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REVUE MARITIME -NAVIGATION ET PÊCHES MARITIMES

Septembre 1909

CONDITIONS DE LA PÊCHE A ROSCOFF


ET ENGINS DE PÉCHE EMPLOYÉS DANS LA RÉGION
Voici quelques notes que j'ai recueillies, soit personnellement, soit auprès des pêcheurs, sur les
engins de pêche en usage parmi les inscrits du port de Roscoff. Durant le temps que j'ai passé
dans cette ville, d'août 1907 à octobre 1908, je me suis appliqué à connaître non seulement la
théorie, mais aussi et surtout la pratique de ces différents engins.
Antérieurement, au cours d'une étude sur les grands filets de la baie du Mont-Saint-Michel, je pus
vous adresser la liste des engins utilisés dans lest de cette baie: il serait, je crois, intéressant de
grouper ainsi un certain nombre de documents dont la synthèse permettrait de caractériser les
engins d'une zone et appropriés à un facies.
D'ores et delà nous pouvons comparer les engins de pêche des régions sableuses de la baie du
Mont Saint-Michel à ceux de la côte rocheuse de Roscoff.
Les engins de pêche employés à Roscoff sont les suivants:
1. lignes de fond,
2. lignes à main,
3. filets à mulets,
4. filets à mies,
5. tramails calés,
6. sennes à lançon, carrelets ou guidels,
7. dragues,
8. casier à homards,
9. havenets, ou havaneaux, Bichettes
10.faucilles, baz-crocs,
11. anspects,
12.gaffe.

Nous étudierons dans quelles conditions ces engins sont usités dans les baies de Roscoff et de
Morlaix.

1. - Lignes de fond

Les lignes de fond sont le principal engin de Roscoff, car elles assurent la pêche principale,
caractéristique du pays; celle des raies et des congres.
Les pièces de lignes sont achetées à Rennes. Chaque pièce a une longueur de 70 brasses, soit
120 mètres. Chaque bateau a 40 pièces de ces lignes, représentant une longueur totale de 4,800
mètres. A ces lignes, sont attachées de 1,200 à 1,400 lignettes de corde plus fine, portant
chacune un hameçon.
Les extrémités de la ligne sont coulées dans des repères bien observés, à l'aide de grosses
pierres dont la place est marquée à la surface par une bouée et des flotteurs de liège disposés le
long d'un orin attaché à la pierre qui sert de mouille.
Les lignes restent ainsi sur le fond pendant la durée d'une marée; puis les pêcheurs viennent. les
relever et après les avoir retrouvées, grâce aux repères et à la bouée que leur œil exercé
découvre de fort loin, même dans les temps brumeux, les remontent à bras, les mains munies de
gants. Quatre hommes tirent sur les lignes et celui qui se trouve contre le bastingage du bateau
surveille la remontée à bord des poissons qu’il fait sauter à bord d'un coup de gaffe. Quand on ne
pêche pas les lignes sont robées dans des paniers. au nombre de dix.
Le prix de revient des lignes de fond s’élève à 600 francs.
Chaque pièce de ligne vaut en effet 11 francs, le taille d'hameçons coûte 30 francs, ce qui
représente, avec les lignettes, une valeur de 110 francs. Il faut ajouter le prix des bouées, des
orins, des flotteurs.
Les lignes de fond sont jetées, en général, à une distance de 5 à 6 milles de la côte, sur des
fonds connus dont les repères sont transmis par la tradition.
Ces ligues de fond sont boëttées avec les animaux les plus variés. Mais les boëttes qui sont
préférées et d'un meilleur rapport sont :
• Les lançons, en été (Ammodytes).
• Les prêtres, en hiver (Attrenia).
• Les encornés, en hiver (Loligo).
• Les roussettes, en tout temps (Scyllium).
Mais la boëtte par excellence était la sardines dont l'absence a modifié les conditions de la
pêche.
Le maquereau est un excellent appât pour le turbot.

