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S I MO N Q UINN
Toute idée est une incitation. On peut y croire et, le cas échéant, agir
en en conséquence, à moins qu’une autre idée ne la supplante
ou qu’un manque d’énergie n’étouffe le mouvement à sa naissance.
La seule différence entre l’expression d’une opinion et une incitation
au sens le plus étroit est l’enthousiasme que montre l’orateur vis-à-vis
des effets qu’elle produit ; l’éloquence peut enflammer la raison.
Juge de la Cour suprême Oliver Wendell Holmes, dissident dans le cas
Gitlow contre l’État de New York (1925) 268 US 652
Remerciements. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xvii
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
. . . . . . . . . .
Comment utiliser ce livre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
.
Débattre : une introduction générale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Chapitre un : Préparation. . . . . . . . . . . . . . . 9
. . . . . .
Présentation générale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
..
Étape 1 : la question et la définition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
. Identifier le champ de bataille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
. . Identifier la question. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
.La définition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Quelle est la définition ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Comment définir une motion. . . . . . . . . . . . . . . . . 13
.Limiter
.. les motions en fonction de la définition. . . . . 15
.La. .nécessité
. . . . . . .d’une définition neutre. . . . . . . . . . . . . 17
Le droit. de définition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
. Aucun droit exclusif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
. Définition plus raisonnable. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
.Définition
.... plus proche de la question réelle posée
par la motion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Droit exclusif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
.
Déclencheurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
. . . Déclencheurs
.. concernant ce que votre équipe doit
prouver . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Devrait. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
.Trop.
... ................................... 29
.Échec.
... .................................. 29
.Motions
... de type « Grand ballon rouge ». . . . . . . . . . 31
....
Déclencheurs concernant dans quelle mesure votre
équipe doit prouver sa thèse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
..........
Vérités générales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
.Motions
... de type « Absolue ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
.Motions
... de type « Justifier ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
.Les. . .pronoms prêtant à confusion « Nous »
et « Notre/Nos » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
.
Déclencheurs concernant le développement de votre . . . 39
. . . Les. argumentation . . . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. . . . . . . . . . . . .
débats de comparaison 39
.Les. . débats
. sur une époque ou une génération
spécifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Déclencheurs concernant les avertissments . . . . . . . . . . . 42
. . . Les. débats axés sur des conjectures . . . . . . . . . . . . . 43
.Sensibilités
..... .............................. 43
.....
Étape 2 : l’approche argumentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
. . . Le
. . thème ou ligne argumentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
. . . Combien
. de fois le thème doit-il être utilisé ? . . . . . . . . 47
.Comment
.... le thème doit-il être présenté ? . . . . . . . . . . . 48
. . . . .
La position de l’équipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
. . . Un
. . modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
. . . Quel
. . niveau de spécificité doit avoir le modèle ? . . . 51
Une. .alternative
... de l’opposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
. . . Une. alternative est-elle vraiment nécessaire ? . . . . . . 53
L’alternative et la motion s’excluent-elles
mutuellement ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
L’opposition non valable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
.Définir
. . . . des limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
.Une
. . . position
. sur des questions connexes . . . . . . . . . . . . 61
.......
Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217
Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
.
Jeux et activités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
Introduction au débat. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
. Préparation du groupe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
.Débat
. forum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
Comprendre la théorie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
Culture générale et actualité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
Jeu des noms. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
.
Aptitudes stylistiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 226
. . . Éléments
... de style. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 226
.
Compétences en matière de préparation et de prestation. . . 228
. Exercices de préparation courte . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228
.Débats
. avec temps de préparation très limité. . . . . . . . . 229
.Changer
. . . . . . les
. . rôles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230
.Brouiller les débats. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
Débats à argumentaire surprise. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
.Débat
. . . . de type interrogation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
....
Motions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
Simon Quinn
Septembre 2009
Introduction
Introduction 3
D É B U T A N T
Président
Zone oratoire
Public
Juge
Introduction 5
Les participants parlent dans l’ordre, en alternant les parties.
L’équipe de la proposition parle en premier. Le schéma ci-dessous
le montre.
Proposition Opposition
Première proposition
Première opposition
Deuxième proposition
Deuxième opposition
Troisième proposition
Troisième opposition
Introduction 7
CHAPITRE UN :
Préparation
DÉBUTANT
Présentation générale
Pour gagner un débat, vous devez :
1. Donner de bonnes raisons pour lesquelles votre motion est vraie
2. Montrer pourquoi les raisons de votre opposition sont fausses (réfutation).
ID E N T IF I E R L A QU E S T I ON
Chapitre un : Préparation 11
tout le débat se résumerait par une longue liste de choses grandes
et petites qui sont « bonnes » et « mauvaises », respectivement. Dans ce
cas, vous devez choisir une autre question. Par exemple, la question
pourrait être de savoir si nous devrions nous réjouir de la
mondialisation (qui rend les cultures, les institutions, et les économies
« plus grandes »). De même, il peut également s’agir d’un débat sur
le rôle de la publicité et de la culture populaire sur l’image que nous
nous faisons de nous-mêmes ; l’équipe de la proposition pourrait faire
valoir que « ce qui est grand est beau, c’est pourquoi le gouvernement
doit interdire les images de physiques irréalistes. C’est bien cela la
question principale du débat ». Au lieu de choisir systématiquement la
question la plus générale, la meilleure approche consiste à sélectionner la
question que vous considérez comme la plus controversée pour les deux côtés.
Malheureusement, il n’est pas possible d’être plus précis que cela.
Il existe une règle essentielle sur les motions imprécises : peu importe
la difficulté d’identifier une question, vous devez identifier une question et
une seule ! Par exemple, la motion : « Cette Chambre estime que ce
qui est grand est beau » peut se référer à la mondialisation, ou elle peut
concerner les représentations par les médias d’images du corps, mais elle
ne peut pas porter sur les deux sujets à la fois. Chaque question peut faire
l’objet d’un grand débat, mais une combinaison désordonnée des deux
n’en ferait pas un. Choisissez une question centrale et tenez-vous-y !
Prenons l’exemple de la motion : « Cette Chambre estime que
deux superpuissances valent mieux qu’une ». L’équipe de la
proposition a analysé si le monde était plus stable et pacifique avec une
superpuissance politique et militaire (soit les États-Unis) ou avec deux
(soit la situation au cours de la guerre froide où les États-Unis et
l’Union soviétique étaient des superpuissances). L’équipe de
l’opposition a cependant tenté de débattre de nombreuses questions,
son argumentation allait de sujets aussi variés que la politique,
l’économie et la culture pop, considérant qu’avoir moins de quelque
chose est mieux que d’avoir plus de cette même chose. Hormis rater le
véritable enjeu, l’équipe avait commis une erreur stratégique énorme
en essayant de traiter plus d’une question plutôt que d’en traiter une
centrale.
Après avoir pris une décision sur la question générale à débattre,
il est temps de se prononcer sur la signification spécifique et précise de
la motion : une définition est nécessaire.
Q ue l l e est la d é f in i ti on ?
Co m me nt d é f in ir u ne m ot ion
Chapitre un : Préparation 13
Définir les termes de la motion, et non pas chaque mot. Ce n’est pas
incorrect que de définir chaque mot individuellement. Cependant,
vous devez choisir les termes et les mots à définir, principalement
pour les deux raisons suivantes :
1. La définition de nombreux mots (comme « un » ou « la ») est à la
fois confuse et détermine une perte de temps (par exemple, il n’est
pas nécessaire de dire, « Nous définissons le mot « un » comme un
article indéfini impersonnel qui précède les noms commençant
avec des consonnes » !).
2. Souvent, les mots peuvent avoir des significations très différentes
quand ils sont regroupés. Supposons par exemple la motion :
« Cette Chambre estime que nous devrions soutenir ce qui est
politiquement correct ». La « Rectitude politique » a bien entendu
une signification particulière en tant que terme. Toutefois, si vous
définissez les deux mots séparément, vous allez analyser s’il est
profitable pour un homme politique de se comporter
correctement. Cet argument n’est évidemment pas la question
du débat ; en fait, une telle définition serait déraisonnable.
INTERMÉDIAIRE
Sur le plan technique (que les orateurs novices n’ont pas besoin
de se rappeler), les définitions biaisées ont généralement (mais pas
toujours) pour conséquence de provoquer des arguments déloyaux,
les truismes et les tautologies. Autrement dit, une définition basée sur
un truisme crée un argument partial ; une définition tautologique
empêche tout argument.
Chapitre un : Préparation 17
Une tautologie est un argument qui est vrai du point de vue logique.
Autrement dit, peu importe vos opinions, vous ne pouvez pas vous
y opposer. Prenons par exemple la motion : « Cette Chambre estime
que nous devons enfreindre les lois absurdes ». Si la proposition définit
une loi absurde comme « une loi à laquelle il est impossible d’obéir »,
l’équipe fera valoir que « Nous devons enfreindre les lois si ces
dernières sont impossibles à respecter ». Mis à part le fait que l’équipe
est hors sujet (si nous sommes obligés d’obéir ou non aux lois injustes),
elle s’appuie sur une tautologie. Pourquoi ? Si la définition de la
proposition est acceptée, la motion est vraie par définition : l’équipe de
l’opposition ne peut pas faire valoir qu’il faut respecter les lois qui sont
impossibles à respecter. Une telle définition empêche tout débat.
Un truisme est un argument auquel vous ne devez pas vous opposer (par
opposition à une tautologie, qui est un argument auquel il est impossible
de s’opposer). Prenons l’exemple de la motion « Cette Chambre estime
que le consumérisme est la religion d’aujourd’hui ». Une équipe
de l’opposition définit la « religion » au sens littéral, et défend l’idée
selon laquelle « Le consumérisme n’est pas la religion aujourd’hui car
il ne permet pas une compréhension de la nature fondamentale de la vie
et de l’univers ». Il s’agit d’un truisme ; logiquement, une équipe de la
proposition pourrait considérer que le consumérisme donne une vision
religieuse, mais elle aurait beaucoup de mal à justifier son argument ! Par
conséquent, la définition de l’équipe de l’opposition est illogique.
Ce problème aurait pu être évité si l’équipe de l’opposition avait adopté
une approche neutre lors de l’identification de la question du débat
(à savoir, l’importance de la consommation dans la société moderne).
De même, prenons par exemple la motion : « Cette Chambre
estime que nous devons accorder plus d’attention à l’environnement ».
L’équipe de la proposition définit « l’environnement » comme
signifiant essentiellement « l’environnement politique, économique
et sociale d’un État ». Selon cette définition, la proposition fait valoir
essentiellement que « nous devons accorder plus d’attention aux
questions importantes qui nous touchent ». Il s’agit d’un truisme ;
en dehors du fait qu’il ne s’agit clairement pas du sujet du débat, il est
presque impossible de s’attendre à ce que l’équipe de l’opposition fasse
valoir que nous ne devons pas accorder plus d’attention à ces
questions.
Chapitre un : Préparation 19
Dans l’ensemble, l’approche est simple. Si, à la réception de la
motion vous vous demandez : « Comment pouvons-nous utiliser
la définition à notre avantage? », vous courrez un réel risque de créer
une définition déloyale, soit illogique soit éloignée du sens ordinaire
de la motion. En revanche, si vous vous demandez : « Quel est
en principe le sujet du débat ? », créerez une définition cohérente par
rapport au sens de la motion et vous aurez de biens meilleures chances
d’aboutir à une bonne définition. Au moment de choisir votre définition,
moins vous vous soucierez de votre interprétation de la motion plus vous aurez
de chances de gagner le débat.
Le droit de définition
La définition devient plus compliquée lorsque les deux équipes ont
une interprétation différente de la motion. Dans le chapitre sur
la réfutation, nous examinerons plus en détail quelle est la meilleure
approche dans ce type de situation. Pour l’instant, nous nous
demanderons simplement : « Laquelle des deux définitions proposées
par les équipes sera retenue acceptable pour le débat ? ».
Deux règles très différentes peuvent s’appliquer dans ce cas :
1. Aucun droit exclusif de définition, ou
2. Droit exclusif de définition.
AU C U N D RO I T E XC L U S I F
Déf i n it io n p lu s ra i sonn a bl e
Déf i n it io n p lu s pr o c he d e la q u est i on
ré e ll e p osé e pa r la mot i on
Pour montrer que votre définition est plus proche de la question réelle
posée par la motion, vous devez (évidemment) montrer quelle est cette
question ou ce qu’elle devrait être.
La meilleure façon de faire consiste à se référer à l’actualité,
essentiellement en disant : « Notre définition reflète le vrai débat en
cours dans la société ». Prenons l’exemple de la motion : « Cette
Chambre estime que ce qui est grand est beau ». Supposons que votre
opposition a donné une définition portant sur les stéréotypes irréalistes
proposés par le secteur de la mode, alors que votre définition se réfère à
la mondialisation et au régionalisme. Vous pourriez faire valoir que
votre définition est plus proche de la question réelle posée par la
motion en affirmant que la mondialisation est une question plus
importante pour la société que les stéréotypes de la mode. Il est
important d’utiliser des exemples récents pour montrer que la question
choisie est plus pertinente et d’actualité dans notre société. Par
exemple, les récentes protestations suscitées par la mondialisation sont
utiles pour montrer que votre équipe a choisi le véritable enjeu de la
motion proposée ci-dessus.
Bien sûr, cela ne signifie pas que vous devez toujours choisir la uestion
la plus importante ou actuelle au moment de définir votre motion. En
fin de compte, comme tant d’autres choses en matière de débat, cela
dépend du contexte. Si le sens ordinaire des mots de la motion ont trait à
Chapitre un : Préparation 21
une question qui n’est pas particulièrement digne d’intérêt ou actuelle,
vous devez tout de même la traiter.
Un autre moyen efficace (et assez évident) de montrer que votre
définition est plus proche de la véritable signification de la motion est
de faire référence aux termes spécifiques de la motion. Prenons par
exemple la motion : « Cette Chambre estime que les équipes de sport
universitaires ne devraient pas accepter le parrainage d’entreprise ».
Supposons que votre équipe a choisi une définition qui se rapporte aux
équipes de sport, et que vos adversaires l’ont choisie en se rapportant
aux équipes de sport et aux joueurs individuels de ces équipes (par exemple,
la signature de contrats de parrainage individuels). Vous pourriez
légitimement faire valoir que votre définition est la bonne puisque
la motion a été expressément limitée aux équipes de sport universitaires.
Il semble évident que cet argument est bon, mais il arrive facilement
d’oublier de se référer aux termes mêmes de la motion alors que ces
derniers peuvent être d’un grand secours.
Deux techniques méritent une mention spéciale, car elles sont à la
fois courantes et, pourtant, très inefficaces. La première consiste à orter
l’argument du dictionnaire : « Notre définition est plus proche du sens
de la motion, comme le confirme le Webster’s Collegiate Dictionary ».
