wiltem- p. .149, 3* éd., Bonn, 1860 ; cf. Voigt, Jus natwale, II, 398, 400. — * Bocker-Mar-
berg, 1696 ; Mains, De aris et altaribus veterum, Giessen, 1732 j Mesuy, Degli altari quardt, Handbuch derrOm. Alterthùmer. III, 2, p. 142 ; Ruperti, Handb. der rôm.
e délie are degli antichi, Firenze, 1763 ; Montfaucon, Antiq. expliquée, II, 1, 1. IU, Alierthûmer, I, p. 42t.
c. ii, et Suppl. ; Pitiscus, Lexic. antiq. rom. s. v. Altaria, Ara, Cespes ; K. F. Rer- ARATRUM. 1 Diod. Sic. 111, 63 ; Arrian. De reb. ind. 7. — » Plin. Hist. nat.
mann, Gotlesâienst. Alterthùmer der Griechen, gg 15-17 ; Id. Privntalterthamer, VII, 57 ; Hesych. Bo-jÇipi;. — 3 Gori, Mus. etrusc. II, pl.ci.vii ; Winckclmann, Monum.
S 19, n. 19-21 (2» éd. 1870) ; SchOmann, Griech. Alterthamer, II, p. 192 et s. ; 550 et s. ined.Il,p. 105 ; Clarae, Mus . desc. pl. ccxivquater.n. £55 bis. La figure est tirée d'une
(3« éd. 1873) ; C. Bfitticher, Andeutungen iber das Heilige und Profane in der urne du Louvre. — * Paus. 1, 15 et 32. — • Op. et dies, 433, et Schol. ad h. I. ; Schol.
Baukunst der Hellenen, Berlin, 1846 ; Id. Die Tcktonik der J/ellenen. Postdam, Hon. lliad. X, 353, et Apoll. Rhod. III, 232 ; Hesych. ». ». Aàropc» et t4»î. — * Cf.
1852, IV, p. 17, 33, 265, 271, 322 et s.; Liibbert, Commentationes pontificales, Virg. Georg. I, 169. — 7 T. Il, pl. lui, 3; on peut en voir d'autres du même
Berlin, 1859, p. 87; Pyl, Die griech. Rundbaulen. p. 82; Prcnncr, ffestia-Vesta, genre, figurés d'après des monuments aujourd'hui perdus, dans Graevius, Thes. XI,
Tubing. 1864 ; Clara', Musée de sculptuie, pl. cm et s. cent* et s. exi et s. p. 1616; Fabretti, Col. Traj. p. 152 ; Spon, Misceil. ant. erud. p. 30S.
I. 45
ARA — m — ARA
d'un taureau et d'une vache : il n'est guère douteux que reurs pour gouverner la charrue, » on doit croire qu'il a eu
cette charrue n'eût conservé, comme tous les instruments en vue une charrue telle qu'on en peut observer sur quel
qui servaient à l'accomplissement de rites très-anciens, ques monnaies coloniales romaines 16 et dans un bas-relief
sa forme primitive; mais on n'en peut Être assuré par les publié par Spon 17 : la pièce perpendiculaire que tient en
images trop peu distinctes que nous offrent les monnaies 8. main le laboureur se recourbe pour former le sep, vers
Hésiode, à côté de la charrue simple (œùtôyuov), place la l'endroit où l'âge vient s'ajuster, comme le dit l'écrivain
cliarrue composée (tt^xtov apoTpov) 9, et il engage le culti grec. On voit aussi dans un dessin d'un ancien manuscrit
vateur à avoir l'une et l'autre préparées dans sa demeure. d'Hésiode18, souvent reproduit avant que l'on eût décou
Il énumère les différentes parties qui doivent être assem vert des représentations véritablement antiques, une âge
blées, et pour chacune d'elles recommande un bois diffé fortement courbée et implantée dans le manche à son
rent: la flèche ou timon extrémité, et dans le talon de laquelle le soc est introduit.
(îo-ToëoEÙ;, fuiio';) sera de Les figures qui précèdent feront également comprendre
laurier ou d'orme, le ce que les auteurs nous apprennent au sujet du sep(IXuu.a).
sep (s*Xujjta) de chêne, C'est, d'après Hésiode, la pièce dans laquelle doit être
l'âge (y<Syiî) d'yeuse ou enfoncée l'âge; d'après le scholiaste des Argonautiques,
chêne vert 10. Ce sont c'est celle dans laquelle le soc est introduit Les figures
là les trois parties prin démontrent que ces deux affirmations ne se contredisent
cipales qui constituent, en rien, mais que l'eXt^Aix est une pièce intermédiaire ([«'po;
les charrues composées to èv tw ftiam toû àporpou) " à laquelle, d'une part, l'âge est
les plus anciennes , fixée, et d'autre part, à son extrémité, le soc. Les auteurs
comme le prouvent les ajoutent que ces diverses parties sont assujetties par des
explications des com clous ; on voit par les peintures ici reproduites qu'elles
mentateurs , d'accord pouvaient l'être aussi à l'aide de bandages.
431. Charrue grecque composée. avec des représenta Le soc, qui fouille la terre comme le groin du porc (5?),
tions antiques que nous était appelé par les Grecs 6wiç ouûvv-}), et sa pointe vûfjwnri
reproduisons, rû/jc, c'est cette pièce de bois recourbée dont Sa forme varie dans les représentations qu'on en possède :
le laboureur, selon le précepte d'Hésiode, doit s'empresser il est tantôt droit et tantôt courbé, tantôt aigu et effilé
de se saisir, s'il rencontre sur la m ontagne ou dans la plaine (fig. 431), tantôt, comme une pelle, plus large à sa base, en
un arbre qui lui en offre la conformation naturelle ; elle forme de cœur ou de fer de lance (fig. 432,-435).
constitue à elle seule to ute la charrue simple; dans la char La flèche (^ôç) se compose de deux parties M, l'âge (yuïj;)
rue composée, c'est la partie inférieure du timon (tô xaxw- ou pièce courbe dont nous avons parlé, et le timon (î<x-o-
tarcv u.-'po; toû îo-Toëoéo»;) , dit Hésychius"; l'endroit où la 6o£Ûç) qui s'adapte à l'extrémité de l'âge, au moyen de
charrue est coudée (toû àpôrpou tWtiov), dit-il encore; et le traverses ou de fortes chevilles, comme on le voit (fig. 434)
scholiaste d'Apollonius dit d'autre part : « Le bois qui va sur des monnaies de la ville d'O-
de riXupa vers les bœufs s'appelle yir^. » Cette pièce courbe bulco en Espagne ou à l'aide de
est bien recon courroies, comme sont encore liés
naissant (fig. les timons de charrues usitées en
431 ) sur un Égypte#de toute antiquité On
vase peint de la appelait encore IîtoSoeû? le lien qui
collection de attachait le joug au timon M. « On
Luynes li ; dans nomme l'extrémité voisine du joug,
une coupe (fig. dit PolluX, XOpWVï) ; I^ÉêoiOV, [AEcôSotOV Fig. 434. Monnaie d Obulco.
432) de la fa ou [/.Edctooiov, la large courroie qui
brique de Ni- s'attache au joug. On fixe le joug en l'entourant de la
Fig. 432. Charrue grecque. costhène , au courroie, après avoir inséré dans son trou la cheville ap
musée de Berlin ".et dans une coupe de la collection Cam- pelée ÉflêpUOV OU àvSpuov. »
pana,au Louvre Le manche {lyfcM) est clairement figuré dans les exem
(fig. 433) ». ples ci-dessus ; c'est le morceau de bois que tient en main
Quand un com le laboureur et au moyen duquel il dirige la charrue. Dans
mentateur d'Hé- la charrue primitive, comme on l'a vu, il se confond avec
siode,Proclus15, l'âge, et de là vient le nom du héros de la charrue, 'Eyt-
dit que le « tXoùoç. La poignée sur laquelle le laboureur place sa main
est un bois est appelée xs'po^iiç, et l'endroit où le manche s'adapte à
Fig. 433. Charrue grecque. ^ jmplanté
la charrue, oXôy) *.
non loin de l'ftujut, dans le manche que tiennent les labou- Les charrues qui sont plus ou moins clairement figurées

8 Eckhcl, Ooct. tium. IV, p. 490 ; Cohen, Monnaies consulaires, Marii, pl. zxvi ; prêtés, dans le mémoire de Mongez indiqué à la bibliographie, fig. 13 et 14.
Id. Mann, impér.. Commode, irign. du t. III. — • Hcsiod. I. I. ; Schol. Hom. I. I. ; — 17 Mise. ant. erud. p. 303 ; Mongez, fig. 13. — l8 Publié par Jean Le Clerc, dans
Hesych. wjxTiv ûootp-.v. — 10 iàçvT]; i| KTiXi^; dbfpûiat'.i lffi'.6si;i; " oVj&î ïVj[i«, f'JT]; spiv.'j* son Hésiode de 1701 ; Mongez, fig. 24; cf. p. 637; voy. aussi la fig. 25 qui ne repro
— " Hesych. x'",;; Schol. Apol. IV, 232. — U Bullet. Napolet. I, pl. n ; Lenor- duit pas parfaitement celle de Montfaucon, Palacogr. graeca. 1708. — M Hes. et
mant et de Witte. Élite des monum. céramogr. III, pl. lxiv. — (S Gerhard, Schol. Apoll. Rh. I. I. — » Etym. mag. p. 333, 37; Procl. /. /. ,• Hésychius dit
Trinksckalen und Gefàsse, pl. i. — 1* Catal. Campana, n. 683 ; Berichte d.sâc/is. aussi : To toj dpôtpou «iaiov. — *l Hesych. vwr, ; Etvm. mag. p. 777, 15 ; Plut. Quaest.
Gesellsch. 1867, pl. i.— 1» Ad ffes. Op. et D. 4Î9 ; cf. Etym. mag. p. 173 ; Pollut. I, gr. IV, 5, 2 ; Poil, et Procl. /. /. — s» Ib. et Schol. Apoll. (. I. — « Collection de
252. — M Nous ne reproduisons pas ces monnaies, où les formes sont indiquées avec Luynes ; i/uj. Hunier, XL, 12-11; Monum. d. Inst. arch. 1867, pl. lwiii. — Mon
trop peu de précision; on en trouvera les dessins grandis et quelque peu inter- gez, p. 641, fig. 22, 23. — «s Hesych. to-roSoiùj ; Poil. f. /. — »' Poil.

ARA — 355 — ARA


sur des monnaies" et sur des pierres gravées" sont toutes nation pour les deux parties, en considérant (fig. 436) un
à peu près conformes au type que reproduisent nos dessins. ancien bronze étrusque trouvé à Arezzo, où elles ne for
Celles qui sont encore en usage dans beaucoup de contrées
de l'Orient et même dans une partie de l'Italie sont peu
différentes.
Nous retrouvons les parties de la charrue qui vien
nent d'être examinées , réunies et complétées encore
dans un dessin que nous reproduisons (flg. 435) d'après
Ginzrot**, et qui est pris, dit cet auteur, d'un bas-relief
décorant la base d'une statue de Cérès, dans la pres
qu'île de Magnésie. La personne qui le lui avait com
muniqué, native de ce pays, assurait que l'on s'y servait
encore de charrues semblables. Nous aurions donc ici, en
admettant que tous les détails de ce dessin soient fidèles,
un exemple de la charrue grecque arrivée à sa perfection.
ment en effet qu'une seule pièce **. On les sépara, et buris
devint le nom de l'âge, dans la charrue composée des temps
postérieurs ; dentale fut celui du sep. Servius, commentant
le vers de Virgile, dit que l'on appelait quelquefois buris la
courbe du timon, c'est-à-dire la partie supérieurê du cro
chet qui était toute la charrue primitive ; urvum, la partie
inférieure. Festus, d'autre part, réunit sous le nom d'ur-
vum, qui signifie proprement une chose courbe, l'âge et
le sep, auquel le soc est fixé (curvatione buris et dentis, cui
praefigitur vomer) 3*.
Fig. 435. Charrue grecque. Le soc (vomer, vomis) et le sep (dentale) unis ensemble
sont de même appelés dens par Varron et
Outre les pièces déjà énumérées, on y remarquera un par Columelle"; cette dénomination date
étançon qui joint le sep à l'âge, et qu'on retrouve aussi du temps où il n'y avait pas encore de soc
dans le dessin que nous avons déjà cité d'un manuscrit ajouté au croc de bois durci au feu. Ce soc
d'Hésiode : il semble que cette pièce ait été confondue avec fut de cuivre, avant d'être de fer, chez les
le sep sous le nom d'ÉÀuua ; puis deux oreilles ou ailerons, Etrusques et chez les Sabins, comme l'é
attachés au sep près du soc, et dont nous parlerons plus taient en général les outils d'origine très-
loin, dans les explications relatives aux charrues romaines. ancienne s*. La figure 436 montre comment il
On remarquera que dans la figure 432, comme dans la était lié sous le sep ; d'autres fois il y était
ligure 433, la charrue est traînée par des bœufs ; une autre implanté, dit Varron comme une dent
charrue, sur la même coupe d'où cette peinture est tirée, dans son alvéole. Cette sorte de soc est celle
est attelée de mulets ; et en effet, Homère et Hésiode que Caton appelait indutilis et qu'il estimait
font mention 30 des deux sortes d'attelages. Les mulets le plus ,8. Pline en décrit plusieurs ". Le
étaient employés pour les terres les plus légères S1. soc le plus ordinairement employé avait la
La figure 429 représente un héros grec; mais c'est en forme d'un levier terminé en pointe. Pour Fig. «7. s»,
Étrurie que l'on trouve le sujet d'où elle «st prise, fréquem les terres légères, on se servait d'un soc qui
ment répété sur des coffres en terre cuite qui contenaient ne couvrait pas ( comme dans la fig. 436) toute la lon
les cendres des morts. Ce fait suffirait à prouver que l'on gueur du dentale , mais formait une pointe aiguë à son
a commencé, en Italie aussi bien qu'en Grèce, par faire extrémité; ailleurs le fer était large, présentant un tran
usage de la charrue simple, formée d'une seule pièce de chant acéré vers le bout ; il ouvrait le sol avec cette large
bois crochue, et nous avons cité d'autres monuments qui lame et coupait les racines avec ses côtés. On en voit
le démontrent également. Pour construire une pareille un ici (fig. 437) remarquable par son bord relevé M, tel
charrue, on pouvait employer un arbre présentant cette qu'on en a trouvé quelquefois dans diverses parties de
courbure naturelle, ou qu'on avait plié tandis qu'il crois l'ancienne Gaule. Pline décrit encore et range parmi les
sait encore dans la forêt, comme le conseille Virgile, qui différentes espèces de socs l'instrument que nous ap
imite ici les préceptes d'Hésiode". 11 désigne l'ormeau pour pelons coutre ou couteau (culter), «qui tranche, dit-il, la
cet usage et appelle buris le bois courbé qui constituait pri terre compacte, avant qu'elle soit soulevée, et trace d'a
mitivement la charrue italienne, comme le vwqî celle des vance la ligne du sillon, que le soc ouvre couché à plat
anciens habitants de la Grèce. La buris ou bura était cette sur le dos. » La position horizontale du soc indique ici
pièce dans laquelle se confondent l'âge et le sep (dentale). par opposition celle du couteau, en même temps que la
On se rend mieux compte de l'emploi d'une même dénomi- marche de la charrue qui en est pourvue*.1- On distingue
*7 Voy. celles de l'anorme, de Ccntui-ipe?, d'Enna, de Mcuae, de* familles Yiliia, du Musée britannique publié par la Soc. des Anliq. de Londres, Archaeotoyiu,
Caccilia, etc. — *3 Gorlacua, Dactyliolh. n. 231 ; Tassic, Catal. of gems, pl. xuii, t. XXXVI, pl. un, 16. — 34 l'est, s. v. Lrvum, p. 278 Lind. — « Varro, De
7132-, Bottigor, Kleine Sehrift. II, pl. vu, 2. — «9 Wagen und Fahrwerke der ling. lat. V, 135; cf. 1, 19 ; Colum. fies nul. 11,4.— 3» Macr. Sat. V, 19,
Allen, p. 34. — 10 Hom. 11. X, 351 ; Od. VIII, 125; Hcsiod. Op. et D. 46. 13. — « De ling. lat. IV, 131. — 33 Cato, De re ml. 15. — 3» But. nat.
— " Eustath. p. 810. — M Georg. 1, 160 ; Scrv. Ad A. I. : ■ Duris est curvamen- XVIII, 48, 2 ; Colum. II, t ; X, 68. — *° Crivaud de la Vinccllc, Arts et
tuni aratri ; ■ Isid. Oriy.XX, 14.2; Varr. De ling. lai.: ■ Alii hoc a curvo curmni métiers des anciens, Paris, 1819, pl. xxv, 3 et 5. Voy. aussi Jahrb. f. Alterth. in
appcllant. » — 33 Gori, Mus. Etrusc. 11, p. 433 ; Mieali, L'Italia av. il domùttû Ilheinlande, XXVI, p. 89. — '•' Voy. sur ce point Dickson, Agric. <tes anc. t. I, p. 3b8
roui, ail., pl. exiv (et p1. l de l 'éd. française) ; voy. aussi un petit bronze étrusque et 363 de la trad. franc,., l'avis, au X (180.:) ; et Mongcj, t. I. p. 630.
I

AKA — 35G — ARB


nettement le couteau placé devant un soc en forme de ARBORES SACRAE.— Le sentiment religieux qu'éveil
bêche dans le dessin d'une charrue (fig. 438) gravé sur un lent dans les âmes la profondeur et le silence des forêts,
jaspe vert qui paraît avoir été sus l'admiration pour certains arbres qui surpassent les autres
pendu pour servir d'amulette w. en beauté, ou la reconnaissance pour les bienfaits dont
Ce petit monument est aussi le l'humanité est redevable à quelques-uns, se. sont manifes
seul où l'on voit des roues adap tés chez tous les peuples anciens et y ont pris souvent les
tées à la charrue. Ces roues sont formes d'un culte véritable, attesté par les auteurs et par
mentionnées par Pline comme une les monuments. S'il fallait en croire Pline les arbres au
invention des habitants de la Rhé- raient été les premiers temples. Lucien * dit aussi qu'avant
tie gauloise, et il appelle ce genre qu'aucun autre culte fût rendu aux dieux, on enferma dans
de charrue plaustraratrum. Elle des enceintes des bois désormais sacrés, et on attribua à
pouvait être connue de Virgile, né chaque divinité un arbre qui lui fut propre : c'est ainsi que
dans le Mantouan, qui n'était pas le chêne appartint à Jupiter, le laurier à Apollon, l'olivier
éloigné des contrées où ce genre à Minerve, le myrte à Vénus, le pin à Cybèle, le peuplier à
lïg. 438. Charrue h coulre et « de charrue fut d'abord en usage ; Hercule, etc.
roues.
et, d'après son commentateur Ser- Mais, sans chercher des témoignages récents et douteux
vius, ce serait celle-là même qu'il a décrite et pour laquelle pour des origines si anciennes, on peut rappeler que le
il emploie le terme, il est vrai, très-général, de currus, culte des arbres, adorés comme des dieux ou vénérés
quand il dit que c'est le manche placé en arrière qui im comme des séjours que ceux-ci auraient choisis, se retrouve
prime une direction à la charrue tout entière w. dans la religion primitive de toutes les races qui ont peu
Le manche (stiva), muni d'une poignée [manibula ou plé l'Asie occidentale et l'Europe *, et que les plus anti
manicula)", pouvait être simple, comme dans les charrues ques traditions de la Grèce et de l'Italie en ont conservé
grecques et dans la charrue étrusque(fig. 436) représentées le souvenir. Il y en avait qui faisaient naître les premiers
plus haut, ou double comme dans le dernier exemple. hommes des arbres et des rochers Celles qui se rappor
Dans sa description w, Virgile parle encore du timon tent aux nymphes des bois, Dryades, Hamadryades, Na-
(temo), qui doit avoir huit pieds à partir du tronc dans pées, etc. [nympuae], aux Faunes [faunes], aux Silvains,
lequel il est fixé, ou dont il est le prolongement, quand il [silvanus], expriment des croyances populaires touchant le
ne fait qu'un avec la buris; de deux oreilles (aures), qui premier âge de l'humanité. Le chêne à glands comestibles
sont ces pièces de bois qu'on voit dans la figure 435 adaptées (fuyét, esculus), première nourriture des habitants des bois,
au sep, comme elles le sont encore dans les charrues mo était consacré à Jupiter, père des dieux et des hommes 6.
dernes, et qu'on employait dans les pays plats pour rele La forêt des chênes prophétiques de Dodone est particu
ver les deux côtés du sillon (porcae) tracé par le soc46, afin lièrement célèbre comme l'un des premiers foyers de la
de protéger les semences, qui eussent été gâtées par l'eau religion et de la civilisation helléniques [jupiter, oraculum] ;
séjournant après les pluies d'hiver; une pièce enfin mais les mômes arbres étaient ailleurs également vénérés,
qu'il nomme le double dos du dentalia. On n'est pas d'ac non-seulement en Grèce, mais aussi en Italie. A Rome, sur
cord sur le sens qu'il faut donner à ces mots : peut-être le le Capitole, à la place où s'éleva le temple de Jupiter, il
poëte a-t-il voulu dire que le sep tenait à l'âge par des n'y avait d'abord qu'un chêne, auprès duquel Romulus
étançons, comme dans l'araire moderne, et on voit en effet déposa les premières dépouilles opimes 7. Un autre, sur le
un support de ce genre dans la charrue grecque reproduite Vatican, datait des premiers temps de Rome : une inscrip
lig. 435; peut-être faut-il entendre que le sep était formé tion en caractères étrusques indiquait l'ancienneté du
d*une double pièce de bois et qu'il se relevait de chaque culte dont il était l'objet8. En 436 av. J.-C, nous voyons
côté. Servius dit que presque toutes les charrues, en Italie, un consul prendre un chêne solennellement à témoin,
offraient cette disposition. Virgile 47 recommande le bois de comme un dieu, de la foi violée par les Èques 9. Des chê
l'orme pour les pièces principales de la charrue, le tilleul nes consacrés à Jupiter, à Mars ou à d'autres divinités,
pour le joug, le hêtre pour d'autres parties. Ces bois devaient sont mentionnés ailleurs 10.
être suspendus au-dessus de l'âtre, afin d'éprouver leur so Les fables obscures et diversement interprétées, relatives
lidité, car s'ils n'étaient pas bons, la fumée les faisait fendre. aux nymphes MsXi'ai, dont le nom se confond, en grec, avec
Pour les travaux du labourage, voyez rustica res. celui du frêne, paraissent indiquer que cet arbre fût l'objet
E. Saglio. d'un culte également ancien et fondé sur des traditions
ARBITER [judices]. semblables au sujet de la naissance des premiers hommes 11 .

'* Caylus, Dec. d'antiq. t. V, pl. lxxxiii, 6; comp. une charrue à roues en usage rôm. Landwirtlischaft, t. V, Sondcrshaiiscn, 1861, p. 133 et s.; 0. Jahn, in Berichte
au tih» siècle chez les Anglo-Saxons 'dans Strutt, Tableau des vêtem. et. cost. des der Sàchs. Gcscllschafl dur Y\Tissensc/iaften (ptiilol. hist. Class?), 1S67, p. Si et s.
Anglo-Saxons, Lond. 1797, et Ginzrot, /. I. pl. m, 1 ; la charrue à roulette placée ARBORE8 SACRAE. 1 Hist. mit. XII, 2; cr. Senec. Ep. 41 ; Ovid. Fasl. III,
au talon du sep. que Mongcz indique, p. 650, fig. 27, n'est pa. clairement visible sur les •90. — r De sacrif. 10. — 3 Plin. I. I. et XVI, 10, 18 ; Phacdr. Fab. 111, 1" ; Srhul.
monnaies où il a cru l'apcrceroir. — *5 L. I. 174 : ■ Stivaque quao currus a terpo Aristoph. Av. 480 et 617 ; Aruob. Adv. gent. V, 16, 39. — * W. Ouselcy, Traoels in
torqucat inios a. — ** Yarro, De ling. lat. V, 135. — *5 t Temo.. binac aurcs, the East, IS19, 1. 1, Appcnd. p. 369 et s. ; C. Bûtticher, Baumcultus, c. il ; A. Maury,
duplici aptantur dentalia dorso ■ . — *• Pallad. 1, 43 ; Varr. I, 29 ; Scrv. Ad Georg. Mém. prés. par div. sao. à l'Acad. des inscr., Antiq. de la France, IV, 18G0, p. 5 et s.
1, 172. — I. — Binjosuram. — Heyne, Ad Virgilii Gcorg. 1, 163 et Excursus de — 5 Hom.Od. XIX, 103, et Schol. ; Fiat. Apol. p. 34 D. Virg. Aen. VIII, 314; Juvcn.
aratro Yirg. ; Dickson, Husbandry of ihe agricult. of ancients, trad. franc, Paris, VI, 11 ; Nonn. Dionys. XII, 56 ; Stat. Theb. IV, 279 ; Pinil. Fiagm. iu Philologus, I,
1802, t. I, ch. xvm; G. Riehtsteig, De nostrae aetatis indole et condic. rerum p. 437 ; Preller, 1b. Vil, p. 20 ; Schômann, Op. Acad. Il, p. 130, 413. -e/ïerud. I,
rusticaivm; acced. excurs. de aratro Hcslod. et Yirg., Vratislav. 1812 ; Mongez, Sur 60; F.ust.p. 591, 31 et 664. 31; Stcph. Byz. s. v. Avîiv^, et Schol. Yillois., p. »BU;
tes instrum. d'agric. des anciens, dans les Mémoires de l'Institut illiât, et litter. Cramer, Anecd. grarca, 111, p. 212, 8 ; Lucan. VI, 426.— 7 Tit. Liv. 1, 10. — » Plin.
anc.) II, 1815, p. 616 ; Ginzrot, Wagcn und Fahrwcrke der alten Griechen ur.d Hist. nat. XVI, 87. — ' Tit. LiT. III, 25 : t Et haec sacrnta quercus et quidquid
Dômer, I, p. 26 et s., Munich, 1 ? 17 ; Schulz. Anliq. rust. I, De aratri Rom, forma et dcorum est audiant foedus a vobis riiptum. » — 10 Plin. I. I. ; Lu:an. I, 136 ; Sue!.
constructions, Iena, 1 820 ; K. H. Hau, Gcschichte des Pfiugs, Heidelb. 1845 ; Daubeny, Yesp. 5; Paus. VIII, 54, 3 ; Schol. Apoll. Arg. I, 1132; Bùltichcr, (>.<■ I. c. ix et
Lectures on roman husbandry, Oxford, 1 ûl>7, p. 95 et s.; .Majjci'uledt, Dilder ausder xxix. — H Schômann, l. I. 12S et s.
AKB — 357 - ARB
Lu figuier, présent de Gérés, de Bacchus ou de Jupiter, ments les textes n'indiquent pas toujours qu'ils fussent
était sacré pour les Athéniens, les Lacédémoniens et d'au identifiés avec un dieu , mais il en résulte au moins que celui-
tres peuples. grecs, et son fruit considéré comme un ci y faisait sa résidence, ou qu'on y voyait son symbole.
symbole d'initiation à une vie meilleure, peut-être parce L'olivier ", création de Minerve, signe de sa victoire sur
que sa culture avait marqué un progrès dans la condition Neptune lors de la mémorable dispute pour la possession
des hommes On pourrait attribuer à des causes analo de l'Attique, lui resta toujours consacré. On conservait
gues la vénération des Romains pour plusieurs figuiers dans l'enceinte découverte du temple d'Érechthée, sur
que mentionnent les auteurs " ; on expliquerait ainsi le l'acropole d'Athènes, un tronc antique considéré comme
nom même du ficus ruminalis, sous lequel, disait-on, une la pousse même (IWa ■Kotf^oc) que la déesse avait fait
louve avait allaité Romulus et Rémus, s'il n'était plus pro sortir du sol en le frappant de sa lance, et comme la tige
bable que cette interprétation date d'un temps où l'on mère des oliviers sacrés que la loi entourait d'une protec
avait perdu de vue la signification véritable du nom : il tion spéciale [moriai]. Ce tronc portait, comme les images
désignait sans doute à l'origine l'arbre des Ramnes, qui de Minerve, le masque de la Gorgone M, et probablement
devinrent les Romani Cet arbre s'élevait au centre de la aussi des armes qui lui donnaient l'apparence d'un trophée.
Rome primitive, prés de l'endroit où s'assemblèrent les Les trophées qu'on voit sur quelques monnaies d'Athènes"
premières curies. On voit, dans tous les cas, combien le en sont probablement un souvenir. Dans la peinture d'un
respect qu'il inspirait était ancien. Le figuier ruminai est vase découvert il y a peu d'années à Mégare K (fig. 441),
représenté sur deux médaillons d'Antonin le Pieux ,5,
on voit (fig. 439), au centre d'un édicule circulaire ; à cùté-

Fig. 439 et 440. Le figuier ruminai, sur des médaillons d'Antonio le Picui.
un édifice qui peut être la cabane de Romulus, ou le temple
Fig. 441. Sacrifice auprès d'un trophée de Minerve.
de Vesta ; on y voit encore Énée portant Anchise, et la
truie allaitant ses trente petits, qu'il rencontra en abordant des jeunes gens sont représentés amenant au pied d'un
dans leLatium; c'étaient là autant d'antiquités religieuses pareil simulacre des animaux destinés au sacrifice. Enfin
des Romains, pieusement recueillies par Antonin. dans plusieurs bas-reliefs commémoratifs de victoires, qui
Beaucoup d'autres arbres dont on ne saurait expliquer appartiennent à divers musées et qui ont entre eux une
le culte par leurs bienfaits et par la reconnaissance des similitude presque complète *, sont figurés, auprès d'un
hommes, reçurent des vœux et des offrandes comme s'ils arbre dépouillé de ses branches, qui tantôt porte une sta
étaient réellement des dieux : c'est ainsi que la Pythie tuette de Minerve, tantôt un trophée d'armes, d'un côté un
avait ordonné aux Corinthiens de rendre au pin (è).octy)) ou guerrier, de l'autre une Victoire offrant une libation à un
au lentisque (<iy.ïvoî), instrument de la mort de Penthée et serpent enroulé autour de l'arbre : dans tous ces monu
de la vengeance de Bacchus, les honneurs dus au dieu lui- ments on doit reconnaître sans doute une imitation de ces
même ,8. On ne peut douter que l'Artémis de Carye en images de Minerve Poliade ou de Minerve Victoire qui con
Laconie, qui était un noyer l'Artémis d'Orchomène, qui sistaient en un tronc d'olivier non taillé et couvert d'un tro
était un cèdre l'Artémis Sorstpa, de Boiae, qui était un phée". La querelle de Minerve et de Neptune et la création
myrte et d'autres arbres dont l'espèce n'est pas indi de l'olivier étaient représentées dans un des frontons du
quée, mais dont les noms sont assez significatifs, tels Parthcnon; elle l'était aussi, un peu différemment et telle
que Zeus "Ev8*v8po« et Hélène AïvîpTn;, à Rhodes, Dionysos qu'on la voit reproduite (fig. 442) sur des bronzes de l'épo
*Ev3ev5po;, en Béotie *°, ne fussent considérés comme ren que impériale, dans un groupe de marbre placé vers l'angle
fermant en eux une divinité **. Pour tous ceux dont le nord-est du même temple et dont quelques fragments ont
culte nous est attesté par les auteurs ou par les monu- été retrouvés 18 ; on la voit encore sur des vases peints M,

» Atben. 111, 6 et 14; Paus. 1, 37,8 ; Apoll. Vit. Sopli. 11, Î0, 3 ; Anth. pal. Appoint. — 'I Sil. 1U1. : ■ Arbor numen habet, coliturque tepentibu* aris • ; Ovid. Met. VIII,
169 ; Hcsych. ij-piTVfi* et maÀÇiiv ; Etym. mag. ^pitojta ; Bôlticher, c. xxxu ; Wclcker, 755.— «Bùtticher, Op. I. p. 107,423 et s.; et Philologus, t. XXII, p. 243 et s.;Lflber,
Griech. Gôtterlehre, II, p. 603 ; lluhn,Kulturpflamen, 2« édit. 1874, p. 85.—" Tit. Lit. Die Beiligkeit des Oelbaums in Attika, Stade, 1857 ; Stark, Afyth. Parait., in Berichte
I, 4; Varr^fle ling. Int. V, 54 ; Id. De re rust. Il, 11, 5 ; Id. ap. Non. Marc. p. 167 ; drr Sachs. Gesellsch., 1856, p. 81 et s. ; Id. in Nuove mm. d.lnst.arch. 1865, p. 25";
Aur. Vict. De or. gent. rom. 20 ; Dion. Hal. 111, 71 ; Tae. Ann. XIII, 58 ; Plin. Uist. Hehn, Kulturpflanx. p. 87.—MEurip. Fragm. ed. Blatth. 17,46; B6ttichcr,/fau»icu/f.
noI.XV, 20, 3 ; Plut. Flomul. 3; Fcst. J. v. Ruminalis ficus; Serv. Ad Aen. VIII, 90; p. 107. — "Beulé, Monnaies d'Athènes, p. 83, 148. — *> Arch. Zeitung, t. XXIII, pl.
cf. Orclli-Hcnien, 7191.— » A. Slaury, Mêm. de l'Acad. des inscr., 1866, p. 135. Sur cxcix, 3 ; O. Jahn, De antiq. Mmervae simulacris atticis, p. 24, pl. ni, î. — w Winc-
la forme de ces noms voy. Corssen, Deitràge zw latin. Formenlchrc., 429 ; Mommsen, kclmann, Monum. ined. 120; Clarac, Mus. de se. pl.ccxxni, 175; Gerhard, Miner-
Insc. Int. anliqniss. Index graminaticus. — ,R Exemplaires du Cabinet de France ; venidol. lab. n,3, 5, 6 ; Ane. marbl. ofBritish mus. Il, 41 ; Labus, Mus. Mantar. III,
Lenormant, Très, de numism., Icon. des empereurs, pl. xxxn, 9, 10, p. 60. — ,6 Paus. 7 ; Avellino, Descr. di una casa Pompei., tab. îv ; Mus. Borbon. X, 15 ; O. Jahn, /. /.
II, 2, 7: t Tè tbtf» in'.io !«« t.;, ha tUm.f, Eur. Bacch. 1054 ; Thcocr. XXVI, il. pl. il, 3 ; in,l.- *1 Tcrtull. Apolog. 16 ; Ad nat. 1, 12 ; Cornut. Nat. dcor.îO; O. Jahn,
— » Paus. III, 10, 70 ; SerT. Ad Ed. VUI, 30. — « l'aus. VIII, 13, 2. — '» Id. III, /. (. p. 25.— s' Beu\é, L'acropole d'Athènes, I, p. 350; de Laborde, Le Parthénon, pl. i,
22, 12 ; cf BOttichcr, Baumcult. p. 451. — *> Hcsych. 'Mntfof, Pans. 111, 19, 10. h.— 19 De Luyncs, Vases étrusq. et grecs, pl. u ; Élite des mon. ceramogr. I, p. 255.
ARB — 358 — ARU

sur un magnifique camée du cabinet de France [minerva] et (ce fut la croyance de toute l'antiquité) aux hommes trop
sur d'autres pierres gravées ".L'olivier de l'acropole est sou heureux M.
vent figuré sur les monnaies d'Athènes M, tantôt auprès de Ces vertus bienfaisantes du laurier devaient en faire
Minerve , tantôt l'arbre de prédilection d'Apollon, le dieu sauveur et puri
avec la chouette ficateur [apollo] ; et en effet il ne manquait dans aucune
et le serpent fa des fêtes de ce dieu, dans aucune cérémonie de son culte
milier, quelque (voy. notamment daphnêphoria), et on le trouve figuré,
fois à côté de comme sa marque propre,
l'autel de Jupi sur tous les objets qui lui
ter 'Eoxsïoc, qu'il étaient consacrés; il crois
Fig. 442. L'olivier de Minerve «ur une monnaie d'Athènes. ombrageait dans sait auprès de ses autels,
l'enceinte de l'E- ses temples en étaient en
rechtheion. Jupiter, dont le culte fut d'ailleurs constam tourés ; son premier sanc
ment associé à celui de Minerve chez les Athéniens, était tuaire, à Delphes, fut une
aussi le protecteur de l'olivier sous le nom de Zeù; Mdpioç cabane de branches de lau
ou KaTaioa-nç (c'est-à-dire qui protège avec la foudre les rier 13 ; lui-même, dans ses
oliviers sacrés). 11 avait un autel parmi les oliviers de images, il en est ordinaire
l'Académie, rejetons de celui de l'acropole **. La religion ment couronné (fig. 443) "
qu'ils inspiraient fit respecter ces arbres par les Lacédé- ou en tient un rameau,
moniens, lorsqu'ils dévastèrent tout le pays 33. On racon souvent même un arbuste
tait aussi que lors de l'incendie des temples de l'acropole entier (voy. p. 320, 321).
par les Perses, l'olivier de Minerve avait repoussé d'une On attribua à l'arbre du
coudée en une nuit, d'autres disaient de deux coudées **. dieu de la divination le
Nous voyons des rameaux ou des couronnes d'olivier don prophétique; pour Fig. 113. Laurier d'Apollon.
placés comme un symbole de bénédiction, de clémence et prédire l'avenir, les devins
de paix, dans la main des suppliants [supplicatio] 35, dans et la Pythie elle-même se couronnaient de ses rameaux,
la maison et au berceau des nouveau-nés S6, et quelquefois en prenaient une tige en main, ou en mâchaient des
employés dans les purifications [lustratio, funus], comme feuilles M. Les poètes racontaient que le laurier, avant
ceux du laurier auxquels ils étaient joints aussi dans l'of d'être un symbole de pureté et un attribut d'Apollon, avait
frande de I'eirésioniè. été une vierge aimée par lui et qui n'avait échappé à la
Le laurier 37 est par excellence l'arbre salutaire. Les poursuite du dieu, avec l'aide de la Terre sa mère, que par
vertus qu'on lui attribuait le faisaient employer dans sa métamorphose en l'arbre qui garda son nom [dapuné].
toutes les cérémonies lustrales, pour lesquelles nous ren Ce récit s'accorde avec la tradition d'après laquelle la
voyons aux noms qui viennent d'ôlre indiqués. On croyait Terre (Pîj) aurait possédé l'oracle de Delphes avant Apol
qu'il avait le pouvoir non-seulement de purifier et de lon, et Daphné aurait été la première prêtresse chargée
guérir, mais encore de prévenir et de détourner les mala de ses révélations *6.
dies, les maléfices et toutes les mauvaises influences. Il Le palmier était aussi un attribut d'Apollon, parce
passait même pour être à l'abri de la foudre 38. On le que ce dieu avait reçu le jour sous son ombre dans l'île de
plantait comme un préservatif devant les maisons, ou on Délos. Il est mentionné à côté du laurier, et quelquefois
suspendait ses branches à l'entrée. A Rome, chaque année de l'olivier, dans les autres lieux où des traditions diffé
aux calendes de mars, ces feuillages étaient renouvelés rentes plaçaient la naissance des jumeaux enfants de La-
à la porte des flamines, à celles de la Regia, de la Curie 39 ; tone". On voit sur un vase peint 48 le palmier de Délos au
l'autel public de Vesta et, dans les demeures particulières, près duquel Apollon, monté sur un cygne, descend à son
l'autel domestique et les images des Lares 10 en étaient retour des pays hyperboréens (fig. 367, p. 311). Ailleurs
entourés. Les gens superstitieux portaient des bâtons de le même arbre est figuré à côté du trépied La palme est
laurier, ou en mettaient des feuilles dans leur bouche *'. l'emblème bien connu qui servit constamment en Grèce,
L'usage des Romains de se couronner de laurier quand ils puis à Rome, à symboliser les victoires remportées, soit
étaient vainqueurs et dans la cérémonie du triomphe ; d'en à la guerre, soit dans les concours M.
entourer les faisceaux, les bulletins de victoire [corona, Le myrte consacré à Vénus, paraît avoir eu le double
TRIUMPHUS, FASCES, LAUREATAE LITTERAE,] avait pOUl' Origine caractère que l'on retrouve si souvent dans la religion de
la nécessité de se purifier du sang répandu et de se pré cette déesse : emblème à la fois riant et funèbre, d'une
server contre le mauvais sort qui s'attache de préférence part, il représente la jeunesse et la beauté, l'amour, l'union

30 Cbabouillet, Catalogue, n. 36 ; même sujet sur une pierre de la collection de Cass. LUI, 16; Juv. VI, 80, et Schol. — »° Jordan, in Ami. d. lut. di rorr.
Blacas. — S' Beulc, L'acropole d'Ath. Il, p. 247 ; Id. Monn. dAth. p. 154, 391 archeol. 1872, p. 27. — *l Suid. aaçvivTjv ; Theophr. Chai-. 16; Casaub. Ad h. I.
et s.; Miouncl, Aféd. gr. I, p. 135, n. 124 ; 0. Jahn, Nuave mem. dell' Inst. — « Plin. XV, 39 et 40 ; cf. XXVIII, 4, 7 ; Dio Cass. XI.IV, 4 ; LX, 7 ; FesL ». o.
1SG5, p. 12 et s. Comp. un marbre du ve siècle a\. J.-C. ; Ci&rac, Mus. de se. Laureali ; l. Obscq. Prodig. 70 ; Plin. J. Paneg. 8. Voy. l'article rucim».
pl. cui, cclxv; Frôhner, Notice de In se. n. 124. — 3Ï Soph. Oed. Col. 705, et — *3 Paus. X, 5, 5. — 4* Dubois-Maisonneuvc, Peint, de vases, II, 69. — ks Aesch.
Schol. — W Schol. Ocd.Col. 699 ; Lyt. Dealer. — S'Hcrod. VIII, 55 ; Paus. I, 27, 2. Agam. 1237 ; Schol. Aristoph. Plut. 39 et 213 ; Tzcll. Ad I.ycophr. 6 ; Fulg. Alyth.
— s» Stat. Theb. XII, 491 ; Lactant. Ad h. I. — Hcsych. ïxio««oy i»i;u> ; Eurip. I, 13 ; F.unap. In Chrysantli. p. 157. — Paus. X, 5, 3 ; cf. Eurip. /pA. l'aur. 1245
Fon, 1395.— 37 J. G. Wagner, Laurus ex omni anliguit.erula, Hclmstadt, 1722 ; Kunc- et s. — « Schol. Hom. Od. VI, 162 ; Hymn. in Apoll. 18, 117 ; Callim. Jn Del.\, 3 et
eius, De lauru Apoll. sacra, Marb. 1752; Spanheim, Ad Callim. Del., 94; Botti- 209 ;Theogn.6 ; Eurip. Hrc. 456 ; fou. 902 ; Theophr. Plant. IV, 14; Ovid. Mct.W,
elinr, Baumcull. c. mu; Ilchn, Kulturpjl. p. 193. —•» Plin. Hùtt. Hat. 11,56; XV, 335; Tac. Ann. III, 61 ; Plut. Pelop. 16. — «Tischbcin, Vases d'IlamiltonM, pl. m;
40 ; Suet. Tib. 69 ; Scrv. Ad Aen. I, 394. — M Boissonade, AtiecJ. gr. I, ), p. 425 ; Élite céram. II, pl. m. — »8 Gerhard, Ausert. Vas. III. pl. cemv. — 50 Bôltichcr,
Ccopon. XI, 2 ; Hcsych. Ki;w8a ; Diog. Laèrt. IV, 57; Plin. Hist. nat. XV, 39; c. m ; Uermann, Gotlesd. Alterth. S 50, n.23 ;Hchn, Kulturp/l. p. 23?. — « Voss,
Ovid. Fasl. III, 137; Tritt. III, 1, 38; Met. I, 562 ; Macrob. Sat. I, 12; Dio Ad Virg. Ecl. VII, 61 • BôHichcr, c. m» ; Wclrker, Gr. OùUerlehrc, II, p. 718.
ARB — 359 —
non-seulement entre amants ou entre époux, mais encore l'origine et le véritable sens des traditions qui font d'un
entre citoyens. On en faisait des couronnes pour les ma arbre l'emblème de tel dieu ou héros. Sans doute il faut at
riages; les femmes en portaient dans toutes les cérémonies tendre de nouvelles lumières des rapprochements auxquels
du culte de Vénus ; à Athènes, le myrte était l'insigne des la philologie et la mythologie comparées doivent leurs dé
magistrats en fonctions, des orateurs qui prenaient la couvertes : elles éclairciront les fables qui font naître ces
parole dans les assemblées publiques **•; à Rome, deux dieux ou ces héros, ou qui placent leur tombeau sous les
myrtes plantés devant le temple de Quirinus, l'un pour arbres qui leur restèrent consacrés; qui racontent leurs
les patriciens, l'autre pour les plébéiens, symbolisaient apparitions, leurs amours, leurs métamorphoses dans le
l'union des deux classes Les Romains et les Sabins célé voisinage de ces arbres ; elles montreront que ces rapports
brèrent leur réconciliation, après des luttes sanglantes, en souvent expliqués par une ressemblance de nom ou par
se couronnant de myrte, auprès du temple de Vénus une autre circonstance toute fortuite, ont une cause plus
Gluacina " ; et c'est au culte de Vénus Victrix qu'il faut profonde 70.
rattacher l'usage des couronnes de myrte dans l'ovation Nous ne nous avancerons pas davantage sur ce terrain. 11
et le triomphe sur le mont Albain, à la place de celles de doit nous suffire d'avoir recueilli au sujet du culte des ar
laurier dont on se ceignait dans le triomphe proprement bres des témoignages anciens qui en indiquent le vrai ca
dit " [ovatio, triumphus]. D'autre part, le myrte croissait ractère ; des monuments de toute espèce nous donneront
autour des tombeaux 68 ; on en couronnait les morts, on l'of une idée de la variété des formes extérieures de ce culte,
frait aux divinités infernales 57 ; la couronne que portaient sans qu'il soit possible de discerner toutefois s'il s'adresse
les mystes dans les mystères de Cérès et de Proserpine avait aux arbres eux-mêmes ou aux dieux auxquels on les
aussi un sens funèbre'". Le myrte avait de même sa place, voit ailleurs consacrés. Beaucoup, par exemple, portent,
et sans doute par des raisons semblables, dans le culte de comme le laurier
Bacchus En dehors de toute considération du même d'Apollon, repré
genre, on ne saurait s'étonner de voir une plante dont l'u senté plus haut
sage était si répandu 80 servir dans beaucoup d'autres cir (fig.443), des ban
constances, par exemple à couronner les vainqueurs de delettes, signe or
divers jeux M. dinaire de la con-
La double signification que nous venons de remarquer sécration[TAENiA,
dans le symbolisme du myrte se retrouve dans celui de vitta] , des ta
plusieurs arbres. Sans parler ici de la rose qui appartient bleaux et autres
aussi à Vénus M, et de certains fruits, comme la pomme, la objets votifs 71 ,
grenade, etc., nous citerons au moins le cyprès63, considéré des couronnes ,
dans toute l'antiquité comme l'arbre des morts, et dont la des attributs con
destination funèbre est marquée par toutes sortes d'usages nus des dieux :
î funus], tandis que d'autres paraissent marquer plutôt l'idée, dans un bas-relief
conciliable d'ailleurs avec la première, d'une durée éter qui orne un autel
nelle84; il entourait aussi les temples de dieux qui avaient de Cybèle et d'A-
un caractère tout opposé, comme celui deGanymèda[iiÉBÉ], tys (fig. 444) Fig. 444. Pin de Cybèle et d'Atys.
à Phlionte, d'Esculape, à Titanè M, de Jupiter, en Crète60, on voit suspendu
de Latone, de Diane et d'Apollon en divers endroits 61 . aux branches d'un pin une syrinx, des clochettes, une pa-
Le peuplier 68 était consacré à la fois à Hercule et aux tère, une ciste, un seau, qui sont des instruments du cujte
dieux infernaux, comme tous les arbres réputés stériles, ou de la Mère des dieux ; dans d'autres monuments ce sont
que, par d'autres motifs, d'antiques prescriptions religieu des engins de pêche ou de chasse, des pièces de gibier, des
ses déclaraient frappés de malheur [infelix arbor, crux]. armes, des outils de diverses professions, etc., qui sont ainsi
Le pin aussi avait souvent, mais non pas toujours, une exposés. Une peinture d'Herculanum (fig. 445) montre,
signification funèbre 88 ; on le trouve représenté tour à à côté de chapelles situées au bord de la mer et dont s'ap
tour comme attribut de Neptune, de Pan, de Sylvain, prochent des pêcheurs et d'autres personnages, un arbre
d'Alyset de Cybèle. protégé par une clôture basse ; sur le mur sont appuyés
Il faudrait mentionner beaucoup d'autres arbres qui ont deux avirons, et derrière est un filet déployé ™. De ces
un rôle dans la mythologie et dans le culte de différents images on peut rapprocher beaucoup de passages des
dieux : la vigne et le lierre, qui appartiennent à Bacchus, poètes ; la plupart des épigrammes votives de l'anthologie
le platane, le pin, le saule, etc. Il y aurait un grand intérêt sont des dédicaces d'objets de toutes sortes, et ces offran
pour la connaissance des religions antiques à déterminer des sont quelquefois fixées à des arbres 7*. Rien n'indique
M Schômann, Antiq. juris publ. Graecor. p. 422, 9 ; cf. »on Leutsch, in Hcrabkunft des Feuers, Bcrl. 1859, p. 32, 125, 179, etc.; Max Millier, Essais, de
Philologue. I, p. 477. — 5» Plin. Hist. nat. XV, 29, 36. — « Ib. — M Ib. myth. comp., trad. G. Perrot, p. 117 et s., etc. — 71 Voy. encore Millin, Mon.
XV, 38 ; (Ml. V, 6, 20. — M Schol. Pind. Itthm. III, 88 j Eurip. Aie. 177 ; El. 324, inéd. I, pl. xxxix ; Peint, de vases. II, pl. lxtiii ; Tischbein, Vases d'Hamilton,
509 ; Plut. Art»*. 21 ; Plin. Hist. nat. XV, 35 j XVI, 85 ; XXXV, 11 ; Yirg. Aen.III, I, p. un ; Millingcn, Vases grecs, pl. lu ; R. Rochette, Peint, ant. inéd. pl. vi,
Î3.— «Schol Aristnph. Jlan. 330. — sa Schol. Soph. Oed. Col. 681 ; Sainte-Croix, p. 23 et 403. — 71 Zoega, Bassiril. ant. I, pl. xit, p. 45. Les oiseaux qu'on voit
Ilech. sur les mystères, I, p. 284, éd. de Sacy. — M Suid. s. ». K«wj» ; Aristoph. posés sur l'arbre lui étaient aussi consacrés; le taureau et le bélier sont destinés
Pac. 948. — 60 Aristoph. Thesm. 448. — «' Schol. Pind. 01. VU, 152; Athen. XIII, p. au sacrifice ; voy. encore Mus. Borbon. t. XIII, pl. xlix ; Gerhard, Ant. Bild-
ROT ; Welcker, G6tterlehre,p."i0.—>t Rotticher, c. xxxy et s. ; Wclckcr, /. I.; Hehn, werke, pl. lxxxiii ; Millin. Galer. myth. pl. cxri, 289 ; Clarac, Mus. de se. pl.
Kulturpfi. p. 215.— «Sflttichcr, c.xxill ; Lajard, Culte du cyprès pyramidal, 1843, et cxxv, cxlii, 121 ; «.unit, 24 ; Bflttichcr, c. ti. — " Ant. d'Ercol. II, p. 257 ;
Acad.desinscr.1. XX ; Hehn, p.24l .— «Tint. Leg.Y, p. 741 ; Theophr./V.V,4, 2 ; Mart. Roux et Barré, Pompéi, Peint. 5« série, pl. m; cf. Anth. pal. VI, 4, 5, 11,
VI, 73, 7; Diog. Laert. VIII, 10 ; Jambl. VU.Pyth. 28; Vitr. II, 9.— «• Paus. II, 13, 3 ; 25, 27 et s.; 58, 90, 179 et s.; 192 et s. — 7' Schol. Aristoph. Plut. 943 ;
11,11, 6.— 6» Plat. Leg. p. 125 C. — «7 Paus. II, 24, 6 ; VIII, 41, 4; Strab. XIV, Ovid. Faut. III, 266; Met. VIII, 744 ; Virg. Ed. VII, 24; Aen. XII, 768 ; Ti-
1, 20; Otid. Met. III, 155. — *» Bûtticher, c. mm. — e» Praun, in Jahrb. d. bull. II, 6, 29 ; Apul. Florid. 1 ; Met. VI, 3, p. 387 Oudend ; Anth. Pal. VI, 57,
AHerth. in flheinlande, XVI, 1851, p. 47 et s. —70 voy. par exemple, Kuhn, Die 168, 189, 255, 262, 298, etc.
ARB — 360 — ARB
sûrement dans ces exemples que l'arbre doive être consi scription qui accompagne le bas-relief, dans une scul
déré comme la divinité à qui l'offrande est faite, ou comme pture du Louvre 76 (fig. 447) ; des cymbales sont suspen
dues aux branches; une prêtresse voilée et un jeune

Fig. 447. Sacrifice auprès d'un arbre sacré.


garçon tenant la double flûte s'approchent en faisant le
geste de l'adoration [adoratio] ; un enfant conduit un
bélier qui va être sacrifié, et derrière l'autel, se tient une
seconde femme voilée, portant un plateau. Ces exemples
deviennent plus significatifs encore quand on les rap
■Fig. 44S. Offrandes «Apres d'une chapelle et d'un arbre sacri!.
proche des textes où il est formellement parlé d'autels
un temple où-elle fait son séjour; mais le culte paraît bien dressés devant des arbres, de sacrifices qu'on leur offrait,
s'adresser à l'arbre directement lorsque l'on voit placés de de prières, de baisers ou tout au moins du salut de la
vant lui des autels main que tout passant leur adressait"; il faut y ajouter
ou des tables d'of les inscriptions qui les recommandaient à la piété pu
frandes comme il y blique". Les statuettes qu'on voit quelquefois placées sur
en avait devant les le tronc de l'arbre ou sur une
idoles. La figure 44<> des grosses branches tail
représente, d'après lée pour lui servir de base,
une peinture de comme dans un fragment de
Pompéi 11 , une de bas-relief79(fig. 448), semblent
ces tables au pied bien indiquer aussi que cet
d'un arbre, que sou arbre devait être regardé
tient une élégante comme la demeure du dieu
colonne; parmi les que représentaient ces ima
dons qui s'y trou ges. Nous négligerons d'au
vent réunis, le can- tres monuments où des fi
thare posé sur la gures sont placées non plus
table, le thyrse, le sur l'arbre même, mais à
tambourin attachés côté, sur un piédestal ou sur
au tronc par des une colonne 80 : elles lais- Fis- Arbre portant l'image d'une
divinité.
bandelettes, etpeut- sent, en effet, trop de doute
être la figurine, qui sur la véritable signification de l'arbre, qui pourrait n'êlre
est, comme la table là qu'un accessoire indifférent.
elle-même et com- Au contraire, il est difficile de ne pas reconnaître une
Fig. 446. Offrandes devant un arbre sacre. me les tablettes po idole véritable dans ces arbres auxquels on donnait une
sées à terre, entou figure humaine, en les revêtant de costumes, d'armes et d'at
rée de ce signe de consécration, paraissent appartenir au tributs qui les faisaient ressembler aux images qu'on était
culte bachique. habitué à voir ailleurs. Nous en avons déjà cité des exem
Un autel est placé de la même manière devant un arbre ples 81 en parlant des oliviers de Minerve, de celui de l'a
consacré à la Mère des dieux, comme le prouve une in- cropole notamment, qui portait son égide et ses armes H.

™ Ant. d'Ercol. II, p. 259 ; Roui et Barré, Pompéi, III, Paysag. pl. n ; VIII, 744; Plin. Ilist. nat. XVI, 87; Apul. Met. VIII, 744 ; cC Muratori, Ant. ilal.
Bottichcr, fig. 12. Voy. des tables placées de même devant des arbres. Mus. med. aev. t. V, p. 66 et s.; Orelli, Inscr. 218. — 7' Bas-relief Totif. probablement
Borbon. V, pl. mu ; Areh. Zeitung, pl. ci, et ci-après fig. 449. — '6 Clame, offert en reconnaissaucc d'un accroissement de richess -s, comme paraissent l'indi
Mus. de se. pl. ccnv, n. 256 ; Bouillon, t. III, pl. i, 7 ; Frôhncr, Notice de la se. quer les inscriptions : TEAETH, ET6HNIA, EniKTDZB; Annal, del. Inst. arch. 1829,
n. 543 ; voy. encore Clarac, Mus. pl. ccuuii, 147 ; Mus. de Se.; Mus. Borbon. V, pl. tav. C ; et plus en grand dans une livraison qui vient de paraître de Le Bas, Voyage
uni -, Gerhard, Ant. Bildwerke, pl. lxxmi ; BoUirhcr, p. 46, fig. 5, 8, 13. — '' Sil. arch. en Grèce; voy. aussi Clarac, pl. c\xv ; Visconti, Op. varie. I, pl. vin ; Bôtticher,
Mal. VI, 691 ; Ovid. Met. VU, 631 ; VIII, 724 ; Tibol. I, 1, 11 ; Apul. Florid. 1 ; c. ix, fig. 20,45, 48.— 8° Voy. par exemple, Mus. Borbon. II, pl. xvi ; VII, pl. xvm ; XIV,
Arnob. Adv. gent. 1 et 5 ; Tbeophylact. In S. Jos. c. iv, 1, 016 ; Cyrill. In Isaï. pl. xi. — 8' Note 32 et s. ; cf. Ovcrbcck, /. /. p. 134 et s. — 8i Tertull. Apol. 16 ; Eurlp.
ap. Biiltichcr, p. Il ; Cod. Thcod. XVI, 10, 12. — "S Thcocr. XVIII, 48 ; Ot. Met. PUoen. 1252;//erac/.93l;cf. Tit.Liv.1, 10; Bôtlich«r,p. 231; Ovcrbcck, l.l. p. (33,135.
ARB — 361 — ARB
Plusieurs images de Minerve dont il a été parlé plus haut planté dans l'enceinte découverte du temple de Pandrose
n'étaient pas non plus autre chose que des trophées ayant et le hêtre de Ju-
pour support un tronc d'olivier et devant lesquels on sacri piter, à Rome,
fiait néanmoins comme devant un symbole divin, on l'a vu dans l'édifice
(p. 357, fig. 441), en effet, ce qui donnait aux trophées en qui en avait pris
général un caractère religieux, c'était la présence présumée le nom de Farju-
d'un dieu dans l'arbre qui en formait l'âme [tropaeus]. A tal*. Les monu
ments fournis
sent des exem
ples de ces cons
tructions. On
rencontre dans
plusieurs pein
tures dePompéi
et d'Hercula-
num représen
tant des paysa
ges, des arbres
ainsi protégés
par un mur peu
élevé, semblable
à une margelle
depmts(puteal);
Fig. 449. tantôt il enserre Fig. 451. Enclos d'un arbre sacré.
l'arbre comme
côté de ces trophées, il faut au moins mentionner ces idoles on voit le figuier ruminai sur les médailles d'Antonin (ci-
de Bacchus (fig. 449) dont les vases peints nous offrent des •dessus fig. 439, 440) et comme celui que reproduit la
exemples 83 , qui consistaient en un tronc d'arbre ou en un figure 450 8S, d'après une peinture de Pompéi ; tantôt il
pieu recouvert de pampres et de lierre, de vêtements, forme un enclos plus ou moins étendu annexé à une cha
d'attributs du dieu et d'une tête ou d'un masque fait à la pelle : on en a vu un plus haut (fig. 415) et la figure 45i
ressemblance de quelque image plus parfaite : une table en offre un autre exemple récemment découvert M. Nous
destinée aux offrandes et aux libations est ordirairement possédons aussi des représentations d'édicules plus élevées,
placée devant elles, et quelquefois un autel, montrant ayant l'apparence d'un portique ou d'une chapelle ouverte
clairement le culte qu'on leur rendait. Ces représentations de toutes parts, entourant l'arbre, mais de manière à lais-
peuvent se rattacher au culte des arbres, mais l'arbre y
disparaît ou y devient méconnaissable. Nous nous con
tenterons des spécimens qui viennent d'être indiqués, en
renvoyant ailleurs pour d'autres explications [bacchus,
xoanon].
Les arbres qui avaient un caractère sacré étaient, comme
les temples, les autels et tout ce qui appartenait au culte,
mis à l'abri de tout contact profane au moyen de murs,

Fig. 450* Arbre eotouré d'un puteal.


Fig. 452. Arbre sacré dans une tfdicule.
de barrières formant un enclos (septum) et quelquefois
enfermés dans un édifice à ciel ouvert [sacellum]. L'olivier ser ses rameaux s'étendre en liberté. C'est une construc
déjà cité de Minerve, sur l'acropole d'Athènes, était ainsi tion de ce genre qu'on voit (fig. 452) dans un bas-relief87,
*8 La ligure est tirée d'un vase du Louvre (anc. coll. Campana) ; cf. Gerhard, Tririk- Bcllérophon au moment où il va s'emparer de Pégase ; voy. encore Pitt. d'Ercol.
schalcndes Mus. zu Berlin, pl. iv, 5 ; Mus. Borb. XII, pl. mi ; Pauofka, Dionysos und I, p. 18 et 133. — 87 Braun, Zwôlf Bas-reliefs aus Palaz. Spada m, Roma,
Thyiaden. Bcrl. 1944 ; Bôtticher, c. vu, fig. 42, 43, 44. — 8V Varr. De ling., 1843 ; tov. encore Ib. m ; Pitt. d'Ercol. III, pl. lui ; Zahn, Die schônste Ornant,
lat. V, 15< ; Paul. Diac. ». ». p. 65 Lind. ; Bôtticher, p. 153. — »*Pitt. d'Ercol. le in Pomp. II, pl. lv ; Mus. Borb. XIII, pl. vi ; Gerhard, Ant. Bildwerke, pl. lui;
p. 27. — M (Horn. d. scavi Pomp. V, p. 116, pl. vu, 1 ; cette peinture représente Mon. ined. del. Inst. II, pl. nvn ; Bôtticher, p. 153 et s.
1. 46
ARB — 3G2 — ARC
enfermant un chêne de l'Ida, entre les branches duquel les monuments qu'on peut en rapprocher, que l'on ne dé
est placé un ais destiné peut-être à les empêcher de se signât ainsi que des caisses quadrangtilaires 8. C'est dans
disjoindre par l'effet de la vieillesse, ou encore à porter des caisses semblables que les anciens habitants de la
une dédicace. Grèce, et, comme on le verra, aussi ceux de l'Italie, gar
Ces édicules dans lesquelles un arbre était enfermé daient ce qu'ils avaient de précieux. Elles furent pour eux
comme dans un sanctuaire, aussi bien que les enceintes ce qu'étaient chez nous, au moyen âge, les coffres, les
plus vastes qui entouraient quelquefois un groupe d'ar bahuts, les huches, faciles à transporter quand on se dé
bres ou même un bois tout entier [lucus], étaient des plaçait, et qui dans la maison faisaient office de sièges, en
asiles comme tous les lieux interdits aux profanes [asylum]. même temps qu'ils tenaient lieu d'armoires, quoique
Les arbres, de quelque manière qu'ils eussent été con celles-ci n'aient pas été inconnues [armarium].
sacrés, soit par la vénération traditionnelle qui les faisait De curieuses peintures de vases, où sont représentés
considérer comme des temples ou des images des dieux, Danaé et le jeune Persée, au moment où ils vont être em-
soit par une manifestation particulière de la volonté divine,
par exemple lorsqu'ils étaient frappés de la foudre (arbor
fulgurita, fanatica) et par ce seul fait soustraits au monde
profane"8 [fulmen], soit enfin par une consécration volon
taire et accomplie selon les rites8* [consecratio], étaient
désormais inviolables. On ne pouvait les couper, ni les
tailler, ni les transplanter avant qu'ils eussent perdu
par l'exauguration leur caractère sacré, ou qu'on n'eût
accompli des sacrifices expiatoires
Le culte des arbres a persisté jusqu'à la fin du paga
nisme. Les Pères de l'Église en parlent fréquemment
comme d'une superstition partout répandue. Cette idolâ
trie résista même aux peines les plus rigoureuses édictées
par les empereurs chrétiens ; elle a traversé tout le moyen
Fîg. 153. Grand coffre grec.
âge et on la trouve encore vivante sous une forme un peu
différente, dans les pratiques de beaucoup de peuples 81 . prisonnés dans une caisse pour être jetés à la mer (fig. 453) ';
Pour les soins donnés aux arbres de diverses sortes et Thoas enfermé de même par sa fille Hypsipyle*; Tennès
les produits qu'on en tirait, voy. hohtus, poma, silva, et Hemithea (fig. 454) 5, nous montrent la solide structure
RUSTICA RES. E. SaGI.IO. et les dimensions des plus grands de ces coffres : deux per
ARBYLÈ ('AfGûXT), 'ApêuMç). — Chaussure commune et sonnes peuvent
de façon simple Les paysans et les voyageurs s'en ser y tenir ensem
vaient pour se garantir contre la boue et les pierres du ble ; le couvercle
chemin. Elle est comme telle, assimilée par les auteurs à ( 7i(3jjLa ) en est
celles qu'on appelait xapêaTi'vï) et 7nr)>oTOXTi'8Ti; 8 ; mais on la plat et s'ouvre
trouve d'autre part indiquée comme appartenant aux sur une char
femmes3, et aussi comme une chaussure de festin, pareille nière; ils posent
aux pXaûrat ou pXaima. Trois épigrammes *, qui décrivent ordinairement
la même statue d'Anacréon, montrent le poète dans l'i- sur des pieds peu
\ resse, n'ayant plus qu'une de ses sandales, que l'une de élevés, en for
ces pièces nommée àpêiAtSe;, l'autre pXaûrta, la troisième me de griffes.
enfin ejâvôaXa. Quand ces cof
On appelait aussi àpSûXïi la partie du char où se plaçait fres étaient rem
le conducteur8. E. S. plis des objets Fig. 454. Grand coffre grec.
ARCA (Aa'pva^, *i6«tôç). — I. Coffre, caisse, boîte, propre qu'on voulait
à serrer des vêtements, de l'argent, des provisions et, en transporter, on les fermait 8 au moyen d'un nœud com
un mot, tout ce qu'il était nécessaire de tenir enfermé pliqué [nodus] ; ensuite on les scella; plus tard seulement
Ces termes étaient généraux et s'appliquaient sans doute à on connut les serrures [clavis, sera]. Dans la première
des objets de grandeurs et de formes diverses ; cependant des peintures que nous avons citées, un ouvrier est oc
il semble, d'après les textes où ils se trouvent employés et cupé, autant qu'on en peut juger, à percer un trou dans

8» SerT. Ad Aen., VI, 72 ; Paul. Diac. p. 92 et Î95.— 8» Orelli, Inser. 1613 ; Meyer, 3 Raoul-Rochette, Choix de peint, p. 181, tign. xi ; Gerhard, Danaé, Berl. 1834.
Anth.lat. 602.— «o Cato,7)e re rust. 139; Plin. H. nat. XVII, 28 ; BStticher, c. it,xiii. Voy. aussi Annal, d. Inst. arch. 1856, pl. vin; Welcker, Alte Denkmâler, V,pl. xtii.
— " Voy. note 77 ; Bôtticher, p. 11, 531 ; A. Maury, Mém. cité, p. 2ï. — Bibliooiufhii. — » Annal, d. Inst. 1847, pl. m, p. 225 ; Gerhard, Trinkschalen, pl. n, n. 5, p. 11.
Checcoxzi, Sopra l'antica idolat. dei boschi, in Atti di Cortona, t. I, 2, p. 93 et s. — 6 Mus. Borbon. II, pl. xxx, 4. Tel est aussi le coffre qui renferme Adonis sur des
I. IV, p. 149 et s.; Baoul-Bochette, Peint, mit. inéd., 1836, p. 404 et s.; BStticher miroirs étrusques : Gerhard, Etr. Spiegel, cccxxv; Mon. ined. d. Inst. VI, pl. iiiy.
Der Baume., der Hellenen, Berlin, 1856; A. Maury, Mém. prés, pardiv. savants A l'époque chrétienne, on représenta sous la forme d'une caisse rectangulaire,
■î l'Acad. des inscr. IV, 1860 ; Orcrbeck, Ueber dos Cultusobject bei der Griechen, l'arche de Noé, dans les peintures des catacombes : Perret, Peint, des catac. Il,
in Derichte der Sdehs sch. Gesellsehaft, Philol. hist. Classe, 1864, p. iît et s. pl. xxx»n, lui, lu ; IV, pl. xi, 7 ; Martin et Cahier, Mélanges d'Archéol. III, pl.
AHBYLE. 1 Poil. VII, 86 : Eûrriit; -ri-,» lfT«ri«». — » Aesch. Agam. 945; Thcocr. xiix, m; Garrueei, Storia dcW arte cristiana, Pitture, pl. cuit; sur des sarco
VII, 26; Schol. I.ucian. Philops. 13; Forchhammcr, in Ann. d. Inst. arch. 1838, phages : Allegranza, Sacr. mon. pl. t, 12 ; sur des Terres trouiés dans les tombeaux
p. 287 ; Jacobs, Ad Anthol. I, 2, p. 26. — > Eur. Or. 140. — * Anthol. Plamid. chrétiens; Buonarroti, Vetri ant. pl. l, 1 ; de même sur les monnaies d'Apamée
306-308. — s Eust. Ad II. V, 720. en Phrygie, par allusion au surnom de la Tille KiÇwtô; : Mionnet, Supplém. VII,
ARCA. t Yarr. De ting. lot. V, 128 ; SerT. Ad Aen. I, 262 ; Poli. VII, 79 ; Isid. pl. in, 1; Ch. Lenormant, Mflang. d'archéol. t. III, p. 199. — « Hom. Od. VIII,
Orig. XX, 9. — * Voy. une exception, peut-être unique, pour le mot hiSots;, dans 438, 447 (où le mot jpiMç est synonyme de »ifv«;) ; Herod. III, 123; Thuophr.
Pausanias (X, 28, 3) : il appelle ainsi la ciste de Démêler, qui dc?ait être ronde. Char. 18 Theocr. XV, 33 ; Valckenaer, Ad h. I. p. 333.
ARC — 363 — ARC
un des montants : il prépare sans doute un moyen plus procher des témoignages écrits : c'est ainsi que dans un
solide de fermer la caisse qui doit être bientôt abandonnée tombeau de Ceere" on voit ( fig. 457) un coffre muni d'une
aux flots. serrure, placé à côté du lit où le mort était étendu, en
D'autres vases grecs nous montrent des coffres sem touré de ses armes et d'ustensiles de toutes sortes sculptés
blables, décorés avec plus ou moins d'élégance, à l'intc-

Fig. 455. Coffre à vêtements. Fig. 457. Coffre-fort étrusque.


rieur des appartements ; des femmes y rangent des pièces dans le roc et peints, comme le coffre lui-même, qui est
d'étoffe ou des vêtements (fig. 455)7, ou bien s'en font des rouge, avec des garnitures de la couleur du cuivre jaune.
sièges (fig. 456) 8. On garnit aussi les coffres de plaques de fer :d'où les noms
Des coffres du même genre d'arca ferrataoxx aerata, sous lesquels on les trouve souvent
servaient à conserver les ob indiqués u. Les fouilles de Pompéi en ont fourni des exem
jets précieux qui apparte ples", et c'est môme la découverte de deux caisses sembla
naient au trésor des tem bles qui a fait donner, mais sans preuves suffisantes, à une
ples 9 ; leur place était dans des maisons de
l'opisthodome. De même, c'é la ville antique,
tait dans la partie la plus re le nom de Mai
culée de la maison, que cha son du Ques
que particulier avait la caisse teur. On voit
(àp-ppioOijxïi) où il mettait son (fig. 458) le des
argent, ses titres et les ob sin des plaques
jets de grande valeur qu'il de bronze (cru- Fig. 458. Revêtement d'un coffre.
possédait 10. Le choix de cet stae) qui cou
endroit était commandé par vraient l'un d'eux. Ces coffres étaient placés dans l'atrium,
la nécessité de pourvoir à la et c'est dans la même partie de la maison que des coffres,
sûreté de son avoir ; aussi à peu près de même forme, ont été trouvés ailleurs. Ceux
trouve-t-on une disposition dont on voit ici des dessins (fig. 459, 460), découverts aussi
Fig. 456. Coffre servant de siège.
analogue indiquée pour les an à Pompéi en 1864 et 1867, proviennent de moins riches
ciennes habitations de l'Italie aussi bien que pour celles de demeures. Ils étaient adossés dans Yatrium à un pilastre,
la Grèce. La caisse qui renfermait l'argent se trouvait dans posés sur une petite base de maçonnerie et fixés au sol
I'atmum de la maison primitive ll, c'est-à-dire dans la pièce par un fort clou traversant le fond du meuble ,5. Les des
où la mère de sins montrent
famille se tenait -—rJ quelle était leur
constamment, à O 3 p**: construction et
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ques, dont les avaient quel -
Fig. 459. Coffres-forts en fer et en bronze. Fig. 460.
dispositions in- quefois : un ci
térieures reproduisent celles des demeures occupées par toyen proscrit par les triumvirs, se réfugia chez son
les vivants, nous en offrent des exemples qu'il faut rap- affranchi et demeura plusieurs jours caché dans le coffre
' Ch. Lcnormant, Cal. de la collecl. Durand, n. 38 ; Élite des monum. céram. Ger p. 71, n. 1. — 11 Scrv. Ad Aen. I, 730 : lbi etiara pecunias habebant; Ib. IX, 548.
hard, Auserl. Vas. IV, pl. ceci; cf. Hom. //. XXIV, 195; Athcn. III, p. 84 A; — U N. Desvcrgcrs, L'Étrwie, dix ans de fouilles, pl. nde l'atlas. — M Juven. XI, 26;
Thror. I. I. — 8 Mon. ined. d. Jfirf.1845, pl. uni ; voy. aussi Millingcn, Peint, de XIV, 259, et Schol. Juv. X, 25 et XIV, 261 ; Ulp. Diff. XXXII, I, 52, 8 9 ; cf. App.
vases de die. coll. sui. — 9 Corp. inscr. gr. II, n. 150. — 10 Lys. De caede Erat.% 10; Dell. rio. IV, 44. — 1* Avellino, Descr. di una casa Pomp. p. 47 ; Mus. Dorbon. V,
f.tym. mag. p. 627, 6cMM&|Uf; Ilarpocr. p. 28 ; cf. Hcsych. s. v. iKvriitopo;, ia|utov, p- 7. — 15 Nii'colini, Case di Pomp. Descr. pén. pl. mui ; H. de Longpéricr, ftcvw
tiUfH; Poil. 1, 80 ; Athea. VI, p. 235 A, B; Bottichcr, Die Tcktonikder Uellenen,V\', archéol. t. Wlll, 1603, p. 171, pl. u, — U L. cit.; Dio, XLVH, 7; Suct. Oct. Î7.
ARC — 304 — ARC
de fer placé au milieu de la maison. Il y recevait sa nour placés par les soins d'un agent spécial, le curator calen-
riture, et personne ne s'avisa de l'y chercher. De l'emploi darii ; le texte du Digeste 6 semble toutefois le mettre sur
constant de Varca pour serrer les espèces, vient celui des la même ligne que le questeur; 3° le revenu des mines,
mots : ex arca solvere, s'appliquant à toute espèce de paye carrières, salines, étangs, forêts, ordinairement affermés à
ment 1 . Un serviteur de confiance, appelé arcarius, avait des publicains'; 4° le produit de différents impôts com
la garde de la caisse On trouve le même nom désignant munaux sur l'usage des aqueducs, des bains [balneare] et
des coffres destinés à la conservation des vêtements {arca des cloaques 8, des droits sur les dépaissances communes
vestiaria) " et des provisions de toute espèce. ou compascua ', des péages 10, des amendes prononcées par
Nous parlerons ailleurs des boîtes et coffrets de toute na les duumvirs et les édiles et diverses autres recettes
ture et de toute capacité, les unes (arculae) ressemblant en analogues Il paraît même que des droits d'octroi étaient
petit à celles qui viennent d'être décrites ; les autres, de perçus à l'entrée de certaines marchandises ou sur leur
formes variées, qui servaient à serrer des bijoux, des li vente au marché, et que la perception de ces redevances,
vres, des parfums, des objets de toilette *°, etc. [cista, capsa, comme de la plupart des précédentes était adjugée aux
pyxis, scrinium, loculus]; ailleurs encore, des cercueils enchères et moyennant caution à des sociétés de pu
de bois ou de pierre de forme analogue, auxquels on don blicains ; mais ces droits ne pouvaient être établis sans
nait aussi le nom d'arca [funus, sarcophaghs]. l'autorisation de l'empereur 5° la commune percevait
arca est aussi le nom d'une caisse sans couvercle et sans en nature certains produits destinés à des services publics,
fond, qu'on enfonçait dans le sol pour établir des fonda ainsi une part des fruits des forêts, pour des distributions
tions sous l'eau : on pompait l'eau qu'elle contenait et on communales 18 ; des matériaux fournis par les riverains des
la remplissait de pierres et de ciment". E. Saglio. chemins publics, enfin les produits du travail des esclaves
ARCA. — II. Ce nom s'appliquait à toute caisse publique de la cité ". Gomme ressources extraordinaires de Varca
dans la langue de l'administration romaine ; cependant de la cité, nous devons mentionner : 1° les valeurs acquises
ceux d'aerarium Saturni, aerarium sacrum ou militare, aera- par legs, fidéicommis, ou donations entre-vifs ; 2° depuis
rium pricatum désignent spécialement le trésor public de Trajan les successions ab intestat des affranchis de la
l'Etat, ou certaines parties du trésor public, ou enfin le tré ville"; 3° en vertu d'un sénatus-consulte spécial, les insti
sor du prince, et font l'objet d'articles auxquels nous ren tutions testamentaires émanées des mêmes personnes ",
voyons [aerarium, aerarium militare, fiscus]. Nous parle et plus tard,en 469, en vertu d'une constitution de l'empe
rons ici seulement des caisses constamment désignées sous reur Léon, insérée au Gode de Justinien, de la part de
le nom d'arca. tout testateur même non affranchi de la cité K ; 4° enfin,
arca publica ou municipalis. — On a quelques notions les emprunts que la ville avait été autorisée à faire par le
exactes sur le régime municipal des villes, tant munici- président de la province, et en vertu d'un mandat spécial
pes que colonies ou préfectures, en Italie particulière donné par la curie au curator rcipublicae n.
ment, vers la fin de la république et pendant les pre Parmi les dépenses ordinaires ou habituelles, nous
miers temps de l'empire [municipium]. Chacune de ces trouvons : 1° les Irais d'entretien des bâtiments munici
cités avait son budget des recettes et des dépenses et natu paux n ; 2° les frais d'entretien de la voirie, avec le con
rellement une caisse communale (pecunia publica, arca pu cours des riverains; 3" les frais de conservation des for
blica) administrée par des magistrats spéciaux, ordinaire tifications, auxquelles du reste on ne pouvait toucher sans
ment nommés quaestores pecuniae publicae, ou aerarii, ou une autorisation préalable du président ou de l'empe
arcac publicae 1 ; plus tard, et surtout depuis Nerva et reur; un rescrit de Marc-Aurèle exigea même que le gou
Trajan, on voit apparaître comme particulièrement chargé verneur en référât toujours au prince a ; un tiers des reve
de cet emploi, un curator rf.ipudlicae, nommé par l'em nus des biens communaux pouvait d'ailleurs être affecté
pereur. Quelquefois la questure de la caisse municipale à cet emploi, d'après un rescrit d'Arcadius et d'Honorius,
était réunie à l'administration des fonds alimentaires pour rendu en 393 et confirmant une décision de Valentinien ;
les enfants pauvres [alimentarii pueri]'. 4' les allocations attribuées aux professeurs et médecins
Les ressources de la caisse communale étaient ordi agréés in numerum par la curie "; 5° les fonds destinés à
nairement les suivantes : 1° les revenus des immeubles l'achat de blé, d'huile, etc., pour les distributions à faire
communaux ' qui étaient donnés à ferme pour cinq ans aux pauvres. — Au nombre des dépenses extraordinaires se
ou ordinairement à long terme, et même à perpétuité présentent: 1° les constructions nouvelles, qui du reste ne
[ager vectigalis] à des particuliers ou à des sociétés de pouvaient être élevées sans autorisation préalable " ; 2° les
publicains 2° les revenus des capitaux de la commune frais de route ou viaticum votés aux députés près dupraeses
(provenant de legs, fidéicommis, vente de biens de la provincial ou de l'empereur M; 3° le prix des approvision
cite5); il était tenu registre de ces capitaux qui étaient nements extraordinaires en cas de disette n; 4* les frais
" Douât. Ad Tcrent. Adelph., II, 4, 13; Phorm.\, 8, 29. — 1» Scaev. /fy. XL, — » Table de Malaga, LXVI.— '» Lampr. Ai. Sever. 21 ; Beoker-Marquardt, Rùm.
5, 41 ; 8, i: ; cf. Plant. Aul. III, 5, 45. — •» C»t. De re rust. il. — «0 On en pi'ut Alterth. LU, 1, p. 354, note 2306. — « Fr. 53, De locat. Dig. XIX, 2; fr. 3, g 6,
\oir une (fig. 456), au-dessus de la f. mmc assise. — '1 Vitr. V, 12, 3. De jure/ùci, XLIX, 14 ; fr.2, § 4, Ad municip. ; L, 1 fr.2, § 12 ; Dig. L, 8. — «*Fr. 9
ARCA II. * L^s corporations [collkgii-m] avaient aussi leur arca; Orelli-Heiizen, pr. De publican. Dig. XXXIX, 4 ; fr. 16, g 6, eod. — « Fr. 10 Dig. eod.;C. 1,ï, 3
6111, 7103 ; Dig. 111, 4, I quodeuj. uaiv. Cod. Just. IV, 62; Grutcr, Use. p. 164, n» 1. — M Fr. 1, g 2 ; fr. 18, g 3 à 11 ;
AIICA ML'XICIPAI.IS. 1 Orelli, Inscr. 3908 39S7-91) ; fr. 18, S ï Dig. De minier. Die;. De mwierib. L, 4 ; Agcnnius, De cont. agror. éd. Rudorff, p. 85. — I1 Plin.
L> *• — * Hcmen, Tab. alim. p. 34. — S II y avait des terres arables [arvti). des prai Epist. X, 39, 40, 41. — « Fr. I et 3 Dig. XL, 3 ; L. unie. XXXVIII, 3 ; fr. 3, § 6.
ries [nscii] des lacs, des mines : Frontin. De controv. p. 49 ; Suel. Tiber. 49 ; — I» UIp. Reg. XXII, 5 ; fr. i,§ 1 Dig. fle libertis unie. XXXVIII, 3. — » C lïCod.
Dig. fr. 7, XLUI, 11.— * Caius, III, 145; Plin. Epist. VII, 18; fr. 1, pr. Dig. VI, 24. — 81 En dehors de ce cas, suivant nous, la loi 27 De reb. crédit. XII, I,
Si ager nert.VI, 3; Ir. Il, g 1 Dig. Depublic. XXXIX, 4.— 5 C. 3 Cod. Just. Du vend, n'oblige la ville qu'autant qu'elle s'est enrichie. — « Cic. de Div. 13, 11.
reb. civ. XI, 31. — »Fr. 18, S 2, De muner. L, 1. — 7 Fr. 13 pr. et g 1 Dig. Depubli- — « UIp. fr. 9, g 4, De rer. div. Dig. I, 8. — « Fr. 6, Modcstin. Dig. De opn: pu
caais, XXXIX, 4. — » Fr. 27, g 3 Dig. De utufr. VII, 1 ; Cic. In RiM. 111,2; Auctor blic. L, 10; UIp. fr.4,8» Dig. L, 9. — * C. 1 0 et 13, De oper.publ., Cod. Jusl. Vlll.
De limit. p. 31'J, éd. ItudorfT. — 9 Hygin. De limit. conflit, p. 202, éd. HudorlT; 12 ; Plin. Epitt. X, 34, 35, 75, 91, 99.— » Paul. Fr. 10, g 1 Dig. De legatiomb.h, 7.
Orelli, Inscr. 3121. — I» Fr. 60, g 8 Dig. Locat. XIX, 2 ; Scncc. De contt. »ap. 14. — *7 Fr. 5 De adm. rer» ad civil. Dig. L, 8.
ARC — 365 — ARC
des jeux publics, en cas d'insuffisance des fonds légués môme par les régions urbicaires *, et par certaines provin
avec cette charge 18 ; 5* le remboursement des emprunts ces, pour les besoins de l'armée et des employés [annona
et autres dettes de la cité; et enfin 6° les secours aux dé militaris], et ne pouvait en général se remplacer par de
curions ruinés m. Des constitutions avaient du reste inter l'argent [adaeratio] ; 2° en certains cas Xarca praefecti pou
dit à la curie toute largesse faite des deniers de la ville au vait recourir à des réquisitions extraordinaires, sauf in
profit des particuliers s0 ; la cité, assimilée aux mineurs de demnité [publica comparatio], ou imputation sur l'impôt.
25 ans, avait la ressource de la restitutio in integrum contre Comme ressource extraordinaire, elle participait quelque
les actes par lesquels elle aurait été lésée M. fois pour part égale avec I'aeraridm sacrum et I'aerarium
La tutelle administrative, déjà en vigueur du temps de privatum, au produit des confiscations ou des biens va
Pline, ne fit que s'accroître par la suite. Non-seulement cants et sans maître Quant aux dépenses de la caisse du
sous Trajan le gouverneur autorisait les travaux de cons préfet, elles consistaient principalement : 1° dans les frais
truction, mais il examinait le budget des cités, et approu d'entretien de l'armée et des fonctionnaires *, au moyen
vait les comptes des questeurs ou curateurs et spéciale des fournitures en nature ; 2° dans le matériel de la poste
ment ceux du curator calendarii, nommé par lui; mais après [cursus publicus] et de l'armement de toute nature. Les
les Antonins. l'intervention du pouvoir central dans l'admi provinciaux livraient aux fabriques de l'État toutes les
nistration municipale et spécialement dans la gestion de matières premières, bois, métaux, étoffes, vêtements, etc.
la fortune communale devint excessive et même ruineuse Ces établissements nombreux et distribués sur toute la
pour les cités. Souvent les propriétés des villes leur furent circonférence de l'empire 5 dépendirent, jusqu'au temps
enlevées, comme on peut en juger par les édits de restitu de Rufin, en 395, du préfet du prétoire; ensuite ils furent
tion de l'empereur Julien83, et plus tard de Théodose le placés sous la surveillance du magister officiorum 6.
Jeune Les besoins de l'administration nouvelle organisée Le préfet du prétoire pourvoyait à l'administration de
par Dioclétien 35 forcèrent les empereurs à confisquer plus cette caisse au moyen d'un nombreux personnel d'em
ou moins directement une partie du patrimoine ou des ployés et des recteurs des provinces [officium, praefectus
revenus communaux. Non-seulement les anciens impôts praetorio] : ainsi les impôts en nature étaient recueillis par
(vectigalia) votés par les curies furent maintenus et rendus des receveurs, susceptores7, spéciaux, placés par les soins
perpétuels **, mais de nouveaux furent d'autant plus aisé des praepositi pagorum, et gardés par des praepositi hor-
ment autorisés que désormais le trésor public s'appropriait reorum dans des magasins publics 8, le tout sous la direc
les deux tiers des impôts en général et sauf certains verse tion des redores provinciae, qui veillaient selon la forme
ments réservés en entier à Yaerarium 37 , le tiers seulement habituelle, et par leurs tabularii, à la rentrée des impôts ;
demeurant affecté aux dépenses locales de la cité. Plus tard, la transmission de ces denrées et leur emploi normal
cependant, Majorien et Justinien dans leurs novelles 33 es étaient spécialement confiés aux primipilares ou primi-
sayèrent de garantir le patrimoine communal, en interdi pili ensuite elles étaient délivrées, sur les mandats des
sant aux agents du trésor public 39 de toucher aux deniers actuarii ou subscribendarii , aux optiones des légions, qui
destinés aux travaux et à l'approvisionnement des villes ; en faisaient la distribution entre les soldats 10. [annona
mais alors la ruine du régime municipal était consommée riae species, militaris annona.]
particulièrement en Occident, où elle avait entraîné celle arca quaestoria ou publica. — Pendant la république,
de l'empire lui-même. En Orient, Justinien plaça la surveil les dépenses municipales de la ville de Rome ne furent
lance du curator, autrefois attribuée aupraeses provinciae, point considérées comme distinctes de celles de l'État,
sous le contrôle des évêques *°. puisque Rome elle-même formait une sorte de républi
arca praefecturae. — Portion spéciale du trésor pu que municipale, dans le sein de laquelle s'exerçaient ex
blic qui forma, depuis Dioclétien et Constantin, une caisse clusivement les droits politiques. Ainsi I'aerarium populi
particulière, placée sous la direction du préfet du prétoire1 supportait les charges locales, l'entretien des égouts *. Mais
[praefectus praetorio] et correspondant à l'ancien aerarwm sous l'empire, à mesure que les droits politiques s'effa
militare d'Auguste. Cette caisse s'alimentait : ï" de la con cèrent et que les droits civils se généralisèrent avec
tribution en nature ou annona [annonariae species], dont la qualité de citoyen, la notion des intérêts commu
les rôles s'appelaient annonariae functiones, par opposi naux, envisagés comme séparés des intérêts généraux de
tion aux largitionales tituli; elle était due alors, en Italie, l'État romain, dut se dégager et se réaliser dans les faits.
*» C. unie. Cod. Just. XI, 41 ; fr. 122 Dig. De légat. 1. — M Herraog. Fr. 8, epigraphicae, 1853, p. 186 et s. ; Q. Hébert, De la personnalité des cités, Paris, 1858;
De decur. Dig. L, 2. — »0 Plin. Epist. X, 111, 112; fr. 4 Dig. L, 9. — Quinion, Du municipe romain, Paris, 1859 ; G. Dubois, Essai sur les municipes, Paris,
si Fr. 9 Dig. De appell. XLIX, 1 ; fr. 22, § 2, Ex quib. caus. IV, 6 ; C. 4 1862 ; Kuhxi, Die stàdtùche und burg. Verfassung des rôm. Heichs, I, p. 41, 58 et
Cod. II, 54; C. 3 Cod. De jure reipubl. XI, 29. — 3i Plin. Epist. X, 56; YYal- s. Leipz. 1864; P. Willems, Le droit public romain, p. 400, 3« éd. Louvain, 1874 ;
ter, Gesck. d. rôm. Hechts, n° 314. Quant à la responsabilité de ces magistrats, E. Herzog, Gall. Narbonensis, p. 21 1-2*5, Leips. 1864 ; Serrigny, Droit public romain,
voyez QUARSTOR K0R1CIFII, CURATOR CALEKDARII, Ct CURATOR RKIPUBLICAE. — 33 Roth, l, n" 267, 270, 272 ; II, 689, 696 et s., Paris, 1862.
De re municip. rom. p. 33, 36, n<» 67 et 69; Zosim. I, 13; Amm. Marc. XXV, ARCA PRAEFECTTJHAE. ' Novell. Theod. lit. XVII, De compet. c. 2, § 4 ; Nov.
4, 15; C. 1 Cod. Theod. X, 3 ; C 10 Cod. Theod. XV, 1 ; C 1, 2 Cod. Just. XI, Majorian. tit. II, De indulg. reliq. § 1 ; nov. 130 Just. c. 3.—> C. 13, 14 Cod. Theod. XI,
69. — *4 Not. U, lit. 23, De loc. reipubl. — 35 Vi'aller, Op. I. n. 359. Sous les 28.—'Nov. Theod. II, tit. XVII, De compet. c. î, § 4, de l'année 444 ; Savigny, Verm.
empereurs chrétiens, une partie des biens communaux fut auectée aux besoins du Schrift. Il, 113. — * Zosim. II, 33 ; c. 2 Cod. Just. XII, 8. — « Notitia dignit.
ealte, Soioraen. I, 8 ; V, 5. — 86 c. 10 Cod. lusl.De vectig. 1V,61. — 37 c. 13 Cod. Orient, c. 10; Occid. c. 8. — « J. Lydus, De mag. II, 10 ; III, 40. — 1 C. 19, 21
cod. — 3» Not. Maj. t. 4, De aed. pub.; Just. C. XXV1I1, c. 16. — 39 Déjà Zénon Cod. Theod. De suscept. XII, 6 ; nov. 128, c. 15. — » Gothofred. Paratitl. ad C.
avait interdit aux recteurs ct à leurs employés de discuter les comptes des travaux Theod. XI, 1, et Ad Cod.Theod. VII, 4 ; XI, 14. — » Gothofr. Paratitl. ad C. Theod.
publics des cités, et, bous ce prétexte, de se faire attribuer des remises par les VIII, 4 ; Gaupp, Germon. Ansicdlung. in Provins des rôm. Westreichs, p. 81-85 ;
caisses communales. C. unie. Cod. Just. VIII, 13, De ratiocin.— ^DC. 26 Cod. Just. Kuhn, Stâdtische Verfassung d. rôm. Heichs, I, p. 170 et s. — 10 Gothofred. Para
De episc. audient. I, 4; Novell. 128, c. 16. — Bibliographie. Waltcr, Gescliichte titl. ad cod. Theod.Ml, 1, p. 2ï5, 256; VIII, 1, p. 470. — Bibliographie. Go-
des rom. Hechts, 3* éd. Bonn, 1860, 1, § 305, 306 et 397 ; Becker-Marquardt, Hand- thufiedus, Ad codic. Theodos. XI, 28 ; Waltcr, Geschichte des rômisch. Hechts,
buch der rômisch. Alterthûmer, III, S» part. Leipzig, 1851. 79, 80 et III, 1, p. 253, 33U 3'éd.Bonn, 1860, I, § 4l>5, 408, 413, 419 ; Gaupp, Die Germanisch.Ansiedlung. und
et suiv. 354, 362 ; Both, De re municipali romana, Stuttgart, 1801, p. 98 et suiv. ; Abtheil. in den Provinjen des rômisch. Westretchs, Breslau, 1844, p. 79 et s.
Savigny, Geschichte des rôm. Hechts im Mittelalter, Hcidelberg, 1851, I, 2 ; He ARCA QUABSTOIUA OU PUBLICA. 1 Orelli, Inscr. 2284, 2285 ; Suet. Oct. 37 )
gel, Gesch. der stàd. Verfass. von Italien, Leipzig. 1847 ; Zumpt, Commentotioitcs Dio Cass. LVI1, 14 ; ct surtout, LU, 18.
ARC — 366 — ARC
Bientôt on voit apparaître dans Rome, peut-être sous l'in arca olearia. — Magasin ou caisse municipale1 pour
fluence des progrès du régime des municipes [municipium], l'approvisionnement d'huile, que l'on tirait principalement
des revenus spéciaux, attribués à la commune et versés d'Afrique 1 ; souvent en effet on distribuait cette denrée
dans une caisse spéciale, distincte du trésor public et nom aux pauvres, au moyen des mensae oleariae, boutiques
mée arca publica, dontl'administration appartint au sénat*. privilégiées où l'on vendait l'huile.
Les ressources de cette caisse se composaient principale- arca provinciae. — Certaines provinces ou portions de
mentdes droits d'entrée payés par certaines marchandises3. provinces avaient des associations religieuses consacrées
Il paraît en effet, d'après une inscription \ que Marc-Au- au culte de Rome et d'Auguste [commune, koinon, conci-
rèle avait tracé autour de la ville des limites au delà des lium provinciae]. Ces réunions possédaient une caisse ali
quelles les marchandises une fois entrées n'avaient plus mentée par certaines contributions : c'est ce que prouvent
rien à payer [ansarium, vectigal fobicularii]. Du reste, on les inscriptions qui indiquent les fonctions d'un judex arcae
sait que plusieurs empereurs avaient autorisé les cités à éta Galliarum,à'\m allector Galliarum,d!\xn inquisitor Galliarum1.
blir des impôts indirects [portorium] de cette nature 5. Dans ARCA. — III. Ce nom fut encore improprement donné
le bas-empire, cette caisse municipale de la capitale sub à une cellule étroite où étaient enfermés les esclaves dé
sista sous le nom à'arca quaestoria ou aerarium populi ro linquants ou les malfaiteurs; ce n'était qu'une chambre
mani'. Elle était dotée de revenus particuliers et placée de sûreté Festus* nous dit qu'on appelait robur, le ca
immédiatement sous la direction du praefectus urbi et de chot de la prison dans lequel on précipitait les malfai
son officium. Elle pourvoyait à quelques-uns des services teurs qu'on enfermait jadis dans des cages de chêne,
municipaux au moyen de prestations en nature. C'est ainsi arcis robusteis; genre de torture que Caligula paraît avoir
que tous les habitants sans distinction étaient tenus à des renouvelé pour des citoyens distingués'. G. Humbert.
corvées ou des fournitures d'attelages pour la réparation ARCADICUM FOEDUS ('ApxotSwv tô xotvov). — Les divers
des murs, des portes, etc. 7; bien plus, certaines régions cantons de l'Arcadie, jusqu'à la bataille de Leuctres,
d'Italie étaient assujetties à fournir des matériaux, comme n'eurent entre eux aucun lien politique. Ils étaient seule
de la chaux par exemple, pour les constructions urbaines8; ment unis par le souvenir d'une origine commune et des
mais pour les aqueducs existait une caisse spéciale [aquae- cérémonies religieuses. A cette époque et, probablement
ductus]. Il y avait des immeubles dont les possesseurs avec l'argent d'un sanctuaire
étaient astreints à payer par an aux voituriers 9 ou chau commun, on frappa les mon
fourniers une certaine quantité de vin, remplacée plus naies les plus anciennes au
tard par une somme d'argent10. De son côté, I'arca visa- nom des Arcadiens. Sur la
ria de la cité devait fournir son contingent en or, qui de face est une tête de femme,
Fig. 461 . Monnaie des Arcadiens.
vait être changé par la corporation des changeurs ". Déméter ou Coré, avec la
arca vinaria ou titulus vinarius. — Placée sous la légende apkmiçon ; au revers, Zeus aëtophore, assis sur
direction du praefectus urbi, et administrée par le ra- un trône et tenant un sceptre de la main gauche. Nous
lionalis vinorum judex ou tribunus fort vinarii 1 , cette caisse reproduisons ici (fig. 461) un spécimen de cette monnaie
avait pour objet d'assurer l'approvisionnement en vin de archaïque, conservé au Cabinet des Médailles, à Paris.
la capitale et le bon marché de ce liquide. A cet effet, les Après la défaite des Lacédémoniens à Leuctres, en 371
régions suburbicaires de Rome devaient, ainsi que d'autres av. J.-C, un parti puissant,à la tête duquel était Lycomédès,
provinces, fournir à cette ville ! des prestations en vin, se forma dans l'Arcadie ; il demanda la fondation d'une
qui étaient vendues pour le compte de ïarca vinaria*, un ville pour servir de centre à la confédération et l'établisse
quart au-dessous du cours du marché ; les comptes des ment d'un conseil commun, dont les décisions seraient
susceptores vint étaient réglés par le vicarius urbis; ils de obligatoires pour toutes les villes '. Ce plan fut réalisé avec
vaient faire enregistrer les quittances des débiteurs de l'aide et sous la direction d'Épaminondas. On construisit
Varca, sous peine d'en supporter les risques *. une ville nouvelle, Mégalopolis, et on la peupla en y réu
abca frumentaria. — Caisse destinée à faciliter l'appro nissant, en partie par force, les habitants de quarante vil
visionnement en blé1 ; elle emmagasinait I'annona civica lages (en 370) *. Suivant une tradition rapportée par Plu-
due par les provinces et la distribuait ou la vendait au-des tarque, Platon envoya aux Arcadiens un de ses disciples,
sous du cours1. A Rome, cette administration était soumise Aristonymos, pour rédiger leur constitution3. Aristole,
au praefectus urbi, et plus immédiatement au praefectus dans son livre des ÏIoXiTEi'ai, avait examiné la xoivr) 'ApxâSojv
annonae; à Constantinople toutefois, où il existait une TTOAlTEl'oC \
institution semblable, il n'est pas question de ce dernier5; On a fort peu de détails sur la ligue arcadienne. Elle
certaines cités avaient aussi leur caisse frumentaire *. semble avoir eu un stratège commun, mais il n'est pas

» Vopisc. Awel. 20. — » 1b. 45. — * Orelli, Inscr. 3347 j Walter, Gesch. des râm. Gesch. d. rôm. Ilechts, n°381 ; Scrrigny, Droit public rom. I, n. ÎS7, Paris, 1862.
Hechts, 3« éd. I, n° 297 et note 69. — 5 Suct. Oct. 46 ; Lamprid. Al. Sev. 21 ; — « C I, 2 Cod. Theod. De cond. XI, 14 ; C. 24 Cod. Theod. De suscept. XII, 6.
Gruter, Inscr. p. 164, 1 ; C. 10 Cod. Just. IV, 61 ; C. 48 Cod. ïheod. XV, 1 ; — > 1. Lydus, De magist. III, 38. — * Fr. 1, ( 1, Dig. De muner. L, 4.
fr. 13, § 6 Dig. XIX, 1. — « Symmach. Epitt. X, 40, 57. — ^ Nov. Valcntin. ARCA OLEARIA. » C. ï Cod. Theod. XII, 11. — » Spartian. Sever. 18; Aurel.
III, Ut. V, De Pentapolis, c. 1, g 3 ; c. 23 Cod. Tlieod. De oper. publ. XV, 1. Vict. De Cncsar. 41 ; Symmach. Epist. X, 55 ; Lamprid. Alex. Sev. 22. — Bimo-
— ' Symmach. Epist. X, 60. — • Par imputation sur l'impôt, Nov. Valent. III, oairu». Walter, Geschichte des romisch. Rechts, 3' éd. Bonn, 1860, a" 379-382 ;
lit. V, DePentap. g 1, 4. — "> C 1, 3 Cod. Theod. De calccoct. XIV, 6; Gotho- E. Bôcking, Notifia dignit. II, p. 194 et suiv. Bonn, 1853; Gothofredus, Ad Codic.
fred, Ad h. I. — 11 Symmach. Ep. X, 49 ; Walter, Gesch. n. 379 j Mommsen, Epigr. Theodosian. XI, 3 ; XIV, 4 et 6 ; Beckcr-Marquardt, Handbuch der rûmisch. Alter-
Atialekt. 15. thûmer, III, 2, p. 107 et suiv., Leipzig, 1853.
ARCA VINARIA. 1 Aotitin dir/nit. occid. c. 4 ; Vopisc. Aurel. 46 ; Symmach. ARCA PROVINCIAE. 1 Orelli, 3050, 0949, 3653; Hommsen, in Annal, d. Inst.
Epist. VII, 96; IX, 131; X, 54; V. Bôcking, Xotii. occid. U, p. 195; déjà sous archeol. 1853, p. 68 ; Kuhn, Die stâdtische Verfassung d. rùm. Jteichs, Il p. 224.
Aurclien, le Use avait des magasins de Tin sous les portiques du temple (lu Soleil. Lcipz. 1865.
Vopisc. Aurel. 48. — a n y m\t poUr cela des Susaptores oi/ii, C. Iheod. XIV, 4. ARCA III. Cic. Pro Milone, 22. — « S. ». Robur. — » Suct. Calig. Î7.
— »C. 1,2, 3 Cod. Theod. Tribut. in ips. specieb.Xl.ît.— * C.26 Cod. Iheod. XII, fi. ARCADICUM FOEDUS. 1 Xen. Bell. VI, 5 ; Uiod. XV, 59. — * Paus. Vlll, 11.
ARCA FRUME.NTA1UA. i Cod. Theod. De curai, calend. XII, 11; Walter, — 3 plut, ilur. p. 137". — * Fragm. hist. gr. t. U, p. 134.
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certain que cette magistrature fût permanente 5. On con La confédération fut presque toujours divisée ; dès les
naît un peu mieux l'assemblée des Dix Mille, Mûptot, ou du premières années, il fallut employer la force des armes
moins quelques-unes de ses attributions. Le mot uuptot ne pour retenir les habitants transportés à Mégalopolis ; les
paraît pas être un chiffre indéterminé, comme l'a cru villes se partagèrent entre les Lacédémoniens et les Thé-
M. Grote ; il désigne le nombre régulier des membres de bains ; plus tard, les unes tinrent pour Sparte, les autres
l'assemblée. Les Dix Mille se réunissaient d'ordinaire à pour la ligue achéenne et les Macédoniens ; des tyrans s'é
Mégalopolis, dans un édifice appelé (JouXeu-nipiov '. Ils déci tablirent dans plusieurs cités, et notamment à Mégalopo- '
daient sur les questions de paix et de guerre, sur les al lis. Enfin, après la défaite de Cléomène, la confédération
liances, recevaient et envoyaient des ambassades 1 ; ils ju arcadienne semble s'être dissoute, et les villes qui la com
geaient les Arcadiens cités devant eux pour les fautes rela posaient s'agrégèrent à la ligue achéenne P. Foucart.
tives à des fonctions publiques8. Leurs décisions étaient ARCARII. — Employés préposés à la surveillance des
valables dans toutes les villes de la ligue. caisses publiques, et particulièrement ceux qui avaient la
Comme dans toutes les républiques grecques, les affaires garde des caisses du fisc On les nommait aussi caesariani
étaient d'abord présentées à une assemblée beaucoup pour les distinguer des arcarii du praefectus praetorio ou
moins nombreuse, pouÀrî. Le conseil des Arcadiens se com des colonies et des municipes *. On trouve les premiers
posait des députés, appelés SajAi'opfoi et envoyés par les déjà mentionnés dans un texte d'Ulpien *, d'après lequel
différents cantons. Chacun d'eux nommait cinq démiurges; les arcarii caesariani, qui ont leurs bureaux * (stattones) dans
Mégalopolis en avait dix, les plus petits, seulement deux le forum de Trajan, jouissent de l'immunité de la tutelle
ou trois9. Pour qu'une proposition fût adoptée, il fallait en vertu de plusieurs constitutions impériales. M. de Buch-
qu'elle fût d'abord examinée parle conseil, présentée par holz s pense qu'il s'agit là des trésoriers de l'épargne pri
lui aux Dix Mille et votée par l'assemblée. vée de l'empereur [fiscus] ; en effet, il paraît que les séna
La confédération avait à son service une armée perma teurs avaient au même lieu leurs caisses particulières 8.
nente. C'était un corps de 5,000 hommes d'élite appelés Les empereurs et les impératrices (Augustae) avaient aussi
kparitoi ; ils recevaient une solde régulière, fournie par leurs aixarii '. Les arcarii du fisc portaient encore le nom
une contribution dont chaque ville payait sa part. Ce corps de susceptores, plus fréquemment employé " ; en 408, les
d'armée servait à la fois, à l'extérieur, pour tenir tête à empereurs Arcadius, Honorius et Théodose ordonnèrent
une attaque subite de l'ennemi, et, à l'intérieur, pour assu de créer dans chaque province deux tabularii ou numerariï,
rer l'exécution des décisions de l'assemblée l0. et deux susceptores attachés à Vofficium du rector en Occi
Le conseil et les Dix Mille décernaient par un décret les dent [tabularii, susceptores]. Les colonies et villes avaient
titres de « bienfaiteur et proxène de tous les Arca leurs caissiers, la plupart affranchis ou servi publici *.
diens". » Une monnaie commune était frappée au nom des On trouve aussi sous le nom d'arcarii des caissiers aux
Arcadiens. Le Cabinet des Médailles en possède plusieurs quels des collèges ou particuliers confiaient la garde de
exemplaires fort beaux : c'est l'un d'eux qui est ici repro leur caisse ,0.
duit (fig. 462). La face représente une tête de Zeus barbu, On appelait encore arcarii les ouvriers fabricants de li
couronnée d'olivier tières " ou lecticarii. G. Humbert.
sauvage. Le person ARCERA. — Voiture ressemblant à une caisse [arca] en
nage assis sur un tièrement fermée, et garnie à l'intérieur de couvertures
rocher est Pan, le ou de tapis sur lesquels on s'étendait. Elle était en usage
dieu national de l'Ar- pour les malades et les vieillards au temps de la loi des
cadie , caractérisé Douze Tables; on cessa de bonne heure de s'en servir1. E.S.
par le pedum et la ARCHAI (Àpjrjxi'), magistratures athéniennes. — C'était
Fig. 162. Monnaie de la Confédération arca-
syrinx, qui est à ses une tradition fort répandue à Athènes que Thésée confia
pieds. Les lettres au peuple la direction des affaires, qu'il fut par conséquent
oavm gravées sur le rocher indiquent qu'il représente le le fondateur de la démocratie, et que cette forme de gou
mont Lykaion, que les Arcadiens appelaient aussi "OXuiiTcoç. vernement se maintint sans interruption depuis les temps
Sur cette montagne étaient deux sanctuaires vénérés de •héroïques jusqu'à Pisistrate. Lorsque Pausanias parcourut
Pan et de ZeusLykaios Dans le champ, sontles lettres ^R, la Grèce, il vit encore sur un des murs du Céramique une
monogramme des Arcadiens. fresque qui semblait confirmer la tradition, en montrant
Les cantons et les villes, en dehors des questions générales réunis dans un même groupe Thésée, la Démocratie et le
de paix et de guerre, conservaient leur autonomie ; elles Peuple '. Cette antique origine attribuée aux institutions
avaient leurs magistrats, leurs assemblées, frappaient mon si vivement affectionnées des Athéniens était évidemment
naie et nommaientdesproxènes particuliers. Des inscriptions une pure fiction. 11 suffit, en effet, de jeter un coup d'œil
assez nombreuses prouvent le fait pour la ville de Tégée rapide sur l'histoire de la république athénienne pour

» Diod. XV, 62, 67. — « Paus. VIII, 32. — ^ Xen. Hell. VII, * ; Dcraosth. De — •Ad Vat. fragm. I.I. — «Juven. Sat. Comm. velus, cur. Cramer, Hamburg, 1823,
fait. kg. g II. — » Xen Hell. VII, 4. — 8 Foucart, Décret inédit de la ligue 8, p. 386 et 530. — ' Orelli, 2890, 2348, 5474, 6301 ; Muratori, p. 916, n» 5. —
canadienne. — «0 Xcnoph. Hellen. VU, i>, 33 et 3* ; Diod. XV, 62, 67; Hesych. » Cod. Theod. XII, 6 ; De suscept. praep. et arcar. ; C 32 pr. et g 1 ; et X, 24, c. I .
Uàemi. — " Foucart, Mém. cité. — '» Paus. VIII, 38.— 1> Le Bas et Foucart, — 9 Paul. Sent, recept. III, 6, g 72 ; fr. 41, g 17, Dig. De fideic. XL, 5 ; Orelli, Insc.
Intcr. du Péloponnèse, section ti. — Bibliogiifhii. Grote, History of Greece, t. XV; •414, 3346. — «0 Orelli. n" 109, 118, 146, 3630, 5139, 6039, 6395, 6667. —"Cl
Delacoulonche, Sur l'histoire de l'ancienne Arcadie, dans les Archives des miss, Cod. Just. X, 64. — BiBLioonipHia. Spon, Miscell. arch. eruditae antiq. Lyon, 1585,
scientifiques, t. VII, 1866 ; Foucart, Mémoire sur un décret inédit de la ligue ar- p. 211 ; Walter, Geschichte des rôm. Bechts, 3« éd. Bonn, 1860, I, n» 413 ; Bôc-
rndienne; Otfr. Miiller, Arkadische Afùnxen, in Kunstarehàologische Werke, 1873. king, Notitia dignitatum, II, p. 1161, Bonn, 1853 ; de Buchholi, Juris et*, vat.
ARCARII. 1 Lamprid. Al. Sever. 43 ; Gothofrcd. Ad Cod. Theod. XII, 6, et C. 14, fragm. pr. p. 119 et suit. Bcgim. Boruss., 1828.
cod. — * Orelli, Jntc. 2821, 48:9, 6952,495, 1239, 3340, 6643.— ' Vat. fragm. § 134. ARCERA. t Varro, De ling. lat. V, 140 ; Nonius, p. 55 ; Gell. XX, 1, 25 cl 29;
— * On trouTe en province des arcarii pour les biens privés de la famille impériale. Placid. Glots. in Mai Auct. class. III, p. 434.
Rcekcr Marquardt./Mm. Alterthùmer, III, t,p. IN; Corp.insc.gr. 34S4, 349; ; 4010. ARCHAI. • Faus. I, 3, g 3.
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reconnaître que toutes les formes de gouvernement ont déjà statué ; bientôt même les magistrats, sentant que
été successivement pratiquées du xii" au vi° siècle, et leur puissance judiciaire est affaiblie par ces recours,
qu'Athènes, avant d'arriver à la démocratie, a passé parla évitent de juger en première instance ; ils se bornent à
monarchie, par l'oligarchie et par une sorte de timocratie. instruire les procès et à les porter devant le peuple. Le
Du xiie siècle au vm° siècle, nous trouvons la monar mélange des deux formes de gouvernement explique com
chie. Il n'y a qu'un seul magistrat portant le nom de roi ment les écrivains postérieurs ont pu, suivant la diversité des
(paotXeûç) ou celui d'archonte (ap^tov). Tous les pouvoirs points de vue auxquels ils se plaçaient, reconnaître, dans la
sont réunis dans ses mains ; c'est lui qui commande l'armée constitution de Solon et dans celle de Clisthène ', les uns
en temps de guerre ; c'est lui qui règle tout ce qui tient une aristocratie, les autres une démocratie.
au culte; c'est lui qui juge les procès*; il est irrespon Après la bataille de Platée, Aristide, qui cependant
sable et transmet ses pouvoirs à ses enfants. Puisque son n'était pas démocrate, fit supprimer les conditions de cens
autorité s'étend sur toutes les branches de l'administration requises pour l'éligibilité. La justice lui parut comman
et qu'il exerce son empire sur un territoire restreint, il der ce nouveau sacrifice. Les pauvres et les riches avaient
n'y a pas d'autres magistratures (àp/aî) que la sienne; des lutté ensemble contre les Perses ; tous s'étaient résignés à
agents subalternes font seulement exécuter ses ordres et quitter leurs foyers pour mieux résister à l'invasion, et la
respecter ses décisions. Voilà donc bien la monarchie par patrie n'avait été sauvée que par leurs efforts communs.
excellence, puisqu'il n'y a qu'une [aoVï] àp^. Eût-il été équitable de maintenir plus longtemps sous le
Vers le milieu du vin" siècle, en 752, grâce à la défail coup d'une incapacité légale les Thètes, ces prolétaires
lance toujours croissante des rois et aux développements dont le patriotisme avait été si ardent et qui rentraient
de la puissance des Eupatrides qui en furent la consé dans Athènes avec la conviction que, sans eux, la victoire
quence, une révolution s'accomplit. Les pouvoirs du mo eût été impossible ? Sur la proposition d'Aristide, il fut
narque cessèrent d'être perpétuels et héréditaires, pour décidé que tous auraient les mêmes droits au gouverne
devenir temporaires et électifs. Tous les dix ans, un per ment (xotvV eïvat t}|v TtoXiTefav)7, et que les magistrats pour
sonnage nouveau fut mis à la tôle du gouvernement, et la raient être élus indistinctement dans toutes les classes.
noblesse, qui l'élisait, se réserva un droit de contrôle sur S'il y eut des exceptions, ce ne fut que pour les magistra
son administration. L'archonte fut encore pris pendant tures qui impliquaient le maniement des deniers de l'État'.
quelque temps parmi les membres de l'ancienne famille Quelques années plus tard, vers le milieu du v° siècle,
royale ; mais bientôt toutes les familles eupatrides eurent un homme d'État inconnu, peut-être Éphialte, peut-être
le droit de présenter et de faire agréer leurs candidats. Périclès, fit substituer, pour la plupart des magistratures,
C'est toujours la monarchie ; mais, si le monarque conti le tirage au sort à l'élection. A partir de cette époque, le
nue d'être irresponsable envers le peuple, s'il n'est pas gouvernement fut aussi démocratique que possible.
permis de se plaindre devant l'universalité des citoyens de Au iv8 siècle, le titre de magistrat (<xpxwv) était assez fré
ses décisions, qui, à ce point de vue, sont (xùtoteàsïç *, il est quemment donné, à Athènes, à des personnes qui rigou
responsable devant ses électeurs. reusement ne pouvaient nullement y prétendre. Tel était
Encouragés par leur succès, les Eupatrides, en 683, rédui bien le cas des hérauts (xTipuxeç) et scribes publics d'un
sirent la durée de l'archontat de dix ans à un an et déci ordre inférieur (&i«>Ypa[i[itmîç) ; mais il en faut encore dire
dèrent que les fonctions du monarque seraient réparties entre autant des ambassadeurs (irpesêst;), des employés des
neuf personnes. De nouvelles magistratures, accessibles finances (Ta|xi'at...), des <rûvScxoi, des juges et des citoyens
seulement aux citoyens d'origine noble, furent successive qui faisaient partie de l'assemblée du peuple (Stxowr^; xal
ment créées, celles des Êphôtes par exemple. L'aréopage, iny.~h\<sia<svf[c) Dans ces derniers cas, le titre d'àp^wv avait
contrôleur vigilant de tout le gouvernement, se recruta par une signification purement honorifique. « Peut-être, dira-
mi les anciens archontes, c'est-à-dire parmi les Eupatrides. t-on, écrit Aristote, que ceux qui remplissent de pareilles
La monarchie a disparu ; mais le peuple ne joue encore fonctions ne sont point des magistrats (oùS' ap^ovra;
aucun rôle. Tout le pouvoir est aux mains de la noblesse. tîvai) et n'ont point de part au commandement (oôSè (asté/eiv
C'est l'oligarchie. àp/îk)- Mais il serait ridicule de refuser la qualification
Avec Solon apparaît la démocratie ; mais il a soin de la* d'apx«>v à ceux qui occupent les postes les plus élevés de la
tempérer en la combinant avec la timocratie : iju'ÇatvTa république 10. » Aristote sera d'ailleurs le premier à recon
xaXSjç TToXtTsi'av *. Tous les citoyens sont admis à siéger naître, dans d'autres passages, que cette forme de parler
dans l'assemblée du peuple (èxxXriuta) et dans les tribunaux; est au fond complètement erronée ".
tous prennent part à l'élection des magistrats et ont Si de pareilles incertitudes existaient, même chez les
le droit de statuer sur la responsabilité des élus ; mais anciens, pour savoir quels étaient ceux qui étaient vrai
tous ne sont pas éligibles. Pour arriver aux magistra ment magistrats ; si, dès le temps d'Aristote, il était im
tures, il ne suffit, ni de la noblesse comme autrefois, possible de mettre d'accord ceux qui discutaient sur le
ni du mérite personnel ; il faut encore jouir d'une cer sens du mot apy/ov il est aisé de comprendre que ce tra
taine aisance s. Mais le nombre des charges va toujours vail de détermination doit présenter pour nous des diffi
en croissant, soit qu'on divise les anciennes, soit qu'on en cultés presque insurmontables. Nous allons brièvement
établisse de nouvelles, presque sans nécessité et unique indiquer les résultats auxquels nos recherches et nos
ment pour permettre à plus de citoyens d'être fonction réflexions nous ont conduit.
naires. Les tribunaux populaires peuvent être saisis comme Dans le sens rigoureux des mots, les magistratures pro
juges d'appel des procès sur lesquels les magistrats ont prement dites (dpx*0 ne doivent être confondues ni avec
« Arislut. Polit. III, 9, 7. — 3 Bekker, Anecdota graeca, I, p. 449. — » Arisl. p. 61. — » Arisl. Polit. III, I, 4. — 10 Arist. Polit. III, I, 5. - H /*. III, 6,
Polit. II, 9, g 2. — 5 Arisl. trx. cit. S 4. — 6 Grote, Hat. de la Grèce, V, p. 3J6 12 : Oy 4 JuaçTÎ; o''i5' 6 ps'ArjTÎ1,; 4 i*j[lniffiaffTT)ç *PZ**V 'Tt'». — I* Arist.
de la Irad. Iranç. — 1 Plut. Arist. 22. — 8 G. Pcrrot, Droit public d'Athènes, Polit. IV, 12, 3.
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les im\i£Kuai ou Staxovtou, ni avec les ùit»ipe<ji'at. A quels ; assemblées 11 ; 9° les &7toYpaa;jwiTêï;, ou sous-scribes, etc.
caractères pourra-t on les reconnaître ? La distinction entre les dep^ovre? et les êTttjxsXrjTaf est plus
I. Il y avait àp-^ toutes les fois que le fonctionnaire chargé délicate à établir. On verra cependant de véritables ma
de l'administration d'une certaine partie des affaires pu gistrats dans :1° les neuf archontes (Archonte Éponyme, Ar
bliques avait le droit, en vertu des pouvoirs qu'il puisait chonte-Roi, Polémarque, Thesmothètes) ; 2° les Onze (ot
dans sa seule nomination : 1° d'agir directement et sponta "EvSexx); 3° les Agoranomes, Sitophylaques et Métronomes ;
nément dans l'ordre de ses attributions, sans être obligé de 4° les Astynomes ; 3° les Stratèges, Taxiarques, Hipparqucs
subordonner ses décisions à une volonté autre que celle des et Phylarques, etc.
lois établies : pouXeuuacûai itspî tcvwv; — 2° de commander, de On doit voir, au contraire, de vrais «TciaeXïiTaf dans :
prendre des arrêtés obligatoires, toujours dans la sphère de 1° les àvriY?aï>£Ï; ; 2° les àrcoSe'xTat; 3° les [ioôWai; 4° les
ses attributions : ëTriTotSai ; — 3° de juger et de punir ceux qui èwfpaçEtî ; 5° les èxXoYEÎ; ; 6° les iTtto-retTai tgôv ûSâtuv ; 7° les
ne se conformaient pas à ses instructions : xpïvxt : liriëa'XXEiv CriTTjTai OU [xauTÎÎpsç ; 8° les ÔEwpof; 9° les tsp9u.vV][x.ovEç; i0° les
È7riëoXc£ç 13 ; — 4" de déférer certaines actions aux tribunaux ôîottoioÎ ; 11° les wpâxTopEç ; 12° les -KftaCzïi ; 13° les iruXaYÔpoti ;
et de présider les juges qui statuaient: StxaoTïipûov r[ytitxnlouu. 14° les icwXr,Tai'; 15° les «TtTwvot ; 1G° les ouXXoyeTî; 17° les
Les magistrats étaient nécessairement citoyens et d'ori dôvSixot OU cuvvfyopot ; 18° les Tajii'ai ; 19° les Totçpoirotoi' ; 20° les
gine libre ; les services qu'ils rendaient à la république TStyiTTotoî; 21° les rpiTipoTtotoî. etc.
n'étaient pas rémunérés; enfin les comptes qu'ils avaient à A l'origine, des conditions de capacité professionnelle
présenter à l'expiration de leurs fonctions différaient de ceux étaient exigées de la part des magistrats aussi bien que de
qui paraissent avoir été demandés à certains ÈTctpeXTiTaf. la part des lxtu.êXYiT-/î ; mais, avec le temps, la démocratie
II. Les i7ui/.£X7]Tcû étaient, comme les ap^ovTs;, préposés à fit des progrès considérables ; et, vers le v' siècle, on arriva
la direction d'une certaine partie des affaires publiques ; à déclarer que quiconque avait l'aptitude juridique pour
mais ils devaient se conformer rigoureusement aux instruc remplir une fonction avait par cela même toutes les con
tions de leurs mandants, et l'on ne pouvait dire d'eux ce naissances suffisantes pour l'exercer convenablement. L'ap
que nous avons dit des magistrats : ils ne pouvaient pas titude juridique étant de droit commun, tous les ci
jJouXsikcOai Ttepl tivSv ; en général, ils n'avaient pas le droit toyens eurent par conséquent le droit de participer aux
de ÈTtiêoXà; l7tt6âXXeiv, ni la ^•(•£!xov'a 8txaaT»ip{ou, ni enfin ce honneurs ; et le sort seul, en l'absence de toute autre con
droit qu'Arislote présente comme le signe le plus caracté sidération, pouvait indiquer quels seraient ceux qui sor
ristique de toute véritable magistrature : le droit de rédi tiraient de la foule pour être préférés aux autres. En
ger des décrets obligatoires : IitiTâÇat. d'autres termes, on fit prévaloir à Athènes le principe de
Les iiH(xeXi)t«( étaient citoyens et libres. La plupart rem l'égalité qu'Aristote appelle mathématique ou. arithmé
plissaient gratuitement leurs fonctions. Ils étaient d'ailleurs tique, tô feov àpififxw, par opposition à l'égalité proportion
nommés comme les magistrats. nelle, to Ïîov xoct' àçtav10. On poussa même cette idée assez
III. Quant aux uTtripstai, leurs fonctions étaient beaucoup loin. Car lorsque, dans un citoyen, le mérite apparut si
moins honorables que celles des précédents : Itovei'o'.o-tov grand que le principe de l'égalité arithmétique, convaincu
toûto ti> epvov 1S. En effet, les &mr)psTai n'agissaient point en d'injustice, était exposé à périr, pour couper court à toute
vertu d'un pouvoir qui leur fût personnel; ils obéissaient aux hésitation, on avait recours à l'ostracisme, et le citoyen
magistrats, étaient à leurs ordres et devaient exécuter leurs dangereux pour la démocratie était banni.
volontés; ils n'étaient pas nécessairement citoyens ; on les En principe donc, presque tous les magistrats et beau
prenait même le plus fréquemment dans la classe des escla coup d'iTctf*EX7)Tat étaient choisis par le sort (xXnipouoî ap-
ves ou des affranchis ; et, lorsque, exceptionnellement, ils ^ovteç). La désignation par cette voie des citoyens qui de
appartenaient à la classe des personnes d'origine libre, en vaient être magistrats avait lieu dans le temple de Thésée,
core étaient-ils d'un rang très-infime. Ils étaient vraisembla sous la surveillance des Thesmothètes ,l. Ceux-ci avaient
blement choisis par ceux dont ils étaient les auxiliaires et déposé préalablement dans une urne des tablettes por
sous les ordres desquels ils fonctionnaient. Enfin, ils rece tant, non pas, comme on l'a dit sur la foi de Suidas", les
vaient une rémunération pour les services qu'ils rendaient. noms de tous les Athéniens inscrits sur les registres des
Cette rémunération explique le zèle avec lequel ces humbles dèmes, mais seulement les noms de ceux qui s'étaient
fonctions étaient recherchées par les gens du petit peuple16. présentés comme candidats **, et qui réunissaient les con
Ces prémisses une fois posées, on devra donc exclure des ditions d'aptitude exigées par les lois. Une autre urne con
apyovTs? et considérer comme de simples &7tr,ps'rai : 1° les tenait des fèves, les unes noires, les autres blanches, ces
BacaviCTTai', ou bourreaux 17 ; 2° les vpauixaTEÎç, autres que le dernières en nombre égal aux postes qu'il s'agissait de
ypauiiarcï»; xaxà tV itpu-avEi'av, le YpapuaTsiic t9)ç pouXîji;, le remplir. La loi prononçait la peine capitale contre toute
Ypa;/.piaTsùi; Tvjç roXe&ic ; ces trois ■Ypau.ixaTEtç occupaient en personne qui, pour augmenter les chances de désignation,
effet un rang très-élevé dans la république ; peut-être faut- aurait mis dans la première urne plusieurs tablettes portant
il encore excepter d'autres Ypaw-aTsïç, celui des Onze, par le même nom *\ Ces préparatifs terminés, les Thesmothètes
exemple, qui faisait nombre dans le collège des evSexa ; extrayaient simultanément des deux urnes une tablette et
3° l'è?2b>p, gardien de la clepsydre ; 4° les ôupupoî, ou por une fève ; les citoyens dont les noms sortaient en même
tiers; 5° les xr'puxs;, ou hérauts; 6° les TcapasTaxat, qui se temps que les fèves blanches étaient proclamés magistrats.
rapprochent des pauavtîTaî ; 7° les irpouETpritai et aiTojjiiTpai, Pour quelques magistratures au moins, en prévision d'une
employés subalternes des poids et mesures18; 8° les ToÇo'tai, vacance possible de la charge par démission, déposition
-xûOai ou oireuci'vio;, chargés de la police des tribunaux et ou mort, on désignait à l'avance, de la même manière, un
» Acschin. C. Clesiphont. S 27, D. 1 02. — 1» Arist. Polit. IV. 12, 3. — 13 Apollon. Vit. VIII, 132. — M Arist. Polit. V, 1, 7. — »• Aeschin. C. Ctesiph.%\3, D. 99.— « S.
Aesch.D\dot,Oiat. att.ll, p. 489.— •« Demosth. C. Lcochar. § ■*, H. 1 08 1 ; Theophrast., o. Vr.Emi.jruov, éd. Bernhardy,p. 566.— " Lysias, C. Andoc. § 4, 1). 117 ; C. Philon.
( Iaract.6. — « Bckker, Aura/, jrraeca, 296.— '8 Arist. PoM. IV, 12, 3. — 18 Pollm, S 33, D. 227 ; Harpocr. s. ». Mtxjfn. — «» Dcmosth. C. Boeot. I, g 12, H. 998.
î. 47
ARC — 370 — ARC
suppléant : lw\œ^«6v*. Ce mode de nomination avait fait gistralurcs ne sont pas une source de profits considérables,
donner aux magistrats athéniens l'épithète de ximiieutoi' M et nous savons qu'il en était ainsi à Athènes, les citoyens
et le titre de magistrats de la fève (apyovTs; àico xuâjxou) vaquent à leurs travaux plutôt que de s'occuper du gou
Il y avait toutefois des exceptions : certains fonctionnai vernement ou de chercher à exercer l'autorité. La plupart
res étaient désignés par l'élection du peuple : /Eipo-rovr.Tot des hommes sont, comme le dit Aristote, plus avides d'ar
iayovttq. Tels étaient les stratèges et le xaufa; TÎjr xotvîj; gent que d'honneurs".
Kscaôûou ; mais ces postes élevés ne pouvaient être occupés Il y avait toutefois ceci de notable : les hommes les
par un homme manquant des connaissances spéciales, sans plus éminents de la république, ceux qui exerçaient sur
que la république fût exposée aux plus grands dangers. la direction des affaires l'influence la plus sensible et la
Pour d'autres, comme lesjîoôjvai, les hçor.oiol, les àOAoOrrat.les plus utile, orateurs ou démagogues, ne pouvaient point
5toi>pov[(iTai, les Yuvaixovofxoi, les IXXyivoxaat'ai.., leurs fonctions légitimement espérer de parvenir un jour à entrer dans
se rattachaient de si loin à l'administration proprement dite les conseils de l'État. Périclès notamment n'avait pas le
de l'État, que la démocratie, telle que Clislhène l'avait com droit de siéger dans l'aréopage. Les anciens archontes
prise, n'avait rien à craindre du mode suivi pour leur nomi seuls faisaient partie de cette assemblée, et, comme le sort
nation. Pour d'autres enfin, les irpEcêet;, les Çïittitoû, les auX- ne désigna jamais cet homme distingué pour les fonctions
AoyeT;, les ouviiyopot, les o-ûvStxoi, les envcuvai, les dbtoSsxTai, les d'archonte, il en résultait qu'il ne pouvait être aréopagilc.
iTtsciaTai tCv 3Y)|j.oaû>>v spyoïv..., leurs fonctions n'étaient point Ce fut là, s'il faut en croire Piutarque, une des raisons
régulières; elles ne se produisaient qu'accidentellement; principales qui décidèrent Périclès à diminuer l'autorité
quelques-unes n'avaient rien de compromettant, et d'ail de l'aréopage M. Le môme fait se reproduisit fréquemment.
leurs on avait établi certaines garanties au profit de l'État. Aucun magistrat, qu'il fût élu ou désigné par le sort, ne
Quant aux nôvSixoi notamment, une loi avait défendu aux élec pouvait entrer en fonctions sans avoir été préalablement
teurs d'investirdeuxfoisde leur confiance le môme citoyen*8. soumis à une épreuve connue sous le nom de Soxt|xas£a.
Les mêmes remarques s'appliqueraient aux alps-rot dfp- L'examen ne portait pas, comme on serait tenté de le
yovrsç. Eux aussi tenaient leur pouvoir du choix de leurs croire, sur la capacité du magistrat ; on ne s'inquiétait pas
concitoyens; mais ce n'était pas le peuple entier qui les de savoir s'il avait les connaissances et l'expérience requises
désignait. Les membres de leur tribu ou de leur dème pour la fonction à laquelle il était appelé. Les élus du
participaient seuls à l'élection, et le danger pour la dé peuple étaient présumés les plus capables; le choix de
mocratie était encore moins considérable. l'Assemblée avait dû être intelligent et les suffrages de la
L'élection avait lieu h àp/aipseuaiç, par le peuple assemblé majorité avaient désigné le plus digne. Quant aux xuafieu-rot
sur le Pnyx ; lors même que les réunions populaires cessè àpyovuEç, on supposait qu'ils n'avaient laissé mettre leurs
rent d'avoir lieu sur cette illustre colline et furent trans noms dans l'urne que parce qu'ils étaient en mesure do
portées dans le théâtre de Bacchus, le Pnyx rest i toujours remplir honorablement les obligations de la charge à la
affecté aux élections **. Les noms des candidats étaient in quelle ils prétendaient; sans cette assurance, ils ne se
diqués par les présidents de l'assemblée, et le peuple mani seraient pas exposés aux lourdes responsabilités qui me
festait ses préférences en votant, non par bulletins, mais naçaient les magistrats incapables ou indignes. On n'était
par mains levées; de là le nom de x£ip°TovY|Toi ap^ovTs;30. même pas éloigné de croire que les dieux intervenaient
L'élu n'était pas obligé d'accepter, mais il devait indiquer les dans le tirage au sort ; en faisant sortir un nom de l'urne,
motifs de son refus et les attester par serment (èSwjjuxn'a)31. ils manifestaient leurs préférences et désignaient le can
Un texte de la formule du serment des Héliastes'*, il didat qui leur était le plus agréable".
résulterait qu'aucun magistrat ne pouvait remplir deux La 8oxi|Aa<rta ne portait donc que sur des points étran
postes à la fois, ni obtenir plusieurs fois dans sa vie la gers à la fonction. S'agissait-il d'un archonte, le sénat des
même magistrature. Cette dernière prohibition, dans sa Cinq cents l'interrogeait sur sa nationalité, sur sa famille,
généralité absolue, n'est pas d'accord avec les faits. Les sur ses opinions et ses pratiques religieuses, sur sa conduite
stratèges furent toujours rééligibles33, et, s'il faut en croire à l'égard de ses parents et envers sa patrie ; on lui deman
Piutarque, Phocion fut quarante-cinq fois élevé à cette di dait s'il s'était acquitté honorablement du service mili
gnité. Pendant longtemps, le mandat du trésorier de l'ad taire, s'il avait contribué largement aux charges financières
ministration put aussi être renouvelé5*. On doit donc do la république, s'il était débiteur du trésor, s'il avait
n'accepter qu'avec réserve le renseignement qui résulte du rendu compte de ses magistratures antérieures, s'il avait
discours contre ïimocrate. Notons toutefois qu'il est con fait preuve de régularité dans ses mœurs et dans la gestion
firmé pour les aslynomes35 et pour les syndics **. de sa fortune. Pour les stratèges, on vérifiait s'ils étaient
Les inconvénients du mode adopté pour la délation des engagés dans les liens d'un mariage légitime, et s'ils pos
principales magistratures furent d'ailleurs moins grands sédaient des propriétés foncières dans l'Attique. On exa
qu'on ne serait tenté de le croire à un premier examen. Les minait aussi si les nouveaux magistrats n'étaient pas mu
citoyens qui se présentaient sans remplir les conditions tilés ou infirmes; dans le tirage au sort, les Thesmothèles
prescrites par la loi étaient exposés à l'atimie. L'incapa évitaient autant que possible de mettre dans l'urne les
cité et l'indignité se manifestant pendant la durée de la noms de ceux à qui les dieux avaient témoigné leur co
charge exposaient le magistrat à la honte d'une déposition. lère en les frappant dans leur personne ; mais des erreurs
Ajoutons que les citoyens peu aisés se gardaient bien avaient pu être commises; rien ne garantissait d'ailleurs
de faire placer leurs noms dans l'urne. Lorsque les ma- que l'élection par le peuple ne désignerait pas un infirme.

« Demoslh. C. Theocrin. § 29, R. 1331. — " Horod.Vl, 109. — « Xcnonli. Me- — 31 Demoîlh. C. Timocr. § 150, R. 747. — *> Dcmosth. Exord. 5b,§ 2, R. 1461.
morab. I, 2, g 9. — « Domosth. C. Leptin. g 1SÏ, R. 503 ; C. Timocr. g 150, — Plut. Vif. orat. l.ycwg. g 3, D. loili. — s"' Dnmuslh. Exord. 55, g 2, R. 1451
H. 747. — !» Hcsyeh. s. v. »«, p. 985 ; Poil. VIII, 133. — *> Aesch. C. Ti- — 36 Dcinoslli. C. Lcpt. g 152, H. 503.— 37 Arist. Polit. VI, 2, 1 : MiUo» opiïov™i toî
march. g U, D. 33. — 51 Dcmosth. De falsa leg. jS lit, R. 379 ; Poil. VIII, 53. i, ti! — 38 Plut. Pericl. 9. — 39 Plat. De h-g. III et VI, D. 308 et 353.
ARC - 371 — ARC
Peut-être y avait-il même des conditions d'âge exigées bable qu'il en était de même pour tous les magistrats, et
pour certaines magistratures. Il eût été naturel d'astreindre que les nouveaux dignitaires offraient des sacrifices aux
les fonctionnaires aux garanties d'âge que devaient olTrir Dieux (EtciTvîpta) pour se concilier leur bienveillance
les sénateurs et les héliasles, et de ne leur ouvrir l'accès Pendant la durée de leur magistrature, les fonction
des charges que lorsqu'ils avaient trente ans révolus ; nous naires qui ne se trouvaient pas suffisamment expérimentés
savons pourtant qu'Iphicrale fut élu stratège dans sa pouvaient s'adjoindre, sous leur responsabilité personnelle,
vingtième année. un ou plusieurs auxiliaires. La loi imposait même à chacun
Chacun des sénateurs pouvait et devait même, en vertu des trois premiers archontes, l'Éponyme, le Roi et le Po-
du serment que le sénat prêtait à son entrée en fonctions, lémarque, l'obligation de choisir deux assesseurs, ou
contredire les réponses du magistrat, lorsqu'elles lui parais TrîpEcpot, soumis, comme les archontes, à une double S&xt-
saient inexactes; il devait aussi révéler à ses collègues les p.a<ji'a 5', personnellement responsables et dans lesquels,
faits parvenus à sa connaissance qui portaient atteinte à par conséquent, il est impossible de ne pas voir, malgré
l'honorabilité du candidat. Tous les citoyens avaient le leur mode de nomination, de véritables magistrats.
même droit; mais ils n'étaient pas, comme les sénateurs, Quand une magistrature était occupée par un collège de
obligés d'en user. fonctionnaires, ce qui arrivait fréquemment à' Athènes,
Lorsque le résultat de la Soxipaui'a était favorable, le ma l'un des membres du collège remplissait les fonctions de
gistrat était autorisé à remplir ses fonctions. Si, au con président (irpÛTavt;), soit pour diriger les discussions lors
traire, ses réponses étaient jugées insuffisantes, si les griefs que les délibérations devaient être communes, soit pour
articulés contre lui par les sénateurs ou par les simples représenter dans certains actes le collège tout entier t3.
citoyens étaient reconnus bien fondés, il était déclaré Mais beaucoup d'affaires pouvaient être traitées indivi
indigne de remplir 'la magistrature à laquelle il avait été duellement par l'un ou l'autre des membres du collège, et
appelé. Dans les deux cas, la décision du sénat n'était pas ceux-ci en faisaient entre eux la répartition.
définitive ; elle devait être confirmée par les tribunaux La plupart des magistrats, sinon même tous, étaient
populaires, réunis sous la présidence des Thesmothètes. nourris aux frais de la république, les uns dans le Pryta-
Pour beaucoup de magistratures, il n'y avait pas de née !8 ; d'autres, les Prytanes du sénat par exemple, dans
BoxtpewCa devant le sénat. La plupart des nouveaux magis le TholOS 57 [PRYTANEUM, THOLUS].
trats étaient institués ou repoussés directement par les Dans la première assemblée de chaque prytanie, les
tribunaux, après une enquête sommaire dirigée par les archontes interrogeaient le peuple et lui demandaient si
Thesmothètes *°. tous les magistrats s'acquittaient bien de leurs devoirs :
Le candidat que la Soxtuact'a avait fait écarter avait-il été eî SoxeT xaXïïç apjfEtv E*xao-roî M, EÏi:sp xaXwç ap^ouctv 88 ; c'était
désigné par le sort, son suppléant, Vim\x/éi, prenait sa ce que l'on appelait l'Im^sipoTovîa twv àp-/S>v *°. Lorsque les
place M. S'agissait-il au contraire d'un magistrat élu, il y plaintes articulées paraissaient sérieuses, le magistrat pou
avait lieu de procéder à une nouvelle élection. vait être provisoirement suspendu jusqu'à ce que les tri
Des édifices spéciaux étaient affectés à l'exercice des bunaux eussent statué sur la irpoêoXj] de l'accusateur; il
diverses magistratures; on les appelait àp/Eïa ** -, ainsi, pouvait même être déposé (à7:o^EipoTovi'a)
l'iitiiAsXviT^ç fcii tbv Xijxéva avait, comme les magistrats les Enfin, quand ils sortaient de charge, tous les magistrats
plus importants de la république, son àp-^eTov particulier*3. étaient obligés de rendre compte de la manière dont ils
Quelquefois l'àp^eïov portait un nom propre, emprunté aux avaient géré leur magistrature (sMvai); cette responsa
magistrats qui y siégeaient ; l'àp/stov des Thesmothètes bilité des dépositaires de la puissance publique avait paru
était le 0£(7[jioO£<icov ; celui desPrytanes, le npuTavEïov **; celui si naturelle qu'on l'appliquait même aux membres du
des Stratèges, le STpaTifriov ; celui des Polètes, le noAr,Tv5piov ; sénat". Les juges seuls étaient irresponsables. Les magis
celui des Parasites, le IlapaaÎTiov **, etc. Les àp^eïa, à cause trats qui avaient eu le maniement des deniers de l'État
de leur destination, avaient paru encore plus dignes de présentaient un tableau de leurs recettes et de leurs dé
respect que les au tres édifices, etHypéride met sur la même penses appuyées par des pièces justificatives. Ce tableau
ligne l'incendie d'un dp/ei^v et le fait de livrer à l'en était vérifié par les Logistes, qui formaient à Athènes une
nemi les arsenaux (vscoptMv Trpoaooi'a) ou de s'emparer de la sorte de cour des comptes; nous indiquerons les détails
citadelle (xotTa^r^i: axpotç) **. de la procédure de vérification lorsque nous parlerons des
Les magistrats athéniens, à l'exception peut-être de XoyioTat (maîtres des comptes) et des EÙOûvai (référendaires).
l'archonte-roi, qui avait au moins des chaussures particu Les autres magistrats se bornaient à affirmer devant les
lières (pa<rtXi'8e; "), ne paraissent pas avoir eu de costume Logistes qu'ils n'avaient rien reçu, ni rien dépensé sur les
officiel. Les magistrats les plus considérables (crre:pav/)cpôpoi fonds de la république : out' IXaSov oùîiv tôjv tïîç îtoXemî, out'
dp/aï) M, lorsqu'ils étaient dans l'exercice de leurs fonc àvïjAwca 63. Puis ils se tenaient pendant trente jours à la
tions, portaient seulement sur la tête une couronne de disposition des citoyens qui voulaient les accuser 6* ; ce qui
myrte, emblème de leur inviolabilité 49. ne veut pas dire nécessairement que toute action en res
Les archontes 50 et les stratèges M, quand ils entraient ponsabilité pour délits commis dans l'exercice des fonc
en charge, prêtaient un serment professionnel. Il est pro- tions fût impossible après l'expiration de ce délai 6!. Jus-

Wcstermann, De jurisjurandi judicum athen. formula, II, p. 8 et a. — " Un r- VIII, 99. — 56 Plutarch. Quaest. conv. VU, 9, § 4, D. 870. — f C Curtius, Das
pocr. ». o. ii0.a2iv. — '* Demosth. C. Philip. IV, § 53, H. 145. — *' Corp. insc. Aletroon in Athen, 1868, p. 13 cl s.; cf. Demosth. De falsa legnt. § 190, H. 400.
gr. n« 124. — W Plut. Quaest. cono. VU, 9, § 4, D. 870. — 45 p0U. VI, 35 ; cr. Athen. — 58 poil. VIII, 87. —, v*Ibid. 95. — «0 Lys. Ado. Nicom. g 5, Didot, p. 21S,
VI, 37, p. S35. — ««Poil. IX, 150.— »' PoU.VU,85;ef. 77. — ''S Atvch. C. Timarch. parle J une reddition de compte qu'il ne faut pas confondre avec rim^uço-ovi* ; voy.
S 10, D. 33. — « Lys. De Eoundn pnb. § S, D. 209; Dcm. C. Afid. g 32, K. 524; Schoemann, Griech. Alterth. 3* éd. I, p. 433. — 61 Demosth. C. Aristoer. § 1C7, It.
C. Aristog. II, g 5, K. 802 ; C. Tkcocr. fi 27, R. i:j30. — t» Pollux, VIII, 86. 670 ; C. Timolh. s 9, II. 1187. — es Acsch. C. Ctesiph. g 20, D. 101 ; cf. Demosth.
— *1 Lys. Pro milite, g 15, D. 132.— »» Bckkcr, Anecd. graeca, I, 187, 22. C. Androt. g 38, R. 60;i. — «1 Aesch. C. Ctesiph. g 22, D. 101. — fi> Harpocr. s. o.
— 53 Poil. VIII, 92. — 5* Uarpocr. s. t>. «dpiSp»(, éd. IkM.cr, p. MO. — 55 Poil. v^vj-M. — 6* v0y. notre Étude sur la prescription à Athènes, 1869. p. 30 et suiv.
ARC — 372 — ARC
qu'à ce que la reddition de ses comptes fût terminée, niers jours de la neuvième prytanie, en d'autres termes
l'ancien magistrat n'avait pas le droit de s'éloigner de les 20, 21 , 22 et 23 thargélion 6. Voici, en peu de mots, son
l'Atlique (à-oSr,jj.EÏv) ; il ne pouvait pas disposer de ses biens, argumentation : Un passage d'Isée7 prouve que l'inscrip
même pour les consacrer aux Dieux ; il lui était défendu tion des jeunes gens, inscription qui avait lieu h àp/atpeat'atç,
de tester ou de se donner en adoption; il était incapable coïncidait à peu près avec les fêtes pythiques ; les fêtes py-
de remplir une nouvelle magistrature et d'obtenir une thiques étaient célébrées dans le mois de munychion, peut-
récompense publique m. être même dans le mois de thargélion ; il est donc probable
Malgré toutes les mesures prises par le législateur pour que les àp^atpsci'ai avaient lieu à l'expiration de la pryta
assurer aux magistrats la considération de leurs conci nie finissant en thargélion. On employait la dernière pry
toyens, ceux-ci ne respectaient pas toujours les élus du tanie à vérifier la capacité des nouveaux magistrats, et
peuple ou de la fève. La discipline n'était pas la qualité ceux-ci pouvaient entrer en fonctions le premier héca-
dominante des Athéniens; même à l'armée, ils n'étaient tombéon suivant. Mais le raisonnement de Petersen a des
guère soumis. Xénophon parle de soldats, qui non-seule bases inexactes. Les àpyjxtpsci'oti, dont parle Isée et qu'il
ment ne daignent pas obéir, mais qui vont jusqu'à se faire présente comme contemporaines des fêtes pythiques, ne
honneur de leur résistance à leur chef 67. « Le pire de tout, sont pas les àp/aipso-t'ai de la république, celles dont nous
écrivait Nicias dans une dépêche qu'il adressait de Sicile nous occupons maintenant; ce sont les àpyatpEo-îat des
au peuple athénien, c'est qu'il ne m'est pas possible, à moi dèmes. De plus, il est aujourd'hui démontré que les fêtes
général, d'empêcher tous les désordres; car vous êtes en l'honneur d'Apollon étaient célébrées dans les mois de
d'un caractère malaisé à gouverner (yaÀETtai yàp at ùpztiç-ii metagitnion ou de boedromion, et l'on se résignerait dif
cpôcet; aplat **). » L'insubordination dans la vie civile devait ficilement à croire que les magistrats fussent nommés
être plus grande encore. E. Caillemer. dix ou onze mois à l'avance. 11 faut donc rejeter les con
ARCHAIRESIAI ('Apx«tp«ff(«t). — La désignation des ma clusions de Petersen et reconnaître, avec la plupart des
gistrats par l'élection s'appela d'abord, à Athènes, at àp- érudits, que l'époque exacte des àpyaipEo-îat de la répu
yacpEoîai, et plus tard Ta àp^aipeW '. Ce mot était employé, blique ne peut pas être indiquée8.
non-seulement pour les magistratures de la république, La nomination des magistrats désignés par le sort avait
mais encore pour les magistratures des dèmes. lieu dans le temple de Thésée, sous la surveillance des
Christian Petersen a soutenu, il est vrai, que le mot àp^at- Thesmothètcs 9. Quant aux charges électives, elles étaient
peaîai devait être exclusivement réservé aux premières; mais conférées par le peuple assemblé sur le Pnyx 10. et l'assem
cette restriction est inadmissible. Les orateurs nous disent, blée paraît avoir elle-même porté le nom d'àpyatpsci'xt.
en effet, que l'inscription des jeunes gens sur le Àriçtap^txôv Elle était présidée par les neuf archontes lorsqu'il s'agissait
YpajxjxaTsïov avait lieu èv àpyaipEcrîaiç s ; cette inscription de d'élire les stratèges et autres commandants militaires"; par
vait nécessairement se produire dans l'assemblée du dème, lesprytanes ou les proèdres, lorsqu'il s'agissait des trésoriers
lorsque les démotes étaient réunis pour nommer leurs ma ou autres magistrats électifs. Platon 1! indique minutieuse
gistrats, èv TÎ) twv àpy ôvtmv dfopâ 3 ; par conséquent, cette ment les règles qui, dans sa république, devont être sui
nomination rentrait bien dans les àp/jxipEai'at *. vies pour l'élection des chefs de l'armée. Est-ce un emprunt
Il est naturel de supposer que la nomination des ma fait par le philosophe aux coutumes en vigueur à Athènes?
gistrats ordinaires de la république athénienne devait Ce que nous savons seulement, c'est que, dans les élections,
avoir lieu vers la fin de l'année ; mais aucun texte digne le vote avait lieu par mains levées et non par bulletins.
de confiance ne nous permet de préciser l'époque. Un Nous avons parlé jusqu'ici des àp/atpEsi'at de la Répu
grammairien inconnu paraît dire que les quatre derniers blique ; nous aurons peu de chose à dire des àp/jxcpEJi'ai
jours de l'année lunaire, c'est à-dire ceux qui restaient des dèmes. Il résulte d'un texte d'Isée 13 que, dans un
encore à franchir pour atteindre l'année nouvelle après la certain dôme au moins, les magistrats étaient nommés
révolution de dix prytanies de trente-cinq jours chacune, à peu près à l'époque de la célébration des fêtes pythiques,
étaient affectés aux àpyaipEaîa: 5. Mais il n'est pas vraisem c'est-à-dire dans les mois de metagitnion ou de boedro
blable que les Athéniens aient différé jusqu'aux derniers mion. Mais en était-il de même pour tous les autres-
moments de l'année courante la désignation des magistrats dèmes? Nous savons que chacune de ces associations avait
de l'année à venir. Ceux-ci, en effet, avant d'entrer en une organisation propre et distincte. Aussi nous croirions
charge, étaient soumis à une docimasie qui prenait né agir témérairement en tirant d'un renseignement isolé une
cessairement un certain temps. On avait, par conséquent, conclusion générale u. E. Caillemer.
dû laisser un intervalle plus ou moins long, mais suffisant ARCIIEION (Ap/sTov). — Ce mot désigna d'abord, en
pour procéder à une enquête sérieuse, entre les ip^aiptctat Grèce, l'édifice affecté à l'exercice d'uae magistrature
et le premier jour de l'année suivante. (voy. ci-dessus, p. 371). A Athènes, par exemple, les ar
Convaincu par cet argument, Petersen a soutenu que les chontes, les stratèges, les polètes, etc., avaient leurs
quatre jours dont parle le grammairien étaient, non pas àp/EÏa1; il en était de même à Sparte pour les éphores,
les quatre derniers jours de l'année, mais les quatre der- les nomophylaques, etc. 1 ; à Mégalopolis 3 ; à Mégare* ; en

6» Aesch. C. Ctesiph. g 21 , D. 101; Demosth. C. Timocr. g 150, R. 747. orat. Demosth. c. Androl. g 2, R. 590. — 6 Et non pas, comme on le dit ordinai
— 67 Xenoph. Oecon. XXI, § 4. — «8 Thueyd. VII, 14. — BiBLiocniruiB. Herinann, rement, les 21-24 thargélion ; l'inscription 147 du Corp. insc. gr, prouve que la
De jure et auctoritate magistratuwn upud Athenienscs, Heidelberg, 1829, passim , dernière prytanie avait trente-sit jours et non pas seulement trente-cinq ; c[\ lïreckh,
ld. Griech. Staatsalterthùmer, Heidelberg, IS',5, s-s, 147-154 ; Schocmann, Antiqui- Stantsh. der Ath. 2" éd. I. II, p. 19. — 7 De Apollodori hered. § 27, I). 287.
tates jurispublki Grnecontm, Greifswald, 1838, p. 235-262 ; ld. Griechische Al- — 8 Schœmann, Op. acad. I, p. 285 et suiv. — î Vcschin. C. Ctesiph. g 13, D. 90.
terthumer, Berlin, 3» édit. I, 1871, p. 425-458. — io l'ollui, Y1U, 133.— il Poil. VIII, 87.— » De leg. VI, D. p. 352. — » De Apoli.
ARCHAIRESIAI. i Mocris, éd. Bckker, p. 187, 15; cf. Bckkcr, Aneed. graeca,l, hered. g 27-28, D. 28". — ik Cf. Schœmann, Op. acad. I, p. 291.
p. 449, 29. — 5 bac. De Apollod. hered. g 28, D. 2S7 ; Demosth. C. Leoch. g 39. AIU-.HKION. 1 Demosth. C. Philipp. IV, g 53, H. 145. — ! Paus. III, U, § 2.
B. 1092. — ' 1b. g 36, R. 1001 * Schœmann, Op. acad. 1, p. 289 et s. — 6 Arijum. — » Paus. VIII, 30, g 6. — * Xenoph. llist. grâce. V, 4, g 53.
ARC — 3'73 — ARC
Crète 5; à Léontin i en Sicile 6; à Thyatira en Lydie'; à taires de l'empire*. Un peu plus tard, le premier archiâtre
lassus en Carie 8, etc. Puis, par extension on l'appliqua du sacré palais fut investi de la fonction de juger les diffé
au collège de magistrats qui se réunissait dans cet édi- rends entre médecins
lice; ainsi le collège des éphorcs est appelé par Polybe tô Vers la même époque à peu près, furent institués des
archiâtres d'un autre ordre, ayant pour fonctions princi
Plus tard encore, l'àp^eïov fut le lieu spécialement affecté pales d'assurer des secours médicaux à tous les habitants
au dépôt et à la conservation des titres qui intéressaient la des deux villes impériales6. Il en fut établi un par chaque
république, des 8ï)uiosi'ai /âprai 10 : le ^apTo^tAaxtov u, ou vouo- région de la ville, savoir : quatorze à Rome et sept à Cons-
ouXâxiov ou Ypïu.jjia'toi.uXâxiov 13 ; chaque magistrature gar lanlinople, et ils furent appelés archiâtres populaires.
dant d'ailleurs les actes qui lui étaient propres dans Comme traitement, il leur fut alloué une annone [an-
l'àp/eTov où elle exerçait ses attributions A Athènes, les nona militabisJ et ils furent en outre exonérés de toutes
archives de l'État étaient dans le Metroon 15 ou temple de la les charges publiques, eux, leurs femmes et leurs en
Mère des dieux [cybèlè] ; à Delphes, le local des archives fants7. Par contre, ils étaient obligés de donner gratui
était appelé ÇÛYaffxpov 16. On sait que beaucoup d'actes pu tement leurs soins aux citoyens pauvres et d'instruire
blics étaient conservés dans les temples : dans celui d'O- dans leur art les enfants de condition libre8. Ils étaient
lympie, on voyait la stèle, sur laquelle était gravé le traité sous les ordres immédiats du préfet de la ville, qui veillait
d'alliance qui liait pour cent ans Athènes, Élis, Argos et à ce qu'ils fussent toujours au complet. Si une place de
Mantinée 17 ; sur les murailles du temple de Delphes étaient venait vacante parmi eux, ce magistrat les convoquait afin
inscrits des décrets et des actes de toute espèce faits en de pourvoir à la vacance par voie d'élection et à la majorité
l'honneur et sous la protection d'Apollon i8. absolue des suffrages. Ils se recrutaient donc par eux-
On trouve enfin le nom même d'ào/sïov appliqué à divers mêmes, mais leur choix devait être soumis à l'approbation
sanctuaires ". E. Caillemer. de l'empereur, sans laquelle l'installation de l'élu ne pou
ARCHIATRUS ( Apytaipo;). — Ce titre, qui signifie chef vait avoir lieu. Chacun des archiâtres nommés devait
ou premier des médecins, était donné dans l'antiquité à prendre rang parmi ses collègues à l'ancienneté 9. 11 leur
des médecins fonctionnaires d'ordres différents, et dont était défendu d'accepter des promesses et de solliciter des
les attributions diverses n'ont jusqu'à présent jamais été engagements ou legs de leurs clients en danger10. Il nous
bien délimitées par les auteurs. reste plusieurs inscriptions funéraires dédiées à quelques-
L'homme qui, le premier, a été désigné par le titre d'ar uns de ces archiâtres et trouvées à Rome ainsi que les
chiâtre est Andromaque, médecin de l'empereur Néron ; et noms de beaucoup d'autres conservés par les auteurs.
l'ouvrage dans lequel on le trouve ainsi dénommé est YOno- Outre les quatorze archiâtres régionnaires de Rome, on
maslicon 1 ou Glossaire d'Hippocrate, qui a pour auteur Éro- constate avec quelque surprise que deux médecins encore
tien,son contemporain et sonami.Galien donne également portaient ce titre : c'étaient le médecin des vestales et celui
ce tilre à Andromaque ainsi qu'à plusieurs autres médecins 2. du portique appelé Xyste "[xystus]. Ce fait nous est révélé
Cette désignation grecque n'est passée dans la langue latine par une loi du code Théodosien, et l'on n'en trouve aucune
que beaucoup plus tard ; du moins on ne trouve dans les au trace ailleurs
teurs latins de l'époque immédiatement postérieure à celle A l'exemple des deux capitales de l'empire, les villes de
des deux écrivains que nous venons de nommer aucun provinces, les colonies et les municipes voulurent avoir
médecin portant ce titre; et Pline, qui cite un grand nom aussi leurs médecins publics salariés, qui furent également
bre de médecins célèbres, dans son Histoire naturelle, ne appelés archiâtres. Nous en avons la preuve dans quel
donne le nom d'archiâtre à aucun d'eux. Nous avons en ques inscriptions qui nous donnent les noms avec le titre
outre plusieurs inscriptions funéraires dédiées à des mé de plusieurs de ces médecins, archiâtres populaires, sala
decins d'empereurs, et aucune d'elles, même parmi celles riés par les villes de Pisaure w, de Pola en Illyrie 1S, de
qui sont en langue grecque, ne porte le titre d'archiâtre. Bcnévent18, d'Oeculanum 17 et autres18. Il est tout à fait
Il faut donc conclure de ces faits que cette dénomination probable que ces archiâtres avaient dans leurs localités
a été pour la première fois attribuée par Érotien et Ga- les mêmes fonctions et attributions que possédaient ceux
lien à des médecins attachés aux empereurs et que c'est là des deux villes impériales. En tout cas, nous savons par
l'origine de ce titre, mais qu'il resta très-peu employé d'ail le Digeste qu'ils étaient élus et institués par les décurions
leurs jusqu'à l'époque de Constantin. des villes, auxquels étaient adjoints pour cet objet les prin
A partir de cet empereur, le titre d'archiâtre fut modifié cipaux propriétaires Us pouvaient être révoqués par ceux
et changé en celui d'archiâtre du sacré palais (archiatrus qui les avaient nommés.
sacri palaiiï)3. De plus, les attributions de ces médecins Enfin nous trouvons dans des textes anciens, et princi
furent agrandies et leurs privilèges furent augmentés. C'est palement dans des inscriptions, des collèges, sociétés ou
ainsi qu'il leur fut accordé d'acquérir le titre de comte du cercles de médecins dont les chefs ou présidents prenaient
premier et du second ordre, et d'aspirer aux plus hautes le titre d'archiâtres. Il existait notamment à Rome une
fonctions, telles que celles de proconsul et môme de préfet schola medicorum qui était certainement pour les médecins
du prétoire, ce qui les assimilait aux plus grands digni- un lieu de réunion et d'exercices scientifiques, mais qui

» Corp. inser. gr. n» 2556. — « Polyb. VII, 6, § 2. — ' Corp. inser. gr. n« 3521. De theriacn, 12. — » Cod. Just. X, 53, 11 et passim, 1. XII, 13; Cod. Thcod.
— 8 Ibid. il" 2672. —91V, 35, § 9.— ">Suid. s. v. Ajjril». — 11 Bekkcr, Anecd. gr. I, 1. VI, tit. 16. — * Cod. Theod. XIII, 3, 1 et s. — 5 Cassiod. Varia;, VI, 19.
p. 119. — H Photius, ». o. MijTfa-ppiii;. — 1» ld. s. v. Vr;*v-.t,m. — 1* C. Curtius, bas — 8 Cod. Ttcod. XIII, 3, 8 et 9. — 1 Ib. 10. — 8 Ib. — 9 Ib. 8 et 9. — » Jo.
Metroon in Athen, 1S68, p. 15 et a. — U/d.p. 5, 13 et s. — « Photius, h. v.; cf. — " Huratori, p. 980, 6 ; Orelli, 4226. — 'S Cf. Vitr. V, II : VI, Î7 ; Paus. VI,
Corp. iuscr. gr. n« 3266, 3281, 3382, 3916, etc. — « Paus. V, 12, 8.— 18 Vtescher et 23; Plia. Episl. VII, 19. — 13 C. Theod. XIII, 8, 3. — 1* OltTieri, ilarm. Pisau-
I oucart, Inscript, recueillies à Delphes, p. y. — 19 Strab. p. 640 ; Corp. iuscr. gr. rensia, 64, p. loi. — 15 Corp. inse. lat. t. V, n° 87. — U Orelli, 399! ;
a. 3U02; >oy. aussi Hermès, 1869, p. 200. Momiusen, Inser. Ncnp. 1488. — 17 Corp. inser. gr. 5877. — 's Spon, Aliscclt.
ARCU1AT11US. 1 Erot. Onom. dans la dédicace. — 2 Galcn. De antidotis, I, i ; erud. ont. p. 142, 4. — W Dig. 1. L, tit. t, .
ARC — 374 — ARC
pourrait bien aussi avoir été une école d'enseignement alors àp^iÉpeia ejuvap^tEpwjjuvv] tû àvôpt aun)? *. Mais, dans
médical. En effet, nous savons par l'historien Lampridc d'autres cas, l'àp^ispeta était une prêtresse exerçant des
que l'empereur Alexandre-Sévère établit des professeurs fonctions personnelles et indépendantes *. E. Caillemeb.
de médecine auxquels il alloua un salaire, afin qu'ils fussent ARCniEROTHYTES fruEROTHYTEs].
obligés d'enseigner leur art et de faire des cours publics où ARCHIGALLUS [gallus].
les pauvres de condition libre pourraient envoyer leurs ARCHIGUBERMJS, chef des gubernaiores ou pilotes.
enfants moyennant une annone10. Celte schola était située Ce titre est mentionné dans une décision du jurisconsulte
sur le mont Esquilin ; ses salles étaient ornées de tableaux Javolenus1, au sujet du testament d'un certain Seius Sa-
et de marbres nombreux dont on a pu voir et apprécier les lurninus, archigubernus de la flotte de Bretagne, qui sta
restes dans les ruines de ses bâtiments qui étaient encore tionnait à Gessoriacum (Boulognc-sur-Mer). On possède
considérables et très-belles au xvi° siècle ". Actuellement l'inscription funéraire d'un itrchigy{m)bernus de la flotte
môme, il se trouve encore dans la villa Albani, près de de Misène". Dans les guerres maritimes, ou dans les voya
Home, une mosaïque qui a été préservée et qui est désignée ges, le chef des pilotes dirigeait l'ensemble des manœuvres
sous le nom de Scuola dei medici. Il nous reste une très- nautiques auxquelles le praefectus classis, chevalier romain,
belle inscription funéraire dédiée à un secrétaire ou ar qui le plus souvent venait de quitter un commandement
chiviste de cette schola medicorum par l'archiâtre qui était de cavalerie [praefectus classis], était tout à fait étran
sans doute le chef ou président de cet établissement M. Nous ger. De la Berge.
devons dire cependant qu'il n'y a point de preuve directe ARCHIMIMUS [MIMUS].
que cet archiâtre fût le président de la schola et n'appar ARCHITECTURA. — Nous renvoyons, pour tout ce qui
tînt pas simplement au corps des archiâtres populaires concerne l'architecture, ses développements successifs,
ou régionnaires. Mais ce qui donne une grande vraisem ses procédés, ses matériaux, les diverses sortes d'édifices,
blance à notre conjecture, c'est que des inscriptions men leurs parties, leur style, leurs ornements, etc., aux arti
tionnent d'autres sociétés ou collèges de médecins ana cles spéciaux où chaque sujet est traité avec les développe
logues à la schola de Rome et présidés par un chef à qui ments qu'il comporte. On en trouvera la liste à l'Index par
l'on donnait également le titre d 'archiâtre. Ces inscriptions ordre de matières, à la fin de l'ouvrage.
appartiennent aux villes de Bcnévent*3 et d'Aventicum ARCHITECTUS ('ApyiTÉxTwv), architecte1. — Les deux
Le titre d'archiâtre, bien qu'il soit grec de forme et qu'il ait mots £p/to, je commande, et te'xtwv, ouvrier, indiquent suf
par conséquent été appliqué d'abord par des écrivains fisamment le sens du mot architecte dans les langues
grecs, n'a jamais été attribué aux médecins des souverains grecque et latine : c'était le chef qui avait sous ses ordres
de race hellénique ; du moins il n'en reste pas trace dans des ouvriers de diverses professions 1 et présidait à l'exé
les auteurs. Dr René Bkiau. cution d'un édifice public ou privé dont il avait primi
ARCIIIERAMSTES [eranos]. tivement conçu les principales dispositions et tracé les
ARCHIEREUS ('ApyiEpsû;). — Le titre d'dpyiEpEuç;, que plans 3 ou do.iné un modèle \
nous pouvons traduire littéralement par archiprèlre, n'ap Un texte 6 montre bien la différence qui existait au
paraît guère, soit en Grèce, soit en Asie Mineure, qu'à iv° siècle av. J.-C, lors de la plus grande splendeur des
l'époque de la domination romaine. On le trouve porté arts delà Grèce, entre les tsxtovsç, très-souvent mentionnés
tantôt par le président d'un collège de prêtres, tantôt par Homère6 et après lui, et les dp/ ite'xtove;, qui touchaient,
par le ministre du culte dont le sacerdoce paraissait le plus à la môme époque, un traitement près de dix fois plus
noble entre tous les sacerdoces d'une ville ou d'un pays considérable. « Voyez, dit l'interlocuteur d'un dialogue
[ASIARCHA, BITI1YNIARCHA, CRETARCHA, etc.]. attribué à Platon, ce qui se produit dans l'art des construc
La dignité d'archiprêtre était, suivant les lieux, ou héré tions (£v rr, TEXTovtxîj) : on se procure facilement un ouvrier
ditaire dans certaines familles (y&vo; àp£tsp«rtxrjv) ou dé (TÉxTova)pour cinq ou six mines 1 tout au plus ; pour un ar
férée par l'élection, soit pour un temps, soit pour toute la chitecte (opy txE'xTova), il faudra mettre dix mille drachmes" ;
vie de l'élu (apytepEu; Stà pi'ou) *. car les architectes sont rares dans toute la Grèce. »
Dans plusieurs inscriptions, l'archiprôtrise est employée Les inscriptions, trouvées en 1836 aux Propylées d'Athè
comme éponymie nes, portent mention des salaires touchés par les sculp
A côté des archiprêtres, on trouve des archiprêtresses. teurs, les peintres et les autres ouvriers qui, sous la di
Quelquefois l'àp/tepsta est seulement la femme de l'dp^iipeiîç, rection de l'architecte Archiloque, ont travaillé à l'achè
associée par les lois ou les mœurs au ministère de son vement de l'Érechthéion d'Athènes, l'an 407 av. J.-C.
mari. C'est alors un fait analogue à celui que nous offre On y voit, d'une part, que cet architecte touchait, pour
l'histoire d'Athènes, où la femme de l'archonte-roi, la ses honoraires et probablement par prytanie, trente-cinq
(kîi'AiiTffa, était appelée à assister son mari dans certains sa drachmes et que l'hypogrammate ou sous-secrétaire
crifices [ARCHONTES]. Ainsi l'àpyispEta toû xoivoîi tôjv 'A^aiwv Pyrgion, qui est nommé après lui, n'en touchait, dans
était la femme de l'épyupsli; t. x. t. A. On pouvait dire les mômes conditions, que trente-trois 10, tandis que,

M Lamprid. Aler. Srv. cap. xliv. — 21 Gori, Columbar. libert. et serv. Lioiae' AnCIUGUBERNCS.l Dig. XXXVI, Ad s. c. Trcbcll. n. 46. — » Mommsen, Inscr.
p. 12Î. — « Orclli, «26; Marioi, 810; Mommsen, Inscr. Neap. 681". — 23 Orclli, Xeap. 2664.
3991 ; Mommsen, l l. 1483. — *k Orelli, 367 ; Monumcn, Inscr. Helvct. 161 ; Hallcr, AIICIIITECTCS. 1 Plin. Hist. nat. X, 91, dit aussi : • naturae architeclac vis. >
lîiblioth. medic. — Bibliogrinuk. Morcurialis, Yariar. leclion. 1. IV; Daniel — » Ctssiod. Varias, VII, 5. — ' Herodot. 111, 60 ; VII, 36 Plat. Polit, p. 261 c;
Leclerc, /fût. de la médrrinç, 3e partie, I. II, c. i ; Codex TUeodosinnus, 1. XIII, avec Plut. Pcricl. 13, etc.; Poil. VII, 1 17; cl.\\c\ckeT,Kleine kchrifien, III.p. 339 ; Tiiicrsch,
les divers commentaires de Godcfroid, d'Accnrse, d'Alciat, etc., eti*. ; Mcihomius, ia in Abhandl. der Bayer. Akademie, 1850, VI, p. 1S9; Aul.-Gcll. XIX, 10. — * Cic. Ad
Cassiodori formulant archiatrorum ; Joannis IVesacî Select, l. I, cap. xv;i ; llallrr_ Q. frai. II, 6 ; Ad il. Cet. 204. — * Anterast. p. 135. — « //. IV, 110 ; V, 60 ;
in Biblioth. medic; Goldhorn, De archintris romanis, Lcipz. 18-11. VI, 3I!>; XIII, 390 ; XV, 411 ; XXIII, 712 ; Od. V, 150; XVII, 384, et Eust. Ad h.l. ;
ARClIIEBfcUS. I Corp. insc. graec. n. 4363. — » Ib. 1104, 1718, etc. — S Ib. I/i/mn. in Vcn. 12. — 7 La mine représentait cent drachmes (cuvirun 92 fr.), soit
1059. — * lb. 1718. — 5/6.4363. — 6 Wcsteiinann, in Pauly's llralencyclopaedie, Uni fr. ou 552 fr- — 8 Environ 9200 fr. — 9 Environ 32 fr. 20 c. — I» Environ
I, 2" éd. p. 1448. 30 fr. 36 c.
ARC — 375 — ARC
d'autre part, les sculpteurs, les peintres et les autres ou « que le temple de Minerve XaXxîotxoç (c'est-à-dire au
vriers placés sous leurs ordres, recevaient des sommes temple d'airain) existait encore à Sparte, au n" siècle de
diverses, mais moindres, suivant la nature et l'importance l'ère chrétienne. On peut induire de ces faits, en laissant
de leur travail, lequel paraît, de plus, leur avoir été payé ici de côté les récils qui se rapportent aux Dactyles, aux
à la pièce 11 . Tel chines, aux cabires, aux Corybanies, aux Curètes, aux
Deux siècles plus tard, il est vrai, l'an 220 av. J.-G. , le Cyclopes, regardés comme les plus anciens constructeurs
roi d'Egypte Ptolémée Philopator envoie cent architectes et inventeurs des métaux, que les premiers architectes
et sculpteurs à Rhodes, en partie détruite par un violent grecs dirigèrent des travaux exécutés en bois ou en métal,
tremblement de terre"; mais il est permis de conjectu et que de grands perfectionnements dans l'emploi du
rer d'après ce que nous sivons de la facilité avec laquelle bois et du fer et dans l'industrie du bâtiment sont dus à
les artistes grecs cultivaient plusieurs branches de l'art, ces constructeurs primitifs, véritables initiateurs de leurs
que, parmi ces artistes, on ne devait compter qu'un bien compatriotes dans l'art de bâtir. Dédale, qui est le repré
petit nombre d'architectes à côté des sculpteurs chargés sentant fabuleux de l'art grec sortant de l'enfance, inventa,
de les seconder et souvent initiés eux- mômes aux règles de suivant Pline le naturaliste la scie, la doloire, le fil à
l'architecture. plomb, la tarière, la colle, etc.; il fit aussi, d'après Pausa
Vers la fin de la république romaine, l'an 44 av. J.-C, nias M, les plus anciennes statues de bois qui, dans la suite,
Cicéron annonçant à Atticus son intention d'élever un conservèrent son nom. On prête aussi à Dédale l'honneur
monument àTullia, sur les dessins de Cluatius, l'un de ses d'avoir fait élever, sinon les premières, au moins de fort
architectes, vante les connaissances de son temps en archi anciennes constructions en pierre ; et Pline dit encore "
tecture ". Ses lettres nous font connaître, outre le nom qu'il érigea le labyrinthe de Crète [daedalus].
de Cluatius, celui de CorumbusH, affranchi deBalbus, qui Au vi" siècle av. J.-C, les Samiens Rhœcus et Théodore
lui était connu comme habile architecte; puis de Cyrus, exercèrent les premiers en Grèce l'art de couler le bronze ;
de Chrysippe, affranchi de Cyrus, et de Diphilus, tous trois ils dirigèrent la fondation du temple de Diane à Éphèse,
employés par lui. On sait qu'il ne posséda pas moins, de construisirent à Lemnos un labyrinthe soutenu par cent
vingt et une maisons, qu'il avait achetées ou fait bâtir lui- cinquante colonnes dont les fûts étaient, disait-on, si par
môme"; celle d'Arpinum seule lui était venue par héri faitement suspendus, dans l'atelier où on les travaillait,
tage de ses ancôtres 16. qu'un enfant suffisait pour mettre en mouvement le pivot
Dans la première moitié du n0 siècle de l'ère chrétienne, qui les étreignait 15 ; à Sparte, où Théodore seul futappelé,
à l'époque môme où Apollodore de Damas dirigeait les cet architecte éleva un édifice nommé la Slcias, qui vrai
constructions remarquables du règne de Trajan, de somp semblablement avait une toiture faite de tuiles métalli
tueux édifices 17 s'élevaient dans toutes les provinces, dans ques î6. On peut rapprocher ces faits de ce que la Bible nous
tous les municipes. Pline le Jeune, gouverneur de Bi- apprend " au fujet de Béséléel, directeur des travaux de
thynie, demandant à l'empereur de lui envoyer un ar l'arche d'alliance au temps de Moïse, lequel s'occupait par
chitecte 1S, Trajan répond : « Vous ne pouvez manquer ticulièrement des travaux de fonte et de ciselure d'or, d'ar
d'architectes. 11 n'est point de pays où on ne trouve des gent et d'airain, tandis qu'un autre personnage, Ooliab,
gens entendus et habiles, si ce n'est que vous pensiez qu'il était chargé de ceux de charpente, de menuiserie et de
soit plus court de vous en envoyer de Rome, où ils nous tissage d'étoffes. Au temps de Salomon, le Tyrien Hyram,
viennent ordinairement de la Grèce w. » qui avait l'intendance générale des travaux du temple de
Sans s'arrôter longtemps à l'origine et au sens des mots Jérusalem, était aussi un habile fondeur18.
ts'xtmv et ■cexTovix'Ji ou TsxTOffôvv], on trouve dans l'étude de Ainsi, les premiers chefs de chantier qui nous sont con
leurs plus anciennes acceptions, de précieux renseigne nus possédaient des connaissances toutes spéciales dar.s
ments sur la nature des travaux que purent avoir à diriger l'art de travailler le bois ou les métaux. Il est vrai qu'il y
les architectes primitifs. En effet, on voit dans Homère50, a tout lieu de croire à une double influence égyptienne et
et après lui encore, quand ces mots sont pris dans une asiatique agissant sur les œuvres du Crétois Dédale et des
acception rigoureuse, que Textwv désignait, par opposition Samiens Rhœcus et Théodore, de même qu'Ooliab et
à ceux qui travaillaient la pierre, l'ouvrier habile à tra Béséléel ne firent qu'appliquer dans la terre de Chanaan
vailler les métaux et surtout le bois, qui était employé des procédés industriels empruntés à la civilisation si
soit pour la construction des combles, et peut-être pour avancée des Pharaons d'Egypte, au siècle de Sésostris,
celle des temples, soit pour la construction des navires. et qu'enfin la nationalité de Hyram suffirait seule pour
C'est de bois et d'airain qu'étaient bâties les demeures expliquer son habileté dans l'industrie métallurgique. Au
des chefs, d'après les plus anciens témoignages. On peut contraire, dans les anciens empires de l'Orient, à Baby-
rapprocher ce que dit Pausanias" du temple de bois lone et à Ninive, ainsi que dans l'Inde et dans FÉgypte,
de Poséidon à Mantinée, des colonnes de chêne de VHereum la nalure même des matériaux de construction (briques
de Samos et des trois temples qui précédèrent, à Delphes, crues ou cuites et granits ou roches naturellement en
celui d'Agamède et de Trophonius, érigé en marbre vers taillées) dut forcer les architectes à se préoccuper plutôt,
l'an 1200 av. J.-C. Le premier de ces temples était une à défaut d'excavations presque régulières dans le roc, de
cabane de branches de laurier, le troisième était couvert donner leurs soins à l'extraction, au transport, à la taille,
de plaques d'airain. Pausanias dit encore à ce propos à la pose et à l'assemblage des ouvrages dits de maçonnerie,

il F.pkm. archaeol. 1837, tab. 1», 13 j Rangabé, Ant. kell. KG-f>0 ; Stcphani, Ans. Poil. VU, 11!; X, 146; Ammon.s. ». ; Schol. Aristoph. Plut. 160; Theophr. H. Plant.
del. Inst. arch. 1843,p.320, 56 et 324,9; Clarac, Manuel de l'hiit. de iart, 3« part. II. 7, 6 ; Diog. L. III. 100. — SI Hora. Od. Vf, 82; VII, 86 ; Hcsiod. Op. et dies,
240. — « Polyb. — M Cic. Ad AU. XII, 18.— 1* lb.Wi.— 15 Beaucoup de citoyens 150 ; Faus. V, 20 ; Arc. 10 ; Ach. 4. — *» VII, 37. — «3 Beat. 3. — « XXXVI, 19.
faisaient construire cui-mcnics : Vitr. VI, praef. — >6 Plut. Cic. XVII, 1. — " Plia. — « Plin. But. nat. XXXVI, 19. — »« Bculé, Hist. de l'art grec av. Périclês, 2» éd.
Kpist. X, 24, 29, 34, 75. — l8 Ib. X, 46, 48. — 19 Ib. X, 19. •- «0 Voy. note 6, et p. 310.— ïl Exod. 25, 31, 35 et 39. — !? Reg. 2-7.
ARC — 37G — ARC
qu'ils revêtirent d'une décoration sculpturale, obtenue en santés attestent encore aujourd'hui l'état florissant de
creux ou en relief, à l'aide du ciseau et du maillet el parfois l'architecture chez les Grecs et chez les Romains, l'archi
colorée, « créant ainsi l'architecture par l'alliance intime tecte dut posséder une grande somme d'aptitudes et de
de la construction et de la décoration w. » Et, dans la suite, connaissances : aussi Quintilien admet-il 10 que « l'architec
lorsque les traditions égyptiennes, asiatiques et phéni ture s'étend à tout ce qui entre dans la composition d'un
ciennes eurent une si grande influence sur l'art grec, l'ar édifice, » et Vitruve, architecte et ingénieur militaire du
chitecte dut étudier surtout la construction en marbre, en temps de l'empereur Auguste, résume ainsi, au commence
pierre ou en brique. Homère 30, racontant les merveilles ment du Traité d'architecture qu'il dédie à ce prince, et
du palais de Priam, nous montre ce palais entouré de ri dans lequel il s'est inspiré d'ouvrages malheureusement
ches portiques et renfermant cinquante chambres revêtues perdus des auteurs grecs anciens, tout ce que la pratique
d'un marbre poli. Hérodote, à une époque plus rapprochée de l'architecture exige de ceux qui veulent s'y adonner
de nous, désigne par le mot if^nixxiM M, l'auteur inconnu avec fruit : a L'architecture, dit-il M, est une science qui
des magnifiques propylées du temple de Minerve à Sais, doit être accompagnée d'une grande diversité d'études et
en Égypte, érigés en granit vers l'an 570 av. J.-C; puis Eu- de connaissances, parle moyen desquelles elle juge de tous
palinus de Mégare, qui, probablement sous le tyran Po- les ouvrages des autres arts qui s'y rapportent. Cetto
lycrate, construisit à Samos, dans le vi" siècle av. J.-C, science s'acquiert par la pratique et par la théorie. » \'i-
le canal-aqueduc long de treize cents mètres qui ali truve, dont les écrits décèlent une éducation libérale et une
mentait d'eau la ville de Samos; et aussi Rhœcus, qui, instruction complète **, ajoute que « les architectes qui
dans cette même ville, érigea YHercum ou temple de Ju- ont essayé de parvenir à la perfection de leur art sans le
non, le plus vaste connu jusqu'alors, d'ordre dorique 3i, secours des lettres et par le seul exercice de la main, ne
et plus tard reconstruit dans de plus grandes proportions s'y sont guère avancés , quelque grand qu'ait été leur
encore, mais d'ordre ionique. Hérodote, il est vrai, donne travail, non plus que ceux qui ont cru que la seule
aussi et avec raison ce titre d'architecLe 33 à Mandroclos connaissance des lettres et le seul raisonnement les y pou
de Samos, à la fois ingénieur et architecte, qui, lors des vaient conduire; car ils n'auront jamais vu que l'ombre.
guerres médiques, jeta à Chalcédoine, sur le Bosphore, Il faut que l'architecte soit ingénieux et laborieux tout
le pont de bateaux qui servit au passage des Perses ensemble. Il doit être lettré, savoir dessiner, être instruit
et que décoraient, sur la rive asiatique, deux colon dans la géométrie et n'être pas ignorant de l'optique; avoir
nes monumentales en pierre couvertes d'inscriptions gra appris l'arithmétique et s'être nourri de la lecture de l'his
vées, sur l'une, en caractères assyriens, et sur l'autre, en toire; avoir étudié avec soin la philosophie, connaître la mu
caractères grecs. sique, et avoir quelque teinture de la médecine, de la juris
On voit par ces exemples, qu'il serait facile de multi prudence, de l'astrologie et du mouvement des astres...
plier, que chez les Grecs la profession d'architecte, an Il faut que l'architecte ait étudié la médecine, pour sa
ciennement alliée à celle de sculpteur sur bois ou de fon voir quelles sont les différentes situations des lieux de la
deur en métaux, le fut aussi à celle d'ingénieur; elle terre, lesquelles sont appelées climats par les Grecs, afin de
s'allia souvent même à celle d'autres arts34, et particulière pouvoir connaître la qualité de l'air, s'il est sain ou dange
ment à celui de la décoration théâtrale 35, ou à l'ordon reux, et quelles sont les diverses propriétés des eaux ; car
nance des fêles et des cérémonies publiques : c'est ainsi il n'est pas possible de construire une habitalion qui soit
que Hiéronyme construisit le char funèbre d'Alexandre le saine, si l'on n'a bien examiné toutes ces choses. L'archi
Grand M. Il y a tout lieu de croire aussi à une intervention tecte doit savoir la jurisprudence et les coutumes des lieux
utile, ou pour mieux dire nécessaire, de l'architecte dans pour la construction des murs mitoyens, des égouls, des
les pompes triomphales des Romains, où l'on faisait paraître toits et des cloaques, pour les vues des bâtiments, pour
comme on sait des chars renfermant des statues d'ivoire l'écoulement des eaux et autres choses du même genre,
et d'airain, des colonnes, des tours, des images des villes, afin qu'avant de commencer un édifice, il prévoie tous les
des citadelles, des montagnes, des fleuves, des marais, des procès qui pourraient, l'ouvrage étant achevé, être faits
mers, et enfin de tout ce qui avait été conquis par le sur ce sujet aux propriétaires. » Il est bon de remarquer ici
général victorieux 37 . qu'il y avait à Rome diverses lois, soit sur les hauteurs des
'La construction des machines de guerre ou des engins maisons qui ne dèvaient pas excéder soixante-dix pieds
industriels réclamait aussi le concours de l'architecte*8. soit sur l'épaisseur des murs mitoyens et même sur les
Pline le Jeune montre bien le mélange d'attributions qui conditions d'emploi de certains matériaux **. « Ces con
existait à Rome entre les architectes et les ingénieurs, lors naissances, dit Vitruve, rendront en outre l'architecte ca
qu'il écrit à l'empereur Trajan " de lui envoyer soit un pable de donner de bons conseils pour dresser les baux à
ingénieur hydrau'.icien (aquilex), soit un architecte, pour l'utilité réciproque des preneurs et des bailleurs; car, en y
terminer les travaux d'un aqueduc commencé à Nicoiné- mettant toutes les clauses sans ambiguïté, il sera facile
die, soit un nivelem (libi-ator), soit un architecte pour étu d'empêcher qu'ils ne se trompent l'un l'autre. L'astrologie
dier les dispositions que nécessiterait la jonction à la mer lui servira aussi pour la confection des cadrans solaires, par
d'un lac situé près de Nicomédie. la connaissance qu'elle lui donne de l'orient, de l'occident,
On conçoit donc facilement que, lorsque la civilisation du midi et du septentrion, des équinoxes, des solstices et
et le luxe eurent atteint les plus grands développements du cours des astres. Donc, puisque l'architecture est enri
et que furent érigés ces monuments dont les ruines impô chie de la connaissance de tant de diverses choses, il n'y a

ts The Engl. Ojcloprilia , Archilect. — »» II. VI, 242 et »uiv. — 'I II, XII, p. 575; XIV, p. !C3; Galen. V, p. 68, Kûhll. — » Ep. X, 46, 50.
175 ; III, 60. — « Vitr. VII, praef. — M IV, 87 cl 88. — 3* Xcnuph. — *0 Or. inst. Il, 21. — " Trad. Cl. Perrault, I, I, p. 14, ed. N'isard. -
Mem. Social. III, lu. — »! Vitr. VII, praef. — » Diod. Sic. V, 376, 436 n VI, praef. — »» Strab. V, p. ±10 (ÏO-,75). — »» Min. Hist. nat. XXXVI
tthen. — »7 Paminii», De Iriumpho p. Ut. — ^ Vitr. I, 3; IX, 8; Strah. 155.
AHC — 377 — ARC
pas d'apparence de croire qu'un homme puisse devenir disparus et dont il s'est inspiré. Tous ou presque tous,
bientôt architecte. Une doit pas prétendre à cette qualité, à architectes, ingénieurs, mathématiciens ou écrivains, la
moins qu'il n'ait commencé dès son enfance à monter par désinence de leurs noms, à défaut même du texte de
tous les degrés des sciences et des arts qui peuvent élever Vitruve, nous les fait reconnaître comme d'origine grec
jusqu'à la dernière perfection de l'architecture... Et c'est que; car, sauf un ouvrage vanté de Fufitius, un des
pourquoi Pythias, cet ancien architecte qui s'est rendu livres de T. Varron, les deux de P. Septimius que cite Vi
illustre par la construction du temple de Minerve dans la truve, et le célèbre traité de ce dernier, il ne paraît pas
ville de Priône, dit, dans ses Commentaires (aujourd'hui qu'à Rome aucun écrivain ait pris soin de formuler les
perdus), que l'architecte doit être capable de mieux réussir, préceptes de l'art de construire. Plusieurs architectes grecs
à l'aide de toutes les sciences dont il a la connaissance, excellèrent aussi dans l'art oratoire , comme Philon **,
que tous ceux qui ont excellé par une industrie singulière Metichus ou Metiochus70, et d'autres encore.
dans chacune de ces sciences. » On ne saurait s'étonner de la grande considération
Vitruve ne se borne pas à énumérer longuement tout dont jouirent les auteurs d'oeuvres si estimées dans tout
le bagage de connaissances que doit posséder l'architecte le monde hellénique : situation bien différente de celle
complet, il veut encore que celui-ci fasse preuve d'un qui fut faite aux architectes dans les grands empires de
grand désintéressement ; aussi blâme-t-il l'avidité de trop l'Orient, aussi bien qu'à Rome, où rarement les noms
nombreux architectes de son époque. des artistes ont été mis en grand honneur.
Tel est le portrait, tracé surtout d'après les auteurs En Grèce, au contraire, Pausanias l'atteste presque à
grecs, de l'architecte ancien vraiment digne de ce nom. chaque ville qu'il visite, c'étaient le plus souvent des dieux,
De nombreux exemples montrent que l'ensemble de con des demi-dieux, des héros ou tout au moins des chefs de
naissances qu'exigeait Vitruve fut souvent réuni dans peuples, qui passaient pour les plus anciens constructeurs ;
l'antiquité. A côté des Dédale, des Béséléel, des Hyram i5, et toujours, tant que dura leur indépendance, les cités
qui représentent un art primitif, il faut placer les plus grecques s'enorgueillirent des œuvres d'art et surtout des
anciens architectes, sculpteurs sur bois ou ciseleurs sur monuments d'architecture qui faisaient leur splendeur.
métaux, comme Alexanor *6, Byzès de Naxos qui tailla le Ainsi, nous dit Valère-Maxime71, « Athènes est fière de son
premier des tuiles de marbre ; un grand nombre furent aussi arsenal, et ce n'est pas sans raison : c'est, pour la richesse et
statuaires, comme Gallimaque, à la fois architecte, sta l'élégance, un ouvrage admirable. Philon, qui en fut l'ar
tuaire , peintre et ciseleur 48 ; Cleœtas de Sicyone w, chitecte, rendit compte de ce travail en plein théâtre, et il
Miletus de Tripoli s0, Parménion Phidias, à la fois ar le fit en si beaux termes que le peuple le plus éclairé de
chitecte, statuaire, ciseleur et peintre61; Gitiadas de l'univers n'applaudit pas moins à son éloquence qu'à son
Sparte, architecte, sculpteur et poète qui, après avoir élevé talent dans l'architecture. » Une inscription du n* siècle
un temple à Minerve et fondu sa statue, célébra la déesse av. J.-C. 71 mentionne des récompenses accordées aux ar
par ses vers 58 ; Bupalus de Ghio qui sut aussi se servir chitectes qui se sont occupés de l'achèvement de certains
de la palette et des pinceaux, Clisthènes d'Érétrie85, détails du temple de Delphes, et il faut, dans cet ordre
et cet affranchi de Diomède à Pompéi, qu'une table de d'idées, citer la statue élevée à Byzès de Naxos, architecte
marbre conservée au palais des Etudes désigne comme du VIe siècle av. J.-C, qui inventa, comme nous l'avons
fjictor idem et architectus 16 . La liste des architectes ingénieurs dit, de tailler dans le marbre les tuiles destinées à servir
ou mécaniciens est des plus longues : tels furent /Etherius aux autres de couvre-joints, invention dont, suivant Pau
de Constantinople, architecte, ingénieur et homme d'État 57; sanias 7S, une application fut faite au temple de Jupiter à
Andronicus de Cyrrhos, l'auteur de la tour des Vents à Olympie.
Athènes58; Anthémius de Tralles, qui fut peut-être l'inven Il est presque certain aussi que les cités grecques, quand
teur d'une machine à vapeur, et l'auteur (avec les Isidore elles se préparaient à l'acte,si important au point de vue reli
de Milet) de Sainte-Sophie de Constantinople 58 ; Callias gieux, politique et commercial, de la fondation de leurs
d'Aradus 60, Ghrysès d'Alexandrie61, Dioclide ou Diognète colonies, devaient joindre des architectes aux magistrats et
d'Abdère68, Épimaque d'Athènes 6S, Héraclide de Tarente, aux devins qui prenaient la direction de l'expédition ; car
architecte, ingénieur et commandant de flotte6* ; Héron et nous voyons les plus anciens temples doriques des colonies
les autres architectes et ingénieurs qui construisirent de la Grande-Grèce rappeler par leurs proportions et leurs
Alexandrie, Grater, Cléomène, etc.65; Sostrate de Cnide, détails d'ornementation les édifices construits peu d'an
l'auteur du phare d'Alexandrie 66, etc. Nous nommerons nées auparavant dans les métropoles en l'honneur des
encore Alypius, architecte, géographe, poète, intendant mêmes divinités protectrices. « Les architectes étaient
de province et confident de l'empereur Julien l'Apostat67; ainsi appelés de bien loin et voyaient leur gloire se ré
on pourra compléter cette liste en se reportant aux ou pandre de toutes parts; on les accueillait avec des hon
vrages indiqués à la bibliographie. neurs et des récompenses tels que les Grecs seuls ont su
Vitruve nous donne aussi 68 une liste de nombreux ar en prodiguer aux artistes de talent. Eupalinus était appelé
chitectes ayant écrit sur leur art des traités aujourd'hui de Mégare à Samos, pour construire le magnifique canal

