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Janin Raymond. Les églises et monastères de Constantinople byzantine. In: Revue des études byzantines, tome 9, 1951. pp.
143-153;
doi : https://doi.org/10.3406/rebyz.1951.1039
https://www.persee.fr/doc/rebyz_0766-5598_1951_num_9_1_1039
Considerations générales.
2. Les monastères.
Si l'on en croyait les patriographes, la vie religieuse aurait fait son
apparition à Constantinople sous Constantin le Grand. En effet, ils
font remonter au règne de ce prince la fondation d'une douzaine de
monastères, dont ils attribuent la construction soit à l'empereur
lui-même, soit à sa mère sainte Hélène, soit à divers personnages
officiels dont l'identité est peut-être douteuse. C'est la thèse que
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jadis par saint Basile et qui était à peu près partout la même. La seule
forme de vie religieuse acceptée à Constantinople fut la vie cénobitique,
mais on trouve quelques solitaires et même quelques stylites et un
certain nombre de reclus et de recluses. Le moine et la moniale se
consacrent essentiellement à la prière publique et à la pénitence dont
le travail manuel n'est qu'une forme. Ils n'exercent point d'apostolat
extérieur, sauf en de rares circonstances, surtout pendant les
controverses théologiques ou maints parloirs voient se tenir de véritables
conférences. Par contre, ils s'adonnent volontiers au soin des pauvres
et des infirmes pour qui sont établis des hospices près des couvents.
Si chaque monastère a sa vie particulière, ceux de la capitale habités
par des hommes sont sous la direction de l'archimandrite de celui
de Dalmate, au moins jusqu'à la persécution iconoclaste. Il porte
le titre d' « exarque des monastères » que lui a conféré le concile
d'Ephèse (431) à cause de sa courageuse attitude dans la défense de
l'orthodoxie et aussi parce qu'il est le premier fondé à
Constantinople (1). Toutefois son autorité ne peut s'exercer que sur un petit
nombre de cas; il sert surtout d'intermédiaire entre l'évêque et les
monastères de l'éparchie.
L'État se préoccupe beaucoup des couvents qui peuv.ent être à
l'occasion le lieu de violentes querelles religieuses, comme on le voit
en Syrie, en Palestine et en Egypte au vie siècle au moment des troubles
suscités par le monophysisme. Dans la capitale l'empereur maintient
plus facilement l'ordre et la paix. C'est pour unifier la législation
monastique que Justinien publia sa novelle 5 qui fixa la durée du
noviciat à trois ans et donna aux moines et aux moniales une foule de
conseils et de prescriptions (2). Les conciles et surtout celui de 691-
692 appelé Quinisexte ou in Truïlo en ajoutèrent bien d'autres dont
plusieurs ne furent d'ailleurs jamais mis en pratique. A partir du
ixe siècle apparaissent les Typika ou Chartes de fondation qui
s'inspirent le plus souvent du règlement adopté par la Laure de Saint-
Sabas en Palestine. Ces typika se font des emprunts mutuels et certains
deviennent finalement des modèles que l'on imite en divers pays. Ils
s'occupent surtout du gouvernement du monastère, des prescriptions
liturgiques, des exercices de pénitence et des obligations envers les
fondateurs et les bienfaiteurs défunts. La plupart énumèrent les
propriétés attribuées au monastère et qui sont parfois considérables.
Il en est qui accordent au couvent la pleine indépendance vis-à-vis