Cette approche est presque totalement inutile, car, comme expliqué
précédemment, le dictionnaire n’a pas été écrit en tenant compte
du débat en cours. En outre, elle peut conduire à une confrontation
des définitions des dictionnaires, votre Webster’s Collegiate Dictionary
s’opposant constamment à mon Random House College Dictionary ! Il est
clair que ce genre d’argument abrutissant ne permet pas aux équipes de
montrer la véritable signification des termes de la motion, et doit donc
être évité. La seconde technique également inefficace est très similaire :
elle consiste à se référer à une personne hypothétique de la rue ou une
personne raisonnable. Comme pour la définition du dictionnaire,
l’idée est que votre adversaire se réfère à ne personne hypothétique
de son choix, ce qui n’aide aucune des deux équipes.
Évidemment, il est tout à fait acceptable de prouver la supériorité
de votre définition en montrant qu’elle est à la fois plus raisonnable
et plus proche de la signification réelle de la motion. Par exemple,
prenons à nouveau la motion : « Cette Chambre estime que
le onsumérisme est la religion d’aujourd’hui ». L’équipe de l’opposition
ayant défini la religion comme « une institution qui aide à comprendre
D R OI T E XC L U S IF
Chapitre un : Préparation 23
comme la question de savoir si le gouvernement doit interdire les
images de physiques irréalistes proposés par les médias. Le juge doit
alors se poser nos deux questions. La première : cette définition est-elle
raisonnable ? Bien qu’elle puisse surprendre l’équipe adverse celle-ci
n’a aucune chance de la contester ; cette définition est raisonnable car
l’équipe adverse peut affirmer que le gouvernement ne doit pas
censurer la publicité de cette façon. Puis, la deuxième question : la
définition est-elle suffisamment proche du sens ordinaire des termes
de la motion ?, autrement dit, « les termes de la motion sont-ils
raisonnablement capables de soutenir le sens qui leur a été attribué ? »
Encore une fois, la réponse est oui ; la proposition peut
raisonnablement lier les notions de « grand » et de « beau » à la
question des médias et des stéréotypes de la mode en matière
d’apparence physique.
Par conséquent, contrairement au cas où le droit exclusif
de définition ne s’applique pas, l’équipe de l’opposition n’a aucun
motif de plainte, elle devra avancer son argumentation en fonction
de la définition donnée par l’équipe de la proposition. Les stratégies
pour faire face à ce genre de situation seront examinées en détail plus
loin. Toutefois, l’équipe de la proposition doit savoir, au moment
de formuler sa définition, si elle a le droit exclusif de définition, car
elle doit savoir quels sont les critères que la définition doit satisfaire.
Déclencheurs
À ce stade, vous devriez avoir compris les principes de base qui vous
permettent d’identifier la question du débat et de définir la motion en
fonction de cette question. Vous devriez également connaître les
éléments qui caractérisent une définition illogique.
Nous allons maintenant examiner certains termes ou notions
spécifiques susceptibles de créer des difficultés lors de l’identification
d’une question. Il s’agit des déclencheurs ; lorsque vous les identifiez dans
une motion, ils doivent vous pousser à suivre une approche
particulière. Les éléments déclencheurs ne constituent en aucun cas une
règle dans le cadre d’un débat ; il ne s’agit pas non plus d’exceptions
aux principes que nous avons examinés plus tôt, mais plutôt de
situations dans lesquelles il peut s’avérer particulièrement utile
d’examiner certaines lignes directrices générales.
D É C L E NC H E U R S C O NC E R N A NT C E Q UE V OT R E
É Q U I P E D O I T P R OU VE R
Dev ra it
Chapitre un : Préparation 25
les générations précédentes ». Une justification morale serait qu’il
existe une obligation de compenser les préjudices passés, qu’il est
nécessaire d’indemniser ceux qui sont désavantagés aujourd’hui en
raison des injustices subies dans le passé. Cependant, l’équipe de la
proposition ne doit pas s’arrêter là ; elle doit, idéalement, avoir des
arguments pratiques. Par exemple, une raison pratique pour
compenser ces personnes serait de ramener la paix dans des régions
tourmentées ou d’apaiser les griefs.
De même, prenons la motion : « Cette Chambre est d’avis que les
gouvernements ne devraient jamais intervenir pour sauver des
entreprises privées ». Un argument moral serait qu’il est mauvais pour
les gouvernements d’utiliser l’argent des contribuables pour renflouer
les gestionnaires et les investisseurs qui ont, dans de nombreux cas, agi
de façon irresponsable. Un argument d’ordre pratique serait que les
gouvernements qui sauvent des sociétés privées encouragent la prise
de risques inconsidérés à l’avenir ; les gestionnaires et les investisseurs
risquent d’être moins prudents dans leurs décisions s’ils pensent que
le gouvernement remédiera à leurs erreurs.
Le fait d’avoir donné au terme « devrait » le sens d’« un impératif
moral et pratique » ne vous oblige pas à présenter des arguments
d’ordre « moral » ou d’ordre « pratique ». Vous ne pouvez pas ignorer
le point de vue moral ou pratique de la motion, mais vous ne devez pas
forcément identifier les arguments d’ordre moral et d’ordre pratique.
Il est tout à fait acceptable d’exprimer des arguments susceptibles
d’évoquer votre avis sur la motion du point de vue moral et pratique.
Toutefois, si vous ne parvenez pas facilement à penser à d’autres
arguments, une approche morale et pratique peut vous aider. Par
exemple, vous pourriez demander à vos coéquipiers : « Nous avons
de nombreuses raisons d’ordre pratique pour lesquelles notre point de
vue est vrai. Ya-t-il également des raisons d’ordre morale ? »
Chapitre un : Préparation 27
personnes d’aller à l’université, le gouvernement a une obligation
morale et pratique de les réduire en augmentant significativement les
financements, au moyen de prêts, de bourses ou d’un soutien
financier direct aux universités. La question est de savoir si les
dépenses du gouvernement en matière d’enseignement universitaire
doivent être augmentées de façon significative ».
L’équipe de l’opposition cependant n’est pas d’accord de se
prononcer contre une augmentation du financement gouvernemental.
Plutôt que de « prendre le taureau par les cornes » et de « jouer dur »
(actions qui seront traitées en détail plus tard), l’équipe décide de
définir la motion comme une question de fait : « La question est de
savoir si l’enseignement supérieur est un droit. Un droit est quelque
chose qui est protégé pour tous. Nous sommes d’accord avec l’équipe
de la proposition, les frais empêchent bien l’accès à l’enseignement
supérieur de certaines personnes. Par conséquent, l’enseignement
supérieur n’est pas un droit, car il n’est pas actuellement reconnu
comme tel dans notre société ». En effet, l’équipe de l’opposition
a avancé une argumentation parallèle à celle présentée par la
proposition ; elle a interprété la motion et défendu une posture qui est
essentiellement la même que celle de l’autre équipe. (Les
argumentations parallèles seront examinées plus en détail dans
le chapitre deux concernant la réfutation).
La question du débat aurait dû être clairement : « Tous ceux qui
souhaitent accéder à l’enseignement supérieur devraient pouvoir
le faire ; autrement dit, l’approche de la proposition était juste (et
celle de l’opposition ne l’était pas). Bien que le terme « devrait » ne
figure pas dans la motion, les équipes auraient dû donner une
définition qui aurait permis de se référer à la question de savoir si le
gouvernement a un impératif moral et pratique de subventionner de
façon significative l’enseignement supérieur. Il s’agit clairement de la
question contenue dans le texte de la motion.
Un type de débat important rentrant dans cette catégorie consiste
à déterminer si quelque chose est « justifiée ». Cette catégorie sera
examinée en détail plus loin.
É c hec
Chapitre un : Préparation 29
1. L’échec à répondre aux attentes. Ce test est particulièrement utile
lorsque l’organisation elle-même a déterminé les objectifs. Il est
rare de débattre d’un mouvement ou d’une organisation avec des
objectifs clairement énoncés. Toutefois, dans un tel cas, vous
pouvez utiliser ces arguments, essentiellement les attentes légitimes
de la communauté, pour juger du succès de ce mouvement
ou cette organisation.
2. L’échec à répondre à certains critères externes. Il s’agit d’une approche
plus commune, qui consiste à utiliser des critères conçus
et appliqués par votre équipe et vous au cours de la préparation.
Prenons par exemple la motion : « Cette Chambre estime que le
féminisme a échoué ». Le féminisme n’a jamais établi un seul
ensemble d’objectifs, il est donc nécessaire d’imposer certains
critères. Par exemple, les équipes pourraient dire : « la question de
savoir si le féminisme a favorisé une égalité réelle et substantielle
entre les sexes, consiste à analyser si ses réformes ont pratiquement
éliminé la discrimination contre les femmes ou simplement rendu
cette dernière moins évidente ».
M ot io ns d e ty p e « G ra nd ba l lo n rou g e »
Le point clé est ici que l’équipe adverse peut réfuter un, tous, ou une
combinaison des éléments que la proposition doit prouver.
Vous pensez probablement : « Ok, mais combien de fois un débat
portera sur de grands ballons rouges ? » La réponse, bien entendu, est :
« jamais ». De nombreuses motions pourtant se rapportent à la même
formule.
Chapitre un : Préparation 31
Le principe de la motion « Grand ballon rouge » est clairement
résumé par cet extrait de Black Adder (Épisode 1, Série 2, écrit par
Richard Curtis et Ben Elton).
D É C L E NC H E U R S C O NC E R N A NT D A N S Q U E L L E
ME S U RE V O T RE É QU IP E D OI T P RO U VE R
S A TH È S E
V ér i tés gé né ra l es
Cela est plus pertinent pour les motions qui sont positives plutôt que
normatives, soit des motions qui posent la question de ce qui est plutôt
que de ce qui devrait être. C’est particulièrement pertinent pour les
motions qui appellent à une comparaison. Prenons par exemple la
motion : « Cette Chambre estime qu’il est préférable d’être intelligent
que d’être gentil », ou « Cette Chambre estime que les ordinateurs sont
plus importants que les livres ».
La question est la suivante : l’équipe de la proposition doit montrer
que la motion est toujours vraie, parfois vraie, vraie plus souvent que pas
vraie, ou autre ? La réponse est que, dans la plupart des cas, l’équipe de
la proposition doit démontrer que la motion est généralement vraie (ou
vraie « en général »). L’équipe de l’opposition doit démontrer, par
conséquent, que la motion n’est pas généralement vraie. Il impossible
d’attribuer un pourcentage des cas pour lesquels, si une chose est vraie
dans ce pourcentage, elle peut être considérée généralement vraie.
Chapitre un : Préparation 33
Prenons l’exemple de la motion suggérée ci-dessus : « Cette
Chambre estime qu’il est préférable d’être intelligent que d’être
gentil ». Les deux équipes doivent interpréter la motion « Cette
Chambre estime qu’il est généralement vrai de dire qu’il vaut mieux
être intelligent que d’être gentil » et développer leurs arguments sur
cette base.
Cette règle ne doit pas changer la façon dont les équipes abordent
une motion ; de toute façon, qu’elles en soient conscientes ou non,
la plupart des équipes discutent de la vérité en général dans la plupart
des cas. Cependant, il est important de rappeler qu’il ne suffit pas
de dire que la motion est parfois vraie ou parfois pas vraie. Le cas
classique de cette erreur est de présenter le simple exemple d’Adolf
Hitler. Revenons à la motion « Cette Chambre estime qu’il est
préférable d’être intelligent que d’être gentil ». L’équipe
de l’opposition peut faire valoir, « Hitler était brillant, mais très
méchant. Il suffit de voir toutes les souffrances qu’il a causées. Par
conséquent, il vaut mieux être gentil qu’être intelligent ». Cependant,
cette approche est erronée. Bien qu’il soit sans doute vrai que, dans
le cas isolé d’Hitler, il vaut mieux être gentil qu’intelligent, cet
argument ne montre pas qu’il est généralement préférable d’être gentil
que d’être intelligent. L’approche des deux équipes doit être plutôt
de développer des arguments qui s’appliquent en général, et ensuite
utiliser des exemples qui ne sont pas des preuves extrêmes du point
de vue de l’une ou l’autre partie. Nous reviendrons plus tard sur
le processus de développement des arguments.
Soit dit en passant, Hitler est un exemple « bateau » dans les débats
sur toutes sortes de questions ; il s’agit d’une figure historique très connue
et d’une incarnation évidente du mal c’est pourquoi il peut être
(apparemment) utilisé pour gagner tous les arguments ! Cette approche
est, malheureusement, très peu solide. Hitler et son régime ont été
extrêmes dans presque tous les sens. Il est hautement improbable,
par conséquent, que toute question, argument, ou perspective actuel
puisse être comparé à « Hitler ». Bien entendu cela ne signifie pas que
vous ne puissiez jamais utiliser Hitler ou l’Allemagne nazie dans les
débats. Dans certaines circonstances, une explication minutieuse et
analytique du Troisième Reich sera susceptible de soutenir votre
argument. Cependant, la plupart des orateurs prenant en exemple
Hitler ne fournissent pas cette analyse ; ils utilisent plutôt son nom
comme une analogie simple de toutes sortes de maux supposés. Si votre
M ot io ns d e ty p e « A bs ol ue »
1 Philips J, Hooke J (1994). The Debating Book, UNSW Press, Sydney à la page 75.
Chapitre un : Préparation 35
pourquoi les hommes, les femmes, les Amérindiens, les retraités
et ainsi de suite, doivent voter. Cela suffit à montrer que les opinions
des personnes sont suffisamment importantes pour qu’il soit
légalement nécessaire de les exprimer ; il s’agit d’un argument général
qui s’applique à tous les cas, sauf la minorité négligeable.
Comment déterminer alors si un groupe particulier est une
minorité négligeable ? Vous devez le faire dans le contexte de la
question débattue. Par exemple, nous avons vu précédemment que les
personnes analphabètes étaient une minorité négligeable dans le cadre
d’un débat sur l’accès à l’enseignement universitaire. Un autre débat,
cependant, pourrait porter sur la responsabilité du gouvernement
concernant les analphabètes. Dans ce cas, les personnes analphabètes
ne sont plus une minorité négligeable, il s’agit en fait de la question
principale ! Comme cela a été souligné à maintes reprises, la meilleure
approche consiste simplement à se demander : « Quelle est la question
de ce débat ? » et à en débattre !
Bien que cela puisse sembler étrange, certaines motions absolues
ne comportent aucune minorité négligeable. Autrement dit, dans
certains débats, « tous » se rapporte à l’ensemble des personnes
concernées. Le meilleur exemple est sans doute la motion « Cette
Chambre estime que la peine de mort est toujours une erreur. »2
L’équipe de la proposition peut essayer de faire valoir que « la peine
de mort ne peut jamais être justifiée, sauf dans le cas des tueurs de
masse non repentis ». Autrement dit, la proposition peut considérer les
tueurs de masse non repentis comme une minorité négligeable aux
fins de la motion. Cependant, elles sont manifestement dans l’erreur ;
toute la question du débat est de savoir si la peine de mort est parfois
acceptable. En faisant une exception, l’équipe de la proposition
concède la victoire à ses adversaires.
M ot io ns d e ty p e « J ust if i er »
2 Philips J, Hooke J (1994). The Debating Book, UNSW Press, Sydney aux pages 75 et 76.
Chapitre un : Préparation 37
prêts à concéder que le terrorisme est inacceptable dans le cas d’Al-
Qaïda, d’Aum Supreme Truth (une organisation japonaise) ou de
l’ETA (Euskadi Ta Askatasuna, un groupe séparatiste basque) ».