W Jieg. 2-7. — *» Paus. II, 11, 6. — « id. V, 10, 3. — *« Vitr. IV, 1, 9 ; Plin. — «i Athcn. V, p. 206 ; Vitr. X, 22. — «s /J. _ «* Tit. Ut. XXXI, 16 et 33 ;
Bist. nat. XXXIV, 92 j Paus. 1,26,7; IX, 2, S. — »» Paus. VI, 20, 10 et s. — 5» Clarac, XXXn, 5; Athen. XIV, 634 b. ; cf. VI, 251 ef. — «5 Arma. I, 31 Didot; Jul.
Manuel, 3' part. p. 146. — 51 H. Rochelle, Noua, lettre à Schorn, p. 376. Valcr. De reb. Alex. I, 23 ; Diog. Laert. IV, 23; Strab. X. p. 407. — «• Lucian.
— 5* Quatremcre de Quiocy, Jupiter Olympien; 0. Mùller, De Phidiae vita etop.; Quom. hist. cotiser. 62; Amor. 11 ; Bipp. 2; Plia. H. nat. XXXVI, 83; Strab.
Sillig, Catal. artif.; deRonchaud./Vntii'as/Beulc^iVowi). biogr. gén., etc. — 53 Paus. XVII, 791; Suid. et Steph. By«. ». o. çifo; 67 Juliau. EpM. XXIX et XXX ;
III, 17, 2 et 18, 7. — » Plia. B. Nat. XXXVI, 11 ; Paus. IV, 30, 6; IX, 35, 6; Am».-Marc. XXIII, 1 et 2. — 88 vitr. VU, pr. — 68 Val. Max. VIII, 12, 2 ; Cic.
Acron. Ad Bot. Epod. VI, 13. — 65 Diog. Laert. II, 125. — 5C Gruler, Inscr. 594. De oral. I, 14. — '0 Poliui, VIII, 10, 111; Pbot. Lex. s. v. ; Bekker, Anecd.
— 5" Brunck, Anthol. graec. III, p. 135, 15. — M Vitr. I, 6, 4. — 59 procop. Le graeca, I, p. 303. — 71 VIII, 12. — 71 Le Bas, Voyage archéolog. en Grèce, Inscr.
tedif. 1, 1 ; Agalhias, Bist. V, 3. — *> Vitr. X, 16, 5. — 61 Procop. De aedif. II, 3. n° 810. — 73 Paus. V, 10.
I. 48
ARC — 378 — AKC
qui était réputé une des merveilles du monde ; Spintharus Flaviens, pour effacer les souvenirs des Césars ; les Anlo-
de Corinthe était mandé par les amphictions de Delphes nins, pour effacer les souvenirs des Flaviens. Un des An-
pour reconstruire le temple d'Apollon ; Chersiphron de tonins même, l'empereur Hadrien, doit, sur l'autorité do
Gnosse bâtissait le temple colossal des Éphésiens ; Théo Dion Gassius88, être considéré comme architecte ; car il
dore de Samos était mandé à Sparte et y tenait école ; fit élever sur ses propres dessins, le double temple de Vé
les architectes qui avaient élevé les temples de Paestum nus et de Rome, et il prit une grande part aux dispositions
(Posidonia) étaient appelés par les Phocéens pour fonder et à l'aménagement de sa villa de Tibur. Il serait donc fa
la ville de Vélia " » ; comme à Rome, à la même époque, cile de citer un certain nombre d'architectes romains
des architectes étrusques, imbus des principes de l'art ayant construit des édifices soit à Rome, soit dans les pro
grec, vinrent bâtir en l'honneur de la triade du Capitole vinces, pendant les premiers siècles de l'empire; ainsi
un temple magnifique qui est longtemps resté un des plus Agasius, affranchi de Sextus Pompée8*; Valérius d'Ostie,
beaux ornements de la ville n. qui couvrit à Rome un théâtre vraisemblablement à la même
Ce double sentiment, d'admiration pour l'architecture époque 85 ; Sauras et Batracus, les architectes des temples
et de justicè envers les architectes, se fit jour, à Rome, aux du portique d'Octavie 88 ; M. Vitruvius Pollio, l'auteur du
derniers temps de la république et sous les empereurs. Traité d'architecture dédié à l'empereur Auguste et l'archi
L'art de bâtir était estimé et goûté des Romains, qui se pi tecte de la basilique de Fano ; L. Vitruvius Cerdo, auquel
quaient même trop facilement, au gré de Vitruve 78, de s'y Vérone devait l'arc des Gavius 87 ; Severus et Celer, les
connaître et de le pratiquer. Beaucoup employaient à leurs architectes de Néron88; Rabirius, qui reconstruisit sous
constructions des esclaves, des affranchis ou des étrangers17; Domitien le temple de Jupiter Capitolin 89 ; Mustius, l'archi
mais il y eut aussi sous la république des citoyens ro tecte de Pline le Jeune 90 ; C. Julius Lacer, auquel est dû le
mains parmi les architectes, comme Cossutius, qui éleva à pont d'Alcantara en Espagne " ; Apollodore de Damas et
Athènes, pour le compte d'AntiochusÉpiphanes, le temple Decrianus,les architectes de Trajan etd'Hadrien"; Cleander,
de Jupiter Olympien", et C. Mucius qui construisit à Rome qui construisit des bains pour l'empereur Commode 93 ;
pour Marius les temples de l'Honneur et de la Vertu 79. Athénée, l'architecte de Gallien etc. Ce goût pour les
Cicéron, dont le témoignage est précieux à ce sujet 80, œuvres d'architecture persista pendant toute la durée de
nous apprend ce que doit être, à son gré, la maison d'un l'empire : on voit Alexandre-Sévère'8 non-seulement faire
citoyen romain considéré et élevé en dignité : « En la con ériger un grand nombre de monuments, mais encore éta
struisant, l'architecte ne doit jamais perdre de vue l'usage blir des écoles d'architectes ; Gallien et Dioclétien laisser
auquel elle est destinée ; cependant il songera à rendre d'importants édifices, et Constantin et ses successeurs
celle d'un noble citoyen digne de son rang et le plus com faire de Byzance Constantinople, et donner une rivale en
mode possible. Nous savons que ce fut un titre d'honneur splendeur à la Rome impériale. A l'imitation d'Alexandre-
pour Cneius Octavius (un des grands-oncles de l'empereur Sévère, Constantin ordonna, de plus98, « de former des
Auguste), le premier de cette famille qui obtint le consulat, écoles, de payer des professeurs et d'engager, par l'espoir
d'avoir fait élever sur le mont Palatin une maison magni des récompenses et des privilèges, les jeunes gens qui
fique et toute pleine de dignité ; tout le monde allait la avaient reçu une éducation distinguée, à se livrer à l'étude
visiter et on disait qu'elle n'avait pas peu contribué à por et à la pratique de l'architecture. » Après cet empereur,
ter son maitre, homme nouveau, au consulat. » Il n'est Julien l'Apostat tenta la restauration du temple de Jérusa
donc pas étonnant que Cicéron, toujours si préoccupé lem 97, et, à la limite même où doit s'arrêter cette étude,
de tout ce qui touche de près ou de loin à la carrière poli Justinien, songeant à ce temple fameux, s'écriait, en inau
tique, mette l'architecture « au nombre des arts dont la gurant à Constantinople l'église de Sainte- Sophie, dont il
profession demande du savoir et qui sont d'une utilité avait suivi la construction avec une telle sollicitude qu'il en
réelle, comme la médecine et l'enseignement des sciences paraissait à tous l'auteur : « Je t'ai vaincu, ô Salomon 98 ! »
ou des lettres, qui n'ont rien que d'honorable pour ceux Au moment même où s'écroulait le monde ancien et où
qui se trouvent de condition à les exercer. » Suétone commençait le monde moderne, Cassiodore, le secrétaire
atteste 81 que l'empereur Auguste resta dans les traditions du roi goth Théodoric, écrivant, au nom de son maître, à
de Cneius Octavius et que, « souvent aussi, il exhorta les l'architecte Aloisius ", à Ravenne, à l'occasion de la répa
principaux citoyens à orner la ville, chacun selon ses ration de thermes et d'autres édifices de Rome, et à Sym-
moyens, ou par des monuments nouveaux, ou en répa maque, préfet de la ville, sur ses devoirs à ce sujet, s'ex
rant et en embellissant les anciens ; et ce seul désir en fit primait en ces termes, qu'il est intéressant de rapprocher
élever un grand nombre. » Les membres de sa famille et des recommandations faites par Vitruve cinq siècles aupara
Agrippa, son principal ministre, le secondèrent dans ce vant : « Ce n'est pas un emploi de peu de conséquence
dessein, et nous lisons dans les inscriptions du temple de qu'on vous confie, puisqu'il vous oblige de remplir, par
Rome et Auguste, à Ancyre M, connues comme le testa le ministère de votre art, le désir ardent que nous avons
ment politique du même empereur, une longue liste des d'illustrer notre règne par des monuments nouveaux. Car,
monuments élevés sous son règne. soit que nous voulions réparer une ville ou fonder de nou
Presque tous les empereurs romains, comme autrefois velles forteresses, soit que nous nous laissions aller au
les tyrans des villes grecques, favorisèrent le goû,t des plaisir flatteur de bâtir un prétoire, vous serez obligé
peuples pour les constructions et luttèrent à l'envi : les d'exécuter et de donner une existence sensible aux projets
M Beulé, Art grec av. Prriclès, p. 41. — '» 0. Mûller, Die Etrûskcr, II, p. 232. Archi trionfali, XIX ; Maffei, Verona illustr. U, 2.- 88 Tacit. An». XV, 42 ; FabreW
— 78 VI, pr. 6. — 77 Voyez les inscriptions citées plus loin à la note 127. — 78 Vitr. 721, 431. - «s Martial. VU, 56 ; X, 71 ; cf. Tacit. Hist. III, 74 ; IV, 5î. — »o Epitt
VU, pr. 15 et 17; cf. Corp. inscr. gr. 363. - 7» Vitr. 1U, 2, 5. — "De offie. I, 39 IX, 39. — " Gruter, Inscr. p. 162. — M Dio Cass. LXIX, 4; Procop. De aed. IV, 6:
et 42. — « Aug. 29. — »» G. Perrot et E. Guillaume, Expl. arch. de la Galatic, Spart. Ua'lr. 19. — *> Lampr. Commod. 17.— » Trcb. Poil. Gallian. 13. — » Har-
Augusteum. — »■» LXIX, 4 ; Ch. Lucas, L'cmp.-archit. Hadrien, p. S et s. — s> Grulcr, celli, De stylo, 128. — 88 Coef. Theod. XIII, III, I. — Amm. Marcell. XXIII, 1.
Inscr. p. «33, 3. — «îplin. Hist. nat. XXXVI, 24, 2. — 88 ld. XXXVI, 4. - « Itowini, — »« Procop. De aedif. 1, 1. — M Variât, 11,39.
ARC — 379 — ARC
que nous aurons imaginés. Quel emploi plus honorable, talent. » Un subterfuge différent, également couronné de
quelle fonction plus glorieuse que celle qui vous met à succès, fut employé, d'après Pline, par Sauras et Batra-
portée de transmettre aux âges les plus lointains des mo cus, Lacédémoniens d'origine, qui bâtirent les temples
numents qui vous assureront l'admiration de la postérité! renfermés dans le portique d'Octavie à Rome"". «Quelques-
Car c'est à vous qu'il appartient de diriger le maçon, le uns, dit-il, pensent qu'ils étaient fort riches et qu'ils
sculpteur en marbre, le fondeur en bronze, les ouvriers en avaient construit ces ouvrages à leurs dépens, espérant y
stuc et en plâtre, et le peintre en mosaïque. Vous êtes inscrire leurs noms, mais que, l'honneur de cette inscrip
tenu de leur apprendre ce qu'ils ignorent, et de résoudre tion leur ayant été refusé, ils y suppléèrent en un autre
les difficultés que vous propose cette armée de gens qui lieu et d'une autre façon : toujours est-il qu'aujourd'hui
travaillent sous votre conduite et qui doivent avoir recours encore on voit sculptés sur les bases des colonnes 109 un lézard
aux lumières de votre jugement. Voyez donc combien doit et une grenouille, emblèmes de leurs noms ; probablement
avoir de connaissances celui qui a tant de monde à ins était-ce aussi sur les chapiteaux, car on en a retrouvé un
truire ; mais aussi vous recueillerez le fruit de leurs tra avec ces emblèmes, à Saint-Laurent hors les murs t09. »
vaux, et le succès de leurs ouvrages que vous aurez bien En effet, d'après un texte inséré au Digeste du juris
dirigés sera votre éloge et deviendra votre récompense la consulte Aemilius Macer, qui vivait sous Alexandre Sévère,
plus flatteuse. C'est pourquoi nous voulons que tout ce il n'était permis qu'au prince et à ceux qui avaient fait
que vous serez chargé de bâtir, soit fait avec tant d'intelli les frais d'un édifice d'y placer leurs noms. Les inscriptions
gence et de solidité que les nouvelles fabriques ne diffèrent néanmoins, indépendamment des écrits des auteurs grecs
des anciennes que par la fraîcheur de la nouveauté. Gela et latins, nous ont fait connaître les noms d'un certain
vous sera facile si une basse cupidité ne vous porte jamais nombre d'architectes et même d'ouvriers. Nous avons déjà
à frustrer les ouvriers d'une partie de nos largesses. On parlé des tables de marbre, véritables registres de compta
s'en fait aisément obéir s'ils reçoivent un salaire honnête bilité, par lesquelles on connaît les noms de plus de soixante
et compétent, sans fraude ni retenue. Une main généreuse ouvriers tailleurs de marbre et sculpteurs qui, sous la
anime le génie des arts, et toute l'ardeur de l'artiste se direction de l'architecte Archiloque , travaillèrent à la
porte à son ouvrage quand il n'est point distrait par le soin reconstruction ou à une grande restauration de l'Êrech-
de la vie. Remarquez encore quelles sont les distinctions théion d'Athènes, vers la fin du v* siècle av. J.-C. Ce sont
dont vous êtes décoré : vous marchez immédiatement de aussi des inscriptions souvent commémoratives de faits
vant notre personne, au milieu d'un nombreux cortège, politiques et religieux, ou retraçant des décrets spéciaux
ayant la verge d'or à la main, prérogative qui, en vous indiquant le mode d'exécution et les conditions de paiement
rapprochant si près de nous, annonce que c'est à vous que des travaux, qui ont permis aux archéologues modernes,
nous avons confié l'exécution de notre palais m. » tels que Otfried Millier, Bôckh, MM. Rangabé, Choisy,
Pareille justice fut loin d'être toujours rendue aux ar Caillemer, de reconnaître diverses classes parmi les archi
tistes dans l'antiquité, et la gloire de mettre leur nom à leur tectes grecs.
œuvre leur fut trop souvent refusée. 11 est vrai qu'à Olym- Ce dernier a bien voulu résumer pour nous les résultats
pie un portique garda celui d'Agnaptus qui l'avait bâti 10! ; acquis sur ce sujet, en quelques lignes que nous insérons ici :
à Athènes une basilique portait celui de l'architecte Mé- « Dans l'inscription relative à la reconstruction des murs
tiochus105; il y avait aussi au Pirée un portique d'Hippo- d'Athènes on trouve mentionnés des àp^iTexTovec ,u
damus m ; mais à côté de ces faits il faut rappeler ce que et un àpjfjTÉxTojv xf^EtpoTcvrjjAEvoç Eflrà xoîi SiqjMu qu'il faut
l'empereur Julien disait I0* de ces constructions élevées bien se garder de mettre sur la même ligne. Les premiers
aux frais du public, que des ouvriers fondent et achèvent, sont des entrepreneurs de travaux de construction qui
pour qu'un magistrat qui n'a fait que blanchir le mur, y ont fait un contrat de louage d'ouvrage (oî utoôojoâjxevot)
inscrive son nom ; et ce que Lucien rapporte de l'architecte 106 en un mot des Ip^oXaSot, ayant sous leurs ordres de sim
qui avait construit le phare d'Alexandrie, « ce rare et ples ouvriers, de ces téxtovsç qui au temps de Platon ne
merveilleux édifice, du haut duquel un feu éclairait au coûtaient que cinq ou six mines L'dpxiTe'xtwv xe^etpo-
loin les voyageurs pour les empêcher d'aller se jeter sur Tovrijiévoç \)i:b toû Stijjwu est un fonctionnaire public, élu
les brisants de la côte difficile et impraticable de Paréto- par le peuple 117. Son rôle est analogue à celui des fai-
nium. Après avoir achevé son ouvrage, il y grava son nom r/ToÎTat t5v S^piootiov tpf>>v, à la suite desquels il figure quel
fort avant dans la pierre et le recouvrit d'un enduit de plâ quefois "8. Il aura la direction générale et la surveillance
tre sur lequel il écrivit le nom du roi (Ptolémée Philadel- des travaux. L'œuvre tout entière sera partagée en dix
phe) qui régnait alors (250 av. J.-C). Il avait prévu ce qui sections, chiffre qui nous autorise à croire que chacun des
devait arriver. Au bout de quelques années, le plâtre tom dix tet^oirotof aura, sous le contrôle supérieur de l'àpxt-
bait avec les lettres qu'il portait, et l'on découvrit cette te'xtwv, une section particulière à diriger. C'est cet
inscription : Sostrate de Cnide, fils de Dexiphane, aux dieux e5pjf itéxtwv fonctionnaire public qui dressera le cahier des
sauveurs, pour ceux qui sont battus des flots. Ainsi cet archi charges, qui recevra les soumissions des ip^tTÉxTovEç en
tecte n'a pas eu en vue le moment présent, le court instant trepreneurs, et qui agréera définitivement leurs ouvrages.
de la vie, mais l'heure actuelle et les années à venir, tant Ces entrepreneurs, si leurs soumissions sont admises, vien
que la tour serait debout et que subsisterait l'œuvre de son dront jurer, devant le sénat des Cinq cents, qu'ils se con-
•o* 76. VII, 5. Trad. de Quatremére de Quincy, Encycl. méthod. Architecture, I Lcclère, à la bibl. de l'École des Beaux-Arts. — H» L. 10, 3, De operibu» publias:
p. 103 et s. — H» Paua. V, 15, 6 ; cf. VI, 20, 10 et 13. — M» Poil. VIII, 10, 121 ; lnscribi autem noracn operi publico alterius quam principis, aut ejus cujus pecunia
Hesych. *. v. Mij-ûj^u Tii»r«ç; Phot. Lex ». v. M^tiojro;; Bekker, Anecd. graecatl, id opus factum sit, non licet. — <U Voir note 11. — "> Rangabé, Ant. Betl. no 771.
p. 303. — 1» Bekker, l. I. 266 ; Phot. p. 111 ; cf. Aristot. Polit. VII, 10, 4 ; Xen. — M» Lignis 32 et 117. — «* L. 6 ; cf. 1. » et 21. — L. 18 et 22; cf. 1. 26.
J/ellen. II, 4, 1 1 ; Harpocr. s. v. 'ImraSàpti».— IW Caes. 20. — '<* Quom. hist. conscrib. — H» Amat., éd. Didot, I, p. 105. — 1" Miller, De muaimentU Athen. Gottiog.
03 (trad. Talbot).— «07 Plip. Hitt. n<i/.XXXVI,4, 28.— '<» Duban,7f<rs/ai<r. du portique 1836, p. 40. • Publica auctoritate operi inipiciendo praefectus. ■ — 1» Corp. t'iwc.
d'Octavie, à la bibliothèque de l'École des Beaux-Art'. — ">9 Voy. les dessins d'Aeh. gr. w 160 ; cf. n» 77 et 2266.
ARC — 380 — ARC
formeront à toutes les obligations du cahier des char Vitruve nous apprend qu'à Éphèse une des plus
ges et devront fournir des cautions "°. grandes et des plus célèbres villes grecques, il y avait
« On doit donc s'abslenir de voir dans tout àpy itéxtujv un autrefois une loi très-sévère, mais très-juste, par laquelle
èpfokâèot, un redemptor operis m, puisque le mot «p^iTex-nov les architectes qui entreprenaient un ouvrage public étaient
pouvait désigner soit un entrepreneur, soit un fonction tenus de déclarer ce qu'il devait coûter, de le faire pour le
naire élu par le peuple tout entier et supérieur par son prix qu'ils avaient demandé, et d'y engager tous leurs
origine aux iirtarotTai twv Sr)[w«t'(ov Ip-ftov que nommaient les biens. Quand l'ouvrage était achevé, ils étaient récom
tribus 1M. L'acception qu'il faut préférer dépend donc des pensés et honorés publiquement si la dépense était telle
circonstances. Les grammairiens anciens ne s'y étaient qu'ils l'avaient annoncée ; si elle n'excédait que du quart
pas trompés : 'ApxiTtxTcov, dit un des lexiques de Séguier, ce qui était demandé dans le marché, le surplus était
exprime deux idées : il peut convenir en effet à l'im<rtin\ç fourni sur les deniers publics ; mais quand elle dépassait
TÔiv olxoSo[A7)[AâT(«)v; mais, le plus habituellement, il s'appli le quart, l'excédant était fourni par les architectes.
que à l'àpjrwv twv texto'vwv m. Les Aé;£iç pr,Topixa( donnent Pour l'exécution des travaux entrepris pour le compte
la même définition 124 : 'Ap^rr&Twv & tSv oïxoSo(xt)(aocto)v des particuliers, les architectes étaient liés par les règles
lirioTânric, xai 6 ap/tov tmv texto'vwv. » ordinaires des contrats [ergolabos] l".
On peut d'après ce qui précède se faire une plus Sous la république romaine, c'était le sénat qui ordon
juste idée de la situation des architectes grecs, fonction nait l'édification ou permettait la restauration des monu
naires publics, honorés de l'estime et de l'amitié des magis ments publics. « Les censeurs ou les consuls, autorisés par
trats, dont ils avaient, en certains cas, le rang et les préroga- un sénatus-consulte, mettaient la construction ou la répa
tivesfil faut aussi tenir compte de la différence des fonctions ration aux enchères 1M, après les publications préalables,
et du mérite des travaux, si l'on veut s'expliquer les con fartes dix jours à l'avance. S'ils n'y pouvaient procéder
tradictions des textes, qui tantôt confondent les architectes, eux-mêmes, ils se faisaient représente», par des commis
et les artistes en général, dans la foule des métiers que saires spéciaux, appelés duumviri, triumviri ou quinqueviri,
dédaignaient les gens bien nés, tantôt au contraire les suivant leur nombre m. L'adjudication se faisait avec toutes
placent très-haut et font honneur, par exemple, à Pam- les formalités des enchères et au rabais"5. Un édit pré
phile, le maître d'Apelles, d'avoir fait décider que tous les torien la confirmait et relatait que l'entrepreneur fourni
enfants de condition libre, et ceux môme des plus hono - rait de bons matériaux. S'il s'agissait d'une restauration, il
râbles familles seraient instruits dans les arts, à l'exclusion spécifiait que le dommage causé par la faute de l'entre
des esclaves m [artifices]. preneur dans quelque partie de l'édifice serait à sa charge;
Rien de pareil n'exista jamais à Rome, où les beaux- enfin qu'il aurait les vieux matériaux"6. Les magistrats re
arts, n'ayant guère pris d'essor qu'après la conquête de la fusaient un adjudicataire s'ils croyaient qu'il n'exécuterait
Grèce, furent assez longtemps exercés principalement pas bien les travaux. Celui qu'ils admettaient fournissait
par des esclaves, des affranchis ou des Grecs. C'est ainsi caution en immeubles pour garantie du traité1*7 et des
que Crassus, parmi ses nombreux esclaves, en possédait dommages qui pourraient donner lieu à des réclamations "*.
jusqu'à cinq cents habiles dans l'art des constructions et Le sénat allouait l'argent nécessaire 1M. L'adjudicataire re
qu'il louait comme architectes, maçons ou charpentiers m. cevait moitié de la valeur estimative à l'ouverture des tra
Toutefois, comme nous l'avons vu, l'art de bâtir était plus vaux, et moitié après leur entière confection 1M, dans un
estimé à Rome que les autres; aussi les inscriptions et les délai fixé1*1, et lors de leur approbation. Le sénat nom
auteurs nomment-ils parmi ceux qui exerçaient les diverses mait des commissaires, les cen-eurs ou les édiles pour
industries du bâtiment, non-seulement des affranchis, mais reconnaître et approuver (probare) 1M, c'est-à-dire recevoir
encore des hommes libres les travaux, qui devaient être parfaits pour être acceptés1'1.
Quant à l'exécution des travaux, l'architecte jouissait, en Dans le cas contraire, l'adjudicataire perdait sa caution lts. »
Grèce, à ce qu'il semble, dans la construction des édifices Les adjudications pour l'entretien des édifices publics se
publics, d'une assez grande liberté, témoin Hermogène, faisaient ainsi chaque année par les censeurs [censor].
qui fit transformer pour la construction d'un temple d'ordre Sous Auguste, l'administration des travaux publics, qui
ionique tous les matériaux préparés pour celle d'un temple appartenait auparavant aux censeurs, fut partagé entre des
dorique 119 ; mais l'architecte, aussi bien celui qui avait ac fonctionnaires spéciaux ayant le titre de curatores operum
cepté l'entreprise que celui qui était élu pour en surveiller publicorum 1M [curatores]. Les empereurs aidèrent sou
l'exécution ,étaient , pou r la reddition des comptes, enfermés vent les villes des provinces dans leurs constructions. Des
dans des limites étroites. Les dépenses étaient arrêtées de commissaires appelés aussi curatores 147 présidaient à l'exé
concert avec les magistrats de la cité ou leurs délégués, qui cution des travaux. Le curateur, nommé par l'empereur ou
adjugeaient les travaux après avoir pris l'avis des hommes par élection ll8, traitait avec un entrepreneur (redemptor
compétents et au besoin ouvert un concours1"; des vérifi ou locator operis) tel que fut, par exemple, L. Cocceius,
cateurs (ÈïïiTiixïiTaî) recevaient et payaientles travaux faits "°. redemptor des travaux du temple d'Auguste à Pouz-
119 Rangabé, n° 771, 1. 23. — t» Ib. I. 112 ; cf. Dem. C. Timocr. § 40 H. 713, — 130 C. insc. gr. I, 102 ; cf. 2266 ; Harpocr. p. 122. — Vitr. X, pr. — H» Plut.
— 1,1 B6ckh, Corp. l'use, gr. t. I, p. 271 ; cf. Miiller, De Minervae Poliadis sacris Pericl. 13 ; Bôckh, Staalsh. 1, p. 2S6. — «3 p0lyb. VI, 9, 5; III, p. 18; Cic. Yerr. I,
et aede, p. 46-56; Miiller est revenu sur cette erreur dans sa dissertation, De 54; Tit. Liv. XXXVI, 36. — «» Tit. Liv. XXII, 33; XXV, 7. — >»3 Cic. I. I. 54.
mumm. Athen. p. 40. — 1*2 Acschin. C. Ctesiph. § 27 D. 102. — »» Bekker, — "S Ib. 56. — "I Ib. 54, 55. — «* Jb. 56. — »9 Tit. Liv. XL, 46 ; Diod. Sic. XX,
Anecd. gr. I, p. 450. — «4 Jb. I, p. 202 ; cf. Schubert, De Boni, aedilibus, 1828, 31}. — 140 Haubold, Antiq. rom. monum. legalia, n. 7; Egger, Latmi serm.
p. 59 et s. — m piin. XXXV, 76.-1»» plut. Crassus, î. — 1*7 Voy. le nom d'un reliq. XXXII, p. 249. — »»> Cic. Verr. I, 56, 57. — 14> Front. Aquaed.W.— l« Tit.
tsclavc : Mommsen, Iriser. Neap. 3918 ; des noms affranchis : Orclli, 4145 ; Muratori, Liv. IV, 22; XLV, 15; Cruter, 160, 3; Orelli, 3270; Momniscn, C. insc. lat. I.
p. 947, 5 ; Mommsen, Insc. neap. 2238 ; d'hommes libres : Olivier, Marin. Pisaur. 'J not. ad n. 110, 5.— »4 Cic. Yerr. I, 50, 51. — »» Ib. 54, 55; Deiobry, Donn
10, 11 ; Muratori, p. 912, 6 ; Doni, p. 316, 5 ; 317, 6 et 7 ; voy. aussi Vitr. VII, 15; et ait siècle d'AityuslP, IV, p. 75. — l*6 Borghi'si, Insc. del eonsule Burbulcio, p. 52.
Brunn, Gesch. der griech. Kanstla; II, p. 337 et suiv. — 1*8 Vitr. IV, 3, t. — «7 Orclli, 2d0t; Mommsen, 1135, 1377, 19S5, 26Î8, 5631 ; if-i-.wTé-.ai : dans le
— i» Alhen. VI, 27 ; Bôckh, Corp. inser. gr. II, p. 278 et n. 2266 ; Id. Staatshaush. C. insc. or. 2747, 3491 ; cf. 2779, 3936, 4596. — 1*8 Amiali d. lusl. archeol.
p. S87 (2« éd.); O Slûller, De munim. Ath. p. 39 ; Le Cas, Des. de philol. I, p. 267. XXIII, 15.
ARC — 381 — ARC

zoles pour l'adjudication des travaux et se réservait la Aulu- Gelle m, les plans des édifices qu'ils voulaient ériger,
réception. Il ne restait à l'architecte, choisi par le citra- mais encore, comme plusieurs fois Cicéron y fait allusion m,
tor, que la direction technique du chantier, le double rôle ils en faisaient faire des modèles. On voit dans un des bas-
d'artiste et de constructeur directeur de travaux, à moins, reliefs de la colonne Théodosienne m (fig. 463) le préfet
ce qui arrivait souvent, qu'il ne fût en môme temps curator, du prétoire, accompagné des deux chefs des factions qui
comme Vitruve lorsqu'il construisit la basilique deFano150. avaient fait construire les murailles de Constantinople
Un passage d'une lettre de Pline le Jeune à l'empe en quarante jours : il présente à l'empereur le modèle de
reur Trajan indique le contrôle qu'avaient à subir les cette colonne. L'architecte dont ce modèle était l'ouvrage
curateurs des ouvrages publics de la part d'experts est lui-même représenté sur le monument; c'est aussi
choisis pour vérificateurs (mensores) ; et la réponse de Tra lui qui avait dirigé la fortification des murailles de la ville.
jan 151 prouve que ces experts étaient alors assez communs. On voit aussi un chef de chantier dans l'exercice de ses
Plutarque 158 résume ainsi la marche d'une adjudication fonctions, dans un des bas-reliefs de la colonne Trajane 151 ;
de son temps : « Lorsqu'une ville veut élever un temple mais cette figure est celle d'un chef revêtu du costume
ou une statue colossale, elle appelle des militaire, comme les ouvriers qu'il employait et que
artistes pour les consulter sur les moyens nous savons être
d'exécuter cette entreprise. Les artistes des légionnaires.
présentent leurs plans, t'ont leurs modèles Nous reproduisons
et fixent leurs prix, et l'entreprise est encore ici (fig. 461)
donnée à celui qui s'engage à la faire le une peinture an
mieux, le plus promptement et au moins tique qui, après
de frais possible. » Enfin la célèbre ins avoir fait partie du
cription de Pouzzoles 153 nous initie aux cabinet du marquis
détails les plus minutieux d'une adjudica Gapponi158 , est en
tion dans une colonie romaine et nous trée au musée Kir-
présente un devis descriptif de l'œuvre à cher,àRome,nous
entreprendre, avec les dimensions et l'in renvoyons à d'au
dication des matériaux, leur mise en tres articles pour
œuvre, les cautionnements des entre les explications re Fig. 464. Architecte.
Fig. 463.
preneurs, etc. latives aux instru-
Plutarque, dans le passage qui vient d'être cité, parle de ments qui accompagnent cette figure, aussi bien qu'aux ap
plans et de modèles ; et, en effet, non-seulement les archi pareils qu'on voit dans la figure 466 [instrumenta, ma
tectes traçaient sur du parchemin, comme le dit encore chinas].

-î *>>■ Fig. 466. Architecte et i


Fig. 465. Architecte et tailleurs de pierres.

Cette figure et la figure 465 sont des reproductions de Nous n'avons rien dit des honoraires des architectes ro
deux miniatures du manuscrit de Virgile du Vatican qui mains, on est peu renseigné sur ce sujet, tout en sachant
montrent des architectes dans l'exercice de leurs fonctions : que leur profession était devenue des plus lucratives à
l'un d'eux (fig. 465) surveille les ouvriers qui tirent les Home, à l'époque des Césars ; car des incendies fréquents
pierres de la carrière, l'autre (fig. 466) préside aux travaux entraînèrent la ruine d'un grand nombre de constructions
de la construction d'une ville. publiques ou privées "', et le goût du luxe et de la ma-
"9 Raoul-Rochcite, Nom), lettre à Schorn, p. 434 ; Momniscn, in Ahhandl. der liraui-arts. — "7 Morelli, Columna Traj. n" 100 à 104 [ Bartoli, Col. Traj. tar. E.
Sachs. Gesellsch. der Wissensc/i. Il, p. 415 et s ISo vitr. V, 1. — 151 Pli". — 1M Crivaud de la Vincelle, Arts et métiers des anciens, 1819, pl. mi; cf.
l:p. X, Î8, 30. — m An vitiositas, 3. — 'M Mommsen. I. I.; Ballard, Notice Ficoroni, Gemme litt. p. 89. — 16S Ang. Mai, Virg.pict. ant. ex cod. Vatic. Rom.
*nr Caristie. — ll* XIX, 10. — Cie. Ad Q. frai. Il, 6. — "» Jleprésent. de 1835, pl. m. — 1«» Sut. III, 31, VII, 177 et ».; XIV, 86 et s.; Mart. V, 56; XII,
la roi. de Théod., dessins de G. Dellini, réduits par Faille!, à la Bibl. de l'École des 50. — Ul Plut. Crass. ; Juven. Sat. III, 7.
ARC — 382 — ARC
gniflcence les fit reconstruire, non-seulement dans cette lui donnait aussi lfc nom de w>wvù?p/^« *. E. Caillemer.
ville, mais encore dans tout l'empire, avec plus de faste ARCHONTES ("Ap^ovrec). — Les Athéniens, à l'époque
qu'auparavant Les empereurs et les riches particuliers classique, donnaient le titre d'archontes (dEp^ovreç, les ma
luttèrent de magnificence pour l'embellissement des gistrats par excellence) à neuf magistrats désignés chaque
villes1", et ce grand mouvement de constructions pu année par la voie du tirage au sort.
bliques et privées dut nécessairement engager beaucoup I. — Quelles furent les origines de cette magistrature?
d'hommes qui en étaient indignes à usurper le titre d'ar C'est une opinion généralement admise aujourd'hui que
chitectes, et amener une décadence dans l'art, dont se plai les Athéniens, après la mort héroïque de Codrus (xte siècle
gnait déjà Vitruve; elle semblait alors passagère, mais av. J.-C, 1068-1045), supprimèrent la royauté ; les Eupa-
après quelques retours heureux, elle ne fit que s'aggraver trides, sous le prétexte que nul n'était digne de porter à
jusqu'à la chute de l'empire romain. Charles Lucas. l'avenir le titre de p«ejtXeû;, profitèrent des dissensions
II. Àp^iTe'xTMv. — L'entrepreneur qui se chargeait de existant entre les fils de Codrus et décidèrent que le pou
construire un théâtre ou qui prenait à bail un théâtre déjà voir souverain appartiendrait à des archontes responsables.
construit, avec faculté dans les deux cas de percevoir un L'archontat fut d'abord une magistrature perpétuelle et
droit d'entrée sur les spectateurs, s'appelait, à Athènes héréditaire; mais en 752, elle devint élective et fut ré
àp/ tTÉxTtov 1 , 6eaTpwvr|i; ou 8eaTp<wr(ÔXYiç. Nous possédons 2 un duite à une durée de dix ans. Plus tard, en 683, les fonc
fragment de contrat dans lequel les Piréens recon tions de l'archonte furent partagées entre neuf magistrats,
naissent à quatre personnes le droit d'édifier ou d'ex toujours élus, mais renouvelés chaque année. Enfin, à
ploiter un théâtre moyennant une somme de trois mille une époque encore indécise, le tirage au sort remplaça
trois cents drachmes. Le contrat porte que si les pre l'élection.
neurs ne font pas les constructions indiquées au cahier Est-il vrai, comme le disent les meilleurs historiens, que
des charges, les bailleurs auront le droit de les faire exé personne, après la mort de Codrus, ne fut autorisé à porter
cuter aux frais des preneurs. Quand les travaux seront ter le titre de roi? Cette opinion se fonde sur trois arguments
minés, ils seront reçus et vérifiés par trois experts (èTcm- principaux. 1° Le chronographe Castor contemporain,
t«iTa£) nommés par les bailleurs. s'il faut en croire Suidas, de Cicéron et de César, et l'é-
Au iv° siècle , le prix ordinaire d'entrée dans un vêque Eusèbe de Césarée distinguent les rois des archontes
théâtre était de deux oboles 3. L'établissement du théo perpétuels ; ils terminent la liste des rois par le nom de
rique [théorisa], que la caisse de l'Etat donnait aux ci Codrus, et commencent la liste des archontes perpétuels
toyens, avait pour but de procurer, même aux plus pau par le nom de Médon : différences qui ne peuvent s'expli
vres habitants de l'Attique, les moyens de payer leur place quer que par la suppression de la royauté. 2° Velleius
et d'assister, comme les citoyens riches, aux représenta Paterculus 1 s'exprime nettement sur ce point : « Athc-
tions dramatiques. nœ sub regibus esse desierunt , quorum ultimus rex
Les décrets honorifiques chargent quelquefois Vifynix- fuit Codrus... Hujus filius Medon primus archon Athenis
tojv de réserver dans le théâtre des places distinguées (ôéocv fuit. » 3° Justin dit enfin 5 : « Post Codrum nemo Athenis
xaTavs'imv) aux personnes que le peuple veut récompen regnavit. »
ser *. E. Gaillemer. M. Karl Lugebil, dans une dissertation récente *, vient
ARCHIVIUM [ahcheion, tabulabium]. de combattre cette opinion par d'excellentes raisons. Aux
ARCHONÈS ('ApxwvT);). — La république athénienne, au témoignages de Castor, de Velleius Paterculus, de Justin,
lieu de percevoir pour son propre compte tous les impôts, on peut, en effet, opposer des autorités plus anciennes et
affermait aux enchères la plupart d'entre eux; le droit de plus dignes de confiance, attestant qu'il y eut encore des
les exiger, à ses périls et risques, était accordé à l'enché rois à Athènes après la mort de Codrus. Le titre de (ko-i/EÛ?,
risseur qui promettait à l'État la redevance annuelle la porté à l'époque classique par l'un des neuf archontes,
plus élevée. Mais l'adjudication montait quelquefois à des s'est transmis d'âge en âge, sans interruption, depuis l'éta
sommes considérables ; ainsi le droit d'entrée du cin blissement de la royauté : « On trouve toujours, dit
quantième, au temps d'Andocide, était adjugé moyennant Platon, des rois dans notre histoire ; seulement tantôt ce
trente-six talents par an1, qui équivaudraient presque à un litre a été transmis par hérédité; tantôt il a été conféré par
million de notre monnaie. D'un autre côté, les citoyens l'élection 5.» Les marbres deParos donnent aux successeurs
nobles ou soucieux de garder la considération du public, de Codrus la qualification de pautXsûovTeç. Pausanias e em
se tenaient à l'écart de ces marchés. Il était donc difficile ploie la même expression pour les désigner. Georges le
qu'une seule personne pût acquérir le droit de percevoir Syncelle, qui reproduit évidemment de très-anciennes tra
l'impôt. Des sociétés se formaient pour enchérir. Le direc ditions, applique le mot é^aen'XEUM, non-seulement aux
teur de l'association s, celui qui la représentait dans ses archontes perpétuels, mais encore aux archontes décen
rapports avec l'État et dont la responsabilité personnelle naux. Enfin les grammairiens disent qu'Hippomène, le
était principalement engagée, s'appelait ô àpxwvriç '. On quatrième des archontes décennaux, était un roi de la

«* Scnec. De benef. Vil, 10, 5; Epist. 43, 89, 90, 95, 114; Val. Mai. IV, 4. Corona, g 28, B' 234, et non pas seulement d'une obole, comme le scholiaste de
— ira \oy. Fricdlander, SMengeschichte Roms, l. IU, p. 107 cl b. — Biblio Démosthènc l'affirme, l. c. 1. 48. — * Bangabé, Ant. Jlellén. II, p. 379, n« 478
graphie. H. Etienne, Thésaurus liur/uae graecae, àp/^-Utwv ; Quatrcmère de Quincy, bis ; cf. Dem. I. c.
Encycl. méthod. Architecture; de Clarac, Catal. des artistes île l'antiquité, IIe et ARCHONÈS. * Andoc. De mtjster. g 134, D. 70. — > O r^o^j^m; tï„- ùi^j
Ill« parties; H. Brunn, Geschkhte der griechischen Kunstler, 11, 10 ; Ch. Knight, Hesych. éd. Alberti, I, 564 ; Etym. mag. 151, 19. — ' Bekker, Anecd. graeca, 202.
The Engltsh Cyclopaedia Architecture ; Hermonn, Griech. Privatalterthùiner, 2* éd. — * Bockh , Staatshaushalt. der Athenev. 2' éd. I, p. 453 j TOir Bévue de législ.
1870, §S 43, 'm et 69 ; Ch. Dciobry, Home au siècle d'Auguste, 3« éd. IV, lettre Cil ; 1873, p. 34 et s.
Fricdlander, Darstellungen aus der Sittengeschichle Iloms, III, p. 107 et s. ARCHONTES. 1 Voir l'Hérodote de la collect. Didot. — » I, 2, g 2 et s. — ' II,
11. 'Annlnn, 1 Dem. De cor. g 28, R. 234 ; Theophr. Char. XI ; Schol. in 7. — 1 Zur Gesch. der Staatnerf. von Athen, Ltipi., 1871, p. 539-564. — s Menex.
Dem. D 527, 2, I, 48. — s Corp. insc. gr. n° 120, I, p. 110. - s Dem. De VIII, D. 565. — « I, 3, g 3 ; VII, 2, § 1.
ARC — 383 — ARC
famille de Codrus : éW tSIv KoSpiowv (WiXsa ovtoc '. Nous Médon (ou par erreur Mentor), succéda à son père avec
sommes donc autorisé à dire que le titre de roi ne fut pas le même titre : Ko'Spo; dhtE'OavE xaTaAtntbv t}jv àpy^v Me'Sovti
supprimé au xi° siècle ; car il ne cessa pas de figurer dans TÎj) irpEaêuTE'pO) TWV TOx(8iOV. .. MÉvTOjp OVt' aÙTOÛ êéotfftAEUUEV ls.
la constitution athénienne, et, à toutes les époques, on Notre conclusion est que la monarchie se maintint à
trouve un fWiXeôç. . Athènes, sans modifications notables, jusqu'en 752; les
Paut-il au moins reconnaître que les Athéniens, tdut en successeurs héréditaires de Codrus eurent donc, pendant
maintenant le titre, restreignirent, après la mort de Codrus, trois siècles, les mêmes pouvoirs que leur illustre ascendant.
les pouvoirs attachés à la royauté? Pausanias * nous dit En 752, l'archontat (que nous pourrions appeler égale
que les Athéniens changèrent alors la royauté en une ma ment royauté), de perpétuel qu'il était, devint temporaire ;
gistrature responsable : àv-à paaiAEi'a; («rs'crrrjo-av U àp^v les archontes ne restèrent en fonctions que pendant dix
înrsû6uvov. « Ce dernier mot, écrit M. Filon *, caractérise la ans. Les quatre premiers archontes décennaux appartien
révolution qui s'accomplit alors dans le gouvernement nent encore à la famille de Codrus; mais, en 712, les Athé
athénien : la royauté, tout en restant héréditaire, devint niens, trouvant que cette noble race avait dégénéré, Stà -h
responsable sous le nom d'archontat. » Mais en quoi con Soxsïv TpuçSv xal uaXaxoù; YEyovÉvai, rendirent cette magistra
sistait donc cette responsabilité ? Il ne peut pas être ques ture accessible à toutes les familles eupatrides ".
tion d'une responsabilité purement morale ; il s'agit d'une En 683, une réforme plus notable que les précédentes
responsabilité politique et juridique. Quel fut le tribunal réduisit à une année seulement la durée de l'archontat, et
supérieur devant lequel les archontes purent être cités répartit entre neuf archontes les fonctions du magistrat
pour rendre compte de leurs actes? Nous savons que les unique que nous avons rencontré jusqu'ici. Le premier de
rois de Sparte, ceux de Cumes étaient responsables ; mais ces neuf archontes, que beaucoup plus tard, à l'époque
nous savons en même temps quelles étaient les autorités romaine, on appellera l'e'Ttwvupwî, mais qui, pendant plu
qui appréciaient cette responsabilité; à Sparte, c'étaient sieurs siècles, fut simplement l'âpx<ov, hérita de quelques
le sénat (?Epoum'a) et les éphores ; à Cumes, c'était le sénat attributions judiciaires et eut l'honneur de donner son nom
flfcuArj). Où était à Athènes cette autorité ? On ne peut pas à l'année ; le second, le pasiAEÛ;, obtint en partage la plu
la trouver dans l'Aréopage ; car tous les textes présentent part des attributions religieuses; au troisième, le 7to).£'(Mtp/o;,
ce tribunal comme investi seulement à cette époque d'une échurent les attributions militaires ; les six derniers, for
juridiction criminelle, et comme n'ayant pas encore les mant le collège des OEojioO^Tat, furent surtout préposés à
attributions politiques dont il fut saisi plus tard. Même au l'administration de la justice. Pendant longtemps encore
temps de la révolte de Cylon (612 av. J. C.)> les archontes ces neuf magistrats furent électifs (épy^ alpETifi ou /Etporo-
devenus annuels étaient toujours les premiers magistrats vr,tii). Mais, à la suite d'une nouvelle réforme imposée par
de la république 10 ; il en devait être de même, à pkis forte la marche progressive de la démocratie, le sort prit la
raison, lorsque leurs fonctions étaient perpétuelles; car les place de l'élection, et l'archontat devint une àp-^ xAripwtji.
anciens associaient l'idée d'irresponsabilité à l'idée de Il est toutefois assez difficile de préciser l'époque de
pouvoirs conférés pour toute la vie du magistrat M. En cette modification. Car, sans aller jusqu'à dire, avec Her-
fait d'ailleurs, on ne voit pas qu'un seul archonte, perpé mann et Curtius, que les anciens discutaient déjà sur cette
tuel ou décennal, ait été déposé ; ceux même qui fourni date, il faut bien reconnaître que les témoignages qu'ils
rent à leurs concitoyens les griefs les plus sérieux restèrent nous ont laissés sont contradictoires. Ainsi, d'après Dé-
en charge jusqu'au terme régulier de leurs fonctions. métrius de Phalère, l'archontat était échu à Aristide par
Non-seulement donc le titre de roi subsista après Co le sort, tandis que, d'après Idoménée, Aristide fut nommé
drus, le (iao-iAEÛ'ç fut toujours le premier magistrat, l'ap^oiv archonte par le choix de ses concitoyens ". Callimaque, qui
par excellence ; mais encore les pouvoirs de la royauté ne remplissait à Marathon les fonctions de polémarque, était,
furent pas limités. C'est pourquoi Platon a pu dire que d'après Pausanias 18 , élu (fpïito), et, d'après Hérodote
Codrus se sacrifia pour conserver son royaume à ses fils, désigné par le sort (xuâpuo Aa^wv). On ne doit donc pas s'é
û:r£p Tîjç flaviXffaf t5v irafôtov 1S. Ses prévisions auraient été tonner si les érudits ne sont pas d'accord entre eux. Les
bien trompées, son dévouement aurait été singulièrement uns, comme Sigonius, pensent que ce fut Solon qui voulut
récompensé, si les Athéniens, sous prétexte d'honorer sa que le se* désignât les archontes M ; on pourrait presque
mémoire, avaient supprimé le pouvoir royal ! Aristote, argumenter en ce sens d'un texte de Démosthène : où yàp
dans un passage obscur iS, mais qu'il faut interpréter rai we6' ô HoXcov... toÎiç dEfffioO^Ta; toÎiç xtoipoufAEvov;11.... D'autres,
sonnablement, exprime cette idée que Codrus, en se sacri comme Ubbo Emmius, Schœmann, Curtius, Sauppe,
fiant pour son pays, assura la royauté à sa famille. Pausa Westermann, font honneur de l'innovation à Clisthèno.
nias lui-même, en deux endroits de son livre lk, ne fait Titmann, sans se prononcer très-affirmativement, émet
aucune différence entre les pouvoirs de Codrus et ceux des l'avis que la nomination par le sort fut établie dans l'in
archontes qui lui succédèrent immédiatement. Enfin beau tervalle qui s'écoula entre les réformes de Clisthène et la
coup de grammairiens, qui se bornent à transcrire des bataille deMarathon. Perizonius, Niebuhr, Grote, M. Geor
textes plus ou moins anciens, disent que le fils de Codrus, ges Perrot la regardent comme postérieure à la bataille
1 Bekkcr, Anecd. graeca, I, p. 205; cf. Photius, Lexic. éd. 1823, p. 343; Suid. geaient par la voie du sort les charges d'éponyme, de roi, de polémarque et de
s. r. na;un»v, éd. Bertih. p. 124. — » IV, 5, §10. — » Hist. de la démocr. ath. thesinothètes. Pausanias aurait donc Tait allusion à l'élection par le peuple ; Héro
1854, p. 5. — 10 Thuc. I, 126. — '» Arist. Polit. IL 6, §§ 17-18; 7, §§ 5-6. dote, au tirage au sort entre les neuf élus. Cette conciliation est inadmissible; elle
— U Convie. XXVII. — 1' Polit. V, 8, § 5. — » I, 3, g 3 ; VU, ï, g 1. donne prise à des objections analogues à celles que nous allons bientôt invoquer
— i* Sehol. in Plat. Conclu. 27; Diog. Laèrt. I, 2, 6; cf. Zenob. Aristid. Tzelz. etc. contre les opinions dominantes ; elle nous obligerait notamment à déclarer que,
— " Hennann, Slaatsalt. 4«éd. § 102. — « Plut. Aristid. 1. — « I, 15, g 3. entre plusieurs personnes ayant des aptitudes différentes, le hasard avait été chargé
— 19 VI, 109. Nous avons laissé en dehors de notre exposition l'opinion exprimée par les Athéniens de décider quelle était celle qui serait généralissime de l'arméo ;
par H. Oncken dans son livre intitulé hellas uad Athen; cet auteur a essayé de proposition vraiment inacceptable. — *> Élien, Var. hist. VIII, 10, semble même
concilier les textes contradictoires que nous venons de citer en disant que les neuf dire que le tirage au sort était en vigueur avant le commencement du vi« siècle.
archontes étaient élus par le peuple, et que, après leur élection, ils se parla- — 11 C. Leptin. g 00, H. 484.
ARC — 384 — ARC
de Platée, et quelques-uns lui donnent pour auteur Aris mandant en chef des forces grecques H. C'était lui qui
tide. Une seule chose est certaine, c'est qu'elle était en présidait les conseils de guerre et sa voix y était prépon
pratique au temps de Périclès, et ce fut pour celte raison dérante ; c'était lui qui se tenait à la place d'honneur, à la
que l'illustre homme d'État, malgré son influence sur ses droite de l'armée, et il avait sous ses ordres Miltiade, qui
concitoyens, ne fut jamais archonte et resta pendant toute commandait seulement sa tribu, mais qui suggérait à son
sa vie en dehors de l'Aréopage **. chef des plans de combat ; sur la liste des morts, le nom
Nous croyons, avec M. Lugebil qu'il ne serait pas im de Callimaque figura avant celui des stratèges ,8, etc.
possible de rattacher aux réformes d'Éphialte (461) l'intro Nous tenons donc pour certain que les archontes étaient
duction du tirage au sort dans la désignation des archontes. encore élus en 490. Avant d'admettre le tirage au sort, on
Elle est au moins postérieure à la bataille de Marathon ; eut soin de les dépouiller, par prudence, de leurs plus
essayons de le démontrer. Le fait que le nom de Solon est belles prérogatives, et notamment de la direction suprême
mentionné dans un texte où Démosthène parle des « Thes- des armées.
mothètes nommés par le sort » n'a aucune portée ; les M. Hermaun Sauppe a émis l'opinion que chacun des
Athéniens attribuent souvent à ce législateur des lois qui neuf archontes devait Être pris dans l'une des dix tribus
ne furent votées que longtemps après sa mort. Aristote, d'Athènes ; un roulement, sur lequel nous n'avons aucun
qui avait profondément étudié l'histoire de la constitution détail, déterminant quelle serait chaque année la tribu qui
politique de son pays, déclare très-nettement que Solon n'aurait pas de représentant dans l'archontat M. Cette con
maintint pour les magistratures l'élection telle qu'elle exis jecture, sur laquelle nous nous abstiendrons d'exprimer
tait avant lui, tJjv t«v cip/wv aïpeo-iv **. Isocrate fait remarquer un jugement, vient d'être adoptée par M. Schœmann 3°. La
que, non seulement Solon, mais encore Glisthène, ne lais dixième tribu, exclue du tirage au sort des archontes, au
sèrent pas au hasard le soin de pourvoir aux diverses ma rait, toujours d'après M. Sauppe, obtenu comme dédom
gistratures, oùx e5 âirocVTUJV Ta; tîp^àç x/VïipoûvTS; ; ils n'y vou magement le droit de fournir l'hiéromnémon qui siégeait
lurent appeler que les citoyens les plus distingués et les au nom d'Athènes dans le conseil des Amphictions 31 .
plus capables a. Le tirage au sort est donc postérieur à M. Télfy " pense au contraire que dans cette dixième tribu
Glisthène. était pris le secrétaire (ypainaaTEUî) qui assistait quelquefois
D'autres raisons nous portent à croire que l'élection fut le collège des neuf archontes 3S.
en usage jusqu'aux réformes d'Éphialte. Pendant les D'après la constitution de Solon, l'archontat n'était
soixante dernières années du V siècle, pendant toute la accessible qu'aux citoyens de la première classe, les Pcnta-
durée du iv", aucun des grands hommes d'Athènes ne fut cosiomédimnes. Quelques auteurs ont soutenu que, à la
archonte, ou du moins ne figure sur la liste des éponymcs, suite d'une innovation de Clisthène, les trois premières
tandis que, pendant la première partie du v° siècle, sans classes purent prétendre à cette haute magistrature; mais
remonter plus haut, nous trouvons, comme éponymes, cette opinion nous paraît erronée. Plutarque 34 nous ap
Thémistocle en 493, Aristide en 489, Xanthippe en 479, etc. prend, en effet, que, au temps d'Aristide, les archontes
Le sort aurait donc été bien éclairé à cette dernière épo étaient encore pris exclusivement parmi les Pentacosiomé-
que, s'il eût précisément désigné ces illustres personnages ! dimnes; ce fut seulement Aristide qui élargit ie champ des
Quelle coïncidence merveilleuse surtout, si le nom d'Aris candidatures, en ouvrant l'archontat à toutes les classes3"'.
tide fût sorti de l'urne en 489, l'année môme qui suivit la L'archontat, réparti, comme nous venons de le voir, entre
bataille de Marathon où il s'était couvert de gloire 1 Le po- neuf membres désignés par le sort, subsista non-seulement
lémarque, qui commandait à Marathon, s'appelait KotUî- jusqu'à l'époque de la conquête romaine, mais encore
;j.a-/o; ; ne serait-ce pas encore un remarquable effet du pendant les cinq siècles qui suivirent ce fait mémorable.
hasard que la désignation d'un homme portant ce nom Les inscriptions nous ont conservé les noms de plusieurs
de bon augure? N'est-il pas plus naturel d'admettre que éponymes du me siècle de notre ère, de Philostratos (250)
Callimaque fut élu ? Les anciens voyaient dans les noms par exemple, de Gallienos (260), d'Herennios Dexippos,
des présages heureux ou malheureux, et leur choix, en Hermeios (266), etc. Il est probable que les pouvoirs des
tombant sur Callimaque, fut intentionnel et réfléchi !lî. neuf archontes reçurent de nombreuses modifications pen
Une dernière preuve, que M. Grote avait déjà indiquée dant ce long intervalle ; nous allons indiquer brièvement
et que M. Lugebil a mise en relief avec un grand luxe d'é celles que nous avons pu constater.
rudition, est fournie par le rôle que le troisième archonte, On a dit, en se fondant sur deux textes de Plutarque 3S.
le polémarque, jouait sur les champs de bataille. On sait que l'apx,«>v cessa d'être éponyme depuis l'an 30:5 jusqu'à
que jamais les Athéniens ne laissèrent au sort la nomina l'an 288 avant notre ère, et que pendant celte période les
tion des stratèges chargés de conduire leurs soldais contre actes publics et les contrats privés furent datés par le nom
l'ennemi. Si l'on peut démontrer que, dans la glorieuse du prêtre des Dieux sauveurs. Upsù; SwrvipMv 31 ; mais l'er
journée de Marathon, le généralissime des Athéniens était reur de Plutarque est démontrée par un grand nombre
précisément l'archonte polémarque, il devient évident qu'il d'inscriptions appartenant à cette époque et portant toutes
était élu comme les stratèges, ses subordonnés. Que l'on la formule consacrée : i~\ N. ap/ovro? ; nous citerons notam
étudie avec soin tous les renseignements qui nous sont ment une inscription de l'an 304 38 et plusieurs inscriptions
parvenus sur la lutte des Athéniens contre les Perses, et de l'an 303 39. Ce qui nous paraît cerlain, c'est que, à une
l'on reconnaîtra que Callimaque était réellement le com- époque indéterminée, mais qu'il faut reporter au moins
»« Plut. Pericl. 9 ; en 400, Lysias écrit, C. Andoeid. g 4, Didot, 117 : x^juui^iyo; 1873, p. 12. — 3i Corpus juris attici. p. 471 ; tov. toutefois Schùmann, Grù'c/i.
<tfi> lwi« èftfntm. — Mi. cit. p. 666-66". — »> Polit. II, 9, 2 ; cf. Thttc. 54. Alterlh. 3' éd. I, p. 585 33 Schol. in Aristoph. Vttp. 77 i, et Plutua. 277. — >» Aris-
— M Areopagitiaa, g§ 16 et 22, U. 92. — « in des dix stratèges élu?, qui combattaient tid. I. — 35 Voy. Lattes, Le- riforme di Klisthene, 1872, p. 7.— 36 Demelr. 1 0 et 46.
à Marathon, avait, lui aussi, un nom significatif; il «'appelait Stesilaos.— «7 V. Luge — 37\vescher,/tet). nrck. 1866, II, p. 356-3SS. — 3S Kangabé, A ut. hell. n« 431.— 33 Ib.
bil, f. c. p. 585 et s.— ««Herod. VI, 114.— n De creatione arch. attic. 1864.— *>Griech. n« 436-439 ; cf. t. Il, p. ilO et s.; Boeckh. Stuatshmish. der Ath. 2« éd. t. II. p. 314
Mterth. S* éd. 1871, 1, p. 435. — 31 De amphictionia delph. et hieromnemonc attico, i cts.j Schocmann, Criech. Alterlh, 3" éd. 1, p. 5C9 ; Kirchliofl, Hermès, II, p. 161-173
ARC — 38?5 — ARC
jusqu'au commencement de notre ère, 1'éleotion remplaça Platon, Isocrate, ne manquaient jamais de signaler. On
le tirage au sort. Parmi les éponymes figurent, en effet, leur laissa seulement quelques attributions relatives au
un grand nombre de personnes que le sort n'a pas dû dési culte et la présidence des tribunaux, l'^eiAovfa Sixairoipfou.
gner, des empereurs romains, par exemple, Domitien, Ha II. — Au iv' siècle, c'est-à-dire à l'époque sur laquelle
drien, Gallien, et même un prince thrace, le roi des Odryses, nous avons le plus de renseignements, les archontes désignés
Rhœmetalcas, qui donna son nom à l'an 37 après J.-G. w. par le sort étaient soumis à une double docimasie, l'une
Bœckh " a exprimé l'avis que, au deuxième siècle de qui avait lieu devant le sénat en fonctions, l'autre devant le
notre ère, le troisième archonte, le polémarque, échangea tribunal des Héliastes (àvâxpiotç) M. L'examen portait, nous
son titre contre celui de stratège. 11 est vrai que, dans une dit Pollux sur le point de savoir s'ils honoraient les
inscription du Louvre, appartenant à l'an 108 **, un «rrpar/;- dieux protecteurs de la cité, Apollon Patroos et Zeus
yoç est mentionné immédiatement après l'ipyw et le poco-t- Herkeios; s'ils s'étaient acquittés de tous leurs devoirs
Xsiîç ; dans une autre inscription *3, que Bœckh regarde envers leurs parents, s'ils avaient fait campagne pour leur
comme contemporaine de Garacalla, entre l'ap^to» et le pays. A l'époque où des conditions de cens étaient requises,
pxaileiç figure un oTpdTr,Yo; ; mais un passage de Philo on vérifiait s'ils possédaient la fortune exigée par la loi.
strate M prouve que la dignité de polémarque existait On s'enquérait aussi de leur dème et de leur origine. Pen
toujours à l'époque indiquée. dant longtemps, l'archontat ne fut ouvert qu'à ceux dont
Dans quelques inscriptions **, l'éponyme porte le double tous les ascendants, dans la ligne paternelle et dans la
titre d'ap^wv et de tepeî»ç Apouo-ou {matou. Ce titre était-il ligne maternelle en remontant jusqu'au troisième degré,
attaché à l'archontat, ou bien est-ce par l'effet du hasard étaient citoyens; mais cette condition fut abrogée ou
que deux dignités différentes ont été plusieurs fois réunies tomba en désuétude ; car, au temps de Démosthène, les
sur la môme tête? Cette question controversée ne peut pas fils des citoyens naturalisés étaient admissibles à l'archon
être résolue avec certitude. tat M; plus tard, on se montra encore moins rigoureux,
Notons enfin que, au m" siècle, le collége'tout entier des puisque des étrangers, comme le Thrace Rhœmetalcas,
neuf archontes paraît avoir porté le nom des six derniers figurent sur la liste des éponymes. Enfin, une loi fort an
archontes,lesthesmothètes.L'inscription consacrée àHeren- cienne, que l'on continuait à appliquer au iv' siècle, voulait
nius Dexippus dit que cet illustre personnage remplit tV que la femme du pamAEÛç fût citoyenne comme son mari et
toû pao-tXÉw; èv OeujxoOÉTaiç âp/^v xaî ty)v èirûvufxov àp^v '6. Dès qu'elle eût été épousée en premières noces, ayant encore
l'époque classique, il n'était pas rare de voir le nom des sa virginité " ; des considérations religieuses avaient motivé
thesmothètes donné à tous les membres de l'archontat ". cette prescription spéciale.
Le fait le plus saillant de l'histoire de l'archontat, c'est Quand le résultat de l'dcvâxpintî avait été favorable et que
que chaque siècle paraît avoir réduit l'importance de cette les élus du sort étaient jugés dignes d'être archontes, ils
magistrature : les archontes furent peu à peu dépouillés juraient solennellement de veiller à l'observation des lois
des prérogatives qui leur avaient donné pendant longtemps et d'être incorruptibles. Chacun d'eux s'obligeait, pour le
le premier rang dans la république. Dracon enleva au cas où il manquerait à sa parole, à offrir des statues d'or,
jteo-iAeû; la connaissance des <povixotl Si'xai et la transporta de son propre poids, aux sanctuaires de Delphes **, d'O-
aux Éphètes **. Solon, en instituant les tribunaux des Hé- lympio et d'Athènes 86 ; ce qui signifiait, sans doute, qu'il
liastes, réduisit les archontes à n'être plus que les instruc se condamnait d'avance à une amende si forte qu'il ne
teurs des procès et les directeurs des jurys. Au v° siècle, le pourrait pas la payer et encourrait nécessairement l'atimie
polémarque perdit le commandement en chef des armées et ses conséquences légales Ce serment, prêté d'abord
et ne conserva de ses anciennes fonctions que la présidence sur un autel voisin du Portique royal, était ensuite renou
de quelques cérémonies religieuses et la juridiction sur les velé dans l'Acropole 58.
étrangers L'Aréopage fut investi d'un droit de contrôle Les neuf archontes ne se réunissaient pour agir en
supérieur sur toutes les magistratures 50, sans exception, etc. commun que dans des circonstances exceptionnelles. Ainsi,
Ces restrictions d'un pouvoir presque absolu à l'origine lorsqu'un exilé rentrait sans autorisation sur le territoire
s'expliquent toutes par les progrès de la démocratie. Lors de l'Attique, c'était, nous dit Pollux M, le collège tout
que l'archontat était exclusivement réservé aux citoyens entier qui prononçait contre le coupable la peine de mort.
des classes aristocratiques, les législateurs ne craignirent C'était lui qui présidait au tirage au sort des noms des six
pas de lui laisser des pouvoirs étendus ; ils cherchèrent mille juges annuels et des dix athlothètes, et à l'élection
seulement à le rendre accessible à un plus grand nombre des stratèges, destaxiarques, des hipparques et des phylar-
de familles et à diminuer son irresponsabilité en le parta ques. C'était lui qui, dans la première assemblée de chaque
geant entre plusieurs personnes se surveillant mutuelle prytanie, posait les questions relatives à la bonne adminis
ment. Mais, quand il devint accessible à tous les citoyens, tration des charges publiques et qui, lorsqu'un magistrat
sans distinction de classe ni de fortune, quand surtout il fut avait été suspendu ou déposé, instruisait l'affaire et la por
déféré par le sort, les hommes d'État s'efforcèrent, en tait devant le tribunal compétent *°. C'était lui, enfin, qui
privant les archontes d'une partie de leurs fonctions, de présidait aux votes d'ostracisme Mais, dans la plupart
remédier aux dangers que l'abus du principe démocratique des cas, l'ap^oiv, le pao-iXeûç, le polémarque agissaient seuls,
faisait courir à la république, et que les sages, Socrate, indépendamment des six thesmothètes qui avaient des
** C. mscr. gr. n° 265. — M Ib. I, p. 378. — *> Frœhner, Inscr. du Louvre, tiqued'hist. t. IV, 1S07, p."67 ; consulter surtout Schœmano, Griech. Alterth. 3«
1S05, n° 138. — W C. inscr. gr. n° 283. — ** Vitae sophist. Il, 30. — *5 C. inscr. I, p. 585. — «* VIII, 85. — 53 Dem. C. Neaer. g 92, R. 1376. — 5» Eod. loc. g 75,
gr. w 181 et 264. — M C. inscr. gr. n° 380, et Bœckh, /. I. p. 44C. — *7 De- R. 1370. Voy. encore Aeschin. C. Timarch. g 21, D. 33, et Lys. Pro inval. g 13„
moslh. C. P.ubul. §§ 66 et 70 combines, 11. 13U-13Î0. — *»PoU. VUI, 125.- *»Poll. D. 201. — "> Plat. Phaedr. XI, D. p. 704 ; Plut. Sol. 25. — » Suid. s. ». Xfj<rij
VIII, 91. — 80 Andoc. De myster. § 84, D. 02. — 5t M. Perrot, Droit public d'Ath. éd. Bcrn. p. 1682. — " Schocmann, Griech. Alterth. 3- éd. I, p. 439. — •» Poil. VIII,
p. 80 Cil d'avis contraire; mais voy. Dem. C. Leptin. § 90, R. '184; cf. C. Eubul. 86. — M VIII, 86. — 60 Poil. VIII, 87. — «1 Plut. Aristid. 7; Puotiua, Lexic. éd.
SS 66 et 70, B. 1319 et 1320 ; C. Timccr. g 150, R. 747 ; Poil. VIII, 92 j Heuue cri- 1823, p. 586.
I. 49
ARC — 386 — ARC
attributions communes. — Est-ce à dire, comme on le fait intéressés étaient citoyens. Nous citerons comme rentrant
généralement, qu'il y eût diversité de locaux pour les neuf dans sa compétence les actions qui soulevaient une ques
archontes? S'il faut en croire les grammairiens l'ar tion de liberté ou de servitude (à^aipÉTEwi; Six»))"'; les in
chonte éponyme siégeait près des statues des héros épo- stances en divorce (àTioAstysi»; et iity^i^uac) 8S, en restitu
nymes; l'archonte -roi, à côté du Bucolion, dans le voisi tion de dot(7rpoixo;), en pension alimentaire ou en paiement
nage du Prytanée, ou bien dans le portique royal; le d'intérêts dotaux (o-(tou)8*; les actions tendant à réprimer
polémarque, en dehors de la ville, près du Lycée M ; les l'inaccomplissement des devoirs dérivant de la parenté ou
six thesmothètes, dans le Thesmothesion. Ces derniers pre du mariage (xaxw«Mî) 85 ; toutes les affaires de tutelle (hci-
naient leurs repas en commun, aux frais du trésor public. Tpo7niî et (jlisOoSseoj; oTx&u) M ; les demandes en interdiction
— 11 ne serait pas toutefois impossible de soutenir la thèse motivées sur la démence (7tapavo(«;) 87-ou sur des prodigalités
contraire. Démosthène parle en effet d'un oÏxy]>xoitmv oîp^ôv- excessives; les requêtes d'envoi en possession formées par
Ttov **, ce qui paraît bien indiquer qu'il y avait un édifice les successibles non saisis ; toutes les contestations relatives
spécial pour les archontes, édifice dans lequel des salles aux hérédités et aux filles épiclères (xAijpojv xal ÈTiixXiipwv
particulières étaient mises à la disposition de chacun de iiuSixaffi'ai) 88.L'accusation d'oisiveté (*pyia;) devait aussi être
ces magistrats. Hypéride nous apprend d'ailleurs que les portée devant l'archonte 89. La loi plaçait sous la protection
neuf archontes mangeaient ensemble 6S, ce qui se comprend spéciale de ce magistrat les personnes et les biens des inca
aisément si on les suppose réunis dans un même édifice ; ce pables, veuves ou orphelins ; il devait aussi veiller soigneu
qui est plus difficile à expliquer si l'on admet qu'ils étaient sement au maintien et à la perpétuité des familles, en
disséminés au dedans et môme au dehors de la ville 68. donnant des continuateurs aux citoyens qui mouraient
L'ap/wv 61 , le pairiXeû; "8, le polémarque, obligés de sta sans héritiers90. Enfin, il avait la direction et la police de
tuer seuls sur un grand nombre d'affaires, alors qu'ils la fête des grandes Dionysiaques et de celle des Thar-
pouvaient être inexpérimentés et ignorer les lois, étaient gélies 91 ; ce qui nous explique pourquoi des textes lui
assistés chacun de deux Tcotpsîpoi ou assesseurs Ces parè- attribuent compétence pour les contestations entre cho-
dres, quoique choisis par le magistrat, qui parfois mettait réges 9S.
un prix à la désignation 70, et qui pouvait les révoquer Le second archonte était le roi (6 pao-iXeu?). Sa juridiction
étaient cependant soumis, comme les archontes eux- s'appliquait aux affaires qui intéressaient la religion, aux
mêmes, à une double docimasie devant le sénat et devant procès d'impiété (i«6e{«ç) par conséquent98 ; et, comme,
les héliastes Ils étaient personnellement responsables de pour les anciens, l'homicide était surtout une offense en
leurs actes '*, et devaient, comme de véritables magistrats, vers les dieux 9i , c'était le roi qui était compétent dans
rendre compte à l'expiration de leur charge '*. Quant aux toutes les actions de meurtre (çôvou xal èli/mw Sixai)'*,
thesmothètes, ils avaient certainement le droit de prendre d'empoisonnement (<papaâxcov), d'avortement (i(/.ëXû>o-ïwî),
des auxiliaires (<hju.6wXoi) 75 ; mais ils n'avaient pas d'asses de tentative d'homicide ((Îûuasijo-em;), de blessures faites avec
seurs officiels reconnus par la loi et responsables; la loi préméditation (Tpaûua-ro; Ix. ■rcpovot'a;), et d'incendie (7tupxœiS;),
avait pensé que, dans un collège de six personnes, il s'en délit assimilé au meurtre96. Si des contestations s'élevaient
trouverait toujours une qui aurait assez d'expérience pour entre deux familles ou entre les membres d'une même
guider les autres dans l'accomplissement de leur tâche 16. famille sur le droit à un sacerdoce héréditaire, si des
Les archontes, lorsqu'ils étaient dans l'exercice de leurs prêtres se disputaient des prérogatives attachées à des
fonctions, portaient sur la tète une couronne de myrte, fonctions religieuses, c'était encore le roi qui avait juri
emblème de leur inviolabilité 77 ; l'archonte-roi paraît même diction 97. Il avait la direction et la police des mystères
avoir eu un costume officiel 78. Pendant l'année de leur d'Éleusis98, ce qui l'obligeait évidemment à se faire initier
chargeais jouissaient du privilège exceptionnel de l'exemp s'il ne l'était déjà ; l'absence de cette formalité ne lui au
tion de la triérarchie 79. Enfin, à leur sortie de l'archontat, rait pas permis de jouer un rôle dans la célébration de ces
s'ils s'étaient bien acquittés de tous leurs devoirs, ils en fêtes, ni de présider le tribunal exclusivement composé
traient de plein droit dans le sénat de l'Aréopage 80. d'initiés qui jugeait les violateurs des mystères. Les An-
II. — Après ces notions générales sur le collège des neuf testhéries99, tous les jeux gymniques et les fêtes lénéennes100
archontes, nous devons indiquer brièvement les attributions étaient aussi placés sous sa surveillance particulière. Dans
particulières de chacun d'eux. les Lénéennes, l'épouse du roi ([teo-tAi'o-o-a ou pasi'Xiwa) avait
Le premier archonte, appelé simplement ap^wv à l'é certainesattributions, et c'est pour ce motif que l'on exigeait
poque classique, et qui ne prit la qualification d'éponyme qu'elle fût citoyenne d'origine, qu'elle se fût mariée encore
(£ra&vuu.oç) que sous l'empire romain, avait le privilège de vierge, et que sa conduite fût irréprochable101. Toutes les
donner son nom à l'année pendant laquelle il était en contestations qui s'élevaient à l'occasion de ces fêtes étaient
charge81. Sa juridiction comprenait toutes les affaires re portées devant le roi10!. Enfin il était chargé d'offrir au
latives aux droits de famille et de succession lorsque les nom de l'État beaucoup de sacrifices aux dieux 10\

0* Suid. s. v. Iqm, éd. Born. 777 ; Bekkcr, Anecd. gr. I, p. 449. — •» Schoe- combiné avec Dem. C. Neaer. g§ 52-53, B. 1362-1363. — «S Bekkcr, Anecd.gr. I, 310;
mann, Griech. Alterlh. 3' éd. I, p. 585. — «* C. Midiam, g 85, II. 542. — «a Poli. Hypcrid. Pro Euxen. g 6, D. 376. — « Poil. VIII, 89. — m Eod. loc. — 88 De,,,.
IV, 122. — « Wcstcrmann, in Pauly's Real-Encycl. f éd. I, p. 1403. — & llem. C. Pantaenel. g§ 45-46, B. 979-9S0 ; cf. Poil. VIII, 89. — 89 Bekkcr, Anecd. gr. I,
C. Theocr. g 32, H. 1332 ; Isae. De Philoct. lier. g 3Î, D. 278. — «» Dem. C. 310. — 90 Dem. C. Macart. g 75, B. 1076 ; C. Lacrit. g 48, R. 940 ; cf. Isac. De
Neaer. g 72, B. 1369. — « Poil. VIII, 92. — 70 Dem. C. Neaer. g 72, B. 136». Pyrrhi her. g 62, D. 258 ; Aeschin. C. Timarch. g 158, D. 57. — 91 p0||. VUI, 89.
— 'l Eod. loc. g 84, B. 1373. — " Poil. VIII, 92. — « Dem. C. Midiam, g 178, — 9* Dem. C. Midiam, g 9 et suiv. B. 51" et s. Voy. toutefois Eggcr, Journ. drs sar.
B. 572 '» Harpocr. s. n. néjcS^;. — 75 Demoslh. C. Theocr. g 27, B. 1330, IS73, p. 204. — 93 Poil. VIII, 90 ; Dem. C. Androtion. g 27. R. 160 ; Hypcrid. Pro
— 78 Perrot, Droit public d'A th. p. 271 . — 77 Dem. C. Mid. § 33, B. 524. — 78 Poil. Euxen. g G, I). 376.-9» Girard,Le sentiment religieux en Grèce, p. 212 et a.— 95 Poil.
VII, 77 et 85. — 7» Dem. C. Lept. § 28, B. 465. — «> Poil. VIII, 118; Bckker, Anecd. VIII,98 90.
Andocid.
— 98 Bekkcr,
De myster.
Anecd.g 111,
gr. I,D.p.67.219—et99310.
Schol.
— «7 inp0U.
Aristoph.
VIII, 90Acham.
; Bekker,1224.
l. c.
gr. I, p. 222; Dem. C. Ttmocr. g 22, B.707 ; C. Arittngit. 11, g 5, B. 802 ; Plut.
Soî.19 ; cf. Pericl. 9.— " Poil. VIII, 89.— Si Mcier, AU. Process, p. 394. — 8S Aiuloc. — 100 Poil. VIII, 90.—101 Schoemann, Griech. Alterth. î< éd. II, p. 393. — 10» Antiph.
C. Alcib. g 14, D. 87 ; Plut. Al ib. s. — Suida», f. o. 'çSiïov, éd. Bern. p. 12.10. Sup. charcuta, g 42 et s. 1). 46. — i°3 Poil. VIII, 90.
ARC — 38' ARC

Le troisième archonte, le polémarque (n<AéjjLap/voc), eut, renverser la démocratie (xaTaXûasw; tou Stijwu), ou pour éta
pendant longtemps, comme nous l'avons dit, la haute di blir la tyrannie (Tup«vvi'ooç), de manœuvres frauduleuses
rection des affaires militaires et le commandement en chef pour tromperie peuple (i-Ka-vr^mi; toû îv^uou), de concussion
des armées ; c'est à cette époque que se rapporte le pas ou de corruption (Sex^oû, Swpwv), de falsification des
sage des XÉisiç jir]TopixaÉ 10k, qui nous apprend que les vaûxpapu monnaies (vopu'o^ato; Siocpôopaç), d'usurpation de la qualité
étaient soumis aux ordres du polémarque. Mais, au v° siècle, de citoyen (ijEvfa; et 8o)poÇtv(aî). Us étaient compétents pour
ces brillantes attributions lui furent enlevées, probable les ilatt-ffclictt, pour les -rcpoSoW, pour les docimasies des
ment lorsqu'il cessa d'être nommé par l'élection et fut magistrats, pour les redditions de comptes par les stra
désigné par le sort. On lui laissa seulement la direction tèges, pour l'examen des traités internationaux. Enfin leur
des cérémonies religieuses en l'honneur des soldats morts juridiction renfermait un grand nombre d'actions, soit pu
sur le champ de bataille 105, et le soin de veiller à l'é bliques, soit privées, si diverses qu'il n'est pas possible de
ducation et à l'entretien des enfants des victimes de la déterminer un principe ayant dirigé le législateur flans
guerre ,oe. Peut-être conserva-t-il encore pendant quelque cette réparlition. Ce que l'on est on droit de dire, c'est que
temps juridiction pour certains délits militaires'07. Enfin, les thesmothètes avaient la plénitude de juridiction, et
il présida les sacrifices offerts au dieu de la guerre m. En toutes les actions que des textes formels n'avaient pas at
matière civile, le polémarque eut l'hégémonie des actions tribuées à d'autres magistrats, devaient être portées devant
relatives au droit des personnes et au droit de succession, eux. Citons notamment, parmi les actions publiques, les
toutes les fois que les parties étaient des métèques, des YfCtîpxl (XYpaçîou, otYpasou [>.ztaKkov, àîtxtou m, (ÎouAeuiteojî "8,
isotèles, des étrangers ou des affranchis. Les auteurs an l;aY<»Yvi;, EraipviaEwç, [/.oiysi'a; 119, irpootYwY£iaç' ouxo-pavtia; >
ciens établissent un parallèle entre la juridiction de l'Xpgtnv u6p£co;,îl,i]/Eu3EYYpot<?:»ic, 'i:uSoxÀ7]Tsi'a;; parmi les aclionsprivées,
et celle du polémarque : un procès, pour lequel l'ip^ow les Stxai otYEwpYi'ou, àueXiou, avaY^Y^! £pYuP'ou> P£ê«l<')<I£t,)îi PA**
eût été compétent si les plaideurs eussent été citoyens, ëï]C, IyyÛtiç, èvoixi'ou, eÇouXïjç, xaxr,Yopi'aî, xXoTtîji;, icotpaxaTaS^xiriî,
devait être porté devant le polémarque dès qu'il s'agissait Gu;j.6oAa£wv wapaêâcEojç, j^ffouç; enfin, toutes les IfATOpixaî,
de non-citoyens m. La juridiction de cet archonte com Ipavixaf, [AETaAAtxat oîxat, et les Si'xat ditô uupiêdXojv '". C'est
prenait en outre deux actions pénales, l'une YâKoavxaiov à cause de cette plénitude de juridiction que les thesmo
Stxïi, concernant les affranchis ; l'autre, l'dmpocrnxai'ou YP01?1!' thètes étaient chargés de la formation et de la convocation
concernant les métèques "\ Le polémarque avait la di des tribunaux. — Si nous devions ajouter foi au témoi
rection et la police des sacrifices en l'honneur de Diane gnage d'Ulpien"', les thesmothètes auraient eu, outre les
Agrotère et des fêtes commémoratives d'Harmodius et attributions que nous venons de décrire, une véritable
d'Aristogiton '". mission de police nocturne; ils auraient été obligés de cir
Les six derniers archontes, les thesmothètes (Oso-ptoOErai), culer pendant la nuit dans la ville pour prévenir les vols
formaient un collège (<ruvÉSpiov) et agissaient en commun. et les enlèvements ; mais ce renseignement n'a évidem
Leur première attribution était la surveillance des lois, et ment aucune valeur.
elle leur avait donné leur nom, les lois s'appelant primi IV. — L'Attique n'est pas la seule région de la Grèce où
tivement Seujjloi 118 ; le législateur, en effet, leur avait expres des magistrats aient porté le titre d'Archontes. La ligue
sément ordonné de reviser les lois chaque année avec le Béotienne avait à sa tête l'ap^uv £v xoivS Bgiwtwv, indé
concours de l'assemblée du peuple. Ils devaient vérifier pendamment d'un ap^iov spécial, désigné par le sort (xuâ-
avec soin si, dans l'ensemble de la législation, il n'y avait fitffTo;) **, que l'on rencontre dans chacune des villes im
pas des lois contradictoires, si des lois abrogées ne figu portantes, à Acrœphies, à Chalies, à Chseronée, à Platées,
raient pas parmi les lois en vigueur, si même il n'y avait à Orchomène , à Tanagre , à Thèbes , à Thespies 1,5 , à
pas plusieurs lois ayant le même objet. Lorsqu'ils rencon Thisbé "6. Les actes publics sont habituellement datés par
traient quelque irrégularité, ils transcrivaient sur des ta le nom de l'archonte local; mais quelquefois on trouve
blettes les dispositions qui ne répondaient pas aux exi réunis les noms de Yctp/w h xotvîj BotStuv et de l'ap/aw
gences du législateur et les affichaient aux statues des héros. de la ville
Les prytanes assemblaient ensuite le peuple et faisaient En Locride, à Thronium, à Oponte, l'éponyme est éga
désigner des nomothôtes chargés de préparer, sur les points lement l'archonte de la ville m.
indiqués, l'unité de législation1". Les affaires, qui se rap A Delphes, en Phocide, les inscriptions portent le nom
portaient à l'exercice du pouvoir législatif, appartenaient de l'archonte, et nous possédons aujourd'hui des listes
à la juridiction des thesmothètes : ainsi la yp*^I itapavo- assez longues des personnes revêtues de cette magistra
puov et l'EvoïiÇtç contre les prytanes et les proèdres qui ture 1M ; à Daulis, à Stiris et à Ambryssis, il y a simultané
avaient manqué aux devoirs que leur imposait la loi sur ment deux archontes m.
l'èw/eipoTovfa vôfitov 119. Dans presque toutes les accusations En Thessalie, à Thaumaci m, à Lamia "', à Hypata 13â,
où l'intérêt de la république était en jeu, on trouvait les les inscriptions donnent chacune le nom de trois archontes
thesmothètes; à leur hégémonie appartenaient notamment qui devaient être des magistrats locaux.
les actions de trahison (npoSouia;), de tentatives faites pour Dans la mer Égée, Anaphe, Andros, Délos, Paros,
lOkBekker, Anecd. gr. I, p. 283. — «0» Poil. VIII, 01. — 106 Schol. in Dera. C. Leptin. §§ 20 et s. R. 706 et s. — i« Poil. VIII, 88. — 1" lsocr. De permut.
B. 706, 12, D. 717; cf. Plato, Mena. XXI, D. I, p. 572 et s. — loi Lys. C. Alcib. % 237, D. 232. — "9 Hyperid. Pro Lycophr. § 9, D. 417. — "0 lsocr. loe. cit.
II, §4, D. 169. — 10S Poli. VIII, 91. — 109 Harpocr. s. v. n<>M|utK*; ; cf. lsocr. — m lsocr. C. Loch, g 2, D. 276 ; cf. De. permut. § 214, D. 242. — m Westcrmann,
Trapezit. §g 12 et 14, D. 253 ; Lys. C. Pancleon. 4, S et 12, D. 193-199 ; t'i Pauly's lieal -Encyclnpaeih, i' éd. I, p. 1464. — "* Scholia in Dcmosth.
Bekkcr, Anccd. gr. I, p. 310 ; Phot. Laie. éd. 1823, p. 378 ; Suid. éd. Bernhardy, 525, 28, D. p. 667. — •« Plut. De genio Socratis, 31, D. I, p. 721. — '» Boeckh,
11, 2, 328. — HO Harpocr. I. c; Dcm. C. Lacrit. § 18, R. 040 ; Poil. VIII, 9!. C. inser. gr. 1, p. 730. — 1î6 Foucart, Sënatus-consulte inédit de l'an 170, p. 36.
— 1» Poil. VIII, 91 ; cf. Aclian. Var. Met. H, 25. — Hyperid. Pro Euxen. § 6, — »1 ltannabé, Anliq. Ilell. II, n« 679, 1304, 1305, 1306. — «8 Corp. inscr. gr.
D. 376.— 1" Harpocr. s. ». 8w|utfa>. — 11» Acsch. C. Ctcsiph. %% 38-39, D. 104. n°" 1751-1752. — 120 Rangabé, Antiq. Bell. II, p. 644 ; Monunscn, in Pliilolngus,
— "* Poil. VIII, 87 ; Dcm. C. Leplin. §§ 08 et s. B. 487; C. Aristogit. II, § 8, R. 1866. — 130 Corp. inscr. gr. n« 1724 b, 1732, 1736. — "! C. inscr. gr. n<" 1771-1773.
8J3; Scholia in Aeschin. D. 402, 16; Hyperid. Pro Euxen. g6,D. 376. — "6 Dcm. — 1M Rangabé, n°i 741 et s. — 13> Rangabé, n» 748,
ARC — 388 — ARC
Sciathus, Ténos, Thasos... En Asie Mineure, Cyzique...; chasse 6. Un des personnages porte sous son bras l'arba
sur les bords de l'Euxin, Olbia, ont également des ar lète avec le carquois (fig. 468). Il est impossible de n'être
chontes E. Caiixemer. pas frappé de
ARCIFINALIS AGER [ager pcblicus]. l'analogie de for
ARCUARIUS. — Fabricant d'arcs *. me et de méca
ARCUBALLISTA, MANUBALL1STA. — On rencontre, nisme que pré
pour la première fois, les noms de ces armes dans le traité sente avec la ba
de Végèce il les met à côté des scorpions, des fustibali liste et le scor
et des frondes, de même qu'il place ceux qui les ma pion cette arme
niaient parmi les troupes légères qui combattaient en dont le nom an
lançant des flèches, des javelots ou des pierres. Mais il tique s'est perpé
n'est pas douteux que ces armes existaient dans un temps tué, comme elle
plus ancien. Végèce lui-même ajoute, en effet, que l'on s'est conservée
appelait autrefois scorpions les armes nommées de son elle-même pres Fig. 468. Chasseur portant une arbalète.
temps manuballistae. Tite-Livc s, d'autre part, distingue que sans change
parmi les machines de siège que Scipion employa de ment, jusqu'aux temps modernes. E. Saglio.
vant Carthagène de grands et de petits scorpions, ceux- ARCUBALLISTARIUS. — Arbalétrier ' [arcuballista].
ci extrêmement nombreux. Polybe aussi 3 a connu de ARCULA [ARCA].
petits scorpions (uxopitîSia), et il les mentionne à eôlé des ARCULARIUS. — Fabricant de coffrets 1 (arcula).
arcs ordinaires. Que pouvait donc être celte arme ressem ARCULUM. — Coussinet circulaire (çcsticillus) que po
blant en petit a la machine appelée scorpion, ou, comme saient sur leur tête, pour
son nom l'indique, à une baliste qu'un arc suffirait à plus de commodité, les per
mettre en mouvement et qu'on pourrait porter à la main? sonnes qui portaient le9
Deux monuments peu vases sacrés dans les céré
connus, conservés au monies publiques C'était
musée du Puy\ nous les là le nom consacré, dans
montrent avec toute la les rites du culte romain,
clarté désirable. Le pre d'un objet dont on se ser
mier (fig. 467) est un bas- vait déjà en Grèce de la
relief sculpté sur l'un des même manière, et qui est
côtés d'un cippe funé resté d'ailleurs de tout
raire élevé à la mémoire temps en usage ; on le voit
d'un personnage dont le (fig. 469) sur la tête d'une
nom est inconnu, car la jeune femme, dans une sta Fig. 169. Coussinet de porteur.
face antérieure du mo tuette en terre cuite trou
nument, où ce nom était vée à Halicarnasse5, sur l'emplacement présumé d'un
gravé, a été creusée pour temple de Démétèr, et qui paraît se rapporter au culte de
Fig. 467. Arbalète et carquois. transformer le cippe en cette déesse.
cercueil, mais qui devait Arculum était aussi le nom d'une partie du vêtement de
s'être signalé par sa passion pour la chasse ; en effet, la FLAM1NICA. E. S.
tous les emblèmes choisis pour perpétuer son souvenir ARCUMA ou arcirma. — Petit chariot où une seule
sont les attributs d'un chasseur. On y voit notamment personne pouvait se placer1. C'est le seul renseignement
une arbalète, dont l'arc avec sa corde détendue, la noix que nous ayons à ce sujet, et il ne suffit pas pdur per
qui servait à la tendre, la rainure où elle se mouvait, mettre d'appliquer ce nom à l'une des représentations
et le manche, sont dessinés avec une netteté parfaite ; der offertes par les monuments, et diverses entre elles, qui
rière, est suspendu le carquois qui en était l'indispensable répondent à cette indication [plaustrum, cuiramaxium,
accompagnement. Ce monument dont le style est d'une véhicula]. E. S.
bonne époque, a été découvert à Solignac-sur-Loire en ARCUS,Td;ov, pt'oç. — I. L'arc est une des armes les plus
1831. Le second est un fragment d'une frise trouvée anciennementinventées. Il était en usage dans tout l'Orient
parmi les ruines d'une riche villa romaine, située à peu avant l'âge héroïque de la Grèce. Les Grecs devinrent habi
de distance du Puy, où sont représentées des scènes de les à s'en servir à leur tour. Teucer de Salamine, le Crétois

Westermann, in Pauly's Deal-Encyclopaedic, I, 2* éd. p. 1460. — Biblio- logique des archontes éponymes postérieurs à la CXXTl* olympiade, Paris, 1871 ; A.
giupiuk. Mcursius, De archontibus Atheniensium, Lcyde, 1622 ; Th. Si'll, De asscs- Dumont, Fastes éponymiques d'Athènes, Paris, 1873.
soribus archontum apud Athéniennes, Leyde, 1719 ; Ph. Bernard, De archontibus ARCUAR1U8. 1 Dig. 2, 6, 6 ; cf. Vcg. De re mil. 11, 11.
reipnblicae Atkcniensium, Louvain ; A. Boeckh, De archontibus psenrlrponymis, ARCUBALUISTA. 1 De re milit. II, 15; IV, 22. — - XXXVI, 47 et 49. — 3 VIII,
Berlin, 1827 ; F.-A. Hatichc, De thesmothelis Atheniensium, Breslau, 1841 ; H. Sauppc, 7 ; cf. Alarcab. VI, 51 ; c'est peut-être encore la même arme que décrivent Héron, ^
De creatione archontum atticorum, 18G4 ; K. Lugebil, Koenig Kodvos und die so- § 5*7, et Biton, p. 111 et s. éd. Thévcnot, sous le nom de Ya<r-paçi-ïi; ; le second écri
genannten lebenslânglichen Archonten ; Das Arehontat zur Zeit der Perscr/criege ; vait au temps de la deuxième guerre puuiquc. — * Aymard, Annal, de la Soc. d'a-
Untersuchungen zur Geschichte der Slaatsverfassung von Atlicn, Leipzig, 1871. gric. sciences, etc., du. Puy, 1832-33, p. 162. — 5 Aymard, Congrès scient, de
Sur la chronologie des archontes athéniens voir Mcicr, Index atticorum archontum France, t. XXII, p. 485.
eponymorum qui poxt ol. C'A'AY, 2, eum magistratum obtinuerunt. Halle, 1854 ; ARCUBALU1STARIUS. 1 Vcg. De re mil. IV, 21.
A. Bousopoulos, KaïiV-ïo; tûv tv 'Atyw- yivoiiivwv àj/^v-Mv, Athènes, 1861 ; de Kou- ARCULARIUS. 1 Plaut. Aul. III, 5, 45.
orga, Itecherches critiques sur ihist. de la Grèce pendant les guerres médiques, ARCULUM. ' Paul. Diac. «.«. — ' Newton, Discover. at Halicarnnss. Onde, etc.,
Paris, 1861 ; Westermann, in Pauly's Beal-Encyclopaedie, 2- éd. t. 1, 1866, p. 1464 pl. xlvi, 4, et p. 421.
et s.; Kcubaucr, Commentationes epigraphicae, Berlin. 1869 ; A. Duniont, Elirai sur ARCUMA. 1 P. Diac. t. v. p. 14 Lind. : Gcnus plaustri modici, quo homo gcstari
ta chronologie des archontes athéniens. Paris, 1871 ; C.-F. Ruelle, Tableau chrono- posait. D'autres lisent : arcima ou arciima»
ARC — 389 — ARC
Mérion ne sont pas, dans l'Iliade ', de moins puissants ar 7cîj^Ee;, la partie du milieu formée par leur réunion, par
chers que le Lycien Pandare ; mais tandis que les peuples laquelle on saisissait l'arme10; les extrémités étaient gar
asiatiques ont toujours été re nies d'un bouton ou crochet de métal (xopoW,), auquel s'at
nommés pour leur adresse à tirer tachait la corde, faite d'un nerf de bœuf (vsupij). Bander
de l'arc et ont aussi toujours con l'arc était une opération qui exigeait une grande vigueur,
servé cette arme, les Grecs, à qnand il avait les dimensions de celui de Pandare : c'est ce
l'exception des Crétois*, qui y qu'on voit aussi, pour l'arc d'Ulysse, que Télémaque et les
excellèrent en tout temps, l'aban prétendants s'essayent tour à tour, mais vainement, à
donnèrent de bonne heure aux tendre", même après avoir pris la précaution de l'enduire de
auxiliaires engagés à leur service. graisse en l'approchant
On voit souvent ceux-ci, dans les du feu pour l'assouplir.
peintures de vases, différant par On pliait l'arc, quand la
leurs armes autant que par leur force du bras n'y suffisait
costume (fig. 470) 3, des guerriers pas, en y appuyant le ge
grecs à côté de qui ils combattent nou ou en le pressant
[sAGiTTAitius]. L'arc a souvent servi entre les deux jambes,
aux artistes à caractériser dans comme le montrent di
Fig. 470. Archer scythc. les peintures et dans les monu vers monuments (fig. 47:2
ments de tout genre, les Troyens, et 480) li. On voit aussi,
les Scythes, les Amazones, et en général les Barbares, par par les exemples cités,
opposition aux Grecs, entre les mains desquels on ne le voit que la corde n'avait pas
qu'exceptionnellement*; mais les une longueur indéter
Fig. 472. Archer bandant son arc.
dieux à qui il était attribué par minée, qu'ellercstait fixée
un symbolisme ancien, comme il l'une des extrémilésde l'arc ets'adaplait à l'autre au moyen
Apollon , Diane , Hercule , l'ont d'un nœud ou d'une boucle; il fallait, lorsqu'on le bandait,
toujours conservé dans leurs ima le fléchir juste assez pour que la corde pût se boucler à la
ges. De même en Italie d'anciens pointe. Quelques personnes pensent que le mot y.opo'w), em
monuments, comme la peinture 5 ployé par Homère, signifiait la boucle ou peut-être un an
d'un tombeau de l'antique Caere, neau au moyen duquel la corde pouvait être tirée ; mais
ici reproduit (fig. 471), attestent nous croyons que par ce mot il faut entendre le crochet ou
l'emploi de l'arc dans un temps bouton plus ou moins orné dont la pointe était pourvue, et
très-reculé ; Virgile donne aux qui se voit dans les figures qui accompagnent cet article
Toscans e, comme les armes qui et dans un très-grand nombre de monuments.
leur étaient propres, l'arc, les flè On conserve dans beaucoup de collections des objets en
ches, le carquois ; mais il n'y eut bronze ayant la forme d'un double anneau dans
pas d'archers dans les armées ro lequel deux doigts peuvent être passés et muni,
rig. 471. Archer étrusque.
maines, à ce qu'il semble, avant à l'intersection des cercles, de deux, trois,
les guerres puniques, et jamais ils n'y servirent que parmi quatre ou même cinq dents plus ou moins
les troupes auxiliaires [auxilia]. saillantes (fig. 473) : on a conjecturé que ces instruments
Les deux figures qui précèdent représentent, la pre avaient pu servir à tendre la corde
mière un archer dans le costume des Scythes que les d'un arc.
Athéniens entretenaient à leur solde; la seconde, un guer La corde est toujours désignée
rier étrusque du centre de l'Italie ; ils tiennent l'un et dans Homère sous le nom de v£upl;
l'autre un arc à peu près de même forme, c'est l'arc qui fut il entend par là, à ce qu'il semble,
usité de tout temps en Orient ; que les Grecs, qui l'adop le nerf sciatique du bœuf; ensuite
tèrent, appelèrent arc scythe, et dont ils ont quelquefois on la fit aussi d'une lanière dé
comparé les sinuosités à celles de la lettre 2, d'autres fois coupée dans un cuiriv, puis de
à la configuration de la côte septentrionale du Pont- crins de cheval 15. La figure 474,
Euxin1; c'est celui des héros d'Homère. Il faut rapprocher tirée d'un bas-relief où sont re
de la description que le poète donne de l'arc de Pandare ' présentés les attributs d'Apollon 1C,
ce qu'il dit ailleurs de ceux d'Ulysse ou de Pâris. Cet montre l'exemple d'une corde
, " Fig. 474. Arc à
arc était fait des deux cornes d'une antilope ou chèvre tressée.
sauvage 8, assemblées par leur base; on appelait tit^u; ou Homère joint fréquemment à l'arc l'épithète TtaXt'vxovo;,

ARCUS. — I.» XX III, 850 et s. — » Mui.Lcg. VIII, 834 ; Xen. Anal). 111,3, 7; Plus. antiq. Arcus 2. — • //. IV, 105 et s. — ' Celles dont l'assemblage formait l'arc de
I, 2.1, 4 ; IV, 8 et 10, 3 ; TU. Liv. XXXVII, 41 ; XXXVIII, SI ; XLII, 35 ; XLUI, 9 ; Pandare, avaient chacune seize palmes de longueur, près de 130 centimètres ;
Plut. C. Cracch. 16 ; Appian, Dell. civ. 49, 71 ; Caes. Bell. gall. Il, 7. — > Voyci Hesych. Klpmo,- çutov ; Millin, Peint, de vas. I, pl. xi ; II, pl. xxii, p. 36.— 10 Eust.
p.ir exemple, Gerhard, Auserles. Vas. t. I, pl. 63; III, pl. 190, 191, 194, 197, SIS, Ad Od. 1915, 34. — " Od. XXI, 177 et s.; XI, 375, 385 et s. — « Ovid. Am. I,
21 S, tïS, etc.; Alus. ctrusc. Orcijor. II, Î7, 57, 74. — * Dans celles d'Ulysse ou de I, 23 ; la fig. 472 est tirée d'un vase peint du Louvre ; la fig. 480 d'un vase du musée
Philoctetc, par exemple ; la représentation se conformait alors aux récits des de Naples, Mus. llorb. VII, 41; Ileydemann, Mus. Amion. n. 922 ; Yoy. aussi
poète». Au fronton du temple d'Égine, on voit un guerrier, sans doute Teuccr, tirant Mus. elr. Gregor. II, pl. lxxh, et Antiq. du Bosphore cimmërien, pl. xxxih : cf.
de l'arc, opposé à un guerrier troyen dans la même attitude, vraisemblablement Friedrichs, Bamteine sur Gescliiehte der grireh. Plastik, I, p. 349. — 1' Cette boucle
Paris. — 6 Actuellement au Louvre, Mon. ined. dell' Inst. arch., 1859, pl. xxx ; Mi- est bien visible dans la figure d'un Scythe bandant son arc, sur le vase d'argent du
cnli, Mon. ined. d. ont. pop. Ual. 1844, pl. iiv. — « Aen. X, 168. — 7 Strah. II, musée de l'Ermitage, Ant. du Bosph. I. e. — '» Eust. Ad II. p. 421, 20 ; 45i, 12 ;
p. 338 Sieb. ; Schol. Theocr. XII, 55; Athcn. X, p. 454 c; Amm. Slarc. XXII, 8, 1025, 31 ; Ad Od.p. 1851, 33 ; 1915, 3t. — «Ovid. El l'oulo. 1,2,21. — 1« Honum,
37; cf. Or. Met. XI, 229; Millin, Monuin. ined. 1, p. 15; Ant. nich, Dût. des ined. dell' Inst. arch., 1851, pl. xxvm.
ARC — 390 — ARC
au sujet de laquelle les explications ont varié, mais elle et sur des monnaies de Thasos (fig. 477), d'Olbia !t, etc.
ne se comprend bien que si l'on a sous les yeux la forme Les archers portaient l'arc au repos, soit attaché en
de l'arc scythe, qui est celui dont parlent Homère et aussi dehors du carquois [l'nAnETiu], qui contenait les flèches:
Hérodote 17 ; celui que l'on voit en effet dans les mains des c'est ainsi qu'Apollon est dépeint au commencement de
archers scylhes, et dans celles d'Hercule, tout au moins l'Iliade **, et qu'il est figuré sur un vase grec d'où est tirée
lorsqu'on le représente avec l'arc qu'il avait reçu d'un ber la figure 478"; soit dans un étui séparé, proprement
ger de la même nation '•; et si, d'autre part, on a égard à appelé to;oOtîx»i, YwpuTo'ç, corytus dont on a trouvé dans
l'emploi que les écrivains qui se sont occupés des machines
de guerre, ont fait par la suite du mot t^aiv-tovo; en l'oppo
sant à eùOûtovo;. Sans entrer ici dans des développements qui
seront ailleurs mieux placés [tormknta], nous dirons que,
par ces deux mots, ils ont distingué les machines qui lan
çaient des projectiles au moyen d'une torsion simple et
normale, et celles qui les lançaient par une torsion inverse,
c'est-a-dire opposée à la direction des bras de
l'arc. Dans ce sens, le mot TraXîvtovoç s'applique
bien à l'arc scythe, dont les bras ou cornes,
quand il n'est pas tendu, sont dirigés dans le
môme sens que le dos de l'arme; pour le bander Fig." 478. Arc attaché au carquois. Fig. 479. Arc dans le carquois.
il faut les ramener dans le sens opposé à leur
courbure". Mais l'emploi de cette épithète dis- les tombeaux des rois barbares du Pont de magnifiques
tinctive suppose que les mêmes auteurs con modèles, travaillés par des mains grecques M ; d'autres
naissaient des arcs d'une forme différente : nous fois encore, l'étui formant une double gaine renfermait
savons en effet que plusieurs peuples en possé l'arc à côté des flèches : on en voit de semblables dans
daient qui étaient faits, non de corne, mais de plusieurs bas-reliefs (fig. 479) 3C.
canne, de palmier ou d'autres bois flexibles !0, Nous avons dit que l'arc fut dédaigné de bonne heure
et les monuments nous offrent des exemples comme arme de guerre, non que l'on méconnût les ser
Fig. 475. d'arcs décrivant une courbe simple, plus ou vices qu'il pouvait rendre, car on employa toujours les
Arc droit.
moins allongée, et quelquefois presque entière archers étrangers, niais parce qu'on estimait peu une arme
ment droits (fig. -475), placés dans les mains de dieux ou qui permettait de frapper de loin et en se tenant à l'abri *';
de personnages grecs". toutefois on ne cessa jamais de s'en servir à la chasse ou
Pour tirer, on saisissait l'arc de la main gauche par le de s'y exercer pour son plaisir", ou pour développer les for
milieu (tit^uç), et après avoir placé la coche (y'u^c) de la ces du corps. Un vase peint du musée de Naples (fig. 480jS5,
flèche sur la corde, on amenait celle-ci vers la poitrine en
la tendant assez pour que la pointe du trait touchât l'arc 2!.
Les monuments nous montrent l'archer au moment
du tir, tantôt debout, la jambe gauche portée en avant,
comme on voit fré
quemment, par exem
ple, Apollon et Diane,
et, dans la figure 47(5, un
auxiliaire barbare de
l'armée romaine13; tan
tôt un genou en terre,

Fig. 480. Exercice de l'arc.


montre trois éphèbes tirant de l'arc, devant une colonne
au haut de laquelle un coq est placé comme but. Platon "
recommandait le tir à l'arc pour les deux sexes, dès l'âge
de six ans, et voulait qu'on habituât les enfants à se servir
indifféremment des deux mains. Il y avait à Athènes des
Fig. 476. Archer tirant. Fig. 477. Monnaie de Thasos. maîtres qui enseignaient le tir à l'arc M. Chez les Crétois
comme Hercule, figuré au fronton du temple d'Egine " cet exercice avait dans l'enseignement une importance
» Hom. 11. VIII. Î66; X, 459; XV, 443 ; Od. XXI, U et 59 ; Hcrod. VII, 09. and. arts, VI, n. 12, pl. 1 et n ; Clarac, Mus. de se. — M Mionnct, Descr. des mé
— 1» Lvcophr. 56, 917 ; iMiz. Ad Lycopia: 50. — '9 Elut. Ad. II. p. 375, 8 j 7iî, dailles, pl. Lv, n. 5 ; Id. Suppl. t. I, pl. vnr, n. A. Les archers sont souvent ainsi
20; Wex, in Xcitsehr. fur Alicrth. 1839, p. 1161; Wescher, Poliorcét. des représentés, Mon. ined. d. Inst. IV, pl. lit; Élite céram. III, pl. 55, 57 ; Gerhard,
Grecs, p. 87 et >. — *> Herod. VII, 64 et s. ; Pullui, 1, 244 ; Virg. Georg. II, 418 ; Auserl. Vus. t. I. pl. 43, etc. — 56 1, 44. — f Élite ccramogr. II, pl. vi; Mon. d. Inst.
Plut. Crass. 24 ; Eust. /. I. — »1 Annal, dcl. Inst. arch. 1830, pl. n ; Mon. ined. I, 1, pl. xlvi ; LV ; Tixcbbcin, IV, pl. un, etc.— Hom. Od. Eust. p. 1S46, 19; 1898, 51,
pl. ii ; Ékte des mon. céramogr. t. III, pl. 10, 12. 24, ï0, 36. 44, 56, 58, etc., 58 ; Scrv, Ad Aen. X, 169. — » Anliq. du Bosph. Cimmcrien, pl. IITI, 2.-5» Mus.
et voy. plus lias, fig. 4S.0. — M Hom. 11. IV, 142 et s. — » Bellori, Columna il. Aur. Pio-Clem. t. IV, pl. xLin; voy. aussi Zoëga, Bassiril. ant. 11, pl. xcvm ; Gerhard, Ant.
Antonin.fi. 27. Clarac-. Mus. dcsculpt. t. IV, pl. 286, n. 11214 ; pl. 564 c, n. 1218 c; Bildwcrke, cuil. — SI Cette idée est déj î indiquée dans Homère, II. VIII, 266 et s. ; IX,
Mus. Ilorb. t. VI, pl.min, t. VIII, pl. li ; Élite cérmn. II, pl. cliiii ; Mon. d. Inst. 319 et s.; XI, 385; XXI, 481 et s. — " plut. Alex. 23; Suet. Domit. 19; Dio Cass. LXXU,
I, pl. xxn, xxiil, etc. ; Specim. of anc. coins of M. Grecia, pl. xvm ; Ant. du Bot- 18 ; Uerodian. 1, 15, 1 et s.; Anth. l'ai. VI, 331 . — » Mus. Borb. VII, 41 ; Hevdenunn,
p/iore, pl. xx, 6,elc.; cf Stcphuni, Apollo Doedromios. p. 18 et s. — «k Doux guer Muï.ni'hu. n.922; Inghirami, \'as. ; Thcophr. Char. XXVII, 69. — sv />j. VI, p. 794c;
riers sont figurés dans la même posture sur l'autre fronton, f.ockcrell, Jown. of se. 795 b; VII, p. 813 c; 814 a; VIII, p. 384 d e. - J5 Dittonbergcr, Iîpheb. ait. p. 54.
ARC — 391 — ARC
particulière M. Des inscriptions font connaître des con Ces monuments d'une exécution complexe durent être
cours d'arc qui avaient lieu dans l'île de Céos"; d'autres presque toujours élevés en souvenir du triomphe plutôt que
aussi dans l'île de Sestos M. E. Saglio. pour le triomphe même. Il est certain aussi que des arcs
II. arcus, en architecture, exprime la forme cintrée d'une furent élevés en commémoration de victoires qui n'avaient
voûte ; de là le sens que nous donnons en français aux pas été suivies d'un triomphe. Ainsi, L. Stertinius *, en
mots arc, arceau, arche, arcade, arcalure. Mais, pour les l'année 556 de Rome (196 av. J.-C), après ses victoires sur
Romains, ce fut plutôt, à l'origine, une expression figurée les Espagnols, fit construire avec le butin fait sur eux, et
et môme poétique, le terme propre et ancien pour dési sans avoir eu les honneurs du triomphe, deux arcs, l'un
gner ce système de construction étant formx l. Dans la dans le forum boarium et l'autre près du grand cirque ;
langue courante, le substantif arcus s'associa surtout à sur ces arcs étaient des statues dorées. Tite-Live les appelle
l'adjectif triumphalis, et devint le nom particulier des formées. C'est l'expression que l'on trouve le plus ancien
édifices à ouverture cintrée du genre des arcs de triomphe nement employée.
[arcus triumphalis]. A la longue, cependant, il prit un On a cru, à tort, voir dans un passage de Pline *, où il
sens plus technique et plus général, comme on peut en n'en est nullement question, qu'il attribuait cette inven
juger par les dérivés arcuationes, arcuatum opus, qui sont tion aux Grecs ; on ne connaît d'ailleurs aucune ruine ni
employés à propos du système d'arcades des aqueducs s aucun texte précis qui confirme cette allégation. L'archéo
[aouaeductus]. La signification d'arcus, plus restreinte logie moderne voit dans la coutume du triomphe un des
toutefois que celle de fornix, ne paraît jamais s'appliquer nombreux emprunts faits par les Romains aux traditions
qu'à des voûtes de peu de profondeur. Une inscription étrusques; mais si nous connaissons des portes monu
latine ' parle d'un arc et d'un candélabre consacrés à Ju- mentales étrusques, nous ne connaissons pas d'arcs de
non, arcum et candelabrum Junoni. Il s'agit probablement, triomphe véritables qui appartiennent à cette nation. C'est
dans ce cas, d'une sorte de niche cintrée, où l'on plaçait donc un monument essentiellement romain, et dont la
des ex-voto. La fig. 481 reproduit, d'après un exemple composition parcourt, entre les limites du développement
de l'art romain, toutes ses phases de style, depuis la sim
plicité primitive jusqu'à l'exagération de la magnificence.
L'origine de ces monuments est évidemment dans les
décorations provisoires qui se faisaient pour la cérémonie
même, soit à une porte de la ville, soit à des arcs figurés
par des constructions légères en bois Tout ce qui pouvait
rappeler la gloire de la dernière guerre figurait dans cette
décoration, trophées d'armes réellement prises sur l'en
nemi, tableaux, peut-être des prisonniers enchaînés au
monument, et surtout l'inscription à la louange du triom
phateur. Les arcs de triomphe en construction durable
ne sont autre chose que cette tradition consacrée par l'ar
chitecture : aussi ont-ils tous des données communes, tous
présentent le caractère d'une porte pratiquée, non dans
un mur, mais dans une construction qui semble une tran
che d'un mur; tout l'effet est concentré sur les façades,
tandis que les façades latérales, quelque peu indécises de
parti pris, ont moins d'intérêt. L'arc lui-même est une
large baie plein cintre, couverte comme une simple porte
par une voûte en berceau ; au-dessus, dans un attique, est
l'inscription honorifique, la dédicace ; au sommet, la statue
du triomphateur, d'abord à cheval comme le montrent les
plus anciennes médailles plus tard dans un char. L'arc fut
toujours décoré de colonnes, soit engagées, soit dégagées,
supportant l'entablement plus ou moins riche. Enfin,
selon sa disposition, le monument reçut des sculptures
Fig. 481. Autel sous un arc. diversement combinées, trophées, prisonniers, armes de
l'ennemi. Ces sculptures sont toujours spéciales au mo
découvert à Pompéi, une grande niche de ce genre, sous nument et à la guerre qu'il rappelle, et offrent une mine
laquelle est un autel *. L. Heuzey. précieuse de renseignements pour l'archéologie.
III. Arc de triomphe, monument d'un caractère com- Si l'esprit qui a présidé à la composition des arcs de
mémoratif, ordinairement élevé pour perpétuer le souvenir triomphe romains est toujours le même, il existe dans
de la cérémonie du triomphe. Si quelques triomphateurs leurs formes des variétés sensibles. Et ici, il convient de
purent réellement passer sous l'arc élevé pour eux, il est bien remarquer que plusieurs monuments très-analogues
permis de supposer, à raison des longs délais qui précé de forme aux arcs de triomphe, et qui sont commu
daient leur entrée solennelle, que ce fut là une exception. nément désignés ainsi, furent en réalité soit de simples
M Plat. Leg. I, p. 625 d ; VIII, p. 434 et.-" Bôckh, Corp. inscr. gr. 2300. H, pl ti ; Rein, in Pauly's Rcalencyclop. 1. I, 2» éd. p. 1487.
— &HmniM, t. VII, p. 137 et s. ARCUS— III. 1 T.-Liv. XXXVIII, 27. — * Hist.nat., XXXIV, 12. — 5 Rosinus, An!,
AHCU8.— II. » OiM.Metam. III, 159; Juiren. Sat. III, II. — » Frontin. Aquaed. rom. I, X ; Oaristic, Mon. antiq. d'Ormige, p. 1 et 2. — * Bcllori, Arcus Augustor. pl.
13 et 121 ; Plin. Epist. X, 46. — 3 Orelli-Hcnzen, 6134. — *Mazois, /luines de Pompéi, lu ; OonMxm,Archit.nuiirismatù:a, LIV-LIX, p. 205 et s.; Plia. But. nat. XXXI V, 11).
ARC — 392 — ARC
portes, soit des monuments commémoratifs élevés en de peut faire préjuger le type des anciens arcs de triomphe,
hors de toute occasion triomphale : ce sont des portes qu'indiquent aussi des médailles. Celle que reproduit la
de ville, comme à Fano ou à Autun ; des arcs à quatre figure 484 a été frappée sous Auguste, en l'an 18 av. J.-G. :
portes en croix, comme l'arc de Janus quadrifrons à Rome elle est destinée à rappe
[jahds, porta] ; des arcs pratiqués pour le passage d'un ler les enseignes perdues
aqueduc, comme la porte Saint-Laurent ou la porte Ma par Crassus et Antoine, et
jeure à Rome (fig. 400, 401, p. 341). L'arc d'Auguste à Ri- rendues à Auguste par les
mini fut élevé en mémoire de l'achèvement de la voie Parthes. L'arc de Rimini
Flaminia, comme l'atteste son inscription 5 ; celui de Tra- présente d'ailleurs d'une
jan àAneône rappelle le rétablissement du port de cette façon saisissante la dé
ville par lui, et les noms de sa femme Plotina et de sa monstration de l'origine
sœur Marciana, déjà .morte alors (comme l'indique le probable de ces monu
mot diva), y sont associés à ceux de Trajan ; cette desti ments : toute sa partie ar
nation est établie par l'inscription môme. Quelques-uns chitecturale est positive
furent élevés par l'adulation d'un particulier, comme celui ment une décoration appli Fig. 484. Médaille d'Auguste.
de Galion à Rome, ou d'une corporation, comme le petit quée à un mur, un véritable
monument appelé à tort arc des orfèvres ou argentiers, encadrement de porte, surmonté d'une inscription en atti-
puisque sa forme est celle d'une baie rectangulaire 6 et que (il est à peine besoin de dire d'ailleurs que le mur en
non d'une arcade. brique, avec créneaux, qui le surmonte, est du moyen-âge).
Mais ces monuments, malgré la différence do destina L'arc do Trajan à Ancône, attribué au célèbre Apollodore
tion , présentent de nom do Damas8, est aussi un monument précieux, d'une belle
breuses analogies de forme étude, et qui de plus est dans un état de rare conservation.
avec les arcs de triomphe, et Les arcs de triomphe proprement dits sont nombreux
peuvent au besoin être con en Italie ; les plus anciens sont aussi les plus simples ; ce
sultés avec fruit pour la res pendant, Quatremère de Quincy exagère évidemment lors
tauration des parties dé qu'il dit 9 « que les premiers monuments de ce genre
truites de ces derniers. L'arc • furent de simples arcs ayant de chaque côté une colonne
Fig. 482. Plan de l'arc de Rimini.
de Rimini 7, notamment, est sans stylobate, surmontée d'une simple plate-bande pour
à tous égards un des monuments les plus précieux du tout entablement. » Il cite à l'appui de celte conjecture
les médailles antiques; mais quiconque a comparé les
médailles aux monuments qui nous restent de l'antiquité,
sait combien elles sont infidèles et combien elles simpli
fient les compositions : or, si l'on ajoutait tant de foi aux
médailles, il faudrait supposer cette rusticité à des mo
numents contemporains du tabulabium romain ou des
temples de Préneste, ce qui est vraiment inadmissible.
Quoi qu'il en soit, il ne subsiste aujourd'hui rien des arcs
de triomphe qui furent élevés sous la république. Cepen
dant des fouilles assez récentes ont mis à jour les traces
d'un monument, que l'on peut considérer comme étant
l'arc des Fabiens l0.
L'arc d'Auguste à Suse " est un des plus simples : l'ar
cade y est pratiquée dans une construction dont le plan
rectangulaire est arrêté par quatre colonnes d'angle en
gagées ; l'entablement porte d'une colonne à l'autre ; c'est
de tout point l'architecture d'arcades à colonnes engagées
que nous trouvons dans les monuments romains de cette
époque. Celui d'Auguste à Aosta12 (Augusta Pretoria) est
curieux par son entablement dorique à triglyphes sur des
colonnes corinthiennes; on a supposé d'ailleurs qu'il avait
pu être remanié. Il en serait certainement de même de
celui dePola, s'il fallait l'attribuer à l'époque d'Auguste",
ce que démentent trop ses colonnes accouplées et le goût
corrompu de tous ses détails. A Rome, l'arc de Drusus
Fig. 483. Arc d'Auguste, à
(Claudius Drusus fiermanicus, père de Claude) est, comme
siècle d'Auguste ; son architecture est d'un très-beau style celui de Rimini, pratiqué dans un mur continu"; dans son
(lig. 483); le soubassement, l'archivolte, l'entablement altiquc, on fit passer l'aqueduc qui alimentait les thermes
sont remarquables ; et, au point de vue archéologique, il de Caracalla. Cet arc est très-ruiné, cependant on y voit
5 Orclli-IIcnzcn, n. 5630. — 6 Voir pour es monuments, les ouvrages de Canina, XIII, p. 116 et s. — 8 L'arco eretto a Nerva Trajano nel porto d'Ancona, 1731;
Ilcllori, Caristie, Pirancsi, etc., cités à la bibliographie. — ' Borghesi, Sopra due Cailliabaud, Monum. anciens et modernes, I, Arcs de triomphe; Canina, Op. I. I.
medagiie di Augustn rapprit, l'arco di Rimini, 1813 -, Brîgbenti, Ilhutr. dell' arco p. 201, tav. clxxxix. — 9 Dictionn. d'archit. Arcs de triomphe. — 10 Ann. dell'
diAug.in Rimini, 1S25 ; Cauinn, Arch. rom. II; Descr. dei monum. p. 200, tav. Inst. arch. 1859, p. 307. — Il Canina, p. 199, tav. omir, — " Canina, p. 200.
clxxxvii; Nardi, Descriz. deli arco di Aug. etc. di Rimini, 1*13; Caristie, Arc tav. clxxxy. — 13 Quatremère de Quine-y, /. c. ; Canina, p. 200, tav. clxxxti. — H Nibûy,
d'Orange, pl, xxvn, 6 ; W. Clnrke, SuW arco di Rimini, etc., Annali dei. Inst. arch. dans N'ardini, Roma antica, p. 155.
ARC

encore en place des colonnes dégagées avec des amorces impostes de la voûte. Ces bas-reliefs représentent, l'un
d'entablements profilants, ce qui devint plus tard la pra la Victoire couronnant Titus dans un quadrige, l'autre le
tique constante. défilé des dépouilles triomphales, notamment du fameux
L'arc de Titus 15 (fig. 485, 486), élevé en mémoire de la chandelier à sept branches de Jérusalem ; ce sont des
prise de Jérusalem, au pied du Palatin, à l'endroit dit som chefs-d'œuvre de l'art antique (voy. les figures au mot
ma sacra via, est considéré à juste titre par les architectes tril'mphus). Rien n'indique quelles étaient les sculptures
comme le plus élégant des arcs de triomphe, et présente la qui couronnaient l'édifice, niais le bas-relief dont nous ve
solution la plus typique du nons do parler donne à présumer que ce devait être un
programme. Une seule ar quadrige (comme on le voit restitué dans la figure). L'arc
cade d'une belle proportion de Titus fut élevé après la mort de cet empereur, comme
est accompagnée de deux en témoignent le mot divo dans l'inscription, et la sculp
!Y-—
colonnes engagées d'ordre ture qui représente son apothéose dans le caisson central
composite ; l'entablement de la voûte.
Fig. 485. Plan de l'arc de Titus. s'avance au- dessus de l'arc de L'arc de Trajan à Bénévent 18 est composé dans le même
la saillie môme des colonnes, parti que celui de Titus, sauf qu'il est décoré d'un plus grand
et l'architrave est soutenue au milieu de sa portée par une nombre de sculptures ; ces sculptures sont remarquables.
On en voit entre les colonnes latérales et dans l'attique de
chaque côté de l'inscription. Un autre arc de Trajan, à
Rome, est détruit; on peut seulement en conjecturer le
parti d'après une médaille ". De l'arc de Marc-Aurèle, il
ne reste que des fragments, réunis surtout au Capitole '*.
Avec l'arc de Septime-Sévôre 19, élevé sur la Voie sacrée
au pied du Capilole, en l'honneur de cet empereur et
de ses fils après la victoire remportée sur les Parthes,
les Arabes et les Adiabéniques, commencent pour nous
les arcs à trois portes, une grande arcade et deux petites.
Chaque façade est décorée de quatre colonnes dégagées,
au-dessus desquelles l'entablement profile. Les proportions
générales en sont fort belles, l'attique surtout, dont une
grande inscription occupe toute la longueur; mais la
conséquence de cette disposition est que les colonnes
ne pouvaient être couronnées de statues ; des trous de
scellement permettent seulement de supposer qu'elles
supportaient quelques bronzes peu élevés, soit des aigles,
soit de petits trophées. Le style du monument sent déjà
la décadence, surtout dans ses sculptures petites et mul
tipliées, qui sont répandues jusque sur les piédestaux.
Une disposition particulière à cet arc est la communica
tion entre les trois passages.
L'arc de Constantin*0, élevé après sa victoire surMaxence,
est situé entre le Palatin et le Colisée, et est aussi à trois
portes. La composition en est belle (fig. 487, 488); mais
cet arc offre un exemple frappant de l'impuissance du bas-

Fig. 486. Arc de Titus, à Rome.

magnifique clef sculptée. De chaque côté, des espaces solides


et sans sculptures complètent le massif; aux quatre angles
étaient des colonnes engagées, sur lesquelles profilait l'en
tablement. Un altique élevé couronne le monument et suit
dans son plan les développements de l'entablement. Le
milieu en est occupé par une belle inscription; l'intérieur
de cet attique forme une chambre voûtée, où l'on accède Fig. 437. Plan de l'are Ht Constantin.
par un escalier dont le départ est au-dessus du piédestal
de l'ordre. Cet arc, d'une belle étude d'architecture, est empire, réduit à dépouiller les beaux monuments anté
de plus très-remarquable par ses sculptures, victoires et rieurs pour en élever de nouveaux avec leurs fragments.
frises des façades, et surtout par les grands bas-reliefs En effet, les colonnes, les entablements, et presque toutes
qui décorent le passage mémo de l'arc au-dessous des les sculptures, notamment les grands bas-reliefs du pas-

•I Canina, p. 201, tav, cLxxxvili ; Bellori, pl. iii-vin ; Dcsgodelz, Les éitf. anl. lav. cicm ; Cailhabaud, I, Arcs de triomphe ; Desgodetz, p. 193, pl. i-i ; Bellori
de Home, p. 174, pl. i-vjii ; Rc>naud, Traité d'arch. 2* part. pl. l. — ï6 Canina, pl. ix-iiy ; L. Reynaud, Traite d'arch. 2e partie, pl. li ; Caristic, Forum romain.
p. 201, Ut. exc} Gailhabaud, c. I, Arcs de triomphe; J. de Vita, Antitj. Ilcitê- — *0 Canina, p. 204, tav. exevi ; Desgodetz, p. 225, pl. i-ii ; Gailhabaud, l. c.
tmt. p. 253 et si — " Donaldion, C. n» LV1I1. — 18 Bellori, pl. lui» (arcus Bellori, pl. xxui-xlyii; Caristic, Forum romain; Bullet. del. Inst. arch. 1863,
Portugalliae), pl. li-lii. — 1» Suarcsii, Arc. Sept. Sev. Rome, 1570; Canina, p. 202, p. 78 ; VieO. archéol. 1863, II, p. 245.
L 50
ARC - 394 — ARC
sage central, ceux de l'attique, les bas-reliefs circulaires Trajan. Les autres parties de sculpture et d'architecture
au-dessus des petits arcs, et les figures de Daces captifs contrastent par leur laideur avec ces beaux restes. Canina
qui surmontent les colonnes, proviennent d'un arc de veut que ce soit là un arc commencé par Trajan et achevé

Fig. 488. Arc de Constantin à Ruine.


par Constantin, mais cette hypothèse inadmissible n'a mettaient de le supposer de peu antérieur à l'époque de
obtenu aucun crédit. la décadence. 11 a aussi trois portes, les colonnes sont
Nous ne parlerons pas ici de l'arc de Gallien *', ni d'au engagées, y compris celles d'angle, d'où résulte une fai
tres arcs moins importants élevés à Rome sur le Forum et blesse fâcheuse des piles extérieures. On y voit deux at-
sur la Voie sacrée **. tiques superposés. Nous pourrions citer encore divers
En France, il existe plusieurs arcs de triomphe ro arcs de triomphe en Espagne, en Syrie, en Afrique !3.
mains, à Carpentras, à Saint-Rémy, le premier très-petit, Les monuments de ce genre furent prodigués sous les em
ruiné, mais correct, le second plus important, assez ana pereurs romains, et ce n'est que dans les ouvrages d'archi
logue comme parti à celui de Titus ; à Reims, à Ca- tecture qu'on en peut faire une étude complète. Nous ne
vaillon**, etc. ; enfin, l'arc d'Orange" considérable à tous pouvons guère qu'en indiquer le programme dans les li
égards, etqui a soulevé bien des controverses tant qu'on n'a mites de cet article. J. Guadet.
pu lire l'inscription qui en fixe la date à l'an 21 ap. J.-G. ARDANION ('ApSavtov ou àpSâXtov). — Nom donné au
Garistie, qui en a fait une étude spécialè et qui l'a vase d'argile qu'il était d'usage, chez les Grecs, de placer
restauré, le croyait du temps des Antonins; la pro à la porte de la maison où un mort était exposé, afin que
fusion de ses sculptures, l'arrangement bizarre de ses l'on pût y puiser, en sortant, l'eau nécessaire pour se pu
frontons sur les faces latérales, le goût des détails, per- rifier '. Il serait inutile de chercher à en déterminer la
Nardini, Rom. ant. 11, p. 42. — » De Bossi, Amali d. luit. arch. 1859, p. 307 et antiques de Home, Borna, 1822 ; Pirancsi, Vues de Home ; Bossini, Gli archi trionfali
s. ; Drunn, Ib. 18t9 et .Von. ined. V, pl. vu ; Biïcheler, Hhcinisches Muséum, XVIII, d. ant. Jlomani, Borna, 1S37; Gailhabaud. Monum. anc. et modernes, l, Paris, 1850 ;
p. 444 On peut voir aussi la liste des arcs, au nombre de onze, donnée par le litre des Batissier, Hist. de l'art monumental, Paris, 1845 ; Caristic, Plan et coupe du forum
Mirnbilia Romae ; cf. Jordan, Topographie der Stadt /loin, II, p. 411, 608, Berl. 1871. romain, Paris, 1821; Id. Monum. antiques d'Orange, Paris, 1856 ; Magasin pit
— -3Caristie,A/o/f. ant. d'Orange, parallèle; Magasin pittoresque, t. VII, p. 166. — toresque, t. II, III, IV, VII, XI; L. Beynaud, Traité darchitecture,T&Tisi, 1650-5S ;(jua-
»l Caristic,/. c. ; de Saulcy. lien. arch. t. XIV, n. 5, 1866, p. 311. — « Voy. ceux de tremère de Quincy, Dictionnaire d'architecture. Paris, 1 832 ; Vasi, Itinéraire de Home
ftjcmilah (Algérie) et de Palmyre daus le Magasin pittoresque, LU, 68, 69-11 , 140,142. à Naples ,*Nibby, Itinéraire de Home, Borne, 1855; VonMson, Portesmonumcntalcs
— Bibliographie. Durand, Hccuetl i:t parallèle d'édifices de tout genre, Pans, an VIII ; de la Grèce et de l'Italie, Paris, 1850; Id. Archit. numismatica, Lond. 1859.
Canina, L'Architeltura romana. II, p. 676 et s.; III, p. 473 et s.; Bellori, Yeteres AHDAMON. 1 rollut, VI, 66; Hesych. éjiavia; Bekker, Anccd. graeca, 440,
arcus Augutlorum triumphis insignes, Borne, 1 090, et 1824 j Desgodeti, Les édifices 30; Aristoph. Eccl. 10)3; Eur. Aie. 99.
ARE — 395 — ARE
forme ; car on prenait, à ce qu'il semble, pour cet office éteinte. Vitruvé consacre un chapitre tout entier de son
un vase quelconque, ou même un fragment de vase. Le livre 1 au sable, à ses différentes qualités et au moyen de
nom ne paraît avoir proprement désigné que la panse et les reconnaître. Il distingue quatre espèces de sable fos
le pied d'un pot de terre *. sile, d'après leur couleur : le noir (nigra), le blanc {cana),
On l'appliquait aussi à des vases servant à faire boire les le rouge (rubra) et le brûlé (carbunculm). Le sable fossile,
bestiaux. E. S. tant que l'on peut se le procurer, doit être préféré, dit-il,
AREA. — Tout espace découvert dépourvu de construc au sable fluvial et surtout au sable marin, sauf pour les
tions l, tel qu'une place, une promenade, un marché crépis, qui sont plus solides quand on emploie le sable de
le parvis, le circuit d'un temple, d'un tombeau ou de tout rivière. Pline 'ne distingue que trois espèces de sable : le
autre édifice [templum, sepulcrum]; une cour extérieure ou fossile, auquel on doit mélanger un quart de chaux, le flu
intérieure [domus] ; une aire pour dépiquer le blé [rusti- vial et le marin, auxquels il faut en ajouter un tiers.
ca res] ; l'arène d'un cirque ou d'un hippodrome [circus, Le sable fossile, noir, blanc ou rouge, préféré par Vi
hippodromus], les planches ou plates-bandes d'un jardin truvé, est probablement la pouzzolane, excellente pour les
potager ou d'un parterre de fleurs [hortus], ou même un fondations et les travaux hydrauliques, qu'on emploie au
terrain vide et propre à bâtir '. jourd'hui encore, à peu près exclusivement, à Rome, où
Harea des monuments, des temples, des palais était manque le bon sable de rivière. Sa couleur varie suivant
parfois entourée de portiques, ornée de statues ou plantée la profondeur de la fouille ; on la trouve surtout à l'est et
d'arbres. Elle portait des noms de divinités ou des qua au midi dans la campagne de Rome, où l'ont répandue les
lifications se rapportant à l'usage auquel elles étaient con antiques éruptions du mont Albin, aujourd'hui Monte
sacrées, h'area de Vulcain, ou Vulcanal, servait à des réu Cavo. On la rencontre du reste dans presque toutes les
nions où se traitaient les affaires publiques ; comme elle contrées dont les terrains sont volcaniques. Les idées de
dominait le Forum, c'est de là que, jusqu'après l'époque Vitruve, conformes aux connaissances de son siècle, sur
des Décemvirs, furent adressés les discours au peuple 4. l'origine des propriétés de la pouzzolane, l'ont empêché
Les fragments du plan antique de Rome gravé sur mar de donner au sable fossile de Rome le même nom qu'au
bre, recueillis dans l'escalier du Capitole, offrent cinq sable fossile des environs du Vésuve, tout à fait analogue,
areae 5 : Yarea Valeriana, située dans la 9° région ; Yarea auquel il consacre également un chapitre3, sous le nom de
Pollucis ; Yarea pannaria ou radicaria ou place aux racines, pulvis puteolanus. Dans le mortier des anciens monuments
située dans la 12° région ; Yarea Apollinis et Yarea Mercuriï. de Rome on reconnaît deux espèces de pouzzolane, la
Nous reproduisons deux de ces fragments (fig. 489, 490) ; noire et la rouge. C'est dans les antiques carrières de
pouzzolane des environs de Rome que les premiers chré
tiens établirent leurs refuges ou Catacombes, qui ont été
appelées aussi par cette raison arenariae.
Quant au carbunculm, Vitruve, à la fin de son chapitre
sur la pouzzolane, nous dit que cette espèce de sable, dont
la consistance est moindre que celle du tuf et plus solide que
celle de la terre, provenait d'Étrurie, où il avait été pro
duit par des vapeurs brûlantes s'exhalant de l'intérieur de
la terre. Dans la Campanie, dit-il, la terre brûlée devient
cendre, et en Étrurie les roches brûlées produisent le car-
bunculus.
Fig. 489. Fragment du plan antique de Rome. arena. — L'arène d'un amphithéâtre [amphitheatrum].
Ed. Guillaume.
on voit dans Yarea d'Apollon un autel auquel on arrive de ARENARII. — Les inscriptions font connaître des are-
deux côtés par des marches. narii réunis en collèges ; mais on ne sait pas bien s'il
D'autres areae tiraient leur nom du voisinage d'un faut entendre sous ce nom des ouvriers occupés à ra
temple, comme Yarea Concordiae, située masser le sable ou des hommes employés dans le cir
/ ' "^"^Y Prcs du temple de la Concorde e, ou d'un que et l'amphithéâtre à nettoyer l'arène *, ou enfin une
yREÂ. ArOi paiaiSj comme Yarea palatina, située sur des sortes d'acteurs qui figuraient dans les jeux, comme
^^v^ % ^e mont Palatin, entre l'habitation les lanistae, les venatores, etc., à côté de qui on les trouve
d'Auguste et celle de Néron ; c'était une nommés ' [circus]. E. S.
Fig. 490. grande cour entourée de portiques dont AREOPAGUS (ô "Apsioç toxyoç). — Nous donnons aujour
les traces subsistent aujourd'hui Là d'hui le nom d'Aréopage au conseil ou tribunal le plus il
s'assemblait la foule des visiteurs avant d'être introduite lustre et le plus ancien que nous offre l'histoire d'Athènes.
dans le palais 8 [salutatio]. E. Guillaume. Hésychius nous dit, en effet, que l'aréopage est un tribunal
ARENA, sable. — Les Romains employaient comme athénien : "Apsto; ■Kifoe,- lv 'Aô^vat; S(xa<7TT^ptov,. Cependant,
nous le sable pour faire le mortier, en le mêlant, en pro pour la plupart des auteurs anciens, l'aréopage était, non
portions variables suivant sa nature, avec de la chaux pas le tribunal, mais la colline, située en face de l'Acropole*,
> Hesych. I. I. ; Suid. ifSivwv et TouffTpaxov ; Eust. Ad II. p. 707, 35- Annal, d. Inst. arch. 1865, p. 355 et s. ; Rev. archéol. — » GeU. XX, 1, 2.
ARKA. 1 Varro, De ling. lat. V, 38 : « loca pura » ; Paul. Diac. « locus vacuus>; Dig. ARENA. 1 II, 4. — » But. nat. XXXVI, 54, 55. — » II, 6.
L, 16, 211 «locus sine aediflcio» ; lsid. XV, 13.— s Vitr. I, 7, 1 ; Hor. Od. I, 9, 18 ; AHEIS'ARII. i Muratori, p. 511, 3. — * Orelli-Hcnzcn, 2773, 4063. — » Tertull.
Mommsen, line. lat. ont. 1147. — S Cic. Ad Ait. IV, 1 ; Tit.-I.iY. IV, 16 ; Hor. Ep. De spect. 22; Capitol. Ant. Phil. 19; Petron. Sal. 126; Dig. XXII, 5, 21, g 2;
I, 10, 13 ; Mommsen, J. /. 577. — * Dion. Hal. II, p. 114 ; VI, p. 392 ; VII, p. 431 ; XXXVI, 1, 5 ; XXXVIII, 1, 38 ; Rein in Pauly'» Realencycl. I, 2' éd. ». r.
XI, p. 719 ; Gell. IV, 5 ; Tit.-Li». IX, 46 ; XL, 19. — » Bellori, Fragm. vestig. vet. AREOPAGUS. 1 Hesych. éd. Albcrti, I, p. 522 ; cf. Paus. IV, 5, g 1, et Suidas
Rornae, 1673 ; Canina, Arch. rom. tav. l. — • Tit.-LiT. XXXIX, 56; XL, (9. h.v. — i Herodot. VIII, 51.
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sur laquelle ce tribunal tenait habituellement ses séances, et Messène; les Messéniens offrirent de soumettre le dif
et les textes classiques qui mentionnent la compagnie des férend à l'aréopage d'Athènes, qui, depuis longtemps,
aréopagites disent toujours, non pas 6 "Apato; «eqroç, mais jugeait les causes de meurtre Enfin, dans une loi de
bien : f, Èv ApEt'to Tt<xyui (JouX^ s, ^ Apsîou mx-fou pouXr] 4, tb Èv Solon, que Plutarque a textuellement reproduite comme
'ApEt'w Ttafi;) ffuvïSpiov 8, t\ Èv 'Apeiw T.âyi>> otxaatiîptov 6. hostile à son opinion et qu'il essaie vainement de concilier
Il serait sans utilité pour nous de discuter les opinions avec elle, il est parlé de citoyens d'Athènes condamnés
qui se sont produites sur l'origine de ce nom ô vAp:to; Tcoéyo;. pour meurtre par l'aréopage avant l'archontat de Solon".
Faut-il croire que la colline athénienne dut son nom à Nous allons exposer rapidement l'histoire de l'aréopage
Mars ('Apïiî), soit parce que les Amazones, lorsqu'elles et indiquer ses principales attributions, en distinguant
s'emparèrent d'Athènes, sous le règne de Thésée, offrirent plusieurs périodes dans son histoire et en rapportant aussi
sur cette colline un sacrifice à leur père Arès 7; soit parce exactement que possible à chacune d'elles les témoignages
que ce fut là que Mars, poursuivi comme meurtrier du fils qui nous sont parvenus î3.
de Neptune, comparut devant le tribunal des douze I. L'aukopage avant Solon. — Les historiens, qui ont
Dieux 8 ? Vaut-il mieux admettre que le nom d'aréopage est voulu décrire avec détails l'organisation et les attributions
venu de ce que cette colline était affectée au jugement des de l'aréopage avant Solon, ont été réduits à proposer de
homicides : àpEtoç, id est oovcxôç Tca-fo; 8? L'aréopage était-il simples conjectures. Ce qui paraît le plus vraisemblable,
la colline maudite, dévouée aux Dieux infernaux, ô àpeeïoç c'est que l'aréopage était un sénat exclusivement composé
wfyoï 10 ? Nous nous bornons à poser ces questions, sans d'Eupatrides, représentant l'ancien conseil des vieillards,
essayer de les résoudre. qui fonctionnait encore au temps d'Homère. Il éclaira de
Les origines du sénat de l'aréopage se perdent dans la ses avis, dans les circonstances graves, les rois d'abord et
nuit des temps. D'après Eschyle, il aurait été établi par plus tard les archontes. Quand les pouvoirs de l'archontat
Minerve, sous le règne de Démophon, douzième roi d'A furent réduits et que les archontes devinrent responsables,
thènes, pour le jugement d'Oreste ", et la déesse l'aurait ce fut sans doute l'aréopage qui leur demanda des comptes.
composé de jurés pris parmi les citoyens d'Athènes ,a, en Depuis un temps immémorial, il jugeait les homicides en
souvenir probablement des douze dieux qui avaient siégé dehors de l'Acropole, la ville primitive, pour ne pas souiller
pour le jugement de Mars D'autres prétendaient même la cité par la présence maudite du meurtrier. Il se réunis
qu'il avait jugé Céphale, meurtrier de Procris, fille d'E- sait sur la colline de Mars, et, dans ses jugements, il n'ad
rechthée II, sixième roi d'Athènes, et Dédale, meurtrier de mettait ni excuse ni justification. Pour soustraire les
Talos; ils reportaient donc l'institution de l'aréopage aux homicides à des décisions impitoyables, pour mitiger la
siècles qui précédèrent le règne de Thésée condamnation par l'admission de circonstances atténuan
Il est vrai que, au début de l'ère actuelle, cette haute an tes, il fallut créer de nouveaux tribunaux, le Palladium, le
tiquité n'était plus admise. Cicéron prétend que l'aréopage Delphinium, le Prytanéium. Il y avait, en effet, sur la colline
fut établi par Solon : « Primum constituit arcopagitas » de l'Aréopage un autel élevé à l'àvouSeï*, à l'implacabilité.
C'est aussi l'avis de Plutarque et de la plupart des histo On admet généralement que Dracon dépouilla l'aréopage
riens qu'il a pu consulter ,a. L'argument principal que l'on du droit de juger les homicides et le transporta à de nou
invoquait en ce sens était le silence absolu gardé par les veaux magistrats, les Éphètes s*. L'aréopage aurait donc
lois de Dracon sur les aréopagites : « Dracon ne les nomme été réduit par Dracon à ses attributions politiques. Mais
jamais ; toutes les fois même qu'il s'occupe des crimes ca cette opinion, malgré l'appui qu'elle peut trouver dans un
pitaux, il parle des Éphètes. » texte de Pollux ne nous paraît pas exacte. Il est impos
Nous croyons, avec M. Grote et presque tous les moder sible que Dracon ait enlevé au sénat une prérogative qui
nes, que l'aréopage existait longtemps avant Solon. « C'est se rattachait à d'anciennes traditions religieuses. Eschyle,
une institution primitive, d'une antiquité immémoriale, dans ses Eum&nides, répète plusieurs fois que l'aréopage
bien que sa constitution et ses fonctions aient pu éprouver exerce sa juridiction sur les meurtriers en vertu d'un droit
bien des changements ". » Les preuves abondent dans les divin incontesté. Vainement dit-on, avec Plutarque **, que
auteurs classiques pour démontrer, comme l'a dit Aristote, Dracon, l'auteur des lois sur l'homicide, n'a jamais pro
que Solon se borna à maintenir le conseil de l'aréopage '*. noncé le nom de l'aréopage, qu'il a toujours parlé des
« L'aréopage, dit Démosthène, est le tribunal le plus na Éphètes. On peut répondre d'abord que Dracon ne s'est
tional et le plus auguste de tous ; il existe sur lui une masse pas occupé du meurtre volontaire, qu'il l'a laissé sous l'em
de traditions, dont quelques-unes remontent aux temps pire de la législation antérieure, qu'il s'est borné à régler
fabuleux, et que nous pouvons attester 19. » « Lycurgue, la juridiction des meurtres involontaires et à la confier aux
dit Socrate, imita de son mieux la constitution de nos an nouveaux magistrats w. Nous ajouterons que, à l'époque
cêtres ; il voulut notamment que les membres de son sénat de Dracon, la haute compagnie dont nous parlons ne s'ap
fussent choisis avec le même soin que nos pères appor pelait pas encore le sénat de l'aréopage : -Jj èv 'Apet'w zâyio
taient à la nomination des aréopagites, et il leur donna fiouXï) ; elle s'appelait simplement le sénat, *) (îouXii'. Ce fut
des pouvoirs identiques à ceux qu'il savait résider dans seulement après les réformes de Solon, lorsqu'il y eut dans
l'aréopage w. » En 743, un conflit s'était élevé entre Sparte la république deux sénats, le sénat composé des anciens

S Demosth. C. Neaer. (| 80, 81, 83, R. 1372 et s. — * Aesch. De maie gest. 125. — 11 Bill, de la Grèce, trad. Sadous, t. IV, p. 116. Voy. cependant Lange, Die
leg. § 93, D. 80 ; C. Ctesiph. § 252. D. 142. — » Lycurg. C. Leocr. § 12, D. 3 ; Epheten und der Areopag vor Solon, p. 24 et suiv. — H Politic. II, 9, § 2. —
Dinnrch. C. Demosth. § 112, D. 173; C. Philocl. § 7, D. 179. — 6 Demosth. 19 C. Aristocr. § 65, R. 641. — «0 Panathen. %% 153-154, D. 171. — »l Paus. IV, 5,
C. Aristocr. S 65, R. 611. —^ Acschyl. Eumen. 685 et suiv. — 8 paus. I, 28, S 1 . — *s Sol, 19. — M Sur les dangers auxquels on s'expose, lorsque, écriva sur
§ 5. — » Suid. éd. Bernh. I, p. 709. — lo Dugit, Étude sur l'aréopage, 1867, p. 20. l'aréopage, on emprunte sans distinction des documents à des écrivains de dates fort
— il Aeschyl. Eumen. 683 et suiv. — ix Eod. loc. 4S7. — 13 Dem. C. Aristocr. diverses, voir M. Egçer, Jown. des sac. 1873, p. 334. — *k Schoemann, Attische
R. 641, dit que les dieux eux-mêmes jugèrent Orestc. — 1* Voir les textes cités Process, p. 17; Schelling, De Solonis legibus, p. 18; Perrot, Droit public d'Ath.
par Dugit /. I. p. 22. - » De offir. I. 22, g 75. — M Sol. 1» cf. Pollux, VIII, p. 205. — •» VIII, 125. — M Sol. 19. — « Croie, Hist. de la Grèce, t. IV, p. 25.
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archontes et le sénat des Quatre cents, qu'il devint néces un nouveau mode de vie, l'aréopage usait du droit qui lui
saire de compléter la désignation primitive par l'addition appartenait d'exclure de son sein les membres qui désho
du lieu où l'antique sénat tenait ses séances. noraient la compagnie 39. Pour que le sénat exerçât ce
Ce qui prouve bien que l'aréopage continua de juger les droit, il suffisait d'une faute légère10; Helladius raconte
homicides, c'est que, d'après une loi que Plutarque nous a qu'un aréopagite fut chassé de l'aréopage pour avoir, pen
conservée et que nous avons déjà citée plus haut, Solon dant une séance, étouffé un petit oiseau qui était venu
excepta de la réhabilitation générale les citoyens condamnés chercher sur ses genoux un abri contre les serres d'un
pour meurtre par l'aréopage et par les Éphètes M. Les con épervier M. M. Schocmann croit que les dédisions de l'a
damnations visées par le législateur devaient être des con réopage, excluant de la compagnie un membre indigne,
damnations plus ou moins récentes, et non pas exclusive n'étaient pas souveraines et pouvaient être réformées par
ment des condamnations antérieures à Dracon, c'est-à-dire le tribunal des Héliastes 4S. Le texte de Dinarque, sur lequel
ayant plus de trente ans de date. il s'appuie *3, ne renferme pas cette solution; l'orateur dit
Outre ses attributions politiques et judiciaires, l'aréopage bien que les Héliastes ont quelquefois acquitté des per
avait aussi des attributions religieuses. Le culte des Eumé- sonnes que l'aréopage avait déclarées coupables ; mais il
nides, les o-epwaÉ 6eat, était notamment placé sous sa pro n'ajoute pas que ces personnes purent se prévaloir de cet
tection particulière M, et ces redoutables déesses avaient acquittement pour rentrer dans le sénat.
leur temple sur la colline même de l'aréopage. Ce que nous venons de dire de l'organisation de l'a
II. L'aréopage de Solon. — L'aréopage de Solon fut un réopage de Solon est la meilleure explication du respect
corps vraiment aristocratique, en prenant ce mot dans son que les Athéniens témoignaient pour toutes ses décisions.
acception la plus noble et la plus élevée. En effet, il se Los membres qui le composaient étaient nécessairement
recrutait exclusivement parmi les meilleurs des anciens des citoyens d'un âge mûr ; beaucoup touchaient à la vieil
archontes 90 ; or, à cette époque, l'archontat n'était ouvert lesse ; leur moralité éprouvée, la dignité de leur vie, leur
qu'aux hommes dont la fortune garantissait l'indépen soumission devant le droit, leur piété envers les dieux
dance .et qui avaient par conséquent toute liberté de se imposaient à tous. Les aréopagites se transmettaient les
consacrer aux affaires publiques 31 ; il était déféré par l'é uns aux autres des règles d'honneur et de vertu auxquelles
lection, et on pouvait espérer que le choix des électeurs les nouveaux venus s'empressaient de se conformer. Aussi
porterait ordinairement sur les citoyens les plus vertueux Eschyle n'exagérait pas lorsqu'il parlait de cet auguste
et les plus instruits ; on avait, en outre, la garantie des sénat, « envié des Scythes et des Pélopides, véritable bou
épreuves rigoureuses auxquelles les archontes étaient sou levard du pays qu'il protège contre l'anarchie et le des
mis avant d'entrer en charge, et des redditions de comptes potisme, collège d'hommes désintéressés et sévères, gra
qui leur étaient imposées par la loi à l'expiration de leurs ves et honorés, institués pour être, lorsque tous dorment
fonctions. Celui qui se présentait devant l'aréopage avec de dans la cité, des sentinelles actives et vigilantes, craintes
pareils antécédents ne pouvait pas être un mauvais citoyen. et respectées H. »
Il est permis de croire que l'aréopage ne se contentait Solon maintint l'aréopage dans le droit déjuger les ho
pas de toutes ces vérifications faites en dehors de lui, et micides commis avec préméditation et laissa aux tribunaux
que, même en face d'anciens archontes jugés irréprocha des Ephètes le soin de statuer sur les autres espèces d'ho
bles, il examinait encore si tous méritaient de devenir micide **. On assimila au meurtre volontaire les blessures
aréopagiles **. Athénée, citant comme autorité l'orateur faites avec préméditation, l'empoisonnement et l'incendie,
Hypéride, rapporte que l'entrée de l'aréopage fut interdite lorsqu'une mort d'homme était la conséquence de ces
à un citoyen qui avait été vu dînant dans une auberge w, crimes. La compétence de l'aréopage se trouve nettement
grief que l'on n'aurait pas osé formuler contre un magis résumée dans le texte suivant que Démosthène ** et Pol-
trat, mais qui pouvait être élevé contre un candidat à l'a lux " nous ont conservé : AixâÇeiv ttjv h 'Apsûp Tcâyw <po'vou xal
réopage ; car les auberges athéniennes ne se différenciaient Tpïû(x.aTo; ix itpovofa; xal irupxaïâ; xal <pap[juxxo)v, sâv tiç &ko-
guère des lieux de prostitution, et tout homme soucieux x-eîvt) Soûç. L'aréopage semble, il est vrai, avoir été quel
de sa dignité s'en tenait soigneusement à l'écart ■*. Ceux quefois appelé à juger d'autres crimes, l'impiété *8, par
qui réclamaient l'honneur de siéger dans l'aréopage de exemple, et la haute trahison 49 ; mais il agit alors excep
vaient observer plus scrupuleusement encore que tous tionnellement, en vertu d'un renvoi spécial de l'assemblée
autres les convenances morales. Voilà pourquoi une loi, du peuple, ou parce que, dans des circonstances critiques,
que nous a conservée Plutarque M, défendait aux aréopa- il crut devoir étendre sa juridiction. Il ne serait même pas
gites d'écrire des comédies ; la licence habituelle des com impossible que des écrivains peu exacts nous eussent pré
positions de ce genre avait paru indigne de la gravité des senté comme jugées par l'aréopage des affaires que ce sénat
membres d'un sénat renommé pour son austérité 30 , et s'était borné à instruire, et que, l'instruction terminée,
devant lequel le simple rire était déplacé87. il avait renvoyées aux tribunaux ordinaires [apophasis].
Si, par extraordinaire, un citoyen moins digne avait La procédure suivie pour le jugement des affaires portées
réussi à pénétrer dans l'aréopage, l'influence et l'exemple devant l'aréopage remontait certainement à une haute
de ses collègues suffisaient sans doute, comme le dit Iso- antiquité et ne pouvait s'expliquer que par les considéra
crate 38 , pour lui apprendre à modérer ses passions, à tions religieuses que l'on retrouve toujours dans l'organi
abandonner ses mauvaises habitudes. Refusait-il d'adopter sation des tpovixal Si'xai. Elle était sans doute réglée par de

» Sol. 19. — M Millier, Eumen p. 179. - SO Plut. Sol. 19. - SI Isocr. Areopag. C. Demosth. g 56, D. 164. — W Aesch. C. Ctesiph. g 20, D. p. 100. — « Pholius,
g 37, D. 94. — »» Schocmann, Griech. Alterth. î' éd. 1, p. 511. XIII, Biblioth. éd. Bekker, p. 534. — " Griech. Alterth. 2« éd. I, p. S15. — M C. Dem.
sect. 21, p. 566. — ** Revue critique d'hist. V, 1868, p. 198. — 33 De gloria Athen. § 57, D. 164. — « Eumen. éd. Weise, 700 et s. — M Poil. VIII, 125. — M Dem.
5, nidol, p. 426. — 36 Suid. s. v. 'Aptiot!. éd. Brenh. p. 702. — 37 Acsch. C. Ti- C. Aritiocr. g 22, R. 827, — « Poil. VIII, 117; cf. Lucian. Amores, g 29. —
march. § 84, Didol, p. 44. — S» Areopag. g 38, Didol, p. 94. — 39 Dinarch. » Dem. C. Nea.r. §§ 80-81. R. 1372. — *» Lycurg. C. Leocr. g 52, D. 10.
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vieilles lois, dont le texte était gravé sur une stèle dressée l'objet du procès 85 et d'éviter par conséquent les digressions
dans l'enceinte où siégeait le sénat M. oratoires 66 ; elle défendait même les exordes insinuants et
L'action était introduite devant l'archonte-roi par l'un les appels à la sentimentalité des juges
des parents de la victime, qui seuls, d'après la loi M, pou On voit encore, sur la plate-forme de l'aréopage, deux
vaient se plaindre du meurtre de leur parent. La plainte blocs de pierre brute, l'un à l'orient, l'autre à l'occident a ;
reçue, l'accusé était soumis à une détention préventive, à ce sont là, sans doute, les restes des opyot Xftot, qui ser
moins qu'il ne fournit trois cautions payant un cens égal vaient de tribunes aux parties et sur lesquelles elles se pla
au sien"; même dans ce cas, il devait cesser de paraître çaient pour prononcer leurs discours. L'une d'elles, celle
dans les lieux déterminés par la loi qui était réservée à l'accusateur, était appelée Xîôoç àvaiSn'aî.
L'archonte procédait alors à trois instructions succes la pierre de l'implacabilité (et non pas, comme l'a dit Ci-
sives séparées les unes des autres par un mois d'inter céron, la pierre de l'impudence ") ; l'autre, celle de l'ac
valle C'était seulement au cours du quatrième mois que cusé, était la >.t'6o; uSpstoç,
l'affaire était soumise au sénat de l'aréopage, et le juge la pierre de l'injure. C'est
ment avait lieu l'un des trois derniers jours de ce quatrième cette X£i)o; uSpE»; que nous
mois Comme le môme archonte devait nécessairement voyons, à droite .de Mi
diriger l'instruction tout entière et porter l'affaire devant nerve, dans le camée 74 re
l'aréopage, il en résultait que les crimes commis pendant produit (fig. 491); Oreste
les derniers mois de l'année n'étaient pas l'objet d'une appuie sur elle son pied
instruction immédiate; la procédure était renvoyée à droit. Nous serions égale
l'année suivante et ne commençait que lorsqu'un nouvel ment tenté de la recon
archonte-roi était entré en charge u. naître, malgré les objec
Les aréopagites siégeaient à ciel ouvert, ûitoîOpioi èoîxaÇov S7. Fig. 491. La pierre de l'injure.
tions de M. Michaëlis,
« Il ne faut pas, nous dit Antiphon, que l'on voie réunis sous dans le bloc de pierre sur lequel le vase Corsini nous
le même toit les juges et l'accusateur, dont les mains sont montre Oreste, la tête appuyée sur sa main, dans l'attente
pures, et l'accusé qui s'est souillé du sang de son pro du jugement (fig. 493).
chain **. » Seize marches taillées dans le rocher, à l'angle Chacune des parties avait le droit de parler deux fois.
sud-est de la colline de Mars, conduisent encore aujour Après un premier discours, l'accusé, qui jugeait sa con
d'hui à une plate-forme; sur cette plate-forme est un banc, damnation imminente, pouvait encore la prévenir en
également taillé dans la pierre, formant les trois côtés d'un s'exilant volontairement; ses biens étaient confisqués et
quadrangle et tourné vers le sud M. C'est probablement un vendus par le ministère des Polètes; mais il échappait a
des sièges qu'occupait l'aréopage. toute peine corporelle. Il n'y avait qu'un seul cas où cette
Si nous devions ajouter foi au témoignage de Lucien, les ressource lui fît défaut : lorsque le crime qu'on lui repro
séances auraient eu lieu pendant la nuit, au milieu des chait était un parricide, l'accusé devait attendre la fin du
ténèbres, afin de soustraire les juges à toute influence procès et se résigner à subir sa peine n.
extérieure et de fixer uniquement leur attention sur les dis Quand les parties avaient cessé de parler, les aréopagites
cours qui seraient prononcés 60. Mais aucun passage des faisaient connaître leur opinion. Ils se laissaient guider,
auteurs classiques ne permet d'adopter l'opinion de Lucien ; nous disent les anciens auteurs, moins par les considéra
et certaines parties de la tragédie d'Eschyle consacrée à tions purement juridiques que par les considérations mo
l'aréopage, les Euménides, sont inconciliables avec l'idée rales. Les antécédents de l'accusé, les mobiles qui l'avaient
d'une séance de nuit 61 . fait agir, avaient plus de prise sur eux que l'existence ou
Lorsque l'aréopage était rassemblé, les deux parties, ac l'absence de preuves matérielles du crime. « Devant l'a
cusateur et accusé, prenaient l'engagement de ne rien dire réopage, écrit Eschine, j'ai souvent vu des gens, qui avaient
qui fût contraire à la vérité"; l'accusateur affirmait que bien plaidé et qui avaient produit des témoins, perdre leur
l'accusé était réellement l'auteur du meurtre ; l'accusé de procès, tandis que d'autres, qui avaient mal parlé et qui
son côté affirmait son innocence **. Ces promesses et ces nefournissaientaucun témoignage, sortaient victorieux des
affirmations étaient accompagnées de serments solennels, débats n. » Aristote raconte que l'aréopage acquitta une
prêtés sur les entrailles d'un sanglier, d'un bélier et d'un femme convaincue d'avoir empoisonné un homme en lui
taureau, immolés suivant des rites prescrits par la loi; en versant un philtre ; elle avait cru par là inspirer de l'amour
face des autels des Euménides, des vénérables déesses à sa victime et n'avait pas eu l'intention de lui donner la
(usinai fleai), les plaideurs appelaient sur eux et sur toute mort73. Les aréopagites jugèrent qu'il y aurait excès de sé
leur famille les malédictions les plus terribles pour le cas vérité à lui infliger une peine capitale.
où ils se parjureraient **. Dans les tribunaux ordinaires, il y avait deux urnes
Ni l'accusateur ni l'accusé ne pouvaient se faire assister destinées à recevoir les pierres que le héraut distribuait
par un avocat ; ils devaient faire valoir personnellement aux juges. La première, celle dans laquelle chaque héliaste
leurs moyens. La loi leur prescrivait de ne pas s'écarter de déposait la pierre qui exprimait son opinion, favorable ou
50 Lysias, De caede Eratost. g 30, D. 95; C. Andoc. g 15, D. 118; voir cep. D. 310. — «' Poil. VIII, 117; cf. Lucian. Anach. 19. Au temps de Lucien et mime
Perrot, Droit public d'Ath. p. "00. — 51 Dcm. C. ifacart. g 57, H. 1068. dès le iy* siècle, les parties pouvaient recourir au ministère d'avocats ; voir Thucy
— 5i Dem. C. Tnnocr. § 144, R. 745. — 55 Anlipho, Super Choreula, g 36, D. 45. dide, D. Il, p. 10, g 19. — «S Ph. Roque, Topogr. d'Ath. 1869, p. 40. — •» Cie. De
— •* Anlipho, l. I. g 42, D. 46. — M poli. VIII, 117. — 56 Antiph. Super Chor. leg. II, g 28. — 70 Caylus, Dec. d'Antiq. II, pl. 43, 2 ; Michaëlis, Corsini Silberge-
S 4Î, D. 46. — 67 poil. VIII, 118. — 58 Antiph. De caede Herodis, g II, D. 25. fâss, p. 9 et 16, pl. II, 3. — '» Dcm. C. Aristocr. § 69, R. 643 ; Poil. VIII, 99 ;
— sj ph. Roque, Topogr. d'Ath. 1869, p. 40. — *> Lucian. Hermot. 64 ; De M. Dugit, Aréop. p. 124, dit cependant : t Après la première plaidoirie, l'accusé
domo, 18. — « Dugit, Aréop. p. 117. — «s Poil. VIII, 117. — «s Lys. C. Theomn. I, pouvait se retirer, eût-il tue" ses parents. » Mais le texte de Follux, qu'il cite comme au
g II, D. 134. — Dcm. C. Aristocr. gg 67-68, R. 642 ; C. Aeaer. g 10, R. 1348 ; torité, est formel en sens contraire : Mnà tsv r.poTtçov 'r.'.*™ tîî.v ç-^ilv, r-^.v l'- *H T0***."
Antiph. De caede Herod. g 12, D. 26 ; Super Chor. g 6, I). 40 ; Dinarch. C. Dem. i!, VIII, 117. — 7J Aesch. C. Tim. 8 92, D. 45.-73 Hagn. moral. I, lt.
g 47, D. 162. —»5 Antiph. Super Chor. g 9, D. 40. — M Arislot Hhet. I, 1, g 5, g 2, D. 142.
AIIE — 399 — ARE
défavorable, était en métal et s'appelait l'urne-maUresse et pour la condamnation, l'accusé était renvoyé de la pour
(xûpio; xocSiaxo;); la seconde n'était qu'une urne de contrôle suite '*. Ce fait s'explique, non-seulement par la bienveil
(âxupoç xâStcrxo;), en bois, et le juge y jetait la pierre qu'il lance qui veut que, dans le doute, on se prononce en faveur
n'avait pas utilisée pour le vote. En était-il de môme pour de l'accusé, mais encore par un souvenir de la légende
l'aréopage? Dans un bas-relief de la galerie Giustiniani, du procès d'Oreste. Les voix des juges ayant été égale
que nous reproduisons ment partagées, Athéné se prononça en faveur de l'ac
( flg. 492), on voit bien cusé, ce qui entraîna l'acquittement n. Ce fait est repré
deux urnes ; mais l'une senté sur un grand nombre de monuments (fig. 491-493).
est dressée sur la table, Nous citerons notamment le célèbre vase d'argent du
tandis que l'autre est musée Gorsini (fig. 493). La déesse, sans égide, sans bou
-enversée sur le sol, ce clier, mais la tête couverte d'un casque, dépose son vote
qui est déjà de nature à dans une urne placée sur une table. En face d'elle est
surprendre. Ajoutons que un personnage, dans lequel, contrairement à l'opinion
tous les autres monu commune qui y voit l'une des Erinnyes, M. Michaêlis
ments ne présentent croit reconnaître le héraut qui lisait les pièces du pro
qu'une seule urne (flg. cès, distribuait les cailloux aux juges et proclamait la dé
491 et 493). Pollux dit, en cision ; à droite de la déesse, Oreste, assis sur la pierre
effet, que l'emploi de deux de l'injure, attend, en proie à une tristesse évidente, le
Fig. 492. Le ?ote d'Atliéné. vases pour recevoir les résultat du scrutin; séparés de lui par un piédestal qui
suffrages est de date ré supporte un cadran solaire, Pylade et Électre observent
cente et qu'originairement il n'y en ayait qu'un seul. attentivement le vote de la déesse, pendant qu'un der
Les monuments nous autorisent à croire que l'aréopage nier personnage, peut-être l'accusateur, appuyé contre un
resta toujours fidèle à la méthode primitive. second piédestal, exprime par son attitude le chagrin que
Lorsqu'il y avait égalité de suffrages pour l'acquittement lui cause le dénouement du procès. C'est en souvenir de

Fig. 493. L'absolution d'Oreste.

ce fait mémorable de l'histoire religieuse d'Athènes, que gites ne sont pas souverains lorsqu'ils prononcent des
plus tard on ajoutait par la pensée, aux suffrages exprimés peines contre un citoyen : où i^p aù-roxpaTops'ç datv, 6>t àv
dans un sens favorable, le 4»?<po; 'AôyivS;, Iccalculus Minervae. pcôXwvTott, 'Aôrjvafwv Ttvi xoÀâcat 79. D'autres80, en rejetant la
La peine que l'aréopage prononçait le plus habituelle possibilité de l'appel, admettent contre les jugements de
ment était la peine de mort, et l'exécution avait lieu dans l'aréopage une action en nullité, lorsque les témoins qui
un très-bref délai. Quelquefois cependant, le sénat se bor avaient déposé devant le sénat avaient été condamnés pour
nait à condamner à l'exil 76. faux témoignage ; ils invoquent en ce sens un texte de Pol
Les décisions de l'aréopage jouissaient, dans la Grèce lux qui parle des Sixal tîiv '{/euSojjtapTupiwv xtôv I; 'Apci'ou «â-fou81.
entière, d'une grande réputation de sagesse. « Jamais, dit D'autres enfin 8! se refusent même à autoriser l'action en
Démosthènc, un accusateur qui succomba, un accusé qui fut nullité et déclarent toute voie de recours impossible.
condamné, n'ont pu convaincre l'aréopage d'injustice77. » Nous n'hésitons pas à rejeter l'opinion qui croit à une
11 est malaisé de dire si des voies de recours étaient pos juridiction supérieure, chargée de statuer en appel sur les
sibles contre les jugements de l'aréopage, et, dans le cas où causes soumises à l'aréopage. Antiphon dit très-nettement
l'on répond affirmativement, quelles étaient ces voies de que les procès de meurtre ne sont jugés qu'une seule fois :
recours. Le texte que nous venons de citer a conduit quel IffTt j/iv yàp Ttspl toû toioûtou aÙToû u.£a 01x7) ". Quand Démos
ques auteurs 78 à penser qu'il était permis de soumettre à thènc constate que les aréopagites ne sont pas souverains
une autre juridiction les affaires déjà présentées à l'a (aÙToxpotTopE;), il fait allusion à leur droit de punir comme
réopage ; Démosthènc et Lycurgue, en affirmant que les censeurs, et non pas à leur droit de punir comme juges de
sentences de l'aréopage ont toujours été trouvées conformes l'homicide. — Quant à l'action en nullité, nous sommes plus
à la justice, feraient allusion, non pas aux appréciations de indécis. L'àvâotxo; xptutç, quand les témoins ont été convain
l'opinion publique, mais à celles de contrôleurs officiels cus de faux témoignage, « n'a pas lieu, d'après Théophrastc,
autorisés par les lois. Un autre texte porte que les aréopa- dans toutes sortes de procès ; elle n'est donnée que dans

7k Antiph. De caede ffer. g 51, D. 32. — 71 Acsch. ISumen. 735. — 7» Déni. 7» Dem. C. Neacr. g 80, R. 1372.— *> Wachsniulh, /. c. n. 10, s'écartant de l'opinion
C. Conon. g 25, R. 1261. — 17 C. Arùlocr. g 60, H. 642; cf. Lycurg. C. Leocr. admise dans son texte, où il autorise l'appel, permet seulement l'action en nullité. —
g 12, D. p. 3. — " YVacnimutn, IieUcn. Altcrlh. 2' éd. II, p. 279, dans le tcitc. — Si Mil, SS. — "Hermann, Slaatsalterth. 4' éd. §103,u. 19.— » Sup. CAor. g 3 D. 3.
ARE — 400 — ARE
les affaires de nationalité, de faux témoignage, ou de suc l'aréopage sur leur conduite, etc. ; mais, s'il faut ajouter
cession M. » Dans les autres cas, la partie qui a succombé foi au témoignage d'Isocrale, ce qui attirait surtout l'atten
doit se contenter d'une action en dommages et intérêts, tion de l'aréopage, c'était l'éducation de la jeunesse :
la xaxo-EyvtSv Uxi\. Si, dans les trois cas indiqués par
Théophrastc, la loi accorde un nouveau jugement (àvaSixfa), C'est peut-être dans ce droit de censure de l'aréopage
c'est que la condamnation amenée par de faux témoignages qu'il faut chercher l'explication d'un texte à première vue
a porté atteinte à l'état civil, à l'honneur, au droit de fa embarrassant. Androtion et Philochorus 93 disent que l'a
mille ou de parenté. Mais, si l'honneur d'une personne réopage était compétent pour tous les délits, pour toutes
est compromis par une J/^SotAapTvptSiv ypatp'o, ne l'est-il pas les transgressions des lois. Si l'on prenait à la lettre cette
bien davantage par une cpovix^ Sixi\, et a fortiori l'àvaôtxîa déclaration, les tribunaux des Héliastes auraient été inoc
ne devrait-elle pas être possible dans les procès de meur cupés. M. Schoemann 9* a proposé une explication vraisem
tre? Et cependant Antiphon semble dire que la peine pro blable. Lorsqu'un délit avait été commis, la répression
noncée par l'aréopage devra être subie, lors même que pouvait être demandée au tribunal des Héliastes par tous
l'innocence du condamné serait certaine 85. ceux que la loi autorisait à agir. Mais le tribunal ne pouvait
L'opinion qui admet l'action en nullité contre une con pas se saisir directement de l'affaire ; il était obligé d'atten
damnation, lorsqu'il est démontré que cette condamnation dre qu'une plainte eût été déposée entre les mains du magis
est due uniquement à de faux témoignages, a donc pour trat compétent. Quand personne ne se plaignait, l'aréopage,
elle la logique et l'équité. Mais, en présence du texte res en sa qualité de censeur, appelait spontanément le délin
trictif de Théophraste, les arguments d'analogie ne sont quant à comparaître devant lui et lui inlligeait une peine.
guère possibles. L"ensemble de toutes les dispositions que Dans l'ordre religieux, le rôle de l'aréopage ne nous
nous avons recueillies sur la juridiction de l'aréopage nous paraît guère mieux défini que dans l'ordre politique : le
porte à croire que les jugements rendus par ce sénat étaient sénat devait veiller au maintien des cultes établis, faire
inattaquables, même après la condamnation des témoins entretenir avec soin les sanctuaires qui étaient spéciale
qui avaient comparu devant lui. La précipitation avec ment placés sous sa garde, et offrir certains sacrifices en
laquelle la sentence était exécutée est exclusive de toute observant fidèlement les traditions 9S. S'il faut en croire les
possibilité de recours. grammairiens, il pouvait introduire dans la religion de
Le rôle politique que l'aréopage avait à remplir dans l'État des fêtes empruntées aux peuples étrangers, è-tÔExou;
la constitution de Solon est assez vague et assez indéter ÉopTaç96; d'où l'on a conclu qu'aucun rite nouveau ne pou
miné. « Solon, dit Plutarque, établit l'aréopage surveillant vait être admis à Athènes sans l'autorisation de l'aréo
de tous les citoyens et gardien des lois, » lîtiaxoirov TtivTwv page 97 ; mais nous croyons avoir démontre ailleurs l'in
xeà (puXaxa twv vdpuov 88. Mais quelle était l'étendue de ce droit exactitude de cette proposition 98.
de contrôle supérieur, c'est ce qu'il est assez difficile de L'aréopage était aussi, nous dit l'orateur Dinarquc, le
dire. L'aréopage avait, sans doute, le droit d'opposer son gardien des testaments secrets (àno^vitou; oiaOr-xaç) sur les
veto aux décisions de l'assemblée du peuple lorsqu'elles lui quels reposait le salut de la ville 99. Ces testaments secrets
paraissaient contraires à l'intérêt général de la républi étaient sans dou te quelque légende destinée à être transmise
que. Les nomophylaques, qui furent institués plus lard oralement par les chefs de la république ;ithénienne à leurs
pour combler une lacune constitutionnelle résultant de la successeurs, peut-être les confidences ri 'Œdipe à Thésée
suppression par Ephialte des prérogatives politiques de sur le lieu de sa sépulture 10°. Cette supposition trouverait
l'aréopage, jouissaient précisément de ce droit de véto, sa confirmation dans VŒdipe à Colonc de Sophocle : le roi
xciAuovtsç 87, et il est permis d'en conclure que les aréopa- seul doit voir mourir Œdipe et connaître, pour le trans
gites l'exercèrent avant eux. N'est-ce pas aller un peu loin mettre à ses successeurs, le secret, qui importe tant au
toutefois que de dire, comme M. Dugit88, que l'aréopage salut d'Athènes, de la place où le vieillard trouvera un
tout entier, ou au moins une commission nommée par lui, tombeau 101 .
assistait aux délibérations de réxxXïiafa et veillait à ce que, III. L'aréopage depuis Solon jusqu'aux réformes d'É-
dans le cours des débats, rien ne se passât contrairement piiialte (461 av. J.-C). — L'aréopage n'eut pas à souffrir de
aux lois? Les grammairiens nous disent bien que les la tyrannie des Pisistratides, mais il ressentit peut-être le
nomophylaques siégeaient dans l'assemblée à côté des contre-coup des réformes de Clisthène. Si l'on admet en
proèdres 89 ; mais il y a une grande différence entre une effet, avec Grole 102 et beaucoup d'autres historiens 1M, que
magistrature composée de sept membres seulement et une Clisthène se proposa comme but d'affaiblir l'aristocratie et
compagnie aussi nombreuse que celle de l'aréopage. de fonder le gouvernement démocratique, si l'on accorde
Ce qui est certain au moins, c'est que l'aréopage exerçait surtout qu'il rendit accessible aux citoyens des trois pre
une surveillance sur la moralité publique et privée90; il mières classes l'archontat, qui jusque-là avait été exclusi
est probable qu'il avait, à ce point de vue, toutes les attri vement affecté aux pentacosiomédimnes, l'influence do
butions de police dont les textes postérieurs à l'expulsion l'aréopage dut être sensiblement diminuée. Nous devons
des Trente nous le montreront investi.Lcs citoyens devaient dire cependant que, tout récemment, M. Elia Lattes s'est
justifier devant lui de leurs moyens d'existence 81 ; les efforcé d'établir qu'on a beaucoup exagéré l'importance do
étrangers n'étaient admis à fixer leur domicile à Athènes l'œuvre de Clisthène10*, et que, si la constitution athénienne
et à devenir métèques qu'après un rapport favorable de fit alors un pas vers la démocratie, ce pas fut en réalité

»* Traité des lois, éd. Darestc, p. M. — 8» Sup. Clicreut. 8 4, I). 40. — 86 Sol. 19. h. v. éd. Bernh. p. 404. — W ou dos Cinq-Ccnls d'après M. Foucari, Assoc. relig.
Le droit de surveillance sur les magistrat* est atteste" par Isoc.ate, Ar?op.§ 55, D.96. des Grecs, 1873, p. 127 et s. — 9S La Iit>ert,: de conscience à Athènes, dans la Revue de
— »' Phot. Lexic. éd. 18Î3, p. 585. — *» L. I. p. 86. — 8» Phot. Lex. éd. 1823, p. 585. gùl. 1S70, p. 341 et s. — W C* Dem. § 9, D. p* 156* — *W Epger, Joum. des sato
— 90 'Emiiiîitl«t«v ti,; lUvr/Mi xai clrcav.a,-, lsocr. Areopnf). 37 et 39, D. 91.— 1*>73, p. 33:i. — loi v. 1513 et suir. — 103 ffût de la Ûréce, t. Y. p. 326-327. —
» Plut. Sol. îi. — 9J lsocr. I. I. g 43, D. 94. — M Didot, Frugm. hist. ijr. I, p. 387. 105 Ka.Mia.ld, /{a:hcrch<'s sur ce qui manquait à la liberté dans les républ. de la
— V>Griech. Alterth.î' éd. 1, p. 510.— »3 lsocr. (.(. g§ 29 et 30, D. <li. — 36 Suid. Grècei itiGi, p. OS cl s. -»- V^Leriforme di Klisthenc, Bulugoe, lsTi;
ARE 401 — AIIE
assez court105; il soutient également, sur la foi de Plutar- eurent, comme les archontes, la perspective d'entrer dans
que 'm, que Glisthène n'abaissa pas les conditions de cens l'aréopage à l'expiration de leurs fonctions. De plus, l'in
requises pour l'admission à l'archontat et qu'il maintint stitution ou au moins le développement de la ypa^ rapa-
éloignés de cette magistrature les citoyens des trois der vo'tuov et l'action des nomothètes contribuèrent à remplir le
nières classes 407. Si l'on adopte cette opinion, il n'y eut vide que la restriction des droits de l'aréopage faisait dans
rien de changé dans la condition de l'aréopage. le gouvernement d'Athènes.
A l'époque des guerres médiques, le sénat donna Nous venons de dire qu'Ephialle laissa aux aréopagites
l'exemple du patriotisme et du dévouement. 11 appuya le la connaissance des çovixoù Si'xat. Quelques auteurs ont
plan de campagne de Thémistocle et contribua par là à la cependant soutenu que l'aréopage fut privé même du droit
victoire de Salamine 408. Un citoyen ayant parlé de se rendre de juger les homicides "3. L'argument principal sur lequel
et d'accepter les propositions de Xerxès, les aréopagites le ils s'appuient est un texte deLysias. Après l'expulsion des
mirent à mort de leurs propres mains. Puis, comme le Trente, dit l'orateur, « vous avez rendu à l'aréopage le
trésor public était vide, chacun d'eux fit don à l'Etat d'une jugement des affaires de meurtre, » -rw StxacTr.pîw iÇi i\
partie de sa fortune ; ce qui permit de compléter l'arme 'ApEi'ou irotyou... ày' 6[«ôv àiroosSorai toô epôvou -riç Sixaç SixâÇstv •'*.
ment des trirèmes et de donner une somme individuelle de Pour qu'il pût y avoir restitution, on doit supposer un en
huit drachmes aux soldats trop pauvres pour s'entretenir lèvement qui doit être l'œuvre de Périclès ou d'Éphialte.
sur leur fortune personnelle im. Si cette opinion était exacte, il faudrait admettre que,
Lorsque Aristide eut effacé toute différence entre les pendant plus d'un demi-siècle, depuis les réformes d'É
classes pour l'admission aux magistratures, les citoyens phialte en 461 jusqu'au renversement des Trente en 403,
les moins riches représentant la démocratie eurent le droit l'aréopage n'exerça aucune fonction. Une si longue inertie
d'entrer dans l'aréopage. Mais, en fait, les candidats de l'a lui eût enlevé le respect des citoyens ; il serait devenu plus
ristocratie continuèrent d'ôtre nommés par le peuple, tant ridicule encore que le tribunal des Éphètes et il n'aurait
que l'élection fut maintenue. Ce fut seulement à partir de pas tardé à disparaître, tandis que Lysias est le premier à
l'époque où le tirage au sort désigna les archontes que la déclarer que l'influence de l'aréopage était encore très-
démocratie pénétra réellement dans le sénat. Mais nous grande à la fin du Ve siècle "s. Ce devait être à la même
avons dit que cette innovation ne se produisit guère avant époque que Socrate disait au jeune Périclès : « L'aréopage,
les réformes d'Éphialte, si môme elle leur est antérieure composé d'hommes choisis et éprouvés, n'est-il pas le tri
[archontes^. bunal le plus digne, le plus honorable, le plus équitabb>-——
La majorité de l'aréopage sortait donc toujours de l'a dans tous ses jugements, le plus estimable dans toute sa
ristocratie, et les oligarques, dans leurs luttes contre le conduite"6? » Il faut donc se résigner à donner une autre
peuple, tout entier dévoué aux principes démocratiques, interprétation au passage deLysias que nous avons cité, et
s'appuyaient sur le sénat. Le peuple trouva, nous dit dont les termes prêtent d'ailleurs à la controverse117. Dé-
Aristote, que l'aréopage exerçait l'autorité avec trop de mosthène déclare, en effet, qu'aucun gouvernement tyran-
rigueur 110 ; cette compagnie devint odieuse à la foule, et nique, oligarchique ou démocratique, n'a osé enlever à l'a
ceux qui l'attaquèrent furent assurés de la faveur du peu réopage les tpovixal Sfxai 118. Eschyle, qui fit représenter les
ple '". Elle perdait d'ailleurs de son prestige: l'extension Ettménides quelque temps après les réformes d'Éphialte, pré
de la ville avait motivé la création de nouvelles magistra sente l'aréopage comme un tribunal qui exerce sa juridic
tures qui avaient réduit le cercle d'action des archontes ; tion sur les homicides en vertu d'une sorte de droit divin in
ceux-ci étaient successivement dépouillés de leurs plus contesté et qui la conservera toujours'19; singulier langage
belles prérogatives, et, n'ayant plus qu'une part minime de la part du poète, si, au moment de la représentation, l'a
dans la direction de la république, ils entraient dans l'a réopage eût été dépouillé de cette prérogative. Le biographe
réopage avec moins de considération personnelle. anonyme de Thucydide rapporte que cet historien, peu de
Toutes les mesures tentées par l'aristocratie pour arrêter temps avant sa nomination comme stratège (423 av. J.-C),
le mouvement populaire furent impuissantes. Le jour vint défendit devant l'aréopage Pyrilampès, qui était accusé
bientôt où le parti démocratique, dirigé par Périclès et d'un meurtre ls0. Philochorus dit nettement qu'Éphialte
Éphialte, se sentant le plus fort, se décida à porter la main laissa à l'aréopage Ta Gicsp toù o-u>|/.aTo; 4,1 , ce qui doit évi
sur le corps qui l'entravait dans sa marche. demment s'entendre des affaires d'homicide. Enfin Plu ■
IV. Réformes d'Ephialte (461 av. J.-C). L'aréopage de tarque reconnaît que l'aréopage fut maintenu dans le droit
461 au renversement des Trente (403 av. J.-C). — de juger quelques procès in, qui sont nécessairement les
« Éphialte, dit Ariskite, abaissa le sénat de l'aréopage "*. » procès de meurtre. — Voici l'explication du texte de
Cet ami de Périclès proposa, en effet, au peuple un décret Lysias : pendant l'oligarchie des Trente, toutes les lois
qui dépouillait l'aréopage de toutes ses attributions poli étaient renversées ; il fut impossible à l'aréopage de tenir
tiques et censoriales et réduisait sa compétence judiciaire. des séances et de juger des accusations de meurtre; le
Le peuple approuva la motion d'Éphialte, et les fonctions rétablissement de la démocratie lui rendit ses fonctions
de l'aréopage furent limitées au jugement des îpovtxal Sîxai. habituelles lîS.
Ses autres pouvoirs passèrent en partie à une magistrature Tout en arrivant aux mômes conclusions que nous,
nouvelle ; la surveillance des autorités établies et de l'as M. Dugit pense que, à partir de l'année 461, les jugements
semblée du peuple fut confiée à des nomophylaques, qui de l'aréopage furent susceptibles d'appel m ; il trouve dans

