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Histoire, Sciences
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Hesse Carla. La logique culturelle de la loi révolutionnaire. In: Annales. Histoire, Sciences Sociales. 57ᵉ année, N. 4, 2002. pp.
915-933;
doi : https://doi.org/10.3406/ahess.2002.280086
https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_2002_num_57_4_280086
Abstract
The cultural logic of revolutionary law.
This article is a study of how the monarchical concept of "extraordinary justice" was transformed into
the republican concept of "revolutionary law " after the fall of the monarchy on August 10, 1792. It
argues that although the revolutionaries borrowed the category of extraordinary justice from the Old
Regime they put the concept to a novel use: instead of seeking to preserve an existing regime, they
sought to use penal law create a new one. Revolutionary law thus marked a radical rupture from Old
Regime understanding of emergency penal law. In the absence of a constitution that could give a fixed
institutional definition to the sovereignty of the people, between 1792 and 1795 revolutionary legislators
were faced with the problem of repressing opposition to a regime whose parameters have yet to be
defined. Penal law offered a path forward by permitting the deputies of the Convention to define crimes
against the new sovereign while deferring the problem of giving positive definition the sovereign itself.
Revolutionary legislators achieved this through the use of three key rhetorical strategies: negation,
abstraction, and particularization. The article examines the large corpus emergency penal laws
registered by the revolutionary tribunal between March 10, 1793 and 12 Prairial of the Year III
(approximately 80 laws) to show how these rhetorical strategies ultimately failed to produce a stable
notion of republican identity.
La logique culturelle
de la loi révolutionnaire
Caria H esse
Louis, par la grâce de Dieu & par la Loi constitutionnelle de l'État, Roi des
Français.
A tous présans & à venir ; Salut.
L'Assemblée Nationale a décrété, «5c Nous voulons & ordonnons ce qui suit :
LOI.
"CODE
Donnée à Paris, lePÉNAL.
6 Octobre 170 1.
A В TI С Ь E F A 'E M I E R.
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916
LA LOI RÉVOLUTIONNAIRE
Figure 2 - Frontispice
Compte rendu aux sans-culottes de la république française, par très-haute, très-
puissante et très expéditive dame Guillotine, dame du Carrousel, de la place de la
Révolution, de la Grève, et autres lieux [...] parle citoyen Tisset, coopérateur du succès
de la république française (Paris, Denné, Petit et Tourbon, an II [1793/94])
("<
D'un point de vue technique, tous les systèmes légaux reconnaissent l'inévitabilité
des conjonctures historiques durant lesquelles les lois constitutionnelles d'un
royaume doivent être suspendues pour sauver la loi elle-même. Ainsi Montesquieu
écrit-il dans L'Esprit des Lois : «J'avoue [...] que l'usage des peuples les plus libres
qui aient jamais été sur la Terre, me fait croire qu'il y a des cas où il faut mettre,
pour un moment, un voile sur la liberté, comme l'on cache les statues des dieux4. »
Telles sont les prémices fondant les notions modernes d'«état d'urgence» ou de
«justice d'urgence», quand la séparation des pouvoirs législatif et exécutif est
temporairement suspendue dans une période d'exception - c'est-à-dire quand
l'existence même de l'entité politique est menacée. Le concept même d'état
d'urgence implique une situation de crise politique violente, d'où la loi doit
littéralement ré-émerger. Ou, pour s'exprimer en des termes qu'auraient reconnus pour
leurs les théoriciens de la loi de la fin du XVIIIe siècle, il y a des moments où la
volonté de durée longue et de stabilité du monarque (reposant sur les lois du
royaume) doit laisser la priorité, pour sauvegarder sa propre existence, à l'exigence
immédiate du souverain. Dans de tels moments, la prééminence de l'exécutif sur
le législatif conduit à l'immédiateté des prérogatives du roi sur le pouvoir de la loi.