Il est important de se rappeler que, dans certains cas, un débat
de type « justifier » ne porte que sur un cas ou un point particulier.
Dans les motions de ce genre, il est évidemment absurde de se
demander si l’équipe de la proposition doit prouver une vérité générale,
ou une minorité significative, ou toute autre proportion ; l’équipe doit
démontrer que l’argument est justifié. Prenons par exemple la motion
« Cette Chambre estime que le coût de l’exploration spatiale est
justifié ». Il est absurde de se demander si l’équipe de la proposition doit
démontrer que le coût est justifiable en général ou dans une minorité
non négligeable de cas, car il existe un seul coût global (contrairement,
par exemple, pour les groupes terroristes mentionnés ci-dessus). Par
conséquent, l’équipe de la proposition doit démontrer que le coût en
vaut la peine, et l’équipe de l’opposition doit prouver que le coût n’en
vaut pas la chandelle. En substance, il s’agit d’un simple débat de type
« devrait ». Comme toujours, vous devez soigneusement identifier
le problème du débat posé.
Bien qu’il s’agisse de termes très communs dans notre langage, les mots
« nous » et « notre/nos » peuvent entraîner des problèmes surprenants
dans les débats. Il est ici impossible de fournir une définition simple
de « nous », car ce terme peut se référer à un nombre très différents
de groupes en fonction du contexte.
Par exemple, dans de nombreuses motions, « nous » se réfère à un
groupe de personnes. Dans la motion « Cette Chambre estime que
nous sommes la génération perdue », le pronom « nous » se réfère de
toute évidence à une génération spécifique. Puisque les intervenants
dans le débat sont probablement des jeunes, la génération en question
peut être composée, par exemple, par les individus âgés au plus de
21 ans. Dans la motion « Cette Chambre estime que nous portons
trop d’intérêt aux sports », il s’agit bien entendu de la société dans son
ensemble. Dans la motion « Cette Chambre estime que nous devrions
défendre nos employeurs », le pronom « nous » se réfère de toute
évidence aux employés.
38 Débattre dans le style scolaire mondial: un guide
Cependant, qu’en est-il des motions telles que « Cette Chambre
estime que fumer devrait être interdit », ou « Cette Chambre estime que
nous devrions rétablir la peine de mort » ? De toute évidence, l’équipe
de la proposition doit plaider en faveur d’actions qui ne peuvent être
menées uniquement par des groupes de personnes ; ce sont les
gouvernements qui doivent agir. Dans de telles motions, « nous »
se réfère usuellement au gouvernement ou à des individus agissant par
le biais de leur gouvernement.
Lorsque le pronom « nous » se réfère à des institutions ou à des
groupes de personnes, une autre question se pose : quelle est la portée
du pronom « nous » ? Il s’agit essentiellement, comme indiqué dans
la considération ci-dessus, de limiter le sujet du débat. Par exemple,
« Nous » peut se référer à des institutions ou à des groupes de personnes
dans le monde, ou vivant dans une région ou un pays donné, et ainsi
de suite. Quelle que soit votre décision, il est important de limiter
clairement la portée des termes « nous » ou « notre/nos » lors de la
définition de la motion.
D É C L E NC H E U R S C O NC E R N A NT L E
D É V E L O P P E M E NT D E VO T RE A R GU ME N TA T I O N
Les d éb a ts d e c o mp a ra is on
Chapitre un : Préparation 39
chose est moindre qu’une autre, soit que les deux sont égales. Par
exemple, si la motion est « Cette Chambre estime que les médias sont
plus puissants que l’église », l’équipe de l’opposition pourrait réfuter la
motion soit en faisant valoir que « L’église est plus puissante que les
médias » soit en défendant l’argument que « l’église et les médias sont
tout aussi puissants ». Toutefois, la négation d’une motion de comparaison
en faisant valoir l’égalité rend très fragile tout argument ! Ne le faites
jamais ! Dans la motion ci-dessus, l’équipe de l’opposition devrait
faire valoir que « l’église est plus puissante que les médias », et non
prétendre que « l’église et les médias sont tout aussi puissants ».
Pourquoi ? L’analogie du funambule peut être utile. Pourquoi
tout le monde s’étonne face aux compétences des funambules ? Parce
qu’ils sont capables de marcher très précisément le long d’une ligne
très étroite sans perdre l’équilibre. C’est exactement ce qu’essaye
de faire une équipe quand elle nie une motion de comparaison par
l’égalité : elle est contrainte d’équilibrer ses arguments très habilement
tout en acceptant la plupart des arguments de l’équipe de la
proposition. Par exemple, dans la motion proposée ci-dessus, une
opposition faible dirait « Nous sommes totalement d’accord avec
toutes les très bonnes raisons de la proposition concernant la puissance
des médias. Cependant, ces raisons sont parfaitement contrebalancées par
nos arguments sur la puissance de l’église ». L’équipe de l’opposition
tente de lier l’argument plutôt que de le gagner, et ceci est un moyen
de perdre facilement le débat ! L’équipe de l’opposition devrait
au contraire jouer dur, comme nous le verrons ci-dessous.
Paradoxalement, en utilisant cette tactique l’équipe adverse peut
se retrouver face à un argument plus difficile à défendre, mais qui sera
plus couronné de succès.
La dernière question qui se pose en rapport aux débats de
comparaison, comme pour les débats portant sur un échec, consiste
à se demander « pour qui ? » Par exemple, la motion « Cette Chambre
estime que l’OTAN défend les droits de l’homme mieux que les
Nations Unies » soulève la question : « Mieux pour qui ? ». Pour ceux
dont les droits de l’homme ne sont pas respectés ?, Pour la
communauté internationale en général ?, Pour les États membres de
chaque organisation ?. Il n’y a aucune réponse générale à cette
question. Cependant, vous devez répondre à cette question et adopter
une approche claire dès le départ.
Chapitre un : Préparation 41
• Qu’est-ce qui caractérise cette époque ou cette génération ?
Cette question développe la réponse de votre équipe à la
deuxième question. Vous vous posez donc la question « Ainsi,
ce qui caractérise notre époque est le marketing de masse à travers
les médias. Et alors ? ».
Une réponse possible est : « Alors que les générations
précédentes étaient éduquées par leurs parents et les
communautés, l’éducation de notre génération est influencée
principalement par le marketing de masse des multinationales et
par MTV. Nous sommes la génération perdue car le commerce
a un intérêt vénal à influencer les jeunes ; les générations
précédentes étaient, elles, éduquées par des personnes ayant des
idéaux plus altruistes ». Cela peut ne pas être vrai, bien entendu,
mais c’est un argument valable qui répond aux questions
fondamentales du « Pourquoi maintenant ? » et « Qu’est-ce qui
caractérise notre époque ? ».
• Quand l’époque ou la génération a-t-elle commencé ?
Cette question est nécessaire, d’un côté, pour clarifier le contexte
qui caractérise cette époque, et de l’autre pour s’assurer à nouveau
que vous ne plaidez pas seulement sur des aspects généraux de la
question (par exemple, « les jeunes ont toujours été perdus »).
La réponse à cette dernière question sera souvent que le
processus en question a évolué à partir d’une certaine période.
Autrement dit, vous ne devez pas toujours donner une date unique
établissant le début de la nouvelle génération. Par exemple, dans le
cas ci-dessus, votre équipe pourrait répondre : « Le marketing
de masse pour les adolescents est un processus graduel qui reflète
le fait d’avoir identifié ces derniers en tant que consommateurs
potentiels. Toutefois, ce phénomène a été particulièrement répandu
à partir et tout au long des années 1990, et a rapidement augmenté
avec la croissance d’Internet ».
Se ns i b i l ité s
Le débat est lié à des questions controversées, de sorte qu’il n’est pas
surprenant que de nombreuses motions suscitent des passions fortes
parmi les orateurs, les membres du public ainsi que les juges. Par
exemple, après un débat des Championnats mondiaux scolaires au
cours duquel une équipe a préconisé des tests médicaux sur les
animaux, un membre du public lui a dit « Si j’avais un fusil, je vous
tirerais dessus ! » (en donnant ainsi de solides arguments aux
défenseurs du contrôle des armes).
Le problème pour les orateurs n’est pas seulement une question de vie
ou de mort ; comme l’a dit un entraîneur anglais de football : « C’est bien
plus grave que ça ». Hormis vouloir laisser une impression généralement
positive, les orateurs doivent comprendre qu’ils ne sont pas jugés par des
machines mais par des hommes qui, en dépit de leurs meilleurs efforts
pour y résister, peuvent être indûment influencés par le caractère émotif
de certaines motions.
Par conséquent, si l’argumentation de votre équipe s’éloigne
de la morale en rapport à une motion donnée (par exemple, justifier
le travail des enfants) ou peut être considérée par certains comme
moralement douteuse (par exemple, en défendant la légalisation
ou l’interdiction de l’avortement), il est sage d’avancer une
argumentation portant sur une « garantie de moralité ».
Chapitre un : Préparation 43
En substance, après la définition il faut rappeler les points suivants :
1. Il s’agit d’une motion qui attise les émotions légitimes
de nombreux individus, et
2. Les deux équipes doivent néanmoins analyser de manière
rationnelle et objective les enjeux.
D É B U T A N T
Chapitre un : Préparation 45
En supposant que cette affirmation reflète les arguments de l’équipe
de la proposition, il s’agit d’un thème efficace (indépendamment
du fait qu’il soit effectivement vrai ou faux). En particulier :
• Il explique pourquoi la motion est considérée comme vraie :
l’équipe de la proposition s’oppose à la mondialisation parce
qu’elle « fournit des avantages à quelques pays développés
au détriment de la majorité de la population mondiale », et
• Il explique en quoi la motion est (ou n’est pas) vraie :
« La mondialisation met l’accent sur la concurrence ».
C O MB IE N D E F OI S L E T H È M E D O IT - IL Ê TR E
U T IL IS É ?
Chapitre un : Préparation 47
les juges écoutent beaucoup trop souvent : « Notre opposition a fait
valoir que [X]. Toutefois, cela est clairement faux : notre thème
indique [Y] ». La réfutation sera traitée en détail plus tard, mais pour
l’instant il devrait être évident que cette approche remplace l’analyse
et la critique proprement dites du raisonnement de l’opposition via la
répétition machinale d’une phrase. Dans cette argumentation, l’orateur
pense, « J’ai bien entendu réfuté le raisonnement de l’opposition ; en
effet j’ai répété mon thème sept fois ! »
Par conséquent, voici la règle simple concernant l’utilisation des
thèmes : Le thème doit être déclaré au moins une fois dans le discours
de chaque orateur. Chaque orateur doit revenir plusieurs fois sur l’idée qui
sous-tend le raisonnement de son équipe, mais il n’est pas nécessaire qu’un
orateur répète le thème après qu’il ait été initialement déclaré.
C O M ME N T L E TH È M E D OI T - IL Ê T R E P RÉ S E NT É ?
La position de l’équipe
À l’heure actuelle, nous connaissons la raison générale qu’une
argumentation doit soutenir (le thème) ; nous allons maintenant
développer des arguments spécifiques à cet égard. Cependant,
il manque une chose : le détail !
Souvent, les équipes font valoir avec beaucoup de passion des
concepts abstraits qu’ils n’ont jamais expliqués correctement. Par
exemple, un orateur peut faire un discours émouvant et convaincant
sur les raisons pour lesquelles nous devrions soutenir la peine de mort
sans jamais préciser qui doit être exécuté ni comment. Lorsqu’on
y réfléchit, ces détails sont d’une importance fondamentale pour votre
stratégie. Pour de nombreux membres du public et juges, il peut
y avoir une grande différence entre l’exécution de tueurs en série par
injection létale et celle de petits voleurs par pendaison publique.
Par conséquent, dans presque tous les débats, vous devez présenter
plus de détails que ceux fournis par la motion elle-même. Si vous soutenez la
peine de mort, vous devez décider qui doit être exécuté et comment.
Si vous soutenez les interventions militaires en faveur des droits de
l’homme, vous devez décider qui va intervenir, comment et dans
quelles circonstances. Si vous vous opposez à ce type d’intervention
militaire visant la défense des droits de l’homme, vous devez décider
quelles sont les alternatives possibles (le cas échéant). Autrement dit,
une position globale de l’équipe est nécessaire au-delà du simple soutien
ou opposition à la motion.
Il est essentiel de se rappeler du sujet sur lequel porte le débat : il
s’agit d’un argument formel sur une question controversée. Le débat ne
consiste pas en un parlement jeunesse, ou une simulation de
conférence des Nations Unies. Par conséquent, bien que la position de
votre équipe soit importante, elle n’a pour finalité que de vous aider à présenter
vos arguments sur la question principale. De nombreux orateurs utilisent
des positions très longues et complexes, poussant les deux équipes à ne
traiter que les petits détails pendant le débat. Toutefois, le débat c’est
autre chose, il ne s’agit pas non plus de la finalité de la position d’une
équipe. Par conséquent, si vous devez adopter la position d’une
équipe, restez simple et faites en sorte que cette finalité soit secondaire par
rapport à la question principale du débat.
Chapitre un : Préparation 49
U N M OD È L E
Chapitre un : Préparation 51
U N E AL TE R N AT I V E D E L ’ OP P O S I T I ON
Chapitre un : Préparation 53
1. La nature du problème (le génocide et la torture) est suffisamment
sensible pour qu’une réponse soit nécessaire, ou du moins une
déclaration forte indiquant que toute réponse ne ferait qu’aggraver
le problème.
2. L’alternative permet de simplifier et non de compliquer l’approche
de l’équipe de l’opposition. Autrement dit, si l’équipe de
l’opposition ne fournit pas une alternative, elle devrait faire valoir
un argument très nébuleux : « L’intervention militaire est une
erreur, mais nous ne pouvons pas vous présenter une autre
option ! »
Chapitre un : Préparation 55
L’ a lte rn a t iv e et l a mot i on s’ exc lu en t- el l es
mu tue l l e men t ?
D É F I N IR L E S L I M I T E S
Chapitre un : Préparation 57
Par exemple, considérons la motion « Cette Chambre estime qu’il
y a trop de violence dans la télévision ». Dans ce cas, l’équipe de la
proposition n’est manifestement pas tenue de proposer un modèle
détaillé d’une politique gouvernementale visant à réduire la violence à
la télévision ; la motion porte (du moins au sens strict du terme) sur ce
qui est, plutôt que sur ce qui devrait être fait. L’équipe de la proposition
doit néanmoins avoir une idée précise du niveau de violence qu’elle
juge acceptable à la télévision. Dire « il y a trop de violence à la
télévision » peut signifier « la violence graphique et prolongée à la
télévision est inacceptable » ou « même la violence dans les comédies
‘tarte à la crème’ est inacceptable ». Idéalement, l’équipe de la
proposition définirait une limite sur cette question ; elle devrait
indiquer, dès le départ, les formes de violence à la télévision qui sont, à
son avis, inacceptables.
Par exemple, le premier orateur de l’équipe de la proposition
pourrait dire : « Nous ferons valoir qu’il y a trop de violence à la
télévision car il y a un excès de violence gratuite et graphique dans les
programmes de fiction. Nous ne contestons pas les autres formes
de violence à la télévision, telles que l’utilisation de séquences
violentes dans les programmes autres que de fiction ou dans les
comédies ‘tarte à la crème’ ».