1» « Abbastania piccolo, ■ /. c. p. 24. — H6 Aristid. I. — 107 L. c. p. 7. — 116 Memor. 111, 5, g 20. — l'1 Dugit, Ardop. p. 133. — »8 C. Arùtocr. g 66
— «H Cic. De offic. I, 22, g 75. — l»9 Plut. Themist. 10. — »» Arist. Polit. H. 641. — il» F.umen. 684. — I» Thuc. éd. Didot, II, p. 10, g 19. — «l Phot. Lex.
V, 3, 5 — m Plut. Praec. gerend. reip. X, g 15, Didol, IV, p. 983. — "* Polit. éd. 1823, p. 585. — I2â Cim. 18. — 1» Grote, ffiet. de la Grèce, t. VII, p. 354-,
II, 9, g 3, D. 519; Diod. XI, 77; Plut. Pericl. 9 et Cim. 1b. — »s Schoemann, Dugit, /. I. p. 150 et s. Ce point a Tait l'objet d'une dissertation spéciale de
AU. Process, p. 143; Boeckh, Ind. lect. Berol. 1826-1847; Millier, Eumen. Forchhammer, De arcopago no» privoto per Ephialtun homicidii judkiis, Kiel.
p. US. — 11* lys. De caede Erat. g 30, D. «il. — 118 C. Brat. g 69, D. 146. 162S. — I" L. I. p. 147.
I. 31
ARE — 402 ARE

un vers des Euménides : « Qu'on laisse donc mes arrêts mement comme le plus fort soutien de l'aristocratie? Aussi
sans appel "5 », une protestation du poëte contre l'injure les auteurs anciens, qui nous fournissent tant de rensei
qn'Éphialte fit au sénat en permettant de recourir à un gnements sur l'histoire d'Athènes au iv° siècle, ne nous
tribunal supérieur. Mais ce que nous venons de dire prouve donnent aucun exemple de l'immixtion de l'aréopage dans
au contraire que la juridiction des aréopagites, quant aux la gestion des magistratures. Nous ne sommes donc pas
çovtxal Sîxae, demeura ce qu'elle avait été jusqu'alors. «L'a surpris que l'authenticité du décret de Tisamène ait été
moindrir eût été un sacrilège ; car la procédure des çovtxai fortement contestée m.
Sîxai était consacrée par la religion, et les dieux eux-mêmes Ce qui est certain toutefois, c'est que l'aréopage paraît
avaient donné au sénat les lois qu'il était chargé d'appli avoir joué, à partir du rétablissement de la démocratie, un
quer. » Les homicides continuèrent donc d'être jugés en rôle plus actif que pendant la période précédente. En ma
dernier ressort. tière de police au moins, ses attributions semblent avoir
Pour occuper les loisirs que la nouvelle constitution été étendues. Nous allons indiquer les cas principaux dans
faisait à l'aréopage, on lui confia de temps à autre des lesquels les textes nous montrent son action.
missions plus ou moins délicates. Ainsi, vers 424 ou 423, Il exerçait un contrôle sur la conduite et sur les mœurs
cette compagnie fut chargée de dresser la liste des tributs des citoyens. Quand un Athénien menait une vie notoire
qui devaient être imposés aux alliés ,s°. Quelquefois aussi ment déréglée, les aréopagites l'appelaient devant eux et
le peuple lui renvoyait les enquêtes à faire sur certains lui enjoignaient de réformer ses habitudes (PsXtiov Ç^v •**).
crimes d'une gravité exceptionnelle [apophasis]. Mais, dans C'était aussi l'aréopage qui vérifiait si tous les citoyens
ces divers cas, les aréopagites ne jouissaient plus de l'irres avaient des moyens d'existence et punissait ceux qui,
ponsabilité qui les avait autrefois protégés; ils devaient, n'ayant pas de fortune, vivaient dans l'oisiveté (àpyoû;).
comme tous les autres magistrats, rendre compte de la Les anecdotes bien connues relatives aux philosophes
manière dont ils s'étaient acquittés de leur mandat "7. Cléanthe 13S, Ménédème et Asclépiade appartiennent pré-
Malgré son abaissement, l'aréopage conserva quelques- cisémentà la période qui nous occupe. Nous n'en conclurons
unes de ses attributions religieuses. C'est, en effet, à cette pas, cependant, avec la plupart des auteurs contemporains,
époque de son histoire que se rapporte un fait cité par que l'àpYfaç Yp»^ fût toujours et nécessairement de la
Cicéron lta. Le poëte Sophocle dénonça à l'aréopage un compétence de l'aréopage ,37. Un texte de Plutarque 1M
homme qui s'était rendu coupable d'un vol dans le temple nous porterait à croire qu'elle était jugée par les S'.xaaTvipta.
d'Hercule et que le dieu lui-même avait désigné au poëte Il est probable que, quand le délit d'àpYiV était peu grave,
pendant un songe; l'aréopage fit saisir l'auteur du délit, l'aréopage infligeait directement au délinquant une peine
le mit à la torture et obtint l'aveu de son crime. Plutarque modérée ; mais, lorsque le coupable paraissait mériter une
nous dit aussi qu'Euripide fut quelquefois arrêté dans répression plus rigoureuse, les aréopagites le renvoyaient
l'exposé de ses doctrines religieuses par la crainte de l'a devant les tribunaux des Héliastes "*. Nous donnerions la
réopage '".Enfin un Père de l'Église, saint Justin, rapporte môme solution à la question de savoir quels étaient les
que Platon jugeait imprudent, à cause de l'aréopage, d'invo droits de l'aréopage sur les prodigues qui avaient dissipé
quer le nom de Moïse à l'appui du dogme du monothéisme. leur patrimoine et qui étaient exposés à la YPa?^l T0" T"
Pendant toute la période qui s'écoula entre les réformes 7raTpS5a xaTE&iSoxrnat.
d'Éphialte et le renversement des Trente, l'aréopage dis L'aréopage veillait à ce qu'il n'y eût pas d'excès dans le
paraît presque complètement de la scène politique. On ne luxe des parures féminines ou des festins, sans distinguer
le voit reparaître qu'au moment des grands désastres qui entre les repas privés et les banquets donnés h l'occasion
affligèrent la république athénienne à la fin de la guerre d'un mariage ou d'une cérémonie religieuse. Les gynécono-
du Péloponèse. Lysias nous le montre alors occupé à cher mes et des agents subalternes, telsque les oivÔTtTat, assistaient
cher des moyens de sauver l'État : itpaTToti<n;ç aamipi'av "°. les aréopagites dans l'accomplissement de cette mission "°.
V. L'aréopage depuis le renversement des Trente On a dit que l'aréopage s'occupait d'une façon toute spé
(403av. J.-C.)jusqu'a la réduction de la Grèce en province ciale de l'éducation de la jeunesse et que les KAt|«)tok et les
romaine (446 av. J.-C). — Est-il vrai que, après la chute 2wopovt(jTo( étaient soumis à sa direction supérieure 111 .
des Trente et le rétablissement de la démocratie, les res Mais, au ive siècle, Isocrate présente cette attribution de
taurateurs de la liberté athénienne sentirent le besoin de l'aréopage comme tombée depuis longtemps en dé
prévenir de nouveaux excès de la démagogie en rendant à suétude 1W, et rien ne permet de croire qu'elle lui ait jamais
l'aréopage quelques-uns des droits dont Périclès l'avait été rendue '". Aussi, malgré l'argument que l'on pourrait
dépouillé, notamment la garde des lois et la surveillance tirer d'un passage de l'Axiochus attribué à Platon ,M, il
des magistrats? On le dit habituellement 1S1. Un décret est probable que l'aréopage ne se mêlait de l'éducation des
proposé par Tisamène et dont le texte nous a été conservé, Éphèbes que dans la mesure de son droit général de vigi
porte en effet que, lorsque les lois seront votées, l'a lance sur les mœurs.
réopage veillera à ce qu'elles soient fidèlement observées L'aréopage aurait aussi, dit-on, joué le rôle de commis
par les magistrats 1S'. Mais une objection sérieuse peut être sion de salubrité et pris toutes les mesures que comman
faite à l'opinion générale : est-il vraisemblable qu'une res dait l'hygiène publique M. M. Dugit va même jusqu'à dire
tauration démocratique ait eu pour conséquence une res que « c'était l'aréopage qui donnait aux médecins et aux
titution de pouvoirs à un sénat que l'on regardait unani- apothicaires l'autorisation d'exercer dans la ville. 1M »
I* U *ï»ft5i» IMilv, t. 364. — Corp. inscr. gr. n« 75. — "7 Aesr.h. — •»* Ath. IV, s. 64, p. 167. — «M Diop. Laert. VU, 5, § 169. — «« Athcn. IV,
C. Cteriph. § 20, D. p. 100. — «* De divin. I, 25, § 54. — "» De plac. philo». Vil, 65, p. 168. — »7 Schocmann, Griech. AUerth. 2» (d. I, p. 513. — "» Lycurg. 24.
g î, éd. Didot, IV, 1072. — <*> De caede Erat. § 69, D. 146. — m Filon, Jlisl. — 189 Frobberger, De opificum apud veteres Graecos conditione, I, 1866, p. 7.
de la démocr. atk. p. 212 ; Dugit, Ariop. p. 171 et s. — "i Andoc. De mysleriis, — it° Athen. VI, 46, p. 245. — '« Schubert, De Rom. aediUbus, p. 67. — 1>* Areop.
§ 84, D. 62 : '£lU|uXciatiw i) (loyAi) 4 1E Xçii^-j «a^o-j tû* vsjiwv âv at àç^at TOtf SA 13 et s. D. p. 94 et s. — 1« Dittenberger, De ephebil otticis, p. 13 et 28. — >*k Éd.
xiiiijvoiç vijAV.î jjûvrai. — m Wcstcrinann, in Puulj's Heal-IiiteyeU I, 2* éd. p. 1502. D:d»l, II, p. 559 — »5 Schubert, De nom. ncdil. p. 73. — Aréop. p. 92-93,
ARE — 403 — AHE
Nous concéderions tout au plus que l'aréopage désignait devant les tribunaux se réduisait à savoir s'il y aurait
les médecins publics (SïitAOdteuovTSî), qui soignaient gratui condamnation et quelle serait la peine infligée ; » que
tement les malades et recevaient pour ce service un trai la convocation des Héliastes « avait pour objet, non pas
tement sur les fonds de l'État, et encore sommes-nous d'environner de plus de garanties la découverte de la
porté à croire que la nomination émanait, non de l'a vérité, mais de rendre hommage à l'autorité des aréo
réopage, mais de l'assemblée du peuple U7. Schubert se pagites et de donner solennellement à leur déclaration
serait plus rapproché de la vérité s'il se fût borné à dire son efficacité » Le rapport de l'aréopage n'était pas
que les médecins publics exerçaient leur mission sous le autre chose qu'un acte d'accusation, empruntant, il est
contrôle de l'aréopage 1W. vrai, une gravité exceptionnelle au corps qui l'avait
Mentionnons en passant certaines attributions de voirie rédigé 161 .
relatives à l'abornement des rues U9 et à l'établissement de Quelquefois l'aréopage se chargeait d'office de faire une
canaux pour la conduite des eaux pluviales. Eschine nous enquête sur un crime dont il avait connaissance et qui
montre en effet l'aréopage présentant à l'assemblée du restait impuni '". Il désignait alors un de ses membres
peuple un rapport sur un projet de décret concernant des pour remplir le rôle d'accusateur et pour poursuivre de
constructions à élever dans le Pnyx ,5°. vant les tribunaux celui qu'il jugeait coupable.
Dans les affaires religieuses, l'intervention des aréopa- Nous trouvons, enfin, plusieurs exemples de l'interven
gites était assez fréquente. Ainsi, par exemple, la conser tion de l'aréopage dans les affaires politiques ; mais ce fut
vation des oliviers sacrés était placée sous leur sauvegarde toujours dans des cas de nécessité absolue : fyUx y*fivfi
spéciale ,M, et ils inspectaient souvent les plantations par ivâfxri Èf'YV"0 m- Un accusé de haute trahison, Antiphon,
eux-mêmes ou par des agents (yvu>u.ove;) Lorsqu'un avait été acquitté par le peuple. Au mépris de la chose
citoyen était accusé d'avoir arraché un de ces arbres chers jugée, le sénat s'empara de lui, le ramena devant le tribu
à Minerve, c'était devant l'aréopage qu'il était traduit, et nal et le fit condamner à mort '". Eschine avait été désigné
le sénat avait alors plénitude de juridiction m. Pour d'au par l'assemblée du peuple pour une ambassade à Délos ;
tres délits religieux, l'aréopage ne pouvait infliger que des l'aréopage se plaignit du choix qui avait été fait et fit agréer
peines modérées 1SV ; il punit d'une amende seulement un ses doléances par le peuple qui lui délégua ses pouvoirs ;
archonte-roi qui avait épousé une femme indigne de le sénat annula la nomination d'Eschine et lui substitua
figurer dans les sacrifices auxquels la pautAio-sa était asso Hypéride l6S. Au lendemain de Ghéronée, tandis que les ré
ciée 15S. Lorsque le fait illicite appelait une répression plus volutionnaires portaient au pouvoir Gharidème, l'aréopage
énergique, les aréopagites devaient renvoyer l'accusé de fit donner à Phoeion le commandement en chef de la ville16*.
vant les Héliastes. L'àosêcîaç ^ij n'était pas, en effet, de A la même époque, il ordonna de saisir et de mettre à
la compétence de l'aréopage ; tous les grands procès d'im mort les citoyens qui avaient eu la lâcheté de s'enfuir
piété dont la mémoire nous a été conservée, le procès de d'Athènes et de compromettre par là la défense de la
Socrate entre autres ,56, celui de Diagoras de Mélos, furent cité ,87.
jugés par les tribunaux populaires. VI. L'aréopage sous la domination romaine. — Athènes,
Le peuple, qui ne pouvait s'empêcher de respecter le s'étant volontairement soumise aux Romains et ayant reçu
sénat de l'aréopage, étendit quelquefois ses attributions. le titre d'alliée, foedere socia ,M, ne fut pas dépouillée de ses
Il lui confiait volontiers les instructions criminelles les institutions; elle garda notamment son aréopage, et, jus
plus importantes; c'était surtout lorsqu'il désirait que l'en qu'au ive siècle, il est fait mention des membres de ce
quête fût faite avec discrétion qu'il faisait appel à l'aréopage, sénat '•*. Il est probable toutefois qu'un changement se
dont les délibérations n'étaient pas publiques, et qui produisit dans le mode de recrutement des aréopagites.
siégeait alors, non plus sur la colline de Mars réservée aux Les anciens archontes ne paraissent plus avoir eu le droit
oovixaî Si'xai, mais dans le Portique royal '". Nous citerons, d'en faire partie, et toutes les places furent vraisemblable
comme exemples d'instructions faites par les aréopagites, ment données par l'élection. Gicéron nous dit, en effet,
l'enquête sur la destination de trois cents talents que Da qu'il a vu des citoyens romains qui siégeaient dans l'a
rius avait envoyés à Athènes au moment où le parti anti réopage "°; dans une inscription, le proconsul romain
macédonien s'agitait par suite de la mort de Philippe Rufus Festus reçoit le titre d'aréopagite m. Nous savons
1,335 av. J.-G.) ,M, et l'enquête, qui fut si fatale à Démos- bien que, dans la liste des archontes, on trouve des citoyens
Ihène, sur les démarches du satrape Harpale et sur l'emploi romains, et il ne serait pas impossible à la rigueur de con
de ses trésors (324 av. J.-G.) 159. L'instruction terminée, le cilier la présence de ces Romains dans l'aréopage avec les
sénat rédigeait un rapport (em*p*<iii;) dans lequel il désignait règles de la constitution de Solon. Mais un fait plus décisif
les coupables qui devaient être traduits devant les tribu nous est fourni par Trebellius Pollio. L'empereur Gallien,
naux populaires. Les déclarations de l'aréopage n'impli qui avait été élu archonte m, si l'ancienne législation eût
quaient pas nécessairement la culpabilité des personnes dé toujours été en vigueur, aurait certainement fait partie de
signées. Il n'est pas exact de dire, comme l'a fait M. Jules l'aréopage, sans avoir à exprimer le désir d'y entrer, et
Girard, que, si l'aréopage prononçait qu'un acte était im cependant l'historien nous dit : « Areopagitarum praeterea
putable à un citoyen, « la vérité était supposée connue et cupiebat ingeri numéro ,7S. »
au-dessus de toute discussion ; » que « la question débattue La présidence de l'aréopage était exercée par un ém
i« Bévue erii. a'hist. 1868, V, p. 198. — 1H Eod. toc. p. 73.— »• Hcracl. Pont, et s. — "0 Un procès de corruption cite: les Ath. 1862, p. 26. — Voir les auto
in Didot, Fragm. histor. grâce. II, p. 209. — 1»0 C. Timareh. §§ 81-84, D. p. 44. rités citées au mot ipopnisis, 4°. — ,Bî Din. C. Dem. § 50, D. 163. — 1*3 Arg.
— m Lys. Pro sacra olea, g 29, D. 126. — »î Eod. lac. g 25, D. 126. — "» Voir orat. Demosth. C. Androt. R. 588, 20. — i«* Dem. De corona, g 133, R. 271 ; Din.
le septième discours de Lysias, D. p. 123 et s. — 154 Voy. toutefois ce que Diogène de C. Dem. § 63, D. 165; cf. Plut. Dem. 14. — 1»» Dem. Ce corona, g 134, R. 271.
Laërto dit de Stilpoa et de Théodore l'Athée, II, 8, g 101, et 11, g 116. — «* Dem. — i«6 Plut. Phoc. 16.— '« Lyc. C. Lcocr. g 52, D. 10; Aeschin. C. Ctesiph. g 252,
C. Xeaer. g 80, R. 1372. — 1M Dugit, /. /. p. 179 et suiv. — 157 nom. C. Aristog. I, D. I4Ï. — "» Tacit. Ann. II, 53. — Corp. inscr. gr. n° 372. — "» Pro Dalbo,
g Ï3, B. 776. — «M Tlinurch. C. D<m. g 10, I). 156. - Eod. loc. gg 4 et a. I). 15» MI. _ 171 Corn, inscr. gr. no 372. — Trrb. Poil. XII, S 3. — '"3 Eod. loc. § j.
ARE — 404 — ARG

xdtTïiî "*; les inscriptions mentionnent fréquemment un jeunesse; car ce fut lui qui, sur la demande de Cicéron,
autre dignitaire, le x^pu; tîjç è$ 'Apsfou itâ^ou (Jouât); ; l'impor insista auprès du péripatéticien Cratippe pour le décider à
tance attachée aux fonctions de ce héraut résulte de ce fait se fixer à Athènes et à y enseigner la philosophie 1M. Quin-
que son nom est cité immédiatement après ceux des ar tilien nous parle d'une condamnation prononcée par les
chontes thesmothètes 175 ; aussi des hommes distingués, tels aréopagites contre un enfant qui s'était amusé à maltraiter
que le sophiste Julius Theodotus, nommé par Marc-Aurèle des cailles : « Signum perniciosissimae mentis "7. »
professeur de rhétorique à Athènes, ancien stratège et an Enfin, les Recueils d'inscriptions sont remplis de décrets
cien archonte-roi "', ne dédaignèrent pas de les remplir. honorifiques rendus par l'aréopage, tantôt seul 18S, tantôt
L'aréopage jouait encore un grand rôle dans le gouver de concert avec l'assemblée l89, tantôt d'accord avec le
nement d'Athènes, et, toutes les fois que son nom ligure peuple et le sénat l9°. Les décrets de l'aréopage s'appelè
dans une inscription conjointement avec celui du sénat ou rent non-seulement ^«pi'o-paTa, mais encore Sôyivr:* 191 .
celui de l'assemblée du peuple, il occupe toujours la pre E. Caillemer.
mière place 111 ; Gicéron va jusqu'à dire que, lorsqu'une ARETALOGI (àpttaàôyot.). — Classe particulière de bouf
personne parle du conseil qui régit la république d'Athè fons, dont les riches romains faisaient leur divertisse
nes, on doit supposer qu'elle a en vue l'aréopage ,78. ment [achoama]. Leur spécialité consistait à égayer par des
Il avaitconservé d'importantes attributions judiciaires179, discours plaisants, mêlés sans doute de sentences philoso
et sa réputation de sagesse était si grande que les Romains phiques. Ce furent peut-être à l'origine de pauvres philo
firent plusieurs fois appel à ses lumières. Tacite parle d'un sophes stoïciens ou cyniques qui se laissèrent ainsi tour
certain Théophile, ami de Pison, que l'aréopage avait ner en dérision 1 et se dégradèrent au rôle de parasites
condamné pour faux m. Dolabella, proconsul d'Asie, ayant [parasitus]. D'après Suétone Auguste avait à sa table des
eu à juger une femme de Smyrne, qui, pour venger la aretalogi, avec les baladins dont il se plaisait à s'entourer.
mort d'un fils d'un premier lit, assassiné par le second Peut-être aussi ne faisaient-ils que la parodie des philoso
mari et par un fils du second lit, avait empoisonné les deux phes. Manéthon 8 appelle dp$TaXoYt'a les discours absurdes
meurtriers, les jurisconsultes qui siégeaient à ses côtés et des fiiopoXo'YO! (diseurs de fadaises). Ch. More:..
formaient son conseil n'osèrent pas se prononcer. Il ren ARETHUSA [nympuae].
voya l'affaire aux aréopagites, « ut ad judices graviores ARGEI. — L'origine et la véritable signification de ce
exercitatioresque. » L'aréopage, ne voulant ni absoudre nom étaient pour les anciens déjà matière à conjectures.
une femme coupable d'empoisonnement, ni condamner Nous emprunterons au livre excellent de M. Rouché-
une mère qui lui paraissait digne d'indulgence, ajourna Leclercq, les Pontifes de l'ancienne Home, le résumé de ce
les parties, accusateur et accusée, et leur enjoignit de ne qui peut être considéré comme acquis par les modernes.
revenir que dans cent ans 181 . Le nom désignait à la fois des sanctuaires ou chapelles
Les attributions religieuses de l'aréopage sont attestées bâtis dans divers quartiers de Rome, où l'on se rendait en
par les Actes des apôtres ; pendant que saint Paul demeura procession le 16 et le 17 mars, et des mannequins d'osier
à Athènes, controversant avec les Juifs, il fut obligé d'aller qui, dans une autre cérémonie, le 15 mai, étaient précipi
devant l'aréopage et d'y faire un exposé de ses doctrines m. tés du haut du pont Sublicius dans le Tibre.
Plusieurs de ses attributions de police sont indiquées Les chapelles [sacraria, sacella) ', connues sous le nom
dans les textes qui nous sont parvenus. L'aréopage doit à'argei ouargea, étaient au nombre de vingt-quatre, distri
veiller à ce que les voies publiques demeurent toujours buées par quartiers. Varron 1 a transcrit quelques frag
viables ; voilà pourquoi il est appelé à autoriser les con ments des livres pontificaux qui montrent que leur empla
structions nouvelles ou les démolitions qui se font dans la cement et leur numéro d'ordre étaient soigneusement
ville, et les arrêtés qu'il prend sur ce sujet s'appellent indiqués : chaque quartier en possédait six.
&Ttou,vT][AaTi<TjAo£ 183 ; voilà pourquoi son consentement est Cette répartition correspond à une division primitive de
nécessaire pour l'érection des statues que les particuliers la ville en districts [vicusl, qui rentre bien dans la division
ou les corporations veulent consacrer à leurs bienfaiteurs, en quatre quartiers ou tribus urbaines, attribuée à Servius
et l'inscription votive mentionne souvent cette autorisa Tullius, mais qui doit être de beaucoup antérieure. Tite-
tion : xoct& tô iTrïpojTKjjA» TÎj; 1% Apeiou -iyou jîouXîjc; Le con Live 3, d'après les annalistes, en rapporte la fondation à
trôle des poids et mesures est placé sous la direction de Numa, qu'on s'était habitué à considérer comme le légis
l'aréopage, chargé de punir les falsificateurs 185. lateur religieux des Romains. « Si l'institution des Argées
L'aréopage s"occupait en outre de l'instruction de la datait du règne de Numa, dit M. Rouché-Leclercq *, il
17V Plut. An serti sitger. resp. XX, § 1, D. 970. — "5 Corp. inscr. gr. n" 180-181. P. W. Forchhammer, De Areopago nonprivato per Ephialten homicidiï judiciis.
— «« Eod. loc. n° 397. — "7 Eod. loc. n°« 313, 315, 316, 318, 320, etc. — "« De K ici , 1828; A. Bocckh, De Areopago, Berlin, 1829; G. F. Schocmann, De Areopago
nat. deor. lib. II, c. 29, § 7*. — "9 Lucian. Bis ace. g 12. — 180 An». II, 55. et Ephetis, Greifsvvald, 1833; D. J. van Lennep, De varia variis temporibus
— '»i Aul. Gell. XII, 7. — '89 Act. apost. m, 19 et suiv. — 183 Cic Ad dh: XIII, Areopagi potestate, Amsterdam, 1834 ; M. H. E. Meier, Von der Blutgerichtsbarkeit
1, § 5; Ad Att. V, 11, g 6. — >»* Corp. inscr. gr. n" 379, 402, etc.. Les n«- 263, des areopagitischen lïathes in Athen, dans le t. II du Dheinisches Muséum ;
378, etc. contiennent des formules analogues. — 185 Corp. inscr. gr. n° 123, S 9. Forchhammer, De lapidibus in Areopago guibus insislebant reus et accusator, K.iel,
—18« Plut. Cic. 21 ; cf. Himerius, in Phot. Bibl. 243, éd. Bckker, p. 365. — 187 Intt. 1843; II. Sae\e, De Areopago et judiciis helinsticis apud Athenienses, Upsal, 1862:
oral. V, 9, § 13. — 188 Corp. inscr. gr. n™ 377, 446, etc. — '«9 //,. n° 444. — '9» Ib. E. Dugit, Élude sur l'Aréopage athénien, Paris, 1867 ; Wccklein Der Areopag,
n» 438. — 191 Ib. n» 378. — Bibliookiphie. A. Dinner en 16iï, Meursius en 1624, die Kpheten urtd die Naukraren, Munich, 1873 ; C. Lange. Die Epheten und der
H. Staphorst en 1640, Schedius en 1677, van Hoven en 1708, ont publié, à Leydc, a Areopag vor Solon, Leipz.. 1874.
Nuremberg, à Iéna, à Witteniberg et à Copenhague, des dissertations sur l'Aréo AHETALOGI. ' Schol. Hor. Sat. I, 120 ; Casaub. Ad Suet. Oct. 74; Ruperli,
page, qui ont été mises à contribution par les auteurs plus récents et qu'il serait Ad Juv. XY, 16 ; O.Jahn. Proley. ad Pers. p. ici. — * L. c. — s Apotelesm. IV, 446.
inutile de consulter. Nous mentionnerons plus particulièrement les ouvrages sui ARGEI. 1 Pour la valeur de ces désignations, voy. Jordan, Topographie der
vants : Etienne de Canaye, Afe'm. de l'Acad. des inscr. et belles-lettres, lro série, Stadt Itom, II, p. 271, 287. — « De ling. Int. V, 45 et s. Le nombre 27 donné par
t. VU, p. 174 et suiv. ; G. Schwab, Num quod areopogus in plébiscita aut confir- Varron doit èlre attribué à l'erreur d'un copiste, qui a pu confondre XX1II1 et
manda aut rejicienda jus exercumt, Stuttgart, 1818 ; W.van Smïnderen, Qiiae fuit XXVII. 11 indique lui-même le véritable nombre (l. c. 44) en parlant de la cérémo
senaius areopagitici auctoritas variis reipublicae attira? iemporibus, Groningu-», nie du pont Sublicius. Cette rectification est aujourd'hui admise par tous les auteurs.
1818; J. C. Stellwag, De Arenpngo ex ultima anliqmtntt mito, lénn, 1827 ; — » 1,21. — » Les Pontifes de l'anc. Rome, p. 273.
ARG — 403 — ARG
semble que la tradition nous aurait renseignés sur l'inten Tities et les Luceres, les Argei et les devoirs qu'ils rappe
tion du fondateur aussi nettement qu'elle l'a fait pour les laient. Chacune de ces tribus eut dans chaque quartier,
autres coutumes liturgiques dont elle rapporte l'origine à non pas un sanctuaire, mais deux, parce que les Lares
ce règne. Son silence nous autorise à remonter plus haut, passaient pour être associés deux à deux.
à une époque où la société romaine n'existait pas encore, « Cette explication nous paraît pouvoir supporter la
mais où les éléments qui devaient la constituer étaient confrontation des textes : elle concilie les recherches de
déjà rassemblés. Alors, sur les hauteurs du Palatin, du Varron avec le texte de Tite-Live. Nous allons essayer sa
Gœlius, des Esquilies, du Quirinal, du Viminal, yivaient, valeur en passant à l'étude du culte des Argées.
constituées en bourgades indépendantes, de petites peu « Ce culte se composait de deux cérémonies distinctes :
plades latines et sabines, mélangées peut-être avec les une procession aux chapelles et le sacrifice sur le pont
débris d'une population antérieure. Chacun de ces ha Sublicius. La procession avait lieu le 16 et le 17 mars;
meaux devait avoir ses lares, car ce culte, le plus ancien la Flaminica Dialis y assistait, les cheveux épars en signe
de tous, était l'origine, le lien de toutes les associations, de deuil 7. Puis, le 1 5 mai, les pontifes, les Vestales, les pré
des gentes et de la famille elle-même... Les habitants d'un teurs, les autres magistrats se rendaient sur le pont Subli
quartier ne formaient point de confréries ou de groupes cius. Après que les pontifes avaient offert le sacrifice d'u
religieux analogues aux gentes ou aux curies. Ils n'avaient sage, les Vestales précipitaient dans le Tibre vingt-quatre
point de sacrifices héréditaires à offrir en commun, point mannequins d'osier auxquels on donnait le nom <VArgei*.
de traditions collectives à conserver ; en un mot, ils com « La procession du mois de mars tombe au milieu des
posaient une unité exclusivement politique. Leurs adora fêtes des Saliens (1-24 mars) et n'était peut-être qu'une de
tions communes ne pouvaient donc s'adresser qu'à des di leurs rondes destinée à porter aux antiques lares d'une
vinités elles-mêmes purement locales, attachées au sol et société disparue le tribut d'un souvenir.
protectrices de ceux qui y avaient bâti leur demeure. » « La cérémonie du pont Sublicius appartient exclusive
De même que chacun des vici délimités par Servius Tul- ment au culte des Argées. Son antiquité est incontesta
lius avait sa chapelle des Lares compitales et célébrait en ble : les auteurs sont unanimes pour placer son origine
leur honneur la fête des compitalia, de même on peut bien au delà de la fondation de Rome ; mais l'imagination
supposer que les Argei étaient des Lares protecteurs des grecque, qui a mêlé tant de fables à l'histoire romaine,
subdivisions du sol romain à une époque antérieure, déjà nous a caché sous ses fictions le point de départ de cette
oubliée peut-être lorsque Rome reçut de Servius Tullius coutume. On racontait que les premiers habitants du sol
une nouvelle organisation 6. romain, Aborigènes ou Pélasges, sacrifiaient à Saturne 9,
« La barbarie de ces temps reculés et le caractère des d'autres disent au dieu des enfers Dis Pater 10, une ou plu
religions italiques, qui ne connaissent point de dieux dé sieurs victimes humaines, et cela en vertu d'un oracle
sintéressés, enfin les nombreuses allusions à des sacrifices dont on citait même le texte grec. Cet usage barbare sub
humains contenues dans les vieilles légendes permettent sista jusqu'à ce qu'Hercule, représentant de la civilisation
de croire que le sang humain coulait quelquefois en hellénique, vînt enseigner à ce peuple grossier les finesses
l'honneur de ces génies souterrains qui tenaient entre de la substitution qui permit de satisfaire à la fois aux
leurs mains les sources de la fécondité et de l'abondance. exigences des dieux et à celles de l'humanité. Ce sacrifice
Cette hypothèse prend tous les caractères de l'évidence, devait avoir lieu d'abord sur la rive du fleuve, car le pont
quand on songe que les Lares compitales exigeaient des sa Sublicius datait, d'après la tradition, du règne d'Ancus".
crifices humains et qu'on leur immolait des enfants, jus « En somme, les récits des auteurs nous permettent de
qu'à l'établissement de la république *. Elle nous aidera à constater une tradition archaïque affirmant l'usage d'offrir
expliquer le sens du sacrifice des Argées. » Lorsque la aux divinités souterraines des victimes humaines "... Les
Rome historique se fut constituée par le rapprochement traces presque effacées de la tradition les amenaient à
des trois tribus des Ramnes, des Tities et des Luceres, les reconnaître qu'il s'agissait de dieux attachés au sol, sans
Lares des anciennes bourgades ne pouvaient plus sans leur permettre de préciser davantage, et la preuve, c'est
doute représenter des associations dissoutes, mais « ils qu'ils ne s'accordent pas lorsqu'ils précisent : les uns
avaient droit à un hommage qui rappelât ce qu'ils avaient donc ont cru reconnaître le roi du monde souterrain, Dis
été. Oubliés pour des dieux nouveaux, ils auraient pu ven Pater, les autres Saturne, le principe fécondant de la terre,
ger leur divinité méprisée sur les descendants de leurs dont le culte a, du reste, de nombreuses analogies avec
anciens adorateurs. Numa, selon Tite-Live, satisfit à ce celui de Dis Pater. Le nom de Saturne introduisit dans la
pieux devoir, et éleva ou ordonna d'entretenir ces sanc théorie des Argées les légendes déjà groupées autour de
tuaires connus plus tard sous le nom d'Argei. » Servius Tul lui, » la ville de Saturnia fondée au pied du Capitole par
lius, qui cherchait à resserrer les liens de l'unité en con Hercule et les Argiens, ses compagnons, dont les Argaea
fondant les trois races dans ses divisions administratives, fApfEÏa) étaient les tombeaux 1S. Ces Argiens, disait-on,
voulut peut-être partager également entre les Ramnes, les s'étaient précipités dans le Tibre ou avaient ordonné qu'on

S/i.p. 271; cf. Mommsen, Bôm. Tribus, p. 14, 16 et s. j Platner, Bunsen, etc. Bes- cations relatives à l'âge. Le dicton sur lequel elles se fondent : «. Sexagenarios de
rhreib. de Si Ram, I, p. 688 ; Abeken, Mitlelitalien, p. 127 ; Ambrosch, Studien und ponte » n'a pas nécessairement trait aux cérémonies des Argei. — *s Varr. V, 45 ;
Andeutungen, I, p. 211 ; HSper, Lucubr. pontif. p. 24 ; Schwegler, Bôm. Geschichte, Dionys. I, 34 ; Macr. I, 7, 27 ; Ov. Fast. V, 630 et s. ; Fest. p. 259 ». v. Sexagena-
p. 380. - « Macr. Sat. I, 7, 34, — 1 Ovid. Font. 111, 791 et s.; Gell. X, 15, 30. rios ; Plut. Ou. rom. 32. — Bibliogbaphii. Bunsen, Beschreibung der Stadt Bom
— ■ Denys d'Halicarnasse, I, 38, parle de 30 effigies (tr$wXa), mais son témoignage I, 146 et s. 186 et s., Stuttgard, 1829 ; O. Millier, in BOttigcr's Archàologia und
ne saurait prévaloir contre l'autorité de Varron, De îing. lat. 44; cf. Plut. Qu. Kunst, 1,1, 69 et s. ; Uuschke, Die Verfassung des Servius Tullius, p. 62, 86, 706,
rom. 32 et 86; Macr. Sat. I, 11, 47; Ovid. Fast. V, 62t. — » Ko4vo;. Saturnus : Hcidelherg, 1838; Id. Das alte rùmische Jahr, Breslau, 1869, p. 228; Ambrosch,
Dion ;f. I. /. ; Ovid. Fait. V, 627 ; Lactant. Inst. I, 21,6 ; Id. Epitome ad Pentadium, Studien und Andeutungen im Gebietdesaltenrômischen Boden und Cultus, Breslau,
23, î. — 10 'Ailiis, Dispater: Macr. I, 7, 28; Fest. p. 259 Lind. ; Macr. I, 7, 31. 1839, p. 198, 211 et s.; Mommsen, BOmische Tribus, Altona, 1844, p. 15, 211;
— M Voy. cependant ap. Macr. I, 11, 47, la version d'Kpicadus, un érudit du temps Klausen, Aeneas\und die Penaien, II, p. 934, Hambourg et Gotha, 1840; Hertzberg.
d* Sylla, Mommsen, Bhein. Afus. XVI, 284. — H On peut laisser de coté les expii- De diis Bom. patriis, p. 54, Halae, 1840; Gottling, Geschichte der rom. Staats
ARG — 406 — ARG
y précipitât leurs cadavres, afin que les flots emportassent lurent nombreux en cet endroit7. Là se tenait la bourse des
leurs dépouilles jusqu'aux rivages de l'Argolide. Hercule Romains, et particulièrement sous les arceaux dujANcs*.
avait d'abord, sous son nom grec, une physionomie tout Les boutiques (tabernae 9), construites et louées par les
italienne. C'était, lui aussi, un génie libéral et protecteur, censeurs pour le compte de l'État l0, occupaient les deux
pâtre à la campagne, dispensateur des bénéfices imprévus plus longs côtés de la place; on en distinguait d'anciennes
à la ville et là s'associant, pour ainsi dire, dans une œuvre et de nouvelles, souvent distinguées dans les auteurs par
commune aux lares publics. Lorsque les progrès de l'hel les mots veteres et novae 11 . Elles s'étendirent encore dans
lénisme en Italie l'eurent assimilé à peu près complètement le quartier environnant, comme on le voit par quelques
à son homonyme grec, lorsque l'on se fut habitué à dire exemples. Les argentariï et les nummulariï avaient l'habi
« l'Argien» Hercule, les Lares, ses compagnons, passèrent tude de spécifier le lieu de leur résidence
également pour Argiens. Cette épithète remplaça leur Le comptoir (mensa) étant dans ces boutiques la chose
nom propre depuis longtemps oublié, et s'appliqua par principale, ces mots devinrent, comme chez nous, syno
extension aux victimes qu'on leur offrait. » E. S. nymes et on les trouve employés l'un pour l'autre". Quel
ARGENTARII. — Banquiers et changeurs chez les ques monuments représentent, bien imparfaitement, il
Romains. — Pour les Grecs, voyez trapezitae. est vrai, la taberna
I. Le môme nom s'appliquait, à Rome, à tous ceux qui argentaria. La li
maniaient l'argent, aux orfèvres aussi bien qu'aux chan gure 494 reproduit
geurs ou aux banquiers. Les premiers sont appelés plus par un bas -relief du
ticulièrement dans les textes argentariï fabri1 ouvasculariï*; Vatican 11 : on y
quelquefois, comme les autres, simplement argentariï \ voit un changeur
Il est probable que les mêmes hommes qui faisaient déjà assis derrière son
le commerce de l'or et de l'argent, l'essai et le change des comptoir, au-des
monnaies et les opérations de banque, fournirent aussi le sus duquel on re
métal nécessaire à la fabrication des objets d'argent, d'a marque un com
bord très-restreinte à Rome, mais qui s'étendit rapidement partiment grillé Fig. 494. Changeur romain.
à partir du m0 siècle av. J.-C. [argentum]. Par la suite assez semblable à
encore les professions ne furent pas toujours séparées : les ceux qu'on voit encore dans les établissements du même
orfèvres recevaient en dépôt l'or et l'argent d'aulrui, genre; près de lui est un monceau d'objets de forme très-
ouvraient des comptes et faisaient par conséquent la ban incertaine, dans lesquels on peut voir des lingots; il paraît
que'; d'autre part, les changeurs, plus précisément appe être occupé à les
lés nummulariï, mensulariï, collectariï, ouvraient aussi des compter, et tourne
comptes, et les banquiers changeaient de l'argent; c'est la tète vers un se
pourquoi, dans la pratique et selon le droit, ces profes cond personnage ,
sions furent souvent confondues \ porteur d'un sac,
On ne frappa de monnaie d'argent à Rome qu'en 2G8 qui s'avance vers
ou 269 av. J.-C. ; mais les relations des Romains avec les lui. C'est encore un
peuples voisins qui en possédaient avaient rendu la pro changeur que re
fession des argentariï nécessaire bien avant cette épo présente la figure
que, et longtemps avant qu'il en soit fait mention pour la 4!)o,d'aprèsunfond
première fois dans l'histoire. En l'an 309, au temps de la de vase en verre
guerre contre les Samnites après le triomphe de Papi- peint 15 : il est assis
rius Cursor, les boucliers tout brillants d'or des vaincus près d'une table
qu'on y avait admirés, furent distribués aux propriétaires couverte de pièces
des comptoirs {dominis argentariarum) établis sur le forum, de monnaie ; un Fig. 495. Changeur ou vérificateur de
afin de contribuer à son embellissement. Il est difficile homme debout lui
d'admettre que des boutiques où l'on aurait seulement en présente d'autres sur une tablette ; derrière, pour mieux
vendu des objets d'argent, aient tenu tant de place sur le préciser la signification du sujet, sont suspendues des
forum, à une époque où on en fabriquait si peu : c'est bourses ou sacs destinés à enfermer l'argent, sur lesquels
donc de celles des changeurs et banquiers qu'il s'agit; et des chiffres sont inscrits et semblables à ceux qu'on voit
l'on sait, en effet, que do tout temps leurs établissements figurés sur d'autres monuments [saccus, marsupium, fiscus].

rerfassung, p. 59, 191, Halle, 1846 ; Abeken, Miltelitulien, p. 127, Stuttgart et Hor. Ep. I, 1, 54 ; Snt. II, 3, 18. — » Varr. l.ing. lat. VI, 9, ot ap. Non. p. 532 ;
Tubingen, 1847; Schwegler, Rom. GeschiMe, 1, p. 379 et 8. Tubingen, 1853 ; Rô- Mercier; TU.-LW. IX, 40 ; XXVI, II et 27 ; Flor. Il, 6, 48. — 1» Tit. Ih. XI, 51 ;
per, Lucubrationum pontificalium primitiae, Gedani, 1848, 1849, p. 8 et s.; Mar- XXVII, 11 ; XXXIX, il; XL1, 27 ; XI.1V, 16; Dig. XVIII, 1, 3i. — " Plaut. Cure.
quardt, Jfandbuch der rOm. Alterthttmer, IV, p. 290 ; Dver, in Smith's Dic IV, 1, M et t.; Asin. I, 103 et s.; 112 et s.; Cic. Acad. IV, 22 ; De ont. Il, 66 ;
tion, of greek and rom. geography, t. II, p. 734 ; Preller, Rôm. Mythologie. Varr. Ling. Int. VI, 59 ; Tit.-Lir. III, 48 ; XXVI, 27 ; XL, 51 ; Quintil. Inst. VI, J,
2« éd. Berlin, 1865, p. 514; Liebrecht, Die Argei, in Philologus XXIII, p. 679 58 ; Pliu. Hist. Rat. XXXV, 4, 8 ; 10, 36 ; Becker, Uandb. d. rôm. Alterthûmer, 1 .
et «. ; XXVI, p. 7Î7 et s. ; Bouché-Leclcrcq, les Pontifes de l'ancienne Home, p. 295, 326. — » Tit.-Liv. XXVI, 11 et 27 ; Fabrclti, p. 649, n. 420 ; Muratori, p. 97 .,
1871, p. S68 et s.;H. Jordan, Topographie der Stadt Itom, Berlin, 1871,11, p. 236. 8 ; Borghesi, Bullet. d. Inst. archeol. 1850, p. 178 et 184. — '» Cic. Pro Flaceo,
ARGENTAM1. 1 Orelli-Henzen, 5085, 5755 ; Boni, VIII, 10. — I Orelli- 19; Dig. Il, 13, 4; XIV, 3, 20. — C'est sans doute celui qu'avait tu, au palais
llmien. 4147, 7217 ; Muratori, 961, 5; Dig. XXXIV, 2, 39, pr. — » Orclli, 1883, Salviati, Zoëga, qui en donne la même explication ; O. Jahn, Berichte der Sàchs.
4146 ; Henien, 7218 ; Lampr. Al. Sev. 24 ; Cod. Thcod. XIU, 4, t. — * Dig. XUY, Oesellsch. der Wùtsensch., 1861 : y voit, à tort, croyons-nous, un marchand de pois
", 61 ,pr.—s Elles sont distinguées dans le Digeste, II, 13, 9, 2 ; cf. Mommscn, Uist. de son ou d'autres comestibles et un mendiant. — *s Boldctti, Osserv. p. 212 ; Grivaud
In monn. rom. III, p. 172, note 1, de la trad. Blacas. — « Tit. Liv. IX, 40. — '• Ter. de la Vincelle, Arts et métiers des anc. 101, 2 ; O. Jahn, l. I. ; Garucci, Yetrï or/i.
J'Itorm. V, 8, 28 ; Adel^h. 11,4, 12 ; Vitruv. V, 1 ; de là les expressions « foro cedere, XXXIII, 1. Le P. Garucci, Storia d'/sernia. p. 151, 80, indique encore un bas-reliel
ubire, mergi », signifiant faire banqueroute : Plaut. Rpid. I, 2, 16 ; Uig- XVI, 3, 7,2. représentant un sujet semblable, et Welcker, ad Zoëga, Abhnndl.. une pierre gravée
— »r.;e. Dr of. II, Î5: Philion. VI, 5 ; Otid. ttnn. nm. 561; Schol. et Intrrp. île la collection Pooimlowtki,
AHG — 407 — AHG
Les témoignages très-divers que fournissent les ai; leurs 1' specie), soit le plus souvent à titre de dépôt irrégulier, pour
au sujet des argentarii, nummularii, collectant, trapezitae, être restituées en monnaie quelconque ayant cours. Dans
collybistae, et de tous ceux, quel que soit leur nom, qui ce dernier cas, Xargentarius devenait propriétaire et courait
faisaient le commerce de l'argent, les dépeignent tantôt le risque des cas fortuits ; mais le déposant conservait
comme des hommes remplissant un emploi important et contre lui l'action personnelle depositi avec le pricilegium
honorable 16, tantôt comme de misérables usuriers, ou interpersonales actiones, c'est-à-dire l'avantage d'être préféré
tout au moins comme méritant peu de considération n. aux autres créanciers ordinaires ou chirographaires. Mais
Ces textes prouvent seulement que, à Rome comme ailleurs sur le rang du privilège en présence d'autres piivilégiés,
et dans tous les temps, il y avait des hommes faisant des l'opposition apparente de deux textes d'Ulpien a donné
affaires semblables en apparence et cependant dans des lieu à de vives controverses îT. Lorsque le banquier avait
situations très-différentes. On le comprendra mieux en promis ou payé des intérêts au déposant, la dette née du
core après avoir lu (an S II) les explications relatives aux dépôt irrégulier était assimilée à une dette née d'un prêt
règles de leur profession. [creditum ou mutuum], et la créance se trouvait dépourvue
On a pu souvent confondre avec les argentarii, dont les de privilège. Au contraire, quand il y avait lieu à ce pri
établissements ouverts à tous avaient un caractère pu vilège, il s'exerçait en cas de faillite du banquier, non-seu
blic, mais qui ne faisaient que des affaires privées, les lement sur les biens provenant directement de l'argent
mensarii, qui faisaient l'épreuve des monnaies (probatio) et déposé, mais encore sur toute la fortune du fraudator™ ;
maniaient les deniers publics. Cette confusion est d'autant ce qui fut admis, d'après Papinien, par un motif d'utilité
plus facile que les affaires pour le compte des particuliers publique, à cause de la nécessité où l'on était de se servir
n'étaient pas interdites aux mensarii, et que les argentarii, des banquiers ; ajoutons que cette garantie ne pouvait
de leur côté, furent chargés souvent, comme experts, de qu'accroître leur crédit.
vérifier le titre et la qualité des monnaies étrangères ou Que les argentarii fussent dépositaires réguliers 89 ou
soupçonnées d'être fausses, à cause de leur expérience spé non, les déposants les chargeaient souvent d'opérer pour
ciale en ces matières. Une loi de Marius Gratidianus leur leur compte des paiements (scriptura per mensam ou de
donna un caractère légal pour cette épreuve 18. Ils furent mensa solvere), et l'on avait môme admis d'assez bonne
en outre, sous l'empire, chargés d'acheter à la monnaie heure qu'on pouvait les charger d'opérer des prêts [mu-
impériale les pièces nouvellement frappées et de les faire tttum), pour le compte du déposant 30 sur un mandat appelé
entrer dans la circulation (solidorum venditio "). Une confu perscriptio"1 (ou perscribere solvere ab aliqvn). 11 arriva natu
sion semblable peut être faite aussi au sujet des nummularii, rellement que les capitalistes prirent l'habitude de verser
qui appartenaient, dans un rang inférieur, à la classe des leurs deniers chez Yargentarius, avec clause tendant à
banquiers publics (ils sont appelés quelquefois mensarii ") ; leur faire produire intérêts, tout en se réservant la faculté
ils faisaient peut-être seulement le change de l'argent et d'en ordonner l'emploi à volonté. Il paraît même que le
du billon, et ne prenaient pas part aux ventes par adju banquier se chargeait souvent, moyennant une somme
dication [auctio]. Us étaient aussi chargés parfois de la véri reçue à Rome, de procurer le paiement d'une pareille
fication et de l'essai des monnaies, à Rome ou dans les pro somme par son correspondant dans une autre ville **, en
vinces*1. Ils sont, dans quelques textes, séparés nettement tenant compte du cours du change, des temps et des diffé
des argentarii **. Les mensarii et les nummularii furent pla rents pays ; le mot permutatio doit s'entendre souvent
cés, pendant l'empire, sous la surveillance du praefectus en ce sens. Il y avait là le germe du contrat de change,
urbi a, et ils formèrent une corporation spéciale **. 11 y mais non pas précisément la lettre de change avec les
eut aussi à Constantinople un collège A'argentarii î5. avantages spéciaux qui, chez les modernes, lui font faire
11 faut, avec plus de soin encore, distinguer des argen l'office de monnaie. Les Romains n'admettaient pas en
tarii et des mensarii les trilmviri ou quinqueviri mensarii, principe.la cession des créances ; ils n'y étaient arrivés que
magistrats d'un ordre élevé, créés dans des circonstances par des voies détournées, et étaient bien loin des effets
exceptionnelles, pour lesquelles nous- renvoyons à un transmissibles par voie d'endossement et avec recours so
article spécial. E. Saglio. lidaire contre les signataires. Car un nomen arcarium ou
IL Les banquiers étaient soumis à des règles particu un chirographum 8\ n'était encore pour eux qu'un moyen
lières ou à des usages dont les lois romaines nous ont (instrumenlum) de preuve [cautio], à la différence du codex
conservé des traces. En effet, ils faisaient le change, ce accepti et depensi ou des nomina transcriptitia **, qui ser
fut leur première et toujours leur principale occupation : vaient de livres (uiensae rationes) aux argentarii, comme
c'est ce qu'on appelait permutatio ou encore callybus (du de registres à tous les particuliers.
nom grec xôXXuêo?, qui signifie l'agio, ou la différence qui Ces registres que les Romains tenaient avec tant de soin
faisait leur bénéfice) ; en môme temps ils tenaient les ban étaient spécialement à l'usage des argentarii; ils y por
ques de dépôt, de recouvrement, et de prêt ou de crédit; taient au crédit du client tout ce que celui-ci leur versait,
on déposait chez eux, en échange d'actes, des valeurs soit ou faisait verser (acception a Titio centum), et à son débit,
dans un sac cacheté, pour être restituées en nature (in tout ce qu'ils payaient à lui ou par son ordre (expensunt
<« Cic. Pro Caec. 4 ; Aur. Vict. 72, 2; Suet. Vesp. 1 ; Acro ad Hor. Sut. I, 6, 86. Theod. De hit qui super, XVI, 4. — >5 Novell. 1 36 pr. ; Justin, edict. VII, 9 ; OrelH,
— « plaut. Pers. UI, 28 et s. ; Cure. III, 1 et a. ; IV, 2, 20 ; Cas. prol. 25 et s. ; 913, 955. — »6 Fr. 24, § 2 Dig. De reb. auct. jud. XL1I, 5 ; et fr. 7, S 2 et 3 Dig.
Truc. I, 1, 47 ; Suet. Oct. 2 et 70. — '» Plin. Bist. nat. XXIII, 9. — '» Symraach. Depositi, XVI, 3 ; cf. fr. 8 eod. — « Pellat, Textes choisis des Pandectes, Pa
Ep. IX, 49 ; Procop. Anecd. 25 ; Saumaise, De mur. XVII, p. 504 ; Nov. Theoil. 23 ; ris, 1859, p. 75 et suît. — » Papin. fr. 8, DcposU. Dig. XVI, 3. — *» Fr. 9, S 9 D.
Gothofr. Ad h. 1. 1. VI, 2 ; Append. p. 71 j Cod. Tlieod. IX, 22, 1 ; Gothofr. t. III, p. 202. De rch. crédit. XII, 1. — M African. Fr. 34 Dig. Aland. XVII, 1. — 31 D'où
— » Paul. Biac. s. ». Mensarii ; Suet. Oct. 4;«)ig. XLVI, 3, 39. — SI Apul. Met. X, perscribere solvere ab aliquo ; Cic. Pro Flacco, 19, 30 ; Ad AU. VII, 18. — *■ Cic.
p. Î43 Klmenh. ; Dig. XLVI, 3,39; l'etron . f'rag. trag. 56 Burin.; Orelli-Hemen, 1010, Ad AU. XII, 24,27; XV, 15; V, 15; XI, 1,24; Ad div. II, 17; III, 5 J Ad
3226, 3227, 4229, 4255. — " UIp. fr. 32 Dig. De cont. empt. 1. XV III, I : Tabernae Quint, fr.l, 3 ; Pro Rabirio 4, et Ferrât., Ad h. I. p. 427. — *> Pour le» peregrini
publicae sunt, quarum usus ad prwatos pertmet ; Hubert, Disput. jur. de argentaria, le chirographum était obligatoire par lui-mômc : Gaius, 111, 131, 13-1. — 8k Gaiua,
Traject. 1740. — » Fr. I, g 9 Dig. De uff. praef. I, 2, fr. J eod. — « G. 5, § I Gud. III, 128.
ARG — 408 — AHG
Titio centum) 3S. Du reste, comme l'obligation se formait tion garantie par l'action receptitia était des plus commo
par la seule mention inscrite par le créancier sur son re des pour qui consentait à faire une intercessio condition
gistre avec le consentement du débiteur, le client pouvait nelle, ouvrir un crédit à un tiers sur l'ordre d'un client 48 ;
emprunter de son banquier au moyen d'une simple écri ainsi le banquier ne s'obligeait qu'autant que le tiers use
ture 38, et se libérer également par une écriture contraire: rait du crédit dans les limites fixées. Aussi les argentarii
ainsi, lorsque les banquiers avaient payé pour le compte du étaient-ils les intermédiaires obligés dans toutes les grandes
client déposant et sur sa rescriptio, ils le débitaient d'au affaires, et spécialement entre débiteurs et créanciers **.
tant sur le codex ; le compte était-il soldé, le nom était Mais la loi avait pris contre les banquiers certaines
rayé du registre (nomen expedire, expungere) 8T. précautions. L'argentarius devait avoir ses comptes à jour,
Les riches romains en vinrent à être en compte courant et opérer lui-même les compensations en faveur de ses
avec leurs banquiers, et nous croyons que l'ouverture clients, quelle que fût la diversité des causes des dettes
d'un crédit était une opération connue de ces habiles ma respectives; si, faute d'une balance exacte, il réclamait dans
nieurs d'argent, et qui n'avait rien de contraire aux prin son intentioçlus qu'il ne lui était dû, il perdait sa créance;
cipes du droit romain. En effet, Yexpensilatio ou contrat la compensatio ayant lieu, dans ce cas, ipso jure, il y avait
litteris ne repoussait pas toute modalité, puisqu'il admet- plus petitio 50 ; il fallait toutefois que les dettes fussent
lait la solidarité parfaite ou corrcalité. Lorsque plusieurs exigibles et de même nature 61 ; on peut soutenir !î qu'une
argentarù avaient écrit, du consentement du débiteur dette nouvelle, portée au compte courant, et destinée à y
commun et pour le môme objet, des titres concordants, être compensée ultérieurement, ne devait pas toutefois
ils étaient créanciers chacun de la totalité de la somme, être alléguée contre Yargentarius agissant en vertu d'un
mais elle n'était due qu'une fois 39, et cela soit qu'il y compte arrôté. En revanche, il est probable que ce fut à
eût ou non une société entre eux. Mais le dernier cas l'occasion des fraudes des argentarii qu'on introduisit Yex-
devait être le plus fréquent et entraînait des conséquen cep/io non numeratae pecuniae, qui forçait le créancier en
ces juridiques particulières entre les associés, notam vertu d'un contrat litteris ou verbis, à prouver la cause fi
ment le partage des bénéfices, et môme à l'égard des nale de l'obligation, c'est-à-dire la numération des espèces.
tiers. En effet, lorsqu'une maison de banque (argentaria) Les argentarii procédaient souvent à des ventes à l'en
appartenait à plusieurs sociétaires '*, ce qui était assez can [auct ioj 51 des objets à eux engagés, ou pour le compte
fréquent, le tiers qui avait traité avec l'un d'eux pouvait des tiers 54, si les banquiers prétendaient réclamer le prix
poursuivre pour le tout (in solidum), chacun des antres w. de l'adjudicataire ?» auctione, avant d'avoir délivré l'objet
L'édit des édiles curules appliquait notamment ce principe vendu, ils étaient repoussés par l'exception rei emptae non
contre les sociétés de marchands d'esclaves, à raison des tradi/ae1"', à moins d'une clause spéciale de l'adjudication56.
actions redhibitoria et quanto minoris" ; réciproquement, Enfin, en matière de preuve, les argentarii étaient sou
chaque argentarius associé avait action in solidum contre mis encore à des règles particulières. Ainsi, tandis qu'en
le débiteur d'une maison de banque M : le tout indépen règle générale, un demandeur ne pouvait forcer son ad
damment d'une clause spéciale de solidarité ; il y avait là versaire à produire ses titres, les argentarii étaient tenus,
en effet des règles particulières, dérogeant au droit com en vertu d'une disposition spéciale de l'édit 87 , à edere ou
mun, dans l'intérêt du commerce. De même, le pacte de copiant facere describendi, c'est-à-dire à présenter leurs
remise fait in rem au profit de l'un des argentarii socii par registres (rationes ou corJ/ces) , parce que leurs fonctions
le créancier commun profitait à l'autre 43 ; mais, en sens étaient en quelque sorte considérées comme publiques 58 ;
inverse, le débiteur ne pouvait opposer au banquier le on avait contre eux à cet effet une action in factum, in id
pacte de remise de non petendo, fait par le débiteur avec t/uod interest 69. C'est par cette raison, entre autres, que
l'autre associé **. En était-il de même pour le cas de no- les banquiers conservèrent jusqu'à Justinien l'usage des
vatio ? La question paraît douteuse, en présence, de deux codices, tombé en désuétude pour les particuliers, dès le
textes qui semblent contradictoires a. commencement de l'empire 60. Au point de vue de la pro
Très-souvent les banquiers fournissaient du crédit à duction des titres,, les editii, les nummularii sont spéciale
leurs clients en s'engageant pour eux (intercedere). Lors ment assimilés aux argentarii ^ ; ce qui prouve, contre
que Vargentarius avait promis de payer à jour fixe (recipere) l'avis des anciens interprètes, que ces expressions n'é
à une personne déterminée, l'usage, dérogeant au droit ri taient pas synonymes et désignaient, comme on l'a dit
goureux, fit admettre que Yargentarius serait tenu par ce plus haut, deux classes de personnes confondues seule
simple pacte, d'une action civile, perpétuelle, applicable à ment dans la pratique.
tout objet dû, indépendamment de toute cause préalable Les argentarii sont quelquefois appelés coactores, parce
de dette autre que la convention *6. Cette action dite re- qu'ils se livraient à des opérations de recouvrement pour
ceptitia fut plus tard fondue par Justinien avec l'action le compte de leurs clients; peut-ôtre donnait-on aussi ce
prétorienne née du pacte de constitutum Or la conven nom aux agents inférieurs des banquiers 6I. G. Humbeht.

ir Plin. Hist, nat. II, 7. — On se servait de ce moyen pour faire soit une — 30 (Jaius, IV, 68. — 51 Id. IV, Cj, C7, — Si En se fuiidant sur la loi 13, Dig. De
novation réelle, soit une délégation : Gaius, III, lîîj-130 & Cic. Ad Attie. XVI compens. XVI, 2 ; Pilcttc, De la compensation, dans lu Iteoue hist. de droit. Puris
6; Plaut. Ciêt. I, 3, 41. — M Fr. 7, g 18, De pactis. Dig. II, 14; fr. 9 pr. De 1801, p. 14 et a. — M Cic. Pro Caecina, 6; Quintil. XI, 2, 24; Suet. Aero, 5.
pactis, eod. tit. ; fr. 34 pr. De reee.pt. Dlg. IV, 8. — 3» l'ip, fr. 52, 8 5, Pro — 5t Fr. 18 Dig. De hered. petit V, 3 ; fr. 88, De solut. XLVI, 3. — » Gaius, IV,
socio, Dig. XVII, 2. — *° Auct. ad Heren. H, 13. — *' Fr. 44, § 1, Dig. De 120 tu fine. — 56 i Dans ce dernier cas, l'argentarius opposait la réplique : « Aut si
aedil. edict. XXI, 1. — 4î Paul. fr. 27, Dig. De pactis, II, 14 j Dcmnngcat, Des praedictuin est ne aliter emptori res Iradcretur, quam si pretium emptori solverit. ■
oblig. solidaires, p. 164; Savigny, Das Obligationrccht, t. I, g 17. p. 148 et s. — 57 Fr. 4 Dig. De cdemhi, II, 13. — Fr. 4, g 1 eod. - S9 Fr. 1.1 eod. — «0 Asronius,
— " Fr. 25 et 27, De part. Dig. II, 14. — ** Fr. 27, De pact. D. II, 14. — WFr. Ad Cic. Yerr. 1,33, p. 175 Orclli.— rjiul.fr. 9, §2 Dig. De edendn, II, 13.— Fr. 4\
27, De pact. et fr. 31, S l,De novat. Dig. XLV1, 2.— 46f.. 2 Cod. Justin. De const. g 8, De stat. liber. Dig. XL, 7. — BiM.ior.aArniK, Sigonius, De antiquo jure cicium
pecun, IV, 18. — *7 inst. Just. IV, 6, §§ 8 et 9. — ■'»> Ducaurroy, lnslit. expliq. Rom, II, c. XI ; SalmasiuH, De usuris. CXVII : C. Hoffiuan, De commerciis et eawbi.'x
»' éd. Paris, 1830, II, n" 1206, 1210 ; fr. 19, De constil. pecun. MU, U. — '» Quin- reterum. ltegiomont. 1726 ; Sieher, De argentnriis, Lips. 1737, 1739 ; Hubert, /h'xpuf,
til. XI, 92; Plaut. Curcul. II, 3, 66; III, 1, 01; IV, 3, 3; V, i, 20; 3, 31. jur. de argentaria veterum, Trajcct. 1730, 1 7 10, et in Dits, jui: Select, in Acad. Belgi
ARG — 409 - ARG
argenteus minutulus, antoninianus, aurelianus de mines abandonnées ,0. On trouvait encore de l'argent à
[aureus]. Siphnos", en Macédoine, au mont Pangée"; à Damastion,
ARGENTUM("ApYupoç). — L'argent fut connu des Grecs en Epire"; les Phéniciens en cherchaient jusqu'en Espa
sans doute bien avant qu'ils eussent appris à exploiter gne1'; il en venait toujours de la côte septentrionale de l'Asie
les mines qui le recelaient dans les contrées habitées par Mineure ,!. Le commerce de l'Orient, quand les Grecs s'en
eux. On ne trouve dans les poèmes d'Homère aucune trace furent emparés, puis les victoires sur les Perses en mirent
d'une pareille industrie. Il indique 1 Alybè, probablement entre leurs mains de grandes quantités. L'argent et l'or
le pays des Chalybes, dans le voisinage du Pont-Euxin, qui entrèrent en Grèce par cette voie furent en grande
comme un lieu d'où on le tirait. Il en vint de bonne heure partie employés aux entreprises publiques de la guerre et
de la Golchide et, peut-être dans un temps encore plus de la paix. De grandes richesses aussi restaient enfermées
ancien, de la Bactriane*. On voit dans la Bible3 que dès dans les principaux sanctuaires, où affluaient de tous les
le temps où Abraham quitta la Mésopotamie et s'établit pays, et même de chez les Barbares, les dons en espèces et
dans la terre de Ghanaan, l'argent n'était pas rare en ces les ouvrages d'or et d'argent18. Mais les métaux précieux
deux pays et servait de moyen d'échange ; on y savait aussi furent assez abondants vers la moitié du ve siècle av.
dès lors en faire des objets travaillés avec art. En général, J.-C. pour que l'on commençât à voir chez les riches par
on peut conclure des recherches qui ont été faites sur les ticuliers beaucoup de vaisselle et d'autres objets faits en ces
origines de la métallurgie [metalla], que c'est d'Orient que matières, et il n'était pas rare d'en voir quelques pièces
vinrent en Occident l'argent aussi bien que l'or, et les même chez des gens de condition médiocre17. Le goût
premiers objets fabriqués en ces matières, mentionnés par s'en répandit surtout après la conquête de la Perse ,
Homère en divers endroits. Le cratère d'argent, prix de la sous Alexandre et ses successeurs, non-seulement chez
course, gagné par Ulysse, est venu de Sidon sur un vaisseau les princes, qui l'étalaient sur leurs tables et dans leurs
des Phéniciens 4 ; celui dont Ménélas fait présent à Télé- fêtes avec une profusion incroyable1", mais encore chez
maque lui a été donné par le roi de Sidon lui-même 3 ; il beaucoup de personnes dont la fortune ne répondait pas
a aussi rapporté de Thôbes en Egypte des corbeilles (tcî- à ce luxe; si bien que quelques-unes qui ne pouvaient
Xapoi) et deux cuves (à<jâ(ji.iv9oi) d'argent8; mais, à côté de avoir de véritable argenterie s'en procuraient l'imitation
ces ouvrages de fabrication étrangère, le poète parle du consistant en poteries couvertes de feuilles de métal battu
trône d'argent et d'ivoire de Pénélope, qui était de la main d'une ténuité extrême19. On peut juger du reste, d'après
d'un ouvrier indigène''; il indique les outils dont se ser quelques pièces que l'on possède encore, que les artistes em
vait un orfèvre à Pylos : l'enclume, le marteau, la te ployaient sou
naille *, et nomme encore en divers endroits des objets ou vent pour do
des ornements d'argent. Il est permis de croire que dès très -beaux ou
les temps décrits par Homère, partout où les modèles de vrages des feuil
l'Orient avaient été apportés, avec les métaux précieux, sur les très-minces,
les vaisseaux phéniciens, on commença à les imiter ; mais auxquelles ils
longtemps encore ces métaux et les objets qu'ils servaient savaient donner
à fabriquer furent conservés presque exclusivement dans par le repoussé
les trésors des temples ou des chefs les plus opulents. un puissant re
Les objets d'argent ne furent pas d'un usage commun lief50. Une gran
même dans le bel âge de la Grèce'. de épaisseur de
Cependant les mines que la Grèce possédait ne restèrent métal n'était pas
pas inexplorées. Pour nous en tenir ici à ce qui concerne nécessaire pour
la production de l'argent, et en laissant de côté ce qui se garantir la soli
rapporte au travail des mines et à la monnaie [metalla, dité même des
moneta], nous savons que les mines du Laurium, dans l'At- vases de ce genre
tique, furent pour les Athéniens une importante source de dont on se ser
revenus dès une époque fort ancienne et qu'on ne pouvait vait, parce qu'on
fixer déjà au temps de Xénophon; elles étaient encore en avait soin de les „Fig. 496. — ....
^ ase d argent, doublé.
. ...
plein rapport, mais déjà moins abondantes, au temps de Phi doubler d'un se
lippe et d'Alexandre; Strabon,Pausaniasen parlent comme cond vase en quelque sorte, comme on peut le remarquer

dcOelrichs,Brem. etLips. 1769,11, 1, p. 1-136 ; L. Harscher, tfeoer die Rationes dom.dcr Mém.prés. à l'Acad. des inscr. VIII, 1874, p. 297. — » Herod. III, 57. — «*/». 112 ;
Rimer, in Grolmans Mag. f. Philos, und Gesch. des Rechtê, Giessen, 1807, 1, 319-336 ; Strab. VII, fr. 54. -- U Strab. VII, p. 236.- 1* Diod. V, 33 ; cf. Strab. III, p. 149.
H, 178-182 ; 213-221 ; Kraut, De argentarUi et nummulariis, G61ting. 18S6 ; Lange, Rôm. — 'S Strab. XII, p. 547. — " Voyez Herod. I, 14 et 51 ; l'inventaire de l'Acropole
Allerthamer, Berlin, 2e éd. 1863, 1856, 1, p. 154 ; Pagenslecher, Le litt. oblig. et ration, dans Bôckh, Staatsh. I, 3 ; H, p. 152; et les témoignages de Xen. Hell. VII, 4, 33 ;
tan dom. quam Aroenfariorum, Heidelberg, 1851 ; Walter, Geschichte des rôm. Rechts, Diod. XV, 82 ; XVI, 56 ; Plut. Pomp. 24 ; Appian. Mithrid. 63, sur les ressources ac
3« éd. Bonn, 1860, 1. n° 282 ; Beeker, Hcmdbuch der rôm. AUerthumer,ÏMys. 1853, III, 2, cumulées dans quelques temples ; R . Rochette, Vases de Bernay, dans le Journ. des Sav.,
p. 53 et s.; V» p. 286 ; Ortolan, Explication historique des Institules, 6" éd. Paris, 1858, 1830. — 17 Plut. Alcib. 4 et 13; Andoc. C. Aie. 29; Alhen. V, p. 193d; VI, p. 230c ; IX,
II, n™ 1416, 1428, 2104 et suiv. ; Ducaurroy, Instit. expliquées, 8" éd. Paris, 1851, II, p. 408c ; XI, p. 465 d et 781c ; XII, p. 534e ; Dera. C. Mid. 133 ; C. Euerg. 58 ; Lys.
n*- 1206 et s.; Rein, in Pauly's Realencyclopâdie, 1. 1, p. 1513, 2e éd. ; Rudorff, Rom. C.Eralosth. 11 ; Cic. Verr. IV. 21 ; voy. aussi Thuc. VI, 32, 1. — «Atb. V, 22 et s.—
Jlechtsgesch. II, § 40, p. 142, et § 69, p. S29,.Leipz. 1859, Stuttgard, 1836, p. 1513-8. 19 Athen. VI, p. 230, 231 ; XI, 4G3 c, 480 c ; Girardin, Mém.prés. à l'Acad des inscr.,
AltGEXTEM. 1 lliad. Il, 8b7 et Schol.; Millin, Minéral, homérique. — s Ctésias, t. VI, 100. On connaît des poteries ainsi argentées : de Witte, Collect. Castellani,
Bibl. Cod. LXX1I, p. 45 ; Bekker ; Strab. I, p. 43, cités par Rossignol, Les métaux dans a. 231-233 ; Kliigmaun, An*, d. lnst. Arch. 1871, p. 1 et s. ; 195 et s. — *> La feuille
l'antiq. p. 76. — & Gène», uni, 15 et 16; xxiv, 5; Exod. xx, 23; ixv, 27 et s.; d'argent dans laquelle ont été ciselés les bas-reliefs du vase Corsini, qu'on peut voir
«I, 4 ; Num. vil, 84, 85 ; l, 2 ; Leuter. vil, 25, etc. — * II. XXIII, 743.-5 Od. (p. 399, fig. 493} au mot arkopagits, a moins de 2 millimètres d'épaisseur; ces
IV, 615 et s.; XV, 117. — 6 Od. IV, 125, 128, 131. — 7 Od. XIX, 57. — 8 Od. III, figures ont jusqu'à 6 millimètres de saillie. La feuille de bronze argentée d'une
432. — 9 Ath. VI, p. 230, 231 ; Bôrkh, Staalshaushalt. der Ath. 1, 3. — <• Xen. De boite de miroir reproduite au mot anchisi:s (p. 266, fig. 316) n'est pas plus épaisse
vect. I, 5 ; IV, I et 5 ; Rem. C. Phen. 1039 ; Strab. IX, 399 ; Pans. I, 1 ; Bôrkh, Op. qu'un parchemin. On peut comparer des bronzes d'une finesse encore plus grande,
I. 111, 3; ld. Abhandl. d. Berlin. Akad. 1815, p. 85 ; Rangabé, Du Laurinm, dans les pur exemple : Brûndsled, Bronzes of Siris, p. 2.
1. 52
ARG — 410 — ARG

dans quelques-uns de ceux qui ont été conservés; dans un les faits mêmes si souvent cités par les écrivains des temps
de ceux, par exemple, qui furent trouvés en Normandie, postérieurs pour démontrer la simplicité primitive des
près de Bernay, en 1830 îl, la rupture du métal laisse Romains : la censure appliquée à celui qui possédait
apercevoir la cuvette intérieure (flg. 496). On ne rencontre plus de dix livres d'argent fabriqué31, et l'exemple de Fa-
ces doubles fonds que dans des vases dont il était nécessaire bricius38, le vainqueur des Samnites, qui n'avait d'autre
de préserver ainsi les délicates ciselures. Sans entrer ici argenterie que la salière et la patère nécessaires aux sa
dans aucun détail au sujet des procédés de cet art [cae- crifices domestiques. Ces objets au moins ne manquaient
latura], nous devons rappeler que quelques-uns des plus guère qu'aux plus pauvres familles **.
grands sculpteurs de la Grèce ne dédaignèrent pas ce Mais précisément au temps où vivait Fabricius l'argent
genre d'ouvrages, et que des hommes tels que les Mentor commença à devenir moins rare à Rome. Le contact avec
et les Acragas leur durent toute leur célébrité M. des peuples plus riches familiarisa les Romains avec le
Les Athéniens, qui tiraient l'argent de leur propre pays, luxe ; puis la conquête mit successivement dans leurs
ne furent pas les seuls qui excellèrent à le mettre en mains les dépouilles des vaincus. Dans leurs triomphes, les
œuvre : les ciseleurs renommés appartenaient à toutes généraux étalaient les trésors qu'ils leur avaient enlevés.
les parties de la Grèce, et l'on peut conjecturer qu'il y en Déjà en 293 av. J.-G., Papirius Cursor avait rapporté,
eut d'habiles à Corinthe, à Sicyone, à Égine, à Délos, à après la guerre contre les Samnites, 1,830 livres d'argent34 ;
Rhodes et dans toutes les villes où on travailla finement en 205, Scipion en rapporta 14,342 de l'Espagne, sans
les métaux; on en est assuré pour Ghalcis et ^Edepsus en compter l'argent monnayé", et plus de 100,000 de Car-
Eubée; les vases à boire de Chalcis (yaXxiSixi uo-nipia) thage, quatre ans après s6. 11 est facile de concevoir l'in
étaient renommés **. On peut encore rappeler ici le passage fluence que durent avoir, vers la fin de ce siècle, la con
curieux des Actes des apôtres **, qui montre à Éphèse une quête de la province de Carthagène en Espagne, dont les
industrie florissante, consistant uniquement dans la fa mines d'argent occupaient, d'après Polybe37, quarante
brication d'édicules d'argent faits à l'imitation du fa mille personnes et produisaient journellement au trésor
meux temple de Diane. Enfin on doit supposer que l'art de 25,000 drachmes, et la soumission entière de la Sicile, où
celui qui fondait, ciselait et repoussait l'argent (àpfupoxÔTro;) se trouvaient les plus admirables modèles de la sculpture
était pratiqué en beaucoup d'endroits où celui de l'or en métal 38. Au siècle suivant, des masses énormes d'ar
fèvre fypoffoyo'o;) est seul mentionné !5. gent furent portées à Rome après la conquête de la Macé
Les peuples de l'Italie ne possédèrent d'abord d'autre ar doine et de la Grèce, de l'Asie Mineure, de la Gaule mé
gent que celui qui était importé de l'Orient et de la Grèce, ridionale et après la défaite de Mithridate.
puis de la Sardaigne, de l'Espagne surtout, dont les mines L'usage de l'argenterie s'étendit graduellement et bien
exploitées de bonne heure par les Phéniciens furent en tôt d'un progrès rapide. Dès la seconde moitié du troi
suite pour les Carthaginois, puis pour les Romains une sième siècle avant l'ère chrétienne 39 (et ce luxe ne fit que
source de richesse dont les anciens ne pouvaient assez croître par la suite), les maisons riches possédaient une
vanter l'inépuisable fécondité î6. La Gaule et la Bretagne somptueuse argenterie, soit pour le service ordinaire de
en fournirent aussi17. De quelque pays qu'on l'ait tiré d'a la table (ministerium, argentum escariurn, potorium) w, soit
bord, il est constant qu'il y en eut de bonne heure en Ita pour l'étaler sur les dressoirs [abacus] ; on fit en argent
lie, mais en très-petite quantité. On ne frappa à Rome une des vases destinés aux usages les plus ordinaires et jus
monnaie d'argent, imitée de celle des Grecs de l'Italie mé qu'à des ustensiles de cuisine M. Pline rapporte" quePom-
ridionale, qu'en l'an 268 ou 269 av. J.-G., dans l'inter peius Paullinus, qui commandait en Germanie en l'an 58
valle qui sépare la prise de Tarente de la première guerre ap. J.-C, y avait apporté pour 12,000 livres d'argenterie.
punique18 [asdenarius, litba] ; mais une monnaie d'argent La découverte faite en 1 868, àHildesheim en Hanovre", d'un
circulait dans toute l'Italie; les Étrusques en avaient à trésor, selon toute apparence, enfoui dans un moment de
leur usage au moins trois siècles avant, et leurs ouvriers péril et contenant environ soixante pièces d'argenterie,
étaient d'une merveilleuse habileté à travailler tous les mé dont plusieurs d'une grande beauté, est venue confirmer ce
taux. Les fouilles ont fait découvrir dans les contrées ha que cet écrivain avait dit du luxe dont s'entouraient les
bitées par eux un très-grand nombre de vases et de frag généraux romains, même lorsqu'ils faisaient campagne
ments™ qui confirment ce que des écrivains rapportent du dans ces contrées barbares.
luxe de leur vaisselle d'argent30. Si les objets faits du môme On faisait consister le luxe de l'argenterie soit dans sa
métal furent plus rares à Rome pendant longtemps, ils masse, soit dans le mérite de l'art. Au temps des pro
n'y furent pas cependant inconnus, comme le prouvent scriptions il y avait à Rome" plus de cinq cents plats

il Chahouillct, Catal. n°2806; voy. aussi les n°« suivants, et pour d'autres exemples ned., Flor. 1841 •, ifus. etr. Gregoria o, tav. liu-litii. — *> Athcn. IV, p. 153 d ;
Michaëlis, Dos Corsinische Silbergefâss, Leipz. 18.19, p. 3; Visconti, Atti d. Accad. Diod. V, 40. — 81 L'n homme considérable fut renvoyé du sénat pour cette cause,
rom. d'arch. I, 1, p. 307 ; cf. Wicseler, Das HHdcsheim. Silberfund, Gotting, en 275 av. J.-C. ; Val.-Max. H, 9, 4 ; Tit.-Liv. Eptt. XIV ; Plut. Sulla, 1 ; Gcll. IV,
1869, p. 24. — M Plin. BM. nat. XXXIII, 55 ; VII, 39; Cic. IV, 18, 38. — M Aristopb. 8, 7; XVII, 21, 39. — " Val. Max. IV, 4, 3 ; Plin. Jiist. nat. XXXIII, 54. — 3S Tit.-
Eq. 237 ; Eust. Ad 11. II, 537 ; Ad Dion. Perieg. 764 ; Steph. Byz. s. ». X«/.«i; et Liv. XXVI, 36, 5; Hor. Od. II, 16, 14; Acro, Ad h. I.; Cic. De fin. II, 7, 22.
A;î»,io; ; Corp. vue. gr. 138, 139 ; Bôckh, Slaalshaiish. II, p. 161, 17 ; 165, 28. — S» Tit.-Liv. X, 46. — " ld. XXVIII, 38. — 3« Id. XXX, 45. — 3' Ap. Strab. III,
— îk m, 24. — M Us sout réunis a Smyrne dans une inscription de l'époque romaine : p. 147 et s. — 88 cic. In Verr. IV, passim. — 'J9 Voy. la mention faite dans un testa
Corp. insc. gr. 3154 : cj-.ipY««« tw, BfjvfMfaM xc't iniarw,. — M voy. pour la ment, Budorfl, Zeitschr. fùr gesch. Heehtxwisscnschaft, 1845, p. 345, 348. — *° Paul.
Sardaigne Schol. Plat. Timat. p. 18, 7; Solin. IV, 3; pour l'Espagne, Strab. Sent. III, 6, 86 : « tam potoria quum escaria, item ministeria omnia... veluti urceoli,
p. 142, 146-149, 154 ; Diod. V, 35 ; Plin. Ilisl. nat. III, 4 ; XXXIII, 31 ; Tit. Liv. paterne, lances piperatorum; cochlearia quoque, itemque trullae, calices, scyphi et
XXV11I, 3. — «7 strab. p. 191, 199 ; Daubréc, fiev. archéol. avril 1S6S.—"Mommsen, his similia; ■ cf. Ib. 67, Dig. XXXIV, 2, 32, 2, et Lanipr. Al. Seo. 34, I. Des es
BUt. de la monn. rom. t. I, c. iv, t. II. c. n et m ; mais, d'après une autre opinion claves dits ab argento potorio : Orelli, 2H9", 5391, 6303. 6651 ; ou ad argmti m :
soutenue par le duc de Luynes, Heo. de numism. 1859, p. 322 ; par M. V. Qucipo, Ib. Biunchini, p. 70, n. 20. étaient chargés de l'entretien de l'argenterie ; voy. aussi Hcn-
1901, p. 180; par le duc de Blaeas, t. II, p. 250 de sa traduction de l'ouvrage cité zen, Ah», d. Inst. arch. 1856, p. 16, n. 72; p. 17, n. 79 " Plin. Hist. tint. XXX 111,
< c M. Mommscn, l'argent monnayé aurait existé à Borne dès le temps des rois. 49; Dig. XXXIV, 2, 19, 12; cf. Lampr. Beliog. 19, 3 ; Wicseler, f/ildesh. Siltia-
— î'O. Mûller, EtriUker, II, 253; Id. Handb. der Arch. s 173; Micali, Momm fund, p. 8. — « XXXIII, 50. — *> Wicseler, Op. I. — t* Plin. XXX1I1, 52.
— Ail — A KG
d'argent, du poids d'une centaine de livres, et beaucoup romains, mais en plus grande abondance. Dans les deux
causèrent la perte de leurs possesseurs ; on en fit de plus triomphes d'Helvius et de Q. Minucius sur l'Espagne, en
pesants encore. Pline en cite un de 500 livres, sous le 559 de Rome (195 av. J.-C), on porta parmi le butin dans
règne de Claude. Les noms par lesquels on les distinguait, le premier 119,439 pièces ftargentum oscense et 17,023 de
tirés de leur forme ou de leurs ornements 4S, témoignent niers romains [bigati], dans le second 278,000 oscensis ar-
de la recherche et de la variété de leur décoration, Pline genti et 78,000 bigati1. Au triomphe de M. Porcius Cato
rappelle les noms de vasa Furniana, Clodiana, Gratianau, (560 de Rome, 194 av. J.-C), on signale 540,000 monnaies
donnés à d'autres vases pour montrer les changements de oscensis argenti avec 123,000 bigati *, et à celui de Q. Ful-
la mode, qui s'attacha tour à tour à des fabriques diffé vius Flaccus (574 de Rome, 180 av. J.-C), signati oscen
rentes ; la forme de ces noms indique aussi que les beaux sis nummum 173,200 A ces renseignements il faut join
ouvrages des artistes de la Grèce, dont le même auteur dre celui qui résulte du célèbre denier romain frappé en
énumère les noms, trouvèrent à Rome des imitateurs ". Il 714 de Rome (40 av. J.-C.) par Cn. Domitius Calvinus,
se trouva même des hommes habiles à contrefaire, sinon à pour rappeler ses victoires cn Espagne *, monnaie où la
égaler les ouvrages des Mentor, desBoêthus et des Zopyre48. légende OSCA accompagne au droit une tête virile barbue,
Des coupes de ce dernier, sur lesquelles était figuré le juge pareille à celle des deniers
ment d'Oreste par l'Aréopage, furent payés, 1,200,000 ses autonomes frappés par
terces M. Quand on ne sut plus copier les maîtres (car cet les populations de l'Espa
art ne se soutint pas longtemps, Pline avoue qu'il tomba gne avec des légendes em
tout à coup), on rechercha les œuvres anciennes pour leur pruntées à l'alphabet local
antiquité (argentum vêtus), et celles dont les figures étaient qu'on a pris l'habitude de
Fig. 497. Denier de Domitius Calvinus.
devenues méconnaissables par un long usage n'en étaient nommer celtibérien, mais
que plus prisées. Les amateurs se flattaient volontiers d'avoir qu'il serait plus exact d'appeler simplement <émen (fig. 497).
des ouvrages des maîtres fameux {archétype) et d'y recon M. de Saulcy 5 et M. Mommsen 6 ont établi d'une ma
naître leur signature, quelquefois ajoutée par un faussaire50. nière tout h fait décisive que l'expression A'argentum oscense
On appelait argentarii vascularii ou fabri, ou simplement doit s'entendre de ces monnaies autonomes d'argent,
u^entan'^ceuxquifabriquaient l'argenterie51, etnegotiatores frappées par les peuplades espagnoles dans les premiers
ou negotiantes argentarii ceux qui en faisaient le commerce ; siècles de la domination romaine, après la réduction du
mais ces derniers s'appelaient peut-être aussi vascularii 8Î. pays en province (548 de Rome, 206 av. J.-C), car sous la
Indépendamment de la vaisselle d'argent dont nous domination carthaginoise le monnayage local paraît avoir
avons surtout parlé dans ce qui précède et qui faisait le été interdit. Les pièces d'argent ibériennes, improprement
principal fond de cette industrie, le même métal, soit^ mas appelées, comme nous venons de le dire, ecltibériennes,
sif, soit plaqué ou incrusté, était employé à faire ou à orner sont manifestement des imitations des plus anciens de
des bijoux, des meubles et des ustensiles de tous genres, niers romains à la tête casquée de la déesse Rome et au
qui ne peuvent être longuement énumérés ici. En s'en revers les Dioscures à cheval. On y voit d'un côté (comme
tenant aux indications de Pline, qui a essayé de donner un aussi sur les pièces de bronze qui y correspondent avec les
aperçu du luxe romain à la fin de la république et au pre mêmes légendes), la tête d'un dieu barbu, de l'autre un
mier siècle de l'empire, on voit l'argent appliqué à la con cavalier avec divers attri
struction des lits, particulièrement de ceux des salles de buts 7; nous en donnons
festin 53, des chars **, des baignoires, etc. Il dit que les un échantillon dans la fi
soldats mômes avaient des ornements d'argent au manche gure 498. Leur poids est
de leur épée ou à leur ceinturon, et l'on possède encore celui du denier romain de
des phalères d'argent [phalerae] et des bijoux de diverses 84 à la livre \ c'est-à-dire Fig. 498. Argentum oscense.
sortes faits en ce métal. Nous aurons occasion de les si du denier tel qu'on le fa
gnaler dans les articles où il sera traité de ces objets, briquait à Rome au temps où l'Espagne fut réduite cn pro
aussi bien que des diverses fabrications **. E. Saglio. vince, au commencement du vi° siècle de la ville [denarius].
ARGENTUM OSCENSE. — Ce nom est cité plusieurs Il est donc évident que c'était là une monnaie provin
fois par Tite-Live comme celui d'une monnaie formant le ciale calquée sur celle de Rome et émise avec l'autorisa
fond delà circulation métallique dans l'Espagne Citéricure tion, peut-être même par l'ordre de l'autorité romaine.
au vi° siècle de Rome, concurremment avec les deniers Le nom A'argentum oscense vient de celui de la ville

W Patcrao, lances filicatae, pampinatae, hederaceac, discl corymbiati, chrysen- 959, 3 ; de Boissicu, /nier, de Lyon. p. 199; 0. Jahn, »■/.—•» Cf. Dig. XXXII,
detac; voy. Becker, Gallus, 3' éd. m, p. 321 ; Marquardt, Handb. d. rôm. Altcrlh. 1, 100, 4; XXXIII, 10, 3, 3 ; Suct. Calig. 32; Mort. VIII, 33, 5. — » Cf. Vopisc.
V, f partie, p 288, et l'article cailitcra. — '« XXXIII, 49 ; Martial. IV, 6, 39. 6 ; Aur. 46, 3 : « Dédit praeterca poteslatem, ut argentatas privati carrucas haberent. ■ —
Gruter, 639, 12. — i7 XXXIII, 55 ; c'est ce que prouve aussi la signature des pièces : 55 Voy. principalement O. Millier, Handb. d. Archâol, g 31 1 ; Arneth, Gold und
Scncc. Dial. IX, 1, 7; Wieseler, Bildeshcim. Silbcrfund, p. 29; Schonc, in Her Silbeimonum.in Wien, 1850, p. 10 et s. ; Krause, Angeiologic, Halle, 1854, p. 88 et s. ;
mès, III, p. 477. — " Phacdr. Y, prol. 4. — *9 plin. XXXIII, 55 ; nous lisons H S Marquardt, Rôm. Privatalterthùmer, II, p. 286 et s. ; Biichsenschûtz, Die Haupistàt-
[xïï], d'après le texte de Bambcrg; comparez les explications de Budée, de Sau- ten des Gewerbfleisses im Altherthume, Lcipz. 1869, p. 32 et s. ; Bibra, Alte Eiscn
maisc, etc., sur ce chiffre. La lig. 493 au mot abkopagus, d'après un vase d'argent, und Stlberfunde, Niirnbcrg, 1870, p. 25 et s., etc., et l'art. cailatciia.
Cil peut-être une imitation de la composition de Zopyre. — W plin. /. I, Scncc. AR.GEN1TM OSCENSE. 1 Tit.-Liv. XXXIV, 10. — • ld. XXXIV, 46. — » Id.
Ad Helv. XI, 3 ; De tranq. an. I, 7 ; Mart. VIII, 6, 1 ; VIII, 34 ; XIV, 93. —51 Lampr. XL, 43. — * Eckhcl, Doctr. num. vet. t. Y, p. 203 ; Cohen, Monnaies de la rc'p.
Al. Seo. 24 ; Dig. XIX, 5, 20, 2 ; XXXIV, 2, 39 ; Cod. Theod. XIII, 4, 2 ; Orelli- romaine, pl. xvn, Domitia, n° 7. — 5 Essai de classif. des monn. autonomes d'Es
Hcnzen, 7, 913, 1353, 1885, 4147, 5085, 5755, 7217 et s.; Muratori, 963, 5 ; Gruter, pagne, p. 13-16. — 6 Ilist. de In monn. rom. trad. Blacas, t. III, p. 143 et suiv.
p. 637, 12 et p. 643, 4, 5, 6, 7 ; Doni, VIII, 10 ; Marini, Atli d. frat. arv. p. 249 ; — 7 Sur ces monnaies, voy. principalement : de Saulcy, Essai de classification des
Greppo, Revue du Lyonnais, XIV, p. 497 ; Id. Supplcm. d Spon, 1858, p. 340; monnaies autonomes d'Espagne, Paris, 1840 ; Boudard, Numismatique ibérienne,
O. Jahn, Bcrichle d. Sachs. Gesellsch. d. Wissenschaft, 1861, p. 305. Les empereurs Paris, 1859 ; Aloïs Heiss, Monnaies antiques de l'Espagne, Paris, 1870. — 8 Boeckh,
et de riches personnages en curent à leur service privé : Orelli, 4146; Cic. In Verr. Mi'trologischc Untersuchungen, p. 339 Mommseu, Op c. trad. Blacas, t. 111,
IV, 24, 54; cf. Juv. IX, 135. — »» Dig. XL1V, 7, 61, 1 ; Orclli, 7218, 7262; Murât. p. 143.
ARG — 412 — ARG
d'Osca, aujourd'hui Huesca, cité importante de la Tarra- d'existence. Celui qui ne tenait pas compte de cette obli
eonaisc, sur la route de Tarraco et d'Ilerda à Cœsarau- gation, ou qui ne justifiait pas de ressources légitimes, était
gusta '. Elle faisait partie du territoire de la peuplade des puni de mort. Les mêmes historiens ajoutent que cette
llergètes et fut comprise dans le conventus juridique de loi, que Solon vit fonctionner pendant son voyage en
Cœsaraugusta. Sertorius y établit le centre de son pou Egypte, décida le philosophe athénien à édicter pour
voir. Strabon 10 appelle cette cité llcosca, combinant avec Athènes l'opY'*? vôjao; ; mais il y a, dans cette affirmation,
le nom d'Osca le mot ibérien qui signifiait « ville » et qui une erreur manifeste. Car Amasis fils d'Apriès ne monta
est resté dans le basque ili. Ch. Lenormant 11 a cru recon sur le trône qu'en 569, longtemps par conséquent après les
naître la légende Iltzqh', correspondant à Ileosca, sur une réformes législatives de Solon (594) ; ce législateur n'a donc
des pièces ibériennes les plus multipliées en argent et en pas pu imiter la loi du fils d'Apriès. Pour échapper à l'ob
bronze, que M. de Saulcy attribue aussi aux llergètes. jection, il faudrait dire que cette loi fut l'œuvre, non pas
Pline " signale, à côté d'Osca, d'importantes mines d'Amasis (ils d'Apriès, mais d'Amasis vainqueur des Hyc-
d'argent. Il est probable que le métal provenant de ces sos et chef de la xvm0 dynastie, ce qui la ferait remon
mines fut principalement employé, ou peut-être avant ter au xvn° siècle avant l'ère chrétienne 6. 11 est de plus
celui d'autres mines, pour le monnayage de l'Espagne très-vraisemblable que YàçfU constituait déjà un délit à
Citérieure, et que de là vint l'habitude de le désigner sous Athènes lorsque Solon parvint à l'archontat.
le nom à'argentum oscense. On peut morne admettre que Des dispositions législatives analogues à la loi d'Amasis
c'est à Osca, près de la mine, que furent frappées les pre furent en vigueur à Corinlhe7, en Sardaignc8 et en Lucanie*.
mières de ces monnaies et que la tète barbue qui les décore On peut en rapprocher également une loi, attribuée à Cha-
est celle d'un dieu local et éponyme, nommé Osca, pro rondas de Catane.qui invitait les citoyens à secourir leurs
tecteur spécial des mines, qui aura été reproduite par les voisins pauvres, lorsque la pauvreté tenait à l'infortune et
autres peuplades espagnoles à l'imitation des émissions n'était pas le résultat de la paresse et de l'inconduite 10.
de la ville môme d'Osca. Car, suivant la judicieuse remar Élien rapporte que, à Sparte, les éphores punissaient
que d'Eckhel sur le denier de Cn. Domitius Calvinus, la les oisifs et les faisaient battre de verges ". Mais ce rensei
légende OSCA paraît être explicative, comme tant d'autres gnement est difficile à concilier avec les témoignages qui
analogues sur les pièces de la république romaine, et se nous dépeignent l'étonnementdu Spartiate Hérondas lors
rapporter à l'effigie représentée. qu'il vit un Athénien condamné pour oisiveté". Nous pou
Une remarque importante pour la classification des vons ajouter que V&pyla était un des signes auxquels les La-
monnaies à légendes ibériennes a été négligée jusqu'à cédémoniens, suivant l'opinion des philosophes les plus
présent par les érudits qui s'en sont spécialement occupés, éminents reconnaissaient les citoyens libres.
et a été faite pour la première fois par M. Momniscn A Athènes, il y avait certainement une loi sur le désœu
C'est que dans les triomphes sur l'Espagne Ultérieure le vrement, vdao; Ttspl TÎ^ apyiaç u. Mais les auteurs anciens ne
butin comprend une seule fois des deniers romains ,5, s'accordaient pas sur le nom du législateur qui l'avait pro
toujours de grandes quantités d'or et d'argent non mon- mulguée. Lysias Diogônc de Laërte 16, Pollux" l'attri
nayé, jamais de monnaie indigène. Il semble donc que la buaient à Dracon ; Hérodote '* et Diodore 18 à Solon ; Théo-
fabrication d'espèces d'argent locales fut limitée à la Tar- phrastc à Pisistrate ,0. Il n'est pas impossible d'expliquer
raconaise, à l'époque où le monnayage avait encore, bien la diversité de ces témoignages. Dracon fut sans doute le
que sous la domination romaine, le caractère indigène premier auteur de la loi sur l'apyia; Solon d'abord et plus
qu'y assure l'emploi dans les légendes de la langue et de tard Pisistrate la promulguèrent de nouveau en la modi
l'alpbabet particuliers aux Ibères. Il faudrait donc pour fiant sur quelques points
cette époque étendre à toute l'Espagne Ultérieure ce que L'action fondée sur Yàçylai était une action publique
Strabon 16 dit de la Lusitanie, qu'il n'y avait pas de mon (Ypcttpri), qui pouvait être intentée contre le délinquant par
naie et qu'on y employait les métaux précieux au poids tout citoyen ". Elle appartenait à l'hégémonie du premier
dans les échanges. F. Lenormant. archonte, l'éponyme". — On enseigne généralement qu'elle
ARGIAS GRAPHE ('Affi'aç ypxvr\). — Lorsqu'une per rentrait dans la compétence de l'Aréopage r'. Plutarque
sonne, n'ayant pas de moyens d'existence ', vit dans l'oi dit, en effet, que Solon chargea l'Aréopage de punir ceux
siveté, elle tombe fatalement dans la misère, et la misère, qui vivaient dans l'oisiveté **, et ce témoignage est confir
dit Isocrate est la cause de presque tous les crimes. Aussi mé par Athénée M, par Diogône de Laerte S7, et par Valèrc-
beaucoup de législations anciennes, pour contraindre les Maxime ,8. Nous croyons cependant que l'àpYi'aç ypa^r, était,
citoyens à gagner honorablement leur vie en travaillant, jugée par le tribunal des Héliastcs*8. L'Aréopage pouvait
ont traité le désœuvrement comme un délit tombant sous seulement, en qualité de surveillant des mœurs, infliger
le coup des lois pénales *. aux désœuvrés des pénalités légères. Mais, lorsque le délit
D'après Hérodote' et Diodore de Sicile8, Amasis, fils était bien caractérisé et motivait une action publique, l'ar
d'Apriès, roi d'Egypte, promulgua une loi qui obligeait tout chonte devait porter cette action devant lesSixairoipia 30.
Egyptien à indiquer chaque année au nomarque ses moyens La peine édictée par Dracon contre l'accusé d'àpyîa re-
» Plol. H, 6, 68 ; Pï»t. Sertor. 14 ; Cacs. Bell. cm. 1, 60 ; Flor. III, 22 ; Tell. — H Plut. Lyc. 24 ; Apnphth Lac. éd. D. p. 271.— Il Socrate disait: i ip-jia iîilf
Patcre. II, 30 ; Plir.. But. nai. III, 3, 4. — " m} 4, 10. — 11 lier, mimism. i%i tXïjOifia; iïri ; voir Ael. Yar. hUt. X, 14 ; telle était aussi l'opinion des Thraces,
1840, p. 9. — « Hist. nat. XXXIV, 10, 48. — " Dort. mon. vet. I. V, p. 183. — Herod. V, C. — 1* Dcmosth. C. Eulmt. g 32, H. 1308. — 13 phot. Lexic. éd. 1823,
I* Op. c. t. III, p. 141. — 15 Til.-Liv. XXXVI, 21 et 39. — '« III, 3, 7. p. 575. — 16 I, 55. — « VIII, 42. — « II, 177. — 1» I, 77. — *> Plut. Sol. 31.
ARGIAS GHAPUK. 1 Loi du 9 juillet 1852, art. 2. — » Areopmj. g 44, D. 95; — ïl Platncr, Procrss imd Klayen, II. I Si5, p. 152 ; Otto, Dr Athen. actionibw pu
cf. Hcfiod. Op. et Dies, t. 301 et 9. — > C'est à tort qu'Aristide, éd. 1730, t. I, blias, 1852, p. 50. — 2* Diog. Lacrt. I, o5. — 23 Bekkcr, Auecd. graec. I, p 310,
p. 444, a présenté l'af|ia; comme sociale aux Athéniens. — * II, 177. — Si, 3. — 81 Otto, l. c. ; Schoemann, Griech. A Iterlh. 3' éd. I, 527 ; cf. Lelyveld, De iii-
77. — • Thonissen, Etudct sur l'hist. du droit ci'im. dm peuples anc. I, 1S69. p. loi, famiajure atlico, p. 178 et s. — «s Solon, 22. — *« IV, 65, 108. — »? VII, 5, § 109.
note 3. — ' Athen. VI. sect. 12, p. 227. — > Aelian. Yar. hiit. IV, 1.-9 Stob. — *3 II, 6, 4. — Plut. Lycurg. 21. — 30 Voir ce que nous avons d à ce sujet au
Serm, 42. — 10 stob. Floril. 44, 40, éd. Tauchu. II, p. 183. — » Cf. Yar. hùt. Il, 5. mot AKKOPAâl'S.
— 413 — ARG
connu coupable était, suivant les uns la mort suivant vaient pas d'autre image, en beaucoup d'endroits, qu'une
d'autres I'atimia". Solon mitigea la pénalité en décidant pierre plus ou moins allongée, en forme de pyramide ou
que la première condamnation aurait seulement pour con de pilier : telles étaient celles d'Artémis Patroa, à Sicyone9;
séquence une amende de cent drachmes. Pour qu'il y eût d'Apollon Karinos, dans le gymnase de Mégare 10 ; tels
atimie, il fallut trois condamnations successives pronon aussi ces dieux sent représentés dans divers monuments.
cées contre le môme délinquant. E. Caili.emer. Une base sculptée du musée du Vatican 11 offre sur un de
ARGOI LITIIOI ('Apyol Ài'Oot). — Nom donné (par oppo ses côtés l'image d'un arbre sacré portant l'arc, le car
sition à celui d'AGALMA, qui indique un objet embelli par quois, la lance de la
l'art) aux pierres non travaillées (à, ipyoi) auxquelles les déesse chasseresse; sur
anciennes populations de la Grèce rendaient un culte. une autre face, on voit
Elles tinrent lieu d'idoles avant la naissance de l'art , et (fig. 499), une sorte
conservèrent, en beaucoup d'endroits, même dans les âges d'obélisque dressé sur
postérieurs, la vénération dont elles étaient en possession un piédestal et auquel
de temps immémorial. Elles se placent ainsi , dans l'his un bois de cerf et une
toire des religions, à côté des arbres et des pièces de bois épaisse guirlande sont
grossièrement taillées dont le culte nous est également attachés à l'aide d'une
attesté [arbores sacrae, xoanon]. Il est possible que les bandelette; le vrai ca
adorations se soient adressées d'abord à des pierres véri ractère de cette image
tablement tombées du ciel, c'est-à-dire à des aérolithes de la déesse, qu'indi
(les noms sémitiques de bétyle ou A'abadir, sous lesquels quent seuls au premier
on trouve celles-ci mentionnées le plus souvent, assigne abord les attributs qui
raient à ce culte [baetylia] une origine orientale, que l'entourent, ne saurait
d'autres faits encore mettent en lumière) ; puis, qu'elles se être méconnu , si on
soient ensuite tournées vers d'autres dont l'aspect singu la rapproche des mon Fig. 409. Pierre sacrée d'Arlémis.
lier avait frappé l'imagination, ou dans lesquelles, par naies où Artémis et
suite d'une circonstance quelconque, on croyait voir quel Apollon sont figurés sous une apparence semblable, par
que chose de divin ; on donna enfin le môme nom à des exemple celles de Gnossos en Crète où l'on voit les
pierres travaillées, il est vrai, mais d'une manière très- armes de la déesse at
rudimentaire, affectant des formes purement géométriques tachées à une colonne,
et non pas faites à l'imitation du corps humain. Nous ne ou celles d'Ambra-
nous occuperons pas ici de celles qu'on habillait, ou aux cie (fig. 500) , d'Ori-
quelles on ajoutait une tôte, des pieds, des mains [acroli- kos, d'Apollonie en
thus], pour qu'elles eussent forme humaine. Ces transfor Épire, de Mégare, de
mations du bétyle et de l'arbre sacré ne sont pas ce que Byzance, d'Aptère en
les écrivains grecs appelaient apyol XOot. Crète 13, où Apollon a
Les exemples les plus connus d'un semblable culte sont cette forme de borne Fig. 500. iOl. Apollon Lochios et
Apollon Agvieus Artémis Lochia.
ceux que cite Pausanias : il y avait encore, au temps où il ou de pilier conique
parcourait la Grèce, une pierre informe, dans le temple (xituviovoeiSiiî), qui est celle de I'agyieus. De pareilles ima
d'Hercule à Hyette, en Béotie qui passait pour repré ges d'Artémis et d'Apollon sont réunies sur les monnaies
senter ce dieu; à Orchomène, dans le môme pays, trois d'Illyricum en Epire on les voit encore sur une pierre
pierres, qu'on disait tombées du ciel, étaient adorées dans gravée (fig. 501) : à côté de l'un des piliers 15 tout à fait
le temple des Charités !; et à Thespics, une pierre était semblables à celui qui représente Apollon Agyieus sur
l'image la plus ancienne et la plus vénérée d'Éros '. Le les monnaies d'Orikos, on lit le mot aoxia, surnom qui
voyageur vit aussi à Phara, en Achaïe, trente pierres appartient aux deux divinités.
quadrangulaires qui étaient considérées comme les sym Zeus et Héra sont figurés de
boles d'un pareil nombre de dieux, et il ajoute à cette môme sous la forme d'un cône
occasion que, chez tous les peuples grecs, dans un temps allongé, sur des monnaies de
très-ancien, des pierres non travaillées tenaient lieu des Céos 18 ; et sur un vase peint
images qui furent les objets du culte des temps posté on voit un autel dressé devant
rieurs *. Une pierre carrée représentait à Tégée, Zeus 7e- une colonne sur laquelle on lit
kios *. Il y avait aussi à Gyzique un cippe triangulaire, le nom Moi. Les monnaies de
«œuvre de l'âge primitif », qui passait pour un don d'A- l'île de Cypre offrent l'image
théné 6; et à Sicyone. une pierre pyramidale était adorée d'Aphrodite, telle qu'on l'adorait Fig. 502. Vénus de Paphos.
sous celui de Zeus Meilichios 7. Héré, à Argos, n'eut d'abord à Paphos (fig. 502) sous l'appa
d'autre image qu'une colonne *; Apollon et Artémis n'a- rence d'une haute borne ou d'une pyramide 18.
« Plut., Svlon, 17 ; Photius, Lexte. éd. 1823, p. 515. — 3J Pollux, VIII, 42 -, cf, Descr. Suppl. III.p. 318, n. 43 ; 366, n. 55, 57 ; Combe, Mus.Hunter, 4, 6 ; Millier, Dorier,
Biichscnschùtz, Desitz und Eiwcrb, IS59, p. 260. — 3' Pollux,VIU, 42 ; Phot.ira'c. 1, 302, n. 4 ; Id. Denkm. d. ait. Kunst, 1, 2 ; MillLngen, Ane. coins, pl. ni, 19,1.— " Ec-
éd. 1S23, p, 575. — Bibliograpuik. Rotu, Se actione ignavi otïi, Leipzig, 1807. khel,iVuni.we/.7,8 ;Millingcn, Ane. coins, pl. m, 20.— ,5MiIlin, Gai. myM.XXIV, 119;
ARGOI LITIIOI. 1 Paus. IX, 24, 3.—'IX, 3S, 1 ; cf. Heuiey, Bull.de VAe.de» Inser. Mon. ant. I, pl. xxxiv ; Bottichcr, llaumcull. fig. 53.Voy. encore un bas-relief du palais
H74, p. 61. — » IX, 27, I.— * VII, 22, 4 : T* Si ht «AauTiçaul toi; **«r> *Ett<|<n*i(ii< Colonna. à Borne : Gerhard, /. /. pl. xlm ; Bullichcr, /. /. fig. 26. — *6 Qualremère de
îiû* *wl -i;i) yi-.uv Ti/'/v »p';sï ViOt'. ; cf. Clcm. Al. Protr. IV, 46 ; Overbcck, in Ber» der Quincy, Jupiter Olymp. p. 11. — lï Annnli d. Imt. arch. XII, p. 171, pl. iv; Arch.
Sâclu. Gesellsch. 1861, p. 162.—» Paus.VIII, 48, 4.—'Anlh.pal.il, M.—'Paus. II, 9, £ei<u»g>,1853,pl. liv ; Ritschcl, Op. acad.p. 801, pl. n.—«Tac ffitt.lt, 3 ;Scr». Ad
6.—SClem.AIcx.Sfrom. 1, 25, 164.—9 Paus. II, 0,6.-10 id. I, 44, 2. —11 Cerhard, Ant. Aen. I, 720 ; Mûnler, Gùttin zu Paphos, pl. iv, 1-8 et 11 ; et Antiq. Abhandl. p. ?80,
JJildw. pl. cccvii, 5 ; Botticbcr, IJaumcult. lig. 10. — 1* Combe, Mus. BUnter, 19, 3. n. 45; Mionnct, Descr. III, p. 670 ; Guigniaut, Itelig. de l'antiq. pl. liv, 204-2O6 ;
—I3pc11crin, Afed. dépeuples, I. pl. mi; Eckbol,6'afa?.»lltf. Xindob. I,p. 102, 2; Monnet, L ij ird, Culte de Vénus, pl. i, 10-12 ; Gerhard, Akad. Abhandl. pl. m, 2, et lu, 1 1 .
ARG — 414 —
Pausanias " appelle aussi ipyo; ÀîOo;, la pierre qu'on fanls en leur envoyant un bélier à la toison d'or, doué de
voyait près de Gythium en Laconie, connue sous le nom raison et capable de les porter à travers les airs et les mers.
de Zeù; KairTKOTat (équivalent, en dialecte dorien, de xata- Cet animal divin, né de Poséidon et de Théophané k, s'a
toûttjî), c'est-à-dire de Jupiter qui apaise : Oreste, après s'y chemina avec son fardeau vers l'île d'Aa. Mais Hellé, attirée
être assis, avait été guéri, disait-on, de sa fureur. Toutefois
l'auteur grec ne dit pas que cette pierre fût l'objet d'au
cun culte. Il parle encore * de la pierre qu'on montrait à
Delphes, comme étant celle queKronos avait dévorée à la
place deZeus enfant [saturnus] ; on l'oignait d'huile et on
l'enveloppait de bandelettes : c'était très-vraisemblable
ment un bétyle ou aérolithe, vénéré comme un symbole
de Jupiter 11 [baetylia].
Dans le culte des Hermès comme dans celui de l'Agyieus,
on peut retrouver la tradition des temps primitifs où les
images des dieux protecteurs des chemins étaient des
pierres brutes ou grossièrement taillées [hermae].
On suit la trace du culte ancien des pierres dans des
usages conservés jusqu'aux derniers temps de la Grèce.
Théophraste !3 peint le superstitieux qui prend soin de
répandre l'huile sur les pierres des carrefours et qui plie
le genou devant elles; et Socratc oppose quelque part 23
aux incrédules qui n'ont de religion pour rien de ce qui r'ig. 503. Phriios, Hellé et Néphélé.
est sacré, les dévots exagérés qui adorent loutes les pierres, peut-être par l'amour de Poséidon, tomba en chemin dans
tous les morceaux de bois, toutes les hôtes qu'ils rencon le détroit qui porte son nom, I'Hellespont ('Eàà^ç-tiovtoç) \
trent. Lucien, à son tour montre un homme adonné Arrivé à Aa, Phrixos immole le bélier à Jupiter prolec
aux mômes pratiques, s'inclinant et priant devant les teur de sa fuite (sû;ioç) 6, et fait présent de la toison d'or
pierres qu'il voit ornées de couronnes et arrosées d'huile. au roi de ce pays, Aétès, fils du Soleil, qui la suspend à un
Plus tard encore Clément d'Alexandrie fait allusion à ces chêne dans un bois consacré à Mars, gardé par un dragon
pratiques presque dans les mômes termes *5. — On les re vigilant, et donne au proscrit sa fille Chalciopé 7. De ce
trouve aussi dans les auteurs latins ,6. On parlera ailleurs mariage naquirent Cytissoros et Argos. Leur père les ren
de ce qui concerne particulièrement le culte du dieu voya en Grèce, où l'un sauva Athamas de la mort, l'autre
Terme et dé Jupiter Lapis [terminus, jupiter]. E. Saglio. construisit le navire Argo.
ARGONAUTAE fApYovaîi-ai). — Les Argonautes, hérosqui II. Occasion et p?-éparatifs du voyage. — Après ce récit
allèrent, sur le navire Argo, à la conquête de la toison d'or. préalable, les Athamanlides disparaissent de la scène pour
La légende des Argonautes est une de celles sur les faire place à une autre branche de la famille des Éolides.
quelles l'imagination grecque s'arrêtait avec le plus de La belle Tyro, fille de Salmonée et femme de son onde
complaisance. Déjà fort goûtée au temps d'Homère ('Af-yù Créthée, roi d'Iolcos, avait eu de son époux trois fils, ^Eson,
nxfftuAousa1), elle fut élargie, surchargée d'incidents et Phérès, Amythaon, et de Poséidon, Pélias et Nélée. Pé-
dénaturée par les poêles qui y rattachaient leurs fictions, lias8, ambitieux et violent, enleva le trône d'Iolcos à
ainsi que par les logographes qui cherchaient à combiner /Eson qui, craignant pour les jours de son fils Jason, Ut
les diverses traditions et les forçaient à entrer, bon gré. élever l'enfant par le centaure Chiron, dans les grottes du
mal gré, dans un récit suivi. Pélion. Jason, devenu grand, vivait à la campagne, occupé
Ce roman, sous sa forme la plus complète, peut se di d'agriculture et de chasse9, et peut-être peu soucieux de
viser en cinq parties : 1° l'histoire de la toison d'or ; ses droits ; mais Junon, par haine contre Pélias qui avait
2° l'occasion et les préparatifs du départ des Argonautes ; tué Sidero au pied de l'autel de la déesse 10, autant que par
3" les aventures de leur voyage ; i" leur séjour en Col- affection pour le jeune homme dont elle éprouva la cha
chide ; 5° le retour. En voici l'analyse succincte, dégagée rité, sous le déguisement d'une vieille femme ", méditait
des variantes nombreuses qu'il était impossible d'y intro de rendre à Jason le trône de ses pères.
duire sans compromettre la clarté de l'exposition. Un oracle avait averti Pélias de se défier de celui qui
I. Histoire de la toison d'or. — Athamas, fils d'/Eolus, viendrait à lui un pied déchaussé (tôv |iovoo-âv8at).ov ç/uXô-
roi des Minyens d'Orchomène, après avoir eu de la déesse ;auOat). Or, un jour qu'il offrait un sacrifice et donnait un
Néphélé, deux enfants, Phrixus et Hellé5, avait épousé banquet en l'honneur de Poséidon, sur le rivage d'Iolcos, il
Ino, fille de Cadmus, qui, devenue mère de Learchos et voit arriver, entre autres membres de sa famille, le jeune
de Mélicerte, ne pouvait souffrir les enfants de Néphélé3. Jason qui, après avoir traversé à gué l'Anaurus, avait ou
Un oracle supposé par Ino ordonna de faire cesser une blié de rattacher sa sandale gauche, ou l'avait perdue dans
famine dont elle était également la cause, en immolant le ruisseau w. Inquiet, Pélias va le lendemain trouver le
Phrixos à Jupiter Laphystios. Mais Néphélé sauva ses en- jeune homme : « Que ferais-tu, lui dit-il, s'il l'avait été
« 111, 22, 1. — MX, 24, a. — » Priscicn l'appelle abadir.V, 18 cl VII, 32; Hesych. schaften (Philolojr. hist. Classe), juillet 1864;Welckcr, Griech. Gôlterlehre,l,p. 220.
». s. fairAo; ; Scbômann, Opusc. ami. II, p. 254 ; Id, Griech. Altcrth. II.p. 5l>0, 3« éd. ; AHGONAUTAE. 1 Hom. Odysë. XII, 68. — > Apullod. 1, 9, I ; Zcnob. IV, 38 ;
Oterbeck, l. '. p. H5 ; Arch. Zeitung, 1S71, p. 64. — »« Cltar. 16. — » Xen. ilemor. Tietzcs, AdLycophr. 22 ; Palaeph. 31. — ' Schol. Piud. Pyth. IV, 288. — * Hvg.
1. I, 14. — ** Pseudom. 30 »> Strom. VII, p. 713. — M Lucret. V, 1198; 0>id. Fab. 3, ISS. —5 Hyg. Poem. at(r. H, 20; F.ratosth. Cat. 19; Acschyl. Ptn. 70.
Fait. H, 641 ; Tibull. I. 1, 11; Prop. I. t, 23 ; Prudent. C. Symmach. I, 206; II. 1008 Pour la ligure, tov. plus loin, note 4-1, — 0 Schol. Piud. Pyth. IV, 428. — 7 Apolt.
et Apul. Ftorid. 1, init.; Arnob. Arlr. nat. 1,39. —■ Bidliogiuimiik. Ovei berk, Das Hhod. 11, 1I4T ; IV, 121-128 ; cf. Diod. IV, 47.— » Hesiod. T/ieog. 996. — » Apollod.
Cultusobject bei den Griechen, in Périclite der Sàchsisch. Gesellschaft dur Wïssen- 1, 9, 16.'— 10 I, 9, ». — 11 Apoll. Kh. III, 66 et s.— Il Apoll. Rh. I, 10.
ARG — 41 — ARG
prédit que lu dois mourir de la main d'un de tes parents? l'Hellespont, où ils dispersèrent des pirates tyrrhéniens H,
— Je l'enverrais, répondit Jason instruit par Junon, et abordèrent à l'île de Cyzique, chez les Dolions. L'accueil
chercher la toison d'or ". » hospitalier du roi Cyzicos ne faisait point prévoir la ca
Pélias le prend au mot. Jason appelle tous les guerriers tastrophe dont une méprise funeste allait être cause **.
de la Grèce à partager les dangers et la gloire de l'entre A peine les héros s'étaient-ils rembarqués qu'ils furent
prise. Ils accourent à la voix de ses hérauts. La tradition rejetés sur la côte, au milieu de la nuit. Les Dolions cru
primitive ne donnait pour compagnons à Jason que des rent à une surprise. De là un combat dans lequel Hercule
Minyens ; mais la liste des Argonautes s'allongea d'âge en ou Jason tua de sa main le roi Cyzicos. La déesse Rhéa,
âge, pour satisfaire l'orgueil des villes grecques, qui ne touchée des regrets des vainqueurs et des jeux funèbres
voulaient pas que leurs héros fussent restés étrangers â célébrés par eux, renonça à venger les vaincus sa.
une si glorieuse expédition '*. Les dieux ne pouvaient Cependant, les Argonautes arrivent en Mysie. Là, pen
manquer de s'intéresser à l'entreprise ; on trouve parmi dant que les héros s'égayent dans un banquet, Hercule va
les Argonautes trois fils de Jupiter, Hercule, Castor et dans la forêt chercher un arbre avec lequel il puisse faire
Pollux, deux fils et petit-fils de Poséidon, Euphémos et une rame assez solide pour lui. Son cher Hylas le suit pour
Periclyménos, un fils d'Apollon, Orphée, deux fils d'Her puiser de l'eau. Mais les nymphes de la fontaine enlèvent
mès, Échion et Eurytos, et les fils de Borée, Zétès et Calais. le bel adolescent". Hercule au désespoir le cherche avec
Cependant Argos, fils de Phrixos, avait fabriqué, soit Polyphèmos, et ne veut pas se rembarquer sans lui. Les
à lolcos, soit à. Pagase, soit au pied du Pélion (soit à Argonautes, sur le conseil des Boréades et de Glaucus,
Argos) le navire Argo 15 (Apyw, de ifrfc, rapide) avec l'aide conseil que plus tard les Boréades payeront de leur vie,
les abandonnent et poursuivent leur route. Ils relâchent,
pour faire de l'eau, au pays des Bébryces. Le géant Amy-
cos, roi des Bébryces et fils de Neptune, qui voulait les
empêcher d'approcher d'une source, est vaincu au combat
du ceste par Pollux et lié à un arbre58.
A Salmydessus, ils consultent le vieux prophète Phi-
née59, qui, à cause de ses indiscrétions ou de l'oubli do
ses devoirs de père 80, était privé de la vue et persécuté
par les Harpyes. Délivré de ces monstres par les Boréades,
il enseigne aux Argonautes le chemin de la Colchide et
les avertit du danger qu'ils courront aux Symplégades".
flrâce à ses conseils et à l'assistance d'Héra ou d'Athéné,
le navire échappa à l'étreinte de ces rochers mouvants
désormais immobiles. Le gouvernail seul fut effleuré.
Chez les Mariandyniens, Idmon périt en chassant un
sanglier ; peu après, Tiphys le pilote meurt et est rem
placé par Ancaeos de Samos, qui conduit le navire jus
Fig. 504. Construction du navire Argo.
qu'à l'embouchure du Phase85. Avant d'y arriver, les
d'Athéné, qui avait attaché à la proue un morceau du Argonautes sont assaillis, dans l'île d'Aretias, par les
chêne prophétique de Dodone (fig. 504) 1S. Stymphalides s3, oiseaux monstrueux qui leur lancent,
Les héros s'embarquent et voguent vers l'inconnu. en guise de flèches, leurs plumes de bronze. Enfin, ils
III. Voyage des Argonautes. — La traversée fut remplie parviennent, en remontant le Phase, à la ville d'Aa, terme
d'incidents divers. Au moment où les Argonautes abor de leur voyage.
dèrent à Lemnos, les femmes venaient de massacrer tous IV. Les Argonautes en Colchide. — ^Eétès promet à Jason 54
les hommes, à l'exception du roi Thoas qui avait été sauvé de lui donner la toison d'or, à condition qu'il attellera
par sa fille Hypsipyle Les génies de la fécondité avaient à une charrue deux taureaux aux pieds d'airain qui souf
fui l'île maudite18. Les Lemniennes accueillirent avec joie flaient la flamme par leurs naseaux, qu'il labourera avec eux
les héros 19 qui, à table où les Cabires réconciliés leur ver un champ consacré à Mars, et y sèmera des dents du dra
saient à boire so, et dans les jeux " qu'ils célébrèrent en gon (de Cadmus). Épreuves insurmontables, si Vénus
l'honneur des défunts dont ils tenaient la place, se mon n'avait allumé au cœur de Médée, fille d'^Eétès, un violent
trèrent dignes de leur renommée. Hercule seul montrait amour pour le héros étranger35. Médée met au service de
une tempérance inaccoutumée et passait son temps en son amant toutes les ressources de la magie : grâce à ses
pieux exercices dans l'îlot de Chrysé n. Les Minyens de enchantements, Jason attelle les taureaux, laboure le
Lemnos durent leur origine à ce séjour des Argonautes. champ, et abat la moisson de géants sortis tout armés des
Jason eut d'Hypsipyle deux fils, Euneos et Nebrophonos. dents du dragon88. Mais, pour conquérir la toison qu'iEé-
De Lemnos, après avoir rendu leurs hommages en Sa- tès, infidèle à sa parole, persiste à refuser, il fallait trom
mothrace aux Cabires **, les Argonautes pénétrèrent dans per la vigilance du dragon qui la gardait. Jason réussit

« Voy. le réeit différent de Pindarc, Pylh. IV, 70-171 1* Voy. les dénom Marquardt, Cyzieus, <3- 135. — »« Apoll. Rh. 1, 1059 et s.— »7 Theocr. Idyll.n;
brements dans Burmann, Catitl. Art/, (ad Val. Flaec. 17i4); Gerhard, Gr. Afyth. Apull. Rh. I, 1207 sqq. ; Nicand, ap. Antonin. Lih. XXVI. — ï» Apoll. Rh. II, 1-163 ;
8 681. —"Hvg. P. Astr. II, 37. — 18 Apollod. IV, 9,16; cf. Val. Flacc. I, 302. Voy. Theocr. Iiyll. 22, 27 sqq. —«9 Apoll. Ith. II, 178 sqq. 310 et s. — 3D Schol. Sophoc.
note 46. — " Apollod. I, 9, 1" ; Schol. Iliad. VII, 468 ; Apoll. Ith.I, 608sqq.— 18 Phot. Anlig. 980; Uiod. IV, 43.- '1 Ap. Rh. II, 28» sqq.; Schol. Ap. Hh. Il, 256 et s.
Kiïiifoi. — 1» Schol. Ap. Rh. 1, 709. — » Aesckyl. Frai/m. 91, 9i. — 21 pj„d. — 3* Apoll. Rh. II, 7i0sqq.; Schol. Apollod. I, 9, 23 ; Hyg. Fab. 14, 18. —33 plia.
Pyih. IV, 252 sqq. ; Schol. ad v. 450 ; Oiymp. IV, 19 sqq.; Philostr. Gyimi. 3. Hist. nat. VI, 32 ; Serv. Ad Aen. VIII, 300 ; Hyg. Fab. 20. — Pind. Pylh. IV,
— " Voy. Gerhard, Arc/i. Zcitung. i S 15, p. 161 et s. — «3 Apoll. Ith. I, 916; Schol. 211 sqq. — 3T Hyg. Fab. ii. — 36 Apollod I, 9, 23; OviU. Alet. VII, 100 cl s.;
Ad A. /. — *4 Alheu. VII, 47. — *» Apoll. Ith. 1, «36 sqq.; Hygin. Fab. 16, 273 ; Lucan. IV, 519 sqq.
ARG — 416 — ARG
encore, grâce à l'art de Médée et au secours d'Athéné. l'homme d'airain qui en défendait l'approche, et, sauvés
Les Argonautes s'enfuient avec leur butin. Médée suit son d'une dernière tempête par Apollon, arrivent enfin à loleos".
amant, et sème sur la route, pour retarder la poursuite Nous devons arrêter ici l'histoire de l'expédition des
d'Jîétès, les membres de son frère Absyrtos Argonautes et renvoyer pour les événements qui suivirent,
V. Retour des Argonautes. — Il faut oublier la géogra aux articles spéciaux concernant Jason, Médée, etc.
phie pour suivre les Argonautes dans leurs pérégrinations Nous ne reproduirons pas non plus ici les explications
ultérieures. La légende accréditée par Hésiode les fait par lesquelles un grand nombre d'érudits, tant anciens
passer du Phase dans l'Océan, et de là, à travers la Libye, que modernes, ont tenté de dégager de la légende des Argo
dans le lac Tritonis et le Nil Quand on se fut assuré que nautes un sens historique, religieux ou purement symbo
le Phase ne débouchait point dans l'Océan, on fit revenir" lique E. Vinet.
les Argonautes par le Tanaïs, qui les aurait portés dans VI. Monuments. — Les artistes ont tiré moins de parti
l'Océan, d'où ils seraient rentrés dans la Méditerranée par que les poètes de la légende des Argonautes ; ses divers
les colonnes d'Hercule. Apollonius inventa un troisième épisodes sont représentés dans les œuvres d'art qui nous
itinéraire. Les Argonautes arrivent par l'Ister et l'Eridan, restent plus rarement que beaucoup de mythes moins
qui sont censés communiquer dans l'Adriatique. Une célèbres. Nous allons indiquer, parmi les plus intéressants
tempête menace de les engloutir *°, et le bois du chêne de de ces ouvrages, ceux qui retracent les faits les plus mar
Dodone leur apprend qu'il n'y a point de salut pour eux quants de cette histoire, en renvoyant à des articles spé
s'ils ne se font purifier par Circé du sang d'Absyrtos. Ils ciaux pour ce qui se rapporte plus particulièrement aux
rentrent donc dans l'Éridan, passent de là dans le Rhône, principaux personnages.
et, après avoir erré dans le pays des Celtes et des Ligyens, La figure 503, qu'on a vue plus haut, représentant Phrixus
ils abordent, en traversant la mer Tyrrhénienne, à l'île de et Hellé traversant les flots sur le bélier à toison d'or, en
Gircé, qui les purifie sans les connaître. De là, protégés par présence de Néphélé ou la Nuée, leur mère, qui étend
Junon, ils passent entre Scylla et Charibde, échappent sur eux son voile, est tirée d'un vase peint du musée
aux Sirènes, et relâchent au pays des Phéaciens (Corcyre) de Naples". Hellé, Phrixos, le bélier, séparés ou groupés
où Jason et Médée célèbrent leurs noces. A peine remis et quelquefois réunis à d'autres personnages de cette pre
en mer, leur navire est jeté par une tempête sur les côtes mière partie de la légende, sont encore représentés sur
de Libye. Ils le portent pendant douze jours et douze d'autres monuments **.
nuits, jusqu'au lac Tritonis. Conduits jusqu'à la mer par La construction du navire Argo est le sujet d'un bas-re
Triton, ils abordent en Crète, après avoir tué Talos*1, lief en terre cuite (fig. SOI), qui semble avoir été assez fré

Fig. 505. Les Argonautes


quemment répété comme ornement de frise à l'époque ro fragment en terre cuite et au revers de monnaies impé
maine**. On y reconnaît Argus, le constructeur, ou Jason, riales de Magnésie d'ionie50. Les peintures de quelques
achevant la proue du navire ; Tiphys, le pilote, attachant vases représentent le sacrifice offert par les Argonautes
la voile ; Athéné et quelquefois Hermès assistent à leurs sur l'autel de Chrysé51, dans le voisinage de Lemnos, les
travaux. La même scène est encore figurée dans un bas- épisodes de Phinée et des Boréades", et celui des Stym-
relief en bronze ", sur des pierres gravées 48 et dans une phalides M, le combat de Cyzicos et d'Hercule 5V. L'enlève
peinture d'Herculanum *9. ment du jeune Hylas a été peint sur les murs de Pompéi
On voit le navire en mer et les héros ramant, dans un et d'ilerculanum55.
" Schol. Ap. Rh. IV, 228 ; Eurip. Medea,\3U ; Apollod. I, 9, 24 ; Apoll. Rh. IV, Oaler. myth. pl. cm, 417; Guigniaut, Hel. de l'ant. clxx, 640; Cnmpana, Opère
481.— M Schol. Apoll. Rh. IV, 259. — 59 Tim. ap. Diod. IV, 56; Schol. Ap. Rh. IV, in plastien, 5. — *7 Millin, Gai. myth.} pl. cv, 418. — W Micali, Ant. monum. cm,
;84. — *» Ap. Rh. IV, 681 et s. — « Apoll. Rh. IV, 1638 ; Apollod. I, 9, 26. 2. — '9 put. d'F.rcol. 111, 48, p. 251; Hclbig, Op. I. 1260. — 50 Flangini,
— *» Ap. Rh. IV, 1716 et s. — *5 Voy. Heyne, Obsere. ad Apollod. I, 9, 16, Op. I. I; Millin, Galer. myth. cxl, 420; Guigniaut, /. I. eux, 640 ; clxxtii, 640 a ;
p. 72 ; Burmann, I. c. : Gerhard, Gr. Myth. g 685, 686 ; Grotc, Bitt. de la Cri, ?, Monnet, VI, Suppl. p. 246, n. 179; p. 253, tj. 1122; p. 256, n. 1141. — 51 De
t. I, p. 274 et s. de la Irad. frauç. et les ouvrages indiques à la bibliographie. Laborde, Vases de Lamberg, I, pl. xmi ; Millingen, Peint, de vases, pl. li ;
— ** Minervini, Bullet. Napolet. >". S. VII, 1858, pl. m; cf. Areh. Anzeiyer, Inghirami, Vnsi fittili, pl. xvn ; Guigniaut, Op. I. xciv, 354; Gerhard, Areh. Zeit.
1859, p. 91 et s.; Heydcmaon, Vasen des Mus. nazion. Aeapol. n. 3112. — *5 0. 1845, pl. xxxv, 1 ; Id. Auserl. Yasenb. II. pl. clv ; cf. O. Jahn, in Areh. Zeit. 1854,
Millier, Ilandbuch d. Arehùol. g 412, 3, p. 693, 2« éd. 184S; Guigniaut, Religion» p. 208 ; Michaélis, Ann. d. inst. areh. 1857, p. 243. — M Millingen, Ane, uned. mon.
de l'antiq. pl. cuvn, 630, 630 a, clxxi, 630 b; Pyl. De Medeae fabul., p. 6; pl. xv ; Slackelberg, Grâberder Hellen. pl. xxxYin ; Mon. d. Inst. III, 41 ; de Lttyucs,
Ann. d. Intl. 1867, tav. d'agg. c, p. 91 ; Gerhard, Akad. Abhundl. II, pl. lxxxi, Ann. de finit. 1843, p. 1 et s. — 55 Mon. d. Inst. IV, 29. — M Gerhard, Denktn. und
p. 506 ; Hclbig, Wandgemùlde der von Vesiw verschùtt. Stddte, n. 1251-1252. Forseh. 1851, pl. xxvu.—KPitt. d'Krcol. IV, 6 ; Raoul-Rochette, Choix de peint. XX ;
— \\ inckelmann, Mon. iued. I, front, et Slor. d. tirti, I, c. il, § 6 ; Zoega, Millin, Galer. cvi. 420 ; Guigniaut, clxxi, 541 ; Hc b'g, Wandgem. 1260-1261; voy.
Uassiril. anl. 45; Flangini, VArgonavtica di Apoll. llhod. II, front.; Millin, aussi des bas-reliefs : Mus. Capitol. IV, 51 ; Monum. Matteianat 111, pl. xxxi.
ARG - 417 — ARG
Un ouvrage célèbre, la ciste de Ficoroni66, estentourcc de dans les notes, ont essayé d'en déterminer le caractère et le
figures gravées dont nous donnons ici le développement nom. La scène qui, dans notre gravure, est la dernière, mon
(fig. 503) et dont le sujet est le séjour des Argonautes tre le résultat du combat : les voyageurs puisent librement
chez les Bébryces. Les héros sont descendus à terre et à la source près de laquelle est assis Silène, qu'on voit fré
ont poussé le navire sur le rivage ; on les voit se reposant quemment comme un gardien près des fontaines [silenos].
de leurs fatigues. Quelques-uns ont exploré l'île et décou Un vase peint, qui n'est pas moins célèbre, ni moins
vert une source limpide ; mais le géant Amycos, le roi des intéressant pour l'histoire des Argonautes que la ciste de
Bébryces, en interdit l'approche à tout le monde ; Poilus Ficoroni M, montre Jason présentant, à l'arrivée des héros
le défie au pugilat et, après l'avoir vaincu, l'attache à un grecs dans le palais d'^Ëétès, roi de Golchos, la tcssôre
arbre57; une Victoire d'hospitalité sur laquelle est écrit le nom de Sisyphe
vole vers le vain (ïin"*oz) et qui doit lui rappeler son origine corin
queur , tenant une thienne : ces deux personnages sont ici reproduits (fig.
couronne; Athéné fi 506) ; plus loin on voit encore Jason suivi de ses compa-
gure parmi les té
moins de la lutte, et
vis-à-vis d'elle on voit
un homme pourvu de
grandes ailes, dans le
quel on a reconnu 58,
d'après des traditions
du pays môme où la
scène se passe, con
servées par les au
teurs byzantins, un
Fig. 506. Jason chez £étès. des Vents dont l'assis
tance fut nécessaire Fig. 507. Jason combattant le dragon.
aux Argonautes dans ces parages. Nous renvoyons, pour gnons, prenant la main que lui tend Médée en signe d'al
les autres personnages et tous les détails du sujet, aux liance; d'un autre côté, Jason, l'épée à la main, combat le
observations par lesquelles les archéologues que nous citons dragon gardien de la toison d'or (fig. 507) ; Médée l'as-

ehez les Bébryces.


siste ; derrière elle sont plusieurs Argonautes et les Bo- Hermès remonte à la plus haute antiquité; de nombreux
réades, reconnaissables à leurs ailes 60. passages de l'Iliade et de l'Odyssée y font allusion par
Le combat des Argonautes contre Talos à leur retour, l'épi thète de meurtrier d'Argus ('ApY£l<i'<>v'"K) donnée à ce
et la mort du géant, qui tombe dans les bras des Dios- dieu. Quelle qu'en soit l'origine (sans doute védique il
cures, font le sujet d'une des peintures de vase les plus re paraît, dans les traditions helléniques, avoir eu cours
marquables qui nous aient été conservées 61 . E. S. d'abord en Argolide
ARGUS CAp^oç). — Le mythe d'Argus mis à mort par La foi populaire ne s'accordait pas sur le nom du père

*> 3ftu. Kircher. aerea , Borna, 1763, pl. ti-tiii; Millin, Galer.ci\, 422 ; Gui- p. 270, n. 141 ; Zocga, Bassirit. antichi, I, p. 215 ; Combe, Terracotte,n. 5Î ;Compana,
gniaut, l. I. nui, 641 ; O. Millier, ZtoiA-m.d. ait. Kunst, 1,309; Gerhard, Etr.Spiegel, Opère in plastica, 03.—MArch.Zeit. I846,pl.xi,iv; 1848, pl. xxiv; Denkm. undForsch.
pl. il, p. 14 ; Brondsted, Den Ficoron. cista, Copenhague, 1847 ; E. Braun, Die Ficoron. 1860, pl. cxxxix, cxl. — Bibliographie. Otfricd Millier, Orchomenos und die Minyer,
Cista. Leipz. 1849 ; O. Jahn, Die Ficor. Cista, Leipz. 185Ï ; Raoul-Rochetlc, Journ. p. 253 et s., 297, 354, 2« éd. 1844 ; Id. Handbuch der Arehâol. der Kunst, g 412,
des savants, 1852, p. 576, 647, 778. — 57 Voy. les autres monuments où cette lutlc n. 3, 4 ; Sch» enck, Grieeh. Mythologie, I, p. 478 et s ; Forchhammcr, Hellenica, p. I S7
est figurée, indiqués par Jahn, Op. I. p. 3 et s. — 53 Fanofka, Berichte der Berlin. et s. ; Wclckcr, Der epische Cyclus, I, p. 79 et s. 2» éJ. Bonn, 1865; Eckermann,
Akad. 1847, 1848, 1849 ; O. Jahn, l. i. — 59 Dubois-MaisonneuYC. Introd. à l'élude des Beligionsgeschichte und Mythol. Golting, 1847, I, p. 249; Gerhard, Grieeh. Mytho
vases, pl.xLiv; Arch. Zeitung, 1800, p. 74, pl. cxxxix ; Guigniaut, 1. 1. clxxiii bis, 640, logie, Berlin, 1S34, II, p. 48-08 ; Prcllcr, Grieeh. Mythol. Berl. 1861, II, p. 308-311 ;
647 ; Jahn, Vasensammlung zu M&nchen, n. 805 ; Ann.d. Inst. t. XX, tav. G. — M Sans F. Vatcr, Der Argonaulenxug, Kasan, 1815; Pyl, De Mcdeae fabula, Berlin, 18j4 ;
entrer ici dans l'énumération des monuments relatif» à la légende de Jason et de Mé Id. Lilteratw der Sagenkreis der Medea, in Zeitschrift fur Alterthumswissensehaft,
dée, nous citerons encore quelques-uns de ceux qui se rapportent à la conquête de la 1854, p. 51 et 54 ; 61-63 ; Grote, Hist. de la Grèce, t. I, c. un, p. 261 et s. de la
toison d'or : Flangini, L'Argon. L, 430, 434 ; Millin, Galer. pl. ci-xxv, 424 ; Guigniaut, trad. de Sadous, Paris, 1864 ; Stoll et Brunn, in Pauly's Bcalencyclopâdie, t. I,
clxxxvii, pl. 646 c, 605 a; Millingen, Peint, de vas. pl. vi ; Gerhard, Die Vase des 2" éd. p. 15±6 et suiv.
ifidias, in Akad. Abhandl. I, p. 177, pl. un; A/on. d. Inst. H, 35; V, 9, 2, 12 j ARGUS. 1 Maury, Relig. de la Grèce, t. I, p. 270. — * Prcllcr, Grieeh.
B*lltt.U>t, p. 129 ; Gerhard, Etr. Spiegel, pl. ccxxxriu ; Tùlkcn, Geschnitt. Steine, Myth. 3» éd. I, 317.
I. 53
AHG — 418 — AHG
de ce héros : on citait Agénor 3, Arestor *, Inachus !, un et d'un Alexandre, parmi les grandes picturae de Nicias,
autre Argus 6. On le croyait aussi fils de la Terre (Gain) 7, Pausanias **, en décrivant le trône d'or d'Apollon à
ou d'Ismène, fille d'Asopus 8. Géant ou fils de héros, doué Amyclae, indique sans détails un bas-relief de Bathyclès de
d'uneforce surhumaine, il accomplit plus d'un exploit: il tua Magnésie, où l'on voyait Hèra regardant Io déjà métamor
le taureau sauvage qui ravageait l'Arcadie ; puis un satyre, phosée en vache. Argus ne figurait-il pas dans l'un ou
qui exerçait des violences contre les habitants de la même l'autre de ces monuments? Virgile !1le place sur le bou
contrée, et leur dérobait des troupeaux ; le monstre né du clier de Turnus.
Tartarc et de la Terre, Échidna, qui enlevait les passants ; Quatre peintures murales de Pompéi !S représentent
enfin les auteurs du meurtre d'Apis *. Il était surtout Argus veillant à la garde d'Io. Un cratère 56 d'une basse
célèbre pour avoir été préposé par la jalousie de Hèra à la époque et d'un style négligé, appartenant à la collection
garde d'Io, métamorphosée en vache 10. Sa vigilance fut Biscari, à Catane, présente la môme scène : Argus avance
trompée, et ses yeux innombrables le laissèrent sans la main droite en tenant une grande conque, semblable à
défense. Par ordre de Zeus, Hermès vint délivrer Io, en une corne à boire.
tuant Argus d'un coup de pierre ". Selon un autre récit, il D'autres monuments se rapportent au moment où Her
l'endormit aux sons de la flûte, et, profitant de son assou mès, envoyé par Zeus, intervient pour tromper et endor
pissement, lui coupa la tète avec la harpè ,!. liera le mir la vigilance d'Argus. Sur un vase H à figures rouges,
changea en paon ou, selon une autre tradition, plaça du musée de Berlin, le héros s'entretient avec Io, tandis
ses yeux sur la queue de cet oiseau qu'Hermès s'éloigne en jetant un regard sur eux. Dans
Le principal de ses attributs a été consacré par l'épi- une peinture murale découverte, à Borne, dans la maison
thète de Panoptès (qui voit tout), par laquelle il est quel de Livie 28, Argus est un homme dans la force de l'âge ;
quefois désigné comme par son nom propre. Les traditions armé d'une lance et d'une épée, il veille sur Io, assise au
ne s'accordent pas sur le nombre de ses yeux. Hèra 15 lui pied de la statue de Junon, et ne peut voir encore Mer
aurait placé un œil sur la nuque,rcn lui enlevant le som cure qui s'approche. Dans trois peintures, l'une au temple
meil et en le constituant gardien d'Io ; il faut entendre d'Isis M, les autres dans des maisons d'Herculanum et de
sans doute que ce troisième œil devait rester ouvert pen Pompéi °°, Argus, assis, tend la main pour saisir une sy-
dant que les deux autres cédaient au sommeil. Un poêle rinx que lui présente Hermès. Sur une amphore31 de la
cyclique 18 prêtait à Argus deux paires d'yeux, l'une par collection de Munich, Argus a les proportions d'un géant,
devant, l'autre par derrière, et une force infatigable qui une longue chevelure et une longue barbe, terminées en
en écartait le sommeil. Suivant une troisième tradition ", tresses, un visage qui rappelle le singe ; il est assis et tient
le héros aurait eu cent yeux, dont cinquante étaient ou une corde à laquelle est attachée la génisse Io. Derrière
verts et cinquante fermés tour à tour. Il semble qu'on a elle est un arbre, peut-être l'olivier de la tradition; ou le
cru en général qu'il en avait en nombre infini, disposés soit symbole des bois de Némée ; à sa gauche, Hermès détache
sur la tète seule comme d'après la tradition des cent la corde passée autour de la tête de la génisse. Dans la
yeux, soit sur le corps tout entier Une particularité figure d'Argus, deux traits sont controversés entre les édi
très-rare de la représentation d'Argus n'est offerte, comme teurs et les commentateurs de ce monument, la corne
on va le voir, que par deux monuments : il s'y montre près de son front et l'œil sur sa poitrine.
avec une double tête [bifrons). La mort d'Argus est représentée 32 dans une dernière
Dans les œuvres figurées, ce personnage est tantôt un série de monuments qui n'est ni moins nombreuse ni
un jeune paire, un éphèbe ; tantôt un géant au visage moins intéressante. Parmi les peintures de vase, la plus
farouche, ou môme une sorte de monstre. ancienne est celle d'une amphore **, à figures noires, de
Une amphore de la collection Coghill w et un vase du la collection Bassegio à Borne. Hermès brandit son épée
musée de Berlin 51 font de lui le témoin des amours de contre Argus à demi renversé, en lui mettant le pied sur
Zeus et d'Io. la cuisse gauche pour le maintenir à terre, et en lui serrant
Une série de monuments se rapporte à la garde d'Io le bras droit de la main gauche. Le héros, remarquable
confiée à la vigilance d'Argus. Jusqu'à quel point peuvent- par son double visage semblable à celui d'un Janus, est
ils être rapprochés des représentations dont les auteurs désarmé et paraît demander grâce plutôt que se défendre.
classiques nous ont seuls conservé le souvenir? Pline l'An Derrière ce groupe on voit s'éloigner Io changée en vache,
cien 21 cite une Io, à côté d'une Galypso, d'une Andromède à côté d'elle, Hèra s'avançant vers Hermès et Argus.
» Apollod. II, S, 2. — * Phcrccyd. ap. Apollod. II, 3, 3 ; Schol. Eur. Phoen. Gcschichte d. gr. Kûnstler, II, p. 200. — »' III, 18, 13 ; Brunn, AV« Bhcin. Mas.
1116; Hyg. 145; Ov. Met. I, 025. — 5 Asclepiad. ap. Apollod. I. I. — 6 Cercops p. 328. — »» Aen. VII, 789 sq. — «5 Mut. Portion. II, pl. xn ; I.V, pl. l ; Gcll.
ap. Apollod. I. I. — ' Acusilaiis ap. Apollod. /. I.; Acscb. Prom. 568 , 678 ; Pompéi, 1, 16, p. 55 ; B. Bochette, Choix dépeint, de Pomp. iv ; Schulz, Bull. d. Inst.
Suppl. 303. — » Cercops, ap. Apollod. II, 3, 3. — » Apollod. Il, 272 et 3. 1841, p. 124 ; tte\biç, Wandgemâlde der verschtut. Stiidte, n™ 131,133, 131;Over-
— 10 Apollod. II, 3, 2-4; Ov. Met. I, 024 sq. — « Apollod. Ib. ; Eust. Ad 11. beck,£««, S. 470 et s.; IX, 50 ; Ptnofka, Argos Panoptès, p. 10, pl. i,n»6; Mon.d.
II, 103, p. 138 ; Schol. Acsch. Prom. 568 ; Elym. M. s. v. Asy",»*".;- — 15 Ov. Met. Inst. Il, 59,10 ;Ann. d. Inst. 1838, p. 316, 330 ; Engelmann, l. c.p. 13, D. — I* Berna-
I, 671-721 ; Val. Fl. IV, 38» sq. ; Myth. lat. III, 9, 4. — 13 Sch. Aristoph. Av. 102 ; dorr, in Archaeol. Zeit. 1867, Ani. p. 118* ; Engelmann,/. c. p. 12, (". ; Id. Archncol.
Scb. Eut. Phoen. 1114; Mosch. 11,58, sq.; Mart. XIV, 85. — 1* Ov. Met. I, 721, 722. Zeit. 1870, p. 37, sq. pl. ni, n° 1 ; Overbcck, Zeus, p. 472. — *7 Braun, Bull. d.
— « Sch. Eur. Phoen. 1116. — « Sch. Eur. I. c. — » Ov. Met. I, 62b; Inst.n'U, 1836, p. 172, 171 ; Gerhard, Bapporto volcente, p. 39, n» 250 ; Id. Berlins
Scripl. myth. I, 18. — 1* Macr. Snt. I, 19, 12.— 1» Aesch. Prom. 671, 679; ant. Bildw. n» 1951; Élite d. mon. cér. I, p. 49; Panofka, Op. I., p. 42; Ann.
Eur. Phoen. 1115 ; Haut. Aul. 3, 6, 19. — *> Ces deux vases ont aussi été dilTiT- d. Inst. t. X, 1838, p. 315, 328, n. 1 ; Mon. del. Inst. II, 59, 1 ; Élite des mon.
remment expliqués. Voy. la lettre de Vivenzio à Guattani, Mem. eneicl. Rom. t. V, cér. III, p. 266 ; Engelmann, l. c. p. 15, E; Overbcck, l. c. p. 473, 474. — 58 Rosa,
p. 41 ; Millingen, Vas. of Coghill, pl. xlvi ; MiïIler-\Vicseler,Z)c/7A-m. d. ait. Kunst, II, Benue archëol. N. S. t. XIX, p. 461 ; G. Pcrrot, lb. I. XXI, p. 387, pl. xv.—M Hclbig,
p. 37 ; Panofka, Argos Panoptès, p. 20, pl. iv, 1 ; Uoscs, Vas. from the coll. Engle- op. I. p. 39, n. 135, 137 ; Overbcck, /. c. n. 474. — M Mus. Borb. VIII, 25 ; Panofka,
field, pl. xix ; Lenormant et de Witte, Élite des mon. cêram. I, pl. xxvi ; Engelmann, L c. p. 11, pl. n, 1 ; Mon. d. Inst. II, 59, 6 ; Zahn, Die schOnstcn Ornam. II,
De lone, p. 9, B ; Overbcck, Zeus, p. 466, sq. — '1 Hirt, Die Brautschau. ; Levezow, 83 ; Engelmann, /. c. p. 16, G. ; Helbig, l. c, n. 136 ; Overbcck, /. c. p. 474, 47j.
Yasen in Mus. zu Berlin, 902, p. 205 ; Avellino, Opusc. die. II, pl. vil ; Gerhard, — SI Panorka, /. c. p. 43, pl. v ; Mon. d. Inst. II, 59, S : Élite des mon. cér. III, 09 ;
Berlin» eut. Biklw. p. 260, n- 002; ld. Ant. BiWic.pl. cxv ; Olfr. Mullcr, Ilandb. 0. Jaiin, Yasensamml. in Mùnchen, n. 573 ; Engelmann, l. c. p. 15, F ; Overbcck, /. c*
U. Arch. p. 363, 2, A ; l'aoofka, /. f. pl. iv, 2 ; Élite des mon. cér. I, pl. ixv ; lingcl- S. 471.— M Cf. Mosch. II, 56 et s.— » E. Vinet, Bévue archéol. t. III, série, 1816,
maoD, (. I. p. 6, A ; Overbcck, Zeus, p. 467, sq. — » But. nul. XXXV, 132 ; Brutin, p. 309 ; Schone, Ann. d. Inst. 1865 -, Engelmann, l. c. p. 23, L ; Overbcck, /. c. p. 476.
ARG — 419 — ARG
D'autres vases présentent la même scène, avec des dif une harpe; la vache Io s'enfuit d'une course furieuse; der
férences plus ou moins importantes. Nous citerons un rière est un arbre, sans doute l'olivier auquel Io était at
vase de Cœre 34, de la collection Castellani, du style le plus tachée, et, sur une de ses branches, le paon dont la queue
sévère, sur lequel Hermès est armé encore de l'épée, me reçut les yeux d'Argus, ou dont Argus prit la forme; cette
naçant Argos qu'il a saisi à la barbe de la main gauche. dernière tradition , sous l'une ou l'autre de ses deux for
Io a été transformée en taureau par une négligence de mes, était évidemment présente à l'esprit de l'artiste, qui a
l'artiste ; Zeus est assis tenant un sceptre. aussi multiplié les yeux sur tout le corps du héros 40.
Un vase de Ruvo (lig. 508) 35 d'une époque postérieure Les anciens avaient déjà donné de ce mythe une expli
est intéressant par les deux visages de l'Argus bifrons, l'un cation peu différente de celle qui est le plus généralement
adoptée par les modernes, en considérant Argus comme
le ciel brillant de la lumière des étoiles et en rapportant
l'histoire d'Io aux phénomènes lunaires". K. Blondel.
ARGYRASPIDES ('ApYupâo-rttSt;). — Ce nom, composé
d'apfupoç, argent, et d'aern'?, bouclier, est celui que portait
un corps de troupes macédoniennes. Quinte-Curce, dans
son récit de la bataille d'Arbelles ', parle des Argyraspides
comme d"un corps de l'armée d'Alexandre, complètement
distinct de la phalange ; mais Justin * assure qu'au mo
ment d'entrer dans l'Inde, le conquérant fit revêtir de
lames d'argent les boucliers des soldats de toute son
armée et que dès lors il les appela tous Argyraspides.
Diodore de Sicile donne le même renseignement que
Quinte-Curce, en ajoutant que c'était un corps de trois
Fig. SOS. Hermès, Argus et Io.
mille hommes d'infanterie, remarquable par la bravoure
barbu, l'autre imberbe. Le héros se défend avec une mas des soldats qui le composaient3. C'était donc, dès l'ori
sue, tandis qu'il s'efforce de retenir par son vêtement gine, un corps d'élite, et il est possible qu'Alexandre soit
Io, représentée sous les traits d'une jeune fille avec des arrivé à en donner le titre et les insignes à tous ses soldats,
cornes. Un cratère qui appartient aussi à la fabrique de comme une marque de haute satisfaction, après ses vic
Ruvo36, le plus important et le plus riche en figures parmi toires sur les Perses. Après sa mort, ces vieilles troupes,
tous ces vases sur lesquels est figuré ce sujet. La compo placées sous les ordres d'Eumène, montrèrent la plus
sition ne contient pas moins de douze personnages. grande valeur dans le combat qu'il livra à Antigone, et
Argus , enveloppé d'une peau , où certains commen pourtant, s'il faut en croire Diodore de Sicile *, les plus
tateurs ont retrouvé, à cause de la forme de la corne, la jeunes d'entre eux n'avaient pas moins de soixante ans, la
peau du taureau d'Arcadie, est muni d'une massue ; sa plupart en comptaient soixante-dix et quelques-uns même
tête porte une couronne. Il a six yeux, deux à la place allaient au delà : tous étaient néanmoins regardés comme
ordinaire, deux sur la poitrine, les deux derniers sur les invincibles à cause de leur vigueur, de leur courage et de
cuisses. Il s'entretient, en élevant la main, avec Hèra. leur expérience. Après ce combat, ils eurent l'infamie de
Hermès s'avance contre Argus l'épée à la main. Sans passer au service d'Antigone en lui livrant Eumène qui
doute il est invisible, grâce à la coif fut mis à mort. Mais leur nouveau chef, craignant d'être
fure de Hadès, qu'on croit reconnaître à son tour victime d'une trahison, confia leur comman
sur sa tête dement à Sybirtios qui lui était complètement dévoué, et
Une peinture murale, découverte à lui donna l'ordre de les employer dans les occasions les
Rome sur le Palatin, et un jaspe vert plus périlleuses où ils finirent par succomber 5. Cepen
gravé se rapportent à la même scène. dant, leur renommée avait été si considérable, que leur
Dans la peinture38, Hermès est prêt à nom fut donné aux corps d'élite des armées grecques e.
frapper Argus devant une statue ar Bien plus, Lampride7, assure qu'Alexandre Sévère, voulant
chaïque de Hèra. Sur la pierre3' on voit imiter son homonyme le célèbre roi de Macédoine, avait
, S09. Mort d'Argus.
(fig. 509) Argus étendu sur le sol ; Her- créé un corps à'Argyraspides. Masquelez.
mès tient d'une main sa tête séparée du tronc, de l'autre ARGYRIOU DIKÈ (ApYupi'ou St'xin). — On désignait ainsi

3* Schônc, Ann. d. Inst. 1865, p. 147-159, tav. I, K; Engelmann, p. 19, H; /. c. p. 19, 1; Overbeck, l. e. S. 479. — 38 Bco. arch. 1870, pl. xv; Arch. Zeit.
Overbeck. /. c. 477, p. 478. — 35 Collection Barone, à Ifaples : Mincrvini, Bull, 1870, p. 3S; Overbcck, /. c. p. 471, 483. — 39 Braun, Ann. d. Inst. 1838, t. X,
arch. Nap. 1845, p. 72-76, tav. iv ; E. Vinet, Bévue arcli. III, 1846, p. 309 ; p. 329, n° 9; Cadès, Impr. gemmarie. Cl. I. A, nu 113; Mon. d. Inst. I. en» 9;
Schônc, /. c. p. 150, F; Engelmann, c. p. 24, M ; Overbcck, l. c. p. 479, 480. Overbeck, l. c. p. 483, 481; Gcinmentafcl, V, n» 9. — 40 Ce jaspe est reproduit
— 36 Bull. d. liut. 1834, p. 165 ; Mon. d. Inst. II, 59 ; Grimaldi-Gargallo, Ami. par une pâte de la collection de Stosch : Winckclinann , Pierres gravées de
d. But. 1838, p. 255 ; Secchi, 76. p. 317 sq. ; Bel), arch. III, p. 311, note 7; Stusch, II, 3, 161 ; Tassic-Raspe ,Catalog of gems, 1 IS2 ; Panofka, Argos Panoptès,
Mincrvini, Bull. arch. JVap. III, p. 22 ; 42 ; Id. Collez. Jatta, p. 1 sq. ; Inghirami, p. 13, pl. m, 1 ; Miillcr-Wieseler, Benkm. d. ait. Kunst. II, 336 ; Overbeck, l. c.
Van fitt. Vf, 100; Elite céramogr. III, 101; Schônc, Le. p. 150, G ; F.ngcl. — M Macrob. Sat. I, 19; Prellcr, Or. Mgth. 1,317 et s.; Welckcr, AeschyL
mann, /. c. p. 24 sq. N ; Catal. del museo Jatta (1869), p. 746, n» 1498 ; p. 772 ; Trilogie, 129 et s.; Id. Gricch. Gotterlehre, I, 336 et s. — Bibliographie PaulyV,
Arch. Zeit. 1870, p. 39; Overbcck, l. c. p. 480-482. — S' Voy. encore d'autres Beal-Encyclopàdic, Argonautae, t. I, p. 1526, 2« éd.; Smith, Diction, of greek and
vases : Brôndstcd, Descr. of 32 vases by Campanari, n. 1 ; Panofka, Ann. IV, roman mythology, s. ». Argus; Panofka, Argos Panoptès, in Abhandl. d. Berlin.
p. 365 ; ld., Argos Panoptis, p. 14, pl. m, n. 2; Mon. d. Inst. II, 59, 5; de Akad. 1837, S. 87; Maury, Betigions de la Grèce antique, I, p. 62, 105, 270 ; En
Wittc, Catal. Burand, p. 111, n. 318; Gerhard, Auserl. Vas. II, pl. an j gelmann, Be Ione, Halae, 1868 ; Overbcck, Kunstmythologie, Zeus, Leipi. 1871,
Ann. d. Inst. 1838, p. 316 (Secchi) ; p. 329 (Braun.); Élite céram. III, 100 ; Schônc, p. 465 ; Prellcr, Griech. Mythologie, 3« éd., rcv. par Plew, t. I, S. 317-320 ; Hignard,
Ann. d. Inst. 1865, p. 150, D; Engelmann, /. c. p. 21, K; Overbcck, /. c. p. 478, Le Mythe d lo, Paris, 1872.
479 ; Bull. d. Inst. 1840, p. 4 ; Gerhard, Arch. Zeit. 1847, p. 18 sq. taf. n ; Ch. AI\G Vn ASPIDES. 1 Alex. IV, 13. — » XII, 7.—> XVII, 57 ; XVIll, 59. — * XIX,
Élite céit.mogr. III, pl. icnii; Schône, .4>in. d. Inst. 1865, p. 150, B ; Engelmann, 41.-» Diod. XIX, 48. — 6 Polyb. V, 79 ; Tit.-Liv. XXXVU, 40. — 7 Al. Se». C. 49.
ARG 420 — AR!
à Athènes1 une espèce d'action civile par laquelle le deman ARIADNE (AptâSvri). — I. Ariadne, fille de Minos et de
deur réclamait une somme d'argent *, sans distinguer si la Pasiphaé ou de Crété '. Éprise de Thésée qui était venu
demande était fondée sur un prêt, sur un dépôt ou sur à Gnosse en Crète pour y conduire le tribut des jeunes
toute autre cause. Cette action pouvait donc faire double Athéniens destinés à être la proie du Minotaure [theseus],
emploi avec d'autres actions affectées spécialement à cer elle lui enseigna le moyen de tuer le monstre et lui
tains contrats, par exemple, avec l'action intentée par un donna le fil qui devait lui servir à se retrouver dans le
prêteur pour obtenir le remboursement de la somme prê labyrinthe. Thésée l'enleva après sa victoire, et l'emmena
tée (xps'ouî Si'xri 8), avec l'action tendant à la restitution d'un dans l'île de Naxos, où, suivant Homère, Artémis la fit
dépôt de somme d'argent (irapaxaTa8iixï)ç Sixi\ *), avec l'ac périr, à l'instigation de Dionysos D'autres versions 5
tion qu'un commanditaire pouvait diriger contre le gérant disent qu'elle se pendit après avoir été délaissée, ou
d'une entreprise commerciale pour obtenir la restitution encore qu'elle épousa le grand prêtre de Dionysos. Selon
du capital qu'il avait versé dans le fonds social («pop^c. d'autres, elle aurait eu de Thésée deux fils, OEnopion
Si'xk)), etc. — L'opyupi'ou ot'xv), comme la plupart des actions et Staphylos, dont le premier fut le fondateur de Chios.
tendant à faire exécuter les contrats, appartenait à l'hégé Son abandon par Thésée était diversement expliqué. Les
monie des Thf.smostbètes 5. P. Gide, E. Caillemer. Athéniens particulièrement, et les auteurs qui s'atta
ARGYROKOPEION [moneta]. chèrent à la tradition athénienne, s'efforcèrent de dé
ARGYROLOGOI ('ApYupoXÔYoi). — Indépendamment des gager autant que possible le héros national du reproche
contributions régulières et périodiques auxquelles Athènes d'ingratitude et de perfidie*. Ils disaient qu'il avait été
soumettait ses alliés, la république, dans les temps de crise, emporté par une tempête ; qu'il avait obéi aux avis
levait sur ses protégés des impositions extraordinaires et d'Athénè, d'Hermès, ou cédé aux menaces de Dionysos,
illimitées. C'est ce qui eut lieu notamment en 428 pour le qui lui était apparu en songe. Ce dieu, épris de la beauté
siège de Mitylène1. Ceux que la république envoyait chez les d'Ariadne, descendit vers le rivage où elle dormait, l'en
alliés pour percevoir ces impôts, étaient appelés àpppoXo'yot, leva, fit d'elle son épouse 5, la conduisit de nuit sur le
vrais pirates qui se procuraient par une sorte de pillage mont Drios où ils , disparurent à tous les yeux. Ariadne
régularisé les ressources nécessaires à la république l. Le reçut de Zeus l'immortalité. On racontait encore que
plus souvent, l'État mettait à leur disposition plusieurs Dionysos (d'autres disaient Aphrodite ou les Heures),
navires de guerre, afin de faciliter le recouvrement de l'im avait fait don à Ariadne, le jour de ses noces, d'une
pôt par la terreur. Il ne faut pas oublier, en effet, que les couronne précieuse, ouvrage d'Hephaistos, formée d'or
ressources des contribuables étaient parfois presque épui et de pierres de l'Inde; cette couronne fut ensuite placée
sées par des demandes antérieures. Alcibiade, passant parmi les étoiles {.
quelques jours dans le golfe Céramique, avait trouvé le Les traditions relatives à Ariadne, diverses et confuses,
moyen de se faire payer vingt talents par les peuples voi par suite des efforts faits pour les réunir ou pour les mo
sins s. Peut-être un second percepteur eût-il été assez mal difier, s'accordent cependant en ce qu'elles présentent
accueilli, si l'envoi de quelques vaisseaux (vau; àpYupoXrfoui; *) toutes l'alternative de la douleur d'Ariadne abandonnée
n'eût appuyé sa demande. E. Caillemer. et même mourante, et de la joie qu'elle goûte ensuite
ARGYROTAMIAI('ApYuporajA{at).—Magistrats financiers, auprès de son époux divin. Dans l'île de Naxos on distingua
que mentionnent fréquemment les inscriptions grecques même deux Ariadne, l'une, la plus ancienne, épouse de
de date postérieure à l'époque romaine, et dont les attri Dionysos, l'autre, amante de Thésée et délaissée par lui.
butions, analogues à celles des tamiai de l'époque classi Cette seconde Ariadne était morte à Naxos. Les honneurs
que, ne peuvent pas être nettement définies. On a trouvé qu'on rendait à l'une et à l'autre ne se ressemblaient pas.
à Athènes une inscription chargeant un àpYupoTajxi'a; de En effet, pour la première, c'étaient des jeux et des ré
faire vendre, par le ministère d'un héraut, des biens grevés jouissances ; pour la seconde, des sacrifices mêlés de
d'hypothèques au profit du trésor public '. C'est surtout deuil et de tristesse7. Il paraît probable que sous le nom
en Asie Mineure que l'on rencontre souvent ces magis d'Ariadne, se perpétuait le culte d'une ancienne déesse de
trats. On voit en Carie un àpyupoxapifa; tî)ç Âo-(a; *, dans le la nature, d'origine asiatique et proche parente d'Aphro
quel il faut peut-être reconnaître un trésorier auxiliaire dite, peut-être une divinité lunaire dont on trouve le nom
de ràpyifpeù; t5]; 'Aci'oc; 3, et un àp-ppoToc^a; toô ôr^iiou *; à en Crète, où elle s'établit dans la famille solaire de Minos,
Nicomédie, un dpYupoxatAi'aç twv tpuXâpywv 5; en Phrygic, un et à Naxos, où elle était l'objet d'un culte accompagné de
àpfupoTajifa; tri; itoXew; 6. En Syrie, les opfupoTapi'ai sont au rites étranges et symboliques". A Délos où Thésée était
nombre de cinq et ils figurent dans les inscriptions comme censé avoir porté une statue d'Aphrodite, présent d'A
éponymes 7. La Bithynie nous fournit également un ip^u- riadne, et où il exécuta, avec les adolescents, une danse
poTa|i(aç 8. E. Caillemer. dont on conserva religieusement l'usage, qui figurait dans

ARGTBIOD DIKÈ. 1 Dcmosth. C. Boeot. I, g 2b, R. iOOi ; cf. C. Olympiod. 222. — * Hom. CM. XI, 321 et s.; Schol. Theocr. II, 45 ; Diod. 111,51 ; Steph.Byx. ài>; ef.
9 45, R. 1179. — * Bekker, Anecd. graec. I, 201, 32 et 4M, 15. — ' Caillemer, Paus. II, 23, 8 ; Schmidt, in Alui. d. Inst. arch. 1859, p. 228 ; Gerhard, in Rhein. Mus.
le contrat de prêt à Athènes, 1870, p. 31. — * Démosth. Argum. oral. C. Callipp. XVIII, p. 441. — » Plut. Tkes.iO; Diod. Sic. V,84. — • Plut././.; Diod. IV, 61 ; V,5I ;
H. 1235. — ° Westerraann, in Pauly's Iteal-Encyclop. I, 2' éd. p. 1464 et 1546. Puus. 1, 20, 2; Ï2, 5 ; Schol. Apoll. Rhod. III, 997 ; Schol. Theocr. II, 43 ; Schol. Hom.
ARGYROLOGOI. 1 Thuc. III, 19; cf. II, 69 ; IV, 75; Yen. Hist.gr. I, 1, 8 ; Herd. /. /. ; Ilygin. /. /. ; Serv. Ad Oeorg. I, 222 ; Athen. XIII, p. 556 a. — 5 Hcsiod. Theog.
VI, 133. — î Bôckh, Staatsh. der Ath. 2» éd. I, p. 703. — 3 Xcnoph, Bilt. gr. I, 4, 947 ; Phereeyd. ap. Schol. Hom. /. /. ; Apoll. Rhod. 111, 1002 ; Schol. Apoll. Rhod.
9. — 4 Aristoph. Equités, 1071. — Biiliooiipiiib. BOckh, Staatshauthallung der III, 997 ; Hygin. Fab. 43 ; Catal. LXIV, 124 et s. ; Ovid. Her. 10 ; Ars am. I, 527 ; Met.
Athener, 2» éd. Berlin, 1851, t. I, p. 763 (1™ éd. t. II, p. 129) ; Hermann, Oritch. VIII, 176; Nonnus, XLV1I, 265 et s. ; Diod. V, 51 ; Paus. I, 20 ; X, 29; Lucian. Deor.
Staatsatterthùmer, Heidelberg, 1855, p. 484, § 165. conc. 5.— «Phcrec., /. /. ; Tcrtull. De corona,! ; Ovid. Met. VUI, 181 ; Fait. III,
ARGTROTAMIAI. < Corp. inscr. graec. m" 351-355. — « Eod. loc. n» 2782. 459 ; Lucian. /. c. ; Hyg. J'oem. astr. II.5 ; Schol. Germ. Ar.it. Phacn. 71 ; Eralosth.
— 3 Decker et Marquardt, Ilandb. der rôm. Alterth. 111, 1, p. 271. — * Corp. inscr.gr. Catast. 5.-7 Plut. /. /.; Welcker, Nachtrag zur Aesch. Trilogie, p. 237. — 8 a.
a°< 2787 et 2817. — 3 No 3773.-6 s» 3957, 3938 et 3959. — 7 N» 4500. - 8 N" 3773. Maury, Hclig. de la Grèce, t. III, p. 230, 231 ; Grote, Hist. de la Grèce, t. I, p. 260
ARIADN E. - 1 Schol. Hom. Odyss. XI, 321 ; Diod. Sic. V, 60 ; Apollod. 111, 1 et 997 j de la trad. de Sadous; Prcllcr, Gricch. Mythol. p. 55S et s. (3« éd. 187;) ; Engel,
Plut. Thes. 19; Hyg. Fab. 42; Virg. Aen. VI, 28; Serv. Ad Aea.Vl, 14; Ad Georg.1, Kypros, H, p. 057 ; ld. Quaest. Naxiae, p. 40, 51 ; HOckh, Kreta, II, p. 144
ARI — 421 — ARI
ses pas cadencés les mille détours du labyrinthe 9 ; à en médailles51; des figures isolées, et parmi elles des
Cypre, où l'on prétendait avoir son tombeau dans un bois statues d'une grande beauté, comme l'Ariadne endormie
sacré appelé bois d'Ariadne Aphrodite, on racontait que
Thésée l'avait débarquée enceinte sur le rivage et que,
écarté par la tempête, il n'avait pu revenir auprès d'elle;
recueillie par les femmes de l'île, Ariadne avait succombé
dans le travail de l'enfantement. A son retour Thésée,
plein de douleur, lui dressa deux statues, l'une d'argent,
l'autre de bronze, et institua pour elle un sacrifice. Dans
la cérémonie qui se faisait en son honneur, un jeune
garçon couché sur un lit imitait les cris et les mouvements
d'une femme en mal d'enfant10. A Athènes, Ariadne était
réunie à Dionysos dans la fête des Oschophories [dionysia]
instituée par Thésée, disait-on, à son retour de Crète ".
On montrait à Argos, dans le temple de Dionysos, l'urne
qui contenait les cendres d'Ariadne et il est à remar
quer que près de ce temple il y en avait un autre d'Aphro
dite Uranie. En Italie, Ariadne se confondit avec libéra.
et devint la compagne de Bacchus. Elle fut associée à
toutes ses fêtes et placée à côté de lui dans ses triomphes w.
[bacchus]. L. nii Ronchaud.
II. L'art antique a souvent représenté Ariadne dans toutes
Fig. 510. Le sommeil d'Ariadne.
les vicissitudes de son histoire. Elle était figurée parmi les
sujets qui décoraient le célèbre coffre de Cypsélus, tenant du Vatican ne sont elles-mêmes que des figures déta
comme insigne sa couronne, à côté de Thésée jouant de la chées du même sujet " : on s'en aperçoit facilement quand
lyre1*. On sait qu'il existait à Athènes, dans un très- on les rapproche des monuments où la scène est com
ancien temple de Bacchus, une série de peintures dont plète, comme la peinture ici reproduite, ou le beau bas-
une représentait Ariadne endormie, Thésée fugitif, et relief du musée Pio-Clémentin On s'accorde assez
Bacchus descendant vers Ariadne pour la ravir18. Po- généralement à voir dans la figure ailée qui est à côté
lygnote avait figuré dans la lesché de Delphes Ariadne d'Ariadne une image de la Nuit ou du Sommeil. Un grand
assise sur un rocher et regardant sa sœur Phèdre, le corps nombre de monuments enfin représentent Ariadne à côté
déjà suspendu, saisissant de ses deux mains le lacet, de Bacchus, soit dans la pompe de leurs noces, par
avec lequel elle se donna la mort 1<. Des ouvrages qui exemple dans la figure 511, d'après un bas-relief qui orno
nous ont été conservés montrent tour à tour ses amours
avec Thésée et le secours donné à son amant dans son
entreprise contre le Minotaure 11 ; son arrivée dans l'île de
Naxos et la danse des jeunes Athéniens délivrés par Thé
sée18; puis son abandon et son désespoir au moment où,
assise sur le rivage, elle voit à son réveil fuir le navire qui
emporte Thésée 19. Cette situation souvent dépeinte par
les poètes, surtout par les latins, est aussi une de celles
qu'on trouve fréquemment retracée sur les murs de
Pompéi et d'Herculanum. Plusieurs statues, qui paraissent Fig. 5il. Noces d'Ariadne et de Bacchus.
des imitations de quelque œuvre célèbre, montrent Ariadne
dans sa douleur20. Une autre série de monuments repré un sarcophage du musée de Munich **, où on les voit cou
sente Bacchus , ordinairement accompagné du cortège chés sur un char traîné par des centaures, précédés et
bachique, s'avançant vers Ariadne endormie. Nous repro suivis d'un long cortège de figures appartenant au thiase
duisons ici (fig. 510) une peinture du musée de Naples*1 bachique [thiasus] ; soit dans une grotte, ou sous l'om
qui offre un des types les plus parfaits de cette composi brage d'une vigne, unie au dieu et jouissant près de lui
tion aimée des artistes anciens; elle a été souvent traitée d'une félicité désormais sans mélange87. La figure 512,
par les peintres, les sculpteurs, les graveurs en pierres et tirée d'un vase grec trouvé, il y a une dizaine d'années,
» Plut. Thes. 21 ; Callim. In Del. 307 et Schol. — 1» Paeon. Amath. ap. Plut. Wieseler, Denkm. II, 417, 421 ; O. Jahn, l. I. p. 289 et s. ; Stark, /. /. p. 22 et s.; ce
I. I. ; Engcl, Kypros, p. 658 ; Hôckh, Kreta, II, 146. - » Plut. Thes. 23. — » Paus. dernier travail renferme une énumération encore plus complète ; ajoutez Frœhner,
II, 23, 8. — « Oyid. Fast. III, 512 ; Met. VIII, 170; Hyg. Fab. 224 j Serv. Ad Ed. Notice de la sculpt. antig. n. 242. — 23 Mus. Pio-Clem. II, 44 ; Mus. Napoléon, II, s ;
VIII, 30; cf. Soph. Antig. 1117. — «» Paus. V, 19, 1. — « Paus. I, 20, î; cf. Clarté, Mm. de sculpt. IV, pl. 689, n. 1622. — " Jacobs, Abhandl. der Bayer Akud.
Philostr. imag. I, 15. — 16 Id. X, 29, 2. — H Voyez les monuments indiqués par 1814; Id. Vrrm. Schrift. V, 403 ; Welckcr, Ad Philostr. imag. XV, p. 297, Lips.
Stcphani, Der Kumpf swischen Thrseus und Minotauros, Leipz. 1842 ; O. Jahn, 1825 ; Jahn, /. /. p. 296 ; Stark, p. 25. — » Mus. Pio-Clem. V, pl. vin ; Millin, Gai.
Archûol. Ileitrâge, Bcrl. 1847, p. 251 et s.; O. Millier, Handb. d. Archâol. § 412; myth. pl. lxi, 241 ; Gmgniaut, Nouv. gai. myth. pl. cxx, n. 452 ; comp. Clarac,
Helbig, Wandgemâlde der von Yesuv verschûtt. Stâdte, n. lïtl et s. — 18 Sur le Mus. de se. II, pl. 132, n. 150; 127, n. 148. — * Schorn, Beschreib. der Glypto-
célèbre vase François, à Florence, Mon. ined. d. Inst. IV, 54-57 ; Annaii, XX, 299 thek, 106; Miiller-Wieselcr, /. /. n. 423 ; pour d'autres compositions analogues,
et s. ; cf. Hom. 11. XVIII, 401, et Wclcker, Gr. Gùlterlehre, III, p. 160. — '» O. voy. BSttiger, Ideen zur Kunstmyth. II, p. 519 ; O. Millier, Handb. 384, 3 et 4 ;
Millier, /. I.; Pilt. d'Ercol. 11, 14, 15; V, 26; Mus. Borb. VIII, 4, 5 ; O. Jahii, Millin, Gai. myth. lut, 242 ; LXT, 244 ; Lxn, 245 ; Guigniaut, Nouv. gai. myth.
/. /. p. 284 ; Stark, Berichte der Sâchs. Gesellsch. derWissenschafl, 1860, p. 28 ; eu, 451 a ; cxxu, 455 ; cxxiv, 474 j Mus. Pio-Clem. IV, pl. xxiv; Gerhard, Arch.
Helbig, u. 1216 et s. t»22et s. — 20 Becker, Augusteum, 17 ; O. Millier, 1. 1. ; BOUi- Zeitung, 1859, p. 97, pl. CIXX. - HO, Millier, /. /. ; Millier-Wieseler, Denkm. d.
ger, Kleinc Schriften, II, p. 284.— !1 Mus. Borbon. XIII, 6 ; Raoul Hochcttc, Choix de ait. Kunsl, II, p.424-432 ; Millingen, Ane. uned. monum. I, 26; Gerhard, Ant.
peint, pl. m ; Zahn, Die schônstc Wandgem. in Pompei. II, 60 ; Millier-Wieseler, BUdtoerkt, V, 59 ; Mon. ined. d. Inst pl. ilii ; Annaii, XXV, 103, 281 ; cf. Welckcr
Denkm. d. ait. Emit, II, 36, d. 420— « O. Millier, Handbuch, % 384, 3 ; Millier- Griech. Mythol. II, p. 594.
ARI — 422 — ARI
près d'Orvieto S8, offre une représentation analogue. Nous ébranlant, à l'aide d'une poutre dont une extrémité est fa
renvoyons aux çonnée en tôte de bélier, les murailles d'un oppidum, ou
indications des camp fortifié, que défendent les Romains 10.
ouvrages cités à 2° Bélier suspendu. Un Tyrien, nommé Pephrasmcnos ",
la bibliographie imagina de suspendre la poutre à un fort mât vertical :
pour un certain les assiégeants lui imprimaient un mouvement alternatif
nombre de va au moyen de câbles, en restant eux-mômes protégés par
ses, de miroirs, des abris factices ou à couvert dans la parallèle. De cette
etc., où Ariadne manière, on pouvait produire le choc à une hauteur quel
est groupée avec conque, mais les coups obliques et mal réglés de la ma
d'autres person chine devaient être bien longtemps répétés pour produire
nages mytholo un effet utile.
giques. Nous 3° Bélier roulant sur des roues ou sur des cylindres pa
Fig. 512. Ariadne et Bacchus. rappellerons rallèles, et placés perpendiculairement à sa direction. Ses
seulement en coups toujours directs étaient nécessairement plus puis
core que dans quelques hermès son buste est adossé à sants que ceux du bélier suspendu. L'appareil moteur du
celui de [bacchus]*9. E. S. bélier, qui l'enveloppait comme une boîte ou gaine, se
AMES, Kptôç. — Bélier, machine de guerre, dont se nommait xotoSo'/ï). Géras, Carthaginois suivant Athénée, ou
servaient les assiégeants pour renverser les murs d'une Cétras de Chalcédoine suivant Vitruve, imagina ce perfec
ville, ou pour ouvrir la brèche. C'était une poutre énorme tionnement, relié à un autre, beaucoup plus considérable,
de sapin ou de frêne sauvage garnie à l'une de ses extré qui paraît contemporain " : c'est l'invention de la tortue
mités d'un épais et lourd talon de fer fondu, façonné (^tXwvr) xpto-iôpoç, testudoarietaria13). On appelait ainsi une
quelquefois en tôte de bélier s. Le nom de cette machine sorte de blockhaus ou bâti quadrangulaire, porté sur des
vient soit de la dureté de sa tôte, comparable pour la ré roues, dont le toit et les parois étaient garnis de terre et de
sistance à celle du bélier, soit du mouvement de va-et- peaux fraîchement écorchées pour mettre à l'abri des
vient qu'on lui imprimait, et qui rappelait le recul que flèches, des pierres et du feu les hommes placés à l'inté
prend l'animal avant de s'élancer sur son adversaire '. rieur et chargés de manœuvrer la poutre béliôre. La tortue
Suivant Pline le Naturaliste, Epeus serait l'inventeur avait souvent plusieurs étages, ce qui permettait d'ébranler
du bélier, auquel l'auteur latin assimile le fameux cheval le mur à diverses hauteurs, au moyen du bélier suspendu
de bois introduit dans les murs d'ilion 4. On ne trouve, ni au plafond de l'un des étages ou roulant sur des cylindres
dans Homère, ni autre part, rien qui justifie cette étrange qui reposaient sur un plancher.
interprétation de la légende. Les sculptures des monuments assyriens offrent des
Suivant Vitruve 5, Athénée, l'ingénieur 6, et d'autres au exemples (fig.u 14)
teurs7, les Carthaginois auraient, les premiers, fait usage de béliers rou
du bélier pour s'emparer de Gadès en Espagne. lants , protégés
La machine était mise en mouvement par trois procédés par des construc
différents : tions à plusieurs
1° Délier porté à bras par les assiégeants. Ce moyen élé étages et revêtues
mentaire n'était sans doute employé que pour ouvrir la à ce qu'il semble,
brèche dans des fortifications peu considérables. Il n'a pas de claies, de peaux
fallu un grand effort d'imagination pour l'inventer, et on ou d'autres cou
en voit la représentation sur des bas-reliefs de Khorsabad 8, vertures analo
où les Carthaginois ne sauraient intervenir. En Grèce, gues11. La décou Fig. 514. Bélier roulant assyrien.
il fut employé par les verte de ces mo
Péloponésiens au siège numents assigne à l'invention de ces machines une date
de Platée, et Thucydide, beaucoup plus ancienne que ne l'ont cru Vitruve et
en mentionnant le fait, Athénée.
ne parle pas de ce moyen La tortue fut ainsi nommée, suivant les mômes au
d'attaque comme d'une teurs 15, à cause de
invention nouvelle9. Mais la marche très-lente
il appelle la machine de cet immense ap
è(*6oX^, nom habituel de pareil quand on le
l'épçron des navires : le déplaçait, etsuivant
terme xpio'ç n'était donc Végèce ,s parce que
Fig. 313. Bélier porté à bras. Fig. 515. To rtue romaine.
pas entré, au cinquième les allées et venues
siècle, dans la technologie militaire des Grecs, bien que la du bélier, périodiquement sorti et rentré, faisaient res
chose qu'il a désignée plus tard fût déjà connue. sembler le tout à une tortue qui alternativement montre
Sur la colonne Trajane, on voit (fig. 513) des Daces et cache sa tôte sous sa carapace. Le bélier à tortue est

•» Concstabilc, Pitture scoperte pressa Ometo, lSf>5,p. 161. — Ane. marbl. of — 10 Bartoli. Columna Traj. tav. «m ; Frœhner, Col. Trajane, n" Î2. — " Vitr.
Brilish mus. II, pl. ivii ; Millier-"Wieseler, Bcnkm. der ait. Ruitst, II, n. 428, 429. /. — a App. Bell. Mithr. 73 ; Servius, Ad Aen. IX', 505, en attribue l'invention à
AMES. 1 Amm. Marc. XXIII, 4. — * Si. et JoHph. Bell. jud. III, 7, 19. — » Vcget. IV, Arlémon de Claioméne. — " Vitr. X, 19. — " La figure a été dessinée d'après un
14. — * llisl. nat. VII, 57. - 3 x, 19. _ 6 Math, vct., p. 3, éd. Thévenot. — 7 Tcrtull. moulage du Louvre. Voy. aussiBolla, Monta», de Ninive, 1. 1, pl. 77 ; II, pl. 145, 146,
De pallio, 1. — & De Longpérier, Notice des antiq. assyr. a° 37. — 9 Thucyd. II, 76. 16",et la fig. 176, ci-dessus, p. 141, au mot »ccta.— " Vitr. Athcn. /. /.—'6 Veg.1V, 14.
ARl — 423 — ARI
figuré deux fois sur l'arc de Septime Sévère (fig. 515, 516) si ce n'est une lampe d'argile 21 sur laquelle on voit un bé
où on le voit manœuvré par les Romains lier à roues, à côté duquel se tient un légionnaire, mais
Pour se préserver des effets du bélier, les assiégés fai sans aucun détail qui aide à comprendre comment on le
saient descen manœuvrait. Fabretti donne en grandeur naturelle (lon
dre du haut de gueur : 11 centimètres) la ligure d'un cylindre de bronze
leurs murailles, creux, cannelé, terminé par une tête de bélier, trouvé
à l'aide de câ à Rome sur le mont Coelius **. Il voit dans cet objet une
bles, des cous représentation réduite, mais exacte, de l'aries : mais cette
sins et des pa pièce paraît être un robinet ou un fragment de meuble.
quets d'étoffes On a conservé longtemps à Murviedro, en Espagne, une
qu'ils suspen solive longue de 25 pieds romains anciens (7m,40), percée
daient à la hau de deux trous propres à laisser passer des câbles, et ter
teur du point minée par un talon de fer : elle passait pour un bélier an
où frappait le tique. Au commencement du xvn0 siècle, un antiquaire
bélier, afin d'en silésien, Bibran, en prit un dessin conservé aujourd'hui à
Fig. 516. Tortue romaine. amortir les Leyde avec les papiers de Gruter. Bayer, au commencement
coups. On cher du xvin0 siècle, vit au même endroit, non plus la poutre
chait encore à le prendre au moyen d'un nœud coulant armée qu'avait dessinée Bibran, mais trois morceaux
ou avec l'aide d'une machine, en forme de ciseaux gigan de bois qui pouvaient en avoir fait partie et qui pesaient
tesques, appelée lupus : une fois qu'on avait saisi la poutre, respectivement 836, 489 et 318 anciennes livres romaines,
on la remuait à grand renfort de bras jusqu'à ce qu'on en tout 554 kilogrammes. Ces fragments paraissent main
eût renversé la tortue ou brisé les supports du bélier. tenant perdus : M. Em. Hiibner, qui a publié sur ce sujet
Enfin, ce qui était sans doute plus habituel et plus effi une note" accompagnée du dessin de Bibran, ne lésa
cace, on faisait tomber sur la tortue une quantité de pas retrouvés en Espagne. Il est bon de remarquer que,
grosses pierres 18. d'après ce dessin, le talon de fer qui terminait la poutre ne
Les rois de Macédoine, qui eurent depuis Philippe II un représente pas une tête de bélier, comme on l'affirme dans
matériel de guerre admirablement organisé, firent un fré l'ancienne Encyclopédie méthodique (art. Bélier). On ignore
quent usage du bélier, et, sous leur impulsion, les ingé ce qu'est devenu un autre bélier conservé à Haguenau,
nieurs apportèrent des perfectionnements considérables à suivant le même ouvrage, ei dont la tête était armée d'un
cette machine. Vitruve cite Polydius comme ayant ima fort talon de fer carré et tout uni. G. de la Berge.
giné de grandes améliorations au maniement du bélier, ARIMASPI ('AptjiaaTOi'), les Arimaspes. — Peuple fabu
l'an 340 av. J.-C, lorsque Philippe de Macédoine assiégea leux dont les légendes plaçaient l'existence près des li
Byzance. Sous le règne d'Alexandre, Chaereas et Diadès mites du monde connu, au nord de la Scythic. Les tra
le perfectionnèrent encore 19. Diadès écrivit un ouvrage ditions qui les concernaient avaient été recueillies par un
sur ce sujet, et y consigna les résultats de son expérience poëte, Aristée de Proconncse, dont l'ouvrage est perdu ;
et la description des engins extraordinaires qu'il avait mais Hérodote et d'autres auteurs, parmi ceux qui ont
construits ; Athénée et Vitruve n'ont donné qu'une para parlé des Arimaspes ont eu son Arimaspeia sous les yeux.
phrase de l'ouvrage, aujourd'hui perdu, de Diadès. Mais On représentait les Arimaspes comme des hommes fa
soit en raison de la difficulté du sujet, soit par les fautes rouches, n'ayant qu'un œil, toujours en guerre contre les
des copistes dans l'antiquité même, et surtout à cause griffons, qui sont dans les anciens récits les gardiens de
de l'absence de figures dans les anciens manuscrits, les l'or caché dans les entrailles de la terre [gryphcs]. A ces
textes grecs et latins de ces ouvrages sont extrêmement caractères, les uns ont cru reconnaître les habitants
obscurs, comme en témoignent suffisamment les conjec sauvages des pays riches en or, situes vers le nord-est,
tures auxquelles ont dû se livrer Perrault et les autres comme l'Oural, l'Altaï, etc. ; les autres n'ont attaché à ces
commentateurs de Vitruve. La description, donnée par le fables qu'une signification religieuse et les ont mises en
même Vitruve, d'une tortue colossale exécutée par le rapport avec celles qui concernent Apollon Hyperboréen s.
Byzantin Hégétor, manque aussi de clarté et de précision, L'art s'est emparé à son tour de ce type ; il a figuré les
et on s'est demandé s'il avait réellement compris ce qu'il Arimaspes sous la forme de guer
copiait dans l'auteur grec où il puisait ses renseignements. riers coiffés d'une mitre [mitra],
11 est donc inutile de citer ici les dimensions qu'il assigne portant des braies ou anaxy rides
aux diverses parties de la machine. Josèphe et Ammien- [braccae], comme on représentait
Marcellin ont pris plaisir à décrire les effets puissants du ordinairement les Barbares, et, en
bélier, mais n'ont pas donné ses dimensions. Le nombre les opposant aux griffons, il a fait
des soldats employés à faire mouvoir la poutre bélière de ce combat une composition
était considérable. Appien parle de deux béliers que firent élégante, que l'on rencontre sur Fig. 517. Arimaspe.
agir les Romains contre les murs de Carthage ; chacun tout employé comme un motif de
exigeait les efforts réunis de trois mille hommes s0. décoration dans les œuvres d'un art avancé. Voici cepen
On ne connaît aucune représentation antique du bélier dant (fig. 517) une pierre gravée étrusque s, qui est la plus
en dehors de celles que nous avons mentionnées plus haut, ancienne représentation que nous connaissions de ce
H Suarcsc, Arc. Sep. Sev. pl. m, iv; Bellori, Arcus veteres, Are. Sept. Sev. tal>. ARIMASPI. I Herod. III, 116 ; IV, 13, 27 ; Aeschyl. Prom. 807 et s. ; Dion. Pcricg.
B. 5, tab. (;. 3 ; de Rubcis, Yct. arcus, tab. 1 1 ; Monllaucon, Ant. expliq. IV, pl. tirai. 31; Strab. XI, p. 507 ; Prise. Perieg. 703 ; Plin. Hitt. nat. XXII. I ; Gcll. JVoct.
—l'Thuc. II, 76; Tit.-Liv. XXXVI, 23; Vcg. IV, 23. — 1» Vitr./. /.— M App. De reli. att. IX, 4. — • Bottigcr, Kleine Schriften, I, p. 171 et s.; A. de Humboldt, Asie
pun.98.— St Passeri, Luccrnae, 11, tav. xxix. — 2* F&brclti, De columna Traj, p. 216. centr. I, p. 402 ; Bâhr, Bxcwrt. VI ad Herod. III, 110. — • King, Ant. gems and
— * Hermès, t. II, p. 45 et suiï. rings, Lond. 1872, p. 123; tov. aussi Impr.gemm. d. Inst. I, 13.
ARI 424 — ARI
sujet. L'Arimaspe a des ailes, comme beaucoup de ligures l'Othrys et sur les bords de l'Apidanus. La tradition li
mythologiques des Etrusques, et chose plus singulière, byenne de Cyrène est étroitement unie à celle de la Thes
une queue ; mais il paraît avoir deux yeux et non pas l'œil salie. De Cyrène il serait parti pour aller régner en Ar-
unique des anciens récits. Les artistes des temps posté cadie, où il enseigna aux hommes la culture des abeilles,
rieurs ne se sont pas non plus conformés à cette tradition l'usage du miel, du lait caillé, et leur apprit à observer
en figurant des Arimaspes. On en rencontre assez fré le lever de Sirius 11 ; le héros Arcas connut par lui l'art de
quemment la représentation sur des plaques de terre cuite travailler la laine
(fig. 518) qui servaient d'ornements de frise '. C'est à Céos que le mythe d'Aristée prit le plus de déve
On voit aussi loppement. Le fils d'Apollon serait venu de Thessalie
iSf^nK dans beaucoup dans cette île avec des Arcadiens, par ordre de son père
de monuments que les habitants suppliaient de mettre fin à une extrême
des femmes vê sécheresse. Après qu'il eut sacrifié à Zeus Ikmaios, les vents
tues et armées étésiens commencèrent à souffler et rafraîchirent l'archi
comme les Ari pel durant quarante jours '*. Il institua aussi sur les
maspes et com hauts lieux de l'île un culte en l'honneur de Sirius, qui
battant les mê continua d'être exactement pratiqué; les prêtres d'Aristée
mes êtres fa observaient chaque année le lever de l'astre et accomplis
buleux; on les saient des sacrifices expiatoires l6.
considère or Un autre itinéraire fait passer Aristée de Libye en Sar-
dinairement daigne", en Sicile 18 et dans d'autres îles, partout ensei
comme des gnant la culture et répandant ses bienfaits ; puis en
Fig. 518. Arimaspi et griffon. Amazones 8 ; Thrace, où se place son amour pour Eurydice, et la pour
mais cette ex suite dans laquelle elle périt de la piqûre d'un serpent
plication ne s'appuie sur aucun texte ancien, et il n'est pas Aristée, après avoir été initié par Dionysos, disparut de la
vraisemblable que les Amazones, vouées au culte d'Apol vue des hommes sur le mont tkemus **.
lon, aient eu pour adversaires des animaux qui lui étaient On le trouve encore en Béotie, où il épousa Autonoé,
consacrés ; il est plus naturel de penser qu'on a voulu mon fille de Cadmus, et eut pour fils Actéon 51 ; en Eubée ; il
trer des femmes des Arimaspes s'armant et luttant comme éleva Dionysos dans celte île !s, ou selon d'autres dans
eux : c'est ainsi que les femmes des Scythes s'associaient l'île de Nysa, où Ammon avait porté le jeune dieu *•.
à leurs maris dans toute espèce de combat". E. Saglio. Aristée a été identifié avec Zeus, à Céos, sous le nom de
ARION [CEHES, NEPTUNUS]. Zeus Ai'istaios **; nous avons parlé de ses supplications et
ARISTAEUS (ApmTaïo;).- I. Aristée, dieu purement hel de son sacrifice â Zeus Ibnaios; en Arcadie, le nom de
lénique, comme son nom seul, voisin de apirro; (très-bon), Zeus Kynaitheus rappelle les ardeurs do
suffirait a le prouver. 11 est bienfaisant, civilisateur et pas la canicule *5 ; Zeus Melissaios 80 et Zeus
toral. En particulier, il préside aux troupeaux ', à la Meiliclrios rappellent les abeilles et le
chasse à l'éducation des abeilles ', à l'art de cailler le miel d'Aristée. 11 a aussi été identifié avec
lait*, aux cultures de divers genres, notamment à celle de Apollon, dont il portait les épithôtes de
la vigne et de l'olivier et à la plantation des arbres 8 ; on Nomios et de Agre.us ".
lui attribue le mélange du miel et du vin 8 ; il possède l'art II. Monuments figurés. — On voyait à
médical et la science de l'avenir 7 ; il est musicien, à ce qu'il Syracuse une statue d'Aristée représenté
semble8; il garantit contre les ardeurs de la canicule et a avec Liber, que Verres fit enlever *8. On
appris aux hommes à en observer le moment 9. conserve, au musée du Louvre, une sta
La plus ancienne tradition et la plus répandue rattache tue d'Antinous représenté comme Aris
Aristée à la Thessalie. Hésiode l'avait conservée dans les tée; le pétase, la tunique, qui laisse nus
Éœées ,0, Pindare l'a reprise danslaix* Pythique 11 : Apollon, l'épaule et le bras du côté droit, la houe
charmé de la beauté de la nymphe Cyrène, la transporta les embades qui le chaussent, donnent
sur un char d'or, du mont Pélion en Libye ; elle mit au à cette figure l'apparence d'un dieu
monde Aristée au lieu où la ville de Cyrène fut bâtie dans champêtre89. Une figure nue, représen Fig. 519. Aristée.
la suite. Nourri de nectar et d'ambroisie, l'enfant devint tant un jeune homme, sur le corps du
un dieu. C'est en Thessalie qu'il grandit, en gardant les quel sont posées des abeilles, a été expliquée comme une
troupeaux des Muses dans la plaine de Phthie, au pied de ligure d'Aristée M. Dans un relief de la Cyrénaïque, on le

