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Pisé
Le pisé est un système constructif en terre crue, comme la bauge ou le
torchis. On le met en œuvre dans des coffrages, traditionnellement
appelés banches. La terre est idéalement graveleuse et argileuse, mais
on trouve souvent des constructions en pisé réalisées avec des terres
fines.
Introduction
C'est le principe le plus ancien de construction à fondations dites
"ancrées". Il est constitué de terre comprimée et parfois recouvert
d'enduit à la chaux pour des raisons principalement esthétiques.
Histoire
Le pisé est une technique ancienne, qui a connu un regain d'intérêt dans
le monde occidental suite aux travaux de François Cointeraux
(XVIIe siècle) sur le sujet. Ses ouvrages ont été traduits et diffusés dans
le monde entier. En France, on trouve une grande quantité de bâtiments
ruraux en pisé datant des XVIIIe, XIXe et début du XXe siècle dans la
région Rhône-Alpes : Isère, vallées de la Saône et du Rhône, Bresse, la
Loire, etc.
Analyse de la terre
Liant Argiles 2 µm
2 µm Silt 20 µm
2 mm Graviers 20 mm
20 mm Cailloux 200 mm
|+ Taille des grains Pour connaitre les domaines possibles d'utilisation d'une terre, il est utile d'appréhender la
composition de celle-ci. C'est à cet effet qu'on pourra procéder à une étude de granulométrie sur un échantillon
représentatif de la terre à utiliser.
Pour y parvenir, il convient de creuser sous la terre végétale, et de prélever l'échantillon sur les parois du trou, et non
au fond, afin d'en assurer la provenance.
On effectue ensuite une décantation en plongeant l'échantillon dans un bocal contenant de l'eau. Par effet de
gravitation, des couches vont se former, et permettent de déterminer les proportions des différents liants et agrégats
présent dans la terre. La couche la plus haute englobe les argiles, viennent ensuite les silts, les sables, puis les
graviers et cailloux. Cette méthode a l'avantage d'être facile à réaliser avec peu de moyens, elle reste cependant
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approximative.
Une méthode plus rigoureuse mais plus contraignante nécessite l'utilisation de tamis de tailles différentes qui
permettent de séparer les grains de différentes tailles (à sec ou sous l'eau). Après séchage on peut peser et ainsi
déterminer en poids le pourcentage de chaque fraction.
Comme tout mélange de liants et d'agrégats, la terre est un béton. Le liant assure la liaison entre les agrégats. Une
certaine proportion de liant doit tout de même être respectée. Pour le pisé, on peut donner comme ordre de grandeur
que, en dessous de 5% de liant, il y a risque d'effritement, mais que si la proportion dépasse les 15%, des fissures
apparaitront.
L'observation du patrimoine construit d'une région donne aussi une très bonne indication des techniques
constructives utilisables avec la terre locale.
Caractéristiques du pisé
Il est important de se rappeler que chaque terre est différente et que les
techniques de pisage varient. On peut donc dire que chaque mur en
pisé est unique. Les valeurs données ci-dessous sont donc indicatives
d'ordre de grandeur.
Résistance mécanique
Résistance mécanique
Type de force Résistance
Compression 20 bar
Traction De 5 à 10 bar
Flexion De 5 à 10 bar
Cisaillement 5 bar
Comme le montre ce tableau, le pisé résiste bien à la compression. Mais en rénovation, les coefficients de sécurité
nous imposent de considérer le pisé comme ayant une résistance de seulement un à deux bars à la compression.
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Caractéristiques physiques[1]
Chaleur spécifique C = 0,85 kJ/kg
Perméabilité μ = 10
Mise en œuvre
Il existe bien sur une multitude de mises en œuvre pour le matériau qu'est le pisé. En fonction de l'endroit où l'on se
trouve, on ne construit pas forcément de la même façon. Ce qui suit n'est donc pas propre à toutes les constructions.
Le mur est généralement réalisé en pierre, bâti à la chaux. On veillera à laisser les joints creux.
Si le pisé risque d'être en contact direct avec une humidité constante, la terre peut être amendée (ou stabilisée) à
l'aide de ciment, ou de chaux, notamment en mur semi-enterré.
Dalle
Lors de la réalisation d'une dalle au rez-de-chaussée, afin de gérer l'humidité, un hérisson ventilé peut être réalisé,
surtout s'il on se situe en terrain humide.
Banchées
Les murs de pisé non recouverts de crépi laissent souvent voir en
France les couches de mortier (sapines) qui servent à améliorer la
cohésion entre les différentes banchées. Dans d'autres régions, il n'y a
pas de liants entre les différentes banchées (comme au Maroc par
exemple). Sur certains murs en pisés, les couches de mortier
rapprochées (moins de 50cm d'écart) que l'on peut voir ont un autre
rôle. Elles sont disposées uniquement sur les bords du banchage en
même temps que la terre soit pour améliorer la résistance à l'érosion de
la surface du mur (comme dans les coins de la construction en photo
ci-contre), soit pour améliorer l'accroche de l'enduit. On y voit aussi
souvent les trous (les clefs) qui servaient à la fixation de l'échafaudage
et des banches.