2 - Lignes à main.
Les lignes à main sont utilisées dans les, petits bateaux pour pêcher les maquereaux, les lieux,
les vieilles, les bars.
Les lignes à maquereau sont en fil solide; le pêcheur en tient une extrémité. L’extrémité libre est
double; un fil tient l’hameçon, l'autre porte un poids assez lourd pour empêcher, malgré la vitesse
du bateau, la ligne de sortir de l'eau. Le maquereau se pêche, en effet, en marche ou en dérive.
On boëtte pour le maquereau avec un objet brillant, un morceau de poisson argenté, un tuyau de
pipe ou de préférence un filet d'un maquereau-au fraîchement péché.
Les gonelles sont recherchées pour le bar.
Pour les lieux, les vieilles, les pêcheurs appâtent avec des annélides, qu'ils désignent sous le
nom de ver noir (Arenicola piscatorum), de gravette (Nereïs), de pistis (Marphysa).
Les bars sont péchés au milieu des rochers, dans les brisants et dans la zone des laminaires qui
forme une ceinture autour des récifs.

3. - Filets à mulets
Ces filets sont des filets calés d'une hauteur de 2 mètres sur une longueur de 28 mètres; les
mailles de ce filet ont 0m,035 au carré. La ralingue supérieure est liégée.
On forme souvent barrage en ajoutant quatre ou cinq filets bout à bout.
A marée basse, le filet est tendu perpendiculairement à la côte, dans une région de courants
forts.
A la mer haute, les mulets se prennent en se maillant.
La pêche est plus fructueuse de nuit ou par temps agité, car le poisson voit moins bien le filet.
Les pêcheurs tirent les places au sort et ont installé une sorte de roulement par une commune
entente.
Cette pêche se pratique surtout eu hiver et au printemps.
Les principaux endroits de pose des filets sont sur la côte est de la pointe de Roscoff.
Le rapport de cette pêche est plutôt faible pour le mal quelle donne et les risques que courent les
filets souvent posés par gros temps.

4 - Filets à raies.
Les filets à raies ont 1 mètre de hauteur et de très grandes mailles, 20 centimètres au carré,
environ. Ce filet est maintenu sur le fond par des cailloux de lest et a la ralingue supérieure
liégée.
Ce filet est surtout employé en été pour prendre des raies, des turbots, des langoustes.
Les poissons butent contre le filet et, se sentant arrêtés, font des soubresauts qui les entortillent
dans le filet.

5 - Tramails.
Le tramail est formé de trois nappes de filets superposées.
Les deux nappes externes sont formées par un filet à larges mailles comme le filet à raies. La
nappe médiane est un filet à mailles de 0m,025 au carré.
Ce filet est plus grand que les autres, de telle sorte qu'il se trouve détendu et lâchement flottant.
L'influence du courant fait former, soit dans un sens soit dans l'autre, des poches, des bourses où
se prend le poisson. Ces poches sont formées par le filet médian qui fait hernie à travers les
grandes mailles des filets externes. Les tramails sont placés dans les courants.
La hauteur du tramail est de 1 m 50, sur une longueur de 40 mètres. La ralingue supérieure est
liégée, l'autre calée au fond avec du plomb.
Les araignées de mer (Maïa) sont très nuisibles à ces filets qu'elles coupent et détériorent quand
elles sont prises.

6 - Sennes à lançon.
Les bateaux qui pêchent aux lignes de fond s'associent par deux pour senner le lançon qui sert
de boëtte en été.
Il faut en effet dix hommes pour manoeuvrer ce filet.
La senne est un long filet qui comprend une partie centrale formée de très petites mailles à
0m,014 par exemple.
De chaque côté se trouve un filet à mailles -de 0m,025 au carré.
La hauteur du filet est d'environ 2 mètres et sa longueur totale peut atteindre de 100 ou 120
mètres.
Le bord supérieur est ralingué et lesté en liège; la ralingue inférieure est calée avec des plaques
de plomb ou des ardoises.
Les ralingues sont écartées aux extrémités par un bâton auquel est amarré un orin qui augmente
l'étendue de la zone qui est cernée par la senne.
On peut senner à terre ou en bateau.
Pour senner à terre, un ou deux hommes restent sur le rivage, tenant le bout d'un orin, tandis que
les autres senneurs quittent la rive et décrivent un grand circuit et lâchent dans le sens du
courant successivement l’orin, le filet à mailles -moyenne, le filet à petites mailles, puis reviennent
vers la terre en jetant l'autre filet à mailles de 0m,025 et l’orin qui est maintenu à-la rive.
Les senneurs se répartissent en deux groupes égaux et se mettent à tirer le filet hors de l'eau en
se rapprochant peu à peu.
Quand le filet sort de l'eau, une partie des pêcheurs tire de chaque côté les plombs avec la même
vitesse qu'une autre partie qui -tire les lièges. La plus grande partie du poisson se trouve-dans la
poche que forme le fond du filet.
Pour senner en bateau, une barque reste fixe et représente l'équipe de terre, tandis qu'une autre
circonscrit une grande roue avec la senne, puis se place à côté de la première. Le filet est relevé
entre les deux bateaux.
On senne le plus souvent à marée basse.
La senne est, en général, usitée sur les bancs de sable. Mais le lançon semblant avoir quitté les
bancs sableux où on le prenait avec les vives (Trachinus), les plies (Platema), les soles (Solea),
s'est réfugié dans des criques rocheuses à fond de sable.
Malgré les risques que court le filet, c’est maintenant sous ces criques que sennent les pêcheurs.
La concurrence et l’émulation rendent les sonnes de plus en grandes. Le prix d'un engin de
grande taille est de 450 francs.
7 - Carrelet ou Guidel.
Le guidel sert à pêcher les Athemis utilisés pour la boëtte.
C’est une grande poche de filet d'une profondeur de 4 mètres, tendue sur un cercle de fer de 16
mètres de circonférence.
On fixe le filet, pour le manoeuvrer, à une poulie, dans les mâts, et on le coule quelques minutes.
On appâte au-dessus avec des crabes, des roussettes bouillies. Quand on le juge plein, le guidel
est hissé à bord. Il est employé, l'hiver, dans les herbiers de Zostères. Le prix du filet est de 40
francs, sans le montage.