* La figure a été dessinée d'après une terre cuite du Louvre ; voy. encore Combe, Juliau. Ep. 41. — » Just. XIII. 7 ; Nonn. V, 214 et s. Voy. note 16. — 1" Schol.
Terrecot. IV, 6 ; Sétoux d'Agincourt. Frag. en terre cuite, pl. xi, 2 ; Campant, Ant. Pind. I. I. — » Cf. Hcsiod. Fr. 70, éd. Lehrs ; Virg. /. t.; Schol. Apoll. Rh. 1. 1.;
opère inpîastiea, 78-81. — s Millin, Vases, 1, 46; Tischbein, Vases, 11,9; Zannoni, Cic. JVat. deor. III, 18 ; Diod. IV, 81 et s.; Nonn. V, 21» et s.; Nonn. V, 214 et s.;
Hlustr. di due urne, p. 84; Wclckcr, Ann. d. Inst. arch. H, 72. 3; Lenormant et XXIV, 82. — » Just. /. I. — 19 Taos. VIII, 4, I. —» Diod. ; Apoll. et Schol. /. I.
de Wiltc, Élite des monum. ecramogr. 1, 233. — 8 Gargallo-Grinialdi, Ilutlet. de. — 15 Themist, Or. 23.— l« Apoll. et Sch. Aristot. Pkiloloff. I. U; Theophr. De vent.
l'Athenxum français, 1856, pl. n, p. 30; cf. Iïahr, Ad Cles. firagm. p. 96. 14 ; Heraclid. Op.; Cic. De die. I, 57; Varr. Atac. ap. Prob. Ad (icorg. I, 14; Diod
AIUSTAEIS. 1 Pind. Pijth. IX, 111 et s. et Schol. ; Virg. Georg. 1. 14 ; IV, 313 et s. ; IV, 82.—" Diod. /./.;Paus. X, 17, 3.— 18 Diod./. Z.— «Virg./. /.;Hvg. Fub.m.
Oppian. Ven. IV, 265 et s. ; Nonn. Dionys. V, 214 et s. — » Schol. Pind. /. /. ; Plut. — *> Diod. I. I. — « Hcsiod. Diod. /. /.; Callim. La». Poil. 107 et s.; ApoUod.
Amat. 14 ; Nonn. Dion. XVI, 105 et s. — 3 Schol. Pind. /. ; Aristot. ki*o* ml», III, 4, 2; III et 4 ; Paus. X, 17,3. — 22 Opp. /. /. ,- une tradition de l'Eubéc le fait aussi
in Philotng. IV, p. 269 ; Schol. Theocr. V, 53 ; Apoll. Rhod. Il, 500 et s. et Schol. ; fils de Carystus : Bacchylid. ap. Schol. Apoll. Rh. 1. 1. — « Diod. I. I. 4. — !k Schol.
Diod. IV, 81 et 82 ; Virg. /. Plin. Hist. Hat. VII, 57, 8 ; Opp. I. I. ; Justin. XIII, Apoll. Rh.l! semble aussi avoir plus d'un rapport avec Zeus Ah-aios du Pélion : voy.
7. — 4 Diod. /. /. ; Opp. Just. /./.—& Virg., Apoll. Rh., Appian, Plin., Nonn., Schol. Dicaecarch. Fr. D. 8, éd. Didot— 25 Lycophr. 400 ; Sch. Par. éd. Bachman.—2»Hcsych.
Pind. et Apoll. Rh. I. t.; Aristot. /. /. et Ps. Ar. De mir. awse. 100, 105 ; Cic. In Miu. — « Pind. I. I. et Sch. Apoll. Rh. et Sch. Diod. ; Nonn. I. t.— 28 cic. In Verr.
Verr. IV, 57 ; De nat. deor. III, 18. — 6 Plin. Hist. nat. XIV, 0,1. — ' Apoll. Rh. IV, 57 — 2»c.larac, Mus. d. sculpt. t. V,p.237, n° 2431, pl.ccUTl.— ** Spano, Uull.
* Schol. I. t.; Nonu. XVII, ,. et 35 s.; Clem. Al. Struin. p. 114, 19. — 'Nonn. Sardo; séance de l lnst. arch. de Home, Il janv. 1856 ; Arch. Anzeig. 1856, p. 147.
AHl — 425 — ARl
voit, un bélier sur le dos, le pedum dans la main, entouré tote, ont reçu de leurs ancêtres la vertu et la richesse *. »
de brebis et de poissons Deux bronzes du musée du « Le mérite, dit Platon, est héréditaire, comme la beauté
Louvre", dont un est ici reproduit (lig. 519), le représentent et les autres qualités. » Les classes privilégiées gouver
de même portant un bélier sur ses épaules et vêtu comme nèrent en vertu de cette présomption qu'elles étaient les
un jeune berger. meilleures. On put dire, par euphémisme, que le gouver
Nous citons, sans les décrire, quelques vases peints nement était alors aristocratique, mais, en réalité, c'était
dans lesquels on a cru reconnaître le personnage d'Aristée, une oligarchie déguisée sous un nom de convention.
mais sans aucune certitude Enfin, il y a encore aristocratie, nous dit Aristote, lors
Sur les monnaies, le plus souvent la tête seule d'Aristée que la constitution n'accorde l'entrée des magistratures
est figurée; elle est imberbe ou barbue, laurée, quelque qu'aux personnes riches ou nobles, et en outre exige de
fois dans un cercle de rayons, et offre la ressemblance ces personnes des justifications de mérite et de capacité.
soit de Zeus (fig. 320), soit d'Apollon. On y voit aussi d'au Le philosophe cite comme exemple Garthage *. On peut
tres fois Sirius figuré par un chien dire qu'il y a dans ce cas une oligarchie perfectionnée.
entouré de rayons. Ces monnaies, Les nuances qui séparent ces trois espèces d'aristocratie
pour nous borner à une énuméra- ne devaient pas être facilement saisies dans la pratique, et
tion rapide, appartiennent à Céos l'on comprend que les historiens anciens aient été souvent
en général, aux villes de cette île, Fig. 520. Monnaie d'Ioulis. embarrassés pour déterminer si telle constitution donnée
loulis, Carthaea, Goresos ou Co- rentrait dans l'une ou dans l'autre catégorie. E. Caillemer.
resia ; à Sicinos, à Corcyre, à Zacynthe ; aux îles illy- ARISTOPOLITEIA ('ApurrcmoAiTsia). — Titre qui se ren
rieunes de Issa et dePharos ; enfin à Naples". K. Blondei.. contre à l'époque impériale, surtout dans les villes du Pé
ARISTOCRATIA. — Les théoriciens grecs, qui admet loponnèse. Ce n'était pas une charge, mais une distinction
taient trois formes principales de gouvernement : la mo honorifique Elle était décernée, selon la loi, à des ci
narchie, l'oligarchie et la démocratie, reconnaissaient d'au toyens qui avaient exercé des fonctions considérables; les
tres formes moins caractérisées, qu'il? intercalaient entre honneurs qui accompagnaient ce titre étaient accordés tan
les précédentes. Parmi celles qu'ils plaçaient entre l'oli tôt pour un certain temps, tantôt pour la vie. Le principal
garchie et la démocratie était l'aristocratie (àpiutoxpocTt'a). était le droit de porter une couronne dans les jeux et dans
L'aristocratie, c'est-à-dire le gouvernement confié aux les cérémonies publiques [chrysopiioria]. P. Foucart.
meilleurs des citoyens, peut, en effet, suivant le point de ARITHMETICA('AptO;xTiTtxT5,AOYto-Ttxii).— Chez les anciens,
vue auquel on se place, être regardée comme une modifi la théorie des nombres portait proprement le nom de
cation de la démocratie, comme une oligarchie, ou comme àptôijtfiTixr', tandis que l'arithmétique pratique, le calcul,
une modification de l'oligarchie. était désigné généralement, dès l'époque de Platon, par le
Que l'on suppose un pays où tous les citoyens, sans dis mot ÀoYiTTtxii C'est surtout à la logistique que nous nous
tinction de naissance ni de fortune, sont admissibles aux attacherons ici.
plus hautes magistratures, mais où la constitution prend Nous exposerons séparément l'arithmétique chez les
des mesures rigoureuses pour que les citoyens les plus Grecs et chez les Romains. Cette distinction est fondée
méritants et les plus capables puissent seuls y être appe uniquement sur la différence du mode de numération,
lés : le gouvernement sera une démocratie tempérée par car il est évident que les données fondamentales de la
l'impossibilité pour les incapables et pour les indignes science ne sauraient varier avec les latitudes.
d'être dépositaires du pouvoir. Ce sera aussi véritable Les anciens sont unanimes pour attribuer à Pythagore
ment une aristocratie et à ses premiers disciples, sinon l'invention des règles de
Mais il arriva très-fréquemment que les classes nobles l'arithmétique, tout au moins l'ordre et la forme scienti
ou riches posèrent en principe qu'elles avaient pour elles fique * qu'elles ont reçus chez les théoriciens 3.
une présomption de mérite et de capacité. Les nobles se La place de l'arithmétique dans l'instruction publique
désignaient volontiers sous les noms de xaXol xà^a^oî s, des Grecs et des Romains était à peu près celle que nous
de fk'X-rwToi, d'éTuietxeïç...., tandis qu'ils donnaient à leurs lui faisons aujourd'hui, en ce sens qu'elle figurait, dans
concitoyens des classes inférieures les épithètes de xaxoî, l'enseignement primaire à côté de la lecture et de l'écri
TtovTipot, 8eiW... « La richesse, dit Hésiode, a pour compa ture. Platon lui conserve ce rang dans sa République *. Saint
gnons le courage et la vertu \ » « Les nobles, dit Aris- Augustin raconte s l'impression fastidieuse que lui avait

Sl Pacho, Voyage dans la Cyrénaique, pl. u. — 111 De Longpérier, Notice des ARITHMETICA. 1 Gorgias, | 18 ; Leg. VII, 817 E, 819 A ; yoir aussi Rep. VIII,
bronzes ant. du Louvre, n° 499 et 500. — * Élite des monum. céramogr. III, 536 ; Protag. 315 C; Hipp. maj. 285 B ; 139 B; Theaet. 147 D ; Isocrat. Antidos.
pl. Livlil, p. 138, 139, 186, 187; cl, pour la seconde interprétation, Gerhard, Auserl. § 261. — 1 Aristot. Metaph. I, g 5. — S Une tradition conservée par Diogène de
Vascnb. I, taf. xlii ; Panofka, Cabinet Pourtalès, pl. xxi ; De Laborde, Vases de Laërte, VIII, H 14, citant Aristoxène, fait de Pythagore l'introducteur des poids et
Lamberg, H, p. 37, vign. n ; Élite céramogr. II, pl. cm, p. 339 ; Millin, Monum. inéd. mesures dans la Grèce. Sur les services rendus par Pythagore et par son école à
I, pl. ï ; Inghirami, .Won. Etr. aér. VI, tay. M, 5, n° 1 ; Venuti, Choix de peint, de l'arithmétique proprement dite, tant pure qu'appliquée à la géométrie et à la mu
vases, pl. lxiiv ; Raoul-Rochetle, Ann. d. fnst. arch. t. VI, p. 267, n. 3 ; Élit. cér. II, sique, voir les textes du pythagoricien Philotaiis, cités et commentés par Bdckh,
pl. c, p. 335 ; III, pl. ilix A, p. 140-2, 164. — " Rasche, Lexic. rei nummariae, Phitolaos des Pythagorers Lehren nebst den Bruchstûcken seines Werkes. Berlin,
I, p. 1100 et s. et IV, p. 11, 904; Brœnsted. Voyages et rech. en Grèce, I, pl. îv, 1819, in-8 ; surtout p. 57-89 et p. 136-183 ; fragments réunis aussi par M. Mullach,
et les chapitres relatifs à Céos et aux autres lieux cités; Leake, Num. hell. Insul. gr. Philosoph. grâce, fragmenta, vol. II, p. 1-18 (coll. Didot), et traduits en français
p. 5 et s. 23 et s. pour la première fois par M. Chaignet dans son ouvrage intitulé : Pythagore et la
ARISTOCRATIA. 1 Aristot. Politic. IV, 5, 10. — s Eod. loc. IV, 6, 2. — » Op. philosophie pythagoricienne, Paris, 1873, 1. 1, p. 226-254. Voir aussi les etoior&'jjitva
et Dies. 313, D. p. 36. — * Politic. V, I, 3 ; cf. IV, 6, 5. — s Cratyl. XIII, D. I, w.-'t^- 't. avec I I i^u-/, ApiVivuni de Nicoraaque, éd. Ast, Leipzig, 1817 ; surtout
290 ; Menex. V, D. I, 564 ; cf. Aristot. Hhet. I, 9, 33, D, I, p. 331.— « Polit. IV. 5, Nicomaque, I, 1, p. 67 ; II, 17, p. 129, et II, 28, p. 152, etc. ; Théon de Smyrne,
II. — Bibliographie. Gôttling, De aristocratia veterum, lcna, 1821 ; A. P. Stanley, Arithm. ch. xliv (Musique, ch. xii), p. 88 de l'édition seule complète de Boulliau,
On the use of the word «praitciU, 1816 ; H. Henkel, Studien sur Geschichte der Paris, 1644 ; Proclus, Commentaire sur le 7«r livre des Éléments d'Euclide, prolog.
griechischen Lehre von Staat. Leipzig, 1S72, p. 85 et suiv. I, p. 34, et prop. an, p. 428, éd. Fricdlcin (Leipzig, 1873, in-12), etc. (Note
ARI8TOHOI.ITEIA. Corp. inscr. gr. p. 611 : Blondei, Comptes rendus de t'Acad, due en majeure partie à M. Th.-Henri Martin, qui a bien voulu revoir et compléter
des inscr., 1865, p. 403. cet article. — » L. TH. — » Confess. I, 13.
I. 54
ARI — 426 — AH1
causée dans son enfance ce chant monotone, union et unurn Archimède a écrit un petit traité (6 <j/au.utTï];, — dans lc>
sunt duo, etc., un et 'an font deux, deux et deux font qua traductions latines : De numéro arenae) qui nous est par
tre, psalmodié encore de nos jours dans une grande venu, sur le nombre de grains de sable que pourrait con
partie de nos écoles publiques. tenir une sphère qui aurait pour diamètre la distance de la
Arithmétique chez les Grecs. — Les noms de nombres terre aux étoiles fixes ; l'auteur lui donna, pour simplifier,
étaient Yunité, u.ova';, sinyula?-is (numerus) 6, \a.dizaine(hxâ<;), le titre de tj/aiifUTriç, ÏArénaire, Arenarius {liber). Ayant à
decenus, la centaine, IxaTos-njç, centenus, le millier', /tXiâç et opérer sur des nombres qui dépassaient la myriade de
•/tXtoaTÛ;, millenus, et les dix-mille, u-upiàt?, decies millenus. myriades, il imagina des classes doubles comprenant huit
Arrivé là on comptait par dizaities de myriades, centaines de chiffres au lieu de quatre, c'est-à-dire des huitaines ou oc-
myriades, milliers de myriades et myriades de myriades (cent tades de chiffres (ôxtccoeî). La première octade comprenait
millions); le milliard se disait dix myriades de myriades, les nombres 1 à 99,999,999 ; la deuxième, les nombres qui
et dix trillions ou dix mille milliards, une myriade de partent de cent millions, etc. Les nombres étaient pre
myriades de myriades. Apollonius de Perge simplifiait le miers, seconds, etc., selon qu'ils appartenaient à la pre
terme myriade de myriades, en disant myriade double et mière octade, à la seconde, etc. Archimède suppose le cas
désignait le nombre par deux u.; de même la myriade de où l'on atteint cent millions de ces octades ; on entre alors
myriades de myriades prenait le nom de myriade triple. dans la deuxième^eWorfe nepîoSoî, puis dans une troisième,
C'est ainsi que nous donnons aux nombres carrés l'expo dans une quatrième, et ainsi successivement jusqu'à la
sant 2, aux cubes l'exposant 3, etc. On voit que depuis 1 période myrio-myrionième, [Auptaxi<jw.upio<jT7), dont la pre
jusqu'à la myriade exclusivement, le nombre peut avoir mière unité s'exprimerait par le chiffre 1 suivi d'un nom
quatre chiffres, depuis la myriade jusqu'à la double bre de zéros dont nous essaierons de donner l'idée en rap
myriade exclusivement quatre nouveaux chiffres. Cette pelant que l'unité des nombres premiers de la deuxième
série de quatre chiffres ou tétrade (xETpa'ç, quaternio) formait période est 108 élevé à la puissance myrio-myrionième,
ce que l'arithmétique moderne appelle quelquefois classe. c'est-à-dire l'unité suivie de huit cents millions de zéros ,0.
ou tranche ; seulement le groupe dans notre numération Il n'en faut pas davantage pour faire voir à quel degré les
ne comprend que trois chiffres. mathématiciens grecs ont poussé l'étude et les applica
Au lieu des caractères 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 tions de l'arithmétique. Archimède avait composé sur cette
les Grecs employaient pour ex science un Traité des principes auquel il a fait dans son
primer les unités, les lettres a, p, y, S, e, ç, Ç, i\, 8 Arénaire des emprunts importants. Quant à la conclusion
Pour les dizaines, 10, 20, 30, 40, 50, 60, 70, 80, 90 fondamentale de ce dernier traité, c'est que le nombre de
I, X, X, (X, V, \, 0, T., Ç. grains de sable que contiendrait la sphère du monde est
Pour lescentaines, 100, 200, 300, 400, 500, 600, 700, 800, 900 plus petit que le huitième terme de la huitième octade, ou
P, CT, *i «, <?, X, ty, <*> ^ que le soixante-quatrième terme de la progression décuple
Tels étaient les seuls caractères numériques employés 10, 100, 1,000, etc., c'est-à-dire que l'unité suivie de
par les Grecs. Pour distinguer les chiffres alphabétiques soixante-quatre zéros.
des lettres proprement dites, on traçait sur les premiers un On attribue au même mathématicien l'énoncé d'un pro
trait horizontal, ou du moins c'est le signe distinctif que blème arithmétique qui nous a été conservé sous la forme
renferment les manuscrits. Quant à l'accent aigu, on verra d'un epigramma de quarante-quatre vers, publié pour la pre
plus loin quelle en était la destination en arithmétique. mière fois avec des scholies grecques par Lessing et une
Les neuf premiers recevaient une sorte d'iota souscrit, placé seconde avec un commentaire par les Struve père et fils 1s.
un peu à gauche pour désigner 1,000, 2,000, etc. Arrivé God. Hermann y reconnut le premier le fameux problème
à 10,000, on a" 1 myriade, u.upi«ç; on l'exprimait par des bœufs, Trpô6Xriu.a poeixôv, que le scholiaste de Platon a
mentionné 13 comme étant d'Archimède u. En voici les
un M surmonté le plus souvent d'un a, jj, 20,000 (ou
données principales. On suppose quatre troupeaux de
2 myriades) avait pour signe ^ , 30,000 ^ , et ainsi des au taureaux, bœufs et vaches, dont le premier comprend des
tres myriades jusqu'à la 9,999e qui s'écrivait ,9})Ç8etque animaux blancs, le deuxième des noirs, le troisième des
nous écririons {'9,990,000. Certains auteurs, au lieu du roux, et le quatrième des tachetés ou bigarrés. Ces divers
M, initiale de u.upid\-, employaient les deux premières let animaux sont dans chaque troupeau en nombres exprimés
tres de ce mot Mu. On cite entre autres Diophante et par des fractions du nombre total de têtes comprises dans
Pappus. Les mêmes auteurs, lorsque le nombre dépasse ce même troupeau. De plus, les taureaux blancs et noirs
10,000, posent un point entre les unités de myriades forment ensemble un nombre carré; les roux et les bi
et celles de l'ordre immédiatement inférieur. Ainsi, garrés forment ensemble un nombre triangulaire, c'est-
ÔTop.,i)Çî; valaient 4,372 myriades, 8097 unités, c'est-à- à-dire un nombre obtenu au moyen de la multiplication de
dire 43,728,097 '. leur nombre respectif par leur différence. M. Vincent a
Lorsqu'un ordre d'unités est vacant, les Grecs le rem complété la solution de ce curieux problème", qui montre
placent quelquefois par un trait vertical | 8; exemple : sous une face particulière le génie du grand mathémati
10,098 M | Çm; ou bien par le motoùsév, comme Théon le cien qui l'a propose et du peuple subtil dont Archimède
commentateur de Ptolémée, ou bien encore par un simple est la plus grande gloire scientifique.
point, comme Ptolémée lui-même *. Mais revenons à l'exposé de la science des nombres.
8 Les huit unités subséquentes avaient aussi leurs dénominations particulières : l'Àcad. des sciences, 11 avril 18 12, p. 8. — H Symbola secunda ad historiam, p. 423, ou
ii>*;, vçià;, vnpâ;, coià;, i;à;, iinâ;, 4rtâ; et ivvtct; ; en latin : numerus binarivs, vol. XIV, p. 232 des Oeuv. complètes, in-S.— " Altonae, 1821. — HlnCharmid. p. .1Î4,
trinarins, quaternarius, quinarius, senarius, septemirius, octonarius et itovenarius. Ruhnkcn, p. 91. — lk (God. llcrmanui], ad memoriam Kregeli sternbachi.mam, etc.
— 1 Uclambre, Arithm. des Grecs, dans YHistoire de Vastron. ancienne, t. II, p. 3-31. Deproblcmate bovino.Lips. 1828.— 13 Sur le problême de< ba-ufs attribué à Arcliimède
— » Hœckb, Index lect. Dcrol. p. III, p. v. — » Bœckh, I. I, p. 8, n. 10. — lOChnsles, dans le Bull, de bibliographie annexé aux Aïwr. annales de mut/icinatiqurs, t. I.
lïclairris. sur le trait'' n.' numéro .Trente d'Arr/iimè'Ie. dans le* Comjt. rendus de M. Vinrent donne dms cette notice le te\le du problème ave- une traduction française.
ARI — 427 — ARI
Delambre 16 résume en deux mots l'arithmétique des Grecs, grecs et latins de quelques-unes de ces fractions, de celles
lorsqu'il observe que leur notation ressemblait à celle que qui ont les plus petits dénominateurs.
nous employons pour les nombres complexes. 11 ajoute ^atcu, dimidium, -,
avec non moins de raison que leurs nombres complexes
avaient un avantage sur les nôtres dans l'uniformité de TptTov (se. ps'po;) ou Tptr/iao'ptov, triens, -,
l'échelle qui était toute décimale ou toute sexagésimale. Tstaptov ou TîTapTv);jLo'ptov, quadrans, -,
Ils faisaient leurs opérations de gauche à droite. Ces opé
rations se réduisaient, comme de nos jours, à quatre, éxtov ou lxr/][Aoptov, sextans, ^,
l'addition (-pô<xO£<jiç, ouvOccn;, Trpo'oTa;iç) ; la soustraction
n/jjntTov ou n£lu»tTrllu.o'ptov, quiitta pars, T,
(ix!p»ffe<Ttî) ; la multiplication (itoMairXafftotffudç, iroX).5t-Àa-
fftWt; "), et la division (eWpcrjtc ou uapaêoXiî 18). É'ëoojAiv ou !7iTau.ôptov, septima pars, r,
Ils considéraient les proportions (àvaXoffat), arithmétique
ou par différence; géométrique ou par rapport; et har oyooov, octans, -, et de môme, èWtov,
monique, dans laquelle l'excès (GitEpo^ii) du premier terme Stxatov, — , etc.
sur le premier moyen a le môme rapport avec l'excès du
second sur le deuxième moyen que le premier terme avec A l'exception de la fraction dont le signe grec est ^
le quatrième. ou les fractions dont le numérateur est \ sont repré
Ils distinguaient la moyenne arithmétique, •itavz-w <xpiO[r/|- sentées par le chiffre alphabétique grec du dénominateur,
xixij (par ex. 1 : 2 : : 2 : 3); la moyenne géométrique mais surmonté d'un accent à droite. Par exemple g est
(2 : 4 : : 4 : 8) , et la moyenne harmonique 6(=8 — ~j : 8 : : représenté par e' et l- par ç' ,J. Quand le numérateur, in
8 : 12 (=8 + j\, laquelle dépasse le premier extrême et est férieur au dénominateur, est supérieur à l'unité, on exprime
dépassée par le dernier d'une même portion, qui dans ce numérateur devant le sous-multiple : Suo xpinj^pti,
notre exemple est le tiers, ou, pour employer le langage de deux tiers, Tptot ETcrapo'ptot, frais septièmes.
l'algèbre, moyenne dans laquelle, étant donnée la propor Pour représenter ces fractions, le chiffre du dénomina
tion A : B : : B : C, on a B=A+-=C— - '». teur avec un accent à droite s'écrit au-dessus de celui du
numérateur surmonté d'une barre, ou bien le chiffre du
A ces trois moyennes dont Jamblique * attribue la pra dénominateur s'écrit simplement au-dessus de celui du
tique à Pythagore et à ses disciples, Eudoxe de Cnide, numérateur. Ainsi ou bien l| signifient -. Mais plus
contemporain de Platon, et les mathématiciens de la même
époque ajoutèrent trois autres moyennes dont M. Nessel- souvent on décompose la fraction en deux ou plusieurs
mann a rapporté le détail avec celui de quatre autres fractions dont chacune a pour numérateur 1 : par exemple,
subséquentes En voici la simple nomenclature : 33 1 1
on décompose — en - et - représentés par ^.Quel
4° 6 : 5 :: o : 3 quefois on arrive à cette décomposition au prix d'une
5e 5 : 4 :: 4 : 2 petite inexactitude; par exemple, Eutocius décompose ^
6° 6 : 4 :: i : 1
en *- et représentés par ç', is', en négligeant — en
7° 9 : 8 :: 8 : 6
8e 9 : 7 :: 7 : G moins **.
9° 7 : 0 :: 6 : 4 II. Passons aux nombres fractionnaires plus grands que
10° 8 : 5 :: 3 : 3 l'unité. Ces fractions, dont le numérateur surpasse le dé
nominateur, se représentent en grec soit comme les
Cette grande variété de moyennes numériques servait autres fractions, en mettant le chiffre du dénominateur
principalement à définir les rapports des sons dans la au-dessus de celui du numérateur, soit en mettant à la
musique mathématique [harmonique]. suite du chiffre représentant l'unité ou les unités comprises
Les Grecs calculaient le carré des nombres, ce qui s'ap dans le nombre fractionnaire, le chiffre de la fraction qui
pelait TETpotfwvi'Çsiv et leur cube xuêt'ïeiv. Quant à l'extraction existe en plus. Ainsi - sont représentés par g ou bien
de la racine carrée, on a lieu de croire qu'elle se faisait de
la même manière qu'aujourd'hui. par *-(', et - par £ ou bien par y Mais, dans le langage,
11 paraît " que le second livre de Pappus était en entier il y a [pour certains nombres fractionnaires plus grands
consacré à l'explication de ce qu'Apollonius de Perge avait que l'unité des expressions spéciales qu'il est bon d'in
fait de nouveau en arithmétique : peut-être le premier diquer.
contenait-il les règles de l'arithmétique vulgaire. 1° Nicomaque 15 et Boèce * nomment nombres super-
Voyons comment les Grecs anciens expriment, soit par partients (éirtfAEpEÏç àpiOjioî, superpartientes numeri), les
des mots, soit par des chiffres alphabétiques, les princi numérateurs dans lesquels les dénominateurs sont con
pales fractions. tenus une fois plus une fraction quelconque. Quand cette
I. Commençons par les sous-multiples, TroXXooTïij/ôpi*, fraction excédante a pour numérateur 1, ils nomment
multesima, c'est-à-dire par les fractions plus petites que ÉViUÔpiot, superpartkulares, les numérateurs des fractions
l'unité et qui ont 1 pour numérateur. Voici les noms primitives, et alors il y a des mots spéciaux pour désigner

*• L. c. p. 30. — 17 Les facteurs : ti k'u-jçL , le produit : « tivôhiv-.v. ,1 15 1 . I 1 . „„„-,.,/ I , 1\_/I5 , 6\_ si 7 . „. 1S 7


— 18 Diviser, se disait encore lUftiÇuv, ixiTpûv ; diviser par deux, Hjm tr/jXnt.
— 13 Theon. Smyrn., ed. Boulliuud, p. 180. — 10 Édit. Tounulius, p. 141. — 81 Algc- + 4-Encffi:t(s-^)=i^-Àru=î4i-4- -■**»» " »-»
hra der Criechen, p. 2l!i. — " Uelambrc, /. c. p. 33. — *> C'est abusivemeut que
U hpographic grecque affecte cet accent à la repi excitation des nombres culiers. — «• Arithm. I, 14 ij.
AKI — 428 — AKI
dans ces fractions les rapports des numérateurs aux déno lui-même a pu, à bon droit, employer le mot grec qui
minateurs. Ces mots sont par exemple : désigne cette théorie, àptOurjTixï).
7)|iiôXioî (de ^)[m, SXov, un demi, un entier), sesquialter, 1 -1 = -3 , Peut-être ne sera-t-il pas sans intérêt de faire connaître
ici la terminologie employée par Diophante dans la partie
ênÎTpiToç (rpiTov, tiers, M, en plus), sesquitertius, 1 -1 ■— -4 , de son ouvrage consacrée à l'analyse **. Il désigne l'in
eTOYSooî (oySoov, huitième, èxl, en plus), sesquioctavus, i -1 = -9 , connue par le stigma surmonté d'un accent ç ou <;"', et la
nomme en toutes lettres le nombre, 6 àpiOjio'ç 88 ; le signe
i-iô^xaroî (Ss'xcctov, dixième, iict, en p/as), 1 ^=|i n. ç est redoublé çç, si le coefficient de l'inconnue est supérieur
Les neutres de ces adjectifs désignent la valeur du nom à l'unité. Le carré de l'inconnue est appelé puissance,
bre fractionnaire : to ^«.tôXiov, tô fafcpiTov, -; tô Iwfy- SuvajAtc, terme qui, dans Euclide, désignait déjà le carré
numérique et dont le signe est 8* ; le cube de l'inconnue
600V, —, TO l7ll5îXaTOV, -. est appelé cube, xûêoç ; il a pour signe xs ; la 4° puissance
!2° Quant aux nombres fractionnaires qui contiennent de l'inconnue est appelée ouvajAoSôvapiî, comme qui dirait,
plusieurs entiers, plus une fraction dont le numérateur carré du carré, et représentée par le signe 88* ; la o° puis
sance, Suvotj/.ôxuêo;, comme qui dirait, cube du carré, 8xr' ;
est 1, les Grecs ont aussi des expressions spéciales pour
quelques-uns d'entre eux. Par exemple, ils disent : fyjusu la 6°, xuêo'xuêoç, cube du cube, xx'. Diophante n'a pas besoin
tci'tov, ou ■TiptuuTpiTov (un demi, 3°, après deux entiers), d'aller plus loin ; ainsi le mot Suvapiî désigne plus spé
cialement le carré de l'inconnue : le carré d'un nombre
1 -(- 1 -f- j= - 88 ; ^jxto-u téxapTov ou ^[xiTUTétaprov {un demi,
connu garde habituellement le nom de TETpa-ftovoi;.
4°,aprèstroisentiers),l -|- i + \ = j n, têôojAov -îipiiTa'- La multiplication n'a pas de signe particulier : l'opéra
àcvtov (un demi-talent, 7e, après 6 talents), 6 talents - ,0. tion se fait quand elle est praticable ; dans le cas contraire,
le coefficient de l'inconnue se place immédiatement après
Quant aux puissances des nombres, les Grecs nom le signe ç ou çç; par exemple ï signifie Ix ; 358, 9x2, etc.
maient T£TpixY<i>voî (dîfiOfAo'ç), carré, ce que nous nommons La division est dans le même cas ; si elle ne donne pas un
2' puissance ou carré d'un nombre, et ils nommaient xûêo;, résultat exact, on obtient nécessairement et l'on exprime
la 3° puissance ou cube. Mais quelquefois ils donnaient un nombre fractionnaire. L'addition s'énonce par la
aussi à la 2° puissance le nom de Suva^t;, et le verbe Sûva- simple succession des nombres qui doivent former une
o-ûai, avec un nom de nombre pour complément direct, somme ; seulement le nombre d'unités connues est tou
signifiait avoir pour carré ce nombre, comme on le voit jours précédé du signe n8, abréviation du mot [xovâ;, unité.
dans Platon M. Ainsi, pour dire que 2' = 4, au lieu d'em Enfin la soustraction a pour signe le <]< retourné ou ^, qui
ployer le mol TeTpâywvo;, on disait quelquefois, soit : t&8ûo est une abréviation de XeiJ/si, datif de Xsî^tç, auquel est
Suvâ(«t ierrl TETTatpa, ou bien : xarà Suvajji(v loxi TÉrrapa, soit : affectée la signification de notre moins. La XeT^tï marque
ti 8oo iuvtxTai retapa ; et de môme, pour dire que3"-f- 4' = 5', donc le plus petit des deux termes d'une soustraction.
l'on pouvait dire : toi névre îaov Sûvottai toï; Tptoù tuà toî« Voici un spécimen du langage numérique employé par
T£TTapo-i. C'est pourquoi, appliquant à la géométrie ces Diophante **, avec la traduction en signes modernes :
expressions arithmétiques, on disait, en parlant de l'angle
88*6.8^ f/.» â (f1 x58 çç~B
droit d'un triangle rectangle, par exemple du triangle
9x* + 6x2 -f 1 — ix3 — 1 2x.
dont les côtés sont entre eux comme les nombres 3, 4
et o, que l'hypoténuse de cet angle to-ov Swarat raî; wspts- On voit que tous les termes formant la partie positive
•/oôo-aiç, d'un carré égal à ceux des deux côtés qui le com (urtap?tç) sont réunis dans la première portion de l'équation ;
prennent3*. par suite, les termes négatifs forment un second groupe,
Les Grecs connaissaient-ils l'algèbre? Ils ignoraient celle Xeît|/i;, séparé du premier par le <j< retourné, et dont par
dans laquelle les quantités connues elles-mêmes sont re suite les différents membres n'ont pas besoin de recourir
présentées par des lettres choisies arbitrairement. Mais ils à ce même signe pour être déduits les uns des autres.
n'ignoraient pas une algèbre dans laquelle les inconnues Avec les mots énumérés plus haut, 8ôvot(/.i<;, xôGoç. etc.,
seules étaient ainsi représentées. Ils n'avaient pas de mot on a formé des adjectifs ordinaux employés substantive
spécial pour désigner cette partie de l'arithmétique ; mais ment à titre de dénominateurs : tels sont les mots : tô Suvot-
Diophante, mathématicien d'Alexandrie, avait composé [xootto'v, to xuêoorôv, to 8uv«(xo8uvau.ocrTÔv, TO SuVajJLOXuêoOTTOV et
une arithmétique en treize livres, dont il nous reste les enfin to xu6oxu6octo'v. L'inconnue ainsi désignée est le déno
six premiers et dans laquelle figure un véritable système minateur d'une fraction qui a pour numérateur les nom-
de méthodes algébriques, notamment la résolution des , i
bres connus placés à sa suite; exemple : <5pi6[*ooTÔv ô.â? _îl
équations. A ce point de vue, la logistique faisait le sujet
de son ouvrage, ainsi que l'a remarqué Nesselmann **. De Diophante abrège encore de la manière suivante :
plus, comme Diophante enseigne particulièrement la ré
solution des équations indéterminées, ses démonstrations
se rattachent plutôt à la théorie des nombres, et l'auteur Lorsque les calculs se compliquent, il ne place pas le

f Voyei to Uiiiutov dans Arist. Oeconom. II, p. 1346 B, 33. — *' De même Krclilj cité dans la nouvelle édition française du Thésaurus graer.ae linguae,mx
en latin, Kitertius est pour seniistertius v''TJ ipitov), 2 as valeur primitive mots ^jut-j;, rty.iTJ TfiTov et ^jita-j tïtscçtov. — 3* TkeaeU p. 147 D, 148 B. Voir aussi
les jeux de mots de Platon, Polit., p. 2668. — 8* Dans Euclide (passim) une ligne
du sesterce, Toy. Varro, De ling. lat. X, 173 {Al. IV, 36), p. 48, éd. Eggcr, Paris, peut un carré lorsqu'elle est prise pour côté de ce carré. — 83 Algcbra der
1837, et Priscian, De panier, p. 1347 ; Cf. Facciolati, LatinitatU lexicon, ». r. Gricchent p. 44. — Pour les développements, voir Nesselmann, Algebradcr
Semistertius, éd. allemande, 1835. — W Voyez Semis quartus {^j dans Varron, l. c. Griechen, p. 204 et suiv., bon guide en ces matières. — 35 Ne faut-il pas voir
daii3 ce ç une altération de la lettre Ç, initiale du mot CrtTo6[nvfl( fdf.0;*â;] le nombre
— M Pour toutes ces ciprcssions, tov. le passage grec de Priscicn, II, p. 395, éd. en question ? — 36 IV, 29.
ARI — 429 — ARI
dénominateur un peu au-dessus du numérateur, mais Quant aux sous-multiples de l'as ou de l'unité qu'il re
simplement à la suite, en les séparant l'un de l'autre par présente, on vient de voir quelques-unes de leurs dénomi
les mots lv (iop(w ou (u.opîov. Exemple : nations parmi les fractions décomposées du denier ; en
voici le tableau complet :
S5!*.â. *u° rj 11
uopfou S5 â ç05 â ———
3"= ^ "
i■2 lis semis
Quant à notre signe d'égalité = qui sépare les deux A 1) deunx
1 u triens
termes (fiiprj, ïdwireiç) d'une équation, il n'a pas son équi L) 1ii " uncia
1 1
valent chez les Grecs, qui rendent l'idée par l'emploi pur 4 quadrans 16 ii octava pars senuisis
r> u quincunx 1
et simple du mot ïao;. ï'. il semuncia
1 II sextans
Avant de quitter l'arithmétique des Grecs et sans atten 6 A il sicilicus
1 II septunx ±
dre le moment de nous arrêter sur la question de l'abacus 72 u sextula
1s II octans 1 11 scriptulum, scripulum oit
numéral, rappelons que M. Rangabé a signalé, en 1816, la JSH
1 » dodrans scrupulum
découverte, dans l'île de Salamine, d'une table de marbre II
longue de lm,05, large de 0m,75, dont il a été donné n> II dextans 1 II semi-scriptulum.
576
ailleurs 37 une description détaillée et une représentation, On exerçait les jeunes gens a opérer sur ces fractions
et à laquelle on a cru pouvoir assigner le double rôle d'une pour les rompre aux variétés du système duodécimal
table à calcul et d'un échiquier comparable à notre jeu combiné avec les 16 parties du denier. Lorsque l'opération
de trictrac. Voy. à l'article abacus, p. 2, fig. 3. portait sur les sous-multiples de cette dernière unité, la
Arithmétique chez les Romains. — Leur système de numé quantité monétaire s'appelait aes excurrens, comme qui
ration n'avait rien de particulier. Cependant il y a lieu de dirait petite monnaie *°. Si l'on opérait sur le denier ou ses
croire, d'après les recherches de M. Chasles'8, qu'ils procé multiples, on était dit conficere rationem ad denarium ou
daient par séries ternaires et non quaternaires comme les bien, ad denarium solvere w ; dans ce cas on commençait
Grecs. « La nomenclature, dit-il, dans le système de l'aba par écrire le nom, nomen, du denier, sous la forme sui
cus, dès le temps de Boèce, se réduisait aux termes unités, vante X M.
dizaines, centaines et mille qu'on répétait indéfiniment. » Horace fait allusion à cette étude u :
Par conséquent, mille devenait l'unité d'une nouvelle classe
comprenant mille, dix mille, cent mille, et ainsi de suite. Romani pueri longis rationibus assem
La numération écrite n'avait que cinq signes dont quel Discunt in partes centum diducere...
ques-uns représentaient, suivant une remarque faite seu Il ne faut pas voir là une division de l'as en cent parties,
lement de nos jours **, les diverses dispositions des doigts;
comme on l'a fait souvent, mais un calcul de l'intérêt
tels sont les chiffres I (1), V (5), X (10), formés de 2 v réunis
produit en un an ou en un mois par cent as ou cent unités
par leurs pointes ; venaient ensuite l (30), c (100), io (500)
monétaires quelconques **.
devenu depuis u et CIO (1,000) ou M. Revenons maintenant sur l'usage que les Grecs et les Ro
On voit que dans ce système, pas plus que dans celui mains firent de Vabaque àêaxtov", abacus), [abacus, II].
des Grecs, aucune part n'est faite à la position relative
Tantôt c'était une simple tablette sur laquelle on jouait
des chifTres entre eux, à part cette circonstance que tel aux dés w, affectant probablement la forme de notre jeu
chiffre placé devant un chilTre supérieur ôte à celui-ci la
de trictrac; tantôt un tableau que l'on recouvrait de pous
valeur du premier. Exemple : iv = v moins i.
sière ou de sable pour construire des figures géométri
Les fractions, dans l'arithmétique commerciale des Ro ques w ou tracer des nombres *9 ; tantôt enfin une table à
mains, étaient toujours rapportées àl'as qui donnait son nom calcul (TpxrceÇa Aoj-wrripia "), qu'on pose à plat et qui est
à l'entier quel qu'il fût, et se divisait en douze parties égales
munie de lignes ou de triangles dirigées d'avant en arrière
appelées onces, unciœ; 16 as formaient un denier, denarius.
et sur lesquelles circulaient des boules dont la valeur et la
MULTIPLES DE h'aS . NOM LATIN DE LA FRACTION. signification variaient suivant le but de l'opération à faire51.
1 as 1 de denier — ïl1 +1 481 Denarii semuncia [et] siciliens C"est le lieu de s'arrêter sur un point de l'histoire des
iti
2 » itiï <i ii + 14 n uncia semuncia nombres qui marque la transition entre la pratique an
3 " à •> A + -u n sextans sicilicus cienne du calcul et celle que nous a léguée le moyen âge.
4 n h » A , » quadrans Roèce nous a transmis d'après un géomètre latin
5 » r. » n + ti "T" 15 B quadrans semuncia sicilicus qu'il appelle Archytas, une description de Vabacus tel qu'il
iti
6 H .fi j. _L Jl trions semuncia était disposé de son temps. Il paraît que ce nom lui avait
ls 1» ' a*
7 a V quincunx sicilicus été donné vers le 11e siècle et que la table arithmétique
h A + à
s U H » _«_ 11 semis s'appelait antérieurement table de Pythagore, mensa
16 i>
9 U » 6 i 1
ta t tk t «s i 1 A Semis semuncia sicilicus pythagorea. De là nous est venu l'usage fort impropre do
16
10 >■ 1S » A + A I septunx semuncia nommer ainsi la table de multiplication.
11 » 11 » A 4. 1 & bes sicilicus « Le système de Boèce, dit M. Chasles **, ne différait de
16 Il ' 18
12 1! H _i_ dodrans notre système actuel que dans la pratique et en un seul
16 11
18 » 13 11 » dodrans semuncia sicilicus point, l'absence du zéro. Cette figure auxiliaire y était sup
16 A+A+A
14 1 » 10
la T i 1
jv dextans semuncia pléée par l'usage de colonnes tracées sur le tableau, qui,
16
15 IS » M
îa 4-
T -i-
*s deunx sicilicus en marquant distinctement les différents ordres d'unités,
16
W Voy. abus* et la fie;. 3 ; comp. Jlev. arehéol. i* série, t. XXVIII, IS73, p. 4!>. — 41 Ars poel. 3îb. — « Marquardt, /. c. p. 97. — *" Kustath. Ad Od. 107, et IV,
— » Devclopp. sur divers points du système de VAbacus, dans les Comptes rendus de ï»9. — 47 Poilus, X, 31. — Plut. Cat. 8 70. — »• Pers. Sot. I M Pollux, X,
l'Acad. des sciences, 23 juin 1 813, p. 9. — s» Ch. Ruelle, Grammaire latine, Lille 35; Ammonius, s. v. 'AS»j. — 61 Polyb. VI, 25 ; Dioj;. Laert. I, 59. — De
1816. — W Yolusius Moecianus, dans Marquant!, Handb. der rôm. Alterth. V, p. 101. geometr. lib I, in finet — >> /{apport au ministre de l'Instruction publii/uet
— »l Vol. Moecian. — 41 Oie. Pro Quinct. IV, 17. - 4> Marquardt, l. c. p. 103. 1838.
AR1 — AHI
permettait de laisser la place vide partout où nous met
tons un zéro. » Le système de numération prit lui- CA\ XM A\ C X I
même le nom (.Vabacus que Boèee avait appliqué au ta
bleau. Ce système est identiquement le même que celui 4 0 Multiplicande 4G00.
qui a été cultivé aux x° et xi° siècles par Gerbert et ses 1 8 1800, produit de G00 par 3.
disciples. 1 2 12,000, produit de 4,030 par :;.
L'abacus consistait en colonnes verticales, paginulae, en 1 2 12,000, produit de G00 par '.0.
haut desquelles on écrivait, en allant de droite à gauche, 8 80,000, produit de 4,00 ) par 20.
les nombres I, X, G, M, XM, CM, MM; la première
I Ô 8 I0ï,800, total des produits.
recevait les unités, la deuxième les dizaines, la troi
sième les centaines, la quatrième les mille, et ainsi des 2 3 Multiplicateur 23.
autres.
La division se faisait également, avec la même table, en
1 c X i observant toujours la précaution de maintenir chaque
CMM XMM MM CM XM M C X
ordre d'unités dans la colonne qui lui est affectée. Il en
© Z 8 V \n ï> eh X i est de même de l'addition et de la soustraction.
Le zéro était en usage dans l'arithmétique grecque et
romaine sous la forme de l'omicron pour marquer la
Au-dessous viennent les noms de ces nombres 1, 2, 3, 4, place des degrés, minutes et secondes qui manquent dans
o, 6, 7, 8, 9, représentés dans Boèce par des apices ou si l'expression d'un nombre astronomique. 11 a été introduit
gnes dont l'analogie avec nos chiffres, dits à tort arabes, sous le nom de sipos, selon M. Chasles, par quelques dis
a été signalée par M. Ghasles et par M. Vincent. ciples de Gerbert, au x° ou au xic siècle, puis sous celui
Voici les apices de Boèce avec leurs noms et leurs va de cifra (r^ispa dans Planude), en hébreu "IJJJf, couronne,
leurs : enfin sous celui de zéro, en hébreu petit rond, en latin
rotula. Mais nous dirons avec M. Vincent que l'introduc
Un deux trois quatre cinq six sept huit neuf
tion du zéro dut coïncider avec l'emploi du mot algorisme
et que par conséquent ce signe n'apparut sans doute que
loin Andras Ormis Arbas Quimas Caltis '/.cuis Tcwenias Calmtis vers le milieu du xil* siècle, époque où les colonnes verti
cales sont supprimées ainsi que la table couverte de pou
Ces noms sont donnés par Gerbert, mais il ne s'en sert dre, laquelle est remplacée par le papier ou la membrane
pas, tandis que Gerland et Radulphe de Laon les intro de parchemin en arabe gohr et, avec l'article, al-gohr.
duisent dans leurs explications de l'abacus. Au premier abord on pourrait s'étonner de voir le pas
Un dixième signe (Â) appelé sipos figure dans les ma sage de Boèce relatif à Vabacus, placé dans son traité De
nuscrits de Boèce (seulement dans le tableau) et dans le geometria dont il termine le premier livre. M. Chasles " a
texte postérieur relatif à Vabacus. Nous reviendrons tout à justifié cette apparente anomalie en faisant la remarque
l'heure sur ce signe. que le second livre de ce traité a pour sujet la géométrie
M. Vincent, dans un travail ** qui complète les recher pratique, l'art des gromatici ou arpenteurs romains. Il
ches de M. Chasles, attribue aux noms qui accompa ajoute que son traité De arithmetica ne présente aucune
gnent les apices de Boèce des étymologies très-plausibles méthode pratique et qu'il ne roule que sur l'arithmétique
qu'il emprunte au grec et à l'hébreu (aucune à l'arabe), spéculative, comprenant, comme l'arithmétique de Nico-
et dont le caractère néopythagoricien et gnoslique fait maque dont il est une sorte de traduction-paraphrase, les
bien voir que le i" ou le u" siècle après notre ère est l'é propriétés des nombres avec la théorie des diverses espèces
poque où ces dénominations furent introduites clans l'a de proportions.
rithmétique. Dans les écrivains latins des xie et XII" siècles, on ren
Boèce expose en quelques lignes la manière d'employer contre le verbe abacizare 5*.
Vabacus 5S. Le chiffre des unités (singularis), multiplicateur Indépendamment des représentations de l'abacus insé
d'un chiffre de dizaines (décent), placera les unités de son rées dans la géométrie pratique de Boèce, on connaît
produit (digiti, tcuOiasve;) dans la colonne des dizaines et les quatre exemplaires en nature de cet appareil 59 : 1° Abacus
dizaines de son produit àvâXoYot (articuli), dans la colonne métallique, ayant appartenu à Velserf0; 2° abacus romain
des centaines. Tel est, on le voit, le principe de la numé ayant appartenu à Ursinus 61 ; 3° abacus romain aujour
ration écrite chez les modernes. Il faut remarquer en d'hui au musée Kircher 61 (V. ci-dessus p. 2, fig. 2, au mot
passant, la signification toute spéciale que reçoivent ici les abacl's); 4° abacus romain aujourd'hui au cabinet des mé
mots digili cl articuli. dailles de Paris M. Pour l'emploi mécanique et les variétés
Prenons dans les textes du moyen âge un exemple de de l'instrument, nous renvoyons à l'article abaccs. Nous
la manière d'employer Vabacus. Nous l'empruntons à un nous bornerons ici à expliquer sommairement la figure de
anonyme découvert, publié, traduit et commenté par l'abacus que nous reproduisons (fig. 521) d'après Gruter,
M. Chasles M. Soit 4,600 à multiplier par 23. en renvoyant, pour plus de développements, à un travail

5* Des notations scientifiques à l'école d'Alexandrie , dans la Rec. arch. t. Il, Cmnpt. rend, de l'Acad. des sciences, janvier et février, 1S43. — 57 Système de
1 S 15-46. Voir aussi Notices et Extr. des manuscrits, t. XVI, 2* part. p. 143. iAbacus, p. Ï4.— L. c. p. 25. — 5» Marquant), Hôm. Privatalterth. t. I, p. 100.
— Ars geometrica, éd. I-'riedlein, Lips. 1867, p. 398.— Cette édiiion se rccoiiiinainlr — r<> Publié dans ses œuvre* f.N'orimberg. IGSi, p. 819;, et reproduit par Cruler,
par les variantes dos neuf plus anciens n»>s. de Buêce. (*.p. sur les 8igue> numéi-iqtir» p. et par Pignurius, /te servis, Amstcl. 1674, p. !6o et p. 340. — 61 Mal dessine1
au moyen âge la lifç. i de ma notice sur Deux morceaux inédits de Georges I-ar/ii/- dans Pignorius, /. c. p. 339. — Garucci, BuU. napolil. \. 3, II, l!s<i3, p. 93, tav. vi.
7nére sur l'arc en ciel, Durand, 1873. — W Explie. *l>:s tmites de VAbacus, d.m- le» — 61 Décrit dans du Muliuct, Cabinet de Saitltc-Gcii'jL'i>'Oc, Pari*, 109i, p. Ï3,pl.i>
ARI 431 — ARM
spécial de M. Vincent "*, accompagné de la même repré-, signe pour marquer l'absence d'un ordre d'unités.
sentation. L'abacus en question consiste en une plaque Le même savant"6 pense avec Al. de Humboldt et Rei-
naud que ce système fut pratiqué dans l'Inde dès le vc siècle
de notre ère, que les Arabes le leur empruntèrent définiti
vement vers le vm°, et que la méthode de Vabacus a fini,
^ n pi pi n n pi r
JUuUabiub en se perfectionnant, par se fondre avec la méthode in
dienne importée par les Arabes.
M. Vincent a publié et traduit un texte emprunté par u.i
compilateur byzantin aux Gestes de Jules l'Africain C1 cl
contenant, sur la manière de transmettre télégraphique-
ment des indications numériques par des feux allumés de
a 3[ distance en distance, une explication d'après laquelle le
chiffre placé à la droite de l'observateur était une unité,
le deuxième à gauche une dizaine, le troi dème une cen
taine, etc. Il est difficile de croire, quoi qu'en dise M. Mar
z
tin, que cette invention ne se rattache que de loin à l'em
ploi de Vabacus, avec lequel son analogie est manifeste.
Fig. 521. Abaque a calcul romain. Ch.-Em. Ruelle.
ARMA. — Armes de toute espèce, offensives ou défen
de métal percée de rainures oblongues dans lesquelles sives ; on trouvera la description des différentes armes et
glissent à frottement des boutons ou clous à deux tètes. les explications relatives à leur usage, aux articles placés
Toutes les rainures inférieures, excepté la première à sous leurs noms respectifs. Voir à la fin de cet ouvrage
droite sur laquelle nous allons revenir, portent quatre bou l'Index par ordre de matières.
tons qui, éloignés de la rainure supérieure, sont au repos ARMAMENTA.— Instruments, appareils, outils servant
et, rapprochés de celle-ci, valent chacun une unité de pour un but quelconque1 ; cette expression est employée le
l'ordre déterminé par le rang de la rainure. Le signe I in plus ordinairement pour les agrès et objets de tout genre
dique la rainure affectée à l'ordre des unités, X, celle des qui composent l'armement d'un navire* [navisj.
dizaines, et ainsi de suite. Quant à la rainure notée 0, ARMAMENTARIUM (2xeuo8ii'xvi, 6tc).o0iixïi, arsenal). —
ses boutons, qui sont au nombre de six, valent chacun I. Les acropoles des anciennes cités grecques renfermaient
un douzième d'unité ou d'as, c'est-à-dire une once. Les des amas d'armes (Oriffaupoî r?7cXwv) : c'était la place na
rainures supérieures portent chacune un bouton qui, turelle de pareils dépôts. Nous savons que l'orateur Ly-
éloigné de la rainure inférieure correspondante, est au curgue et son collègue Démocharès furent loués par décrets
repos, mais, rapproché de celle-ci, vaut cinq fois chacune publics pour avoir renouvelé, lorsqu'ils furent chargés des
des unités qu'elle exprime. Toutefois le bouton de la der affaires de la guerre, l'approvisionnement d'armes et de
nière rainure supérieure a une valeur sextuple de l'once munitions d'Athènes '. Mais toutes les armes n'étaient pas
représentée par chacun des boutons de la rainure cor certainement placées dans les acropoles ; des arsenaux
respondante. Les trois petites rainures servent à l'expres furent construits ailleurs, quand toute la défense des villes
sion de la demi-once, du quart d'once et du tiers d'once. ne se renferma pas dans une hauteur fortifiée. Les villes ma
M. Th. H. Martin 6S croit que Vabacvs fut inventé par ritimes eurent des arsenaux (o-xsuoôïjxr,) où l'on conservait
des Grecs d'Alexandrie, qui trouvèrent dans le système tout ce qui était nécessaire à l'armement des vaisseaux *.
numératif de l'Egypte les chiffres tels qu'ils sont repro De très-anciennes inscriptions 3 mentionnent celui d'A
duits par Boèce, et sans valeur de position, mais «sur thènes au Pirée. Après la guerre du Péloponèse, il fallut
tout au profit des peuples latins, qui en avaient grand en construire un nouveau, œuvre magnifique de l'archi
besoin à cause de l'incommodité de leur numération. » tecte Philon, terminé précisément sous l'administration de
D'autre part, les Arabes empruntèrent aux Indiens un Lycurgue \ et détruit par Sylla lorsqu'il prit Athènes.
système de numération semblable au nôtre quant à la C'est sans doute dans l'arsenal du Pirée que l'on gardait
valeur de position donnée aux chiffres et à l'emploi d'un les machines de guerre, dont Miltiade fit déjà usage à Paros

6* liev. archéol. 1846, t. III, p. 401 : Lettre à M. Letronne sur un abacus athé analytique de la question et même des mathématiques en général est placée en tête
nien. Notre figure représente une application de l'abacus de Gruter, d'après l'exemple de l'ouvrage) ; Bœckh, Attische Bechnungswkunde in Monatsbericht der Wissen-
donné par M. Vincent. — M Hist. de l'arithm. dans la Beo.archA. Il, p. 597. — 66 L. c. sehaft. zu Berlin, 20 oct. 1S53, p. 557-597; Th. H. Martin, Hist. de l'arithmétique,
p. 603. — *7 Notices et extr. des manuscrits, t. XVI, 2* part. p. 360. — Biiilio- dans la Ilev. archéol. t. XIII, 1856 (et tirage à part) ; A. Pihan, Exposé des signes
oiapbib. Euclidis Elementa ex optimis libris in usum tironum ffraece édita ab E. F. de numération usités chez les peuples orientaux anciens et modernes, Paris, 1 S60 ;
Alignât Berol. 1826 (l'éd. princeps est de Bile, 1533, in-folio). Les livres VII, VIII Moritz Cantor, Mathematische Beitrâge zum Culturleben der Vôlker, Halle,
et IX sont consacrés à l'arithmétique : Boelhii Liber qui fertur de geometria, éd. 1863 ; Th. H. Martin, Les signes numéraux et l'arithmétique chez les peuples de
Friedlein, 1867 in-12; Gcrbert Constanlino suo epistoîa (Bedae opéra), Basil. l'antiquité et du moyen âge ; examen de l'ouvrage de M. Cantor, Extrait du tome V,
1563, p. 159; cf. Oeuvres de Gerbert, éd. Olleris, 1867; Mai. Flanudi, <Knço?-.fi« no* 5 et 6 des Atmali di matematica pura e applicata, Rome, 1864, VI, 103 p., I)r <;.
na-c' *1vÎ&vï, Calcul indien (c'est-à-dire traité grec d'arithmétique pratique avec la Friedlin, Die Zahlzeichen und dos Elementare Bechnen der Grieehen und Bùmer
valeur de position, les neuf chiffres dits indiens et le zéro), éd. de M. Gerhardt, Halle, und der christl. Abendlander, Erlangen, 1869.
1 865 ; J. Fr. Weidler, Dissert, de characleribus numerorum vulgaribus et eorutn AHMAMENTA. 1 Plin. Hist. nat. XVII, 21, 35; XVIII, II, 29; Orelli-Henzcn,
aetatibus, Viteb. 1827 ; Spicilegium observationum ad historiam notarum mime- Î552. — • Plaut. Merc. I, 2, 80 ; Cic. Orat. Colum. IX, 3, I ; voy. aussi Tit. Liv.
ralium pertinentium, Viteb. 1775 ; Delambre, Arithmétique des Grecs, dans son XXVIII, 45.
Histoire de l'astronomie ancienne, t. II, p. 13-31; J. von Dricberg, Die Arith- ARMAMENTARIUM. 1 Plul. Vif. dec. or. p. 852 C ; cf. Paus. I, 29, 16. —
melik der Grieehen, Lcipz. 1819, 1821 ; Aug. Bœckh, Philolaos des Pythagorecrs « Bekker, Anecd. gr. I, 303 ; Phot. Lex. s. ». t. II, p. 161 Nabcr. — ' Bockh,
Lehren, Berol. 1819; voir aussi du même auteur, l'Index lectionum pour 1811 ; l'rkund. ûber dos Seewesen des attisch. Staats, p. 68. — * Strab. IX, p. 000 ;
Chaslcs, Aperçu hist. sur l'orig. et les développ. des méthodes en géométrie, Bruxelles, Vitr. VII, praef. 12 ; Plin. Hist. nat. VII, 37, 38 ; O. Miillcr, De mmim. Athen.
1837, p. 465 ; et Communication faite à l'Acad. des sciences de Paris en 1839 ; Connu. Il, 1836, et in Kunstarch. Werke, 1873, t. IV, p. 115 ; Meier De vita Lycurgi,
C. 11. F. Xesselmann, Pie Algrbra der Grieehen, Berlin, 181Î 'une bibliographie Halle, 1817, p. xxiv.
ARM — 432 ARM
et dont l'importance ne Ht que croître jusqu'au temps de forme à ceux que nous nommons ainsi et se distinguaient
Démétrius Poliorcète. Nous connaissons encore par les des coffres qui, chez les Romains comme chez les Grecs,
auteurs les arsenaux de quelques villes grecques, comme servaient aussi à serrer tout ce qui devait être enfcrmé[ARCAj.
celui de Syracuse, abondamment pourvu d'armes et de Le premier exemple (flg. 522) est tiré d'une peinture
machines * ; ceux de Corinthe, de Rhodes, de Gyzique, de d'Herculanum', où l'on voit de petits génies occupés
Marseille6, etc. à fabriquer des chaussures ; quelques-unes sont placées
II. Dans un discours que Tite-Live 7 met dans la bouche sur les rayons
de Persée, la richesse des arsenaux des Macédoniens est d'une armoire
opposée à la pauvreté du soldat romain qui n'a d'autres fermée par des
armes que celles qu'il avait pu se procurer lui-même; volets qui se re
mais il ne faut voir dans ces paroles qu'une exagération plient sur eux-
oratoire, qui avait pour but d'exciter le courage des Ma mômes.
cédoniens. Cicéron parle d'un arsenal d'où l'on tire des Le deuxième
armes"; et Tite-Live lui-môme fournit la preuve* que, (fig. 523) repro
sous la république, les armées romaines en campagne duit un bas-relief
avaient des arsenaux où l'on gardait et où l'on fabriquait romain repré
des armes. La nécessité le commandait ainsi. Après l'in sentant la bou
vasion des Cimbres en Provence, on amassa à Marseille une tique d'un cou
très-grande quantité d'armes et de machines de guerre10. telier': les objets
Il y eut de pareils dépôts sous l'empire11, à Rome, en à vendre sont
Italie et dans les provinces, soit dans les villes, soit dans suspendus dans
les campements permanents1', et aussi dans les ports pour une sorte de pla
renfermer toutes les pièces [arxîamenta] nécessaires a l'ar card dontlecorps
mement des vaisseaux. inférieur est mu Fig. 523. Armoire dans une boutique de coutelier.
Leur personnel comprenait, outre les ouvriers partagés ni d'un tiroir.
en décuries des employés chargés de la comptabilité, La figure 524 est un morceau d'un sarcophage romain *,
scribae armamentarii 1% placés sous la direction de I'ar- où est représenté un homme lisant un manuscrit, auprès
morum custos ou du magistiîr officiorum ,5. Une inscrip d'une petite armoire à deux
tion mentionne aussi un architectus armamentarii. battants, dans laquelle sont
E. Saglw. d'autres livres roulés et une
ARMARIUM ('Apixotpiov, topyi'uxoç, Ôï]xt|). — Ce nom dé écritoire ; la partie supé
signa d'abord, chez les Romains, comme sa forme l'in rieure est disposée en pu
dique, le réduit ou le meuble où l'on enfermait les armes 1 ; pitre. Enlin, sans entrer ici
mais de bonne heure, à ce qu'il semble, il fut étendu à dans aucun détail au sujet
toute espèce d'armoire, quel qu'en fût le contenu, armes, des bibliothèques, nous rap
vêtements, provisions, vaisselle, bijoux, numéraire, objets prochons des figures précé
de toutes sortes *. On trouvera en leur lieu les explications dentes l'image d'une haute
relatives à certaines armoires dont la destination était armoire (fig.o-25) surmontée
toute spéciale, comme celles où l'on serrait les livres d'un fronton dans laquelle,
[BiBLiOTnECA], où étaient placées les images des ancêtres comme dans la précédente,
sont déposés les livres et Fie;. 524. Armoire avec pupitre pour
écrire.
les ustensiles d'un écrivain
assis devant elle". On pourrait citer un assez grand nombre
de meubles du môme genre, d'après des monuments qui
appartiennent aux premiers temps de l'art chrétien7.
Quelques-uns de ceux qu'on y voit représentés sont des
tabernacles, de véritables édicules, qu'il faut rapprocher de
celles qui renfermaient des images de divinité et dont il a
été parlé ailleurs [aedicula]; s'ils en diffèrent, et méritent
le nom d'armarium, ce n'est que par la clôture, qui du
reste ne manquait pas toujours aux édicules sacrées, fer
mées tantôt par une grille, et tantôt au moyen de rideaux,
comme le ciborium (xiëwpiov) des anciennes églises chré
Fig. 5ÎÎ. Armoire dans une boutique de cordonnier.
tiennes : on voit cette clôture sur des médailles grecques ot
[imagines majorum], etc. Il suffira de montrer ici par des romaines8, qu'il ne sera pas sans intérêt de mettre à côté
exemples que ces meubles étaient bien analogues par leur des figures qui précèdent et de celles de l'article aedicula.

5 Ad. Var. Hist. VI, 12 ; Thuc. VU, 25 ; Diod. XIV, 42. — « Xcn. Hell. IV, i, Pctr. Sat. 29 ; Tlin. Hat. nat. XXIX, 3 ; Paul. Dig. XXXIII, 10, 3 ; cf. Id. Dec. sent.
12; Slrab. X1V; 2, 5, p. 653. — 1 XLU, 32; cf. XXXI, 23. — » de. Pro Rabir. 7; 111, 6, 67 ; Hieron. Ep. 22 ad Eustoch. n. 32. — ' Pitt. d'Ercol. I, 35, p. 187.
Varr. De ing. lut. V, 128. — «XXVI, SI; XXIX, 22 et 35. — 10 Caes. Bell. — 4 Berichte d. Stïelis. Gcsellsch. der Wissenschaften, 1861, pl. ix, 9 a. — 5 Maxois,
cit>. II, — « Herodian. VU, 29; Tac. Hist. I, 80; Ordli-Henzen, 975, 3580. Palais de Scaurus. pl. rui, p. 292.— 6 Garrueci, Stùria d. arle erist. Pitt. pl.cxni, 1.
— 1* Gruter, 100, 7.— 1S Gruler, 253, 5. — » Cf. Senec. De Irons, an. 3, 5 : ■ Qui — 7 r.iampini, Yet. inonim. I, 67 ; Buonarruoti, Frammenti di vasi ont. di vetm.
armamentario praeest... in numerum stipendie? um vescit. > — t* Ordli-Henien, 679~). pl. n ; Garrueci, Yetri orneti, pl. y, 1 , 2, 3, 6, 7 ; cf. Martipny, Dict. des antiq.
AllMUtllM. i Isid. XV, 5. — « C.at. De re rust. 11,3; Plant Epid. II, 3, 3 ; vhrèt. p. 232. — 8 Cabinet d'Allier de Hauteroche, VIII, 0 ; I.enormant. Très, de
Mev. III, 3,8 Capt. IV, 4, 10 ; Cic. Pro Client. 04 ; Pro Cael. 21 ; Vitr. Vll,praef.; numism. Icou. rom. XXXIII. 6. Voy. aussi Ficoroui, Gemme itteralet VII, 2.
ARM — 433 — ARM
Quoique l'on ne trouve pas la représentation d'armoires abandonnée au iv° siècle. Mais armatura désigne aussi chez
à proprement parler dans les œuvres de l'art grec, il est cet auteur l'escrime, que les campidoctores enseignaient
difficile de croire que ces meubles n'aient pas été de bonne aux recrues8, et dont les soldats donnaient des assauts au
heure en usage cirque, à certaines fêtes *. Il appelle indifféremment cet
dans la Grèce, exercice armatura ou ars armaturae '". Le mot armatura
puisqu'on ren s'applique aussi à l'armement des gladiateurs [glamator].
contre fréquem C. de la Beuge.
ment des édicu- ARMATURA LEVIS. — Infanterie légère des Romains.
les, renfermant Au début de l'organisation de la légion [legioJ, les hastats
des idoles ou qui combattaient en première ligne faisaient au besoin le
des objets sa service de troupes légères : les princes formaient alors le
crés, auxquelles corps de bataille et les triaires la réserve. Plus tard, on
il ne manque créa un corps de soldats armés à la légère, levés milites, et
pour ressembler les hastats ne combattirent plus qu'en ligne. Tite-Live,
aux armoires parlant de ces derniers, dit ceci 1 : « A chaque manipule
qu'on vient de étaient joints vingt soldats armés à la légère On ap
voir représen pelait soldats armés à la légère (levés milites), ceux qui
tées que d'être n'étaient armés que d'une hasta et d'une gaesa. » La gaesa
fermés par des était un javelot d'origine gauloise5. En même temps, on
portes ou par vit figurer dans la légion d'autres soldats armés à la légère
des volets. Le et qu'on appelait rorarii. Selon Varron 8, ceux-ci tiraient
nom de t,uç-(Î5- leur nom du mot ros (rosée, petite pluie), parce que, de
xo; , employé même qu'une petite pluie précède une averse, de même
dans quelques ils escarmouchaient au début de la bataille en lançant sur
passages9, soit l'ennemi des traits plus petits que ceux des troupes de
à côté de xiêoj- ligne. Dans le même chapitre, Tite-Live dit que « les
Fig. 523. Armoire du bas empire. rorarii, plus jeunes et moins aguerris que les triaires,
toç, de xtVni, de
ÔvjuaupoartAâxiov, soit en opposition avec ces mots, pour étaient placés derrière ceux-ci ; » puis, dans le chapitre
indiquer un meuble plus élevé, ayant quelque chose delà suivant où il continue la relation d'un combat, il ajoute
forme d'une tour, semble bien s'appliquer à une armoire. que « les rorarii s'élançant dans les intervalles des rangs
Plaute parle aussi 10 A'urmariola graeca. E. Saglio. de ceux qui étaient devant eux, vinrent renforcer les
ARMATURA. — Dans la langue des auteurs latins qui princes et les hastats. » Nous devons en conclure qu'après
écrivaient sous la république, armatura offre le sens gé avoir entamé l'action, les rorarii venaient se rallier der
néral de mode d'armement" . Mais en même temps il sert rière les triaires, c'est-à-dire derrière l'armée, ce qui est
à distinguer les troupes d'infanterie d'après leur équipe vraisemblable. Derrière les rorarii se plaçaient les accensi.
ment. On oppose la gravis armatura qui désigne les lé Dans le récit de combat dont il vient d'être question,
gionnaires pesamment armés à la levù armatura, troupes Tite-Live dit que chaque manipule de triaires se divisait
armées à la légère, archers, frondeurs, etc. Réunies en trois parties, et que la première se composait des
à Yeqmtatus, ces deux armaturae constituent l'armée ro triaires proprement dits, la seconde des rorarii, et la troi
maine1 [ARMATURA LEVIS, LlîGIOl. sième des accensi ; puis il ajoute que le tout comprenait
Plus tard le mot armatura devint synonyme de miles. Le cent quatre-vingts soldats : or, le nombre des triaires étant
fait est déjà constaté par une inscription du deuxième invariablement fixé à soixante hommes par manipule, nous
siècle 3, qu'on lit sur un monument trouvé près de pouvons conclure de ce qui précède, qu'il y avait dans la
Mayence. Or, la légion qui y est mentionnée quitta cette légion six cents rorarii et six cents accensi.
ville dans la première moitié du n° siècle, puisque Ptolémée Le môme auteur* raconte qu'au siège de Capoue, en
place ses quartiers d'hiver en Pannonie ; elle y séjournait l'an 542 de Rome, Q. Naevius voyant que la cavalerie
encore au temps où Dion Cassius écrivait son ouvrage. Le campanienne l'emportait toujours sur celle des Romains,
même terme est employé dans le même sens dans des employa le moyen suivant pour détruire cette supériorité.
inscriptions contemporaines de la première ou un peu pos Il choisit parmi les légionnaires les jeunes gens les plus
térieures, mais datées avec moins de précision Lors donc lestes en même temps que les plus vigoureux, et les arma
qu'on lit dans Ammien Marcellin tribunus armaturarum 5, d'un bouclier léger ainsi que de sept javelots de quatre
il ne s'agit pas là d'un autre officier que le tribunus mili pieds de longueur, « dont la pointe était semblable à celle
tant, bien connu d'ailleurs. Dans Végèce, armatura est sou des hastes appelées vélitaires. » Puis il les habitua à mon
vent synonyme de miles. Les armaturae duplares,simplares* ter en croupe derrière un cavalier et à sauter vivement
sont les soldats qui reçoivent la double ou la simple ration. à terre au moment où l'on abordait l'ennemi ; cette ma
Il fait remarquer que de son temps Varmatura correspond nœuvre réussit parfaitement, puisque la cavalerie campa
à la levis armatura des anciens 7. En eifet, il nous a lui- nienne, accablée par une grande quantité de traits, fut
môme appris que la lourde armure des légionnaires fut battue dès le premier engagement. On fut tellement sa-

' Aelian. Var. hist. IX, 13 ; Artemid. Oneirocr. 1, clxot. — 10 Trucul. I, I, xiiii g [eminae] m [arliac] v [ictricis] ». — * Brambach, Corp. insc. rhénan. 1068;
35. Muratori, SOI, 8. — * Amm. XIV, M, 21 ; XV, 5, 6 j XXVII, 2, 6. — 6 Veg. II. 7.
ARMATURA. ' Cic. Ad fam. VII, 1. ■ Armatura varia peditus et cquitatus ; > Id. — 7 Veg. II, 15. — 8 Veg. 1, 13. — 9 Veg. II. 23. — <0 Veg. II, 14.
Ad AU. VI, 1. « Dejutarus habet cohortes nostra armatura. » — * Caes. B. gall. U, AIIMATUI1A LEVIS. 1 VIII, 8. — « Virg. Aen. VU1, 66S. — s Ling. lat. VII, 58,
10 ; Cic. Philip. X, 6. — * Orelli-Ueazeu, 0794 : ■ C. Juliufl Marinus armatura leg* — * XXVI, 4.
I. 55
ARM — 434 — ARM
tisfait de ce résultat, qu'on se décida à organiser des vé- vert par des archers. Quant à la manœuvre combinée avec
lites dans chacune des légions. Le récit de Tite-Live est la cavalerie, qui avait si bien réussi devant Capoue, elle ne
confirmé par Frontin 1 et par Valère-Maxime 8. pouvait être employée que lorsqu'on avait à exécuter un
Polybe 7 nous apprend qu'on choisissait les citoyens les coup de main, ou à combattre une cavalerie nombreuse ;
plus jeunes et les plus pauvres pour en former le corps on y eut souvent recours dans des circonstances analogues,
des vélites ; puis, après avoir dit qu'il y avait dans chaque et elle resta encore en usage après la suppression des vé
légion 600 triaires, 1,200 princes et 1,200 hastats, il ajoute lites. Jules César16 ayant remarqué qu'un corps de six mille
que le reste de l'infanterie se composait de vélites ; or, cavaliers germains était soutenu par un pareil nombre de
comme dans le chapitre précédent il a écrit cette phrase : fantassins agiles qui le suivaient dans tous ses mouve
« On choisit ensuite les cavaliers pour les joindre aux ments, choisit dans son infanterie légionnaire les soldats
quatre mille deux cents fantassins, » et comme il y avait les plus lestes et les plus jeunes, et les exerça au môme
trois mille hastats, princes ou triaires, nous pouvons en genre de combat ; dans plusieurs circonstances 11 il dut la
conclure qu'il y avait habituellement, de son temps, victoire à l'emploi de cette manœuvre. On a cru générale
1,200 vélites dans chaque légion. Il décrit ensuite l'ar ment que les fantassins dont il est question combattaient
mement de ces derniers 8 : « Les plus jeunes doivent avoir pêle-mêle avec les cavaliers, mais cela n'était pas possible
une épée, des hastes légères, ainsi qu'une parma (bou à cause de l'espace qui était nécessaire à chacun d'eux
clier) de structure solide et assez grande pour les protéger ; pour le maniement des armes de jet dont ils faisaient
elle est de forme ronde et a trois pieds de diamètre. Leur usage : l'étude attentive du récit des guerres de Jules César
tête est couverte d'un casque uni, sur lequel on place une nous a confirmé dans cette opinion. Dans ses Commen
peau de loup ou quelque autre chose de ce genre qui, tout taires sur la guerre des Gaules il dit, en parlant du corps
en les protégeant, constitue une marque particulière qui mixte organisé par Arioviste, que les cavaliers, dès qu'ils
permet à leurs chefs de distinguer ceux qui se conduisent étaient repoussés, se repliaient vers l'infanterie qui se
bien ou mal dans les combats. La haste des vélites a gé hâtait d'accourir pour les protéger. De plus, dans le môme
néralement la hampe longue de deux coudées et grosse ouvrage il raconte qu'il fit partir « d'abord sa cava
comme le doigt : le fer est long d'une palme et tellement lerie, dans les intervalles de laquelle il plaça des auxi
mince et effilé que, dès le premier coup, il plie et les en liaires armés à la légère ; » il dit plus loin 50 : « Les nôtres
nemis ne peuvent renvoyer la haste ; si celle-ci n'était pas arrivèrent sur ce point, rangés en turmes ; » et encore" :
construite ainsi, l'ennemi pourrait s'en servir. » Tite Live9 « Une masse considérable d'infanterie força les nôtres
indique le même armement. Enfin, Polybe dit10 que les à reculer ; l'infanterie légère se porta rapidement à
vélites n'avaient ni centurions, ni porte-enseignes : il dit leur secours, et, se plaçant entre les turmes, commença
en outre que les différents corps, excepté celui des vélites, à combattre avec énergie. »' Enfin, dans le Commentaire
étaient partagés en dix manipules, et que les vélites étaient sur la guerre d'Afrique**, Hirtius donne la relation d'un
répartis en nombre égal entre tous ces manipules ; ils combat avec des détails précis et qui détruisent tous les
formaient trente pelotons, comprenant chacun quarante doutes qu'on pourrait conserver sur cette question. Après
hommes. Ce fractionnement, plus considérable que celui avoir raconté que Labiénus mit en ligne sa cavalerie entre
des autres corps de troupes, s'explique par la nature mêlée de Numides armés à la légère et d'archers à pied, il
même du service de détail qui leur était confié. Ce que dit que cette cavalerie se déploya pour envelopper celle
nous venons de dire est confirmé par le passage suivant de César : ci Celle-ci avait beaucoup de peine à se main
du même auteur 11 : « Le manipule comprend plus de cent tenir contre une si grande multitude. Déjà les deux lignes
hommes, excepté chez les triaires et les vélites. » se mettaient en mouvement pour en venir aux mains,
Ces derniers remplacèrent les rorarii, mais ils ne furent lorsqu'on vit les turmes serrer leurs rangs, puis l'infan
pas comme eux, rangés derrière les triaires ; Polybe nous terie légère des Numides, passant à travers les intervalles,
donne à ce sujet" des détails assez complets, et nous s'élancer en même temps que les cavaliers en lançant leurs
apprend en même temps de quelle manière ils combat traits sur nos légions. Quand les soldats de Jules César les
taient habituellement. On remplissait les intervalles des chargeaient, les cavaliers prenaient la fuite, et l'infanterie
manipules du premier rang (hastats), de vélites qui étaient tenait ferme jusqu'à ce que la cavalerie vînt, par une
chargés d'engager le combat ; quand ils étaient repoussés, nouvelle charge, lui porter secours. »
les plus lestes se retiraient sur les derrières de l'armée en Polybe, dans sa description du camp romain, parle peu
passànt par les intervalles des manipules des trois lignes, des vélites ; il se borne à dire î3 : « Les vélites, qui veillent
et ceux qui étaient serrés de trop près, se groupaient sur pendant le jour sur les retranchements, garnissent toutes
les côtés de ces mêmes manipules. Tite-Live 13 donne les les faces... dix d'entre eux montent la garde à chaque
mêmes détails. Les vélites n'étaient placés entre les ma entrée. » Les vélites, remplissant seuls le rôle réservé
nipules des hastats qu'au moment où l'armée se rangeait à l'infanterie légère, étaient employés dans toutes les
en bataille, et ils n'y restaient que jusqu'à ce qu'elle fût petites opérations de la guerre, ainsi qu'aux patrouilles,
arrivée près de l'ennemi : ils se déployaient alors en reconnaissances, petits postes extérieurs, etc., et ces fonc
avant Dans le Commentaire sur la guerre d'Afrique " on tions les appelaient souvent à sortir du camp : ils devaient
voit, d'après le même principe, le front d'une armée cou- donc être placés près des portes, d'autant mieux que,
» IV, 7, S SB. — 6 II, 3. — ' VI, 11. — 8 VI, 22. — 8 XXXVIII, 21. même plus de clarté a la phrase. Cependant l'autre expression est admissible
— 10 VI, 24. — 11 VI, 33. — " XV, ». — 1» XXX, 33. - Polyb. II, 30; puisque avec elle la phrase reste intelligible; nous croyons d'autant mieux devoir
III, 73 ; Tit Lit. XXXVIII, 21. — 1 C. 13. — 18 Dell. gatl. 1. 48. — " Bell, la conserver, que nous avons trouvé l'expression latine correspondante dans un
gall. VIII, 19 ; Bell. cio. III, 84, cle — 18 I, 48. — 19 VIII, 17. — »» VIII, 18. passade des Commentaires sur la guerre civile [\, 20), et qu'en outre cette ex
— »1 VIII, 19. — » C. 13 et 14. — » VI, 35. Quelques commentateurs ont lu, pression s'y trouve employée dans le même sens : « lpse iis operibns... milites
dans cette phrase, vT.fv.a'. au lieu de iï*.»,p'.rjoi( et cette version semble judicieuse, disponit perpetuis vigilibus stationibusque, ut continuant inler se, atquc onmem
puisque le premier de ces deux mots signifie (/ardent; cette substitution donne munitioncra expleant. ■
ARM — 435 - ARM
destinés à éclairer la marche de l'armée, ils devaient que les postes qui passaient la nuit en dehors du camp
quitter le camp avant elle. Enfin, Polybe dit" qu'on leur étaient fournis par ces troupes. Si cette étymologie était
confiait la garde, non-seulement des entrées, mais en adoptée, elle pourrait servir à expliquer cette autre expres
core de toutes les faces du retranchement : il était na sion employée par Ammien-Marcellin dans le même sens,
turel qu'il en fût ainsi, puisque, en cas d'attaque inopinée, proculcatores, parce que les postes dont nous venons de
les vélites qui n'avaient pas à revêtir une armure, devaient parler étaient placés en avant du camp, pro castris.
être les premiers prêts à la défense. Toutes ces considé Lorsque l'organisation si simple et si admirable de la
rations nous font croire qu'ils campaient dans cet espace légion fut altérée, on créa différents corps d'infanterie
de deux cents pieds qui se trouvait entre les tentes de légère auxquels on donna des noms particuliers suivant
l'armée et le retranchement, et que, dans les places fortes la nature du service auquel on les consacrait ; tels furent
modernes, on appelle chemin de ronde25. Nous croyons les antecessores ou antecursores, les exploratores, les specu-
aussi que, dans les camps où l'armée ne faisait pas un latores, les sagittarn, les funditores, etc. : on arriva même
séjour prolongé, les vélites bivouaquaient, ce qui semble à leur donner simplement les noms des nations chez les
rationnel quand on songe au rôle qui leur était confié. quelles on les recrutait, Baléares, Crétois, Daces, Gètes,
Nous avons été confirmé dans cette opinion en remar Bretons, Palmyréniens, etc. Masquelez.
quant que Polybe ne fait aucune mention à ce sujet et, ARMILAUSA (XppAaûutov). — Vêtement militaire, qui
de plus, qu'il dit qu'un trait lancé par l'ennemi au delà était, d'après Isidore ', fendu et ouvert par devant et par
des retranchements ne pouvait atteindre une tente qu'à derrière, et fermé seulement sur les épaules (in armos tantum
deux cents pieds de'ces derniers, c'est-à-dire au delà du clama, quasi armiclausa) . Cette description resterait peut-
chemin de ronde. Les vélites n'ayant pas de tentes et peu être inintelligible, si l'on ne connaissait par les monuments
ou point de bagages, n'avaient pas de bêtes de somme : de des exemples de surtouts jetés sur les épaules qu'elles cou
plus, ils fournissaient de nombreux détachements pour la vrent, et ouverts par devant : il n'est pas possible de voir
garde des portes, les patrouilles, etc. ; il en résultait qu'ils d'après ces monuments s'ils le sont aussi par derrière. On
devaient occuper un espace beaucoup plus restreint que ne peut donc faire que des conjectures à ce sujet, et nous
celui qu'on accordait aux troupes de ligne, et leur pré ne reproduisons qu'à ce titre un bas-relief du musée du
sence dans le chemin de ronde ne devait pas gêner la cir Louvre*, où l'on voit
culation, ni empêcher d'y placer le butin et le troupeau. (fig. 526) un militaire,
Lorsque Marius réorganisa l'armée, il fit entrer tous les dont le vêtement su
citoyens romains dans l'infanterie de ligne et supprima périeur répond assez
les vélites ; le service de ces derniers fut confié aux con bien aux explications
tingents des nations qui se trouvaient alors sous la domi d'Isidore. Diane porte
nation romaine, et dont l'adresse ou l'agilité étaient un costume de chasse
célèbres : tels étaient les Crétois, les Numides, etc. L'in analogue , dans un
fanterie légère de Jules César et de Pompée î6 était prin bas-relief du même
cipalement composée d'étrangers. musée'. Il est possi
Différents auteurs ont quelquefois désigné tous les corps ble aussi que Varmi-
d'infanterie légère par le mot ferentarii, dont l'emploi re lama fût une espèce
montait aux premiers temps de la nation romaine17, et de sagum*. D'après le
dont l'origine n'a pas été exactement déterminée. On sup Strategicon attribué à
pose généralement qu'il dérive du mot ferre (porter), l'empereur Maurice,
parce que les soldats de l'infanterie légère étaient chargés et qui paraît avoir été
de porter, pendant le combat, des armes de rechange aux rédigé d'après des
soldats de l'infanterie de ligne ; c'est sans doute ainsi que sources plus ancien Fig. 526. Vêtement militaire.
le comprenait Plaute, qui aimait à employer des méta nes5, c'était une sorte
phores militaires, quand il appelait ferentarius amicus™ un de tunique descendant jusqu'aux genoux. Elle était rouge,
ami réel toujours disposé à rendre service, à porter se s'il fallait s'en rapporter à un passage de saint Paulin de
cours, à donner ce dont on a besoin. L'opinion que nous Noie6; mais il y en avait aussi d'autres couleurs7. E. Saglio.
émettons est corroborée par ce que dit Pestus sur le même Alt.M MXA (WAaiov, y^XiSciv, bracelet). — I. Les bracelets,
sujet : « Ferentarii, a ferendo auxilio. » Cette dénomina ou, d'une manière plus générale, les anneaux portés, soit
tion fut souvent remplacée par celles-ci, armatura levis™ aux bras, soit aux jambes, sont au nombre des ornements
et levia arma : mais il faut remarquer que la dernière s'ap qu'on trouve le plus anciennement en usage chez tous les
pliquait seulement aux troupes auxiliaires et non pas aux peuples. Les témoignages écrits s'accordent avec les mo
vélites ; un passage de Tite-Live le prouve30. numents pour nous montrer que les femmes grecques de
Végèce appelle quelquefois les troupes légères exculca- tous temps et de toutes conditions en portèrent. Homère
tores; Ducange, dans son Glossaire, fait dériver ce mot les mentionne comme faisant partie de la parure de
de culcare (coucher), qui était d'origine barbare, parce Vénus 1 ; il les appelle ê'Xixaç, et ce nom convient bien à

I* L. c. 1. — î5 Nous avons adopté celte opinion avec d'autant plus de confiance, 7, 10; Bell, eiv. III, 4. — « Varro, Ling. lat. VII, 57. — »8 Trinummus, II, 4.
que nous avons remarqué que Polybe semble réserver toujours le mot <TtpaTor.tîeia — 59 Tit.-Liv. XLIV, 4 ; Caes. Bell. gall. VIII, 17 et alibi. — 30 XLII, 65 : . Ipse.
(camp) pour désigner l'espace occupé par les troupes ; qu'en outre, lorsqu'il parle velitibus ad firmanda levium armorum auxilia adjeclis, ad tumultum praecedil. »
(VI, 31} du chemin de ronde, il le désigne par le mot hnçdntuc (surface), et qu'enfin ARMILAUSA. » XIX, ïï, Î8. — » Clarac, Mus. de se. — » Ib. pl. an, 63 ;
dans la phrase dont nous parlons maintenant, il désigne par le même mot rem voy. aussi Mus. Bresciauo, I, pl. lu. — * Isid. in Glossis : Armilausa capulare
placement assigné aux vélites. Dès lors, nous nous jugeons autorisé à croire que monachorum. — 5 Du Cange, Olossar. — 6 Ep. iî, 1 ; cf. id. 17, 1 ; Saumaise, Trcb.
quand Polybe a employé l'expression surface extérieure, il a voulu désigner le Poil. Claud. p. 357, Paris, 1 .20. — 7 Schol. Juvcn. V, 43.
chemin de ronde qui était extérieur au camp proprement dit. — M Bell. gall. Il, A11M1L1. V.I /(.\ VIII, 401 ;Hymn. inXen. 87 et 163; cf. East.Ad Odyss. XVUI,IM.
ARM — 436 — ARM
la forme d'une spirale ou d'un serpent enroulé qu'ont les termine à ses deux extrémités par une virole décorée d'oves
bracelets que l'on voit au bras des femmes sur un très- en émail bleu et de filigranes, d'où se dégage le corps d'un
grand nombre de vases peints, de statues et d'autres mo sphinx, les ailes déployées, les pattes en avant; les griffes
numents; les bracelets qui avaient l'apparence d'un ruban tiennent un nœud en fil d'or. L'autre 7 (fig. 529) consiste
ou d'un serpent, faisant autour du bras un ou plusieurs en un anneau à jour
tours, furent en faveur pendant toute l'antiquité. Nous en formé de gros fils
reproduisons un (tig. 327), trouvé à Pompéi.qui appartient d'or forgés. Une pla
au musée de Naples, que carrée y lient
et l'on pourrait en au moyen de char
citer une multitude nières ; elle se com
d'exemples5. De là les pose d'une feuille
noms de &p£i; et Spâ- d'or offrant huit
xovte;, qui désignent fois figurée au re -
souvent les bracelets*. poussé , la partie
Ceux qui consistaient antérieure d'un lion
en un simple cercle couché. Cette pla
plat ou cylindrique, que est ornée de Fig. 529. Bracelet d'or et de grenats de travail grec.
ou en un fil plus ou neuf grenats mon
Fig. 5Î7. Bracelet d'or trouvé à Pompéi. moins épais de métal, tés en chaton. La plaque est en outre ornée de fleurs en
furent sans doute en- forme de campanule. Chacune des charnières est bordée
core plus communs. Il en existe en bronze, en or, en de petits grenats. Un autre bracelet, trouvé 8 dans le tom
argent dans la plupart des musées ; beaucoup appartien beau du roi est formé d'une large bande d'or, sur laquelle
nent aux temps les plus anciens de la Grèce et de l'Italie : se détachent des fleurons et des figures en relief représen
ils sont pleins ou creux; quelquefois le cercle est inter tant des sujets mythologiques. Plusieurs bracelets trouvés
rompu *, et le bracelet devait adhérer au bras par la simple en Crimée sont formés de chaînons, de mailles d'un simple
pression ; ou bien le bracelet consiste en deux segments fil et garnis d'un fermoir.
creux, dont les extrémités sont de grosseur inégale, la Les bracelets de travail grec trouvés dans la tombe d'un
plus mince pénétrant dans la plus large 6.Kle sont là des roi barbare ne doivent pas donner à penser que des bijoux
formes très-simples qui n'appartiennent exclusivement ni semblables fussent en Grèce généralement à l'usage des
aux Grecs, ni aux Etrusques, ni aux Romains. hommes 9. Si l'on rencontre des personnages ainsi parés
Nous pouvons nous faire une idée du goût et de la va dans les monuments, c'est qu'on y a voulu marquer le luxe
riété de ces bijoux chez les Grecs, par ceux que des décou exagéré ou le caractère efféminé de ceux qui les portent.
vertes, presque toutes assez récentes, ont fait entrer dans Au contraire, la plupart des femmes en avaient, quelque
les collections. fois aux deux bras ,0, et souvent deux au môme bras, l'un
La galerie de au poignet, l'autre entre l'épaule et le
l'Ermitage , à coude ". Pour les anneaux qui entou
Saint - Péters - raient la jambe au-dessus de la cheville
bourg, à la fpEMSCELiDEs] et dont nous n'avons pas
quelle sont em à parler ici, nous dirons seulement que
pruntées les fi ce genre de parure n'était pas, comme
gures 528 et 529 on l'a prétendu, abandonné aux seules
est, grâce aux courtisanes, mais qu'il fut adopté pro
fouilles faites bablement partout où avaient pénétré
dans l'ancien le luxe et les mœurs de l'Orient, comme
Bosphore Cim- on le vit aussi en Italie. Toutes ces sortes
mérien, parti d'anneaux sont réunies sur une même
culièrement ri figure, dans diverses peintures dePompéi.
che en bijoux Nous en reproduisons une (fig. 530) 13 où
des meilleurs l'on voit un adolescent (Adonis peut-
Fig.e 523. Bracelet d'or de travail Krec.
e .
temps » i»1 art.
de être, ou une autre divinité d'un mythe
hellénique. Les deux bracelets ici reproduits ont été trouvés solaire) qui en porte aux deux jambes, Fig. 530.
l'un et l'autre dans un tombeau de Koul-Oha, qui a été aux deux bras et aux deux poignets.
reconnu pour être celui d'un roi et d'une reine de la Cher- Parmi les noms qui servaient chez les Grecs à désigner
sonnèse.du iv* siècle avant J.-C. Ils sont en or. Le premier les diverses sortes de bracelets, quelques-uns, comme
(il y en a deux pareils) ' consiste en une torsade qui se ceux deôsi;, i'XtÇ, é/.ivoî, etc., ont rapport à la forme de ces

1 Mus. B*rb. VII, pl. xlvi ; XII, pl. xliv ; Niccolini, Case di Pomp. Descr. gén, xiv, 4. Il y en a aussi deux pareils. — 8 XIII, 2; Voy. aussi Dubois de Hontpéreux,
pl. xxxvi ; Ant. du Bosphore, pl. lu, xrv ; Afin. d. fnst. 1841, tav. c, 8 ; Arneth, fiold Voyage au Caucase, Atlas; sér. IV, pl. xx, fig. 4. — 9 Les Saraiens en portaient,
uni! Silbermon. G. IX, 1 10,ete. Outre les objets eux-mêmes, nous citerons seulement Athen. XII, p. 525 c, et probablement les habitiints de beaucoup de villes de la Grèce
parmi les autres monuments la célèbre statue qui représente Ariadne endormie : le asiatique. — 10 Voy., par exemple, Milliu, Peint, de vas. ant. I, pl. l ; II, pl. LTll ;
serpent qu'elle porte au bras l'a fait longtemps désigner sous le nom de Cléopàlre. Vas. d'Hamilton, II, pl. xxxv ; Galer. di Firenze, sér. IV, pl. XL. — 11 C'est ainsi
Voy. à ce sujet Winckelmaun, Gesehichte der Kunst, t. V, 56, et VI. 222 des Œuvres ■ que Minerve elle-même est représentée: Mi llin, Monum. inéd. II, pl. xlix. — Dans
Viseonti, Mus. l'io-Clem. II, 44 ; Baoul-Rochette, Monum. inéd. p 46. — ' Pol- le roman de Longus, Past., 5, des periscelidfs se trouvent parmi les bijoux qui doi
lux, V, 99 ; Hesjcta. j. v. ift; ; Lucian. Amor. 41 : Clem. Alex. Pacday. II, 12, p. 209. vent faire reconnaître à Lesbos une enfant de bonne uaissanec. — 1' llelbig, WâJtti,
— * Ant. du Bosph. pl. xiv, S. — » 1b. 1 « Ant. du Uosph. pl. un, 1 1/4. pl. yemàlde der von Vesuo verschùtteten Stàdte, n. 967, pl. xi.
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ornements, d'autres à la manière dont ils étaient portés. souvent des pendeloques ou des bulles [bulla] sont atta
On distinguait principalement ceux qui se plaçaient sur le chées au cercle, comme on le voit sur le beau miroir (fig. 53 1)
poignet (itcptxâpwta) et ceux qui entouraient le bras (■xta- où sont représentés
6pa-/tôvia) '*. De môme, en latin, on eut plusieurs désigna Bacchus et sa mère Sé-
tions pour ces bijoux, dont ai'milla était le nom commun : mélé **. Deux bracelets
brachiale ou torques brachialà et spinter s'appliquaient plus étrusques de caractères
particulièrement à ceux qui se portaient à l'avant-bras 15 ; différents sont ici re
le dernier nom aurait été même proprement, d'après Fes- produits. L'un(flg. 532),
tus celui du bracelet placé au bras gauche, dextroche- qui a appartenu succes
rium et dextrale étant les noms réservés à ceux de la main sivement aux collec
et du bras droits ". On trouve le mot spatalium également tions Fejervary et Louis
employé pour des bracelets portés au bras ou au poignet18. Fould **, a été trouvé
Des bracelets ne furent portés, à Rome, qu'exception dans un tombeau de
nellement par des hommes. L'exemple de Trimalchion, l'antique Tarquinii; les
dans le Satyricon de Pétrone, est celui d'un parvenu qui se méandres et les ligures
rend ridicule par l'étalage de ses richesses ; mais on voit barbares tracées d'un
que des empereurs, comme Caligula, Néron, Héliogabale, côté en points granu
en eurent aussi19; les bracelets donnés comme récompense lés, et surtout les ani
à des militaires doivent être mis à part (voy. le § II). Ces maux fantastiques, les
exceptions prouvent cependant qu'un pareil luxe dans la palmettes , les crois
parure, désapprouvé par les gens de goût, avait pu être d'un sants, etc., gravés au
usage plus général : c'est ce que l'on peut conjecturer aussi revers, sont empreints
d'après les dimensions, le poids et la façon de certains du caractère asiatique
bracelets en bronze, en fer, en or, même encore subsis que l'on remarque si
tants, qui pourraient difficilement avoir été à l'usage des souventdansles œuvres
femmes, et enfin d'après ce que l'on sait des habitudes de de l'art étrusque d'un
plusieurs anciens peuples de l'Italie. Tite-Live dit*0 dans style très-ancien. L'au
les termes les plus précis, en racontant la trahison de tre " appartient à la
Tarpeia, que les Sabins avaient coutume d'avoir au bras plus brillante période
gauche des anneaux d'or très-pesants. Ils ne possédaient de l'orfèvrerie étrusque
point d'or dans leur pays, et l'on peut croire que ces (fig. 533) et se compose
objets leur venaient des Étrusques, dont le goût pour les de plaques réunies par
riches ornements est connu. des charnières et ornées
Pour ceux-ci les preuves abondent, non-seulement on de rosaces, de fleurs et Fig. 532. Bracelets étrusques. Fig. 533.
possède encore de nombreux bracelets de toutes matières, d'autres dessins en granulé et en cordelé, mêlés de pâtes
qui leur ont appartenu et qui sont remarquables par la de verre. On a trouvé
façon, mais en aussi dans les tombes
core on voit étrusques des brace
par les figures lets funéraires, faits,
sculptées sur comme beaucoup
leurs tombeaux d'autres bijoux qui
ou gravées sur étaient destinés à la
leurs miroirs , parure des morts, de
leurs cistes, etc. feuilles d'or légères et
que les hom présentant peu de ré
mes u , aussi sistance *.
bien que les Nous n'en décrirons
femmes, en por pas d'autre forme ;
taient à l'un et nous signalerons seu
à l'autre bras, lement encore le goût
,, , . Fig 534. Bracelet romain avec médailles enchâssées.
Fig. 581. Bracelets étrusques avec bulles suspendues. au poignet, au- que 1 on eut chez les
dessous ou au- Romains, sous l'empire, pour les médailles montées en
dessus du coude, à l'avant-bras et quelquefois touchant bijou. On en voit dans le cabinet de Vienne M un beau
l'épaule. La forme de serpent est, avec l'anneau simple, une spécimen (fig. 534). Les dimensions (ici réduites de près de
de celles qu'on rencontre chez eux le plus fréquemment; moitié), prouvent qu'il devait être porté au haut du bras.

1* Voici l'énumération de Pollux, V, 99 : Tà Si -rot; ;;-.*/■-.-,3; «tpifyagiôvia xal — 18 Plin. Hist. nat. XIII, 52; Tcrtull. De cultu fera. U, 13 ; Hiibncr, l. I. p. 347,
Bpajriyyia, itipi Si Tûy; xaproy; Tilplxàfir.a xai Ir.lvooç xal àuçlo(a{ xal ooti; xai «lAXta y.ai 353, 355 ; Corp. inscr. lat. II, 2060 - 1» Petr. Sal. 32 ; Suet. Calig. 52 ; Nero,
/Xiftûya; xai fïs'jSâïia, wy îyta, xal toï; mpl tov; lïôoa;, (làÀtara Si ta; a;xsio£aç xal tovç 30; Herodian. V, 5, 4. — «0 Tit.-Liv. II, U. — « Monum. ined. d. Inst. arch.
yXiîwya; lîtw; Si Ta fllp'i 10Ï; iwai, etc. Hesych. II, p. 737. Alb. : 'OxxaSoi Tà refi VUI, pl. ix ; Gerhard, EtriXsk. Spiegel. pl. lxxxiu, cxvu, clxix, ccxxvll, ccxxix,
T5v ppajftoya iïW.ia ; et p. 502 : Ayyaia Ta lïipi Tat; xlPff^ "l'Héla. — * Fest. p. 258 ccxcvm et s. ; Micali, Monum. ined. XXVI. — 81 Etr. Spiegel, pl. lxxxiu, cliix,
f.ind. ; Treb. Poil. Claud. 14, 5; Vopisc. Awel. 7; Ambrosius, Bp. I, 10, 9, cité cccxix, etc. — -')•;. Braun, in Ann. d. Insi. arch. 1854, pl. xxxm, p. 112;
par Hùbner, in Hermès, I (1866), p. 353. — 18 L. I. — " Capilolin. Maxim, duo, Chabouillel, Collect. L. Fould, a. 1137. — •* Catal. des bijoux du musée
6, et Casaubon, ad h. L; Maxim, imp. in fine; Isid. Gloss. IV, p. 1347 Mtgne ; Napol. III, n. 344 ; Gazette des Beaux-arts, 1863, pl. hors texte. — s» Catal. des
Cypriaii. Habit, virg. passim; Ambrosius, De passion. Agnetis; Uid. XIX, 31. bij. du Musée Map. III, p. 102. — •* Arneth. Gold und Silbermon pl. G. xi.
ARM — 438 — ARN
11 est d'or, entièrement à jour; les médailles sont aux Le mot armilla est quelquefois accompagné de l'épithête
effigies de Marc-Àurèle, de Caracalla, de Gordien III et de aurea ce qui prouve que les bracelets militaires n'étaient
Claude le Gothique. Un joli bracelet trouvé en Épire" est qu'exceptionnellement en or. Probablement ces décora
entièrement composé de monnaies de Mitylène imitées à tions étaient habituellement en argent, comme celles que
l'époque romaine ; des petits grenats, placés entre elles reçurent les cavaliers à Aquilonia, et comme les phalèrcs
deux à deux, servent de monture. On sait, quoiqu'il ne trouvées à Lauerforst [v. phalerae].
soit pas fréquent d'en rencontrer, que les bracelets étaient Les monuments nous font connaître la forme de Var-
souvent ornés de pierres précieuses*8. Toutes les matières, milla. Sur un bas-re
l'or, l'argent, le bronze, le fer, l'ivoire, l'ambre, le corail, lief ornant la pierre
les pâtes, le verre, etc., ont été d'ailleurs employées dans tombale de Cn. Mu-
la fabrication des bracelets. Ces dernières matières l'ont sius, aquilifer de la
été souvent sous forme de perles ou de cylindres [cylin- légion XllIP Gemina,
drus] enfilés. Pline ** parle de bracelets creux où l'on en à Mayence, le bracelet
fermait une substance servant de remède, d'amulette, etc. est formé par trois
E. Saglio. spires s'enroulant au
II. Décoration militaire. Bracelet que les soldats ro tour du poignet droi t38.
mains recevaient comme récompense, de leur général, et Le buste de Manius
plus tard de l'empereur. On l'appelait aussi calbeus ou Caelius, centurion de
galbeus. Les Romains empruntèrent peut-être l'usage de la xviii0 légion, mort
cette décoration aux Sabins qui, selon Tite-Live, aimaient dans la guerre où suc
à se parer, au bras gauche, de bracelets d'or très-pesants30. comba Varus , nous
Suivant Festus" et Zonaras 3!, les généraux vainqueurs montre Yarmilla sous
portaient des bracelets à leur entrée dans Home, lors de forme d'une large Fig. 5,36. Centurion décoré de bracelets.
la pompe triomphale. Les monuments connus ne servent lame roulée autour
pas à confirmer leur témoignage. Ni Titus ni Marc-Aurèle du poignet et fermée par trois clous. Le personnage en
n'ont de bracelets sur les représentations sculptées de porte une à chaque bras 39. C. de la Berge.
leurs triomphes : mais, au n8 siècle, les armillae étaient III. Le même nom, par extension, a été appliqué à d'au
réservées aux soldats et aux centurions ; les officiers su tres objets de même forme. Ainsi Vitruve 10 appelle ormitta
périeurs n'en recevaient pas [dona militaria]. Après la un anneau de fer fixé à la tête d'une poutre pour l'empê
prise d'Aquilonia (461 de R. — 293 av. J.-C), le consul cher d'éclater ; et Caton des cercles employés dans la
Papirius donna des bracelets et des couronnes d'or à tous construction d'un pressoir. E. S.
les centurions, ainsi qu'au ma ARMILLUM. — Vase servant à contenir du vin, sorte
nipule d'hastati qui s'était le d'urceolus [urceus], d'après Varron1. Ce nom est surtout
plus distingué par sa valeur. connu par un proverbe : anus ad armillum * (la vieille re
Les cavaliers reçurent des cor- tourne à la bouteille).
nicula (c'étaient peut-être des \Jarmillum était au nombre des vases dont on se servait
ornements de casque) et des dans les cérémonies du culte3. E. S.
bracelets d'argent3'. ARMILUSTRIUM. — Fête célébrée chaque année, à
Un même individu pouvait Rome, le 19 octobre1, pour la purification des armes*.
recevoir un très-grand nombre Les citoyens se rendaient portant des armes (Varron
de ces décorations. Licinius nomme les ancilia 3), à une place, qui était aussi nommée
Dentatus s* en avait reçu cent Armilustrium, sur le mont Aventin, non loin du Lau-
soixante **, ce qui n'est expli retum \ Là ils sacrifiaient au son des trompettes8. E. S.
cable que si l'on admet qu'on ARMORUM CUSTOS. — Cette qualification n'est connue
lui en avait donné plusieurs que par les inscriptions 1 : il est probable que celui qu'elle
pour une seule action. désigne remplissait des fonctions analogues à celles des
D'après Pline, cette récom officiers d'armement de nos régiments, c'est-à-dire qu'il
pense militaire était réservée s'occupait des approvisionnements d'armes, de leur trans
aux Romains, aussi bien que port, de leur distribution, de leur réparation, de la sur
Fie;. 535. Porte-aigle décoré d'uu les couronnes 3e. Les auxiliaires veillance ainsi que de la direction des ateliers militaires
bracelet.
avaient d'autres distinctions. (fabriciae, officinae), et enfin de la comptabilité de l'ar
Sous l'empire, les armillae forment avec les phalerae et les mement, car on sait que le soldat romain payait ses
torques, les dona minora généralement réservés aux centu armes s. Masquelez.
rions, sous-officiers et simples soldats. ARiMS ("Apvtç, àpvr,îç). — Fête expiatoire célébrée à

" De Wittc, Antiq. apportées de Grèce par M. Lcnnrmant, 1866, p. 20. — S' Vet. II, 1871, p. 119 et s.; Hiibner, Ornamenta muliebria, in /fermés, I, 1866, p. 3bJ.
inlcrp. Juven. IX ; Capitolin. Maxim. Jun. — S9 JJ. nat. XXVIII, 9, I ; 47, 5. ARMILLUM. 1 Ap. Non. p. 638; Quicheiat, 547, Mercier. — » Lucil. Ap. Non.
— SO Tit-.-Liï. F, S. — 'l S. V. Galbeus. — >î Zon. VII, SI. — 83 Tit.-Liv. X, 14. p. 74 ; Apul. Metam. VI, p. 532 ; IX, p. 230. — 5 Paul Diac. p. 2 Lind.
— » A. Gcll. Ifoct. att. II, 11. — H Plin. Ilist. nat. VII, 17. — S" llitt. nal. ARMILUSTRIUM. 1 Fait. Maff. et Amit. XIV, Kal. Nov.; Mommsen, Insc. lut.
XXXIII, î. — >7 Vopisc. Prob. 2; Orelli, Discript. 3571. — !» Liudcnschmidl, ant. p. 404, 19 oct. — * Gloss. vet. ; Armilustrium, oiùoiciôafjjii;, oiïWxaGawra ;
Alterthumer uns. heidn. Vorzeit, IV, pl. 6. — M Ib. VI, pl. 5. — W X, 6. Iltischkc, Dus aile rôm. Jahr, Breslau, IS69, p. 173, 355, 363. — 3 Varr. De li»ij.
— M Jtes rust. 21, 4. — Bibliogkaphib. Bartholinus, De armillis veterum se/tedion, lut. VI, iî ; Charisma, p. 62 Putsch. — » Varr. /. I. et 11, 153 j Tit.-Liv. XXVII, 37;
Amsterdam, 1676 ; Bôtliger, Kleine Schriften, III, p. 28, 54; Gerhard et Fanofka, Plut. Itom. 21 ; cf. Beckcr, Handb. d. rùm. Alterthûmer, I, p. 450. — » Paul Diao.
Neapels aatike Bildwerke, I, p. 436 et s. ; Antiq. du Bosphore Cimmcrien au Armilustrium, p. 16 Lind.
musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg, pl. un, xiv; Catalog. des bijoux du musée ARMORUM CUSTOS. • Gruler, 518, 5; 563, 11 ; Kellermann, 106, 3, 3, 117.
Sapoléon III, Paris, 1862, p. 99 et ». ; Friedrichs, Berlins antike Bildwerke, — » Pol. VI, 39 ; Tac. A7»l. 1, 17 ; Tit.-Liv. XLII, 52.
ARN — 439 — ARO
Argos, dont l'origine est expliquée par des récits de Gonon On voit (fig. 537) sur un vase peint, découvert à Chiusi
et de Pausanias1, différents seulement en quelques points. en 1830 *, Grotopus revenant de son exil volontaire, tenant
On disait que Psamathé, fille du roi d'Argos Grotopus, encore en main le bâton de voyageur. 11 reçoit de la Vic
ayant eu d'Apollon un fils, Linus, avait été mise à mort toire la couronne pour prix de son dévouement et ordonne
par son père, et que l'enfant, exposé et recueilli par un d'immoler un chien à Apollon. Le dieu qui envoie la peste
berger, avait été déchiré par les chiens. Apollon irrité en et qui est en même temps le dieu sauveur et purificateur
voya une peste aux Argiens, ou, suivant la tradition re [apollo] étend le rameau lustral au-dessus de l'éphèbe qui
cueillie par Pausanias, Poinè (Ilotvvj), monstre qui person saisit l'animal destiné au sacrifice. E. Saglio.
nifie la maladie pestilentielle *. Il commanda à ceux qui AROTOI HIEROI ('ApoToi îtpot). — Ce nom, qui signifie
l'imploraient d'apaiser Psamathé et Linus. « On envoya, les labours sacrés, désignait trois cérémonies qui avaient
dit Conon, les femmes et les jeunes filles pleurer Linus. lieu dans l'Attique la première à Sciros, près d'Athènes,
Celles-ci, joignant à leurs supplications des larmes, dé en commémoration des premières semailles que l'on eût
ploraient non-seulement Linus, mais encore leurs pro faites ; la seconde dans le champ rharien, voisin d'Eleusis,
pres infortunes... Le mois fut appelé 'Apvsio';' (le mois où, d'après la tradition éleusinienne, on avait pour la pre
des brebis), parce que Linus avait été élevé au milieu des mière fois récolté de l'orge *; la troisième à Athènes
brebis. On institua un sacrifice et une fête nommée la même, dans un champ situé au bas de l'acropole 8, où
fôte des brebis ("Apvtç) ; en ce jour on tue tous les chiens poussait le grain destiné au culte d'Athéné et probable
qu'on peut rencontrer. Mais le mal ne cessa que quand ment aussi à celui de Zeus Polieus*. La dernière était plus
Grotopus, d'après l'ordre de l'oracle, eut quitté Argos proprement appelée pouï^tov ou oporoç pou^wç *• On disait
pour aller fonder une ville dans la Mégaride ; il la nomma que le héros Buzygès, dont le nom veut dire celui qui lie les
Tripodiscium et s'y fixa. » Dans le récit de Pausanias, c'est bœufs, avait le premier cultivé ce champ. Avant de devenir
un jeune homme appelé Coroebus qui délivre Argos en le nom d'un héros national, instituteur de l'agriculture, et
tuant le monstre Poinè, et pour expier le meurtre s'exile d'une famille sacerdotale, qui prétendait descendre de lui et
d'Argos et va fonder Tripodiscium. dont les membres étaient chargés de l'opération des apotoi
Stace*, développant en vers ces récits, parle de la rage
des chiens (dira canum rabies) qui avaient mis en pièces le
jeune Linus, et d'après Athénée, qui appelle la fête célé
brée par les Argiens Kuvo^ôvtiî (massacre des chiens), cette
fête avait lieu pendant les jours caniculaires 8 : c'est l'épo
que où les cérémonies de divers cultes rappelaient la vie
partout détruite ou menacée par les feux du soleil [adonis,
linus, hyacinthia]. On peut donc considérer6 la fête dans
laquelle on tuait les chiens comme une de ces fêtes an
ciennes de l'été, qui avait plus particulièrement rapport,
à Argos, à l'influence de Sirius, l'astre caniculaire. Peut-
être s'appelait-elle "Apviç, parce que les Argiens s'efforçaient
alors d'apaiser par leurs sacrifices Apollon Kapvsïo;, le dieu
du soleil, qui est en même temps le dieu des troupeaux,
afin qu'il épargnât leurs brebis. Il est à remarquer que Fig. 538. Les Buzyges.
c'est aussi au mois d'août que les Romains sacrifiaient des îspol et du soin des bœufs qu'on y employait à Athènes et à
chiens, pour détourner les effets de la rage à laquelle ces Êleusis 6, BouÇôyYiç était un surnom d'Athéné, qui fut d'a
bord dans l'Attique une déesse de la production et des se
mences, l'inventrice de la charrue 7 [minerva], et dont le
culte se mêla plus tard à celui de Démétèr d'Eleusis, et
peut-être avec la fête qu'on appelait proerosia 8. Les trois
localités où les Buzyges labouraient et semaient étaient assez
voisines pour être visitées le même jour; peut-être s'y
rendait-on en procession et les trois cérémonies n'étaient-
elles que trois actes successifs de la même fête. On a
découvert à Athènes une frise sur laquelle est sculpté un
calendrier; les mois sont caractérisés par les signes du
Fig. 537. Sacrifice du chien. zodiaque, entre lesquels des figures représentent les fêtes
animaux sont sujets à ce moment de l'année, ou l'influence célébrées aux diverses époques de l'année 9 : on y voit,
funeste de l'étoile de la canicule. entre le Scorpion et le Sagittaire (fig. 538), les Buzyges;

AHMS. 1 Conon. Narrât. 19 ; Pans. I, 43, 7. — * Sicbelis ad Paus. /. AROTOI HIEROI. 1 Plut. Praee. conj. 4i, p. 144. — > Paus. 1, 38, 6. — » Voy.
— 8 II y a un rapport certain entre ce nom et celui de Kagvtîo; qui est un sur sur ce point, Ch. Petcrsen, in Arch. Zeitung, 1S52, p. 410 et s. — * Plut. Sylla, 13 ;
nom d'Apollon Nô;uo; ou pasteur : Lobeck, Patholog. serm. gr. I, p. 108 ; Welckrr, Preller, Démette und Perseph. p. 293 ; Philolof/us, XIX, p. 360 ; Vischcr, in Aen.
Griech. Gôtlerlehre, I, p. 471. — » Theb. I, 570 et s.; Lactant. Ad h. 1. — » 111, Schweis. A/us. III, p. 47 ; O. Jahn, in Nuoee mem. d. Inst. areh. 1865, p. 5.
p. 92 e ; Élien, Bist. an. 12, 34, appelle ces jours ipipi AfvqfYi;. — 9 Larcher, — » Besycb. rmrtrni\ Scn. Ad Georg. I, 19 ; Schol. Hom. /(. XVIII, 483. — « Poil.
Mêm. sur quelques files, dans les Mém. de l'Aead. des inscr. t. XLVIII, p. Ï92 ; VIII, 111 ; Suid. Bccker, Anecd. gr. p. 449 ; Aristid. III, p. 473, 25, éd. Dindorf;
Bergk, fteitràge tu griech. Afonatskunde, p. 10 ; de WUte, Bulletin de l'Athenxum Bossler, De gent. sacerdot. p. Il et s. ; O. Mûller, KL Schrift. Il, 156. — 7 Preller,
français, 1855, p. 3 ; Sauppe, Die Mysterienmschrift. von Andania, p. 45. — 7 Scry. I. t. p. 292 et 391 ; Id. Griech. Myth. I, p. 169,3» éd. ; A. Maury, II. h,,, de la
Ad Aen. VIII, 652 ; Aclian. I. I.; Plin. H st. nat. XXIX, 4, 14 ; Lydus, De mens. Grèce, t. Il, p. 209. — * Preller,/. I. ; Aug. Mommsen, ffeortologie, p. 76, 21o ei s.
III, 40. — 'De Witte, l. ; N. Desvcrgcrs, L'Étrurie et les Étrusques, dix ans de — 9 Le Bas, Voyage archéol. en Grèce, monuments ligures, pl. m, ixll ; C Botli-
fouilles, allas, pl. TU, cher, in Philologus, XXII, p. 385 et
ARR — 440 - ARR
l'un d'eux laboure, l'autre sème : ainsi se trouve fixée au arrhes devaient être rendues Mais celui qui refusait sans
mois de Maimakterion (novembre -décembre) la date motif légitime de conclure le mariage, perdait le quadruple
jusqu'alors ignorée des àporot îepoî. E. Saglio. des arrhes. Gela fut réduit au simple par les mêmes empe
ARQUITES, archer [sagittarius]. reurs pour les parents qui avaient fiancé la fille avant l'âge
ARRA('A^aêù)v). — I. Les arrhes, dont l'invention paraît de dix ans". Sous Léon et Anthémius, la peine fut fixée au
devoir être attribuée aux peuples de race sémitique 1 qui double, sauf stipulation formelle La mineure de vingt-
firent les premiers le commerce entre les côtes de la Mé cinq ans ne remboursait que les arrhes reçues Il ne faut
diterranée, consistaient, chez les Grecs, en une somme pas confondre Yarrha sponsaliorum nomine data avec les
d'argent proportionnée à la valeur de l'objet du contrat. présents entre fiancés (sponsalitia), autrefois irrévocables
Dès que les arrhes avaient été librement données et re chez les Romains 1S, institution modifiée ensuite en 336 par
çues, le contrat était parfait (xûptov) et produisait tous ses Constantin 16 [osculum], puis remplacée elle-même en
effets, bien que chaque partie eût encore le droit, tant Orient par les donations ante nuptias,zt sous Justinien par
qu'elle ne l'avait pas exécuté, de le résoudre et de se dédire les donations propter nuptias [donatio, dos]. G. Humbert.
en perdant ses arrhes. III. Une pièce de plomb, dont on connaît plusieurs
Les arrhes étaient surtout usitées dans les ventes, exemplaires indique un usage particulier du mot arra.
c'était l'acheteur qui les payait au vendeur en avance sur Elle porte au droit (fig. 539) une tête de femme avec les
le prix. S'il venait ensuite à se dédire, les arrhes restaient sigles c s, au revers quatre osselets [tali]
acquises au vendeur comme indemnité ; si c'était le ven avec ces mots : qui lumt arram det ouon
deur qui se départît du contrat, la loi l'obligeait à payer satis su (que celui qui joue donne une
à l'acheteur la valeur de la chose vendue, c'est-à-dire à arrhe suffisante). Cette arrhe, était-ce
racheter en quelque sorte cette chose2. P. Gide. une mise, un enjeu? et l'avis est-il une
II. Arra, arrha ou arrhabo était en droit romain une de ces sentences générales comme on
certaine somme ou valeur remise par l'une des parties à en lit sur un assez grand nombre de
. ,i , . .. r -, , Fig, 539. Jeton de jeu.
l'autre, dans un contrat, comme gage de sa foi. Aussi tables à jeu antiques [tabula], gravée
cette expression fut-elle parfois employée improprement cette fois sur les jetons qui servaient à marquer les points?
pour désigner un gage [pignus] 3. Cela est possible. Peut-être aussi doit-on entendre par arra
En matière de vente [kmptio venditio], les arrhes in une entrée à donner au maître d'une maison de jeu, et le
diquaient, dans le droit romain classique, c'est-à-dire au jeton servait-il de contre-marque 18. E. S.
temps de Gaius, que le contrat était parfait 4. Si les arrhes ARRHEPHORIA (A^ritpôpia). — Fêle athénienne qui
consistaient dans une somme d'argent, on les considérait tombait dans le mois de Scirophorion (juin) '. Elle se rat
comme un à-compte sur le prix, payé par l'acheteur; tachait, d'une part, à la fête des Scirophories, de l'autre,
quand il avait livré un anneau, il pouvait, après paiement à' celle des Panathénées [skirophoria, panathenaea]. Qua
du prix, réclamer cet objet \ Justinien modifia les règles tre jeunes filles de sept à onze ans étaient choisies cha
de la matière'; il décida que les arrhes dans la vente que année, dans les familles les plus nobles s,par l'archonte-
à rédiger par écrit auraient pour effet de fortifier la con roi. Ces jeunes filles, appelées arrhéphores, errhépkores ou
vention. En effet, celle-ci ne devant être parfaite que par erséphores (à^riipôpot, ijS^çôpoi, lp«]tpo'poi *), demeuraient
la signature, chacune des parties pourrait s'en départir pendant plusieurs mois sur l'Acropole, dans le voisinage
impunément; mais celle qui a donné des arrhes les perd, du temple d'Athéné Polias *, où une localité était même
ou l'autre les restitue au double, si elle ne veut pas achever affectée à leurs jeux 5. Deux d'entre elles (spYao-Tïvat) *
l'affaire. Au contraire, dans les ventes sans écrit, la dation devaient travailler avec les ouvrières chargées de tisser le
des arrhes offre un moyen de dédit qui n'existerait pas péplos dont on revêtait la statue de bois d'Athéné à la fête
sans elle '. Suivant M. Boissonade, la constitution de des Panathénées7; ce travail, qui était celui de la fête ap
Justinien s'appliquerait seulement aux ventes par écrit. pelée chalkeia 8, commençait le dernier jour du mois de
Dans les fiançailles [sponsalia], il n'était pas permis de Pyanepsion. La prêtresse d'Athéné, qui appartenait tou
stipuler une clause pénale pour simple dédit de l'un des jours à la famille des Étéobutades 9, était chargée de la sur
fiancés8. Cependant d'habitude le fiancé, ou ses parents, veillance des arrhéphores. Dans la nuit qui précédait la
en son nom, donnaient un anneau (anulus pronubus) à la fête10, cette prêtresse remettait à deux des jeunes filles des
fiancée 8 ; plus tard, les présents donnés en arrhes devinrent vases ou corbeilles dont le contenu était ignoré d'elles aussi
fort considérables 10. En cas de mort d'un des futurs, les bien que de celle qui les leur transmettait. Elles descen-
ARRA. 1 C'est ce qu'indique la racine sémitique arab. — * Theophrast. ap. Stobae. p. 316 ; Ficoroni, / tali cd altri strumenti lusorii. Il en esistc un au cabinet des
Serm. XLIV, 22 ; lsac. De Ciron. her. 23 ; M. Caillemer, Revue de législation, 1871, médailles, à Paris ; un autre a été trouvé près d'Autun, Castan, Revue arehéol. 1870
p. 661-667, admet bien que, à Thurium, les parties qui avaient donné des arrhes p. 261 ; c'est celui qui est ici reproduit. — 18 Becq de Fouquières, Les Jeux des
conservaient le droit de se dédire ; maie il pense |que, à Athènes comme à Rome, anciens, 2* éd. Paris, 1S73, p. 3'»5. — Bini.iooiiArniB. Zumbach, De arrha contra-
les arrhes étaient le signe de la conclusion définitive du contrat ; voy. Étymol. M. hentium, Jena, 1818; Rein, Uns Privatreeht ticr Rômer, Leips. 1858, p. 350 et 410 ;
1 48, 52 ; Harpocration, s. v. a(.iÇv.i*tua; ; Bekker, Anecdota graeca, I, p. 219 ; cf. Muther, Séquestration, Leips. 1856, p. 377 et p.; Bucaurroy, Institutes expliquées,
Saumaise, De modo usurarum, p. 584. Voir aussi Hoffmann, Beilrâge zur Geschichte 8« édition, Paris, 1851, n"1 496, 1036, 1037 ; de Fresquct, Traité élémentaire de droit
des grieehischen Reehts, 1870, p. 104 et s. — ' Varro, Liitff. I. V, 36 ; Gell. XVII, romain, Paris et Aix, 1834, p. 121, 122 ; Boissonade, /feu. hist. de droit, t. XI, p. 136
2 ; lsid. Orig. IX, 8 ; Apul. Met. I, 211. Synonyme de viducia opérée par simple et c. Démangeât, Cours de droit rom. H, p. 301 et s. 2» éd. Paris, 1867; Cujas,
tradition, comme l'a soutenu Muther, Séquestration, p. 377 et s. — '* Gaius, Comm. Obscrv. XI, 17 ; Hcsdôrfler, Diss. de arrha, Hannovcr, 1856.
III, 139. — S bip. fr. 11,8 6 ; Dig. De act. empt. XIX, 1. — « Instit. Just. III, 23, ARItHEPlIOlUA. 1 Btym. M. p. 149 ; Clem. Al.Prorr.p. 140 ; Aug. Uommsen, llenr-
De empt. pr. ; c. 17, Cod. De fide oui. IV, 21 ; c. 15 Cod. IV, 38. — ' Bucaurroy, tologie,p.H3. — ' Etym. M. dpfhjsofrtv ; Suid. InVkn. C'était pour elles un litre d'hon
Instit. ej-pl. n™ ID36 et 1037. — 8 Paul. fr. 134, Dig. XLV, I. — » Isidor. IX, 8 ; neur : voy. Corp. insc.gr. I, n. 431. — 3 Schol. Arist. Lysistr. 642 ; C. 1, 1. 11,431.
XIX, 32; Plin. Hist. nat. XXXUI, 46; Tertull. Apolog. 6. — 10 Capitolin. Maxim. — '■< Paus. 1,27, 4. — » 2}«ipl<np«, jeu de paume; Plut. decorat.p. 839 ; Bculé, L Acro
Junior. 1, Saumaise, Ad h. I. — « Grat. et Valent, c. 10 Cod. Theod. III, 5 ; c. 3, pole d'Athènes, II, 296.-6 Hcsjch. I, p. 1418; cf. Schol. Eurip. Hcc. 46S. — 7 Etym.
Cod. Just. V, I. — 's C. 1 1 Cod. Theod. III, 5. — » C 5 Cod. Just. Dt sports. V, I, M. p. 149; Harpocr. p. 18; Arist. Lysistr. 640 ; Suidas, I, p. 823 ; Scliol. Eurip.
— 1* C. I et 2 Cod. Just. V, ï ; fr. 38. Dig. XXIII, 2, De rit. nupt. — 15 C. 6 Cod. Hecub. 463. — » Suid. x«l*il«. — » Etym. M. p. 386. — 10 Paus. I. 1. dit : t%;
Thcod. III, 5. — 1' Ducautroy, Inst. expl. 1, 495. — " Eckhcl, Uoci. mim. VUI. ce qui peut s'entendre dclafètcdes Arrhéphories, ou peut-être de relie des Paoathetiûc>.
ART — 441 — ART
daient dans un souterrain, naturellement creusé dans une D'autres fêtes du même nom se célébraient à Syracuse
enceinte peu éloignée de l'Aphrodite des jardins y dépo et dans beaucoup d'autres cités grecques 7. Hunziker.
saient leur fardeau, et en prenaient un autre aussi soi ARTIASMOS et ART1AZEIN [par, impar].
gneusement caché, qu'elles rapportaient dans l'Acropole. ARTIFICES. — I. Les Grecs ne paraissent pas avoir eu
Cette cérémonie accomplie, les quatre arrhéphores étaient l'idée de la distinction que nous faisons aujourd'hui entre
quittes de tout service, et étaient remplacées par d'autres l'art et le métier, entre l'artiste et l'artisan. Les mêmes
qui, le lendemain, étaient conduites à leur tour en grande mots (texv1Î. 'WJO''"^?) servaient à désigner les uns et les au
pompe à l'Acropole ,!. Les frais de celte pompe, de même tres. Il y avait sans doute, dans le vocabulaire grec, beau
que l'entretien des arrhéphores, constituaient une liturgie coup d'autres noms donnés aux artisans et qui étaient
[leitourgia], appelée aussi à^r(®opta et qui était probable empruntés à leur genre de vie ; on les appelait oî pâvaunoi,
ment à la charge de leurs parents 1S. Des pains d'une sorte oî iîpatoi, oî xïO/,[x£vot, quand on voulait faire allusion à
particulière, appelés ovâaTatoe, ou plus brièvement vautoî, leur existence pénible et sédentaire ; oî ^pv^Te;, ol ytifvciy-
étaient destinés à leur nourriture Elles devaient porter vcci, of -/stpoWxTEç, pour montrer qu'ils demandaient au
des vêtements blancs, avec des ornements d'or ; ces orne travail manuel des moyens d'existence; ot SïjpuoupYoî, pour
ments restaient, quand elles quittaient l'Acropole, consa rappeler qu'ils travaillaient pour le public ; o't y^D^Tic-
crés dans le trésor du temple toh, pour caractériser le désir de gagner de l'argent, au
On a voulu reconnaître les arrhéphores et la prêtresse quel ils obéissaient Mais l'expression générique, celle
d'Athéné Polias dans un des bas-reliefs de la frise du Par- qui convenait à tous, artisans ou artistes, et que l'on em
thénon 19. Mais cette conjecture ne s'appuie sur aucun ployait le plus habituellement, était celle de -re/vra».
fondement certain. Nous allons essayer d'exposer rapidement, dans cet ar
Les anciens17 expliquaient celte cérémonie, en disant ticle, quelle fut, aux diverses époques et dans les divers
qu'elle avait lieu en l'honneur d'Hersé, sœur de Pandrose pays, la condition des ts£vït<xi grecs.
et d'Aglaure, les filles de Gécrops [cecropides], et les com La Grèce homérique n'éprouva pas, pour le travail ma
pagnes d'Athéné, qui, avec Érichthonius, présidaient à nuel et pour ceux qui y consacraient leur vie, les dédains
l'agriculture et à la croissance des moissons. En effet, de que nous signalerons à une époque moins reculée *. Les
même que le nom de Hersé ("Epejrj), le mot app^r,, Eppr, ou héros les plus illustres faisaient volontiers œuvre de leurs
êpor], signifie pluie, rosée 18. Arrhéphores voudrait donc mains. Pâris avait construit son palais en se faisant aider
dire « celles qui portent de la rosée, » et Otfried Miiller " parles plus habiles ouvriers d'Ilion '. Lycaon, autre fils de
paraît avoir fait une juste supposition, en disant que les Priam, abattait sur les domaines de son père de jeunes
arrhéphores portaient simplement des brandies couvertes arbres, dans lesquels il taillait ensuite des jantes et des
de feuilles et trempées dans la rosée, sans doute pour rais pour les roues de ses chars *. Phéréclos, fils d'un char
demander le bienfait de la rosée pendant les chaleurs pentier, était, non-seulement un vaillant soldat, mais en
de l'été J0. Hunzireh. core un habile ouvrier s. Le poëte ne craint pas de nous
ARROGATIO [adrogatio]. montrer Ulysse, armé d'une hache à deux tranchants,
ARTEMISIA ('ApxEfMdta). — Nom commun à toutes les d'une doloire et d'une tarière ; dans l'île de Calypso, il
fêtes d'Artémis [diana]. La plus connue est celle qu'on cé abat des arbres, il les ébranche, les équarrit et les dresse
lébrait àEphèse, en l'honneur de l'Artémis asiatique, dans au cordeau ; puis il les perce, les ajuste avec des clous et
le mois qui portait son nom (ApTe^driov ou 'ApTe^KTicôv), et des chevilles et en forme un vaisseau ; plus tard, il taille
qui correspondait au mois attique d'Élaphébolion Cette les voiles de son navire et prépare tous les agrès 6. C'est
solennité était accompagnée de jeux gymniques, de courses lui qui a construit, sans le secours de personne, le lit qui
et de concours de musique *• Elle fut représentée par le décore sa chambre nuptiale 7.
pinceau d'Apelles 3. On y promenait en procession et en Les dieux eux-mêmes ne rougissaient pas de travailler.
chantant des hymnes, l'image de la déesse, armée de l'arc Vulcain était forgeron et nous le voyons au milieu des en
et du carquois, portant la peau d'une bête sauvage. Tout clumes, couvert de sueur et de fumée, maniant le marteau
le monde s'y rendait paré de son m eux; une partie de ceux et les tenailles, activant à coups de soufflet la flamme de
qui y prenaient part, se masquaient et se livraient à des ses fourneaux8. Minerve excellait à tisser la toile' [vul-
actes ridicules et inconvenants; les jeunes filles portaient, CANUS, MINERVA].
comme des nymphes de Diane, l'arc, le carquois, la peau Aussi les artisans de profession, armuriers, tanneurs,
de faon*; ou, vêtues de tuniques légères, exécutaient des charpentiers, orfèvres..., portaient un nom honorable; ils
danses peu décentes 5, rappelant celles qu'on célébrait à étaient des Si)puoupfo£, c'est-à-dire qu'ils travaillaient pour
Élis et chez les Doriens en l'honneur d'Artémis Cordax 6. le public, comme les médecins, les devins, les musiciens 10

» Cf. Forchhammer, Bellenika, 1, p. 64. - « Pau*. I, Î7, 4; Hesych. I, Bol ; Alterthûmer, § 61, 8-13; Prellcr, Griech. Mythologie, 2- éd. I, p. 166 sq. ; Id. in
Schol. Aristoph. Lys. 6«. — >* Lys. Or. XXI, S 5. — 1* Athcn. III, 80 ; Suid. et Pauly's Beulencyclop. I, p. 1755, 2' éd. ; 471, 3« éd. Berlin, 1873 ; Aug. Mommsen,
Hesych. ». ». tuimxtf ; Bekker, Anecd. gr. p. 239. — 15 Etym. M. p. 148 ; Harpocr. Bcortologie, Lcipz. 1864, p. 443.
p. 48 ; Bekker, Anecd. p. 446. — 16 Stuart, Ant. of Athens, II, c. i, pl. xxiv ; A.BTBMISIA. 1 Boeckh, Corp. inscr. t. Il.pr. 2934. — îDionys. liai. IV, 25 ; Poil. 1,
0. Miiller, De sacris Minerv. Poîiad. p. 14; Lcnormant, les Bas-reliefs du 37. — ' Plin. But. nat. XXXV, 36. — * Xen. Epli. I, 2. — 5 Poil. IV, 164; Aeliau.
Parthénon, IS34, p. 21 ; Beulé, l'Acropole d'Athènes, II, p. 142 ; Overbeck, Neu. Bist. an. XII, 9 ; Aristoph. Nui. 599 sq. — 6 Schol. Kurip. ffecub. 913. — 7 Tit.-
Bhein. Mus. XIV, 191 ; Chr. Pcterscn, Zeitschr. f. Alt. Wiss. 1857, pr. Î6, p. 39S, LiT. XXV, 23 ; Plut. Marc. 18 ; Gerhard, Gr. myth. I, p. 333. — Ruliogrifiiib. Her-
cf. Eug. Pelerscn, Die Kunst des Phidias, 1817, p. 216 ; voy. aussi Ross, Arch. nuinn, Gottcsdienst. Alterthilmcr, § 66, 4 ; 68, 36 ; Guhl, Ephesiaea, p. 116 >qq. ;
Aufsâtze, 1, 87. — 17 Etym. M. et Hesych. s. v. ; Bekker, Anecd. 239 ; Schol. Arist. A. Maury, Htst. des religions de la Grèce antique, III, p. 157 sq.
Lysistr. 64Î; cf. Mocris, ipjr.sàpo-. ; Keil in Philolog. XXII, 600. — »» C. Curtius, ARTIFICES. 1 Voir Max Planck, in Pauly's Beal-lincyclop. I, 2" éd. p. 1822 ;
Grundzuge d. griech. Etym. I, 311. — " Minera. Pol. p. 15; Id. Kleinc Schrift. Biichsenschiiti, Besitz und Ermerb im griechischen Alterthume, 1869, p. 265 et suiv.
p. 160 et 227. — ï0 Voy. les explications différentes de Lobcck, Aglaophanos. S73 ; — « Ricdcnauer, Baudwerk und Handœerker in den homerischen Zeiten, 1873,
A. Mommsen, lieortol. p. 448 ; Rinck, Belig. der Bellenen, p. 67. — BiBLior.RAruiK. p. 41 et Mliv. — ' II. VI, 311. — k Eod. loe. XXI, 37-38. — 5 Eod. loc. V, 59
O. Miiller, Minervae Poliadis sacra, Gotting. 1820 ; Id. Pallas-Athéné, in Ersch unit. et s. — « Odyss. V, 228 et s. — 7 Eod. XXIII, 189. — » II. XVIU, 361 et s.
Gruber. Encycl., 1838 ; et Kleine Schriften, 1873, p. 160, 227 ; Kennauu, Gottesdicnst. • - Eod. VIU, 386, et XIV, 17 i. — 10 (jd. XVII, 3S3.
I. 56
ART — 442 — ART
et les hérauts Pourquoi les eût-on méprisés ? Le chef de ne vuolons pas attacher une importance exagérée à deux
famille, pendant que les femmes tissaient les vêtements, déclarations de Plutarque, la première que Solon fit des
confectionnait avec ses serviteurs tous les objets mobiliers, efforts pour diriger l'activité des citoyens vers les métiers,
armes, ustensiles domestiques ou aratoires, qui ne récla la seconde qu'il accorda des distinctions honorifique .
maient pas une habileté particulière. C'était seulement (àÇftofjLa) à l'industrie ". Mais on trouve, dans les lois qui lui
quand l'œuvre exigeait des aptitudes spéciales qu'il s'a sont attribuées, des textes prouvant que ce législateur voyait
dressait aux artisans, et il ne pouvait avoir du mépris pour le travail manuel sans préventions mauvaises: 1° le fils n'é
ces hommes, libres comme lui, qui travaillaient de leurs tait pas tenu de l'obligation alimentaire envers son père,
mains comme il travaillait lui-même, avec cette différence lorsque celui-ci avai t négligé de lui faire apprendre un mé
qu'ils le faisaient beaucoup mieux et qu'ils recevaient le tier M. 2° Celui qui n'avait pas de ressources personnelle .
prix de leurs bons offices. et ne justifiait pas de l'exercice d'une profession lui per
Hésiode recommandait à tous le travail, qui rend mettant de vivre honorablement était poursuivi par une
l'homme cher aux dieux et à ses semblables. « Le travail, action publique, I'argias graphe. 3° Le droit de cité était
disait-il, n'a jamais rien de honteux; la honte n'est que offert aux étrangers, qui venaient s'établir à Athènes pour
pour la paresse et pour l'oisiveté » y exercer un métier u. 4° Les artisans pauvres, bien qu'ils
Mais, avec le temps et les progrès de la vie politique et ne fussent pas admissibles aux magistratures, pouvaient
sociale, les distinctions de classes apparurent. Les grands non-seulement siéger dans l'assemblée du peuple, mais
propriétaires fonciers s'emparèrent du gouvernement et encore monter à la tribune et exprimer leur opinion sur la
organisèrent une aristocratie terrienne. Les revenus de direction à donner aux affaires de l'État **. 5° 11 était dé
leurs domaines, exploités par des fermiers ou colons, leur fendu, sous peine de s'exposer à une action privée, la xaxrj-
permirent de se consacrer exclusivement aux intérêts de yopt'a; fit'x7], de reprocher à une personne d'avoir exercé
l'État et au maniement des armes, et de rejeter tous les quelque métier infime (Ip^ctci'a £v t?) ayopS)... îS, etc. Sous
embarras de la vie sur des esclaves travaillant dans leurs ce régime, la population d'Athènes, active, intelligente et
maisons, ou sur des hommes libres moins fortunés et laborieuse, vivait dans l'aisance ** et ne donnait pas,
obligés de chercher des ressources dans leur activité cor comme au temps d'Isocrate, le triste spectacle d'un peuple
porelle. Ces riches propriétaires, qui faisaient déjà peu saturé d'oisiveté, de détresse et de chimères i!.
de cas du maître d'un petit domaine, méprisèrent profon Dans les États démocratiques, où le principe d'égalité
dément ceux dont ils utilisaient les services. Un artisan, exigeait que tous les citoyens eussent les mêmes droits,
disaient-ils, ne doit savoir qu'obéir ; il est incapable de quelles que fussent leurs occupations habituelles, les arti
commander tant que la nécessité de pourvoir à sa subsis sans étaient mis juridiquement sur la même ligne que les
tance par le travail le met dans la dépendance de ceux qui autres personnes. « A Athènes, dit Périclès, c'est une
le font travailler. Aristote était l'interprète fidèle de leurs honte, non pas d'être pauvre, mais de ne pas travailler
sentiments lorsqu'il écrivait : « Les artisans sont presque pour sortir de sa pauvreté. Les mêmes hommes peuvent
des esclaves ; jamais cité bien ordonnée ne les admettra soigner tout à la fois leurs propres intérêts et les intérêts
au rang des citoyens, ou, si elle les y admet, elle ne leur de l'État ; de simples artisans peuvent entendre suffisam
accordera pas la plénitude des droits civils ; cette pléni ment les questions politiques 46. » On trouve même dans
tude doit être réservée à ceux qui peuvent se dispenser de les Memorabilia de Xénophon w un chapitre entier, dans
travailler pour vivre ,8. » lequel Socrate engage les hommes libres, qui ont peu de
Aussi, dans les républiques véritablement aristocrati ressources, à en demander au travail; il leur prouve que
ques, à Sparte par exemple, un artisan ne pouvait pas par là ils se rendront utiles à eux mêmes et à leurs con
être citoyen. La loi défendait formellement aux citoyens citoyens. Thémistocle conseillait au peuple d'exempter de
d'apprendre et à plus forte raison d'exercer un métier. tout tribut les artisans, afin d'encourager, par la perspec
Toute l'industrie, sans exception, s'était réfugiée dans la tive de cette immunité, les citoyens à se consacrer à des
classe des esclaves ou dans celle des périèques n. métiers utiles **. Périclès, enfin, se vantait d'avoir entre
Ailleurs, l'artisan pouvait être citoyen ; mais il ne lui pris les admirables constructions dont il dota Athènes,
était pas permis d'aspirer aux magistratures ,s. A Thèbes, parce que, disait-il, il avait par là dirigé l'activité de ses
son incapacité survivait même à l'abandon de son métier; concitoyens vers les arts et l'industrie et contribué à em
une loi avait exclu des fonctions publiques quiconque bellir et à enrichir la cité !9.
avait, depuis moins de dix ans, exercé une profession mé En relevant ainsi la condition des artisans, les hommes
canique A Thespies, celui qui apprenait un art manuel d'État étaient bien inspirés ; car l'Attique, dont le sol ne
était frappé de déshonneur i7. donnait pas tous les produits nécessaires à la subsistance
Dans les gouvernements tiniocratiques, la condition des des habitants, était obligée de chercher dans l'industrie
artisans était un peu meilleure. Le principe, sur lequel des objets d'échange qu'elle pût offrir aux négociants
reposait l'Etat, était que, pour parvenir aux magistratures, étrangers, lorsqu'ils lui apportaient les marchandises dont
il suffit de posséder un revenu considérable. Beaucoup elle avait besoin. Le moyen de développer l'industrie et
d'artisans étaient riches et l'entrée des fonctions publiques de diriger de son côté l'activité des citoyens intelligents
leur était naturellement ouverte 18. C'est ce qui nous était précisément de traiter les artisans avec faveur.
explique pourquoi la constitution de Solon, constitution Mais l'opinion publique ne suivait pas volontiers l'in
timocratique, ne fut pas défavorable aux artisans. Nous spiration de Thémistocle et de Périclès. Les petits pro-

» Od. XIX, 135. — " Op.et dies, v. 301 et s. — » Polit r. 111, 3, S.— » Eod. — « Aeschin. C. Timarch. §§ 26-27, D. 34. — Î3 Demosth. C. Eubul. 8 30.
Inc. Il, 4, 13. — «S £ od. III, 2, 8. — 18 Eod. III, 3, 4; cf. VI, 4, 5.— " Hcraclid- R. 1308. — s* Isocrat. Arenpag. g 83 , D. 100. — » Isocr. De pacr , S 75,
Font. Politk. 43. — 18 Aristote, /. /. III, 3. 4. — » Plut. Sol. 22. — *> Plut. D. lit. — «« 'Thucvd. u, 40. — « n, 7. — «8 Diod. Sic. XI, 43. — " Plut,
Eod. loc.i Galkn, Protrept. S; Vitrure, IT, Pracftitio. — *' Plut. Sol. H. Ptriel. 12.
ART — 443 — ART
priétaires étaient toujours enclins à assimiler les citoyens éloignés de l'idée qu'il devait marcher de pair avec les
qui travaillaient manuellement aux gens qu'ils mépri •K^vïTat les plus infimes. Comme il ne faut rien exagérer,
saient le plus, aux esclaves ou tout au moins aux étran nous admettons volontiers, avec M. Bùchsenschutz M, que
gers de basse condition. Les uns et les autres n'étaient-ils le travail de l'artiste était plus estimé que celui du tan
pas occupés pour le compte d'autrui? Quand un homme neur ou du cordonnier37; mais cependant nous avons
libre, séduit par l'attrait d'une rémunération pécuniaire, des témoignages dont la concordance est véritablement
consent à travailler pour un autre, il se met en quelque frappante. « Pas un jeune homme bien né, dit Plutarque,
sorte en servitude, et il ne peut pas être surpris qu'on le après avoir vu la statue de Jupiter à Pise ou celle de Junon
traite un peu en esclave. à Argos, ne souhaitera d'être Phidias ou Polyclète ; l'œu
Le préjugé des petits propriétaires était, il faut bien le vre nous charme par sa grâce, mais nous ne sommes pas
dire, encouragé par les philosophes les plus éminents. tenus d'estimer son auteur38. » Lucien s'exprime en termes
Ceux-ci donnent trois raisons principales de leurs répu presque identiques : « Quand tu serais un Phidias ou un
gnances à l'égard des artisans : « 1° Les arts manuels, dit Polyclète, quand tu ferais mille chefs-d'œuvre, les éloges
Xénophon, sont justement décriés; car ils minent le ne s'adresseront qu'à ton art, et, parmi ceux qui applau
corps de ceux qui les exercent, ils les forcent à vivre assis, diront, il n'en est pas un seul, s'il a le sens commun, qui
à demeurer dans l'ombre, parfois même à séjourner prés désire te ressembler Si tu te fais sculpteur, tu ne seras
du feu. Or, quand les corps sont efféminés, les âmes qu'un manœuvre, te fatiguant le corps et ne recevant
perdent bientôt toute leur énergie 30. » — 2° Les arts ma qu'un vil salaire ; ton esprit se flétrira ; tu seras isolé de
nuels ne laissent pas le temps de songer à l'État; ils ne tous, incapable de défendre tes amis, d'imposer à tes en
permettent pas à l'intelligence de se développer librement nemis et de faire envie à tes concitoyens Si habile que
et de s'élever ; voilà pourquoi Aristote défend d'enseigner tu sois, tu passeras toujours pour un artisan, pour un
aux jeunes gens l'art qui rend l'âme incapable d'acquérir la vil ouvrier, pour un homme qui vit du travail de ses
vertu et de la pratiquer ". — 3° L'artisan fait œuvre servile, mains 3". » Les anciens aimaient la musique ; cet art fai
puisqu'il travaille pour autrui, afin de recevoir son sa laire. sait même partie de toute bonne éducation et Aristote le
A l'appui de ces raisons, les philosophes pouvaient in recommandait comme un délassement utile *° ; mais ils
voquer l'exemple des États soumis à la tyrannie. La, en n'avaient que du mépris pour les musiciens de profession :
effet, le travail manuel était obligatoire pour tous les ci « On ne peut pas être tout à la fois bon joueur de flûte et
toyens. Les tyrans savaient que les hommes occupés à bon citoyen Un homme qui se respecte doit même
vivre au jour le jour n'ont pas le loisir de conspirer31; éviter de chanter te^vtxtôç, en observant toutes les règles
l'idéal pour eux était donc d'avoir le plus grand nombre de l'art41. » Pour que l'artiste fût estimé de ses conci
possible de travailleurs. C'est cette préoccupation qui toyens, il fallait qu'il travaillât gratuitement. Les biogra
nous explique les constructions^ importantes que firent phes font remarquer avec soin que Polygnote, qui peignit
]es Pisistratides à Athènes et Polycrate à Samos ; leur but le Pœcile, n'était pas un peintre mercenaire". Dès qu'un
était d'occuper les citoyens par des travaux manuels et homme se faisait rémunérer, quel que fût le genre de tra
de détourner leur pensée des réflexions politiques M. ACo- vail auquel il se livrait, manuel, artistique ou intellec
rinthe, Périandre était inspiré par le même désir, lorsqu'il tuel, il n'avait plus droit à la considération publique43.
défendait à ses sujets de posséder des esclaves et lorsqu'il Ce dédain pour les Te^vïtai, dont la preuve est écrite
prononçait des peines sévères contre celui d'entre eux qui presque à chaque page des auteurs classiques, nous expli
serait surpris oisif sur la place publique ; il voulait qu'ils que pourquoi, comme le dit Aristote, « la plupart des ar
fussent toujours à l'ouvrage et n'eussent pas le loisir de son tisans étaient des esclaves ou des étrangers M. » Quelques
ger à la politique **. Les États libres croyaient réagir contre républiques posaient même en principe que nul citoyen
la tyrannie en méprisant les œuvres qu'elle encourageait. ne peut être artisan ; c'était la règle à Sparte, en Crète,
En résumé, à Athènes, les lois recommandaient le tra à Tanagre de Béotie et dans plusieurs autres cités. Platon
vail ; les mœurs le condamnaient. l'approuvait fort, et, dans son État idéal, il n'admettait
Ainsi donc, ce n'étaient plus seulement les Barbares, les à l'exercice des métiers que les étrangers et les esclaves
Thraces, les Scythes, les Perses, les Lydiens, qui mépri d'étrangers On serait même tenté de croire que quel
saient les personnes adonnées à l'exercice des arts méca ques républiques poussèrent le scrupule jusqu'à interdire
niques ; les Égyptiens et presque tous les Grecs avaient le travail manuel à tout homme libre, étranger ou ci
adopté la même manière de voir**- Pour être vraiment toyen. Phaléas de Chalcédoine, dans ses projets de consti
citoyen, il fallait être affranchi du travail manuel et con tution, décidait qu'il n'y aurait pas d'autres artisans que
sacrer sa vie aux travaux de l'intelligence, au maniement des esclaves appartenant à l'État. S'il faut en croire Aris
des armes ou aux luttes politiques. tote, ce principe fut mis en pratique en Illyrie, à Épi-
Cette défaveur de l'opinion publique n'épargnait même damne **,et Diophante aurait même essayé de le faire pré
pas les grands artistes, dont les œuvres font encore au valoir à Athènes w.
jourd'hui notre admiration. Dans Phidias, les Grecs ne Dans d'autres États, qui pendant très-longtemps s'abs
voyaient qu'un artisan, un ts^vi't>jç, et ils n'étaient pas tinrent de recourir au ministère des esclaves, en Phocide,
r
S» Oecon. IV, 2. — »l Polit. VIII, ï, 1. — »» Eod. loe. Y, 9, 4. — 3» Arist. forteresse la retraite et pour garantie cette liberté qu'assure toujours une porte
F.nd. lue. — Siiid. s. v. nifi«vJpo;, éd. Bern. p. 194. — 53 Herod. n, 107. bien fermée. Les artistes qui se sont jetés dans les affaires s'en sont rarement
— 5» Besils und Erwerb, p. 274. — »7 PUto, Chaim. X, D. I, p. MO M Plut. applaudis, et leur pays, en perdant les chefs-d'œuvre qu'ils auraient dû faire,
Pcricl. 2. — »» Lucian. Somn. 9. — W Polit. VIII, 5, 2 ; cf. », 0. — « Plut. gagnait de fort médiocres administrateurs. Les Grecs ont compris ces dangers
Prrict. 1. — 4i Plut. Cimon. 4. — ** M. Beulé, Histoire de l'art r/rec avant et ils ont toujours tracé à leurs artistes une voie nette, distincte, libre, etc.. »
Pén'clès, 2« éd. 1870, p. 317, exprime, lui aussi, cette idée qu'il y a incompatibilité — ** Polit. III, 3, 2. — De Leg. D. 415, 28 et s. — M Voir toutefois Bûchsen-
entre le culte des arts et la participation 8 la vie publi^ut», et il ne blàmo pas les schiiti, Béait: uni Erwerb, p. 321. — '7 Arist. Polit. II, 4, 13 ; voir cependant
Grées d'avoir tenu les artistes à l'écart des affaire. « Le culte des arts a pour Boi-kli, Stuntsh. der Atkener, 2' éd. I, p. 05
ART _ 444 — ART
en Locridé par exemple, les métiers devaient être néces On ne trouve, à aucune époque, chez les Grecs, les arti
sairement exercés par des hommes libres, et, comme les sans organisés en castes exclusives séparées du reste des
étrangers étaient là en petit nombre, presque tous les citoyens M. On ne peut pas croire, en effet, que les très-
artisans étaient citoyens. Une anecdote nous prouve anciennes tribus attiques, celle des èpYâSstç ou celle des
qu'une partie notable des Phocidiens gagnait sa vie par le îrj'juoupfof, n'aient compris que des artisans. Mais il ne se
travail manuel. Un riche citoyen d'Élatée, Mnason, le rait pas impossible que certaines professions aient été hé
disciple et l'ami d'Aristote, eut l'idée d'acquérir une masse réditaires dans des familles qui se transmettaient, de gé
d'esclaves dont l'industrie devait être pour lui une source nération en génération, des procédés particuliers. Nous
de grands profits. La population protesta ; elle soutint savons par le témoignage des anciens que, à Sparte, les
que Mnason, en faisant travailler les mille esclaves qu'il fils des hérauts, des joueurs de flûte, des cuisiniers, des
venait d'acheter, allait enlever à un nombre égal de ses messagers, succédaient à leurs pères 57 ; que, à Athènes, les
concitoyens leurs moyens d'existence **. sculpteurs se disaient volontiers les descendants de Dé
Athènes était dans une situation intermédiaire entre dale M. Les historiens rapportent que, à Cos, à Êpidaure, à
celle de Sparte et celle de la Phocide. Parmi les artisans, on Lébédos, à Cnide, l'art de guérir se transmettait de père en
rencontrait tout à la fois des esclaves, des étrangers et des fils **. Il devait en être de même pour les métiers, et, au
citoyens. Ceux-ci étaient môme en assez grand nombre. temps de Platon, les potiers n'étaient pas seuls à enseigner
Socrate s'étonnait, nous dit Xénophon w, que Charmidc leur art à leurs enfants 60 .
hésitât à prendre la parole dans l'assemblée du peuple. A défaut de castes, les artisans grecs formèrent-ils
Quels étaient donc ceux qu'il redoutait? Des foulons, au moins des corps de métiers, analogues à ceux qu'of
des cordonniers, des charpentiers, des forgerons, etc. frent en si grand nombre l'histoire de Rome et celle du
Voilà, en effet, les gens dont se composait l'assemblée. moyen âge? Rien ne permet de l'affirmer. Nous rencon
11 n'est pas impossible toutefois que les citoyens artisans trons bien, à Athènes, une fête en l'honneur de Vulcain,
fussent en minorité, comparés aux métèques et aux escla les cnALKEiA et il est probable que les forgerons se réunis
ves. « Fabriquer des lampes, dit Andocide, c'est faire œu saient pour la célébrer; mais il serait téméraire d'en con
vre d'étranger et de barbare e0. » Une inscription de l'an 408 clure que les forgerons athéniens étaient associés en cor
av. J.-C. (01. 93, i), relatant les dépenses faites pour la poration. Plus tard, en Asie Mineure, en Grèce et presque
construction de l'Erechthéion, mentionne les sommes ver partout, on constate l'existence de confréries d'artistes
sées aux ouvriers qui ont pris part aux travaux du tem dionysiaques". Enfin les inscriptions de l'Asie Mineure
ple **, et. en examinant attentivement la liste de ces ou mentionnentà Hiérapolis, àLaodicée, à Magnésie, à Phila
vriers, on voit que le nombre des métèques est deux fois delphie, à Smyrne, à Thyatira,... des communautés de
plus fort que celui des citoyens 5î . boulangers (dp-roxoTcot) 63, de potiers (xspa|«ïi;)6*, de corroyeurs
Grâce aux révolutions qui désolèrent Athènes et aux re (Suffjsïç) 6S, de tisserands (XivoupYof) M, d'artisans en laine
vers qui en furent la conséquence, le chiffre des citoyens (àptoûpYot) 67, de foulons (Yvacptïç) de teinturiers (pass'ç! 8B,
obligés de demander des ressources au travail manuel alla de bijoutiers (xopotA/ioTiAocsTai) 70, d'orfèvres ( àpyupozd •
toujours en croissant ; les femmes elles-mêmes furent tcoi) 71 , etc.. Chacune de ces corporations avait à sa tête
obligées de se rendre utiles, non-seulement comme nour un président et votait des résolutions. Mais, à l'époque où
rices, mais encore comme ouvrières et comme vendan ces inscriptions ont été gravées, l'Asie Mineure était, depuis
geuses5'. Le temps n'était plus où le trésor de la Républi longtemps au pouvoir des Romains, et nous ne saurions dire
que pouvait subvenir à tous les besoins des malheureux. avec certitude si ces corps de métiers avaient une origine
En 322, douze mille citoyens, sur vingt et un mille, furent grecque, ou si leur établissement n'était pas dû plutôt à
jugés trop pauvres pour conserver le droit de suffrage et des influences romaines ,s.
participer au gouvernement; et cependant la mesure n'at L'intervention de l'État dans l'exercice des métiers était
teignit que ceux qui ne possédaient pas un capital de deux généralement très-discrète. On dit bien que, à Sybaris,
mille drachmes, bien insuffisant pour permettre de vivre par égard pour le repos des habitants, que le chant des
dans l'oisiveté Les douze mille citoyens frappés et beau coqs suffisait à troubler, on avait banni de la ville, non-
coup d'autres encore parmi les neuf mille qui justifièrent seulement ces oiseaux, mais encore toutes les industries
du cens légal étaient donc obligés de travailler pour vivre. bruyantes 73. Les législateurs des républiques grecques s'é
Dans les Etats du Péloponèse autres que Sparte, les ar taient montrés moins rigoureux pour les artisans; ils se
tisans formaient la majorité et presque la totalité de la bornaient à éloigner de l'intérieur des cités certains ate
population. On rapporte que, un jour, Agésilas fit asseoir liers plus ou moins insalubres, qui pouvaient compromettre
d'un côté tous les alliés de Sparte, de l'autre tous lesLacé- la santé publique, les mégisseries par exemple '*.
démoniens; puis il ordonna à un héraut d'appeler succes Si nous devions en croire Athénée, Solon avait interdit
sivement les diverses professions : potiers, forgerons, char aux hommes le commerce des parfums, et Sparte expulsait
pentiers, maçons, etc. A chaque appel, tous ceux qui de ses murs les parfumeurs qui gâtent l'huile, et les teintu
exerçaient la profession désignée furent invités à se lever, riers qui souillent la blancheur de la laine 76. Mais ces té
Quand l'appel fut terminé, presque tous les alliés étaient moignages auraient besoin d'être confirmés. On sait no
debout; mais nul n'était levé parmi les Laeédémoniens. tamment que les Spartiates, en temps de guerre, portaient
Les alliés étaient donc presque tous artisans cfes vêtements de laine écarlate, et il est à croire qu'ils pré-
«Athen. VI, 86, p. Ï64. — WMemor. 111, 7, § 6. — 5»Schol. Aristoph. Veip. 1007. — «0 Civitas, IV, D. II, p. 164. — " Pollui, VII, 105. — « Foucart, De collegiis
— 51 Kirchhotr, Corp. itiscr. attic. I, n° 32-1. — 5îBiïch.sen3chuU,7yt'.si/- wtdErwerb, scenic. artif. ap. Graecos, Paris, 1S73. — 63 Corp. inxc. grâce. n° 3495. — 76.
p. 323. — * Dem. C. Eubul. g 43, R. 1313. — " Plut. l'hoc. 28; Diod. Sic. XVIII, 18. ii" 3485. — «5 Ib. n° 3499. — 66 /6. n° 3504. — «7 76. n» 342.'. — «S Ib. n° 3933.
— 55 Plut. Ages. 26; Apopltth. Inc. D, p. 261. — 56 Voir cependant Plat. Tint. D. I, — 69/(,. il"- 3498,3921, 3938. — 70 Ib. n° 3408. — 71 74. n«3l5l. — "i Buchsenschùt/,
p. 201, 30 et s. — 57 Herod. VI, 160; VII, 134. — SX Plnto, Eutyphr. XIII, D. I, j Uesitz undErwerb, p. 332. — 7» Athen. XII, 15, p. 518. — 7» Artcmidor. Oim/o.V.
d.9, et AMh. I. XVII, D. I,p. 179.— >• W.irhsmuth, Helkn. Atterth. i' éd. l,p. 373, I, 51 ; II, 20; cf. Schol. Aristoph. Acharn. 724. — 75 Ath. XV, 35, p. 686, 6s7.
ART — 445 — ART

paraient chez eux les étoiles nécessaires à leurs soldais explique sa misère par cette circonstance qu'il n'a pas en
plutôt que de les acheter à l'étranger. Nous savons aussi core pu trouver de successeur 87.
que le philosophe Eschine le Socratique s'était adonné à Tout ce que nous avons dit de la condition des arti
Athènes à la ii%vri pup«|>tx4 ce qui contredit encore le texte sans en Grèce s'applique, non-seulement à l'ouvrier qui
d'Athénée. travaillait seul, mais aussi au petit industriel, qui, ouvrier
Il n'est pas douteux, d'ailleurs, que la même personne lui-même, avait à ses côtés des compagnons (auvepYof) ou
pouvait exercer à la fois plusieurs industries. Il est vrai apprentis ((mcOtitoî) m, qui l'assistaient dans l'accomplisse
que Platon, dans sa République, interdisait le cumul des ment de sa tâche. Les comptes de l'Érechthéion mention
professions ; le forgeron ne pouvait pas être charpentier et nent plusieurs paiements faits à un scieur de pierres (irpi'u-
réciproquement Mais on pourrait citer de nombreux tï]ç) et à son compagnon : 'PaSfoi xal auvep^G ; chacun d'eux
exemples de Grecs qui menaient de front deux métiers. reçoit le même salaire : une drachme par jour 89. Ces ouv-
Les heureux effets de la division du travail n'avaient pas Epyoî pouvaient être des esclaves; mais ils se recrutaient
cependant échappé aux Grecs. Platon, Xénophon, Aris- aussi dans la classe des hommes libres trop pauvres pour
tole s'accordent à dire qu'un homme qui exerce plusieurs organiser même un humble atelier.
méliers ne peut pas les exercer tous avec la même habi La condition des journaliers, c'est-à dire des hommes de
leté, tandis que celui dont le travail est limité à une seule condition libre, qui, moyennant une modique rétribution,
chose finit par y exceller. Dans les petites villes, il y avait mettaient leurs services à la disposition d'autrui. était en
des artisans que la misère obligeait quelquefois à remplir core plus misérable . On les appelait les thètes, les merce
tous les offices, ébénistes, charrons, menuisiers, maçons, naires, ot Oy)te; 90, ol |xio-9o)Toî, quelquefois aussi ot xoXwvïtoii,
suivant les circonstances, bien heureux encore quand toutes parce qu'une de leurs stations préférées était le monticule
ces industries réunies leur procuraient des moyens d'exis de KoXwvo? ifofaïoc, à peu de distance du marché. C'était là
tence Mais, dans les grandes villes, où le même objfet que les maîtres qui manquaient de bras venaient louer des
était demandé par beaucoup de personnes, un homme travailleurs91. La seule différence que l'on faisait entre eux
pouvait vivre avec un seul métier. Il y avait même des spé et les esclaves, c'est que ces derniers étaient attachés à une
cialités. Parmi les cordonniers, les uns faisaient des chaus seule personne, tandis que les autres étaient à la disposi
sures pour hommes, les autres des chaussures pour fem tion du public 9S. Et encore cette distinction n'avait pas
mes ; les uns taillaient le cuir, d'autres le cousaient. toujours de raison d'être; car, parmi les [xitOojtoi', il y avait
Parmi les tailleurs, les uns ne confectionnaient que des beaucoup d'esclaves, que leurs maîtres autorisaient à cher
chlamydes, d'autres s'adonnaient aux chlanydes 78 ; les uns cher du travail en dehors de la maison.
coupaient les étolFes, les autres réunissaient les morceaux. La loi avait, dans quelques pays, placé ces [usOurot sous
Parmi les cuisiniers, les uns faisaient bouillir les viandes, la protection spéciale des agoranomes. A Paros, au
d'autres les rûtissaient, etc.. moins, l'agoranome veillait à ce que les journaliers et ceux
Quelques exemples d'impôts mis sur l'exercice de cer qui les employaient ne se fissent pas mutuellement tort ; il
taines professions sont parvenus jusqu'à nous m. Nous ne obligeait les premiers à travailler activement et à bien ac-
parlerons pas ici du Tiopvtxôv téXo; ou impôt sur la prostitu complirleur tâche ; il contraignait les maîtres à tenir leurs
tion ; mais nous signalerons, en passant, l'îaTptxov payable engagements et à payer le salaire qu'ils avaient promis *".
par les médecins 81 , et le y«porfyviov exigible des artisans Platon attribuait aux astynomes le droit de juger les
proprement dits 8î. Ce yeipoTs'/viov doit avoir beaucoup procès entre maîtres et mercenaires, toutes les fois que la
d'analogie avec le ^EipoWSiov, que l'on trouve également en valeur du litige ne dépassait pas cinquante drachmes. Si
Grèce 8S, que les Ptolémées importèrent en Égypte et qui l'intérêt était plus considérable, l'affaire devait être portée
y survécut à la conquête romaine 8*. A Byzance, dans un devant les tribunaux 9i.
moment de crise, beaucoup d'industries furent frappées Bien différente était la condition des riches citoyens qui,
d'un impôt s'élevant à la valeur du tiers de leurs produits"3. sans mettre eux-mêmes la main à l'ouvrage, employaient
En compensation des charges qui leur étaient imposées, de nombreux ouvriers. Les grands industriels, proprié
la loi accordait aux artisans certaines faveurs. A Sybaris, taires d'usines (IpYasTTipia), n'étaient pas traités comme des
par exemple, l'exemption des impôts était octroyée, non- ts^vïtoh. Le père de Démosthène, fabricant de lits et armu
seulement aux commerçants qui importaient la pourpre rier, était un xotXô; xàYaObç àvvip. Ces privilégiés de la for
marine, mais encore aux teinturiers qui employaient tune, tout en cherchant dans l'industrie des moyens d'ac
cette substance dans la préparation des étoffes. Dans la croître leur bien-être, avaient des loisirs qui leur permet
même ville, les cuisiniers qui créaient un nouveau plat se taient de cultiver leur esprit, de développer leurs forces et
recommandant par des qualités éminentes , obtenaient de prendre part aux affaires publiques. Car le plus habi
une sorte de brevet d'invention ; il était défendu à tous tuellement, ils se déchargeaient de la direction de leurs
leurs collègues de préparer le même plat pendant une usines sur des contre-maîtres (fytpôvti toù IpYocomipi'ou, im-
période d'une année 8t. TpoTOt, àpYtov !Tci<jTaTai), pris parmi leurs esclaves ou leurs
Quand la vieillesse ou les infirmités forçaient l'artisan affranchis 95.
à quitter son métier, il pouvait céder à un autre son ate Voici, pour terminer, quelques renseignements sur le
lier et sa clientèle, et le prix de la cession lui permettait de salaire des artisans et des journaliers, vers la fin du Ve siècle
vivre encore pendant quelque temps. L'invalide de Lysias et le commencement du iv° avant notre ère. Un portefaix
De leg. VIII, D. II, p. 415, 34. — H Xen. Cyrop. VIII, 2, S 5- — 18 Xen. — 88 Athen. XII, 20, p. 521. — 87 lysias, Pro vmal. § 6, D. 200. — 88 puto, Mena,
Mentor. II, 7. — W Xen. Cyr. VIII, 2. — "0 Voir toutefois Frohberger, De 27, D. I, p. 458. - 89 Kircnhoff, Iruer. attic. I, p. 173. — 9» Arist. Polit. III, 3, 3.
opificum ronditione, p. 28 et s., qui pose en principe que, à Athènes, « Opificia — 91 Pollux, VII, 133 j Harpocr. s. v. Mu.v«1t«(, éd. Bekker, p. 114. — •» Arist.
non censehantur tributaria. » — 81 Vt'escher, Inseript. recueillies à Delplim, Pol. III, 3. 3. — «s Rangabé. Antiq. hell. n» 770, c, t. II, p. 366 et s. — ^* De ley
p. 20, n° 16. — 83 Ib. p. 17, n<> 8. — 88 Arislot. Oecon. Il, I, g 4. — t* Froehner, VIII, D. II, p. 416. — 95 Aes. h. C. Timarck, S, 97, D. 4« ; l)em. C. Aphnh. I
Hecne archéol. t. XII, 1865, p. 43. — 8 Arist. Oecon. II, c. 2, 3, D. I, p. 640. § 19, It. 819.
ART — 446 — ART
gagnait quatre oboles par jour M. Il en était de même des leur utilité pour le service militaire ou pour l'éclat des
ouvriers qui se livraient aux travaux des champs m. Un cérémonies du culte, ces artisans jouissaient d'une con
aide-maçon (mriXcxpo'poç) ne recevait qu'une demi-drachme 98. sidération spéciale. Les autres ouvriers (opifices, sellularii),
Les scieurs de pierres et la plupart des autres ouvriers, qui le plus souvent affranchis ou simples étrangers [peregriniI
furent employés à la construction du temple d'Érechthée, n'étaient point admis dans les centuries, ni aptes au service
recevaient par jour une drachme 99 . La même rémunéra militaire mais on les avait répartis en corporations.
tion est attribuée à des masses d'ouvriers qui ont travaillé A côté d'eux les citoyens romains les plus pauvres, plé
à quelque édifice public, peut-être au Parthénon et aux béiens ou clients concessionnaires des fonds de I'ager pi -
Propylées ,0°. Les travaux de nuit semblent avoir élé mieux blicus à titre de précaire [precarilm], ou concession
payés que les autres; Ménédème et Asclépiade, qui, pour se révocable, figuraient en dehors de la cinquième classe du
procurer les moyens de vivre et d'étudier la philosophie, cens, parmi les prolétaires; les plus pauvres mêmes s'appe
travaillaient pendant la nuit dans un moulin, recevaient laient capite censi et louaient leur travail comme journa
chacun deux drachmes par nuit 101 . Les chiffres que nous liers, operarii, ou pour l'agriculture, comme politores. Il
venons d'indiquer n'ont évidemment rien d'absolu; les dut se former aussi en dehors de Home une classe de petits
exigences de l'offre ou de la demande pouvaient les faire fermiers (coloni), parmi les affranchis, qui parfois conti
varier sensiblement. Dans le royaume des ombres, un mort nuaient d'exploiter comme preneurs le domaine qu'ils
refuse de porter pour moins de deux drachmes le bagage avaient fait valoir comme esclaves.
de Bacchus et il jure ses grands Dieux qu'il aimerait mieux Sous la république, la condition des travailleurs libres
retourner sur terre que de se contenter de neuf oboles 10!. fut loin d'être améliorée dans le principe117. La gratuité du
Des prétentions identiques devaient se produire sur la service militaire, les guerres continuelles et les emprunts
terre. E. Caillemer. usuraires 118 durent même réduire beaucoup de citoyens
II. Chez les Romains, on appelait mercenarii non-seule des classes inférieures à la condition de mercenaires. Ce
ment les militaires qui louaient leurs services m, mais pendant les progrès de la domination romaine se déve
encore tous ceux qui, au moyen du contrat de louage loppant en même temps que ceux de l'égalité civile et
d'ouvrage [locatio operarum], tiraient un salaire de leur politique "9, eurent pour résultat d'améliorer le sort des
travail m. Ceux-ci étaient encore appelés opifices, obaerarii plébéiens. Rome lia des relations de commerce avec la
ou operarii 10\ On nommait plus particulièrement artifices Sicile, la Grèce, l'Étrurie et même avec Carlhage. L'in
ceux dont l'industrie impliquait l'exercice des arts du des dustrie, s'accroissant à Rome, dut enrichir la classe des
sin ; on appliqua cette expression aux charpentiers, for affranchis ,8°; mais leur travail profitait souvent aux pa
gerons, etc., parfois aux architectes, sans s'élever jusqu'à trons qui, outre les operae, promises par serment (jurâta
la profession réputée libérale 10!, celle, par exemple, des ar- promissio liberti), leur avaient souvent imposé une société
penteurs(a^rîVnensores, ou geometrae), des médecins(H/w//«), d'acquêts, et, dans tous les cas, jouissaient de droits de
des rhéteurs (i-hetores), des professeurs {professores), dont succession sur les biens du libertin m. En outre, les lois
le service ne pouvait d'après les mœurs être l'objet d'un Liciniennes (388 de Rome, 360 av. J.-C), en autori
louage (opus quod locari non solet 107), et qui cependant pro sant les plébéiens à occuper les terres publiques, et en
duisait des honoraires. Mais un caractère commun aux limitant l'étendue des possessions et le mode de pâture
mercenarii et aux artifices était l'avilissement de leur pro du domaine 1!S, favorisèrent à la fois l'agriculture et la pe
fession. Chez les Romains, pour lesquels la lance (kasta ou tite propriété, qui employaient le travail libre '". Sui
vindicta) était le symbole de la propriété quiritaire ,0\ on vant M. Mommsen "*, elles ordonnaient d'employer, à côté
n'avait de considération que pour le service militaire ou des esclaves, au moins un certain nombre de cultivateurs
le travail agricole m. Toute autre industrie était réputée libres "*. Là commença une ère de prospérité pour l'agri
servile 110 ou indigne d'un citoyen ingénu. Ce préjugé avait culture italienne, jusqu'à l'époque où les guerres extérieu
sa source dans l'esclavage qui déshonorait le travail et fai res, l'inobservation des lois Liciniennes et l'accroissement
sait concurrence aux travailleurs libres qu'il devait peu du nombre des esclaves, qui suivit la fin de la guerre
à peu faire disparaître, surtout dans les campagnes "!. de Tarente surtout, amenèrent rapidement la dépopula
Sous la royauté, nous voyons apparaître les travailleurs tion de l'Italie.
libres dans les collèges d'ouvriers (collegia fabrorum), etc. "', Cependant les métiers, et ceux mêmes qui travaillaient
attribués au roi Numa; ils se montrent plus sûrement dans pour le luxe, prospéraient à Rome, comme le prouve la
l'organisation du cens par Servius Tullius, où les armuriers célèbre cassette trouvée à Préneste, qui est connue sous
en bronze et les charpentiers, fabri aerarii, lignani, qui le nom de ciste Ficoroni 1M, fabriquée dans la pre
formaient, en dehors des classes, deux centuries IU, et les mière moitié du m" siècle avant Jésus-Christ, tandis que
musiciens, tubicines ou cjrnicines, deux autres ; à cause de l'agriculture allait vers la décadence ou plutôt tendait à

M Pollui, VII, 133. — 97 Lucian. Timon, op. 5, g§ 6 et 12.— 98 \ristoph. Ecclvs. — II» Dionys. IV, 17 ; Tit.-Liv. 1, 43 ; Cicer. De rrp.U, 22 ; Jlommsen, Rôn. Gesch.
i. 310. — M Kirchhoir, Inscr. ait. I, p. 173. — 100 Ib. p. 176; Rangabé, Ant. hell. I, 13, t.I,p. 25g et s. de la trad. d'Alexandre. — "5 Tit.-Liv. VIII, 20 ; Dionyi.IX, 25.
n° «7. — 101 Alh. IV, 65, p. 168. — 1°« Aristoph. Ran. 173 et suiv. — 103 Tit.-I.ii . _ Ut Voyez cet art. etiCBÀaiiKLm.KS. — »7 Tit.-Liv. 11,9 ; IV, 12, 36, 48, 51,53, 60;
XXIV, 49 ; XXX, 8. — Fr. I,| 20, Dig. XLIII, 16 ; fr. 11,8 1, Dig. XLVUI, 19; V, 10 ; VI, 3, 11, 14, 15, 18, 19, 27, 31, 32, 34-39 ; Wallcr, Getch. n. 32.— «» mie» ;
Tic. De offic. 1, 13, 42 ; Yarro, De Te rust. I, 17, 2. — 103 Voy. locatio coxdcctio FFtr.BRES leges ; panes. — *!• Voy. plebs ; lex xii TtarLini-M, TaiBtrnus. — 1*0 Wal
et rinu ; Sallust. Catil. 49 ; Cic. De ûff. 1,41; Instit. Just. III, 24; GcII. Nocl. lcr, Gesch. des rûm. Rcchls, n°" 106 et 203.— '« Gaius, Comm. III, 39, 40 et suiv.—
III, 3; Plaut. Aulul. Il, 4, 1 ; Trinum. IX, 22 ; Asm. Prol. 3. — 106 cic. Pro ire Voy. acbaiuik lices; « aller, Op. I. n°62. — M* Val.-Max. IV, 4, 6 ; IX, 4, 1 1 ; ,
Caec. 22; Scnec Denef. III, 22. — 107 Fr. I, Dig. L, 18, De ext. cogn. ,-et fr. l,Dig. Plin. Hist. nat. XXXIII, 6 ; Cato, De re rust. p. 2. — i» II, p. 271 de la trad. —
XI, 8, Si mens, fait.; Senec. Ep. 88, 18; Fr. 5, g 2, Dig. XIX, 5, Pracs. verh. 1*3 App. BeU. cic. I, 8 ; Walter, Gesch. n° 199. Beaucoup de citoyens cultivaient
— 10* Gaius, IV, 16. — 109 Yarro, De rerustic. praef. — "0 Plin. Ep. X, 41 ; Dionys. par eux-mêmes, leurs enfants ou leurs parents, leur petit héritage ( Val.-Max. IV, 4. 5,
II,Î8 ; IX, 25 ; Cic. De offic. I, 42 ; Tit.-Liv. XXI, 63 ; Durcau de la Malle, Ëmn. pol. 6, 7, 8) ou par des humilies libres, leurs débiteurs, oui acquittaient ainsi leur dette.
1. 223 ; 11,368. — •» Id. Il, p. 278 cl s.; App.Be//. rw.I, 7ct H.— lu Durcau de la Yarro, de re rust. I, 17, 1. — 1*0 .Mommsen, Corp. ùisc. lut. n° 54 ; Id. Hist. rom.
Malle, I, p. 67 et s. — 113 Plin.//is/. mil. XXXIV, 1 ; XXXV, 40, 1 ; Plut. iVuma 22. et. Il, p. 277 de la trad.; O. Jahn, Die Ficoron. Cista, Leipz. 1S52, p. 59 et s.
ART — 447 — ART
une transformation. Au temps de Calon l'Ancien, on exploi Après la chute de Carthage, le mal vint à son comble m.
tait encore soit par ses esclaves (familia 7-ustica) lî7 dirigés La résistance aveugle des patriciens à toute tentative de
par un villicus esclave aussi, soit par des ouvriers libres, réforme, non moins que les fautes politiques des Gracques,
politores ls8, payés en temps de moisson au moyen d'une produisirent les guerres civiles et l'entière dépopulation de
portion des fruits ; souvent il donnait à bail à un mé l'Italie. En 634 de Rome ou 120 av. J.-C, la loi Sempronia
tayer (colonus partiarius) 1M ou à un fermier (colunus), de C. Gracchus avait rendu permanentes les distributions
moyennant une somme d'argent. Plus tard, quand les ca de h\è,((rumentationes publicaé),b. prix réduit Ce fut une
pitalistes romains eurent acquis des domaines en province plaie pour la société comme pour le trésor public 1M. La
au delà des mers (praediastipendiaria), le bail en argent età restauration opérée par Sylla n'avait pu mettre fin à la
long terme 180 devint plus fréquent |ageu vectigalis, em- crise sociale qu'accrut encore la célèbre loi Clodia1" du
phtteusis]. Mais en Italie, où la petite propriété s'en allait démagogue Clodius, qui rendit les distributions gratuites,
progressivement, on n'employa plus guère les journaliers en donnant une prime à la population oisive de Rome.
libres {operarii ou politores) que dans les contrées mal Cette crise aboutit à la dictature de Jules César, au second
saines ou à raison de circonstances pressantes. Alors triumvirat, et finalement à l'établissement de l'empire.
on payait aux batteurs un cinquième du grain ; aux fau J'ai négligé les lois somptuaires [suhptuariae leges], parce
cheurs, suivant les cas, une gerbe sur six, sept, huit ou que, mal observées, elles n'eurent dans tous les cas pour
neuf. Quelquefois on vendait la récolte sur pied et l'ache résultat que d'entraver le commerce et l'industrie. Vers les
teur la recueillait13*. Souvent on donnait à l'entreprise derniers temps de cette période, les antiques corporations
(locatio ou redemptio operis) la récolte du vin ou des olives d'artisans s'étaient non-seulement maintenues, mais encore
à un redemptor, qui venait avec sa bande d'esclaves ou de multipliées1'*. La liberté d'association parut avoir engendré
mercenarii. C'est ainsi que dans la vallée de Réate, tous les des abus, qui firent dissoudre les collèges, à l'exception de
ans, les montagnards de l'Ombrie descendaient pour louer quelques-uns des plus anciens "8, en 690 de Morne ou 61
leur journée. Mais la guerre, les distributions de blé à av. J.-C. Ils furent tous rétablis, il est vrai, en 696, par Clo
prix réduit ou môme gratuites aux prolétaires de Home et dius, qui môme en forma de nouveaux, pris dans la lie du
la concurrence des produits du travail servile en Sicile et peuple et môme parmi les esclaves m. Mais bientôt Jules
en Afrique, ruinèrent la culture des céréales et la classe César opéra une dissolution générale et ne maintint que
des agriculteurs libres en Italie 1M. On employa les escla certaines corporations consacrées par d'antiques tradi
ves à la culture potagère ou pastorale dans des villa ou tions. Depuis lors on posa en principe qu'aucune société î.o
dans de vastes domaines [latifundia]. Cependant les ate pourrait obtenir la personnalité civile (corpus habere) sans
liers industriels (tabernae), et notamment ceux des foulons l'autorisation du gouvernement1*8. Les anciennes corpora
(officina fullonis), si souvent cités dans les lois romaines tions d'ouvriers ne paraissent pas avoir possédé alors le
et ailleurs "*, employaient encore des hommes libre?, monopole du travail. C'étaient des associations libres, avec
mais surtout des affranchis et des esclaves. 11 en était de un caractère religieux, mais qui en fait renfermaient la plu
môme des orfèvres, potiers, graveurs, sculpteurs, boulan part des artisans. Les artifices proprement dits, peintres,
gers, etc. Les banquiers, les publicains et les marchands graveurs, etc., étaient fort appréciés et bien payés pen
eux-mêmes (argentarii, mercatores) avaient des agents et des dant les deux derniers siècles de la république, mais non
facteurs de la même condition [adores, institore§). Les ar organisés en corporations fermées.
mateurs {exercitores ou negotiatores navicularii) employaient Sous l'empire, le principe de liberté de l'industrie fut
souvent des esclaves comme capitaines de navire (magister maintenu dans l'origine. La condition des ouvriers dut
navis). Partout le travail servile luttait contre le travail libre s'améliorer d'abord par suite du rétablissement de la
et en diminuait la valeur morale et matérielle "5. Souvent sécurité, de l'ordre intérieur et des restrictions apportées
néanmoins les affranchis qui avaient reçu un pécule par aux affranchissements. Mais les cultivateurs libres ne re
vinrent à l'aisance par le commerce et l'industrie, mais parurent plus en Italie. Auguste réglementa à nouveau
on leur disputa l'égalité de droits politiques et l'on s'effraya les corporations 1M, dont les empereurs se préoccupèrent
de leur influence au forum ,!6. Quant au journalier de toujours beaucoup 150, à raison des périls politiques qu'elles
Rome, il était fort mal payé [salarium]. Suivant Cicéron pouvaient occasionner. Auguste, à l'exemple de Jules
son salaire était fixé à environ 12 as par jour, valant 80 cen César 1M, restreignit aussi bien dans l'intérêt du travail
times de notre monnaie. 11 était forcé de recourir à la spor- que du trésor public, le nombre des participants aux dis
tule d'un patron [sportula], de solliciter des largitiones fru- tributions frumentaires 15!.
menti ou de vendre son vote dans les comices. Quelquefois Indépendamment des agents et artisans employés par
môme il s'engageait comme gladiateur [auctoratus) m h un les magistrats, et divisés en décuries [apparitor], les arti
chef de troupe qui le louait aux préteurs. Pour trouver à sans libres et les journaliers furent distribués en un grand
Rome la ressource du travail ou pour profiler des distri nombre de corporations, dont chacune avait son nom, son
butions d'aliments, les pauvres affluaient de toute l'Italie "9. culte, ses franchises, sa caisse et ses charges, sous l'inspec-

l«Cato, De rerust. 5,56 et 136 ; Mommsen, Uist. rom.ï.W, p. Il 2 et I.— IMCalo, — IH Mommsen, t. V, p. 53 et 69. — 1» Dureau de la Malle, l. c. II, 221, 307,
De re trust. 136, 137.— U»Varro,Zte re tust. I, 17, 1-6 ; Walter, Gesch. n« 193 et 19'J. 311 et s.; Bcckcr-Marquardt, Handb. III, 2, p. 88-112; Walter, Gesch. n™ 294, ï'.i:i.
— 130 Colum.l, 7, 3. — m Varro, Dere rust.l, 17, 2.— lUCato, 147. — M» Mommsen, — «3 Mommsen, (. I. ; Dio Cass. XXXVIII, 13 ; Cic. Pro Sext. 25 ; ib. Schol. Dobliio,
Uist. roin.UI, 12,t.lV,p.l24ct s.; Dureau de la Malle, licon-polit. H, p. 21$, 424, p. 301 ; Ascon. in Pison. 4, p. 9, Orelli. — '** Ascon. In Cornet. Orelli, p. 73 }
228, 232 ; I, 242. — 1» Gaius, UI, 143, 162 ; Plut. Cato muj. 21 ; Plin. Hist. nat. XXXV, Suet. /. Caes. 42. — 1« Ascon. In Pison. 4, p. 7 Orelli. — iw Cic. In Pison. 4 ;
33, 18; 42, 50, 57. — «s Colum. De re rvsl. I, 3, 9, 10; Mommsen, IV, p. 13G, Ascon. In Pison. p. 9 Orelli ; Pro Sextio. 15, 25 ; Dio Cassius, XXXVIII, 13. — U7 Snot.
119 a lii4 ; Walter, Gesch. n» 199.— 13« Cic. De pet. cône. 8. — 137 Pro Roscin, 10. /. Cacs. 42 ; Joseph. Ant. Jud. XIV, 10, 8. — »» Fr. 1, Dig. Quod cujus unions.
— 13' Gaius, III, 199 ; Cic. De off. 1,42 ; Yaler. Mai. VI, 9. 8 et l'art. uctdiiu»tii. UI, 4. — "» Suet. Octao. 32. — 1» Plin. Ep. X, 43, 94, 97. — 161 Sucton. Caes. li.
— 133 App. Dell. civ. U, 120. — 1M> Mommsen, t. V, p. 10, 19 et s. ; Sallust. Jug. 41 ; — 132 Suet. Ocl. 40 ; Dio, L, 10 , Plin. Ptmcg. 25, 26 ; Monum. Ancvr. tab. III ;
De rep. ord. H,5j App. Bell. ch. 1, 10,36; Tit.-Liv. XXXIX, 6; Walter, ffrsc/i. 225- Walter, Gesch. n»395.
ART — 448 — ART
tion de l'autorité. On voit même Auguste intervenir pour vaillait le moins possible. Nul homme d'une famille hon
attribuer un terrain aux portefaix (geruli) dans une petite nête n'eût même consenti à diriger une fabrique, ou à
colonie m. La tendance de l'empire était d'organiser partout adopter une profession artistique, comme la peinture ou la
les citoyens et de réglementer les associations154, en leur sculpture 169. En effet, ce que nous appelons les artistes
accordant des privilèges proportionnés à leur importance n'était guère placé qu'à un degré au-dessus des cuisi
sociale. Aussi les jurisconsultes 155 mentionnent-ils des pri niers, des coiffeurs, des athlètes 1T0. Les pictores, marmo-
vilèges accordés à certains artifices, tels que les architectes, rarii, statuarii et autres artisans du luxe (caeteri luxuriae
pilotes, charpentiers, etc. [munus]. Les saccarii avaient au minisiri) exerçaient des arts trop peu sérieux au point de
temps du bas- empire un monopole, sans doute antérieur, vue romain 171 (leciores ou médiocres artes, leviora ou minora
pour le déchargement des marchandises du port 1!8, etc. studio). Les inscriptions et les textes du Digeste ou du Code
Mais, à part certaines professions dont les services devaient de Justinien 17S mentionnent cependant maintes fois des
être tarifés même sous l'empire, en général la liberté des artisans en métaux, en marbres, en poterie, etc.
conventions réglait le taux des salaires [salarujm]. Les ouvriers faisant partie d'une corporation autori
Les latifundia s'étendent dans les provinces et mena sée 173 furent exemptés sous l'empire des charges munici
cent, avec l'accroissement des impôts (tributum sali), pales [munus] ; on dispensa de la tutelle les membres de
d'y détruire également la classe des cultivateurs libres1*. certains de ces collegia, à raison des services 174 qu'ils
D'un autre côté, les cités et les collèges de prêtres com étaient censés rendre à la société, ou des secours que
mençaient à multiplier les baux à long terme158; dans ce quelques-uns, comme les fabri, pouvaient porter dans les
cas, le préteur considéra le preneur comme ayant une incendies
sorte de droit réel protégé par des interdits [interdictum], Vers la fin de la période de l'empire, la situation des
et même par des actions utiles [actio]. Il existait pourtant ouvriers libres s'aggrava sensiblement. Dans les campa
encore de simples fermiers ou colons libres chez les par gnes, les petits propriétaires ruinés et, à plus forte raison,
ticuliers 160 et de petits propriétaires fermiers"". Mais le les journaliers (operarii i-uHici) tombèrent dans la condi
colonat véritable n'apparaît que dans la période suivante tion de colons attachés à la glèbe [colonatus]. D'un autre
[colonatus]. côté, dans les villes, les corporations176 tendirent à devenir
Caligula frappa le travail des ouvriers des indus héréditaires et obligatoires pour leurs membres, afin que
tries de luxe d'un impôt indirect, sous le nom de vectigal les travaux nécessaires ne vinssent pas à s'arrêter faute de
artium, impôt accru par Alexandre Sévère 16S. Elle attei bras. Celte révolution industrielle qui détruisit la liberté
gnait notamment les orfèvres {aurifiées), les pelletiers (pel- du travail ne fut cependant achevée qu'au bas-empire.
liones), les selliers (plaustrarii), les tailleurs de braies (brac- Sous Dioclétien, un édit célèbre rendu en 301 177 tenta
carii), les tisserands de toiles de lin (knleones). Cette taxe de réglementer les salaires et de fixer le maximum des
fut affectée à l'entretien des thermes et des bains publics. marchandises [salaru m, pretia]. Cet essai du despotisme
Il existait en effet à Itome, sinon de grandes fabriques, échoua misérablement, malgré la sévérité des peines
du moins de vastes ateliers, officinae, appartenant à de attachées aux contraventions 17s. Les ouvriers exerçant des
riches particuliers, qui y employaient des esclaves professions sordides, par exemple les portefaix (geruli),
ou des affranchis ; il y avait aussi un grand nombre de les porteurs de litières (corpus lecticarii) 178, les cento-
petites boutiques d'artisans (tabemae), quelquefois des narii, les dendrophorim, etc., furent organisés à nouveau,
échoppes sur la voie publique pour les travaux ou les objets et leurs corporations réglementées. Ils formèrent à Home
de consommation journalière, comme le vêtement, les meu et à Constanlinople les collcf/iati ou corporati m. Tous
bles, la chaussure, la literie, à côté de magasins d'objets étaient forcément attachés à leur collège, ainsi que leurs
de luxe , d'orfèvrerie , meubles précieux ( aeris tabula enfants ,8î, et de plus, tenus à certains services dans l'inté
rumque tniracula),es , d'étoffes précieuses de lin (vestes lin- rêt de la cité IW. Pour ces travaux appelés ministeria urbiuw,
teae) 166 dont les fabricants se nommaient Unteones 167. obsequia, operae, ils étaient, à tour de rôle, à la disposition
Ceux-ci devaient donner du travail à de nombreux affran des curiales de leur ville ainsi notamment pour la con
chis, à cause du prix des esclaves. On trouve, dans duite des chevaux et animaux du fisc (operaead proseculio-
Ovide168, la description des travaux d'une fabrique d'é ncm animalium ,8i). Ces collegiati se retrouvent non-seule
toffes de laine, sans doute d'après le type qu'il avait sous ment à Home, mais dans la plupart des cités de l'empire
les yeux. Malheureusement le salaire devait être très- d'Occident. A Constanlinople, on voit que plusieurs bouti
bas pour les ouvriers libres, soit à cause du supplément ques de marchands, sous Justinien m, étaient tenues de
des distributions gratuites, soit à raison du décridu travail ; fournir 560 ou 5C3 collegiati pour les funérailles et pour
on voulait vivre noblement en citoyen romain, et on Ira- l'extinction des incendies. A Rome, les corporati étaient des