Au temps de la monarchie pré-révolutionnaire — quand la volonté du roi et sa
représentation, la loi, étaient unifiées -, ces moments de transparence politique
étaient figurés par l'image des deux corps du roi qui fusionnent en un seul, dont
l'existence se posait en complément nécessaire de lui-même5. En matière de céré-
moniel, ceci se traduisit par le roi reprenant la présidence de son Parlement, le siège
de la loi, le chef couvert et tous ses sujets nu-tête6. Quand le roi cessait de présider,
cette phase de transparence cédait le pas à la logique du recours législatif. Le
président de la cour de justice, quant à lui, reprenait son siège de président, en toque,
pour signifier la continuité du pouvoir royal. Puisque toute loi devait émaner du roi,
la doctrine de la loi régalienne formula la distinction entre « loi constitutionnelle »
et « loi extraordinaire » s'inspirant de la distinction entre la justice ordinaire (des lois
valables en permanence) et la justice extraordinaire (des lois imposées pour un temps
seulement). Celle-ci était en fait un mode de jugement plutôt qu'une institution
fixe, mais, au cours de sa longue vie, la monarchie élabora une série de cours de
justice aux prérogatives spécifiques de dernier recours comme un mécanisme au
service de la pratique d'une «justice extraordinaire transparente7».
4 - Montesquieu, The Spirit of the Laws, Anne Cohler, Basia Miller et Harold Stone
(trad, et éds), Cambridge, Cambridge University Press, 1989, Livre 12, chap. 19, p. 204.
5 - ERNST Kantorowicz, The King's Two Bodies: A Study in Medieval Political Theology,
Princeton, Princeton University Press, [1957] 1966.
6 - Sarah Hanley, The Lit de Justice of the Kings of France: Constitutional Ideology in
Legend, Ritual and Discourse, Princeton, Princeton University Press, 1983.
7 - La longue histoire de ces cours à prérogatives est digne d'une étude complète. Dans
l'attente d'une étude sur la progression rapide de l'utilisation de « tribunaux
d'exception » au XVlir siècle, voir NICOLE CASTAN, Justice et répression en Languedoc à l'époque
CARLA HESSE
des Lumières, Paris, Flammarion, 1980, et Richard Mowery Andrews, Law, Magistracy
andCrimein Old Regime Paris, 1735-1789, New York, Cambridge University Press, 1994.
8 - Là encore, beaucoup de travail sur le sujet reste à accomplir; mais, pour une
introduction, voir François Furet, « Gouvernement Révolutionnaire », in F. Furet et
M. OzouF (éds), Dictionnaire critique de la Révolution française, Paris, Flammarion, 1988,
pp. 574-584.
9 -Voir François Furet, Penser la Révolution française, Paris, Le Seuil, 1978; Lynn
Hunt, Politics, Culture and Class in the French Revolution, Berkeley, University of
California Press, 1984; Antoine DE Baecque, Le corps de l'histoire: métaphores et politique,
920 1770-1800, Paris, Calmann-Lévy, 1993.
LA LOI RÉVOLUTIONNAIRE
liste des cas est toujours susceptible de s'étendre10 ». Et, ainsi qu'ils l'ont montré,
la liste des crimes de lèse-majesté s'est continuellement allongée au cours des XVIIe
et XVIIIe siècles, en réponse aux défis à l'autorité de l'État. Pour qui était accusé
de crime de lèse-majesté, le châtiment était la mort par écartèlement. Le crime
d'attaque contre la personne royale (à la fois littéral et métaphorique) était donc
expié à travers sa répétition rituelle sur le corps du criminel.
Or, dans son préambule, le code pénal de 1791 abolit tous les crimes de lèse-
majesté divine, les ridiculisant en les qualifiant de « crimes imaginaires ». Le code,
se référant aux sources romaines de la loi royale, redéfinit les crimes de lèse-
majesté comme atteintes « contre la chose publique » {res publica11). Tel est le titre
de la deuxième partie du code portant sur « Les crimes et leur châtiment », divisés
en trois catégories: 1) crimes contre la sécurité extérieure de l'État (trahison);
2) crimes contre la sécurité intérieure de l'État (conspiration) ; 3) crimes contre la
Constitution. Les deux premières catégories étaient par essence un rétablissement
de celles d'Ancien Régime: «lèse-majesté au premier chef» et «lèse-majesté au
second chef». La nouveauté du code pénal, en ce qui concerne la trahison et la
conspiration, ne résidait donc pas dans la redéfinition de ces termes mais plutôt dans
le souci d'énumérer un nombre fixe d'actes spécifiques dans ce champ, plutôt que
de les laisser à une perpétuelle élaboration et de s'en remettre à l'exercice arbitraire
du pouvoir royal face aux cas d'urgence.