8 - Dragues
Les dragues sont utilisées par les gabares qui pêchent les algues calcaires (Lithothaumion) ou
maërl pour les exploiter comme engrais.
C’est un cadre rectangulaire de fer, à bords tranchants, auquel est fixé un sac de filet en forte
corde, peu profond. Un collier de fer amarre la drague. Elle est traînée sur le fond quelques
minutes, puis remontée à bord et vidée dans la gabare. La pêche commence à la mi-marée du
jusant et se continue jusque vers une heure on deux heures après la marée basse.
Le produit moyen de la -vente d'une gabare remplie, déchargée à quai est de 12 francs.

9 - Havenets ou Havaneaux. Bichettes.


Ces filets emmanchés sont, comme partout, utilisés à la pêche de la crevette dans les herbiers de
Zostères.
Cette sorte de pêche est surtout faite parles femmes et les enfants et est d'un très faible rapport
dans la région roscovite.

10 - Casiers à homards.
Ces casiers sont également typiques, sans modification locale. On les appâte avec des restes de
poissons et des crabes écrasés. Ils sont coulés au fond, et leur place est marquée à l'aide d'un
petit flotteur.

11 - Faucilles
Les faucilles sont utilisées pour la pêche du lançon sur lés bancs de sable. Le lançon est saisi
entre la faucille et la main.
J'ai remplacé avantageusement la faucille, ayant eu besoin de vives, par une fourche à manche
court et à dents recourbées.

12 - Gaffes
Une gaffe courte sert à pêcher les encornés (Loligo).
De nuit, l'encorné paraît blanc comme une bougie et l'encre qu'il lance est aussi d'un blanc
phosphorescent.
On boëtte une ligne avec de petits lieux, et aussitôt que le calmar a happé la boëtte avec ses
ventouses, on le « driffe » avec une courte gaffe.

11 - Baz-Croc.
Le baz-croc est. un bâton terminé par un crochet ou une tige de fer recourbée à un extrémité qui
sert à faire sortir les homards ou les poulpes des crevasses où ils se cachent (baz-(breton)
bâton).

12 – Anspect
J'ai déjà eu l'honneur de faire un rapport contre cet engin, et je ne citerai que pour mémoire son
usage et les griefs que-je lui imputai :

L'anspect est un bâton qui sert de levier pour retourner ou secouer les pierres, sous lesquelles se
cachent les petits congres.
Cet engin est extrêmement nuisible, en effet :
• 1° - Il écrase, par le mouvement de la pierre, tous les animaux comestibles qui se trouvent
dessous .- crabes, motelles, ainsi que les animaux qui ont un intérêt pour la boëtte (vers)
et la nourriture des espèces comestibles ;
• 2° - Il dépeuple, en tuant, à l'état de jeunes, les congres qui, adultes, sont une des
ressources de la pêche hauturière;
• 3° - Les pierres retournées n'étant pas remises en place, tout ce qui se trouve à la face
inférieure meurt, et les algues qui se trouvent prises sous la pierre deviennent un foyer du
putréfaction;
• 4° Cet engin n'est employé que par les pêcheurs à pied, non inscrits, qui occupent ainsi
les dimanches de grande marée et produisent, pour un gain insignifiant, des dégâts
considérables.