Il est très important de comprendre ce qui est affirmé ici. L’équipe
de la proposition ne dit pas : « Par violence, on entend uniquement
la violence extrême. Nous allons vous montrer que la violence extrême
est néfaste ». L’équipe de la proposition définirait ainsi la motion
de manière arbitraire ; en interprétant le mot « violence » d’une manière
qui modifie le débat à son profit. Au contraire, l’équipe de la
proposition dit : « Nous devons montrer qu’il existe un excès
de violence, et que celui-ci est source de préjudice. Si la violence à la
télévision n’était présente que dans les dessins animés et les journaux
télévisés, nous concéderions volontiers qu’elle n’est pas excessive.
Toutefois, en raison de la quantité importante de violence gratuite,
on peut dire qu’il y a trop de violence à la télévision ».
La notion de « définir une limite » découle de l’hypothèse que
de nombreuses motions (dont celle-ci) peuvent être interprétées à des
niveaux différents.
La position de la proposition :
nouvelles
Images graphiques
programmes
dans de nombreux
Violence gratuite fictive
programmes
presque tous les
Violence gratuite dans
Aucune violence
Chapitre un : Préparation 59
« Sur quel sujet porte votre débat ? » ; il pourrait répondre :« Il s’agit
de savoir si la violence télévisée est positive ». Il s’agit, cependant,
de l’analyse la plus simpliste. Une équipe de la proposition utilisant
cette approche pourrait faire valoir : « Il ne devrait jamais y avoir
de violence à la télévision », ce qui n’est pas une approche
très stratégique.
2. Grâce à cette approche il est tout aussi clair pour l’équipe
de l’opposition qu’elle ne peut pas s’opposer simplement à un
absolu. De nombreuses équipes de l’opposition, lorsqu’elles sont
confrontées à la motion « Cette Chambre estime que la télévision
est trop violente » argumenteraient « La diffusion de la violence
à la télévision ne cause aucun tort ni ne contribue au processus
décisionnel démocratique ». Toutefois, cette affirmation ne montre
pas pourquoi la télévision, de manière générale, n’est pas trop
violente. Autrement dit, l’équipe de l’opposition doit être
consciente qu’il lui faudra également traiter les formes les plus
excessives de violence télévisée pour gagner le débat (en faisant
valoir qu’elles sont rarement diffusées à la télévision ou qu’elles
ne causent aucun tort).
3. Elle permet de s’assurer que l’équipe de la proposition présente
une argumentation cohérente. Si l’équipe de la proposition ne
décide pas et n’indique pas ce qu’elle considère être un niveau
acceptable de violence à la télévision, les différents orateurs feront
inévitablement valoir des choses différentes. Par exemple,
la première proposition peut faire valoir que « Itchy and Scratchy »
(un dessin animé violent montré dans The Simpsons) encourage
la violence à l’encontre des chats. Le deuxième orateur, après que
cet argument ait été ridiculisé par la première opposition, peut
faire valoir que le vrai problème est celui de la violence dans les
nouvelles, ce qui ne convient pas à un public familial. Le troisième
orateur, constatant que l’argument fait l’objet d’une remise en
cause, peut faire valoir que les formes les plus extrêmes de violence
sont inacceptables. Bien que les orateurs n’aient jamais dit : « Bon,
vous avez raison, notre argument antérieur était absurde », ce recul
continu souligne néanmoins que l’argumentation est incohérente
(et donc extrêmement fragile). Limiter l’argumentation montre
aux troupes quel est le front de la bataille !
U N E P OS I T IO N S U R D E S QU E S T IO NS C O N NE XE S
Voilà pour ce qui est d’une position portant sur la question essentielle
du débat. Cependant, qu’en est-il d’une position sur des questions
(ou points de vue) connexes ?
La réponse est que vous n’en avez tout simplement pas besoin. Par
exemple, si vous faites valoir que « nous devons soutenir la peine
de mort pour les terroristes », il n’est pas nécessaire que vous ayez une
position sur la question de soutenir la peine de mort pour les tueurs en
série qui ne sont pas des terroristes. Si vous n’avez pas une telle
position, le juge ne peut pas raisonnablement sanctionner votre équipe
(au moins, pas directement).
Cependant, il est souvent utile que l’équipe ait une position sur les
questions connexes. Cela présente essentiellement les mêmes avantages
que ceux expliqués ci-dessus ; cette position clarifie l’argumentation de
votre équipe et évite les incohérences. Dans les débats prévoyant des
questions d’information, la position d’une équipe sur des questions
connexes peut éviter les cafouillages sur le « terrain ». (Les questions
d’information seront expliquées en détail ultérieurement.) Par
conséquent, la première question à se poser en rapport aux questions
connexes est la suivante : « Qu’en est-il de la question [X] ? Quelle est
notre position à ce sujet ? » (Comme expliqué précédemment, la position
de l’équipe sur la question peut, bien entendu, ne pas être pertinente et
que l’équipe ne la traitera pas d’une manière ou d’une autre.)
Chapitre un : Préparation 61
Cependant, il existe également une deuxième question :
« Maintenant que nous avons déterminé notre position sur la question [X],
allons-nous la présenter clairement dès le départ ou attendre que la question
fasse son entrée dans le débat ? »
Il n’existe pas de réponse simple ou unique à cette seconde
question, la décision sera prise en fonction du contexte. Dans
la plupart des cas, si une question connexe est suffisamment importante pour
attirer votre attention lors de la phase de préparation, il vaut la peine de
clarifier votre position dès le départ. En résumé, la clarification de la
position de votre équipe ne nécessite qu’une ou deux phrases, et donc
un temps très limité, et peut éviter beaucoup de confusion dans la
suite du débat. Par exemple, une équipe faisant valoir
l’argument,« nous devons soutenir la peine de mort pour les
terroristes », devrait probablement expliquer dès le début si elle
défend également la peine de mort pour les tueurs en série qui ne sont
pas des terroristes (ou autres). Cette clarification est particulièrement
utile, car elle indique si l’équipe soutient la peine de mort pour les
terroristes simplement car ils tuent beaucoup de gens ou parce qu’ils
le font dans le cadre d’un mouvement politique ou social. Il est utile
de préciser les questions connexes les plus pertinentes dès le départ, cela aide
à clarifier les questions clé.
Les exceptions à cette approche sont (évidemment) les questions
connexes qu’il vaut mieux laisser à l’opposition le soin de soulever,
et en particulier, dans les cas suivants :
1. Questions qui ne sont pas particulièrement pertinentes ;
2. Questions qui représentent des points potentiellement frustrants
à traiter pour une opposition, mais que l’équipe de l’opposition
peut ne pas avoir pris en considération.
C O M ME N T NE P AS R É F U T E R L E S M OD È L E S
A V AN C É
La stratégie de développement
de l’argumentation
Nous avons analysé les bases du développement de l’argumentation
(essentiellement, les exigences d’un argument efficace) et nous avons
souligné l’importance des modèles et des positions pour la simplifier. Ces
deux sujets ont mis en lumière la meilleure façon d’organiser
et de présenter l’argumentation de votre équipe. Cependant, nous
n’avons pas déterminé de directives sur la façon de décider de la position
la plus efficace pour l’équipe. Par exemple, nous avons expliqué
comment définir un modèle de légalisation de la marijuana en tant que
drogue récréative. Nous ne nous sommes pas encore posé la question de
savoir pourquoi l’équipe de la proposition devrait proposer la légalisation
à des fins récréatives, par opposition à l’alternative (peut-être plus
facile) de l’usage médical exclusivement. Pour revenir à connu, il est
Chapitre un : Préparation 65
impossible de définir des règles d’or à cette fin. Cependant, il existe
des règles importantes que tout orateur doit garder à l’esprit.
L E D É B AT : U N J E U
J OU E R D U R
Chapitre un : Préparation 67
Plus important encore, l’équipe de l’opposition a donné des signes
de faiblesse, faisant croire qu’elle évitait désormais la confrontation ;
les juges ne voient pas généralement d’un bon œil les équipes qui ne
contestent pas les arguments de l’opposition. Dans ce cas, l’équipe de
l’opposition aurait dû prendre une position plus forte et moins
apologétique. Certes, sur une question qui fomente les passions, cette
prise de position aurait dû être accompagnée par la reconnaissance
des sensibilités impliquées, un avertissement, tel que discuté
précédemment. D’autres positions seraient beaucoup plus efficaces.
Par exemple, un meilleur point de départ pour l’argumentation de
l’opposition aurait été :
1. « La génération volée ne mérite pas d’excuses. La politique de
déplacement forcé a été effectuée par les générations passées en
application de ce qu’elles considéraient comme un objectif noble.
Il n’existe aucune obligation morale pour les générations actuelles
de présenter des excuses pour les actions des générations
précédentes ».
2. « Des excuses seraient contre-productives pour le processus de
réconciliation et détourneraient l’attention des besoins plus
importants des aborigènes australiens (soins de santé, etc.). C’est le
cas aujourd’hui, et ce sera le cas indéfiniment. Par conséquent, les
excuses à la génération volée sont totalement injustifiées et
injustifiables, le gouvernement ne devrait pas présenter des excuses
ni maintenant ni à l’avenir ».
Chapitre un : Préparation 69
Par conséquent, en résumé, il existe trois points essentiels concernant
le jeu dur :
1. Soyez prêt et capable de remettre en question toutes les opinions
personnelles que vous avez, et les hypothèses qui les sous-tendent.
2. Ne jamais avoir peur de faire valoir un argument impopulaire
ou controversé, ou que, personnellement, vous désapprouvez.
3. Soyez prêt à rechercher activement des arguments controversés s’ils
augmentent vos chances de gagner le débat.
Dans le débat sur l’utilisation des produits dopants dans le sport analysé
ci-dessus, nous avons souligné les deux avantages principaux du jeu dur :
1. Le jeu dur donne l’opportunité de modifier la question fondamentale
du débat en faveur des arguments de votre équipe ;
2. Le jeu dur peut prendre vos adversaires par surprise, en les laissant
dans l’incapacité de répondre à une remise en question des
hypothèses fondamentales de leur argumentation.
Chapitre un : Préparation 73
Par conséquent, le principe directeur est clair :
J OU E R D U R E S T U NE AP P R OC H E
AR G U M E N TA I RE G L OB AL E
Chapitre un : Préparation 75
de la proposition aurait dû décider soit de faire valoir l’argument que
la démocratie est néfaste pour le monde en voie de développement en
tant qu’élément clé de son approche argumentaire globale, ou de ne
pas du tout contester la valeur de la démocratie. Avancer une telle
idée controversée si rapidement s’est révélé une erreur stratégique qui
a déstabilisé le public et les juges.
Av a nc e r tr op d ’ a r g um ent s
Pour les formateurs, les juges et les livres s’occupant de débat, c’est
aujourd’hui un cliché que de dire : « N’essayez pas d’avancer plus
d’arguments que nécessaire ». Le principe est important, et ce cliché
mérite notre attention. Mais il ouvre un autre débat. Les orateurs
novices se poseront en effet sans doute la question suivante : « Certes,
il ne faut pas avancer plus d’arguments que nécessaire... Mais combien
dois-je en présenter ? » Certes, si ce dicton est interprété comme s’il
s’agissait pour les orateurs de faire valoir le strict minimum
d’arguments, il est très dangereux et trompeur. Par exemple, nous
avons déjà passé un certain temps à examiner les cas où les équipes
peuvent gagner un avantage stratégique en « jouant dur », en faisant
valoir plus d’arguments que la motion n’en requiert. Alors
qu’implique donc ce principe mystérieux qui préconise aux orateurs
de ne pas en présenter trop ?
Ceci peut être résumé en trois points clés expliqués ci-dessous.
1. Il n’est pas nécessaire de remettre en question tous les problèmes
contenus de la motion. Pour revenir à un chemin bien tracé, la stratégie
du débat repose essentiellement sur le bon sens. Le bon sens signifie
que les orateurs traitent la question la plus évidente du débat ; ils
ne doivent donc pas « disséquer » la motion et remettre en question
tous les éléments qu’elle contient.
Par exemple, prenons l’exemple de la motion : « Cette Chambre
estime que nous devons intervenir militairement pour protéger les
droits de l’homme ». Deux questions découlent de la motion :
A. Vaut-il la peine de protéger les droits de l’homme ?
B. Est-il impératif d’intervenir militairement pour les défendre.
Chapitre un : Préparation 77
a affirmé que des incidents bouleversants semblables liés au crime organisé
pourraient être évités au niveau mondial simplement par une législation
sur le contrôle des armes à feu. Le manque de solidité de cet argument
est évident. (Par exemple, le fait qu’aucun des assassins n’était de toute
évidence particulièrement respectueux des lois est un premier
problème.)
En y repensant, il aurait été préférable pour la proposition de faire
valoir un argument plus solide tel que, « Certes, cela n’empêchera pas
que des crimes à main armée soient commis, principalement par des
personnes et des organisations suffisamment avertis pour acheter des
armes sur le marché noir. Cependant, les contrôles stricts des armes
permettront d’éliminer les décès qui se produisent chaque année dans de
nombreux ménages (particulièrement liés aux armes à feu), les suicides
impulsifs avec des armes à feu, ou la violence en famille ». Il est vrai que
l’équipe ne promet pas de résultats extraordinaires (par exemple,
empêcher la Troisième Guerre mondiale !), mais elle montre que
la mesure apporte un avantage, et c’est tout ce qui est nécessaire.
Par conséquent, il est important de se rappeler que les arguments les
plus persuasifs ne sont pas nécessairement ceux qui promettent le plus
grand bénéfice ; généralement ce sont ceux qui promettent un avantage
raisonnable qui peut être justifié. De nombreuses équipes, en particulier
dans les premières années, affirment soit que (1) leur proposition
permettra de sauver la nation, le monde, ou la civilisation tel que nous
les connaissons, soit que (2) la proposition de leur adversaire va les
détruire, ou (3) les deux. Si votre équipe se trouve dans cette position,
changez votre argumentation ! Pour paraphraser un film célèbre,
méfiez-vous de laisser votre enthousiasme faire des chèques que votre
argumentation ne peut pas encaisser !
3. Soyez précis. La dernière façon de trop faire valoir son point de
vue consiste à plaider sur trop de sujets. Nous avons déjà examiné
l’importance de définir la question principale d’une motion. L’approche
alternative (faire valoir plus d’une question) doit être évitée car elle
complique inutilement les débats. Les orateurs doivent craindre
la complexité !
Cependant, il est tout aussi facile de compliquer les débats avec une
approche argumentaire qui essaie de couvrir trop d’idées au sein de la seule
question que vous avez sélectionnée dans votre définition. Un deuxième
problème peut également se présenter : plus votre argumentation contient
Chapitre un : Préparation 79
Certes une partie de l’avantage stratégique de l’équipe de la
proposition était inhérent à la motion : elle disposait d’un champ
de bataille relativement restreint à défendre. Toutefois, la stratégie
de l’équipe de la proposition de limiter son argument s’est révélée très
efficace ; elle a donc mérité de gagner le débat. La distinction
essentielle pour nous est simple : après avoir défini la question
principale de la motion, vous pouvez souvent procéder à plaider une
cause spécifique au sein de cette question.