153 Guarini, Fttst. dutn. l'unip. p. 82. — 18i Walter, Op. I. 343, et l'art, cor.- p. 76-91 ; Orclli-Hcnien, c. 17; Walter, Gesch. 11° 348. — "7 Lactant. De morte
legiiï. — 155 Fr.5,§ 12, Dig. De jure immun.L, 6 ; Walter, /. /. n» 208.-1*6 Cod. pers. 7; Malal. Chron. 12, p. 307; Fasti ldatiani, 302 ; HSnel, Corp. ley. ad.
Theod. XIV, 22. — 157 Écon. pot I, p. 131. — 15» rlin. Hitt. nat. XVIII, 4, 7; a. 10SS, n» 301, p. 175 ; et Mommscn, Berichte der Sâchs. GeseUsch. der Wisseruch.
Colum. II, 3, 10, 11 ; Walter, Op.l. n» 344. — 159 Gains, III, 145, voy. «mphytkusis. 1851, p. 1-41, p. 383 à 3'JO ; Waddington, Édit de Dioctétien, Paris, 1861, e. vu,
— l«0 Colum. I, 7; Plin. Ep. III, 19; X, 24. — Sir. Flaccus, De cond. af/r. p. (s. _ 17» Dureau de la Malle, Écon. pol. I, p. 131 cl s. — 179 Martial III. 40;
p. 152 Lachm. — l«s Suct. Calig. 40. — '63 Lamprid. Al. .Sec. 2',. — !«• Textures Gruter, 599, 115, 600. — I» Symmach. Ep. X, 34; c. 3 ('.. Theod. VII, 21 ; C. Theod.
et texlrices lanifici employés dans les textriin, Cic. In Yerr. IV, 26. — lfi5 Tacit. XIV, 8; Toy. Rabanis, Rechercha sur les dendrophnre», 1841. — 181 Novell.
Annal. III, 52. — i«« Cic. In Yerr. V, 50. — 15' Serv. Ad Aen. Vil, 14; Plaut. Valent. III, tit. 5, De Penlap. cl Cod. Theod. XIV, 7. — >»* C. 2 C Theod. XIV, 7 ;
Aulul. III, 5, 38. — 168 itetam. VI, 53. — «» Plin. HUt. nat. XXXV, 4, 7 ; Cic. Not. Valent. III, t. XXXIV, De episc. jad. g 3 ; Nov. Major, t. VU, De curialib. g 3,
Tusc. I, 2. — «0 Scnec. Ep. 88, 18. — 1"' Cic. Brut. I, ;) ; De orut. I, 2, 6, 49 ; 5. 7 ; Novell. Sev. t. II, De corpor. Serrigny, Droit pub. rom. n»- 122 et s. ; Waller,
In Catil. 14, 50 ; Brut. 18, 70. — '"i Wtfinlip, Iwlustria liomanorum Diyestorum et Gesch. n» 100. — l™ Gothofr. Pmratitl. ad C. Theod. De colley, t. V, p. 213, éd.
C<idic. locis nonnullis exploitait!, Krlangcn. 1840 ; Hein, s. r. Artiliccs in Pauly's Rittrr; Kuhn, Die stàdt. und btoryerl. Yerfass. des rom. Bricks, I, p. 79 et 80.
Bealencyclopâdie, 1' édit. t. I, p. 1825 et s. — I" Fr. l,Dig. De colley. XLVU, — '8> Novell. Major, t. VII, S 3, éd. Uânel. — "3 c. 1 Cxi. Theod. Se oprr. ri conl.
22. — «* Fr. 17, g 2, Dig. De excus. XXVII, 1 ; fr. 5, g 12, Dig. L, 6. — "5 Plin. XI, 10. — i*6 C. 1 Cod. Just. De coll. XI, 17 ; C. 9, De sacr. eccles. I, 2; C. 5 De
Ep. \. li. 13. — "S Lampr. Ai. Se». 33 ; Orclli, II, 117 ; Slommscn, De colley. commerc. |V,63 ; Novell. 43 etoï, c. I ; Ljdus, De may.l,M ; Kuhn, Op. /.p. SI et».
ART — 449 — ARV
artisans pris dans le sein de certaines corporations, et de pactiser pour s'engager à refuser un travail commencé
chargés de cuire le pain, d'acheter la viande, de porter le par un autre, et les chefs des corporations (professionum
bois pour les bains publics, d'éteindre les feux, etc. lï7. Ces primates) qui auraient établi un tarif super taxandis rerum
corporations étaient probablement de la même nature que pretiis aut super quibusdam illicitis placitis sont punis d'une
celles des aubergistes, revendeurs, petits boutiquiers (cau- amende de quarante livres d'or, sous la surveillance et
jionae, propolae, tabernarii), qui, en cas de nécessité, de la responsabilité du préfet de la ville et de ses agents (prae-
vaient venir en aide aux collegiati des villes pour la prose- fectus urbi et ejus officiales). G. Humbert.
cutio specierum fiscalium. La condition de ces collèges était ARTOPHORON [panarium].
voisine de la servitude. Aussi voit-on qu'on infligea comme ARTOPTA [PANIS, C0ENA].
peine aux ingénus leur incorporation (collegiis deputentur) ARTYNOI ("Apxuvot). — Il y avait, dit Plularque *, dans la
dans un collegium m attaché au territoire de la cité, no ville d'Épidaure, en Argolide, un conseil de cent quatre-
tamment au cas où ils auraient vécu avec une femme es vingts membres, qui choisissait dans son sein un certain
clave m, ou s'ils étaient nés de l'union d'un cuiïale avec un nombre de fonctionnaires appelés dtp-ruvoi. Ceux-ci, réunis,
esclave 19°. Les artisans dont le travail pouvait être utile au formaient sans doute le pouvoir exécutif, et chacun d'eux
service militaire de terre ou de mer furent exempts des devait avoir la direction d'un certain ordre d'affaires s.
charges nommées munera graviora m. On trouve aussi à Argos, à côté d'un collège de quatre-
Constantin encouragea en Afrique l'éducation des jeunes vingts membres (oî 6y8o^xovta), des magistrats portant le
architectes, et en 337, exempta complètement de toutes titre de àpTÛvat'. E. Caillemer.
charges (ab omnibus muneribus), les artifices artium des cités, ARUNDO (KâWo,-). — Canne de jonc ou de roseau. Le
dont l'état très intéressant se trouve joint à sa constitu nom de la plante servait à désigner quelquefois les objets,
tion, état modifié dans le Code Justinien m. En 344 l'im assez nombreux, pour la fabrication desquels sa tige était
munité fut accordée par Constantin aux mécaniciens, employée, comme la ligne à pêcher [piscatio], la baguette
géomètres et architectes, à raison de la nécessité de l'en enduite de glu de l'oiseleur [venatio], le roseau pour écrire
seignement de leur profession m. Enfin, en 374, Valenti- [calamus], etc. Nous renvoyons aux articles spéciaux.
nien, Valens et Gratien dispensèrent les peintres de la ARVALES FRATRES. — Collège de prêtres chargé du
charge de recevoir les hôtes publics, et de la procuratio culte de la divinité agricole appelée dea dia et remontant
equorum, etc. 18t. D'un autre côté, bien que la liberté de à la plus ancienne époque de la religion romaine, puisque
l'industrie fût reconnue en principe pour les non nobles l95, Romulus passait pour l'avoir organisé. Suivant la tradition
il s'établit des monopoles [monopolium] assez nombreux transmise par Masurius Sabinus par Rutilius Geminus *,
par suite de la création de fabriques impériales pour les par Pline le Naturaliste ', le collège des Frères Arvales
armes, la pourpre, les tissus de soie, les habits précieux fut constitué, dans le principe, par les douze fils d'ACCA
(holosericae vestes) destinés à la famille impériale et à la larentia. L'un d'eux étant mort, Romulus prit sa place,
cour 1M. Les fabricenses, et notamment ceux des fabriques et le nombre des Arvales resta toujours fixé à douze. Ils se
d'armes, recevaient un salaire d'après un tarif de l'autorité, donnaient le titre de frères pour rappeler leur origine
et se trouvaient liés héréditairement à leur fonction ou commune. Les auteurs * ont indiqué expressément que le
corporation on les marquait même d'un stigmate au culte desservi par les Arvales se référait à l'agriculture (le
bras, pour prévenir leur fuite 1S8. Nous voyons aussi que nom seul de ces prêtres l'eût d'ailleurs prouvé), mais au
d'autres corvéables, appelés liturgi, étaient affectés à l'en cun n'a parlé des cérémonies de Dea Dia et n'a même
tretien des digues du Nil 1*9. Mais en dehors des services nommé cette déesse. Son existence, aussi bien que les dé
tarifés par l'État, les ouvriers des corporations pouvaient tails des sacrifices accomplis en son honneur, n'aurait
librement discuter leur salaire et le régler par le contrat de donc laissé aucune trace si l'on n'avait retrouvé de très-
louage, locatio operarum. Quand un maître donnait à bail nombreux fragments des Actes des frères Arvales, gravés
les services de son esclave, ce qui était assez fréquent M0, la sur la pierre. Aucun collège sacerdotal ne nous a légué
convention se formait, bien entendu, entre ce maître (do- une telle abondance de documents, et bien que ce soit l'un
minus) et le preneur (conductor). L'empereur Zénon dé des moins importants de la Rome antique qui s'offre ainsi
fendit les monopoles et les coalitions entre ouvriers, dans les conditions d'étude les plus favorables, ses Actes
artisans ou marchands m, pour hausser le prix de leurs [acta] ne laissent pas que de jeter quelque lumière sur la
salaires ou marchandises ; il interdit notamment aux ou physionomie de l'ancien culte romain, qui offrait, dans
vriers constructeurs, entrepreneurs, maîtres de bains, etc., toutes ses branches, un caractère assez uniforme. Ils

187 Sjmmach. Ep. X, 17 ; Coil. Theod. XIV, t. II à V. — 188 Nov. Maj. De curia- Erlangen, 1873 ; Durcau de la Malle, Économie politique des Domains, I, p. 127,
!Unu, t. VII, S 4. — m Edict. Thcodos. c. 64. — 1*> Nov. Majorian. t. VII, g 2 et 3. 242, 243 ; II, p. 288, 313, 398 ; p. 77, 367, Paris, 1840 ; Serrigny, Droit public ro
— 1" C. 1, 2, 3 Cod. Thcod. De excus. artif. XIII, 4; C. 1 Cod. Just. end. X, 64 ; main, d<- 1074, 1122 et suiv., Paris, 1862; Walter, Geschichte des rùmischen
Cujas, Comm. ad h. et Cramer, Zeitschr. f. gesch. Dechtswiss, I, p. 302; fr. 0, Ilechts, 3' édit. Bonn, 1860, n°* 29, 33, 198, 199, 211, 156, 298,344, 400, 409, 422,
Dig. L, 6 ; Orelli-Hcnicn, n" 7Î31.—'M C. 2 Cod. Thcod. XIII, », De exc. art. — 18» C. 511; Kuhn, Die stâdtische und bilrgerliche Verfassung des rômischen Rechts,
3 C. Theod. — »v C. 4 C. Theod. — IN c. I Cod. Just. IV, 59; C. 3, C. J. IV, 73 Lcipz. 1861, t. 1, p. 75 et suiv.; Grivaud de la Yincelle, Arts et métiers des anciens,
de commerc — l»8 C. 6, 13, 18, Cod. Theod. De murileg. X, 20 ; C. 1, 2 Cod. Just. Paris, 1819; Wcinlig, lnduslria Jlomanorum Digestorum et Codicum locis non-
IV, 40; C. I. 5 Cod. Just. De vest. hoL XI, 8 ; C. 1 Cod. Just. XI, 11 ; Novell. 85. nullis explanata, Erlangen, 1846 ; C. A. Haase, De opère locato et conducto, comm.
— 197 f.od. Thcod. De fabrir. X, 22 ; Serrigny, Droit public rom. n°» 1100 et s. grammat. et histor. Lipsiae, 1814; Marquardt, Dômische Privatalterthûmer,t. II,
— 198 C. 4 Cod. Thcod. X, 22, De fabric. — 1W C. 6 Cod. Theod. De pair. vie. XI, Leipz. 1867, p. let s.;25, 75,41 ; 113 et s.; 223 et s.; 285 et s.; 353 et s. ; Maignicn,
21. _S00 Fr. 42, 43, 4b, g 1 Dig. Locat. XIX, î. - M' C. unie. Cod. Just. IV, 59, Quid de signis tabulisque pictis senserit M. Tullius Cicero, Paris, 1856 ; Kônig, De
De monopoliùt. — Birlio<iiupiiik. W. Drumann, Die Arbeiter und Communisten in Cicérone in Yerrinis artis operum aestimatore et judice, 1863 ; K. F. Hermann, Ueber
Griechenland, Konigsberg, 1860; M. rlanck et Rein, in Pauly's liealencyctop. den Kunstsinn der Dômer und deren Stellung in der alten Kunst, Gottingen, ISJi.H.
1, 2« éd. p. 1821 et s.; H. Bazin, De la condition des artistes dans l'antiquité ARTYNOI. 1 Quaest. gr. I, 1, éd. D. p. 359.—» Schomanii, Griech. Alterthumer,
grecque, Nice, 1866 ; H. Frohberger, De opificum apud veteres Graecos conditione. 3' éA. I, p. 153. — 3 Thucyd. V, 47.
Orimm, 1968 ; Biichscnschiitz, liesilz und Brwerb im yriechischen Alterthume, ARVALES FBATREB. i Cell. Noct. att. VI, 7. — «Fulgent. De prisco sermnne,
Halle, 1869 ; A. Ricdenauer, Studien sur Geschicbte des antiken flandwerkes. p. 560. — » Plin. Bist. nat. XV11I, ï, î. — » Varr. De ling. lot. IV, 15.
1. 87
ARV — 450 — ARV
constituent la matière d'un ouvrage admirable pour la pa été trouvés à Rome dans des décombres antiques, com
tience et l'étendue des recherches et la solidité des con ment au contraire les plus anciens ont été tirés, au xvi" siècle,
clusions, composé par G. Marini,à la fin du siècle dernier5. du sol consacré à Dea Dia. On comprend aussi pourquoi
Le temple de Dea Dia, entouré d'un bois sacré [lucusI, et ceux que les fouilles de 186" et 1868 ont mis au jour dans
voisin d'autres édifices que mentionnent les Actes, tels le même endroit appartiennent tous au premier siècle de
qu'un cirque, un Tetrastylum, un Caesareum ou édicule con notre ère. Les deux dernières catégories proviennent du
sacré aux empereurs divinisés, était situé sur la via Cam- temple ou du Caesareum; la première est formée par quel
pana, à cinq milles de Rome6. Il n'existe plus aucun vestige ques débris sauvés des petits monuments utilisés pour des
de cette voie, mais l'emplacement du lucus est connu avec constructions dans la capitale. Malheureusement les ins
certitude. Dans la vigna Ceccarelli, située à Affoga l'Asino, criptions les plus anciennes, qui sont aussi les plus nom
à quatre milles de Rome, sur la via Portuese, on a mis au breuses, sont en même temps les moins détaillées. A me
jour au xvie siècle, et plus récemment à la suite de fouilles sure que la tradition du culte desservi par les Arvales
nouvelles, des fragments d'architecture et de sculpture, et s'oblitérait, que le motif des cérémonies paraissait plus bi
de nombreuses inscriptions qui ne laissent aucun doute zarre et que s'effaçait le sens des symboles, les scribes du
sur la situation du sanctuaire des Arvales, situation mécon collège prirent plus de soin et se donnèrent plus de peine
nue par Marini, sur des renseignements mal interprétés '. pour décrire minutieusement les circonstances de la fête ,0.
Le terrain appartenant aux Arvales dut être attribué Il semble qu'ils voulaient dispenser leurs successeurs de
au trésor public en 382, en vertu du célèbre décret de Gra- tout effort d'interprétation ou de mémoire. La table xu° de
tien 8. Mais le temple de la déesse resta debout, protégé Marini, procès-verbal des cérémonies de l'an 218, est extrê
par une loi de Constant, promulguée en 342. « Quoique mement détaillée, et c'est seulement avec son aide qu'on
notre intention, dit cet empereur, soit assurément de dé peut donner de ces cérémonies un récit à peu près complet.
truire la superstition, nous voulons pourtant que les bâti Le nombre des Frères Arvales resta fixé à douze, comme
ments des temples qui sont hors des murs de Rome restent nous l'avons dit, mais le collège était rarement au complet,
intacts et préservés de toute dégradation. Car, comme c'est ou plutôt tous les membres ne se croyaient pas tenus de
à l'occasion de plusieurs d'entre eux qu'ont pris naissance faire acte de présence aux cérémonies, car le nombre des
les jeux du cirque et les solennités, il ne faut pas détruire assistants, toujours inscrits nominativement dans les pro
ce qui fournit au peuple romain ses plaisirs accoutumés » cès-verbaux, est variable et n'a point dépassé neuf dans les
Or, ainsi que nous le verrons, la fête de Dea Dia était l'oc monuments aujourd'hui connus.
casion de courses de chevaux et de chars. En fait, il sub La dignité d'Arvale était viagère, et celui qui en était re
siste, dans la vigna Ceccarelli, des restes assez considé vêtu ne s'en voyait priver ni par la captivité ni par l'exil ".
rables de constructions antiques. De plus, des dessins con Avant l'établissement du principal, le collège se recrutait
servés à Florence et exécutés au commencement du xvi° par cooptation, c'est-à-dire que les membres survivants
siècle, prouvent qu'à cette époque le Caesareum était encore élisaient, à la pluralité des suffrages, leur nouveau col
debout, avec ses niches garnies de statues d'empereurs lègue. Le vote avait lieu au scrutin secret (per tabellas),
revêtus du costume des Arvales qui est décrit plus loin. comme le montre le procès-verbal d'une élection faite
Les actes du collège des Frères Arvales furent gravés sous Auguste", à un moment où les anciens usages n'é
d'abord sur les murailles du temple, puis sur celles du taient pas encore tombés en désuétude. Mais ce prince
Caesareum et du Tetrastylum, et enfin, quand ces surfaces ayant reçu le droit, qu'il transmit à ses successeurs, de
n'offrirent plus d'espace disponible, sur les exèdres et les créer des prêtres dans les divers collèges, même au delà du
balustrades qui ornaient les diverses parties du bois sacré. nombre prescrit par le règlement du collège les Arvales
Le temple, comme nous l'avons dit, fut respecté au furent le plus souvent nommés par les empereurs, ainsi
ive siècle; mais les autres monuments, moins efficacement que les actes en témoignent. Les Frères se réunissaient pour
garantis par la loi de 342, et dont la démolition plus facile la forme, mais ne délibéraient plus. Ils décoraient néan
offrait des matériaux tout taillés pour des constructions moins leur obéissance du nom de cooptation.
nouvelles, furent bientôt détruits. Les pierres que l'on en Outre les douze fratres, il y avait dans le collège quatre
tira, toutes couvertes d'inscriptions, furent transportées pueri, lesquels devaient être ingenui,mairimi et rATii!Mi,se-
à Rome, où la plupart furent immédiatement dénaturées natorum filii (on ignore si cette dernière condition était
et sont à jamais perdues. Au contraire, les inscriptions indispensable). Ils assistaient les fratres dans les sacrifices,
gravées sur les parois du temple et des autres grands édi et c'est sans doute parmi ceux qui avaient rempli ces
fices restèrent à leur place : l'action du temps les a lente fonctions que l'empereur choisissait les candidats qu'il
ment détachées des murailles, mais elles sont tombées au désignait pour remplacer les membres décédés du collège.
pied même des massifs qu'elles revêtaient, et c'est là qu'on Les inscriptions nomment encore des ministri, des cala-
les retrouve aujourd'hui. Ces faits que M. J.-B. De' Rossi a tores, des scribae attachés au service des Arvales. Le
mis en lumière, grâce à la recherche patiente des circon chiffre total du personnel n'est pas connu. Un acte de
stances au milieu desquelles s'est opérée la découverte de l'année 81 établit que certaines places furent réservées au
chacun des fragments actuellement connus, expliquent collège sur les gradins du Colisée 15. Ces places n'étaient
comment les actes les plus récents des Arvales, contempo - pas contiguës, mais réparties dans trois régions du théâtre,
rains de Caracalla, d'Éliogabale, d'Alexandre-Sévère, ont savoir : dans le Ier moenianum au xn" cuncus, sur 8 gra-

6 G. Marini, Atti c monumenti de' Fratelh Arvali, Roma, 1795. — 6 Marini, — 1* Marini, tav. i. — I3 Dio Cass. Ll, 20. — ^ Par exemple, on lit dans la
tav. xliii, anno 224 : Fratres Arvales in luco Dcac Diae via Cainpana apud lapidcm V XXII' table : a K. Martii, in aede Concordiae adstantibui Fntribui Arvalibus ci
convenerunt. — 7 Marini, p. 7; De' Rossi, Annal, de l'Iitst. arch. 183S, p. "j et suiv. ; tabella imperatoris Caesarii Vespasiani Autr. inissa C. Salvium Libéraient Noiiium
llcnzen, Ibid. 1867, 1868. — » Cod. Theod. XVI, 10, Î0. — » Cod. Theod. XVI, Bassum in locuin C. Mttidii Patruini demortui cooptamus. ■• — '5 .Marini, tav. xii:i ;
10, 3. — lo Cette remarque est île Preller, R6m. Myth. p. 127. — " Plin. /. /. Orelti. Î537 ; cf. Hiibner, Allilrti. de l'/nst. arch. 1856, p. 62.
ARV — 451 — ARV
dins ; dans le II0 moenianum, au vi" cuneus, sur 4 gradins ; Le culte de dea dia était le but essentiel de l'institution
au moenianum in ligneis (c'est-à-dire à la partie supérieure des Arvales. La fête de cette divinité, analogue ou iden
de l'édifice), à la lui" tabulatio, sur deux gradins. Chaque tique à ops et à acca larentia, était célébrée au mois de
catégorie répond évidemment à quelque degré de la hié mai et durait trois jours. L'époque n'en était pas fixe, mais
rarchie des Arvales; l'inscription ne fait pas connaître le chaque année au mois de janvier, le Magistei- faisait con
nombre des places attribuées à chaque catégorie, mais naître à quelles dates auraient lieu les divers actes qui la
seulement l'étendue qu'elles représentent. Les trois caté constituaient. C'étaient les xvi, xim et xin ou les vi, nu
gories constituaient un espace de 129 pieds et demi ré et m des kalendes de juin, c'est-à-dire les 17, 19 et 20,
servés aux Arvales, ce qui, en donnant à chaque place une ou 27, 29 et 30 mai. On ignore ce qui déterminait le choix
largeur de 2 pieds, ferait monter à 64 le nombre des mem entre ces deux périodes. L'indiction, faite à Rome, n'avait
bres de tout grade. Malheureusement c'est là un calcul pas elle-même lieu à un jour fixe de janvier : daus les
hypothétique qui ne peut nous instruire avec précision du actes actuellement connus, on n'en trouve pas d'antérieure
nombre des Arvales, ni éclairer les architectes sur la dis au 3 janvier, ni de postérieure au 13 de ce mois. Des termes
position des Moeniana. de celle du 7 janvier 91, il résulte que le premier jour de
Le collège était présidé par un Magister, élu au mois de la fête se passait à Rome dans la maison du Magister. Le
mai, pendant la fête de Dea Dia, mais n'entrant en charge deuxième, surlendemain du précédent, se passait en grande
qu'au 17 décembre suivant. Il était nommé, disent les partie dans le bois sacré et se terminait à Rome. Le troi
actes, « ex Saturnalibus primis in Saturnalia sectmda. » Il sième, lendemain du deuxième, était employé comme le
pouvait être réélu. Souvent, pour faire honneur à l'empe premier. Nous n'avons donc à faire connaître que l'emploi
reur, les Arvales le nommaient leur Magister, et le prince des deux premières journées ; la table xu° dc Marini en
se faisait remplacer par un Pro- Magister. En tout cas, un donne un compte rendu détaillé. Les parties mutilées de
Pro-Magister était nécessaire pour suppléer le Magister ma ce long texte se restituent sûrement au moyen des autres
lade ou empêché. On ignore dans quelles conditions il était tables qui concourent ainsi à rétablir, dans son intégrité
nommé. A la fête de Dea Dia, à peu près absolue, le monument le plus célèbre et le plus
on élisait également un Flamine intéressant du recueil. Malheureusement l'acte est rédigé
[flamen], remplacé, en cas de d'une façon diffuse, inégale et maladroite; en outre, beau
besoin, par un Pro Flamen. coup des termes techniques que l'on y rencontre ne sont
Pendant l'accomplissement pas encore bien expliqués. Nous ne pouvons donc en don
des sacrifices, les Arvales étaient ner ici une traduction, qui seule, pourtant, mettrait le lec
revêtus de la prétexte [prae- teur en état d'apprécier le formalisme puéril et minutieux
texta]. Leurs insignes, qu'ils de la liturgie romaine, et les lenteurs solennelles que l'an
prétendaient tenir de Romulus cien culte apportait à chaque partie du sacrifice. 11 faut se
(inscrit sans doute, dans leurs reporter au commentaire inappréciable de Marini, aux
fastes, en tête de la liste des pages consacrées par Preller aux Frères Arvales, dans sa
Magistri) étaient des couronnes Mythologie romaine, pour connaître tous les détails de la
d'épis attachées par des bande fête célébrée en l'honneur de Dea Dia : nous n'en offrons
lettes de laine blanche [infula]. ici qu'une analyse.
Fig. 540. Marc-Aurèle. Cette couronne figure sur plu Premier jour, à Rome. — Au lever du soleil, les Arvales
sieurs médailles frappées pen revêtus de la prétexte et couronnés d'épis attachés avec
dant la période républicaine 1S. Borghesi a, le premier, des bandelettes de laine blanche, offraient à Dea Dia un
reconnu dans ce type la sacrifice non sanglant. On répandait du vin, on brûlait de
couronné des Arvales ". Le l'encens, on consacrait des fruits ou grains réservés de
musée du Louvre possède l'année précédente et ceux de l'année courante (fruges
un buste d'Antonin le aridas et virides), ainsi que des pains entourés de branches
Pieux couronné d'épis, de laurier. Au commencement et à la fin de la cérémonie,
c'est-à-dire en costume de la statue de Dea Dia était enduite de parfums. Quittant
Frère Arvale 18. Le buste alors leurs prétextes, les Arvales se baignaient; puis, dans
de Marc-Aurèle avec le l'après-midi, vêtus de blanc, ils faisaient en commun un
même attribut représenté repas auquel prenaient part les quatre pueri, leurs acolytes.
(fig. 540), appartient au Mu Au milieu de ce repas, ils reprenaient leurs prétextes, re
sée britannique19. Les sta commençaient la cérémonie de la matinée avec le vin et
tues impériales du Caesa- l'encens, et procédaient à d'autres consécrations de fruits.
reum , encore en place au Cela fait, on allumait les flambeaux, on partageait entre les
Fig. 541. Couronne des Arrales sur une base XVI0 siècle, portaient toutes Frères des mets sucrés et des couronnes de roses ; chacun
dc lr6Pied- aussi cette couronne *°. On recevait en outre une sportule [sportula] de 100 deniers
la voit aussi figurée sur une base de trépied du musée du (celle des pueri n'était que de 25 deniers), et on se séparait
Louvre " (fig. 541) entre deux bouquets d'épis. au cri de féliciter
16 Cohen, Mcd. consul. Poslumia, XXV, 10 ; Mnscidia, XXIX, î. — " Œuvres ium manibus lautis, velato capitc, sub dWo eolnmiM contra orientent, Oeac Diaecunt
complètes, t. I, p. 376, 377.— " CIarac,pl. n.xxm,n° 3S96 A. — 1» Marbl. of British collcgiis sacriïicium indix. Quod bonum faustum felix lortunatum salutareque sit lmp.
Mus.— S0 J.-B. De'Bossi, Annal, de Inst. arch. 1SC3. — »' Visconti, Monum. Uorghes. Cac9ari Domitiano Aug. Germanico Pontif. Maxiraoet Domitiae Augustae eonjugiejuSj
pl. 40,41 ; Bouillon, Alus. des antiq. III, pl. m; Claruc, pl. civi,n.3!8 ; Fr(ihner,Aro<iec tutique domui eorum, Populo Bomano, Quiritibu», Fratribusquc Arvalibus, mihique :
de la sculpt. p. 12. — 21 Tab. xxrr : ■ Vil. Idus januar. In pronao aedis Concor- sacriïicium Deac Oiae hoc anno erit ante dicm XVI K. Jun. dom?, ante dicm X11II K.
diae Fratres Arvales sacriïicium Dcac Diac indixcrunl, magisterio secundo L. Vcrati Junias in luco et domo, ante dicm XIII K. Jun. domo. ■ Dans la table xxxii, l'en
(Juadrati. In pronao aedis Concordiac L. Yci-atius Quadrntus magister Frati-uin Arva- ploi du dernier jour est ainsi indiqué : • Xlll K. Jun. consummabitur doiui. i
ARV — 452 — ARV
Deuxième jour, au bois sacré. — Comme il était défendu le culte à l'occasion des ambarvalia domestiques w.
d'entrer dans le bois sacré avec du fer, et que l'introduc Le chant terminé, les Arvales remettaient à leurs des
tion d'instruments tranchants était indispensable pour servants les libelli ou livres liturgiques, dans lesquels ils
accomplir les sacrifices, le Magister ou Pro Magister venait avaient lu les paroles consacrées, et ils procédaient à
seul faire, le matin, un sacrifice expiatoire (coinquire l'élection du Magister et du Flamen pour l'année suivante.
lucum et opus facere). 11 immolait deux porcs et une Puis venait un repas commun, à la suite duquel avaient
génisse, retirait leurs entrailles, les faisait bouillir et les lieu, dans le cirque voisin du bois de Dea Dia, les courses
plaçait sur l'autel suivant le rite consacré I3. 11 consignait de char et les exercices des desultores. Les prix donnés aux
dans un procès-verbal qu'il avait accompli ces opérations vainqueurs étaient des palmes et des couronnes d'argent.
préliminaires, dépouillait sa prétexte et attendait dans sa Ces couronnes étaient probablement formées d'épis.
tente, près du temple de Dca Dia, l'arrivée des Arvales qui A la fin de la journée, le collège rentrait à Rome pour
ne se réunissaient que dans l'après-midi. prendre, dans la maison du Magister, un nouveau repas,
Aussitôt rassemblés, ces derniers, revêtus de la prétexte terminé, comme celui de la veille, par une distribution
et couronnés d'épis, mangeaient la chair des victimes im d'argent.
molées le matin et attestaient l'accomplissement du sacri Troisième jour, à Borne, dans la maison du magister. — Les
fice expiatoire. Puis ils montaient au bois sacré, où le Ma cérémonies de ce jour étaient, comme nous l'avons dit, la
gister immolait une brebis grasse dont il inspectait les répé tition de celles qui avaient été accomplies le premier.
entrailles. C'était là le véritable sacrifice à Dea Dia. 11 était Tel est à peu près le tableau de la fête de mai, autant que
suivi de diverses cérémonies, dont plusieurs étaient ac la table xli" de Marini permet de s'en rendre compte : là
compagnées de gestes symboliques se rapportant évidem même où les termes n'offrent pas de difficultés d'interpré
ment au culte des anciennes divinités agricoles. Ainsi deux tation particulières, il est encore difficile de se reconnaître
frères allaient chercher des grains que l'un offrait à son au milieu des allées et venues incessantes des officiants.
compagnon en les tenant dans la main droite; le second Ce n'était pas seulement au mois de mai que les Arvales
les recevait delà main gauche, puis les rendait au premier, se réunissaient dans le bois sacré. Les opérations mêmes de
et tous deux les remettaient aux ministri. Ensuite, dans le leur service comportaient certains sacrifices expiatoires.
temple ouvert aux regards du peuple, on bénissait des Ainsi, pour graver sur le marbre les procès-verbaux de
urnes (ollas precati sunt) semblables pour la forme et pour leurs séances, travail qui se faisait habituellement en
la matière [0Luv]à celle dont Numa, suivant la tradition, se avril ou mai, il fallait entrer dans le bois sacré et en sortir
servi: il dans les sacrifices qu'ils avaient institués **, on se en portant des outils de fer : de là, sacrifice expiatoire, par
partageait des pains ornés de branches de laurier, avec le magister aidé d'un calator et des pub/ici, d'une truie et
des raves et un autre légume (fumemulia cwn rapinis). Pais d'une brebis, avec offrande de gâteaux, tant au commen
les Arvales rentraient dans le temple, fermaient les portes, cement (ob ferri inlationem) qu'à la fin de ce travail (ob ferri
relevaient leurs tuniques, et dansaient autour de l'aulel elationem et operis perfecti).
en chantant le célèbre Carmen, qu'ils comprenaient sans Mais dès qu'il s'agissait de changements à apporter dans
doute aussi peu que les Saliens leurs litanies, et dont la l'état du bois sacré, les cérémonies se multipliaient outre
traduction généralement acceptée est, on le conçoit, fort mesure. Fallait-il enlever et remplacer les arbres frappés
approximative. par la foudre, abattus par la tempête ou détruits par la
Enos, Lares, juvate (ter) vétusté, fallait-il arracher un figuier poussé sur le faîte du
Neve lue rue, Marmor, Bina incurrere in pluores (ter) temple, réparer l'édifice, refaire les autels de gazon épais
Satur fa, fere Mars I limen sali I sta I berber (ter) ! dans le bois sacré? le collège entier se réunissait pour as
Semunis alternei advocapit cunctos (ter) ! sister, dès le commencement des travaux, à des suovetaurilia
Enos, Marmor. juvate (ter) I majora [sachificium] et à des immolations d'animaux en
Triumpe (quinquies).
l'honneur de toutes les divinités honorées, après Dea Dia,
« Lares, venez à notre aide (trois fois). — Mars, ne laisse dans le bois des Arvales, et que pouvait irriter la moindre
pas tomber la mort et la ruine sur la foule. — Sois rassasié, modification dans la physionomie de leur demeure. Voici
féroce Mars. — Toi (à un des frères), saute sur le seuil ! la liste de ces divinités, qui appartiennent toutes à l'ancien
Debout 1 frappe [le seuil]. — Vous d'abord, vous ensuite, culte Romain, liréç de la table xxvne : Janus Pater, Ju
invoquez tous les Semones. — Toi, Mars, sois-nous en aide. piter; Mars; Juno Dea Dia; sive Dcus sive Dea ; Yirgincs
— Sautez (cinq fois) ,s. » Divae ; Famuli Divi ; Lares ; Mater Larum ; sive Deus sive
Le fait que chaque phrase est répétée trois fois donne Dea in cujus tutela hic lucus locusve est; Fons ; Flora;
lieu de penser que les Arvales se divisaient en trois groupes Vesta ; Vesta Mater. Entre Flora et Vesta, la table xlui
pour exécuter le tripudium. M. Mommsen suppose que limen intercale Summanus pater**. A chaque dieu, on immolait
sali! sta! berber! s'adresse à l'un des Arvales. Preller, deux moutons, à chaque déesse deux brebis. On immolait
au contraire, admet que cette phrase s'adresse à Mars, encore deux brebis à Adolenda et Coinquenda", divinités
et réunissant sfa berber, il traduit : rentre dans ton tem des indigitamenta qui présidaient à la combustion, à
ple, cesse de frapper (tes chevaux) *. Les divinités invo l'abattage, au débit et au transport des arbres condamnés
quées sont, comme on le voit : 1° les Lares que représen du bois sacré. Enfin on sacrifiait au génie de l'empereur
taient les fils d'Acca Larentia; 2° les Semones, morts divi vivant, un taureau aux cornes dorées, et à chacun des em
nisés ou, suivant d'autres auteurs, divinités agricoles pereurs divinisés, un bélier. Ces dernières immolations
[semo] ; 3° enfin Mars, dont Caton l'Ancien recommande avaient lieu devant le Caesarcum, les autres à l'autel de cha-
Jî Reddidit exta ; et. Serv. Ad Georg. II, 194. — Plusieurs de ces vases ont 1' éd. p. 459. — *t De re rust. 141. — 18 Voy. sur ces divinités la Mythologie
été retrouvés dans des fouilles récentes, Henzen, Scavi, p. V. — *5 Mommsen, /fût, romaine de l'reller et les articles du Dictionnaire. — •> La table xuil nomme
rom. trad. fr. I, p. Î98 ; Corp. inscr. lut. I, pp. 9 et 10. — M Preller, Rôm. ityth. Adolcnda, lluinmolcnda et Deferunda.
ARV — 433 — ARY
que divinité. Après l'ac èvement du travailles tueries d'a cultivables, d'après leur qualité. Dans les premiers temps
nimaux étaient renouvelées en présence du collège entier. de l'empire, l'impôt direct foncier ne fut pas établi d'une
11 est reconnu aujourd'hui que les Frères Arvales n'a manière uniforme dans toutes les provinces stipendiaires
vaient pas à s'occuper des ambarvalia. Mais, indépen ou tributaires *. Certaines d'entre elles payaient en nature le
damment des cérémonies appartenant au culte de Dea cinquième ou le dixième du produit 3. Les autres, comme la
Dia, les Arvales, comme tous les autres collèges sacer Pannonie au temps de Trajan, devaient une certaine somme
dotaux, prenaient part à celles que la politique avait in d'argent, fixée d'après l'estimation du sol *. On distinguait
troduites dans la religion. Ainsi tous les ans, le m des à cet égard cinq classes de terrain : les terres labourables
nones de janvier, ils invoquaient pour le chef de l'empire de premier et de second degré, les prés, les forêts glandi-
les divinités du Gapitole : Jupiter, Junon et Minerve, et en fères et les bois taillis ou à pâturage 8. Chaque immeuble
outre Salus Populi, Salus Augusti, Providentia Deorum, supportait par jugerum un vectigal déterminé d'après son
Goncordia.etc, et accomplissaient les sacrifices voués l'an degré de fertilité. Pour éviter les fausses déclarations, les
née précédente à pareille date. On immolait des bœufs aux agents du fisc pouvaient procéder au mesurage et à l'esti
dieux, et des génisses aux déesses. Les Arvales célébraient mation [CENSUS, CAPUT, TRIBUTUM, CAPITATIO]. G. HuMBERT.
encore les decennalia du prince, les anniversaires des ARX. — Citadelle d'une ville, forteresse bâtie sur une
jours où il avait pris la toge virile, reçu la puissance tribu- hauteur [acropolis, munitio].
nitienne, le titre de père de la patrie, etc. ; ils prononçaient ARYBALLOS ('ApôêaUoç). — Beaucoup de noms de vases
des vœux publics pour le succès de ses campagnes ou de ses grecs sont tirés du verbe dpûw i, qui signifie puiser, et ces
voyages, pour le rétablissement de sa santé, etc. Tous ces noms indiquent quelle était leur destination. On trouve
vœux étaient inscrits à leur date sur les murailles du temple ceux de 1 apiiêaXXoç et de l'dîpuTaiva plusieurs fois rapprochés
de Dea Dia, de sorte que les Acta constituent un réper l'un de l'autre : Pollux 1 les mentionne ensemble comme
toire excellent pour la chronologie des trois premiers des vases servant dans les bains ; dans la scène des Cheva ■
siècles, et ils ont permis de donner à bien des points de tiers d'Aristophane ' où le charcutier renchérit sur cha
l'histoire, dans cette période, une précision que l'on ne ren cune des paroles de Cléon, celui-ci prétendant avoir vu en-
contrait ni dans les médailles, ni dans les textes. Ajoutons songe Minerve versant d'une àpuTouva sur la tête du Peuple
que la plupart des personnages qui furent membres du la richesse et la santé, le charcutier aussitôt affirme qu'il a
collège des Arvales jouèrent un rôle important dans l'ad vu, lui aussi, la déesse, et qu'elle répandait l'ambroisie
ministration impériale, et que les Acta où ils sont nommés sur sa tête au moyen d'un (SpûSaXÀoç ; ce second vase était
nous donnent des dates fixes dans leur existence. Ainsi la donc d'une capacité plus grande, et l'on voit par ce pas
collection que Marini a faite de ces actes devait offrir à sage de quelle manière on se servait de l'un et de l'autre,
l'épigraphie romaine les ressources les plus précieuses, et soit dans les bains, soit ailleurs. On le voit encore par le
c'est en étudiant et en classant cette collection, que Marini trait qui termine, dans les Caractères de Théophraste *, la
a effectivement jeté les bases de cette épigraphie. peinture de l'Impudent: il va aux bains, remplit à la chau
?>e plus ancien des procès-verbaux du culte des Arvales, dière une dtpuratva, pour s'en arroser lui-même, malgré
tiré des ruines d'Affoga l'Asino, est de l'an 14 de notre les cris du baigneur, et s'en va en disant qu'il ne lui est
ère ; le plus récent, trouvé à Rome, est de l'an 238 ; ce qui redevable de rien. On voit dans quelques représentations de
nous amène au règne de Gordien le Pieux. L'existence du bains antiques, des vases servant à une opération semblable.
collège s'est-elle prolongée au delà du moment où ses Celui que l'on voit(lig. 542),
actes cessent de nous parvenir. Il est permis d'en douter. d'après un vase peint8 est
En dehors de ces actes, beaucoup d'inscriptions privées, d'assez grande dimension
également recueillies par Marini, mentionnent le titre de pour qu'on puisse le con
Frère Arvale : elles sont toutes antérieures à Gordien. A sidérer comme un dpuêa),-
partir de ce prince, on ne voit plus les empereurs prendre Xoç, si on le compare à
la qualification d'Arvale, et Gordien est le plus récent de d'autres, de forme analo
ceux dont les statues décoraient le Caesareum quand il fut gue, mais beaucoup plus
dessiné au xvi° siècle. Les auteurs, à partir du m" siècle, petits, dont se servent
ne font plus mention de ce collège ; le dernier qui en ait des hommes, de la même
parlé est Minucius Félix30. Ge concours de circonstances manière que le person
est trop marqué pour qu'on ne voie qu'un effet du hasard nage dont parle Théo
dans le silence fait tout à coup autour des Arvales. Marini phraste, dans une scène de
a donc pu affirmer que, pour une raison d'ailleurs incon bains représentée (fig. 543)
nue, le collège disparut au milieu du ni0 siècle, et M. De' sur un vase du musée de p.g< 54J. Femme grecque au ^
Rossi a adopté ces conclusions. C. de la Berge. Leyde 6 ; ceux-ci seraient
ARVUM primum, secundum. — Les expressions pretiaarvi dans ce cas des (xpÛTatvcti. Tous ces vases répondent par
primi, secundi, etc. l, indiquent une classification des terres leur forme à la définition que donne Athénée1 de l'ipû-

90 Octav. c. xiv. — BlBLiMMFMB. Marini, Atti e monumenii de' Fratclli Arvtrli, okaphib. Walter, Geschichte dei rômiach. Hechts, 3' éd. Bonn, 1860, I, S 326 ; Sa-
Roma, 1795 ; Melchiorri, Appendice agli atti e monum. Roma, 1855 ; De' Rossi, Bull. I Vign\, Vermischte Schriften, II, p. 166 et s. Berlin, 1850 ; Huschke, Ueber den Census
dcll' Inst. arch. 1855, p. 5z; Annali d. Inst. 183S, p. 47, 58 et 8.; Prcller, Rôm. My und die Steuervcrfassung des (r. Kaiserzeit. Berlin, 1847, p. 84 et s. ; Bccker-Mnr-
thologie, 2« éd. 1865, p. 39, 111, Ml, 424 et s. ; Henzen, Scavi nel bosco sacro dei quardt, Handbuch der romisch. Allerthûmcr, Leipzig, 1853, III, 2, p. 178 et s.; Du-
Fratelîi Arvali, Rome, 1868 ; ld. Acta Fratrum Arvalium, Rome, 1874. rcaudela Malle, Économie politique des Romains, Paris, 1S40, 1, p. 176; U, 418, 434.
ARVTJM PRIMUM. 1 Hygiu. De lim. constit. p. 205, Lachmann. — s Gains, II, ARÏBAL.LOS I Stephan. Thes. Iwg. gr. ». v. ; Casaub. ad Theophr. Char. 9.
21 ; Vat. fragm. 259, Ï83, ?85, 289. — » Gros. Hilt. I, 8 ; Joseph. Dell. Jud. II, 16, — » VII, 166 ; X, 63. — ' Equit. 1090 et s. — » L. c. — & Tbrhbein, Vas. dHa-
4. — V Hyg. I. I, — S « Certa enim pretia agris constituta sunt, ut in Paimonia arvi milttm, pl. 57. — 7 Elite des monum. ofram. — «Roulez, Vases de Leyde, Gand, 1851.
priinl, secundi, prati, ailvac glandiferae, silvae vulgaris, pascuac, » etc. — Bulio- — 'XI, p. 783 F.
ARY — 454 — AS

: un vase large à sa base, étroit vers le haut, res que l'office de mêler et de verser le vin était souvent réservé
semblant à une bourse serrée à son ouverture 8. On peut à de jeunes garçons *; et IuS*<7ixoi'ty], peut-être comme
l'explique M. Ussing, d'après un passage de Pollux3, parce
que le nom de xoi'tti était quelquefois donné aux vases et
aux corbeilles dans lesquels on puisait pour prendre la
nourriture; le vase que l'on plongeait dans les cratères ou
les bassins servant à tremper le vin, comme on le voit
dans les figures tirées de vases peints, au mot pocillator,
pouvaient donc être appelés êaêsctxoïîai *•
'Apusnip, OU àpirrrçp, apuïTi;, ipuiavr;, olv^puît;, mots de
même formation, peuvent être considérés comme autant
de synonymes 5. E. S.
ARYTOMA. (Aryballos).
AS. — Nom de l'unité monétaire du bronze chez les
Romains.
Chez les Romains primitifs, comme chez les Grecs
d'Homère et chez tous les peuples aryens à leur ori
gine, où la vie pastorale a joué un si grand rôle, non-
seulement la monnaie était inconnue, mais ce n'étaient
même pas les métaux qui formaient la matière principale
des échanges. La valeur des choses s'estimait et se payait
i-ig. 543. Grecs au baïu. en bétail (pecus), d'où vint le mot pecunia, conservé plus
tard pour désigner le signe des échanges commerciaux '.
d'autre part, remarquer la ressemblance avec une bourse,
Dans tous les fragments parvenus jusqu'à nous des lois les
que présente une grosse ampoule (flg. 544), suspendue à
plus anciennes de la république, le taux des amendes est
fixé en bœufs ou en moutons, et ce n'est que relativement
assez tard qu'on y voit apparaître une taxation en sommes
monnayées ou même en poids de métal s. Mais quand le
peuple romain eut étendu quelque peu ses relations exté
rieures, l'exemple de nations plus avancées dans la civili
sation lui fit comprendre les avantages que les métaux
présentaient sur le bétail comme instrument commun des
échanges. L'or à ces époques était presque inconnu en
Italie ; l'argent, surtout dans les contrées septentrionales
et centrales, était extrêmement rare ; le cuivre, au con
traire, se trouvait en grande abondance et était mis en
œuvre pour beaucoup d'usages. Ce fut donc ce métal que
Fig. 544. Vase d'huile, auprès d'un lutteur étrusque. les Romains, comme les autres Italiotes, choisirent pour
être le régulateur de la valeur des choses. Ce n'était point
côté d'un pyrrichiste, dans une peinture d'un tombeau encore une monnaie; le cuivre circulait en lingots infor
étrusque, représentant des jeux funèbres9. mes, mais d'un poids assez régulier, pour sa valeur com
^.■^7.-.^ Son emploi est indiqué par la place qu'on merciale, et le poids s'en vérifiait à chaque transaction à
jJ\Jl lui a donnée auprès d'un des lutteurs : l'aide de la balance. Les traces de cet état de choses se
Jm^^T^t el'e contenait l'huile avec laquelle ils s'oi- sont conservées dans la langue latine, où le mot aestimare
4 fô'lf Sna'ent; sa dimension est au moins égale dérive certainement de «es, « le bronze, » et dans le droit
w«n^w*^ à celle de la tête du personnage auprès romain par la forme symbolique de la mancipation per aes
^S^^ duquel elle est suspendue. Si le nom d'i- et libram, laquelle n'était qu'une vente simulée où le mor
fig 545 pûêaXXoç était adopté pour ce vase, on ceau de bronze avec lequel on touchait la balance, raudus,
pourrait appliquer celui d'àpÛTatvoc ou d'«- raudusculum, représentait l'ancien aes rude 3. On a trouvé
piAXî; 10 aux petits vases de même forme (fig. 545) qui
dans diverses parties de l'Italie centrale des masses assez
sont si nombreux dans les musées ". E. Saglio. considérables de cet aes rude primitif, qui donne à l'ana
ARYSTIC.IIOS( Apûrm-/oç) et ARYSTEB fApwroîp).—Nom lyse un alliage supérieur à celui du bronze romain des
dérivé de àpûoj, comme aryballos, et qui s'applique à des époques postérieures :
vases dont la forme pouvait varier, mais qui servaient tous Cuivre 93.10
à puiser et à verser le vin (àY^etov eu-rt 5 iativ àpûjasQat, xotuXt; Ettin ■. G. 30
xôaOo;. 'ApusTi'you;, tel* oivo^dou; léfl 1 '). Le scholiasle 100.00
ajoute qu'on appelait le même vase ésyiÉoç, peut-être parce Au reste, dans certaines offrandes religieuses, comme
& Et il ajoute que les bourses étaient quelquefois appelées ap&£a>tai, à cause do p 469 a; Ussing, De nomin. vas. graee. p. 107. — ' Poil. I, 91 ; Ussing, l. t.; cf.
cette ressemblance; cl". Schol. Aristoph. Equit. 1004; et pour l'tftauv*, Galen. Dr Stepban. Thesaur. s. v. i^ÇaoïxoiT^ ; Fanofka, Cabinet PourtaUs, XXXIV, 2. — * àii
«su part. III, p. 553 L.— » Mon. inrd. delV Inst. arch. 1 850, pl. m. — 10 Hesvch. to5 ijifolviu t«; x«t«;. — • Stepha., Ussing, /. I.
3fj6ai.iîo i.t>j6ov iu^.tî;, &i Si ijin^ffusiov. — H Celui-ci est la reproduction d'un mo AS. I Varro, De ling. lot. V, 19 ; Columel. De re rust. 6; Fest. De verb. sign.
dèle du musée du Louvre. — Bibliographie. Ussing, De nominibus tasorum graeen- p. 213, éd. Lindemann; cf. Marquardt, Handb. der rôm. Alterth. 111, 2, p. 3.
rum, Hauniac, 1844, p. 105 ; Krause, Angeùitogie, Halle, 1854, p. 38S, 405 et — s Test. p. 202 ; Cic. De republ. II, 9, 16 ; Varr. De re rust. II, I ; Plin. XXXin, 1,
Oi Jalin, Vasentammlung in der Pinakothek zu Mûnchen, Miinch. 1S54, p. xevu. 7 ; cf. Lange, /(6m. Alterth. t. I, p. 455 et s. — 5 Mommseu, tiesch. des mm.
ARYSI'IUIIOS. » Scliul. ArUloph. Vetp. 855. — « Allien. X, p. 4Ï4 o, e; XI, Mtinzwesens, p. 170.
AS — 455 - AS
dans les formules du droit traditionnel, il semble que l'em Dans un semblable emploi du métal, l'État ne donnait
ploi de Vaes rude, par imitation des mœurs anciennes, se ni garantie ni contrôle ; les opérations étaient purement
soit conservé longtemps après l'invention de la monnaie ; privées. Cependant le besoin se fit sentir, pour faciliter les
car les lingots informes de bronze, dont on trouva i ,200 li transactions et éviter la pesée continuellement répétée do
vres, il y a quelques années, dans la source sacrée des Yaes rude, de suivre l'exemple des Grecs, en marquant sur
Aquae Apollinares, aux environs de Rome *, présentent les lingots une empreinte déterminée qui fournît une
dans leur alliage une certaine quantité de zinc, métal qui garantie officielle r"e l'exactitude du poids. Il est impos
ne fut mis en œuvre chez les Romains qu'aux premiers sible de déterminer positivement à quelle époque on
temps de l'empire. Il est à remarquer que les fragments commença à le faire. La tradition romaine prétendait que
de cet aes i*ude d'imitation n'ont pas un poids exactement Servius Tullius était le premier qui eût fait placer une
régulier, tandis que les lingots du véritable aes rude pri empreinte sur Je bronze (primus signavit aes)e, comme elle
mitif ont été coupés d'après des tailles exactes qui vont lui attribuait l'établissement des poids et mesures 7; mais
de 2 livres à 2 onces \ C'était en effet sur l'étalon de la celte tradition est sans autorité, comme toutes celles qui
livre romaine de 325 gr., 453 [libra], divisée en 12 onces, mentionnent des monnaies à l'époque des rois8. La substi
que se comptaient le poids et la valeur du cuivre circulant tution de Yaes signatum à Vaes rude fut certainement assez
comme marchandise préférée pour les échanges. longtemps postérieure à la révolution républicaine. Eu

Kg. 546. Quiscuasii eu lingot (réduit au quart


tous cas il est incontestable que le premier aes signatum types, avec de simples signes de valeurs dont les poids
ne fut pas à proprement parler une monnaie, c'est-à-dire s'échelonnaient depuis une livre jusqu'à une once ,0. Les
une lentille métallique facile à transporter, mais consista
dans des lingots aplatis de forme carrée longue, avec une
figure sur chacune des faces, d'une forte dimension et
d'un poids considérable. Un certain nombre de ces lin
gots, que l'on pourrait appeler des tuiles de bronze, se sont
conservés jusqu'à nous (fig. 546). Ils pèsent tous environ
5 livres romaines 9 ; pour les poids inférieurs, on se ser
vait d'aes rude, de morceaux taillés dans les grands lin
gots et portant une partie de leur empreinte (fig. 547), ou Fig. 517. Morceau du poids d'un as coupé dans un lingot carré (réduit au quart).
de lingots réguliers de forme cubique ou elliptique, sans plus anciens de ces lingots avaient pour types le bœuf, le

Fig- 548. Quincussis en lingot avec la figure d'un pjrc et d'un dos éléphants de Pyrrhus (réduit au qunrO.

mouton ou le porc (flg.548) ", images qui rappelaient l'an et ceux-là portent la figure du bœuf 1S. La plupart de
cien mode d'échanges et l'origine du mot pecunia. Il n'en ceux que renferment nos collections et dont les types sont
existe qu'un très-pet it nombre de style vraiment archaïque, extrêmement variés n'ont pu être exécutés qu'à une

* Marchi, La slipe tributata aîleacque ApolHnari, Rome, 1832. — 5 Bull, de l'Inst. — 9 Mommsen, p. 229 et 230. — Ccnnarelli, Moneta prim., p. 1 1 ; Mommscn, p. 171.
arch. IMS, p. 63-70 ; Cennarclli , Monrtu frimitica, p. 93. — «Plin. Hist. nul. XVIII, — u Varr. Dera nul. II, 1 ; Plin. XVUI, 3, 12 ; Plut. Poplic. 11. — « Leoormnnt
3. 13; l'est, p. 246.— " Aur. Vict.Ke vir.ilhtstr. VII, 8. -MIommsen, Op. c. p. 171 et». et de Witte, Elite des monutn céramogr. t. I, p. xxxix. — 13 Mommscn, p. 172.
AS — 4S(i — AS
Époque florissante de l'art. On n'est pas seulement amené sur le r/uarfrans, le pétase ailé de Mercure sur le sextans,
à cette conclusion parce que la forme et le mouvement sont ajustés avec la noblesse délicate, la grâce facile qui
des animaux y sont accentués dans le sentiment de la n'appartiennent qu'aux beaux temps de l'art. Ces pièces,
nature : les mêmes qualités se retrouvent dans les pro il est vrai, et surtout les as, présentent une apparence de
ductions des arts de l'Orient, dont le développement n'a rudesse (fig. 549), mais cette rudesse même n'est point le
jamais été complet. Mais c'est la liberté de la main, le
sentiment des raccourcis, l'intelligence du relief, qui
excluent dans ces pièces énormes l'idée d'une manière
primitive. D'ailleurs il en est dont les types font d'une
manière évidente allusion à la victoire de L. Papirius
Cursor sur les Samnites en 295 avant, notre ère **, et même
à la défaite de Pyrrhus en 275 15 (fig. 548). Il est donc cer
tain que tant que la monnaie de bronze romaine conserva
un poids correspondant à sa valeur nominale, même après
que l'on eut commencé à couler de véritables monnaies
de forme lenticulaire, on fabriqua, dans certaines cir
constances, de ces grands lingots quadrilatères, qui avaient,
dans Yaerarium, l'avantage de permettre l'entassement
d'une plus grande quantité de métal dans un espace
restreint.
L'adoption légale et officielle du signe métallique des
échanges et de l'aes signatum, apparaît pour la première
fois dans la loi Aternia-Tarpeïa, rendue en 434 av. J.-C,
qui fixait un taux de valeur en cuivre, au moyen duquel
on pouvait remplacer les bestiaux qui servaient aupara
vant à payer les amendes ,e. Cette première tentative
réussit médiocrement, car deux ans après il fallut renou
veler la même disposition par la loi Menenia-Sestia ". Ce
ne fut enfin que la loi Julia Papiria, rendue en 430 av.
J.-C, qui remplaça définitivement les payements en têtes
de bétail par des payements en cuivre Il est probable
que l'influence des Déeernvirs eut une part considérable
dans cette révolution. Les auteurs de la loi des Douze
Tables imitaient, autant qu'ils le pouvaient, la conduite
et la législation de Solon ; comme ce grand homme avait
définitivement établi le monnayage à Athènes, en tixant
l'équivalent en argent des amendes que Dracon avait établies
en bestiaux 19, ils durent vouloir en faire autant à Rome80.
Au temps des Décemvirs et des lois Aternia-Tarpeïa et Fig. 549. As Hbralifl romain coulé (grandeur de l'original).
Menenia-Sestia, c'était évidemment encore de lingots
quadrilatères qu'on se servait dans le commerce et dans résultat de l'inexpérience; celui qui a modelé les cheveux
le payement des amendes. La loi Julia Papiria marque et la barbe des têtes de Janus les plus grossières, aurait
peut-être le début d'une véritable monnaie chez les Ro été certainement capable d'exécuter un travail plus com
mains. En effet, les plus anciennes pièces de forme lenti plet et plus soigné : le procédé qu'il a mis en pratique et
culaire fondues dans la cité de Romulus ne sauraient être qui consistait à masser les ondulations de la chevelure et
antérieures à cette époque Elles ont été certainement même la convexité des yeux, au moyen de boulettes de
imitées des monnaies grecques, mais non des monnaies pri cire ou d'argile posées sur le relief de la tête, dénote une
mitives ayant au revers le carré creux ou bien un type incus main qui se joue des difficultés de l'art. Un tel développe
[moneta, 4e section]. Les modèles copiés par les plus vieux ment n'a jamais appartenu et n'a jamais pu appartenir
monétaires romains ont été des pièces frappées sur un flan qu'à l'art grec, et cela par suite de l'influence des écoles
régulier et décorées des deux côtes de figures en haut relief. rivales de Phidias et de Polyclète. Ce n'est donc pas avant
Qu'on examine avec attention les as en apparence les plus les dernières années de la vie de Périclès, mort en 429 av.
grossiers, on y trouvera toutes les qualités qui appartien J.-C, que les modèles de l'art perfectionné purent pénétrer
nent essentiellement aux monnaies de la grande époque et dans l'Italie moyenne et être imités à Rome. Or cette
à l'art le plus avancé. La lentille en est d'une belle forme, date, que viennent de nous fournir d'une manière positive
renflée vers le centre, s'amincissant vers les bords ; le relief les indications de l'art, coïncide exactement avec celle de
des figures est ferme, savant, et les raccourcis conformes la loi Julia Papiria.
aux lois de la perspective. La couronne de Jupiter sur le Lamonnaiedontnous avons ainsi déterminé l'époqueini-
semis, le casque de Minerve sur le triens et celui de Rome tiale, reçut le nom d'as, vieux mot des langues italiotes qui
sur l'once, la peau de lion qui recouvre la tète d'Hercule signifiait solidum, comme nous l'apprend Volusius Maecia-
Lenormant et de Wittc, Op. I. t. 1, pl. lviii. — 15 ïlicciu, MoneU II Pollui, IX, 61 ; Plut. Sol. 23 ; cf. Bot'ckh, Metroloyische l'ntersuchnngeii,
délie fimiglie romane, pl. lïvii. — 8 Cic. De rep. II, 35 ; Dio O.ass. X, p. 12Î. — 80 Mommsen, p. 176. — 81 Lenormant et de Witte, Op. I. U I. p. xix
50. — H r.ic. I. c; Tit. Liv. IV, 30 ; Pert. p. 20J. — l» FiMl. p. S37. — ■et *uiv. *
AS — 457 — AS
nusM,apparenté au sanscrit ayas.ayant le sensde «totalité»,
^ quadrans i tpiSc
et par conséquent désignait la pièce complète, l'unité du
système monétaire !a. Les auteurs anciens s'accordent pour ~ sextans i £;îç.
dire qu'elle avait exactement lepoids de la livre romaine de
12 onces ou 288 scrupules u, et à cause décela nomment ~ uncia - où^kU.
i
cette première monnaie as libralis ou Ubrarius. Mais aucun — semuncia.
des as romains, môme les plus anciens, n'atteint ce taux ; ils
pèsent de 11 à 9 onces pondérales, ou en moyenne 10 on Les tailles du decunx, du quincunx et de la semuncia
ces î!. M. Mommsen a fort bien expliqué ce poids par une n'ont jamais été monnayées à Rome, mais on les ren
première réduction de la livre de bronze, dans son passage contre dans plusieurs des cités italiotes qui avaient adopté
de l'état d'aes rude ou do gros lingots quadrilatères, circu le système de l'as 30.
lant pour leur poids, à l'état de véritable monnaie îS. Il a Les signes qui marquaient ces valeurs sur les monnaies
déplus montré que cette réduction avait été opérée pour étaient :
faire équivaloir l'as de, bronze avec un poids exact d'ar As | ou rarement \j (au temps du poids
gent, métal qui n'était pas encore officiellement frappé, libral exclusivement).
mais dont une certaine quantité circulait déjà à Rome Semis. ... S-
comme marchandise, à l'état de monnaies étrangères " ou Quincunx. • • » • •
de lingots ss. En effet, avec le rapport de 250 à 1 qui régnait
Triens ... • • • •
dans la Sicile et presque toute l'Italie entre la valeur de Quadrans. • • •
l'argent et la valeur réelle du bronze, 10 onces de ce Sextans . . • •
métal correspondaient rigoureusement à ^ de livre ou Uncia. ...
un scrupule d'argent. Cette combinaison était établie sur Semuncia. ^
le modèle du système mixte par lequel les Syracusains et
11 y avait aussi une autre division de l'as en un beau
les autres Grecs de Sicile avaient essayé de concilier le
coup plus grand nombre de parties, mais celle-là pure
système monétaire grec, dont l'argent constituait la base,
ment théorique et servant seulement au calcul des intérêts
et l'antique usage italiote, d'après lequel le cuivre était
centésimaux, ou de 1 p. 100 par mois, 12 p. 100 par an ".
l'étalon de la valeur des choses [litra] . Le système sicilien
La voici, avec les sigles qui y correspondent. Celles-ci
exerça une influence prépondérante à Rome sur les débuis
s'employaient dans les comptes, et ne se marquaient pas
du monnayage. C'est de là que vint le mot de nummus ap
pliqué d'une manière générale à toute espèce de monnaie, sur les monnaies.
et d'une manière spéciale au sesterce, qui correspondait 1 As |
au nummus syracusain; c'est de là également que fut em |^ Deunx S
pruntée la division primitive du sesterce ou nummus en
10 libellae, répondant aux litrae syracusaines. L'as origi J4 Dextans ■ S ~Z
naire de Rome était donc une litra ou livre de bronze, £ Dodrans 33 S ~-
taillée de manière à correspondre à un nummus d'argent,
comme à Syracuse avant la réduction de Denys l'Ancien, i /Jes» ... SZ
avec la seule différence que le nummus n'était pas encore une
^ Septunx S —
monnaie officielle, mais une simple valeur commerciale.
Il semble, du reste, que les Romains, pour la taille de i Semis S
leurs as, ne s'étaient pas bornés à adopter un poids con
ventionnel, mis en rapport comme valeur avec le scrupule —
12 Quincunx
v *"~—
——
d'argent, mais qu'ils avaient pris une livre équivalente — Triens ~~
aux - de leur propre livre, laquelle était en usage, soit — Quadrans ~—
dans les cités latines, soit chez quelques autres peuples
voisins, et se trouvait justement fournir le résultat qu'ils ^ Sextans ~
voulaient obtenir — Sescuncia M —^
Dans tous les cas, la division de l'as, comme la combi
naison de cette monnaie, est d'origine sicilienne et cal ^ Uncia —
quée sur la division de la litra de Syracuse. Elle fournil en

24 Semuncia S-
^
effet l'échelle suivante :
i Tertiula 'W
1 as comme celle de la litra : 1 Xt^pa..
73 decunx — 8sxo>y/.iov. i Sicilicus 3

— semis J£ ^IfilAlTptOV. ^ Sextula *\.


— qutncunx — TOVTIOYXIOV. — Dimidia sextula
t Scriptulum 3
n triens
" De asse, 1. — *> Momimen, p. ISS. — s> Varr. fle re mit. I, 10, 2; Id. De Marc. p. 356 ; Tit. Liv. I, 53 et 55 ; X, 46. — w Hultsch, Op. c. p. 194. — *> Momm
ling. lot. V, 109; 174; 182 ; Paul. p. 98 ; Fcst. p. 347 ; Plin. XXXIII, 3, 44; Volus. sen, p. 187. — 51 Volus. Maecian. De asse, 43 ; Mommsen, p. 188 et s. — '« Con
Maccian. 7-1. — w Mommsen, p. 192 ; ^ultsrh. Griech. uiid rôm. Métrologie, traction pour desextans. — * Contraction pour dequadrans. — Bi-as - duae
p. 192. — »6 Mommsen, p. 196-207. — « IVsl. p. 173 et i 10. — « Varr. Ap. Non. partes, — Contraction pour temisr/ueuacia.
I. 38
AS — 458 — AS
Plus tard, on laissa tomber en désuétude les divisions patron du commerce ; enfin sur l'once la déesse Rome w,
intermédiaires entre la semancia et le scriptulum, et toutes fortune tutélaire de la ville de ce nom.
les fois qu'on voulait exprimer une somme inférieure à L'as libralis circulant encore pour sa valeur réelle, dans
une demi-once, on la comptait en scriptules ou scru toutes les transactions importantes, on le pesait, bien qu'il
pules Varron, lui, n'avait pas voulu employer de di portât une marque qui garantissait l'exactitude de son
vision inférieure à la sextula 37 . poids De là et de sa grande pesanteur lui venait l'ap
Je viens de dire que le système de ces fractions de l'as pellation A'aes grave™. C'était une monnaie fort incom
n'avait jamais eu d'existence monétaire réelle. Ceci est mode dès qu'il s'agissait de payements un peu considéra
généralement vrai, sauf quelques bien rares exceptions. bles, et Tite-Live décrit les agents du trésor, aes grâce
Le monétaire G. Gassius, dans la première moitié du plauslris ad aerarium conve/ientes*.
vu0 siècle de Rome, a fait, on ne sait dans quelle intention, Cependant, ce système incommode de l'aes grave, en
monnayer le dodraks et le bes, en les marquant des si l'absence d'une masse d'argent suffisante dans la circula
gnes S .'. et s '. 39- Dans la colonie de Paestum, on a tion, ne fut pas limité à Rome, mais se répandit dans
frappé une fois la sescuncia, marquée : ^> 3'. toute l'Italie moyenne, dans le Latium, l'Étrurie, l'Ombrio
On donnait des noms particuliers aux différents multi • et le Picenum. Les as d'aucune de ces contrées ne pa
pies de l'as, dont quelques-uns ont été frappés en une raissent antérieurs à ceux de Rome, qui aurait par con
seule pièce dans la période postérieure, et dont les autres séquent donné le premier exemple du système. On peut,
n'ont jamais été que de simples monnaies de compte. Deux du reste, indiquer avec une certitude presque complète
as s'appelaient dupondius, 3 tressis, 4 quadriissis, 5 quin- l'époque d'émission du plus grand nombre des séries d'as
quessis ou quincussis, et ainsi de suite jusqu'à 100, centus- italiques.
sis *°. Les multiples de l'as se marquaient dans les comptes Les as du Latium se divisent en deux groupes bien
et sur les espèces monétaires par la série des chiffres ordi distincts, ceux où les artistes se sont attachés à reproduire
naires alors en usage à Rome, c'est-à-dire jusqu'à quatre la tète de la déesse Rome, avec d'autres emblèmes propres
à rappeler la puissance des Romains M, et ceux où se re
par la répétition du signe | , et au delà par l'emploi des
marque l'introduction de types entièrement nouveaux,
chiffres v, X, »J/, c, combinés entre eux et avec le signe de
qui semblent protester contre la tyrannie des conquérants
l'unité. de l'Italie ". Les monnaies du premier groupe ont dû être
Les as de 10 onces ou asses librales, et leurs divisions,
frappées peu de temps avant la prise de Rome par les
étaient coulés, car l'outillage des anciens ne permettait
pas de frapper d'aussi fortes pièces [moneta, 4e section]. Gaulois, quand la confédération Latine était paisiblement
soumise au peuple des Quirites. Celles du second groupe
Cependant on rencontre des exemplaires des deux plus
se rattachent aux deux révoltes successives des Latins,
petites divisions monnayées, du sextans et de l'once, qui,
dont l'une, commencée à la première nouvelle du succès
bien qu'appartenant à cette série, ont été frappés au mar
des Gaulois53, ne fut terminée qu'en 339 av. J.-C. par un
teau, d'après l'usage constant des Grecs, qui avaient servi traité de paix 53, et dont l'autre, débutant en 340 s* et finis
de modèles aux Romains *'. sant en 338 par la soumission définitive du Latium M, éclata
Le métal en est, comme composition, déjà inférieur à au milieu des complications de la guerre des Samnites M.
l'aes rude primitif dont nous avons donné plus haut l'ana
Le style des as du Latium est généralement très-pur, et
lyse. 11 offre des proportions d'alliage qui se maintiendront
le travail s'y distingue par autant de soin que d'élégance
ensuite sans variation sérieuse jusqu'à l'époque d'Auguste ;
(lig. S50). Sous ce rapport, les as latins offrent un contraste
le cuivre y est uni à une proportion de 5 à 8 p. 100 d'é-
complet avec ceux de Rome. On peut, croyons-nous, rendre
tain et de 16 à 29 p. 100 de plomb **.
un compte satisfaisant de ce contraste. La rudesse des as
Toutes les monnaies de bronze romaines, aussi bien
romains était certainement affectée. Le talent et l'expé
dans l'âge de l'a» libralis que dans les âges postérieurs,
rience des artistes qui en ont exécuté les matrices, percent,
portent des signes indicatifs de leur valeur ; j'ai donné ces
ainsi que nous l'avons dit plus haut, malgré l'affectation
signes. Ils se réduisent à quatre éléments, f pour l'as, de négligence qui caractérise leur travail. Rome n'était
S pour le semis, pour l'once un globule autant de fois cependant, à l'époque où ces as furent fabriqués, ni as
répété que la pièce comprend d'onces entre 1 et 6, enfin siégée, ni pressée par ses ennemis. Dans les années qui
^ pour la semuncia. précédèrent l'expédition des Gaulois, et depuis cette expé
Le type du revers est constamment une proue de navire dition jusqu'à celle d'Annibal, elle n'a pu être réduite à
appelée ratis, d'où venait à ces monnaies le nom de ra- fabriquer une monnaie imparfaite, comme sont les pièces
tites w. Quant au droit, la tôte qui y était figurée variait obsidionales. Mais la rudesse des Romains entrait dans
suivant la nature des pièces u. L'as portait celle de Janus leur politique . Us repoussaient les arts qui énervent les
et le semis celle de Jupiter, d'après le dicton proverbial, courages et corrompent les mœurs ; ils ne devaient donc
pênes Janum prima, pênes Jovem summa *'; sur le triens on employer les artistes monétaires qu'en leur imposant de
voyait Minerve, inventrice des nombres ; sur le quadrans reproduire dans leur travail quelque chose de l'austérité
Hercule, protecteur des fortunes; sur le sextans Mercure, nationale. Chez les Latins, au contraire, les mœurs étaient

" Mommsen, p. 190, note 67. — « De ling. lot. V, 171. — " Cohen, Méd. con ap. Augustin. De cie. Dei, VU, 9. — ** Pinder, Antik. Mans, des kùnigl. AIus. zu
sulaires, pl. lu, Cassia, n«« 2 et 3. — '9 carelli, Nam. liai. vet. pl. cix, n« 86. Berlin, p. 96. — M Plin. XXIII, 3, 42 ; Gai. Inslil. I, 122 ; Paul. p. 98. — M cf.
_ »• Varr. De ling. lot. V, 16'.' et 170.— H Mommsen, p. 186. — »» Phillips, Lon- Gronov. De sestert. p. 534 ; Perizon. De aere gravi, p. 419 et s. ; Bœckh, Melr.
don Chem. Soc. journal, t. IV, p. 265 et s.; Wûhlcr, Ann. der Chcmie, t. L.VV.VI, Untcrsuch. p. 383 et s. — »• Til. Liv. IV, 60. — w Marchi et Tcssicri, L'aes grave
p. 206 et s.; Gobel, Ueber den Einfluss der Chcmie auf die Ermittelung der Vol- del museo Kirrher., cl. 1, pl. IV, T, Tlll. — 81 D). cl. I, pl. VI, vu, il, I, II. — s* Tit.
ker, p. 29; Mommsen, p. 191.— "Plin. XXXIII, 3, 45 ; Plut. Quacst. rom. 41 ; Fest. Liv. VI, 2; Vil, U et 32. — » Tit. Liv. VII, 12. — " Tit. Liv. VIII, 3, 6 et 9. —
p. 271. — »* Eckhcl, Doctr. num. vet. t. V, p. Il et s.; Mommsen, p 181 »» Varr. H Tit. Liv. VIII, 12. — 56 Lenormant et de Witte, Op. c. t. I, p. xxxm et s.
AS — 459 — AS
plus portées à la mollesse et aux plaisirs ; l'histoire des comme ceux du Latium, qui en cela se conforment à
joueurs de flûte de Rome, réfugiés à Tibur en 311 av. J.-C. l'usage romain, ou bien on n'y voit que des lettres isolées,
qui précisément se rapporte à une période très-voisine de parmi lesquelles on distingue les initiales de Camars, l'an
cien nom de Clusium °°, de Télamon etc. En général,
les as étrusques étant plus plats et décorés d'ornements
plus simples que ceux du Latium, on est porté à leur at -
tribuer une antiquité plus reculée ; mais le poids, qui en
est assez faible, si on le compare aux plus anciens as ro-

Fig. 550. As libralis du Latium. Fig. 551. As libralis de Volaterra. (Grondeur de l'original.)

celle où nous nous sommes circonscrits, donne une idée mains, prouve que cette apparence de grande antiquité est
frappante de ce contraste des mœurs latines et romaines. illusoire; et d'ailleurs les ornements, quoique simples,
Sur la fin de leur lutte nationale, les Latins entretinrent sont traités avec une pureté de goût qui dénote la plus
des rapports intimes avec les Campaniens 58, chez lesquels belle époque de l'art. Les termes de la fabrication des as
l'art grec régnait alors dans toute sa puissance. Les as du dans le Latium doivent donc s'appliquer sans beaucoup
Latium, malgré la grossièreté du procédé de fusion, n'of de différence à l'Étrurie.
frent pas moins de correction et de pureté dans le caractère Véïes ne fut détruite qu'un petit nombre d'années avant
des têtes que les monnaies frappées peu après pour les la conquête de Rome par les Gaulois ; les Étrusques
Romains dans la Campanie [denarius]. ayant abandonné la ville de Véïes à son propre sort, la
Les as de l'Étrurie ne sont pas d'une attribution facile, lutte sérieuse et générale de ce peuple contre les Romains
à part ceux de Volaterrœ, qui portent tout au long le nom ne commença que plus tard, quand les Étrusques, encou
étrusque de cette ville59 (fig. 549). Il est vrai que les as de Vo- ragés d'ailleurs par le désastre que Rome venait de subir,
laterrae et leurs divisions sont d'un poids fort inférieur au s'aperçurent des dangers sérieux que les progrès de la
reste de Vaes grave de l'Étrurie, ce qui indique une époque puissance romaine faisaient courir à leur indépendance.
plus récente de fabrication ; et, en effet, les autres monu Le triomphe des Romains sur les habitants de Vulsinium
ments qu'on découvre en grand nombre dans les tom et de Vulci, qui eut lieu 280 ans avant notre ère, fut le
beaux de Volterra paraissent appartenir à des temps où dernier événement mémorable de cette lutte d'un siècle,
l'Etrurie approchait de sa dernière décadence. Quant aux pendant laquelle les Étrusques disputèrent pied à pied le
autres as de la même contrée, ils sont anépigraphes, sol national, et c'est à la même limite que l'on doit placer

H TU. Liv. IX, 30. — M lit. Liy. VIII, 3 et 6. — M Marchi et Tetsieri, L'aa gravt, cl. I, pl. i. — «• Ib. cl. III, pl. n. — « Ib. cl. V, pl. j, a» 19 et ï«.
AS — 460 — AS
(sauf en ce qui concerne Volaterrœ) la lin de l'émission Quant à l'époque qu'il faut assignera l'émission des as de
de la monnaie pesante dans cette contrée 6!. l'Ombrie, aucune raison plausible n'empêche de s'en tenir
Pour ce qui est des as de l'Ombrie, ils forment deux aux termes assignés à la fabrication de la môme monnaie
séries distinctes et toutes deux indubitables, à cause de la en Etrurie et dans le Latium. On possède peu de rensei
reproduction intégrale du nom des villes qui les ont fait gnements sur l'histoire de l'ancienne Ombrie ; mais il suffit
frapper. Ces deux séries offrent au premier aspect un con de savoir que cette contrée s'associa à la lutte de l'Étrurie
traste complet. Les as de Tuder 63 sont exécutés avec une contre les Romains, pour reconnaître que chez les Om
fermeté, une finesse, une correction extraordinaires, si l'on briens, comme chez les Etrusques, les mômes causes du
se rapporte à la position méditerranée, et distante de tout rent amener les mûmes effets. La grande révolte et la dé
établissement grec connu, de la ville qui les a fait fabriquer faite des Ombriens eurent lieu dans l'année 321 av. J.-G. ;
(fig. Soi). Ceux d'Iguvium61, au contraire, sont les plus sim- ils reprirent les armes, sans plus de succès, vingt-six ans
plus tard. C'est vers une de ces époques que Yaes grave a dû
apparaître dans cette partie de la Péninsule. Peut-être
même, parmi les as de Tuder, devrait-on penser que les
plus pesants et les plus anciens sont contemporains des

Fig. 553. Quincum libralis d'Ariminum.

Fig. 852. As libralis do Tuder. événements de 321, les plus légers et les plus récents de
ceux de 295 M.
pics et les plus rudes que nous possédions. Cependant le Au delà de la chaîne des Apennins on rencontre, d'un
résultat de la pesée vient ici, comme pour les as étrusques, coté, les as d'Ariminum M, sans inscription, mais dont le
détruire les apparences; les as d'Iguvium sont, en effet, type et la provenance rendent l'attribution indubitable, et
moins pesants que les plus anciens de Tuder ; les chances de l'autre, les séries d'Hadria et des Vcstini reconnais-
d'antiquité comparative sont donc en faveur de la mon sablés aux légendes dont elles portent l'empreinte.
naie la plus élégante et la plus pure. Au reste, si l'on s'ex Sur l'as d'Ariminum et sur toutes ses divisions on voit la
plique difficilement, dans le silence des historiens, com tète d'un guerrier gaulois, caractérisée par sa moustache et
ment l'art, sous sa plus belle forme, a pu régner à Tuder, par le torques dont son col est ornéM(fig. 553) . Les Gaulois Sé-
on comprend sans peine qu'un pays tel qu'lguvium, reculé nonais chassèrent les Étrusques d'Ariminum et s'y établirent
bien plus avant dans les gorges de l'Apennin, n'ait pour en 37G avant notre ère. L'as qui rappelle leur domination
ainsi dire aucunement participé au développement qui doit donc avoir paru postérieurement à cette date. D'aulre
initiait l'Italie centrale auxsecrets de l'élégance hellénique. part, les Romains envoyèrent, 10G ans plus tard, une co-
M Lenormant et de Wilto, Op. I. t. I, p. xtxt ; MommseD, p. 219-22-1. — 63 Mar- et de Willo, t. I, p. m* et «iitl. — « Marehi et Tessieri, cl. IV, pl. I — « /.>.
cbi et Tessieri, Op. c. cl. Il, pl. i cl ik — •* 10. cl. II, pl. in et iy. — 65 Lenormant cl. IV, pl. il et m. — 68 Borghesi, daus Marehi et Tessieri, Op. c. p. luû et suit.
AS — 461 — AS
lonie dans la même ville G9. C'est donc entre ces deux de ces pièces est orné (fig. 554), se distingue par une cer
époques que Ton doit chercher l'occasion qui put donner taine gravité qui rappelle le style archaïque; cette dernière
lieu à l'adoption par les Gaulois d'Ariminum d'un usage observation s'applique plus directement encore au type du
que, seuls parmi leurs compatriotes, ils paraissent avoir triens de la môme série. A voir le profil de la tète de femme
connu. MM. Ch. Lenormant et de Witte 70 ont établi qu'une empreinte sur cette pièce, on croirait que l'artiste qui l'a
telle coïncidence n'avait pu avoir lieu que lors de la grande exécutée s'est inspiré d'un vase peint à figures noires
ligue qui réunit dans un effort commun contre les progrès [vasa picta]. Par quel miracle le Picenum, province éloi
de Home les Gaulois, les Étrusques, les Samnites et les gnée, qui n'entra que fort tardivement en rapport avec le
Ombriens Cette formidable confédération fut détruile monde romain, aurait-il seul conservé des monuments
à la bataille de Sentinum, l'an 295 avant notre ère; et capables de rappeler un âge d'emploi de Vaes signalum
dans les détails que Tite-Live nous fournit sur cette cam antérieur à celui où nous en trouvons des traces et des
pagne, nous trouvons les Gaulois Senones au premier rang. monuments à Rome et dans les pays voisins? Mais une
A quelle époque pourrait-on placer plus convenablement étude plus attentive fait disparaître ces apparences d'ex
l'émission des as d'Ariminum qu'à celle de cette union trême antiquité. Les as d'Hadria, comme ceux des Ves-
momentanée entre les Etrusques et les Gaulois ? lini, portent l'empreinte de lettres latines d'une belle
Les as d'Hadria du Picenum peuvent, à leur tour, donner forme, et qui s'éloignent complètement des alphabets
primitifs dont les différents peuples italiotes conservè
rent si religieusement la tradition. Ces lettres romaines
dénotent incontestablement une époque à laquelle les
habitants du Picenum subissaient déjà rinlluence des
Humains. Or, les Romains pénétrèrent pour la première
fois dans le Picenum au commencement du m0 siècle
avant notre ère, dans un temps où la résistance acharnée
des Samnites ™, obligeait leurs adversaires à chercher
des alliés parmi les peuples qui bornaient le Samnium
au delà des Apennins. L'alliance solennelle de Rome avec
les Picentins eut lieu en l'an 299; Tarente et les Sam
nites ayant été abattus dix-huit ans après, les Romains
cessèrent de traiter leurs alliés du Picenum avec les mêmes
ménagements, et ceux-ci, s'étant révoltés, subirent en 268
le joug que leur imposait la victoire '*. Si nous appliquons
aux as d'Hadria et des Vcstini les règles établies ci-des
sus, nous ne pourrons admettre l'existence d'aucune de
ces pièces avant l'an 299; et dès lors il faudra voir si les
arguments (pie nous tirions d'abord du poids et du style
de ces pièces ont réellement toute la valeur qu'on serait
tenté de leur attribuer. Quant au style, il faut observer
que la tète de Bacchus Pogon sur les as d'Hadria est de
face, entièrement méplate, et pourtant modelée avec
cette intelligence qui dénote la pratique la plus avancée
de l'art; on ne peut donc placer à une époque reculée
l'exécution de cette tête.
La remarque tirée de l'archaïsme du style n'aurait une
valeur réelle dans la chronologie de l'art, que si l'on
pouvait faire remonter l'émission des as d'Hadria jusqu'au
milieu du v° siècle avant notre ère ; autrement il importe
peu que ces belles monnaies aient été exécutées dans
le iv° ou au commencement du m' siècle; et si une don
née historique solide, comme celle que nous venons de
déduire , nous fait descendre à une époque comparati
vement assez récente, nous devrons attribuer alors l'ap
parent archaïsme des tètes à cette tendance vers la roi-
deur des formes que nous trouvons chez tous les peuples
qui sortent de la barbarie, môme alors qu'ils sont initiés
à la pratique du dessin par des artistes d'un goût déjà
Fig. 554. As d'Hadria,
affecté et amolli. L'argument tiré du style étant ainsi
lieu à des observations d'une assez grande importance, pour écarté, celui qui résulte du poids élevé des as d'Hadria
lesquelles nous suivrons aussi ce que disent MM. Ch. Le ne conserve plus la môme valeur. Les savants auteurs de
normant et de Witte75. Ces as sont les plus pesants que nous VAS» grave delMuseo Kirchcriano 75 ont fait une remarque
connaissions ; ils surpassent, à cet égard, les plus anciens importante; ils ont fait voir que la division des as du
as romains. La tête de face de Bacchus Pogon, dont le droit Picenum n'était pas établie sur la môme base que celle
I — H Op. c. t. 1, p. xxiïii et s. — " Tit. Liv. X, 10.— xil. Liv. XV, 9.— « P. 100
69 Tit. Li», XV, 8. • - "> Op. c. t. I, p. xxwi et xxxvm. — "1 Tit. Liv. X, 27-40.
AS — 462 — AS

des as coulés de l'autre côté des Apennins ; ceux-ci se cou mismatique des époques anciennes, prétendent que du
paient en 12 onces poids appelé libra
monétaires, tandis lis on passa subi
que les premiers tement et sans in
comprenaient 10 termédiaires à ce
parties seulement. lui d'un sextans,
La livre du Picc- pendant la durée
num était donc de la première
différente de la guerre punique 76.
livre des as ro Mais les monu
mains, latins, om ments sont en op
briens et étrus position complète
ques; elle a pu être avec ce rapport.
pluspesante,etpar Voici ce qui ré
conséquent les Pi- sulte de leur té
centinsontpuêtre moignage. L'as li
portés à émettre bralis de 10 onces
des monnaies plus pondérales vit avec
fortes qu'à Rome le temps son poids
et dans l'Étrurie. s'abaisser graduel
Celte observa- lement , jusqu'à
lion a une grande n'être plus que de
importance pour 8 onces 1/2. Ar
confirmer ce que rivée à ce point,
nous avons dit plus la diminution pro
haut , d'accord gressive s'arrêta
avec M. Hullsch, subitement. Sans
sur le véritable doute la masse
caractère de la d'argent que l'on
livre monétaire ro ne monnayait pas
maine, équivalente encore, mais qui
à 10 onces de la circulait à l'état de
livre pondérale. lingots dans le
Puisque les Piecn- commerce et qui
lins ont fabriqué avait exercé, com
me nous l'avons
leur aes grave d'a
près une livre à eux déjà dit plus haut,
particulière, il est une si grande in
clair que le poids fluence sur la fixa
de Vaes libralis de tion du poids des
l'autre côté des premiers as, avait
Apenninsnedevait augmen té par suite
pas être un poids de la conquête du
purement conven Samnium et de la
tionnel , mais le Campanie, et sans
poids d'une livre doute l'écart de
réelle, usitée soit valeur entre ce
métal et le bronze
dans le Latium ,
soit dans l'Étrurie, avait légèrement
diminué. En outre,
ce qui avait fait le
il semble que l'on
succès de cette
avait trouvé plus
monnaie dans ces
commode de don
deux contrées, dès
ner à l'as une pe
que les Romains
santeur moins
avaient commencé
grande que celle
à en émettre.
qu'on lui avait as
Revenons à Ro
signée d'abord et
me et aux as ro
une équivalence en
mains. Les auleurs Fig. 535. Decussis de poids triental. argent autre que
du temps de 1 em
pire, assez peu au courant des questions relatives à la nu- le poids d'un scrupule. Un plébiscite dut intervenir pour
Nocl. att. XX, 1, 13; Volus. Maec. De aisv, 4C et 74; Apul. Ap. Friscian.
M Varr. De re rust. I , 10, î; De ling. lot. V, 169; 173; 174; 18î ;
Valer. Place. Ap Paul. p. 98; Fest. p. 347 ; Plin. XXXlll, 3, 44; Aul. Gell. VI, lâ, 66.
AS - 463 — AS
changer l'organisation du système des monnaies. Le poids 269 av. J.-C, par la loi Fabia Ogulnia, ht fabrication de
de l'as fut réduit à 4 onces pondérales 17, et par conséquent la monnai« d'argent fut introduite à Rome. Dès lors le
les anciens asses librales, qui se trouvaient encore en grand bronze cessa d'être le régulateur de la valeur des choses et
nombre dans la circulation, valurent désormais 2 1/2
des nouveaux asses trientales. Quand la monnaie d'argent
eut été introduite à Rome [denarius], au temps où l'as de
4 onces pondérales était encore en usage, le sesterce reçut
la valeur de 2 1/2 de ces as et se trouva, par conséquent,
équivaloir à un ancien as libralis. C'est pourquoi, dans les
indications de sommes qui se rapportent aux temps immé
diatement postérieurs à l'établissement de la monnaie
d'argent, les écrivains antiques emploient indifféremment,
pour désigner des valeurs identiques, les mots sestertius et
aes grave "8. Fig. 557. As seitantal.
Nos collections modernes possèdent un grand nombre
de pièces de la série de l'as trientalis (flg. 550). Le poids le fondement du système monétaire. Ce rôle passa à l'ar-
n'y est pas très-régulier, et souvent excède le taux précis
de 4 onces pondérales, ou lui est inférieur dans une cer
taine limite de tolé
rance. C'est dans ces
fluctuations que M. le
baron d'Ailly "9 a cru
trouver les éléments
d'une série semi-librale
et d'une série qua-
drantale, dont l'exis
tence distincte ne nous
paraît pas suffisamment
justifiée m. Les types
delà série de l'as tricn-
tal sont les mômes que
dans celle de l'as libral, Fig. 558. As onclal. Fig. 559. As semoncial.
et tels qu'ils demeurè
rent invariablement gent depuis le consulat de Q. Ogulnius et de Caïus Fabius
fixés tant que dura la
république. L'as et ses
plus fortes divisions,
jusqu'aux quadrans,
sont toujours coulés,
le sextans et l'once tou
jours frappés M. Outre
les pièces que compre Fig. 560. As de Néron.
nait la série précédente,
Fig. 556. As triental roinaiu. la série des as de 4 jusqu'à la dictature de César, et à l'or depuis César jusqu'à
onces, dans les pre la fin de l'empire. Pour plus de clarté nous avons préféré
miers temps où elle fut émise, avant l'introduction de exposer l'ensemble de chacune des phases du système
l'argent, offre à notre étude des multiples de l'unité, les monétaire romain scus la rubrique de la monnaie qui
uns fondus en lingots quadrilatères, comme un quadrussis servait d'unité et de régulateur dans chacune de ces phases.
publié par M. Iliccio **, les autres en monnaies lenticu Nous renverrons donc le lecteur à l'article denarius pour
laires analogues aux asses librales et à leurs plus fortes l'organisation des formes du numéraire d^ns les derniers
divisions, comme les dupondii, tresses et déçusses, dont siècles de la république et à l'article AUREba pour leur
les valeurs sont indiquées par les marques H, in et x dé organisation sous l'empire.
signant le nombre d'as auxquels correspondait chaque Bornons-nous à dire ici que l'as subit encore, jusqu'au
pièce M. Ces dernières monnaies, fort rares du reste, règne de Dioclétien où il cessa d'être en usage, 7 ré
et frappées évidemment dans un très-court espace de ductions successives :
temps, ont pour types, au revers la proue du navire, et au 1° A 2 onces pondérales ou un sextans, vers la fin
droit la tête casquée de la déesse Rome (fig. 355), que rem de la première guerre punique 85 ;
place sur un decussis une victoire montée dans un bige Si. 2° A 1 once sous le consulat de Cn. Scrvilius et de C.
C'est sous le régime du poids triental pour l'as, qu'en Flaminius, l'année même delà bataille du lac Trasimène 86 ;
H Mommsen, p. 348. — 7* Id., Ueber diu rôm. Mûnzwesen, p. 326 et s.; sen, Gesch. des rôm. Mûnzw. p. 285. — 83 Monete d. famiglie romane, p. 250.
Id. Gescfi. der rôm. Aliinzwesens, p. 302; Hultsch, Gricc.h. wid rôm. Metrol. — 83 Marchi et Tessieri, L'aps grave, cl. 1, pl. i et il ; Mommsen, p. 347. —
p. 205. — 79 flist. de la monn. rom. t. I, p. 84 et s. — 8o Voy. la note du duc de 8» Numitm. mns. Arigonii, t. III, pl. imi. — 88 Varr. De re rust. I, 10, 2 ; Vorr.
Blacas, dans sa trad. de Mommsen, Uist. de lu monn. rom. t. Il, p. î. — 81 Momm- Flacc. ap. Paul. p. 98. Plin. XXXIII, 3, 44. — 8C Fcst. p. 347; Plia. X.YX11I, 3, 45.
ASC — 464 — ASC
3» A | once en 89 av. J.-C, par la loi Plautia Papiria 87 ; Et, en effet, on a rencontré à Pouzzoles,en 1633, un linceul
de ce genre et à un mille de Rome, en 1702, dans un
i° A ^ d'once sous le triumvirat d'Octave, Marc-An sarcophage, il s'en trouva un second qui renfermait en
toine et Lépide88, poids qui se maintint pendant toute core un crâne et des ossements calcinés. Ce linceul, con
la durée du Haut-Empire ; servé à la bibliothèque du Vatican, ne mesure pas moins do
lm,8372 de longueur sur lm,6185 de largeur10. E. Saglio.
5° A ^ d'once sous l'empereur Alexandre Sévère ;
ASCAULES [UTRICULARIUS].
6° A - d'once sousTrajan Dèce; ASCIA (Sxémxpvov, ïuxo';). — Nom donné à des instru
7° A - d'once sous Trébonien Galle so. ments dont la forme et l'emploi diffèrent, mais qui ont
tous entre eux une certaine analogie. La diversité résulte
La série de figures par lesquelles nous terminons cet à la fois des textes où cet emploi est indiqué et des
article (fig. 565, 366, 567, 568, 569) place sous les yeux du exemples fournis par les monuments où des outils, qui
lecteur des échantillons de l'as sextantal, de l'as oncial, répondent aux indications des auteurs, se voient dans les
de l'as semoncial et de celui de l'époque d'Auguste ; en mains d'ouvriers appartenant à des métiers distincts. Ainsi
comparant ces représentations à celles de l'as libral ro
main et de l'as triental, qui sont également exécutées de la
grandeur des originaux, on aura l'échelle de la diminution
du diamètre des pièces , qui correspond aux affaiblisse
ments successifs du poids de l'as, depuis la première
fabrication de Yaes signatum jusqu'à l'établissement de
l'empire. F. Le.normant.
ASAMINTHOS (àrafAiveoç). — Homère donne ce nom à
de grands bassins où une personne pouvait se baigner ;
Ménélas dans l'Odyssée en donne un d'argent à Téléma-
que1. Ils pouvaient être de pierre ou de bois. C'est sans
Fig. 501. Fabricants de meubles.
doute à ceux de ce genre que le poëte donne l'épithète de
bien poli (ii'Eo-Tot). Les àaâjAivûoi ne sont plus mentionnés ils nous apprennent que Yascia servait à couper, à creuser,
dans les temps postérieurs s que comme des objets de l'an à aplanir le bois1, comme la cognée, la doloire ou l'er-
cien temps [pyelos]. Ch. Mobel. minette des char
ASBESTUS ou AMIANTUS ("Ao-gso-Toç, àun'avxo;). — Les pentiers, des ton
anciens ont possédé l'art de tisser les substances minérales neliers, des char
filamenteuses qui portent encore les noms grecs d'asbeste rons, et plusieurs
et d'amiante, et d'en fabriquer des étoffes incombustibles. bas-reliefs où sont
On en tira pendant longtemps principalement de Caryslus représentés des ou
e.i Eubée ', au sud du mont Ûcha, qui n'en fournissait déjà vriers qui travail
plus au temps de Plutarque*, mais où les voyageurs mo lent le bois [tigna-
dernes en ont cependant retrouvé des veines'. On en RII , INTESTINARII ,
trouve aussi dans l'île de Cypre \ en Arcadie 5, dans l'Inde 0 ; NAVALES FABRl] ,
peut-être aussi dans la partie des Alpes qui est aujourd'hui nous la montrent
laTarantaise, dans la Corse et les Pyrénées, d'où il en vient en effet dans leurs
encore de nos jours. Ils en faisaient des tissus qui, jetés mains : tel est celui
au feu, se nettoyaient et n'en étaient point attaqués. Plu que reproduit la
tarque7 mentionne des serviettes (^£ipôu.axTpa), des filets figure 561, repré
(Si'xxua), des serre-tête (xexpoça).ouç) de cette matière ; mais sentant, d'aprèsun
il n'est pas probable que l'on en ait fait d'autres vêtements, bas-relief romain3,
à cause de sa rudesse, et Pline en parle comme d'une un fabricant de Fig. 56Î. — Charpentier.
curiosité qui se vendait aussi cher que les perles fines. Sa meubles. Dans une
résistance à l'action du feu devait suggérer l'idée d'en fa sculpture d'un tombeau gallo-romain (fig. 562), I'ascia est
briquer des mèches de lampe : celle de la lampe allumée dessinée avec une netteté parfaite. Les maçons, d'autre part,
nuit et jour dans le temple de Minerve Poliade à Athènes et les tailleurs de pierres s'en servaient pour casser la pierre,
paraît avoir été d'amiante8. Elle la rendait également la dégrossir et la polir4 ; pour trancher la chaux et mélan
propre à servir de linceul pour les corps que l'on brûlait ger le mortier 5. La figure 563, d'après un bas-relief de la
sur un bûcher et à en conserver les cendres sans mélange. colonne Trajane6, montre un ouvrier militaire occupé à cette
87 Plin. XXXIII, 3, 46. — ^Borghesi, dans la Numismatica biblica de Cavcdoni, p. V, 155 ; cf. Sonnini, Voyage en Grèce, I, p. 66.'— s Plin. Hist. nat. XXXVII,
111-136. — 89 pinkerton, Essay on medals, t. 1, p. 140; Mommsen, p. 797. 54; Solin. 7. — « 1b. XIY, t. — 1 L. I. ; cf. rlin. Hist. nat. XIX, 4 : « Mappae
— Bibliographie. Marchi et Tessieri, L'aes grave del museo Kircheriano, Rome, — 8 l'uus. I, 26, 7 : IpucAAl; mvo'j Kaçratf'wy, de Carpasus en Cypre. C'est probable
1839; Ch. Lcnormant et de Witlc, Élite des monuments céramograp/tiques, t. I, ment une mèche d'amiante que l'on trouva fixée encore à une des branches d'un candé
introduction; Mommsen, Geschichtc des rômisclien Mùnzwesens, Berlin, 1860; ou labre, dans un tombeau de Vulci ; Fossati,Annal. del'Inst. arch. I, p. 129. — 9Kcysler's,
Hist. de la monnaie romaine, traduite par le duc de Blacns, 1. 1 et II ; Fr. Lenormant, Travels.U, tond. 1 700. — '<> Montfaucon, Diarium italic. 1744 ; Mongcz, Mëm.dc VA-
/ùtsai sur l'organisation politique et économique de la monnaie dans l'antiquité, cad. des inscr. t. IV, p. 240.— BinLioGnAPUic. l'aies, Textrinum antiquorum, Londres,
Paris, 1863 ; baron d'Ailly, Hist. de la monnaie romaine depuis son originejusqu'à 1843, p. 356 et suiv. ; un autre tissu d'amiante existe encore au musée de N'aples.
la mort d'Auguste, t. I. ASCIA. 1 Cic. De leg. 11, 23 ; Isid. XIX, 12. — » Berichte der Sâchs. Gesellsch.
ASAM1NTHOS. 1 Od. IV, 1Î8. Voy. encore lliad. X, 576 ; Od. III, 468 ; X, 36*1. der Wissensch. 1862, pl. x, I. Voy. d'autres figures aux articles qui concernent
— ' Artcmid. 1, 61 ; cf. Hesych. et Suid. s. v. les diverses sortes de fabui. — 3 Ilerichte de Sâchs. Gesell. der Wissensch., IS p.
ASBESTUS ou AMIAMBS. 1 Strab. X, 1, 6 ; Apollon Dysc. Hist. commeut. JG. DcCaumont, Bullet.momm.intel. 1S0I, p. 193.— 4 Ilieronjm. Opp. 106 in /îiie.-Gloss.
— De orne, defect. t. VII, p. 708 Ileiskc. — :> Tournefort. — * Dioscorid. Mat. m. Philox. Ascieularius ).<t»|u;.— 5 Vitr. VII, 2. Pallad.I, 14.— « Barloli, Col. Trai.
ASC - 463 — ASE
opération; les figures 564, 565, 566, représentent, d'après des même sujet. Nous nous contenterons de citer à la biblio
objets trouvés à Pompéi', des outils tout à fait semblables à graphie les dissertations les plus utiles à consulter sur cette
ceux qui sont encore employés dans la construction. Un au- question non encore péremptoirement résolue, et à rappe
teuragricoleappelle aussi as ler que, d'après le sentiment qui a le plus généralement
cia la pioche ou la houe, soit prévalu, dédier sous Yascia, « c'est dédier un tombeau
simple, soit à deux dents8, qui n'a pas encore servi, un tombeau neuf, qui sort
qui sert à fouiller la terre des mains de l'ouvrier et qui est encore en quelque sorte
[rasteb]. Tous les exemples sous la hache du tailleur de pierre 13 ». Tandis que d'au
que nous venons de citer, tres y voient, par des raisons savamment déduites, l'em
auxquels on peut ajouter blème de la puissance protectrice des dieux souterrains,
ceux qui sont reproduits ou gardiens des sépultures, sous l'empire desquels est passé
mentionnés dans les articles le défunt u,ou encore un signe rappelant l'accomplisse
relatifs aux divers métiers ment d'une formalité ayant pour but d'assurer la con
dans lesquels on travaillait cession perpétuelle du terrain où le monument était cons
le bois, la pierre ou le mé truit15. E. Saglio.
tal [fabri], présentent dans ASCOPERA [fera].
Fig. 563. — Maçon. ASEBEIA ('AuïSeta). — Ce mot chez les Athéniens,
leur variété des traits com
muns : tous, en effet, se composent d'un manche de peu comme chez nous le mot impiété, n'avait pas d'acception
bien délimitée l; aussi le nombre des faits qui pouvaient
de longueur, auquel est adapté un fer à côtés inégaux; l'un
de ces côtés au moins est tran être groupés sous ce titre était-il très-considérable. Nier
chant et légèrement courbé, l'existence de la Divinité, soutenir qu'elle ne peut avoir
l'autre, plus court est quelque d'influence sur les choses de ce monde, tourner en dérision
fois pointu, quelquefois ter les cultes admis par l'État, renverser ou profaner les sanc
miné par une tôte plate. tuaires et les autels *, violer ou divulguer les mystères,
Les monnaies de la famille mutiler les statues des dieux, détruire les objets qui leur
Fi g. r.6-4. — Bible de maçon. étaient consacrés, négliger les devoirs de piété prescrits
Yaleria, où le mot aciscitus,
surnom de L. Valerius, est rapproché de Yascia ou asci- par les lois *, voilà certainement des actes contraires à la
cula qui lui sert d'emblème, fournissent une indication religion et que l'on peut comprendre sous le nom géné-
précise sur la forme de cet instrument ; mais sur ces mon- sique d'océÇsia. Beaucoup de philosophes et de citoyens
libres penseurs furent, à raison de faits de ce genre, tra
duits devant les tribunaux et poursuivis comme coupables
d'impiété v : Théodore, parce qu'il affirmait qu'il n'y a pas
de dieux ; Socrate, parce que, ne croyant pas aux dieux
reconnus, il cherchait à détourner ses disciples du culte
Fig. 563. Marteau de tailleur de pierres. Fig. 566. officiel ; Diagoras de Mélos et Eschyle, parce qu'ils divul
guaient les mystères; Alcibiade, parce qu'il les parodiait
naies aussi la forme de l'objet varie, et tantôt on le voit chez lui; Archippe 8 et Andocide, parce qu'ils mutilaient
pointu des deux côtés, tantôt aigu ou tranchant d'un les Hermès, etc.
côté et aplati de l'autre (fig. 567) Une foule d'autres faits qui intéressaient moins directe
On observe la même diversité dans la représentation de ment les dieux, rentraient également sous le titre d'abeêeta :
Yascia très-fréquente sur les tombeaux, parti rendre à un simple mortel les honneurs divins *, arracher
culièrement dans les Gaules Celtique et Nar- un fugitif du temple dans lequel il avait cru trouver un
bonnaise. A côté de l'image d'un instrument de abri ; entrer dans un sanctuaire et participer à des proces
ce genre est gravée la formule : sub ascia dedi- sions ou à des sacrifices sans réunir les conditions de pureté
Fig. 507. cavit, qui a donné lieu à tant d'explications. exigées '; insulter un prêtre ou une personne remplissant
Acisculus.
Un antiquaire, Oudin, comptait jusqu'à trente- un office religieux tel que celui de Chorége * ; s'acquitter
trois figures plus ou moins différentes placées à côté du nom d'une fonction sacerdotale sans avoir les qualités requises,
à'ascia et ce nombre pourrait être grossi sans doute par se livrer à des maléfices et à des sorcelleries 9 ; commettre
l'examen de beaucoup de sépultures découvertes depuis le un parricide 10 ; vivre avec l'auteur d'un pareil crime 11 ;
temps où il vivait. Le savant Mazocchi 18 a fait un livre sur corrompre la jeunesse ; négliger de donner la sépulture à
la formule sub ascia dedicare, et on pourrait en faire un un cadavre, etc., etc.
autre des opinions nouvelles qui se sont produites sur le Nous en avons dit assez pour faire comprendre que le délit
' Pirancsi, Antiq. de la Grande-Grèce, III, pl. vu. — ' Pallad. I, 13 : a Ascias s. ». Ascia; Mongcz, Mcm. de l'Académie dci inscr. N. S. t. III, et t. V; PJolhac,
in aversa parte referentes rastros. » C'est proprement l'outil que nous ap De la hache sculptée au haut de plusieurs monum. funéraires antiques, etc. Lyon,
pelons serfouette. — 8 Pirancsi, L l. — 10 Cohen, Mëd. comuï. pl. xl, 12 et 174Û; A. de Barthélémy, Mém. de la Soc, des antiq. de l'Ouest pour 1844; de
13; Borghesi, Duodeci sesterzi illustr. XII, dans le t. I des Œuvres; Demie nu- Boissieu, Inscr. antiques de Lyon ; Judas, De la formule sua Ascii, dans la Rcoue
mism. XIV, p. 325. — 11 Voy. sa dissertation dans le Recueil de div. écrits archèol. 1858, t. XV, p. 369 et s. ; Charma, Lectures faites à la Sorbonne en 1863,
pour servir d'éclairc. à Vhist. de France et de supplcm. à la notice des Gaules, Archéologie, p. 5.
U II. — 1* Voy. la bibliographie. — 18 L. Renier, à la p. 68 de Spon, Jlcch. ASKBKIA. 1 Cf. Polyb. XXXVII, 1, C, § 5, D. p. 130, qui considère comme im
d'antiq. de Lyon, éd. de Montfalcon, 1858. — l* A. de Barthélémy, Jiech. sur la piétés les fautes, soit envers les dieux, soit envers les parents, soit envers les morts.
formule « sub nscia », p. 1 1 1 ; Ch. Gervais, Bullet. de la Soc. des antiq. de Normandie, — * Lycurg. C. Leocrat. g 147, D. 28. — » Dcmoslh. C. Neaer. g 116, R. 1384.
I, p. 138. — '5 Charma, Lectures faites à la Sorbonne, 1863, archéologie, p. 9. — * Outre les philosophes cités dans le texte, on peut encore nommer Anaxagoras,
— Bibliographie. .Mazocchi, De formula scb ascu Dnicim. Epist. ad Tanuccium, Protagoras, Stilpo, Théuphraste, Prodicus de Céos, etc.. — 8 Lysias, C. Andoc. g 11,
Naplcs, 1738 ; Maflei, Antiq. Galliae, p. 38 ; Id. Mus. Veronense, pl. extv ; ld. Epist. 1). lis. — 6 xthen. XV, 51, p. 696 , cf. Aelian, V, 12. — 7 Dem. C. Neaer. § 86,
X ad L. A. Muratori ; Muratori, Thesaur. inscript. 1, p. 532 ; P. di Lama, 1s- B. 1374. — » Dem. C. Alid. §§51 et 55, R. 530 et 532. — > Harpocr. s. ». i
crizion. di Parma, p. 110 et s.; Fabretti, Inscript, c. m; Facciolati, Latin. Lcxic. 10 Dem. C. Timocr. g 7, R. 702. — " Dem. C. Androt. g 2, R. 593.
I. 59
ASE — 466 — ASE
d'dffî&ta était très -élastique et que beaucoup de personnes La voie la plus ordinairement suivie était celle des ypasaî
étaient exposées à une action publique fondée sur l'impiété. ou actions publiques a. Le citoyen qui voulait jouer le
On range habituellement parmi les délits d'àuéêcta l'in rôle d'accusateur déposait une fP01?1! entre les mains de
troduction non autorisée par l'État d'un culte nouveau l'archonte-roi ".chargé de la direction des affaires reli
dans l'Attique. L'historien juif Josèphe rapporte, en effet, gieuses. L'archonte-roi instruisait le procès et renvoyait le
qu'une loi athénienne prononçait la peine de mort, xatà jugement au tribunal compétent. Quel était ce tribunal ?
tcôv !;='vov eîca-pvTiov 6ïôv ,s, et le grammairien Servicus affirme S'il fallait en croire le scholiaste de Démosthène, c'étaient
de son côté que « Cautum fuerat apud Atkcnienses ne quis les Eumolpides nous ne nous arrêterons pas à réfuter
?wvas tntroduceret religiones 1S. » Ce fut, dit-on, en vertu ce témoignage, parce qu'il nous semble dû à une interpré
de cette loi que Phryné fut poursuivie devant les tribu tation exagérée d'un texte de Démosthène sur lequel nous
naux, Su xaivoû 6eoû el<nr)Y1l'rPEa '*> parce qu'elle avait cherché reviendrons bientôt. Une opinion Irès-accréditée * nomme
à établir le culte d'Isodaitès ,5. Pour qu'un culte nouveau l'Aréopage mais les plus grands procès d'impiété dont
fût légitimement introduit dans l'Attique, il fallait que le souvenir nous ait été conservé, celui de Socrate, celui
l'assemblée du peuple eût préalablement, sur le rapport du d'Andocide, celui d'Archias **, celui d'Anaxagoras, celui
sénat, autorisé cet établissement. Aussi les inscriptions d'Aspasie, celui de Phryné furent jugés par les tribunaux
mentionnent-elles des autorisations données à des Egyp des Héliasles. Pour concilier ces faits avec l'opinion do
tiens pour la fondation d'un temple d'Isis, à des Cittiens minante, Meier propose de dire que l'Aréopage était d'abord
pour la fondation d'un temple d'Aphrodite 16 , à des compétent ; qu'il fut dépouillé par Éphialte. de cette attri
Tyriens pour la fondation d'un temple d'Hercule ". bution, en môme temps que du jugement des <povtxat Sîxat,
Nous persistons cependant à croire que les étrangers et qu'il en resta dépouillé même quand le renversement des
admis à établir leur domicile dans l'Atlique, avaient le Trente lui eut rendu une partie de son ancien pouvoir M :
droit d'honorer les dieux de leur pays natal et de conti nous avons vu ailleurs [areofagus] ce qu'il faut penser
nuer à les honorer lors môme que la république, à raison de l'enlèvement aux aréopagites des œovixal 8£xat par
des services qu'elle en avait reçus, leur conférait le titre Éphialte; la base du raisonnement de Meier manque donc
de citoyen. Nous croyons môme que les citoyens d'origine complètement et son explication doit être écartée. Platner
pouvaient, sans s'exposer à aucune pénalité, honorer les croit que la compétence appartenait tantôt à l'aréopage,
dieux qui avaient leur préférence 18. La prétendue loi, qui tantôt aux Hcliastes, suivant le point de vue religieux ou
punissait de mort l'introduction à Athènes d'un culte nou politique sous lequel le délit était envisagé. Quand l'ordre
veau, se trouve seulement dans les livres d'écrivains étran politique était désintéressé, parce que l'acte était exclu
gers à l'Attique, et qui vécurent longtemps après l'époque sivement un acte religieux, l'aréopage était compétent ;
où ses lois étaient en vigueur ; leur témoignage est sans mais, lorsque le délit prenait un caractère social, comme
autorité. Si Phryné fut poursuivie devant les tribunaux, ce par exemple le délit de Socrate, qui non-seulement se
fut parce que, comme beaucoup d'autres étrangères, moquait des dieux établis, mais encore corrompait la jeu
comme Théoris, comme Ainus, elle se livrait à d'impu nesse par ses prédications, la compétence était aux Hé-
dentes débauches et usait de son influence pour corrompre liastes — Il nous paraît résulter des textes que le juge
les mœurs de ceux qui l'entouraient. Tout le monde est ment des actions d'impiété rentrait en principe dans les
obligé de reconnaître qu'une grande tolérance religieuse fonctions des tribunaux ordinaires30; seulement l'aréopage
régnait à Athènes et que beaucoup de religions étrangères était toujours compétent pour juger les personnes accusées
se propagèrent sans autorisation dans l'Attique ". Le fait d'avoir arraché des oliviers sacrés31. De plus toutes les fois
certain de la tolérance et l'absence dans les auteurs athé que le délit d'àaiëua. était peu grave, l'Aréopage, en vertu do
niens de toute menlion de lois restrictives rendent plus ses pouvoirs de police, avait le droit d'infliger des pénalités
que probable le droit à la tolérance. Quant aux décrets minimes. Ainsi, il punit d'une amende un archonte-roi qui
que l'on invoque, ils ne nous paraissent pas avoir pour objet avait épousé une femme indigne du titre et des fonctions
l'autorisation de cultes nouveaux ; Aphrodite avait des au de paciÀtcua 3î.
tels à Athènes, longtemps avant le iv" siècle, et les Athé Les autres voies ouvertes à l'accusateur étaient celles
niens n'ont pas attendu le n" siècle pour honorer Hercule; de I'apagogé, dans le cas de flagrant délit 83 , de I'en-
les Cittiens et les Tyriens ne demandaient donc pas l'admis deixis **, de I'eisangelia 3S, sur lesquelles nous donnerons
sion de divinités nouvelles10. L'objet véritable des décrets, des explications spéciales. A ces procédures bien connues,
c'était r?YXTTi<iiç x^P'00» c'est-à-dire la concession à des Démosthène en ajoute deux autres : 3ixâ£s<i8ai Ttpô; Eùjjioà-
étrangers du droit d'acquérir les terrains sur lesquels ils se Tci'oa;, et (ppâ^Eiv 7:pb; tov (iotdtXéa 36.
proposaient d'édifier un temple, droit dont ils ne jouissaient Cette dernière consistait probablement en ceci, que le
pas à cause précisément de leur qualité d'étangers. citoyen qui avait connaissance d'un fait d'impiété, mais
Procédure et compétence. Les textes nous apprennent qui ne voulait pas jouer le rôle d'accusateur, parce qu'il
que la répression de l'àuéêtta pouvait ôtre demandée de craignait, en cas d'insuccès dans la preuve, d'encourir les
plusieurs manières. peines prononcées contre les accusations téméraires, se
« C. Apion II, 37, D. II, p. 389. — » Ad Aen. VIII, 187. — 1» Didot, Oral, allie!, II, Plut. De placitis philos. I, 7, § 2, D. 1072, et autres telles peu probants. — 55 Cic
p. 426. — H Harpocr. éd. Bckkcr, p. 10Î. — Foucart, Des associations religieuses, De divin. I, 25, § 34. Notous toutefois que. sur le fait même rapporté par l'orateur,
p. 187. — W Eod. loc. p. 224. — 18 Voir la dissertation que nous avons publiée, sur I,a il y a dissidence entre lui et l'auteur d'une vie anonyme de Sophocle, éd. Weise,
liberté de conscience à Athènes, dans la Revue de législation ancienne et moderne, p. 3. Ce dernier parle du peuple (ta Sir':)' et non de l'aréopage. — *6 Dem.
t. I, 1870, p. 341-354, et les autorités qui y sont citées. — 19 Foucart, l. c. p. 130. C. Neaer. § 116, P.. 1384. — « Ath. XIII, 59, p. 590. — î* Attische Pro-
— *> Voir cependant Foucart, /. c. p. 107. — >1 Dem. C. Androt. 8 27, H. 001. cess. p. 305. — " Proccss und Klagen, 11, p. 146 et s. — 3» Dem. C. Androt.
— « Lysias, C. Andoc. g 11, D. 118 ; Dem. C. Lacrit. § 48, lt. 9 10 ; Hyperid. Pro gg 2-3, R. 593 ; C. Aristog. I, S 79, 11. 793. — » Lys. VII, Pro sacra olea, D.
Suxenippo, g 6, 1). 376 ; Pollul, VIII, 90. — >» O y«î SaiOtiij i-Mf ™î *î« i"8ii«i p. 123 et suiv. — Sî Dem. C. Aeaer. g 80, 11. 1372. — Kl Dem. C. Androt. g 27,
npi; «i>ï EipjwX*i4«4, éd. Didot, p. 701, col. 2. — *'» Voir Scli(pmaun, (iriech, H. 601. — 3* Andoc. De myst. passim. — Plut. Akiô. 22. — C. Andiut. g 27,
Alterth. I, 3« éd. p. 5i8. On invoque en ce sens les Actes des apôtres, xvn, 19; II. 601.
ASI — 467 — ASI
bornait à signaler le délit à l'archonte-roi. Le magistrat sans ornements, est opposée (fig. 568) à l'Asie (azia), riche
examinait s'il y avait lieu de donner suite à la dénonciation ment parée, assise sur un autel devant un hermès, qui
et de commencer d'office des poursuites. paraît être une image d'Aphro
11 est plus embarrassant de dire ce qu'était le StxâÇeaOat dite; elle est couronnée et tient un
irp; Eù(io),7:i'ôaç. L'opinion qui nous semble la plus proba sceptre surmonté d'une palmette :
ble est celle d'après laquelle, pour certains délits d'impiété elle s'entretient avec AIUTH, la
relatifs aux mystères d'Éleusis, il était permis de pour ruse, armée de flambeaux allumés.
suivre le fait, soit directement, soit par l'intermédiaire de Un petit bas-relief * découvert
l'archonte-roi, devant les Eumolpides, qui prononçaient en 1780 près du rivage de Lauren-
seulement des peines religieuses, telles que l'exclusion des tum, et qui peut dater du m0 siè
mystères ou la privation du titre d'initié, sans influer sur cle avant J.-C, présente (Hg. 569)
l'état civil et politique du coupable. Ce que Démosthène les images de l'Asie et de l'Europe
dit des Eumolpides était, suivant toute vraisemblance, éga opposées de même l'une à l'autre
lement vrai des Céryces. et également désignées par des
Pénalités. — La peine de Vâaéëtvx était plus ou moins inscriptions. Ce sont deux femmes
grave, suivant l'importance du délit ; tantôt elle était fixée portant des couronnes tourrelées ; Fig. S68. — L'Asie.
par la loi, tantôt elle était abandonnée à la discrétion des l'Asie est couverte d'une tunique
juges. Nous citerons seulement quelques exemples. Celui sans manches ; elle a des bracelets aux bras et des sandales à
qui avait arraché des oliviers sacrés était puni de l'exil et ses pieds, tandis que l'Europe est dépourvue de bracelets ;
de la confiscation des biens ". Tout homme qui' entrait des manches cachent en partie ses bras et elle a les pieds
dans le temple de Cérès pendant les Thesmophories
était puni de mort **. Voilà des pénalités légales, et le pro
cès était alors un <kt'|«iTOî àyiov. Mais, dans la plupart des
cas, c'étaient les juges, qui, après la déclaration de culpa-,
bilité, déterminaient la peine ; telle fut la voie suivie pour
Socrate. Cette peine pouvait varier de l'amende à la mort.
Des personnes, qui avaient frappé les Amphictyons et les
avaient chassés du temple d'Apollon, furent condamnées
à un exil perpétuel et à des amendes individuelles de dix
mille drachmes *. La peine du bannissement fut pronon
cée contre Anaxagoras, la peine de mort contre Socrate,
contre deux magiciennes Ninus et Théoris et contre beau
coup d'autres, etc.
Quant à la pénalité réservée à l'accusateur, lorsqu'il
succombait sans avoir obtenu le cinquième des suffrages,
les opinions des anciens sont très-divergentes. Pollux af
firme qu'il était puni de mort 40 ; mais il n'est guère ad
missible que la loi ait édicté une pareille menace contre les
poursuites téméraires ; aucun citoyen ne se serait risqué à
déposer une àseêEi'a; yp<*®r\ et les délits d'impiété eussent été
impunis. Andocide parle seulement d'atimie 41 (atimia) ;
mais cette atimie devait être très-limitée quant à ses effets;
l'àTijio; n'avait pas le droit de paraître dans les temples w;
mais il pouvait remplir des magistratures civiles : Eubulide,
bien qu'il eût succombé dans une accusation d'impiété,
était membre du sénat des Cinq-Cents*5. Ce qui est certain, Fig. 569. — Monument en l'honneur d'Alexandre le Grand.
c'est que l'accusateur malheureux devait payer une amende
de mille drachmes. E. Caillemek. nus. Toutes deux soutiennent au-dessus d'un autel un bou
ASIA. — La plus ancienne personnification que l'on clier sur lequel est gravée l'image de la victoire d'Alexan
connaisse de l'Asie est celle qu'on voit sur le vase peint, dre à Arbèles. Le bouclier remplace, comme il arrive quel
devenu célèbre qui fut trouvé en 1851 à Canosa et sur quefois, l'image de la divinité à laquelle l'autel est consa
lequel est représenté le conseil tenu par Darius avant cré, et qui n'est autre ici qu'Alexandre.
de déclarer la guerre à la Grèce. Au-dessus des person Sur les monnaies de quelques empereurs romains, l'Asie
nages qui ont un rôle dans cetle scène, on voit d'autres a les traits d'une femme couronnée, entourée d'attributs
ligures formant une rangée supérieure qui représentent de la puissance maritime '. E. Saglio.
les dieux, et parmi eux, l'Asie et l'Ilellade sous les traits ASIARCHA, ASIARCHÈS ('A<jt<xpX7]î). — Les Grands
de deux femmes dont l'attitude et le costume contras prêtres de ÎAm et les Asiarques ont fourni à Eckhel ' 13
tent : à l'Hellade (I-EAAA2) debout, vêtue simplement et sujet d'une note savante, mais un peu confuse, dans la-
37 Lys. Pro sacra olea, §§ 32 et 41 , D. p. 12" et 128. — *> Voir aussi Aelian. V, 17. Welckcr, Aile Dcnkmàler, V, 23, p. 349 ; Heydcmann, Vasensammlun des
— w Baxlh,Staatlh. der Athener, 2« éd II, p. 104 et suiv. — *o vill,41. — « De. Mus. nationale zu flïeapél, n. 3253 ; Ann. d. Inst. arch. 1873, et Alonum. me'rf.,
myst. g 33, I). 53. — ** Voir toutefois Westerraan, in Pauly's Heal-Encycl. I, 2« éd. XLV, pl. L. — * Viscouti, Append. à la 2* éd. de Sainte-Croix, Examen des
p. 1852. — *> Dem. C. F.ubul. S 8, R. 1301. — BmioemAran. H. Wiskcmann, historiens d'Alexandre, 1804, p. 777 j et Opère varie. 111, pl. n. — • Eckhel,
fie impietatis actione. Hersfeld, 1846. Docl. mm. VI, p. 492 ; TU, p. 4.
ASIA. 1 Voy. principalement Archàol.Zeiluny, 1857, pl. cm, p. 109 ; 1860, p. 41. ASIAHCHA. I Uoct. num. vct. IV, p. 204 sqq.
ASl — 468 — ASl

quelle il ne distingue pas nettement entre les deux charges, à une assemblée générale; l'assemblée générale (to cWSptov,
également importantes et ayant une origine commune, Toxotvdv) était celle du xotvôv 'Anaç, et elle se tenait tantôt
mais dont les attributions étaient très-différentes. Les nom dans une ville et tantôt dans une autre; les noms des can
breuses inscriptions appartenant aux provinces orientales didats étaient soumis à l'Assemblée, et on dressait une liste
de l'empire romain permettent aujourd'hui de jeter sur de ceux qui avaient obtenu le plus de voix. Il paraît certain
cette question quelque nouvelle lumière ; c'est ce qu'a fait que cette liste devait être soumise au proconsul, et qu'il
récemment M. W. H. Waddington, dans une dissertation choisissait parmi les noms qu'on lui présentait. D'après une
que nous ne ferons guère ici que suivre et que résumer *. loi de l'empereur Septime-Sévère, on ne pouvait contrain
On peut se demander d'abord quelle était la divinité au dre le père de cinq enfants à accepter la grande prêtrise
culte de laquelle présidaient, dans chaque province, ces d'Asie (sacerdotium Asiae) 5. Au reste, tant que l'empire fut
dignitaires que nous trouvons mentionnés, dans les au prospère, les candidats ne durent pas manquer; il y avait,
teurs comme sur les marbres, sous les titres de Grand- nous le pouvons induire d'un passage de Philostraste, au
prêtre de l'Asie, Grand-prêtre de la Bithynie, Grand-prêtre quel nous avons déjà renvoyé plus haut, des familles opu
de la Galatie,etc. L'absence de tout nom de divinité après lentes où le goût de ces honneurs se transmettait avec la
ce titre de Grand-prêtre, l'analogie de ce qui se passait fortune qui donnait les moyens de les porter, et où de père
dans les provinces occidentales, où les marbres nous don en fils on arrivait à ce brillant sacerdoce.
nent des désignations plus amples et plus circonstan Les inscriptions nous apprennent qu'il y avait aussi des
ciées, l'attachement qu'avait chacune des grandes villes Grandes-prêtresses d'Asie (àp^if'psta 'Asi'aî)et quelquefois le
de la province à quelque divinité particulière, attache mari était appelé àp^tEpsû; et la femme ap^ttptfa*. 11 arrivait
ment qui n'eût pas permis à ses habitants d'humilier aussi qu'on était désigné d'avance pour remplir ces fonc
leur divinité préférée devant quelque autre des habilants tions, sans doute à l'assemblée qui avait précédé celle où
de l'Olympe, tout concourt à démontrer qu'il ne peut on était nommé définitivement 7. Il ne pouvait évidem
s'agir ici que d'un culte d'un caractère tout exceptionnel, ment y avoir qu'un seul Grand-prêtre d'Asie à la fois,
que d'une divinité universellement reconnue et dont mais il avait des délégués dans les villes où le xotvôv 'Acîa;
déesses et dieux anciens ne pouvaient être jaloux. Le culte avait élevé des sanctuaires, comme Pergame 8, Smvrne 9,
à la tête duquel étaient placés, dans chacun des gou Éphèse 10, Cyzique 11 et Sardes ". Leur titre était dp-/t£p£Ù;
vernements de l'empire, ces personnages qui portent en 'Aïi'a; OU TÎjç 'Act'a; vawv tûv èv ïltpyâ'itp OU vaoû toû èv Yltpyâuw,
Occident des noms différents, mais qui, en Orient, n'ont Sjxôpvr) ; enfin, dans une inscription copiée par Le Bas à
d'autre titre que celui de Grand-prêtre de telle ou telle Acmonia, la nature de la fonction est indiquée plus clai
province, était, on n'en saurait douter, ce culte singulier rement encore : àp^tEpsîjç 'Aoioî vaoû toû èv 'Eos'ato xotvoû rfç
qui naît à la fin du règne d'Auguste, et qui, sous sa forme 'Ac(aç 13. Celte délégation était un acheminement vers la
la plus ancienne et la plus simple, s'adresse « au Dieu Au grande prêtrise elle-même. La grande-prêtrise d'Asie pou
guste et à la Déesse Rome » . Plus tard, quand de nombreux vait s'exercer concurremment avec des grandes-prêtrises
empereurs se sont succédé sur le trône et ont été admis locales et des fonctions civiles.
après leur mort, par le sénat, dans l'Olympe officiel, la La surveillance qu'exerçait le Grand-prêtre provincial sur
formule de cette étrange religion d'État se modifie, et les les autres prêtres des temples de Rome et d'Auguste que
hommages s'adressent à toute la série des Césars divinisés, la province avait construits en son nom et entretenait à ses
à la domus divina, comme disent les inscriptions. frais dans les différentes villes u, le caractère particulier de
De différents passages des auteurs du n* et du m* siè cette religion officielle si intimement liée à l'organisation
cle, il résulte que cette grande prêtrise de l'Asie était la même de l'empire, finirent par donner au Grand-prêtre de
dignité la plus brillante qu'un provincial pût obtenir dans Rome et d'Auguste une situation tout exceptionnelle et
sa province, qu'elle flattait singulièrement la vanité, mais éminente ; peu à peu, ce Grand-prêtre des empereurs,
qu'en revanche elle imposait de très-grandes dépenses : revêtu du sacerdoce le plus important, le plus recherché,
il fallait contribuer de sa bourse à l'éclat de ces céré le plus en vue qui fût dans la province, en vint à avoir sur
monies que l'on présidait *. Ces fonctions, recherchées les autres dieux adorés dans la contrée une sorte do
par ceux qui aimaient la représentation et qui désiraient prééminence qui finit par se changer en une suprématie
avoir une occasion d'étaler leur richesse et leur luxe aux acceptée et reconnue. Au m6 siècle, nous le voyons par
yeux de la foule, étaient redoutées, au contraire, par ceux la correspondance de Julien w, ces grands-prêtres pro
dont la fortune était médiocre et qui aimaient le repos ; vinciaux de Rome et d'Auguste ont, sur tous les prêtres de
mais alors on avait quelquefois à lutter contre l'obstination la province, à quelque divinité et quelque temple qu'ap
de concitoyens qui s'entêtaient à présenter comme can- partiennent ceux-ci, une autorité qui rappelle, à certains
didatà cette haute situation un compatriote dont ils étaient égards, celle d'un évêque ou d'un archevêque catho
fiers, mais qui, plus célèbre que riche, déclinait cet hon lique. C'est là le premier essai d'une hiérarchie ecclésias
neur. C'est ce qui arriva par exemple au rhéteur Aristide, tique que nous présente le paganisme ; tout incomplet,
candidat involontaire des Smyrnéens *. Le récit d'Aristide, tout inefficace qu'il paraisse être resté, il a ceci de curieux,
dont nous ne pouvons reproduire ici les détails, indique qu'il offre comme une faible ébauche, dans les limites de
comment se faisait l'élection des Grands-prêtres de l'Asie. l'empire, de cette grande hiérarchie du clergé catholique
Les villes de la province nommaient des délégués (o-uveSpot) qui va s'établir avec le christianisme triomphant. Les sub-

• La Bas, Voyage archéol. part. V, Eiplic. de» inscr. par M. Waddinglon, au gr. 2965, 2985 b, 3415; Le Bas, 755. — « C. insc. gr. 3662. — 1» C. inte. gr.
n. 885. — » Philostrut. VU. sophisl. I, il, t. — * Orat. XXVI, p. 344-346. — » Pa- 3461. — 13 Le Bas, 755. — lk Les dépenses relatives à l'entretien de ces temples
pinian. ia Digcst. L, S, 8. — « Corp. iiucr. gr. 2782, 2823, 3415, 3489, 3195, étaient supportées par toutes les villes qui faisaient partie du xolvcv, qu'elles eussent
3508; Le Bas, HO. — J C. insc. gr. 2741 ; Le Bas, 871. — « C. iiisc. gr. 3416, ou non un des temples dans leurs inurs,Dio Chrys. Orat. XXV, p. 70. — WEpist. 49,
}494 ; La Bas, 885. — 9 C. imc. gr. Î74I, 3508 ; Le Bas, 626, 842. — 1» C. insc. 62, 63.
ASI — 469 — ASI
divisions religieuses qui, par cette organisation graduelle Deux inscriptions funéraires prouvent aussi que ces digni
du culte des empereurs, se forment dans tout l'empire, taires entretenaient des compagnies de gladiateurs 17.
correspondent, en général, aux divisions politiques. Quand Quoique les textes précédemment cités montrent bien
le christianisme se substitue au paganisme, il arrive natu quelle était la différence entre les Asiarques et les Grands-
rellement que les provinces, la religion nouvelle ont les prêtres d'Asie, on a soutenu quelquefois que c'était la
mêmes noms et les mêmes limites que celles de la religion même fonction désignée sous deux noms différents, et
qu'elle remplace ; l'archevêque siégeant, lui aussi, à côté on s'est fondé sur un passage du jurisconsulte Modestinus*' :
du gouverneur, dans le chef-lieu de la province, paraît lôvouç Upojffuvï) , oîov 'Aïtapj^ot, Bt6uv tapota , KaxraSoxap^ia ;
succéder au Grand-prêtre d'Auguste, comme les évêques mais ce passage ne prouve rien ; la présidence des jeux
semblent prendre la place de ces Grands prêtres locaux du avait nécessairement dans l'antiquité un caractère sacré, et
même culte que possédaient les principales villes de la on pouvait parfaitement dire que YAsiarchia était un sacer
province '6. doce national, sans aucunement l'assimiler à la grande-
L'Asiarque était un personnage au moins aussi impor prêtrise d'Asie. De même, dans une loi de 336, la Syriar-
tant que le Grand-prêtre d'Asie ; mais ses fonctions étaient chia et la Phoenicarclria sont appelées des sacerdoces M. Mais
différentes, ce que l'on n'a pas toujours compris; il était ce qui confirme notre manière de voir et ce qui prouve que
chargé de la direction des jeux célébrés par la province les fonctions des Asiarques n'étaient pas, à proprement
d'Asie et appelés xoiva 'Asi'a;, et surtout il devait en faire parler, une prêtrise, c'est qu'après l'établissement du chris
lui-même les frais, en tout ou en partie, comme autrefois tianisme, il y eut toujours des Asiarques ; dans une loi du
à Rome les édiles. Strabon dit expressément que les asiar- cinquième siècle, ils sont assimilés aux agonothètes *.
ques sont choisis parmi les citoyens opulents 17 ; ce témoi G. Perhot,
gnage est confirmé par celui des inscriptions et des mé ASILLA, "Astuce [jugum].
dailles qui font souvent mention des Asiarques, et, autant ASINARIUS, ànier [asinus].
qu'on peut en juger, ces derniers appartiennent toujours ASINUS, ASELLUS('Ovoç).— L'âne a toujours passé pour
aux principales familles de leurs villes natales 1S. Chaque un animal paresseux et stupide ', et son nom était déjà
fois aussi qu'un personnage compte des Asiarques parmi ses chez les anciens une injure s. 11 était cependant plus ap
ancêtres ou ses parents, on a soin de le rappeler, comme un précié dans l'antiquité que de nos jours. Cela tient sur
grand honneur, dans les épitaphes ou les inscriptions ho tout à ce qu'il est plus beau, plus fort et plus noble dans
norifiques ; ainsi une médaille de Sardes porte une légende les contrées méridionales 3.
qui indique que ltufus était fils et petit-fils d'un asiarque 19. On distinguait de l'âne domestique (asinus ou asellus
Pendant la durée de ses fonctions, l'Asiarque ne pouvait proprement dit), l'âne sauvage ou onagre (onagrus, clva^po;,
être chargé d'une tutelle Les femmes aussi portaient le ovoç à-ypto;) qui vivait en Phrygie, en Lycaonie et en Afrique,
titre d'Asiarque M. L'élection se faisait sans doute de la où on en rencontre encore des troupeaux *. Parmi les ânes
même manière que pour les grands-prêtres de l'Asie On de la première espèce on appréciait surtout ceux d'Arcadie,
pouvait être élu plusieurs fois s3. La question du nombre en Grèce s, et en Italie ceux de Reate, qui étaient tellement
des Asiarques a été fort controversée, à cause du passage estimés que quelques individus se vendirent jusqu'à
bien connu des Actes des apôtres u. 11 est probable que soixante mille et cent mille sesterces, c'est-à-dire de 12 à
l'on continuait à donner le titre d'Asiarque à ceux qui 20,000 francs *. Les étalons se vendaient beaucoup plus
avaient rempli ces fonctions, même après leur sortie de cher. On entretenait aussi la race par des croisements avec
charge, et cela seul suffirait à justifier le langage de saint l'onagre, qui passe facilement à l'état domestique 7.
Luc, mais il semble d'ailleurs probable que, cette charge La sobriété de l'âne est telle qu'il n'a besoin que de
occasionnant de grandes dépenses, on cherchait à les ré peu de soins et se contente, s'il le faut, de feuilles et de
partir entre des citoyens riches pris dans les principales chardons 8. Varron ne donnait de plus qu'un peu d'orge à
villes de la province. C'est ce que l'on pourrait déjà in des ânes de grand prix 9. L'âne était avec le mulet [mu-
duire du passage de Strabon auquel nous avons renvoyé lus], la bêle de travail par excellence ; sa vigueur natu
plus haut, et ce qu'indique d'une manière plus claire en relle le met à l'abri des maladies auxquelles sont sujets
core une inscription d'Ephèse 2S. beaucoup d'autres animaux; il supporte admirablement la
La nature des fonctions de l'Asiarque est clairement éta fatigue, tout en exigeant peu de dépenses pour son entrè-
blie par les témoignages anciens. Dans le récit contempo tien; aussi était-il indispensable aux fermiers. Il portait sur
rain du martyre de Polycarpe, à Smyrne, conservé par son dos de lourdes charges ; de là vient qu'il est appelé cli-
Eusèbe, on voit l'Asiarque diriger la célébration des jeux sa. tellanus, dossuarius, et en grec xav6r)Xioç[CLiTELLAE, sagma].

16 Ce n'est pas ici le lieu de développer cette curieuse comparaison , ni de tiondes inscriptions e médailles, autres que celles qui ont été citées dans cet article,
signaler les apparentes anomalies qu'elle explique, et les différences profondes où il est fait mention d'un Asiarque : Corp. inscr. gr. 2912, 314S, 3191, 33Î4, 3421,
que l'on doit signaler pour rester dans le vrai. î"ious avons essavé d'indiquer ail 3120, 3495, 3665. Mionnet, Mysie, n. 235, 660 ; Suppl. 54 ; Jonie, I, 1410 ; Lydie,
leurs toute l'impurtance de ces rapprochements et de cette recherche [Explora 28T>, 727 ; Phrygie, 875, 950. — Biulioqriphib. Waddington, dans le Voyage ar
tion archéologique de la Galatie, p. 199-201); mais il reste à faire une étude com chéologique de Le Bas, partie V, Explication des inscriptions, a. 885; Perrot,
plète sur les sacerdoces provinciaux, sur l'organisation du culte des empereurs dans Exploration archéologique de la Galatie, p. 199-201.
l'empire tout entier. — 1' XIV, 1, 42. — 1* On peut citer comme exemple une ASINARIUS. 1 Parocm. gr. éd. deGotting. II, p. 562 et s. — » Plant. Pseud. I, 2,
inscription gravée en l'honneur de 'Awwivi; 'Affid^Tj; o fipwrvoî voù lafiKjsvàToy 4; Ter. Beaut. V, 1, 4; Cic. Ad Att. IV, 5, 2. — 3 Aristot. De anim. générât.
•Aoia; îSv-.'J! x«\ ipftmï ti|; ««rflfoî, Corp. inscr. gr. 3504. — 1' Mionnet, Ly III, 8 ; Strab. VII, p. 307 ; Cuvier, Règne animal, I, p. 253. — * Varro, De re rust.
die, n» 802.— *> Modestinus, Digest. XXVII, 1, b. — M Corp. viser, gr. 3324. II, 6, 3 ; Plin. Hist. mat. VIII, 15 ; Strab. XII, 5, p. 568. Comp. les récita de Ousc-
— n Voyez lycubcha. — M Corp. inscr. gr. 3190 ; Mionnet, Phrygie, n° 768. ley, Travels inthe East, 1819-23; Caillaud, Voyage à Méroé, 1826 ; de Ker-
— XIX, 31. — 25 Le Bas, Voyage archéol. V, Explication des inscriptions, 153, a. Porter, Travels in Georgia, Persia, Armenia, 1822, et plus récemment ;de Vam-
— M Hist. Eccles. IV, 15. — « Corp. inscr. gr. 3213, 3671. — »» In Dig. loc. cit. bery, Voyage au Turkcstun. — » Varro, De re rust. II, 1, 14, et 6, 1 ; Plaul. Asin.
— «» Cod. Just. V, 27, 1. — 80 A. D. 409 Cod. Tlteod. XV, 9, 2, De expensis ludo- II, 3, 67 ; Plin. VIII, 43 ; Strab. VIII, p. 388 ; Auson. Epig-, LXXVI, 3. - « Varr.
runi : « Exceptis alytarchis, syriarchis, agonolhetis, itemque asiarchis et caeteris, quo Il, 1, 14, et II, 2, 7; Plin. /. L; Dureau de la Malle, Uém. d VAcad. des inscr.
rum nomen festivitatis soleunitas dedicavit.» Voici, d'après M. Vv'addinglon, l'indica- N. S. t. VIII. p. 468 et s. — ' Varr. II, 63. — » Colum. VU, 1. — » Varr. III, 17, 6.
ASK — 470 — ASK
On se servait de lui surtout pour transporter les produits che ". A Athènes on recherchait le filet d'âne comme le
des champs et des jardins, pour mettre en mouvement les hachis d'âne et de chien ,8, et le même goût se retrouve à
moulins à blé, à huile 10 [moï.a] et d'autres machines; on Borne sous l'empire
l'attelait aussi à des charrettes (asinus plostrarius) [plaus- Le cri de l'âne s'exprimait en latin par le verbe rudere
trum, véhicula], et dans quelques pays même à la charrue, (braire), en grec par le mot o^xSa-Oat.
par exemple en Gampanie, en Bétique et en Libye ". Il Quant aux liens qui attachaient l'âne à la religion de Vesta ,
servait aussi de monture. On le voit fréquemment sur les de Bacchus, de Yulcain, dePriape, nous renvoyons aux ar
vases grecs portant sur son dos Bacchus ou Vulcain et ticles relatifs à ces divinités et à leurs fêtes. Ch. Morfx.
dans des peintures de Pompéi ou d'Herculanum, il est re ASRLAPIASTAI, 'A<7XÀaxiarra(. — Société religieuse qui
présenté sellé 15 et monté par des hommes ou des femmes. existait à Aulse, ville de Lycie [thiasos]. P. Foucart.
Nous reproduisons (flg. 570) une curieuse peinture récem- ASKLEPIEIA ('AsxATiTHeia). — Nom commun à toutes les
fêtes célébrées en l'honneur d'Esculape. Celle d'Épidaure
est surtout célèbre : elle revenait tous les cinq ans1, accom
pagnée de processions, dejeux gymniques etdc concours de
musique5; elle avait lieu neuf jours après les istiimia *.
D'après la légende, c'étaient les Asclépiades et les Argiens,
qui avaient institué celte solennité *. On célébrait des As-
clépiées encore à Lampsaque5 et à Athènes, où la fêle pré
cédait régulièrement les grandes Dionysiaques [dionysia],
dans le mois d'Élaphébolion \ Une inscription de Carpa-
thos 7 indique aussi des concours dans celte île à l'occasion
d'une fête d'Esculape. Hunziker.
ASKLEPEION ('Ao-xÀTiTCEtov, 'A<rx).r]7tiEïov : ce mot s'écrit
de plusieurs autres manières). On appelait ainsi les temples
dédiés à Esculape. Le culte de ce dieu remontait en Grèce
à une très-haute antiquité. Selon Pausanias, Alexanor,
fils de Machaon, fit bâtir à Titane, ville de Sicyonie, untem-
ple en l'honneur d'Esculape environ cinquante ans après
la guerre de Troie. Celui de Trikka enThessalie,qui passait
pour le plus ancien, paraît avoir été le véritable point de
départ du culte d'Esculape [aesculapius]. 11 en fut ensuite
construit un très-grand nombre, de sorte que la plupart des
villes grecques en possédèrent. Ces 'A<TxAï]7tEÏa étaient des
servis par des prêtres nommés Asclépiades qui, à l'imitation
des prêtres égyptiens, étaient en même temps médecins
et s'occupaient du soin et de la guérison des malades comme
interprètes du dieu. Il résulta de cette double occupation
des ministres d'Esculape, que les temples devinrent par la
force des choses des écoles où la science médicale se forma
peu à peu par l'observation et l'expérience. Les plus célèbres
Fig. 570. — Epona, protectrice d'un ânicr.
de ces temples dans les temps antérieurs à Hippocrate fu
ment découverte à Poinpéi, où epona, la déesse protectrice rent ceux de Cos, de Cnide de Bhodes ' et d'Agrigente.
des écuries, est représentée dans une niche, assise sur un Il y en eut aussi dans la Cyrénaïque *. Ils se multiplièrent
âne ; elle est, dans l'original, placée entre les images des beaucoup dans les pays grecs, et Pausanias en mentionne
lares domestiques; un peu plus bas est un ânier (asinarius) soixante-trois dans son ouvrage.
conduisant deux ânes par la bride u. Dans le principe, les Asclépiades n'enseignaient qu'à
Mais là ne se bornaient pas les services de l'âne chez les leurs enfants les connaissances médicales qu'ils avaient
anciens. Ovide ,5 nous apprend que des dames romaines eux-mêmes reçues de leurs parents, de sorte que l'art de la
prenaient des bains de lait d'ânesse afin de conserver la médecine se transmettait de père en fils et se conservait
fraîcheur de leur peau. La chair de l'âne n'était point non dans les familles sacerdotales. C'était une éducation toute
plus dédaignée, non-seulement des pauvres gens, paysans ou domestique et d'initiation qui ne sortait guère des temples
journaliers18, mais elle figurait aussi avec distinction sur les et dont les prêtres avaient le monopole. Les témoignages
tables les plus riches. Les Perses, renommés pour leur d'Ilippocrate et de Galien ne laissent point de doute à cet
délicatesse mettaient, le jour de leur fête, un âne à la bro- égard 5. Mais il est également certain que longtemps avant
10 Appelée à cause de cela mola asinaria, Cat. B. rmt. 10. — II Cat. lier, rttst. 1 1 ; ASKLAPIASTAI. 1 Hamilton, Besearches in Asia Atinor t. II, n. 301.
Varr. et Colum. /. /. — ls Voy. à ce sujet Stephani, Comptes rendus de la Commïss. ASKI.KPIEIA. 1 Schol. Pind. .Xcm. III, 4!i. — » Plat. Ion. init. ; Corp. insc. gr.
nreh. de Saint- Pélersb. 1863,p.229 et s.— " Pitt. SErcol. UI, pl. xliy ; Mut. Barbon. a. 1068, 1134, 1515, 3208. — ' Paus. II, 26, 7. — » Schol. Pind. Nem. III, 45. —
VI, 4. — 1* Brizzio, (iiorn. d. scavi Pomp. N. S. 1870, II, 46 ; Jordnn, in An», del. 8 Corp. insc. gr. n. 3641. — fi Aeschin. Ctesiph. § 67 ; Corp. insc. gr. 157 ; Ranga-
Jnst. arch. 1872, p. 47. Voy. la description du riche harnachement de lanc, dans bé, Ant. helL II, n. 842; Bôckh, Staatshaush. der AM. II, p. 253.- 7 Weschcr,
Apulée, Met. X, 18; Lucian. Luc. 48. — 15 Afedic. fac. 53; cf. Ju*en. VI, 408. Décret dorien de Carpathos, p. 13. — Bibliographie. 23. Hcrmaim, (ïottesdienst,
— w Lucian, £i<r. 31.— « Herodot. 1,133.-18 Aristoph. Vesp. 195. — Plin. Ifist. Alterthùmer. S8 52 , 13; 59, 4.
uat. VIII, 68 ; Petron. Sat. 31 . — Bibliographie. Gôlz, De pistrinis, p. 24!) et s. ; Mon ASKI.EPEIOX. ' Pausan. U, 11. — » Calen. Method. med. I, i, t. X, éd.
tez, Mém. de l'Académie des inscript. N. S. t. X, p. 443 et s. ; Dureau de la Malle, là. Kiihn. — » Diod. Sic. XIX, 45. — * Paus. H, 26 ; Tacit. Ann. XIV, 18. — 6 Hip
t. XIII, p. 468 et 478 ; Annales des sciences niturelles, 1829 et 1832; Magcrstedt, pocr. Jusjur. et Lex, t. IV de ledit. Littré ; G&len. De anatorn. adm. Il, 1, t. U
Bilder oui dem. rùm. Landwirthscbaft, III, p. 139 et s., Sondershausrn, 1860. Kiihn.
ASK — 471 — ASK
le temps d'Hippocrate, les profanes s'immiscèrent dans l'art lades qui arrivaient pour consulter le dieu. Avant d'être
de guérir. Déjà Lycurgue voulut que des médecins fussent admis dans le temple ou dans le lieu consacré à la consul
attachés aux armées de Lacédémone e; plusieurs auteurs, il tation, ils étaient soumis à des pratiques hygiéniques en
est vrai, ont pensé avec quelque raison que ces médecins tourées d'un appareil religieux. C'étaient des jeûnes plus
étaient sans doute des Asclépiades. On peut d'autant mieux le ou moins rigoureux 11 et prolongés quelquefois plusieurs
croire que ces prêtres allaient souvent exercer la médecine jours, des ablutions et des bains, des onctions et purifica
en dehors des temples, comme le prouve l'exemple d'Hippo tions variées, puis des sacrifices". Toutes ces préparations,
crate. En effet, ce médecin appartenait au sacerdoce médi qui étaient déjà en réalité un commencement de traite
cal, et cependant il voyagea beaucoup dans les divers pays ment, devaient être ponctuellement exécutées parles ma
grecs et il y pratiqua la médecine, comme il nous l'apprend lades. Ces actes préliminaires une fois accomplis, les sup
lui-même. Or, non-seulement les Asclépiades sortaient des pliants étaient admis dans le temple pour y passer la nuit;
temples pour voir des malades, mais encore ils recevaient, c'est ce qu'on appelait l'incubation [ihcubatio]. Ils cou
pour les instruire, des élèves étrangers à la caste sacerdo chaient souvent sur la peau même de l'animal qu'ils
tale, ainsi que le fait voir Platon dans le Protagoras 7. En avaient offert ensacrifice14. Dans certains temples, il y avait
fin, il est indubitable que Démocède de Crotone, qui s'il un lit placé à côté de la statue d'Esculape 15 . Pendant la
lustra comme médecin à Egine, à Samos et à la cour du nuit le dieu leur apparaissait, soit en songe, soit autrement,
roi Darius, fils d'Hystaspe, n'était point un asclépiade, mais et leur prescrivait les remèdes nécessaires. Le lendemain,
un médecin profane qui avait sans doute étudié la science le malade racontait aux prêtres la vision qu'il avait eue, et
à l'école de Pythagore 8. Cette école forma encore bien le traitement ordonné par le dieu. Les ministres de celui-ci
d'autres médecins dont les noms, au moins pour quelques- interprétaient le tout et soumettaient le patient aux pres
uns, sont venus jusqu'à nous. C'est à partir de cette époque criptions voulues. Aristophane, dans la comédie de Pluius,
qu'eurent lieu la diffusion de la médecine et sa sécularisa fait un récit aussi plaisant et comique qu'audacieusement
tion. Toutefois cette communication de la science aux pro irrespectueux, de cette entrée et de ce séjour d'un malade
fanes n'empêcha point les prêtres d'Esculape de continuer dans Yasclépion ".
à soigner les malades, qui de leur côté ne cessèrent point Quelques-uns guérissaient, d'autres s'en retournaient
devenir en foule se faire traiter dans les asclépions ; et cet avec leurs maladies. Les premiers seulement laissaient
état de choses persista longtemps encore après la venue du gravées sur le marbre, avec leurs noms, la description de
christianisme et jusqu'à la destruction complète des tem la maladie pour laquelle ils étaient venus et l'indication
ples païens. des remèdes à l'aide desquels le dieu les avait guéris.
Les asclépions étaient, en général, établis dans des en Plusieurs de ces inscriptions sont venues jusqu'à nous;
droits salubres et agréablement situés. Ils étaient toujours elles appartenaient très-probablement au temple d'Escu
entourés d'un bois sacré, dans l'enceinte duquel était lape érigé dans l'île du Tibre. On les trouve reproduites
le plus souvent ménagée une fontaine 9. Le célèbre tem dans le recueil d'inscriptions antiques de Smetius L'une
ple ti'Épidaure se trouvait dans ces conditions. Le bois sa d'elles constate la guérison miraculeuse, c'est-à-dire
cré qui l'entourait était lui-même délimité par de grosses sans aucuns médicaments, d'un aveugle qui vivait au
bornes, et dans son enceinte il n'était permis ni à un ma temps de l'empereur Antonin le Pieux. 11 y avait souvent
lade de mourir, ni à une femme d'accoucher. En face du un assez grand nombre de malades couchés à la fois dans
temple étaient les dépendances où restaient les malades Yasclépion ". Le dieu ne négligeait point d'agir sur l'ima
suppliants du dieu. Plus près, on voyait une rotonde en gination des consultants au moyen des serpents qui étaient
marbre blanc, appelée Tholos, dans l'enceinte de laquelle toujours entretenus dans les temples [draco] "..Du reste,
se trouvaient un grand nombre de colonnes sur lesquelles il ne faudrait pas croire que le dieu consentait toujours à
on inscrivait les noms des malades guéris par le dieu, les répondre aux malades et à leur prescrire un traitement.
maladies pour lesquelles ils étaient venus et la manière Bien au contraire, il lui arrivait assez souvent de refuser
dont ils avaient été traités, le tout en langue dorienne. de communiquer avec certains d'entre eux, ainsi qu'on en
Telle est la description de Yasclépion d'Epidaure don a la preuve dans un passage de Plaute, où un personnage
née par Pausanias 10. Nous le reproduisons comme type de comédie prend le parti de quitter le temple d'Esculape
de tous les autres en ajoutant ce qui suit : dans le bois sa en se plaignant de ce que celui-ci ne fait aucun cas de lui
cré se trouvaient un temple de Diane, une statue d'Epione, et refuse de le guérir ,0. Ce refus du dieu avait lieu sur
deux chapelles consacrées, l'une à Vénus et l'autre à Thé- tout lorsque les malades avaient négligé ou refusé de se
mis, un stade et une fontaine. Disons aussi que les Epi- soumettre aux pratiques préalables qui leur étaient ordon
dauriens avaient un théâtre dans le temple même d'Escu nées et dont nous avons donné ci-dessus le détail.
lape ; et enfin que l'empereur Antonin embellit ce lieu en Les traitements prescrits par Esculape étaient le plus
y construisant des bains, des temples et encore une maison souvent assez anodins " ; mais parfois aussi d'une grande
où il fut permis aux malades de mourir et aux femmes d'ac énergie. Ainsi, dans de certaines circonstances, c'étaient
coucher Il est extrêmement vraisemblable que tous ces de fortes saignées, de la ciguë, des vomitifs, des purga
embellissements et cette réunion de jeux et de distractions tifs M. Les malades guéris faisaient presque toujours des
de toutes sortes avaient pour but la salubrité du lieu et offrandes, laissaient des ex-voto, ou encore jetaient des
surtout l'agrément de ceux qui venaient y chercher la santé. pièces d'or ou d'argent dans la fontaine 13 [donahia]
Voici maintenant quelle marche devaient suivre les ma- Enfin ces temples pouvaient être considérés comme des
fi Xcnopb. Lacetï. vesp. xiu. — "l Plat. Protag. init. éd. Didot. — 8 Herodot. III, Sylloge ont, ùucr, p. 56. — n Smetius, Inscr. antiq. p. -9. — *8 Aristoph. /. /,
131, 137. — 8 Plut. Quaest. rom. 94; Vitruv. I, 2, 20. — '0 Paus. II, 27. — H llj. — 1» Ib. et Paus. II, 11, 8. — M Plaut. Cure. II. 1, 22S.— «1 Smct. (. «. —
— t» Galen. Epid. VI j Connu. IV, 4, 8, 137, Kuhn. — « Aristoph. J'iut. 354, M Aristid. Orai, sacra, l et 11, et Orat, in Acsculap. — *1 Strab. XIV u, 19
et Vetp. 121. — » Paus. 1, 34. — '6 Id. X, 32. — '« Aristoph. I. c; cf. Osann, Tibul. I, 3, 29.
ASK — 472 — ASK
archives générales de tout ce qui avait un rapport direct formant l'entrée principale. Cette entrée est fermée par
avec l'art et la pratique médicale. En effet, non-seulement un voile ou rideau. Les groupes sont surmontés d'entable
on y mentionnait par des inscriptions les maladies et leurs ments surmontés de frontons à une pente qui abritent des
traitements, comme nous l'avons dit plus haut, mais en offrandes sous la forme de vases magnifiques. Entre les
core on y inscrivait le détail et la préparation des remèdes colonnes du fond, aux deux tiers de leur hauteur, s'élève
célèbres et qui avaient rendu des services, de môme qu'on un mur, sur la corniche duquel est placé un masque co
y déposait les instruments dp chirurgie, dès que leur uti lossal ; un autre occupe le devant de l'entrée. Au delà des
lité avait été démontrée par l'expérience **. On y déposait passages laissés entre l'autel et les avant-corps est une cour
même les livres de médecine pour lesquels ce dépôt était circonscrite sur trois côtés par des portiques. Au centre
une véritable publication **. C'est ainsi qu'une description s'élève un temple circulaire monoptère à douze colonnes
de la thériaque avait été gravée sur la porte de Yasclépùm corinthiennes isolées ; leur entablement est couronné d'un
de Cos *. Dr René Bbiau. chapiteau corinthien aussi, et d'une urne que couvre un
II. On peut rapprocher des descriptions plus ou moins voile. Des boucliers remplissent les entre-colonnemenls
détaillées et précises d'asclépions que nous ont laissées du temple et, au centre de la coupole, est suspendu un
les auteurs, les indications que nous fournissent des mo aigle qui tient dans ses serres un diadème. Sous les
numents encore subsistants. Caristie avait déjà reconnu portiques latéraux sont distribuées, dans la restauration,
dans les ruines de l'édifice de Pouzzoles, généralement des petites chambres ou cellules, et au milieu du péri
appelé temple de Sérapis, dont il a fait une restauration, style du fond, dans l'axe du monoptère, se trouve un
un de ces établissements dans lesquels les sources ser deuxième temple : un pronaos ouvert , qui précède la
vaient de remèdes, ce qui est confirmé par la présence de cella, est symétriquement accompagné de plusieurs salles
ces sources encore abondantes aujourd'hui. Un autre ar et pièces moyennes.
chitecte antiquaire, Hillorff r, a retrouvé dans une peinture L'existence d'un premier étage dans la cour est consta
de Pompéi (tig. 571), la représentation de la façade d'un tée par les croisées parfaitement exprimées.
Le temple monoptère, au centre de la cour, représenté
dans la peinture et qui se retrouve dans un troisième
édifice que M. Hittorff a comparé avec les précédents, le
tombeau de Pétra, en Arabie 28, l'a conduit à voir dans
cette édicule isolée, un lieu consacré à des cérémonies
funèbres. On ne peut méconnaître dans l'urne voilée, pla
cée au sommet, le symbole des cendres recueillies ; dans les
boucliers suspendus entre les colonnes [clipeus], M. Hittorff
voit le souvenir de soldats vainqueurs morts pour la pairie;
l'aigle s'élançant avec un diadème vers l'Olympe est un
emblème de l'apothéose généralement admise par les an
ciens [ArOTUEOSIs].
a Un lieu, ajoute-l-il, consacré à l'accomplissement des
devoirs rendus aux morts auxquels les anciens attachaient
une si haute importance, était indispensable dans un éta
blissement dont les malades étaient les principaux habitants.
Les corps devaient pouvoir y rester exposés à couvert
jusqu'au moment du départ pour la nécropole. Le cortège
se réunissait à l'entour du sanctuaire, les chœurs faisaient
entendre leurs chants de douleur et de louange, l'encens
fumait et les victimes étaient sacrifiées sur l'autel à l'entrée
de l'édifice. Le monoptère, par sa forme ronde, répondait
bien à une pareille destination; tandis que le deuxième
Fig. 571. — Vue d'un asclépion, d'après une peinture de Pompéi. sanctuaire, dédié à Esculape, avait une celle entourée de
murs, une place marquée pour la statue du dieu et satis
asclépion et démontré par la décomposition en dessins faisait aux exigences du culte. 11 était enfin dans le* con
géométraux de la perspective de cette peinture, que l'édi ditions d'un temple qui devait être garanti de tout contact
fice qu'elle représente est semblable au temple de Pouz impur, surtout avec les morts dont la seule vue faisait per
zoles et analogue à celui de l'édifice de Pompéi auquel on dre aux pontifes leur caractère sacré. La tenture qui cache
a donné tour à tour les noms de Panthéon, d'Hospitium ou le fond de l'intérieur du monoptère est tout à fait disposée
de Sérapéum. pour empêcher les prêtres du temple proslyle, placé der
Le monument se composait, dit M. Hittorff, au rez-de- rière cette partie de l'édifice circulaire, d'apercevoir l'expo
chaussée, de deux groupes de quatre colonnes élevées sur sition temporaire des corps. » E. S.
un plan carré, entre lesquels se trouve un grand espace ASKOLIA (AuxwAta, 'AuxuAtasp; '). — Amusement po-

«Coel. Aurcl. Morb. chron. II, ir. — ttDioR. Lacrt. fferaclid. Bph, — *6 Galcn. Aug. Gauthier, Recherche* hist. sur l'exercice de la médecine dans les temples,
t)e antidot. lib. 11; Plin. Hi.it. nat. VI, 29. - & Ale'm. del'Aead. de» iriser., ^jan Lyon, 184-1 ; Œuvres complètes d'I/ippocrate, éd. Litlré, introduction, Paris, 1839,
vier 1862 ; Bcvue arrhcol. t. VI, 186.', p. t. — »8 Découvert par M. L. de Labordc Welcker, Kleinc Schriftcn,t. III, p. 89 et s , Bonu, ISSO; Wolf, De novissima ora
et public dans son Voyage dans l'Arabie Pétrie. On eu peut Toir aussi la façade culorum actatc, Bero). 1854, et les divers historiens de la médecine.
dans les mémoires cites de Hittorff. — Bibliographie. H. Meibomins, Kxercitatio de ASKOLIA. 1 Sur l'étymologic du mot AnvXiâÇuv, voy. 0. Jahn, Archàoloyischc
incûbatione in funti deorum, medicinae tausa, olim facta. Hclmstacd, 1659 ou 1742 ; Zeilwig, 1847, p. 9.
ASK — 473 ASS
pulaire qui consistait ! à se tenir debout, à marcher ou à pâtres se livraient à cet exercice sur des peaux de bœufs
sauter sur une outre gonflée et enduite d'huile qui la ren arrosées d'huile. E. Saglio.
dait glissante. La plupart de ceux qui essayaient de s'y ASKOS (Amoç). — La forme de l'outre, faite d'une peau
tenir en équilibre tombaient aux rires des assistants. Celui de bouc cousue [uter], que l'on remplissait d'eau ou
qui y réussissait emportait comme prix l'outre et le vin de vin, a été imitée par les potiers dans celle d'un vase
qu'elle contenait. Le jeu était pratiqué de cette manière, ayant la même destination l. On en possède dans diverses
particulièrement en Attique. aux fêtes de Bacchus [diony- collections qui ont celte forme et sont en outre munis d'une
sia] * ; l'outre était faite alors de la peau d'un bouc sacrifié
à ce dieu. Une mosaïque du musée de Berlin (fig. 572) montre

Fig. 574. Askos.


anse et d'un pied. Celui qu'on voit ici (fig. 574) appartient
au musée de Chiusi. E. S.
ASPERGILLUM, ASPERSIO [LDSTBATIO].
ASSECTATORES. — Les candidats qui briguaient les
charges dans les comices employaient, entre autres moyens
[ambitus], l'assistance de nombreux clients membres de la
même tribu {ti-ibides, assidua assectatorum copia) qui les ac
compagnaient dans leurs démarches. Ceux-ci se nommaient
Fig. 572. Jeu de YAscoliasmos. assectatores1 , et se distinguaient des salutalores et des deditc-
tores,en ce que les premiers formaient le cortège habituel
le commencement du jeu, qui a pour spectateurs Bacchus
du candidat. On exigeait cet office principalement des
lui-môme et Ariadne son épouse ; des satyres et des femmes
clients, qui toutefois, en cas d'empêchement, employaient
entourent l'outre; un jeune homme se prépare à y mon
leurs proches (necessarii) ; mais il importait surtout d'avoir
ter *. Les préparatifs du jeu sont encore représentés sur un
autour de soi ceux dont on avait défendu les causes, et qui
camée du musée de Naples 5, et on voit sur une autre
devaient à l'orateur leur salut ou leur fortune !. C'est en
vain que, en 688 de Rome (66 av. J.-C), une loi Fabia de
numéro sectatorum \oulut, malgré les plébéiens, restreindre
le nombre des assectatores3; car il était difficile de poser
ici la limite entre l'usage et l'abus. Un sénatus-consulte,
fait pendant le consulat de L. César, en 64 av. J.-C, n'eut
pas plus d'efficacité. G. Humbert.
ASSER. — Ais, poutre, pieu, solive, chevron d'un toit
en charpente [tectum], perche ou bâton pour porter un
brancard ou une litière [ferculum, lectica].
Dans l'armée romaine, on appelait asseres fahati de
fortes poutres munies d'une pointe de métal, et qu'on lan
573. Jeu de YAscoliasmos. çait, à l'aide de machines, contre les tours de bois ou les
autres ouvrages des assiégeants 1 : d'autres fois, on y fixait
pierre gravée souvent reproduite* (fig. 573), des satyres qui des crocs et des lames de faux, puis on les jetait à bord des
s'y livrent vaisseaux, où elles écrasaient ou blessaient les matelots,
Ce n'est pas seulement en Attique qu'on connut ce diver coupaient les cordages et causaient de graves avaries On
tissement, mais aussi dans le reste de la Grèce et en Italie, donnait aussi le même nom, asseres falcati, à de fortes
où Virgile dépeint " les villageois sautant sur les outres perches garnies de crochets qui servaient à arracher les
graissées {unctos salière per utres). Varron dit aussi 9 que les créneaux '. Végèce * emploie ce mot pour désigner une
2plat. Symp. p. 190 d; Pollui, IX, 121 ; Hesych.». ». tn»lll>rt«<; Eust. Ad Odyss. 1S66, 1, p. 36 ; Becq de Fouquiéres, les Jeux des anciens, Paris, 2* éd. 1873, p. 241.
p. 1646, 22 ; Etym. M. s. v. àamï.iiÇ*; Suid. «. ». «irxi;; Schol. Aristoph.Pfuf. 1130. ASKOS. 1 Hesych. 'a<t/&; ; cf. lissing, De nom. vas. grâce, p. 37 ; Panofka, .flec/i.
— » Schol. Arist. Cornu!. Nat. deor. 30, p. 217 ; Suid. I. I. — * Arch. Zeil. l.l. sur les noms des vases, II, 43 ; VI, 10 ; Gerhard, in Ann. d. Inst. 1836 ; Letronne,
et pl. ix, 1. — 5 Raspc-Tassie, Catalog. 4867, pl.xxx ; Kôhler, Descr. d'un camée du Journ. des sav. 1833, p. 684 ; 1837, p. 749 ; Inghirami, Mus. Chius.
palais Farnése, vign. du litre ; Arch. Zeit. I. I. pl. ix, 2. — 6 Steffanoni, Gemmae ant. ASSECTATOItES. 1 Cic. De petit, cons. 5 et 9. — * Ib.9. — » Cic. pro Mur. 34,71.
30 ; Raponî, Tfics.gemm. 11,14; etc. — 7 Nous mentionnerons seulement encore parmi — Bibliographie. Bccker, Handbuch der rômischen Altcrthilmer, Leipz. 1846, II,
les monuments où l'on peut reconnaître, mais moins sûrement, cejeu : unvase peint, 2« p. 42, 43 ; Lange, Mmische Alterthùmer, 2" éd. Berlin, 1863, I, g 80, p. 605 ;
Tischbcin, Vases d'Hamiltan, Nap. 1791, I, pl. xx.il, un bronze, Neap. ant.&ildw. Heincccius, Antiq. roman, syntagma, éd. Miihlenbruch, Francf. 1841, IV, 18, 77
p. 199, 15 ; Toyei encore Caylus, Jïec.d'antiq. III, pl. lxxv, 4. — 8 Georg. II, 384. p. 800 ; Rinkes, De erimine ambitus et de sodalitiis apud Roman, temp. lib. reipubl.,
— 9 Ap. Non. s. v. Cernus, p. 21. — Bibliographie. Kuhler, Description d'un camée I.ugdun. Bat. 1S54 ; A. W. Zumpt, dos Criminalrecht der rûm. Jtepublik} II, 2,
antique du musée Farnèse, Pétersbourg, 1810, p. H ; Krausc, Gymnastik und Ago- p. 249 et s. Bcrl. 1869.
nistik der Jlellenen, p. 399 et s.; O. Jahn,in Archdologische Zeitung, 1847, p. 129 ASSE1X. 1 Cacs. Bell. civ. II, 2 j Tac. Bill. IV, 30. — > Q. C IV, 3. — » Tit. Liv.
et s.; Crasberger, Krtiehung und Unterricht im klauischcn Alterthum* Wiirxburg, XXXVIII, 5. — » V, 15.
I. 60
ASS — 474 — ASS
porte de bélier, formé d'une poutre ferrée aux deux extré ainsi en question, pouvait-il figurer lui-même dans le pro
mités et suspendue aux mâts des vaisseaux comme les ver cès? Justinien ne mentionne que l'hypothèse de la libérait*
gues : lorsqu'un vaisseau ennemi s'approchait, soit à droite, causa, dans la constitution 1S où il supprime la nécessité de
soit à gauche, on poussait Yasser avec force et il écrasait Yassertor et rend ainsi vraisemblable la solution affirmative.
les soldats ainsi que les matelots, tout en brisant la coque. Toutefois, l'opinion contraire est encore soutenue en ce qui
Le Ijuatov vaûjxa^ov 5, dont la description est donnée par concerne l'ancien droit13. R.
Homère* et complétée par Pollux7, ainsi que les xs'pacat dont ASSESSOR. — L'usage s'était établi chez les magistrats
parle Athénée dans sa description du vaisseau d'Hiéron, romains sous la royauté et la république, de s'entourer,
avaient le même emploi; mais, comme ce dernier mot ser dans l'exercice de leurs fonctions, de conseillers (consiliarti)
vait habituellement a désigner les vergues elles-mêmes, on choisis surtout parmi les jurisconsultes, et qui assistaient,
peut croire qu'on s'est souvent borné à employer celles-ci sans litre officiel, particulièrement les consuls, les pré
dans le même but : Diodore de Sicile ' raconte que, dans teurs s, les édiles 3 et les gouverneurs de provinces [co.nsi-
un combat naval, on se servit de poutres-béliers ou de lium] *,en matière de juridiction contenticuse ou répressive ;
vergues armées de faux, 8p£«avï]ço'pot xepaïat. Masquelez. ils se nommaient assessores ou à consiliis. Ils étaient fré
ASSERTOR. — Dans un sens général, on entendait quemment employés également par les judices jurati, ap
par assertor ou adsertor un libérateur', un défenseur ', pelés à résoudre une question posée par le préteur dans
ou vindex alienae libertatis. Sur certaines monnaies, nous une formule d'action \ Sous l'empire cet usage se géné
voyons ce titre donné à des dieux (Mars adser-tor). ralisa et se transforma bientôt en institution". On voit les
Jusqu'à Justinien i, il fut interdit à celui dont l'état empereurs eux-mêmes siéger comme assesseurs des juges
d'homme libre était contesté, de figurer lui-même dans le inférieurs 7. En règle générale, tous les magistrats supé
procès; on ne voulait pas qu'il fût à la fois l'objet du pro rieurs de l'ordre civil ou militaire 8, même en matière ré
cès et l'un des plaideurs. Il était alors représenté par une pressive, et sans altérer l'indépendance ou modifier la
personne appelée adsertor Ubertatis \ responsabilité des juges, avaient des assesseurs ; il en élait
Dans la procédure des actions de la loi [ACTio],les procès de même des hauts fonctionnaires de la cour et des pro
louchant la liberté se jugeaient dans la forme ordinaire des vinces. Sabinus et le jurisconsulte Puteolanus, qui vivait
revendications 4 ; sous le système formulaire, il en fut de au temps d'Ulpien ou un peu avant lui 9, avaient écrit des
même dans le cas où l'on revendiquait une personne ouvrages sur l'office des assesseurs, adsessoi-iorum ; il exis
comme esclave (vindicatio in servitutem), tandis que le tait un écrit de Paul De officio adsessorum 10.
procès tendant à faire déclarer une personne libre (vindi Suivant Bethmann-Ilohveg, les magistrats municipaux
catio in libertatem) devint un praejudicium 5, c'est-à-dire n'auraient pas eu d'assesseurs. Cependant le curator reipl'-
une instance dans laquelle le juge avait à rechercher si telle blicae, nommé il est vrai par l'empereur, et chargé, outre
personne était libre ou esclave, sans avoir à prononcer de l'administration des finances locales, d'une juridiction
condamnation . Dans tous ces procès sur la liberté (libei'alis spéciale " pour les affaires contentieuses entre la cité et
causa, libérale judicium), celui dont l'état était en litige les particuliers, avait des assessores, d'après le témoignage
devait, en vertu de la loi des Douze Tables *, être considéré formel de Papinien '*. Dans ce consilium pouvaient siéger
comme étant, pendant la durée du procès, en état provi des membres de la même cité, ne jouissant pas d'un salaire
soire de liberté (vindiciae secundum libertatem dicebantur) '. public. Le gouverneur de province (praeses provinciae)
Cette liberté provisoire avait des effets importants 8, mais devait avoir un consilium 13 composé d''assessores salariés,
elle n'avait pas pour résultat d'assigner toujours à celui qui ne pouvaient être originaires de la province où i!s
qui en jouissait le rôle de défendeur, et par suite de l'exo exerçaient leur office u. On ne doit pas confondre avec les
nérer du fardeau de la preuve. Les rôles de demandeur et legali" ces assesseurs qui décidaient de la plupart des af
de défendeur étaient déterminés par la possession d'état faires administratives ".C'étaient probablement des officiers
antérieure au litige 9. distincts des viginti recuperatores citoyens romains, formant
Enfin les procès sur la liberté avaient ceci de particulier, le consilium, chargé en province de la juridiction gracieuse,
que celui qui avait été déclaré esclave pouvait faire juger en matière de legis actio, ainsi que d'examiner les justes
la question jusqu'à trois fois. Justinien abolit cette ano causes d'affranchissement d'un esclave mineur de trente ans,
malie, en même temps qu'il supprima la nécessité de l'as- ou par un maître mineur de vingt ans le dernier jour
sertor1" [manus injectio]. du conventus, en vertu de la loi Aelia Sentia [libertinus].
Il y avait d'autres questions d'état que la liberalis causa. La nécessité pour les redores ou praesides de se faire
Ainsi la question de savoir si un individu était fils ou père assister d'assesseurs dans les affaires judiciaires fut sé
de famille, ingénu ou affranchi ". Celui dont l'état était vèrement maintenue par les constitutions du bas-em-
« Jal, Marine antique, Paris, 1868, p. 233 et s. — 6 XV, 388, 677. — 7 1, 10, ASSESSOIl. 1 Dionjs. II, 14; T. Liv. I, 49 ; Sallust. Jug. 02 ; Zumpt, Crin». Bceh!,
segm. 130, 137. — * Cf. Dio Cass. XXXIX, 43 ; Caes. Bell. gall. M, 14. I, 1, p. 98, 138, 353 et s. ; Waltcr, Gcsch. des rôm. Bechts, 3» éd. I, m" 145, 213.
ASSEI1TOR oo ADSEllTOn. 1 Festus, s. v. Scrlorem, p. 340 cd. Millier : • Quia — i Cic. De orat. I, 37 ; Tit. Liv. XXXVIII, 60. —3 Juven. 111, 16t. — *Cic. In
cuin cuipiam adscrat manum, educcmli ejus gratta ex servitute in libertatem, voea- Verr., Il, 1, 29; V, 21 ; Tit. Liï. XXIX, 20; Valer. Mai. VIII, 1 ; Laboula;c,
lur adsertor. ■ — ' Cod. VII, 17. — ' Quint. V, 2, 1, deel. CS8 ; Martial. I, 53, 5 j sur Procédure civile, XX, a- 8 5 Cic. De fin. II, 19 ; Pro Boscio, I ; Pr. Quint. I, 2,
l'étymulo^ie de ce mot, \oy. Facciolati, Lexicon, s. v. Asscro. — 4 Gaius, Comin. 6, 10, 16, 17, 25 ; Bethmann-Holweg, Gerichtseerfassung, g 14; Ceusorin. D'
IV, 13, 14 et 32 ; Cic. Oral. I, 38 ; pro Caec. 33. — 5 Gaius, Comm. IV, 44.— 6 Cf. die nat. 15. — 6 Walter, Gescb. des rôm. Bec/Us, 1, u° 290 ; Plin. Epist. I, 20.
fr. 2, S 24 Dig. De orig. I, 2. — ' Tit. Liv. 111, 44, 50 ; Dion. XI, 28-37. — » L.24, — ^ Tacil. Ann. I, 75 ; Suet. Tib. 33 ; Claud. 12 ; Dio Cass. LX1X, 6. — » Tbeod.
25, 29 Dig. TU. de lib. causa, XL, 12.— » L. 7 g ult. D g. De lib. cauta. — 1» Cod. d Valent. C. 11 Cod. Justin. 1, 51, parlent des assesseurs magistrorum militum.
Just. VU, 17. — Il Fr. 1-fi Dig. De lib. causa, XL, 12 ; Tit. Lit. Ht, 46; Suet. Yespas. 3. — 9 11 le cite, Fr. 12, De partis, Dig. II, 14. — '« Fr. 1 Dig. De off. adsess. I, 22 ;
— » Cod. Vit, 17. — 1S Puclita, Instit. g 221, 5» éd. Leipiig, 1857. — Biblio- fr. 5, g 8, De injur. XLVI1, 10. — » Fr. 2, g 6 Dig. L, 8. — » Fr. 6 Dig. I, 22.
GiuriiiK. Rudorff, Boni. Bec/itsgesch. Leipiig, 1857-9, II, § 17, p. 69, 88, 249; — U Lamprid. Al. Sev. 46; Plin. Epist. I, 20 ; X, 19, August. Conf. VI, 10.
l.eist, Zte/>ra<yimïc.Cotting. 1840: Mayer, \d Lw.Ml, 41, Stuttgardt, IS28; Schmidt, — H Fr. 3 Dig. I, 22 ; Dio, LXXI, 31 ; Paul. Sent. rec. V, 12, 5 Cod. Just. unie. I,
Abhtutdl. in Zeitschr. f. Bechtswiasenschafl. XIV, p. 71-94; Démangeât, Cours de 41 ; C. 4, IX, 29. — 13 Cette erreur pourrait résulter des expressions grecques
droit rom. 2" éd. Paris, 1867, II, p. 554 et s; Uelhmann Holweg, Otr l'icilprocess employées par Dion Cassius, LUI, 14; LV, 27 ; LV1I, 14; LX, 25. — '« Lactant. Ile
des gem. Bechts, II, g 97 ; Punsrhart, Der Prncess der Virginia, Wieu, 1800. marte pers. 22. — " Ulp. Reg. 1, lî, 13; Gaius, Inst. I, 1S, 19, 38, 39, 40, 41.
AST — 475 — AST
pire", mais il paraîlquede grands abus s'étaient produits à Vitruve emploie encore ce mot dans d'autres cas, ainsi en
ce sujet". Constantin défendit de faire signer par les asses parlant des bases atliques 1 : il entend sans doute par là les
seurs les réponses aux requêtes (libellî) ; ces employés de tores de la base *. Ailleurs, à propos de portes, il dit :
vaient rester dans la province cinquante jours après avoir sculpendum est cymalium Lesbium cum aslragalo ce que
cessé leurs fonctions, afin de pouvoir répondre aux accu Perrault interprète d'une façon plausible par un talon. Par
sations. Du reste, le salaire des assesseurs fils de famille contre, un autre passage de Vitruve pourrait faire croire
leur fut réservé comme paeculium quasi-castrense 20. A à un sens plus restreint du mot : infra astragalum summi
Rome, le préfet du prétoire et le préfet de la ville avaient scapi1" (au-dessous de l'aslragale du haut du fût) : il sem
aussi leurs assesseurs d'autres textes parlent du consi- blerait qu'il y eût une astragale à chaque extrémité du fût,
lium du consul et du préteur î!. Il en était de même des et, en ce cas, ce mot ne pourrait s'appliquer qu'au congé et
simples judices ou arbitri*. En général, un magistrat ne au listel, seuls éléments communs au haut et au bas du fût.
put avoir qu'un assesseur **. Pendant la durée du système Dans le sens ordinaire du mot, l'astragale ne se trouve
formulaire, en effet, les jurisconsultes se vouaient à l'em pas dans le dorique grec,
ploi d'assesseur, soit près du magistrat, soit près des juges, mais les Romains l'adoptè
_ sous le nom de consitiarii, comités, juris studiosi, et rece rent pour leur dorique, par
vaient de l'État un salaire nommé solarium, puis annona n. exemple au théâtre de Mar-
Ce salaire s'établit vers le m0 siècle, avec la fixation du cellus, auColisée,etc. Dans
nombre des assesseurs près chaque siège. Souvent le l'ordre ionique, grec ou ro
magistrat s'attachait quelqu'un d'entre eux par une con main, l'astragale est d'usage et astragale.
vention spéciale pour un certain temps, à l'expiration constant, souvent sculpté
duquel ils pouvaient se vouer au service d'un autre fonc en chapelet ( fig. 57o ) ; de même dans le corinthien,
tionnaire ,8. Ces assesseurs siégeaient habituellement der L'astragale fait partie du fût et non du chapiteau,
rière le magistral", et prenaient part à l'expédition de comme le prouvent, mieux encore que les distinctions
différentes affaires aussi énumérées par Paul !8, cognitioni- théoriques, les nombreux fûts antiques qui subsistent;
bus, postulaiionibus, libellis, ediclis, decretis, epistolis. Par lorsque la colonne était de marbre de couleur, granit, etc.,
leurs conseils, ils exerçaient souvent une grande influence le marbre blanc du chapiteau ne commençait qu'au-dessus
sur la solution des procès29; mais en principe ils ne pou de l'astragale. Souvent, s'il y avait des colonnes engagées
vaient représenter par délégation complète le magistrat ou ou despilastres, l'astragale se continuait sur le mur,ainsi que
le judex. Toutefois, après l'abolition du système de procé sur les murs de fond des portiques, comme au temple tic
dure ordinaire et son remplacement par les cognitiones Mars Vengeur à Rome. On verra les diverses applications
exthaordinariae, ils paraissent avoir suppléé souvent les de l'astragale dans tous les ouvrages graphiques sur l'ar
anciens judices !0. Cassiodore nous montre les assesseurs chitecture grecque et romaine. L'exemple reproduit plus
remplaçant, sans doute par un abus, le magistrat lui- haut appartient au temple d'Érechthée ou de Minerve Po-
même en son absence tandis que les constitutions du liade, à Athènes J. Guadet.
Code et les novelles de Justinien proscrivent absolument ASTRATEIAS GRAPHE (AsTpaTsi'a; tfx-J,). — Cette
cette délégation en ne laissant aux assesseurs qu'une mis action publique était dirigée, à Athènes, contre ceux qui
sion de conseil et d'instruction M. Le magistrat n'était pas refusaient le service militaire. Tout citoyen, inscrit sur le
du reste lié par leur avis, mais l'assesseur était responsable xaTaXo-p? et régulièrement convoqué pour une expédition,
d'un conseil contraire aux principes du droit". G. Humbert. devait obéir à l'appel s'il ne voulait pas être exposé à celte
ASSIDUI [locupletes]. poursuite '. Nous croyons même que le citoyen, qui, sans
ASTRAGALOMANTEIA [divinatio] . être porté sur le xatctAoYo;, était requis pour un service mi
ASTRAGALUS ('AuTpccYaXo;), astragale. — 1. Nom d'un litaire et exceptionnel (uTpareta sv toTç ulsza:), encourait
osselet du talon, de la cheville ou du paturon de certains également, en cas de refus, les peines de l'ào-rpaTEi'a s.
animaux, dont on se servait comme dé à jouer [tali]. L'àaTpaTEÎaç fptttf appartenait à l'hégémonie des stra
II. Le môme nom est devenu un terme d'architecture tèges; mais ces magistrats se faisaient quelquefois suppléer
dont le sens, chez les anciens, paraît avoir été plus étendu pour l'instruction de l'affaire par leurs subordonnés, les
que dans le langage actuel des artistes. Aujourd'hui on taxiarques et les hipparques 3.
nomme astragale la moulure qui termine le fût d'une co On admet généralement que les juges étaient pris parmi
lonne et qui se compose en général d'un congé, d'un listel les Héliastes qui avaient fait la campagne à laquelle l'ac
et d'un petit tore ; de même dans le pilastre ; par exten cusé s'était dérobé 4. Cependant M. Houssaye, dans sa
sion, le même nom se donne aux moulures dont le profil récente Histoire d'Alcibiade 5, refuse d'admettre cette opi
est analogue : ainsi au bas d'une frise sans architrave. nion : il doute, dit-il, qu'on pût être à la fois héliasle et
C. I, 2, 7 Cod. Just. De assess. I, 51. — 1» Liban. Oral, ad Julian. imp. c.do. Rudorff, Remâche Rcchtsgeschkhte, Leipzig, 1859, II, p. 48 et 49, et I, 310 ;
nssessores. — !» C. 2, 7 Cod. Just. I, 51. — Jl Suet. Galba, 14; Plin. Epist. VI, 11 ; Walter, Geschichte des rômisehen Rechts, 3' éd. Bonn, 1900, I, n»> 145, 243, 290,
Cossiodor. Var. VI, 12. — « Fr. 29 pr. De légat. XXXI, I ; Cdl. I, 22. — " Coll. 311, 392, 742, 743 ; Rein, article Adsessor, in Pauly's Real-Knnjclopàdie, I, p. 1883,
XII, 13 ; XIV, 2 -, Suct. Dont. 8 ; Cic. Topic. 17 ; Niu. Ep. V, I. — s* Bcthraann- 2° éd. Stuttgardt, 1866 ; Dirksen, Die Scriptores hisiorùie Augustae, Leipz. 1812,
Uolwegg, Gerichtstserfass. § 14, notes 19 -t 20 ; Aug. Conf. VI, 10; c. 2, g 19. p. 206-216 ; Th. Roll, De assessoribus magislratuum romanorum, Lcipz. 1782 ; A. W.
— Lamprid. Al. Seo. 46 ; Spartian. Peseenn. Niger, 7. — *• Augustin. Conf. Zumpt, das Criminalrcchl der Rimer., 1, 1, p. 104, 123 ; I, 2, p. 98, 138, 353, Bcrl.
VIII, 0; Fr. 1 Dig. gjj 1, 8 ; fr. 4 Dig.L, 13. --" Ammian. —Marc. XXIII, 6. — W Fr. 1 1669 ; Godcfroy, Ad Codic. Theod. I, zu.
Dig.l, 22. — 29 Sencc. De tranq. anim. 111; Augustin. Conf. VI, 10. — 3l> Saviguy, ASTRAGALUS. i Vilruv. III, 3. — « Dict. de l'Aead. des tlcaux-arts, Astragale.
Gcsch. des rôm. Rechts im Aliltelalt. I, p. 79 et suiv. Heidclb. 1813 ; mais il est — 3 Yitr. IV, 0. — * Vit* III, 3. — » Stuart et Revett, Antiquités d'Athènes, t. 11
certain qu'on voit des assesseurs près des juges délégués : Nov. 00, 2, § 2. — 3! Cua- eu, pl. XIV.
siod. Var. VI, 12. — »î C. 2 Cod. Just. I, 51 ; Nov. 00, c. 2 ; nov. 82, c. I, g I, et c. 1. ASTIt.VTlilAS. 1 Lysias, C. Aleib. I, g 7, D. 164; Lycurg. C. Leoer. S 147,
— Paul. fr. 2 Dig. Quod quisqnc juris, 11,2. — Biuliograpiiik. Bethmann-Hollweg, I). 28. — » Plat. De kg. XII, Didot, p. 4SI . — » Demosth. C. Doeot. I, § 17, R. 996.
Gerie'ttsverfassung und Process des sinkenden rômisehen Reich», Bonn, 1334, g 14, — * Schœniann, Opuse. academica, I, p. 217 et s.; Pcrrut, Droit publie d'Athènes.
1, 1, p. 152-159; Zimmcrn, Rôm. Cioilprocess, llcidelbcrg, 1829, p. 21 et suiv.; p. 2 là. — 5 1S73, t. I, p. 43.
AST — 476 — AST
soldat, et de plus, comme, en vertu du service obligatoire, la science des mouvements des astres fut née, elle eut aussi
tous les héliastes étaient d'anciens soldats parfaitement un nom qui ne s'appliqua primitivement qu'à elle : ce fut
aptes à reconnaître le degré de culpabilité d'un soldat, il le mot grec ào-TpoXoYi'a, qui, analogue par sa formation aux
croit qu'un tribunal spécial aurait été sans utilité. Mais plu mots tpuo-ioXoYi'ct et jaetempoXoy(ix, signifie étymologiquemcnt
sieurs textes de Lysias nous paraissent décisifs en faveur delà la connaissance raisonnée des astres. Quant au mot grec
doctrine générale : les juges, dit l'orateur, sont des soldats àuTpovoixi'a, analogue au mot o*xovou.i'a, il semble qu'il aurait
(TupaxuoToeç otxâÇeiv) 6, et ce qu'il ajoute prouve que ces soldats dû signifier plutôt l'ensemble des règles de Castronomie
étaient ceux avec lesquels l'accusé avait refusé de marcher7. pi-atique ; mais, en réalité, chez les Grecs et chez les Ro
L'accusé déclaré coupable était frappé d'atimie [atimia] mains, jusqu'après le commencement de notre ère, les
ses biens étaient confisqués '; il était déchu du droit de té mots ào-TpoXoyt'a et astrologia, très-usités, et les mots ic-ço-
moigner en justice, de prendre la parole dans l'assemblée, vojxt'a et astronomia, beaucoup plus rares7, ont été em
de remplir les fonctions de chorégc, etc. Si, malgré son ployés comme synonymes pour désigner la science astro
incapacité, il exerçait ces droits réservés aux citoyens qu'au nomique en général. Quand, depuis l'époque d'Alexandre
cune dégradation civique n'avait atteints, il encourait les le Grand, l'art superstitieux que nous nommons astrologie
peines les plus sévères. E. Caillemer. fut venu de Chaldée et d'Égypte en Grèce et ensuite à
ASTROLOGIA [astronomia, cualdaei]. Home, on lui appliqua d'abord ces mêmes noms indis
ASTRONOMIA, astrologia, mathematica, doctrina de su- tinctement. Ce ne fut qu'après le commencement de notre
blimibus, ào-Tpovojifa, dorpo^oyia, fi.a9v)[jt,aTix^, [/.ETEtopoXoYt'a. ère, et d'une manière toujours très-inconstante, que les
I. Noms antiques de l'astronomie. — Primitivement on nom noms oo-tpoXsYi'a, astrologia, furent affectés plus particu
mait [AeTÉvapot, sublimia, tous les phénomènes qui s'accom lièrement à l'astrologie, et qu'on les opposa aux mots
plissent au-dessus de nos tètes, soit dans les régions de àcTpovotxîa, astronomia, considérés ainsi comme noms spé
l'air, soit dans les régions célestes. La science de tous ces ciaux de l'astronomie proprement dite8. Cependant l'as
phénomènes ensemble, sous le nom de (iETîcopoAo-ffa, u.e- trologie continua, même alors, d'être nommée quelquefois
TEiopojv ôtMpi'a, doctrina de sublimibus, embrassait l'astro àcTpovojjitix, astronomia'. A toutes les époques, mais surtout
nomie et la météorologie, et constituait une partie de la aux plus anciennes, quand on voulait désigner avec pré
science de la nature, ouejioXoYi'a, de wum natura, objet des cision l'art astrologique, on ajoutait au mot ào-rpoXoYÎa ou
spéculations des plus anciens philosophes de la Grèce. otoTpovojxt'a l'épithète Y£V£6Xiaxiî (de yeve'OXï), nativitas, h cause
Quelques-uns, par exemple Xénophane et plus tard des des thèmes de nativité), ou bien l'épithète dmoTEXEo-fiotTix'rî (de
épicuriens, considéraient les astres eux-mêmes comme iwztkttsixo., effectus, apotelesma, à cause des effets prétendus
des phénomènes de notre atmosphère, et telle fut sur les des astres dans les événements) ; ou bien on employait
comètes l'opinion dominante de l'antiquité. Mais, per ces deux épithetes sans substantif ou avec le substantif
suadés que la variabilité désordonnée est restreinte aux Tt/vr) ; ou bien on employait le substantif ysveOXiocaoyiV ou
régions sublunaires, la plupart des philosophes et tous les Y£veOXioXoy(o(, genethliologia ; ou bien encore on donnait
savants dignes du nom d'astronomes placèrent plus haut abusivement ce même sens restreint d'astrologie aux mots
les étoiles fixes et les planètes, y compris le soleil et la généraux (io<0t,<ji;, mathesis 10, ou n«9Tr]u.aTix^ ", mathematica
lune : ils en firent l'objet d'une science à part, science noms qu'on appliquait aussi quelquefois à l'astronomie
mathématique des mouvements réguliers des astres. Alors non superstitieuse 13 ; enfin, l'on appelait aussi l'astrologie
le mot |AET£wpoAoY(a, par exemple chez Aristote, chez ses art chaldéen ou des Chaldéens, yaXSaïxïj ou XaXSaûov ^î/yr,,
disciples et chez ses commentateurs, désigna spécialement an ou doctrina Chaldaeorum. Les astronomes* et les astro
l'étude des phénomènes considérés comme appartenant logues avaient en commun les noms dto-TpoXoYot, astrologi,
aux régions aériennes, les comètes comprises [meteo- àa-Tpovo'jiot, astronomi, (xaOriuaTtxof, mathematici^. Les noms
rologiaL Cependant le nom de météores, poTÉiopa, continua exclusivement propres aux astrologues étaient YEVEOXtotxot,
de s'appliquer quelquefois aux astres et le nom de mé genethliaci, à:n>TeXE<j|jiaTtxo( et yaXSatot, chaldaei ; car le titre
téorologie à l'astronomie, par exemple dans les écrits de de chaldéen était devenu celui d'une profession. L'astro
Posidonius sur cette science !, : c'est en ce sens que, du logie des Chaldéens et des Égyptiens, perfectionnée par
temps de l'empire romain, le Grec Cléomôde intitula Théorie les Grecs et transmise par eux aux Romains et aux Indiens,
circulaire des météores, KuxXix-J] Oewpi'a tiédi jxsTEojpwv ', son a eu son rôle dans l'histoire politique et dans l'histoire de:*
traité exclusivement astronomique, et c'est ainsi que sciences, des superstitions, de la littérature et des arts :
Ptolémée lui-même * donnait le nom de météoroscopiquvs elle mérite d'être traitée à part [chaldaei, genethliologia].
((iETEwpodxomxdî) aux observations et aux instruments d'as IL Enfance de (astronomie pratique. — Partout oii la
tronomie. Du reste, pour désigner les météores seuls à science astronomique s'est développée, elle a été précédée
l'exclusion des astres, on disait xi [/.ETapo-ia et pour dé par une astronomie pratique, appuyée sur des observations
signer la météorologie seule à. l'exclusion de l'astronomie, sans exactitude, et par une cosmographie fondée sur de
on avait formé le nom de (xsTapmoXoYi'a 6. De môme, dès que fausses apparences et sur des conceptions plus ou moins