Tels sont les principaux engins en usage dans les baies de Roscoff et de Morlaix et employés au
large par les pêcheurs de ces baies.
La chalutage était autrefois autorisé dans cette région, mais par un décret du 25 septembre 1907,
« l'usage du chalut a été interdit dans la rade de Morlaix et dans la partie de mer qui s'étend
autour de la baie de Santec, jusqu'à une ligne tirée du rocher Roc'h Haro à la pointe occidentale
de l’île de Batz et englobant notamment la roche Golc'h Heder et l’île de Sieck. »
Ce décret fui rendu pour essayer d'empêcher la fuite de la sardine qui fréquente encore la baie
de l’île de Sieck. Je le cite ici à cause de son intérêt historique dans l'histoire des engins de
pêche de cette région.
La senne à lançon a été sur le point, maintes fois, d'être supprimée et cette question est encore à
l'ordre du jour.
Dans les nombreuses pêches auxquelles j'ai assisté, je n'ai jamais remarqué de destruction de
fretin, mais-je ne veux émettre ici aucune opinion, me considérant encore comme mal documenté.

Rapport de M. DANOIS, naturaliste du Service scientifique des Pêches maritime,


du 15 février 1909
Je me propose d'examiner ici:
• Les bateaux et les pêcheurs;
• La répartition des bénéfices et frais de pêche
• Le mode et le tonnage des expéditions
• La vente du poisson;
• Le rapport de la pêche.

A - Les bateaux et les pêcheurs.

La pêche principale de Roscoff est celle des congres, raies et turbots au moyen de lignes de
fond. Ces lignes sont placées à une distance de 4 à 6 milles de la côte.
Les bateaux qui vont poser ces lignes sont des cotres de vingt tonneaux, montés par cinq
hommes d’équipage, dont le patron.
Ces bateaux sont associés par deux pour senner, car la manoeuvre de la grande senne à lançon
nécessite dix hommes.
D’autres bateaux plus petits, cotres ou bateaux à misaine ont un équipage composé de deux
hommes, un patron et un matelot (ou un mousse). Ces bateaux exercent la pêche aux lignes à
main, aux filets à raies, aux tramails et posent des casiers à homards.
Ces bateaux sont construits soit à Roscoff même soit à Carantec.
Les pêcheurs sont au nombre d'une centaine, tous inscrits -maritimes. D'un grand courage et
d'une grande force, de résistance, ils sortent en mer par tous les temps, de nuit et de jour, pour
se livrer à leur rude labeur. Il est seulement à déplorer la tendance malheureuse à l’alcoolisme de
cette intéressante population.

B. - Organisation des frais de la pêche.

Les bénéfices et frais de pêche sont organisés de la façon suivante :


Sur les bénéfices, on fait, dans un cotre monté par cinq hommes, six parts :
• 1 part pour le patron;
• 1 part pour le bateau;
• 4 parts pour les matelots.
Le patron touche la part du bateau.
Quand il y a un armateur distinct du patron, la part du bateau est divisée :
• 1/4 pour le patron;
• 3/4 pour l'armateur.
Les frais sont répartis en ce qui concerne l’achat des engins entre le patron et l'équipage.
Les frais du bateau regardent le patron seul ou l’armateur seul quand celui-ci n'est pas le patron.
Je rappelle ici le prix de revient des principaux engins
Lignes de fond, 40 pièces montées – 600 francs
Sennes à lançon, 120 mètres – 450 francs
Carrelet ou guidel, non monté – 40 francs
Le prix d'un cotre de vingt tonneaux est environ de 1,500 francs.

C. - Expédition du poisson

Pendant le retour de la pêche, les poissons sont préparés pour l'expédition. Les pêcheurs
coupent la tète des congres, vident les grandes raies et n'en gardent que les ailerons, rejetant
tout l'axe du corps, du bec à l’extrémité de la caudale.
Des voitures attendent au bord de l'eau le retour des pêcheurs pour expédier le poisson à la gare
et apportent les paniers d'expédition. Ces paniers sont des mannes d'une profondeur de 50
centimètres. Chacun d"eux contient 50 kilos de poissons. Chacun d'eux coûte aux pêcheurs 1
franc pièce.
Le poisson expédié le matin parvient à Paris pour la vente aux Halles à 5 heures du lendemain
matin. Cette rapidité de transport exclut, même en été, l'emploi de mélanges réfrigérants: les sont
simplement enveloppés dans la paille.
Après la vente, les paniers sont retournés aux pêcheurs à tarif réduit. Il faut du reste noter qu’il
s’en perd souvent une très grande quantité en cours de route, jusqu'à une proportion de 1 sur 2,
par suite d'une insuffisance de surveillance de la part des chemins de fer. Ces pertes diminuent
encore les bénéfices restreints des pêcheurs.