L’approche chevauche inévitablement la sélection des arguments :
une motion qui sera analysée à l’étape 3.
C R IT È R E S
Q ue s ont le s c r it èr es d a n s un d é b a t ?
Comme nous l’avons vu, il est très important de clarifier le sens des
mots et des concepts dans un débat. C’est, après tout, le point clé
de la définition.
En quelques rares occasions, cependant, il est nécessaire
de clarifier ultérieurement que toute définition unique ne peut faire.
Comme nous l’avons vu, le fardeau de la preuve consiste en ce que
votre équipe doit prouver pour montrer que votre point de vue de la motion est
vrai. Parfois il est nécessaire de diviser ce fardeau parts mineures
et plus gérables. Ces dernières sont ensuite appelées critères.
Les critères rendent l’argumentation plus complexe, et souvent
bien plus enchevêtrée ! Nous avons déjà souligné que la simplicité est
un élément très important pour une stratégie de débat efficace, c’est
pourquoi il est essentiel de recourir à des critères uniquement lorsque
cela est absolument nécessaire.
Un exemple permettra de mieux comprendre ce problème.
La motion, « Cette Chambre estime que le féminisme a échoué »,
nécessite de recourir à des critères car aucune définition unique de la
motion ne peut donner une preuve convaincante de cet échec ni de
quand il s’est produit.
Chapitre un : Préparation 81
Par conséquent, l’équipe de la proposition a déterminé deux
critères en promettant de montrer les faits suivants :
1. Le féminisme n’a pas obtenu l’égalité des comportements ;
2. Le féminisme n’a pas favorisé l’égalité des chances.
Ut i l is er le s c r it èr es
Chapitre un : Préparation 83
Le premier point important à propos du renvoi aux critères est le
suivant : si vous avez des critères vous devez renvoyer à ces derniers !
Cependant, il existe une deuxième exigence importante ; si vous avez
des critères, chacun d’eux doit être prouvé à la fois par le premier et le
deuxième orateur. Nous savons déjà que les critères énoncés
soutiennent la charge de la preuve de votre équipe. Lorsque nous
traiterons la division des critères, nous apprendrons que le premier
et le deuxième orateur doivent prouver tous les éléments logiques
de votre argumentation. Pour l’instant, nous nous contenterons
de signaler que cela signifie que le premier et le deuxième orateur
doivent être en mesure de prouver tous les critères de l’équipe.
Pou ss er t ro p lo i n l es c r i tè re s
Chapitre un : Préparation 85
promettons de montrer que toutes ces choses sont vraies ». Si un
jugeconsidère par la suite que vous n’avez pas prouvé l’un de vos
critères (même un critère qui est peu pertinent au débat en
cours), vous courez le risque de perdre. Par exemple, le critère
4 suggère un argument à l’opposition et aux juges bien qu’il ne
favorise pas l’argument de la proposition.
C r itè re s, u n te r me lo ur d en s i gn if ic a t io n
C r itè re s, le s po i nts c lé s
D É B U T A N T
L’approche de base
QU ’E N TE ND O NS - N O U S P A R U N « A RG U ME N T » ?
Chapitre un : Préparation 87
POURQUOI AVONS-NOUS BESOIN DE DIFFERENTS
ARGUMENTS ?
L A S TR U C T U RE D E B AS E D ’U N A RG U ME N T
(label)
Grand titre
argument. Elle doit expliquer pourquoi l’argument est vrai ;
il s’agit d’une simple référence pour vous, votre juge, et votre
opposition qui permet d’identifier cet argument.
Chapitre un : Préparation 89
DE COMBIEN D’ARGUMENTS AVEZ-VOUS BESOIN ?
I N T E R M É D I A I R E
Nous devons maintenant nous concentrer avec plus d’attention sur les
exemples, soit la partie de votre argument qui convainc le public que
vos affirmations sont vraies dans le monde réel. Nous allons examiner
les meilleures façons de choisir et de développer des exemples. Nous
allons également analyser des alternatives efficaces aux exemples.
Tout d’abord, les exemples doivent être réels ; ils ne peuvent pas être
hypothétiques. De nombreux orateurs, en particulier dans les débats sur
les motions philosophiques ou abstraites, ne font des exemples que
pour illustrer leur point. Considérons la motion : « Cette Chambre
estime qu’il est préférable d’être intelligent que d’être gentil ».
Beaucoup d’orateurs inexperts utiliseraient des exemples hypothétiques
pour étayer leur argumentation. Par exemple, « Imaginez que vous êtes
à l’école, et que le professeur vous pose une question à laquelle vous ne
pouvez pas répondre. Tout le monde se moquera de vous, peu importe
si vous êtes gentil. Par conséquent, il vaut mieux être intelligent
qu’être gentil ». Les problèmes liés à cette approche sont évidents ; il
n’existe aucune preuve que « tout le monde va se moquer de vous » et
votre opposition pourrait faire tout aussi bien son propre exemple
hypothétique pour prouver exactement le contraire !
Bien entendu, la règle interdisant les exemples hypothétiques ne
doit pas être interprétée de manière erronée. Elle ne vous empêche pas
de faire des hypothèses sur l’avenir, fondées sur des tendances
prévisionnelles, soutenues par des événements réels. Par exemple,
si vous faites valoir des arguments contre une guerre avec la Corée
du Nord, vous pourrez légitimement dire : « La Corée du Nord
dispose d’un énorme arsenal conventionnel, voire même d’armes
nucléaires. Le président Kim Jong-Il serait prêt à déployer ces armes si
son pays était attaqué ; son régime a toujours répondu à la perspective
d’un conflit avec agressivité, et a menacé à plusieurs reprises une action
militaire en cas d’attaque ». Cela peut ne pas être vrai, bien entendu,
mais est certainement plausible ; bien que l’orateur soit en train de faire
une hypothèse, il appuie ses prévisions sur des exemples réels.
Chapitre un : Préparation 91
Deuxièmement, les exemples doivent être généraux. Ce principe
a déjà été expliqué dans le premier chapitre, lorsque nous avons
examiné l’exigence d’une vérité générale. Rappelez-vous, Adolf
Hitler est un exemple concret, et il s’agit certainement d’un exemple
significatif mais il n’est pas général. Les exemples que vous choisissez
doivent être suffisamment généraux pour illustrer votre principe
abstrait. Les incidents relativement isolés n’afficheront pas une
vérité générale.
Troisièmement, les exemples doivent être significatifs. Lorsque cela
est possible, vous devez vous concentrer sur des exemples importants
relatifs à votre motion. Considérons la motion : « Cette Chambre
estime que le terrorisme ne mène à rien ». Les deux équipes doivent
passer beaucoup de temps à discuter des exemples de groupes
terroristes les plus récents, comme Al-Qaïda, le Hamas, l’IRA,
et l’OLP. Les équipes peuvent bien entendu analyser des cas plus
obscurs (tels que le Sentier lumineux, les Brigades Rouges ou le Parti
des travailleurs du Kurdistan). Toutefois, si ces groupes sont pris
en considération, il faudra en outre, et pas au lieu de, réaliser une analyse
des exemples les plus significatifs. En bref, il s’agit d’une application
du principe exposé au préalable selon lequel lorsqu’une question est claire,
il faut discuter de cette dernière.
Le moyen le plus facile pour les orateurs inexperts d’utiliser des
exemples insignifiants consiste à utiliser des anecdotes personnelles.
Par exemple, les orateurs inexperts peuvent parfois dire « L’autre jour,
dans ma classe de mathématiques. . . » ou « Ma sœur fait du sport,
et. . . . ». Ces exemples doivent être évités à tout prix, ils n’apportent
rien au soutient de votre argument, et permettent à vos adversaires
de vous attaquer facilement (« la famille de notre opposition le fait
peut-être, mais je suis sûr que le reste d’entre nous n’en font rien »).
A NA L Y S E D E S E X E M P L E S
An a l y s e f ra g i l e : u ne ét ud e d e c a s
Chapitre un : Préparation 93
Prémisse un, Mesdames et Messieurs,
(incomplet)
Grand titre
Chapitre un : Préparation 95
D O N NE R P L U S D ’E X E M P L E S
S T AT I S T I QU E S
Chapitre un : Préparation 97
Si vous choisissez d’utiliser des statistiques, il est important qu’elles
paraissent crédibles. Lorsque cela est possible, vous devez indiquer
la source de vos statistiques, ainsi que toute autre information pertinente
(telle que les dates). Par exemple : « Selon les statistiques de l’Union
internationale des télécommunications pour l’année 2007, environ
32 pour cent des Iraniens sont des utilisateurs réguliers de l’Internet ».
Ce type d’information spécifique est beaucoup plus crédible que
de dire : « Les statistiques montrent qu’environ un tiers des Iraniens
utilisent l’Internet ».
AU T RE S A L TE R NA T I VE S AU X E X E MP L E S
Les exemples et les statistiques sont de loin les moyens les plus
courants utilisés pour soutenir un argument. Toutefois, il existe des
alternatives.
En particulier, soutenir un argument qui fait appel au sens moral
ou à un principe général, avec des exemples, peut s’avérer être
compliqué. Par exemple, supposons que la motion est : « Cette
Chambre estime que les détentions dans la Baie de Guantanamo
étaient justifiée ». Sans doute l’opposition fera valoir les conditions très
dures de détention au camp de Guantanamo, et que ce camp nuit à la
sécurité et à l’influence internationale des États-Unis. Toutefois, que
se passe-t-il si l’équipe de l’opposition veut faire valoir que les
détentions elles-mêmes sont erronées ? De nombreux exemples
et statistiques existent sur les détentions au camp de Guantanamo,
mais aucun ne montre pourquoi elles sont intrinsèquement erronées.
Dans de tels cas, il est acceptable de revenir à des expressions
formelles de normes morales. En général, cela revient à citer des
accords internationaux pour montrer la volonté collective
internationale sur une question particulière. Dans ce cas,
la proposition pourrait faire valoir que :
C’est une honte, au niveau national et international,
que les États-Unis aient choisi de détenir des terroristes
présumés dans le camp de Guantanamo. Cela constitue
une violation fondamentale des principes internationaux
des droits de l’homme. La détention arbitraire est
interdite par l’article 9 de la Déclaration universelle des
Chapitre un : Préparation 99
pour laquelle une doctrine religieuse déterminerait une politique
publique (ou les résultats d’un débat sur la peine de mort !) dans des
pays laïques.
Il est facile de comprendre pourquoi les orateurs examinent parfois
les doctrines religieuses pour justifier leurs arguments lorsqu’il n’existe
ni des exemples ni des statistiques pour soutenir un point de vue.
Cependant, dans ces cas, il est préférable d’avoir recours aux
conventions internationales plutôt qu’aux arguments religieux, quelle
que soit leur importance pour une partie de la société.
RE C H E RC H E D E C ON TE NU
N ouv e l les et a c t ua l it és
R ec h erc he
C RÉ D IB IL I TÉ D E L A P R É S E N T AT I O N
D U C ON T E N U
E xe mp l es t i ré s d e s a pro p re v ie pr iv ée
Nous avons déjà mentionné qu’utiliser des exemples tirés de votre vie
personnelle dans la construction de votre argument est une erreur
stratégique. La raison donnée plus haut était que de tels exemples
n’apportent rien du point de vue stratégique.
Cependant, il existe une deuxième raison : les orateurs manquent
de crédibilité si leur justification ne vient que de l’expérience
personnelle. Cette raison est particulièrement importante au niveau des
tournois de débat nationaux et internationaux, où les équipes ont
tendance à utiliser excessivement des exemples tirés de leur propre
pays. Le principe pertinent est simple : la justification d’une équipe
doit être régie par la question du débat et la portée géographique
du tournoi, et pas par le lieu d’origine de l’équipe.
RA F F I NE ME N T NÉ F A S TE À L ’E X P L IC AT I O N
FA IB L E S S E S S P É C IF I QU E S
Inc o hé re nc e
Il est évident que les arguments doivent être compatibles les uns avec
les autres et avec le thème de votre équipe. Une contradiction directe
et pertinente pourra presque certainement entraîner la défaite d’une
équipe car elle érode significativement sa crédibilité.
Les contradictions directes et pertinentes sont, heureusement,
assez faciles à identifier dans la préparation. Cependant, des
incohérences subtiles entre les arguments peuvent aussi éroder
la crédibilité d’une équipe (mais pas au même degré), et peuvent être
difficiles à repérer dans la préparation.
Par exemple, dans le débat sur les traitements contre le sida
analysé précédemment, l’équipe de l’opposition (opposition) a fait
valoir que les médicaments génériques ne sont pas très bons, et,
par conséquent, ils ne représentent pas une solution viable
de remplacement des traitements contre le sida de marque. Un
orateur de l’opposition a avancé que les traitements contre
le sida étaient aussi mauvais que les médicaments génériques, qui
étaient eux-mêmes de très mauvaise qualité. Un autre intervenant
de la même équipe a fait valoir que les médicaments génériques
étaient si mauvais qu’ils étaient pires que les traitements actuels contre
le sida. Cet exemple montre à quel point certaines incohérences
peuvent être subtiles. Les deux orateurs ont fait valoir que les
traitements génériques étaient de mauvaise qualité, et donc qu’il
s’agissait de substituts inadéquats. Toutefois, leur compréhension de
Ins i g ni f ia nc e
N on- pe rt in enc e
Certains arguments sont certes faibles mais, surtout, ils ne sont pas
valables ; ils ne soutiennent pas ce que votre équipe veut montrer.
Autrement dit, même s’ils sont bien justifiés et argumentés, certains
arguments ne viennent pas à l’appui de votre point de vue de la
motion. Pour cette raison, bien évidemment, vous ne devriez jamais
les utiliser !
La forme la plus simple de ce type d’argument est celui qui
ne prouve pas votre point de vue de la proposition. Bien que cela
semble évident, il est surprenant de constater le nombre de fois que
les orateurs peuvent s’enthousiasmer à tel point par un argument
qu’ils ne prennent absolument pas conscience de son manque
de pertinence ! Cette situation est souvent liée à une mauvaise
compréhension des hypothèses sous-jacentes du débat.
Conclusion de l’étape 3
Dans ce chapitre, nous avons examiné l’importance d’utiliser des
arguments distincts, des critères essentiels auxquels doit répondre un
argument, et d’une structure interne possible pour un argument.
Nous savons que chaque argument doit inclure un certain nombre
de composants :
• Un grand titre (ou label),
• Un raisonnement et explication théoriques,
• Une justification,
• Au moins un raccord (tie-back),
La structure simple que nous avons examinée (un grand titre, suivi
d’une explication, d’exemples, et du raccord) est une façon
de combiner ces composants. En fin de compte, votre objectif, lors
du développement de tous les arguments doit être d’utiliser une
structure qui soit claire, logique et facile à suivre.
Étape 4 : la division
Une fois que votre équipe a développé des arguments, vous êtes prêt
pour rédiger des discours, mais vous ne pouvez pas le faire tant que
vous ne savez pas quelle sera la distribution des arguments entre les
orateurs. Cette attribution des arguments aux orateurs est connue sous
le terme de division. Dans ce chapitre, nous allons examiner les principes
directeurs importants pour décider de votre division.