• Lys. C. Alcib. I, g B, D. 163. — ' Eod. toc. gg 7 et 15, 1). 164-103. — 8 .vndoc. Mêm. sur Socrate, IV, 7, §S 4 et 5, et par Théophr. Signa du lu pluie, etc.
De myst. g 74, D. 60 ; Dcm. C. Ifeaer. § 27. R. 1353 ; cf. C. Timocr. g 103, n. ch. I, gg 2 et 4, t. I, p. 78Î et 783 (Schneider). — 8 Simpl. Phijs. Il, f. 65 a.
73Ï ; C. liid. g 58 et saiv. R. 533 ; AeBchin. C. Tvnarch. g Î9, I). 34. — » Lysias, 1. 19-23 (Aid.). — 9 Manil. Astronomkon libri V (Poet. lut. min. t. VI,
C. Alcib. 1, g 9, D. 164. Leinair..1); et Eusèbe d'Aleiandrie, ïlipi âaxpvôpw* (Des astrologues), éd. Thilo,
ASTRONOMIA. » Ach. Tat. Intr. aux Phiin. ch. mu, p. 157 D (Uranol. de Halle, 1834, in-4. — 10 Julius Ftrmicus, Afatheseos libri (Venise, 1497, in-fol.),
Pctau). — 1 Cites par Simpl. Phys. II, f. 64 b, 1. 35 (Aid.). — » Éd. Bakc (Lcyde, Sparticu , Hadrien, ch. xvi, et Aelius Venu, ch. ni. — 1* Ptolémée, MaS^at'. tt
1820, in-9). — * Géogr. I, ï, g 1 ; I, 3, g 3 et 4. — « Ach. Tat. /. c. et Thcophr. Du (tuv^oïiî TiïçàGiÇwq , Nuremberg, 1535, in-4. — 1* Suétone, Tibère, ch. nu.
f-u, S 3, t. I, p. 706 (Schneider). — 6 MiTafno\ovwçL, titre de la Méléoroluyir (le — 18 V. le titre du grand ouvrage astronomique de Ptolémée. — 11 Pour les ^*'jt(-
Theophraste, dans Diogène de L. Y, 44. — 1 Thes. ling. gr. (Didot;, et Forcellitii, jjia-tt^oi, astronomes, v. Ptolémée, Grande composition mathématique, IV, 2, p. 315-
Totius lat. lex. Le mot iffïfoXvfia est le seul employé dans les œuvres authentique : 316(Halma). Tour les mathematici, astrologues, v. Tacite, Met, I, 2-, et Jutéual,
d'Aiistotc. Mais les deux mots sont employés comme synonymes par Xénopiiotij Sot. XIV, 248.
AST — 477 — AST
enfantines. Un autre article [calendarium] fera connaître !I même que le changement de longueur des jours et des
l'histoire d'un des objets principaux de l'astronomie pra nuits : de là le nom latin solstitium, solstice. A moitié che-
tique, c'est-à-dire l'histoire des calendriers grecs et ro | min entre le solstice d'été, marqué par les plus longs
mains. Disons seulement ici quelques mots sur l'enfance jours, et le solstice d'hiver, marqué par les jours les plus
de l'astronomie pratique, et ensuite sur la cosmographie courts, il y a un point de l'horizon où le soleil se lève
primitive tant populaire que philosophique. quand il fait les jours égaux aux nuits : de là, pour le
La lunaison est l'origine du mois, et la période des sai temps de l'année où il se lève en ce point, le nom grec
sons est l'origine de l'année. Chez les Romains, l'année iG-7,f«pi'a, égalité des jours (aux nuits), et le nom latin aequi
primitive, divisée en mois, aspirait à être purement so noctium", égalité des nuits (aux jours), équinoxe : l'un est
laire, mais n'y réussit à peu près qu'à l'avènement de l'équinoxe de printemps, èaptv^, vernum, et l'autre l'équi-
l'empire et par un emprunt fait à l'astronomie grecque noxe d'automne, ortoptvii, autumnale. De là aussi, pour les
alexandrine. Chez les Grecs, on se fit d'abord, comme on points de l'horizon où le soleil se lève et se couche en ces
put, un calendrier populaire, dont les deux éléments prin deux temps de l'année, les noms de levant et de couchant
cipaux étaient la période des saisons constituant l'année, d*équinoxe, àvoeToÀai et cuo-jxal l<n]i*Epivaî.
et la période des phases lunaires, qui constituait le mois. Ce fut au solstice d'été que les Grecs placèrent le com
Ces phases étaient un fait visible, facile à observer : le pre mencement, au moins idéal, de leur année. Jusqu'au
mier jour où l'on voyait le croissant lunaire au couchant temps d'Hérodote **, on évaluait l'année à 3G0 jours et le
après le coucher du soleil était la néoménie (v£oixr4vt'ot), c'esl- mois lunaire à 30 jours : ce qui aurait donné \2 mois
à-dire le commencement d'un nouveau mois. Quant au so par an ; mais on savait que cette évaluation en nombres
leil, sa marche était plus difficile à suivre. Un seul cer ronds était trop forte pour le mois lunaire et trop faiblo
cle céleste, cercle terrestre en même temps, frappait les pour l'année. Les Grecs cherchèrent combien, sur un cer
yeux : c'était l'horizon. Il était facile de voir que pour un tain nombre de mots (jxîjve;), il fallait compter de mois pleint
même lieu le soleil ne se lève pa^t ne se couche pas aux (TrÀv^tç), c'est-à-dire de 30 jours, et combien de mois caves
mêmes points de l'horizon penc^t, toute l'année, et que (xottot), c'est-à-dire de 29 jours, pour que le commence
le point orient ou occident, pour cet astre, va du sud au ment du mois ne s'écartât jamais beaucoup tic la nouvelle
nord quand les jours allongent, et du nord au sud quand lune ; puis combien, sur un certain nombre d'années, il
les jours raccourcissent. On remarquait donc, dès le fallait ajouter de treizièmes mois intercalaires (lixCoXiaot), et
temps d'Hésiode I!, deux changements de route du soleil, quelles devaient être les années à intercalalion(h-r, ip£ohwt7.u.),
r)Xîou TpoTtai', conversiones solis. Ces deux changements, l'un c'est-à-dire de 13 mois, pour que le commencement du
d'été, OîptvTi, aestica, l'autre d'hiver, xEiuEpm], hiberna, don premier mois ne s'écartât jamais beaucoup du solstice
naient leurs noms aux deux points de l'horizon tant orien d'été. Tel fut le principe de leur calendrier lunisolaire et de
tal qu'occidental, et aux deux points de la durée annuelle, ses perfectionnements successifs avec ses cycles, xûx'/.ot,
dans lesquels ils s'effectuaient. Par exemple, Homère 16 dit et ses périodes, nEpîoSot [calendarium]. Chez chaque peuple
que Syria, île petite, mais fertile et peuplée, est au-dessus, grec, les douze mois avaient chacun leur nom et leur
c'est-à-dire au nord 11 d'Ortygie, et qu'à Ortygie est le place dans l'année sl, et le mois intercalaire prenait le
changement de route du soleil (Tpomxi ■fcXîoio). Ortygie, citée nom du mois précédent avec l'épithète de second (ÔEÛTtpov) ;
plus d'une fois dans les poésies homériques est identique mais, par rapport à la période des saisons, ces places éprou
à Rhénée, 'Pipzîa, des géographes anciens 19 (aujourd'hui vaient des oscillations d'un assez grand nombre de jours :
Mégali Dhili ) ; elle est, en effet, au sud de Syria, 2upta ou pour s'y reconnaître, tantôt on comptait les jours depuis
Sôpoî (aujourd'hui Syra), à l'ouest de Délos, dont Rhénée le solstice, comme on le voit dans Hésiode ,s, tantôt l'on
n'est éloignée que de quatre stades so et dont elle était avait recours aux étoiles, comme nous allons l'expliquer.
même considérée comme une partie Dans ce passage Dès l'époque d'Homère et d'Hésiode, quelques cons
de YOdyssée, c'est Eumée qui parle, et il est habitant tellations et quelques étoiles prises à part avaient leurs
d'Ithaque. Par rapport à Ithaque, Ortygie et Délos sont noms particuliers26. Parmi celles qui, voisines du pôle
à peu près au levant d'hiver (sud-est), et par rapport à boréal, sont toujours sur l'horizon de la Grèce, la Grande
l'Ionie, patrie d'Homère, ces îles sont au couchant d'hiver Ourse, "Apxroç, ou Chariot, "Ajjutîja, était la seule qui fût
(sud-ouest) : l'expression d'Homère était donc vraie pour nommée alors27. Quant aux étoiles qui descendent chaque
l'Ionie comme pour Ithaque. Après l'époque d'Homère, jour sous l'horizon, elles sont invisibles en certaines sai
pour désigner les points de l'horizon où le soleil se lève sons, quand elles ne sont sur l'horizon que pendant le
ou se couche aux deux solstices, les Grecs employèrent jour. C'est pourquoi, outre leurs levers quotidiens, <xva-
des expressions plus claires et plus précises, celles de toW, et leurs couchers quotidiens, Jôjsiç, on remarqua aussi
levant ou couchant d'été ou d'hiver (du soleil), ova-ro),a£ ou leurs levers annuels (lititoAaf, œâast;), c'est-à-dire leurs
ouiTjxat (fikîov) 8£ptva( ou ysitupivaf. A chacun de ces deux premiers levers visibles, et leurs couchers annuels (Su<j(xct{),
changements de route du soleil, il y a, entre le mouvement c'est-à-dire leurs derniers couchers visibles ** : on fixa
du sud au nord et le mouvement du nord au sud, et réci ainsi certains points dans la période des saisons. Plus
proquement, un petit temps d'arrêt du soleil, pendant le tard, on distingua plusieurs espèces de levers et de cou
quel son changement de déclinaison est insensible, de chers annuels, dont nous parlerons. Toujours inexacte

15 Travaux et jours, 604 et 603. — >» Otlyss. XV, 403 et suiv. — " Comparez eyelen der ffeUenen, 2 part. Leipzig, 1855 et 1850, iu-8); Mommsen, Beitraege
Odyss. III, 170-172. — 1' Odyss. V, 1 23 ; Hymne à Apollon, v. 10. Quoi qu'eu ait surgriechischen Zeitrechnung, 2«part. (Leipzig, 1850 et 1859, iu-8), et K. Fr. Her-
dit Ératosthène (dans Strabon, I, 2, § 14, p. 21, Casanbon), Homère n'a pas voulu mann, Ueber ffricehUchs Monatskundc. Goettingen, 1844, in-4. — Travaux et
désigner l'île d'Ortygie attenante à Syracuse (Strabon, I, 3, § 18, p. 50 ; VI, S, § 4, jours, 504 et 003. — " Homère, Iliade, XVIII, 485-489 (comparez V, 5-6) ; XXII,
p. 270-271, Casaub.). — 19 Strabon, X, 5, g 5 (Kramer), p. 480 (Casaul).). — Ib. 23-31; Odyss. V, 272-275. — « «.XVIII, 487-489; Odyss. V, 273-275. Hésiode,
— *l Scoliaste de Théocrite, XVII, 70. — ** Le mot aequidiaie, pour aequinoctium, Travaux etjours, 383-387, 417-419, 500-507, 571-572, 587, 598, 609-010, 614-610,
ne »c trouve que dans Fcstus. — " 1, 32. — >* Bocckh, Zur Gescltichte der Mond- 019-620 ; Bouclier d'Hercule, 397. Comparez Platon, lipinomis, p. 990 A.
AST — 478 — AST
par des causes que nous indiquerons, mais toujours utile pierres gravées (fig. 378) où elle est entière, mais peu
aux agriculteurs et aux marins grecs pour savoir où l'on nette, et dans beaucoup d'autres images antiques, dont
en était de la période des saisons, avec laquelle le calen une sera donnée dans la suite de cet article. Revenons
drier grec ne concordait pas fidèlement, la théorie de ces à la terre considérée comme un disque. Plutarque3*
levers et de ces couchers a gardé une grande place dans s'inspire de cette conception primi
l'astronomie grecque, et dans l'astronomie romaine, qui tive, lorsqu'il dit que la table est une
en fut une copie faible et infidèle. image de la terre par sa stabilité et
Parmi les planètes, on connaissait, dès l'époque d'Ho parce qu'elle nous nourrit. Sans doute
mère et d'Hésiode sa, Yétoile du matin, ioioïidfo; ou &<.>s:so'po; il s'agit de la table primitive des
(às-nip), Lucifer, et Yétoile du soir, Sntspo; (ia^p), Vesper. De Grecs, consistant en un disque hori
bonne heure 3°, on s'aperçut que c'était une même étoile, zontal supporté par trois pieds !* et
compagne du soleil, tantôt le précédant dans sa course dont voici une figure antique (fig. 57 !J)
diurne, et tantôt le suivant. d'après une peinture de Pompéi ,0. Fig. 579.
III. Cosmographie populaire. — A côté de cette astro Suivant la cosmographie primitive, un
nomie pratique, existaient des conceptions cosmographi fleuve circulaire, peu large, mais profond, et rentrant sur
ques dont voici les principaux traits L'univers était une lui-même, dans son cours rapide, de l'occident à l'orient
sphère à enveloppe solide, mais creuse en partie. L'air, par le nord et de l'orient à l'occident par le midi, en
àrîp, l'éther, <xlO>îp, et le ciel, oôpavôî, avec sa voûte solide, tourait la terre et communiquait à l'occident avec la
formaient l'hémisphère supérieur. La terre, tf, Y°"a> et mer intérieure, et à l'orient avec Yétang du soleil, d'où
au-dessous d'elle les profondeurs du Tartare, Tapxapo;, for cet astre se levait : c'était le fleuve Océan ('Qxtavà;
maient l'hémisphère inférieur. Avec la grande mer(irovToç, 7i0Ta;jto'i;), duquel le soleil, la lune et les étoiles sor
OocXasua), c'est-à-dire avec la Méditerranée, la terre pré taient chaque jour à l'orient; ces astres montaient au-des
sentait une surface circulaire et plate, sauf ses inégalités. sus de la terre jusqu'au milieu du ciel ((jle'oo; oùpavo';), c'est-
Au-dessus d'elle, la voûte du ciel était soutenue par les co à-dire jusqu'au méridien, puis redescendaient et se plon
lonnes d'Atlas, "A-rXaî'8, symboles des hautes montagnes, ou geaient dans le fleuve Océan à l'occident. Pendant la nuit,
bien par Jes épaules et les bras d'Atlas lui-même debout sur le cours de ce fleuve les ramenait à l'orient par le nord.
la terre à l'occident a. Plus tard, A l'occident, au delà du fleuve Océan, était un rivage té
certains artistes le représentè nébreux où le soleil n'arrivait jamais : là se trouvaient les
rent portant à la fois le disque demeures d'Hadès et des morts et l'ouverture du Tartare.
Les contrées les plus chaudes étaient, croyait-on, celles que
le soleil voyait de trop près à son lever ou à son coucher.
L'on n'avait aucune notion de la différence des climats. Le
vent froid du nord soufflait des montagnes de la Thrace ;
mais, plus loin vers le nord, on imaginait le doux climat
des Hyperboréens , et bien loin au nord-ouest l'île dé
licieuse de Calypso". La surface circulaire de la terre avait
pour centre le sanctuaire de Delphes, nombril de la terre,
ôaiaAb; M, au point où s'étaient rencontrés dans leur vol
deux aigles envoyés par Zeus des extrémités de l'Orient et
de l'Occident. Dans ce sanctuaire, près de la pierre ipsfXôî
[nombril, milieu), étaient l'autel et le feu sacré d'Hestia,
Fig. 576. Atlas porlant la sphère céleste. l'ig. 577. déesse qui figurait la stabilité de la terre 41 en même temps
que celle du foyer tant domestique que politique **. Dans
terrestre et la voûte du ciel au-dessus Enfin, certains les maisons grecques primitives à base circulaire, le foyer
interprètes peu sensés de la mythologie le était au centre de cette base, et la fumée sortait par le
transformèrent en un astronome, inventeur haut du toit". Chaque cité grecque avait son prylanéc en
di la sphère céleste , Groupa '5, et ensuite de forme de rotonde (OdÀo;), édifice consacré à Heslia : le
nombreux artistes mirent sur ses épaules un foyer sacré de la cité y était placé au-dessous du sommet
globe céleste orné de constellations, comme de la voûte, de môme que le foyer de Delphes, foyer com
la sphère pleine d'Archimède, dont nous mun de tous les Hellènes, était sous le sommet de la voûte
parlerons plus loin. C'est ainsi qu'Atlas est céleste. La Vesta des Romains, identique à l'Hestia des
J"" représenté sur des vases peints (lig. 570
Grecs, avait de môme des temples en forme de rotonde
et 577) 36, où l'image de la sphère est incomplète; sur des à voûte hémisphérique i6.
«Homère,//. XXII, 317-31» ; XXIII, 226 ; Od. XIII, 93-94, et Hésiode, Théog.ZU. Bullet. areheol. Napolet. IV, pl. v. — " Winckclmann, Pierres gravées de Stoscli. II,
— M Dès 1 c|wjque de PjthagOre, suivant niogènc de L. YII1, t », et IX, 23 ; Slobée, 1765 ; Gerhard, A rehemoros, in Akadcm. Abhandl. I, pl. iv, 5.— Es Questions de table,
Eel. pli. I, 25, et Pline, Hitt. nat. II, 8, s. 6, n» 37 (Sillig). — 31 Th.-H.Mai tin , Mém. Vil, 4. — 33 Rieh, Dict. d. antiquités romaines et grecques, au mot mkxsa, 4* Mensa
sur la cosmographie grecque à l'époque d'Homère et d'Hésiode (Acad. d. inscr. mém. tripes. — w Mus. Barbon. XV, 46 ; Zahn, Die schonste Ornam. und Gemàlde aux
t. XXVIII, sous presse). — u Horaire, Odyss. 1, 52-54 ; VII, 545. — ai Hésiode, Théog. Pompci, III, 51. — *' Voy. les textes discutés par Th.-H. Martin, Além. sur la
517-520 et 746-7 1S ; Kschyle, Prom. 425-439, etc. Compare* Aristote, Sur les mouve cosmographie grecque, etc. (Acad, d. inscr. mém, t. XXVIII, sous presse). — Pin-
ments des animaux, ch. lu, p. 699 a, 1. 27-28 (Berlin). — S* Vitrine, VI, 7 (tu", S G, dan!, Pyth. IV, strophe 4 ; Pyth. VI, slrophe 1 ; Pyth. VUI, épode 3 ; Pyth. XI,
1. 1, p. 166 (Schneider), et Pausanias, Vf, 19, ? 8, où le mote&oc signifie vaguement autistrophe 1. Comp. Eschyle, L'uni, v. 40, et Pausanias, X, 16, § 2. — *3 V. les
le ciel, et non un globe réleste. — 3S Diodore de S. 111, 60, et IV, 27 ; Pausanias, IX, tcxles discutés par Th.-11. Martin, Mém. sur la signif. cosmogr. du mythe d'Hestit
20, 83, et Uérodore dans saint Clément, Strom. I, p. 306 ; Vitrine, VI, 7 (10), p. 166 ; [Acad. des inscr. mém. t. XXVIII, sous presse). — Prcuner, Hestia-Xesta (Tii-
Cicéron, Tusc. V, 3 ; Virgile, Aen. 1,7*4 ; Pline, 11,8, s. 6, S 31, et VII. 56, s. :,7, s 203 hingen, 1864, in-8). — *s Wincklcr, ~\Yohn/ta':user der /iellenen, p. 123-132
Sillig], etc. — M passrri, Pieturae in Etrusc. mise. 111, 149; d'ilancarvillc, Antiq. (Derlin, I86S, in-8). — '6 Th.-H. Martin, Mém. sur Heslia [Acad. des ûucr.
'■trustj. grecq. et rom. 111, 91 ; Gerhard, Ktmg Allas, in Akadcm. Abhandl., pl. vij t. XXV1U).
AST — 479 — AST
Cette conception primitive de la cosmographie se re comme vraie, soit du moins comme possible et comme
trouve, plus ou moins modifiée, à toutes les époques de compatible avec la foi chrétienne. Ce que saint Augustin
l'antiquité grecque et romaine, non-seulement chez des a blâmé, et ce qui fut condamné au vin" siècle, ce fut l'hy
poètes des doux nations, mais chez des prosateurs en tout pothèse d'après laquelle l'autre hémisphère terrestre serait
genre. Au commencement du iv° siècle avant notre ère, le habité par des hommes étrangers à la postérité d'Adam.
médecin grec Ctésias" prétendait sérieusement que de IV. Hypothèses astronomiques 61 . — Dans leurs discus
certaines montagnes de l'Inde on voyait le soleil à son sions sur la nature des choses, les plus anciens philo
lever dix fois plus gros qu'il ne paraissait en Grèce. Jus sophes de la Grèce, ceux de l'école ionienne, prirent pour
qu'à l'époque de Posidonius, moins d'un siècle avant notre point de départ la cosmographie populaire ; mais ils ouvri
ère, on disait vulgairement que pour les habitants des rent la voie au progrès en donnant à la terre une moindre
bords de l'océan Occidental le soleil à son coucher parais place dans l'univers. Suivant eux, la terre était un disque,
sait beaucoup plus gros qu'ailleurs, et qu'au moment où dont la face supérieure était même concave suivant Démo-
il se plongeait dans l'Océan, l'on entendait un sifflement crite. Ce disque était porté sur l'eau suivant Thalès, sur
pareil à celui que produit dans l'eau un fer incandescent. l'air suivant Anaximène et Démocrite ; il était en équilibre
Vers la même époque, le géographe grec Arlémidore au centre de l'univers, suivant Anaximandre et Démocrite ;
d'Éphèse, qui parlait de Gadès comme y étant allé lui- il était maintenu à sa place par les révolutions qui s'exé
même, osait dire que de cette ville phénicienne de la côte cutaient autour de lui suivant Héraclite. Dès lors, tous les
d'Espagne le soleil à son coucher paraissait centuplé de astres pouvaient continuer au-dessous de la terre leurs ré
grosseur. Posidonius, qui était allé à Gadès, jugeait né volutions diurnes, un peu plus lentes pour la lune, le soleil
cessaire d'opposer son témoignage à ces vieilles erreurs, elles planètes que pour les étoiles fixes. Les astres étaient
toujours persistantes et soutenues par des mensonges M. mus par des âmes intelligentes suivant Thalès et Héra-
Chez les Latins, Lucrèce, à l'exemple d'Épicure, rejette clite, par les cercles auxquels ils étaient attachés suivant
comme impossible et absurde l'existence des antipodes 49. Anaximandre. Ces astres eux-mêmes étaient des disques
Au siècle d'Auguste, Virgile, dans un poëme didactique, soutenus par l'air suivant Anaximène. Anaximandre et
dans un passage concernant l'astronomie M, hésite entre la Héraclite voulaient que ce fussent des vases opaques,
tradition d'après laquelle l'hémisphère opposé à celui que pleins d'un feu entretenu par les exhalaisons de la terre
nous voyons serait plongé dans d'éternelles ténèbres, et la et des mers et visible pour nous par une ouverture égale
doctrine d'après laquelle le soleil se lève pour cet autre au diamètre apparent de chaque astre : il y avait éclipse
hémisphère, quand il se couche pour nous ; et ailleurs le de soleil ou de lune, quand l'ouverture du vase se fermait
même poète 51 suppose qu'au delà des lieux où Atlas sou suivant Anaximandre, ou quand elle se tournait du côté
tient le ciel sur ses épaules s'étend une terre en deçà de opposé à nous suivant Héraclite. Cette hypothèse étrange,
laquelle finit la course des astres et du soleil. Sous Néron, qui servait aussi à expliquer les phases de la lune, consti
Lucain, poëte philosophe, né en Espagne, dit Bi qu'aux tuait un pas rétrograde par rapport à l'opinion vraie de
extrémités occidentales de la Libye, la terre brûlante re Thalès sur les éclipses de soleil, produites par le passage
çoit l'Océan échauffé par le soleil, qui y descend, et il de la lune devant le disque solaire. Un autre pas rétro
s'imagine M que les nuages apportés par le vent d'est sur grade fut fait par l'Ionien Xénophane, fondateur de l'école
l'Espagne se trouvent arrêtés et comprimés par la voûte du italique d'Élée ; mais cette école ne garda pas la cosmo
ciel, qui touche à l'Océan. Sous Vespasien, Pline" con graphie de son fondateur. Suivant Xénophane, la surface
state que la doctrine savante d'après laquelle les astres horizontale et plate de la terre est infinie, et il en est de
passent sous la terre, rencontre encore des contradicteurs. même de la profondeur de la terre et de la hauteur du
A la même époque, Silius Italicus 55 croit que l'Afrique ciel au-dessus d'elle. La surface terrestre infinie se divise
s'étend au sud depuis le centre du disque terrestre jus en une multitude de mondes, dont chacun a son soleil et
qu'au bord de la voûte du ciel. Le soleil, dans sa course ses astres, feux passagers, produits par des exhalaisons
diurne au-dessus de la terre, semble se rapprocher beau terrestres et marines : pour chacun de ces mondes situés
coup plus du midi que du nord de la surface terrestre : sur un même plan horizontal, un soleil nouveau s'allume
trompés par cette apparence, Horace56, Lucain67, Pline chaque matin et s'éteint chaque soir.
lui-même 5S, Claudien 38 et Sextus Rufus 60 expliquent les Un autre Ionien, fondateur aussi d'une école dans la
chaleurs excessives des contrées méridionales en disant Grande-Grèce, y avait déjà porté un système cosmogra
que le soleil y est trop près de la surface de la terre. phique beaucoup plus rapproché de la vérité, et qui, per
Préoccupés avant tout des questions religieuses et mo fectionné progressivement, a dominé dans la science an
rales, les chrétiens des premiers siècles de notre ère eurent tique pendant toute sa durée. Voici quel était, d'après les
une défiance analogue à celle de Socrate pour les théories témoignages unanimes des anciens, ce système que les
cosmologiques et astronomiques. Auprès de beaucoup d'en modernes seuls ont assimilé faussement à celui de Co
tre eux, la cosmographie populaire trouva un appui dans pernic 6i. Suivant Pythagore, la terre est sphérique et pe
des interprétations tantôt trop littérales, tantôt fausses, sante : elle a sa place naturelle au point le plus bas, c'est-
de certains passages des textes sacrés. Quelques Pères de à-dire au centre du monde, où elle reste immobile. La
l'Eglise se fondèrent sur ces textes pour rejeter la doctrine sphère des étoiles fixes exécute autour du centre commun
de la sphéricité de la terre, admise par d'autres Pères soit du monde et de la terre une révolution diurne d'orient
M Sur l'Inde, ch. y, p. 80, à la suite d'Hérodote (éd. gr.-lat. Didot). — -SStrabon, rom. c. i. — 61 En ce qui concerne les hypothèses astronomiques très-peu savantes des
III, 3, g i-i (Kraracr), p. 137-133 (Casaubon). — »» De rer. nal. I, 1043 et suiv. plus anciens philosophes, des citations de testes et des discussions, qui tiendraient
— M Géorgiques, I, 247-251. —Si Énéide, VI, 795-7*7. —M Pharsalc, IX, G23-6±4. ici trop do place, se trouveront dans une Histoire des hypothèses astronomiques
— M IV, 72-76. — 5' Hat. nal. Il, 97, s. 90, n- 211 (Sillig) M Dell. l'un. III, 654- grecques et romaines, ouvrage inédit et inachevé de l'auteur de cet article. — 6* Th.-H.
655. — M Carm. 1, 22, t. 20 et suiv. — 51 phars. IX, 351 et suiv. — 5S n, 78, s. 80, Martin, Hypothèse astronomique de Pythagore, 28 p. gr. in-4 (Extrait du Dulletlino
n° 189, t. I, p. 17S (sillig . — 59 yv p/toenice, y. 2 et suiv. — co Drev. rer. yest. pop. di bibliografia e rfi florin délie science matematiche e fisiche, t. V, llouie, mars I S7i).
AST — 480 — AST
en occident suivant un axe invariable, et le grand cercle pythagoricienne substitua une considération purement
perpendiculaire à cet axe est Yéquateur (foripcpivoc xûx).o;). arithmétique, qui la conduisit à une conclusion contraire.
Le soleil, la lune et les cinq autres planètes, emportés Suivant le pythagoricien Philolaiis 68 et ses nombreux dis
dans ce môme mouvement, auquel la terre seule, avec ciples, qui sont les pythagoriciens dont panje Aristote69,
l'air qui l'entoure, ne participe pas, décrivent chaque jour le nombre des révolutions célestes doit nécessairement
autour d'elle, d'orient en occident, comme les étoiles fixes, être le nombre dix (SExaç), nombre sacré par excellence,
des cercles parallèles à l'équateur. Mais, de plus, le soleil et issu du nombre sacré quatre (TSTpax-rû?) par l'addition
exécute, autour du centre de la terre et du monde, un des quatre premiers nombres: l-f-2-|-3-|-4 = 10. Suivant
mouvement propre et circulaire en sens contraire, c'est- Pythagore, le feu d'Hestia, foyer du monde, était au cen
à-dire d'occident en orient, et dans un plan oblique à tre de la terre et du monde. Philolaiis laisse le feu d'Hes
l'équateur. Cette révolution oblique du soleil, s'aceom- tia au centre du monde, mais il en éloigne la terre, dont
plissant en un an, produit pour les diverses contrées de il fait une huitième planète décrivant, comme les autres,
la terre, la variété des saisons, en môme temps qu'elle mais en un jour, d'occident en orient, une orbite autour
produit un déplacement continu et périodique du soleil de ce centre. De la sphéricité de la terre, Pythagore avait
par rapport aux étoiles fixes. 11 en est de môme de la lune conclu l'existence d'antipodes, ov-i'ito5eç, c'est-à-dire d'hom
et des cinq planètes, dont les révolutions d'occident en mes ayant les pieds opposés aux nôtres ; mais il les nommait
orient s'accomplissent suivant des cercles plus ou moins antichthones, àvTt'yôovE;, c'est-à-dire habitants du côté op
obliques sur celui du soleil, et en des temps d'autant plus posé de la terre. Philolaiis sépare de la terre Yantichthone,
longs ou plus courts que le diamètre de l'orbite est plus dvri'/j)(ùv, pour en faire une neuvième planète, qu'il fait cir
grand ou plus petit. Mais deux de ces astres suivent ou culer autour du feu central du monde suivant une orbite
précèdent le Soleil sans s'en écarter jamais beaucoup : enveloppée dans celle de la terre. Avec une révolution
leurs révolutions d'occident en orient ont donc la môme qu'il conserve aux fixes, il a ainsi les dix révolutions vou
durée moyenne que la révolution du soleil. C'est pourquoi lues. Suivant Philolaiis, la terre, dans sa révolution diurne
ces deux astres, c'est-à-dire Mercure et Vénus, étaient autour du feu central, tourne constamment vers le de
appelés par les anciens, mais nullement dans le sens hors de son orbite l'hémisphère que nous habitons, de
moderne du mot, satellites (Soputpo'pot) 65 du soleil, ou com sorte que nous ne voyons jamais ni le feu central, ni l'an-
pagnons (comités) 6i de cet astre, comme ayant avec lui la tichthone. La révolution diurne de la terre, parallèlement
même course et la même vitesse moyennes (f|Xî<o ieroSpôfjiot ou à l'équateur, d'occident en orient, produit, suivant lui,
î<7o-a/£"ç)6s. Cette égalité des vitesses moyennes apparentes l'apparence de la révolution diurne des étoiles fixes, du
et des durées moyennes apparentes des trois révolutions soleil, de la lune et des planètes autour de la terre, d'o
explique l'incertitude des pythagoriciens et des anciens rient en occident. Sauf une parallaxe diurne, dont Philo
en général sur la question de savoir si les orbites de Mer laiis ne s'occupe pas et qu'Aristote lui-môme avait le tort
cure et de Vénus autour de la terre, centre commun de de considérer comme pouvant être insensible pour nous,
toutes les révolutions, enveloppaient l'orbite du soleil, ou c'était l'équivalent d'une rotation diurne de la terre au
bien si elles étaient enveloppées par elle. Cependant la se centre du monde. Cependant Philolaiis, pour avoir ses dix
conde opinion devint prépondérante, de sorte que, suivant révolutions, était obligé d'en conserver une aux étoiles
une expression antique souvent mal comprise par les mo fixes. C'est pour ce motif, et non à cause de la précession
dernes, le soleil fut placé au milieu des sept planètes, mé des équinoxes entièrement ignorée alors 70, qu'il attribuait
dius inter septem, jaéo-o; tôjv fera, c'est-à-dire dans le qua aux fixes, plus éloignées du centre que Saturne, un mou
trième cercle à partir de la terre, avec trois planètes au- vement plus lent que celui de cette planète, et insensiblo
dessous de lui, la lune, Vénus et Mercure, et avec trois pour nous, parce que nous étions nous-mêmes emportés
planètes au-dessus de lui, Mars, Jupiter et Saturne66. 11 avec la terre et avec tous les corps célestes dans cette ro
y avait donc, suivant Pythagore, huit révolutions autour tation lente de l'univers entier. Quant au soleil, à la lune
de la terre comme centre, savoir : une d'orient en occi et aux cinq autres planètes, leurs révolutions concentri
dent et sept d'occident en orient. Les anciens nous at ques s'exécutaient d'occident en orient autour de l'orbite
testent que Pythagore établissait un rapport, nécessaire terrestre, qu'elles enveloppaient. Le soleil était un globe
suivant lui, entre ces huit révolutions et les huit sons de de cristal, qui concentrait en lui-môme et renvoyait les
l'octave diatonique ancienne [musica], dont il avait rayons qu'il recevait surtout de la sphère de feu des étoiles
trouvé les vrais rapports numériques. De là Pythagore et fixes. En réalité, les éclipses de soleil sont plus fréquentes
ses plus fidèles disciples concluaient qu'il devait nécessai que les éclipses de lune ; mais elles paraissent plus rares
rement y avoir sept planètes, en comprenant dans ce nom pour chaque lieu de la terre, parce qu'elles y sont plus
bre le soleil et la lune, et qu'il ne pouvait pas y en avoir rarement visibles. S'imaginant que, d'une manière abso
davantage; ainsi le \ou\axtYharmonie du monde (àpaovîa toû lue, les éclipses de lune étaient plus fréquentes que les
i&'duou), et c'était aux huit sons de l'octave que les anciens éclipses de soleil, Philolaiis et ses disciples expliquaient ce
pvthagoriciens donnaient le nom d'harmonie, àptiovi'a 67. fait prétendu, en disant que la lune, éclairée par le soleil,
Mais à cette considération musicale une partie de l'école peut être éclipsée, non-seulement par l'ombre delà terre,
*>S Proclus, sur le Timée, p. 62-4, 1. 1 (Schneider). — 6* Cicéron, Songe de tidius, In Tim. g 71, p. 198 [Fragm. philos, gr. t. II, Didot). — 67 Philolaiis dans
Scipion, ch. iv ( Ilép. VI, 17), et Macrobe, In somn. Sn'p. I, 19. — 63 l'iuliin, Stobée, licl. ph. I, 22, p. 460-108 (Hurcn), et dans Nicomaque, Man. Iiarmon. I,
Timée, p. 38 D; Epinomi», p. 987 B et p. 990 B; Théon de Smyrne, Astron. p. 17 et 27 (Meybaum); Aristoxènc, Harmon. II, p. 30, 1. 30-31 (Meybaum); Aristote
eh. xlll ; Eudoxe dan» Simplicius, Du ciel. 11, li, p. 222 a, 1. 40-41 (Karsteu); dans Plutarque, Musique, ch. xxln, et Sextus Emp. Contre lei sciences, IV, 6, p. 533
Proclus, sur le Timée, p. 6x4, 1. d", et p. 020,1. 18-19 (Schneider). — 68 V. certains (Fabricius). — <• Th.-H. Martin, Hypothèse astron. de Philolaiis, 31 p. gr. ia-4
pythagoriciens et Alexandre d'Étolie dans Théon, Astr. ch. xv, p. lai et 180 (.Martin); (Extrait du Uullettino di bibliogr. e di storia délie sciense, t. V, Rome, avril JS72.
Ach. Tat. dans Vlïranol. de Pétau, p. 135 E; Athénée, VI, 63, p. 253 D-E (Cas.); — tfl Du ciel, II, 13. — 7o Th.-H. Martin, Afém. sur la prëcession des équinoi-es.
Macrobe, In somn. Scip. I. 19, qui dit : Solis sphaeram quurtam de scptcui, id eut 221 p. in-4, Paris, 1809 (Extr. des Mém. de l'Ac. des inscr. Savants étrnr^ei-x.
in medio locatum. Compare! Pline, 11, 23, s. SI, n° 83, t. I, p. 131 (Sillig), et Chai t. VIII, partie), surtout chap. iv.
AST — 481 — AST
mais aussi par celle de l'antichthone, tandis que le soleil, nous avons expliqué, le soleil au milieu des sept planètes.
recevant sa lumière des étoiles fixes, ne peut être éclipsé Enfin, vers le milieu du m0 siècle avant notre ère, l'as
à nos yeux (pie par le passage de la lune entre lui et nous. tronome Aristarque de Samos, dans un ouvrage autre que
Tels sont, d'après les fragments de Philolaûs et les témoi celui qui nous reste de lui, proposa m, mais sans en affir
gnages antiques, les traits principaux de ce système, que mer la vérité, une hypothèse, dont Héraclide 81 avait en
tant de critiques modernes s'obstinent encore, d'une part trevu la possibilité, et qui attribuait à la terre, outre la ro
à faire remonter jusqu'à Pythagore, d'autre part à con tation diurne suivant l'axe de l'équateur, une révolution
fondre avec celui de Copernic. annuelle suivant l'axe de l'écliptique autour du soleil im
Ecphantus 71 et d'autres pythagoriciens peu anciens 7i, mobile. Un siècle plus lard, l'astronome Séleucus de Ba-
tout en maintenant la terre au centre du monde et de tou bylone, Chaldéen d'origine, mais Grec par le nom et par
tes les révolutions célestes, eurent l'heureuse pensée de lui l'éducation, présenta cette hypothèse comme une doctrine
donner, au lieu de la révolution diurne imaginée par Phi- certaine 8i et prétendit en tirer une explication des marées
lolaiis, une rotation diurne destinée de môme à expliquer de l'Océan83. Tels sont, dans l'antiquité, les deux devan
la succession des jours et *des nuits. ciers de Copernic. Du reste, leur système trouva peu de
Héraclide de Pont, disciple de Platon, mais un peu faveur : il fut attaqué dès sa naissance par le stoïcien
pythagoricien et partisan de la rotation diurne de la terre Cléanthe, comme impie envers Hestia, déesse de la terre,
fixée au centre du monde73, faisait tourner autour d'elle, dont il troublait le repos u ; au 11° siècle de notre ère.
d'occident en orient, la lune, le soleil et les trois planètes l'astronome Ptolémée ss écartait ce système vrai par de
supérieures ; mais il voulait que* Mercure et Vénus, em faux raisonnements.
portés dans la révolution annuelle du soleil autour de la Revenons aux systèmes issus de celui de Pythagore. Ce
terre, tournassent autour de lui, ou plutôt autour du cen philosophe et son école avaient posé, comme nécessaire à
tre mobile d'un épicycle dont il parcourait lui-même la priori, un problème auquel toute l'astronomie antique ap
circonférence, et suivant des épicycles qui, mobiles avec pliqua ses efforts et dont Kepler se dégagea le premier : ce
ce même centre, enveloppaient l'épicycle solaire. Du problème consistait à expliquer tous les mouvements ap
moins, telle est l'hypothèse que Chalcidius 74 attribue à parents des astres par des mouvements réels circulaires et
Héraclide de Pont, sans indiquer où il a puisé ses rensei uniformes. Sur les révolutions célestes, Platon resta fidèle
gnements. S'ils étaient exacts, l'explication alexandrine à la doctrine de Pythagore sc. Il maintint la distinction
des anomalies par les épicycles 73 aurait déjà appartenu à entre le mouvement diurne du soleil, de la lune et des
Héraclide. Quoi qu'il en soit, l'hypothèse qui fait tourner cinq planètes et les mouvements propres et obliquement
Mercure et Vénus autour du soleil tournant lui-même au contraires de ces mêmes corps. Mais il remarquait 87 qu'en
tour de la terre, a été adoptée en Grèce, vers le commen vertu de la combinaison de ces deux mouvements simul
cement du n* siècle de notre ère, par le péripatéticien tanés, chacun de ces corps célestes décrivait, d'un tropi
Adraste et par le platonicien Théon de Smyrne 76 ; à que à l'autre, une spirale (eXtç) sur la surface de la sphère 88 :
Rome, sans indication d'origine, par Vitruve et par Mar- cette spirale était évidemment double, descendante depuis
lianus Gapella 77. Dans un passage très-diffus et très-em la limite boréale jusqu'à la limite australe, et ascendante
phatique de son Discours au Soleil roi, l'empereur Julien depuis la limite australe jusqu'à la limite boréale M. Par
dit cependant assez clairement deux choses qu'on a trop exemple, les cercles diurnes du soleil constituaient, sui
peu remarquées, savoir: que le soleil tourne annuelle vant Platon, une spirale descendante de 18:2 tours et 5/8
ment autour de la terre 78, mais que les cinq planètes, et depuis le tropique d'été jusqu'au tropique d'hiver, et une
non pas seulement Mercure et Vénus, tournent autour de spirale descendante du même nombre de tours depuis le
lui comme centre, et que de là vient pour nous l'apparence tropique d'hiver jusqu'au tropique d'été : ce qui donnait,
de leurs stations et de leurs rétrogradations 79. C'est bien d'un solstice au même solstice, 305 tours de spirale
là, dans l'antiquité, le système de Tycho-Brahé, système et 1/-4 90.
dont on trouve seulement une partie chez Héraclide de Les révolutions et les rotations attribuées par Platon à
Pont et Vitruve, mais qu'on trouve en entier chez Julien. tous les corps célestes, à l'exception de la terre, s'expli
Philosophe et non astronome, Julien avait eu sans doute quaient, suivant lui, par l'activité intelligente de l'urne du
l'heureuse chance d'être conduit à ce système par une fausse monde et des âmes de tous ces corps, de même que l'im
interprétation de la doctrine qui met, dans le sens que mobilité complète de la terre s'expliquait, suivant lui, par

'I Le faux Origènc, Philos. I, 13, p. 30-31 (Cruice), et le faux Plutarquc, p. 200 b (Karsten); Sextus Emp. Contre les sciences, X, 174, p. 663 (Fabricius;.
Op. de philos. 111, 13. Comparez Sénèque, (). iV. VU, 2 ; Ptolémée, Gr. comp. — 81 Cité par Simplicius. Phys. II, p. 65 a, 1. 3 (Aid.;. — M Plutarquc, Quest. plat.
math. I, 6, t. I, p. 19 (Halma), et le Commentaire de Théon d'Al. I, 6, t. I VIU, I. — " Stobéc, Floril. Appendix e Ms. Florent, t. IV, p. 437-438 (Guisford;,
(soûl paru), p. SU (Halma). — H Cicéron (Acad. pr. II, 39) a eu tort de compter et le faux Plutarque, III, 17. Comparez Strabon, I, t, g 9 (Kramcr), p. 6 (Cas.) ; III,
parmi eul Hicétas, dont le système était pareil à celui de Philolaiis. Yoy. Diogènc 5, S 9, p. 174; XVI, 1, S 6, p. 739. Seleucus, postérieur au grammairien Cratès
de Laèrte. VIII, 7, s. 2, § 85, et le faui Plutarque, III, 19. — Simplicius, Du (Stobée, l. c.), mais antérieur à Dipparque (Strabon, 1, I, g 9, p. 6), est du n° siècle
ciel, II, 14, p. 212 a, et II, 8, p. 200 b (Karstcn); Proclus, sur le Timée, f, 681 av. J.-C. — 8i Plutarque, Visage dans la lune, ch. vi. — s5 Gr. comp. m. 1, 6,
(Schneider) ; le faux Plutarquc, 111, 13, etc. — '» In Tint. Plat. c. cil-cx, p. 206- p. 17-21 (Halma). — «6 Platon, Timée, p. 36 D E, et p. 38B-39E; Lois, V, p. 745 ; VI.
207 (Frngm. Philos, or. t. Il, Uidot). — 75 îs'ous parlerons tout à l'heure de cette p. 703 C-D, et p. 771 C ; X, p. 893 C ; Epinomis, p. 986-988 j Sép. X, p. 616-617;
hypothèse. — "6 Astron. ch. mm, p. 290-298, éd. Martin, Pari*, 1819, in-8. L'édi Phédon, p. 108 E-109 A; Phèdre, p. 216-217. Comp. Martin, Études sur le Timée,
teur {Dissert, p. 74-78 et p. 119-122) montre que Théon suit ici Adraste. — " vitruve, notes xxt-xxyii, xxxn-ixxvii, I. II, p. 42-48 et 64-133, Paris, 1841, 2 Toi. in-8, et
Archit. IX, 1 (4), t. I, p. 243 (Schneider), et Martianus Capclla, Nupt. Philol. et Bocekh, L'eber dos kasmisehe System des Platon, Berlin, 1852, in-8. — 87 Timée,
Merc. IX, 854 et 857, p. 667 et 668 (Kopp). Il ne faut pas attribuer celle hypothèse p. 39 A-B. Comparez le faux Timée de Locres, p. 97 C. ; le Papyrus astronomique du
a Cicéron et aux Égyptiens, sur la foi de Marrobe [In somn. Scip. I, lt)), qui, en cet Louvre, col. 9 et 20, p. 59 et 72, Paris, 1866, in-4 ; Cléanthe, dans Stobéc, F.el.
endroit, comprend mal Cicéron [Somn. Seip. c. iv, lic'p. VI, 17), se contredit, et ph. I, 26, p. 532-534 (Hcercn) ; et Plutarque, Phocion, ch. il, no 4. — H8 Pour la
ne se comprend pas bien lui-même. — Œuvres, p. 257-258 (Pétau). — Œuvres, théorie géométrique de la spirale tracée sur une sphère , t. Pappus , Colleel.
p. 232, 272-273 et 274 (Pétau). Comparez, p. 253, 259 et 281. — *> Archimède, m. IV, 30, p. 93, trad. lat. de Commandini, Bologne, 1660, in-fol. — 8» Cléanthe,
<rap|tUTO, p. 319-320 (Torelli); Plutarque, Visage dans la lune, ch. vi, et Ouest, dans Stobéc. Ecl. ph. I, 26, p. 532-534 (Hecreu). — 90 Le faux Timée de Locres,
plat. VHI, 1 ; Stohée, Ecl. phys. I, 26, p. 531 (llcereu) ; Simplicius, Du ciel, 11, 8, p. 97 C.
61
AST — 482 — AST
la force intelligente de l'âme de la terre résistant à la ro longitude et aux écarts au nord et au sud de l'écliptique,
tation du monde M. il fallait calculer les rapports des excentricités aux dia
Eudoxe, Callippe et Aristote 9J, en essayant d'avancer la mètres des excentriques, les rapports de ces derniers dia
solution du même problème, le compliquèrent d'une diffi mètres à ceux des épicycles, les inclinaisons des excentri
culté nouvelle, en déclarant expressément ce que Pytha- ques sur l'écliptique et les inclinaisons des épicycles sur les
gorcet Platon avaient tout au plus 93 admis tacitement, sa excentriques ; de plus, on supposait des roulettes (xuxX(s-
voir : que toutes les révolutions célestes devaient néces xot), pour changer la direction des inclinaisons du plan de
sairement avoir pour centre commun le centre de la terre l'épicycle sur celui de l'excentrique ,0\ Telles étaient les
et du monde. Ils supposaient ainsi l'invariabilité des dis complications, toujours insuffisantes, que réclamait l'hy
tances du soleil, de la lune et des planètes à la terre, mal pothèse des mouvements uniformes suivant des cercles.
gré ce fait, que les éclipses centrales de soleil sont tantôt Tout cet échafaudage de cercles moteurs s'écroula, lors
complètes et tantôt annulaires, et malgré les doutes d'A- que le télescope de Galilée, en révélant les phases de Vé
ristote lui-même sur cette question 9*. Pour expliquer les nus, eut montré la fausseté de l'ancien système, lorsque
mouvements des cinq planètes, de la lune, et, suivant eux, Kepler eut trouvé les lois des mouvements elliptiques des
du soleil lui-môme, au nord et au sud de l'écliptique, ainsi planètes, et surtout lorsque Newton eut découvert les lois
que les anomalies des vitesses angulaires, les stations et mécaniques de ces mouvements. Mais cet échafaudage avait
les rétrogradations, ces trois savants employaient des rendu provisoirement de grands services, en permettant
sp/tères concentriques (ôfiôxEvxpot stpaTpxi) dont les axes de ro aux anciens de fonder sur l'observation et le calcul une
tation étaient plus ou moins obliques les uns par rapport astronomie déjà savante, dont nous allons indiquer rapi
aux autres, et chacune de ces sphères était supposée com dement les découvertes et les progrès.
muniquer son mouvement à toutes celles qu'elle envelop V. Progrès des notiotis préliminaires. — Commençons
pait, la planète elle-même étant attachée à la sphère la par les notions préliminaires que l'astronomie suppose.
plus intérieure. Ces sphères motrices allèrent se multi Parmi les cercles de la sphère, naturellement, comme
pliant si bien qu'Aristote 95 en voulait 53 pour le soleil, la nous l'avons dit, le premier connu fut celui qui frappe les
lune et les cinq planètes. regards, Yhorizon (SpîÇoiv, horizon, finitor, fimens circulus),
Les plus habiles astronomes grecs de l'époque alexan- limite circulaire entre la partie actuellement visible et la
drine et de celle des empereurs romains, par exemple Hip- partie actuellement invisible du ciel. Dans l'hémisphère
parque et Ptolémée, ont compris la nécessité de renoncer supérieur on distingua de bonne heure le point vertical (tô
à la concentricité des cercles moteurs. Ils ont eu recours à xa-ri xoptc&V <tt)u.eïov, fastigium coeh), point placé au sommet
la fois à deux hypothèses, préparées pour eux par le géo de cet hémisphère, à égale distance de tous les points de
mètre Apollonius de Perge 96, savoir : d'une part à des épi- la circonférence de l'horizon, et le pôle (ttôXo;, pivot, ver-
cycles (èzfxuxXot) , petits cercles dont le centre parcourt tex), extrémité boréale et supérieure de l'axe de la rotation
d'un mouvement uniforme la circonférence d'un grand diurne du ciel étoilé autour de la terre d'orient en occi
cercle tracé autour de la terre, tandis que leur circonfé dent. Beaucoup de philosophes de l'école ionienne,
rence est parcourue d'un mouvement uniforme par l'astre Anaxagore 10e, Archélaùs 107, Diogène d'Apollonie 10", Ein-
lui-même ; d'autre part à des cercles excentriques (exxsv- pédocle 109, Démocrite ut, s'accordaient à supposer que
Tfo:), dans lesquels la terre est placée, mais plus ou moins primitivement le pôle avait coïncidé avec le point vertical
loin de leur centre, et dont la circonférence est parcourue, et qu'alors le soleil tournait autour du disque terrestre, et
soit par l'astre même, soit par le centre de son épicycle. invariablement au-dessus du plan supérieur de ce disque,
Certains néoplatoniciens ont voulu faire remonter jusqu'à suivant le cercle nommé depuis tropique d'été; mais ils sup
Platon et aux pythagoriciens 91 cette invention alexan- posaient qu'ensuite ce disque, tournant sur son diamètre
drine. C'est pourquoi, malgré les termes exprès et très- perpendiculaire au plan du méridien, avait élevé vers le
clairs de Platon, bien compris par Cléanthe93, par le faux pôle son bord septentrional en abaissant son bord méri
Timée de Locres ", par Plutarque 100 et par Théon de dional, et qu'en même temps le soleil avait pris son mou
Smyrne 1M, les commentateurs Proclus 105 et Chalcidius 101 vement alternatif du nord au sud et du sud au nord 111 .
ont voulu que le mouvement diurne fût étranger à la pro Sans accepter cette hypothèse, les astronomes lui emprun
duction de la spirale de Platon, et que celle-ci résultât tèrent une métaphore qui resta dans la langue. Ils pre
uniquement du mouvement propre de la planète. Suivant naient pour type la sphère droite (ôpOr) acpotîpa) dans laquelle
eux, la spirale de Platon, comme celles d'Archimède m, les deux pôles du monde (roXot) sont à l'horizon. Or, par
aurait été tracée sur an plan, sur celui de l'orbite, et elle comparaison avec cette position de la sphère, il semble
aurait été ascendante du périgée à l'apogée et descendante que, pour la Grèce, l'axe du monde se soit élevé au-dessus
de l'apogée au périgée. Mais revenons aux astronomes du côté nord et se soit abaissé au-dessous du côté sud de
alexandrins. Leur théorie des épicyclcs et des excentriques l'horizon. Voilà pourquoi tous les astronomes appellent
était très-compliquée. En effet, pour satisfaire aux appa sphère inclinée (efxExXtpévYi u^aïp») toute sphère où l'un des
rences, par exemple aux inégalités des mouvements en pôles est au-dessus de l'horizon, et pourquoi ils nom-
91 Timée, p. 40. Comparez .Martin. Etudes sur le Timée, t. 11, p. 90. — 92 Aristote, p. 236-238. — loi Sur te Timée, IV, p. 636 (Schneider). — >»' Di Tint. c. cit, p. 20»
Métaph. A, 8, p. 1073 6-1074 o, Berlin; Alexandre d'Aphr. Ad h. I. p. 677-682 (Bonitzï; (Fragm. philos, gr. X. II, Didot). — loi Œuvres, p. 217-255 (Torclli). — 105 Plolé-
Simplicius, Du ciel, II, 13, p. 220 6-228 6 (Karsten), et Théon de Smyrne, Astr. mée, Gr. c-imp. m. XIII, 2, et IX-XIII, t. II (Halma), et J/ypothéscs (Halma). — "» Le
eh. xixi, p. 272-280. — Geminus, Introd. aux Phénom. ch. i, p. 3 D-4 A [Uranol. faux Plutarque, II, 8; Stobée, Ecl. ph. I, 16, p. 356-358 (Uuren). — 10' Le faux
de Pétau). — 9k siinplicius, Du ciel, 11, 12, p. 220 a-b (Karster:;. — '» Métaph. A, Origéne, Philos. I, 28, p. 24 (Cruicc). — 108 stobée, Ecl. ph. I, 16, p. 356-358, et
8, p. 1074 a, ). 11-12, Berlin. — '•>« Ptolémée, Gr. eomp. m. XII, 1, t. II, p. 312 le faul Plutarque, II, 8. Comparez Alexandre, Alétéor. f. 91 a et f. i)3 6 (Aid.).
'llatma). — *7 Théon de Smyrne, Astr. ch. xtxiv, p. 300-302 ; Nicomaquc cite" par — 109 Stobée, Ecl.ph. I, 16, p. 358 ; le faux Plutarque, II, 8, § 2, et le faux Calien,
Jambliqut- dans Simplicius, Du ciel. II, 12, p. 227 a (Karsten), et Proclus, Ilypott/p. Œuvres, t. IV, p. 130 (éd. gr. Bâlej. - Uo Le faux Plutarque, III, 12. Compare*
(Expose des hypothèses astr.), commencement {i?d. Halma;. — 98 Dans Stobée, Ecl. un passage évidemment mutilé de Diogcne de L. IX, 33. — 111 Surtout DiugèDc
ph. I. 2ii, p. 532-554 (Uecren).— m p. g7 c. — "w Phocioii, ch. h.— «" Astr. ch. iuh, d'Apollonie, II. ce.
AST — 483 — AST
ment ,w inclinaisons (iyxkîiia™, ^xAfoeic, inclinationes eoeli 'Epu.îjç, o-t(X?mv (l'étincelant), Mercurius ; 3° Mars, "Apriî,
ou mundî) les- divers degrés d'obliquité de l'axe du monde Ttupoeiç (l'igné), Mars ; 4° Jupiter, Zeuç, tpaéôwv (le brillant),
sur le plan de l'horizon, et climats (xli^a) ces mêmes in Jupiter ; 5° Saturne, Kpo'voç, çaîvtov (l'éclaireur), Saturnus.
clinaisons considérées dans leurs conséquences de tempé Mais ce n'est ni aux Égyptiens, ni aux Chaldéens, ni à une
rature pour les diverses habitations (oixifaîi;) terrestres "\ antiquité si haute qu'il faut faire remonter l'usage d'une
Voilà aussi pourquoi quelques astronomes grecs m nom période de sept jours portant les noms des sept planètes
ment inclinaisons du monde toû xdo-fAou) ce que les connues des anciens, noms qui sont en même temps ceux
autres nomment hauteurs du pôle (eîjâpiJucTa toû tcôXou). de divinités grecques et romaines. La semaine (£68ou.âî, heb-
Les Babyloniens avaient appris aux Grecs que les mou domas, septimana (basse latinité), fut inconnue aux Grecs
vements circulaires des astres, de l'orient à l'occident, jusqu'après l'époque d'Alexandre ; elle le fut aux Romains
au-dessus de l'horizon, se continuent de l'occident à l'o comme aux Étrusques plus longtemps encore. Chez les
rient au-dessous de ce cercle. Pour les astres diversement Égyptiens, chaque jour était consacré à un dieu "8 ; mais
éloignés du pôle, ces cercles sont différents, mais parallèles ces dieux des jours n'étaient nullement ceux des planètes,
entre eux. Dans la sphère inclinée, un seul de ces cercles, et les jours égyptiens étaient distribués en décades et nulle
le grand cercle également éloigné des deux pôles, est ment en semaines. Chez les Hébreux, au contraire, la se
coupé par l'horizon en deux parties égales, et c'est seule maine existait de toute antiquité comme période religieuse,
ment quand le soleil le décrit, que les jours sont égaux mais sans aucun rapport avec les planètes. La semaine
aux nuits : de là son nom à'équateur (î<ri)[iepivô'ç, aequinoc- planétaire, qui n'a jamais eu aucune importance en astro
tialis); et de là le nom de points équinoxiaux (îo-ruxeptvà <r*i[uïa) nomie, paraît s'être formée à Alexandrie par un rappro
pour les points où la route annuelle du soleil traverse l'é- chement entre la semaine juive, les noms divins grecs des
quateur. Parmi les parallèles à l'équateur, les anciens planètes et certaines superstitions magiques et astrologi
distinguaient, comme nous, les deux qui passent par les ques. Après la réduction de l'Égypte en province romaine,
points solsticiaux (rpoirmà <r»][AEÏa) points de la route annuelle la connaissance de la semaine et des noms planétaires des
du soleil les plus éloignés de l'équateur : ces deux cercles sept jours se propagea dans tout l'empire romain et au
sont les tropiques (zpomnol, solstitiales ■ circuit), l'un d'été delà. Les premiers empereurs chrétiens ont introduit dans
(ûspivo'ç, aestivus), au nord, l'autre d'hiver (yiitx^ic, hiber- l'usage civil cette période religieuse de la loi hébraïque,
nus), au sud de l'équateur. Mais ils nommaient arctique confirmée par la loi chrétienne, et ils ont laissé aux sept
(arcticus, àpxTixo;, de l'Ourse), le cercle de perpétuelle appa jours les noms planétaires qui étaient en usage dans le
rition, tangent à l'horizon en dessus vers le pôle nord, et monde grec et romain [calendarium]. Mais revenons à
antarctique (antarcticus, àvrapxTixôi;, opposé à l'Ourse), le l'astronomie.
cercle deperpétuelle occultation, tangent à l'horizon en des Ce sont probablement aussi les Égyptiens et les Babylo
sous vers le pôle sud "*. Ainsi l'étendue des cercles arcti niens 120 qui ont enseigné aux Grecs à décomposer le mou
que et antarctique variait suivant les latitudes terrestres. vement diurne apparent du soleil, de la lune et des planè
Tous les cercles qui passent par les deux pôles furent tes, d'orient en occident, mouvement un peu plus lent que
nommés par les Grecs 116 colures (xôXoupoi, mutilés), parce celui des fixes, d'une part en un mouvement dans le môme
qu'une partie de chacun d'eux est coupée et supprimée sens et égal en vitesse à celui des fixes, d'autre part en un
pour nous par le cercle de perpétuelle occultation. Parmi mouvement d'occident en orient, suivant des cercles obli
les colures, ils donnèrent à celui qui passe par le point ques au premier et parcourus en un mois pour la lune, en
vertical de tel lieu de la terre le nom de méridien ([xeotiu- un an pour le soleil, en moyenne en un an pour Mercure et
Spivo'ç, meridianus), parce que le passage du soleil par ce Vénus, et en des périodes plus longues pour Mars, Jupiter
cercle marque pour ce lieu le milieu du jour "7. En ce sens, et Saturne, et à remarquer les irrégularités des mouve
le nom de méridien était purement local. Cependant, ments des cinq planètes, leurs stations, leurs rétrograda
comme tout colure est le méridien de certains lieux de la tions, et les écarts de la lune et des cinq planètes au nord
terre, on donnait aussi à tous ces cercles le nom de méri et au sud du cercle décrit annuellement par le soleil. Quant
diens. Mais, pour tous les lieux, les colures par excellence aux comètes (xopiToù ckTÉps;, cometae, crinita sidera, cincin-
étaient les deux qui passent, l'un par les points équi natae stellae), la plupart des anciens les rangeaient parmi
noxiaux, l'autre par les points solsticiaux et par les pôles les phénomènes lumineux des régions voisines de la terre,
de l'écliptique en môme temps que par les pôles de l'équa et les astronomes anciens, incapables d'en comprendre les
teur "8. Dès avant l'époque de Pythagore, les Égyptiens et mouvements, ne s'en sont pas occupés [meteorologia.]
les Babyloniens apprirent aux Grecs à distinguer des étoiles Ce furent probablement les Babyloniens qui enseignè
fixes (àrcXaveïçàffTÉpeî, inerrantes ou fixae stellae), qui gardent rent aux Grecs à diviser idéalement, mais non pratique
toujours les mêmes positions les unes par rapport aux ment ni avec des mesures exactes, l'orbite annuelle du
autres, cinq étoiles qui méritent, comme le soleil et la soleil en douze arcs égaux (8woEx4T7)u.ôpta, dodécatémories),
lune, le nom de planètes (itXavr)Totl àa-Ts'pE;, errantes stellae, parcourus chacun en un peu plus d'un mois de 30 jours,
planetae), parce qu'elles se déplacent les unes par rapport puis chacun de ces arcs en 30 degrés (u.oïpai, partes, gra-
aux autres et par rapport aux étoiles fixes, savoir: 1° Vénus, dus), et par conséquent la circonférence entière en 360 de
'4(ppoS(rn, èWcpôpoî, cpoxnpôpoî, Lucifer, l'étoile du matin, qui est grés, parcourus chacun en un peu plus d'un jour 1", Les
en même temps l'étoile du soir, eo-mpoç, Vesper ; 2° Mercure, Grecs appliquèrent aux autres cercles de la sphère celte
l» Ptolémée, Gr. comp. m. I, 1 et 10, t. I, p. 5 et 49 (Halma). — »3 Cléo- Bainbridgc), etc. — H° Théon de Smyrne, Astr. ch. vm, p. 166 ; Proclus, Sphère,
nièdc, 1, 2 et 7. — H* Hipparquc, Comm. sur les phènom. I, 3 et 5 ; Geminus, ch. ix, p. 21. — in Ceminus, ch. r», p. 21 ; Achil. Tat. ch. xxn, p. 144 (Pétau);
Inir. aux phénom. ch. y, p. 25 A, et Cléomède, I. 5 et 7. Comp. Pline, II, 70, Théon de Smyrne, Astr. ch. vm et îx. — î18 Proclus, Sphâre, ch. ix, p. 21. Théon
s. 71, n» 17( (Sillig). — II» Ptolémée, I, 7 et 10 ; Ceminus, ch. iv, p. 14 et de Smyrne ne parle que du colure des solstices. - 119 Hérodote, II, Si. — 1x0 Aris-
Riliv. (Ifranol. de Pétau); Théon de Smyrnc, Astr. ch. v ; Cléomède, I, 2 ; Achill. tote, Du ciel, H, 12 ; Aléteor. I, 6 ; Métapk. 1, 1. — 1" Diodore de S. II, 30. Leur
Tat. ch. mi, p. 144 et suit. (Pétau) j Proclus, De la sphère, ch. il-m, p. 2-8 (éd. jour se comptait d'un matin au matin suivant. Pline, 11, 70, s. 77, il" 188 (SiUiyJ .
AST — 484 — AST
division en 300 degrés, et ils subdivisèrent ,M le degré en .I lus 1!7), ou bien cercle oblique (Xoljô; xûxXoç). Comme les éclip-
soixantièmes du l°r ordre (éçr,xooTà ^piota) ou minutes de de- Il ses de soleil et de lune ne peuvent avoir lieu que sur ce
gré (aetctoî), et chaque minute en soixantièmes du 2e ordre cercle, à ses intersections ou nœuds (tTuvoErjt/.o(, commis-
(ifyxoazk SiûtEpa) ou secondes de degré, et ainsi de suite jus swae) avec l'orbite lunaire, quelques auteurs, postérieurs
qu'aux sixtes, tout en reconnaissant, comme le fait Ptolé- au commencement de notre ère, donnèrent quelquefois à
mée qu'au-dessous du degré ces petites quantités n'é ce cercle le nom A'écliptique (ÈxAEiimxô; 12S, ecliptica linea 1M).
taient accessibles qu'au calcul et qu'elles échappaient aux Ainsi le nom d'écliptique, ou bien le signe de la Balance,
instruments d'observation. sont, pour les écrits et les monuments où on les rencon
Les Grecs, qui s'orientaient sur la grande Ourse (apxToç, tre, la marque d'une époque peu ancienne, de môme que,
SixaÇa, £XtxT), arctus, ursa, plaustrum, hélice), n'apprirent sur les monuments étrangers, le zodiaque grec est la mar
que tardivement à s'orienter, comme les Phéniciens lst, sur que d'une origine grecque et postérieure à Alexandre
la petite Ourse (apx-roî u.txpc<, xuvoo-oupâ), plus voisine du [zodiacus]. Revenons à la formation du zodiaque grec.
pôle. Mais ce sont les Grecs eux-mêmes, et non les Phéni L'on affecta chacune des douze constellations zodiacales
ciens, les Égyptiens ou les Babyloniens, qui ont inventé à l'une des dodécatémories, et l'on déplaça de diverses
les constellations (àiiTspi<Tu.oî, xaTao-TEptajjwf, àrrrpç/jEcji'ai, si manières le point initial des dodécatémories, pour tâcher
gna) m de la sphère grecque. Ces groupes, formés arbi d'obtenir, entre elles et les douze constellations dont elles
trairement, n'étaient, chez aucun de ces peuples, les mô prirent les noms, une coïncidence approximative ,so. On
mes que chez l'un des autres : suivant le témoignage de dut y renoncer, quand on eut découvert que les points
Syrianus m, confirmé par les découvertes de notre siècle équinoxiaux et solsticiaux se déplacent par rapport aux
sur la sphère égyptienne, ce n'étaient pas seulement les étoiles fixes. Alors les dodécatémories, tout en gardant les
noms et les figures des constellations qui différaient de noms des constellations, en furent séparées, et la pre
chacun de ces peuples à chacun des autres, mais c'était mière dodécatémorie, celle du Bélier, commença invaria
aussi le groupement capricieux des étoiles en constella blement au point équinoxial du printemps avec le 1er de
tions plus ou moins étendues. Ce fut peu à peu que les gré de l'orbite solaire, tandis que la constellation du
Grecs réduisirent le nombre des étoiles innommées et in Bélier s'en écartait de plus en plus vers l'est. Tel fut donc
formes (àu/JpsojToi), en augmentant le nombre, si pelit du le point d'origine des degrés de longitude céleste (utixou;
temps d'Homère et d'Hésiode, et l'étendue des constel ftoïpat), comptés de l'ouest à l'est le long de técliptique
lations pourvues do figures ( [xopowcsi; , eTowAa ), et nom (x*rà jxîjxos Ttov Ço)Stwv), tandis que les longitudes terrestres
mées d'après ces figures imaginaires. Ce fut seulement se comptaient sur les parallèles à l'équateur à partir d'un
vers l'époque d'Eudoxe, disciple de Platon et auteur de méridien donné. Les degrés de latitude céleste (ttaoctou» [«.oï-
descriptions très-inexactes du ciel étoilé, que les Grecs pat), boréale (fiopEi'ou) ou australe (voxtou), se comptaient à
eurent, sur la route annuelle du soleil, onze constellations partir de l'écliptique, au nord et au sud, sur des cercles
à figures d'ôtres animés. Ces constellations inégales en passant par ses pôles, tandis que les degrés de latitude ter
grandeur ne pouvaient pas coïncider avec les dodécaté- restre (irActTou; [xoTpït,£Yx>a';/.a-a ou xÀîu.otTx), boréale ou aus
morics égales de l'orbite solaire : l'une d'elles, le Scorpion, trale, se comptaient à partir de l'équateur, au nord et an
occupait près de deux dodécatémories ; on divisa cette sud, sur les méridiens. Les mouvements des cinq planètes
constellation en deux parties, dont l'une garda le nom de en latitude se nommaient mouvements xatà itAoî-ro; tôjv
scorpion, tandis que l'autre prit le nom des serres de l'ani ÇwSt'wv, c'est-à-dire dans la largeur du zodiaque. Quant aux
mal (x.Y]Xa(, chelae). Depuis le milieu du i" siècle avant coordonnées astronomiques relatives à l'équateur céleste,
notre ère, les Serre* furent remplacées souvent chez les les degrés comptés de l'ouest à l'est sur cet équateur ou
Romains, mais rarement chez les Grecs, par la Balance sur ses parallèles à partir d'un méridien donné se nom
(Çu'i'oç, libra). Dès que, dans le contour de la bande circu maient degrés d'ascension droite (y.o~p2(i àvasopïi; àpOîjç,), et l'on
laire où se meuvent le soleil, la lune et les planètes, on nommait degrés de déclinaison (|AoTpat àTzoxllGtws) boréale
eut, avec les Serres ou bien avec la Balance, douze con ou australe, les distances au nord ou au sud de l'équateur
stellations à figures d'être animés (ÇcoSux, zodia) ou signes céleste comptées sur un méridien M. Enfin, les coordon
(signa), l'on donna à celte bande le nom de zodiaque (ô tS>v nées relatives à l'horizon d'un lieu étaient d'une part les
Çwîîtov ou Çwîiaxôi; xuxao;, zodiacus, signifer orbis ou circu- hauteurs (èlapuinx) en degrés de cercles passant par le
lus). L'orbite du soleil, solaris circulus ou orbis, tracée au point vertical (.zénith) et par le pôle inférieur de l'horizon
milieu de la largeur de cette bande, fut nommée cercle (nadir), d'autre part les distances entre deux de ces cercles
médian du zodiaque (ô 5tà pÉo»v, avec ou sans les mots t5v verticaux, comptées en degrés de l'horizon ou d'un de ses
ÇmSi'wv), ou bien cercle du soleil (v)Ataxc>; xûxao;, solaris circu- parallèles. Par exemple, ïamplitude orlive ou occase du so-

Varron dans Macrobe, Snt. I, 3 ; Censorin, De die nnt. c. mil ; Aulu-Gelle, III, 2, comme terme d'astrologie désignant une certaine configuration céleste, heureuse ou
et Isidore de S. Orig. V, 30. Leur division du jour en 12 parties ou heures doubles malheureuse. — >25 Sur la Métaph. d'Aristotc, N, 6, p. 940 6, 1. 8-9 (Œuvres d'Aria-
(Hérodote, II, 109), et de l'heure (probablement de l'heure double) en 30 parties {Achill. tote, t V, éd. de Berlin). Comparez Aristote, Métaph, N, 6, t. II, p. 1093 a, 1. 13-19
Tat. ch. xvm, p. 137, Pétau), était sans doute fondée sur la mesure du temps que (Berlin); Alexandre d'Aphr. Ad h. I. p. 811, 1. 22-27 (Bonitz), et Achill. Tat.
chacun des douze arcs de l'écliptique et chacun des 30 degrés de ces arcs mettent Intr. aux Phén. ch. xxix, p. 163-164 (Pétau). — m Ce dernier nom était amphibo
à monter sur l'horizon. C'est sans doute à eux que ce procédé défectueux pour me logique, parce qu'on le donnait quelquefois à Vèpicyele du soleil. V. par exemple
surer ces arcs a été emprunté par les astrologues. Sextus Emp. Contre les sciences, Théon de Smyrne, Astr, ch. xxvi, p. 226-258, et Chalcidius, In Tim. c. cvui-ciy,
V, 23-2S, p. 342 (Fabricius). Comparez Vettius Valens, fragment, à la suite de p. 206 (Fragm. philos, gr. ch. vu, t. II, Didut). Comparez mes notes sur Théon de
J. Lydus, Des mois, p. 335-339, éd. Roether (1827, in-8). — «» Geminus, ch. xt, Smyrne, p. 419-420, 422-423 et 427. — »' Achill. Tat. ch. xxm, et l'Anonyme, ch. tu,
p. 02 D-E, et Ptolémée, qui emploie cette division jusqu'aux sixtes dans ses tables dans Pétau, Uranol. p. 144 E, cl p. 264 Cl). — 1" Macrobe, In Somn. Seip. I, 1S,
agronomiques. — 1«3 Gr. comp. math. III, 2 et 8 ; V, 8 ; XIII, 4, t. I, p. 153, 155, g 10 ; Servius, In Aen. X, 216. Sur les autres noms cités, voy. le Thes. ling. gr. (éd.
209, 323, et t. II, p. -110 (nalma); comparez I, 9 ; IV, 10, et V, 8, t. I, p. 20, 279 et Didot), et le Totius lat. Lex. de Forcellini ; comparez Letronne, Méin. sur Eudoj-e.
3J9. — 121 Aratus, Phén. 36-44, avec les scolirs; Ovide, Tristes. IV, 3, v. 1-2, et p. 17. — 13° Letronne. /. c. p. 19-23. — 131 Cependant, eu un endroit où il parle du
Arrieo, Exp. à"Al. VI, 26. — 1*5 Les mots aetfo., astrum, sidus. se disaient d'une soleil, qui n'a pas de mouvement en latitude céleste, l'toléméc 'Gr. romp. m. I, 10,
constellation, niais aussi d'une seule étoile. Le mot latin constellutio n'existé que 1. 1 , p. 49) a nommé r.>àvoç, latitude, la déclinaison, ixU\\aiï, comptée sur un méridien.
AST — 48S — AST
leil à l'un des solstices était l'arc compris sur l'horizon du VI. Progrès des instruments astronomiques et des procédés
lieu entre le point orient ou occident du soleil à l'équi- d'observation. — Pour appliquer à la mesure réelle du
noxe et le point orient ou occident du soleil à ce solstice. temps ces divisions idéales, il fallait des instruments. Dès
Pour calculer ces différents genres de distances angu avant Hérodote ,w, les Grecs avaient reçu des Babyloniens,
laires et pour passer de l'un de ces trois genres de coor peut-être par Anaximandre m, le gnomon (Yvcofutov, gnomon,
données à chacun des deux autres, quelques éléments de connaisseur), nommé aussi, à cause de ses divers usages,
trigonométrie tant rectiligne que sphérique étaient indis o-xtaOïipaç (observateur de ïombre), ou o-xiâOTipov, o-xtoO^paç,
pensables, et ces éléments n'existaient chez aucun peuple, o-xtôOripov, sciotherum, et -qAtoxpomov (^Xîou xpomu, solstices).
lorsqu'Hipparque les créa 132 pour les besoins de l'astro C'était une tige verticale d'une certaine hauteur, autour
nomie. du pied de laquelle des cercles concentriques étaient tra
Une autre condition nécessaire de cette science, c'est la cés sur un plan horizontal (fig. 580). Cet instrument don
mesure du temps. Certains peuples de la Grèce 133 avaient nait la ligne méridienne du lieu par
un cycle lunisolaire de 25 lunaisons en 2 ans : ce qui sup la bissection de l'arc compris entre
posait pour l'année 369 jours. Mais, en général, jusqu'à deux ombres égales, l'une du matin,
l'époque d'Hérodote les Grecs estimaient vaguement l'autre du soir ua, et servait à déter
l'année solaire à 360 jours. Cependant un calcul qu'Héro miner à peu près les équinoxes et les
dote 135 prête à Solon suppose que l'année solaire est de solstices par l'observation de la plus
375 jours. D'un autre côté, le môme historien a entendu grande, de la plus petite et de la
parler d'une année égyptienne de 365 jours, et il la croit moyenne longueur des ombres méri
égale à la période des saisons 136. Un siècle plus tard, les diennes. Il ne paraît pas que les Grecs
Égyptiens apprirent à Eudoxe et aux Grecs que Vannée tro ou les Bomains aient jamais connu
pique (ô TpoTT'.xôi; eviauToç), c'est-à-dire la période des saisons le gnomon à trou, exempt des erreurs Fig. 680. Gnomon.
entre deux passages consécutifs du soleil à un môme point causées par la pénombre. Seulement
solsticial (rpoirtf), est de 365 jours et 1/4 environ 13T, et que sous Auguste, le mathématicien Facundus Novus eut
par conséquent 4 de ces années font 1461 jours, tandis que l'heureuse pensée d'atténuer ces erreurs en fixant une -,
4 années vagues égyptiennes de 365 jours sans fraction boule sur la pointe du gnomon ,w. Ce fut du gnomon
donnaient 1460 jours. D'un autre côté, dès avant Héro à pointe que Méton, Euctémon et les autres astronomes
dote I38, les Babyloniens avaient fait connaître aux Grecs grecs antérieurs à l'époque alexandrine se servirent pour
la division du jour (qiic'p*), c'est-à-dire sans doute du mesurer l'année tropique par l'observation des solstices
nychthémère (vu^87iu.spov, «ne nuit et un joûr) en 12 parties et des équinoxes. Chaque observation ne pouvait donner
(ixs'pif]) égales entre elles et correspondant chacune à l'as la mesure de l'année que tout au plus à un jour près.
cension d'une dodécatémorie de l'équateur sur l'horizon. Mais, en comparant deux observations séparées par un
Ces douzièmes du nychthémère furent dédoublés par les grand nombre d'années et en divisant le nombre des
astronomes grecs en 24 parties égales entre elles, aux jours d'intervalle par le nombre des années, on obte
quelles ils appliquèrent 139 le nom vague Spou, qui était à nait, pour la durée de l'année, un nombre fractionnaire
la fois celui des saisons de l'année (Spou tou èviau-roû) et des de jours, dont l'erreur possible, en plus ou en moins, était
quatre parties antiques du jour(£pai t^ç %spaç) : matin, âW, égale au quotient de l'erreur possible de chacune des deux
milieu du jour, [iecnijxêpfa, soir, iuTcép*, et nuit, vu;. Ils nom observations divisée par le nombre des années d'inter
mèrent ces vingt-quatre parties égales du jour heures équi- valle. De plus, quand la trigonométrie fut inventée, étant
noxiales (5pat fci][Mptva(, horae aequinocliales), pour les dis donnée la mesure approximative de l'obliquité de réclip-
tinguer des douze heures de jour et des douze heures de tique, on put calculer par la trigonométrie, pour les di
nuit, dites heures temporelles (Spai xatptxaf, horae tempora verse* latitudes terrestres, en divisions de la hauteur ver
les), qui s'étaient introduites et restèrent dans l'usage vul ticale du gnomon sur un plan horizontal, les longueurs
gaire: celles-ci n'étaient égales entre elles qu'aux époques des ombres méridiennes tant équinoxiales que solsticiales,
des équinoxes ; leurs longueurs variaient avec celles du et les Grecs alexandrins en dressèrent des tables Ces
jour et de la nuit. La latitude du lieu et le jour de l'année longueurs étant observées à l'aide du gnomon, l'on en
tropique étant donnés, on trouvait par le calcul quel était concluait la latitude du lieu. Dès l'époque d'Alexandre, le
le rapport du jour à la nuit, et par suite à quelle heure navigateur grec Pythéas, de Marseille, avait recueilli des
temporelle du jour ou de la nuit correspondait telle heure données précieuses dans ses excursions vers les régions
équinoxiale, et réciproquement. Mais souvent, dans les boréales, en notant pour diverses contrées les plus grandes
calculs astronomiques, au lieu des heures équinoxiales et longueurs des ombres méridiennes de son gnomon et les
de leurs fractions, on employait la division du jour en plus grandes durées des jours I4S. Ce n'étaient pas seule
soixantièmes du 1°' ordre {i\i\xwst\t -pwta), valant 24 minu ment les longueurs des ombres méridiennes qui différaient
tes, et en soixantièmes du 2° ordre (££i)xo<?t& Seûrepot), valant suivant les latitudes et suivant les saisons; c'étaient aussi,
24 secondes, et ainsi de suite. pour certaines contrées, les directions de ces ombres. De

•M Théon d'Al. sur la Gr. comp. m. de Ptol. I, 9, t. I (seul paru), p. 110 8, ». 6, n° 35, t. I, p. 112 (Sillig), où quinto anno signifie tous les quatre ans; le
(Halma). — 133 Hérodote, II, 4, g 2, où, suivant les habitudes de la langue grec Papyrus astronomique du Louvre, ligues 81-85 (Notices et extraits des mss. t. XVIII,
que, 5ià tfl-rou «oy; signifie après chaque 2e année. C'est ainsi que la période de 2" partie, p. 50), et M. Letronne, Mém. sur Eudoxe, p. 24-25. — 1» II, 109. —
la fièvre tierce, Tpi-raïs; ™çrtôç, est de deux jours, et que la période de quatre ans des 139Hipparque, Sur les Phën. II et III. - M» II, 109.— IM Diogcne de L. II, 1 ; En
olympiades se nommait mrcectvi)?t;, quinquennale. L'tntercalation d'une lunaison tous fiche, Prèp. c'y. X, 14, p. 504 A (Yigier), et Suidas, aùi mot> ^).WTpimov et }vfi|iuY.
les trois ans aurait donné une année moyenne de 364 jours. — W III, 90, § 4. — i« Proclus, Hypatyp. p. 85 (Halmu). — 1W Pline, XXXV, 10, s. 15, n» 72, t. V,
Voy. aussi Cléobulc dans Diogcne de L. 1, 91. Comparez Hippocrate Kpid. II, p. 1031 p. 325-326 (Sillig). — 14i Ptoléméc, Gr. comp. m. II, 5. — 1*» V. Strabon et autrns au
(l;oë>), qui suppose que les mois grecs sont tous de 30 jours. — 133 1, 32. — tS6 u( teurs dans Fuhr, Pythéas, surtout g 10, p. 15-21, et g 17, p. 45-76, Goettiugrn, 1812,
4, g 2. - '37 Strabon, XVII, 1, g 29 (Kramcr), p. 800 (Cas.). Comparez Pline, II, in-4, et H. Bessell, Ueber Pythéas, surtout III, p. 51-144, Goeltingen, 1858, in-8.
AST — 486 - AST
là vient m la distinction entre les âjAipi'oxioi (&[ffl, o-xtoî, om croit négligeable pour l'étude des mouvements plus lents
bre des deux côtés), qui, situés dans l'intervalle des deux du soleil et des planètes
tropiques, voient les ombres méridiennes tantôt au nord, Pour la mesure du temps en l'absence comme en la pré
tantôt au sud ; les ItEpo'cjxioi (itcp* uxicx, l'une des deux om sence du soleil, les cadrans solaires furent remplacés avec
bres), qui voient ces ombres soit toujours au nord, soit avantage par l'horloge hydraulique (wpoXoY'ov uôpauXixov,
toujours au sud, suivant qu'ils sont au nord ou au sud de horologium hydraulicum, ou horarium aquarium), perfec
l'équatcur, et les ncpiaxio! (irspi, exxtâ, ombre, autour), qui, tionnement de la clepsydre primitive (x).e'.|<ûSpa, clepsydra,
situés vers un des deux pôles à une distance moindre que uîpoÀo'Ycov, uîpoo-xo'Tctov). Naturellement les horloges hydrau
celle de l'équateur aux deux tropiques, voient pendant liques donnaient les heures équinoxiales 15k. Mais, par
leur été l'ombre tourner en un jour tout autour du pied certaines combinaisons mécaniques, que Vitruve lss a dé
du gnomon. Ptolémée ajoute que, parmi ces derniers, ceux crites, on en faisait qui donnaient les heures temporelles
qui habitent sous le pôle môme doivent avoir chaque an du jour et de la nuit pour telle latitude [horologium].
née un seul jour et une seule nuit de six mois chacun. En outre, les astronomes savaient connaître l'heure par
Parmi les éTepo<xxiot, on distinguait par le nom d'avri'o-xiot les passages des astres au méridien ou à l'horizon, ou en
{ombres contraires), ceux de l'hémisphère austral, qui général par les positions des astres par rapport à ces deux
voient les ombres au midi, tandis que nous les voyons au cercles, eu égard à la latitude du lieu. Ces observations
nord '". En latin, Ammien Marcellin 148 applique fausse donnaient les heures en temps sidéral, c'est-à-dire en tant
ment le nom d'antiscii (àvTi'sxioi) aux à^îuxioi de la zone que vingt-quatrièmes parties des nychthémères compris
équatoriale. entre deux passages d'une étoile fixe au même méridien.
Passons à un autre usage du gnomon. A Athènes, dès Or, l'année solaire compte un jour de plus en temps sidéral
l'époque d'Aristophane 1W, les longueurs des ombres d'un qu'en temps solaire. Le temps sidéral n'étant pas employé
gnomon d'une certaine hauteur servaient à marquer l'heure par les astronomes anciens dans leurs calculs, ils le con
du jour. Mais, pour cela, il aurait fallu connaître, soit vertissaient en temps solaire moyen. Les temps des obser
empiriquement, soit par une table dressée d'avance, pour vations faites sous d'autres méridiens étaient ramenés, au
les diverses époques de l'année tropique, qui n'était pas moyen d'un calcul, au méridien du lieu, par exemple par
l'année civile athénienne, les rapports variables des diver les Alexandrins au méridien d'Alexandrie.
ses longueurs d'ombres aux diverses heures, soit équi- La mesure du temps pouvait servir à obtenir celle des arcs
noxiales, soit temporelles, du jour. Mais il est probable des cercles célestes perpendiculaires sur l'horizon . L'on s'en
qu'on se contentait d'approximations empiriques et très- servait môme autrefois pour mesurer les arcs sous-tendus
grossières. Au lieu des longueurs des ombres, c'étaient par les diamètres apparents du soleil et de la lune. Les
leurs directions qui pouvaient le mieux servir à cet usage. astronomes grecs avant Hipparque employaient pour cet
Les Grecs devaient aux Babyloniens, suivant Hérodote 15°, usage une sorte de clepsydre à niveau constant ,56, qu'on
le îtdXoç, instrument que d'autres auteurs grecs nous font nommait hydromèti-e (ûSpo^ETpov : ils recueillaient d'une
connaître 151 : c'était une sorte de cadran soinre (wpoXo'Ytov part l'eau écoulée depuis la première apparition du bord
axiaOTjptxôv, horologium sciothericurn ou solarium) qui don supérieur de l'astre à l'horizon jusqu'à la complète appa
nait soit les heures équinoxiales, soit les heures tempo rition du bord inférieur, d'autre part l'eau écoulée pen
relles du jour par les directions des ombres sur un cadran dant un nycththémère. Par ce procédé, ils avaient estimé
où les lignes horaires étaient tracées. Cet instrument reçut l'un et l'autre de ces diamètres à de circonférence ,M,
par la suite une multitude de variétés et de perfection
nements, qui passèrent peu à peu des Grecs aux Ro c'est-à-dire à 28' et 48" de degré. Par ce même procédé,
mains [horologium]. Aristarque 159 avait trouvé pour le diamètre du soleil —
Les cadrans solaires donnaient le temps solaire vrai, qui
diffère du temps solaire moyen à cause de l'anomalie du de circonférence, c'est-à-dire - degré. Hipparque rejeta
mouvement solaire. De là viennent de petites différences, ce procédé, non-seulement à cause de ses difficultés prati
tantôt en plus, tantôt en moins, entre les nychthémères ques, mais aussi à cause de l'obliquité de l'ascension du
inégaux (àvci^aXa) et les nychthémères égaux (ïaa) et uni soleil sur l'horizon de la Grèce. Nous dirons tout à l'heure
formes (6;xaXa;. Ces petites différences, accumulées de jour à quel autre instrument Hipparque eut recours.
en jour, dônnent des écarts qui vont jusqu'à plus d'un L'obliquité de l'écliptiquc (XôWiî toû froSiotxoû, obliqiiitas
quart d'heure en deçà ou au delà du temps moyen. Ptolé signiferi) est un des éléments les plus importants de l'as
mée ,5Î nous a conservé la méthode antique pour conver tronomie. On évalua d'abord approximativement et sans
tir le temps vrai en temps moyen, et réciproquement. Pto trigonométrie cette obliquité d'après les amplitudes orti-
lémée juge cette correction nécessaire pour l'étude des ves du soleil, observées aux deux solstices. C'était sans
mouvements rapides de la lune en longitude ; mais il la doute ainsi que, dès avant Eudème W1, disciple d'Aristote,

1*6 Ptolémée, Gr. comp. m. II, 6; Cléomcdc, I, 7, p. 43-50 (Bake) ; Slrabon, II, p. 303-365 ; Scxtus Enip. Contre les sciences, V, 24, p. 342 (Fabricius), et Pappus, >ur
5, n° 43 (Kramer), p. 135 (Casaubon) ; Ach. Tat. ch. xxxi, p. 156-137 (Pétau;. — la Gr. comp. m. de Ptol. V, 14, p. 261 (Béle). — 155 Arckit. IX, 8 (9). — «• Héron,
"7 Ach. Tat. /. c. et Julien, Discours sur le soleil roi, p. 276 (l'étau). — 1*> lier, dans Proclus, Hypotyp. p. 107 (Halina), et dans Pappus, sur la Gr. comp. m. de
gest. XXII, 15, n» 31.— "» Harangueuses, y. 652, et Inçert. fab. fr. LXXV1II (564), Ptol. V, 14, p. 261-202 (Baie). Comparez Martianus Capella, VIII, 858 et 860, p. 660
éd. Uidut. Voy. aussi Eubulus et Ménandre dans Athénée, I, 1, S 14. P- 6 B-C, cl VI, et 671 (Bopp). — l'7 Proclus, /. c. p. 107. — '58 Cléoméde, II, 1, p. 92-93 et p. 99-
10, § -iï, p. 243 A (Casaubon); Plularque, Du flatteur et de l'ami, ch. v, etc. — 100 (Bake'. Ce procédé et celte mesure sont attribués aux Égyptiens par Nicéphoni
"0 H, 109. — 151 Julius Pollui, Onom. VI, 46; IX', 110; Athénée, VI, 11, S 42, Blemmide, Physique, xiyi, § 10, p. 307 (Wcgelin), ou col. 1254 (Migne). —
p. 207 E-F (Cas.). Comparez Plutarque, Dion, ch. un. — 1»* Gr. comp. m. III, 8. '69 Grandeurs et distances du soleil et de la lune {Op. math, de Wallis, t. III,
— 153 Ib. t. 1, p. 209( Halma). — '5'' C'était le poids de l'eau écoulée, ou son -volume p. 569). Comp. Archiméde, Va^'V, p. 321 (Torelli). — 160 Ploléméc, V, 14, t. I,
mesure par sa hauteur dans un récipient gradué, qui donnait le temps écoulé. Mais, p. 340 (Halma), et Pappus, Ad h. I. p. 261-202 (Baie). — 161 Dans Théon de
puur que l'écoulement de l'eau fût uniforme, il fallait que le vase qui la contenait fut Smyrne, Aslr. ch. il, p. 322-324, et dans Anatolius, Fabricii, Biblioth. gr. t. Il,
toujours plein. Voyei Catien, Diagnostic des maladies de l'dme, éd. gr. de Bâle, 1. 1, p. 277 (278).
AST — 487 — AST
on avait estimé que cette obliquité était égale à peu près à comme centre, et avec un rayon égal au côté du carré,
l'arc sous-tendu par le côté du pentédécagone, polygone élait tracé un quart de cercle gradué, dont l'arc se ternii-
régulier de quinze côtés, c'est-à-dire à 24 degrés. Mais Eu-
doxe, trompé sans doute par des observations inexactes
d'amplitudes ortives ou bien de longueurs d'ombres méri
diennes du gnomon ,6î, et après lui Callippe et Aristote 163,
crurent que le soleil avait un mouvementen latitude céleste
au nord et au sud de l'écliptique. Suivant eux, ou du moins
suivant le péripatéticien Adraste, Théon de Smyrne
Chalcidius 165 et Martianus Capella ,M, héritiers et propaga
teurs de cette vieille erreur 167, l'orbite solaire était incli
née de ; degré sur l'écliptique, que ses nœuds parcou
raient, d'occident en orient, en 2922 ans, à raison de ^ de
degré et un peu plus par année de 365 jours 1/4.
Pour arriver à une mesure plus exacte de l'obliquité de Fig. 581. Armilles (solsticiales) de Proclus.
l'écliptique, les astronomes grecs de l'époque alexandrinc
nait aux sommets des deux angles adjacents. Cette face du
employèrent un instrument à cercles (xûxàoi) ou armilles
parallélipipède était fixée verticalement dans le plan du
(xpixot), avec lequel ils mesurèrent le double de cette obli
méridien du lieu, de manière que l'angle du sommet du
quité, c'est-à-dire l'arc compris entre les tropiques. Voici
quel comme centre le quart de cercle était tracé fût l'an
la description de ces cercles de Ptolémée 16\ Dans la face
gle supérieur du côté sud. Au sommet de cet angle était
quadrangulaire verticale d'un parallélipipède rectangle
un petit cylindre, perpendiculaire sur cette face, et dont
était enchâssé un anneau métallique large dans le sens du
l'ombre méridienne tombait sur la graduation. L'arc com
rayon, mais mince dans le sens de l'épaisseur, et dont la
pris entre les ombres méridiennes des deux solstices était
face extérieure était graduée ; dans cet anneau était en
l'arc cherché (fig. 582). Avec ces instruments, Ératosthône,
châssé un autre anneau concentrique, tournant autour du
Hipparque et Ptolémée 175
centre commun et portant aux deux bouts d'un des diamè
trouvèrent que l'arc du méri- <v» ~~-^P
tres de sa face extérieure deux prismes perpendiculaires
dien compris entre les tro- J I-»
sur cette face et armés chacun d'une aiguille destinée à
parcourir les divisions du grand anneau. Les faces exté piques était environ de — de il \" .
rieures des deux anneaux étaient dans un même plan, la circonférence, c'est-à-dire il "
qu'on faisait coïncider exactement avec celui du méridien de 47° 4-2' 39" et un peu plus ^jr^ \^
du lieu. On obtenait la verticalité à l'aide du fil à plomb (xa- de 21"' : ce qui donnait 23" V ^
BÉrtov Siaër'T-r.ç ^wpoêixTYiç Wl, perpendiculum) et au 51' 19" et 40'" 1/2 pour l'obli- Fig. 582. Carrcau de Ptohtaée.
moyen de petites cales mises au besoin sous la colonne quilé de l'écliptique. De plus,
qui portait l'instrument. A l'époque de chacun des deux avec ces mêmes instruments, on obtenait la latitude du
solstices, on faisait tourner l'anneau intérieur de manière lieu, en prenant le milieu de l'arc compris entre les tro
que l'ombre méridienne du prisme supérieur couvrît exac piques, et en mesurant l'arc compris entre ce milieu et le
tement le prisme inférieur, et l'on notait les degrés mar point vertical, c'est-à-dire la distance zénithale de l'inter
qués par les aiguilles sur le grand anneau. La différence section de l'équateur et du méridien, distance égale à la
des deux marques obtenues chacune à l'un des deux sol hauteur du pôle et à la latitude du lieu.
stices donnait la mesure de l'arc compris entre les tropi Ces armilles, qu'on peut nommer solsticiales, quoique
ques. Au lieu d'enchâsser les armilles dans un parallélipi Ptolémée ne les ait pas nommées ainsi, servaient en outre,
pède rectangle, Proclus 171 obtenait la môme stabilité en de môme que le carreau ou quart de cercle de Ptolémée,
les fixant solidement l'une dans l'autre au haut d'une co pour l'observation des solstices. En effet, dans le IIP li
lonne verticale sur un plateau horizontal, et il remplaçait vre de son grand ouvrage astronomique l7e, Ptolémée dé
es deux prismes par deux petits écrans rectangulaires clare que, pour la mesure de l'année par l'intervalle de
percés d'un petit trou. L'on attendait que le rayon solaire temps entre deux observations soit d'un même solstice,
passât par les deux trous à la fois. Chaque écran se pro soit d'un môme équinoxe, il s'est servi des instruments
longeait en un petit triangle replié latéralement pour servir déjà décrits par lui dans son premier livre. Le procédé
d'aiguille et marquer les degrés (flg. 581). Mais Ptolémée1'3 était applicable aux observations de solstices ; mais, pour
préférait employer, au lieu des armilles, un instrument observer les équinoxes, il fallait des armilles autrement
de son invention, qu'il nommait carreau, itaivOi'ç C'était disposées, et Ptolémée oublie qu'il ne lésa pas décrites : il
un parallélipipède rectangle, dont deux faces étaient car faut en demander la description à son commentateur
rées : sur l'une d'elles, du sommet d'un des angles droits grec du xiv° siècle, Nicolas Cabasilas 177. Quant aux obser-

"î Hipparque, Sur les Phén. I, 2), p. 193 C-D [Uranol. de Pétau) ; Simpliclos, (Hulma). Ptolémée dit cercles, xfctai; Théon dit instrument à armilles, Stà «çufi*
Ou ciel, II, 12, p. 121 a-b (Karstenj. — 163 Aristote, Mètnph. A, 3, p. 1073 b, 1. 17- îfïMov. — 'M Ptolémée, I, 10, et V, 12, t. I, p. 47, 48 et 329 (Halma) 170 Théon,
22 (Berlin) ; Hipparque et Simplicius, II. ce. — 16* Théon de Smvrnc, Astr. ch. m, Comm. I, 10, p. 226 (Halma). — 171 Yïtruve, Arch. VIII, 5 (6), p. 225-220(Schneidcrj .
xxvii et xxxviii. p. 175, 258-262 et 314 (Martin), avec les remarques de l'éditeur, — 1"« Hypotyp. p. 78 83 (Halma). — 175 Ptolémée, Gr. comp. m. I, 10, t. I, p. 48-
p. 108. Dans ces passages, Théon suit Adraste. lb. p. 77-79. — ISS In Tint. ch. lxix 49 (Halma), et Théon, Ad h. I. p. 221-227 (Halma). — "k Gr. comp. m. I, 10, t. I,
et Lxxxrn, p. 197 et 202 {fragm. philos, gr. t. II, Didot). — 16e VIII, 807, p. 675 p. 48 (Halma); Théon, p. 218 (Halma1, et Proclus, Hypotyp. p. 78-83 (Halma). —
(Kopp). — '67 pline, II, 6, ». 13, n»« 66 et 67, t. I, p. 143 (Sillig), double l'obliquité 175 ptolémée, Gr. comp. m. I, 10, t. 1, p 49 (Halma), et Proclus, Hypotyp. p. 83.
prétendue de l'orbite du soleil : Inter duas partes (n« 60)... Saturni duabus ut sot — 176 III, 2, p. 160. — 17' Le commentaire de Théon sur ce 11I« livre est
<n» 67). — 1«* Ptolémée, Gr. comp. m. 1, 10, p. 47, et Théou d'Al. I, 10, p. 218-224 perdu.
AST — 488 — AST
vations méridiennes du soleil faites avec les armilles solsti ment trop petites et d'ailleurs elles étaient construites
ciales ou avec le quart de cercle quelques jours de suite et posées d'une manière trop imparfaite 1M. Hipparque 186
à l'époque d'un solstice, elles suffisaient pour faire voir et Ptolémée 187 ne croyaient pouvoir garantir la position
directement quelles étaient les deux observations mé de l'armille qu'à 6' de degré près sur le méridien : ce qui
ridiennes consécutives entre lesquelles devait avoir eu lieu comportait une erreur possible de 1/4 de jour sur l'instant
le solstice, dont on pouvait môme trouver approxima de l'équinoxe. De plus les armilles équinoxiales fixes
tivement l'heure de jour ou de nuit par un calcul "8. d'Alexandrie s'étaient dérangées, et Ptolémée 188 aimait
Mais ce calcul très-chanceux n'équivalait pas à une mieux employer des armilles mobiles, dont on pouvait
observation directe. D'ailleurs, le changement de déclinai rectifier la position avant chaque observation.
son du soleil étant beaucoup plus lent aux solstices qu'aux Les armilles tant solsticiales qu'équinoxiales pouvaient
équinoxes, les astronomes alexandrins avaient compris l"9 servir aussi à mesurer, sur le méridien gradué de l'instru
qu'il valait mieux mesurer l'année entre deux retours d'un ment, les déclinaisons boréales ou australes des astres à
môme équinoxe, attendu qu'une même erreur sur la dé leurs passages au méridien, et à calculer leurs ascensions
clinaison du soleil donnait une erreur bien moindre sur droites d'après l'intervalle de temps entre chacun de ces
l'heure de l'équinoxe que sur celle du solstice. passages et celui du point équinoxial. Mais ni Ptolémée
Pour la structure des armilles équinoxiales, Ptoléméc m ni Gabasilas n'ont donné à ces armilles d'Hipparque le
fournit incidemment quelques indications. Rien ne man nom d'astrolabe, comme Delambre 189 le prétend. L'astro
que à la description de Gabasilas 181 ; mais il ajoute mal à labe (à<jTpo).âgo;), celui d'Hipparque comme celui des astro
propos à l'instrument deux armilles solsticiales prétendues, nomes postérieurs, était un instrument avec lequel on
qui, lixées dans le plan du tropique, ne pourraient être pouvait observer les astres dans toutes leurs positions au-
d'aucun usage 188 ; car parallèles à l'équateur, elles seraient dessus de l'horizon, et qui donnait immédiatement, non
de petites armilles équinoxiales, moins bonnes que la pas les ascensions droites et les déclinaisons, c'est-à-dire
grande armille équinoxiale de l'instrument. De môme que les positions par rapport à l'équateur, mais les longitudes
les vraies armilles solsticiales décrites par Ptoléméc dans et les latitudes célestes, c'est-à-dire les positions par rap
son premier livre, les armilles équinoxiales (xptxoî loTrjfjLEptvot) port à l'écliptique. Cet instrument 190 était composé de
consistaient aussi en deux anneaux (armillae) minces et cercles (xuxàoi), ou, pour mieux dire, d'armilles (xpixoi)
concentriques ; mais, au lieu d'être dans un même plan minces et concentriques. Deux de ces cercles, fixés per
comme celles-ci, elles étaient en deux plans perpendicu pendiculairement l'un à l'autre, représentaient l'un l'éclip
laires l'un sur l'autre. L'anneau extérieur était gradué et tique, l'autre le colure des solstices, perpendiculaire sur
lixé verticalement dans le plan du méridien du lieu. L'an l'équateur et sur l'écliptique. Sur ce colure étaient mar
neau intérieur, tout en gardant invariablement sa perpen- qués les pôles de ces deux cercles et les intersections du
dicularité sur l'autre anneau, tournait à volonté sur son colure avec les deux tropiques et avec l'équateur. A cha
diamètre perpendiculaire au méridien, jusqu'à ce que son cun des deux pôles de l'écliptique sur ce colure, il y avait
plan fût celui de l'équateur céleste, dont les deux inter un pivot qui ressortait à l'intérieur. Sur ces deux pivots
sections avec le méridien étaient marquées, sur l'anneau tournaient deux cercles perpendiculaires à l'écliptique et
extérieur immobile, d'après la hauteur du pôle sur l'ho concentriques l'un à l'autre, l'un extérieur, l'autre inté
rizon du lieu. Alors l'an rieur. Ces quatre cercles étaient gradués en degrés et frac
neau intérieur méritait tions de degré. De plus, dans le plan du cercle intérieur
son nom d'armille équi tournait, au moyen d'une rainure, un petit cercle (xuxXî-
noxiale (flg. 583). Lors- uxo;), armé de deux pinnules à trous. Ptolémée nomme
qu'entre le lever et le ici 191 ces pinnules trous proéminents (érati l^/ouo-ai) ; mais
coucher du soleil à l'équi d'autres auteurs 192 et Ptoléméc lui-môme 193 nomment les
noxe de printemps, il y pinnules petits prismes (^pio-paTia), petits jalons (Toi-rna-na)
avait un moment où l'om ou petits appareils (<ruaTY)u.âTta), soit pleins, soit percés d'un
bre du bord convexe de trou (ot.i'i, TpÔ7rrjtAa, Staoyiov). Ces pinnules consistaient quel
l'anneau intérieur se pro quefois, par exemple dans la dioptre d'Héron d'Alexan
jetait sur l'épaisseur con drie191 et dans les armilles solsticiales de Proclus l85, en
Fig. 583. Armillc équinoxiale. cave du bord opposé de de petites lames d'airain (XeirîSia yaXxa), où il y avait un trou
ce même anneau, et que (oiaÔYetoc,oiauyiov)ou bien des fentes(&vtx-tou.ctî). Enfin tout cet
le soleil commençait à éclairer ce dernier bord en dessus, ensemble de cinq cercles concentriques tournait sur l'axe
l'instant du phénomène était celui de l'équinoxe, pourvu de l'équateur dans un méridien concentrique qui les en
que la position de l'armille fût exacte. C'était ainsi qu'Ar- veloppait tous (fig. 58i).Tel était l'astrolabe d'Hipparque198
chimède, Hipparque et Ptolémée 183 avaient observé les M de Ptolémée. Pappus 197 indique quelles doivent être,
équinoxes. Mais les armilles antiques étaient probable- pcurtouteslcs armilles de l'astrolabe, les proportions de lu

178 Ptoléméc dit [ib. p. 162) avoir calcule sûrement (tvzaXùs lTi>o*i«jiiOa) que tel p. 153. — '87 lb. p. 154-lbb. — 18» /*. p. 152, I. 21-22, et surtout p. 155, 1. 8-14
solstice avait eu lieu deux heures après minuit. — *79 Ptolémée, 111, 2, p. 160, (texte grec). — 189 Astr. anc. t. I, p. lv, au mot astrolabe. Comparez t. 11, p."574-
1. 17-19 (Halma), et Cabasilas, III, 2, p. 134, I. 32 et suiv. (dans Théon, éd. de Bile). :175. — '» Ptolémée, Gr. comp. m. V, 1, t. I, p. 284-286 (Halma), et Pappus, Comm.
— i»° Gr. comp. m. III, 2, 1. 1, p. 153 155 (Halma). — «1 Comm. de Théon, III, 2, V, 1. p. 231-234 (Baie). — '81 T. 1, p. 485 (Ualma). — 19! Héron d'AI. De la dioptre.
p. 131-132 et p. 135-136 (Bile). Le livre III est de Cabasilas. Halma n'a publié que les p. 30 (Vincent) ; Théon d'Al. Comm. I, 10, p. 21», I. 25, 1. 31 et 1. 3.1,-34 (Halma' ;
deux premiers livres des Commentaires. — 13J Dclaïubre, Afttr.anc. t. II, p. 574-575. Pappus, dans Théon, Comm. V, p. 252, 1. 38-39 (Bile); Proclus, Hypot'jp. p. 80,
— l83lll, 2, 1. 1, p. 153 et 155 (Halma).— l8k Ptolémée n'en donne pas les dimensions. 107, 1U9-110 et 138-139 (Halma); Jean Philupon. /)'• l'astrolabe, p. 1, S, 9
Mais Pappus (Comm. sur Ptol. V, p. 231, Bile) donne à la plus grande muillc de et 15, cd. Hase (Bonn, 1839, in-8), etc. — l»3 I, 10, p. 46, et V, 12, p. 32S-33u
l'astrolabe une coudée de diamètre, et Proclus (/fypotyp. p. 78, Halma) veut que le (Halma''. — Ile la dioptre, p. 30 (Vincent). — 1»S Hypotyp. p. 80 (Halma).
diamètre des armilles solsticiales pour la mesure de l'obliquité de l'écliptique soit — I9« Cabasilas, Comm. III, p. 132, l. 42-43 (Bile). — W Comm. V, p. 231-234
d une dam-coudée au moins. — >8S Ptolémée, Gr. comp. m. III, 2, p. — 186 Jb. Bile).
AST — 489 — AST
largeur el de l'épaisseur du limbe en fractions du diamè quelles on pouvait prendre une visée (StoittsuEiv). Dans une
tre de la circonférence extérieure de l'armille. Il attribue dioptre mentionnée par Polybe !0\ des tubes (aùX£a-xot) rem
à la grande armille extérieure de l'astrolabe un diamètre plaçaient les pinnules. Dès l'époque d'Aristote îOS, les Grecs
d'une coudée (0m,4624). Suivant lui, le météoroscope (jaetsw- connaissaient l'utilité des tubes (aùXoî), non-seulement
poffxo'xtov), employé pour fixer la direction du rayon visuel, mais encore pour
aussi par Ptolémée rendre la vision d'un objet plus distincte en écartant les
pour les observa rayons venus d'autres objets. Quant aux tubes garnis de
tions astronomi verres grossissants, ils ont été entièrement inconnus dans
ques198, était un pe toute l'antiquité Ajoutons qu'en général les instru
tit astrolabe, dans ments nommés diuptres par les anciens n'avaient pas môme
lequel il suppose de tubes sans verres, mais étaient analogues à nos grapho-
que cette môme ar mètres à pinnules804.
mille avait seule Pour mesurer les diamètres apparents du soleil et de la
ment 12 doigts lune, Hipparque et Ptolémée 505 employaient une dioptre,
(0m,2312) de dia dont Théon d'Alexandrie*06 et Proclus*07 nous ont donné
mètre. Mais, sui des descriptions. Cette dioptre consistait en une alidade
vant Proclus le longue de quatre coudées et munie de deux pinnules pris
météoroscope était matiques, perpendiculaires sur son plan, l'une fixe et percée
Fig. 58». Astrolabe. un astrolabe plus d'un petit trou, l'autre non percée, mais mobile dans une
compliqué qui avait rainure le long de l'alidade. Il fallait pousser le prisme
neuf cercles au lieu de sept. Quoi qu'il en soit, avant plein jusqu'à la distance voulue pour qu'il couvrît exacte ■
de se servir de l'astrolabe, il fallait que le grand méridien ment le diamètre solaire ou lunaire pour l'œil regardant
enveloppant fût fixé verticalement dans le plan du méri par le trou de la pinnule fixe (fig. 585). La distance des
dien du lieu d'observation et dans une position telle que deux pinnules, considérée comme rayon d'un cercle, était
les pôles de le rayon per
l'équateur sur pendiculaire
le colure de sur la corde de
l'astrolabe eus l'arc cherché ,
sent, par rap Fig. 5S5. Dioptre d'Hipparque et de i'toléinee. dont la mesure
port au plan était donnée
horizontal passant par le centre de l'instrument, la même par la trigonométrie. On plaçait la dioptre à plat ou de
position que les pôles de l'équateur céleste par rapport champ, selon qu'on voulait mesurer le diamètre horizon
à l'horizon du lieu d'observation. Ensuite il fallait faire tal ou le diamètre vertical de l'astre. On ignorait que la
tourner l'ensamble des cercles intérieurs suivant l'axe de réfraction astronomique diminue le diamètre vertical.
l'équateur, de telle sorte que le colure des solstices eût D'ailleurs, comme nous le verrons tout à l'heure , les
dans l'instrument, par rapport à son horizon, la même mesures obtenues étaient peu exactes.
position que le colure céleste des solstices sur l'horizon Elles l'étaient encore moins avec la dioptre d'Archi-
du lieu au moment de l'observation, moment donné par mède, où il n'y avait pas de pinnule oculaire, c'est-à-dire
l'horloge hydraulique. Cela posé, les deux cercles qui voisine de l'œil, percée d'un petit trou pour réduire à un
tournaient suivant l'axe de tecliptique, l'un en dedans, point le sommet de l'angle de vision. Après l'observation
l'autre en dehors du colure des solstices, étant amenés faite par l'œil placé seul au bout de la règle, Archimède
chacun dans un plan passant par un astre quelconque, corrigeait l'erreur en cherchant quelle grosseur et quelle
donnaient simultanément, sur la graduation de l'éclip- position devant l'œil il fallait donner à une petite pinnule
tique, les longitudes célestes des deux astres et leur dif cylindrique pour qu'elle cachât exactement à l'œil l'autre
férence de longitude, tandis que le petit cercle intérieur, pinnule, et en calculant ensuite en quel point en arrière
amené en position pour viser chaque astre avec ses pin- les deux tangentes aux deux pinnules devaient se ren
nules, donnait sur la graduation du grand cercle intérieur contrer m. N'osant pas préciser la mesure ainsi obtenue
la latitude céleste de l'astre. Pour le soleil et la lune, pour le diamètre apparent du soleil, il le disait inférieur
la longitude de chacun de ces astres à un moment donné à 32' 56" et supérieur à 27', tandis que Ptolémée l'évaluait
était marquée sur la graduation de l'écliptique par le cercle à 31' 20", ainsi que nous le verrons.
perpendiculaire amené à la position où le bord concave D'autres dioptres plus compliquées et destinées à d'autres
recevait l'ombre du bord convexe tourné vers l'astre. Les usages, par exemple celle d'Héron d'Alexandrie î09, avec
latitudes de la lune étaient données par le passage du ses cercles gradués et tournant sur leur axe ou bien sur
rayon lunaire à travers les trous des deux pinnules du un de leurs diamètres, se prêtaient non-seulement aux
petit cercle intérieur. mesures de distances et d'altitudes terrestres, mais aussi
Dans l'astrolabe de Jean Philopon500, le cercle à pin à la mesure des distances angulaires célestes, comme l'ont
nules est remplacé par une dioptre (oto'::rfa), c'est-à-dire montré cet auteur 510 et son homonyme très-postérieur,
par une alidade (xWjv) munie de pinnules « travers les- Héron de Byzance2".
138 Ocogr. I, 3, g 4. — l»9 Ilypotyp. p. 13" (Halma). — i)e l'astrolabe, I l, t. I, p. 339 (Halma). — *«> Comm. V, 14, p. 202 (Mie). — 107 HypoUjp,
p. 1, ï, 3, 8, etc. — !°l X, 40. — *>i Génération des animaux, V, I. Com p. 109-110 (Halma). - sos Archimède, dans VVallïs, Op. math. t. III,
pare* le Comm. fie Jean Philopon, V, I, fol. 100 û-108 a, Venise, 1526, in-fol. p. 515'M6, et la trad. lat. <lc Wallis, plus fidèle que la trad. franç. de M. Hœfer,
— *03 Th.-H. Martin , Sur quelques instruments d'optique faussement attribué.*: Ilist. de Vastron. p. 18S-189, Paris, 1S73, in-IÏ. — »*» De la dioptre, p. 20-32
aux anciens, 74 pag. gr. in-4 (Extrait du llullettino délie aeienxe mat. e fis. (Vincent). — «W § 32, p. 140-142 (Vincent). — Ml Géodésie, § 11, même volume,
Rome, mai et juin 1871). — **» Ib. p. 5-15. — *» Ftolcmse, Gr. comp. m. V, p. 230-241 (Vincent).
1. 01
AST — 490 — AST
Les observations relatives aux positions de tous les corps deux premières est longue de quatre coudées. L'une d'elles,
célestes ont besoin d'une correction motivée par la réfrac CA, doit être lixée bien verticalement dans le plan du mé
tion astronomique, phénomène optique qui, nul au point ver ridien du lieu. On s'assure de la verticalité au moyen d'un
tical, est à son maximum à l'horizon, et dont l'elfet est de fil à plomb (xaQÉTtov). Sur une face de cette règle et suivant
relever les astres vers le point vertical, et de les faire voir sur sa longueur, mais non tout à fait jusqu'aux deux bouts,
l'horizon lorsqu'ils sont un peu au-dessous. Cléomède*15 est tracée une ligne médiane graduée en 60 parties et en
atteste que ceux qui repoussaient l'explication vraie des fractions de ces parties. Sur la face de la seconde rè
éclipses de lune par l'ombre de la terre opposaient à cette gle, CB, pareille à la première, est tracée semblablcment
explication certaines observations d'éclipsés de lune visibles une ligne médiane de même longueur. A l'extrémité supé
sur l'horizon avantle coucher du soleil. Cléomèdeajoute,,3 rieure de ces deux lignes, les deux règles sont traversées
que certains astronomes rejetaient ces observations comme par un pivot C, qui les attache l'une à l'autre et autour du
impossibles, mais que d'autres astronomes en rendaient quel la seconde règle tourne dans le plan du méridien.
compte par la réfraction (xaT<xxXaoiç ou SiâxXaut; *") qui fai Cette règle tournante porte une pinnule à chaque extré
sait voir les deux astres , tandis qu'ils étaient tous deux' au- mité de sa ligne médiane. La pinnule du bout opposé au
dessous de l'horizon. Ptolémée, dans un de ses derniers ou pivot est percée d'un petit trou par lequel l'observateur
vrages, dans son Optique 215, a constaté la réfraction astrono regarde, et la pinnule voisine du pivot est percée d'un
mique et les corrections qu'elle exige pour les observations trou assez grand pour que l'observateur y voie le disque
célestes. Mais il n'a pas corrigé ses ouvrages astronomiques lunaire tout entier. De plus, la règle verticale et immo
d'après cette remarque, qui a passé inaperçue et qui est bile est traversée, à l'extrémité inférieure de sa ligne mé
restée stérile pour l'astronomie grecque en décadence. diane, par un autre petit pivot A, qui traverse aussi un des
Les observations relatives aux positions du soleil, de bouts de la troisième règle AI*. Celle-ci, étroite et mince, est
la lune et des planètes demandent une autre correction graduée comme la grande règle verticale. Quand la grande
réclamée par la parallaxe géocentriqite, effet de perspective règle tournante CBest bien dirigée vers la lune au méridien,
qui, comme la réfraction astronomique, est à son maxi on fait tourner la petite règle AB sur son petit pivot A, jus
mum quand l'astre est à l'horizon et est nul quand l'astre qu'à ce qu'elle touche la pinnule oculaire, et l'on remarque
est au point vertical. Cette ■parallaxe (^apo&XaÇtç) est la dis le point de contact sur la graduation de la petite règle. En
tance angulaire entre le point du ciel où un observateur suite on fait tourner celle-ci sur son petit pivot de manière
voit un astre, et le point du ciel où le môme astre serait à la reporter sur la règle verticale CA. La comparaison des
vu au môme moment par un observateur placé au centre deux graduations donne, en fonction des divisions de la
de la terre. Pour les étoiles fixes, la parallaxe géocen- grande règle, c'est-à-dire en parties du rayon du cercle,
trique, môme horizontale, est insensible. Celle du soleil la distance entre le pivot de la petite règle et la pinnule
varie de 8", 4 à 8", 7, quantité insensible pour les anciens : oculaire de la grande règle tournante dirigée vers la lune,
Hipparque n'osait pas en fixer la valeur. La parallaxe c'est-à-dire la corde de l'arc qui mesure l'angle au sommet
horizontale de la lune varie de 54' 10" à 59' 40". Aristarque des deux grandes règles, angle égal à la distance angu
de Samos la supposait tout à fait insensible, puisqu'il laire de la lune au point vertical du lieu. Si cette obser
disait 516 que la terre est comme un point mathématique vation de la distance zénithale de la lune à son passage au
p(ar rapport à l'orbite de la lune. Au lieu d'essayer à me méridien est faite à une époque où la longitude de la lune
surer directement cette parallaxe pour en conclure la diffère peu de celle du point solsticial d'été, et si à cette
distance de la terre à la lune, Hipparque essaya de déter môme époque la latitude boréale de la lune atteint à peu
miner cette distance par tâtonnement, pour en conclure près son maximum, on obtient ainsi la mesure approxi
les valeurs des parallaxes lunaires, et il lui sembla que mative de cette latitude maximum et par conséquent de
la supposition d'une distance moyenne de 57 rayons ter l'obliquité de l'orbite lunaire sur l'écliplique.
restres de la lune à la terre lui réussissait pour le calcul Maintenant arrivons aux parallaxes. Les passages de la
rétrospectif des éclipses de soleil observées ,|7. lune au méridien, observés de même avec le même instru
Ptolémée voulant trouver directement la valeur de ment, mais dans des positions diverses par rapport à l'é-
certaines parallaxes de la lune pour en conclure sa dis quateur et à l'écliptique, et par conséquent à diverses hau
lance à la terre, inventa les règles teurs sur l'horizon, donnent, pour les distances angulaires
parallactiques (irapaMax-rixot xavô- de l'astre au point vertical, des valeurs plus ou moins
veç) nommées aussi instrument pa- différentes de celles que le calcul donne d'après la théorie
rallactique (TtocpxMaxTtxôv opYavov). des mouvements lunaires fondée principalement sur des
Cet instrument (fig. 586) est des observations d'éclipsés de lune, phénomènes indépendants
tiné à mesurer les distances an de la parallaxe. Entre les distances zénithales de la lune
gulaires de la lune au point ver données ainsi par l'observation, et ces mêmes distances
tical au moment de ses passages données par le calcul, les différences sont, pour les di
Flg. 586. Règles parallactiques au méridien. 11 consiste en trois verses positions observées, les parallaxes de la lune en
de Ptolémée. règles (xixvove;), deux larges et hauteur sur l'horizon.
épaisses CA et CB, et une étroite et mince AB. Chacune des De ces parallaxes de la lune, ainsi obtenues, Ptolémée'"
Alétéor. II, 6, p. 145-146 (Balte;. Sur ce phénomène, voy. aussi Pline, II, 13, teorie dell' ottica, comm. I, art. 3, et Appendice intorno ail' ottica di Tolomco.
8 10, n° 57, t. I, p. 119 (Sillig). — H, 6, p. 148-1411 (Balte). — »" Le nom grec — *16 J}es grandeurs et des distances du soleil et de la lune îWallis, Op. math.
de la réflexion de la lumière est avà^Aaoi;. Sur le sens de ces trois mots grecs, \ojez t. III, p. 569). Comparez Pappus, Collect. math, tette grec, dans Wallis, /. c. p. 570,
les textes cités par Th.-H. Martin, Sur quelques instruments d'optique faussement et Proclui, Hypotyp. p. 103 (Halma). — =1" Ptolémée, Gr. comp. m. V, 11, t. 1,
attribues aux anciens, i* part, g 3, p. 56-67 [Bulleltino di bibliogr. e di storia p. 326-327 (Halma), et Pappus dans Théon, Comm. V, 11, p. 256-257 (Bile1.
délie scienze mat. e fis. Rome, niai et juin 1871). — *15 Liv. V, trad. lat. inéd. Voyez — «18 Gr. comp. m. V, U, t. I, p. 327-332, et Pappus, /. c. V, 12, p. 257-258.
Dclambrc, Asti-, une. t. II, p. 42i-'»ij, et Vcnturi, Commeutarj sopra la storia e le — «» V, 13, p. 333.
*

AST — 491 — AST


conclut géométriquement le rapport entre le rayon du soleil pour un lieu donné. Seulement ces calculs étaient
globe terrestre et la dislance de la terre à la lune ; il trouve dépourvus de précision et d'exactitude en ce qui concer
ainsi qu'en moyenne, dans les syzygies, cette distance doit nait l'étendue et la durée de l'éclipsé et l'instant de cha
être de 59 rayons terrestres : ce qui approche de la vérité. cune de ses phases. Leurs mesures des diamètres ap
Il ajoute que la plus grande distance ne dépasse jamais parents des deux astres étaient trop inexactes pour servir
64 rayons terrestres et Ensuite il s'agit pour lui de dé à rectifier leurs autres données. Ptolémée 558 ne constatait
terminer la distance de la terre au soleil. Hipparque*50 at aucune variation sensible pour le diamètre apparent du
tribuait à l'arc sous-tendu par le diamètre de la lune une soleil, et il trouvait que le diamètre apparent de la pleine
valeur de jj5 de circonférence, c'est-à-dire de 33' 13" et |, et lune est égal à celui du soleil, quand elle est à son apogée,
au diamètre de l'ombre de la terre une valeur de 2 dia et que par conséquent ce diamètre est plus grand que
mètres et \ de la lune. Ptolémée*" trouve que le diamètre celui du soleil dans toute autre circonstance. Cependant
de la lune dans les syzygies, à l'apogée, où il paraît sous l'astronome grec Sosigène, contemporain de Jules César,
le plus petit angle, sous-tend un arc de 31' et 20", égal, avait remarqué que les éclipses centrales de soleil sont
suivant lui îM, au diamètre apparent, sensiblement inva tantôt totales, tantôt annulaires m : ce qui aurait dû faire
riable, du soleil, et il trouve2" que le diamètre de l'ombre comprendre à Ptolémée que le diamètre apparent de la
de la terre contient deux fois et | ce diamètre de la lune. lune est quelquefois plus petit que celui du soleil.
De ces données sur les distances de la lune à la terre, sur De bonne heure, les Grecs eurent, comme nous, des sphè
les diamètres apparents de la lune et du soleil, et sur les res solides (o-TEpsal otpaïpat M0)
grandeurs de l'ombre de la terre d'après les éclipses de sur la surface convexe des
lune, il croit K* pouvoir conclure géométriquement que, la quelles étaient tracés les prin
distance moyenne de la terre à la lune étant de 59 rayons cipaux cercles célestes , les
terrestres, la distance moyenne de la terre au soleil doit images appliquées aux cons
être de 1,210 rayons : valeur près de 20 fois trop faible! tellations et les étoiles dans ces
Quant à la longueur du rayon terrestre, soit en stades, images. Une pierre gravée an
soit en autres unités de longuour, et quant aux distances tique (fig. 587) *" nous montre
absolues de la terre à la lune et au soleil, Ptolémée ne un astronome prenant des di
s'en est pas occupé dans son grand ouvrage astronomi mensions avec un compas sur
que, où elles n'étaient pas nécessaires, puisque, pour la une sphère de ce genre. Mais,
théorie géométrique des apparences célestes, les propor vers le pôle austral, il devait
tions des distances relatives suffisent. Les évaluations an y avoir une calotte sphérique Fi g. mesures
587. Astronome prenant des
sur uue sphère.
tiques de la circonférence et du rayon de la terre ont été les vide et circonscrite par le
unes beaucoup trop fortes, les autres trop faibles : leurs cercle de perpétuelle occultation du lieu d'observation le
erreurs discordantes étaient très-réelles, et c'est fausse plus méridional. C'étaient ces globes célestes des astro
ment qu'on a voulu les mettre d'accord entre elles et nomes, que certains artistes grecs et romains mettaient
avec la réalité en faisant varier à volonté l'unité de me sur les épaules cI'atlas (fig. 588)î3i,
sure ***. Mais revenons aux parallaxes. personnage mythologique trans
Ayant d'une part les distances de la lune et du soleil formé par les imitateurs d'Evhé-
à la terre en rayons terrestres, d'autre part les variations mère en un astronome inventeur
de ces distances par les mouvements du soleil sur son de la sphère833. Les Grecs et les
excentrique et par les mouvements de la lune sur son Romains avaient aussi, comme
épicycle et de l'épicycle sur son excentrique, Ptolémée *28 nous, des sphères armillaires (xpi-
en conclut, pour chacun des deux astres, pour toutes les xMTal o-cpaïpai iS*) avec ou sans le
distances angulaires de l'astre au point vertical, et pour globe terrestre au centre commun
toutes ses positions dans son orbite, les parallaxes de de toutes ces armilles, représen
hauteur sur l'horizon, et il donne la manière de les dé tations matérielles des cercles
composer en parallaxes de longitude et en parallaxes de idéaux de la sphère ; en outre, on
latitude. Tel est l'objet de ses tables des parallaxes s", savait tracer sur un plan des
tables approximatives pour la lune, mais très-inexactes images de ces sphères avec leurs
pour les petites parallaxes du soleil, qu'elles font beau armilles et avec notre globe pré
coup trop forte?. Cependant, depuis Hipparque, dont Pto sentant surtout sa partie habitée
lémée a suivi les traces, les notions des astronomes grecs et connue des anciens"5. Mais, de
suffisaient pour leur permettre, grâce à la compensation plus, d'après les témoignages de Fig. 588. Atlas portant le globe
mutuelle de certaines erreurs, de calculer d'avance, non- Cicéron et d'autres auteurs grecs céleste.
seulement les éclipses de lune, mais aussi les éclipses de et romains s55, Archimède avait construit une sphère méca-

"0 Dans Ptolémée, V, 8, p. 265. — *»' V, I*, p. 343, et V, 15, p. 345. — »V, la sphère céleste d'Astraeus et l'usage astrologique que ce dieu en fait dans les
14, p. 339-340.— V, 14, p. 343. — V, 15-16. — «6Th.-H. Martin, Examen d'un Dionysiaques de Nonnus, VI, 6-1-85. — *32 Museo Borbonico, t. V, pl. lu ; cf. Clarac,
mémoire posthume de M. Letronne, etc. (138 pag.in-8, extraites de la Bévue archéol. Musée de sculpt., pl. 193, n. 1999 A. — «33 Diodore de S. III, 60. et IV, 27 ; Pau-
XI" année, Paris, 1854). — M» Gr. eomp. m. V, 16-18.— *« Gr. camp. m. V, 17, t. I, sanias, IX, 20, § 3 ; Cicéron, Tusc. V, 3 ; Vitruve, VI, 7 (10), p. 166 (Schneider); Pliuc,
p. 358-359 (Halma). — ««V, 14, p. 339-340. Coraparel Cléomède, II, 1, p. 99-100 II, 8, s. 6, n» 31, 1. 1, p. 111, et VII, 56, s. 57, n« 203; t. II, p. 204 (Sillig), etc.—
iBake). — 239 Dana Proclus, Hypotyp. p. 111 (Halma). Voyez aussi Simplicius, Du zsv ptolémée, Géoqr. VU, 6, t. II, p. 181-18$, éd. Nobbe (Leipzig, Tauchnilz, 1845,
ciel, 11,12, p. 225 6; 1. 40,2i6a, l. 28 (Karsten).— 330 Ptolémée. Gr. corn. m. VIII, 3. in-18), et Varron dans A. Gellius, N. att. III, 10, § 3.-335 ptolémée, Géogr. VII, 6.
Le premier essai, bien imparfait sans doute, d'une sphère céleste de ce genre, remon Comp. I, 22-24. — •» Cicéron, Bép. 1, 14 ; Tusc. 1, 25 ; Nat. deor. II, 34-35 ; Ovide,
terait jusqu'à Anaximandre d'après certaines traditions antiques. V. Schieck, Die Fastes, VI, 270-280 ; Claudien, Fpiar. XIII, XVII 1) ; Martianus Capella, VI, 583-583,
Himmelsgloben des Anaximander und Archimedes, I™ partie, Hanau, 1843. — p. 491-493 (Kopp) ; Plutarque, Marceltus, ch. zix ; Sextus Emp. Contre les sciences, IX,
131 C.-W. Ring, Antique Gems and Rings, Lond. 18:2, pl. xxxviu, 5. Comparez 115, p. 577-578 (Fabricius) ; Lactancc, Dw. tttft.il, 5, t. I, p. 132 (Lebrun et Lenglct-
AST — 492 — AST
»iywe((Ai)/avixT| irs3îpa),qui représentait simultanément, di- | le font connaître, était une sorte de planisphère sur le
sait-on, tous les mouvements célestes, tels qu'ils s'opèrent quel on traçait toutes les lignes nécessaires pour les ca
dans le ciel même, avec les mômes rapports entre les du drans solaires. Le mot àvâXïi^a, analemma, qui, comme
rées des révolutions, et qui, par suite, reproduisait fidèle terme d'architecture, signifie substruction ou base, a sans
ment les éclipses et les autres phénomènes célestes dans doute désigné d'abord la base horizontale qui portait le
leur ordre de succession. D'après les mêmes témoignages, style vertical (yvioixwv) et sur laquelle les lignes du cadran
Archimède avait construit aussi une sphère pleine, comme étaient tracées [iiorologium].
celles dont nous avons parlé. Les deux sphères d'Archi- VII. Observations empruntées par les Grecs. — Nous avons
mède avaient été apportées à Home par Marcel lus, qui décrit les principaux instruments employés par les astro
avait gardé pour lui et laissé à ses héritiers la sphère mé nomes grecs; voyons maintenant quel parti ils ont tiré
canique, conservée longtemps à Rome, où elle fut imitée de leurs observations et de celles qu'ils avaient emprun
par le savant stoïcien grec Posidonius et sans doute par tées. Nous avons dit que les Égyptiens et les Rabyloniens
d'autres. Le témoignage d'Ovide, comparé à ceux de leur avaient livré certains résultats de longues observa
Glaudien et de Martianus Capella, paraît prouver que tions, par exemple une estimation approchée de la durée
c'était un globe creux en verre, sur lequel sans doute les de l'année tropique. Mais les observations mêmes de ces
principaux cercles de la sphère céleste étaient tracés, les deux peuples auraient été plus importantes pour le pro
principales étoiles étaient marquées à leurs places par de grès de la science. En effet, des observations, même peu
petits disques, et les figures des constellations étaient des exactes, mais très-anciennes, pourvu qu'elles soient bien
sinées au trait seulement, de sorte que du dehors, à tra authentiques et datées avec quelque précision dans une
vers le verre, on voyait dans l'intérieur la terre immobile chronologie connue, sont très-précieuses pour la déter
au centre, où sans doute une tige métallique la soutenait, mination des mouvements moyens des corps célestes,
puis la lune, Mercure, Vénus, le soleil, Mars, Jupiter et parce que l'erreur sur l'instant précis du phénomène pé
Saturne, avec des supports mobiles dont il est difficile de riodique se divise par le nombre des révolutions accom
deviner le mécanisme. Cicéron nous indique qu'on mettait plies depuis cet instant. D'antiques observations étran
cet appareil en mouvement, quand on voulait. Sans doute, gères auraient été spécialement utiles aux astronomes
quand une fois il avait été mis en marche, une révolution grecs alexandrins, dont les observations personnelles re
diurne de la sphère de verre étoilée s'accomplissait en montaient si peu haut. Il faut donc que les antiques ob
quelques minutes au lieu d'un jour, et des engrenages servations égyptiennes, par exemple leurs observations
produisaient, avec des vitesses proportionnelles aux vi planétaires, dont l'existence et la conservation sont men
tesses moyennes vraies, les révolutions propres et obli tionnées par Aristote,M, et leurs observations d'éclipses
quement contraires des sept planètes. Théon de Smyrnc de soleil, recueillies par l'astronome grec Conon'*8, ne
parle de ces engrenages des sphères mécaniques, sans leur aient pas présenté les conditions voulues de précision
doute d'après le traité qu'Archimède avait écrit sur la et de dates certaines, puisqu'ils n'en ont employé aucune.
construction de ces sphères "7. Mais, pour faire arriver Ce fait s'explique par les incertitudes de la chronologie
a propos les éclipses, phénomènes qui dépendent essen des Égyptiens et par leur manière très-peu sûre de dater
tiellement de l'anomalie du soleil, de la première ano en années des règnes. Pour les Chaldéens de la Rabylonie,
malie de la lune et de la révolution des nœuds de l'orbite les éclipses de soleil étaient des prodiges funestes, que
lunaire, et pour produire à propos les stations et les ré leurs astrologues avaient la vaine prétention de prédire
trogradations des planètes, il aurait fallu des complica par l'influence des positions des cinq planètes"'; mais
tions mécaniques qui paraissent impossibles. L'admiration leurs astronomes avouaient qu'ils ne pouvaient pas les
peu savante des Romains a sans doute ajouté beaucoup au prédire ,ks : ils les notaient sans doute sans exactitude et
mérite de cette œuvre d'Archimède, qui devait être plus sans dates précises. Les Grecs n'en ont employé aucune.
curieuse qu'utile. Les éclipses de lune, étant indépendantes de la parallaxe,
Les Grecs connaissaient l'usage des planisphères tant cé étaient bien plus faciles à utiliser. Hipparque a tiré grand
lestes que terrestres"*. Les planisphères célestes étaient parti d'observations babyloniennes peu précises d'éclipses
des projections d'une sphère étoilée, divisée en deux hé de lune. Ptolémée nous a conservé dix de ces observa-
misphères, de ses cercles et de ses constellations, sur un lions chaldéennes employées par Hipparque : toutes sont
plan. Les principes d'Hipparque pour le tracé des plani postérieures au commencement de l'ère de Nabonassar,
sphères sont reproduits par Ptolémée dans son ouvrage c'est-à-dire à l'an 747 av. J.-C. Telles sont les seules ob
intitule "Attaioo-c; Iiriepavet'aç açaipaç èv îtatzIZm {Déploiement de servations qui nous restent des Chaldéens. Trois obser
la surface de la sphère sur un plan) , ouvrage dont il ne nous vations de positions de planètes par rapport à des étoiles
est parvenu qu'une traduction latine faite sur une traduc fixes, observations appartenant à l'époque des Séleucides
tion arabe*39. Il ne nous reste.de même, qu'une traduction et datées par Ptolémée dans une ère chaldéo-macédo-
latine du traité de Ptolémée sur VAnalemme (AvàXvjjiaot, nienne, ont probablement été faites par des astronomes
Analemmam). UAnalemme, tel que Ptolémée et Vitruve"1 grecs ; du moins, rien ne prouve qu'elles aient été faites

Dufr. in-t); Julius Firmieus, Muthesro.s, lib. V (al. VI), loi. nxvti v°, col. 2, Venise, Planisphaerium, éd. Commandini, Venise, Aide, 1558, petit in-t. Pour les plani
1497, in-ful. ; Cassiodore, Var. ep. I, 45. Comparez Scbieck, Die Bimmelsgloben des sphères célestes, outre cet ouvrage de Ptolémée, voyez Synesius, à Paeonius sur un
Archimedrs, 2* partie, Hanau, 1816, in-t. — 137 Théon de Siuyrnc (Aslron. eh. nu, don (don d'un planisphère d'argeut), OKuvres, p. 310-312, éd. Pélau, Paris, 1612,
fin, p. 280), parlant des sphères mécaniques de ce genre, mentionne leurs roues in-fol. et Jean Philo|wjn, De l'astrolabe, éd. Hase, Bonn, 183!', in-8. L'astrolabe île
dentées et leurs engrenages. Carpus d'Antioche dans Pappus (Collrrt. math. VIII, Jean Philopon comprend une dioplrc et un planisphère. — 240 Cl. Ptolemaei Liber
p. 448, Bologne, 1660, in-fol.)dit que le seul écrit d'.A rehimède sur la mécanique esl de analemmate, éd. Commandini, Rome, 1562, petit in-4. — z*1 IX, 7 (8), t. I,
son traité tltfi ssaip-.isovt'aç. Théon de Smyrne, sans nommer Arehiiuèdc, semble faire p. 256-258 (Schneider). — 5»i Du ciel. 11, 12, p. 292 a, 1. 3-9, Berlin.
allusion au titre de ce traité par l'expression tv t«ï< /i/ovoffeaipo-ot'ai;. — 239 Sur les — »S Sénéquc, Nat. quaest. Vil, 3. — îk* Diodore de S. Il, 30. — «5 Diodorc
planisphères terrestres, voy. ptolémée, Géogr. 1, 21 et 24, et VII, 7. — Piulemaei de S. II, 31.
AST — 493 — AST
par des Chaldéens. Cependant, sur la foi d'un faux texte sables pour le calcul des éclipses de soleil visibles en un
de Simplicius, pris dans une traduction grecque d'une lieu donné **. Liée à un fait historique et calculée rétro
traduction latine infidèle de son commentaire sur le traité spectivement par la science moderne, l'éclipsé de Thalès
Du ciel d'Aristote**6, on a répété jusqu'en ces derniers est utile pour la chronologie. Mais, n'étant pas datée d'une
temps que Callisthène avait envoyé à Aristote un recueil manière exacte et précise par les auteurs anciens, elle n'a
d'observations babyloniennes continuées pendant les dix- pas pu servir aux progrès de l'astronomie.
neuf siècles antérieurs. Mais, au lieu de dix-neuf siècles, VIII. Astronomie stellaire et précession des équinoxesisl. —
le texte authentique de Simplicius *" donne 1444000 ans, Malgré la doctrine d'Aristote et de Platon sur l'immuta
et c'est là une des nombreuses fables propagées chez les bilité absolue des étoiles fixes et de leur sphère supérieure
Grecs et chez les Romains par les astrologues, qui ap à celle des planètes, Hipparque avait constaté l'apparition
puyaient ainsi leur fausse science sur une expérience d'une étoile nouvelle s57, et cette découverte l'avait engagé
prétendue de plusieurs milliers de siècles"8. à dresser un catalogue plus étendu et plus fidèle que ceux
Dans un pays où personne ne sait calculer astronomi- d'Eudoxe et de ses autres devanciers, catalogue qui com
quement les éclipses de lune.il suffit d'avoir noté pendant prenait non-seulement toutes les étoiles fixes bien visibles,
quelques siècles ces éclipses et d'en avoir comparé les in mais aussi 258 les nébuleuses (veçéXcti, veseXoEiSsii; owrpoaaî), et
tervalles en mois lunaires, pour y remarquer une certaine la voie lactée (yaXaijfa; xuxXoç, ou simplement yctl<x, lacteus
périodicité. C'est ainsi qu'empiriquement les Babyloniens orbis ou circulus, lactea via), sur laquelle les philosophes
avaient reconnu que les éclipses de lune sont ramenées dans de l'école d'Ionie avaient émis les hypothèses les plus bi
le môme ordre et aux mêmes intervalles par une période zarres, mais que déjàDémocrite *59 avait considérée comme
de 223 lunaisons *'*, et c'est ainsi que leurs astronomes un amas d'étoiles, tandis qu'Aristote !60 la plaçait près de
pouvaient les prédire à peu près, sans en connaître la cause. la terre, parmi les météores aériens, avec les comètes.
En effet, ils ignoraient cette cause, puisqu'ils croyaient que Ptolémée 861 nous a donné de ce catalogue d'Hipparque
la lumière de la lune est une lumière propre à un de ses deux une édition dans laquelle il assigne, comme lui, aux étoiles
hémisphères, et puisqu'ils expliquaient ses phases par une leurs longitudes et leurs latitudes, telles qu'il dit les avoir
rotation en vertu de laquelle elle nous présenterait peu à trouvées pour son temps : il y décrit la voie lactée, ses
peu et tour à tour sa face lumineuse et sa face obscure850. sinuosités et ses embranchements, avec leurs positions par
Au contraire, impuissants à prédire réellement les éclipses rapport aux étoiles qui en sont voisines ou qui s'y trouvent
de soleil, ils en comprenaient la cause, plus facile à deviner. comprises. Ce catalogue de Ptolémée est plus précieux
Il en était de même du philosophe grec Thalès de Milet : pour nous que méritoire pour lui ; car M. Biot*62 a montré
divers témoignages *" nous assurent qu'il connaissait la que Ptolémée n'a fait qu'ajouter une quantité constante
cause physique des éclipses de soleil. Voyant la frayeur et trop faible aux longitudes d'étoiles d'Hipparque.
qu'elles causaient à ses concitoyens, il leur expliqua que, Des procédés, même peu exacts, employés à l'obser
produites par le passage de la lune entre nous et le disque vation des étoiles fixes par une suite d'astronomes pen
solaire, elles étaient un phénomène naturel et régulier, dant un petit nombre de siècles, suffisent pour montrer
qu'il n'était pas impossible de prévoir. 11 ajouta même qu'en gardant les mêmes positions réciproques elles chan
qu'ils verraient une éclipse de soleil avant un certain nom gent toutes ensemble et continuellement de positions par
bre etannées, et une éclipse de soleil survint dans une cir rapport au pôle et à l'équateur célestes, et que le résultat
constance mémorable, en l'année qu'il avait fixée comme de ce changement est un accroissement continu de leurs
limite. Voilà ce qui nous est attesté par les auteurs les longitudes. Les Égyptiens et les Orientaux n'auraient pas
plus anciens et les plus dignes de foiss*. D'autres*33 disent pu manquer de s'en apercevoir, s'ils avaient eu avant les
vaguement que Thalès avait prédit cette éclipse, mais Grecs une astronomie savante. Or, cette notion de la pré
sans ajouter qu'il en eût annoncé le jour et l'heure. Quel cession des équinoxes leur a fait complètement défaut. Il
ques-uns disent !S* d'une manière générale qu'il savait n'est donc pas étonnant qu'après avoir passé quelques
prédire les éclipses. Ces traditions postérieures offrent une années dans l'intimité des prêtres égyptiens, Eudoxe ait
altération du récit primitif, d'après lequel Thalès avait publié, sur les positions des étoiles, tant d'erreurs discor
énoncé une prévision très-vague, heureusement confirmée dantes m. Après que la précession a été découverte et dé
par l'événement. Ce récit primitif est le seul vrai et le seul montrée par des astronomes grecs, le savant Proclus, pro
qui énonce un fait possible ; car, à l'époque de Thalès, fondément initié à la science grecque et aux doctrines
aucun peuple ne possédait les connaissances indispen- orientales, rejette pourtant la précession **, parce que, dit-
**& Simplicius, Du ciel,!, fol. 27 a, 1. 31, Venise, 1526; in-fol. édition aldine faite sur p. 109 E (Goar), etc. — «5* Diogcnc de L. I, 23 ; Jean de Lydie, Prodiges, ch. ix,
un manuscrit du teite apocryphe. Cette erreur et le texte véritable ont été signalés par p. 15, éd. Vv'ach.-mutb, Leipiig, 1863, in-12; saint Augustin, Cio. D. VHI, 2. —
Am. Peyron, Empedoclis et Parmenidii fragmenta, Leipzig, 1810, in-8. Des extraits '55 Th.-H. Martin, Études sur le Tintée, t. II, p. 109, Paris, 1841, in-8, et Sur
du texte authentique ont été publiés par Brandis, Scholta in Aristotelem, OEuvres quelques prédictions d'éelipses mentionnées par des auteurs anciens {Revue archéol.
d'Aristote, t. IV, Berlin, 1836, in-4. Le Commentaire entier a été publié pour la 1S64), et M. Cornewall Lewis, ffistorical Survey of the astronomy of the ancients,
première fois par M. Karsten, Utrecht, 1865, in-4. — **7 Comm. in Aristot. tibr. de Londres, 1862, in-8. — «56 ptolémée, Gr. comp. m. VU-VIII. — *51 Pline, II, 26,
corlo, II, 12, p. 226 4, 1. 21-30 (Karsten), ou bien Srhol. in Aristot. p. 503 a, s. 24, n° 95, t. I, p. 135 (Sillig). — «s ptolémée, Gr. comp. m. de VII, 4, à VIII,
I. 26-29 (Brandis). — Th.-H. Martin, Mém. Sur les obs. envoyées, dit-on, de Iia- 2, t. II, p. 28-92 (Haltua). — *59 Stobée, Ecl. ph. I, 28, t. I, p. 574 (Heercn), et
byîone en Grèce par Callisthène {Ac. d. inscr. tac. étr. t. VI, 2« partie, 1863). — Macrobe, In sornn. Scip. 1, 15, § 6, t. I, p. 87 (Janus). Comparez Manilius, Astr. I,
M9 Diodore de S. II, 31 ; Pline, II, 10, s. 13, n» 56, t. I, p. 119 (Sillig). - *>° Bérosr 753-755, et Achillès Tatius, ch. xxiv, p. 147 B (Pétau, Uranol. 1630). Cependant
dans Cléomcde, II, '., p. 122 (Bake), et dans Vitrine, IX, 2 (4), t. I, p. 247 (Schneider). Aristote ( Météor. I, 8, g 4) attribue à Démocrite une opinion différente.
— 251 Eudémc de Rhodes, dans Théon de Srayrne, Astr. ch. il, p. 334 (Martin) ; — t60 Météor. I, 8, p. 345-346, Berlin. Compare! I, 6. — »«I Gr. comp. m.
Anatolius dans Fabricius, Bibliotlt. gr. anc. éd. t. II, p. 277 ; Simplicius, Catég. de VII, 2, à VIII, 2. — Ki Sur le catalogue d'étoiles de Ptolémée [Journal
fol. 48 a, Bàle, 1551, in-fol.; Cicéron, llêp. I, 16, etc. — «5i Hérodote, I, 74, et des suv. 1S47). — '65 Ideler, Ueber Eudoxus (Acad. d. se. de Berlin, 1828-1831),
Eudcme de Rhodes, historien de l'astronomie, dont le récit était conforme à celui et Letronne, Mém. sur Eudoxe (Journ. d. sav. 1840-41). — 26* Ilypotyp. p. 69-"o,
d'Hérodote, suivant Clément d'Al. Strorn. 1, p. 302 A, Paris, 1641, in-fol. — «M Pline, éd. Halma, où la traduction est mauvaise (comparez p. 87-88, p. 113, 1. 1-6, p. US,
II, 12, s. 9, § 53, t. I, p. 118 (Sillig) ; Thcmistius, Discours XXVI, p. 317 11, Paris, 1. 11-14, p. 150, I. 1-17), et Sur le Tintée, p. 671-672, éd. Schneider (comparez
1024, in-fol.; Eusébe, Citron, trad. armén. p. 192-195 (Aucher); le Syncellc, Citron. p. 677).
AST — 494 - AST
il, les Chaldéens et les Égyptiens, instruits d'abord par les nomes arabes'71 ; mais ce sont quelques astronomes arabes
dieux et ensuite par des observations astrologiques et as qui, les premiers depuis Hipparque, ont amélioré la me
tronomiques continuées pendant des milliers de siècles, sure de la précession.
n'auraient pas pu manquer de connaître la précession, si IX. Astronomie solaire"3. — Ptolémée*" nous apprend
elle avait été réelle863. Hipparque, qui l'ignorait encore lors qu'Hipparque hésitait sur la durée précise de Vannée sidé
qu'il écrivait son commentaire sur les Phénomènes d'Aratus rale, marquée par le retour du soleil à la longitude d'une
et d'Eudoxe, n'a trouvé pour la découvrir, et n'a employé même étoile fixe, et sur la durée précise de l'année tropique,
pour la démontrer, que des observations grecques dont il marquée par le retour du soleil à un môme point équi-
regrettait l'insuffisance et le peu d'ancienneté s66. Ignorant noxial ou solsticial, et qu'il avait même quelques doutes
la rotation de la terre et considérant comme réel le mou sur la constance de cette dernière durée ; mais qu'ayant
vement diurne apparent des étoiles fixes autour de la terre, reconnu la fausseté de l'année tropique de 365 jours
ce grand astronome ne pouvait pas comprendre que la il estimait approximativement cette année à 365 jours,
précession est l'effet d'une révolution lente de l'axe ter 5 heures, 55 minutes et 12 secondes, et l'année sidérale
restre autour des pôles de l'écliptique. Cependant, du pre à 365 jours, 6 heures, 14 minutes et 12 secondes. Depuis
mier coup, il a vu que ce mouvement s'opère autour des Hipparque, cette double estimation ne fit aucun progrès,
pôles de l'écliptique et non de l'équateur. De plus, il a et celle de l'année tropique n'entra nullement dans l'année
compris que ce mouvement lent n'appartient pas aux civile des Grecs et des Romains. L'année de 365 jours
étoiles. Aussi son ouvrage sur ce sujet était intitulé : Bu vraie seulement comme année caniculaire de Memphis,
déplacement des points tropicaux et équinoxiaux 867 . Par suite mais considérée à tort en môme temps par les Égyptiens
de ce déplacement (|MTcncT(»>r7iç) , l'époque des équinoxes comme année tropique, fut acceptée comme telle par les
arrive plus tôt, et tel est le sens de l'expression moderne Grecs en général : ce fut elle qui fut introduite à Rome
de pi-écession des équinoxes. Les anciens, qui n'employaient sous Jules César par l'astronome grecSosigène, et que les
pas cette expression, n'auraient pas pu accepter celle de Romains, maîtres de l'Égypte, substituèrent, comme an
rétrogradation des points équinoxiaux. En elfet, pour eux, née fixe alexandrine, à l'année vague égyptienne de
le premier mouvement, auquel ils comparaient tous les 335 jours, qui était auparavant l'année civile des Égyp
autres mouvements célestes, était le mouvement diurne tiens [calendamum].
du ciel entier et de tous les astres autour de la terre. Ce Hipparque avait remarqué l'inégalité constante(àvo)uaXt'a)
mouvement -d'orient en occident était donc pour eux le du mouvement annuel du soleil, d'occident en orient,
mouvement en avant, le mouvement vers les constellations dans les diverses parties de son orbite : il avait trouvé que
zodiacales qui précèdent, et; t& TpoT)Youu.eva (twv ÇuSlcov), in de l'équinoxe du printemps au solstice d'été il y avait
antecedentia signa; tandis que le mouvement d'occident en 94 jours Y„ du solstice d'été à l'équinoxe d'automne,
orient était pour eux le mouvement en arrière, le mouve 92 jours Y„ de l'équinoxe d'automne au solstice d'hiver,
ment vei's les constellations zodiacales qui suivent, de, tù Ito- 88 jours et '/„ et du solstice d'hiver à l'équinoxe de prin
jxeva, in sequentia signa. Hipparque affirma donc le mou temps, 90 jours et V8 87\ De là il avait tiré la mesure de
vement des points équinoxiaux et solsticiaux en avant, l'excentricité de l'orbite solaire par rapport à la terre, dans
et; ■zk 7tpor,Yoûu.Eva, c'est-à-dire vers l'occident. Après lui, l'hypothèse du mouvement circulaire et uniforme "".Dans
pour les astronomes qui, comme Ptolémée268, attribuèrent cette hypothèse, pour le soleil comme pour la lune et les
ce mouvement aux étoiles, elles allaient lentement en ar planètes, l'excentrique avait, aux deux extrémités d'un
rière, rfç tà ÉTOfiEva, c'est-à-dire vers l'orient, par rapport même diamètre, d'une part son périgée (r.zpiytiov), point le
aux points équinoxiaux et solsticiaux supposés immobiles. plus rapproché de la terre et où les vitesses apparentes
N'osant pas assigner la mesure de ce mouvement lent de l'astre vu de la terre atteignaient leur maximum, d'au
d'après des observations trop peu anciennes et trop peu tre part, son apogée (ànôyziov) , point le plus éloigné de la
sûres, Hipparque se contenta prudemment de dire que ce terre et où les vitesses apparentes étaient à leur minimum.
mouvement est au moins d'un degré par siècle. Trois siècles A égale distance du périgée et de l'apogée, il y avait sur
après lui, Ptolémée prétendit"9 avoir trouvé l'étoile de l'Épi l'excentrique les deux points des vitesses moyennes (pigai
de la Vierge et toutes les autres étoiles à 3 degrés de lon opo'jMi 876). Pline, à l'exemple des astrologues grecs, nom
gitude des positions fixées assez exactement par Hipparque mait otyïSeç, ubsides, les orbites des planètes 877, et appelait
pour son temps, tandis que l'accroissement de longitude l'apogée de l'excentrique absis summa ou altissima a ten-a,
avait été de plus de 4° 11'. Geminus, Théon de Smyrne et point le plus haut de l'orbite « partir de la terre, et le pé
Cléomède ont gardé le silence sur la précession. La plu rigée absis humillima ou proxuma a terra, point de l'orbite le
part des astronomes et des astrologues grecs et romains plus bas ou le plus rapproché à partir de la terre™. Quant
firent de môme, ou bien, comme Proclus, nièrent la pré à l'apogée et au périgée de l'épicycle de chaque astre, il
cession pour la plus grande gloire des Égyptiens et des les nommait de même, sauf la substitution des mots a suo
Ghaldéens, qui l'avaient ignorée. Quelques astrologues centra aux mots a terra 57S. Mais le soleil n'avait pas d'épi-
grecs 870 prirent un moyen terme : ils acceptèrent la pré- cycle. Du reste, Pline se trompait sur les positions, inva
cession, mais en la faisant oscillatoire dans un arc plus riables suivant lui, des périgées et des apogées. Cependant
ou moins restreint. Avec l'astrologie grecque, cette hy la trace de ces locutions de Pline et des astrologues an
pothèse a passé dans l'Inde et de là chez certains astro- ciens s'est conservée dans les expressions modernes ligne
Th.-H. Martin, ta précession d?s équinoxes a-t-elle été connue, etc.. avant Martin, Mém. sur la précession, ch. iv-vi. — 271 Ptolémée, Gr. comp. m. III. — 2"3 Gr.
Hipparque? [Ac. des inscr. Sav. élr. t. VIII, 1'= partie, 1869) *66 ptolémée, Gr. comp. m. III, 2. — *?* Ptolémée, Gr. comp. m. 111, \ ; Geminus, ch. I, p. 3 (Pélau,
comp. m. III, 2, et VII, 1-3. — »> Ptolémée, Gr. comp. m. VII, 2, p. 10, et VII, 3, Vranol. 1«30); Théon de Smyrne, Astr. eh. kti, p. 118-210 (Martin), et Pline, XVIII,
p. 15 (Halma). — ««• VII, 2-3. — «» VII, 2 et 3. — «OVoyei Proclus, Hypotyp. p. 88 25, s. 57, n» 220, t. IIÏ, p. 193 (Sillig). — Ptolémée, III, 4. — «« Id., V,2, t. %
illalma], et Théon d'Al. Cotnm. s. les tables manuelles, lr« partie, p. 53 (Halma). p. 2S7 (Halma). — »" II, 15, s. 13, n°- 03-65, t. I, p. 122 ; II, 17, s. 14, n" 72, p. 125
Théon, au iv« siècle de notre êrc, cite ces astrologues comme anciens. — 271 Th. -H. et 11,18, s. 16,n°79,p. 127 (Sillig).— 11,16. s. 13, n° 64, p. 122. — «79/6. n° 6ï
AST — 495 — AST
des absides, c'est-à-dire ligne du périgée à l'apogée ou du faisaient une si fausse idée, l'année anomalistique se
périhélie à l'aphélie, et révolution des absides, c'est-à-dire nommait temps de la restitution d'anomalie du soleil (vjXi'ou
révolution de l'apogée ou du périhélie. Mais revenons oVrcoxotTao-TaTixà; /pôvo; xîjçàvojuiaXîa^.ou bien de sa profondeur
à Hipparque. Il avait calculé assez exactement que de son (toù SâOouç), c'est-à-dire de sa moindre distance à la terre.
temps l'apogée (à-xâytiQv] du soleil, c'est-à-dire le point de Enfin, pour ces mêmes auteurs, leur année dracontique
son orbite supposée où il est le plus loin de la terre *8°, imaginaire se nommait temps de la restitution de latitude du
devait être en 5° '/s de la dodécatémorie ai des Gémeaux, par soleil (-rjXi'ou dmoxaTaffTaTixô; J^pôvoç toti irXotTOu;).
conséquent à 24° 7, à l'ouest du point solsticial d'été Ki, X. Astronomie lunaire**1. — Les expressions correspon
c'est-à-dire à 65° 7, de longitude céleste. Trois siècles dantes à celles là se retrouvaient, pour tous les astro
plus tard, Ptolémée*8' affirma l'immobilité complète de nomes, dans les théories de la lune et des cinq planètes.
l'apogée solaire, qu'il prétendit retrouver par ses obser Abstraction faite de la division de l'année civile en mois
vations* et ses calculs à la longitude marquée par Hip lunaires chez les Grecs et solaires chez les Romains, les
parque, tandis que la longitude de l'apogée s'était accrue astronomes anciens, dans la théorie de la lune, donnaient
de 5°, savoir : de 4° environ par le déplacement des points le nom de mois ([«yv, mensis) sans épithète ou seulement
équinoxiaux, et de 1° par le mouvement propre de l'apo avec celle de lunaire (oEX^vtaxôç, lunaris) à notre mois s//-
gée. Par une erreur bien plus grave en sens contraire, nodique, qu'ils définissaient, temps de restitution de longi
Théon de Smyrne m, qui ignore la précession, attribue tude, ou temps périodique, de la lune par rapport au soleil
à l'apogée solaire, d'occident en orient, un mouvement làiroxaTadTaTixôç ypôvoç fji7)xou<;, ou bien TKpiooixô; ypôvoç, cte-
d'une vitesse 75 fois plus forte : Vannée anomalistique, Xi^v7){ Tipo; tôv TjXtov). Ils ne donnaient le nom de mois à
marquée par le retour du soleil au périgée ou à l'apogée, aucune autre période lunaire. Notre mois périodique était
serait, suivant lui, de 365 jours1/,, de sorte que, l'année pour eux le temps de la ?-estitution de longitude, ou temps
tropique étant supposée par lui de 365 jours le retour périodique de la lune, sans autre indication. Quant à la
de l'apogée à la longitude d'une même étoile se ferait en distinction entre le mois lunaire tropique, qui était le leur,
1460 ans environ à raison de 14' 47" de degré par an, tandis et le mois lunaire sidéral, plus long d'un peu plus de six
que ce retour s'opère en 109830 ans à raison de 11", 8 de secondes de temps en réalité, mais de quatre secondes
degré de mouvement propre de l'apogée par an. Enfin, seulement d'après Ptolémée, qui faisait la précession trop
rappelons-nous 5,5 que, suivant Eudoxc, Gallippe, Aristote, faible, cette distinction était négligée par eux. Mais, sa
Adraste et Martianus Gapella, l'orbite solaire était in chant que l'apogée lunaire est mobile, ils connaissaient le
clinée de Yi degré sur l'écliptique. Adraste et Théon de mois anomalistique, temps du» retour à l'apogée, sous le
Smyrne*86 attribuaient aux nœuds de cette orbite sur l'é nom de temps de la ?'estitution d'anomalie de la lune (xrco-
cliptique un mouvement d'orient en occident, de sorte que xaTaffTOCTixô; ypdvo; àvtojxaXi'aç t»]ç; seXt^t);). Ils savaient que
l'année qu'on pourrait appeler dracontique, c'est-à-dire l'orbite de la lune coupe l'écliptique en deux points nom
l'année marquée par le retour du soleil au môme nœud, més nœuds (o-uvoeo-iaoi'), l'un ascendant (àv^êiêâÇwv), par lequel
était, suivant eux, plus courte de de jour que l'année la lune monte au nord de ce cercle, et l'autre descendant
tropique : ce qui supposait une durée de 2926 ans pour la (xaTaStêâÇcov), par lequel elle revient au sud du même cer
révolution prétendue des nœuds de l'orbite solaire. Mais, cle *88. Pline*89 nomme les nœuds points de jonction des
dans l'antiquité, les vrais astronomes sont restés étran orbites, absidum commissurae. Les anciens savaient aussi
gers à ces erreurs. Revenons à eux, pour faire connaître que les nœuds se meuvent sur l'écliptique, et ils con
leurs expressions, auxquelles nous avons substitué d'a naissaient le mois dracontique, temps du retour de la lune
bord, pour plus de clarté, nos expressions modernes. à un môme nœud, sous le nom de temps de restitution de
Dans leurs théories des mouvements circulaires cé latitude de la lune (dmoxaTao-TaTixô; ^povoç uXâ-ouç TÎjç o-eXjjvt);).
lestes, leur expression pour le retour en un même point Suivant la remarque de Ptolémée 590, chaque éclipse de
de la circonférence parcourue en entier était restitution ou lune constate, sans complications de parallaxes, un retour
rétablissement en un même point ((sbroxaTotïTaui;, restitutio), de la lune à 180° de longitude du soleil et à une latitude
et la durée du parcours de la circonférence jusqu'au point à peu près nulle. Or, la période chaldéenne de 223 lunai
de départ était nommée par eux temps de restitution (àitc- sons ramène sensiblement les mêmes éclipses dans le
xaTaaTotTixoç xp°voç> restitutionis tempus). Quelle que fût môme ordre et aux mômes intervalles*91. Des mathéma
l'année civile, les astronomes ne donnaient le nom d'an ticiens grecs nommés anciens non-seulement par Ptolé
née, èvtaurô;, annus, qu'à l'année tropique, qui était la res mée !9i, mais déjà par Geminus *93, s'étaient approprié cette
titution de longitude (plxou; àTroxaTotuTaffi;) du soleil, et la période, à laquelle ils donnaient le nom de temps périodi
durée de cette restitution était seule appelée temps annuel que, c'est-à-dire de période lunaire par excellence m. Elle
du soleil (ivmô<7io; y)Xi'ou "/.pôvo;). Quant à l'année sidérale, on n'était pas considérée comme exactement solaire en môme
ne la nommait que la restitution du soleil par rapport aux temps, puisqu'ils disaient que, pendant cette période de
fixes (-J|X(ou à:rox(xTo!<racsiç rcpà; touç GmXocvEïç) . L' année anoma- 223 lunaisons, le soleil parcourait, outre 18 révolutions
listique, retour du soleil à son périgée ou à son apogée, sidérales, un arc de 10" '/,. Ils évaluaient cette période
n'existait ni pour Hipparque, qui ne s'en était pas occupé, à 6585 jours '/„ contenant, suivant eux, 223 mois syno-
ni pour Ptolémée, qui affirmait la fixité de la longitude diques, 239 mois anomalistiques, 242 mois dracontiques et
de l'apogée. Pour Adraste et Théon de Smyrne, qui s'en 2 il mois lunaires sidéraux, plus le temps mis par la lune
Mo La longitude yéoccutrique de Vapogce du soleil dans son orbite supposée 6, fin. — Astroit. ch. «tu, p. iGU-i6i (Martin). Comparez l'introd. de l'éditeur,
est égale à la longitude héliocentrique du périhélie de la terre dans son orbite p. 108, et la note ce, p. 373-374. — a83 Voy. ci-dessus, S 6. — *• Astr. ch. mil, p. 262.
réelle, et de même la longitude géocentrique du périgée du soleil est égale a la — "7 Ptolémée, Or. comp. m. IV à TI. — «M Ptolémée, Gr. comp. m. IV, 8, t. I,
longitude héliocentrique de Yaphélie de la terre. — *8l La dodécatémorie diffère p. 267, 208, 270, etc.; VI, 9, 1. 1, p. 438, etc. (l'aima). — »» H, 18, t. 16, n° 79, t. 1,
de la constellation homonyme. Voy. ci-dessus, g 5. — 282 Ptolémée, Gr. comp. p. 127 (Sillig1.— ™ Gr.comp. m. IV, I. — Ml Voy. ci-dessus, § 7.— *«* IV, 2, t. 1,
m. III, 4, t. 1, p. 184 et p. 187-188 (Raima). — *83 Ib. p. 184 et 18j. Comparez 111, p. 215 (Ualma) "3 Ch. », p. 62 A : UmXuto Hi>uv. — «M Ptolémée, IV, 2, p. 216.
AST — 496 — AST
à parcourir les 10° s/3 parcourus, outre 18 révolutions un pas marqué à l'astronomie lunaire par la définition de
sidérales, par le soleil, avec lequel la lune se retrouvait en la seconde inégalité du mouvement de la lune en longi
opposition. Puis, pour n'avoir que des nombres entiers de tude. Hipparque avait mesuré la première inégalité ou
jours, on avait triplé tous les nombres, et l'on avait eu anomalie (àvtojjiaXi'a), celle qu'on nomme équation du centre
ainsi, sous le nom d'exéligme, lliki-fttâ; [déroulement) M!, une et dont le maximum est dans les deux syzygies (m&yvit),
période lunaire de 17956 jours, contenant 6G9 mois sy- c'est-à-dire quand la lune est avec le soleil sur un mémo
nodiques, 717 mois anomalistiques, 726 mois draconti- diamètre de l'écliptique, soit en conjonction (<7'jvoSo;), c'est-
ques et 723 mois lunaires sidéraux, plus le temps employé à-dire à la môme longitude, soit en opposition, à 180° de
par la lune à parcourir les 32° parcourus par le soleil, longitude, et par conséquent en pleine lune {wiatkrpoî).
outre ses 54 révolutions sidérales. Mais Ptolémée 896 ajoute Hipparque n'avait fait qu'indiquer, et Ptolémée a défini
qu'Hipparque, par des calculs fondés sur des observations et mesuré, la seconde inégalité (àvcopaXi'a), celle qu'on
chaldéennes et sur les siennes propres, avait montré nomme éuection et dont le maximum est dans les quadra
l'inexactitude de ces nombres, et qu'il avait trouvé que le tures (dmo<TTâo-Eiç zpo; tôv ■îjXtov), c'est-à-dire dans les positions
moindre nombre de jours au bout duquel le temps des de la lune à 1/i de circonférence du soleil, phases où la
éclipses revient à des intervalles semblables de mois et moitié de la lune est brillante (so!o-si; ot^ÔTo^ot). Ptolémée ***
dans des mouvements égaux est une période de 126007 jours représente la première inégalité par un épicycle (èTti'xuxXoç),
et 1 heure équinoxiale, et que cette période comprend c'est-à-dire, comme nous l'avons expliqué, par un petit
exactement 4267 mois synodiques, 4573 mois anoma cercle qui se meut sur un grand cercle et en dehors du
listiques, et 4612 mois sidéraux, moins le temps que la quel la terre est située. La lune parcourt la circonférence
lune met à parcourir 7° environ, qui manquent aux de son épicycle, d'occident en orient, d'un mouvement
345 révolutions sidérales accomplies pendant ce temps uniforme, tandis que le centre de cet épicycle se meut sur
par le soleil. D'où Hipparque concluait que le mois syno- un cercle excentrique (ÉxxsvTpo;), dans lequel la terre est
dique était de 29 jours, 31', 50", 8'", 20"", en soixantièmes située, mais dont le centre n'est pas occupé par elle. C'est
de jour, c'est-à-dire de 29 jours, 12 heures, 44 minutes, pour représenter la seconde inégalité, que Ptolémée300
3 secondes et 0',33, valeur remarquablement exacte, sur emploie cet excentrique, qu'on nomme déférent, et dont
tout si l'on tient compte de la petite accélération sécu la circonférence porte le centre de l'épicycle. Mais, au lieu
laire du mouvement de la lune. En divisant le nombre de tourner uniformément autour de son propre centre, cet.
des jours de la période par le nombre des mois, on trou excentrique est emporté dans une révolution uniforme
verait de même les valeurs#du mois sidéral et du mois qui s'accomplit autour du centre d'un autre excentrique
anomalistique. Quant à la valeur du mois dracontique de même rayon, mais dont l'excentricité par rapport à la
suivant Hipparque, on peut la trouver en multipliant celle terre est double et prise sur le prolongement de la même
du mois synodique par 5458 et en divisant le produit ligne droite. Par rapport à la circonférence de ce dernier
par 5923, puisque Ptolémée nous apprend que, suivant excentrique, qu'on nomme équant301, le centre de l'épi
Hipparque, la durée de 5458 mois synodiques était égale cycle parcourt des angles égaux en temps égaux, tandis
à celle de 5923 restitutions de latitude. Pour trouver que, par rapport à la circonférence du déférent, sur la
quelles étaient, suivant Hipparque, les durées des révolu quelle il est porté, ce même centre de l'épicycle parcourt
tions sidérales des nœuds et de l'apogée de la lune, il faut des arcs inégaux en temps égaux.
prendre les différences entre la durée qu'il assigne au Mais Ptolémée30* s'était aperçu que, même en donnant
mois lunaire sidéral d'une part, et les durées qu'il assigne aux rayons de l'épicycle et de l'excentrique et aux excen
au mois anomalistique et au mois dracontique d'autre tricités les valeurs les plus convenables, il fallait, pour
part, et ensuite calculer les arcs parcourus par la lune satisfaire à deux positions de la lune 6bservées et datées
pendant ces différences de temps : ces arcs sont le mou par Hipparque, supposer qu'une déviation (TtpoTvsuotç) de la
vement de l'apogée, ou bien celui des nœuds, pendant direction du rayon de l'épicycle se produisait et atteignait
un mois lunaire sidéral. Dès lors, il est aisé de calculer en son maximum dans les jihases en croissant {prpotiMc) et
combien de mois lunaires sidéraux la circonférence en dans les phases biconvexes (àa^(xupTot), c'est-à-dire dans les
tière devait être parcourue, suivant Hipparque. par l'apo octants, quand Yélongation (àirojni), différence de longitude
gée ou par les nœuds. Pour ce qui concerne les moyens entre la lune et le soleil, est de J- de circonférence. Ces
mouvements de la lune, Ptolémée accepte ces données gé deux observations d'Hipparque, justement remarquées
nérales de l'astronomie lunaire d'IIipparque. Seulement, par Ptolémée, auraient dû le mettre sur la voie d'autres
lorsqu'il s'agit de réduire en tables i97 les moyens mouve observations qui auraient pu le conduire à la découverte
ments ([aégoci xivyjsEt;) de la lune en longitude (i^xcu;), c'est- de la troisième inégalité, nommée variation par les mo
à-dire en distance au point équinoxial de printemps ; en dernes, et sans doute à l'hypothèse d'un second épicycle,
latitude (TrXâtou;), c'est-à-dire en distance au nœud ascen dont le centre aurait parcouru la circonférence du pre
dant; en anomalie (fltvw(«cX(aî), c'est-à-dire en distance mier épicycle et dont la circonférence aurait été parcourue
à l'apogée, et en élongation (à^o^ç), c'est-à-dire en dis par la lune. Mais, trop peu observateur, Ptolémée s'ar
tance angulaire au soleil, il corrige un peu les données rêta en chemin et laissa à Aboul-Wéfa et à Tycho-Brahé
d'IIipparque d'après la comparaison des observations an l'honneur de se partager le mérite de cette découverte.
ciennes avec des observations plus récentes, faites par Quant aux mouvements de la lune en latitude boréale
lui-même ou par d'autres. et australe, c'est-à-dire au nord et au sud de l'écliptique,
Mais c'est surtout pour le passage des mouvements Ptolémée 505 en rendait à peu près compte par les incli
moyens aux mouvements vrais, que Ptolémée298 a fait faire naisons de l'épicycle sur le plan de l'excentrique et du
«95 Gcminus, ch. iv. — m Ptolémée, IV, 2, p. 216-218. — *n Ptolémée, IV. *» Ptolémée, V, 9. — 3«1 Ce nom est moilcriie. - 302 Ptolémée, V, 5, et VI, Il et
i, 3, 6, 8 el 10. — «» Ptolémée, IV, S, et V, î, 3 et 7. — »9S> ptolémée V, i. 12. — 303 Ptolémée, IV, 8.
AST — 497 — AST
plan de l'exentrique sur celui de l'écliptique, et par la ré vention est d'autant plus bizarre, qu'elle ne concerne
volution des nœuds de l'excentrique sur ce dernier cercle. qu'une des deux planètes inférieures. Pour Mercure et
XI. Astronomie planétaire. — Hipparque avait fait beau Vénus, le mouvement le plus apparent, celui du centre de
coup pour l'astronomie planétaire ; mais il avait reconnu l'épicycle compté en arcs de l'équant, est principalement
qu'il ne possédait pas des données suffisantes pour consti le résultat du mouvement annuel de la terre. C'est pour
tuer une théorie complète des mouvements des cinq pla quoi Ptolémée le fait à peu près égal au moyen mouve
nètes 3M. Ptolémée305 a accompli, avec plus de hardiesse ment du soleil dans son orbite annuelle ; c'est dans les
que de succès réel, la tâche plus que difficile de repré anomalies de longitude, représentées par le mouvement
senter et de donner les moyens de calculer, pour le pré de l'astre sur la circonférence de l'épicycle, que se cachent
sent, le passé et l'avenir, les positions apparentes des cinq les effets du mouvement vrai de ces deux planètes infé
planètes vues de la terre, tout en gardant sa fausse hypo rieures autour du soleil. Pour les trois planètes supé
thèse d'après laquelle elles tourneraient autour de la rieures, au contraire, les mouvements principaux, repré
terre, tandis qu'elles tournent autour du soleil. Nous n'in sentés par l'excentrique et l'équant de Ptolémée, sont les
sisterons pas sur les détails plus ou moins inexacts de sa mouvements vrais de ces planètes autour du soleil, et
théorie des mouvements des cinq planètes : nous y re l'épicycle complète l'explication des anomalies du mou
trouverions sous les mômes noms et seulement avec des vement de ces planètes en longitude, anomalies qui ré
valeurs différentes, les restitutions de longitude, de lati sultent en partie des parallaxes produites par le mouve
tude, d'anomalie, de position en longitude par rapport au ment annuel de la terre. Tant pour les latitudes que pour
soleil et par rapport aux étoiles fixes, les épicycles, les les longitudes apparentes des planètes, les efforts de Pto
excentriques, les équants, tout cela avec des complications lémée ont tendu à circonscrire les erreurs du calcul dans
et des difficultés plus grandes, accrues par la fausseté de les limites des erreurs d'observation possibles avec les ins
l'hypothèse qui donne la terre pour centre approximatif truments imparfaits dont l'astronomie grecque disposait.
aux révolutions planétaires plus ou moins excentriques XII. Tables astronomiques, époques et ères. — Les obser
autour d'elle. Nous ferons seulement quelques remarques vations astronomiques préparent et motivent les théories,
rendues nécessaires par certaines particularités propres qui elles-mêmes n'aboutissent à la pratique qu'à l'aide des
à ces révolutions. tables (xavôvE;). Les tables astronomiques supposent d'une
Considérant, avec Platon 306, comme mouvement en avant part un tableau chronologique qui permette de fixer les
le mouvement diurne d'orient en occident, Ptolémée dates d'une manière claire, exacte et sûre, d'autre part
nomme mouvements en arrière (&7teAe{i]/Eiç, de £nro),si'ire<iOat, des époques [l-oyjxi, points d'arrêt) : le mot grec, qui n'avait
rester en arrière), ce que nous nommons au contraire les pas d'équivalent en latin, n'avait pas le sens vague du mot
mouvements directs du soleil, de la lune et des planètes français époque, désignant une certaine période de l'his
d'occident en orient, et il nomme mouvements en avant, toire. En chronologie, il signifiait la date précise et bien
^po7iY^cEt;, ce que nous nommons les rétrogradations ap fixée d'un événement important, et, quand on datait tous
parentes des cinq planètes d'orient en occident. Entre les les événements d'après leur distance à une même époque
mouvements directs et les mouvements rétrogrades, il y déterminée, le mot ino^i signifiait ce que nous nommons
a les stations (stationes), que les Grecs nommaient an\piypal, une ère. Telle était pour les Grecs Vépoque de la 1'° olym
parce que, pendant leurs stations, les planètes semblent piade et pour les Romains Vépoque de la fondation de
fixées (£ari]ptY(XEVot), comme les étoiles fixes, à la sphère cé Rome. Comme terme d'astronomie, ce même mot grec
leste, dont elles suivent le mouvement diurne d'orient en èto/ti signifiait quelque chose de plus : c'était la date pré
occident. Pour les apogées des cinq planètes dans leurs cise de certaines positions des corps célestes par rapport
excentriques, il reconnaît 307 ce qu'il avait nié à tort pour aux cercles de la sphère. Pour éviter des complications
l'apogée solaire, c'est-à-dire que ces apogées sont affectés, de calculs, on faisait remonter, par un calcul rétrospec
comme les étoiles fixes, par la précession des équinoxes, tif, tous les principaux mouvements célestes à une époque
qui augmente, suivant lui, d'un degré en cent ans leurs commune, et l'on fixait les positions des astres pour cette
longitudes. Pour le mouvement en longitude, c'est-à-dire époque, de manière que les calculs faits d'après les tables
parallèlement à l'écliptique, Ptolémée applique aux pla à partir de Vépoque fussent d'accord avec les plus an
nètes inférieures (Mercure et Vénus) et aux planètes su ciennes observations recueillies, et donnassent en môme
périeures (Mars, Jupiter et Saturne) une même hypothèse temps les positions observées aux dates les plus récentes.
générale et une môme méthode, sauf une particularité Hipparque et après lui Ptolémée prirent pour époque le
propre à Mercure seul. Pour toutes les cinq planètes commencement de la première année de Nabonassar, roi
comme pour la lune, il y a l'épicycle et les deux excen de Babylone, et dressèrent une table des règnes (xavwv paai-
triques, c'est-à-dire le déférent et Véquant. Pour Vénus, Xetôiv 30-'), c'est-à-dire des durées des règnes de Nabonassar
Mars, Jupiter et Saturne, les mouvements de l'astre sur et de ses successeurs babyloniens, des rois perses depuis
l'épicycle et le mouvement du centre de l'épicycle sur le Cyrus, des rois macédoniens d'Egypte depuis Alexandre,
déférent, mouvement uniforme par rapport au centre de et des empereurs romains comme souverains d'Egypte,
l'équant, se font tous deux d'occident en orient et sont les depuis Auguste jusqu'à la mort d'Antonin le Pieux. L'an
seuls mouvements en longitude. Mais, pour Mercure, le née employée dans ce canon chronologique est l'année
centre du déférent est supposé 308 décrire autour du centre vague égyptienne de 3(35 jours, que l'astronome fait com
de l'équant un petit cercle d'orient en occident. Cette in- mencer à midi précis 310 sous le méridien d'Alexandrie ; les

3«t Ptolémée, IX, i, t. II, p. 118-119 (Ilalina). Compare! IX, .1, p. 121. — 803 Outre Voy. ci-dessus, 8 9.—"* Ptolémée, Gr. comp. m. IX, 6, p. 160-161, et Hypo
les cinq derniers livres (IX à Xlll) de la Gr. comp. ?n. contenant la théorie des cinq thèses, p. 4S (Halma). — 'M Kd. Halma, Chronologie de Ptolémée, î» partie,
planèies, voy. Ptolémée, Hypothèses ârs planètes, éd. Halma, Paris, 1820, in-4. p. 1-6, Paris, 1819, in-4. — MO Biot, Chronol. astron. ch. a, p. Î7Ï [Mém. de
— S06 Timée, p. 40 B. — W Gr. comp. m. IX, S et 6, t. 11, p. 1S8 et 162 (Halma). t'Aca'l. des se. t. XXllj.
I. 63
AST — 498 — AST
mois employés sont les mois égyptiens de 30 jours avec pour chaque arc de la révolution moyenne : les quantités
les cinq jours dits épagomènes (I-kolio^iw, ajoutés), qui de ces corrections sont les mêmes dans les arcs corres
complètent l'année vague. Le nombre des années de pondants des deux moitiés de chaque circonférence, de
chaque règne est toujours entier ; car on fait remonter le l'apogée au périgée et du périgée à l'apogée ; mais ces
règne au commencement de l'année vague de l'avéne. quantités, dont les maxima sont à 90" du périgée et de
ment. Les règnes qui n'ont vu la fin d'aucune année vague l'apogée, sont additives dans la première de ces deux
sont omis, et dans chaque règne les mois de la dernière moitiés, et soustractives dans la seconde, comme l'indique
année inachevée sont supprimés pour être donnés ficti leur nom de prosthapliéi'ises (irpoa'Ja^atps'aEiç, de TrpôaOem;,
vement au successeur. Les nombres d'années depuis l'ère addition, et àWpEaiç, soustraction). Ainsi les lieux moyens,
sont totalisés à la fin de la dernière année complète de corrigés par les proslhaphérèses, donnent pour la date
chaque règne ; mais un nouveau compte commence à déterminée les lieux vrais des astres en longitude. De
l'avènement de Philippe Aridée, premier successeur d'A plus, les tables donnent les lieux vrais des astres en la
lexandre. Pour réduire la seconde ère à la première, il titude, s'ils s'écartent de l'écliptique. Ces tables permet
faut ajouter aux années écoulées de la seconde les 424 an tent de résoudre deux genres inverses de problèmes, sa
nées depuis l'avènement de Nabonassar jusqu'à la mort voir : 1°, étant données telles positions de tel astre,
d'Alexandre. [Curonologia]. La place du commence déterminer à quelle date précise ces positions ont existé
ment de la première année égyptienne vague de Nabo ou bien existeront ; 2°, étant donnée telle date précise,
nassar dans l'année tropique est fixée par les positions que présente, passée ou future, déterminer quelles ont été,
Ptolémée indique dans ses tables pour le soleil à cette sont ou seront à cette date les positions de l'astre. Lors
époque, savoir : longitude du soleil à partir du point équi- que ces positions étaient trouvées en longitude céleste,
noxial de printemps, 330° 45', et distance du soleil à partir c'est-à-dire à partir du point équinoxial de printemps, si on
de son apogée, 263° 15' : ce qui donne 65° 30' pour la lon voulait les avoir par rapport aux étoiles fixes, on partait
gitude de l'apogée solaire, supposée invariable et telle des positions connues de ces étoiles à une certaine date, on
qu'Hipparque l'avait trouvée pour son temps. Pour déter calculait leur accroissement de longitude depuis cette
miner, d'après les données de Ptolémée, la place du com date jusqu'à la date en question, à raison de 1° par siècle,
mencement d'une certaine année vague de l'ère de Nabo quantité beaucoup trop faible, comme le faisaient Pto
nassar ou de l'ère d'Aridée dans l'année tropique, il faut lémée et le second Théon d'Alexandrie ; ou bien, ce qui
calculer le déplacement en multipliant par le nombre des était bien plus inexact encore, on négligeait la précession,
années écoulées depuis l'époque l'excédant de l'année tro comme le faisaient Adrasle, Geminus, Théon de Smyrne,
pique sur l'année vague, excédant évalué par Ptolémée Cléomède, Manflius, Pline, Firmicus, Martianus Capella
à 7» de j°ur moins c'est-à-dire à C'est pourquoi et tant d'autres, ou même on la rejetait systématique
Ptolémée311 dit que 300 années tropiques font 300 années ment, comme Proclus. '
égyptiennes (aÎYimTiaxà êtti) et 74 nychthémères (vuy_6ii'u,Epa). Pour le soleil, en tête des tables de Ptolémée, sont mar
Les tables de Ptolémée, tant celles qu'il a insérées dans quées, à titre d'époque, la longitude de l'astre et sa dis
les différents livres de son grand ouvrage, que celles qu'il tance à l'apogée au commencement de l'ère, et les tables
a publiées plus tard sous le titre de Tables manuelles M donnent les mouvements moyens de l'astre en longitude,
(itpo'^Eipot xavôveç), indiquent d'abord, en degrés et en divi toujours en supprimant les circonférences entières et en
sions sexagésimales du degré jusqu'aux sixtes inclusive ne notant que les excédants, pour des périodes de 18 ans
ment, les arcs de cercle que chaque astre, en vertu de ses depuis 1 de ces périodes jusqu'à 15, puis pour des nom
mouvements moye?is (jxÉaat xiviiuetç), c'est-à-dire supposés bres d'années simples depuis 1 jusqu'à 18, et ainsi de suite
w7ii'/b77nes(&f«tAa£),doit parcourir en diverses périodes d'an pour les mois, les jours et les heures. Avec ces tables
nées, en divers nombres d'années vagues égyptiennes et les deux données de Yépoque, on trouve, pour une
simples, et en divers nombres de mois égyptiens vagues date quelconque dans l'ère, le lieu moyen du soleil tant
depuis 1 jusqu'à 12, dé jours solaires équinoxiaux depuis en longitude qu'en distance à l'apogée, dont la longitude
1 jusqu'à 30, et d'heures depuis 1 jusqu'à 24. Lorsqu'il y est faussement supposée invariable. Puis les tables des
a des circonférences entières parcourues, elles sont re pi'osthap/iérèses de longitude donnent la correction de
tranchées, et les tables donnent seulement les excédants longitude et par suite la longitude vraie du soleil, d'a
(imuai'xi), qui marquent les lieux moyens péaai (napooot, pas près la distance à l'apogée, affectée de l'erreur que nous
sages moyens de l'astre en tel point). Mais, les mouvements avons signalée.
n'étant pas uniformes, les lieux moyens diffèrent des Pour la lune, outre la longitude de l'astre et sa dis
lieux apparents (itapoooi çaivô|ievai), c'est à-dire des lieux ob tance à l'apogée, Yépoque comprend la distance de la lune
servés (T£TT)pT,fi^vai) ou observables : ces lieux apparents au nœud ascendant de son orbite inclinée sur l'écliptique.
sont en même temps les lieux vrais (àxptêaç), suivant Pto De plus, la comparaison de la longitude de la lune avec
lémée et les autres astronomes anciens croyant à l'immo celle du soleil vient compléter Yépoque, en montrant
bilité de la terre ; tandis que, suivant les astronomes quelle était Yélongation («broyij) de la lune, c'est-à-dire sa
modernes, les lieux vrais, différents des lieux apparents distance angulaire au soleil pour le commencement de
géocentriques, sont les lieux héliocentriques, c'est-à-dire l'ère. En ce qui concerne la lune, le moyen mouvement
tels qu'ils paraîtraient s'ils étaient vus du centre du so de longitude, c'est-à-dire par rapport au point équinoxial
leil. Pour passer des lieux moyens calculés aux lieux ap de printemps, le moyen mouvement d'anomalie, c'est-
parents et vrais suivant les anciens, il faut se servir des à-dire par rapport à l'apogée lunaire reconnu mobile, le
tables d'anomalies, qui donnent les corrections à effectuer moyen mouvement de latitude, c'est-à-dire par rapport