La seconde nouveauté du code pénal de 1791 consiste en la création d'une
nouvelle catégorie distincte de « crimes contre la Constitution », différents des
crimes contre l'État, qui, tous, internes ou externes, étaient punis par la peine
capitale. Promulgué pendant la brève période de la monarchie constitutionnelle,
le premier article de la section II, qui définit les crimes contre la sécurité intérieure,
mettait la personne du roi au cœur de la souveraineté : « Tous complots et attentats
contre la personne du roi, du régent ou de l'héritier présomptif du trône seront
punis de mort. » Les crimes contre la Constitution et contre les assemblées
publiques qui incarnaient ses fonctions se voyaient toutefois punis moins
sévèrement-aucun ne l'était de la peine de mort. Les crimes de trahison et de conspira-
tion contre l'« Etat» (avec la personne du roi à son sommet) étaient donc classés
dans une catégorie autre, et supérieure à celle des atteintes à l'encontre de la
Constitution. Selon le Code pénal de 1791, c'était un crime moindre que de
renverser la Constitution. Le siège de la souveraineté était défini essentiellement comme
la monarchie en tant que telle. Les assemblées constitutionnelles élues par le peuple
étaient des institutions considérées comme contingentes, et dont l'existence était
liée au roi. Fondamentalement, la structure du code prouvait que l'État pouvait
continuer à exister même si sa constitution était abolie et ses assemblées primaires
destituées, mais non si le roi ou son armée étaient capturés et condamnés à mort.
10 - Pour une brève vue d'ensemble, voir André Laingui et Arlette Lebigre, Histoire
du droit pénal, 2 vols, Paris, Cujas, 1979, t. 1, pp. 199-204.
1 1 - Voir Pierre Lascoumes, Pierrette Poncela et Pierre Lenoël, Au nom de l'ordre :
une histoire politique du Code pénal, Paris, Hachette, 1989, pp. 327-370, pour l'ensemble
du texte du « rapport » présentant le Code et pour le texte même du Code pénal de 1791.
CARLA HESSE
Ce manuscrit fut bientôt inclus dans un plus large projet de classification des lois,
organisé sous les auspices de la Commission de l'administration civile, le 1er avril
179425.
Un décret du 22 avril 1794 désignait Cambacérès, Merlin de Douai et Couthon
pour être les éditeurs d'un code « universel » de l'ensemble de la loi française.
Cambacérès devait se centrer sur « la loi civile », Merlin de Douai sur la « loi
criminelle» et Couthon sur la «loi révolutionnaire». Le 15 juillet 1794, treize
jours seulement avant les événements de Thermidor, Cambacérès fit part à la
Convention de l'achèvement d'un plan général pour le code universel, un véritable
« code des Républiques »26. Ce code représentait une rupture radicale par rapport
aux précédentes entreprises de classification. Comme le souligna Cambacérès, les
codes précédents étaient ordonnés soit selon leur origine (loi « naturelle » ou
positive, comme dans la tradition chrétienne), soit selon leur objet (pénal ou civil,
comme dans la tradition romaine). À ces deux systèmes, disait-il, manquait quelque
chose de crucial, l'organisation du gouvernement lui-même :
Quelle est la fin de la législation ? C'est Гétat social. Et les lois, à quoi tendent-elles ? A
assurer à la société l'ordre et la paix ; à l'homme, ses droits naturels et imprescriptibles.
Or, le gouvernement seul pouvant, par l'action des lois, lui en assurer la garantie et le
maintien, c'est donc au gouvernement qu'il faut ramener toutes les lois, comme à l'esprit
moteur qui, par l'unité d'action et de principe, en fait jouer, sans effort, les ressorts
innombrables11 .