D ÉBUTANT
Le concept de base
Commençons par comprendre le concept de base. Il y a trois
personnes dans une équipe de débat. On pourrait penser que les trois
orateurs présentent des arguments de fond, mais ce n’est pas une
pratique acceptée. Au contraire, il est admis que les troisièmes
orateurs consacreront leur discours à la réfutation et au résumé
(comme nous allons l’examiner en détail plus tard). Par conséquent,
les deux premiers orateurs présentent tous les arguments (de fond)
préparés par l’équipe.
C H O I X D E S G RO U P E ME N TS
I N T E R M É D I A I R E
D I V IS IO N S U S U E L L E S
P R E M I E R S OR A TE U RS
D E U X IÈ ME S OR A TE U RS
TR O IS IÈ M E S O R AT E U RS
Signalisation
Dans le débat, un signal est un grand titre (label) qui fournit à votre
public, juge, et opposition une indication du contexte où vous vous
trouvez dans votre discours. Un signal n’a pas besoin d’être
compliqué, mais il faut qu’il soit clair. Nous avons déjà couvert un
certain nombre de formes de signalisation. Par exemple, ce n’est
jamais suffisamment simple de commencer un argument avec un
raisonnement abstrait ; vous devez lui attribuer un grand titre (label)
clair, et dire, par exemple : « Mon premier argument, ce soir,
se rapporte à. . . » De même, vous ne devez jamais dire simplement
votre thème. Comme nous l’avons examiné plus haut, vous devez
d’une manière ou d’une autre faire comprendre à votre public que
c’est votre thème.
Ces techniques semblent simples, voire même faciles, mais elles
sont une partie vitale d’une structure efficace. Si vous n’avez pas
« signalé » les éléments importants de votre discours, vous courez
le risque majeur que votre juge et votre public considèrent votre
discours comme une discussion erratique plutôt qu’un argument bien
structuré.
Cela dit, il vous suffit d’afficher les éléments principaux de votre
discours. Par exemple, il est important de signaler le début de chaque
argument, mais il n’est pas nécessaire d’en faire autant lorsque vous
passez de l’explication aux exemples au sein de chaque point.
Le plan et le résumé
Le proverbe des rédacteurs de discours au début de l’étape 5 est un outil
utile pour de nombreux aspects en matière de débat et de communication
en public. Cependant, il n’est nulle part plus pertinent que dans le plan et le
résumé. Si les grands titres pour vos arguments sont des signaux (indiquant à
votre public et à votre juge où ils en sont), le plan et le résumé sont une
feuille de route qui montre à votre public et à votre juge le plan d’ensemble
de vos arguments.
Le plan et le résumé sont très simples, ou du moins ils devraient l’être. Ils
peuvent être à peu près identiques. Il suffit tout simplement de faire une liste
des arguments que vous présenterez ou avez présenté. Si vous souhaitez
donner quelques explications supplémentaires (par exemple, en rappelant
à votre public comment les arguments sont liés entre eux, ou comment
ils ont soutenu le thème), vous êtes invités à le faire. Toutefois, ni le plan
ni le résumé ne représentent un mini-argument. Vous ne parviendrez
jamais à convaincre quiconque que votre argument est vrai en l’organisant
sous forme de plan ou en le résumant, de sorte que vous ne devriez pas
perdre de temps en fournissant une description coup par coup des parties
Une conclusion
Dans un monde purement rationnel, le public ne serait jamais
influencé ou convaincu par l’éloquence de l’orateur ou par sa capacité
rhétorique, il jugerait simplement et rationnellement les arguments
sur le fond. Dans ce monde, il n’y aurait pas eu de place pour Winston
Churchill lorsqu’il dit « Donne-nous les outils et nous finirons
le travail », et aucune raison que Ronald Reagan ne dise
« M. Gorbatchev, abattez ce mur ».
Mais les gens ne sont pas comme ça. Peu importe leurs efforts
de concentration, et le soin avec lequel ils ont écouté, le public et les
juges peuvent toujours être influencés par un recours efficace à l’émotion
ou un résumé percutant d’une idée principale. C’est le rôle qu’a une
conclusion efficace ; ne pas tomber dans l’auto-indulgence ni dans
l’hyperbole, mais rappeler au public, de façon succincte et percutante,
votre point central.
Le Timing
Jusqu’à présent, nous n’avons pas considéré le timing interne d’un
discours, nous n’avons pas analysé combien de temps vous devriez
consacrer à chaque partie de votre présentation.
Il est important de ne pas être trop normatif sur la question
du timing. En fin de compte, le meilleur moment dépend
du contexte. Parfois, par exemple, il sera plus important pour vous
de passer plus de temps que d’habitude sur les réfutations ; en d’autres
occasions, vous devrez passer plus de temps à expliquer clairement vos
arguments. L’exigence la plus importante du timing interne est tout
simplement que vous passez environ 30 secondes sur votre conclusion
et quelques minutes sur la réfutation. En règle générale, chaque
orateur participant au débat passera plus de temps sur la réfutation ;
ainsi la deuxième opposition, par exemple, réfutera généralement plus
longtemps la deuxième proposition, qui réfutera plus longtemps que
la première opposition.
Introduction
Nous avons maintenant examiné tous les éléments nécessaires pour
préparer un débat : la question et la définition, l’approche
argumentaire, les arguments, la division, et la structure globale du
premier et du deuxième discours. Tout ce qu’il reste à faire est
d’examiner le processus de décision sur ces éléments et combiner
le tout ! C’est le processus du travail d’équipe pendant la préparation.
Chapitre un : Préparation 129
Il est tentant de considérer le travail d’équipe pendant
la préparation comme une simple tâche supplémentaire, qui est
accessoire par rapport aux principes importants que nous avons
couverts jusqu’à ce point. Cependant, il est très important : un travail
d’équipe efficace pendant la préparation permet à votre équipe
de traiter les principes énoncés de manière plus efficace et efficiente.
DÉBUTANT
L E S E TA P E S D E B A S E
Br a i n sto r m i n g
Ré tr oac ti o n
D é ve l op pe m e n t de l’ ar g um e n t at io n
Ré d ac t io n de s d isc o ur s
Le s di sc u s si o ns fi n a l e s
RÉ S O U D R E L E S D I V E R GE NC E S D ’ OP I N I O N
INTERMÉDIAIRE
L E T I MI N G D E B AS E
AC C É L É RE R L E N TE ME N T
Les orateurs qui doivent réaliser une préparation en une heure pour
la première fois ont tendance à se précipiter ; ils estiment que la seule
façon de préparer leur argumentation dans un court laps de temps est
d’aller aussi vite que possible. Toutefois, une heure peut être un délai
très long si vous travaillez efficacement. La meilleure façon de travailler
rapidement sur une préparation est de se concentrer sur le travail
de manière efficace, et de ne pas se précipiter.
La plus grande perte de temps dans la préparation est probablement
de suivre un chemin qui vous mène à une impasse et vous oblige
à changer de cap. Par exemple, en réalisant que votre division n’est pas
valable une fois que vos premier et deuxième orateurs ont presque fini
d’écrire leurs discours. Pour cette raison, il vaut mieux prendre le temps
de s’assurer que les fondements de votre argumentation sont solides,
même si cela implique un dépassement du temps imparti
au développement de l’argumentation. Si c’est le cas, vous aurez moins de
temps pour écrire les discours et pour les discussions finales. Bien que ce
ne soit certainement pas idéal, il est préférable de passer du temps
à clarifier et à développer l’argumentation de votre équipe ; si vous êtes
forcé de choisir, il est toujours préférable d’écrire un dossier solide
brièvement sur quelques fiches que d’écrire une argumentation faible dans
les moindres détails sur de nombreuses fiches !
L E AD E RS H I P
AVANCÉ
Réfutation
DÉBUTANT
Importance de la réfutation
Félicitations, vous avez terminé le chapitre un ! Vous devriez maintenant bien
connaître les nombreuses techniques majeures de développement d’un
argumentaire. Avec de la pratique, vous devriez être capable de développer des
arguments solides à l’appui de votre position sur la motion et d’anticiper les
arguments les plus solides en faveur de la position adverse.
Cependant, deux argumentaires opposés ne font pas un débat, aussi
importants soient-ils. Il en faut plus pour qu’il y ait débat : il faut qu’il y ait une
interaction entre ces argumentaires. Il ne suffit pas pour votre équipe de présenter
et de soutenir ses propres arguments ; vous devez également attaquer les
arguments de vos adversaires. C’est ce qu’on appelle la « réfutation ».
La réfutation est essentielle à un débat. Malheureusement, de nombreux
débatteurs peu expérimentés considèrent la réfutation un simple supplément aux
arguments qu’ils ont préparés.
Il est facile de comprendre pourquoi. La réfutation consiste à attaquer les
arguments de vos adversaires, il est donc généralement beaucoup plus difficile de
la préparer à l’avance comme vous l’avez fait avec vos arguments de fond.
Toutefois, la réfutation n’est pas particulièrement difficile. Quand on y pense, la
réfutation souligne les différences entre vos arguments et ceux de vos adversaires.
Puisque vous défendez des positions opposées sur la même question, ces
différences devraient être faciles à repérer et simples à énoncer !
Bien entendu, cela ne signifie pas que vous ne trébucherez jamais
au cours de la réfutation. Mais ce n’est pas grave ! La réfutation est si
importante pour la réussite d’un débat (particulièrement dans les
catégories de jeunes) qu’il vaut beaucoup mieux trébucher un peu que
produire un exposé parfaitement formulé mais comprenant peu ou
pas de réfutation du tout.
Importance de la minutie
Chaque débatteur a son opinion quant aux questions importantes
traitées dans un débat. Naturellement, vous devez vous concentrer sur
ces questions quand vous préparez votre réfutation. Si vous pensez
qu’une question est particulièrement importante, vous devez passer
plus de temps à la réfuter.
Toutefois, le simple fait de penser qu’un sujet constitue une
question importante du débat ne signifie pas que le juge partage
ce point de vue. Le juge peut légitimement considérer un sujet,
un argument ou un exemple totalement différent comme étant
essentiel au résultat du débat.
Votre réfutation doit donc être minutieuse. D’une façon ou d’une
autre, vous devez vous occuper de chaque argument, exemple et idée
majeur(e) que soulèvent vos adversaires. Vous ne devez pas consacrer
le même temps à chacun d’eux, bien entendu, mais vous devez clairement
réfuter toutes les idées importantes à un moment donné. Par exemple,
si vous avez montré qu’un argument est logiquement faux, vous devez, dans
P R É P AR E R U NE R É F U T A TI O N
INTERMÉDIAIRE
Réfutation de la définition
Dans un monde parfait, cette section ne serait pas nécessaire : les deux
équipes conviendraient de la même définition et la réfutation
définitionnelle n’aurait donc pas lieu d’être. En fait, monde parfait
ou pas, l’on éviterait la plupart des différends définitionnels si les deux
équipes avaient respecté les directives énoncées au chapitre un pour
le choix d’une définition appropriée et équitable.
Cependant, évitable ou non, les différends définitionnels existent.
Qui plus est, quand ils se produisent, votre juge s’attend à ce vous
suiviez une approche relativement classique pour gérer la situation.
De tous les aspects concernant la réfutation, il s’agit du plus
« ennuyeux », mais également du plus complexe du point de
vue technique.
Vous vous rappellerez qu’il existe deux tests pour savoir si une
définition est meilleure qu’une autre, et ces tests changent en fonction
de la règle définitionnelle utilisée.
Lorsque la règle appliquée ne prévoit aucun droit exclusif, les deux
tests sont :
1. Quelle définition est plus raisonnable ?
2. Quelle définition est plus proche de la question véritable (aussi
appelé sens propre) de la motion ?
Pourquoi ne
pouvez-vous
pas La proposition a défini la Vous pouvez contester la Vous ne pouvez pas contester
motion comme si celle-ci définition de la la définition de la proposition,
poursuivre ? se rapportait à un proposition, en soutenant à moins qu’elle soit
sujet différent, mais que la vôtre est plus proche particulièrement bizarre
sa définition reste, en du sens propre des mots de la (raisonnablement pas proche
elle-même, raisonnable. motion (c’est-à-dire que du sens propre des mots de la
votre définition couvre la motion). Dans ce scénario,
question véritable soulevée si vous ne pouvez pas contester
par la motion). cette définition, vous devez
abandonner l’argumentaire que
vous avez préparé. Nous en avons
parlé plus haut.
Ce tableau montre les situations susceptibles de se présenter en
fonction de la règle définitionnelle appliquée, et indique la meilleure
réponse pour une équipe d’opposition. Ce n’est essentiellement qu’un
résumé. Les principes qui y sont énoncés découlent directement des
règles définitionnelles présentées précédemment dans cet ouvrage.
Un élément mérite d’être souligné avant de poursuivre notre
discussion : La réfutation d’une définition est une étape importante. Si vous
réfutez une définition de manière erronée ou maladroite, vous perdrez presque
à coup sûr. Par conséquent, ne réfutez une définition que si vous êtes certain
de ne pouvoir argumenter avec celle de la proposition.
1ère opposition
Conteste la
définition de la
proposition
2ème proposition
Défend la définition
de la proposition.
(Peut réfuter la
définition de
l’opposition.)
2ème opposition
Réfute la définition de
la proposition.
3ème proposition
Défend la définition
de la proposition.
(Peut réfuter la
définition de
l’opposition.)
3ème opposition
Réfute la définition de
la proposition.
Le « même si » définitionnel
Les débats définitionnels peuvent souvent être difficiles. Une raison en
est que les différends définitionnels peuvent réduire le temps consacré
aux discussions sur les questions importantes que soulève la motion.
Dans un débat normal, le désaccord entre les équipes porte sur la
différence réelle entre les argumentaires ; dans un débat définitionnel,
en revanche, il est confiné à la différence entre les définitions.
Cette différence pose un problème. Supposons que votre équipe soit
coincée dans un débat définitionnel. Vous êtes confronté
à la perspective de perdre le débat si le juge n’est pas d’accord avec vos
arguments sur la question définitionnelle. Ainsi, vous devez trouver un
moyen de réfuter l’argumentaire de vos adversaires tout en maintenant
votre position sur sa définition. Vous pouvez le faire à l’aide d’un
« même si » définitionnel, en déclarant en substance : « Nous ne sommes
pas d’accord avec la définition de nos adversaires. Néanmoins, même si
leur définition était correcte, nous serions quand même en désaccord
avec leur argumentaire : il ne prouve même pas la pertinence de leur
interprétation de la définition ! » Naturellement, vous le feriez après
avoir réfuté la définition de l’opposition.
Dans leurs guides, les débatteurs australiens James Hooke et
Jeremy Philips ont dit de cette réfutation qu’elle crée « un mini-débat
dans le débat »3 et leur observation est pertinente (comme d’habitude).
Un « même si » permet à votre équipe de (i) réfuter la définition de
vos adversaires et de (ii) montrer au juge que vous pouvez réfuter avec
joie l’argumentaire de l’opposition. En substance, cette tactique crée
3 Philips J, Hooke J (1994). The Debating Book, UNSW Press, Sydney, page 68.
Voir aussi, Philips J, Hooke J (1998). The Sport of Debating: Winning Skills and Strategies,
UNSW Press, Sydney, page 101.