«Il Hypothèses, p. 44, éd. Ilalma, Paris. 1830, in-4. — au Tables manuelles de Plolémëe, a\ec les Commentaires de Théon, éd. Halma, Taris, 1822-1825 in-1.
AST — 499 — AST
au nœud également reconnu mobile, et le moyen mouve en latitude. Les principes de ces tables sont les mêmes
ment d'élongation, c'est-à-dire par rapport au soleil, qui que ceux des tables pour le soleil et pour la lune, avec des
se meut sans cesse, ces quatre mouvements moyens, diffé applications un peu différentes.
rents entre eux par leurs vitesses, sont par conséquent XIII. Aspects, levers, couchers. — Les planètes n'ont pas
représentés séparément dans les tables que Ptolémée a d'éclipsés semblables à celles de la lune, et leurs satellites,
dressées pour les mouvements moyens de la lune. Ensuite) qui ont des éclipses semblables à celles du nôtre, étaient
quant aux mouvements vrais, les tables de la première ano inconnus dans l'antiquité. Les anciens ignoraient aussi les
malie, représentée par l'épicycle, donnent, pour les di phases des planètes, analogues à celles de la lune. Mais ils
verses élongations de la lune au soleil, les prosthaphérèses s'occupaient beaucoup des positions de tous les astres par
principales de longitude, nulles dans les quadratures et rapport à l'horizon et les uns par rapport aux autres. La
atteignant leur maximum dans les syzygies. Puis Ptolémée géométrie sphérique, par exemple dans les Phénomènes
indique le moyen de trouver, pour les positions de la lune d'Euclide avait suffi pour résoudre beaucoup de pro
ainsi corrigées incomplètement, les prosthapliérèses secon blèmes uranographiques. Mais, comme nous l'avons dit,
daires résultant de la seconde anomalie représentée par ce fut la trigonométrie d'Hipparque, reproduite par Pto
l'excentrique, prosthaphérèses qui, nulles dans les syzygies, lémée, qui permit de transformer les unes dans les autres
ont leur maximum dans les quadratures. Mais, au lieu de les positions célestes par rapport à l'équateur et les po
donner des tables spéciales pour la seconde anomalie sitions par rapport à l'écliptique, et de transformer les
comme pour la première, il donne des tables générales, unes et les autres en positions par rapport à un horizon
comprenant toutes les prosthaphérèses nécessaires pour donné, et réciproquement. Sur l'horizon, l'on notait spé
trouver d'abord les positions vraies de l'apogée de l'épi cialement quatre points cardinaux nommés xÉvTpot"', car
cycle et de celui de l'excentrique, et pour trouver ensuite, dines "*, et situés à des distances égales entre elles toutes
par rapport à ces positions, d'une part les longitudes les quatre, savoir : le nord, le sud, l'est et l'ouest. Sur
vraies de la lune avec toutes les corrections jugées par l'équateur céleste et sur chacun de ses parallèles coupés
lui nécessaires, d'autre part les latitudes correspondantes, par l'horizon, l'on notait aussi quatre points cardinaux
depuis la limite boréale (pôpttov 7tÉpa;) de la lune, maximum nommés de même xEvxpot mais situés à des distances
de sa latitude au nord de l'écliptique, jusqu'à sa limite égales seulement deux à deux : ces quatre points étaient
australe (vônov icépa;), maximum de sa latitude au sud de les deux intersections de ces cercles avec l'horizon et leurs
l'écliptique. Ptolémée remarque qu'à cause de la révo deux intersections avec le méridien du lieu. Ces deux der
lution des nœuds les mêmes latitudes boréales et australes niers points existaient seuls pour le cercle de perpétuelle
de la lune se produisent successivement dans tout le con apparition et pour les parallèles qui s'y trouvaient compris.
tour et dans toute la largeur de la bande zodiacale. Le Tous ces cercles parallèles à l'équateur étaient les cercles
calcul des élongations vraies de la lune d'après ces tables diurnes du mouvement apparent des astres d'orient en
a permis à Ptolémée de dresser d'autres tables pour trou occident, mouvement considéré comme réel par presque
ver les dates présentes, passées ou futures des conjonc tous les astronomes anciens. Les deux passages quoti
tions et des oppositions de la lune et du soleil. Ses me diens, ascendant et descendant, des astres à l'horizon se
sures, très-imparfaites, des diamètres des deux astres et nommaient l'un lever (àvctToX^, ortus), et l'autre coucher
de leurs variations ; ses mesures, bien plus inexactes en (Sûdiç, occasus). Les passages au méridien, que nous nom
core, des distances rectilignes variables de chacun de ces mons culminations inférieure et supérieure, se nommaient
deux astres à la ferre et du rapport du diamètre de la passages au milieu du «eZ([/£o-oupavi$u\«Ta, [Asaoupav^uEtî), l'un
lune à celui de l'ombre du globe terrestre, et enfin ses au-dessus de la terre (u-jtèp yîjv), et l'autre au-dessous (&7to "pjv).
tables des parallaxes du soleil et de la lune pour les di Les astres situés dans les cercles de perpétuelle apparition
verses distances angulaires des deux astres au point ver ou de perpétuelle occultation n'ont ni levers ni couchers,
tical, lui ont permis de fixer approximativement, pour les et leurs deux culminations se font toutes deux, pour les
éclipses de soleil et pour les éclipses de lune, les limites uns au-dessus de la terre vers le pôle nord, pour les autres
écliptiques (Spot èxXenmxot), c'est-à-dire de déterminer, au au-dessous de la terre vers le pôle sud. Les positions des
tour des nœuds, les écarts en longitude et en latitude au astres par rapport à l'horizon et au méridien d'un lieu
delà desquels il ne peut pas y avoir d'éclipsés. Ensuite il étaient ce qu'on nommait leurs attitudes (<TX*)î«tTis(jLo(S17),
a pu donner les moyens de déterminer, parmi les conjonc ou leurs aspects (aspectus). Les passages à l'horizon avaient
tions et les oppositions rentrant dans ces limites, celles moins d'importance scientifique que les passages au mé
qui doivent être écliptiques, et il a dressé des tables qui ridien ; mais ils jouaient un plus grand rôle que ces der
permettent d'indiquer la grandeur de l'éclipsé de soleil ou niers, tant dans la pratique vulgaire que dans l'astrologie,
de lune, tant en doigts (SaxTuXot), c'est-à-dire en douzièmes dont l'astronomie se fit la servante.
du diamètre de l'astre éclipsé, qu'en minutes et secondes On étudiait aussi'18 pour ce double objet les aspects
de degré. (s/7)t«cTtiT(ioî), des astres les uns par rapport aux autres, et
Afin d'abréger, nous n'ajouterons rien sur les tables que surtout du soleil par rapport aux planètes et de celles-ci
Ptolémée a données pour les mouvements moyens des par rapport aux signes du zodiaque ; les distances angu
cinq planètes, pour les corrections de ces mouvements, et laires (SiâuToto-ei?) variables des planètes aux étoiles fixes
pour les mouvements vrais de ces corps en longitude et et des planètes entre elles, leurs appulses (o-uvdtyt'.î "•), ou

OEiiYrcs, p. 557-597, éd. Grcgory, Oxford, 1703, in-fol. — "* H. Estiennc, lémée, Gr. comp. m. VIII, 4, t. II, p. 98-99 (Halma) ; le même, Comp. math.
Thes. linff. gr. sans citation d'exemples. — 815 Macrobc, In somn. Scip. 11, 5, g 18- (astrologique) en quatre livres, III, fol. 29 a, et fol. 30 a, Nuremberg, 1535, in-4 ;
19, t. I, p. 157-158 (Jauus). Comparai Pline, XVUI, 33, s. 76, n° 326. t. III, p. 221 Proclus, sur la Comp. math, (astrol.) en quatre livres de Ptol. 111, 4 et 5, p. !6I
(Sillig), et Serïius, In Aen. 1, 131 (135). Pline (IVIU, 25, s. 58, n- 2(8-219, et 165, Lejdc, 1635, in-18. — >" Ptolémée, Gr. comp. m. II, 4. — llt Ptolémée, Gr.
p. 192) nomme, aussi cardines les deux équinoxes et les deux solstices, — 3<6 pto- comp. m. VlII,4et5.— »'» Posidonius daos Simplicius, Phys.ll, p. 64 6, 1.40 (Aid.).
AST — 500 — AST
soudures apparentes (xoXXy'pm ,K, aD^âa^i 311 , awa^aa^oi 3SS), même latitude, chacun de ces aspects est ramené à peu
leurs occultations (im-Kfoa^asa), analogues aux éclipses de près à la même époque de l'année tropique, et il le serait
soleil, enfin et surtout les passages simultanés de deux exactement sans la précession des équinoxes, qui faisait,
astres à l'un des quatre points cardinaux du cercle diurne par exemple, que l'année caniculaire de Memphis, réglée
de chacun d'eux, savoir : les levers simultanés (îuvavatoXaî par un phénomène de ce genre, était un peu plus longue
ou TOxpava-roW), les couchers simultanés (m^xaraSuTOï), et les que l'année tropique vraie m.
passages simultanés au méridien du lieu (<juf/.[j.s<T&upav7io-Ei(;). Les anciens apportaient une attention spéciale aux pas
Les astres qui, à une certaine date, passent simultané sages simultanés de chacune des étoiles les plus marquan
ment au méridien d'un même lieu, passent simultané tes et du soleil à l'horizon. Pour les étoiles, c'étaient là des
ment à tous les méridiens et ont alors les mêmes ascen levers et des couchers annuels, qu'on nommait vrais
sions droites ; mais ces ascensions droites sont variables, Otvat'), par opposition aux levers et couchers annuels appa
d'une part pour les planètes, d'autre part aussi pour les étoi rents (tpaivo'u.Evai), dont nous parlerons tout à l'heure. Les
les fixes à cause de la précession. Ajoutons que les astres Grecs nommaient quelquefois, et les Romains nommaient
dont l'ascension droite est la même n'ont pas la même habituellement, ces levers annuels, vrais ou apparents
longitude céleste, à moins qu'ils n'aient aussi la même dé (àvaxoXaî, orlus), comme les levers diurnes; mais, en géné
clinaison : ce qui impliquerait la coïncidence et l'occul ral, les Grecs les nommaient èmtokal. Quant aux couchers
tation d'un des deux astres par l'autre. Quant aux astres annuels vrais des étoiles par rapport au soleil, ils se nom
qui passent simultanément à l'horizon oriental ou occi maient SucEt;, occasus, comme les couchers diurnes. On
dental d'un lieu, ils ne passent pas simultanément au distinguait 331 pour chaque étoile deux levers et deux cou
méridien et n'ont ni la même longitude ni la même as chers annuels vrais. L'on nommait: 1° lever du matin [itôa
cension droite. La trigonométrie donnait les moyens de È7iiToXr', ortus matutinus), le lever simultané avec le lever du
calculer les heures équinoxiales ou temporelles des levers soleil ; 2° lever du soir (icrmpfa ètcitoX/), ortus vespertinus),
et couchers diurnes de chaque astre, et des levers et ou bien lever acronyque (àxpôvuyo; ou àxpôvoxtoç dcvaToXrj ***),
couchers simultanés de deux ou plusieurs astres, pourvu c'est-à-dire lever à la limite de la nuit, le lever simultané
que les longitudes et les latitudes célestes et par suite les avec le coucher du soleil ; 3° coucher du soir (laitiplct Sûo-tç,
ascensions droites et les déclinaisons de ces astres fussent occasus vespertinus), le coucher simultané avec le coucher
connues, ainsi que la longitude et la latitude terrestres du du soleil ; 4° couche?* du matin (ioxx oust;, occasus matutinus),
lieu. On attachait spécialement une grande importance le coucher simultané avec le lever du soleil. Ces levers ou
aux durées des ascensiotis simultanées (auvavatpopat) des arcs couchers annuels vrais des étoiles (àXr,Gival È7iitoX<x( ou
de l'équateur et de l'écliptique sur un même horizon S'JaEtç), que les modernes nomment levers ou couchers cos
donné, durées égales entre elles pour des arcs égaux de miques, étaient assez faciles à calculer pour chaque lieu,
l'équateur, mais inégales entre elles pour des arcs égaux mais ils étaient invisibles à cause de la lumière solaire.
de l'écliptique, ou bien égales pour des arcs inégaux de ce Au contraire, il était facile de voir, mais difficile de cal
dernier cercle Ms. L'on obtenait ainsi la détermination du culer les levers ou couchers annuels que les modernes
signe et du degré du zodiaque qui montaient sur l'horizon nomment héliaques et que les anciens nommaient levers
en un moment donné, et cette détermination avait, oulre apparents (oatvd|X£vat etcitoW ou dva-roW, ou bien en un seul
son usage astronomique, un usage superstitieux pour Yho- mot çâdsiç), et couchers apparents (<pa'.vô[x.Evott ouseiç), ou appa
roscope [genethlialogia], en vue duquel aussi l'on tenait ritions du coucher (SuTtxal cpâastç), ou bien en un seul mol
grand compte des aspects du soleil, de la lune et des planètes disparitions (xpu^stç 3S9). Ces levers et couchers, essentielle
dans le zodiaque au moment de la naissance d'un enfant. ment visibles, n'étaient possibles qu'à condition que le so
Parmi les aspects des étoiles fixes par rapport au soleil, on leil fût à un certain nombre de degrés et de minutes au-
distinguait spécialement ceux qui consistent dans la si dessous de l'horizon, et ce nombre de degrés et de minutes
multanéité du passage de l'étoile à l'un des quatre points dépendait de la latitude du lieu, de la transparence de l'air
cardinaux de son propre cercle diurne avec le passage du à l'horizon, de l'éclat de l'étoile et d'autres circonstances.
soleil soit au point cardinal correspondant du cercle Malheureusement, pour fixer les époques annuelles des
diurne qu'il décrit à cette époque de l'année, soit à l'un levers et des couchers héliaques, on consultait souvent
des trois autres points cardinaux de ce cercle. Chacune de moins l'observation présente et locale que la tradition,
ces combinaisons est définie avec soin par Ptolémée 324. sans penser que, vraies pour une latitude, ces indications
Lorsque l'on considérait avec exactitude l'instant du pas devaient être fausses pour une latitude différente, et que,
sage du centre du soleil au méridien ou à l'horizon, les vraies pour tel lieu à telle époque, elles devaient, suivant
passages simultanés avec ceux des étoiles se nommaient la remarque de Ptolémée 33°, devenir fausses pour ce même
ouYXEVTfoiastç m. Chacun de ces aspects de chaque étoile fixe lieu par la précession des équinoxes. On distinguait deux
par rapport au soleil se produit à une époque annuelle espèces de levers et deux espèces de couchers apparents
différente suivant les latitudes terrestres ; mais, pour une pour chaque étoile. On nommait 331 Iwa oâatç, ou bien éwa
"0 Ptolémée, Gr. eomp. m. VIII, 4, t. II, p. 98, I. 3. — «I Aristotc, Météor. I, 6, Auf-und Untergaenge der Sterne und der Sonne bei den Allen (Akad der ~\Yissensch,
p. 142 6, 1. 28, Berlin. — 39! Stobéc, Bel, ph. I, 29, p. ii78 (Hoercn), et le faux von Berlin, Monatsberichte, mars 1860). — sxt Théophrastc, Signes de la pluie,
Plutarquc, Op. de philos. III, 2. — 3z3 Euclidc, Phënom. théor. 8 et suit. p. 572-597 ch. i, g 2, t. I, p. 782 (Schneider) ; Paul d'Alexandrie, Apotelesm. au commencement,
(Gregory) ; Hypsiclës, Des ascensions, prop. 4 et suiv. p. 10 et suiv. Taris, 1657, in-4, (Wittcnberg, 158ti, in-8, ou bien 158S, in-4); Ptolémée, Comp. m. (astrol.) eu quatre
et Ptolémée, Gr. comp. m. II, 7-12. — M» Gr. comp. m. VIII, 5. — 3W Ptolémée, Gr. livres, I, fol. '1G a, Nuremberg, 1535, in-4, et Proclus sur la Corn. m. (astrol.) de Ptol.
comp. m. VIII, 5, t. II, p. 107. — 3*6 Th.-II. Martin, Mém. sur la période sothiaque, 1, 8, p. 31, Lcydc, 1635, in-18. —3:9 ptolémée, Gr. comp. m. VIII, 6 ; le même. Ap
S" partie, S 2 (Acad. d. inscr. mv. étr. t. VIII, 1" partie). — 327 Théophrastc, Signes paritions des fixrs, à l;i suite de ]nChronologi>' de Ptolémée, Paris, 1819, in-8 fHalma);
de la pluie, etc. ch. i, Œuvres, 1. 1, p. 782-784 (Schneider) ; Gcminus, ch. xi ; Théun le calendrier attribué à Géminus, même volume, etc. — 330 Qr, comp. m. V III, 6, t. II,
de Smyrne, ch. ht, p. 17S-180 ; Ptolémée, Gr. comp. m. VIII, 5. Comparez Antolycus, p. 112-113 fHalma). — 331 Voy. surtout Ptolémée, Gr. comp. m. VIII, 6, et Geminus,
Levers et couchers (éd. Dasypodius); Bremiker, De lemporis e stellarum ubservatione ch. xi. Comparez Ptolémée, Apparition des fixes, et les autres calendriers grées, à la
definiendi ratione apud veleres usitatissima, Berlin, 1 856, in-4, et Eocke, Ueber die suite de Jean de Lydie, Prodiges, éd. Vv'achsmuth, Leipzig, Teubner, 1863, in-12.
AST — SOI — AST
ÈiciTo^ ou TtpoavaToW] <paivo|A£V7), le premier lever apparent du l'astronomie positive et savante des Grecs, au sortir de
matin, c'est-à-dire le premier lever visible de l'étoile l'enfance, ses premiers progrès commencèrent avec Méton
avant le lever du soleil ; 2° lorcEpîa œàai;, ou bien £<ntep£a et son collaborateur Euctémon d'Athènes (v" siècle av.
È7rtToM] çaivo[A£VT), le lever apparent du soir, c'est-à-dire le J.-C.), et ils se continuèrent avec Callippe d'Athènes et
dernier lever visible de l'étoile après le coucher du soleil ; avec Eudoxe de Gnide (rv* siècle), pour la mesure de l'an
3° itoa xpô<]/tç, ou bien èwa Sôatç <paivo[iivT) , le coucher appa née solaire et du mois lunaire, et pour le calendrier avec
rent du matin, c'est-à-dire le premier coucher visible de indication des levers héliaques des étoiles [calenda-
l'étoile avant le lever du soleil ; 4° IrnrEpt'a xpu^t;, ou bien rium]. Eudoxe y joignit l'étude de la sphère étoilée m.
compta ouais ipativo[jie'vr) , le coucher apparent du soir, c'est-à- Après la fondation du Musaeum d'Alexandrie, Aristylle,
dire le dentier coucher visible de l'étoile après le coucher Timocharis (commencement du m0 siècle) et d'autres as
du soleil. Sous l'équateur terrestre, pour toutes les étoiles, tronomes grecs alexandrins firent des observations, qui
ces quatre phénomènes se succèdent dans cet ordre et à s'ajoutèrent à celles des Babyloniens, récemment trans
des intervalles de temps à peu près égaux. Hors de l'équa mises aux Grecs. D'un autre côté, Autolycus de Pitane en
teur terrestre, pourvu que la déclinaison de l'étoile, sa Eolide (rv* siècle), dans ses traités de la Sphère en mouve
proximité de longitude avec le point solsticial le plus voi ment et des Levers et couchers des étoiles fixes **, et Aratus
sin, et la latitude du lieu d'observation, ne soient pas trop de Soles en Cilicie (m0 siècle), dans son poëme des Phéno
grandes, l'ordre des quatre phénomènes est le môme ; mènes ***, résumèrent les connaissances de leur temps en
mais l'inégalité des intervalles de temps entre eux aug astronomie. Deux grands géomètres, Euclide d'Alexandrie
mente avec ces trois quantités, jusqu'à un point où l'un (du ive siècle au me), par sa Géométrie élémentaire encore
des levers de l'étoile arrive le même jour qu'un de ses plus que par ses Phénomènes m, Apollonius de Perga en
couchers, et au delà duquel les quatre phénomènes se Pamphylie, mais habitant Alexandrie (fin du ni" siècle),
succèdent annuellement dans un autre ordre. Enfin, quand par sa théorie géométrique des épicycles et des excentri
la distance polaire de l'étoile est égale ou inférieure à la ques 338, Ératosthène de Gyrène 33*, directeur de la biblio
hauteur du pôle sur l'horizon du lieu, l'étoile n'a ni levers thèque alexandrine, par sa mesure de l'obliquité de l'éclip-
ni couchers diurnes ou annuels. tique avec les armilles 3M, par ses travaux sur la géographie
Pour la lune, dont le mouvement d'occident en orient mathématique et par son poëme cosmographique intitulé
est beaucoup plus rapide que celui du soleil, le coucher Hermès, et Aristarque de Samos (m* siècle), moins par son
héliaque du soir est, au contraire, le premier coucher visi hypothèse astronomique vraie, mais restée stérile dans
ble après le coucher du soleil, et c'était l'observation de ce l'antiquité, que par sa méthode ingénieuse, quoique mal
coucher qui, indépendamment de tout calcul de la con appliquée, pour calculer les grandeurs et les distances du
jonction vraie, marquait primitivement la néuménie, veo- soleil et de la lune 311 ; Archimède de Syracuse, par ses obser
ixT]vi'a, c'est-à-dire le commencement du mois lunaire. En vations de solstices ***, plus que par la construction de ses
suite vient le lever héliaque du soir, qui est le premier sphères '*3 ; tous ces savants du m* siècle avant notre ère
lever visible de la lune après le coucher du soleil ; puis le ont préparé l'œuvre du grand astronome Hipparque de
coucher héliaque du matin, qui est le dernier coucher vi Nicée en Bithynie, fixé à Rhodes (h* siècle) : par la créa
sible de la lune avant le lever du soleil ; enfin le lever hé tion de la trigonométrie rectiligne et sphérique, par l'inven
liaque du matin, qui est le dernier lever visible de la lune tion et le perfectionnement des instruments, par ses obser
avant le lever du soleil, et auquel succède bientôt la néo- vations, par le parti qu'il a tiré des siennes et de celles de
ménie. ses devanciers tant babyloniens que grecs, spécialement
Pour les cinq planètes, les levers et couchers héliaques par sa Description des constellations ou Catalogue des étoi
n'ont pas de places fixes dans l'année tropique, et n'a les fixes, ouvrage conservé, où les positions des étoiles sont
vaient pas d'utilité pratique pour les calendriers des an marquées en longitude et en latitude célestes; par son ou
ciens. Mais l'astronomie savante, après avoir calculé les vrage, également conservé, où il critique les sphères d'Eu-
mouvements vrais des cinq planètes en longitude et en lati doxe et d'Aratus3**; par le perfectionnement des sphères
tude, en concluait par la trigonométrie les instants de célestes, des planisphères et de la projection orthographi
leurs passages au méridien et à l'horizon, et par suite les que, et par l'invention de la projection stéréographique ;
dates de leurs levers et couchers annuels vrais du matiu et par la découverte de la précession des équinoxes, par les
du soir ***. mesures de l'obliquité de l'écliptique, de la durée de l'an
XIV. Résumé historique et bibliographie. — Après cet née tropique, de l'inégalité du mouvement solaire, des
aperçu des procédés et des résultats de l'astronomie posi moyens mouvements de la lune et des cinq planètes, de
tive et pratique des Grecs, il est utile de jeter un coup la première inégalité de la lune et de la quantité de ses
d'œil en arrière pour marquer les phases de son histoire"3. parallaxes, par l'indication de la seconde inégalité lunaire,
Nous ne reviendrons pas sur l'histoire de la cosmographie par ses méthodes, en particulier pour la prédiction des
primitive et des hypothèses qui lui ont succédé. Quant à éclipses, et par ses ouvrages, malheureusement per-
831 ptolémée, Gr. comp, m. XIII, 7-10. — 33J Comparez Corncwal Lewis, l'éditioa de Peyrard. — 338 Dans un ouvrage perdu, V. Ptolémée, Gr. comp. m. XII,
Ilistorical Surmij of the astronomy of the ancients, Londres, 1862, in-8, et M. 1, t. II, p. 312 (Halma). — 339 Fragments recueillis par Bernhardy, Eratosthenica,
iloefcr, Ilist. de l'astron. III, 1-13, et IV, 1, Paris, 1873, in-12. — 3St Ses ou Berlin, 1822, in-8. — 3i0 Voy. ci-dessus, g 6. — 3*1 Tel est le titre de sou ouvrage,
trages astronomiques perdus nous sont connus surtout par Hipparque, Conim. pubHé par Wallis, Op. mathem. t. III, Oxford, 1699, in-fol. et avec des scolies plus
sur les phénomènes (Uranol. de Pétau), et par le Papyrus astronomique (Papyrus complètes, par M. de Fortia, Paris, 1810, in-8, qui en a donné une traduction française.
grecs du musée du Louvre, p. 7-76, Paris, 1866, in-4, et pl. i-v de l'atlas in-fol.). Paris, 1823, in-8. — 34a Hipparque dans Ptolémée, Gr. comp. m. 111, 2, t. I, p. 153
Comparez ldeler et Letronne, Mémoires sur Ewioxe. — 335 Éd. de Uasypodius (Halma). — 3iS Voy. ci-de>sus, g 6. — 3H Le Commentaire (en trois livres) sur les
(Rauchfuss), Sphaericae doctrinae propositions, Strasbourg, 1572, in-8. — 33* Éd. Phénomènes d'Aratus et d'Eudoxe se trouve dans VUranol. de Pétau (1630, in-ful.).
de Buhle, avec les scolies grecques et les restes des trad. lat. antiques, 2 -vol. in-8, Au même ouvrage est joint le Catalogue d'étoiles dans la collection de Vettori (Flo
Lcipiig, 1793-1801 , ou éd. Didot. — '37 OEuvres, éd. Grégory, Oiford, 1703, rence, 1567, in-fol.). Ce catalogue a été reproduit avec très-peu de changements pat
in-fol., seule édition complète. Les Phénomènes et d'autres ouvrages manquent dpus Ptolémée.
AST — S02 — AST
dus *** à l'exceplion des deux qui viennent d'être nommés, la plus ancienne 3,1 est de l'an 127 de notre ère, et dont la
Hipparque a fait faire à l'astronomie ancienne d'immenses plus récente 363 est de l'an 141 : du reste, il a suivi con
progrès; sincère et modeste, il a signalé lui-môme les stamment la doctrine d'Hipparque, en y apportant quel
points douteux et les lacunes de son œuvre ; il a préparé ques perfectionnements, surtout théoriques, et en y ajou
ainsi les progrès qu'il n'a pas pu achever. Mais, dans l'an tant la formule de la seconde inégalité de la lune, trouvée
tiquité il n'a guère eu de successeurs dignes de lui. Pendant par lui d'après les indications d'Hipparque, et en complé
les trois siècles entre Hipparque et Claude Ptolémée, nous tant la théorie des cinq planètes. Après cet ouvrage de sa
rencontrons quelques observations astronomiques em jeunesse, il n'a plus fait, comme astronome, que se résu
ployées par ce dernier : par exemple une observation faite mer lui-même dans ses Hypothèses™1', dans son Inscription
en Bithynie par Agrippa 34e, sous Domitien ; une observa de Canobe 365, dans son Tableau des règnes 366, dans ses
tion faite à Rome par Ménélas d'Alexandrie 3", sous Tra- Tables manuelles 367 et dans son traité des Apparitions des
jan, quatre observations faites, on ne sait où, sous Adrien, fixes m, appendice peu scientifique de son grand ouvrage,
par Théon l'ancien 3'8, lié avec Ptolémée, auquel il avait dont ses traités de l'Analemme 369 et du Planisphère 3,0 sont
communiqué d'autres observations 3". A ce même inter des compléments plus utiles, mais sans grande impor
valle de temps appartiennent beaucoup de traités élémen tance. Ses autres ouvrages ne concernent pas l'astronomie.
taires, les uns perdus, les autres conservés, les uns sortis Au lieu d'écrire son traité astrologique intitulé Composition
des écoles philosophiques, comme ceux des péripatéti- mathématique en quatre livres et l'abrégé qu'il en a donné
ciens Sosigène (icr siècle av. J.-G. ) 350 et Adraste (ior sous le nom de Fruit 371, il aurait mieux fait de revoir sa
ou il" siècle ap. J.-G.) 351, des platoniciens Dercyllidès Grande composition astronomique, ne fût-ce que pour y te
(ior siècle ap. J.-G.) 35î et Théon de Smyrne (11° siècle ap. nir compte de la réfraction astronomique, étudiée par lui-
J.-G.) 333, et du stoïcien Posidonius (ier siècle av. J.-G.) 35i, même dans le V° livre de son Optique 37i. Son grand mé
dont les traités de météorologie, c'est-à-dire d'astronomie, rite, rendu plus sensible par la perte des ouvrages d'Hip
sont la source principale du Manuel astronomique de Cléo- parque, est d'avoir réduit en système les découvertes de
mède 355 ; les autres, étrangers aux sectes philosophiques, l'astronomie grecque à la veille de sa décadence, et de les
comme le traité élémentaire de Geminus de Rhodes (icr siè avoir transmises d'abord aux Arabes et ensuite aux peuples
cle av. J.-C.) 3iS, écrivain grec malgré son nom latin, et modernes. Son grand tort est de n'avoir fait entrer dans
comme les petits traités plus géométriques qu'astronomi ses ouvrages que quelques-unes des observations qu'il
ques de Théodose de Tripolis (i" siècle ap. J.-G.) M7, de avait à sa disposition, et de les avoir sinon «altérées, du
Ménélas (i" siècle ap. J.-G.) 358 et d'Hypsiclès (ii° siècle moins choisies en trop petit nombre, en vue de leur accord
ap. J.-C.) !59. Mais tous sont restés en arrière des décou avec ses théories inexactes, et en écartant toutes celles qui
vertes d'Hipparque, et aucun n'a reproduit une notion es auraient pu le gêner ; c'est d'avoir simulé, en faveur de
sentielle, due au grand astronome, celle de la précession ces mêmes théories, des observations qu'il ne peut pas
des équinoxes. Au ne siècle, Claude Ptolémée, né à Ptolé- avoir faites, par exemple ses observations prétendues de
maïs dans la Thébaïde et fixé à Alexandrie 360, a mieux longitudes d'étoiles, qui ne sont que des positions calcu
profité des travaux d'Hipparque. Dans sa Grande composi lées sur le catalogue d'Hipparque d'après la fausse hypo
tion mathématique en 13 livres 361, il cite expressément thèse de Ptolémée, qui réduit la précession à 1° par siè
comme faites par lui-même plusieurs observations, dont cle ; c'est d'avoir simulé ou altéré les observations sur

3i5 Un ouvrage d'Hipparque en douze livres sur les droites inscrites dans te grande partie ch. xviu, xxi, xxm, xxvi et ixviii-xxxix). Comparez ib. p. 77-79. —
cercle, c'est-à-dire sur la trigonométrie, est cité par Théon (sur Ptolémée, Gr. 332 II avait écrit un traité sur le mythe astronomique du dixième livre de la Rép.
eomp. m. t. I, p. 110, Halma). Ptolémée nous fait connaître son traité du déplace- de Platon, traité reproduit en partie par Théon de Smyrne (Astr. ch. il et ili), et
ment des points solsticiaux et éqtnnoxiaux (Gr. comp. m., III, 2, p. 152, et VII, dont un autre passage a été conservé par Proclus (Sur la llép. dans Mai, Class.
p. 10); son traité de la grandeur de l'année (III, 2, p. 163, et VII, 7, p. 13), et son auct. t. I, p. 362). — '33 Astr. éd. Martin, Paris, 1849, in-8. — 35» Il avait écrit
traité des jours et des mois intercalés (III, 2, p. 163). Galien (Des jours critiques, un ouvrage intitulé Météorologiques et comprenant l'astronomie et la météorologie
III, t. III, p. 445, Bàle) cite son traité de la grandeur du mois. Pappus (Collect. (Simplicius, Phys. II, f. 64 6, Aid., et Diogène de L. VII, 144). Comparez Bake, Po-
math. VI, 57, p. 228, Bologne, 1660, in-fol.) cite son traité de l'ascension des douze sidonii Rh. reliquiae, Leyde, 1S 10, in-8, p. 58-76, et Th.-H. .Martin, éd. de VAstr. de
signes. Pappus, (ib. VI, 38, p. 211, et sur Ptolémée, V, p. 256, Bàle), Théon de Théon de Smyrne, p. 65, 116 et 121. — '«* Météor. éd. Bakc, Leyde, 1820, in-S.
Smyrne (Astron. ch. xxxix, p. 320) et Chalcidius (In Tim. ch. xc, p. 202 b, Fragm. — 336 Dans VUranol. de Pétau, Paris, 1630, in-fol. — 3!>7 Nous avons de lui trois
philos, gr. t. II, Didot) citent son traité des grandeurs et des distances du soleil livres Sur la sphère (éd. gr.-lat. de Jos. Hunt, Oxford, 1707, in-8), deux livres Sur
et de la lune; Théon de Smyrne (Astron. ch. zxxtiii, p. 314), Chalcidius (In Tim. les jours et les nuits, et un livre Sur les habitations, c'est-à-dire, sur les climats
ch. lixxyii, p. 202 a) et Suidas, son traité du mouvement mensuel de la lune en la (dans Dasypodius, Sphaer. doctr. prop. gr. lut. Strasbourg, 1572, in-S). — 338 Nous
titude. Achillès Tatius (ch. ix, p. 139, Uranol. de Pétau) le cite comme auteur d'un avons de lui un ouvrage en trois livres Sur la sphère (à la suite de Théodosc, Sur
traité sur les éclipses. Strabon cite souvent la critique qu'Hipparque avait faite de la sphère, éd. Jos. Hunt, Oxford, 1707, in-8). — 339 Nous avons de lui un traité Des
la géographie mathématique d'Ératosthène. Dans d'autres ouvrages, dont Ptolémée, ascensions des signes du zodiaque sur l'horizon d'Alexandrie (éd. Mentellc, Paris,
Théon de Smyrne (Astr. ch. xxvi, xxxil, iixiv et lxii), Pline (II, 12, s. 9, n° 54) et 1657, in-8, à la suite de l'Optique de Damien, fils d'Hèliodore, éd. Bartholin).
d'autres auteurs se sont servis sans en donner les titres, Hipparque avait traité de — 3M> C'est à Cause d'un mot arabe mal lu que de Claude Ptolémée on a fait
l'application des excentriques et des épicycles à la théorie des mouvements du soleil Ptolémée de Péluse. V. Schoell, Hist. de la litt. gr. t. V, p. 240-24", Paris.
et de la lune et au calcul des éclipses, et il y avait consigné de nombreuses observa 1824, in-8. C'est aussi de l'arabe que vient le nom A'Almagcste donné au grand
tions du soleil, de la lune et des planètes. — 3*8 Ptolémée, Gr. comp. m. VII, 3, ouvrage astronomique de Ptolémée. — 361 Éd Halma, 2 vol. gr. in-4, Paris,
p. 22. — 9" Ib. p. 25. Comparer Pappus, Collect. math. VI, 56, p. 228, et Proclus, 1813 et 1SI6. — '6« XI, 15, t. II, p. 268. - 363 IX, 7, t. H, p. 167. — 36k Hypo-
Sur le premier livre d'Euclide, p. 34j (Friedlein). — 3i8 ptolémée, Gr. comp. m. IX, llièses de Ptolémée, et Hypoiyposes de Proclus, éd. Halma, Paris, 1820, in-4,
», X, 1 et 2 ; t. II, p. 176, 193-191, 195 et 196 (Halma). — 3*9 /0. p. 193 et 196. — 2c partie, p. 41-56. — 3fi3 Jb. p. 57-C2. — 3G6 Éd. Halma, dans la 2* partie de sa
333 Sosigène avait écrit une critique de l'hypothèse astronomique d'Aristote (Proclus Chronologie de Ptolémée , Paris, 1819, in-4. — 301 Éd. Halma, avec le Com
Ilypotyp. p. 111, éd. Halma, et Simplicius, Du ciel, p. 219 a, p. 224 b et p. 22S a, mentaire de Théon sur ces Tables, 3 vol. in-4, Paris, 1822-1825. — 368 Éd. Halma,
éd. Karsten), et trois traités sur la longueur de l'année (Pline, XVIII, 25, s. 57, Chronol. de Ptol. 2» partie. — 369 Trad. lat. de Commandiui , Rome, 1562,
n1» 21 1-212, t. III, p. 191, éd. Sitlig). Il s'était occupé aussi des mouvements des petit in-4. — 370 Trad. lat. de Commandini , Venise, Aide, 1558, petit in-4.
planètes (Pline, II, 18, s. 6, n° 39, t. I, p. 113). Il avait réformé le calendrier ro — 371 Texte grec, ave<? Ir.id. lat. à la suite, par Joaehim Camerarius, Nuremberg,
main sous Jules César (Pline, /. c. et comparez Suétone, César, ch. il, et Macrobc, 1535, petit in -4. — 37i En cinq livres, dont le premier est perdu, et dont les quatre
Salurn. 1, 14). — 3»1 H avait écrit un traité sur le soleil (Achillès Tatius, ch. xix, derniers, conservés dans une traduction latine d'une traduction arabe, sont inédits,
p. 139, Uranol, de Pétau), et un manuel d'astronomie (Théon de Smyrne. Astr. ch. 1, mais ont été analysés par Delambre, Astr. anc. IV, 14, t. II, p. 411-431, et pltbj
p. 138, et ch. xxxix, p. 322), suivi par Théon de Smyrne dans la majeure partie de complètement par Venturi, Cummentarj sopra lasloriae le teorie dell' ottica, art. 3,
son ouvrage astronomique (Astr. ch. i-xvn, xix et xx, xxu, xxiv, xxv, et même en p. 31-62, et appendice, p. 225-242, Bologne.
AST — 303 — AST
lesquelles il a fondé sa détermination de l'apogée solaire, nius 39°. Certains Romains 391 empruntèrent à la Grèce et
lorsque, par une erreur de 5°, il a prétendu avoir retrouvé, transportèrent dans leur calendrier des indications de le
après trois siècles, cet apogée à la même longitude qu'Hip- vers héliaques d'étoiles, mais sans tenir suffisamment
parque avait bien déterminée pour son temps, tandis que compte des différences de latitude. Cependant Jules Cé
cette longitude s'était accrue à la fois par la rétrogradation sar, aidé par le Grec Sosigène d'Alexandrie, essaya de
des points équinoxiaux et par le mouvement propre de marquer dans l'année tropique, pour le climat de Rome,
l'apogée solaire. les dates des levers et des couchers héliaques des princi
Après Ptolémée, on trouve deux observations d'éclipsés, pales étoiles *"*, et Pline 3M, qui a suivi ces indications du
toutes deux de l'année 364 de notre ère, citées par le se calendrier de Jules César39' pour le Latium, a rapporté au
cond Théon d'Alexandrie (rv° siècle) 81S, et sept observa climat de chaque auteur les indications du même genre
tions faites de 475 à 510, savoir: deux par Héliodore 574 et contenues dans les parapegmes grecs ; mais il n'a tenu
cinq par l'Athénien Thius 37S. Mais ce qui domine après aucun compte des changements produits par la différence
Ptolémée, ce sont les commentaires et les résumés : par des époques. Quant à la précession des équinoxes, cause
exemple, les Commentaires de Théon et do Pappus (rv° siè de ces changements, Pline, malgré son admiration pour
cle) sur la Grande composition mathématique 37!, et celui de Hipparque, l'a ignorée, et il ne paraît pas que, depuis l'é
Théon sur les Tables manuelles 377 ; un traité de la sphère poque d'Hipparque, auteur de cette découverte, jusqu'à la
composé dans la première moitié du iv° siècle par Achillès chute de l'empire d'Occident, aucun Romain en ait pris
Tatius 378, et dont des extraits nous restent sous le titre connaissance.
d'Introduction aux Phénomènes cTAratus™ ; le petit poème Quelle qu'ait été l'admiration des Romains pour la
du faux Empédocle sur la Sphère 380 ; l'opuscule sur les Con science universelle de Varron et pour ses ouvrages astro
stellations (xaTauTepidjjioi') 381 ; le petit traité de la Sphère par nomiques eh particulier 395, ce ne fut pas lui, mais le Grec
Proclus (y* siècle)38*, et son Exposé (hypotyposes) des hypo Sosigène, que Jules César appela à son aide pour réformer
thèses astronomiques 383, résumé de la doctrine de Ptolémée, le calendrier romain, et une nouvelle réforme fut néces
excepté en ce qui concerne la précession des équinoxes, saire sous Auguste, parce que les Romains n'avaient pas
niée par Proclus, et le petit traité de Jean Philopon su comprendre et appliquer l'intercalation quadriennale
(vn° siècle) sur l' Usage de Fastrolabe 884. Des travaux de ce d'un jour m. Rome ancienne a produit des astrologues,
genre cnt continué de se produire chez les Grecs pendant tels que Tarutius Firmanus, qui tira l'horoscope de la ville
toute l'époque byzantine ,85. éternelle 3"7, et Nigidius Figulus, qui tira l'horoscope d'Au
Quant aux Romains, ils n'ont pris qu'une part insigni guste 398 ; elle a produit des traités d'astrologie, soit en
fiante aux progrès de l'astronomie. Agrippa, qui observait vers, comme celui de Manilius (sous Auguste) 399, soit en
en Bithynie sous Domitien 38B, n'était probablement Ro prose, comme celui de Julius Firmicus (iv° siècle) 400 ; mais
main que de nom, comme les astronomes grecs Geminus rien n'indique qu'elle ait jamais produit aucun ouvrage
et Proclus (Proculus). Quelques observations ont été faites astronomique de quelque valeur. On vantait beaucoup
en Italie, mais sans doute dans la Grande Grèce et certai Sulpicius Gallus (h* siècle av. J.-G.) comme disciple de
nement par des Grecs, par Eudoxe de Cnide, par Métrodore l'astronomie grecque401. Cependant, sur les distances de la
de Ghio (îv* siècle av. J.-G. ) et par Gonon de Samos lune et du soleil à la terre, ce n'était ni à son illustre con
(m0 siècle av. J.-G.) 887. D'autres observations ont été faites temporain Hipparque de Rhodes, ni à Aristarque de Sa
à Rome même, mais par le Grec Ménélas (ior siècle ap. mos, qu'il s'en rapportait, mais c'était à Pythagore, c'est-
J.-G.) 38S. Les Romains ont fait quelques emprunts, mais à-dire à l'enfance de la science grecque : il y avait, suivant
peu intelligents, à l'astronomie grecque, dont ils n'ont ja Sulpicius, 126,000 stades(23,285 kilomètres)de la terre à la
mais approfondi les théories. Ils apprirent des Grecs la lune, et le double (46,570 kilomètres) de la terre au soleil 40J.
construction des cadrans solaires 38'. Ils apportèrent de Avec des notions aussi fausses, il avait bien pu écrire un
Syracuse, à titre de butin, les sphères du Grec Archimède, ouvrage sur la cause des éclipses 40S, mais il ne pouvait pas
et ils en firent faire une imitation par le Grec Posido- calculer d'avance les éclipses de lune et de soleil, comme

313 Comm. sur la Gr. comp. m. de Plol. VI, p. 293 (284), et 340 (332), éd. de Bàle 1822, in-8. — 381 a. la suite des àypothèses de Ptolémée, éd. Bainbridgc, Londres,
(dont la pagination est fausse depuis ia pajre 276 numérotée 267). Théon ne dit pas avoir 1620, in-4. — 383 Exp. d. hypothèses astr. à la suite des Hypothèses de Ptolémée,
fait ces observations lui-même. — 874 Dans Halma, Chronol. de Ptol. 2»-' partie, après éd. Halma, Paris, 1820, in-4. — 394 Éd Hase, Bonn, 1839, in-8. — 385 V. M. Ho fer,
le Tableau des règnes, p. 10-11. Cet Héliodore, qu'il ne faut pas confondre avec un Hist. de Vastr. III, 14, p. 239 240, Paris, 1S73, in-12. Aux auteurs qu'il cite, ajoulez
astronome homonyme du vine siècle (Codin, Origines de Constantinople, p. 43 B de Héron le Jeune (x« siècle), Géodésie, chap. xi (astronomique), p. 236-251 (éd. Vin
Venise, p. 54 de Paris), est peut-être le même que l'opticien Héliodore de Larisse. cent) ; Psellus le Jeune (xi« siècle), Des quatre sciences math. Bàle, 1556, in-8,
Comparez Th. -II. Martin, Recherches sur Héron, p. 52-56. — S7» Dans Halma, c. 4« partie (Astron.), et Enseignements de tout genre, ch. Lxxxvill-cm (dans Fabri-
p. 11-12. — 376 Livres I, II, IV, milieu du V«, livres VI à IX, livre X, moins la fin, cius, Biblioth. gr. t. V, p. 132-142, anc. éd.), et les chapitres astronomiques (ch. xxiv-
livres XII et XIII, éd. gr. de Bàle, 1538, in-fol. Le reste manque. Théon est rem xxx) de l'Abrégé de physique de Nicéphore Blcmmide, p. 255-366, éd. Wegclin,
placé par Pappus pour le commencement et la fin du \e livre, et par Nicolas Augsbourg, 1605, in-8, ou bien col. 1213-1300, éd. Migne (Patr. gr. t. C.VLII, Paris.
Cabasilas (xit« siècle) pour le III» livre. Les livres I et II de Théon ont été publiés 1865, gr. in-8). — 38« voy. plus haut. — 387 ptolémée, Appointions des fixes, p. 53
avec trad. fr. par Halma, Paris, 1821, in-4. — 377 Éd. Halma en trois vol. in-4 (Halma). — 38» Voy. plus haut. — 38» plme, VII, 60, n» 212-215, t. II, p. 67-68
(1822-1825), rare. — '18 Suidas, au mot 'AgiUtt;, et Julius Firmicus, Matheseos (Sillig); Censorin. De die natali, c. xxni, et Vitruve, IX, 8 (9). — 390 voy. plus haut,
lib. III (Al. IV, 10), fol. XLVI v» a, Venise, 1497, in-fol. Suidas a tort de confondre § 6. — 391 Voy. p. ex. Columclle, De re rust. (Scriptores rei rusticac, éd. Schneider).
l'auteur du traité de la sphère avec le romancier homonyme, qu'il nomme à tort — 39J Pline, XVIII, Ï5, s. 57, n°' 207-217, t. III, p. 190-192 (Sillig). — »-"» Pline,
Statiut. — 879 Dans VUranol. de Pétau, p. 121 et suiv. Paris, 1630, in-fol. — M» Dans XVIII, 25-33, s. 57-74, n»> 207-320, t. III, p. 190-219 (Sillig). — 3»» C'est ce calen
t'abricius, Biblioth. gr. t. I, p. 478-479 (anc. éd.). Dans celte œuvre d'un gram drier que Lucain [Pharsale, X, 187) nomme antius Caesaris, et qu'il compare au
mairien de bas étage et de basse époque, on remarque, par exemple (v. 84), un calendrier d'Eudoxe (Eudoxi fastibus). — 395 a. Gellius, N. A. IX, 14. — ;»8 Sla-
jeu de mots absurde entre le mot TaQaoc, Taureau, nom d'une constellation zodia crobe, Salurn. I, 14 ; Pline, XVIII, 25, s. 57, n« 211-212. — 397 cicéron, Div. Il,
cale, le mot, donné faussement comme ancien par le versificateur, ovfoî, urus, 47. — 398 Suétone, Octave, ch. xciv. — 3<J9 Astronomicon libri Y, éd. Lcuiairc (Poct.
aurochs, taureau sauvage, mot de grécité assez basse, qu'on ne trouve que là et daus lat. min. t. VI) *°0 Mathescos libri VII, Venise, 1497, in-4. L'édition de Pruckncr
une épigramme d'Hadricu [Anthol. pal. VI, 332, v. 3), le mot ionien ovjo,-, limite, (Bâle, 1533, in-fol.) compte huit livres, parce que le Proemium y est compté comn»
et le mot poétique ouço;, gardien. — 381 )?d. Schaubach, Gocttingen, 1795, in-8. premier livre. — »ûl cicérou, Ojf. I, 6 ; De Hep. I, 14-16 ; Pline, II, 12, a. 8, etc.
Cet opuscule en mauvaise prose grecquo est une contrefaçon du Poeticon astronomi- — »02 Pline, II. 21, «. 19, n« 83, t. 1, p. 129 (Sillig). — •» Pline, II, 12, s. 9, n» 53,
con, élirait d'un ouvrage d'Hygin. V. Bernhardy, Eratosthenica, p. 114-134, Berlin, t. I,p. 118 (Sillig;.
AST — 304 — AST
on prétendit plus tard qu'il l'avait fait Mk. Pourtant une d'États grecs. Nous constatons notamment leur présence
éclipse de lune contribua beaucoup à sa renommée. Les à Ancyre, Athènes, Gnide, Eumenium, Héraclée de Bi-
auteurs les plus dignes de foi et les plus rapprochés de son thynie, Olbia, Rhodes, Sinope, Ténos1, Teuthrania, etc.
temps suivis en cela par la majorité des écrivains an Aristote nous indique quelles étaient en général leurs
ciens qui ont mentionné ce fait 406, se bornent à dire que, attributions : ils veillaient à ce que, dans la ville, toutes
le lendemain de l'éclipsé, pour rassurer des soldats ro les propriétés, appartenant soit à l'État, soit aux parti
mains effrayés de ce prodige, il les harangua et leur expli culiers, fussent en bon ordre ; ils faisaient consolider et
qua la cause physique du phénomène. Mais, au bout d'un réparer les édifices qui menaçaient de s'écrouler ; ils pré
siècle, on commença à ne plus parler ni de la frayeur des sidaient à l'entretien et à la réfection des voies publiques ;
soldats, causée par ce phénomène imprévu, ni de l'expli ils faisaient respecter les limites des propriétés et préve
cation donnée le lendemain par Sulpicius ; mais à dire qu'il naient autant que possible les contestations qu'un dépla
avait prédit l'éclipsé la veille m. Hipparque aurait pu faire cement de bornes aurait suscitées !. Platon est d'accord
cette prédiction ; mais il est très-douteux que jamais un avec Aristote : dans sa république idéale, les astynomes
citoyen de l'ancienne Rome ait su calculer d'avance une auront la police des édifices, des voies publiques et des
éclipse m. Pline 409 parle de l'astronomie grecque avec une autres choses du même genre ; ils empêcheront les hom
admiration emphatique, mais en des termes qui prouvent mes et les animaux de causer du dommage, et maintien
qu'il ne la comprend pas bien, par exemple lorsqu'il con dront le bon ordre dans la ville et dans les faubourgs 3.
fond des expressions d'astrologie avec des expressions as Ailleurs le philosophe ajoute : « Trois astynomes se parta
tronomiques *10, ou lorsqu'il mêle à des lambeaux de la geront entre eux les douze parties de la cité ; ils entre
science grecque de fausses notions empruntées à la cos tiendront les rues et les grands chemins qui conduisent
mographie populaire *M. Quelques écrivains romains, par de la campagne à la ville ; ils obligeront les citoyens à se
exemple Hygin 4,î, Vitruve Manilius 41\ Pline 4,s, Cen- conformer aux lois dans la construction de leurs édi
sorin 4I6, Macrobe 4n, Martianus Gapella 4I8, Ghalcidius 419, fices ; ils auront la haute direction du service des eaux *. »
ont traité en passant quelques questions astronomiques, Toutes ces attributions offrent beaucoup de similitude avec
mais en suivant les Grecs pas à pas, sans se hasarder au celles des àuTuvojjttxot, décrites par Papinien dans un texte
delà des premiers éléments de la science, et non sans com grec reproduit par le Corpusjuris civilis B. Notons enfin que
mettre des fautes. le nom et la fonction des astynomes figurent souvent sur
En somme, si toutefois on peut dire qu'il y ait eu une des briques et sur des anses d'amphore, sans qu'on puisse
astronomie romaine, elle n'a été qu'un écho très-faible et dire exactement à quel titre 6.
très-infidèle de l'astronomie grecque. Th. -H. Martin. A Athènes, à l'époque classique, il y avait dix astynomes
ASTYDROMIA (AsTu8pô|jica). — Fête célébrée à Gyrène désignés chaque année par la voie du sort, à raison d'un
on commémoration de la fondation de la ville l. par tribu1. Cinq exerçaient leurs fonctions dans la ville ;
ASTYNOMOI. — Magistrats, qui, comme les agorano- les cinq autres se tenaient au Pirée 8. Un local spécial,
moi, peuvent, à beaucoup de points de vue, être comparés l'aiTuvo'^tov, leur était affecté 9.
aux édiles de Rome, et que l'on rencontre dans beaucoup Pour résumer d'un mot leurs attributions, nous dirons
Cicéron , Cato major, c. xiv. — 4"3 Cicéron, De Hep. I, 15, et Polybc, les histoires modernes de cette astronomie, ou du moins les principales d'entre elles,
fragments du livre XXIX, 6, § 8-10, t. U, p. 44-45 (Didot). — *0° \oy. Plutarque, savoir : Weidler, Historia astronomiae. ch. v à vu, p. 65-202 (Wittenberg, 1741,
Paul-Émile, ch. xvn ; Quinlilien , Inst. or. 1 , 10, § 47; Justin, XXXIII, 1; io-4), ouvrage surtout biographique et bibliographique, complété par la liibliographia
Valère-Maximc, VIII, M, Rom. g I. — *m TU. Lit. XLIV, 37; Pline, II, 12, astronomica du même auteur (Wittenberg, 1755, in-12); Heilbroner, Historia ma-
s. 9, g 53, t. I, p. 118 (Sillig); Frontin, Stratag. I, 12, § 8. Comparez Jean de theseos universae, Leipzig, 1742, in-4, I. 4-19, p. 54-401, ouvrage surtout biogra
Lydie, Prodiges, ch. ix, p. 15-16, éd. Friedlein, Leipzig, Teubner, 1863, in-8. — phique et bibliographique, où les astronomes sont mêlés avec «es autres mathéma
409 On risquait inoins en calculant rétrospectivement l'éclipsé de Romulus (Cicéron, ticiens; Costard, The history of astronomy, Londres, 1767, in-4, p. 1-t:>6 ; Bailly,
De liep. I, 15); car on n'avait pas à craindre d'être démenti par l'événement. Com Histoire de l'astronomie ancienne jusqu'à la fondation de l'école d'Alexandrie,
parez Th.-H. Martin, Sur quelques prédictions d'éclipsés mentionnées par des au Paris, 1775, in-4, ouvrage plein Hcs hypothèses chimériques de l'auteur ; le même,
teurs anciens, g 4 {Jleoue arckéol. 1864). — M» II, 8, s. 6 ; U, 12, 9. 9 ; II, 13, 9. 10 ; Histoire de l'astronomie moderne depuis ta fondation d'Alexandrie, 3 vol. in-4,
II, 21, s. 19 ; II, 22, 9. 20 ; II, 23, 9. 21 ; II, 26, 9. 24. — «° II, 16, s. 13, no" 64- Paris, 1779-1782, livres I-IV, t. 1, p. 1-212 et 443-578; Montucla, Histoire des ma
65, t. I, p. 121-122 (Sillig). Là il confond les apsides astronomiques (jiérigéc et thématiques, 2« éd. complétée par Lalandc, Paris, 1799 1802, 4 vol. in-4, part. I,
apogée) avec les exaltations (y-id^ara) et les déjections (vasuviinaTa), augmentations livres III-V, 1. 1, p. 102-350, où les astronomes sont mêlés aux autres mathématiciens;
ou diminutions imaginaires de la puissance astrologique de telle planète, suivant le Schaubach, Geschichte der griechischen Astronomie bis auf Erntosthenes, Gocttin-
signe du zodiaque où elle se trouve. — Ht Voy. ci-dessus, g 3. — *12 Poeticon astro- gen, 1802, in-8; Vince, Complète story of astronomy, formant le tome IU* de son
nomicon libri IV (OEuvres, éd. Scheffer, Hambourg et Amsterdam, 1674, in-12). System of astronomy, Cambridge, 1797-1 808, 3 vol. in-4; Bossul, Histoire des
Ce sont des extraits abrégés d'un ouvrage d'Hygin, contemporain d'Auguste. Le mathématiques (2 vol. in-8, Paris, 1818), période I, ch. v, t. 1, p. 71-172 ; Delambre,
quatrième livre est surtout astronomique. Les trois premiers sont moins astrono Histoire de l'astronomie ancienne, 2 vol. in-4, Paris, 1817, ou plutôt analyses des prin
miques que mythologiques. Une autr^ rédaction du troisième livre s'est conservée cipaux ouvrages anciens sur l'astronomie; Whewell, History of tke inductive sciences,
sous le titre : De imaginibus coeli, éd. Hasper, Leipzig, 1861, in-8. — 413 De archi- ï' éd. 3 vol. in-8, Londres, 1847, t. I, p. 121-248; sir George Cornewall Lewis, An
tectura libri X, dont le neuvième livre est astronomique, éd. Schneider, Leipzig historical survty of the astronomy of the ancients, London, 1862, in-8, ch. m», p.
1807-1808, 3 vol. in-8 (époque d'Auguste). — *I* Astronomicon libri V, dont le 1-255, et M. Ferdinand Hoefer, Histoire de l'aslronomie, Paris, 1873, in-12, p. 1-252.
premier livre est astronomique et les suivants sont astrologiques (même époque). Ajoutons ici un ouvrage théorique, mais où l'histoire de l'astronomie grecque et ro
— «S Hist. nat. Il, 1-36, s. 1-24 (éd. Sillig, Hambourg cl Gotha, 1851-1858, 8 vol. maine trouve d'amples et utiles matériaux : Riccioii, Almagestum novum, tome I ru
in-8, texte très-amélioré). — 416 De die natali, éd. Havercamp, Leyde, 1743, in-8 deux volumes in-folio, Bologne, 1651. 11 faut consulter en outre Idelcr, /listorhehe
(in* siècle). — **7 /„ somniwn Scipionis, t. I des OEuvres, éd. Janus, Qucdlinhurg, Untersuchungen liber die astronomischen Beobnrhtungen der Alten (Berlin, 1806,
1848-1852, 2 vol. in-8 (v siècle). Les deux Excerpta mathematica anonymes (t. 1, in-8); le même, Handbuch der mathematischen und technischen Chronologie, 2 vol. in-R
p. 218-226), appartiennent à l'astronomie du moyen âge. — 418 De nuptiis philolo- (Berlin, 1825-1826), l.l, p. 226-176 ; Biot, Ilésumc de chronologie astronomique{t. XXII
giae et Meicurii et de septem artibus liberalibus libri IX, éd. Kopp, Francfort-sur- des Mémoires de l'Académie des sciences, p. 209-476, Paris, 1849, in-4), et Biot,
lc-Mein, 1836, 2 parties, in-4, liv. VIII, De astronomia (ve siècle). — *M Commen- Traité élémentaire d'aslronomiephysique, 3« édition très-augmentee, ouvrage inachevé
tarius m Timaeum Platonis, éd. Mullach, Fragm. philos, gr. t. II, 1867, Didot (5 vol. in-8, Paris, 1841-1857), dont certains passages concernent l'astronomie grecque.
(iv* siècle); partie astronomique, ch. Lvin-cxxv, p. 195 a-210 6, où il y a des pages ASTYDROMIA. 1 Suid. I, p. 361 ; cf. Lobeck, Aglaophamos, p. 596.
entières traduites de VAstronomie de. Théon de Smyrne, que le plagiaire s'est bien ASTYNOMOI. 1 FrOhncr, Inscr. gr. du Louvre, n. 82-86. — * Politic. VI, 5, 3.
gardé de nommer. — Bibliographie. Les ouvrages des astronomes anciens et les — 3 Leg. VI, D. p. 354. — * Ib. p. 358. — 5 L. 1, D. De via publica. 43, 10 ; voir
principaux textes anciens concernant l'histoire de l'astronomie ont été cités dans les cep. Platncr, Proccss und Klagen, II, p. 339. — " Diunont, Inscr. céramiques de
notes. U en est de même des principaux écrits modernes concernant des points la Grèce, p. 141. — 7 Dcmosth. C. Timocr. g 112, 11. 735. — 8 Harpocr. 9. t. ttm-
spéciaux de l'histoire de l'astronomie grecque et romaine. 11 nous reste à indiquer vouoî ; voir cep. Petit, Leg. att. p. 337. — » Plat. Leg. XI, D. p. 464.
ASY — 305 — ASY
qu'Us étaient chargés de la police générale de la cité. bassadeurs l'avaient également en vertu de leur titre.
C'était pour ce motif qu'ils devaient veiller à la propreté Elle était souvent octroyée, par décrets individuels, aux
des rues ; aussi les xoxpoXd-rot ou balayeurs étaient placés personnes étrangères qui avaient rendu des services au
sous leurs ordres. Le maintien des bonnes mœurs et de la pays : c'était alors une distinction honorifique, une espèce
décence publique leur était confié par la môme raison ; de décoration. Les cités la décernaient fréquemment aux
voilà pourquoi les textes nous les montrent investis d'un proxènes, que rappellent assez bien ceux qui, avec le titre
droit de contrôle sur les joueuses de flûte ou de harpe qui d'agents consulaires, veillent à l'étranger sur les intérêts
se montraient dans les rues 10, et chargés d'admonester de nos compatriotes *.
les citoyens qui paraissaient hors de leurs maisons dans On la voit aussi accordée, pour favoriser l'exercice de
des toilettes excentriques prohibées par les lois somp- leurs charges, à des hérauts *, à des artistes dionysiaques !,
tuaires11. Le titre flatteur de •xonsoic. tîjî ttoaeco;, qu on à des ouvriers employés aux travaux d'utilité publique, etc.
leur décernait quelquefois 1S, était sans doute une allusion Nous pourrions même citer des cas où l'&ruXfe fut con
à leur qualité de défenseurs de la morale publique. cédée, non pas seulement à quelques individualités, mais
Les historiens du droit attique donnent encore aux à un pays tout entier. Une riche série de documents au
astynomes athéniens, comme aux astynomes en général, thentiques, provenant des archives de Téos 8, montre que
la mission de veiller à l'entretien des édifices publics et à cette ville avait obtenu d'un grand nombre d'autres villes
la distribution des eaux dans la ville. Nous ferons re la déclaration que la cité et le territoire de Téos seraient
marquer toutefois qu'il y avait à Athènes des commis sacrés et inviolables et que tous les Téicns auraient à ja
saires spéciaux, tels que les TEt^oTtotoî, les 68oiroioi et autres mais pleine sécurité tant sur terre que sur mer. Notons
ÈTttirraTat à^oaloïv à'pYwv, qui semblent avoir été institués aussi, comme une espèce d'ofouXt'ct, la protection, qui, sous
pour débarrasser, soit ordinairement, soit exceptionnel le nom de trêve sacrée (ew^eipfa), était accordée à l'Élide
lement, les astynomes d'une partie de leurs attributions pendant la durée des Jeux Olympiques7, et que l'on trouve
régulières ". Aristote dit même que ce morcellement des également mentionnée à l'occasion des fêtes d'Éleusis
pouvoirs de l'astynomat était habituel dans les villes po des Jeux Néméens, Isthmiens, etc.
puleuses **. 11 est aussi vraisemblable que le service des II. — Le respect qui s'attachait aux temples des dieux
eaux, à raison de son importance, était confié à des ma protégeait contre toute atteinte, non-seulement les objets
gistrats particuliers, les ImuTocTat twv Ciornov, qui pouvaient consacrés au culte, mais encore les personnes qui se trou
y donner tous leurs soins et qui étaient indépendants des vaient dans l'enceinte religieuse. Les malheureux, qui, à
astynomes 1S. tort ou à raison, étaient l'objet de persécutions, cherchè
Un texte d'Isée parle d'un testament qui avait été dé rent à bénéficier de cette inviolabilité en se réfugiant dans
posé dans l'à(iTuv()(jiiov ,e. Mais il s'agit là d'un dépôt volon les temples. Des monuments de toute espèce offrent des
taire fait par le testateur à cause de la confiance que lui représentations nombreuses de fugitifs assis sur l'autel
inspiraient les astynomes, et non pas d'une attribution ou embrassant la statue de quelque dieu. On en pourra
régulière de ces magistrats 17. Les testaments pouvaient voir plus bas des exemples (et ci-dessus p. 35 1 , lig. AU,
être conservés par le testateur ou remis par lui entre les ainsi qu'aux articles orestes, cassandra, palladium, etc.).
mains d'un simple particulier I8. E. Caillemer. Il est vraisemblable que, dans les temps anciens, la
ASYLIA ('AcuMa). — On peut distinguer, en Grèce, deux plupart des sanctuaires jouissaient du privilège de mettre
sortes d'dcouXi'a : l'une était un privilège accordé à certaines à l'abri des poursuites les personnes qui s'étaient placées
personnes; l'autre, un privilège attaché à certains temples. sous la tutelle de la Divinité. Mais les abus étaient inévi
I. — L'àouAÎa, lorsqu'elle était accordée à un individu, tables. Accorder à tous sans exception, innocents ou
mettait celui-ci, quant à sa personne et quant à ses biens, coupables, la même faveur, c'était rendre vaines les lois
à l'abri de toute entreprise hostile de la part des habitants pénales et encourager au crime les méchants par la per
du pays qui avait concédé le privilège. Lors même que la spective d'une impunité facile à obtenir. Aussi le droit
guerre éclatait entre ce pays et la nation à laquelle appar d'asile fut réglementé, et, à l'époque classique, il n'ap
tenait l'àiriAoç, lors même que les États belligérants déli partint plus qu'à un petit nombre de temples9.
vraient des lettres de marque [sylè] et autorisaient les On doit bien se garder, en effet, de confondre à cette
courses ou les expéditions de partisans, l'aauXoç n'avait époque 1'txtTtîa et l'ào-uXîa. L'IxeTet'a appartenait indistinc
rien à craindre. Son nom rappelle précisément qu'il était tement à tous les sanctuaires, c'est à-dire qu'un malheu
protégé contre les corsaires reux, innocent ou coupable, lorsqu'il se voyait poursuivi,
L'àauAi'a appartenait de plein droit aux athlètes pen pouvait se réfugier dans le premier temple qu'il rencon
dant toute la durée du voyage qu'ils faisaient pour se trait, lors même que ce temple n'était pas un asile. Etait-il
rendre aux jeux solennels et pour en revenir*. Les ara- un de ces suppliants îepoî te xai ciyvoî, dont parle Pausa-

10 Harpocr. « Diog. Laërt. VI, §00, D. 154 Schol. in Domosth. R. 733; Études hist. sur les traités publics, 2« édit. p. 287 et suiv. ; Foueart, De coUegiis
16, D. p. 726. — » Voir Pauly, Real-Encyclopàdie, I, 2" édit. p. 1943. — i* Politic. scenicorum arlificum, 1873, p. 43 et s. — 6 EgRer, l. c. p. 260 et s. Les Étoliens
VI, 5, 3 ; cf. Pollui, VIII, 113.— «Voir Baohr, sur Hermann, Staatsalterthûmer, conférèrent 1W/Ata à tous les Céiens par un décret conservé dans le Corp. insc. gr.
S« édit. p. 573. — 1« De Cleonymi hered. gg 14, 15, 25, D.p. 238. — « Schoemann, n°23S0.— 7BeuIé, Études sur le Péloponcsc, 1855, p. 271 et s. — * Corp. insc. gr.
Ad Isaeum, p. 184. — 1» Is. De Philoct. hered. gg 7 et 31 ; De Astyph. lier, gg 5, 6, n°71, I, p. 108. — 9 En présentant, pour l'époque classique, le droit d'asile comme
18. — Bibliographie. Heier, AUiscke Process, 1824, p. 93-96; Schubert, De Ro- un reste d'un droit plus général, qui, à l'origine, appartenait ù presque tous les
manorwn aedilibus, 1828, p. 81-93 ; Bockh, Slaatshaushallung der Athener, 2« édit. temples, et qui, par suite d'abus, fut restreint à quelques sanctuaires plus renommés
1851, 1, p. 285 ; Westermann, in Pauly, Rcal-Encyclopaedie, l, 2" édit. 1866, p. 1942 que les autres, nous nous écartons d'une opinion qui a d'éminents défenseurs et
et s.; Schoemann. Griechische Alterthûmer, I, 3' édit. 1871, p. 440 etsuiv. ; Hermann, d'après laquelle les véritables asiles seraient de date relativement récente. Plusieurs
Htaatsalterthumer, 5= éd. 1874, g 150 ; cf. C E. Wendt, De politin Atheniensium, auteurs pensent que, jusqu'au m" et peut-être même jusqu'au n» siècle avant notre
Erlangen, 1798, et Baumstark, De curatoribus emporii et nauiodicis, 1828, p. 44. ère, ■ nihil aliud fuit in civitatibus graecis supplicibus nisi omnium sacrorum propri.i
ASYLIA. 1 Jaenisch, De asylis Grâce, p. 10 et «. — • Plut. Aratus, c. 28. sanctitas. ■ Voir "Wachsmuth, Hrllen. Alterihumskunde, 2" édit. I, p. 335, note 31,
— • Tissot, Des proxénies grecques, p. 71 et s. — * Poilu, VIII, 139. — S Eggcr, et Focrster, De asylis Graecorum, p. 39.
I. 64
ASY — 506 — ASY
nias10, dignes par leur innocence d'une sollicitude particu choisi par les Cyloniens ne leur eût pas assuré l'impunité,
lière, il était protégé contre des persécutions ultérieures on ne s'expliquerait pas pourquoi les magistrats se décidè
par la sainteté du lieu. Était-il coupable, il différait habi rent à négocier avec eux et à contracter des engagements
tuellement l'heure de son supplice ; car, si l'exécution eut pour les décider à sortir du temple. 11 est vraisemblable
lieu quelquefois dans le temple lui-môme ce fut là ce toutefois que le sanctuaire de Minerve perdit plus tard le
pendant une exception, et l'opinion publique s'y montrait privilège de l'iouXta ** ; car on n'en trouve plus de mention
défavorable. Mais le coupable n'était pas protégé par une bien formelle dans l'histoire d'Athènes 11 faut peut-être
impunité, tout au plus l'abri que le dieu lui donnait était en dire autant du Theseion et môme du temple des Erin-
pour lui un titre à la clémence ,s. nyes ou Euménides; à l'origine, ils étaient des asiles M; à
Dans les temples qui jouissaient de l'àavkln, il en était l'époque classique, ils avaient perdu ce caractère et ser
autrement. Les criminels, ceux mêmes qui avaient été vaient tout au plus de refuge, ordinaire ou extraordi
condamnés au dernier supplice échappaient à toute naire w, aux esclaves maltraités par leurs maîtres !".
peine tant qu'ils demeuraient dans l'enceinte consacrée. 2" Le temple de Diane à Munychie. Mais les textes que
Euripide s'élevait avec raison contre cette faculté accor l'on invoque pour démontrer l'àcuXîa de ce sanctuaire nous
dée à tous indistinctement, innocents ou coupables, ac semblent faire seulement allusion à Vlxtitl*n. Ils nous
quittés ou condamnés, de se placer sous la sauvegarde de apprennent que les citoyens, qui se croyaient injustement
la Divinité; il aurait voulu que cette faveur ne pût être soumis aux charges de la triérarchie, pouvaient, en atten
réclamée que par les innocents u. Mais ses objections n'a dant que leurs réclamations fussent jugées, trouver dans
vaient pas semblé décisives. Le peuple ne voyait rien de le temple de Diane un refuge momentané contre les me
surprenant dans ce fait que les temples mettaient obsta sures de répression dont ils auraient été l'objet de la part
cle à l'exécution des lois. A ses yeux, c'était le dieu qui des apostoleis
prenait le condamné sous sa protection, et la justice hu On cite encore quelquefois le sanctuaire d'Amphiaraùs
maine devait s'incliner quand la Divinité intervenait pour à Oropos; mais le seul texte invoqué à l'appui du droit
arrêter son action u. d'asile de ce temple " n'est pas décisif M.
La distinction que nous venons d'exposer entre V&ovkî* En Laconie, le temple de Minerve Chalciœkos à Sparte.
et rtxwei'a doit certainement être admise en principe: L'àauXa de ce sanctuaire est prouvée par le jugement que
maison se heurte à de grandes difficultés, lorsqu'on essaye les anciens portèrent presque unanimement sur la con
de déterminer quels étaient les temples qui méritaient, à duite des Spartiates à l'égard de Pausanias, qui y avait
proprement parler, le titre d'asiles. 11 est, en effet, malaisé cherché un refuge 33. Fœrster croit cependant que l'on
de reconnaître, dans les récits des historiens anciens, si donne à ce fait une importance excessive, et il conteste
tel temple a joui véritablement de l'douXfo, ou s'il était resté l'àouAi'a en se fondant sur ce que l'orateur Lycurguc ap
dans le droit commun de l'ixmfa. Peut-être les anciens prouvait l'acte des Spartiates 3k; approbation qui serait
eux-mêmes étaient-ils souvent embarrassés pour résou inexplicable si ceux-ci avaient véritablement violé un
dre cette question Car la plupart des temples qui récla asile". Mais Polybe déclare expressément que ceux qui se
maient le droit d'asile ne produisaient pas des titres précis réfugiaientdansle templede Minerve Chalciœkos y étaient
et se bornaient à invoquer la tradition. Lorsque des doutes en sûreté, lors même qu'ils auraient été condamnés à
sérieux existaient et qu'il devenait nécessaire de les dissi mort !6, et son témoignage est confirmé par l'histoire
per, on s'adressait aux amphictyons qui, après un exa d'Agis : Léonidas, malgré sa méchanceté, n'osa pas atten
men approfondi, tranchaient la difficulté 17. ter à la vie de ce jeune prince tant qu'il resta dans l'inté
On cite habituellement comme asiles proprement dits les rieur du temple de Minerve37.
temples suivants 18 : Le temple de Neptune à Ténare était le lieu de refuge
Dans l'Attique, 1° le temple élevé en l'honneur de Mi habituel des esclaves, des hilotes et. des périôques **, tan
nerve sur l'acropole d'Athènes, et l'on invoque en faveur dis que les personnes de condition libre se réfugiaient
de cette opinion les faits qui suivirent la conspiration de dans le sanctuaire de Minerve Chalciœkos. Cette affectation
Cylon ". Cependant, Fœrster, après un examen attentif des spéciale est démontrée par l'histoire de Pausanias 3* ; le
récits d'Hérodote ï0, de Thucydide 21 et de Plutarque Si, messager de ce prince, étant à Lacédémone, ne serait pas
déclare qu'il ne résulte pas des détails conservés par ces allé demander protection au temple de Ténare, si cette
historiens que le temple de Minerve ait joui de prérogati protection lui eût été fournie par le temple de Sparte M.
ves supérieures à celles de tous les temples; il croit que En Argolide, nous citerons le temple d'Esculape à Epi-
les complices de Cylon n'y trouvèrent pas une protection daure '', le temple de Junon à Argos les temples de
plus grande que celle que leur eussent offerte les temples Cérès Chthonia et de Proserpine à Hermione w, le temple
de Mercure, de Neptune ou de Diane ". Les objections de de Neptune à Calaurie. Fœrster a cependant soutenu que
Fœrster ne nous paraissent pas décisives. Si le refuge ce dernier n'était pas un asile u; mais Strabon le qualifie de

•0 Vil, 25, 1. — H Xenoph. Bisl. graeca. IV, 4, 3. — » Voir Thucyd. IV, 08; — «7 V. infrà. — !8 Jaenisch, l. c. p. 2.1-27. — '-» Dcmosth. Decorona, § 107, R. 262;
Lysias, C. Eratoslh. § 98, I>. 150; Lycurg. C. Leocrat. § 93, D. 17 ; Xenoph. Schol. Ii. /. D. p. 595. In tevtc de Lysias, C. Agoralum, g 24 et suiv. D. 153, n'est
AgeriUu, 1 1 ; Uistor. graec. H, 3, 52 ; l)iod. Sic, XIII, 29 ; XIV, 4. — « Poljb. IV, pus plus probant; voir Jarniseh, p. 27. — ^0 Foerster,/. c. p 36 et suiv. — 31 Dioj;.
35. — 1* Ion, 1315-1322. — 15 V. Andocid. De myslcr. g 139, D. 71. — « Schoe l.aërt. II, lli. — 33 Jaenisch, l. c. p. 34; Schoemann, Gr. Allerth. ï' édit. II,
mann, Griech. Alterlh. 2" (Mit. 11, 35. M. Schoemann va même plus loin, p. 203, p. 202. — » Thucyd. I, 128 et 134 ; Diod. XI, 45. — 3* Lycurg. C. Leorr. gg 128
eu reconnaissant au* amphictyons le droit de concéder I'At-AL». En sens contraire et s. D. p. 24. — " L. c. p. 34-36 ; cf. Schoemann. Gr. AU. 2* éd. t. II, p. 203,
J.u'nisch, p. 17. — 1" Tncit. Annal. IV, 14. — 18 Voir une longue r-nuriuTation dans I10tc. - 30 Polyb. IV, 35, 3, D. p. 2!7. — 87 plut. Agi*, 16 et 1!) ; cf. Jaenisch,
Pauly, Jlealencyclop. I, 2' éd. p. 1910 et s. — M Jacuisch, p. 21. - »V, 71. p. 28. — M Thucyd. I, 133; Diod. XI, 45; cf. Corn. Nepos, Pausnu. IV, 1.
— « I, 126. — » Solon, 12 ; cf. Schol. Arisloph. Equit. 445, et Paus. VII, 25, 3. — M Thuc. I, 128. — M> Jaeni>rh, p. 29 ; V. toutefois Schocmaun, Gr. Alt. 2« édit.
— a De asylis, p. 31-33. — "> Jaenisch, /. c. p. 23. — « V. cep. Paus. I, 20, § 7. H, p. 202 »' Plut. Pomp. 21. — « Eod. I. — •* Phot. Lexic. I. v. "Ejniivi}, *<■•
— *> Pour le Theseion, voir Etjni. magn. *. c. Hr.miov, et Plut. Thes. 36 ; pour le 1823, p. 15 ; cf. Zenob. Proe. II, 22, et Plut. Pomp. 21 ; A. Maury, Mit. des relig.
temple des Eriimye», Schol. Aristoph. Theim. 224 i cf. Paus. Vil, 25, 8 1 et s. de la Grèce, U, p. 70. — ** De atyl. Grâce, p. 39 et suiv.
I

ASY — ; )7 — A'SY
Upôv âauXov et parle de Viavikla qui y était attachée **; Plu- L'histoire légendaire d'Athènes nous offre un fait qui
tarque le mentionne dans l'énumération des asiles qui autoriserait à croire que les réfugiés continuaient à jouir
furent pillés par les pirates; enfin Démosthène y chercha de Yimikioi en dehors du irepîêoXoç, pourvu qu'ils restassent
un refuge. Archias, qui n'hésita pas à recourir à la violence unis à l'asile par un signe matériel et visible. D'après
contre les autres orateurs réfugiés dans le temple d'Ajax à Plutarque, les partisans de Cylon, quand, sur les instances
Egine, n'osa pas user de contrainte contre Démosthène 46 ; de Mégaclès, ils se décidèrent à sortir du temple de Mi
il se borna à faire des efforts pour décider le fugitif à sortir nerve, voulurent conserver le droit d'asile. Pour cela, ils
spontanément de sa retraite47. attachèrent une corde à la statue de la déesse et marchè
APhlionte, le temple consacré primitivement à Gany- rent en déroulant cette corde entre leurs mains. Ce fut
mède et plus tard a Hébé. Les personnes qui s'y réfu seulement après la rupture, accidentelle ou préméditée,
giaient y trouvaient l'aîiia, et Pausanias vit suspendues aux du lien que ces malheureux furent massacrés par les Alc-
arbres du bois sacré, comme hommages à la Divinité, les méonides ee. Cette anecdote peut être inexacte ; mais elle
chaînes des prisonniers qui y avaient recouvré la liberté48. n'a rien d'invraisemblable, et d'autres faits attestent l'im
Mentionnons encore les sanctuaires suivants, bien que, portance que les Grecs attachaient à l'existence d'une
pour beaucoup d'entre eux, il soit permis de soutenir que connexité apparente. Lorsque Crésus assiégea Éphèse, les
les textes font seulement allusion à Fixei-cfa : en Arcadie, assiégés ne se bornèrent pas à consacrer leur ville à Diane,
le temple de Diane à Lysa entre Clitor et Cynaetha 49 ; le dont le sanctuaire était éloigné de sept stades (environ
temple de Minerve Alea à Tégée80; le temple de Jupiter treize cents mètres) 87 ; ils rattachèrent matériellement
sur le mont Lycée 51 ; — en Achaïe, le temple de Neptune Ephèse au temple à l'aide de câbles tendus entre l'autel
à Hélice 8!; — dans l'Isthme, le temple de Neptune 85 ; — de la déesse et les murs de la ville. De même, quand Po-
en Béotie, le temple de Minerve Itonia àCoronée84; — lycràte, tyran de Samos, voulut consacrer à Apollon Dé
en Acarnanie, le temple d'Apollon à Actium 88 ; — puis le lien nie de Rhenea qu'il venait de conquérir, il fit établir
temple d'Apollon à Leucade88, le temple de Junon à Cor- une chaîne reliant cette île à Délos **.
cyre '7, le temple d'Apollon à Délos 8\ le temple d'Escu- L'datAi'a ne fut pas toujours respectée, et les historiens
lape à Cos 89, les temples de Junon et de Diane à Samos 60, citent beaucoup de cas dans lesquels, malgré la sainteté
un autre temple à Samothrace61, celui de Junon à Lacinium de l'asile, on atteignit le réfugié, soit directement, soit
dans la Grande-Grèce"; enfin en Asie Mineure les temples indirectement. Quand on n'osait pas lui faire ouvertement
de Claros, près de Colophon, Didyme, etc.... violence, on employait des moyens détournés ; on envi
Nous avons dit que YdvJkî* pouvait être réclamée, non- ronnait le temple de troncs d'arbres auxquels on mettait
seulement par les innocents qui cherchaient à se dérober le feu pour contraindre le malheureux à se rendre ou à
à d'injustes persécutions, mais encore par les criminels, périr dans les flammes 69 ; on enlevait le toit du sanctuaire
même par ceux que les tribunaux compétents avaient pour exposer le réfugié aux injures du temps ; on murait
reconnus coupables des plus grands forfaits et qu'ils les portes pour le faire mourir par la famine, sauf a les
avaient condamnés au dernier supplice •*. Nous devons ouvrir, par scrupule de conscience, lorsque la mort était
noter cependant que, d'après la législation d'Athènes, il imminente 70. Dans d'autres cas, l'outrage à la Divinité
était naturel de refuser aux condamnés à mort le bénéfice était manifeste: ainsi les Lacédémoniens massacrèrent des
de ViavXiix, puisqu'il leur était interdit de pénétrer dans hilotes qui s'étaient réfugiés dans le temple de Neptune
les temples. Peut-être même tous les condamnés, qui, par à Ténare71. Mais ces faits étaient flétris par l'opinion pu
suite de leur condamnation, étaient exclus des temples, blique qui les regardait comme des sacrilèges, et, lorsque
étaient-ils par cela même exclus du droit d'asile, et, si l'un des malheurs atteignaient plus tard les auteurs de ces
d'eux, après avoir commis un nouveau crime, avait voulu, violences, la foule y voyait une punition infligée par les
malgré son indignité, se réfugier dans un sanctuaire, il dieux justjment irrités 7S.
aurait pu être arraché de l'asile et subir sa peine 8k. III. — Lorsqu'un maître excédait le droit de correction
La protection résultant de l'inviolabilité du sanctuaire que la loi lui reconnaissait sur son esclave, et lui infligeait
ne pouvait être réclamée que pendant le temps que le de mauvais traitements hors de proportion avec ses fautes ,
réfugié passait dans l'enceinte consacrée (7iepi6eAoç). Cette l'esclave pouvait, comme l'homme libre, demander protec
enceinte était plus ou moins étendue suivant les localités. tion aux dieux et se réfugier dans leurs temples ". Il y
Souvent, d'illustres personnages , afin de témoignerai! avait môme des sanctuaires spécialement affectés aux
dieu leur respect, profitaient de leur séjour dans le voi esclaves : le Theseion à Athènes74, le temple de Neptune à
sinage du temple pour en reculer les limites. C'est ainsi Ténare78, le temple d'Hercule à Canope78, le bois sacré
qu'Alexandre, Mithridate et Antoine augmentèrent suc d'Apollon Karneios p'rès d'Andanie77; mais souvent, con
cessivement la circonférence du terrain privilégié qui en traint par la nécessité, l'esclave cherchait un asile dans le
tourait le temple de Diane à Ephèse, l'un des plus fameux temple le plus rapproché de lui. A Athènes, par exemple,
de l'antiquité 6S. nous voyons des esclaves, qui, au lieu de fuir jusqu'au

" VIII, 6, 14. — »• Pomp. 24. — W Plut. Demosth. 28 et suiv. ; cf. Jacnisch, p. 30 cf. Plant. AIostM. V, I, 65, elUudens, III, 4,63.— 'o Thuc. 1, 134; cf. Herod. III, 18.
et suiv. ; Schoentann, Griechische AUerlhùmer, 2" édit. II, p. 2U2 — *8 Paus. II, 13, — 71 Thuc. I, 128 ; cf. III, 81 ; Herod. V, 46 ; VI, 91 ; Paus. I, 20, g 7; VU, 21, g 6, etc.
g 4; cf. Thuc. IV, 133, et Paus. II, 17, 7. — *« Polyb. IV, 18, g 10. — » raus. III, - 7s Thuc. I, 128 ; l'aus. VII, 25, g 3, etc. ; cf. Maury, l. c. II, p. 74. — 75 Eurip.
5, C et III, 7,10; Plut. Lysond. 30 ; Xenoph. Hist. gr. III, 5, Î5.— « Thuc. V, 16. Sltppl. 267 : 'E^ll xatasypiv iovAo; âw^ûç ïlûv ; ï<m S-.vXw ;i-j;t;»o; 268 ; cf. Plut.
— 51 Paus. VII, 24, 6 et suiv. — 5» Plut. Pomp. 24. —» Plut. Agesilos, 19; mais ce De superstilione, c. 4, Didot, p. 197. —7» Plut. Thés. 36; Aristoph. Eguil. 1311 ;
texte se rapporte seulement à l'imita. V. Schocmann, Gr. Alt. II, 2» éd. p. 20i. Poil. VII, 13. — " Thuc. I, 123 ; Diod. XI, 45; C. Nepos, Pau». 4, 4. — '0 Herod. Il,
— S» Plut. Pomp. 24. — M Eod. I. — 57 Thue. III, 81. — 5» TH. Liv. XXXV, 51. 113 ; Foerster, De usyl. Gr. p. 41 et suît. — 77 Lebas et Eoucart, Ittscr. du Pélo
— M Tac. Afin. IV, 14. — 8° Plut. Pomp. 24; Herod. III, 48 ; Tac. Aun. IV, 14. ponnèse, no 326 a, g 16. M. Biïchsenschutr, Besits und Erwerb, p. 152, cite encore
— «> Plut. /. I.; Tit. Lît. XLV, 5. — «« Plut. /. /. - «» Polyb. IV, 35. — «* YVcster- le temple d'Hébé à Phlionte ; mais les textes que n >us avons indiqués noie 43 prou-
mann, Henl-Ettnjrl. I, f édit. p. 1946. — Strab. XIV, 1, ;3.— ««Plut. Solon, 1». rent seulement que re temple était un asile et ne permettent pas d'ulTiniii'r qu'il fût
_«7 Herodot. I, 26.— «» Thuc. III, 104. - «» Eurip. -1 udrom. 257 ; Herc. fur. 244 ! particulier aux esclaves. Voir pour la Sicile, Diod. XI, 89.
ASY - - 508 - ASY

Theseion, se sont mis à l'abri du temple des Ennuyés™, ou était attaché aux sanctuaires édifiés sur leur territoire. A
sont montés sur l'autel de la Mère des dieux79. Quelquefois l'appui de leurs prétentions, les unes invoquaient d'an
môme, une simple couronne, posée sur leur front, leur ciennes légendes, tandis que les autres se fondaient sur des
imprimait une sorte d'inviolabilité religieuse. « Je vous titres de date relativement très-récente ; mais les affirma
persécuterai, dit l'esclave Carion à son maître Chrémyle, tions de la plupart d'entre elles étaient en réalité très-con
et vous ne pourrez pas me battre, grâce à ma couronne de testables 89 . Les Romains ne cherchèrent pas d'abord à dé
pouiller les temples du privilège de .'tfauXfa ; ce privilège
laurier80. »
Il existe un certain nombre d'ouvrages de la sculpture pouvait même, à un moment donné, avoir pour la répu
antique, qui représentent des acteurs dans des rôles d'es blique des avantages, et les sanctuaires privilégiés servi
claves fugitifs 81 : on les voit assis sur un autel, quelque rent quelquefois de refuge aux citoyens romains contre
fois portant sur leur tête une couronne, d'autres fois la les persécutions et les vexations des provinciaux. Mais
tenant à la main. Nous reproduisons un bas-relief en terre aussi, grâce à cette tolérance, les temples devinrent, en
cuite de la collection Campana, au musée du Louvre quelque sorte, des repaires, dans lesquels les esclaves re
(fig. 589), dont le sujet est une scène de comédie : un es- belles, les débiteurs insolvables, les criminels notoires
venaient impunément braver leurs maîtres, leurs créan
ciers, ou la justice.
Le scandale fut si grand que l'empereur Tibère, en
l'an 22 de notre ère, prescrivit au sénat de vérifier et de
contrôler les allégations des cités. Les villes furent invitées
à envoyer à Rome des députés chargés de faire valoir et
d'appuyer les titres sur lesquels reposait leur droit d'asile.
Quelques-unes, reconnaissant que leurs prérogatives
étaient usurpées, y renoncèrent volontairement. D'autres
acceptèrent un débat contradictoire, fort sérieux, qui
dura assez longtemps pour que le sénat finît par se dé
charger sur les consuls, en se réservant seulement le juge
ment des questions litigieuses.
Le résultat de l'enquête ne fut pas, comme le dit Sué
Fig. 589. Esclave réfugié sur un autel. tone 90, l'abolition de tous les asiles, mais la limitation du
clave s'est réfugié sur un autel, à l'intérieur d'un temple ; nombre des villes favorisées et l'obligation pour elles de
deux personnages sont avec lui; il paraît vouloir échap se renfermer rigoureusement dans les limites tracées par
per à la poursuite du plus éloigné 8i. le titre constitutif, que le sénat confirma.
L'inviolabilité de l'esclave n'était pas toujours de lon Parmi les temples qui purent attacher à leurs murs une
gue durée. Il était facile au maître, Chrémyle en fait la plaque d'airain, reproduisant les termes du sénatus-con-
remarque, d'arracher à l'esclave sa couronne et de le sulte qui consacrait leurs prétentions, figura en première
corriger ensuite avec usure85. Si le fugitif était dans un ligne le temple de Diane, à Éphèse". Le droit d'asile de
temple, on le décidait quelquefois, par adresse ou par ce temple remontait à la plus haute antiquité; suivant
menaces, à sortir du refuge. A Andanie, le prêtre était la tradition, les dieux eux-mêmes en avaient bénéficié, et
appelé à juger les griefs de l'esclave contre son maître, et, Apollon y avait trouvé un abri contre la colère de Jupiter
s'il ne les trouvait pas suffisants, il ordonnait que le mal après le meurtre des Cyclopes. Ce privilège avait été re
heureux fût rendu â son propriétaire Enfin, lors même connu et proclamé à toutes les époques; Hercule, maître
que l'esclave avait obtenu le pardon le plus complet , rien ne de la Lydie, l'avait accru ; les dominations persane, grec
lui garantissait qu'il ne serait pas châtié, plus rigoureuse que et romaine l'avaient respecté. Alexandre et Mithri-
ment encore qu'autrefois, dès qu'une occasion favorable date avaient étendu la circonférence de l'enceinte favo
s'offrirait au maître de se dédommager de l'impunité ac risée ; Antoine l'avait doublée de telle façon qu'elle com
tuelle85. Laloi athénienne, préoccupée de ce danger, permit prenait une portion de la ville; Auguste l'avait enfin
à l'esclave réfugié dans un temple d'exiger, au moins quand ramenée à ses anciennes limites. C'était, dit Plutarque9*,
ses plaintes étaient bien fondées88, que son maître le mît le refuge préféré des débiteurs insolvables. — Le temple
en vente (irpïsiv akeîv) Faute de détails sur l'exercice de de Diane Leukophryne, à Magnésie, avait été élevé à la
ce droit, nous ne pouvons pas indiquer avec certitude dignité d'asile par Scipion, après sa victoire sur Antiochus,
comment il fonctionnait; mais on 'admet généralement et par Sylla, après ses triomphes sur Mithridate93. — Le
que le maître pouvait être actionné en justice lorsqu'il temple de Vénus à Aphrodisias, les temples de Jupiter et
refusait de consentir â la vente, et les tribunaux l'obli d'Hécate à Stratonicée, avaient été dotés par César du
geaient à se dépouiller au profit d'un tiers de sa qualité de droit d'asile, en récompense des services qu'ils avaient
maître8*. rendus à sa cause, et par Auguste en reconnaissance de
IV. — Quand les Romains furent maîtres de l'Asie Mi la fidélité qu'ils avaient gardée aux Romains lors d'une
neure, beaucoup de cités prétendirent qu'un droit d'asile incursion des Parthes". — Le temple de Diane, à Hiéro-
IBAristoph. Bquit. 1311. — 79 Aeschin. C. Timnreh. § 60, D. p. 40. — 80 Aristoph. 2' édit. 11, p. 203. — 87 Poilu, VII, 13 ; cf. pour Rome, Gaius, I, 53. — 88 Biich-
Plut. 20-21. — 81 Monum. Matteiana, I, pl. eux ; Ficoroni, De larvis scen. et firj. ■auchfitl, l. c. p. 1 53. Voir toutefois Meier et Schocmann, Atlische Process, p. 403-
com. pl. XT1U, d. 61 ; Visconti, Mus. Pio-CUmrnt. III, pl. 28 ; (larac, Musée de sculpt. 405. — 89 Voir sur ce point Tficit. Ann. III, 60 et suit. — 80 Tib. 37. — 9t Tac.
pl. 873 et 874 A et B; Ane. Marbl. in British Mus. X, pl. ixiii ; Wieseler, Daik- Ann. III, 61. — 9! De vit. «ère alieno, III, § 3, D. p. 1010; cf. Strnbo, XIV, 1, Ï3,
mâîer des Bûhnenweutu, n, n. 8-1 1 ; m, n. 5. — BSVoy.àce sujet, Wieseler, Annal, D. p. 547 ; App. De bello Mithr. 23, D. p. 240. — «3 Tac. in, III, 62. — Corp.
de Finit- de corr. ûrchéol. 1859, p. 389, pl. O. — ® Arislop. Plut. 22-23- — 84 inscrip insc. gr. n • 2715 et Ï737 ; peut-être le titre reproduit aous le n» 2715 a-t-il été ré
tion cite> note 77- ligne 83. — 8» Plaut. Mostell. V,2, 57. — 8* Schoemann, Gr.AU. digé à l'occasion de l'enquête ordonnée par Tibèr? ; Oocckli, /. c. II. p. 484.
ASY — 309 - ASY
césarée, faisait remonter son privilège à Cyrus ; M. Pei- répondit, comme la première fois, qu'il fallait livrer Pac
penna, P. Servilius Isauricus et d'autres généraux romains tyas aux Perses. Aussitôt Aristodicus, faisant le tour du
avaient, non-seulement proclamé la sainteté de cet asile, temple, chassa de leurs nids les petits oiseaux qui s'étaient
mais encore étendu sa protection à une enceinte de deux établis dans le sanctuaire, et, comme le dieu lui reprochait
mille pas95. — Citons encore les temples de Vénus àPaphos son impiété, il s'excusa en disant qu'il mettait en pratique
et à Amathonte, le temple de Jupiter à Salamis de Cypre86, le conseil que l'oracle venait de donner aux Cyméens. « Si
les temples d'Esculape à Pergame97 et à Cos98, le temple je vous ai ordonné, répliqua le dieu, de livrer Pactyas,
de Junon à Samos — D'autres sanctuaires, tels que le c'est pour que vous périssiez promptement en punition de
temple de Vénus Stratonice à Smyrne103, le temple de Nep votre faute. Vous ne deviez pas mettre en doute les droits
tune à Ténos, les temples d'Apollon et de Diane à Sardes d'un suppliant, et vous avez commis un acte impie en ve
et à Miîet, furent moins heureux, nant consulter l'oracle pour savoir si un fugitif pouvait
parce que leur droit d'asile ne repo être livré à ceux qui le réclament. » Les Cyméens, placés
sait que sur de vagues et obscures entre leur devoir et la colère de Cyrus, envoyèrent Pactyas
traditions m. 11 faut probablement en a Mitylène; puis, apprenant que les Mityléniens, moins
dire autant du temple de Bacchus à scrupuleux, allaient se soumettre aux injonctions de
Tralles ,02, du temple de Diane Leuko- Cyrus, ils.flrent enlever et conduire le malheureux à Chios.
phryne à'Milet 103, du temple d'Apol Les habitants de Chios, qui prouvèrent dans d'autres cir
lon et de Diane à Daphné, près constances leur insouciance pour les droits des sup
Fig. 590. Temple de Diane
à Perge, en Paniphylie. d'Antioche, en Syrie10*, et de beau pliants "°, livrèrent Pactyas et reçurent le prix de leur
coup d'autres, élevés dans des villes bonne volonté pour les Perses 111 . Mais ce qui montre que
qui avaient fait graver sur leurs monnaies le mot àuuXov 105 : leur conduite était peu honorable, même à leurs propres
on en voit ici un exemple (flg. 590). yeux, et qu'ils croyaient avoir encouru le mécontentement
V. — A propos du droit d'asile, disons quelques mots de la Divinité, c'est que, pendant longtemps, ils s'abstin
de l'extradition. rent d'affecter aux sacrifices les revenus do l'immeuble
Dans les temps anciens, les États grecs accueillaient que Cyrus leur avait donné.
comme des hôtes inviolables les étrangers, qui, après avoir On finit par reconnaître que cette impunité oITerte à de
commis un crime dans leur pays, s'étaient dérobés par la grands coupables pouvait avoir des inconvénients, et que
fuite au châtiment106. Livrer un fugitif au souverain ou le refus d'extradition devait être limité aux fugitifs qui
aux tribunaux d'une autre nation était regardé comme un n'avaient pas commis de crimes trop odieux. Athènes, qui
acte d'impiété, que les dieux ne manqueraient pas de punir. s'enorgueillissait de respecter soigneusement le droit des
Plus tard, l'extradition eut des partisans. Peut-être suppliants malheureux113, avait reconnu dans ses lois le
l'exemple des pays étrangers, avec lesquels la Grèce était droit à l'extradition. Quand un citoyen d'Athènes avait
en relations habituelles, et qui, de temps immémorial, trouvé la mort sur un territoire étranger, elle exigeait que
extradaient les criminels, ne fut-il pas sans influence sur le meurtrier fût poursuivi devant les tribunaux du pays.
les Grecs. Nous possédons un document diplomatique, A défaut de poursuite, elle demandait l'extradition (itpoo-É-
contemporain de Moïse, qui renferme le texte d'un traité Taiisv exSoûvat), et c'était seulement lorsque l'État étranger
entre Ramsès II et le prince de Cheta, et on y trouve plu refusait de livrer le coupable qu'elle autorisait les pa
sieurs clauses relatives à l'extradition. Chaque souverain rents du mort à user de I'Androlepsia 113. Puisque les
s'oblige à ne pas recevoir les habitants de l'autre pays qui Athéniens réclamaient l'extradition de certains criminels,
seraient tentés de venir s'établir chez lui, et il promet de il est probable qu'ils l'accordaient eux-mêmes dans quel
faire reconduire les fugitifs dans leur pays d'origine 107. ques cas. Nous devons toutefois ajouter que les Athéniens
Les deux princes s'engagent toutefois à traiter les ex se montraient indulgents pour les homicides, qui, sans
tradés avec indulgence et à ne pas leur appliquer toute attendre leur jugement, quittaient le sol de l'Attique et
la rigueur des lois 108 . se rendaient en pays étranger. Non-seulement ils ne
Quoi qu'il en soit, la légitimité de l'extradition était en réclamaient pas leur extradition 114 , mais encore ils
core douteuse au temps de Cyrus. Un fait rapporté par avaient édicté des mesures destinées à les protéger contre
Hérodote le prouve suffisamment ,09. Le Lydien Pactyas, les violences dont ils auraient pu être les victimes ,1S. « On
qui avait soulevé ses compatriotes contre Cyrus, s'était ne reçoit pas en ennemis, dit Lycurgue "*, les meurtriers,
réfugié à Cymé pour échapper aux vengeances du roi de qui, fuyant leur pays, viennent demander un refuge. »
Perse. Mazarès, lieutenant du roi, ayant demandé que le VI. — Le droit d'asile, qui occupe, comme on vient de le
fugitif lui fût livré, les Cyméens voulurent, avant de ré voir, une si grande place dans l'histoire de la Grèce, ne pa
pondre, connaître l'avis des dieux. Ils consultèrent l'oracle raît pas avoir été admis par les Romains. On ne trouve
des Branchides, qui répondit que l'extradition était pos dans leur langue aucun terme correspondant à Vimikhx
sible. La majorité allait obéir, quand un simple citoyen, des Grecs, et une remarque faite par Tite-Live à pro
Aristodicus, cédant à des scrupules de conscience, pro pos de l'asile de Délos 117, prouve que cette institution
posa de soumettre l'affaire à un nouvel examen. Il se ren était complètement étrangère aux mœurs de Rome us.
dit aux Branchides et interrogea de nouveau l'oracle, qui Sans doute, en Italie comme en Grèce, il dut arriver
»s Tac. Ann. III, 62. — »« Eod. I. — 9' Tac. Ann. III, 63 ; cf. Appian. De bel!. p. "5. — 1°6 Focrslcr, De asylis, p. 27. — 107 Voir la trad. de M. de Hougé, art. 32 à 36,
Mithr. 23, D. p. ï:0.— 98 Tac. Ann. IV, 14. - 99 Eod. /.— 100 c. wsc. ffr. n° 3137, dansE|lgcr, Études hùt. sur les traités publics, 18fi6, p. 248 et s. — 108 Art. 44 à 47, l.
ligne 1!. — mi Tac. Ann. 111,63.— 10! C. ùue. gr.w 2919; voir Bocckh, II, p. 514 c. p. 250 et s. — '09 I, 154-160. — H0 llangabé, Antiq. hcllén. II, n» 472. — m Paus.
cl 8. —«» Appian. Be l civ. V,9, D.p.517. — 10* Strab. XVI, 2, D. p. 639.— 103 Mion- IV, 35, § 10. — "2 Demosth. Epist. III, § 3, R. 1477. — «» Demosth. C. Aristocr.
nct, t l ll,p. 466, D. Ml et «., 1 19 : suppl. I. VII, p. 56 cl s. 1 39 et s.; cf. t. Il, p. 59 ; t. V, g§ 83 et s. R. 648. — H* Voir l'article ahdholkpsu,p. 268, suprà.—I15 Dera. C. Aris-
p. 271, p. 319, 378 ; suppl. t. VII, 139, 152, 154, etc. ; Spanheim, De praest. nwnism. ioar. m 37 et ». R. 631 et s. — "0 C. Leocrat. g m. I). ;5. — "7 XXXV, 51.
iliss. IX ; Rasche, Lexic. rei numariae, t. I, col. 120S ; Maury, Relig. de la Grèce, II, — 118 Schoemann, Opusc. academ. I, p. 19 et s. ; Jaenisch, De Graec. asylis, p. 6 et s.
ATA — B10 — ATA
quelquefois que des malheureux cherchèrent un refuge ATALANTE, 'ATaÀâvTY]. — Atalante, héroïne arcadienne,
près des autels et dans les temples des Dieux 119 ; mais on fille de Iasos, selon les traditions de ce pays, ou de
serait embarrassé pour en citer beaucoup d'exemples. Schoineus suivant celles qui avaient cours en Béotie. Les
Quand, à la mort de César, le peuple décida que nulle unes et les autres semblent avoir une origine commune ;
violence ne serait faite à ceux qui se placeraient sous la elles ont été confondues dans les récits poétiques *. On di
protection du temple élevé en l'honneur du dictateur, sait que le père d'Atalante, ne voulant avoir que des fils,
cette décision sembla tout à fait exceptionnelle; Dion l'avait fait exposer après sa naissance dans les montagnes ;
Cassius déclare qu'il faut remonter jusqu'à Romulus elle y fut allaitée par une ourse, élevée par des chasseurs et
pour trouver quelque chose d'analogue 1". devint, ce qu'elle est restée dans la poésie et les représen
Il est vrai que les historiens parlent souvent d'un asile tations de l'art, un type de force et d'agilité infatigables*.
qui aurait été établi par Romulus et auquel Dion Cassius Toujours armée et chassant, solitaire, inaccessible à tout
fait sans doute allusion dans le passage qui précède. sentiment tendre, et redoutable même pour ceux qui en
« Romulus, dit Strabon, fit d'un bois situé entre la cita treprenaient de vaincre sa résistance 5, elle fut cependant
delle et le Capitole un lieu d'asile, et proclama citoyens vaincue à la fin, avec l'aide de Vénus, par l'amour de
romains tous les habitants des pays voisins qui s'y réfu Mélanion fils d'Athamas et donna le jour à Parthénopée,
gieraient U1. » Mais en l'honneur de quel dieu cette àcuÀîa l'un des sept chefs de la guerre contre Thèbes.
fut-elle établie? Tite-Live ne prononce aucun nom ; De- C'est ainsi que son nom a été introduit dans l'épopée
nys d'Halicarnasse déclare qu'il n'a obtenu aucun rensei thébaine. 11 a été rattaché aussi à l'expédition des Argo
gnement satisfaisant qu'il puisse communiquer à ses lec nautes 5 : Atalante aurait pris part aux jeux funèbres en
teurs ; Plutarque parle d'un 6eô; àmAotTo?, qu'on ne peut l'honneur de Pélias et y aurait été victorieuse de Pélée
prendre au sérieux ; le grammairien Servius, d'un Lycoreus à la lutte. Elle a une grande place dans les récits de
tout à fait inconnu m. L'opinion qui semble prévaloir au la chasse de Calydon [meleager]. Méléagre, épris de sa
jourd'hui est celle qui enseigne que le prétendu asile était beauté, la fit admettre, contre le gré des autres chas
le temple de Veiovis, divinité dont le culte avait un carac seurs, parmi les héros qui prirent part à cette expédition ;
tère expiatoire et dont le sanctuaire était très-voisin du ce fut elle qui porta au sanglier le premier coup mortel ;
bois sacré "3. Nous ferons remarquer cependant que, Méléagre lui en donna la dépouille et la jalousie qu'il
d'après Dion Cassius '", le lieu où se seraient rassemblés excita par cette préférence fut la première cause de sa
les premiers compagnons de Romulus fut si bien clos que mort.
personne ne fut admis plus tard à y pénétrer, tandis que D'après la légende béotienne 6, Atalante vivait à l'écart
le temple de Veiovis était accessible dans les bois, fuyant le contact des hommes, parce qu'un
Il est possible qu'il y eût à l'origine dans les bois du oracle lui avait interdit le mariage ; elle défiait les pré
Capitole des chapelles expiatoires, dans lesquelles les cri tendants à la course et ceux qu'elle avait vaincus rece
minels venaient chercher l'absolution de leurs fautes, et vaient la mort de sa main ; le vainqueur devait l'épouser.
que Romulus ait recruté, pour sa nouvelle ville, les mal Hippomène (d'autres nomment Mélanion), témoin de la dé
heureux qui étaient dans ces chapelles. Mais la grande faite d'un grand nombrede rivaux, osa pourtant disputer le
majorité des sujets du premier roi de Rome était certai prix. Prolégé par Vénus, qui lui fit présent de trois pom
nement étrangère au refuge. On ne fonde pas, avec un mes d'or, il eut soin en courant de les laisser tomber :
ramassis de brigands, un État aussi bien ordonné que le Atalante lés ramassa et fut dépassée. Elle se réjouit de sa
fut dès le principe la République romaine. défaite, car Vénus l'avait rendue favorable aux vœux de
Il faut donc écarter la légende de l'asile de Romulus. son poursuivant; mais elle négligea de témoigner à la
On ne doit pas attacher plus d'importance au passage déesse sa reconnaissance, et celle-ci abandonna les deux
dans lequel Denys d'Halicarnasse, parlant du temple de amants. Leurs transports leur firent oublier, dans un temple
Diane sur l'Aven tin, l'appelle Upbv ào-uXov "6. Ce temple de ou un bois consacré à Rhéa-Cybèle (ou à Jupiter), le res
Diane était, non pas un asile dans le sens propre du mot, pect dû à un lieu saint, et pour châtiment ils furent chan
mais un sanctuaire vénéré et respecté. E. Caillemer. gés en lion et en lionne.
ATABYRIASTAI (ÂTa6upi«rwtf). — Société de 1 île de Atalante était figurée sur le coffre célèbre de Cypsélus 7,
Rhodes, dont l'organisation était celle des thiases [thiasos]. tenant un faon et ayant auprès d'elle Mélanion. Elle a
Elle tirait son nom de celui de la divinité qu'elle avait été surtout représentée par les artistes comme com
choisie comme protectrice, Jupiter Atabyrien, adoré sur pagne de Méléagre, dans de nombreux monuments où
le mont Atabyrion, le plus haut sommet de l'île. Le titre l'on voit les divers épisodes de l'histoire de ce héros et
des membres de cette confrérie est Aiô; AraSufiacTai Kipot- que nous n'avons pas à énnmérer ici. Nous dirons seule
vopsioi ; ce dernier nom devait rappeler celui du fonda ment qu'elle y apparaît ordinairement dans le costume
teur1. P. Foucart. des nymphes de Diane, vêtue d'une tunique courte, chaus-

119 Cic. Or. II, C. Rull. de Ug. Agr. XIV, g 36.— 120 XLVU, 19. — m V, 3, ATALANTE. 1 Apollod. III, 9, 2 ; Aelian. Var. hist. XIII, 1 ; Hygin. Fab. 99 et
2 ; cf. Tit.-Liv. 1,8,5; Dion. Halic. II, 15 ; Plut, ltomul. 9. — iti Ad Aeneid. II, 518 ; Theogn. 1287 et s. ; Callim. In Dian. 216 ; Diod. IV, 34 ; cf. Eurip. Phocn. 150
761. — lî» Hartung, Belig. der Itômer, II, 55. — 1» XLVU, 19. — us Jaenisch, et Schol.; Spanheim ad Callim. In Dian. 216; Heyne, Ad Apollod. p. 49, 269 ;
I. Cf. 8. — U* IV, 26. — Bibliogiufhie. Helfrecht, Hislorische Abhandlung von den 0. Millier, Orchomen. p. 214; Welcker, Gr. Trag. III, p. 1217 • C'est le sens
Asylfn, Hof, 1801 ; Bach, Ueber die Beschaffenheit wid den vcrsr.hiedenartigen de son nom qui vient de a privatif et TaÀdu, ou, selon d'autres, de bondir;
Zwcck der von den aeltcsten Voelkern bis in die Zeiten des Christenthums bestan- Paus. III, 24, 2 ; voyez à ce sujet A. Maury, Jlelig. de la Grèce, I, p. 154.— 3 Aelian. et
denen AsyU\GMz. 1827; Dringer, De asylorum origine, usu et abusu, Leyde, 182S ; Theogn. I. I. — * Theogn. /. I. ; Schol. Eur. I. I. ; Musac. 153 ; Propert. I, 1 , 9 et s. ;
Wallon, Du droit d'asile, Paris, 1837 ; Ncu, De asyiis, Gocitingue, 1837 ; Tophoff, De Ovid. Ars am. II, 185 et s. — ' Apoll. Rhod. I. "69 ; Apollod. III, 9, 7 ; Diod. IV, 41,
tutela guam Graecorum loca sacra et hominibus et rébus praestiterunt, Padcrhorn, 48. — 6 Elle était connue d'Hésiode : Schol Iliad. Il, 7ù4 ; Eust. Ad II. XXIII, fiS3,
1839 ; Focrstcr, Dr. asylis Graecorum, Brcslau, 1847 ; Jaeuisch, De Graecorum Theocr. III, 40 et Schol.; Theogn. I. t.; Apollod. III, 9, 2; Hygin. Fab. 185;
asyiis, Gocttingu*, 1868. Ovid. Met. X, 560 ; Prob. Ad Yirg. Ed. VI, 51 ; Propert. I, 1, 20 ; Paus. VIII, 35,
ATABYRIASTAI. ' Ross, fnscr. Gr. inid. n° 282 ; Revue archéol. déc. 1804. 8 ; Tietï. Chil. XIII, 453. - 7 Pau». V, 19, 1.
ATE — 5H ATE
séc de bottines de chasse, les cheveux relevés et noués sur tantôt à de simples particuliers \ Dans ces deux derniers
le sommet de la tête, le carquois sur l'épaule, et l'arc, cas, elle était souvent attachée exclusivement à la per
plus rarement la lance sonne du gratifié ; mais parfois aussi elle était héréditaire,
ou le javelot, à la main8 et la postérité du donataire en recueillait le profit *.
(flg. 591). Dans une autre Elle était, suivant les cas, générale (tfrÉÀEta a7tâvTwv)
série de monuments on ou limitée à quelques taxes ou charges déterminées.
voit Atalante luttant corps I. L'àTsXsta générale comprenait l'exemption 1" des
à corps avec Pélée 9, nue droits de douane ; 2° des liturgies autres que la triérar-
ou vôtue d'un caleçon chie ; car l'exemption de cette liturgie était soumise à des
(flg. 592); ou bien se pré conditions spéciales ; 3° de l'eloepcpâ ou impôt sur la pro
parant à cette lutte par priété, au moins dans des circonstances exceptionnelles ;
le bain et par les onc 4° du fJUTofxtov, si le gratifié était un étranger domicilié ;
tions : nous en donnerons 5° enfin de l'obligation de prendre part à certains sacri
pour exemple (fig. 593) fices ((XTÉXsta îsp&v)8; cette dernière exemption est peu
une pierre gravée de style connue. L'aTÉ/sta âirâvTMv comprenait-elle même l'exemp
-juf . ancien, où on lit à côté tion du service militaire, que l'on rangeait quelquefois
Fi g. 591. Atalante. 4e la .„D
figure le nom atna- parmi les téa7)9? les textes gardent le silence sur ce point,
aata 10. L'éponge, le stn- et nous n'osons rien affirmer.
gile, la fiole à parfum, le coffre de toilette ne laissent Cette (xtAeta âTcâvrwv fut accordée par les Athéniens ;\
aucun doute sur le vé quelques étrangers qui avaient rendu de notables services
ritable caractère du su à l'État. Démosthène fait remarquer qu'elle n'avait le
jet. Au revers de cette plus souvent, en pareil cas, qu'une valeur tout à fait nomi
pierre est gravée l'ima nale, parce que le gratifié ne trouvait guère d'occasion
ge d'Hélène, dont la de s'en prévaloir 10 .
beauté grasse et souple On a prétendu que les négociants en céréales jouis
contraste, sans doute à saient de plein droit à Athènes d'une immunité complète.
dessein, avec les formes Mais de nombreux textes prouventque, s'ilsétaient exemp
nerveuses et un peu tés du service militaire et de quelques autres charges
sèches de l'héroïne ar- peu importantes, ils étaient, comme les autres citoyens,
cadienne. Cette opposi- soumis aux liturgies et à l'obligation de payer les droits
Fig. 592. Lutte d'Atal.nte et de Pélée. ^ > indiquéc par ]es
de douane ".
auteurs comme ayant été dans le goût des anciens rap II. L'àTÉXEia partielle avait seulement pour objet l'une
pelle une peinture de Lanuvium dont ou plusieurs des charges que nous venons d'énumérer.
parle Pline ,s, où Atalante et Hélène L'exemption des droits de douane, c'est-à-dire l'immu
étaient représentées nues, l'une à côté nité de la taxe du cinquantième perçue pour l'importa
de l'autre. La perfection de ces figures tion et pour l'exportation des marchandises, du droit de
était telle que l'empereur Caligula s'en port (ÈXXttAÉvtov), et des autres taxes douanières, était accor
passionna et voulut les enlever de la dée par décrets individuels à des particuliers. Ces privilé
paroi de l'édifice en ruine à laquelle elles giés étaient nécessairement en petit nombre, puisque ràxe'-
Fig. 593. Atalante étaient adhérentes, mais la nature de l'en- Xeta ne causait pas de préjudice sensible à l'État. Les
duit ne le permit pas. E. Saglio. inscriptions qui mentionnent la concession de cette
ATANUVIU.H ou ATHANUVIUM. — Vase d'argile dont faveur sont presque toutes relatives à des proxènes, qui
les prêtres romains se servaient dans les sacrifices l. C'est s'étaient signalés par leur bon vouloir pour les habitants
le seul renseignement qu'on ait à ce sujet. E. S. du pays donateur *\ Le titre indique ordinairement les
ATELEIA. — L'dtTE'Xeia peut être définie : l'exemption conditions de l'imAeta; il détermine notamment si elle
accordée à une personne de certains impôts, de certaines existera pour les douanes de terre comme pour les
charges périodiques ou extraordinaires, auxquels, d'après douanes de mer, si elle sera maintenue en temps de
le droit commun, cette personne aurait été soumise. La guerre comme en temps de paix, si elle sera générale ou
faveur de l'oTs'XEia paraît avoir été en usage dans la plupart limitée aux objets destinés à la consommation personnelle
des républiques grecques ; seuls, s'il faut en croire Démos- du gratifié (ïtuî xTifaf.). Cette restriction devait être fré
thène, les Lacédémoniens et les Thébains l'auraient systé quente ; car, sans elle, le trésor aurait été exposé à de
matiquement prohibée1. grandes pertes, le jour par exemple où le privilégié aurait
L'exemption était accordée, comme récompense hono entrepris de faire entrer gratuitement dans l'Attique une
rifique, tantôt à tous les sujets d'une nation !, tantôt à masse de marchandises pour lesquelles un négociant
un groupe d'individus tantôt à un souverain étranger *, ordinaire aurait dû payer l'impôt. Menacés par une telle
8 La figure est tirée d'un bas-relief du Louvre représentant la mort de Mélésgre : chelte, Sur la peint, sur mur, dans le Joum. des sav. 1833, p. 3<iS ; Lelronne, Let
C.larac, Mus. de sculpt. pl. cci ; Bouillon, III. 51, 2 ; cf. Mus. Capitol. IV. 35 ; Zoega, tres d'un antiq. p. 32 ; Panofka, Zur Erklârung des Plinius, p. 10.
Bassiril. ant. pl. ilyi ; Monum. il. Inst. arch. IV, pl. Lnr ; Mus. Borb. VII, 2 et 18 j ATANITV1UM. » Paul Diac. p. 16 Lind.
Bull, napotet. n. s. t. V, pl. I ; Artaud, Mosaîq. de Lyon, pl. ix; Guigiiiaut, Noiw. ATEI.Kl V. t Demosth. C. Leptin. S 105, R. 489. — * Ilerodot. 1, 54. — 3 Dera.
nalerie myth. pl. clxi bi«, n. 63-4. — 9 Gerhard, Avserl. Vasenbûdcr, pl. cxvn, 237 ; C. Leptin. § 59, R. 4T4. — * Eod. I. § 30, R. 460. — End. I. SS 41, 70, 75, R. 469,
H. Etrûsk. Spiegel, pUccxxiY ; Mus. etr. Gregor. 1, pl. xxxv ; Ann. d. Inst. arch. 478, 479. — « Eod. I. S§ 29, 46, 75, R. 466, 471, 480. — ' Eod. I. g 60, R. 475.
IV, p. 80 ; Mieali, Monum. ined. d. ant. popoliital., Flor. 1844, pl. xli.— 1° Panofka, — 8 Boeckh, Corp. insc. gr. I, p. 122. — • Boeckh, Staatsh. der Athen. t' édit.
Zut Erklârung des Plinius, Berl. 1853, fig. 6; Atalante est figurée se lavant les I, p. Iï3, note a. — 10 Dem. C. Lept. § 44, R. 470. — " Voir Boeekh, Staatsh.
cheveux e» présence de Pélée, sur une coupe de la collection de Lu>nes. — H Eurip. der Ath. 2« éd. 1, p. 120 et s. ; cf. Diod. XI, 43. — 11 Tissot, Des proxéniet grecques
Frag. 528-5àl ; Plin. Uisl. nat. XXXV, 17. - Il Hist. nat. XXV, 3, 6 ; Raoul- Ro- p. 75 et b.
ATE — 512 — ATE

perspective, les adjudicataires des taxes auraient cessé I ni à l'£Î(7fpop(x. On se tromperait en voyant là une faveur
d'enchérir, ou n'auraient acquis qu'à vil prix, et une des accordée par l'État à ces personnes; l'immunité tenait à
sources les plus productives de richesses pour l'État ce que l'État, en concédant la jouissance des mines, s'en
aurait été tarie. réservait la propriété i8, et les simples possesseurs, même
Certains métèques étaient par faveur exemptés de l'o à charge de redevances, n'étaient pas soumis aux litur
bligation de payer le [,ie.to(xiov (àré\ux ptuoixliu) 1S. Un gies, ni aux autres taxes extraordinaires. Ces charges
décret accorda cette exemption à tous les négociants de ne pesaient que sur ceux qui étaient véritablement pro
Sidon que leurs affaires obligeraient à venir s'établir dans priétaires **.
l'Attique u. On donnait aussi le nom d'à-téXsa à l'exemption du ser
Pour les liturgies, Yàxiktia existait de plein droit en vice militaire. Elle existait de plein droit (iTs'Xeta lx
faveur des orphelins pendant toute la durée de leur TÏiv vôptwv) au profit des sénateurs 50, et probablement de
minorité et même pendant l'année qui suivait leur ma tous les magistrats que la nature de leurs fonctions rete
jorité 15. Elle pouvait être réclamée pendant un an par nait nécessairement dans la ville Les fermiers des
ceux qui venaient d'être soumis aux charges qu'entraî impôts 8î et certains négociants 33 en jouissaient égale
naient les liturgies ,6. Enfin les citoyens qui s'acquittaient ment. Quant aux choreutes, la régularité de l'àTs'Xsia paraît
d'une liturgie étaient par cela même exempts de toutes les avoir été subordonnée à l'existence de concessions parti
autres 17 : ainsi les triérarques, pendant l'année de leur trié- culières 3V. Ils étaient, sur ce point, moins bien traités que
rarchie, n'étaient soumis à aucune autre liturgie, pas même les artistes dionysiaques, qui tous, de plein droit, étaient
à la Tcpoiis^ofâ 18 . L'immunité des liturgies autres que la exempts du service militaire, soit sur terre, soit sur mer.
triérarcliie pouvait être accordée par des décrets spéciaux, Deux décrets rendus par les amphictyons vers le commen
comme une faveur exceptionnelle, à des citoyens ou à des cement du ii° siècle avant notre ère (223- 172) déclarent
étrangers qui avaient rendu de grands services au pays ". que, conformément au droit commun de la Grèce entière,
Mais cette distinction n'était pas prodiguée. Démosthène l'àT£ÀEin appartiendra aux artistes de la confrérie d'Athè
ne croyait pas qu'il y eût plus d'une dizaine de personnes, nes, afin que rien ne puisse les détourner de l'accomplis
citoyennes ou étrangères, qui fussent gratifiées de l'à-ri- sement de leurs devoirs religieux 35. La tradition faisait
Xeia m, et ce nombre si restreint parut encore trop grand remonter cette immunité jusqu'à Bacchus lui-même 36.
à quelques hommes d'État. Lcptine fit voter, en 356, une Dans l'exposé qui précède, nous avons eu surtout en
loi qui supprimait toutes les concessions antérieurement vue l'Attique ; nous allons citer maintenant quelques
faites et qui défendait d'en accorder de nouvelles à l'a exemples intéressants d'àTs'Xeiot, qui nous sont fournis par
venir. Seulement, cette loi ne resta pas longtemps en des inscriptions étrangères à ce pays.
vigueur ; car, dès l'année suivante, Démosthène la fit Une inscription de Delphes, du n* siècle avant notre
rapporter". — Quant à latriérarchie, personne n'en pou ère, indique, comme condition d'une transaction entre un
vait être dispensé ; les neuf archontes seuls, à raison de particulier et la ville de Delphes, Yàxilzax héréditaire
leurs fonctions, étaient, pendant l'année de leur archon- /opa-p'a? xai laTpixoû 37, c'est-à-dire l'immunité de la cho-
tat, exemptés de cette charge. La loi portait en effet : régie et d'une taxe professionnelle, payable par ceux qui
Mï]8éV Eivott Tpw) papjf £aç aTSAÎj tcW|v tSv ÈvvÉï <xp/oVr<ov î!. exerçaient l'art de guérir 3a. Nous devons dire toutefois
Pour l'eJuipopa ou impôt sur la propriété, la loi n'admet que d'après M. Foucart le îa-pixôv était une taxe exigée des
tait aucune exemption. Tous les propriétaires, citoyens, citoyens et dont le produit était affecté aux honoraires du
isotèles, métèques, quel que fût le chiffre de leur fortune, médecin public.
quelle que fût leur origine, même les descendants d'Har- Une inscription de Cypre mentionne la concession par
modius et d'Aristogiton, étaient soumis à cette charge !3. les prêtres de Neptune à un bienfaiteur et à ses descen
On ne connaît qu'un seul exemple d'immunité de l'eîo-- dants de l'aTcXEia tôjv Upwv39. Cette exemption, toujours d'a
(popoî, en faveur de certains négociants de Sidon *, et il est près M. Foucart, ne serait pas la même que celle dont
de la première moitié du iv° siècle avant notre ère. Les nous avons déjà parlé *°. Le privilégié aurait été exonéré
auteurs qui ont prétendu que tous les commerçants jouis des redevances en argent et des prestations en nature
saient du même privilège que ces Sidoniens" se sont évi que les prêtres pouvaient habituellement exiger des sacri
demment trompés ; car la règle était ainsi formulée : où5e(ç ficateurs.
£<rr' iT=M)ç tûv Ecacpopwv w. 11 s'ensuit que les personnes Enfin plusieurs inscriptions nous apprennent que, pour
mêmes qui étaient exemptées des liturgies, comme les attirer les marchands aux foires qui coïncidaient avec
orphelins, étaient, ainsi que tous les autres propriétaires, certaines cérémonies religieuses (TravrifiipEt,-), des franchises
soumis à l'eîjoopâ ; il faut en dire autant des triérarques, et de taxes étaient accordées. A Andanie, dans lePéloponèse,
des citoyens que l'exiguïté de leurs ressources mettait à il y avait exemption des droits de place M. A Bœtocœce
l'abri des liturgies près de Laodicée, en Syrie, il y avait tous les mois un
Notons toutefois que les concessionnaires de mines marché pendant lequel la perception du quinzième et du
n'éj,aient soumis, à raison de ces biens, ni aux liturgies, trentième était suspendue ; cette faveur, œuvre d'Antio-
'3 Dem. C. Lept. g 130, R. 496 el C. Aristocr. g 21 i, R. 691. — '* Corp. insc. gr. 1, p. 422. — SOLycurg. C. Leocr. § 37, D. p. 7. — 3> Lelyvcld, De infamia, p. 101.
n» 87. — 15 Docckh, Staatsh. der Ath. I, p. 599 ; Bchacfer, Demosth. und seine Zeit, — '2 Bemosth. C. Neaer. g 27, R. 1353. — 33 Aristoph. Lccles. v. 1027 ; y. cep. Lyc.
l,p. 19. — 1» Dem. C. Lept. § 8, R. 439. — '7 dc„i. C. Polyr.lem. g 9, R. 1209. C. Leocr. gg 56 et s. D. p. 10. — 34 Dem.02ynf.III, § 11. R. 31 ; C.Mid. g 193, R.577;
— 1» Cf. Dem. C. Lept. § 19, R.4CÎ ■ C. Miiliam, g 155, R. 565. — 1» Le Pscudo-Àristot. C. Docol. I, g 16, R. 999; Schol. in Dem. R. 31, 16, D. p. 550; cf. Hernmnn, Staatsalt.
Occon. II. 2, 4, g 4, D. 1, p. 641, dit qu'Hippins mit à prix 1'à-tù.ua des liturgies ; mais 5' édit. g 152, 16. — 83 Foucart, De collegiis scenicorum a- ti/^um, p. 37 et s. — '6 Diort.
ce fut là évidemment un fait isolé. — 20 Dem. C. Lept. g 21, R. 463. — 51 Sehaefcr, Sic. IV, 5. — 3~ Wescher et Foucart, Ir.sc. recueillies à Delphes, n° 16, p. 20.
Op. c. I, p. 353-379. — »» Dem. C. Lept. 27-2S, R. 4Gj. — *3 Dem. C. Lept. gg 18 — 38 Voir l'art, artificbs, p. 445.— 39 Le Bis et Waddiugtou, Insc.'le l'Asie Afineurv,
et 26, R. 462 et 465. — *» C. insc. gr. n° 87. — 2» Voir Tclfy, n° 906. — « Dem. C. n° 2779. — W Voir supra, note 8. — 41 Le Bas et Foucart, Inscriptions du Piloponese,
Lept. g 18, R. 462. — « Dem. C. Alid. g 157, R. 565 ; cf. C. Lept. g 28, R. 465. n" 3i6, a, g 20. — *• Corpus insc. gr., n»' 4471-4175 ; ou mieux, Le Bas et Wadding.,
— il Biichscuschuti, Bcsitl und Krwerb. p. 100. - >« 2orckb,Staatsh. der Ath. 2» édit. ton, Inscript, de l'Asie Mineure, uu 2720 a dont le texte est plus exact).
ATE - S13 — ATE
chus, est encore attestée par un décret municipal rendu tif, mais demander à quelque peuple voisin un genre de
sous le règne d'Auguste E. Caillemer. spectacle plus régulier et qui soutînt mieux le dangereux
ATELLANAE FABULAE. — Les Atellanes étaient, chez voisinage du théâtre grec; c'est pour cela qu'on alla
les Romains, un genre de comédie populaire. Le gram chercher l'Atellane dans le pays des Osque». Gomment se
mairien Diomède dit qu'on leur a donné ce nom parce fit le mélange des Atellanes et des exodes? Tite-Live ne
qu'elles ont pris naissance dans la petite ville d'Atella, le dit pas non plus, et il est assez difficile de le savoir:
située en Gampanie, sur la route de Gapoue à Naples 1 ; aussi on peut pourtant conjecturer que chacun des deux genres
appelait-on osci ludi *, oscum ludicrum ', les jeux dans les entrait pour une part dans les pièces nouvelles, puis
quels elles étaient représentées, et oscae personae 4 les per qu'on les désigne quelquefois d'un nom qui est formé de
sonnages qui y figuraient. la réunion des deux autres : exodia atellamca 7. Dès ce
Malgré tous ces témoignages, M. Mommsen a tenu à moment, les Atellanes furent le divertissement favori de
donner aux Atellanes une origine entièrement latine, et la jeunesse romaine. Pour se soustraire à la concur
il ne veut pas qu'elles se rattachent en rien à la nationa rence des histrions , elle leur défendit de jouer ces
lité osque. Pour expliquer le nom qu'elles portaient il sortes de pièces, et voulut que ceux qui les représen
prétend que la police du théâtre, qui voulait ménager la taient ne fussent pas' chassés de leur tribu ou exclus de
dignité romaine, ne permettait pas de placer la scène de ces l'armée, comme les autres acteurs Festus ajoute qu'on
sortes de farces à Rome ou dans l'une des cités latines, et ne pouvait jamais les forcer de quitter leur masque en
qu'on supposait que l'action se passait toujours dans la pe public '.
tite ville d'Atella, qui, en 543, avait subi le même sort que De ce nom d'osci ludi qu'on donnait aux Atellanes,
Capoue et n'avait plus d'existence légale8. On entendait quelques auteurs ont conclu qu'on y employait la langue
donc, selon lui, par Atellanes, non pas des comédies qui des Osques; et cette conjecture s'appuie d'un texte assez
venaient d'Atella, mais des pièces où les Atellans étaient formel de Strabon 10. Cependant elle est tout à fait invrai
joués. Cette opinion n'est qu'une hypothèse, et, pour semblable. Peut-on admettre, en effet, que dans un diver
qu'elle fût vraisemblable , il faudrait commencer par tissement si populaire, fait uniquement pour exciter les
établir que les Romains étaient si susceptibles, et qu'ils rires de la foule, on se soit servi d'une langue étrangère,
avaient fait un règlement formel pour défendre qu'on mît presque d'une langue inconnue? Sans doute l'osque et le
leurs ridicules sur le théâtre : c'est ce qui n'est dit nulle latin sortaient de la même source, mais ils s'étaient si
part. Il est donc plus sûr de s'en tenir, sur ce sujet, à bien séparés avec le temps que c'était devenu deux
l'opinion des écrivains de l'antiquité qui sont unanimes à langues distinctes. Il reste un vers du poëte Titinius, qui
prétendre que Rome avait emprunté les Atellanes à la le dit formellement : Osce et volsce fabulantur, nam latine
Gampanie. nesciunt 11 ; et Tite-Live raconte que, pendant la guerre
Tite-Live raconte, probablement d'après Varron , à des Samnites , un général romain envoya espionner l'en
quelle occasion les Atellanes furent introduites à Rome. nemi par des gens qui savaient l'osque, gnaros oscae
Dans les premiers temps, il n'y avait pas chez les Romains linguae 11 ; ce qui prouve que la plus grande partie des
d'acteurs de profession ; la jeunesse représentait elle- soldats ne le savaient pas. Enfin, dans les fragments assez
même ces pièces grossières, mêlées de danse et de chant, nombreux que nous avons conservés des Atellanes, tout
qu'on appelait saturae: et elle y prenait grand plaisir. est écrit en excellent latin, et il serait assez difficile de
Lorsqu'en 514 (240 avant J.-C.) Livius Andronicus fit con croire que, si l'osque y avait tenu une grande place, il ne
naître aux Romains le théâtre grec, où tout était com nous en fût pas resté un seul mot. On peut admettre tout
biné avec tant d'art, les jeunes gens laissèrent la repré au plus que quelques-uns des personnages de ces pièces
sentation de ces pièces, qui demandait plus d'étude, à employaient parfois des proverbes ou des plaisanteries
des artistes de métier, et continuèrent à jouer leurs de leur pays, et les redisaient dans leur langue. Peut-être
saturae, qui prirent plus tard le nom d'exodia, sans doute aussi leur conservait-on un accent étranger pour égayer
parce qu'elles terminaient le spectacle [satura , exo- la foule, comme celui des paysans ou des Gascons de Mo
dium]. Seulement Tite-Live ajoute que « les exodes fu lière. Ces derniers vestiges de leur nationalité et le sou
rent d'ordinaire mêlés aux Atellanes, genre de comédie venir de leur origine expliquent suffisamment qu'on ait
que la jeunesse alla chercher chez les Osques (conserta fa- donné aux Atellanes le nom de Jeux osques, puisque
bellis potissimum Atellanis sunt) 6. » Il y a, dans ces paroles, Cicéron appelle Jeux grecs ceux où l'on représentait des
beaucoup d'obscurités qu'il faut essayer d'expliquer. pièces imitées de Sophocle ou d'Eschyle, mais écrites
Pourquoi la jeunesse éprouva-t-elle alors le besoin d'i en latin, par exemple, la Clytemnestre d'Attiusetle Cheval
miter un théâtre étranger? Tite-Live ne le dit pas, mais de Troie de Livius Andronicus 1S.
il le laisse entendre. 11 est probable que le goût public Ce qui faisait l'originalité des Atellanes et leur donnait
avait changé depuis Livius Andronicus, et que la connais un caractère particulier, c'était l'habitude d'employer cer
sance des chefs-d'œuvre de la Grèce, bien qu'imparfaite tains personnages, toujours les mêmes, et qui représen
ment traduits, rendait les spectateurs plus difficiles. Ils taient des types populaires, Maccus, Bucco, Pappus,
ne se seraient plus contentés de ces vieilles satires dont Dossennus, etc. Le nom de Maccus vient probablement
un art plus parfait leur avait révélé la faiblesse. Il fallut du grec. On sait que Maxxoj signifie une femme ridicule,
donc, non pas inventer, l'esprit romain n'était pas inven- et qu'on se sert du verbe naxxoSv pour désigner un

w Le Bas et Waddiiigtoii, Inscriptions de Syrie, n*> iîiO, R. — BiBLioniurunt. cil, Ann. IV, 14. — 4 Diomed. 111, p. 188, 1". — 5 Mommsen, llist. rom., t. VI, p. 83
Wolf, Praefatio orationis udversus Leptinem ; Westermaun, De publicis Athénien- de la traduction française. — 6 Tit. Liv. VU. 2. — ' Voy. sur cette question, uu
sium honoribus et praemih, Leipzig, 1830; Boeckh, Staatshaushaltung der Athe- article d'Otto Jalin dans VHermès, II, p. 225. — 8 Tit. Lit. VU, 2. — » Festus,
ner, 2" edit. Berlin, 1851. s. o. Personata, p. 199 Lind. — 10 V, 6. — H Festus, s. x>. Oscus. — » X, 20 j
ATELI.ANA.E FABULAE. 1 111, p. 487, P. — « Cic. Ad fam. VU, I, 3.-3 Ta- cf. A. Gell. XVU, 17. — " Ad famil. VII, 1.
I. 63
ATE — 514 — ATE
sot Ce nom convient parfaitement au personnage : ces équivoques indécentes et des expressions grossières.
c'est un rustre, ayant avec excès tous les appétits les plus « Je vais te toucher à la façon des paysans, dit un de ces
grossiers, grand mangeur, grand buveur, grand débauché, personnages ; je ne sais pas le faire à celle des gens de la
et par là entraîné sans cesse dans de désagréables aven ville, at ego i-usticatim tangam, urbanatim nescio **. » Aussi
tures. Bucco, dont le nom indique assez le caractère, est-on fort surpris d'errtendre Valère-Maxime nous dire
semble avoir été le parasite des Atellanes, mangeur et « que ce genre est tempéré par la sévérité italienne". »
menteur, plus fin, plus avisé que Maccus. Nous savons que Une des particularités les plus curieuses des Atellanes,
Pappus était appelé Casnarpar les Osques et que c'était c'est que la politique n'en était pas tout à fait bannie. En
un vieillard avare et luxurieux. On le montrait à la re y représentant ce qui se passait dans les élections des pe
cherche de son argent ou de sa femme que lui dérobent tites villes municipales qui entouraient Rome, il était aisé
d'adroits esclaves et de jeunes débauches, ou bien malade de s'y moquer de Rome môme, des soucis et des infortu
des suites de quelque orgie. Quant à Dosscnnus, il est nes des candidats, et des brigues honteuses qu'ils for
probable que c'était le maient pour réussir a.
sage et le philosophe Cependant , malgré
de la bande, mais un tous les efforts des Atel
philosophe fort relâché, lanes pour plaire au
et qui donne de bien peuple, leur vogue ne fut
mauvais exemples à ses pas très-longue. Cicé-
élèves. On suppose qu'il ron dit que , de son
était représenté bossu, temps , le peuple les
et qu'il devait son nom écoutait avec moins de
(Dorsennus) à cette dif plaisir , et qu'après la
formité1'. A ces person tragédie ce n'était plus
nages principaux , on une Atellane qu'on
en pourrait joindre jouait, mais un mime
quelques autres, sortes Il semble qu'on ait es
de croque-mitaine, dont sayé plus tard de leur
l'exhibition effrayait rendre une certaine po
beaucoup les specta pularité. Macrobe, par
teurs, par exemple Manducus , qu'on représentait avec lant d'un écrivain nommé Memmius ou Mummius, dit
une bouche immense et de grosses dents qu'il faisait cla « qu'il releva l'Atellane qui , après Novius et Pompo
quer 16, et Lamia du ventre de laquelle on tirait de petits nius, avait été longtemps sans honneur *. » On pense
enfants qu'elle avait dévorés généralement, sans en avoir de preuve bien sûre, que ce
L'existence de ces personnages, toujours les mômes, Mummius vivait du temps de Tibère. 11 est question ,
avec leur caractère et leur costume traditionnels, qu'on dans les historiens de cette époque, d'Alellanes dans
reconnaissait dès qu'ils entraient en scène, qui faisaient lesquelles on ose railler les vices ou les crimes des empe
rire avant d'avoir parlé, rendait, dans les Atellanes, l'in reurs. Les empereurs s'en vengèrent cruellement : Cali-
vention du sujet extrêmement facile : il suffisait de les gula fit brûler à petit feu un malheureux poète qui, à ce
placer dans quelque situat ion de la vie qui fût opposée à leur qu'il croyait, avait voulu le designer dans un vers malin î0 ;
caractère pour amener sans peine mil le incidents comiques. ce qui n'empêcha pas un peu plus tard Datus, un acteur
Aussi l'Atellanc a-t-elle été d'abord improvisée, comme le d'Atellanes, de reprocher ouvertement à Néron son parri
mime ", comme toutes les comédies vraiment populaires. cide sur la scène *. L'intérêt que ces allusions politiques
C'est seulement vers l'époque de Sylla qu'on s'avisa de les devaient donner aux Atellanes ne les rendit pourtant pas
écrire, qu'au lieu de se fier à l'inspiration soudaine des très-populaires et Tacite nous dit « que le peuple y prend
acteurs, on régla et l'on combina soigneusement l'intri très-peu de plaisir M. »
gue. Un passage de Velleius Patcrculus semble dire que Ce n'est pas à Rome, où le mime et la pantomime oc
Pomponius de Bologne, qui vivait à cette époque, fut l'au cupaient exclusivement le théâtre, c'est dans les petites
teur de ce changement et qu'il lui fit beaucoup d'hon villes de l'Italie que l'Atellane conserva sa vogue. Nous
neur 19 . Novius, qui le suivit de près, s'il ne vivait pas en savons par un passage de Juvénal qu'on continuait à l'y
môme temps que lui, partagea sa réputation. Ce furent représenter. Aux jours de fête, on dressait au milieu de
deux écrivains très-féconds : il nous reste plus de soixante la place une scène de gazon, et tout le monde se pressait
titres de pièces du premier, et quarante-deux du second. pour voir un antique exode, avec ses personnages bien
Les fragments que nous en avons conservés nous mon connus, et surtout ce terrible Manducus qui faisait tant
trent qu'ils mettaient volontiers sur la scène les petites peur aux petits enfants M. On suppose généralement que
gens, des laboureurs, des vendangeurs, des bouviers, des l'Atellane s'est maintenue dans les villages de l'Italie
boulangers, et surtout des foulons, dont le métier paraît pendant les derniers siècles de l'empire, qu'elle a per
avoir fourni beaucoup à la verve des auteurs comiques M. sisté même dans le moyen âge, et que c'est d'elle qu'est
Ils leur faisaient parler leur langage, leur prètantvolontiers sortie cette comédie improvisée (comedia dell' arte) qui a
■-* Aristoph. Equit. 63. Les Italiens d'aujourd'hui emploient dans le même sens dabilem- —■ 20 Voyez les fragments des Atellanes dans le recueil de Ribbeck, Co-
les mots Matto et Mattaccio. — 15 11 ne faut pas confondre ce personnage des micorum latin, reliq. Leips. 1855. — '1 Nonius, 166, 30. — " 11, 4, 4 : ffos ludns
Atellanes avec le poète Fabius Dosscnnus, dont parle Horace, Epist. II, I, i72. italien severitate temperatos. — " Voyci les pièces intitulées Crelula ml petitur,
Voy. cependant Uitschl, Parergon Plaul., Berl. 1805, p. un et 104. — '« l'iaut. Pappus praeteritus, Maccus sequester. — ** Ad fam. IX, 16. — « Sat. 11,1.
liwl. II, 6, 51. — 17 Hor. Ars poet. 340. — 18 Cicéron le dit pour le mime, — *6 Suet. Calig. 27. — >7 Id. Nero, 39. — -8 Tac. .In». IV, 14. — » Juvon. Sat.
Pro Caelio, 27. — 13 11, t> : Pomponium novitatc inventî a se operù commen 111, 175.
ATH — 518 — ATH
été longtemps si chère aux Italiens. Cette comédie popu temps de Platon; peut-être n'en a-t-il pas assez reculé
laire a conservé, comme l'Atellane , ses personnages tra l'origine 8. Les honneurs excessifs accordés aux vain
ditionnels, et l'on a cru retrouver Polichinelle dans Mac- queurs furent cause de ce changement. On verra aux ar
cus, Pantalon dans Pappus et le Docteur dans Dossennus. ticles qui concernent les jeux publics, les honneurs qu'on
Parmi les masques conservés de la comédie antique, ou leur rendait au lieu même de leur victoire; ils en étaient
les statuettes qui représentent des acteurs comiques, il en encore comblés à leur retour dans leur pays. Monté sur un
est qui semblent se prêter assez à ces suppositions. Nous char attelé de quatre chevaux blancs, vêtu d'un manteau
avons reproduit plus haut quelques-unes de ces figures de pourpre 9, l'athlète entouré de parents et d'amis, suivi
caractéristiques"0. G. Boissier. d'un grand concours de peuple, faisait son entrée par une
ATHENAEA [panathenaea]. immense brèche pratiquée à la muraille : on voulait indi
ATHLETA ('AeXirnfc), athlète. — Ce nom est commun quer parla qu'une cité qui comptait dans son sein de tels
à tous ceux qui, dans les jeux publics, prenaient part aux hommes pouvait se passer de remparts 10. Cet honneur,
concours musicaux, gymnastiques, équestres ou autres. longtemps réservé aux victoires dans les grands jeux de
Dans une acception plus restreinte et plus ordinaire, il dé la Grèce dont les noms ont été indiqués plus haut, et
signait seulement ceux qui disputaient les prix des con pour cette raison appelés isélastiques {iselastki agones "),
cours de gymnastique1. Dans ces deux cas, athlète est sy fut étendu par les empereurs romains à d'autres jeux pu
nonyme d'agoniste (àyomijT^ç). blics, par exemple à Pouzzoles, à Sardes, à Tralles '*. Le
Nous avons donc à considérer l'athlétique ou agonistiquc nombre des fêtes isélastiques était assez grand ; car on con
(ày<<m5Ttxi|,K'u[/.va<mx'}|, o8}7](jtç, ars athletica J), comme une naît une inscription en l'honneur d'un athlète qui avait
application de la gymnastique [gymnastica]. remporté quarante-trois victoires dans des fûtes de cette
Le mot gymnastique, dans un sens plus spécial, est op classe Le vainqueur, avec son cortège, s'acheminait
posé quelquefois aux mots athlétique et agonistique pour vers le temple de la divinité protectrice de la cité et, de là,
signifier seulement l'une des directions données à l'art vers le lieu du festin 1S, où des chœurs chantaient des
des exercices corporels, celle que nous appellerions gym hymnes en son honneur 16 composés par les plus célèbres
nastique hygiénique, médicale ou pédagogique. Le nom poètes. Il n'était pas rare que le festin fût renouvelé aux
d'athlétique ou d'agonistique désignera alors l'ensemble olympiades suivantes. On lui érigeait des colonnes et des
des exercices que pratiquaient ceux qui se préparaient à statues 17 ; on l'exemptait de la plupart des prestations;
concourir dans les jeux publics [certamina, ludi]. / parfois on lui accordait les honneurs de la proédrie [proe-
Dans un sens plus restreint encore, les athlètes sont dria] ; il présidait aux fêtes et aux jeux publics , et ce
ceux-là seuls dont l'unique profession fut, dans un temps privilège passait quelquefois à ses enfants; souvent il
plus récent, de concourir dans ces mêmes jeux. A l'époque avait sa place aux repas du Prytanée [sitésis] l8. A Athènes,
où les grands jeux furent établis ou restaurés [olympia. Solon , diminuant la gratification des vainqueurs, fixa à
pytiiia, nemea, istumia], ces athlètes de métier n'existaient 500 drachmes la récompense des athlètes couronnés aux
point encore. Les vainqueurs, tout fiers qu'ils fussent de jeux Olympiques, et à 100 drachmes celle des vainqueurs
leurs prix, ne consacraient pas à les mériter toutleur temps dans les trois autres grands jeux A Sparte, les vain
et toute leur activité. C'étaient souvent des hommes ap queurs avaient le privilège de combattre dans l'entourage
partenant aux familles les plus distinguées de la Grèce; immédiat du roi *°. A Rome, ils reçurent des dons de la
plusieurs remplirent avec éclat dans leur patrie les fonc main de l'empereur; le dernier décret confirmant, renou
tions les plus élevées s, comme on peut le constater en velant et augmentant ces récompenses fut probablement
parcourant les listes des vainqueurs aux grands jeux. On celui de Dioclétien et de Maximien". Les athlètes, après
y rencontre aussi des gens de basse extraction : Alcibiade, leur mort, furent quelquefois honorés d'un culte, comme
pour cette raison, dédaignait les concours de gymnas les héros et les dieux
tique \ Aristote cite 5 un distique de Simonide de Céos, On nommait hiero?iique (îepovtx^ç) l'athlète vainqueur dans
composé en l'honneur d'un vainqueur d'Olympie qui était une des quatre grandes fêtes, et il portait en outre le titre
marchand de poisson. D'après Athénée 6, Corœbus, qui d'olympionique, pythionique, néméonique, isthmionique, indi
remporta le prix de la course à la première Olympiade, quant entre les grands jeux celui où il avait remporté la
était cuisinier. victoire. Celui qui successivement remportait le prix dans
S'il fallait s'en rapporter à Galien 7, la période des les quatre grands jeux s'appelait (Tt£pioSovtxY)ç). Il semble que
athlètes de métier aurait commencé un peu avant le du temps des empereurs romains on ait abusé un peu de
30 Les deux têtes représentées (fig. 594, 595), l'une au Cabinet de la Bibliothèque Duméril, Hist. de la comédie ancienne, t. II, p. 119 et 377, Paris, 1869.
nationale (Chabouillct, Catalog. n. 3097) entièrement chauve, l'autre coiffée, à ce ATHLETA. 1 Pollux, III, 113; cf. 144 ; Xen. Memor. I, 2, 24; Cyr. I, 5, 10;
qu'il semble, d'un haut bonnet bonnet pointu qui rappelle celui du polichinelle napo Plut. Per. 28. — » Plat. Leg. VI, p. 764 a-d ; Plut. Phrlop. 3 ; A. Gcll. XVI, 15.
litain, sont des bronzes déjà publiés dans le Recueil d'antiq. de Caylus, t. III, — 3 Herod. VIII, 47 ; Paus. X, 9, i ; Id. VI, 7, 1 et 2 ; Krause, Gymnast. der Hrllen,
pl. lxxv, 1 et pl. lxxv-i, 13, et par Wieseler, Denkm. des Iiùknenwesens, pl. xn, 12 p. 650. — 1 lsocr. De biga, 14, p. 631, édit. d'Oxford. — 5 Ilhet. 1,7 et 9, p. 1365,1. 26,
et 1 3. La fig. 595 reproduit une terre cuite de la collection Campana, au Louvre ; elle et 1367, 1. 18. — 6 IX, 382 b.— 7 Ad Thras. de gymn. 41 , t. V, p. 887 Kuhn. — » Cf.
a été gravée dans le Mag. pittoresque, t. XXVIII, p. 88. Le petit bronze du musée Athen. X, p. 413, 414.— 9 Diod. XIII, 82 ; Aristoph. Nub. 69, 70 et Schol. — '0 plut.
Kircher (fig. 597) a été publié par Ficoroni [De larv. scen. pl. îx, 2), qui y recon Quaest. symp. II, 51 ; Suet. Nero, 25 ; Dio, LXIII, 20. — H Vitr. IX, praef. — U Plin.
naissait le personnage de Polichinelle (voy. aussi St-Non., Voyage pittoresque de Ep. IX, 119, 120 (de ilciAaûvtu,j'entre en voiture).— *3 Corsini, liissert.agonist. p. 108 ;
Naples et de Sicile, I, p. il, n. 6 bis ; Mag. pitt. t. Il, p. 116 ; Wieseler, /. I. XII, Corp.inscr.gr. 2932.— 11 Jb. 3420.— '5 Schol. Pind. Ol. III, p. 9i, 93; IX, p. 195;
11); d'autres y voient un de ces bouffons auxquels on donnait le nom de uimio. Pyth.Vi, 1, p. 343 b.— 1« Schol. Pind. Ol. IX, 3, p. 209 ; Pyth. V, 24, p. 378 ; Boeckh,
11 fut trouvé à Rome dans les fouilles du mont Esquilin, en 1727. — Bibliographie. E:rpt. Pind. III, p. 135.— '6 Boeckh, Op. I. ad Ol. Xl.prooem. p. 198.— " Krause,
Schober, Ueber die Atellaniscfien Schauspiele der Borner, Leipz. 1825; ld. De Olympia, p. 174 ; Lyc. In Leocr. 12 ; Paus. VI, 13, i ; Plin. Hist. nat. XXXIV ; Item,
Alellanarum exodiis, Yratisl. 1830 ; Stieve, De rei scenicae ap. Homanos origine, de l'Acad.des hisc. III, p. 318 ; Caylus, Mec. d'antiq. II, p. 230 ; Boeckh, C. insc.gr.
Bcrl. 1828, p. 45 et s.; Maguin, Les origines du théâtre ancien et moderne, 183-', 3616.— 18 Plat. Apol. p. 36 et s. ; Plut. Arist. 27 ; Atheu. X, p. 414 a; Corp. insc. at-
p. 307 et s.; Munck, De fabulis Atellanis, 1640; Génin, Essai sur les Atellanes, tic. 8 ; Krause, 1. 1. p: 197 et s. — Plut. Sol. 23 ; Diog. Laërl. I, 55. — » Plut. Lyc.
dans les Mém. de la Société des sciences du Bas-Hhin, nouv. série, II, 2. 22 ; Sympos. 11,5,2.— *' Cod. Justin. X, 53. — 22 Paus. VI, fi, 2 ; 9, 3 ; 11, 0; Plin.
p. 193 et a.; K.e\ler, De lingua et exodiis Alellanarum, Bonn, 1850 ; Edelestand Hist. nat. VU, 47 ; Lucian. Deor. concil. 12; Krause, Gymn. der Hell. p. 63 et s.
ATH — !H6 — ATH
ce titre, en te donnant aux athlètes qui avaient remporté un l'amende. Un pancratiaste, Sarapion d'Alexandrie, fut mis
grand nombre de victoires, même dans d'autres jeux, et à l'amende pour cause de lâcheté, parce qu'il s'était enfui
celui de icopaSoÇovtx^ç fut aussi accordé à l'athlète qui la veille du concours, en apprenant le nom de ses adver
avait obtenu des succès extraordinaires", quoique, d'après saires. Pausanias, qui rapporte ce fait", ajoute que ce fut
Plutarque **, ce titre eût dû être réservé à celui qui, le seul cas de cette nature qu'on eut à signaler à Olympie M.
le même jour, avait obtenu le prix de la lutte et celui Les premiers athlètes que l'on vit à Rome, venus de Grèce
du pancrace. Il y avait, à l'époque des empereurs romains, ou d'Orient, n'y parurent que dans les deux derniers siècles
d'autres désignations honorifiques rappelant d'autres jeux, de la république [cehtamina, gymnastica]. C'est à peine si
telles que actionique, sébastonigue, capitolionique K. dans la suite on peut citer parmi eux quelques noms ro
L'appât de telles récompenses devait faire naître chez mains **. Quoique l'on eût pris, à Rome, le goût des spec
ceux qui désespéraient de vaincre des pensées de ruse : c'est tacles où luttaient des athlètes, on y conserva longtemps,
pourquoi, quand les athlètes arrivaient à Olympie, on leur et jusque sous l'empire, un préjugé contre leurs exercices.
faisait prêter serment de loyauté près de l'image de Ju A l'origine, ces luttes semblèrent frivoles ; la nudité qu'elles
piter, ainsi qu'à leurs parents et à leurs gymnastes a. Le exigeaient choquait les vieux Romains, aussi bien que
premier fait de cette nature se place dans la 98° olym les mœurs des gymnases et des palestres, qu'ils considé
piade : le pugiliste Eupolus de Thessalie suborna Agétor raient comme des écoles d'oisiveté et de corruption M.
d'Arcadie, Prytanis de Gyzique et Phormion d'Halicar- Mais par la suito, surtout depuis Néron, le goût des luttes
nasse. Philostrate raconte " qu'aux jeux Isthrniques, un athlétiques devint à Rome, une mode, une passion : on
adolescent acheta moyennant 3,000 drachmes une victoire recherchait ceux qui s'y distinguaient ; on fréquentait leurs
facile. Il semble ressortir de son récit qu'à Gorinthe on ne lieux d'exercice ; on payait fort cher leurs leçons M ; les
prêtait pas de serment. Pausanias cite M aussi plusieurs riches en avaient à leur service ; des femmes mêmes se fi
athlètes punis pour avoir corrompu leurs adversaires à rent instruire par eux et les enrichirent w. Les athlètes
prix d'argent. On punissait celui qui acceptait le marché étaient de condition libre, exempts de la note d'infamie dont
aussi bien que celui qui le proposait ; les amendes étaient étaient marqués la plupart des artisans des plaisirs de
considérables et servaient à ériger des statues: c'étaient à Rome ; ils formaient des associations («ruvoSot) 58 régulière
ce qu'il semble des images de Jupiter (ZSveî), qui restaient à ment organisées, sous la direction d'un xystarque[xYSTAR-
Olympie comme un avertissement permanent. Mais si, au cua] et qui se transportaient de ville en ville Il se con
temps de Pausanias on comptait encore les actes sem stitua au deuxième siècle une association d'athlètes ,
blables de déloyauté aux jeux Olympiques , cela prouve appelée Herculani, qui rendaient un culte à Hercule ; elle
qu'ils n'avaient jamais été très-nombreux. Il ne faudrait possédait à Rome même son gymnase, sa curie ou chambre
pas croire cependant que de riches personnages fussent du conseil (curia athletarum), son temple propre, avec ses
seuls en état d'acheter une couronne ; en vue de tant archives (tabularium). Le xystarque, qui en était le prêtre,
d'avantages, des athlètes de profession pauvres emprun portait le nom d'àp^teptliî ; il paraît avoir eu aussi la sur
tèrent parfois de l'argent à des gymnastes qui jouaient veillance des bains de l'empereur *°.
le rôle d'usurier [gymnastes]. On cite aussi des villes qui, On divisait les athlètes en deux grandes classes : les
désireuses de compter au nombre de leurs citoyens des athlètes lourds et les athlètes légers (jtapsïî, xoutpoï <x9An)Toct),
athlètes renommés, les payèrent pour leur faire renier division qui est elle-même fondée sur la distinction
leur patrie en se faisant proclamer, s'ils étaient vainqueurs, analogue des exercices en lourds et légers (âywii<sp%Tct ;
comme habitants de la cité qui les avait achetés ; il paraît ou dtôXiîaaTa (kp£a, xoù^a)". Les premiers comprenaient la
que les règlements ne s'opposaient point à ce trafic. Lors lutte, le pugilat, le pancrace; les seconds réunissaient les
que Astylus de Grotone se fit ainsi proclamer citoyen de exercices des deux sortes et ceux qui les pratiquaient
Syracuse, ses anciens concitoyens renversèrent sa statue passaient pour les plus beaux et les plus accomplis des
placée dans le temple de Junon et convertirent sa demeure athlètes **. Le plus souvent, chaque athlète ne pratiquait
en prison M. Sotade de Crète s'étant déclaré citoyen d'É- qu'un seul de ces exercices. Il faut faire une exception
phèse, les Crétois le bannirent *°. pour le saut, qui n'avait pas de prix spécial.
Il y avait encore d'autres raisons pour lesquelles on Philostrate décrit minutieusement la conformation du
infligeait des amendes aux athlètes. Pausanias raconte S1 corps qui se prête le mieux à chaque exercice **. Cepen
qu'un pugiliste d'Alexandrie , Apollonius Rhantis , qui dant il ajoute au sujet de la course : « On n'établit plus
s'était attardé à ramasser de l'argent dans les fêtes publi de différence entre les coureurs armés, ceux du stade et
ques de l'Ionie, où sans doute il rencontrait des adversaires ceux du diaule, depuis que, quatre olympiades de suite,
moins redoutables, n'arriva pas à temps à Élée et fut rayé Léonidas de Rhodes remporta la victoire dans ce triple
du concours ; il ne se prépara pas moins à combattre, et, concours. » En effet, on trouve d'assez nombreux exemples
quand les Hellanodiques eurent couronné son adversaire, d'athlètes qui remportèrent la couronne dans ces trois
il ne craignit pas de se précipiter sur celui-ci, les mains concours, ou dans deux au moins. Ceux qui, le même
garnies des courroies en usage dans le pugilat : il fut mis à jour, étaient vainqueurs à la lutte et au pancrace étaient

«a Krause, Olymp. p. 402, 552. — » Plut. Parall. dm. et Lucull. 2. — «5 Corp. VI, 356 ; Mart. VII, 57 et 67 ; Tertull. Speet. 22. — »» Dig. III, 24 ; IX, 7, 4 ; Lampr.
imc. gr. 4081, 6780, 6827; et add. au t. III, 4276 b. — *• Paus. V, 24, 9. Al. Sev. 42 ; FricdiSncler, Op. I. p. 357. — 3» Corp. vue. gr. 2931, 3203, 5S04,
— n Gymn. 48. — «a V, 24, 9 ; Krause, Olymp. p. 143. — » Paus. VI, 13, I. 6786 j cf. 1, 349 ; II, 3476 b ; 3067 ; Herodian. III, 8, 9 ; FriedlSnder, p. 358.— *0 Corp.
— 30 Id. VI, 18, 6. — »1 V, 21, 12-14. — SI V, 21, 18. — 33 Friedliindcr, Sitten- insc. gr. 5906-5913 ; Krause, Gymn. p. 131, 208 ; Fricdlândcr, l. I. — M Galen. AL
geschichte Bonu, p. 355, t« édit. — » Cic. Ad fam. VII, 1, 3 j Tusc. IV, 33, 70 ; fac. I, 2 ; t. VI, p. 487 Kiihn ; Philostr. Gymn. 3 ; Aesch. C. Ctesiph. 179 ; Diod.
Plut. Cat. maj. 20; Quant, rom. 40; Scnec. Ep. 89, 15, et 88, 18; Flin. Hist. Sic. IV, 14; Dion. Halic. Ant. rom. VII, 72 j Pollux, III, 149; Krause, Gymn. p. 257.
nat. XV, 10 ; XXIX, 26 ; Juyen. III, 68 ; Tac. Ann. XIV, 20 ; Plaut. Ep. IV, 21. — " Ajjstot. Rhet. I, 5 ; Krause, Olymp. p. 236 et s. ; Pyth., Isth., Nem. p. 85 et s. ;
— ss Plin. Hist. nat. XXXV, 168 ; Mart. VII, 32, 5 ; Sen. De brev. vit. 12, 3. 209 et 8.; cf. Galen. Ad Thras. de gymn. 33, t. V, p. 870; Diod. Sic. IV, 14.
— 36 Scn. Ep. 15, 3; Mart. III, 58, ÎO ; III, 82, 20; VI, 39, 9. — 37 Juï. H, 53; — *3 Gymn. 31-36.
ATH ATH
considérés comme des imitateurs d'Hercule qui, d'après athlètes adolescents, parce que les exercices violents,
la tradition, avait remporté ces deux prix, lors de la fon dans un âge trop peu avancé, nuisent au développement
dation des jeux Olympiques'*. Pausanias cite sept athlètes des forces. Il a fait remarquer que l'on ne connaissait que
de cette classe u. Clitomaque gagna le même jour dans deux ou trois jeunes gens olympioniques, qui, hommes
les jeux Isthmiques les trois couronnes des exercices faits, eussent encore été vainqueurs, mais il y en eut quel
lourds *8. Les coureurs du dolique s'en tenaient générale- ques-uns postérieurement *'. On ne connaît qu'un exem
mont à ce seul exercice. Pausanias raconte comme un évé ple d'athlète adolescent qui soit devenu périodonique, ce
nement extraordinaire que Politès triompha le même jour fut le pugiliste Moschus de Colophon 60.
dans le stade, le diaule et le dolique Pindare parlant Philostrate 61 établit une autre classification des athlè
de Xénophon de Gorinthe, qui le même jour gagna les tes, d'après leur complexion, qui leur faisait donner
couronnes du pentathle et du stade, dit qu'une pareille les noms significatifs de athlète-lion , athlète-aigle,
victoire n'avait été donnée à aucun mortel avant lui athlète-ours, athlète-planche, athlète-courroie, répondant
Eutélidès de Sparte est le seul que nous connaissions qui à des caractères dans lesquels les gymnastes reconnais
ait vaincu en même temps au pentathle et à la lutte, en saient d'un coup d'œil les aptitudes de ceux qui se présen
core s'agissait-il de concours d'adolescents **. L'exemple taient devant eux.
de Théagène de Thasos est plus remarquable : il avait Les athlètes, le plus souvent sans doute, ne firent que
remporté un grand nombre de prix de pugilat et de pan suivre leur goût en prenant cette profession. Quelques-
crace, il gagna la couronne du dolique à Phthie en Thes- uns y furent engagés par un oracle, par un songe **, ou par
salie 50. Aurelius Septimius remporta plusieurs fois, mais suite d'une circonstance révélant chez eux une force ou
à des fêtes locales, des prix de course et de pugilat une aptitude extraordinaires. On en peut citer pour qui
Phorystas de Tanagre, dans lafêtenomméeBASiLEuàLéba- la gymnastique ne fut d'abord qu'un traitement médical
dée, remporta le prix de la course et celui des hérauts et qui suivirent ensuite la carrière athlétique a. Ceux qui
Exclusivement institués pour les hommes faits, les con y étaient entrés ne l'abandonnaient guère, d'après Ma-
cours de gymnastique admirent plus tard les adolescents, crobe 6t, avant trente-cinq ans, époque de la plus grande
d'abord aux exercices légers, puis successivement aussi vigueur chez les hommes Un athlète qui à cet âge n'a
aux exercices lourds. D'après Pausanias53, ils concoururent vait point encore gagné de couronne, renonçait généra
à Olympie pour la course et la lutte, dès la 37e olympiade ; lement à ce métier; dans le cas contraire, il le continuait
pour le pentathle, une fois seulement, dans la 38e; pour aussi longtemps que ses forces le lui permettaient **. Plu-
le pugilat, dans la 41°; pour le pancrace, seulement dans tarque parle, comme d'une chose habituelle, d'un athlète
la 145° 5* ; un concours de pancrace est mentionné, dans cassé par la vieillesse, qui était nourri aux frais de l'État,
la 61e pythiade, aux jeux Pythiens. où l'on trouve aussi le mais il ne dit pas s'il était hiéronique Souvent aussi,
dolique et le diaule établis pour les jeunes garçons ss. les athlètes se faisaient gymnastes, aliptes ou pédotribes **.
Dans les jeux Pythiens, Isthmiques et Néméens, les lut Pour résister aux fatigues corporelles énormes qu'exigeait
teurs étaient di leur profession, les athlètes étaient obligés de se sou
visés en trois mettre à un régime spécial, dont l'élément principal était
classes, d'après l'alimentation forcée (àvïYxoçaf îa, dïSYicpaYt'a, Ptata Tpo^Tj).
les âges (fjAtxtxt), Galien69 résume ainsi le régime des athlètes : « Manger,
sous les noms boire, dormir, se décharger le ventre, se vautrer dans
d'avSpe; , ày^veiot la poussière et dans la boue. » Il dit ailleurs 70, que les
et itaïSïî ; on athlètes se levaient à l'heure où ceux qui vivent suivant
trouve la dis la nature reviennent de leur travail et ont besoin de
tinction de ces manger. Ils consacraient probablement une ' partie du
trois classes temps compris entre le lever et le déjeuner à la fonction
pour la première que Galien, dans le premier passage cité, nomme la qua
fois dans Pla trième. Sénèque71 appelle les athlètes des jejuni vomitores;
Fig. 598. Lutte d'enfants. ton M. Les avSpe; et d'après le médecin Rufus, ils recouraient souvent aux
étaient les hommes ayant 20 ans accomplis; les mxïSsç, lavements 78 . Nous supposons qu'ils consacraient aux
les garçons âgés de 12 à 16 ans; entre eux se plaçaient exercices le reste de la journée.
les <fyév«oi. On voit des luttes de très-jeunes garçons re Le déjeuner des athlètes qui suivaient les règles de l'art
présentées dans les monuments [gymnastica]. Nous en (o't voilât oOàoûvtsç) consistait, suivant Galien 7S, en pain
offrons ici (fig. 598) seulement un exemple, tiré d'une seulement; or, le pain, pour convenir aux athlètes, et plus
pierre gravée du musée de Florence. spécialement aux athlètes lourds, doit être peu fermenté
Dans plusieurs fêtes locales de la Grèce, les Panathé et peu cuit71 ; c'est probablement celui qu'on appelait co
nées par exemple, les classes étaient encore plus nom ncilia n. Après le déjeuner, qui durait longtemps, les
breuses 57 [panathaenea]. Aristote68 blâmait l'institution des athlètes retournaient aux exercices. Philostrate 76 compte

«Paus. V, 8, 4. — « V, 21, 10. — M Paus. VI, 15, 3; cf. C. insc. gr. 4173, III, 11, 6 ; Y, 21, 10 ; Aul. Gcll. XV, 20 ; voy. aussi Philostr. Gymn. 42. — «3 rhi-
5804. — *7 VI, 13. 3; Tfoy. aussi l'exemple do Damatrius, C. insc. gr. I, p. îv, lostr. Gymn. 42 ; Krause, Gymn. p. 618 et 649, et Olymp. passim. — 6* Somn. Sa'p.
sect. IV. — M Olymp.XUl, 30. — *9Paus. VI, 15, 8. — » Paus. VI, 11,5.-51 Corp. 1, 4. — «5 Cf. Arist. Rhetor. II, 14, p. 1390 b. — «8 Plut. Cato maj. 4 ; Lucull. 38 ;
insc. gr. 4472. — 5i C. insc. gr. 1581. — 58 V, S et 9. — 5* Paus. V, 8, 4 ; 9, 1 ; Philostr. — 67 Solcrt. anim. 13. — *» Paus. VI, 10, 5; Aclian. Var. hist. II,
VI, 14. 1 ; cf. Philostr. 13. — 55 paUs. X, 7, 5. — 58 Leg. VIII, p. 833 c ; voy. ce 8; Plut. Dion, 1; Schol. Pind. Ol. VII, 70, p. 1983. — M Gymn. 37, t. V,
pendant Dion. Hal. Anl. rom. VII, in line. — 57 paus. VI, 2, 10; 14, 1 et 2 ; p. 879. — 70 Protr. ad art. 11, 1. 1, p. 24 Ktilm. — 71 Episl. 88. — " Ap. Oribas.
Suid. s. v. IlavaO-iivat* ; Rangabé, II, p. 679 et s.; Sauppe, Inscr. panalh., Goetting. VIII, 24, t. II, p. 220. — ™ Comm. in Ilippocr. de victu neuf. I, 17 Kiihu. —
1858, p. 5; A. Mommsen, Beortologie, p. 141. — W Polit. VIII, 4, p. 1339. 7' Id. Hyg. III, 2, t. VI, p. 180. — 75 Plaut. Perso, I, 5-12; Jurai. II, 53 ; Mart.
— 59 Krause, Olymp. p. 236. — 60 Ib. p. 331. — «' Gymn. 37-40. — « Paus. VII, 66, 12. — 76 Gymn. 44; cf. Plin. Hist. nat.W, US.
ATH — 518 — ATII

parmi les innovations pernicieuses, « leur habitude de nous apprend que l'on ne donnait pas tout d'abord la
rester assis avant les exercices, tout remplis d'aliments même quantité **.
comme des ballots de Libye ou d'Égypte. » Il résulte d'un Il y avait en dehors de la xctTa<rxsuii, des exercices sup
passage du môme auteur et d'un autre de Galien, que les plémentaires : 1° ce que Galien appelle la Ttapauxei»], qui
exercices entre le déjeuner et le dîner n'étaient inter consistait en mouvements assez longs, intenses et rapides,
rompus que par quelques promenades Gomme le dé et en frictions de peu de durée, dont la rudesse soigneu
jeuner, le dîner des athlètes durait longtemps, souvent sement ménagée, allait en progressant ; 2° YiiztAeftnzda,
même jusqu'à minuit; car, dit Galien, ils étaient obligés traitement qui consistait à faire exécuter des mouvements
de manger beaucoup et lentement 18. On sait aussi par assez lents et peu prolongés, alternant avec des frictions
Philon le Juif, que les aliptes ordonnaient aux athlètes de molles et rapides, faites avec beaucoup d'huile, par un
broyer les aliments tout à leur aise, afin d'en retirer plus grand nombre de mains étrangères, et contre lesquelles
de force 79. Les aliptes et les pédotribes leur défendaient de l'athlète devait se roidir 10°. Il y avait encore la rétention
discuter, pendant le dîner, des sujetstrop subtils((peXoÀoYEÏv), du souffle, qui se pratiquait de plusieurs manières 1,1 ; le
parce que cela trouble la digestion et fait mal à la tête M. bain et les frictions avec les bandes dont on entourait le
C'est bien peu que deux mines de viande pour un corps. Philostrate ,0i mentionne encore, tout en la réprou
athlète, dit Galien81. Athénée raconte82 que Milon de Cro- vant, une autre manière d'exercer, pendant quatre jours,
tone, couché devant l'autel de Jupiter, dévora un taureau les athlètes, et qu'il nomme tétrade : « Le premier jour,
tout entier. Théagône de Thasos en fit autant. Théocrite 83 dit-il, prépare l'athlète, le second l'excite, le troisième le
rapporte que le berger /Egon qui, d'après les conseils de relâche, et le quatrième le laisse dans un état moyen. »
Milon, se livra à la gymnastique, mangea en une seule Nous croyons que Galien fait allusion à la tétrade 103,lorsqu'il
fois quatre-vingts portions de maza. D'après Galien, les dit: « Théon et Typhon, qui ont écrit sur l'art détestable
athlètes ne mangeaient guère d'autre viande que du porc 84 ; des athlètes, appellent un certain exercice préparation,
ils faiblissaient si plusieurs jours de suite ils s'écartaient (7tapa<TxeoT|), un autre mérisme, un troisième exercice com
de ce régime. Platon 85 et Diogène de Laërte 88 mentionnent plet, et un quatrième apothérapie.
aussi le bœuf comme un aliment d'athlète; et dans Le régime variait suivant l'âge m, il n'était pas pour les
Athénée87, il est question d'un athlète thébain qui mangeait athlètes légers le môme que pour les athlètes lourds :
habituellement de la chèvre et qui surpassa tous ses con ainsi, l'on s'efforçait de développer l'embonpoint chez les
temporains en vigueur. Jamais ils ne mangeaient de viande athlètes lourds, et surtout chez les lutteurs, tandis qu'on
bouillie ss. Il faut ranger parmi les innovations d'époque faisait maigrir les coureurs 105 ; cependant on n'a pas de
récente, l'aneth dont on saupoudrait les aliments, d'après renseignements détaillés sur ces différences. Socrate disait
un auteur ancien89. Philostrate 90 blâme surtout l'introduc que la danse, qui développe également toutes les parties
tion du poisson dans le régime des athlètes. Pausanias 91 du corps, est préférable à la course du dolique et au
cite comme l'inventeur du régime de la viande Dromée de pugilat m, qui épaississent, la première les jambes et le
Stymphale. Pline92 et Rufus 93 disent que la viande avait second les épaules. Personne ne s'est élevé avec plus de
remplacé les figues sèches, le fromage frais et le froment, force qu'Aristote 107 contre la disproportion des membres
mais ces assertions sont incompatibles avec ce que Phi des athlètes ; il remarquait, d'autre part, que les penta-
lostrate 94 rapporte du régime des anciens athlètes ; nous thles étaient les mieux proportionnés des athlètes m.
sommes donc portés à croire que la viande a été de Les athlètes observaient une continence absolue tant
tout temps leur principal aliment. Galien dit que les athlè que duraient les exercices 109 ; même il y en eut qui l'ob
tes ne buvaient pas de vin immédiatement après leurs servèrent toute leur vie 110. Pour se la rendre plus facile,
exercices 95, mais qu'ils commençaient par boire de l'eau. ils se faisaient faire des affusions froides m, et s'appli
D'après Epictôte, l'usage des boissons froides leur au quaient sur les reins des plaques de plomb pendant leur
rait été interdit, aussi bien que celui des gâteaux frits 96. sommeil m ou recouraient à l'infibulation. Les athlètes se
Il paraît résulter du texte cité que les athlètes lourds seuls soumettaient parfois à la flagellation "3, pour s'endurcir
suivaient rigoureusement ce régime, et qu'ils ne s'y astrei ainsi contre les coups et les douleurs. On se servait sur
gnaient que lorsqu'il devait servir de préparation à un tout à cet effet de laurier-rose "*.
concours, mais on ne sait si cette préparation (xotTauxEini) Hippocrate représente la santé des athlètes, comme
est celle qui avait lieu àElée même et qui durait un mois, continuellement menacée "5. Aristote diffère un peu d'o
ou celle qui durait dix mois, et à laquelle devaient se sou pinion 118 : s'ils sont rarement malades, dit-il, leurs ma
mettre, dans la ville qu'ils habitaient, les athlètes qui ladies sont souvent mortelles. Suivant Galien, ils étaient
concouraient à Olympie97. On modifiait parfois ce régime : sujets à mourir subitement"7; et, en effet, les auteurs an
Théon le gymnaste faisait prendre un bain très-chaud ciens nous ont conservé plus d'un exemple d'athlèles qui
(Σ<7ToXouct'a) le lendemain des exercices complets88 et di succombèrent ainsi tout d'un coup au milieu de leurs
minuait la quantité alimentaire. Aristote, d'autre part, victoires "8. Bussemaker.