Les historiens et les théoriciens de la loi, qui ont négligé le corpus des lois
révolutionnaires d'état d'urgence, l'ont considéré avec mépris, quand ils n'ont pas cherché
à l'escamoter, l'envisageant comme un excès embarrassant, né d'un moment de
crise. Mais ce n'est nullement parce que la loi proliférait dans des directions plutôt
inattendues entre 1792 et 1794 qu'elle avait cessé d'avoir un sens. Aussi convient-il
d'essayer de saisir quelques éléments de la logique sémiotique de ce
bouillonnement législatif dans l'espoir de suggérer que, pour une bonne part, l'histoire
culturelle de cette période a échoué à cerner la profondeur de la crise culturelle de
l'an II, et donc la signification culturelle de la Terreur révolutionnaire.
L'analyse de la rhétorique des lois contre la trahison et la conspiration
enregistrées par le Tribunal révolutionnaire permet d'identifier trois dynamiques clés
de la législation révolutionnaire d'urgence: 1) la « négation » de la royauté et des
signes d'adhésion au régime antérieur; 2) l'« abstraction » : la défense des attributs
abstraits ou des valeurs, plutôt que les formes institutionnelles de la souveraineté
naissante ; 3) la « prolifération » : l'énumération de lois contre les signes spécifiques
de transgression et leurs attributs abstraits.
Négation
On voudrait insinuer dans l'opinion l'idée que les membres de cette assemblée désirent le
rétablissement de la royauté en France. Eh bien, pour écarter tout soupçon je demande à
la Convention de décréter que : quiconque proposera de rétablir en France le Roi ou la
royauté, sous quelque dénomination qu'il se puisse être, sera puni de mort30.
Une dizaine de jours plus tard, le 16 décembre, une seconde loi, proposée
par Thuriot comme une extension à celle de Buzot en date du 4 décembre, donna
plus d'ampleur à la logique de la négation. Il proposa que : « La Convention décrète
la peine de mort contre quiconque tenterait ou proposerait de rompre l'Unité
de la République française ou d'en détacher des parties intégrantes pour les unir
à un territoire étranger32. » Thuriot fut suivi par Buzot qui proposa un décret plus
radical, ayant pour effet de bannir la famille royale du territoire français. Après un
débat houleux, ce décret fut aussi adopté, propageant ainsi la négation non
seulement du royalisme mais aussi de son incarnation littérale en la famille royale33.
A partir de ces trois lois clés, une impulsion centrale fut donnée à la législation
pénale révolutionnaire. Le refus de la royauté et plus généralement de l'inégalité
juridique et de la hiérarchie s'imposait sous toutes ses formes. Les lois des 4 et
16 décembre 1792 furent suivies, le 14 mars 1793, d'une loi déclarant que tous les
membres de la famille royale formaient une conspiration. Ceci fut étendu à d'autres
groupes qui, du fait même de leur existence, incarnaient l'adhésion à l'ordre féodal :
les anciens privilégiés du royaume. Ainsi, le 27 mars 1793, l'aristocratie elle-même
était accusée de trahison, puis, dans une série de lois promulguées au cours de
l'été et de l'automne, en particulier avec la « loi sur les suspects » du 17 septembre
1793, les prêtres n'ayant pas prêté serment, les émigrés, les non-combattants, les
étrangers, d'anciens riches fermiers et les colonialistes. Cette enumeration incluait-
elle les enfants d'émigrés ? Les étudiants étrangers ? Ou les artisans ? Une série de
lois spécifiques chercha à cerner toutes les catégories d'exceptions possibles (voir,
par exemple, les lois du 28 mars 1793, du 25 brumaire an II, du 9 nivôse an II et
22 ventôse an II). Outre la poursuite des sujets adhérant encore à l'Ancien Régime
ou à des régimes hostiles à la République, suivirent des lois interdisant tous les
signes publics d'inféodation à la royauté, à l'aristocratie et au papisme (lois du
12 octobre 1792, 12 avril 1793 et 28 brumaire an II34). De tout ceci résulta
l'emprisonnement de centaines de milliers de suspects.