4 Par exemple, voir Philips J, Hooke J (1994). The Debating Book, UNSW Press,
Sydney, page 74. Voir aussi, Philips J, Hooke J (1998). The Sport of Debating: Winning
Skills and Strategies, UNSW Press, Sydney, page 107.
AVANCÉ
Insignifiance
Lorsque nous avons envisagé de prouver vos arguments, nous avons
considéré l’insignifiance comme faiblesse potentielle d’un argument : bien
que valide, un argument ou un exemple peut ne pas représenter la norme
générale que vous soutenez. C’est un motif de réfutation. La technique
de réfutation la plus adaptée à la situation est la marginalisation.
La marginalisation est une forme courante de réfutation mais,
malheureusement, la marginalisation par distinction est beaucoup moins
courante. Trop souvent, les débatteurs écartent des exemples, voire des
arguments adverses avec des réponses telles que : « L’exemple de nos
adversaires n’est qu’un cas isolé. Nous vous avons donné beaucoup plus
d’exemples pour étayer notre point de vue de la motion. » La pire
réponse possible pourrait être : « Cet exemple n’est que l’exception qui
confirme la règle. » La raison pour laquelle ces approches sont si faibles,
c’est qu’elles n’expliquent pas pourquoi un exemple ou un argument
parfaitement valable doit simplement être mis de côté.
Nous devons établir une distinction afin de marginaliser un exemple
ou un argument. Mais quel type de distinction devons-nous établir ? Sur
quelle base devons-nous écarter les arguments ou les exemples de
l’opposition ? Le seul conseil est très général : la distinction doit se faire
sur une base pertinente dans le contexte de la question débattue. Il est
très facile de distinguer les exemples sur des bases non pertinentes.
Imaginez un débat sur les avantages de l’énergie nucléaire, où un orateur
a utilisé l’exemple de Tchernobyl pour soutenir que l’énergie nucléaire
est dangereuse. Un adversaire pourrait essayer de distinguer Tchernobyl
en déclarant : « La catastrophe de Tchernobyl s’est produite en Union
soviétique et nous parlons d’utiliser l’énergie nucléaire aux États-Unis ».
Bien que ce soit là une distinction, la différence entre Tchernobyl et les
Inexactitude factuelle
Il est inévitable que, dans le froissement du papier journal,
l’enchevêtrement des recherches sur Internet et les recoins poussiéreux de
la mémoire d’un débatteur, parfois vos adversaires s’emmêleront
purement et simplement les pédales !
La capacité à corriger les inexactitudes factuelles de vos adversaires ne
signifie pas que vous avez trouvé un motif légitime de réfutation. Par
exemple, supposons que vous débattez de la question du terrorisme en
général et que vos adversaires évoquent « le bombardement de l’USS
Cole le 12 octobre 2001 ». Faire remarquer que l’USS Cole a été
bombardé le 12 octobre 2000 et non 2001 peut vous faire paraître plus
intelligent, mais ne constitue pas en soi un bon point de réfutation. Un
juge serait en droit de penser : « D’accord, ils se sont trompés sur la date,
mais l’argument en lui-même était solide et l’opposition ne s’y est pas
intéressée. »
En revanche, imaginez que le débat ait porté sur l’administration
Bush et sa réponse au terrorisme, et supposez que l’opposition
ait affirmé : « L’administration Bush n’a presque rien fait en réaction au
5 Nous avons abordé l’« attaque d’éthos » plus haut en tant que moyen de commencer
votre réfutation. Ceci est essentiellement une forme d’attaque d’éthos, bien qu’il
ne soit pas absolument nécessaire de s’en servir pour commencer votre réfutation ;
on peut simplement l’ajouter à un point de réfutation.
Causalité
De nombreux débats et discussions impliquent la question de savoir
si une chose en cause une autre, c’est-à-dire s’il existe une causalité.
Nous avons déjà examiné un exemple : la question de savoir
si la violence dans les médias est source de violence dans la société.
Contradictions
Les contradictions sont évidemment des motifs de réfutation, et nous en
avons déjà parlé, lorsque nous avons abordé l’importance de mettre ses
arguments à l’épreuve. Examinons trois éléments importants sur
la réfutation efficace des contradictions.
Réfutation cumulative
Jusqu’à présent, nous avons examiné chaque motif de réfutation
de façon isolée. Nous avons aussi compris que ces motifs s’inscrivent
dans la section « pourquoi l’argument est erroné » d’une structure
de réfutation simple. Toutefois, nous n’avons pas examiné le cas
du recours à plus d’un motif de réfutation ; en d’autres termes,
qu’en est-il si les arguments de vos adversaires sont erronés pour
plusieurs raisons ?
Ce n’est pas un problème pour vous. Au contraire, c’est un
avantage ! L’approche la plus simple consiste à naviguer parmi les
diverses raisons, en en mentionnant une à la fois. Il est inutile
d’expliquer les différentes raisons. Il suffit de les survoler en
expliquant (par exemple) que l’argument de vos adversaires repose sur
une inexactitude factuelle, est contradictoire et s’appuie sur une
hypothèse que vous voulez réfuter.
Cette approche fonctionne bien si vous avez un certain nombre
de motifs distincts et indépendants pour repousser l’argumentaire
de vos adversaires. Malheureusement, vos motifs de réfutation sont
rarement indépendants ; ils sont disposés en file indienne, sur une
ligne de défense en retraite. Plus haut, nous avons évoqué le « même si »
définitionnel. L’approche que nous sommes en train d’examiner est
un « même si » argumentatif général. Vous pouvez donner un certain
nombre de réponses à un argument de l’équipe adverse, chacune
ne devenant pertinente que si la précédente échoue. Pour reprendre
une analogie militaire, vous présentez une deuxième ligne
de réfutation au cas où votre ligne de front échoue ; éventuellement
une troisième si la deuxième échoue, peut-être une quatrième si la
précédente échoue, ainsi de suite.
Style
Introduction
Nous venons d’aborder la préparation et la réfutation. Les techniques
que nous avons examinées sont cruciales pour le développement de
concepts simples et percutants, qu’il s’agisse de l’approche de votre
thèse, de vos arguments personnels ou de votre réponse à l’équipe
adverse. Toutefois, le débat n’est pas qu’une question de concepts.
La présentation efficace de ces concepts revêt une plus grande
importance. Dans la présente section, nous allons examiner les
techniques et les principes les plus importants pour une présentation
efficace de vos idées à l’auditoire.
Être soi-même
Vous devez opérer une distinction fondamentale entre le style d’un
côté et le contenu et la stratégie de l’autre. La compréhension de
cette distinction est vitale sous peine de voir votre style en souffrir
considérablement.
Lorsque nous avons examiné le contenu et la stratégie (en étudiant
les principes respectifs de la préparation et de la réfutation), nous nous
sommes concentrés principalement sur le processus. Certaines actions
sont indispensables, tandis que d’autres sont à éviter. Toutefois, le style
s’avère quelque peu différent. Parlant de style, la l’aspect important
n’est pas ce que vous devez faire, mais ce que vous devez être. Pour être
simple, vous devez être vous-même et apprécier ce que vous êtes !
Nous disposons tous d’une manière naturelle de parler, que nous
en soyons conscients ou non. Chacun d’entre nous a son propre style,
qui évolue depuis les premiers mots de notre enfance. Ce style reflète
notre manière de parler, notre manière la plus confortable
de communiquer, et notre manière la plus efficace de convaincre.
Malheureusement, certains débatteurs ne font pas confiance à leur style
naturel. Ils adoptent plutôt une personnalité différente, un style
d’élocution complètement différent et qui n’émerge que dans les débats.
Généralement, ce style comprend des gestes forcés, une position rigide
inconfortable et une prononciation douloureusement attentive de
quasiment chaque mot. En fin de compte, cette approche manque
d’efficacité, et est loin d’être persuasive, elle est dépourvue de sincérité.
Vous devez éviter cela et rester vous-même. Bien entendu, vous
pouvez toujours vous efforcer de rendre votre style plus convaincant et
attrayant. Les idées et les points clés contenus dans ce chapitre sont
conçus pour vous aider dans ce sens. Toutefois, le but de l’entraînement
en matière de style n’est jamais de changer littéralement le style d’un
orateur, mais plutôt de le façonner pour le rendre plus efficace. Cela ne
signifie pas évidemment que l’orateur peut légitimement dire : « Bien
sûr, je marmonne rapidement et je ne fais pas contact visuel, c’est mon
style naturel ! » Cependant, vous devez effectivement faire appel à ces
techniques d’une manière qui semble naturelle et sincère pour vous.
Présentation visuelle
Au premier abord, il peut sembler étrange que nous soyons même
obligés de nous soucier de la présentation visuelle. Après tout, le débat
est un choc d’idées, et la présentation visuelle n’a presque rien à voir
avec les arguments (du moins, pas de la même manière que
la présentation orale ou verbale).
Toutefois, la présentation visuelle s’avère essentielle dans
la présentation générale d’un orateur et constitue donc un élément vital
du débat. En effet, la présentation visuelle d’un orateur constitue un
aspect important de sa crédibilité, et un orateur plus crédible est un
orateur plus convaincant.
Contact visuel
Le contact visuel (ou l’absence de contact visuel, pour être plus précis !)
est un sérieux problème chez de nombreux débatteurs, surtout chez les
débutants. En tant qu’êtres humains, nous sommes généralement
habitués à nous regarder dans les yeux lorsque nous discutons. Il est
pratiquement impossible d’être un débatteur efficace sans maintenir un
contact visuel efficace.
Par conséquent, un débatteur doit cibler des personnes
parmi l’auditoire et maintenir un contact visuel avec celles-ci pendant
Gestes
Les gestes constituent une partie naturelle de la conversation
quotidienne chez la plupart des gens. Regardez les gens parler, surtout
en position debout, et vous constaterez souvent qu’ils gesticulent
en permanence, même au téléphone ! Et donc ? En tant que
débatteurs, nous devons nous efforcer de paraître crédibles et sincères,
en d’autres termes avoir l’air naturel. Les gestes sont naturels dans une
conversation, il doit donc être naturel de gesticuler lorsqu’on parle dans
un débat.
Posture
Tout comme avec les gestes, l’aspect le plus important d’une posture
efficace consiste à rester naturel. De nombreux orateurs se soucient des
moindres détails de leur posture, par exemple la position de leurs pieds,
la répartition de leur poids ou la rectitude de leur dos. Toutefois, le
moyen le plus efficace d’avoir une posture naturelle c’est de ne pas vous
soucier de votre posture du tout !
La seule exception concerne les mouvements. Aucune règle ne vous
oblige à rester scotché sur place pendant toute la durée de votre
discours. Vous pouvez vous déplacer. En effet, tant que cela ne semble
pas artificiel, il peut s’avérer très efficace de faire quelques pas entre les
arguments. Toutefois, vous devez éviter tout mouvement répétitif ou distrayant.
Par exemple, de nombreux orateurs se balancent sur place en faisant
quelques petits pas en avant puis en arrière, ou à gauche puis à droite.
De même, de nombreux orateurs se promènent sur la piste sans raison,
souvent en un mouvement répétitif. Ce n’est pas en faisant des allées et
venues que vous allez vous attirer les faveurs du public, qui est obligé
de vous observer pendant huit minutes ! Le principe du mouvement
est simple : rien ne vous interdit de bouger, mais soyez conscient de vos
mouvements et déplacez-vous avec un but précis.
Chapitre trois : Style 187
Tics
Dans les débats, les tics apparaissent comme un trait distinctif
ou idiosyncrasique de la présentation visuelle. Par exemple,
un orateur a sa façon à lui de bouger.
Les tics en soi ne posent aucun problème, car chaque débatteur
a sa propre façon de s’exprimer. Cependant, ils deviennent
un problème lorsqu’ils sont répétitifs. Dans certains cas, les membres
de l’auditoire seront distraits par ce tic et accorderont peu d’attention
au reste ! Par exemple, vous pouvez avoir tendance à regarder
régulièrement en direction d’un endroit particulier de la salle, à jouer
avec vos cheveux ou (comme nous l’avons vu plus haut) à faire
le même geste de façon répétitive.
Il est impossible de dresser une liste complète des tics, justement
parce qu’ils sont tellement idiosyncratiques. Cependant, vous devez
être conscients des dangers qu’ils comportent et penser à tous les
éléments de votre présentation visuelle susceptibles de devenir répétitifs
et distrayants.
Présentation vocale
La présentation vocale concerne votre mode d’élocution et
d’expression devant votre auditoire.
Vitesse
La question majeure concernant la présentation vocale est
incontestablement la vitesse, et le plus gros problème c’est quand vous
allez trop vite. La prise de parole devant un auditoire peut créer une
impression de ralentissement du temps, phénomène inexplicable que
la théorie de la relativité commence désormais à admettre ! En d’autres
termes, ce qui peut paraître une vitesse tout à fait normale pour vous,
l’orateur, peut sembler insupportablement rapide pour le public
et les juges. Au départ, il peut s’avérer difficile de l’admettre en tant
Volume
Le volume est une composante importante de la présentation vocale.
L’élément le plus important du volume consiste sans doute à veiller
à ce que votre volume soit approprié au contexte de votre discours.
Par exemple, si vous vous adressez à une grande foule dans une
grande salle, il est important de parler fort et à voix haute. Si vous vous
adressez à un petit groupe dans une salle de classe, il est beaucoup plus
efficace d’adopter un ton de conversation.
Certains orateurs ont l’impression de devoir toujours parler haut et fort
pour paraître confiant et résolu. Certes cette technique peut s’avérer utile,
mais si vous en abusez, vous risquez de susciter l’effet opposé et de paraître
énervé et hors de contrôle. Il est souvent plus efficace de ne pas donner
l’impression de faire avaler de force votre argument à votre auditoire.
La meilleure approche consiste à parler doucement, à susciter
la concentration de votre audience comme si vous alliez leur livrer un
secret important. Ce style a l’avantage de forcer votre auditoire à se
concentrer davantage sur ce que vous dites, et peut à lui seul inspirer
force et confiance, parce que vous êtes suffisamment à l’aise pour livrer
votre discours dans un ton plus détendu et plus posé.
L’objectif ultime est de présenter un discours confiant adapté
au contexte, et de varier votre volume le cas échéant.
Présentation verbale
Le contenu et la stratégie sont souvent décrits comme les éléments
constitutifs de « ce que vous dites ». Cette perception n’est cependant
pas tout à fait exacte. En réalité, le contenu et la stratégie contiennent
les idées qui sous-tendent vos propos. Votre façon réelle d’utiliser les
mots pour exprimer ces idées et concepts est mieux perçue comme un
élément de style : la présentation verbale.
Il est impossible d’enseigner aux gens comment exprimer leurs
idées en mots. C’est une compétence naturelle acquise dès le jeune
âge ! Toutefois, cette expression peut être affinée et améliorée pour les
besoins des débats.