Voici dans ces deux dernières années, le tonnage des expéditions en gare du port de Roscoff:

Poids en kilos 1907 1907


Janvier 16,500 23,500
Février 20,400 11,000
Mars 22,100 25,450
Avril 35,750 22,650
Mai 42,800 39,750
Juin 47,550 83,700
Juillet 57,750 67,1250
Août 44,800 41,050
Septembre 19,200 49,050
Octobre 16,750 20,200
Novembre 10,500 8,430
Décembre 8,100 4,650
Total par année 342,150 389,750

D'après cette courbe, on peut noter immédiatement les caractères,communs des deux années de
pêche; la hausse du tonnage de la pêche en été, avec une baisse profonde l'hiver, Cette baisse
est beaucoup plus en rapport avec l'impossibilité de pécher', par suite du mauvais temps, qu'avec
une diminution du poisson sur la côte.
Le maximum de la courbe est au début ou à la fin du mois de juillet, et aussitôt après une
descente brusque se produit.
Si nous voulons comparer ces deux années de pêche, il suffit, comme nous l'avons fait plus loin,
de superposer les deux courbes.
L'année 1908 a été nettement meilleure : une différence de près de 50,000 kilogrammes fait de
1908 une excellente année de pêche.
Le mouvement général des deux courbes est exactement le même, car nous ne devons pas tenir
compte des mois de janvier et de septembre 1908 qui, très productifs, ont amené une petite
hausse retardant d'un mois la marche normale de la courbe.
Jusqu'à la fin de mai des deux années, l'ascension est presque parallèle: seulement, en juin,
nous avons ce saut brusque à plus de 80,000 kilos qui donne l'avantage à l'année 1908. Mais
aussitôt les expéditions baissent très rapidement.
L'égalité s'établit presque exactement en fin août et, à part la courte hausse de septembre 1908,
la descente s'établit parallèle vers la fin de décembre.
En hiver ou quand le cours des halles est avantageux, les poissons fins, comme les mulets (G.
Mugil), sont expédiés par colis postaux. Une faible quantité de poissons est expédiée de cette
façon.

D. - Vente du poisson.

Très peu de poissons sont vendus dans les villes environnantes. Les hôtels de Roscoff, en été,
sont fournis par des marchés et des contrats spéciaux avec des mareyeurs. La presque totalité
des poissons est expédiée sur Paris, de telle sorte que les courbes ci-jointes indiqueraient
presque exactement les variations de toute la quantité de poisson pêchée à Roscoff.
Sur le marché des halles, les pêcheurs sont remplacés par le système peu avantageux pour eux,
en général, des mandataires. Un essai de représentation par un pêcheur n'a pas donné de
meilleurs résultats, bien au contraire, car cet homme simple ne comprenait rien aux multiples
combinaisons de la vente des balles.

La vente moyenne du panier de 50 kilos varie entre 6 à 15 francs. Les hausses sont en rapport
avec la saison et la rareté ou l'abondance du poisson dans les autres ports d'expédition.

E. - Rapport de la pêche.

Les statistiques maritimes estiment en général la valeur du kilogramme de poisson vendu à 0


franc 30.
Ce chiffre, basé sur l'observation, est assez juste.
En l'adoptant, nous voyons que le produit de la pêche annuelle a été, en 1907, d'environ 100,000
francs et en 1908, d'environ 120,000 francs.
Ce chiffre total, réparti entre les 100 hommes qui s'occupent de la pêche à Roscoff, donne une
moyenne individuelle de 1,000 à 1,200 francs par homme.
C'est là, du reste, d'après les indications que j'ai obtenues, le rapport moyen d'une année de
pêche. Cette somme permettrait une vie modeste dans la Bretagne, où le prix des denrées est
peu élevé, mais l'alcoolisme et une imprévoyance absolue amènent rapidement, en hiver et
quand le poisson manque, la misère.

Rapport de Af. DANOIS, naturaliste du Service scientifique des Pêches maritimes,


du. 16 février 1909

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