Ouverture
En construction neuve, le linteau d'une ouverture doit dépasser de 30 cm de chaque côté de celle-ci.
Pour ouvrir une fenêtre ou une porte, on met d'abord en place le linteau. Il est préférable de mettre en œuvre trois
linteaux moins larges, plutôt qu'un seul. Ainsi, dans un premier temps, on ne fragilise le mur que sur un tiers de son
épaisseur totale. L'effort est alors repris par ce premier linteau, et l'on peut ensuite tailler le mur sur toute l'épaisseur,
pour mettre en place les autres morceaux de bois. Une fois les linteaux mis en place, on taille le pisé sous celui-ci
pour réaliser l'ouverture. On peut préférer un arc en pierre, briques ou adobes.
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Sur un même mur, la surface d'ouverture ne doit pas dépasser un tiers de la surface total de la façade. Toute
ouverture doit être éloignée d'un minimum d'un mètre d'un angle du bâtiment.
Solivage
Les solives peuvent être fixées pendant la construction s'il s'agit de neuf, ou en réservation pour de la rénovation.
Dans tous les cas, il est nécessaire de les poser sur une planche pour augmenter la surface d’appui de manière à
limiter les effort à la compression pour arriver à 2 bars maximum.
Enduits
Ceci est un exemple de mise en œuvre d'enduits parmi de nombreux autres : Le support doit être purgé et
dépoussiéré. L’humidifier avec de l'eau (pas de chaux aérienne elle floculerait avec l’argile) bien humidifier le mur le
soir et l'humidifier à nouveau le lendemain avant l'enduit appelé gobetis, contrairement à ce qui est généralement
avancé, le gobetis et les enduits successifs peuvent être faits avec de la chaux aérienne à proportion d'1/4 de chaux
aérienne, 1/4 de tuileau (briques pilées) et 1/2 de sable, ce mélange transforme la chaux aérienne en un composé
solide, perspirant et étanche un peu comme le "Tadelak", pour cette étape on peut utiliser un pistolet de sablage. en
aucun cas car la granulométrie du gobetis doit avoir un maximum de 5 mm et en projeté semi-liquide. Ensuite vient
l'enduit de ragréage d'une épaisseur d'environ 1 à 1,5 cm toujours avec le même mortier, mais d'une granulométrie de
2 mm maximum, dans lequel on ajoute des fibres coupées à environ 5 cm, filasse, chanvre, poils d'animaux etc.
Vient ensuite la dernière couche d'enduit d'1 à 1,5 cm avec le même mortier additionné de fibres. Un badigeon peut
être réalisé avec 1/4 de chaux aérienne tamisée finement, 1/4 de tuileau tamisé également très finement et 1/2 de
sable très fin, si l'on veut colorer la couche de finition on peut remplacer le tuileau par de la terre tamisée finement.
*Attention : pour toutes ces proportions d'enduits la chaux doit être en poudre et non en pâte. Toutes les expériences
faites ont été réalisées avec de la chaux aérienne en poudre. Une seule expérience a été réalisée avec de la chaux en
pâte, ce qui a fissuré l'enduit. Car à volume égal la densité est différente ce qui provoque un excès de chaux.
Pathologie
Fissures
Rupture de perméabilité
Le pisé est un matériau vivant et respire, c'est-à-dire qu'il absorbe et restitue l’humidité ambiante. Il se peut que
durant la vie d’un bâtiment en pisé, cette notion ait été oubliée d’où l’apparition de certains désordres : enduits
soufflés, traces de salpêtre.
Pour des raisons d’esthétique ou de pratique (moins de poussières), on applique souvent des enduits sur les murs des
constructions en pisé. Or, après quelques années, cet enduit peut être « soufflé » (décollé) en plusieurs points. Cela
vient du fait que l'enduit bloque toute évacuation d'humidité du pisé. Il est donc important d’éviter l'application de
tous revêtements étanches (souvent à base de ciment) et de privilégier des enduits à base de chaux faiblement
hydraulique ou de terre crue, dont la respirance est bien meilleure.
Beaucoup de constructions en pisé, notamment dans le Nord-Dauphiné, ont été construites sans dalle basse, à même
le sol. Cette technique avait l’avantage de permettre à l’humidité contenue dans les sols de pouvoir s’évaporer
librement. La construction d’un dallage par la suite force l’humidité à remonter au niveau des murs d’où l’apparition
de salpêtre.
En rénovation de maison en pisé, il est complètement prohibé de mettre un revêtement (intérieur ou extérieur)
étanche à la vapeur d’eau sous peine de voir l'eau remontant par capillarité depuis les fondations emprisonnée dans le
mur, ce qui peut entraîner sur le long terme de graves desordres structurels.
Notes et références
[1] CRATerre 2006, p. 154 et 155
[2] CRATerre 2006, p. 156
[3] CRATerre 2006, p. 251
[4] CRATerre 2006, p. 244
Sources et contributeurs de l’article 9
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