» Phil. Gymn. 46; Gai. Ilyg. III, 2, t. VI, p. 168-169 Kutan. — '8 Protrept. Orib. I, 650-637 et 670. — "» Gymn. 47. — 10' Gymn. 47, V, p. 898. — 10» Phi-
I. c. — 79 Ni|iuy lift™ iU^ofta, I, p. 63 (édit. Mangey, 1742). — *> Plut. De sanit. lostr. I. c. 46 et 58. — 10» Gai. De parvae pilae exerc. 3, t. V, p. 905.. kûhn.
tuenda. 18. — 81 De dignosc. puis. 11, 2 ; t. VIII, p. 843 Kiihn. — »> X, p. 412 — 106 Xenoph. Sympos. II, 17. — 107 Anim. gêner. IV, 3, p. 768 b. — 108 Arist.
et 413. — M Idyll. IV, 34. — 84 Utfl tçooûv Suy«|«uç, IU, 2; t. VI, p. 661. Rhet. I, 5, p. 1361 b. — Eust. Ad II. V, 129 et 180. — "0 Plat. Leg. VIII,
— 8» Hep. I, p. 338.— 8« VI, 49. — 8' IX, p. 40i c-d. — 8S Schol. ad Hor. Ars p. 810 ; Dio Chrys. Melancomas, I, or. 28, t. I, p. 534, édit. neiske, et les auteurs
port. 445 89 p|in. Valerian. IV, 27. — 90 Gymn. 44. — 91 VI, 7, 10. — 9i Bist. cilcs par Mcrcuriali, De arte gymn. I, 15. — 111 Mart. XI, 47, 6. — 11* Gai.
nat. XXIII, 63 ; cf. XVIII, 7, 63. — » Ap. Orib. I, 40. — »* L. c. 43 ; Krause, Medic. timpl. IX, 3, 23 ; t. XII, p. 232 Kiihn. Tour Yin/il/ulatio, TOjez, note 4 56.
Olymp. p. 364. — 95 De salub. vict. rat. comment. 12 j XV, p. 194 Kiihn. — lis Voy. les textes cites par Krause, Gymn. p. 654. — '1* Gai. Protrept. I,
— 96 Enchir. 29. — «7 l>aus. V, 24, 9. — 98 Gai. Byij. III, 8, et VI, 208 à 209 p. 129. — "5 Aphor. I. 3. — »6 Problem. I, 28 ; cf. VIII, 4, et XXXVIII. 5.
Kiihn. — »9 Elh Nicom. Il, 5, p. 1106 b. — loo Galcn. I. c. H, 4 el 5, et III, — 1» Comm. in Hippocr. aphor. I, 3 ; t. XVII, 2= p., p. 363 et 364 Kiiun.
II, p. 117, 123 el 222; III, 2, p. 180. — 101 Mcrcuriali, De arte gymn. IU, 7 ; — «8 Paus. III, 11, 1 ; Aelian. Var. hist. IX, 31 ; Plut., De val. luenda, 5.
ATH — 519 — ATH
II. — Des jugements très-opposés entre eux on t été portés, temps et dont l'exécution correspond à la plus belle pé
dans l'antiquité même, sur le mérite des athlètes, et cette riode de la gymnastique. Nous ne possédons malheu
contradiction vient sans doute de la différence des temps reusement pour les temps qui précèdent aucune des sta
que considéraient ceux dont nous recueillons les témoi tues, faites d'abord en bois, puis en bronze, à l'image des
gnages, et des points de vue divers où ils se plaçaient. vainqueurs des jeux (statuae iconicae) 1!* ; à leur défaut, ce
Pour certains auteurs les vainqueurs des jeux sont sont les vases à figures noires qui nous montrent le mieux
restés les types de la vigueur et de la beauté du corps quels modèles se proposaient alors ceux qui s'exerçaient
développées par la gymnastique, et ils le furent en réalité dans les palestres. Nous reproduisons (fig. 399) la figure d'un
tant que les exercices servirent à développer les forces en vainqueur au pentathle, d'après un lécythus athénien d'an
équilibre, et que l'athlétique ne devint pas un métier. La cien style 1,5 : le type, qui rappelle d'ailleurs les ouvrages de
foule garda son admiration môme pour les athlètes des la statuaire des premiers siècles de l'art, est celui que vante
temps postérieurs ; mais beaucoup d'esprits élevés et cul Aristophane, quand il dépeint "* le jeune homme élevé à
tivés n'avaient que du dédain pour cette profession, dans l'ancienne mode, aux larges épaules, aux larges cuisses, à
laquelle la force du corps était accrue au détriment de la poitrine bien ouverte ; la taille est élancée, les organes
l'intelligence. Les politiques et les capitaines lui repro digestifs n'ont pas pris une prédominance nuisible à l'é
chaient de ne rien ajouter à la valeur des hommes à la quilibre du corps et au développemenf de l'esprit 1!1. Les
guerre 150 ; les penseurs, les philosophes, les médecins s'ac figures môme des pugilistes et des pancratiastes, dont le
cordaient à blâmer un régime ou, comme on dirait au corps devait par sa masse présenter, dans la défense, une
jourd'hui, un entraînement qui donnait à certains mem grande résistance et, dans l'attaque, un poids redoutable
bres une force disproportionnée et, en exagérant la à l'adversaire, ne diffèrent de celle qu'on vient de voir
masse du corps tout entier, accablait l'esprit, le plongeait et de celles des athlètes légers en général, que par plus
dans la torpeur, au point de le rendre incapable d'aucune d'épaisseur donnée aux mêmes membres dont la vigueur
affaire1". On a vu ce qu'en pensaient Socrate, Platon, est déjà chez ceux-ci particulièrement marquée : les mus
Aristote. « Croyez-vous, disait plus tard Galien, que je loue cles sont plus saillants, le cou plus court et plus enfonce
la course et les autres exercices qui amaigrissent le corps? dans les puissantes épaules li8 [pugilatus, pancbatium].
Il n'en est rien, je blâme le défaut de mesure partout où On peut grouper en deux classes les constitutions athlé
je le trouve 1S1. » Philostrate lui-même, qui d'ailleurs est tiques telles qu'on les trouve représentées, selon qu'elles
un défenseur des exercices des athlètes, donne raison à se rapprochent du type d'Hercule ou de celui de Mercure,
ceux qui les condamnent, quand il dit que, parmi les sta les deux divinités qui présidaient aux exercices et dont
tues d'Hercule, celles qui ont le cou libre et dégagé des les figures se voyaient ordinairement dans les gymnases et
épaules sont plus belles et plus divines que les autres m. dans les palestres 129. Cette division correspond à celle qui
Les figures d'athlètes, qui fournissaient à l'art des a été faite plus haut des athlètes lourds et des athlètes lé
motifs si heureux, se rencontrent dans un grand nombre gers. Le développement des deux types dans ce sens a suivi
de monuments de tout genre, et on y peut observer le con les progrès de la gymnastique et de l'athlétique. Mercure
traste qui vient était l'image et devint le modèle de
d'être signalé ces éphèbes au corps svelte , aux
entre les athlè membres nerveux et souples dont
tes des beaux les statues et les vases peints des
temps de la meilleures époques de l'art nous
Grèce et ceux offrent des modèles si nombreux130;
des âges qui Hercule, fondateur des jeux Olym
suivirent. Il de piques et premier vainqueur au
vient sensible, pancrace, fut l'idéal des lutteurs
surtout si l'on proprement dits131, et ceux-ci four
oppose une œu nirent à leur tour des exemples aux
vre du temps artistes qui voulurent faire des
de l'empire ro figures du dieu la dernière expres
main , comme sion de la force éprouvée par les plus
la mosaïque des rudes travaux. On n'en peut citer
thermes de Ca- un exemple plus frappant que la
racalla , dont statue de l'Hercule Farnèse 1S! (fig.
Fig. 599. Athlète vainqueur au pentathle.
nous parlerons C00), qui passe pour la reproduction Fig. 600. Hercule.
tout à l'heure, à celles de la statuaire durv°etdu v° siècle fidèle d'une œuvre de Lysippe ;
avant J.-C, ou aux peintures de vases qui sont du même toutefois la copie, empreinte d'une certaine exagération,
M* Ils appartiennent généralement à un temps éloigné du bel âge de l'athlétique : 1011 et s.; cf. Hom. Iliad. XVIII, 67, 74. — 1*7 Les mêmes proportions restent en
voy. ceux que cite Krause, Gymn. 656 ; comp. Planck, dans la Realencycl. de Pauly, I, core bien marquées sur beaucoup de vases à figures rouges. Voy. par exemple,
p. 2001, 2- édit. — i» Polyb. 1,0,0; H, 20, 9 ; Plut. Pelop. 4 ; Philop. 3 ; Alex. 4 ; parmi les scènes de gymnastique réunies par Gerhard, Auserlcsene Yasenbilder,
Apophth., p. 192 d ; C. Nep. Epam. 2. — Plat. Leg. VIII, p. 829 o ; Itcsp. 111, pl. cclxxii, cclxxiv, cclxxv, cclxxxi, ccxcni, ccxciv. — 128 Philostr. lier. 19, 2;
p. 404 a, 407 b, 410 et s.j Potyb. VI, 14 et 11 ; Galon. Protr. 10 ; Ad Thras. de Juven. ni, 88. — "» Pind. Ncm. X, 53 ; Paus. IV, 32, 1 ; VIII, 32, 3 ; Vitr. I,
gymn. 36; Athen. X, p. 413 et s.; Lucian. Dial. mort. X, 5; Eust. Ad Iliad. XXIII, 7, 1 ; Cic. Ad Attic. I, 4 ; Athen. XIII, p. 561 d ; Synes. F.p. 31 ; Fabcr, Agonis-
lit. — lî* De pan. pilae exerc, l. c. — 123 De gymn., 35. — lî* Paus. VI, 10, ticon (in Gronovii Thes. anlig. t. VIII), I, c. 16. — 130 O. Millier, Hundb. der Arsh.,
1 ; 14, 2 ; 15, 4 ; 18, 5, etc., et Vit, 40, 1 ; Plin. Hist. nal. XXXIV, 9 ; Quatremérc g 380. — "1 lb., § 331, ï et 410. — "S Jb. 1 29 ; Maffei, Raccolta, pl. xlix ; Mus.
de Quincy, Jup. Olymp. p. 172. La base d'une de ces statues, désignée par son Durbon. III, 23, 24; O Jahn, Arch. Aufsâtzt, p. 162 ; Stephani, Ausruhciide He-
inscription, a Hé conservée : Bockh, Corp. insc. gr. 3676. — 1*5 Stackelberg, Graver rakles, p. 162 ; Clarac, Afuser de sculpture, pl. 783, n. 1!!7S ; Overbeck, Gvst hklile
der BtUenen, pl. m; C.erliard, Arch. Zeitung, 1853, pl. m, p. 17. — 126 Audi. d. gyech. Plattik, 11, p. 241.
ATH — 520 — ATH
paraît beaucoup plus récente et peut-être datc-t-elle seu saïque des thermes de Caracalla 1M, où sont représentés
lement du n° siècle après J.-C. Un autre ouvrage de Ly- des athlètes, les uns en pied (fig. 002), les autres en buste
sippe, qui nous est connu par une imitation très-voisine (fig. 603). Les bustes, sinon toutes les figures, sont cer-
du modèle, offre un type achevé de l'athlète formé par l'art
des gymnastes et des aliptes au temps d'Alexandre, c'est-
à-dire à l'époque où cet art avait atteint sa perfection :
nous voulons parler de cette figure admirable d'un jeune
homme se frottant avec le strigile, ÏApoxyomenos, dont
parle Pline, qui remplaça dans les thermes d'Agrippa
l'œuvre originale, que s'était appropriée Tibère188. Elle est
aujourd'hui un des ornements du musée du Vatican. Il
faudrait citer beaucoup d'ouvrages célèbres, tels que le
Discobole de Myron m, le Diadumenos, ou vainqueur nouant
une bandelette autour de sa tête, de Polyclète 135, le
groupe des Lutteurs de la Tribune du Musée de Florence 13fi,
et tant d'autres doat nous possédons des répétitions anti
ques qui comptent parmi les chefs-d'œuvre de la sta
tuaire : ces monuments nous montrent des athlètes dans
les attitudes propres aux différentes luttes, d'autres s'y Fig. 602. Fig. 603.
préparant ou venant de remporter le prix. Il y faudrait
tainement des portraits (on avait coutume, sous l'empire,
ajouter les exemples que fournissent en abondance les de placer dans les palestres ceux des vainqueurs fameux m),
bas-reliefs, les vases peints, les pierres gravées 137 : il est
où apparaissent avec une réalité saisissante l'excès de la
force brutale et la pauvreté de l'intelligence.
La coiffure qu'on voit dans les deux figures précédentes
et dans la plupart de celles dont se compose la mosaïque
des thermes de Caracalla, est propre aux athlètes de ce
temps ; on la retrouve dans d'autres monuments de l'é
poque romaine : par exemple, dans le bas-relief d'où est
tirée la figure 604,
représentant deux
pàncratiastes 1W ; et
elle n'est pas ré
servée , comme on
l'a cru, seulement
à ceux qui se mesu
raient au pancrace
ou au pugilat : d'au
tres athlètes, ou des
génies personnifiant
Fig. 601 . Lutteur au pentathle. toutes les sortes de
peu de sortes de monuments où l'on ne rencontre de lutte, y ont égale
semblables représentations. Voici encore la figure d'un ment les cheveux
lutteur au pentathle (fig. 601), telle qu'elle est gravée sur courts ou ramassés Fig. 604. Lutteurs au pancrace.
un disque de bronze trouvé à Égine 188 : elle répond bien en touffe ( cirrus )
par ses proportions et son caractère à l'idée que nous pou nouée sur le sommet de la tète. Cette coiffure était carac
vons nous faire de l'athlète tel qu'il sortait de la palestre téristique des athlètes de profession. C'est ce qui explique
pour concourir dans les grands jeux, au bel âge de la Grèce. un passage do Suétone où est rapporté un trait satirique
Pour connaître l'athlète de métier, formé par un ré du peuple de Rome contre Néron : alors que la ville était,
gime et des exercices qui avaient moins pour but le dé désolée par la famine, un navire arriva d'Alexandrie, char
veloppement régulier et harmonieux du corps, ou l'ac gé, non de blé, mais de sable fin destiné aux lutteurs de
croissement des forces en général, que leur accumulation l'empereur. On se répandit contre celui-ci en injuresetl'on
dans quelques parties, il faut examiner des monuments mit sur la tête de [sa statue le cirrus, avec une inscrip
que n'a point ennoblis l'influence du goût hellénique : par tion grecque à double sens, faisant allusion à la révolte
exemple, les représentations de jeux funèbres qui déco de Vindex et de Galba, qu'on venait d'apprendre à Uome,
rent certains tombeaux étrusques 139 ; mieux encore la mo- et à l'issue qu'on en espérait'". Le cirrus ne se voit ja-
133 plin. Hist. nat. XXXIV, 19 ; E. Brauu, Ann. d. List. arch. 1850, p. 226 ; der Hellenen, Berl. 1867, p. 39. — 139 Voy. notamment les figures de pugilistes
Monum. ined. t. V, pl. xm ; Vinet, //t'y. archéol. 1S*>7, p. 536 ; Clarté, Mus. de d'après une peinture de Chhwi, Mon. ined. d. lnst. arch. V, pl. xvi ; Annali, p. 267.
se. pl. 848 B, n. 2168 A. — M* Mus. des antiq. Il, pl. xvm ; Clarté, Mus. de se. — Ho Secehi, Musaico Antoniniano. pl. n, p. 31 et ?. — 1*1 Plin. Jlist. nat. XXXV,
pl. 829, u. 2085 A ; Pislolesi, Varie, illuslralo, VI, 9, 2 ; Gualtani, Mon. ined., febr. 2. — 1*> Mus. Pio-Clem. V, pl. xxxvi ; Guatlani, Notizie, luglio, 1785, II ; Zoëga,
1784, pl. i, p. il. — 135 Gerhard, Ant. Bildwerke, pl. lui. — *36 Galer. di Firenze, Bassiril. ant. II, pl. xc ; Clarac, Mus. de se. pl. cLxxxni, n. 223 ; Bouillon, III,
Stat. 121, 122; Wicar, Gai. de Florence, I, pl. lu. — 137 clarac, Mus. de se. bas-rel. pl. xm ; Gerhard, Antike Bildwerke, pl. lxxxix, 4; Garrucci, Mus. La-
n. 2166 et s.; O. Millier, Handb., § 423 ; Tassie, Calalog. n. 7992-8030 ; voy. teran. xxxvi, 1 ; Monum d. lnst. arch. t. V, pl. xvi ; VIII, pl. lxxxu; Gloss. -vet.
cbrtamiita, ludi, GïM^ASTicA et les articles relatifs aux diverses espèces de luttes paUo;, &0>.^T«i ; Lucian. Dial. Tn or. Y, 3 ; cf. Philoritr. Inx(iy. 11, 32. — l^iWro,
— 188 Aujourd'hui au musée de Berlio. Voy. le revers (fig. 251, p. 226. et à 45: « Nunc deraum agona esse et raderet tandems, en adoptant la correction
ce sujet, Annal, d. lnst. arch. 1832, p. 75, et Pindcr, Ueber den Fùnfkampf. heureuse de Secchi, L L p. 53.
ATH — 521 — ATI
mais dans les monuments de l'art grec ancien. Les lut Quant au costume, les athlètes portèrent d'abord dans les
teurs y sont figurés souvent, mais non pas toujours, avec jeux un caleçon ou une ceinture autour des reins, appelé
les cheveux courts; quelquefois ils les avaient tout à fait itEptÇwjjLa ou Stagna ; aux jeux de la 15° olympiade, celle
ras, et cette tonsure était appelée d'un des coureurs se dénoua, ce qui lui rendit la victoire
oxatpi'ov (littéralement « en écuelle ») plus facile. Les coureurs s'en passèrent à partir de ce mo
par opposition à la coiffure nommée ment, et bientôt elle fut aussi abandonnée dans les autres
xrinoî, où les cheveux étaient assez luttes. On s'expliquera d'après cela pourquoi, dans les
longs pour être disposés autour du œuvres d'art, les athlètes sont entièrement nus. Pour nous
visage ,44. On voit l'une et l'autre figurer ce qu'était le rapi'ÇoitAot porté antérieurement 153,
dans la figure 605, représentant deux nous devons nous rappeler que, en tout temps, les ouvriers
lutteurs, d'après un vase peint du de la dernière classe, ceux surtout qui travaillaient exposés
musée de Naples 145. à une grande chaleur, n'avaient pas d'autre vêtement
Il résulte d'une épigramme de qu'une pièce d'étoffe entourant les cuisses [subligaculum].
Martial 148 que les athlètes de son Telle devait être la ceinture des plus anciens athlètes ;
temps portaient quelquefois une à moins qu'on ne préfère en chercher le modèle dans le
sortedeperruqueoudeserre-têtef^a- caleçon court et collant que l'on voit porté par Atalantc
kriculum) par-dessus leurs cheveux. luttant contre Pélée [atalanta, p. 511, fig. 590], par des ar
On a cru reconnaître cette enveloppe tistes dionysiaques [dionysiakoi TECiiNiTAi],par des faiseurs
Fig. 005. Lutteurs grecs. dans quelques-unes des figures de la de tours [cernuusJ,
mosaïque dont nous venons de par ou par des jeunes
ler1" ; mais, à vrai dire, elle n'y est pas clairement visible. gens exécutant une
Nous savons aussi que les athlètes grecs, et après eux danse armée 134 [pyr-
les romains, pour protéger leurs oreilles , au moins quand rmica]. Sur un vase
ils s'exerçaient, contre les coups terribles qui les menaçaient peint 155 , on voit
dans les luttes du pugilat et du pancrace, se servirent d'en (fig. 607) des athlètes
veloppes appelées !Î|judiot'Ss; et îjwircÉSeç, sans doute rembour dont les reins sont
rées de laine et couvertes d'une matière plus dure ; un au entourés d'une cein
teur dit qu'elles étaient en cuivre 14s. On les voit, attachées par ture étroite, avec
des brides qui passent sur la tête et sous le menton, dans une pièce de devant
un fragment de statue en marbre , qui appartenait au savant qui couvre les par
Fabretti et dont il a donné un dessin 119 ties naturelles : Fig. 607. Pugilistes.
(fig. 606). Mais il est certain que les est-ce là une re
lutteurs ne devaient pas recourir or présentation du itspt'^wtAa plus approchante de la vérité,
dinairement dans les jeux publics à ou n'est-ce que le souvenir d'une pratique qui est d'ail
ce moyen de défense; on reconnais leurs attestée par d'autres monuments, où l'on voit des
sait môme à leurs oreilles meurtries athlètes portant autour des reins une simple cordelette
ceux qui avaient soutenu de nom à laquelle se rattache un fil léger servant de suspensoir.
breuses épreuves : beaucoup d'auteurs Nous ne pouvons qu'indiquer ici 1,6 ce moyen (xuvoSs/rfJU),
en font foi m. Winckelmann le pre infibulatio) auquel recouraient quelquefois les athlètes
Fig. 006. Amphotides. mier en a trouvé la trace dans les pour mieux conserver leurs forces. E. Saglio.
monuments: il a constaté que des ATIMIA ('ATt[Ai'a). — L'atimie, dans le droit attique,
statues, exécutées d'ailleurs avec un grand soin, avaient peut être définie la privation, soit de la jouissance, soit de
des oreilles déchirées et bouffies, qui ne pouvaient avoir l'exercice de tout ou partie des droits attachés à la qualité
été figurées ainsi sans dessein, et il a reconnu que ces sta de citoyen d'Athènes, droits dont la réunion constituait
tues étaient celles d'athlètes, ou qu'elles représentaient r«TciTi(jt.ta. Aussi les textes opposent-ils constamment les
Hercule vainqueur au pancrace M. èir{xtjXot aux dtTifAOt.
On parlera dans des articles spéciaux des cestes dont L'atimie existait déjà avant Solon ; car elle est men
étaient armés les bras des pugilistes, des disques, des tionnée dans un des 8e<t[ao( relatifs aux homicides que les
haltères et des divers attributs de chaque sorte de lutte. historiens attribuent à Dracon 1 ; et Plutarque * nous a

l**Schol. Ari'toph- Av. 806 ; Lucian. Lexiph. 5 ; Plut. Arat. 3 ; Eust. Ad II. p. 907, Agonisticon, sive de arte athlctica ludisgue veterum, etc. Lugd. 1592 ; Oct. Falco-
40.— l»5 Fiorelli, Von Cum. XVI ; Bull. A'apolet. N. S., t. V, 10, '20. - i« XIV, 50. nerius, Notae ad inscript, athletic. , Rom. , 1668. Ces deux ouvrages se trouvent aussi
— •« Secchi, p. 54 et s tu Etym. M. s. v. ; Pollux, 11, 83 ; Plut De aud. poet. dans le Thésaurus de Gronovius,t. VIII : Burette, Mém. pour servir à l'histoire des
p. 65 Stcph.; Clem. Alex. Paed. II, 6, les appelle ivwtlîi; ; cf. Fabcr, Agonist. 1, 1 ; athlètes, dans les Mém. de l'Acad. des Inscriptions, I, p. 219 et s.; Ignarra, Com-
Burette, Hist. du pugilat, p. 377 et s. ; Krause, Gymn. p. 517.— De columna Trojnni, mentar. de palaestra Neapolitana, Xapl. 1770 ; de la Serre, Discours sur les jeux
c. TM, p. 267. — 150 Plat. Gorg. p. 516 a ; Protag. p. 312 a, b ; Diog. Laërt. V, 67 ; et les exercices publics, Dijon, 1776 ; Meiners, De Grâce, gymn. utilitate et damnis,
Schol. Theocr. Id. XXII, 45 j Philostr. lier. 12, p. 722 ; Tertull. De spect. 23; Krause, in Comment. Societ. Gotting. XI, p. 269 ; Krause, Gymnastik und Agonistik der Hel
/. I. p. 516.— 1S1 Winckelmann, II, p. 732 (les Oeuvres complètes, Dresde, 1808; lène», Lcipz. 1841 ; M. H. E. Mcycr, Olympische Spiele, dans VEncyclop. de Ersch et
Id. Afonum. ined. n. 63 ; Musée Napoléon, IV, 70 ; C. rendus de la Connu, arch. de Gruber, III, 3, p. 293-328 ; Secchi, Il musaico Antoniniano rappresentante ta scuola
St-Péterab. pour 1869, pl. n, 6. — «' Hom. /(. XXIII, 683, 710 ; Thuc. I, 6 ; Paus. I, detjli atleti, Rome. 1843 ; Otlfried Miill.'i-. //nW.WA der Archâoloqie der Kunst, 1848,
44, 1 ; Dion. Hal. VII, 42 ; Pollui, X, 182 ; Bautlclot, Mém. de VAc. des Insc. I, 1706 ; §87 et 423; K. F. Hermann, Gottesdienst Alterthûmer der Griechen,i' id. 1858, § 50 ;
Boeckh, Corp. insc. gr. I, p. 554 ; Krause, p. 360, 405. — I'3 L'exemple cité par Krause, Id. Prioatallerthûmer der Griechen, 2' édit. 1870, g 37 ; Becker, Charikles, II,
p. 405, pl. x, fig. 26, est une œuvre moderne, du Bernin, qui décore la base d'une p. 161 et s. ; 2» édit. 1851 ; Bcckcr-Marquardt, Handbuch der rôm. Alterthûmer, IV,
antique au musée du Louvre. — lB* Voy. par exemple, C, rendus de la Comm. arch. de p. 519 et s. Lcipz. 1856 ; Friedlànder, Darstellungen aus der Sittengeschichte Roms,
StP ersb.f. 1 864, pl. n, p. 234 et s. — 1» Mus. etr.Gregor. 11, 17. — 1«» Voy. l'indica II, p. 342 et ». ï'éd. Leipz. 1867 ; M. Planek, Athletae, in Pauly's Iiealemyclopàdie,
tion des textes et des monuments réunis par M. Stcpliani, C. rendus de la Comm. arch. l, 2' édit. p. 1992 et s.; Pindcr, Ueber den Fûnfkampf der Hellenen, Berlin, 1867.
de St-Pétersb.p. 1869, p. 150 jet ci-dessus, fig. 255, p. 227. — Biuliograpmb. P. Faber, ATIMIA. 1 Demosth. C. Aristocr. § 62, R. 640. — s Soi. 19.
I. 66
ATI — 522 — ATI
conservé textuellement l'une des lois de Solon, dans la terme, en état d'atimie; ils pouvaient même, mais en
quelle r«MTi|«ct est rendue à la plupart des citoyens qui vertu de décisions spéciales, être soumis à la contrainte
avaient été frappés d'atimie antérieurement à la magis par corps. Cette atimie, quoi qu'en dise Andocide, n'a
trature de ce législateur. Elle n'atteignait et ne pouvait vait pas pour effet la confiscation immédiate des biens.
atteindre que les hommes; Eschine dit bien 8 que Solon La loi donnait à ces débiteurs un délai de grâce, jusqu'à
établit des peines contre la femme adultère (àxitjLwv t7)v la neuvième prytanie 7, et, s'ils mettaient ce temps à profit
TotaÛTï)v yuvaîxa) ; mais il ne s'agit pas là d'une véritable pour payer leur dette, ils recouvraient de plein droit
atimie; le mot dèTi^âv est pris, comme dans beaucoup l'exercice de leurs droits civiques. A l'échéance de la
d'autres cas d'ailleurs, dans le sens vulgaire d'humilia neuvième prytanie, le défaut de payement avait pour con
tion, et non pas dans le sens juridique de dégradation. séquence le doublement de la dette * et la confiscation des
Si l'on devait ajouter une foi entière à un texte précieux biens. On ne peut donc pas voir dans cette confiscation
d'Andocide *, il y aurait eu, à Athènes, trois espèces d'ati une suite de l'atimie, puisque l'atimie était encourue
mie. La première frappait le citoyen dans sa personne et depuis le jour de la première exigibilité, et que la con
dans sa fortune; elle était encourue par tous les débi fiscation n'avait lieu qu'après l'arrivée du terme de grâce.
teurs du trésor public : ol (aÈv àp-pptov <3:p£ÎXovxE; x5 S7)jxo<n'o). Si le produit de la vente des biens confisqués "suf
La seconde ne frappait que les personnes et laissait intacts fisait pour éteindre la dette, le débiteur recouvrait im
les patrimoines ; elle était réservée aux voleurs, àceux qui médiatement rè7ctxi(jtt'a ; sinon, il restait en état d'atimie
se laissaient corrompre par des présents, aux condamnés jusqu'à sa complète libération. S'il mourait insolvable,
pour délits militaires, aux faux témoins, aux enfants qui ses héritiers, succédant à ses obligations, se trouvaient à
se rendaient coupables de mauvais traitements envers leur tour débiteurs de l'État- et étaient frappés d'atimie
leurs ascendants : oûxot 7io!vte; «ti^oi ^uav xà <j(o[xaxa, t4 Sk jusqu'à parfait payement*. Mais, dans tous les cas, aussi
/pilliaxa tïyov. La troisième, non-seulement respectait le tôt que la dette était éteinte, l'atimie disparaissait ipso
patrimoine, mais encore n'atteignait la personne que dans jure. L'atimie était donc alors moins une peine qu'un
certains droits déterminés : xa'xà npocroxlltic ; 1'axtu.oç ne pou moyen de coercition. Le législateur, en l'établissant, av.iit
vait plus, par exemple, siéger dans le sénat, ou prendre la espéré que la menace de la privation de l'exercice des
parole dans l'assemblée du peuple, ou intenter certaines droits civiques déciderait le débiteur à faire tous ses ef
actions publiques; il lui était défendu de paraître dans forts pour arriver à une prompte libération. Lorsque le but
l'Agora, d'aller dans l'Hellespont ou dans l'Ionie. Mais, en poursuivi était atteint, la contrainte n'avait plus de raison
dehors de la itpo'irraÇiç, il avait les mêmes droits que les d'être. Elle cessait au moment même du payement t0.
autres citoyens : xà |xJv oÀXa Sirsp xoï; âXXoiç TroXîxat; *. Tout autre était l'atimie, pénalité proprement dite, at
Nous ne croyons pas devoir prendre pour guide ce texte tachée par la loi à certaines infractions, et dépouillant à
d'Andocide ; non-seulement il est incomplet et laisse en perpétuité le condamné de la jouissance de tout ou de
dehors de son énumération beaucoup de cas dans lesquels partie de ses droits civiques.
il y avait atimie, mais encore il renferme plusieurs inexac II. Atimie totale. — L'Athénien qui avait encouru l'ati
titudes, notamment lorsqu'il présente la confiscation mie totale, et que l'on appelait xaôotTuaÇ âxtjxoç ", était privé
comme un effet de la première espèce d'atimie. L'oVupu'a n'a de tous les droits dont l'exercice étaitinterdit aux débiteurs
vait jamais trait qu'à la personne ; elle pouvait sans doute du trésor public; il ne pouvait siéger dans le sénat, dans
coïncider quelquefois avec une autre pénalité, telle que la l'assemblée et dans les tribunaux 11 , ni adresser la parole
confiscation des biens, mais elle en était très-distincte. au peuple ,3 , ni intenter aucune action publique u , ni rem
Nous allons exposer une théorie qui nous paraît plus plir aucune magistrature ,6. Il était de plus incapable d'être
conforme à l'ensemble des textes du droit attique. Nous entendu comme témoin" ; l'accès de certains lieux publics
distinguerons : 1° une atimie qui, tout en laissant au ci lui était défendu"; il ne pouvait figurer dans les chœurs ou
toyen la jouissance de ses droits civiques, lui en interdi dans les cérémonies religieuses 18. En un mot, sa condition
sait temporairement l'exercice; 2° une atimie qui enle était presque inférieure à celle des étrangers M. Quelque
vait à perpétuité au condamné la jouissance de tout ou de fois, l'atimie s'étendait à sa postérité *°, et son cadavre
partie de ces droits, cette atimie se subdivisant en atimie était privé de la sépulture dans le territoire de l'Attique
totale et en atimie partielle. Les crimes auxquels était attachée la peine de l'atimie
I. Atimie des débiteurs du trésor public. — Nous par complète étaient les suivants :
lerons d'abord de la première atimie, qui correspond à la 1° La trahison (7tpoîoo-t'a) ; l'atimie s'étendait même aux
première classification d'Andocide, à la maxima infamia descendants légitimes ou naturels du condamné, et per
de Meier, et qui cependant, on va le voir, est loin d'être sonne ne pouvait les adopter sans encourir la peine de
la plus redoutable s. ràxifxîa. Le cadavre du traître devait être inhumé en de
Les débiteurs du trésor public, lorsqu'ils ne se libéraient hors de l'Attique".La confiscation des biens étant la suite
pas de leur dette à l'époque fixée par la loi ou par la con de la condamnation pour TipoSooîa, Andocide aurait dû
vention, étaient, de plein droit et parla seule échéance du rattacher ce cas et ceux qui vont suivre à sa première

»C. Timarch. g 183, D. 61. — * De myst. g 73-76, D. 00. — 5 C'e«l »ur lu foi do § 10, Didot, 1S0; Dem. C. Thcocrin. g 15, R. 1326; cf. C. Timocr. g 90, R. 729.
ce texte d'Andocide , que Meier a écrit, De bonis damnalorum, 1819, p. 105 : ■ Infa- — « Demosth. C. Mid. g 32, R. 5;4 et §87, R. 542 ; C. Aristog. I, § 30, R. 779;
niiae gênera sunt tria, maxima, média et minima : maxima eorum quorum corpora Schol. in Dem. 54Î, 24, Didot, p. 675. — " Demosth. C. Timocr. g 123, R. 739;
infamia 5uut et hona publicautur ; média eorum quorum corpora axi^et sunt, hona C. Mid. g 182, R. 573. — « Demosth. C. Aristog. I, § 4,R. 771. — •» Dem. C. Theocr.
aulem salva marient ; minima eorum qui x*-k Tîfoffràûi;, id est, qui non omnino et g§ 15 et 45, R. 1326 et 1337. — » Dem. C. Lept. g 156, R. 504 ; cf. Aeschin. C.
funditud, sed eatenus tantuni £?i|iot sunt quatenus in^ot esse jubentur. » — 8 Cf. Timarch. g 21, D. 33. — le Dem. C. Neaer. g 27, R. 1353. — » Acscbin. C. Timarch.
Wachsmuth, Uellen. Alterth. f cd. t. II, p. 198. — 7 Demosth. C. Ifeaer. S 7, n. g 21, D. 33. — « Dem. C. Mid. g 58 et s. R. 533. — 1» Dem. C. Theocr. g 68, R. 13«3.
13+7. — 8 Dcm.jstb. C. Aristog. 1, R. 768. Arguai.— * Dem. C. Androt. g 33, R. 603; — » Andoc. De myst. g 74, D. 60; Dem. C. Aristoer. g 62, R. 610. — «l Hjper.
C. Timocr. g toi, R. 761 C. Tluocrin. g 17, R. 1316. — '» Voir lsocr. Panâthen. Pro Euxeiuppo, g 18, D. 378. — « Plut. Xita X urat. 383-483.
ATI - S23 — ATI
classiflCatiou des atiftot xaxi enôfMtTa xal xata yp^fiata. 11 le précédents, la lâcheté (SetXîa ss). — A l'atimie se joignait,
place cependant dans la seconde catégorie, ce qui prouve pour tous les délits militaires, la confiscation des biens **.
bien l'inexactitude de son point de départ et la vérité de 6° Le faux témoignage devant les tribunaux 40 . D'après
notre affirmation. La confiscation était complètement in Andocide, pour que l'atimie fût encourue, il fallait que la
dépendante de l'atimie, et celle-ci se rapportait toujours même personne eût succombé trois fois dans une i]*uSo-
exclusivement à la personne. («tpTuptwv yp*?'! M> e* est notable que Platon, dans sa
Ce que nous venons de dire de la trahison doit être ap république idéale **, subordonne également l'atimie pour
pliqué par analogie aux tentatives faites pour renverser la •ieo5o|jiapTupi'a à l'existence de trois condamnations. Mais il
démocratie (S^ou xaTÔÀuniç), à ce crime indéterminé dési résulte des autres témoignages que la dégradation civique
gné sous le nom très-élastique d'dStxfa Tcpô; tôv 8îj|Aov, au existait dès qu'un seul jugement avait été rendu M. On
fait d'avoir accepté des charges sous la tyrannie ou de assimilait au faux témoignage les manœuvres employées
l'avoir favorisée. Les noms des citoyens condamnés pour pour le provoquer (xaxoTE^vttôv Si'xt) **). Le faux témoignage
ces divers crimes étaient gravés sur les stèles, et nous savons devant un arbitre (8iatTT|Tiiç) avait paru moins répréhen-
que les<ro]XÎTctt furent exceptés de la réhabilitation votée sur sible que le faux témoignage devant un tribunal et il était
la proposition de Patroclide ; ils étaient donc tousâTtfwt m. impuni w. — Quant au synegoros, ou avocat auxiliaire du
2° Le meurtre (çdvoç) ; les meurtriers (<j<potYeïî) ne furent plaideur, on n'avait jamais songé à l'assimiler au témoin,
pas compris dans la réhabilitation générale accordée une et il pouvait altérer la vérité sans s'exposer à l'atimie w.
première fois par Solon **, une seconde fois par le peuple 7° L'attestation mensongère qu'un ajournement avait
sur l'initiative de Patroclide *. La confiscation était en outre eu lieu (d/EuSoxXi]Teîa), attestation qui pouvait avoir comme
appliquée aux meurtriers qui avaient agi volontairement. conséquence la condamnation par défaut d'une personne
3° Le vol (xXoirii) ; d'après Andocide, l'atimie passait non régulièrement citée en justice. Andocide", ici encore,
même aux descendants de tous ceux qui avaient été con exige, pour qu'il y ait dégradation civique, trois condam
damnés comme voleurs (ôro'ooi xXoin)i; Ô<pXotev **) ; toutouç nations pour tj/aiSoxA-rçTEi'a.
S tSsi xal aÙToù; xal toÎi; Ix toutmv àrfuoiK: Eivai. Toutefois, 8° Le manquement aux devoirs envers les parents
quelques philologues pensent que cette phrase a été (xâxwdii; Yovétov '"). Remarquons que l'atimie ne frappait
déplacée par un copiste et doit être reportée à la fin ni les tuteurs qui manquaient à leurs devoirs envers leurs
du § 73 L'hésitation est permise ; mais nous ferons re pupilles, ni les maris qui manquaient à leurs devoirs en
marquer qu'Andocide parle tout à la fois du vol et de la vers leurs femmes épiclères w. Si quelquefois des maris ou
corruption. Or, il est certain que l'atimie était transmissi- des tuteurs, condamnés pour xôxtoatç, sont présentés
ble dans le cas de Swpoîoxt'a, et, puisque l'orateur rappro comme a-ciiAoi, c'est qu'ils n'avaient pas payé l'amende
che les deux délits, il est permis de croire que la peine à laquelle ils avaient été condamnés. L'àxi[x(a tenait à
était la même pour tous les deux **. leur qualité de débiteurs du trésor public et non à la
\" La corruption soit active, soit passive de fonction constatation de leur faute.
naires publics (SojpoSoxi'aç, Ssxa^fAoS, Swpwv Yp«<jrç M) ; l'atimie 9° Le fait de donner en mariage à un Athénien une
était héréditaire H; et, s'il faut en croire Lysias " et Dé- étrangère en la faisant passer pour citoyenne. A l'atimie
mosthène.dont le témoignage est en opposition avec celui était jointe dans ce cas la confiscation des biens *°.
d'Andocide, il y avait en outre confiscation. 10° Le fait du proèdre, qui permettait à un débiteur du
5° Presque tous les délits militaires, notamment lors trésor public ou à un ami de ce débiteur d'implorer lare-
qu'un citoyen appelé au service ne répondait pas à l'appel mise de sa dette et qui faisait voter l'assemblée sur cette
(ôorpaTeîa M) ; — lorsqu'un citoyen quittait le poste de ba proposition illégale Leptine fit voter une loi qui pro
taille qui lui avait été assigné par le général (XstTcoTaliiov ") ; nonçait également l'atimie et en outre la confiscation des
— le crime de désertion à terre (XeiTcoo-Tpartov^que l'on as biens contre l'auteur de toute motion tendant à accor
simile ordinairement au délit précédent; — la désertion der l'dTÉXeta twv XeiToup^ttov " ; mais cette loi fut bientôt
à bord d'un navire de guerre (XenrovauTtov) ; — l'inaction rapportée [ateleia.]
pendant un combat naval (avaupd^tov) ; l'opinion de Sui 41° Le fait d'un héraut qui proclamait sur un théâtre un
das **, qui dit que, dans ce dernier cas, l'atimie était affranchissement d'esclaves ou une concession de cou
transmissible aux enfants, est évidemment erronée ; le ronne par une tribu, par un dème ou par toute autre cor
lexicographe a eu le tort de généraliser pour tous les délits poration 5S.
énumérés dans le g 74 d'Andocide ce que l'orateur dit seu 12° Le déni de justice et l'abus de pouvoirs de la part
lement du vol et de la corruption ; — le fait de jeter son d'un arbitre public (âiatT7)TTjç) désigné par le sort pour ju
bouclier st, sans motif plausible 86 {rry d<nt£Sa àTcoSâXXetv) ; ger un procès 8*.
quelques rhéteurs ajoutent que le soldat s'exposait à la 13° Les voies de fait ou les injures verbales contre un
même peine lorsqu'il engageait ses armes ; mais les textes magistrat dans l'exercice de ses fonctions M.
d'Aristophane et du Scholiaste s1 n'impliquent pas cette i\" La proposition de modifier les lois sur l'homicide; l'a-
conséquence; — enfin un délit qui paraît résumer tous les timieétait même héréditaire et la confiscation s'y joignait56.
«3 Andoc. De myst. g 78, D. 61. — « Plut. Selon, 19. — «S Andoc. De mytt. g 78, _ »l De myst. g 74, D. 60. — « Leg. XI, D. 479, 14. — »s Lys. C. Theomn. I, g 25,
D. 61. — M Andoc. De myst. g 74, D. 60. — " Pauly, Real-Encycl. 2« éd. t. I, D. 136. — ** Dem. C. Steph. U, g 10, R. 1132 ; toir cependant Lclyvcld, p. 137, qui
p. 2030, note. — MLelyveld, p. 77. — *> Andoc. De myst. §74, D. 60; Dem. C. Mid. se met en contradiction avec ce qu'il a écrit p. 128. — *3 Dem. C. Phorm. g 19,
S 113, R. 651 ; Aeschin. C. Ctesiph. g 232, D. 139. — *> Andoc. et Dcm. /. c. — r. go. _ M Aeschin. De maie gesta leg. g 170, Didot, p. 93 *' De myst. § 7»,
31 Ly». Or. XXI, g 25, D. 194. — »» Dem. C. Neaer. g 27, R. 1353 ; C. Timocr. D. 60. — 48 Dcm. C. Timocr. g. 105, R. 733 ; Xen. Alëmor. II, 2, g 13 ; Andoc. De
g 103, R. 732; Andoc. Zte myst. g 74, D. 60.— 53 Dem. De Rhod. libert.$3î, R. 200. myst. g 74, I). 60. — *» Voir cep. Isac. De Pyrrhi her. g 62, D. 258, et Wcstcrmann,
— >* Éd. Bernhardy, 379. — 35 Andoc. De myster. g 74, D. 60 ; Aeschin. C. Timarch. Deal-Encyel. I, 2« édit. p. 2029. — 50 Dem. C. Neaer. g 52, R. 1363. —31 Dcm.
g 29, D. 34. — M Diod. XII, 62. — 57 Plut. 431 et s. — 58 Andoc. De myst. g 74. C. Timocr. g 50, R. 716. —a Dem. C. Lept. g 156, R. 504. —M Aeschin. C. Timarch.
D. 60 3» lys. C. Alcib. I, g 9, D. 164; \oir cep. Andoc. De myster. § 74, 1). g 44, D. 105. — 3* Dem. C. Mid. g 87, R. 542; Pollui, VIII, 126 ; Harpocr. ». e.
«0. — W Lyt. C. Theomn. I, g 22, D. 135; Antiph. Tetralogia, I, 4, g 7, D. il. tUtjjùlm, — 33 Dem. C. Mid. g 32, R. 454. — M Dem. C. Aristocr. g «i, R. 640.
ATI — 524 — ATI
Nous pouvons citer encore comme xaOânaS cmiAot : défense spéciale. Ainsi les soldats, qui étaient restés dans
15° Le mari qui, après avoir surpris sa femme en fla la ville pendant la tyrannie des Quatre-Cents, furent pri
grant délit d'adultère, continuait à habiter avec elle vés du droit de parler dans les réunions populaires et de
16° Le citoyen qui restait neutre en temps de guerre siéger dans le sénat ". 11 en fut de même probablement
civile M. Notons toutefois que cette obligation pour l'A pour les autres complices de la tyrannie que ne frappèrent
thénien de choisir entre les partis qui se disputaient le pas des peines plus rigoureuses Démosthène mentionne
gouvernement tomba en désuétude 89 ; il semble que, dès une interdiction de parler dans I'ekklesia prononcée con
le temps de Lysias eo, on n'en tenait plus nul compte. tre un citoyen pour une période de cinq ans seulement
17° Le citoyen convaincu de désœuvrement (ipyia): Ce devait être aussi en vertu de Ttpoo-TcxÇeie spéciales que
d'après Pollux, Solon aurait décidé que la peine de la dé des citoyens étaient frappés de ces pénalités singulières
gradation civique n'atteindrait que celui qui aurait suc dont parle Andocide. Il y avait, dit-il, des personnes aux
combé trois fois dans une àp^t'a; ypa?'i quelles il était défendu de faire voile vers l'Hellesponl,
18° On cite aussi, mais à tort, croyons-nous, le déposi d'autres auxquelles l'accès de l'Ionie était interdit, d'au
taire infidèle [dupositumj 62. tres qui ne pouvaient pas pénétrer dans l'Agora 76. On a
Quelques auteurs ont proposé d'étendre cette énumé- mis en doute la réalité de ces prohibitions 77. On s'est de
ration en y ajoutant : 1° ceux qui étaient condamnés mandé au moins pour quels faits elles étaient pronon
pour haî^ati ; 2° les dissipateurs 63 ; 3° les condamnés aux cées 7S. Il s'agit là, sans doute, de pénalités à l'adresse de
galères 64 ; 4° les fils abdiqués par leurs pères ; 5° les sy- négociants peu scrupuleux, qui s'étaient rendus coupables
cophantes, etc. Nous croyons que, dans les deux pre de fraudes soit envers l'État, soit envers les particuliers,
miers cas, l'atimie était seulement partielle 65 ; que la dans l'Hellespont, dans l'Ionie ou dans l'Agora. Pour les
condamnation aux galères ne figurait pas parmi les pei punir, la loi leur défendait tout commerce avec les loca
nes en vigueur à Athènes "*, et que, si plusieurs textes di lités qui avaient été le théâtre de leur mauvaise action 79.
sent que les abdiqués et les sycophantes étaient axifiot, cela On trouvera plus tard, en droit romain, une pénalité ana
signifie, non pas qu'ils étaient en état de dégradation ci logue :«Sunt aliae poenae, velutisi quis negotiatione abstinere
vique, mais bien qu'ils étaient généralement méprisés. 11 jubeatur 80 . »
en était de môme des suicidés, et l'on se tromperait en IV. Sanction de l'atimie. — Lorsqu'un citoyen, malgré
prenant à la lettre r&npfa qui, d'après Aristote 67, s'atta sa dégradation civique, usait ou voulait user de l'un des
chait au fait de quitter volontairement la vie. droits dont l'oTtjjuot l'avait dépouillé, il s'exposait à plu
III. Atimie partielle. — L'atimie partielle n'enlevait au sieurs genres de poursuites. Ainsi l'cmtio;, qui prenait la
citoyen que certains droits limitativement déterminés. parole dans l'assemblée du peuple, pouvait, suivant les
Pour tous les autres, il demeurait sur un pied d'égalité cas, être atteint par l'IvSetÇtî ou par l'fcavYiXfa SoxijjKxo-îae;.
avec les citoyens titirtiMu. Cette atimie partielle était le L'ÉvSEtiji; était employée quand l'atimie était certaine,
plus souvent attachée de plein droit à certains délits ou à parce qu'elle était la conséquence juridique d'une con
certaines condamnations. Mais elle était aussi quelquefois damnation régulièrement prononcée ; il suffisait alors
prononcée d'une façon spéciale, et c'était dans ce cas seu d'invoquer le jugement de condamnation pour prouver
lement qu'elle méritait, à proprement parler, le nom que l'orateur était indigne de paraître à la tribune et pour
d'àrifxîa xoctJc TrpooTaÇsiç "8. le forcer à en descendre. La procédure de l'ÉvSsifo suivait
L'accusateur, qui intentait une action publique et qui son cours régulier pour aboutir à l'application d'une nou
plus tard se désistait ou succombait sans obtenir le cin velle peine, qui pouvait être capitale M.
quième des suffrages, était déchu du droit d'intenter à On avait recours à l'jxarpAfo 8oxi|Aao-(aç. lorsque le ci
l'avenir une action publique du môme genre 89. La loi toyen s'était rendu coupable de faits qui entraînaient l'a
n'avait, fait d'exception que pour Ytlaa-c(z\i<x xaxojo-Eco;, afin timie, mais sans que sa culpabilité eût été reconnue en
de ne pas décourager, par la perspective de l'atimie en cas justice. Ainsi le fils qui avait maltraité ses parents, bien
d'insuccès, les citoyens disposés à prendre en main les qu'il n'eût pas été convaincu au moyen d'une xaxtoasax;
intérêts des incapables 70. Ypatpô d'avoir manqué à ses devoirs de piété, pouvait être
Le citoyen qui avait été condamné trois fois pour avoir exclu de la tribune par une iTzarfftlia. Soxtjxaot'aç. C'était
soumis au peuple des propositions illégales (TiapWmov une injonction adressée à l'orateur de justifier de sa bonne
Ypaspi]) était de plein droit déchu de la faculté de faire au vie et de montrer qu'il était digne de parler dans l'assem
peuple de nouvelles propositions ". blée. Jusqu'à ce qu'il eût fourni cette preuve, il devait
Les citoyens qui s'étaient rendus coupables de certains s'abstenir de discouriren public. LesThesmolhètes instrui
délits graves contre les mœurs, par exemple d'ÎTafpijertç, ou saient l'affaire et la soumettaient à un tribunal d'Héliastcs,
qui avaient été déclarés prodigues et dissipateurs, étaient qui, s'il jugeait l'imputation bien fondée, prononçait for
ipso jure incapables de prendre la parole dans l'assemblée mellement l'atimie. Si l'accusation n'était pas prouvée, le
du peuple et de remplir certaines magistratures 7*. tribunal rendait à l'accusé l'exercice de ses droits 8i. Cette
La même incapacité pouvait résulter d'une 7upô<iTaSi; ou l7itxyyi\lu. Soxifxao-îaç était une arme terrible, et elle fut
« Dem. C. Neaer. § 87, R. 1374. — M Nut. Sol. 20; Praec. ger. reip. XXXII, 18 ; cf. Dem. De Cor. praef. nav. g 12, R. 1231. Uu changement dans la ponctuation
D. 1008 j De sera num. vind. IV, D. 665 ; Gell. XI, 12, § 1 ; Cic. Ad Allie. X, 1, g S. régulière de ce texte a suggéré au Scholiastc l'idée singulière d'une répartition des
— »» Plut. De solert. anim. VIII, g 5, D. 1181. — » C. Philon. or. XXXI. — 6' Poil. iv.y.01 en trois catégories, les uns étant a-tipoi pour un tiers, d'autres pour deux tiers,
VIII, 42 ; cf. Phot. Lex. édit. 1823, p. 575. — 6» Voir Lelyveld, p. 186. — M Wester- d'autres pour le tout. R. 54ï, 24, D. p. 675-670. — 72 Acschin. C. Timarch. gsj 29-30,
mann, heal-Eneycl. I, î' éd. p. 2030. — Sam. Petit, Leges ail. édit. Wcsseling, 0. 35. — 7J Andoc. De myst. § 75, D. 60. — Lelyveld, p. 218. — 75 Dcm. C.
p. «5. — « Lelyveld, De infamia, p. 251 et s. — «» Lelyveld, p. 190. — "7 Elit. Aristog. I, § 42, R. 783. — 76 De myst. § 76, D. 60. — 77 vVcstcrmann, Ilcal-
Nicom. V, 11, § 3, D. p. 65. — 68 Anducidc donne pourtant ce num à toute atimie Encycl. I, 2« édit. p. 2031. — 78 Mcicr, De bonis damnai, p. 132, offre le choix
partielle, De myst. g 75, D. 60. — «» Harpocr. ». v. Un -ti<, édit. llckkcr, p. 05 ; entre deux explications. — 79 Lelyveld, p. 260. — 80 Voir L. 9, §§ 9 et 10, D. De
Déni. C. Arislog. II, § B, R. 803. — 70 Harpocr. s. o. itarrtli*, édit. Hi'kker, p. 66; poenis, 48, 19. — 81 Aescliin. C. Timarch. S 21, D. p. 33. — 88 Dem. De falsa kg.
ls. De Pyr. her. § 16, D. 255 ; bem. C. Pantaen. g 46, R. 980. — 71 Diod. XV1I1, S 2j7, R. 423 ; § 284, R. 432 ; Aesch. C. Tim. g 134, D. 53.
ATL — 525 — ATL
souvent employée injustement pour forcer à descendre de désignait la figure de Mardonius *, et c'est de là qu'est venu
la tribune les orateurs dont l'influence était à redouter. le nom d'ordre persique adopté par quelques auteurs*.
D'autres textes nous apprennent que l'exercice par 1 a- Mais, dans les exemples qui nous restent de l'antiquité,
TifAOî des droits dont la jouissance lui avait été enlevée pou l'analogie plastique des atlantes et des caryatides n'existe
vait motiver une apagogè 83 et servir de base à une con pas : les atlantes sont toujours nus, et au lieu de l'attitude
damnation à l'emprisonnement calme des caryatides, leur pose accuse d'une façon plus
L'atimie proprement dite, c'est-à-dire celle qui était la réelle l'effort et le fardeau.
peine d'un délit (à la différence de celle qui résultait seu Il subsiste un exemple d'atlantes très-ancien et très-
lement de la qualité de débiteur de l'État et qui cessait de remarquable àGirgenti, l'antique Agrigente, dans l'édifice
plein droit dès que la dette était payée), était perpétuelle. qui passe pour le temple de Jupiter Olympien. On a rap
Quelquefois môme elle continuait de produire des effets proché sur le sol les fragments d'une statue brisée, de
après la mort de I'ôEtiiaoç, soit parce que son cadavre n'était 8 mètres de haut ; elle est nue, les bras relevés et reployés
pas admis à reposer dans l'Attique 8S, soit parce que ses aux coudes, la tôte a quelque peu du caractère africain 5.
enfants étaient eux-mêmes frappés d'atimie 86. Pour que Fazello rapporte 6 que de son temps trois de ces statues
l'atimie cessât pendant la vie de l'aTtixoç, il fallait une ré se voyaient en place, au-dessus de co
habilitation. lonnes ou piliers d'un ordre inférieur ;
V. Réuabilitation. — La réhabilitation était permise ; elles auraient ainsi constitué l'or
mais elle était subordonnée à une condition si difficile à donnance supérieure de la cella 7. Au
réaliser qu'il n'y avait pas à craindre qu'elle fût trop musée des antiques, au Louvre, sont
facilement accordée. Aucun citoyen ne pouvait proposer quatre statues (flg. 608) de satyres
de rendre à l'atifAo; les droits dont il avait été privé, sans atlantes en marbre, d'un beau travail,
avoir préalablement obtenu du peuple assemblé une au mais en partie restaurés, de 2m,06de
torisation [adeia], pour la validité de laquelle six mille haut, provenant de la villa Albani, à
suffrages étaient exigés C'était seulement après cette Rome 8 : une autre est au musée de
approbation anticipée que la demande de restitutio in in- Stockholm. La découverte de figures
tegrum était régulièrement formée. semblables parmi les ruines du théâtre
On pourrait toutefois citer des cas dans lesquels des de Bacchus, à Athènes 9, a fait recon
lois ou des décrets réhabilitèrent en bloc des masses naître leur commune origine ,0. Ces
d'àxi(jio[. Ainsi Solon releva de leur incapacité la plupart de figures devaient décorer le mur du
ceux qui avaient encouru l'atimie avant son archontat 8S. fond de la scène. D'autres, représen- Fi* m\ AUan* du ,MitM
' 1 de Bacchus.
C'était surtout à la suite des révolutions politiques, pour tant des silènes un genou en terre
venir en aide aux victimes du régime déchu, que ces con (fig. 009)., soutenaient l'entablement ou la corniche du
cessions en masse avaient lieu. proscenium H. A Pompéi dans une des salles des thermes,
Queiquefois aussi, dans les temps de crise et de détresse,
on rappelait à la vie civile les condamnés afin de procurer
à l'Etat un plus grand nombre de défenseurs. Cette resti
tutio in integrum des damnati, que Cicéron présente comme
une ressource déplorable pour les cités dont les affaires
sont désespérées 89, fut décrétée par le peuple athénien
sous le coup de la terreur causée par l'invasion des Perses
en Grèce w, pendant le siège d'Athènes par Lysandre 91 , et
après la bataille de Chéronée 9î. E. Caillemer.
ATLANTES ("Ataoivteç). — Statues qui représentent des
figures mâles, supportant soit des entablements, soit des
motifs de décoration monumentale, tels que sphères,
vases, etc. Leur nom n'est autre que celui d'ATLAS, qui
portait le ciel sur ses épaules1; les Latins désignèrent ces
mômes statues par le mot telamo, dérivé lui aussi du grec
TÀo!«. Vitruve est explicite à cet égard *.
Ces statues jouent dans l'architecture antique un rôle Kig. 609. Atlante du théâtre de Bacchus, à Athènes.
analogue à celui des caryatides, et, comme elles, ont pu à
l'occasion rappeler un souvenir de captifs. A Sparte se tout le pourtour est décoré de petites figures d'atlantes,
voyait un portique de prisonniers perses, où môme on en terre cuite, présentant plusieurs types qui alternent.

I" Dcm. C. Timocr. § 105, B. 733 8* Eod. loc. § 103, R. 73ï. — 85 Hypcrid. figura signa mutulos aut coronas sustiuent nostri telamoues appellant, Graeci vero
Pro Euxen. § 18, 0. 378, et Pro Lycophr. § 14, D. 418. —86 Andoc. De myst. cos atlantes vocilant. » Ennius appelle aussi Atlas Telamon, Ap. Scrv. ad Virg.
§ 74, D. 60; Deio. C. Androt. § 34, R. 604 ; C. Timocr. § 101, R. 763; Aen. I, 741. — 3 vilr. I, 1. — * Voy. ce mot dans le Dictionnaire d'archit. de
C. Macart. § 58, R. 1069. — 87 Dem. C. Timocr. § 45, R. 714 ; cf. Boeckh Quatremère de Quincy. — 5 Serra dï Falco, Antich. délia Sicilia, III, pl. 23 ; Dict.
Staatsh. dur Ath. i' édit. I, p. 324 et s. — 88 piut. Sol. 19. — 89 /„ Yerr. V, 6, de l'acad. des beaux-arts, t. II, pl. 12. — 6 De reb. siculis ; voy. Quatretnërc de
§ 11 «0 Andoc. De myst. § 77 et § 107, D. 60 et 66. — «1 Andoc. §§ 73, 77 Quincy, Op. c. article Agmgbnte. — t r. Bochettc, Mémoire sur les représ* fig. du
et 8. D. 60 ; cf. Xen. Bist. gr. II, 1, II.-9' Lyc. C. Leocr. § 41, D. p. 8 Biblio- personnage d'Atlas, Paris, 1835; Cockerelt, Antiq. of Athens, p. 1-10, pl. i, ix ;
GnAPHiB. Mcier, De bonis damnatorum, Berlin, 1819, p. 101-144 ; P. van Lelyveld, Serra di Falco, Antich. di Acragante. — 8 Winckelmann, Mon. ined. n. 205 ; Bouil
infamiajure ottico, Amst. 1835 ; Wachsmuth, Hellenische Alterthumskwide, Halle, lon, t. III, statues, pl. xm, 4 ; Clarac, Mus. de se. pl. ccxcviu, n. 1725; Frwhner,
!• édit. II, 1846, p. 195-100 ; Wcsterraann, in Pauly, Real-Encyclopacdie. I, 2" édit. Notice de la se. antiq. n. 275. — » Bullet. de l'Acad. des inscr. 1869, p. 23 et s.
1866, p. 20Î8-S031 ; Hcrraann, Griechische Staatsallerthùmer, 5" édit. 1874, g 114. — 10 Ib. et Clarac, Mus* de se. pl. 721, n° 1725 a. — U Mon. ined. de l'Inst. arch.
ATLANTES. 1 Vitruv. VI, 10 ; Hcsych. 'AiWta ii|iooopov. — » VI, 7 : ■ Quae virili IX, p. 99; Annales, pl. xcix.
ATI. — S26 — ATL
Ces statuettes de 0m,6o de haut séparent de petites niches est, au nord de l'Afrique, une montagne que les indigènes
rectangulaires, armoires à linge ou à parfums; elles ne appellent le pilier du ciel. Cette donnée a été complétée.
font pas corps avec la construction Ovide raconte qu'Atlas fut changé en montagne par Per-
et sont, ainsi que le bandeau qui les sée auquel il avait refusé l'hospitalité. Pour opérer cette
supporte et l'entablement qu'elles métamorphose, Persée n'eut qu'à présenter à Atlas la
soutiennent, en saillie sur le nu du tête de Méduse ". Cet Atlas n'était point le Titan auda
mur Des figures analogues se cieux d'Hésiode, mais le paisible roi des contrées situées
voient aux thermes de Corneto du côté du soleil couchant, aux
A Pompéi encore, au petit théâtre, extrémités de la terre 18 , l'époux ATAAS
des atlantes agenouillés (lig. 610) d'Hespéris ('EampJî, la femme
sont placés aux deux extrémités occidentale) , fille d'Hespérus
d'une des précinctions (l'étoile du couchant). Il régnait,
Nous citerons, en dehors de ces disait-on, sur de vastes campa
fonctions monumentales, les atlan gnes couvertes de troupeaux. Là,
tes de six coudées de haut qui ser dans un terrain parfaitement
vaient de supports, tout autour du clos, fleurissait l'arbre aux pom
fameux vaisseau d'Hiéron de Syra mes d'or, l'arbre des hespérides,
Fig. 010. Atlante du petit
théâtre de Pompéi. cuse;, à l'entablement sur lequel gardé par un dragon. Ces pom
reposait le plancher supérieur I5. mes furent cueillies par Hercule
Des statues du même genre portaient le toit de la tente en dépit du monstre qui les pro
dans laquelle Alexandre après la conquête de la Porse, tégeait 19 [hesperides]. D'autres
donnait ses audiences et rendait la justice ,6. traditions font d'Atlas un roi
Des figures d'atlantes ornent les supports de plusieurs d'Arcadie adonné à de savantes
sarcophages 17 ; d'autres se rencontrent parmi lesarabesques études, soit sur le mont Cercyus, Fig. 611. Atlas roi.
peintes sur les murs des maisons de Pompéi ou font partie soit sur le mont Thaumasius ou
de la décoration de candélabres ,8, ou de meubles divers. sur le mont Cyllène. Pleïone, fille de l'Océan et mère
J. Guadet. des sept Pléiades, est son épouse w.
ATLAS ('ArXaç) ». — Atlas, un des Titans, fils, selon les Quand l'évhémérisme eut remanié de fond en comble la
uns, de Japet et de Clymène oud'Asia'; selon d'autres, mythologie, le Titan d'Hésiode, ou le vieillard homérique
d'Aethcr et de Gé 8 ou d'IIéméra 4 ; ou encore d'Uranus 5 qui sonde les abîmes marins, devint un astronome et un
ou de Neptune et de Glito ; frère de Menœtius, de Pro- mathématicien africain, inventeur de la sphère Virgile
mélhée etd'Kpiméthée6 ;père dcsPléiades7ctdes Hyades8, le conçoit comme une sorte de philosophe et de professeur
d'OEnomaiis et de Maia 9. On lui donne aussi pour fille de cosmologie ls. Qu'Atlas, qui personnifie les montagnes,
Galypso 10 ; Hyas etHespcrus pour fils ". les colonnes de la terre , ait été placé successivement
Le prudent Atlas, dit Homère 12, connaît tous les abîmes dans le voisinage de quelques grandes montagnes de l'an
de la mer ; il soutient les hautes colonnes qui séparent la cien monde, voilà qui ne doit point surprendre; aussi le
terre du ciel (al yaïâv te xal oùpavôv àaçiç i^ouaiv). Ces mots trouve-t-on au Caucase, en Mauritanie ou partout ailleurs,
ont été diversement interprétés : on a essayé de traduire comme une borne qui marque la limite des connaissances
par une image exacte les termes employés par Homère et géographiques.
les auteurs venus après lui. Un savant antiquaire a pro Pausanias signale cinq monuments se rapportant au
posé de voir ici deux colonnes, dont les bases s'appuie mythe d'Atlas. Sur le coffret de Cypsélus, Atlas était repré
raient sur la terre et dont les chapiteaux porteraient la senté portant le ciel, et comme le disait l'inscription gra
voûte céleste, et de supposer Atlas entre ces colonnes, les vée sur ce coffret, prêt à abandonner les pommes des
soutenant de son dos de bronze ou de fer". Dans la Hespérides **. Une des peintures de Panœnus qui déco
Théogonie d'Hésiode, qui ne parle plus de colonne, Atlas, raient le mur d'appui du trône de Jupiter, dans le temple
pour avoir pris part à la guerre des Titans contre les d'Olympie, montrait Atlas soutenant le ciel et la terre, et
dieux, a été condamné par Jupiter à soutenir le ciel avec près de lui Hercule se disposant à prendre son fardeau".
sa tôte et ses bras infatigables u. Eschyle, Euripide repro Dans une métope du même temple, on voyait également
duisent la môme image '*; c'est celle qui a été adoptée Hercule prêt à se substituer à Atlas M. Le môme auteur
par les artistes, comme on le verra plus loin. L'idée d'une parle 26 d'une série nombreuse de figures de ronde bosse
montagne qui, le pied dans la mer, le sommet dans les (nous n'osons pas dire un groupe), dans le trésor des habi
nues, supporte la voûte céleste, est plus moderne ; on tants d'Épidaure, àOlympie, qui représentaient Hercule au
en trouve la trace dans Hérodote'6, qui raconte qu'Atlas jardin des Hespérides ; parmi ces figures se trouvait celle

12 Musco Borbon. t. II, pl. tir ; Matois, Humes de Pompéi, III, pl. l, 1,2, 3. Une moire sur les représ. fig. du mythe d'Atlas, p. 19 et s., 24 et s.; voy. aussi Welcker,
ligure en est dunnee ci-après au mot balwiai. — 1:1 1t. Rocliette, /. c. — l* Niccolini, Oriech. Gotterlehre, I, p. 749 ; Gerhard, Akadem. Abhaitdl, I, p. 37 et s. et les
Cote di Pompei.— « Athcn. V, p. 208 a; t. II, p. 301. — 18 Athcn. XII, p. 340 d j auteurs cités à la bibliographie. — lk Theoq. 517, 746 ; Hyg. Fab. 150 ; Eustath.
Polyaen. IV, 3, 24. — Il Garrucci, Mus. Lateran. pl. n, ni ; Benndorf et Schône, p. 1390, 23. -«Acsch. /Vont. 350, 428; Eur. Ion, 1 ; Bippol. 738; Herc. fur. 403 ; cf.
I.ater. Mus. n. 415, 427 ; toj. aussi n. SIO. — 18 Mutée Napoléon, IV, pl. xni. Aristot. De anim. motu, 3. — '« IV, 184. — « Met. IV, 631 et s.; Diod. 111, 60; Tzetz.
ATLAS. 1 Son nom de tliv (signifie l'infatigable) : Schol. Eurip. JJipp. 742; Cornut. Ad Lycophr. 879. — '8 Diod. III, 60 ; Scrv. Ad Aen. VIII, 134. — "Ovid.jtfe/.IV,
iVat. deor. 26 et la note de Villoison, p. 325, éd. Osanu, 1841. — » Hcsiod. Tlieog. 035; cf. Diod. /. c — «° Apollod. III, 10,1 ; Dion. Hal. Ant. rom. I, 61 ; Paus. IX, 30, 3.
507 ; Apollod. I, 2, 3. — > Hyg. Praef. p. i. — * Scrv. Ad Aen. IV, 247. — 5 Diod. — SI Aristot. 1. 1. el De coelo, II, I ; Diod. /. e. et IV, 27 ; flic. Tusc. V, 3 ; Plin. Jlist.
III, 60; Plat. Crit. p. 114. — 6 Hcsiod. I. cit. — 7 Apollod. III, 10, 1 ; Diod. IV, nat. VII, 56 ; Paus. IX, 20, 3 ; Cornut. A'of. deor. 26 ; Clem. Alei. Strom. I, p. 306 ;
27. — » Ovid. Fasl. V, 171. — » Serv. Ad Acn. VIII, 130. — 1» Hom. Od. VI, Tzctz. Ad Lycophr. 873 ; Eust. Ad Od. 1390, 15, 26. — » Aen. I, 741 ; Serv. Ad h. t.
247. — U Schol. lliad. XVIII, 486 ; Schol. Arat. 251 ; Diod. III, 60. — » Od. I, 52 ; — 23 Paus. V, 18, 1 : 'AtX«; oip«vi* oyioç tjtl. là Si pJTJui jurait. — S4 Id. V, 11, 2.
Cf. Nitzsch, Ad h. I. et Preller, Or. Myth. I, p. 349. — " naoul-rtochetle, Mé- — «5 Id. V, 10, 2 : Oif«vàv xtil tS,» «Mj»v. — M VI, 19, 5.
ATL — 527 — ATL
d'Atlas soutenant le ciel (mîXov). Enûn, Atlas était repré musée de Naples désignée communément sous le nom
senté (Pausanias " ne nous dit point de quelle manière) dans d'Atlas Farnôse le second est une petite figure en mar
l'undes bas-reliefs sculptés sur le trône de l'Apollon d'Amy- bre de la villa Albani35. L'Atlas Farnèse est courbé sous
clées. Il semble, d'après ces indications, que le personnage le faix; il s'appuie du genou gauche sur son rocher et
d'Atlas fut souvent, dans l'antiquité grecque, figuré à tient des deux mains le globe
cause d'Hercule et en quelque sorte pour le faire valoir îS. céleste vers lequel il tourne son
Cette induction, à laquelle les textes de Pausanias nous visage fatigué (lig. 615). L'Atlas de
amènent, se trouve confirmée par la plupart des monu la villa Albani n'a d'antique que
ments, d'ailleurs en très-petit nombre, que les décou la tûte, la poitrine, les deux bras,
vertes archéologiques nous ont fait connaître concernant et le bord du disque qu'il sou
Atlas. Nous voyons au revers du magnifique vase qui re tient; mais cette tête, empreinte
présente les funérailles d'Archemoros , au musée de de majesté, donne bien l'idée du
Naples **, Hercule au jardin des Hespérides; auprès de caractère titanesque. « Je ne me
lui, entre le char du Soleil et Lucifer à cheval, portant rappelle rien, dit Zoega, qui puisse
un flambeau, Atlas est représenté nu, à la réserve d'une mieux exprimer que cette ligure
légère chlamyde jetée sur ses deux bras. Sa barbe est. l'association de la noblesse et de
bien fournie, sa chevelure abondante ; de ses deux mains, la force. » On retrouve Atlas et
élevées à la hauteur de la tôte, il soutient la sphère étoilée. Hercule au revers d'une médaille
Un autre vase, de la bibliothèque du Vatican M, nous offre de Bithynie à l'effigie de Cara-
l'image d'Atlas débarrassé de son fardeau, que supporte calla30. Le Titan reprend le globe
Hercule (voy. p. 478, fig. 577). Sur un miroir étrusque de des mains d'Hercule. Enfin un
Vulci (lig. 6l2), Atlas entièrement nu, barbu, maintient de médaillon contorniate , dont la
Fig. 615. Atlas Farnèse.
face principale offre la tôte de
Trajan 37, présente au revers un Allas barbu , la tôte couverte
d'une dépouille d'éléphant, assis et observant avec atten
tion un zodiaque sculpté sur un disque ou un bouclier.
Sur un vase archaïque , dont la peinture est repro
duite ici (fig. 616), Atlas est figuré à côté de Pro-
méthée , son frère, déchiré par un aigle Une autre

Fig. 612. Atlas et Hercule.


ses deux mains sur ses épaules la sphère étoilée ; Hercule
s'éloigne du Titan, il tient les pommes des Hespérides dans
la main 31 . Ils sont en
core réunis sur des pier
res gravées, comme on
le voit dans la figure
G13 38 ; mais sur d'autres Fig. 016. Atlas et Frométhée.
pierres (fig. 614)3S, Her
cule est seul, aussi bien peinture, sur un vase de Ituvo 39, le représente (fig. 617)
Fig. 613. que dans deux monu portant une sphère étoilée traversée par le zodiaque; il est
Atlas et Hercule. debout en face d'un sphinx, qui doit symboliser sans
ments de l'époque ro
maine; ceux-ci toutefois paraissent conçus dans un ordre doute les secrets de l'astronomie, dont la connaissance
d'idées tout différent. Le premier est la célèbre statue du fut attribuée à celui qui était condamné à porter le ciel.

*l 111, 18. 7. — «8 Voy. encore Philostrat. tmag. II, 20. — *• Gerhard, Nouv. gravées de Stosch, H, 1765, où le personnage qui porte la sphère parait être plutôt
annales de l'Inst. archêol. I, p. 358; Monum. pl. v et yi ; ld. Akad. Abhandl. pl. n, Hercule.— 3Ï Clarac, Mus. de sculpt. pl. 793, n" 1999 A ; Mus. llorbon. V, 52 ; Ger
I'. 16; Guigniaut, Nouv. galer. myth. pl. ccvn, n. 665 I). — 30 Passeri, Picturae hard et I'anofka, NeapeU antike liildwerke, p. 9*. — 35 Zoëga, Op. t. 11, pl. crin ;
ctruscae in vase. t. III, pl. ccxux ; d'Hancarville, Antiq. d'Hamilton, III, pl. xciv ; cf. Gerhard, Op. I. p. 42 ; Raoul Bochette, /. c. p. 68. — 36 Miennct, t. V, Suppl.
lnghirami, Monum. etr. V, 17 ; Gerhard, Akad. Abh. pl. SX, 6, p. 22S.— 31 Micali, p. 197, n» 1162. — 37 patin, Thes. p. 104 ; Eckhcl, Doet. num. VIII, p. 308; Havcr-
Monumenti per servire alla stor. degli ont.pop. ital. pl. xxxvi, 3 ; Gerhard. Etrùsk. camp. Médailles de la reine Christine, p. 111 ; R.-Bochette, l. c. p. 23. — 38 Gerhard,
Spiegcl, 11, pl. cxxxvn ; Afus. Etr. Grcyor. 1, 36, 2; Guigniaut, Nouv. gai. myth. Auserles. Yasenbilder, II, 86, p. 20 et s. ; Akad. Abhandl. p. 42 ; Guigniaut, Nouv. gai.
pl. clxxxvi, n. 665 c. — 3i Gcrhrad, Akad. Abhandl. I, p. -13, pl. tv, 4. — 33 [mpronte myth. pl. clïiii bis, u. 003 a ; Welckcr, Allé Veukmùler, III, 192 ; Wieteler, Denkm. d.
diW Itutii. I, 65; Gerhard, l. c. pl. ir, 3; cf. 1b. 5. etc.; Wiuckeluiann, Pierres ait. Août, II, 825. - *BulUtùu> NapaUt. IV, p. 105, pl. v ; Wieteler, /. c. II, 820.
ATR — 528 — ATR
On voit aussi sur une pierre gravée 40 (fig. 618) un per figure et dans la suivante (fig. 622), tirée d'une peinture de
sonnage nu, assis sur un rocher, devant un cadran solaire, Pompéi7, deux encriers de même taille sont accouplés,
soudés ensemble ; l'un était
destiné à contenir l'encre noire
[atramentum], tandis que l'au
tre était réservé pour l'encre
rouge [cinnabaris]. AByzance,
où les empereurs se servaient
exclusivement d'encre rouge
pour signer les actes officiels 8,
i vase qui contenait
le . ï.1 encre Fie. b 621. — Double encrier en métal.
impériale s'appelait to xavtxtaïov (caniculus), et le fonc
tionnaire à la garde duquel il était
confié prenait le titre de ô iiA tôt; xavi-
xXei'ou 9.
Par profession ou par goût, certaines
personnes ne sortaient pas sans une
écritoire pendue à la ceinture 10. Aussi Fig „„. Encrier.
Fig. 617. Atlas. ces objets étaient-ils souvent munis
tenant une étoile qu'il semble examiner ; une seconde étoile d'anses ou d'anneaux. L'écritoire renfermait à la fois l'en
est derrière lui ; sur sa tète un compas crier et les roseaux ". «Les Grecs la nomment, » nous dit
ouvert : d'éminents antiquaires y ont saint Jérôme « xa>.a:|jtâpiov, atramentarium, atramentum. »
Et il ajoute : « Mulh significantius thecas vocant, ab eo quod
reconnu Atlas, dans le rôle d'astro
nome que lui donna l'évhémérisme. thecae tint scribentium calarnorum. » Le mot theca sert à dé
Enfin on a vu Atlas avec l'appa signer l'écritoire des >< notaires » dans un curieux passage
d'Ammien Marcellin u. Martorelli en citant un texte grec
rence et les attributs d'un roi dans la
peinture d'un vase apulien 41 repro tout semblable, où elle est appelée xaXafxâptov, a, par cet
heureux rapprochement, confirmé pleinement le témoi
Pig. 018. Atlas astronome. duite plus haut (fig. BU); il est assis gnage de saint Jérôme. Il est fort probable que les termes
sur un trône et tient un sceptre dans
sa main ; son nom (ata as) est écrit au-dessus de sa tète ; theca, ou theca calamaria, chez Martial 11 et chez Sué
devant lui est Hercule debout ; près de lui on voit encore tone 19, ont déjà cette même signification, que nous leur
Silène, Hermès, Maia, dont la réunion indique que c'est retrouvons, certainement, un peu plus tard.
le roi arcadien qui est ici représenté. E. Vinet. La theca calamaria se porte, aujourd'hui encore, dans
ATRAMEMAIUUM OU A I RAMENTALE 1 (MEÀavèoxEÏov, tous les pays orientaux ". Ceux qui l'ont vue à la ceinture
u.E^avîo'yov ayfoi; («Xavooxov ppoyi'ç *). — Termes qui dé de Turcs ou de Juifs, à Constantinople, rapportent que
signent l'encrier en général, indépendamment de la forme c'est une boîte, de forme parallélipipédiquc, mesurant à
qu'il peut présenter. On a retrouvé à Pompéi, et l'on peu près un pied de long, et que, à défaut de règle [canon],
conserve au musée de Naples, des encriers communs, en elle sert pour tirer des lignes. S'il en est ainsi, pourquoi
terre cuite (fig. 619). Celui, de refuser d'admettre 18 que
môme matière, que reproduit l'écritoire ait pu être ap
la fig. 6:20, était déposé dans pelée aussi xavojv? Nous
un tombeau du cimetière de considérons donecomme
Callistc à Rome, et contenait parfaitement authenti
big. 619. Fig. 620. encore, lors de la découverte, que le texte suivant de
Encriers en terre cuite. de l'encre desséchée 5. Le mu Clément d'Alexandrie,
sée de Naples possède d'autres encriers, en bronze, plus ou qui est une description
Fig. 623. — Écritoire portative, tablettes et style.
moins ornés; celui que reproduit la fig. 6-21, est décoré exacte de « l'écritoire » :
de ligures en argent damasquiné sur ses côtés et en or sur xat xavo'va ev (]> to te YpaÇ'xôv [aÉA«v xat lyotvoç ^ Ypaepou<rt '*.
la plate-forme supérieure 6 ; ils possédaient ordinairement Sur un - marbre des catacombes 80 qui, à en juger, en
un couvercle. Souvent, comme on le voit dans la même l'absence d'inscription, par les emblèmes qu'il porte, dut

4" Winckelmann, Pierres de Stosch, p. 426, cl. VI, n. IIS; H. Rochettc, l. c; p. 282, 1.— 1 Anthol. Pal. VI, 295, 4— ' Boldctti, Osservaz. sopra i cimiteri crist.
Gerhard, Akad. Abhandl. pl iv, 8; Wieselcr, l. c. II, 829 ; cf. Welcker, /. c. di lloma, 1720, p. 329. — 6 Bultet. archeol. Napolet. I, pl. vu ; Martorelli, De regia
p. 750, n. 14. — M Gerhard, Kùnig Atlas, in Akad. Abh. I, p. 218 et s. pl. xix ; theca calamaria, Napl. 1756. — 7 Pitt. d'Ercolano, t. II, p. 55 ; Mus. Borb.
Peterscn, in Annal, de Vlnst. arc/t. 1859, t. d'agg. G. H.; Wieselcr, l. c. n. 828 ; 1, 12, I. — 8 Montfaueon, Recensio palaeogr. gr. 1 (p. un de la Paléographie).
cf. Welcker, Gr. Gôtterlehre, I, p. 753. — Bibliographie. Lclroune, Sur les idées — 9 Act. concil. Constant. IV" (an. 870), p. 1379 CLahbé.p. HOfi D Hardouin ; Anast.
cosmographiques qui se rattachent au nom d'Atlas, dans les Annales de l'Inst. Bihtioth. Interpret. Synod. octav. gênerai, act. 10, p. 175 A (éd. Migne), note ; Du
1830, p. 159 et s., et à part, Paris, 1832 ; Raoul-Rochctte, Mémoire sur les représ, Cangc, Gloss. med. et inf. grâce, s. t. xavUXttov. — '0 Petr. Sat. 102. — ** Anthol.
figurées du personnage d'Atlas, Paris, 1835 ; G. Hermann, De Atlante, Leipz. 1836; Pal. VI, 65, 9-10. — » Comment, in F.zeeh. IX, î; cf. Orig. Hexap. Ezech. IX,
O. Millier, Prolegomena xu eine wissenschaft. Mythologie, et Gesammelte akade- 2, et commentaire sur ce passage; v. aussi Du Cange, Gloss. med. et inf. graec.
mische Abhandlungen. Bcrl. 1866. Gôïting, 182b, p. 118. 191 ; Id. Handbuch der Ar s. v. ttàmfàfm. — " XXVIII, 4, p. 407 Gronov. ; Op. 1. 1. I, p. 183-184. — l* Act.
chéologie. S 396; Mûller-Wieseler, Denkmàler der alten Kunst, H, 822-829 ; VU, concil. Chale. (en 451), p. 129 C Labbé, p. 94 D Hardouin. — 15 XIV, 19.
p. Î41 ; Gerhard, Abhandlungen der Berlin. Akademie, 1836, p. 284; 1841, p. 509; — M Claud. g 35. — 17 De même Lesage, Diable boiteux, chap. 17 : ■ Il a un grand
Preller, Griech. Mythologie, I, p. 438 ; Welcker, Griech. Gôtterlehre, l, p. 745 ; registre sous son bras, une écritoire pendue à sa ceinture. » — 1* Comme font Du
Stoll.nrt. Atlas, n Pauly's Realcncyclopinlir, t. 1, p. 2036, 2* éd. Cange, Gloss. med. et inf. graec. append. s. v. *avix).iiov, et Martorelli, l. I. I, p. 191.
ATHAMENTARILM on ATKAMKNTALE. ' Vct. auct. glossaria a Labbaco — 1» Strom. VI, 4, 36, p. 269, 8 Sylburg. — *0 Perret, Catac. de Borne, t. V,
collecta. — » Pollui, ï, 60. — » Anthol. Pal. VI, 68, 5 ; cl. VI, 66, 9 ; Etjm. magn. pl. lxxiii, 6.
ATR — 529 — ATR
recouvrir la sépulture d'un lihraritjs, on voit, à côté d'un comme de l'huile, mais avec laquelle, cependant, il était
diptyque et d'un style, un encrier attaché à un paquet de encore possible d'écrire M. Elle ne fut pas, alors, soumise
roseaux (flg. 623). Charles Graux. à l'analyse chimique. L'exactitude des renseignements
ATRAMENTUM LIBRARIUM, ou simplement atramen que nous ont laissés les anciens sur la composition de
tum (on trouve encore atramentum scriptorium i, atramen leur encre, n'a été, enfin, démontrée scientifiquement 51
tum quo ad scribenda volumina utuntur *) ; en grec |AÉXav, que lors des expériences faites par H. Davy, vers 1820,
[AcXav ypztfixw, [jleXïv 5 ff1*?0!"7 > en grec byzantin: («Xaviov, sur les papyrus d'Herculanum.
otTEpstuivov ' et £Yxau5T0V) qui a donné le latin post-clas Cette encre au noir de fumée se laissait facilement ef
sique encaustum. — Encre noire. facer. On connaît l'épisode suivant, rapporté par Athénée ,!.
Le nom générique atramentum désignait toute espèce Un jour, Alcibiade, supplié par Hégémon de venir à son
de noir. Il faut prendre garde de confondre avec l'encre, secours, entre, à la tête d'une troupe nombreuse, dans le
Yatramentum sutorium *, appelé aussi chalcantkum 6 ([/.sXav- Métroon et, mouillant son doigt, efface l'acte d'accusa
Tïipi'a6), noir des cordonniers ou noir de cuivre ; ou encore tion qui y était déposé contre son protégé. Ordinairement,
Vatramentum tectorium 7 ((jtéXav xoctccxoXXov g), noir des pein on se servait d'une éponge pour faire disparaître l'écri
tres. C'est à Yatramentum tectorium et avec un pinceau, ture : de là l'épithète deletilis, donnée par Varron 13 à l'é
qu'ont été tracées plusieurs inscriptions , rencontrées ponge. Auguste répond à ceux qui lui demandent des
dans les cimetières 9. A celui de Calliste, ;\ Rome, Bol- nouvelles de sa tragédie d'Ajax : « Ajacem suum in spongiam
detti 10 trouva un petit vase d'argile [atramentariumI, dans incubuisse*. » C'est à cause de cet usage que l'on voit fi
lequel était encore une matière noire desséchée, parais gurer l'éponge parmi les instruments du copiste dans plu
sant avoir servi à écrire une inscription dans le voisinage. sieurs épigrammes de l'anthologie !5. Naturellement, plus
L'encre dont les anciens se servaient ordinairement l'écriture était récente, plus elle était facile à éponger s6.
pour écrire sur le papyrus, était une sorte &encre de Chine. Selon Pline, pour rendre l'encre à peu près indélébile,
Elle était composée de noir de fumée, provenant de la il ne fallait que la délayer dans le vinaigre, au lieu d'eau.
combustion de résines, mêlé à de la gomme11. Selon Dios- Cette assertion se trouve confirmée par les résultats de la
coridc ls, les proportions étaient, en poids : chimie moderne S7. Pline affirme encore, mais ici nous
Noir de fumée "5 cessons d'être son garant, qu'un livre, écrit avec une en
Gomme 25 cre mêlée d'absinthe, est à l'abri des animaux rongeurs S8.
100 « Quant à la composition de notre encre, » disent les
Vitruve 13 décrit le mode de préparation du noir de auteurs du Nouveau traité de diplomatique **, « elle était
fumée destiné spécialement à la fabrication de l'encre. inconnue aux anciens, ou du moins n'en usaient-ils que
« On bâtissait une chambre voûtée comme une étuve; les pour teindre en noir leurs cuirs. » M. Géraud, l'un des
murs et la voûte étaient revêtus de marbre poli. Au-devant derniers, s'est fait l'écho de cette opinion erronée. « L'en
de la chambre, on construisait un four qui communiquait cre des anciens, dit-il *°, a été en usage jusqu'au xn° siècle,
avec elle par un double conduit. On brûlait dans ce four époque où a été inventée celle dont on se sert aujourd'hui. »
de la résine ou de la poix, en ayant soin de bien fermer Il est reconnu maintenant que, déjà au m* ou même au
la bouche du four, afin que la flamme ne pût s'échapper IIe siècle après J.-C, on se servait communément d'encre
au dehors, et se répandît ainsi, par le dquble conduit, dans à base métallique, du moins pour écrire sur le parchemin.
la chambre voûtée ; elle s'attachait aux parois et y for La preuve en est que la première écriture des plus anciens
mait une suie très-fine, qu'on ramassait ensuite". » Il suf palimpsestes est sensible à l'action de la teinture de noix
fisait d'exposer le mélange de noir de fumée et de gomme de galle et de l'ammoniaque sulfuré31. Mais c'est à tort que
à l'action du soleil 15 pour le dessécher, et l'on obtenait Martianus Capella, auteur du v° siècle, est cité 31 comme
ainsi l'encre sous forme solide, comme nos bâtons d'encre le premier qui ait fait mention de l'emploi de la noix de
de Chine. Lorsqu'on voulait écrire, il fallait délayer l'en galle dans la fabrication de l'encre 33. Un texte resté jus
cre dans l'eau, de la môme façon qu'on broie les couleurs. qu'à présent inaperçu de tous ceux qui ont traité de l'encre
Démosthène 16 nous représente Eschinc enfant, broyant chez les anciens, nous montre que la réaction de la noix
l'encre dans l'école de son père (to [xéXav Tcîêiov). On lit de galle sur les sels de cuivre, sinon sur ceux de fer, était
dans une épitaphe, trouvée à Caesarea (Cherchell), chef- utilisée bien avant l'ère chrétienne. Philon de Byzance
lieu de la Mauritanie Césarienne17: « haec cum scriberem, dit à propos de l'envoi de messages secrets: « On écrit sur
lacrimis atramentum temperavi 18. » un feutre neuf.... avec une infusion de noix de galle con
Quelques gouttes d'encre antique s'étaient conservées cassée. Les lettres, en séchant, deviennent invisibles.
au fond d'un encrier, découvert à Pompéi au milieu du Mais, après avoir fait dissoudre dans l'eau de la fleur de
siècle dernier 19. Winckelmann a vu cette encre épaisse cuivre, de la même façon qu'on délaye l'encre, et avoir
ATRAMENTUM LIBRARIUM. ' Cels. VIII, 4. — * Plin. Bist. nat. XXXV, 6, de VAthenaeum français, II, p. 31.— '8 Cic. Ad Quint. JV.II, 14 fl5 b] : atramento
41. — ' Glossaria a Labbaco collecta. — * Cio. Ad fam. IX, 21 ; Plin. But. mit. temperato. — » Paderni en fait mention dans les Philnsophical Transactions, 1756,
XXXIV, II, 1 12 et 114 cr. XXXV, C, 43 : « fit ctiam (atramentum) apud infec- p. 508. — *> Winckelmann, Werke, U, p. 127. — «1 Philos. Transact. 1821,2' partie,
. tores ex flore nigro, qui adhaerescit aereis cortinis. » — 8 Plin. llisl. nat. p. 198 et 205. — LX, p. 407 c. — M Ap. Non. II, 212, p. 96 Mercier. — ** Suet.
XXXIV, 11, 114 ; Cels. V, 1 ; cf. Dioscor. V, 114. — 6 Lucian. Catapl. 15 ; Dioscor. Aug. 85; cf. Calig. 20; Auson. Ep. 7, et d'autres testes cités à l'article ri-
V, 118; Larg. comp. 76. — 7 plin. Bist. nalttr. XXXV, 6, 43 : « Omnc uutem atra LlursESiis. — « Anthol. Pal. VI, 295, 2 ; Gli, 7-8 ; 06, 7. — » Mart. IV, 10.
mentum sole perficitur, librarium gunimc, tectorium glutino admixto. » f.f. vitruv. — «7 Girardin, Chimie appliquée aux arts, t. III, p. 87 : « La meilleure encre
VII, 10, 3. — 8 Aen. Tact. Comm. polior. XXI, 10. — 9 Lupi, Seucrae epitaph. indélébile est l'encre de Chine, délayée dans de l'acide chlorhydiiquc ou dans de
1734, p. 38 ; Cavedoni, Due cimit. crist. di Chiusi, Modena, 1853, p. 63. — 1(1 Ossirr- l'acétate acide de manganèse. • — 18 £/ist. nat. XXV11, 7, Si ; cr. Dioscor.
vax. sopra i cùniteri cristiani di Borna, 1720, p. 329. — 11 Vitr. VII, 10 ; Plin. Bist. III, 28. — » T. I, p. 541. — 80 L. I. — " Davy, dans les Philos. Trans. 1821,
nat. XXXV, 6, 41-43 j Dioscor. V, 18J. — " L. I. — 1» L. I. — Traduction de II. 2* part. p. 205, et F. i. Jlone, Latemùche und griechischc Attssen, Francf. 1850,
Géraud, Essai sur les livres dans l'antiquité, Paris, 1840, p. 48-19. — Plin /. p. 163. — '» Wattcnbach, Dos Schriftwesen m Mittelalter, Lcipz. 1871, p. 110.
— 1» Pro cor. § 258,p.313 ; cf.Phil. Bjl.,p. 102 Vet. Alathem. : Si i-,9ou; ipftivtoj — 33 Mart. Capella, III, 225 , p. 22», éd. Kopp : < gallarum nnimiieosque
wïiîi^lv Ma™ to iaAccv. — 17 Léon Renier, Inscr.de l'Algérie, na 3981 ; Bullct.archéol. commixtio. ■
I. 67
ATR — 530 — ATR
trempé une éponge dans la dissolution w, il n'y a qu'à pas saire de répartir en des endroits différents ce qui avait été
ser l'éponge sur les caractères pour les voir apparaître. » dans celle-ci longtemps réuni : les lares dans une cha
Les anciens connurent aussi l'encre de sèche ou sé- pelle, le foyer, distinct désormais de l'autel, dans une cui
pia**. On en fit surtout usage en Afrique86. sine ; il y eut des salles à manger vastes et élégantes pour
On trouvera, à l'article spécialement consacré à l'encre des festins où la famille n'était plus seule admise, des cel
rouge [cinnabaris], quelques détails sur les encres de fan lules et des ateliers pour les esclaves, qui ne travaillaient
taisie et les encres sympathiques. Chaules Graux. plus sous l'œil du maître; mais toujours la première salle,
ATRIARIUS [atriensis]. spacieuse, d'accès facile, destinée à l'usage de tous, que
ATRIENSIS. — Esclave de confiance (ordinarius) appar les Latins appelèrent atrium ou cavaedium*, resta une par
tenant à la familia urbana [servi], c'est-à-dire employé dans tie essentielle et caractéristique de la maison romaine.
la maison de ville. A l'origine, il avait les fonctions d'un On en distinguait plusieurs sortes 9, en se fondant sur
procurator et d'un dispensator, autrement dit, celles d'un la variété des proportions et sur les manières diverses de
maître d'hôtel : il administrait la caisse, faisait les achats construire et de soutenir le toit. Ces différences seront
du ménage et exerçait une surveillance générale1. Lorsque expliquées ailleurs avec précision [cavaedium]. Il y a appa
la maisoii fut plus considérable et les fonctions des esclaves rence que l'on commença, au moins dans une partie de
plus multipliées, les comptes furent confiés à un esclave l'Italie, par couvrir Yatrium d'un toit entièrement fermé,
spécial, et Yatriensis resta chargé dans la maison en géné comme celui des chaumières primitives dont la forme a
ral, et plus particulièrement dans I'atrium, de l'entretien été donnée à de très-anciennes urnes cinéraires trouvées
des meubles et ustensiles et des images des ancêtres [ima dans le Latium 10 ; mais de bonne heure prévalut un autre
gines majorum]. Des esclaves appelés aussi atrienses ou système consistant à éclairer Yatrium par une ouverture
atriarii, étaient placés sous ses ordres *. Ch. Morel. carrée pratiquée dans le toit (comp/uvium), dont les pentes
ATRIOLUM. — Petit atrium. D'après Cicéron, qui en étaient inclinées vers l'intérieur de manière à verser les
parle seul, cette pièce n'existait d'ordinaire que dans des eaux dans un bassin (impluvium), placé au-dessous. Le nom
habitations assez vastes pour qu'elle y fût nécessaire in de toscan (tuscanicum) donné au cavaedium qui offrait cette
dépendamment d'un grand atrium1. disposition ", indique assez dans quel pays on croyait qu'il
Le même mot, dans une inscription *, désigne une petite avait pris son origine. Varron " tire le nom d'atrium de
pièce précédant une chambre dans un tombeau. E. S. celui de la ville d'Atria, en Toscane, où l'on aurait vu les
ATRIUM. — Première grande salle que l'on rencon premières constructions de ce type, et son explication,
trait en entrant dans la maison romaine (proxima januis1). même si elle est inexacte, prouve que les Etrusques étaient
C'était probablement l'unique pièce des habitations primi considérés comme en ayant fourni de bonne heure des mo
tives de l'Italie, ce fut la principale encore dans celles dèles. D'après l'opinion aujourd'hui la plus généralement
que l'on construisit par la suite. Là, tant qu'on ne s'é acceptée, ce nom vient de ater, à cause de l'aspect som
carta pas des anciennes mœurs, se tint la famille, grou bre de ces intérieurs peu éclairés et noircis par la fumée
pée autour du foyer, qui était aussi l'autel domestique qui s'échappait par l'ouverture du toit '*. Une urne ciné
[ara]. On y préparait le repas commun et on y sacrifiait raire trouvée à Poggio Gajella u, dans le voisinage de
aux dieux et aux mânes des ancêtres, dont les images (fu- Chiusi, qui a comme celles du Latium, l'apparence d'une
mosae imagines) étaient rangées à l'entour* [lares, imagines
majorum]. Le père de famille recevait dans Yatrium ses
hôtes et ses clients3 ; c'est là qu'était la caisse où il renfer
mait son argent* [arca]. La mère de famille y demeurait,
entourée de ses filles et de ses servantes, distribuant et
surveillant le travail 6 ; le lit nuptial, dressé le jour de ses
noces 6, faisait face à l'entrée (et pour cette raison il était
appelé lectus adversus)"1 ; il resta à cette place, au moins
comme meuble de parade, lorsque les maîtres de la mai
son eurent ailleurs leur chambre à coucher. Enfin, quand
la famille perdait un de ses membres, c'était encore là
qu'on exposait le corps avant de l'emporter [funus]. Fig. 624. — Urne cinéraire en forme de maison.
La maison s'agrandit et se compliqua pour suffire à de
nouveaux besoins ; les chambres particulières se multipliè maison, mais d'une architecture différente, peut aider à so
rent autour de la chambre commune, et il devint néces- faire l'idée d'une pareille construction (fig. 624). Elle forme
ak Phil. Byz. p. 102 Vet. Mathem. : rpàyowai Si iKiaroWi dç KBtiffiav xaivr.v... — » Cic. De leg. 1, 3 ; De or. 111,33. — * Serv. Ad Acn. 1, 730. — » Ascon. ad Cic.
xwiîoç 9Xa<ri»i*ilî xal Iv ûSati Ppay/iffTir Sijpavôi'rta Si va ^à^aia ù/Sr>a yivttot. Xakxo'j Si Pro Mil. 5 ; Tit. Liv. I, 57 ; Arnob. U, 67. — 6 cic. Pro Cluent. 5 ; Serr. Ad Aen.
âvto-j; vçtçfiiv^o; û<n»? Iv û$<m to u.lÂav, «al àv toûtw Olïôffoy Bpa/ivroî, ÔTav àiïos-o^Y^f VI, 603 -, P. Diac. s. u. Gcnialis, p. 70 Lind. — ' Prop. V, 11, 85 et interp. ; Ascon.
Tsitu, çavif«Yi«T«.— MPcrs.III, 12-1 3 ; Auson. Ep. 7 ; comp. malgré une contradic /. t.; Gell. XVI, 9 j Hor. Ep. I, 1, 87. — 8 Varro, De ling. lat. V, 161 : ■ Cavum
tion apparente, Plin. Hist. nat. XXXV, 6, 43. — 3" Schol. Pers. III, 12-13. — Bwlio- aedium dictum qui locustectus intra parietes rclinquebatur patulus, qui essetad com-
gufhib. Outre les ouvrages cités daos le cours de l'article : Caneparius, De atramen- munem omnium usum. » Sur la question controversée de l'identité du cavum aedium
tis, Londres, 1660 ; Montfaucon, Palaeographia graeca, Paris, 1708, p. 2 et suiv.; et de l'atrium, voyez l'article cavaedick et les ouvrages cités a la bibliographie.
Boot, A'oitce »ur Us manuscrits trouvés à Herculanum, Amsterdam, 1841, p. 25-29 ; — 8 Vitr. VI, 3. — M On en verra la représentation à domus ; les plus anciennes
Krause, article iTEAKanic» dans la Ileal-Encyclopaedie de Pauly. 2" éd., p. 2033. maisons de Pompéi, appartenant à sa première population, n'avaient pas non plus
ATRIENSIS. 1 Plaut. Asin. II, 2, SU, 101 ; II, 4, 26 ; Pseud. U, î, 13 ; Orelli- d'impluvium : Fiorelli, Gli scavi di Pompci dal 1861 al 1872, p. 'm et 83. — Il Ou
llcmen, 2784, 2891, i966, etc. — « Cic. Parad. V, 2, 37 ; Phaedr. II, 5, U ; Orelli, du moins à la manière de le construire considérée comme la plus ancienne, sans
liiS ; Dig. IV, 9, 1, S ; XXXIU, 7, 8, 1 ; Voy. aussi C.oluru. XII, 3. doute quand on eut imaginé de soutenir le toit par des colonnes [cavabdicmJ —
ATBIOLTJM. 1 Cic. Ad (J. {rat. III, 1 ; Ad AU. I, 10. — * Orelli-Hcnzcn, 4509. — 18 Serv. Ad Aen. I, 730 ; Isid. XV, 3, 4. C'est le (itXaflpov de la maison primitive en
ATRIUM. ' Vitr. VI, 5, 3 ; QuintU. XI, 2, 20 ; Val. Max. V, 8, 3 ; Senec. De be- Grèce. Selon d'autres, atrium viendrait du grec «îflptov (lus' aWpiw) : Vitr. VI, 4; voy.
*ef. III, 28 ; Virg. Aen. H, 485 j Gell. XVI, 5. — ' Serv. Ad Aen. 1, 730, et IX, encore d'autres étvmologies : Paul. Diac. s. v. Atrium, et Becker, Gallus, II, p. Î03.
048 ; Hor. Sat. U, 6, 6S ; Epod. U, 43 ; Ovid. Fast. VI, 299 ; Colum. XI, 1, 19. — i* Abekcn, MUtelitalien, pl. m, 6; Braun, // laberinto di Porsenna, pl. v, A.
ATR — 534 — ATR

un carré long et est couverte d'un large toit, au-dessus d'une pareille disposition dans l'article où est expliquéo
duquel s'élève, comme une cheminée, l'encadrement sail en détail la distribution des maisons romaines [domus].
lant qui entoure l'ouverture du compluvium. D'après la vue Nous nous contenterons de reproduire ici un des frag
de l'extérieur, on peut conjecturer la disposition de l'inté ments du plan antique de Rome, gravé sur marbre vers le
rieur: au-dessous de cette ouverture devait nécessaire temps de Septime Sévère, qui sont conservés au musée du
ment se trouver le bassin destiné à recevoir les eaux, as Gapitole". On y voit(fig. 628) trois maisons contiguCs, ayant
sez grand comme on voit, et placé au centre, de sorte chacune son atrium,
que, s'il y avait d'autres pièces autour de la principale, facilement recon-
il ne restait pour elles que peu d'espace. naissable : c'est l'es
Pour compléter l'idée qu'on doit se faire de cet inté pace carré situé en
rieur, il faut interroger les ruines qui subsistent encore tre les boutiques qui
d'habitations antiques. Quelques-unes des plus modestes donnent sur la rue,
maisons de Pompéi, à défaut d'exemples très -anciens 1S, de chaque côté de
nous montrent comment, quand l'atrium ne fut plus à lui l'entrée, et le tabli
seul la maison tout entière, les chambres se rangèrent à num et les alae qui
l'entour. Dans le plan et la coupe ici gravés (fig. 625 et 626) ,e, lui font face. Au delà
on le voit précédé d'une entrée on aperçoit une au
étroite, 1, à côté de laquelle tre vaste salle à ciel
est une pièce donnant sur la ouvert, ou cour en
rue et servant de boutique, 2 ; tourée d'un portique Fig. 028, — Fragment du piau antique de Rome.
Yatrium , 3, avec son implu de colonnes, le pe-
vium, 4, où le toit, soutenu 7'istylium, sorte de second atrium, qui forma avec quelques
^ „ par quatre colonnes, conduit chambres la partie réservée de la maison, lorsqu'il fut de
S 11 les eaux par une triple pente", venu nécessaire de doubler celle-ci, désormais insuffisante
I 4 I ] occupe à peu près tout le pour des familles nombreuses et opulentes. L'atrium acces
1 J reste; car on peut ne pas tenir sible au public, rempli à certaines heures par la foule des
compte, si l'on essaye de se clients, fut dès lors, avec le tablinum et les alae, ses dépen
représenter une maison primi dances ordinaires, et quelques pièces propres au service,
Fi? 825. — Plan d'une maison de tive, d'une chambre, 5, qui est
Pompéi.
un appendice, en dehors du
plan régulier; un escalier, 6,
conduisait à un réduit placé
dans un des angles, au fond,
B au-dessus d'une petite cuisine,
7 ; cette cuisine n'était pas né
cessaire, on le comprend, au
temps où l'autel et le foyer n'étaient pas encore séparés.
Une autre maison, qui a la môme profondeur que la
précédente, avec un peu plus de largeur18, nous offre
rcxemple(flg. 627) d'un atrium, i, du genre toscan; son toit,
ayant jour au-dessus de l'impluvium, 2, Fig. 629.— Atrium de la maison dite de Cérès, à Pompéi.
était soutenu par des poutres se croi-
tmJ. | sant à angle droit, et n'avait pas besoin l'appartement de réception. Deux vues prises parmi les
s fH I decolonnes pour supports. Sur deux des ruines de Pompéi aideront à s'en faire une image. L'une
1 côtés de cette salle principale s'ouvrent (fig. 629), prise dans la maison dite de Gérés", est celle d'un
des chambres, dont nous n'avons pas à
déterminer à présent la destination ;
mais il faut remarquer la disposition de
Kig. 027.— Plan d'uue celles qui sont marquées sur le plan
maison de Pompéi. par les chiffres 3 et 4 ; l'une d'elles, :t,
communique avec Vatrium sans aucune porte, elle en dé
pend et le complète : c'est déjà, dans cette maison si étroite
et si simple qu'elle soit, le tablinum, que nous retrouverons
dans tous les plans d'habitation plus vastes et plus riches,
véritable centre de la maison, résidence habituelle du maî
tre, qui y avait ses titres, sa caisse, ses archives de fa
mille, etc. Ordinairement il était placé en face de l'entrée,
entre les alae, il l'est ici entre deux pièces, 4, pourvues de Fig. 630. — Atrium de la maison dite du Questeur, à Pompéi.
portes, qui, dans cette maison, étaient probablement des atrium toscan, le toit n'était pas soutenu par des colonnes ;
chambres à coucher (cubicula). On trouvera des exemples au contraire, dans la deuxième (fig. 630) qui représente
1 On peut encore comparer la disposition intérieure des tombeaux étrusques, c dans une très-petite maison, du cavaedium tetrastytum. — t8 Hazois, II, pl. xi, 1.
ment imitée de celle des maisons. Voy. l'art, sbpdlcroh.—te Mazois, Ruines de Pompéi, — '9 Bellori, Fragm. vesl. vet. Rom. p. I ; Matois, Ruines de Pompéi, t. Il, pl. I.
II. pl. il, 1. — 17 u n'y avait pasd'égout du c6té du mur extérieur. C'est un exemple, — x° Gell. Pompeian. I, pl. lui.
ATR — 532 — ATT

l'atrium corinthien de la maison du Questeur 11 , on voit l'atrium Minervae, qui se confond peut-être avec l'atrium
encore le pied des colonnes qui entouraient l'impluvium. Sutorium™, l'atrium l'iberinum™ et d'autres encore étaient
La vue des maisons en ruines de Pompéi ne peut aider des édifices religieux.
toutefois à se représenter l'atrium d'une riche habitation au Il y avait aussi des places nommées atria auctionaria 57,
temps de l'empire, que si l'on y ajoute par la pensée tout où se faisaient les enchères publiques [auctio]. E. Saglio.
ce que le luxe avait alors inventé pour embellir les appar ATTALEIA (ÂrraAeïa). — Fête célébrée à Égine 1 en
tements. Les murs étaient revêtus de marbres et de stucs l'honneur d'Attale Ier, roi de Pergame, ou d'un de ses
[paries], ou décorés de peintures ; les pavés, de mosaï successeurs du même nom. Attale I" avait été divinisé
ques [musivum opus], les plafonds, de caissons [lacunar] après sa victoire sur les Gaulois ; il avait à Égine un tem
sculptés, peints et dorés. Les colonnes étaient quelquefois ple, aussi bien qu'à Pergame, à Téos * et probablement
faites de blocs énormes des marbres les plus précieux M. dans d'autres villes. E. S.
Des statues étaient dressées dans les intervalles M. Les ATTALISTAI fATTaXto-Taî).— Corporation d'artistes dio
portraits des ancêtres [imagines majorum] faisaient le nysiaques qui prirent le nom d'Attale II, roi de Pergame
principal ornement de l'atrium et des alae des maisons [dionysiakoi technitai].
nobles ou qui prétendaient à la noblesse. Les bustes des ATTICA RESPUBLICA. — Constitution politique d'A
empereurs ou de personnages célèbres en tenaient lieu thènes. — La constitution politique d'Athènes n'a pas été
quelquefois pour les familles qui n'avaient pas de passé. imaginée d'un seul coup, ni établie de toutes pièces par
Des disques de métal ornés de figures en buste ou en un sage législateur. Elle a eu ses racines dans de très-
médaillon [clipeusJ, des tableaux [tabula] étaient aussi vieilles institutions domestiques et religieuses ; elle s'est
suspendus dans l'atrium. Des tentures " [vélum] fer ensuite modifiée suivant les besoins de chaque généra
maient à volonté l'entrée du tablinum et des alae , et, tion. Si l'on veut s'en faire une idée exacte, il ne suffit
quand l'ardeur du soleil était trop grande, l'ouverture pas de l'observer à une seule époque de l'histoire de cette
du compluvium; on tendait aussi des rideaux entre les ville ; il en faut voir les principes et l'origine, en distinguer
colonnes. La fraîcheur était encore entretenue par le les différents âges, en suivre le développement régulier.
perpétuel mouvement d'eaux jaillissant (salientes) au I. Époque primitive. — Le principe générateur de l'État,
milieu du bassin de l'impluvium **, ou qui y étaient ver chez les Athéniens comme chez tous les Hellènes, fut le
sées d'une fontaine, telle qu'on en a conservé à Pompéi Y«oç. La constitution originelle de la famille explique
d'élégants modèles [fontes]. On y rencontre aussi, debout toutes les institutions sociales et politiques des premiers
encore à côté de ces bassins, des tables carrées de marbre âges ; elle donne même le sens de presque toutes les ré
[cartibulum], aux pieds sculptés, sur lesquelles on étalait volutions des âges suivants. Cette famille des temps anti
de la vaisselle ou d'autres objets précieux ** ; et des débris ques, outre le lien du sang, était unie par un lien reli
de caisses en métal qui contenaient les fleurs, les plantes gieux. Le culte commun d'un ancêtre en retenait tous les
vertes et les arbustes dont on entourait l'impluvium membres autour d'un même foyer et d'un même tom
II. Le nom d'atrium se retrouve dans celui d'un certain beau; sa religion lui défendait de se diviser [familia].
nombre d'édifices dont les dispositions rappelaient sans Aussi cette famille arrivait-elle rapidement à être assez
aucun doute celles de l'atrium des maisons particuliè nombreuse; elle comprenait plusieurs branches d'hom
res M. Vatrium Vcstae, où étaient les demeures des Vestales mes libres qui descendaient du premier ancêtre, et au
et qui faisait partie de la regia, devait être certainement tour de celles-ci se groupait tout un petit peuple de ser
construit sur le plan des anciennes habitations romaines viteurs, de clients, d'esclaves que la nécessité ou la force
[vestales]. Il paraît y avoir eu à Romedeux édifices appelés y avait peu à peu attachés. C'étaient deux classes de rang
atrium Libertatis, l'un probablement au forum, du côté du fort inégal. La première qui sentait dans ses veines le
Quirinal, l'autre sur l'Aventin *'. Dans le premier sans sang de l'ancêtre adoré, et à qui la naissance même don
doute se trouvaient les offices des censeurs et leurs archi nait le droit au culte et l'aptitude aux fonctions reli
ves 80 ; des tables de lois y étaient conservées Il y avait gieuses, tirait de là sa supériorité héréditaire; on l'appe
aussi dans l'un des deux endroits une prison, et les es lait la classe des Eupatrides. La seconde, qui n'avait rien
claves y recevaient la question ss. Un atrium Libertatis fut du sang sacré, n'avait non plus aucune aptitude à accom
restauré par Asinius Pollio, qui y plaça la première biblio plir le sacrifice et à prononcer la prière; au point de vue
thèque publique que l'on vit à Rome ". L'atrium Cad **, religieux comme au point de vue social, elle était à ja-

*l Mus. Bùrbon. t. V, Relu. d. Seavi, tav. AB ; Niccolini, Case di Pompci. 3, 25 ; Orelli-Henzen, 3439, 38S3. — Bibliographie. Grapaldns, Departibus aedium,
— M Ascou. ad Cic. Pro Seauro, p. 27 Orclli.— " Cic./n. Yerr. 1, 19,23 ; thn.J/isl. Parme, 1506 ; Bâle, 1536 ; et Lyon, 1535 ; P. Marquez, Belle case di ciitâ degli ant.
nat. XXV, 2; XXXV, 2. — S» Ovid. Met. X, 59S; Dig. XIX, 1, 17, § 4; XXXIII, 7, 12, Romani, Rome, 1791 ; F. Schiassi, Degli edifizi di Bomani antichi, Bologna, 1817 ;
8 16; L, 16,242, g 2;lsid. XIX, 26. — " Varr. lies rust. 1, 13; San.Ep. 86.— »6Varr. Mazois, Essai sur les habitations des anciens Romains, dans la IIe partie de?
Ling. lat. V, 125 ; Clossar. ap. Mai, Class. auct. VI, p. 514 ; Dig. XXXIII, 7, 12, § 24. Ruines de Pompéi, Paris, 1824 ; Id. Le palais de Scaurus, Paris, 1819 (et 3* édit.
— 57 Uor. Ep. I, 10, 22 ; Tib. III, 3, 15 ; Suet. Aug. 92 ; Dig. XXXIII, 7, 26, pr. par Varcollior, Paris, 1861) ; Raoul-Rochette et Bouchet, Choix d'édifices inédits de
— W lsid. XV, 3 : ■ Magna aedessive amplioret spatiosa domuset dictum est atrium, Pompéi. Paris, 1828 ; J. Bouchet, Le Laurentin, maison de campagne de Pline le
quod addantur ci très porticus extrinsecus. > Le savant évoque paraît avoir ici en consul, Paris, 1852 ; Canina, L'archilcttura romana descritta e demostrata, Roma,
vue la cour qui précédait de son temps les palais et les basiliques chrétiennes ; comp. 1831 et ann. s., t. 1, sez. IU, pl. ccxxix ; Hertzberg, De dits Romanorum patriis.
Mabillon, Annal. Bened. ad ann. 814 ; Muratori, Annali d'italia, t. IV, p. 490, Ncap. Halle, 1840, 1. II, c. 3, de atrio ; Becker, Galtus, oder rômische Scencn, 3" édit.
1773 ; Martigny, Dict. des antiq. chrêt. Atrium. — M Cic. Ad AU. IV, 16; Becker, rev. par Rciu, Leipz. 1863, t. II, p. 192 ; Serg. Ivanoff, Varie specie di soglic in
Handb. der rôm. Alterth. 1. 4S8 ; Id. Zur rôm. Topogr. Leipz. 18 15, p. 28 ; tlerkel, Pompei. in Annali delï Insiit. di corr. archeol. 1859, p. 88; Guhl et Koner,
ad Ovid. Fast. p. cm; Prcller, Begionen d. Stadt Rom, p. 144. — *> Tit. Liv. Das Leben der Griechen und Rômer, t. II, 3« édit. Berl. 1871-1872, p. 435 ; Krausc,
XXXIV, 44; XL1II, 16 ; XI.V, 15. — 31 Tit. Liv. XLI1I, 16 ; Fest. s. V. Probrum, Deinokrates, Iéna, 1863, p. 528 ; Marquardt, Rôm. Privalalterthûmer, t. I, Leipz.
p. 209 Lind. ; cf. Gran. Liciniani Fragm. edid. Tertz, p. 30. — 3t Tit. Liv. XXV, 7 ; 1864, p. 222 ; Dezobry, Borne au siècle d'Auguste ; Rein, art. Atrium, dans la Beal-
Cic. Pro Mil. 22. — 33 Suet. Aug. 29; Ovid. Trist. III, 1, 71. — 3* Prcller, Be cncyclopâdic de Pauly, 1. 1, 2« édit. On peut consulter aussi les commentateurs de Vi-
gionen, p. 132. — 35 Momrmen, Corp. insc. lat. I, p. 389 ; cf. Urlichs, in Nuove truve : Perrault, Galiani, Schneider, Stratico, Marini, etc. ; et les ouvrages relatifs
Mem. deli Inst. areh. 1865, p. 84. — »• Ovid. Fast. IV, 329; Merkcl, Ad Fast. aux découvertes de Pompéi.
p. cilvii. — 37 Cic. De leg. agr. I, 2 ; II, 20 ; Pro Quint. 3 ; Acro ad Hor. Sat. H, ATTALKIA. 1 Raugabé, I, n. 688, 1. 46. — » Boeckh, C. insc. gr. II, n. 3067, 307 .
ATT — 533 — ATT
mais sujette ; sa conscience comme ses bras appartenaient saient le sacrifice, prononçaient la j ustice et com mandaient
à l'Eupatride. Ce y"°«, qui était à lui seul une société les troupes de guerre. Dans une société ainsi organisée,
complète, devait avoir son gouvernement intérieur. 11 il était impossible à un roi d'être un maître. Nous devons
obéissait tout entier à l'un des Eupatrides, à celui qui croire que le roi ne pouvait ni entreprendre une guerre,
descendait des aînés de la race et qui représentait l'an ni lever une contribution, ni décréter une loi sans l'assen
cêtre divin. Cet homme était a la fois un père de famille, timent de ces chefs de yéw), dont chacun était presque
un prêtre, un juge, un chef militaire; on lui donnait à l'o aussi fort que lui et qui réunis l'étaient bien davantage. Il
rigine le même titre qui fut donné plus tard aux chefs est clair que, toutes les fois que les intérêts communs
des cités : on l'appelait paa-iXeîiï ou ap^wv. Il exerçait dans étaient en jeu, il devait convoquer tous les membres de
l'intérieur de son yévoî une autorité que la religion rendait l'association et prendre leur avis. Plutarque nous a con
sacrée et inviolable. servé dans sa Vie de Thésée une vieille formule qui date
On voit par les vieilles traditions de l'Attique1 qu'il se de cette époque et qui atteste que l'usage des assemblées
passa plusieurs siècles pendant lesquels chacun de ces yz- publiques est aussi ancien que la réunion de tous les yÉ-
V7), occupant un petit canton, formait un État autonome. vy) en un seul Étal*. Sans doute il ne s'agissait pas là d'as
Aucun lien politique ne les unissait entre eux ; la cité semblées populaires ; il n'y avait rien de démocratique dans
n'existait pas encore. Chacun d'eux avait sa religion par l'état social de ce temps-là. Tant que l'inégalité régnait
ticulière, ses dieux et son prytanée, son archonte. Ils se dans chacun des groupes associés, elle devait régner aussi
faisaient souvent la guerre, et ce qui prouve mieux que tout dans l'association entière. Il y aurait eu une singulière
le reste combien' ces petites sociétés étaient distinctes et contradiction à ce que les Eupatrides fussent si fort
séparées l'une de l'autre, c'est que le mariage était inter au-dessus des autres hommes dans leurs cantons et
dit entre membres de deux yèrr\, comme il le fut plus tard sur leurs domaines, et qu'ils devinssent leurs égaux dans
entre membres de deux cités *. Mais peu à peu les besoins la cité. Il est probable que les chefs des yévr\ formaient seuls
ou les sentiments rapprochèrent les hommes. Les yévf\ à cette époque le corps politique, le S^jjloç, et qu'ils compo
commencèrent par s'unir entre, eux par petits groupes. saient seuls les assemblées. Si de simples hommes libres
Dès l'époque qui est représentée dans l'histoire par le et même des clients avaient le droit d'y figurer avec eux,
nom de Cécrops , ils formaient douze confédérations : c'est que chacun des Eupatrides s'y faisait suivre de ses
c'étaient comme douze petites cités dans l'Attique. Puis, inférieurs, de même que le patricien de Rome dans les
de ces douze États, celui des Cécropides, qui occupait le comices par curies se montrait entouré de sa gens. L'Eu
rocher où fut l'Acropole d'Athènes, prit insensiblement la patride seul comptait et seul donnait son vote. Lorsque
suprématie. Enfin, Thésée, héritier des Cécropides, réunit les contemporains de Périclès ou de Démosthènes louaient
les douze groupes, c'est-à-dire tous les yévtj, en une seule Thésée d'avoir fondé des institutions démocratiques, ils
association qui fut la cité athénienne. Il lui donna un étaient dupes d'une illusion et jugeaient l'antique Athènes
centre religieux et politique, le prytanée d'Athènes ; un d'après celle où ils vivaient. La première constitution qui
culte commun, celui d'Athéné Poliade ; une fête sacrée à régit la cité fut nécessairement celle qui était indiquée par
laquelle tous prirent pari [synoikia] 3. la situation même. Comme la cité naissait de l'associa
Sur la constitution qui régit d'abord cette cité, nous ne tion d'une centaine de petits chefs qui, en restant souve
trouvons pas dans les historiens des renseignements bien rains chez eux, consentaient à reconnaître au-dessus
précis et les éloges qu'en firent plus tard les poètes et d'eux un chef suprême, il en résulta que le gouvernement
les orateurs ne sauraient avoir beaucoup d'autorité. Ce intérieur de chaque yévos resta monarchique et que le
que Ton peut dire, du moins, avec certitude, c'est que gouvernement central, sous les dehors de la monarchie,
cette cité primitive avait un roi à sa tête, mais que ce roi fut surtout aristocratique. Existait-il alors des comices
n'était pas un maître absolu. La cité, qui s'était formée réguliers et un sénat permanent, on ne saurait le dire ;
peu à peu par plusieurs groupements successifs, devait mais ce qui paraît hors de doute, c'est que le corps des
ressembler beaucoup à un État fédératif. L'association Eupatrides' devait avoir des moyens d'exprimer et de faire
n'avait nullement détruit la constitution intérieure de prévaloir ses volontés.
chaque yévoç ; elle ne l'avait même pas modifiée. Cette Dès cette primitive époque, il y eut des conflits et des
sorte de grande famille, tout en devenant partie inté révolutions. La royauté et l'aristocratie ne pouvaient man
grante de la cité, garda son ancien culte, ses usages, ses quer d'entrer en lutte. Il paraît d'après toutes les tradi
lois, ses fêtes, sa juridiction intérieure. Elle resta sous le tions que Thésée voulut étendre son pouvoir et chercha à
gouvernement de son chef cupatride et continua à former diminuer l'importance des Eupatrides. Pour les combat
un petit État monarchique dans le sein duquel le pouvoir tre, il s'appuya sur les classes inférieures. C'est apparem
de la cité ne- se faisait pas sentir. Les deux classes qui ment pour ce motif qu'il devint plus tard le héros légen
composaient le y^o; demeuraient aussi inégales que par le daire de la démocratie athénienne. Mais de son vivant,
passé, et l'autorité du chef aussi absolue. Dans une telle les classes inférieures ne semblent pas l'avoir soutenu
situation, le roi de la cité ne pouvait pas être un souve avec beaucoup d'énergie , et ce qui est bien certain
rain omnipotent. Il était un chef qui commandait à d'au c'est qu'elles ne lui procurèrent pas la victoire. Les Eu
tres chefs; l'autorité de ceux-ci était exactement de patrides renversèrent Thésée, le chassèrent d'Athènes et
même nature que la sienne ; ils avaient des sujets comme donnèrent la royauté à une autre famille5. Depuis ce mo
lui ; comme lui, ils tenaient leur dignité de la naissance et ment, jusqu'à Ja mort de Codrus, les traditions athé
de la religion ; comme lui, ils disaient la prière, accomplis- niennes portent les traces manifestes de longues agita-
ATTICA RESPUBLICA. 1 Pausan. I ; Plut. Thes. ; Apollod. Bibl. passim ; l'rag. 399. — » Thuc. II, 15-16; Strab IX, 1, g 20; Plut. Thes. ; et le marbre d«
fiist. gr.; voy. surtout les auteurs d'Atthides, collect. Didol, t. I. — ~ Plut. Thes. Paros. — * Plut. Thes. 25 : ' {«, — » Diod. IV, 62 ; Plut. Thes. 23,
24; Ihucyd. Il, 15 ; Rusa, Demi allia, p. 24; Bocckh, Corp. inscr. gr. n" 367, 30-35.
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tions. La mort de Codrus, événement que la légende a chonte, le Roi, le Polémarque, et les six Thesmothètes.
embelli, mais qui ne laisse pas de paraître fort étrange Ces personnages qui se partageaient les attributions de
et assez mystérieux, coïncide avec la victoire définitive de l'ancienne royauté, étaient à la fois des prêtres, des juges,
l'aristocratie. La constitution d'Athènes fut alors modifiée des chefs politiques et militaires. L'Aréopage existait depuis
d'une manière grave; toutefois on ne doit pas dire que ce longtemps ; on ignore comment il était composé à cette
changement ait consisté dans la suppression de la époque ; il exerçait déjà la plus haute autorité judiciaire ;
royauté. Il ne faut pas perdre de vue que les titres peut-être y joignait-il les fonctions de sénat délibérant.
de roi et d'archonte étaient deux mots synonymes dans Nous pouvons discerner, malgré l'absence de documents
ces anciens temps. Les chefs d'Athènes, après Codrus, sont précis sur ce sujet, quelle fut la condition des classes infé
généralement désignés dans l'histoire sous le nom d'ar rieures sous l'empire d'une telle constitution. Elles n'a
chontes ; mais il est probable, et l'on voit pardes documents vaient ni les droits politiques, ni les droits civils, ni les
anciens" qu'ils avaient en même temps le titre de roi. Ce droits religieux. Dans l'intérieur de chaque fîvoç, la foule
titre ne fut pas aboli, comme on le répète sur la foi de obéissait sans réserve à l'Eupatride ; elle ne pouvait être
Justin, pour honorer le prétendu dévouement de Codrus; jugée que par lui ; elle ne pouvait participer à la religion
car il continua d'être porté fort longtemps, et il ne dispa que par son intermédiaire. Si quelques hommes se trou
rut même jamais d'Athènes. La religion de ces temps-là vaient en dehors des yévï], soit qu'ils s'en fussent affranchis,
exigeait le maintien de la royauté ; il fallait qu'il y eût un soit qu'ils fussent d'origine étrangère, ils ne comptaient
roi pour accomplir les cérémonies du culte de la cité et pas dans la cité, puisque celle-ci n'était et ne pouvait être
continuer la chaîne qui reliait les générations présentes que l'association des ytviq, des phratries et des tribus ; ils
aux anciens dieux. Le changement qui fut opéré à la mort étaient donc réputés étrangers, età ce titre ils étaient jugés
de Codrus fut donc non une suppression, mais un amoin arbitrairement par le polémarque. La condition matérielle
drissement de la royauté. Pausanias nous dit qu'elle de et économique des hommes était, comme il arrive presque
vint dépendante et responsable7. Sous cette condition toujours , en rapport avec leur condition politique. On ne
elle resta héréditaire; la famille de Codrus la conserva concevait pas que le droit de posséder le sol pût appartenir
sans interruption pendant près de quatre siècles. Il est à qui n'était pas membre de la cité et n'en avait pas le
vrai que les limites qu'on lui imposa durent faire de cet culte. L'Eupatride seul, en vertu de l'ancienne coutume et
archontat ou de cette royauté un pouvoir plutôt nominal de la religion, avait le droit de propriété sur la terre. Ses
que réel. Vers l'an 754, l'aristocratie, voulant l'affaiblir sujets, membres des branches cadettes ou des familles
encore, rendit l'archontat décennal et probablement clientes, n'en pouvaient avoir que la jouissance à titre pré
électif. Elle ne l'enleva pas encore à l'ancienne famille caire. Les termes sacrés, Spot, ne devaient appartenir qu'à
régnante ; mais on peut croire que, dans le sein de cette l'Eupatride.
famille, elle se réservait le droit de choisir l'archonte à II. Affaiblissement de Faristocratie ; constitution solo-
son gré. Enfin vers 684 elle dépouilla les Codrides de leur nienne. — Peu à peu la classe inférieure grandissant en
vieux privilège, et l'archontat rendu annuel devint acces nombre, en énergie, en richesse acquise par le commerce
sible à tous les Eupatrides". ou l'industrie, aspira à s'affranchir de la domination aris
Dès lors le gouvernement d'Athènes fut purement aris tocratique. Cette classe comprenait deux sortes d'hommes,
tocratique. Les Eupatrides, au nom de leur vieille préroga d'abord ceux qui enfermés dans chaque -/évoç supportaient
tive religieuse, étaient seuls prêtres, seuls archontes et avec peine l'empire de l'Eupatride, ensuite ceux qui n'étant
seuls juges. Pour se faire une idée exacte de la constitu pas répartis dans les fé*i\, étaient comme en dehors de la so
tion de ce temps-là, il faut songer que les févui ne vi ciété régulière et devaient former une foule analogue à la
vaient pas réunis dans la ville. Épars dans l'Attique, cha plèbe primitive de Rome. Les efforts des premiers pour
cun d'eux occupait un domaine qu'il considérait comme s'affranchir, ceux des seconds pour obtenir en quelque
sa véritable patrie. Isolé, indépendant, entouré de ses nom sorte l'entrée de la cité agitèrent Athènes pendant plus
breux serviteurs, gouverné par son chef eûpatride, il d'un siècle. Tous ces hommes, que les traditions repré
gardait sa religion spéciale, ses lois particulières, toute sentent comme ayant été fort malheureux sous le dur
son autonomie religieuse et politique9. Ces yhtr,, associés gouvernement des Eupatrides, demandèrent comme
entre eux par un lien fédératif, formaient 48 groupes que premier adoucissement de leur sort qu'on leur donnât des
l'on appelait des naucraries ; ceux-ci se groupaient à leur lois écrites. Jusqu'alors les lois avaient fait partie de la
tour en douze phratries, et ces phratries en quatre tri religion ; les Eupatrides, par conséquent, avaient eu seuls
bus (tpuXou). Chaque naucrarie avait son prytane, chaque qualité pour les connaître, pour les interpréter et pour les
phratrie son phratriarque, chaque tribu son roi (<piAoêao-c- appliquer. Écrites ou non écrites, elles étaient en tous cas
Xeuç). Ces chefs à tous les degrés n'étaient et ne pouvaient tenues secrètes et la foule était condamnée à les ignorer.
être que des Eupatrides. La cité athénienne n'était encore Les Eupatrides donnèrent satisfaction à des vœux qui
que l'association de tous ces chefs divers. Ils quittaient sans doute leur parurent légitimes à eux mêmes, et en
leurs cantons à certains jours fixés et venaient s'assembler 624 ils chargèrent un des leurs, Dracon, de rédiger un
sur le rocher de l'Acropole, toàiî, soit pour accomplir code. Dracon, qui partageait toutes les idées de sa caste,
ensemble quelque cérémonie religieuse, soit pour délibé paraît s'être contenté de mettre en écrit les anciennes
rer sur les intérêts communs. Les prytanes des naucrares coutumes sans y rien changer. Ses lois, qui étaient sans
semblent avoir formé un conseil 10. L'autorité suprême doute l'expression du droit pénal des vieilles époques,
était confiée à neuf magistrats annuels qui étaient l'Ar- furent regiirdées comme très- rigoureuses par les généra -
« Voy. le marbre de Paros, et Pausanias, I, 3 : TVV; 4*4 MùàAwi il< KXnîuov s«^- remarque qu'on ne crut pouvoir dépouiller la famille royale qu'en alléguant
^.rarot;. — 7 Paus. IV, 5; cf. Velleius, I, ï. — 8 Heracl. Popt. in F. hist. qu'elle s'était souillée d'un crime. — 9 Thuc. II, 15-10. — 1° Herod. V, 71 ; Pollui
gr. coll. Oiclol, t. Il, p. 208 ; Nicol. Daraasc. fbid. tr. 51, p. 386. 11 esl digne de VU), 108.
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tions suivantes. Ce que l'on remarque surtout dans les règles qui avaient régi jusque-là la condition sociale des
fragments qui nous en sont restés, c'est un caractère de différentes classes d'hommes ; mais on était arrivé à un
raideur sacerdotale qui devait leur attirer les malédictions temps où l'esprit public n'acceptait plus ces règles.
de la classe plébéienne. Du reste, Dracon ne modifia en rien L'excès des souffrances prépara une insurrection des
la constitution politique. En accordant aux classes infé pauvres et des thôtes. Les Eupatrides, sentant le danger
rieures la concession d'un code écrit, il ne songea nulle et ne pouvant le conjurer que par des réformes, choi
ment à affaiblir le pouvoir de la caste aristocratique 11 . sirent Solon pour les accomplir. Ils se fiaient à lui,
Tous ceux qui avaient cru qu'il suffirait de mettre en parce qu'il était lui-même un Eupatride; mais ils le sa
écrit les lois existantes pour sortir de leur malheureuse vaient assez exempt des préjugés de sa caste pour penser
condition, s'aperçurent après Dracon qu'il fallait changer qu il opérerait de graves changements à leur préjudice.
les lois elles-mêmes. On vit alors à Athènes ce qui se On se tromperait beaucoup, si l'on regardait Solon
voyait à la même époque dans la plupart des cités grec comme un philosophe et un théoricien qui aurait com
ques. La foule, uniquement désireuse de renverser une biné savamment une sorte de constitution idéale. Cet
oligarchie oppressive, se montra disposée à accepter un homme, qui s'était enrichi, dit-on, par le commerce, était
tyran, et elle trouva dans l'aristocratie elle-même un am avant tout un homme de sens et d'expérience. Il voyait
bitieux tout prêt à la servir moyennant qu'on lui laissât que les désordres qui mettaient l'État en péril avaient leur
prendre le pouvoir suprême. Cet homme fut Cylon. Mais cause dans les souffrances très-réelles du grand nombre;
les Eupatrides triomphèrent de ce premier essai de ty il voulut faire disparaître cette cause. Or, comme les
rannie démocratique. La rigueur avec laquelle ils frap souffrances tenaient elles-mêmes aux lois relatives à la
pèrent les conjurés laissa dans la population athénienne propriété et aux lois sur les dettes, il changea les unes et
de profonds ressentiments, et la haine paraît s'être accrue les autres. Il établit, d'une part, que le corps de l'emprun
à tel point que les Eupatrides ne purent se maintenir au teur ne serait plus garant de sa dette, et que par consé
pouvoir qu'en désavouant et en sacrifiant ceux-là mêmes quent le débiteur insolvable ne serait plus l'esclave du
dont l'énergie- sévère les avait sauvés de l'insurrection, les créancier. D'autre part, grâce à une mesure que les an
Alcméonides ". ciens ne nous font pas clairement connaître, mais qui
Il y eut encore à partir de ce moment une trentaine paraît avoir modifié la nature et les conditions du droit de
d'années d'agitations et de discordes. On en voit la preuve propriété, il rendit les petits cultivateurs propriétaires de
dans la légende d'Épiménide, le grand purificateur, leurs champs. La grande importance de cette seconde ré
l'homme ami des dieux, que les Eupatrides appelèrent à forme est attestée par Solon lui-même qui dit dans ses
Athènes pour lui faire guérir, en même temps que la vers : « C'était une œuvre inespérée; je l'ai accomplie
peste, la maladie morale qui s'était emparée de la popu avec l'aide des dieux; je prends à témoin la déesse Mère,
lation. Il ordonna d'apaiser par un culte deux déesses la Terre noire, dont j'ai en maints endroits arraché les
cruelles, la Violence et l'Impudence w. Mais les rites re bornes, la terre qui était esclave et qui maintenant est
ligieux et les cérémonies expiatoires, si efficaces qu'ils libre. » En tout cela, Solon avait réellement accompli une
pussent être en ce temps-là, ne guérirent pas toutes les révolution sociale ; il avait mis de côté l'ancienne religion
souffrances. 11 est hors de doute que les classes inférieu de la propriété qui, au nom du dieu Terme immobile, re
res, c'est-à-dire tout ce qui n'était pas Eupatride, étaient tenait la terre dans les mains des Eupatrides. Après lui,
très-malheureuses sous cette domination. Ce dont on se la classe des éxT7][Ao'piot ne se retrouve plus dansl'Attique, et
plaignait, c'était moins encore les privilèges politiques de l'on n'y voit non plus rien qui ressemble au servage de la
l'aristocratie que les misères sociales qui étaient la consé glèbe qui continua d'exister dans la plupart des États
quence de ce régime. Les deux grands maux étaient, l'un, grecs. Telle est, suivant toute apparence, la partie la plus
la législation relative au droit de propriété qui condam importante de l'œuvre de Solon. Il est vraisemblable que
nait la plupart des cultivateurs à n'être que des tenanciers c'est cette grande révolution sociale que les contempo
sujets à une redevance du sixième des fruits (£xTn)fju$pioi), rains de Solon appelèrent du nom énergique de o-Eto-ajçÔEfa
condition qui n'était peut-être pas sans analogie avec [seisacutueia] ; les générations suivantes en célébrèrent le
celle des serfs abonnés du moyen âge l'autre, la légis souvenir par une fête annuelle ie.
lation relative aux dettes qui faisait du débiteur, comme Les réformes politiques qu'il accomplit ensuite, ne pa
dans toute l'antiquité, le serviteur du créancier et même raissent pas avoir eu d'autre objet que de garantir les
son esclave si la dette n'était pas acquittée au terme classes récemment affranchies contre le retour du servage.
fixé ,s. L'un et l'autre était la suite naturelle des vieilles Il ne modifia la forme du gouvernement que pour mettre
il Aristot. Polit. II, 9, 9; cf. Demosth., In Aristocr.; In Lept. ; A. Gell .XI, 18 ; Poil. héréditairement, ainsi qu'il arriva au moyen âge, mais on lui imposait la condition
IX, 61.— «Herod. V, 71 ; Thuc. 1, 126; Plut. Sol. 12 ; Paus. I, 28. - 1» Gc.Deleg.U, de payer un cens ou redevance; aussi l'appelait-on ûn;^6pioç, et sa terre v*i ûiwxuntv^
11. — 1* Plutarque qui écrivait sept siècles après ces événements, et qui ne comprit (Plut., Soi., 13.). A défaut de paiement la terre était reprise par l'F.upatridc, véri
jamais bien les institutions de ces -vieilles époques, considère les lxvi)|i6pui comme table propriétaire. A la longue, les thètes voulurent s'affranchir de la redevance
des débiteurs qui ont hypothéqué leurs terres ; mais l'hypothèque ne fut admise que annuelle, acquérir le vrai droit de propriété, renverser enfin la borne sacrée ou
plus tard dans le droit grec ; on ne la trouve dans aucune cité de cette époque, Terme (Spoî) qui attestait le domaine éminent de l'Eupatride. C'est l'histoire du ser
et elle était en contradiction avec les principes qui régissaient alors la propriété vage à toutes les époques. — 15 M «ma» !«' à^ipw îo'j>i{«vtt;, Pollux, III, 82;
du sol. Les fragments de Solon, quelque incomplets qu'ils soient, nous présentent £pta >a(lS*VOVUî iict TOÏ; 0<i(JLOOlv s ïo:; SoMlÇoimv ^ffttv, Plut., Sol.j 13 ; comp.
cette classe sous un autre jour. Les imi|i4rKH ou O^tiç, semblables à ceux qu'on ap les nexi chez les Romains. — 16 Diod. 1,79 ; Diog. Laert. Sol. I ; Philoch. In frng.
pelait ailleurs «Mut, lîWri? ou iHvftvai (Pollux, III, 82 ; IV, 165; VII, 131 ; Pho- hist.grA, p. 393. Les historiens grecs qui ont parlé de ces événements si longtemps
tius, niXâxai; Hesychiits, s. v. ni tet^o^o^; Arist. Fr. coll. Didot, p. 227) étaient des après, lorsqu'ils avaient perdu tout souvenir et même toute idée de l'état social qui
serfs de la glèbe comme il y en avait dans toute la Grèce (A th. VI, 84 et 86) et chez avait précédé Solon, expliquent cette sttow^lis conformément aux idées de leur propre
presque tous les peuplés de l'antiquité. Cette sorte de servage était quelquefois le temps, c'est-à-dire comme s'il s'agissait d'une abolition ou d'une réduction des dettes.
résultat d'une conquête ; d'autres fois il était la conséquence naturelle de la consti Mais en réunissant les traits significatifs de l'événement, la redevance anciennement
tution du rtaf. Comme l'Eupatride seul pouvait exercer le droit complet de pro payée par les ->-Ty. .v.:, la rîj ,-■' •.<<-■< dont parlent Plutarque et Pollux, les ôpoi
priété, le thète ou le client qui obtenait un lot à cultiver, n'en avait qu'une jouis CMirrfotf, dont parle Solon, puis la -ft l'hvMça, nous arrivons à penser qu'il s'agit, non
sance précaire, révocable et conditionnelle. On pouvait bien lui laisser la terre d'uuc abolition de dettes, mais d'une révolution radicalo dans la possession du sol*
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ces hommes en état de défendre à l'avenir leur liberté ci même si nous voulons parler du sénat de Solon. Il n'est
vile et pour leur donner, comme il disait lui-môme, un guère douteux qu'un sénat (fSouAvî) n'existât depuis long
bouclier pour se défendre. 11 s'en faut beaucoup que la temps; Solon ne fit peut-être qu'en modifier la composi
constitution solonienne nous soit clairement connue. tion et y introduire des hommes nouveaux. Tandis que
Plutarque qui essaye de la décrire et les orateurs attiques ce conseil ne pouvait ôtre avant lui que la réunion des
qui l'invoquent pour les besoins de toutes leurs causes, Eupatrides, il est probable qu'il fut composé dès lors
ont certainement confondu avec l'œuvre du grand législa d'hommes des trois premières classes. Nous ne savons
teur plusieurs institutions qui n'ont pu Être établies qu'a avec certitude qu'une chose, c'estqu'il comptait 400 mem
près lui. Aristote n'en parle guère que pour mettre en bres, c'est-à-dire 100 de chacune des tribus. Nous devons
présence les deux opinions fort divergentes que les hom croire d'ailleurs que ses attributions étaient alors très-
mes de son temps se faisaient de celte législation 17. La reslreinlcs. L'importance appartenait à un autre sénat
seule chose qui soit bien avérée, c'est qu'il partagea la po qu'on appelait le sénat d'en haut, t) àvw (3ouAï5, ou sénat
pulation de l'Attique en quatre classes. Le principe de delà colline d'Arès, vj i\ àpcfou toxyou pouXiq. Ce conseil, qui
cette division nouvelle ne fut pas la naissance, ce fut la est connu dans l'histoire sous le nom d'Aréopage, tenait
fortune. Ceux qui possédaient en biens-fonds un revenu an dans la constitution solonienne une très-grande place.
nuel équivalant à 500 médimnes de blé formèrent la pre Outre ses attributions judiciaires, il avait la surveillance
mière classe et on les appela les pentacosiomédimnes. générale de la cité, la garde des lois, enfin toute cette au
Ceux dont le revenu atteignait la valeur de 300 ou de torité que quelques États modernes donnent à une cham
200 médimnes composèrent les classes des chevaliers et bre haute. 11 était composé des archontes sortis de charge
des zeugites. Les pauvres étaient rejetés dans une qua et formait un corps inamovible. Cette constitution de So
trième classe dont l'infériorité sociale fiait marquée par le lon ne laissait pas d'être encore très-aristocratique. Le
nom de thèles qui lui restait appliqué 1S. Cette division grand changement était que l'aristocratie n'était plus de
instituée parSolon était à la fois financière, militaire et po môme nature que parle passé ; elleadmettaitlericheà côté
litique; car l'inscription du citoyen dans l'une ou l'autre de l'Eupatride. Au lieu d'être fondée sur les. vieilles idées
des quatre classes réglait son rang à l'armée, le chiffre de religieuses du ^évoî, elle se fondait sur la fortune. L'iné
ses contributions, et enfin sa part dans le gouvernement. galité était d'ailleurs aussi légitime qu'il est possible, puis
Les trois premières classes payaient seules l'impôt; seules que les charges y étaient proportionnées aux droits. On
elles devaient le service militaire. L'impôt était progressif, peut encore remarquer que, s'il y avait des classes privi
de telle sorte que la première classe payait deux fois plus légiées, du moins n'y avait-il plus de classe qui n'eût au
que la seconde et six fois plus que la troisième. Le service cun droit et qui pût être opprimée impunément. Aussi
militaire était aussi plus lourd et plus coûteux à mesure Aristote dit-il en parlant de Solon qu'il détruisit la
qu'on s'élevait, et les pauvres en étaient tout à fait puissance absolue de l'oligarchie et qu'il fit cesser l'es
exempts. Ainsi les obligations, les charges, les dangers clavage du peupie. Solon lui-même caractérisait bien son
môme étaient d'autant plus grands que l'homme était œuvre quand il disait dans ses vers qu'il avait donné au
plus riche. Il en était de môme des droits politiques et de peuple autant de force qu'il lui en fallait pour se défendre.
l'importance dans l'État. La dignité d'Archonte était ré Il avait voulu l'affranchir; il n'avait pas eu la pensée de
servée aux citoyens de la première classe : quelques fonc lui donner l'autorité.
tions inférieures pouvaient être remplies par les hommes III. Nouveaux changements après Solon. — Ce qui prouve
de la seconde et de la troisième. Lesthètes.quine payaient bien que la constitution de Solon n'était pas démocratique,
pas d'impôts et qui ne devaient pas le service militaire ", c'est que les classes inférieures ne s'en montrèrent pas satis
n'avaient aussi aucun accès aux magistratures; on peut faites. Les pauvres seplaignirentdesriches, de mêmequ'au-
môme douter qu'ils eussent des droits politiques, bien que paravant riches et pauvres s'étaient plaints des Eupatrides.
Plutarque pense qu'ils eurent dès lors entrée dans l'as La foule aspira à de nouveaux changements dans la consti
semblée. tution. Par un sentiment de haine aveugle pour l'aristo
On attribue à Solon d'avoir institué le premier rassem cratie nouvelle, elle accepta un tyran et elle aida Pisis-
blée du peuple. Une sorte de comices devait exister avant trate à s'emparer du pouvoir2". Il en était de même dans
lui sous le régime aristocratique. Il en changea vraisem la plupart des cités grecques. D'ailleurs ni Pisistrate, ni
blablement la composition et la nature. Pour apprécier son fils, qui régnèrent près de cinquante ans, ne paraissent
cette partie de sa réforme, il faudrait savoir avec préci avoir modifié la constitution solonienne plus qu'il n'était
sion quels hommes figuraient dans l'assemblée, s'ils y strictement nécessaire au maintien de leur propre pou -
étaient répartis suivant des cadres comme dans les comi voir. S'ils supprimèrent la liberté politique, ils affermi
ces romains, comment ils y votaient, enfin si tous les suf rent en retour les réformes de l'ordre social et garanti
frages avaient une égale importance. Rien ne prouve, en rent contre une réaction la partie la plus importante de
effet, que les assemblées du vrJ siècle ressemblassent à l'œuvre de Solon. On voit clairement clans l'histoire qu'a
celles que nous verrons 130 ans plus lard, et il n'est guère près la domination des Pisistratides la vieille aristocratie
vraisemblable qu'elles eussent un caractère aussi démo de naissance se trouva encore plus faible qu'elle n'avait
cratique. 11 est possible que les assemblées athéniennes été avant leur avènement. Ce demi-siècle de monarchie
aient passé par les mêmes changements que les comices ro fut favorable aux classes inférieures.
mains ; mais l'absence de documents précis nous laisse A partir de ce moment, la constitution athénienne con
dans l'ignorance à cet égard. Il en est à peu près de tinua à se modifier à chaque nouvelle génération, en s'avan-

17 Arisl. Polit. 11,9. — 18 Arislot. Polit. II, 9; Harpocral. s. v. îiïi!«; ; mWsy; Uarpocr. ». ». «««« ; Poil. VIII. 130. — Ucrcd. I, 59 et s.; Tlut.
Poil. VIII , liil; Plut. Sol. 18. — 19 Aristot. Polit. 11, 9, 4; et Fiag. Iltp Sol. Su»
ATT — 537 — ATT
çantd'un mouvement continu vers la démocratie. Clisthè- comme des étrangers ou des affranchis, furent réputés ci
nes, aussitôt après la chute des Pisistratides, accomplit une toyens. L'assemblée du peuple devint nécessairement plus
grande réforme que Solon avait laissé à faire. En effet, So- nombreuse et prit une physionomie plus démocratique. Le
lon, en établissant une, division en quatre catégories sui sénat, tiré des dix tribus nouvelles et non pas des quatre
vant la fortune, avait laissé subsister l'ancienne division anciennes, compta désormais 500 membres. Les histo
en yÉvri, en phratries et en quatre tribus de naissance riens ne nous éclairent pas sur les détails des réformes
(sbuXcù yevixou). Or, ces divers groupes , qui dataient des de Clisthênes, mais ils marquent nettement ce point capi
temps primitifs de la société athénienne, en avaient con tal qu'il changea la composition et la nature du corps
servé les vieilles règles et surtout le vieil esprit. Dans politique; c'est peut-être là la révolution la plus impor
chacun d'eux il y avait un culte, un autel, un dieu tante et la plus radicale qui se soit accomplie dans l'his
particulier ; il y avait surtout une autorité hérédi toire d'Athènes !2.
taire, et il fallait obéir au chef eupatride au nom de Vers le même temps et comme conséquence de la
l'antique foi. L'inégalité de naissance, si elle avait été même réforme, les stratèges furent créés. Ils étaient au
supprimée par Solon dans la cité, subsistait tout entière nombre de dix, comme les nouvelles tribus, et chacun
dans la tribu et dans le ye'vo;, c'est-à-dire dans la vie d'eux en commandait une. L'institution de cette nou
journalière de l'homme et à l'égard de ses intérêts velle magistrature modifia d'une manière sensible les
les plus personnels. On peut même croire que cette règles du gouvernement athénien. La dignité d'archonte
division en yén\, en phratries et en tribus, conservait en qui datait du temps des Eupatrides et qui, dans son cos
core après Solon des effets en politique. En effet, il tume, dans ses allures sacerdotales, dans ses fonctions
paraît bien que l'on ne pouvait être archonte, aréopagite, plus souvent religieuses que politiques, gardait une sorte
sénateur que si l'on appartenait à l'une des quatre tribus, de teinte aristocratique des vieux âges, ne convenait plus
et il est certain que l'on ne pouvait être compté dans une à tous les besoins de l'administration de la cité. On ne la
tribu que si l'on était déjà membre d'une phratrie et d'un yé- fit pas disparaître, parce que les Athéniens, comme tous
voç. Il résultait de là que pour posséder l'intégrité des droits les peuples de l'antiquité, avaient une extrême répugnance
politiques, il fallait, ou bien être eupatride, ou bien ac à supprimer les vieilles institutions; mais on créa à côté
cepter dans l'intérieur du fsvoç l'autorité d'un eupatride. d'elle une dignité d'un caractère nouveau, celle des stra
Tous ceux qui étaient en dehors des (et ils étaient tèges à qui l'on fit passer peu à peu toute l'autorité réelle.
sans doute fort nombreux dès cette époque) étaient Les archontes gardèrent leur éclat extérieur, leur robe
privés des droits de citoyen. C'est cette situation que Clis- blanche, leur couronne de myrte; ils continuèrent à don
thènes fit disparaître. Peut-être aurait-il supprimé les yw] ner leur nom à l'année, à faire les sacrifices, à visiter en
et les tribus, si l'invincible respect qui s'attachait à ces grande pompe les sanctuaires de la cité ; on leur laissa
vieilles institutions ne l'en eût empêché.- Il se contenta même les dehors de leur ancienne autorité judiciaire, à
d'établir, à côté de ces anciens groupes, une nouvelle divi la condition qu'ils ne seraient que des présidents de
sion. Il partagea la population en dix tribus, et chacune jurys. Tout pouvoir effectif fut aux mains des stratèges.
de celles-ci en un certain nombre de dômes. A ne regarder Peut-être ces nouveaux magistrats ne furent-ils à l'ori
que le dehors, les dix nouvelles tribus ressemblèrent fort gine que des chefs militaires ; mais, comme l'armée dans
aux quatre anciennes, et les dômes aux y&i). Chacun de toutes les cités anciennes se confondait avec le corps
ces groupes eut aussi son culte, son sanctuaire, son prê politique, ils devinrent bien vite les véritables chefs du
tre, son juge, ses réunions pour les cérémonies religieuses, gouvernement. Ils avaient la haute administration des
ses délibérations sur les intérêts communs; mais au fond les finances, la direction des affaires politiques et militaires,
différences étaient considérables. Dans les tribus nouvelles le soin des relations avec les peuples étrangers n.
et dans les dômes la population n'était pas répartie d'après La principale différence entre les archontes et les stra
la naissance ; elle l'était d'après le domicile : le riche se tèges consista dans la manière dont les uns et les autres
trouvait à côté du pauvre, le fils du thèle à côté du fils de furent nommés. Tous les documents nous montrent que
l'Eupatride. Les chefs de ces nouveaux groupes, au lieu les archontes étaient désignés annuellement par le sort,
de tenir leur pouvoir de l'hérédité et d'être nécessaire et il n'y a pas un seul texte qui marque qu'il y ait eu une
ment des Eupatrides, étaient ou élus par leurs égaux ou époque où il en fût autrement. L'opinion des historiens
désignés par le sort sans distinction de naissance ou de modernes qui soutiennent que ce tirage au sort date seu
fortune. Enfin, une foule d'hommes qui, par des raisons lement de l'époque démocratique, est une pure hypo
diverses, n'avaient pas eu place dans les ytri\ et dans les thèse. Plutarque dit au contraire, qu'il était un procédé
suXal YEvixat, entrèrent dans les dômes et dans les nouvelles antique : Hérodote montre qu'il était pratiqué au temps
tribus; ils entrèrent naturellement aussi dans la cité et de la bataille de Marathon : Démosthènes en parle
acquirent des droits politiques51. Un passage d'Aristotc comme étant en usage au temps de Solon, et Pausanias
montre que par cette seule réforme le nombre des ci dit que les archontes désignés annuellement par le sort
toyens fut considérablement augmenté; beaucoup d'hom remplacèrent immédiatement les archontes décennaux du
mes qui auparavant n'avaient pu être considérés que vin0 siècle >k. Quand les historiens modernes disent que le

Jl llerod. V, 66-69; Àristot. Polit. III, 1, 10; VII (VI), 3, 11 ; Schol. Aeschiu. cette comparaison n'est pas exacte. Il y a en effet cette différence fondamentale que
C. Ctesiph.; Schol. Aristopb. Nub.il; Paus. V, 9. — » Les anciennes phratries et les tribuns n'étaient que des chefs de \& plëbr. au lieu que les stratèges étaient les
les ftvt) subsistèrent jusqu'à la fin de l'histoire grecque, mais seulement comme as chefs de la population entière. On trouve d'ailleurs dans l'histoire romaine une ma
sociations religieuses, sans aucune -valeur en politique. Ajoutons que Clisthênes avait gistrature qui ressemble beaucoup plus à celle des stratèges athéniens; c'est celle
eu soin que chacune des dix tribus nouvelles, au lieu de former un ensemble com des tribunimilitares ctim consulan potestatc; mais on sait qu'elle dura peu. — si Plut.
pacte, fût composée de dêmes disséminés dans les différentes parties de l'Attique. La Pericl. c. 9 ; Herod. VI, 109 ; Dem. In Lept. c. 90 ; Paus. IV, 5. Cette opinion au
tribu avait ainsi peu d'unité et ne pouvait jamais devenir un corps assez puissant sujet du mode de nomination des archontes diffère de celle qui a été adoptée par
pour gêner l'action de la cité. — 28 On a comparé les stratèges au s tribuns du peuple : M. Caillemer [archontks, p. 383, 3S4j. Nous ne l'abandonnons pas néanmoins.
I. 08
ATT — 538 — ATT
tirage au sort était un procédé tout à fait démocratique et auspices, c'est-à-dire par demander aux dieux de dé
qui ne put être imaginé que par suite d'un violent amour signer par le vol des oiseaux quels consuls leur seraient
de l'égalité, ils en jugent d'après nos idées modernes plu agréables ; mais ils ne les consultaient ainsi qu'à l'égard
tôt que d'après celles des anciens. Isocrate trouvait le de ceux qui s'étaient présentés comme candidats et peut-
tirage au sort beaucoup moins démocratique que l'élec- être même seulement sur ceux que le sénat avait agréés.
tionîS, et il avait raison; car il savait bien que l'on ne Le tirage au sort des Athéniens avait le même sens
mettait pas dans l'urne les noms de tous les citoyens. Un que les auspices de Rome, et la Soxtjjwta-ta qui venait en
défaut corporel était un motif d'exclusion ; il y en avait suite équivalait à peu près au choix que les centuries ro
d'autres, et les seuls juges de ces motifs étaient les thes- maines pouvaient faire entre les trois ou quatre candidats
mothètes en fonctions, qui procédaient au tirage non sur auxquels les auspices s'étaient montrés favorables [ro-
le Pnyx, mais dans un temple. Une première condition MANA RESPUBLICA] .
à remplir pour le citoyen qui voulait être archonte était A mesure qu'Athènes se rapprocha de la démocratie,
d'obtenir que son nom fût placé dans l'urne **. Or, cette elle s'éloigna de ces anciennes règles et de ces usages de
démarche même était tentée par peu de personnes ; le l'âge aristocratique. Elle ne supprima pas le tirage au sort
pauvre n'avait aucun intérêt à être archonte ; l'ambitieux des archontes, parce que les archontes n'avaient plus au
avait intérêt à ne pas l'être ; on eût brisé la carrière poli cun pouvoir réel. Mais elle se garda bien de tirer au sort
tique de Périclès en le confinant dans l'archontat. D'ail ses véritables chefs, c'est-à-dire les stratèges. Elle pré
leurs il ne suffisait pas que le sort eût prononcé ; il fallait tendit les choisir librement et ne pas se laisser lier par la
encore subir l'épreuve de la Soxtfjucsta. Or, si l'on observe prétendue volonté des dieux. C'est ainsi que la plèbe ro
les formules de cet examen qui était inséparable du tirage maine eut grand soin de ne pas soumettre aux auspices
au sort, on y remarquera la trace visible des vieilles idées la nomination de ses tribuns. L'élection, ^Etpotovîa, rem
aristocratiques et religieuses. L'archonte devait prouver plaça donc pour les stratèges le tirage au sort"1. Choisis
que ses ancêtres étaient citoyens depuis trois générations, ainsi au gré du peuple, ils ne dépendirent que de sa vo
qu'il possédait un culte domestique, qu'il avait rempli tous lonté et purent être révoqués. On conçoit sans peine com
les devoirs religieux envers les morts de sa famille [sacra bien cette nouvelle manière de désigner le chef de l'État
privata]*7. Cet examen qui, aux époques postérieures, ne changeait la nature de l'autorité publique.
fut plus qu'une vaine formalité, mais qui eut sans nul La guerre médiquefit faire un pas de pius à la démocra
doute une grande importance à l'origine, porte dans ses tie. Elle surexcita les courages et modifia les habitudes des
questions mêmes l'indice de son antiquité ; il remonte cer hommes. Elle mit les armes dans les mains des plus pau
tainement au temps de la domination des Eupatrides ; or, vres qui avaient été jusque-là exclus de l'armée. Elle con
le tirage au sort doit être aussi vieux que lui. Cette manière fondit enfin toutes les classes dans les mêmes dangers et
de choisir les chefs de la cité, loin de se rattacher à une dans le même triomphe. Le sentiment de l'égalité com
pensée démocratique, découlait d'une croyance religieuse plète, que les contemporains de Solon et de Clisthèncs
des vieux âges. Pour les anciens le sort n'était pas le ha n'avaient probablement pas connu, naquit à la bataille de
sard ; il était la révélation de la volonté divine. De même Salamine. Quand la population rentra dans ses foyers, les
qu'on y avait recours dans les temples pour surprendre mœurs étaient devenues démocratiques. La constitution
les secrets d'en haut, xXr,pouavT£(a, de même la cité y re ne tarda pas à l'être. Aristide lui-même, tout attaché qu'il
courait pour le choix de ses chefs , bien persuadée était à la constitution de Clisthènes, sentit la nécessité
que les dieux désignaient le plus digne. Platon expri d'un nouveau changement. Sa réforme ne nous est indi
mait cette pensée des anciens quand il écrivait : « L'homme quée que d'une manière très-vague par Plutarque. Nous
que le sort a désigné, nous disons qu'il est cher à la divi y voyons que tous les Athéniens sans distinction de nais
nité et qu'il a droit de commander ; pour toutes les magis sance ou de fortune eurent accès aux charges" et que
tratures qui touchent aux choses sacrées, nous laissons « les droits politiques appartinrent à tous. » L'égalité
à la divinité le soin de choisir ceux qui lui sont agréables et fut alors complète. Solon avait fait disparaître, cent vingt
nous nous en remettons au sort". » Cette règle s'appliquait années auparavant, les privilèges de la naissance; les pri
naturellement à l'archontat qui était un sacerdoce aussi vilèges de la richesse disparurent à leur tour. Les quatre
bien qu'un commandement. Nous pouvons donc croire classes ne subsistèrent plus que comme une division finan
qu'elle était aussi ancienne que l'archontat lui-même. Les cière et militaire, pour fixer quelle part d'impôt chacun
Eupatrides qui, pendant deux siècles, prirent les archontes devait payer et dans quel corps de l'armée (cavaliers,
dans leur caste, trouvèrent cette manière de les nommer hoplites ou troupes légères) chacun devait combattre.
conforme à leurs croyances en même temps qu'à leurs in A la génération suivante, une nouvelle réforme fut
térêts. Le tirage au sort n'excluait pas d'ailleurs absolu opérée par Ephialte et par Périclès, c'est-à-dire par les
ment le choix. Il suffisait de mettre dans l'urne aussi peu chefs du parti démocratique. Les écrivains qui nous ont
de noms que l'on voulait. Si l'on avait décidé, par exem laissé le souvenir de cette réforme, ne nous rensei
ple, que Solon serait archonte, il était facile de faire en gnent que très-vaguement sur elle; ils sont du moins
sorte que le nom de Solon sortît de l'urne n. C'est ainsi d'accord pour marquer qu'elle eut une très-grande im
que les consuls romains, dans la nuit qui précédait l'élec portance. Nous avons déjà vu que dans la constitution
tion de leurs successeurs, commençaient par prendre les solonienne il existait à côté de l'assemblée, ÈxxXïiikx, et
» Isocr. Artap. Î3. — »« Lys. In Philon. 33 ; In Andoc. 4. — « Poil. VIII, 8S ; plaçait probablement une question plus ancienne qui portait sur le vivo;. — W Plat. De
Dem. In Eubul., 66-67 ; cf. Dinarcb. In Aristogit. 17. La formule de la dut eg. III, p. 690; VI, p. 759. — *9 liU» ^oifli; fipx^v, dit Plutarque; il faut remarquer
se modifier avec la constitution; on y ajouta cette question: s'il a le cens, tlto fijMjiià que aiç»tff9at n'est pas synonyme de xufOTovtfovm et ne désigne pas proprement l'élec
t?ïi, question qui ne peut avoir été introduite qu'à l'époque de Solon. On demandait tion. — *o Harpocr. *. v. «rtfa-riiToi ; Aescbin. In Ctcsiph. 13-13. — 81 Plut. Arist
aussi à l'archonte s'il appartenait à un dème ; c'était une question bien inutils À une îi : Toù; afyovïa; il ânavTwv aipli^Oai, xoivtjv t^v ro^ntiav. On peut croire que par
époque où toute la population athénienne était répartie dans les dêmes ; mais elle rem- le mot dp£ovru; Plutarque désigne tous les magistrats, y compris les stratèges.
ATT — 539 — ATT

en dehors du sénat des prytanes, qu'on appelait le sénat tère quelque peu aristocratique. C'est que, nul ne pouvant
d'en bas, ^xâ-rw pooXii, un conseil supérieur que l'on appelait voter qu'après avoir assisté à la séance tout entière et
le sénat d'en haut ou le sénat de l'aréopage, -f) avw ^ou^, cette séance durant souvent tout un jour, il en résultait que
*l l\ àpei'ou itayou |3otAïl. Ce n'était pas seulement un tribu la partie la plus pauvre de la population se trouvait par
nal, aussi le nom de Stxot<rn^piov ne lui était-il pas appli les nécessités mêmes de la vie journalière à peu près exclue
qué en ce temps-là. Ses attributions judiciaires ne consti de la vie politique. Il fallait qu'elle fît passer son travail
tuaient que la moindre partie de son pouvoir. Plutarque avant le maniement des affaires de l'État et elle ne pou
dit qu'il était le surveillant de toutes choses et le gar vait pas exercer une action constante sur le gouvernement.
dien des lois (èTtfoxorov 7tâvTt>)v xoù çÛAaxa twv voijlwv). Il y a Périclès fit établir qu'une sorte d'indemnité de présence
grande apparence que ces mots doivent être pris à la lettre serait accordée à tous ceux qui assisteraient à l'assemblée
et que nous devons voir dans l'aréopage de cette époque (tô IxxXTjataiiTixov). Cette indemnité, qui était d'abord d'une
une de ces assemblées qui ont un droit de surveillance obole, fut portée ensuite à trois" ; elle représentait à
générale sur les pouvoirs publics, et qui, si elles n'ont pas peu près la valeur d'une journée de travail. De cette
l'initiative des lois nouvelles, sont au moins armées d'une façon le peuple fut payé pour se gouverner lui-même.
sorte de véto pour s'opposer aux innovations. Nul chan C'est à partir de ce moment que l'assemblée prit une
gement ne pouvait être fait à la législation qu'avec son physionomie véritablement populaire. La classe pauvre
assentiment **. Il partageait ainsi avec le peuple l'autorité ne cessa guère d'y dominer, et comme l'assemblée était
législative, ou plutôt il empêchait que le peuple ne fût le maîtresse de toutes les affaires sans exception, il en ré
maître des lois. Il exerçait aussi une telle surveillance, sulta que le gouvernement fut tout entier dans les mains
non-seulement sur la vie privée des citoyens, mais encore de la foule. Les efforts qui furent tentés à plusieurs re
sur les actes publics des magistrats, que les chefs de la prises pour rendre quelque influence à la classe riche ou
cité semblaient moins dépendre du peuple que de l'aréo au moins à la classe aisée, échouèrent toujours, et
page. A cela s'ajoutait encore une autorité administrative Athènes resta une cité démocratique jusqu'au temps où
qui paraît avoir été considérable. Les écrivains nous disent elle perdit son indépendance.
que ce sénat disposait des affaires les plus importantes IV. Comment fonctionnait le gouvernement démocratique.
(tÎïv [uywtcdv xuptoe $w\y\ Aristote donne à entendre que — Les Athéniens entendaient par démocratie le gouver
pendant les guerres médiques c'était lui qui gouvernait la nement par tous, sans intermédiaire ni représentation
cité, et il cite ce détail significatif que ce fut lui qui fixa la d'aucune sorte. C'était un régime dans lequel la collec
solde des matelots **. L'aréopage était donc autre chose tion entière des citoyens, ô 8^|xo<;, traitait directement et
qu'un tribunal ; il était un conseil dirigeant et nous souverainement toutes les affaires de la cité. Nous
sommes portés à penser qu'il ressemblait alors beaucoup allons essayer d'indiquer les principaux rouages et les pro
au sénat de Sparte ou à celui de Rome. La composition cédés ordinaires de ce système politique.
en était tout aristocratique. Il se recrutait lui-même, On croirait à première vue que ce gouvernement était
parmi les archontes sortis de charge, c'est-à-dire parmi ce le plus simple de tous et le moins compliqué. Il n'en est
qu'il y avait « de plus distingué par la naissance ou par la rien. 11 exigeait de très-nombreux rouages et des règles
richesse ,s. » Le peuple ne pouvait ni nommer, ni révoquer fort minutieuses pour fonctionner régulièrement. Ce qui
un aréopagite. L'aréopagite, placé au-dessus de toutes les frappe d'abord, à Athènes, c'est la multiplicité des ma
magistratures, n'en pouvait plus briguer aucune ; en sorte gistrats. Si nous voulons énumérer les principaux, nous
qu'il n'avait rien à espérer du peuple, ni rien à en craindre. trouvons en premier lieu l'Archonte, le Roi, le Polémar-
L'aréopage était donc à l'égard du peuple un corps abso que, les six Thesmothètes ; ces neuf personnages étaient
lument indépendant. Tant que ce sénat était armé de tels appelés, par un abus de mots qui était devenu général,
pouvoirs, le peuple ne pouvait pas être le maître. Éphialte les neuf archontes, quoique ce titre n'appartînt propre
les lui enleva. Il ne laissa à l'aréopage que ses fonctions ment qu'au premier d'entre eux, à celui qui donnait son
judiciaires et le réduisit à n'être plus qu'un tribunal ju nom à l'année. Choisis par le sort, ils inauguraient leur
geant au criminel56. La conséquence de ce changement fut entrée en charge par des actes religieux ; leur principale
qu'il n'y eut plus dans la cité athénienne rien qui ne dé fonction était d'accomplir les grandes cérémonies de la
pendît du peuple. Il put faire et défaire les lois à son gré ; religion de la cité ; ils montaient à l'Acropole procession-
il fut affranchi de toute autorité. Le sénat des cinq cents nellement, couronnés de myrte, visitaient les sanctuaires
ou sénat d'en bas n'était pas de nature à limiter les pou et avaient le droit de frapper de mort tout impie qui
voirs de l'assemblée populaire. Éphialte peut être consi avait violé les secrets de la religion M. Il parait que ces
déré comme le véritable fondateur de la démocratie athé magistrats, qui dataient de la vieille époque sacerdotale,
nienne ; car c'est lui qui, suivant Diodore, abolit l'antique conservèrent encore un grand prestige au milieu de la
constitution, -ri 7totTpia vo'jxijjia xaTs),u<rs et Plutarque dit démocratie. On ne leur laissait, à la vérité, aucun pouvoi*
de lui, qu'en détruisant la puissance de l'aréopage « il effectif, mais on continuait à les entourer d'honneurs et
versa toute pure et à pleine coupe la liberté au peuple et de vénération. Ils semblaient être encore les chefs de
l'enivra **. » la cité. On voulait sentir leur présence dans tous les
On ne voit pas aisément ce qui pouvait manquer encore actes importants. C'étaient eux qui tiraient au sort les
à la démocratie. Périclès remarqua pourtant que l'as membres des commissions judiciaires; c'étaient eux
semblée du peuple conservait, en dépit des lois, un carac- qui les présidaient. Ils assistaient aux élections; ils

' Plut. Sol. 19. Plus tard, en 403, quand on essaya de rétablir la constitution ap. Plut. Themixt. c. 10 ; Id. Polit. V, 3, 5. — » Philochor. Fr. S8; cf. Plut, Pracc.
aolonienne, on décréta aussi que l'aréopage aurait la garde des lois, Andocide, Jlifi reipubl. ger. p. 805 ; Din. In Demoxth. 46, 98. - M Philoch. Fr. 141 b ; cf. AristoL
pwtqfiiw, 84. Cela est confirmé par Philochore qui dit que l'Aréopage jugeait «tpi Polit. 11, 9, 3 ; Diod. XI, 77 ; Plut. Pericl. 7. — SI Diod. II, 77. — M Plut. Pericl. 7.
- >-,... T.a:ta.-,;«[.■,. [fragm. 17). — &>Ae>chin. In Ctetiph. 9; In Tim. 16. — •* Aristol. — »» Aristoph. Eeclei. 303, 380. — «o Poil. VIII, 86.
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prononçaient les arrêts ; si le peuple révoquait un stra étaient absolument indépendants les uns des autres. Leur
tège, c'était par la bouche de l'archonte que la volonté grand nombre et cette indépendance même faisaient leur
publique devait s'exprimer. Rien ne se faisait par eux, faiblesse. Chacun d'eux était directement subordonné au
mais tout se faisait devant eux et pour ainsi dire sous peuple qui l'avait nommé, à qui il devait rendre des
leurs auspices. Avec leur robe blanche et leur couronne comptes, et qui pouvait le révoquer. Il y avait même à
de myrte, ils représentaient la sainte puissance de l'État; Athènes une institution singulière ; dans la première
ils donnaient aux décrets du peuple, aux 'arrêts des tri assemblée de chaque prytanie, c'est-à-dire tous les trente-
bunaux leur consécration. Il fallait leur présence pour cinq jours, on examinait si chaque magistrat remplissait
conlérerà un contrat ou à un testament la valeur d'un bien les devoirs de sa charge et l'on votait sur son main
ac te authentique et sacré 41 . — En second lieu, à côté des tien ou sa destitution **. Cela suffit à nous donner l'idée
archontes, ni au-dessusni au-dessous d'eux, étaientles stra de l'extrême subordination où le magistrat se trouvait à
tèges. Ce nom indique proprement des chefs de l'armée ; l'égard du peuple. Ni l'archonte ni le stratège ne ressem
mais, comme l'armée se confondait avec le corps des blaient au consul de Rome qui était supérieur à toute
citoyens, les stratèges étaient en même temps les chefs autre puissance tant qu'il était en charge, et qui était
de la cité. Ils étaient au nombre de dix, parce que l'ar un maître pour la cité. Le magistrat athénien n'avait au
mée, comme la cité, se partageait en dix tribus. Ils fai cune autorité propre ; toujours sous la menace d'une
saient les enrôlements. Ils jugeaient tous les délits relatifs révocation, il n'était que l'exécuteur des volontés du
au service militaire, ou du moins ils introduisaient les peuple. Au lieu d'être le chef de la cité, il en était le ser
procès devant un tribunal. Ils avaient l'administration en viteur et le ministre.
même temps que le commandement, et leur autorité n'é A côté de ces nombreux magistrats était le sénat des
tait guère moins étendue dans la paix que dans la guerre. Cinq cents (-f| (iovAii). Chacune des dix tribus y était repré
Ils n'avaient pas d'attributions religieuses comme les ar sentée par cinquante membres, et chacune d'elles à tour
chontes ; tout au plus accomplissaient-ils quelques céré de rôle y avait la prééminence pendant la dixième partie
monies indispensables en temps de guerre, par exemple de l'année. Cette prééminence s'appelait itpuTavEia. Les cin
le sacrifice nécessaire au moment du départ d'une flotte quante sénateurs de la tribu qui exerçait la prytanie (-rîiî
ou d'une entrée en campagne ; en général, les stratèges, 7ipuTav£uoûoïiç çiAîj;) formaient une sorte de commission
débarrassés du caractère sacerdotal qui s'attachait aux permanente qui ne quittait pas le prytanée, centre reli
magistratures des vieux âges, étaient purement et com gieux de la cité. Leur principale obligation était d'accom -
plètement les chefs politiques de la cité. On ne saurait plir chaque jour le repas sacré auquel on croyait que le
dire jusqu'où les textes de lois étendaient leurs attribu salut public était attaché 43. C'est dans la nécessité d'ac
tions, mais on voit clairement dans les faits que c'é complir ce rite de la religion de l'État qu'il faut peut-
taient eux qui dirigeaient toutes les affaires. Ils étaient être chercher l'origine du sénat des Cinq cents **, aussi
élus chaque année par le vote du peuple (^eiporovîa), et, à conserva-t-il toujours la marque distinctive d'un corps
la différence des archontes, ils étaient indéfiniment rééli- religieux ; il siégeait autour d'un autel et ses membres
gibles. — En troisième lieu, venaient des magistrats d'un portaient la couronne sacrée 4S. Il est vraisemblable qu'il
ordre inférieur; c'étaient les astynomes, qui avaient le était aussi ancien que le culte du prytanée, c'est-à-dire
soin de la police de la ville, les agoranomes, qui veillaient que la cité athénienne ; mais peut-être n'eut-il durant
au bon ordre des marchés, les sitophylaques qui surveil plusieurs siècles que des fonctions religieuses ; l'aréopage
laient la vente et l'approvisionnement du blé ; c'étaient, avait alors en mains, ainsi que nous l'avons vu, la justice
dansl'ordre judiciaire, les Quarante (oÎTMsapâxovxa) qui par et l'administration. Son importance paraît dater de So-
couraient le pays en jugeant les causes de peu d'impor lon, d'où vient que les générations postérieures attribuè
tance ; c'étaient les Onzequi étaient chargés de l'exécution rent à Solon de l'avoir institué ; elle grandit après la ré
des sentences des tribunaux. Dans l'ordre financier, nous forme de Clisthènes, et surtout après celle d'Éphialte. Les
trouvons les receveurs (i^oSÉxToci), les contrôleurs (euôuvot), Cinq cents héritèrent alors de quelques-unes des fonctions
les trésoriers (tajAiat). Dans l'ordre militaire, il y avait, de l'aréopage et devinrent le seul conseil délibérant de
même en temps de paix, deux hipparques, dix phylarques, la cité.
dix taxiarques. Enfin chaque tribu et chaque dème avait Le sénat d'Athènes [boulé] ne ressemblait en rien, pas
encore son archonte (5 âp/wv toû Si^ou, ô rpiTtuap^o;) qui même par le nom, au sénat de Sparte [gerousia] ou à celui
gérait les intérêts religieux et financiers de chaque circon de Rome [senatusj.I1 n'était pas une réunion de vieillards
scription. Nous ne parlons pas des prêtres (Upôrroioi, Yspapoî, nommés à vie. On y pouvait entrer dès l'âge de trente ans,
-sprcTi'ap/oi, :iupï>opoi), ni des dix athlothètes qui préparaient et il était renouvelé chaque année. Nulle condition de
pendant quatre ans les grands jeux des Panathénées, naissance, de richesse ou de talent n'était exigée. L'expé
ni des théores que la cité envoyait aux sanctuaires de rience des affaires ne semblait pas même nécessaire pour
Délos et de Delphes, ni des mi^âyopai ni des Upo^v^ovs!; qui en faire partie. Comme il n'avait eu, à l'origine, d'autre
allaient la représenter au conseil des Amphictyons ; chez mission que de représenter l'union religieuse des tribus,
tous ces personnages, le caractère de magistrat s'unis tous les membres des tribus pouvaient y entrer indistinc
sait dans une certaine mesure à celui de prêtre. tement. Les sénateurs étaient désignés par la voix du
On voit que dans ce gouvernement les fonctionnaires sort. La Soxi|jta<iîa n'écartait que ceux dont la probité ou
publics étaient fort nombreux. On peut encore remarquer les mœurs étaient suspectes. Pour que les hommes sans
qu'il n'existait entre eux aucun lien hiérarchique et qu'ils fortune pussent en faire partie, on établit, probablement

»l Poil. V1U, 87-88. — « Poil. VIO, 87 ; Harpocr. a. ». xuploi iaiVieUu; Hesych. bres tant qu'il n'avait été que la réunion des prytanes des quatre yiAai ytvual.
». ». — " roll. VUI, 155 ; IX, 40 ; Suidas, Silos. — *» Il n'avait compris que 400 mom- — '3 Andoc. De myst. 45 ; Lyc. In Leocrat. 12Î.
ATT — 541 — ATT
au temps de Périclès, une indemnité journalière d'une suspension des droits politiques, pouvait monter à la tri
drachme. Ce sénat était donc une réunion d'un caractère bune et soutenir son opinion. Un héraut appelait l'un
aussi démocratique que l'assemblée du peuple. Il était cette après l'autre et par rang d'âge ceux qui voulaient pren
assemblée en raccourci. Comme il se renouvelait chaque dre la parole. Les Athéniens, comme dit Thucydide, ne
année, il ne pouvait avoir ni intérêts ni traditions qui en croyaient pas que la parole nuisît à l'action. Ils voulaient
fissent un corps distinct de la masse des citoyens. Il ne dif être éclairés ; ils tenaient en général à ce que les deux
férait d'elle qu'en un point, c'est qu'étant moins nombreux côtés de chaque question leur fussent clai rement pré
et par cela même plus calme, on pouvait lui demander un sentés. Nul n'avait le droit de voter s'il n'avait assisté à
travail plus continu et plus attentif. C'était une partie du la discussion tout entière et écouté tous les orateurs.
peuple appelée à tour de rôle à remplir un devoir qu'on L'assemblée, commencée dès le matin, durait quelquefois
ne pouvait pas imposer au peuple tout entier, celui de jusqu'au soir. Du reste, ces réunions n'avaient pas le ca
consacrer toutes ses journées aux affaires publiques pen ractère de turbulence que nous prêtons volontiers au
dant un an ; car il se réunissait tous les jours, excepté aux peuple athénien. Le peuple était assis sur des bancs de
grandes fêtes. Son rôle dans l'État n'était pas non plus pierre, soit au Pnyx, soit au théâtre de Bacchus. Aristo
celui d'une autorité distincte du peuple. Il n'avait, comme phane dans ses Chevaliers le représente immobile, écou
son nom même l'indique, qu'à délibérer, qu'à réfléchir, qu'à tant en silence, bouche béante. Ce devait être la physio
éclaircir les questions, qu'à donner des avis (npoêouAEÛfAaTa). nomie ordinaire de ces assemblées qui se tenaient dans
Les propositions de lois étaient examinées par lui avant des enceintes consacrées, qui commençaient toujours
d'être présentées à l'Assemblée. Il recevait avant le peuple par la récitation d'une prière w, où l'on traitait plus sou
les ambassadeurs étrangers. Avant le peuple, il vérifiait les vent de sujets d'un intérêt religieux, mpi Upwv xal 6<rî<ov,
comptes des magistrats. Il faisait en toutes choses le tra que de questions politiques, qui duraient fort longtemps,
vail préparatoire. Il avait en tout le premier examen, mais et où il est certain qu'on ne venait pas par plaisir ou par
il n'avait pas la décision. On pourrait le comparer à un d ésœuvrement, mais par devoir, par contrainte et pour
conseil d'État chargé uniquement d'éclairer le souverain". éviter la marque de la corde rouge ; encore savons-nous
Le vrai et unique souverain était le peuple. Il se réu par Thucydide qu'on ne réussissait guère àréunir plus de
nissait quatre fois par prytanie et plus souvent s'il était 5000 citqyens. Il ne faut pas non plus nous représenter ici
convoqué par les prytanes oU les stratèges. Toutes les une populace absolument pauvre et grossière. Parmi ces
affaires lui étaient soumises. Il faisait les lois, votait les hommes, il y en avait fort peu qui ne fussent au moins
impôts, décidait la guerre ou la paix, fixait le texte des propriétaires d'un petit champ; il y en avait même fort
traités. Il nommait les ambassadeurs et recevait ceux de peu qui n'eussent un esclave dans leur maison. Tous
l'étranger ; il n'y avait pas d'affaires si secrètes qui ne dus avaient été soldats, avaient fait campagne et avaient acquis
sent être soumises au peuple entier ; même la politique en combattant pour la cité le droit de discuter ses intérêts.
extérieure, sauf des exceptions rares, était traitée au grand Tous ou presque tous siégeaient à tour de rôle dans les tri
jour et devant la foule. Le peuple élisait ses chefs comme bunaux, puisque, sur 15000 citoyens environ, 6000 étaient
un souverain choisit ses ministres; il leur demandait tirés au sort chaque année pour former le corps des hé-
compte de leur gestion ; il décernait les récompenses et liastes. Il n'y avait presque pas un homme qui dans sa
les honneurs publics. S'érigeant souvent en tribunal, il vie n'eût été ou ne dût être une fois sénateur, pas un qui
prononçait les peines de mort ou d'exil. Toute autorité n'eût rempli ou n'espérât remplir une des nombreuses
émanait de lui et était responsable envers lui. Nulle liberté magistratures. On était ainsi habitué et exercé à tous les
et nul droit individuel ne tenait contre ses décisions ; il devoirs du citoyen. D'ailleurs on acquérait nécessairement
pouvait condamner un citoyen au bannissement par une quelque expérience politique à assister si souvent à tant
sentence d'ostracisme, sans alléguer même contre lui le de discussions et à écouter forcément sur toutes choses le
moindre grief. En toutes choses, le peuple décidait arbi pour et le contre. La politique n'était pas pour l'homme
trairement et sans avoir d'autre loi que l'intérêt public. d'Athènes une distraction exceptionnelle. Elle était une
Cette assemblée, démocratique par sa composition, occupation régulière, fréquente, obligatoire, dont nos so
puisque les hommes recevaient le prix de leur journée ciétés modernes, même les plus démocratiques, ne peu
pour pouvoir y assister, était démocratique aussi par sa vent donner qu'une idée très- affaiblie.
manière de voter et par sa physionomie extérieure. Les D'ailleurs le peuple, en sage souverain, savait s'assujet
hommes n'y étaient pas rangés dans des cadres, comme tir à des règles invariables qui étaient comme autant de
dans les comices romains. Il n'y avait rien qui ressemblât précautions qu'il prenait contre ses propres caprices et
à des rangs, rien qui rappelât une distinction. Tous étaient ses erreurs. Il ne discutait que sur les questions qui
mêlés ; le plus pauvre pouvait coudoyer le plus riche. lui étaient présentées par le président des prytanes,
Athènes ne connaissait non plus aucune de ces combinai plus tard par le président des proèdres (6 foctora-nn
sons par lesquelles Rome savait annuler la puissance du TÔiv TtposSpwv M). Il ne délibérait que sur ce qui avait été
nombre. On ne votait ni par classes ni par tribus (sauf des mûrement examiné par le sénat. Il semble même qu'il
cas exceptionnels); chacun levait la main ou jetait un n'eût pas, du moins à l'origine et dans les temps calmes,
caillou dans une urne, et tous les suffrages étaient éga ce que nous appelons en langage moderne l'initiative, et
lement comptés. Dans ces assemblées la discussion était qu'il dût se borner à ratifier ou à rejeter les. décrets que le
libre. Tout citoyen, pourvu qu'il eût trente ans et qu'il ne sénat avait préparés. A l'époque de Périclès, on prenait
fût pas frappé de Yàzi^la, c'est-à-dire de la perte ou de la encore quelques précautions pour que le peuple ne se

W Xenoph. De rep. Ath. 3, 2 ; Plat. Sol. 19 ; Dam. In Androt. 5-11 ; Andoc. De Din. In Aristog. 14; Dem. In Aristocr. 97 ; Aristoph. Acharii. 40-44; Thetm.
reditu, 19 ; Aristoph. Tneam. t. 78. — W Aesch. In Timarch. 23 ; In Ctesiph. 4 ; 295-350. — »8 Poil. Vin, 97.
ATT — 542 — ATT
mît pas au-dessus des lois. On institua alors des magis qu'elle gouvernait. Nous nous tromperions beaucoup si
trats qui étaient spécialement chargés de défendre les lois nous pensions qu'elle ne fut chère qu'à des démagogues
contre les caprices de l'assemblée ; ils avaient le titre de et à des esprits violents. Des hommes comme Aristide,
gardiens des lois, vouoipûXaxs;. Au nombre de sept, ils sié Cimon, Nicias, Phocion, la respectaient. Ce qu'on appe
geaient devant l'assemblée, au-dessus d'elle, et la sur lait le parti aristocratique, qu'il ne faut pas confondre
veillaient. S'ils la voyaient prête à violer une loi, ils le avec les factions des Quatre cents et des Trente, ne faisait
vaient aussitôt la séance, et le peuple se séparait sans avoir pas une opposition systématique à cette constitution et
le droit d'aller aux suffrages**. L'autorité des orateurs visait seulement à ce qu'elle fonctionnât avec régularité
était considérable; ils étaient les vrais conducteurs du et avec calme. Aussi Athènes présente-t-elle un spectacle
peuple (S^ua-fio-pO ; niais des lois sévères écartaient de la unique au milieu des cités grecques. Partout ailleurs la
tribune ceux dont on pouvait suspecter la probité, et il y démocratie ne fut qu'une horrible lutte entre les riches
avait une Soxiuaui'a pour les orateurs comme pour les ar et les pauvres, entre les riches qui voulaient conserver
chontes et les stratèges'0. Tout orateur qui émettait une leurs biens et les pauvres qui prétendirent partout se ser
proposition contraire aux lois existantes, pouvait être vir de leurs droits politiques pour s'emparer de la richesse,
poursuivi devant les tribunaux. En vain obtenait-il l'ap abolir les dettes ou partager les terres. Les spoliations,
probation du sénat et du peuple ; en vain réussissait-il à les confiscations, les guerres civiles et les massacres rem
faire accepter sa proposition et à la transformer en loi plirent l'existence de toutes les villes grecques". Athènes
après un vote solennel: il en demeurait responsable ; un presque seule en Grèce fut à peu près exempte de ces
ennemi, un adversaire, le premier citoyen venu pouvait maux. La démocratie n'y connut pas la violence grossière
dans le délai d'une année le traduire en justice, et il qu'elle avait ailleurs ; on ne trouve dans son histoire ni
semble que le tribunal ne pouvait pas s'empêcher de le abolition de dettes, ni partage déterres. On croit que les
condamner à une amende pour ce seul fait que sa propo héliastes dans la formule de serment qu'ils prêtaient
sition, si utile et si juste qu'elle pût être, avait été con au commencement de chaque année, juraient à la fois de
traire aux lois existantes. C'est ce genre d'accusation maintenir la démocratie et de ne tolérer ni partage de
que l'on appelait fpa^i Tiapavo^wv". Le peuple lui-même terres, ni abolition de dettes51. Les règles minutieuses im
était mis en garde contre la tentation d'innover dans les posées par la constitution, l'esprit des Athéniens, la dou
lois. L'initiative en cette matière appartenait exclusive ceur relative de leurs mœurs, la richesse même de la ville,
ment aux thesmothètes. S'ils croyaient utile d'abroger le très-petit nombre de prolétaires comparé à celui des
ou de modifier une loi, ils en faisaient la proposition non propriétaires " fonciers, toutes ces raisons firent que ce
pas au peuple, mais au sénat. Après examen et en cas serment fut toujours tenu. Fustel de Coulanges.
d'approbation, le sénat convoquait l'assemblée et lui fai ATTIOISTAE ('AtTixtarav ou 'AttixiÇovte;). — On sait
sait part du projet des thesmothètes. Mais le peuple n'a que les anciens entendaient par Atticisme un ensemble de
vait pas tout de suite le droit de se prononcer ; il se con qualités discrètes et délicates qui n'avaient jamais été
tentait de nommer une commission chargée de débattre réunies qu'à Athènes, et pendant l'époque qui s'étend des
les avantages et les inconvénients de l'ancienne loi et de guerres médiques jusqu'à Alexandre L'admiration
mettre en balance ceux de l'innovation qu'on proposait. pour les chefs-d'œuvre qui furent alors produits, fut si
Après ce nouvel examen et au cas seulement où la commis vive qu'on essaya de transporter l'atticisme dans d'autres
sion des mille nomothètes s'était prononcée pour la loi nou pays. Rome aussi eut ses Attiques, à qui déplaisaient l'am
velle, le peuple était convoqué et votait définitivement 5i. pleur et l'abondance de Cicéron, et qui voulaient ramener
Il est bien vrai que toutes ces règles n'empêchèrent pas l'éloquence à des formes plus simples. Cette école, contre
toujours les fautes ; elles firent du moins que les fautes et laquelle Cicéron lutta énergiquement, avait pour chef
les erreurs ne furent pas plus fréquentes qu'elles ne le sont ses amis, l'orateur-poête Calvus, et Brutus, le meurtrier
dans toute autre espèce de gouvernement. On trouverait de César. Elle ne fut pas sans influence sur le caractère
difficilement une constitution plus remplie de règlements que prit l'éloquence au temps de l'empire s. En Grèce,
minutieux, plus prudente, plus savamment combinée et des grammairiens eurent de bonne heure l'idée de re
en même temps plus harmonieuse dans toutes ses parties cueillir les termes et les formes de mots particulières
que la constitution athénienne, cette œuvre lentement qu'avaient employés les grands écrivains de l'époque atti-
élaborée par une série de générations. 11 serait téméraire que, et d'en former des dictionnaires {cswo\f<>i^tîi <xttix«v
de la juger d'après quelques plaisanteries d'un poëte co Xs;ewv), que consultaient les gens qui se piquaient de bien
mique ou quelques phrases vagues d'un mécontent. On écrire. Quelques-unes de ces élucubrations nous sont
peut regarder comme certain que cette constitution ins parvenues plus ou moins altérées ou abrégées. Elles ont
pira un sincère et durable attachement aux hommes été composées par des écrivains qui vivaient du temps

49 Poil. VIII, 94; Philoch. Fr. 141. 11 faut toutefois ajouter que celte institution Attici, 17*4-1756 ; Boeckh, Économie politique des Athéniens, 1817 ; Scliocmann,
des vo|*o^'iX«i; paraît avoir eu peu de valeur dans la pratique. — 30 Acschin. In De comiliis Atheniensium, 1829 ; K. Fr. Herrnann, Ixhrbuch der griechUchen Anti-
Timocr. 27-29; Din. In Dem. 71. — 51 Ucm. In Leptin. 94, 144; In Timocrat. 3; quitâten, 185i; Mcier, De Solone, 1839 ; Dictrich, De Clislhene. 1840 ; Grote, A
De corona. 102, 103; In Mid. 182. — »» Dem. In Lept. 61, 67, 93 ; lu Timocr. hislory of (rreece, 1846-1851; Ern. Curtius, Criechische Oeschichte, 1857-1861 ;
17-51, 34, 35 ; Aescljin. In Ctesiph. Poil. VIII, 101. — M Aristot. Polit. VIII, Henriot, Les dénies de l'Attique, 1853 ; Beulé, L'Acropole d'Athènes, 1854; Filon,
4 ; Thuc. IV, 40 ; VIII, 21 ; Polvb. VII, 10 ; XV, 21 ; XIII, 6. - « Dem. In Timocr. La démocratie athénienne. 1854; G.-Fr. Schocmann, Opuscula academica, 18I.6 ;
149; ce passage ne contient pas, comme on l'a cru longtemps, la formule authen- ld. driechische Alterthumer, 1855-1859 ; Egger , Mémoires d'histoire ancienne
liquc du serment des héliaslcs (Voy. A. Weslermaun, Cummcntatio de jurisjurandi et de philosophie ; des honneurs publics chez les Athéniens, 1S63 ; Fustel d*-
Ath. formula. 19 9); il n'est pourtant pas dépourvu de toute valeur historique. Coulanges, La cité antique, 18C4 ; G. l'errot, Essais sur le droit publ.'c d'Athènes
— s;. temps île Thrasybule un compta que, sur 20,000 citoyens, il n'y en avait 18G7.
que 5,000 qui ne fussent pas propriétaires. Dion. Halic. Lysias, c il. — Biinoom- ATT1CISTAE. 1 Voyez, à propos de l'atticisme, le travail de M. Girard sur Lysias.
rmi. Sigonius, De republ. Atheniensium. 1564 ; Samuel Petit, Leges Atticae, 1635, dans ses Études sur l'éloquence attique, Paris, 1873. — » Cic. Brut. 8i, 84, Tusc.
ouvrage confu» et sans nulle critique , Telfy, Corpusjuris Attici, 1868 ; Corsini, Fasti II, I ; Quintil., Ml, 10.
AUC — 343 — AUC
des Antonins ou vers la fin de l'empire. Nous y voyons atriis), soit une place publique ; souvent certains par
que le goût de ces atticistes, comme on les appelait, était vis du forum à ce destinés (atria auctionaria). Le héraut
en général fort étroit et très-exclusif. Ainsi, deux d'entre annonçait à haute voix les objets à vendre, en invi
eux, Phrynichus et Julius Pollux, ne voulaient pas donner tant le public à faire une offre : «vendo, agite, licemini 1S.»
une place à Ménandre parmi les Attiques. Vers la même Les amateurs enchérissaient (licebantur vel supra adjicie-
époque, c'est-à-dire du temps d'Hadrien et des Antonins, bant), en faisant un signe de tète ou en levant un doigt '*;
un certain nombre d'écrivains, mécontents de cette lan le héraut répétait les offres et les enchères, en excitant le
gue commune (xotv^i SiâA£XToç)qui s'était formée d'une sorte public à surenchérir avec toute l'éloquence dont il était
de réunion et d'entente entre tous les dialectes, voulut re capable. Debout sur une pierre ou sur un banc il amu
venir à la pureté de l'ancien langage. Us affectaient surtout sait la populace par sa verve plaisante 16 ; le banquier (ar-
de n'employer que les termes en usage dans le vieux dia gentarius) marquait les enchères, et l'adjudication était
lecte attique. Les plus connus de ces atticistes furent Ar- prononcée par le quaestor ou par le magister bonorum t.'en-
rien, Élien, Aristide et surtout Lucien. G. Boissier. dendorum, ou par le propriétaire. Dans le cas de sectio bo
ATYS, ATIS OU ATTIS [RUEA CYBELE]. norum ou d'emptio sub hasta, la propriété quiritaire était
AUCEPS et AUCUPIUM [VENATIO]. transférée11 (addicebatur) ; dans le cas de bonoru7n venditio,
AUCTIO. — Ce mot, qui vient de augere, comprend dans l'acheteur n'obtenait que Vm bonis ou propriété préto
un sens large les divers cas de vente aux enchères publi rienne18; dans le cas de distractio, de choses nec mancipi,
ques, tels que la sectio bonorum, la bonorum venditio et la l'acheteur succédait, après la tradition, aux droits du
bonorum distractio 1 ; mais, dans une acception plus res vendeur, si celui-ci avait reçu le prix ou un gage équi
treinte, où il est souvent employé, auctio signifie la vente vo valent, ou suivi la foi de l'acheteur 19 [dominium, venditio].
lontaire ou forcée de certains des biens d'une personne (ou h'argentarius ou le nummularius, par l'intermédiaire
bonorum distractio) ; cette ventedevint la règle généraledans duquel se faisaient habituellement les ventes, touchait
le système de procédure du bas empire*, et se substitua à la le prix s0, ou recevait les gages ou cautions (praedes, spon-
vente en masse du patrimoine d'un individu condamné som). Les ventes aux enchères pouvaient être assujet
soit à une peine capitale, soit à une amende envers l'Etat, ties par les particuliers aux mêmes modalités qu'une
ou qui n'exécutait pas un jugement, etc. 3 Vauctio pouvait vente à l'amiable : ainsi à Vin diem addiclion, ou résolu
avoir lieu à la poursuite du fisc* ou, dans certains cas, sur tion au profit du vendeur, s'il trouvait un meilleur prix
l'ordre du magistrat, ou parla volonté même du propriétaire. dans un délai donné ; à la lex commissoriu, ou clause réso
Nous prendrons ici le mot dans son sens le plus large, lutoire faute de paiement du prix à l'époque fixée Il
et nous décrirons les formalités communes qui se trou existait un impôt sur les ventes à l'encan u [vectigal
vaient réunies dans les différents cas de vente aux enchères, RERUM VENALIUM]. G. HcMBERT.
à partir de la publication. En effet, le quaestor, au nom de AUCTOR. — Ce mot, qui vient de augere désigne en
l'État s, ou le syndic {magister), au nom des créanciers, ou droit romain celui qui prend l'initiative d'un acte.
enfin le propriétaire lui-même, faisait apposer une affiche I. En droit public, c'est celui qui propose une mesure
{tabula, album, libellus, titulus), qui indiquait les clauses (leges ou une loi (rogator, lator ou auctor legis) ou du moins qui
venditionis), le jour, le lieu et l'heure de la vente 6. Parfois la recommande au peuple ou au sénat * (suasor legis) ; la
il les faisait annoncer sur la voie publique par un héraut décision du sénat, en vertu de laquelle une loi est présen
(praeco) 7 ; de là les termes proscribere, ou praedicare, pro- tée aux centuries, est expliquée par les mots patres aucto-
ponere, employés pour désigner cette publication, et res fiunt *; mais cette locution désigne aussi le vote favo
auctionem proj'erre, pour indiquer un ajournement8; le rable des comices-curies ou des patriciens [auctoritas
mot pendere s'appliquait à ceux dont les biens étaient à patrum]. Celui qui proposait un vote au sénat, se nom
vendre •, et bona suspensa désignait certains objets dont mait auctor sententiae1'; la décision du sénat paralysée par
l'annonce était attachée à une colonne 10. La vente pouvait l'intercession d'un tribun [intercessio] n'est plus indiquée
avoir lieu à terme pour le paiement du prix, ou au comp que par l'expression senatus auctoritas*. Quelquefois l'avis
tant (praesens pecunia). Gaius 11 nous apprend à cet égard des prudents a force de loi, et ils deviennent auctores juris
un détail curieux relativement aux argentarii qui procé (auctor-itas prudentium ou responsa prudentium).
daient souvent à des ventes à l'encan, soit d'objets à eux II. En droit privé, on appelle auctor celui de qui l'on tient
engagés, soit en agissant pour le compte d'un tiers. Or ses droits, qui en a été la cause première : tel est ainsi, au
ils ne pouvaient se refuser à livrer la marchandise vendue point de vue de la famille, Vauctor generis,ei en matière de
à l'adjudicataire qui ne payait pas sur-le-champ, à moins succession, Vauctor heredis6. Celui qui transmet à titre oné
d'une clause formelle en ce sens dans le cahier des reux un droit entre-vifs à une personne ou ayant cause7,
charges. Le jour fixé on procédait aux enchères au lieu est aussi l'auteur de celle-ci et lui doit garantie (aucto
indiqué M, qui était soit la maison même du vendeur (in ritas) 8 ; c'est le cas du vendeur à l'égard de l'acheteur.
AUCTIO. 1 Voy. aussi pour les baux par adjudication cbttsoria locatio. — 2 Inst. S0. — " Instit. Just. II, 1, 41. — 20 Cic. Pro Cacc. 6 ; Quint. XI, XVIII, 2. Dig.
-Just. III, xii; c. 10 Cod. Just. De bon. auct. VII, 72. — 3 Gaius, III, 78 et s. p.1-24; Pilette, De la compensation dans la Bev. hist. de droit, Paris, 1861. — M Dig.
— * Walter, Gcsch. des rôm. Rechts, 3- éd. I, n° 757. — 6 Dans les cas de sectio ou XVIII, 3. — *3 Suet. Calig. 16; Tacit. Ann. 1,78. — BiBLiocaipun. Stiebcr.De bono
d'emptio sub corona, la lance {hasta) était plantée comme signe de la propriété qui- rum emptione apud veteres Homanos, I, Lips. 1827, 2 ; Walter, Geschichte des rôm.
ritaire : Gaius, IV, 16. — 6 cic. Caiii. II, 8 ; Ad Quint, frai. II, 6 ; Ad Attic. XII, lïcchts, 3e éd. Bonn, 1860, u01 754, 7">7, 858 ; Tambour, Des voies d'exécution chez les
39; XIII, 25, 33, etc. — ' Cic. Pro Quinct. 15 ; De offic. III, 13 ; De lege agr. I, 1. Romains, Paris, 18G1 ; Rein, article auctio, dans la Real-Encyclopàdic de Pauly, I, 2,
— » Cic. Ad Attic. XIII, 12, M ; Ad Divin. XII, 30. — » Suet. Claud. 9. — 1» Senec. p. 2118, ï' éd. Stuttgart, 1866 ; Démangeât, Cours de droit romain, 2' éd. Paris, 1867,
De benef. IV, 12. — 11 Inst. IV, 126 : « Si praedictum est ne aliter emptori res II, p. 134 et s.; Rudorft", Rôm. Rechtsgeschlchte, I, 75; 11, 295, 305, Leipi. 1S59.
traderetur, quam si pretium emptor solverit. ■ — 18 Cic. Pro Quinct. 3 ; De lege agr. AUCTOR.1 C'est à tort que Vico fait dériver ce mot du grec ajTéç; Dion Cassius(XLV)
I, 3 ; U, 20 ; Orclli, Inscr. n»« 3439, 3883 ; Acro ad Horat. Sat. II, 3, 25. — » Plaut. nie qu'il y ait un mot grec correspondant a auctor. — 5 Tit. Liv. II, 56 ; VI, 36 ;
Slirh. 1, 3, 68 ; Hor. AdPison. 419 ; Claudian. De 1 V Cous. Honor. p. 125, éd. Ainst. Tacit. Aimai. 1,39.— 'lit. Li». VIII, 12; XXVI, 21 ; XLII, 21. — * Ovid. Pont. Il,
— 1* Suet. Cal. 38 ; Cic. Verr. I, 54 ; III, 11. — 1* De là l'expression lapide emere. 3, 31 ; Plin. Ep.ll, Il et 12 ; Cic. De offic. 111, 30. — 5 Tit. Ut. IV, 57.-6 Cod. Her-
— «Cic/Vo Quinct. lô ; Martial. 1, S6. — " Vairo, De renist. II, 10.— I» Gaius, 111, mogen. t. XII, De succession. — 7 Fr. 49 Dig. XIX, 1. — • Paul. Sent. II, 17, §1.
AUC — 544 — AUC
Auctoritas est encore employé pour désigner l'action en ga à l'égard des esclaves et des fils de famille, les textes font
rantie à raison d'une éviction (evictio) éprouvée par l'ache une distinction appuyée sur la nature du délit commandé
teur [emptio venditio] 9. La possession pendant le temps par le père ou le maître. S'agit-il de délits légers, l'agent
voulu pour l'usucapion [usucapio] est devenue la meil est excusé pleinement, et la responsabilité retombe uni
leure garantie et protège contre toute éviction ; aussi Ci- quement sur celui qui a commandé le méfait. Mais s'il
céron dit-il que la possession de deux ans vaut auctoritas s'agit d'un crime considérable, les jurisconsultes admet
pour les immeubles italiques et dispense de recourir à son tent que l'esclave ou l'enfant a dû avoir conscience de
auctor ™, tandis que l'éviction est toujours possible con l'énormité de l'infraction et se refuser à l'accomplir Ce
tre un étranger [peregrinus, autrefois hostis] et la pendant, en certains cas, par exemple lorsqu'il y a eu
loi Atinia admet la même solution pour la chose volée violation de sépulture, l'esclave est puni moins sévère
ou res furtiva [furtum] u. Une caution procurée par un ment que le maître qui lui a commandé le crime L'a
vendeur est appelée auctor secundus, parce qu'il fournit gent qui s'est conformé à un ordre donné par celui qui
à l'acheteur une seconde garantie 1S. On donne aussi le n'avait aucune autorité légitime, demeure pleinement res
nom d 'auctor à celui qui répond à une interrogation so ponsable **, sauf le cas de violence [vis]. Quant à Yauc-
lennelle, tendant à créer une obligation, soit dans le tor, il peut rentrer dans la catégorie de ceux dont nous
cas d'adrogation w [adoptio, adrogatio], soit dans le cas allons parler.
de stipulatio 1S. — Enfin le tuteur qui donne solennelle 2° Lorsque quelqu'un charge un autre de commettre
ment in ipso negotio à un pupille [tutela], c'est-à-dire à un délit, il n'y a pas mandat valable en droit civil ; le con
un impubère sui juris u, l'autorisation de faire un acte trat est nul comme contraire aux bonnes mœurs 30 ; mais
juridique, est auteur (auctor fit ou auctoritatem praes- le droit pénal s'attache au fait spécial du mandat pour
tat interponit). punir l'instigateur du crime. C'est ce que faisaient les lois
III. En droit criminel, auctor signifie parfois l'auteur prin qui frappaient de la même peine l'auteur intellectuel et
cipal d'une infraction à la loi pénale18; il indique, au con l'auteur matériel d'un homicide volontaire ", d'une accu
traire, souvent et plus spécialement l'instigateur, celui que sation calomnieuse, d'une injure, d'une violence, etc. Le
les criminalistes modernes nomment auteur intellectuel, qui jurisconsulte Ulpien semble, en matière de délit, assimiler
détermine l'agent à commettre un délit, soit par lui- au mandat l'approbation donnée après coup au délinquant
même, soit avec l'aide de complices ". On trouve le mol par celui qui profite de l'acte délictueux. De là certains
auctor souvent employé dans ce sens chez les écrivains interprètes modernes onteonclu que la ratification, comme
latins classiques et chez les jurisconsultes ,0. D'autres en matière civile, équivalait au mandat. Mais il faut se
fois l'instigateur est désigné par une périphrase telle que garder de généraliser cette règle qui n'est vraie que pour
qui concitavit, qui movit tumultum, etc. M. On l'appelle en certains délits privés, comme l'indiquent le mot maieficittm
core concitator, pvinceps delicti,mandator, hortator, suasorn, employé par Ulpien et l'ensemble même du texte
ou bien il est compris dans la formule générale, cujus dolo On range encore sous la dénomination d'auctor qui
malo factum est; enfin, quelquefois la loi se borne à dé conque, par ses exhortations, ses prières ou ses discours,
crire et à préciser l'acte d'excitation qu'elle incrimine îS. a déterminé l'agent principal à commettre un crime.
On peut devenir auctor delieti de plusieurs manières, L'expression consilio facere se prend en cette occasion dans
suivant le moyen qu'on emploie pour déterminer l'agent un sens large qui embrasse souvent et l'instigateur et
à commettre l'acte délictueux; les jurisconsultes avaient celui qui a donné des instructions ; mais ce deuxième cas
réglementé ces divers cas : rentre dans la complicité par assistance [socios delicti].

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