La tendance à l'abstraction
L'utilisation de la loi pénale pour nier la royauté était une tactique girondine
destinée à mettre en place un cadre légal qui pourrait à la fois consolider et contenir
la révolution du 10 août, et à créer un espace d'où une solution constitutionnelle
républicaine puisse émerger. Les jacobins poursuivaient une tactique rhétorique
(et politique) opposée, qui élevait la notion de « révolution » en elle-même au
statut de souveraineté. C'était un « souverain » qui, par sa nature même, ne pouvait
avoir de forme institutionnelle ou matérielle : aussi n'était-ce qu'à travers ses
attributs abstraits — Liberté, Egalité, Unité — qu'il pouvait être identifié et défendu.
Le changement rhétorique crucial vint de Robespierre, dans son fameux discours
Ъ2-1Ш., Ге série, t. 55, pp. 79 et 34-35; voir AN, série W, cartons 500-511, pour une
enumeration de ces lois.
ЪЪ-Ibid., p. 89.
7 Lq 34- Voir AN, série W, cartons 500-511 pour une enumeration des dates de ces lois.
LA LOI RÉVOLUTIONNAIRE
Les anciens ordres privilégiés du royaume n'étaient pas les seuls à être considérés
comme susceptibles de commettre des actes de conspiration ou de trahison. Les
citoyens également pouvaient trahir la République, et il devint nécessaire de trouver
une façon de définir positivement le nouveau « souverain » contre lequel ils
transgresseraient la loi.
L'actuel Gode pénal, révisé en 1993, définit les crimes de trahison intérieure
contre la nation comme « tout acte de nature violente, ou complot en faveur d'actes
de violence, essayant de mettre les institutions démocratiques de la nation en péril37 ».
L'incarnation du souverain démocratique est ainsi délimitée par les institutions
spécifiques que la République a mises en place. C'est une loi protégeant les formes
institutionnelles de gouvernement déterminées par le pouvoir législatif. Mais en
1792-1794, il n'y en avait pas encore qui fussent nettement fixées. La Constitution
avait été suspendue et la définition de ses limites institutionnelles traîna en longueur
jusqu'à ce que la patrie soit hors de danger. En l'absence de constitution, le
gouvernement révolutionnaire commença par redéfinir le concept de « lèse-majesté »
comme « lèse-nation » et « lèse-souveraineté populaire », et enfin « lèse-humanité » ;
35 -J. Madival et E. Laurent (éds), Archives parlementaires..., op. cit., lrc série, t. 54,
p. 74.
36 -Ibid., Ve série, t. 60, p. 65.
37 - Jean-Claude Zylberstein (éd.), Le nouveau code pénal, mode d'emploi, Paris, 10/18,
1993, pp. 140-141. Nous soulignons.
CARLA HESSE
Une série de lois régulant les paroles, gestes et actions des citoyens apparurent à
l'opposé de l'abstraction jacobine, et s'orientèrent, en matière d'actes de trahison
spécifiques, vers une précision légale croissante souvent improvisée en réponse à
des circonstances particulières, afin de réprimer des actes et signes de dissension
par rapport aux buts du régime révolutionnaire et à son effort de guerre.
L'intention, ici, n'était pas d'anticiper des actes particuliers en décrétant des lois de plus
La Révolution en marche
40 -Voir, pour des exemples notables, Jean Baptiste Sirey, Du Tributml révolutionnaire,
Paris, Impression Dupont, frimaire an III (= 1794) ; Henri Wallon, Histoire du Tribunal
révolutionnaire de Paris, 6 vols, Paris, Hachette, 1882 ; et Liste des victimes du Tribunal
révolutionnaire à Paris dressée dans Гordre chronologique des exécutions, suivie d'un relevé parjournée
et d'un répertoire alphabétique, Paris, Picard et fils, 1911. _____
CARLA HESSE
Caria Hesse
University of California, Berkeley
46 -Mona Ozouf, La fête révolutionnaire, Paris, Gallimard, [1976] 1988; Lynn Hunt,
Politics, Culture and Class..., op. cit. ; Antoine de Baecque, Le corps de l'histoire..., op. cit. ' лJ