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Guillaume Budé
Marchal-Louët Isabelle. Les gestes des malades dans le théâtre d'Euripide : l'exemple de l'Oreste. In: Bulletin de l'Association
Guillaume Budé, n°2,2009. pp. 92-109;
doi : 10.3406/bude.2009.2342
http://www.persee.fr/doc/bude_0004-5527_2009_num_1_2_2342
TTOCTpi,
7] cpoêou, vixôJv 7roXu.
« Quelles hallucinations t'agitent, ô le plus cher d'entre tous à
ton père ? Contiens-toi, n'aie pas peur, tu remportes une
victoire décisive ».
15. Hipp., Vents 14. 5-6 : 'Avojjionrjç SE r/jç 7top£i7]ç tw airain Sià tou
TC<XV yàp TO
xal tetivocxtoci, xà fjLÉpsa tou aa>[i.aToç Ûtctjpetsovtoc tm Tapà^w /ai
œ tou oci'tjLaToc; — SiaaTpocpai te 7tavToîai 7ravToicoç yivovrai. KaTa SE
toutov tov xaipàv àvaa<T07)Toi, 7iàvTa>v eîeriv, xoocpoi te tcjv XsyofXEvcav TU9X01 te
tcov yivofzévœv, àvàXyTjTOi te irpoç toÙç 7t6vouç [...] 'Acppot Se Soà tou aTOfxaToç
àvaTpÉ^OUfTlV ELXOTWÇ.
« Or comme la marche du sang à travers le corps devient irrégulière, il se
produit des irrégularités de toute sorte (le corps tout entier est tiré de tout côté,
et les parties du corps, soumises au trouble et au tumulte du sang, sont
secouées) et des contorsions de toute sorte se produisent de toutes sortes de
façons. Durant cette crise, les malades sont privés de toute sensation, sourds à
ce qui se dit, aveugles à ce qui se produit, insensibles à la souffrance [...] De
plus, des flots d'écume remontent précipitamment par la bouche, ce qui est
naturel » (Trad. de J. Jouanna).
16. Hipp., La Maladie Sacrée, I. 3 : Toûto Se ôpco fi.aivopiivou<; àv6pù)7rouç
xal TcapacppovÉovTaç olti oàSejjuTJç irpoçaCTioç £[Acpavéoç xal 7roÀÀ<x te xal àxaipa
TrooéovTaç, ev te tm uttvg) oîSa ttoXXoÙç oÊfi.(6ÇovTaç xal pocovTaç, toÙç Se xal
Trviyo[j.£vouç, toÙç Se xal àvafecrovTàç te xal cpEuyovTaç eÇco xal
mxpaçpovéovTaç \*-&X9l STrÉypœvTai, ETusiTa Se ûyiéaç ÈovTaç xal cppovéovTaç
t'
wCTTTEp xal upoTspov, ÈovTaç aÙToùç w/poûç te xal aCTOEvÉaç, xocl TauTa où^
a7ta^, àXXà 7coXXàxiç.
« D'autre part, je vois des gens tomber dans la folie et le délire sans aucune
cause apparente et accomplir bien des actes inconvenants, et je sais que dans le
sommeil bien des gens gémissent et crient, que certains aussi étouffent, que
d'autres même se dressent d'un bond, fuient au dehors et délirent jusqu'à leur
réveil, puis retrouvent la santé et la raison comme auparavant, sauf qu'ils
restent pâles et sans force, tout cela ne se produisant pas une fois, mais bien des
fois » (Trad. de J. Jouanna).
102 ISABELLE MARCHAL-LOUËT
17. Hipp., La Maladie Sacrée, I. 11 : yjv Se àcppov ix toù cttojjloctoc; àcpifj xal
toTcti 710(71 XocxtiÇt), "ApTjç ttjv amrjv ë^ef oïen Se vuxtoç Seifiaxa TtapuTTaToa
xal cpoêot, xal TiapàvoLai xai àva.Tzy)Srlaiz(; Ix xvjç xXtvï)ç xal (ptù^iec, £^w, TixàTyjç
<paalv eïvai £7tLêoXàç xal rjpcocov è<p68ouç .
« S'il rejette de l'écume par la bouche et s'il lance des ruades, c'est Ares qui
porte la responsabilité. Dans les cas où, la nuit, surviennent des craintes, des
frayeurs, des troubles de l'esprit, des bonds hors du lit et des fuites au dehors,
ils disent que ce sont des assauts d'Hécate et des irruptions de héros » (Trad. de
J. Jouanna).
l'exemple de tJoreste 103
3. Le cpiÀoç médecin.
son pied, « sans épargner [sa] vie » [ir\ cpeicnr) (3îou (747-749),
avant qu'une douleur plus intense lui fasse exprimer, comme
Héraclès, le vœu que Néoptolème le « prenne » (auXXaêwv) pour
le brûler dans le feu de Lemnos (799-801). La maladie physique
est ainsi chez Sophocle ce qui porte directement atteinte à
l'intégrité de l'être et prélude à sa destruction.
Si la maladie est également envisagée dans YOreste en termes
d'exclusion sociale, étant liée à une souillure qui contamine
autrui par le toucher ou la vue, elle n'est pas synonyme de
solitude pour le malade. Ce dernier est engagé dans une relation
de cpt.Xioc profondément empathique, où le cpiXoç ne craint pas la
contamination et c'est dans le cadre de cette cpûuoc, si
importante dans le théâtre d'Euripide, que le geste de soin, retardé
chez Sophocle, est accueilli et développé avec prédilection sur la
scène euripidéenne.
L'écart entre les deux poètes se trouve comme exhibé dans
YOreste par une variation sur des formules sophocléennes.
Proposant son aide à son frère, Electre reprend en effet presque
littéralement au vers 218 le vers 761 du Philoctète :
25. A. Guardasole, op. cit., p. 177 : « la malattia - che essa colpisca la mente
(Aiace) oppure il corpo (Filottete) — contribuisce a segnare il destino di solitu-
dine dell'eroe sofocleo ».
26. I. 2 (Jouanna) = I, 572 (Littré) : ciaTuep x.cd tùv àXÀcov xs^vécov Tranéwv o\
§T,u.(.oupyoî tcoAàov àXXrjXwv Siacpépouai, xarà yeïpa xaî xarà yvo!>[jiY]v, outw 8è
xal sui LTjTpixrjç « de même que dans tous les autres arts les professionnels
diffèrent beaucoup entre eux par la main el par l'intelligence, de même en est-il
pour la médecine » ; I. 1, 10 (Jouanna) = I, 570 (Littré) : yzipo-xiyya.^ xaî.
Isabelle Marchal-Louët
(Montpellier III)