L’importance de la clarté
La clarté est de loin l’élément le plus important de la présentation
orale. Pour de nombreux orateurs en public, la clarté fait référence à la
façon dont ils énoncent leurs mots. Toutefois, ce n’est pas ce qui nous
intéresse ici. Nous devons être beaucoup plus soucieux des mots réels
utilisés pour énoncer des idées. Trop nombreux sont les débatteurs qui
utilisent des mots longs et des phrases alambiquées pour impressionner,
rendant leurs discours difficiles à comprendre et à suivre.
L’inverse est en principe vrai. Vous devez toujours viser à exprimer
vos idées aussi simplement et clairement que possible, à l’aide d’un
langage simple et des phrases courtes. Nous en avons déjà
vu précédemment un exemple, avec l’explication familière et efficace
d’Adam Spencer à propos d’un argument sur le pouvoir de marché de
Microsoft. Le principe sous-jacent doit être clair : votre objectif est de
présenter une thèse impressionnante, pas d’utiliser des mots et des
phrases impressionnantes ! Bien entendu, cela n’a absolument rien à voir
avec le contenu de votre argument lui-même. Même si vos arguments
7 Ce principe ne s’applique pas aux acronymes passés dans le langage courant tels
qu’ONU ou FIFA.
Humour
L’humour dans le débat est un couteau à double tranchant. S’il est utilisé
de manière efficace, il peut considérablement améliorer votre relation
avec un public. En revanche, si vous vous y prenez mal, vous risquez
de distraire votre auditoire, de le rendre perplexe et d’écorner votre
crédibilité. L’humour est très difficile à enseigner, mais facile à pratiquer.
Voici quelques indications générales :
• Vous n’avez pas besoin de l’humour ! Il est souvent facile, surtout
en compagnie de débatteurs drôles et plaisants, de percevoir l’humour
comme un élément essentiel du débat. Il ne l’est pas. Certains grands
discours argumentatifs de l’histoire ont été présentés sans aucun
humour (pouvez-vous imaginer le discours : « J’ai fait un rêve …en
fait, j’ai fait plusieurs rêves…c’est quoi un rêve au juste ? »)
Généralement, le sens de l’humour d’un débatteur, et la capacité
à l’utiliser au moment opportun, se développe lentement au fil
de nombreuses années. Ce n’est pas en brûlant les étapes que vous
allez y arriver.
• Si vous faites appel à l’humour, assurez-vous qu’il est approprié à votre
contexte. Bien entendu, le style doit toujours être adapté à son contexte,
comme nous allons le voir ci-dessous. Cela est particulièrement
important dans le cas de l’humour. Si, par exemple, vous débattez
sur le sport ou la télévision, les plaisanteries sont probablement les
Indicateurs généraux
Certains concepts importants ne s’appliquent pas exclusivement à la
présentation visuelle, verbale ou vocale. Ces questions sont plutôt
importantes car elles s’appliquent au style dans son ensemble.
[Énoncé]
Pourquoi ?
[Explication]
Par exemple
[Exemple(s)]
Et donc ?
[Liaison]
Importance du contexte
Le contexte est d’une importance capitale pour tous les discours dans
la vie de tous les jours. Il est rare de parler de la même manière à un
ami ou à un membre de la famille qu’à un enseignant ou à un
employeur, et il serait ridicule de demander quel est le style meilleur.
Il en est de même avec le débat. Bien que les caractéristiques de base
d’un bon style ne changent pas, votre style global doit refléter le contexte
de votre débat. Le style parfait standard n’existe pas. Les exigences
d’un style approprié seront un peu différentes selon les publics, les
adversaires, les lieux et les questions.
Chapitre trois : Style 197
Nous avons déjà examiné le danger de faire appel à l’humour dans
un débat sur une motion solennelle. Ce que nous voulons dire par
là est que le sujet du débat est un élément important du contexte,
et votre style doit refléter ce contexte si vous voulez être
un présentateur crédible.
Nous avons également examiné l’importance du contexte pour
le volume. Si vous débattez devant un grand public dans une grande
salle, vous trouverez probablement plus efficace de parler à haute voix
et de gesticuler de manière expressive. Toutefois, si vous débattez
devant un petit groupe dans une petite salle de classe, ce genre
de style risque de nuire à votre image devant les membres de votre
auditoire, qui auront seulement l’impression que vous leur criez
dessus. Dans ce contexte, adoptez plutôt un ton de conversation
et des gestes plus sobres.
Vos adversaires font sans aucun doute partie du contexte du débat.
Par exemple, vous pouvez vous retrouver à débattre avec des
adversaires décontractés et plaisants qui semblent avoir séduit
le public. Bien qu’il puisse être tentant d’essayer d’adopter ce style,
ce n’est pas toujours l’approche la plus efficace. La meilleure approche
consiste plutôt à faire l’inverse, c’est-à-dire à montrer à quel point
la motion est sérieuse sans faire la moindre remarque drôle.
Comme pour de nombreux aspects du débat, il est impossible
d’être catégorique sur les contextes qui font que tel ou tel style est
meilleur. Toutefois, il s’avère important de comprendre la vérité sous-
jacente : en matière de style efficace, il n’y a pas de solution uniforme
pour tous les orateurs, encore moins pour tous les contextes.
Questions d’information
et discours de réponse
Introduction
Dans les trois premières parties du présent ouvrage, nous avons
abordé l’essence de la technique de débat efficace à travers un style
adopté dans de nombreux débats à travers le monde. Toutefois, nous
devons également examiner deux autres aspects de ce style : les
questions d’information et les discours de réponse. Les questions
d’information et les discours de réponse sont généralement utilisés
uniquement dans les débats de plus haut niveau. Par exemple,
de nombreux débats scolaires suivent une structure simple de six
discours sans questions d’information. Toutefois, les Championnats
mondiaux scolaires de débat font appel aux questions d’information
et aux discours de réponse.
Les questions d’information et les discours de réponse
ne modifient pas sensiblement les caractéristiques d’une bonne
technique de débat. Ils enrichissent les points que nous avons déjà
abordés mais ne sont pas censés les remplacer. Il n’en demeure pas
moins qu’ils posent des problèmes spécifiques, car chacune des deux
techniques présente des caractéristiques spécifiques.
Questions d’information
S’asseoir, écouter ses adversaires parler, s’entendre dire en son for
intérieur « c’est absolument faux ! », attendre avec impatience que
l’adversaire termine et être frustré de ne pas intervenir tout
de suite...Tous les débatteurs sont sûrement passés par ces états. Les
questions d’information réduisent cette frustration en offrant aux
adversaires d’un orateur un droit limité d’interjection. Si elles sont bien
exploitées, les questions d’information peuvent grandement améliorer
le niveau et le spectacle d’un débat. Elles rendent le débat plus
dynamique et intéressant à suivre, elles récompensent les débatteurs qui
peuvent réfléchir par eux-mêmes et rendent généralement les orateurs
plus responsables. De nombreux débatteurs commencent par craindre
les questions d’information, mais la grande majorité apprend à les
maîtriser en suivant quelques techniques simples.
C O MB IE N D E QU E S T I ON S P OS E R ?
En règle générale, chaque orateur d’une équipe doit poser deux, trois
ou quatre questions d’information à chaque orateur de la partie
adverse. Vous devez noter le nombre de questions que vous avez
posées au cours de chaque discours.
La règle de deux questions d’information par membre d’équipe
pour chaque orateur de la partie adverse est stricte. Si vous ne posez
qu’une question d’information, ou si vous n’en posez pas du tout,
le juge aura le droit de vous retirer des points. Par conséquent, vous
devez poser au moins deux questions d’information. L’une des raisons
qui pousse de nombreux débatteurs à chronométrer chaque discours
d’un débat est de connaître le temps qu’il reste à leurs adversaires pour
pouvoir leur poser des questions d’information. Pour de nombreux
débatteurs, ne pas poser au moins deux questions d’information est
un signe qu’on n’a rien à dire. Cette perception n’est pas si avérée.
Chaque débatteur a quelque chose à dire ! Généralement cette
situation est plutôt le résultat d’un manque de courage pour se lever
et contribuer au débat. Cette hésitation peut être surmontée avec
un peu d’expérience et une détermination à mettre à nu les failles des
arguments de vos adversaires.
La règle de quatre questions d’information au maximum par
membre d’équipe à chaque orateur de la partie adverse n’est pas
stricte. Vous pouvez poser plus de quatre questions d’information sans
nécessairement perdre des points. Dans ce cas, c’est le contexte global
qui prime, car il est important de ne pas se servir des questions
d’information pour harceler vos adversaires. Par exemple, si vos
coéquipiers ont posé deux questions d’information chacun, il vous
sera difficilement reproché d’en poser six. Toutefois, si chaque
membre de votre équipe en pose six, cela peut être perçu comme
du harcèlement.
Cela dit, s’agissant du nombre de questions d’information à poser, il
n’y a pas de maximum pour l’équipe. L’accusation de harcèlement dépend
du contexte du débat. Si vous posez poliment beaucoup de questions
d’information à un orateur confiant, vous êtes moins susceptible d’être
QU E FA I RE P OU R P O S E R D E S QU E S T I O NS
D ’ IN F O R MA T I ON ?
C O MB IE N D E QU E S T I ON S D ’ IN F O R MA T I O N
AC C E P T E R ?
QU A ND AC C E P TE R L E S QU E S TI O NS
D ’ IN F O R MA T I ON ?
C O M ME N T D É C L I NE R U N E QU E S TI O N
D ’ IN F O R MA T I ON ?
Discours de réponse
Chaque débatteur aime penser qu’il ou elle peut finir sur le point clé,
et je ne suis pas une exception. Mon point clé dans la rédaction de cet
ouvrage est simplement ceci : le débat est un jeu. Il est vrai que le débat
est un processus intéressant qui enseigne des compétences précieuses,
mais en fin de compte, ce n’est qu’un jeu. Le but de n’importe quel
jeu, y compris un débat, est de gagner. Il n’y a pas de meilleur moyen
pour améliorer votre débat, et avoir du plaisir à le faire, que d’entrer
dans tous les débats avec la ferme détermination de faire tout son
possible, dans le respect des règles et de l’esprit de la compétition,
pour gagner.
Bien entendu, personne ne peut gagner tout le temps dans les
débats, quelle qu’en soit la durée. Tôt ou tard, les juges accorderont
la victoire à votre adversaire. Ce fait peut s’avérer difficile à accepter,
mais il est important de se rappeler que la plupart des débatteurs tirent
la plupart de leurs leçons vitales des débats qu’ils perdent, et non
de ceux qu’ils gagnent. Malheureusement, chaque juge, au cours
de son expérience, a eu à gérer des débatteurs, entraîneurs
ou supporters d’une équipe perdante qui préfèrent contester
vigoureusement le résultat plutôt que d’essayer de comprendre les
raisons de leur échec. Cela est regrettable, et non seulement parce que
la plupart des juges ont presque toujours raison. Chaque débat
représente également une opportunité d’apprendre quelque chose,
particulièrement les débats que vous perdez. Dans mon expérience,
les débatteurs qui apprennent le plus sur le long terme ne s’endorment
pas sur leurs lauriers et ne se plaignent jamais des mauvais jours.
Le présent ouvrage est plein d’explications détaillées, de conseils
et de techniques, de règles et d’autres conditions. Ces facteurs sont
essentiels au succès du débat, à tout âge et selon toutes les normes.
Mais en définitive, ils ne sont pas l’objet du débat, ni ne constituent
les éléments qui font du débat un plaisir. Lorsque j’ai fait mes débuts en
débat à l’école primaire, j’en savais peu sur la technique, encore moins
sur les règles. Toutefois, je considérais déjà le débat comme une
activité intéressante et plaisante. Une seule raison motivait cet intérêt :
Je sentais le besoin de me lever pour débattre avec quelqu’un en public.
J’ai décidé de rédiger cet ouvrage parce que je me suis senti obligé de
consigner tout ce que j’ai appris sur le débat pendant que je l’ai encore à
l’esprit. L’ouvrage remplira son objectif s’il parvient à être utile aux
débatteurs, à leurs entraîneurs ou à leurs supporters pour mieux
comprendre les règles, les motivations et les stratégies d’un bon débat.
S’il encourage certains jeunes à s’intéresser à quelques questions
importantes, qui font l’objet d’un débat social, ce serait encore mieux.
Mais en définitive, j’espère que cet ouvrage inspire les débatteurs à aimer
le débat pour ce qu’il est : le défi simple et la détermination de se lever
pour dire à quelqu’un qu’il a tort.
Jeux et activités
Le succès dans un débat passe avant tout par la compréhension des
théories et la maîtrise des techniques. Jusqu’ici, nous nous sommes
focalisés presque exclusivement sur la théorie à la base des techniques
de débat efficaces, mais de la théorie malgré tout. Pour de nombreux
entraîneurs et autres supporters, c’est là que se termine l’apprentissage
de la pratique du débat. Leur attitude consiste à dire : « Eh bien,
vous savez comment débattre, alors allez-y et montrez ce que vous
savez faire ! »
Leur attitude est compréhensible, mais quelque peu étrange. Elle ne
s’applique certainement pas aux autres types de compétition. Après
tout, comme nous l’avons mentionné dès le départ, peu importe
le nombre de livres que vous avez lus ou le nombre de photos que
vous avez étudiées, vous ne saurez en aucun cas jouer au basketball sans
prendre une balle ni nager sans plonger dans une piscine !
À bien des égards, cette vérité s’applique au débat. L’expérience
compte. Bien entendu, la meilleure façon d’acquérir de l’expérience en
matière de débat c’est de débattre ! Toutefois, pour des questions de
variété, de temps et de technique, vous pouvez également acquérir de
l’expérience à l’aide de différents jeux et activités. Dans bien des cas,
ces jeux et activités sont pour le débat ce qu’un match d’entraînement
est pour le football : certes ils ne représentent pas une situation réelle,
mais ils nous permettent de nous concentrer sur des aspects spécifiques
de notre technique et d’améliorer notre jeu !
Évidemment, il n’existe pas une façon unique de pratiquer ces jeux
et activités. En tant qu’entraîneur ou débatteur, vous êtes libre de les
utiliser tous ou de n’en utiliser aucun, de suivre exactement le livre
ou de les transformer à votre guise. La vérité est que, de mon point
de vue, les débatteurs ne pratiquent pas assez ces activités. Toutefois, ces
activités permettent de simplifier les techniques et d’acquérir de la
confiance dans la prise de parole en public, notamment dans les cycles
scolaires inférieurs.
Cette section est principalement destinée aux enseignants
et entraîneurs de la pratique du débat. Toutefois, nombre
de ces activités ne nécessitent pas spécifiquement la présence d’un
entraîneur ou d’un enseignant. Les débatteurs et équipes de débat
motivés seront en mesure de pratiquer plusieurs de ces activités tous
seuls. Rappelez-vous que nous avons déjà abordé un certain nombre
de techniques et d’activités efficaces plus haut dans cet ouvrage, par
exemple la réfutation de ses propres arguments ou la pratique de votre
discours devant un miroir. Les présents jeux et activités ne viennent
qu’en complément de ceux que nous avons déjà abordés.
Introduction au débat
Les activités suivantes constituent une introduction à la pratique
du débat pour les débutants. Elles mettent l’accent sur la définition
du débat en tant qu’exercice d’argumentation, et pas simplement une
série de discours sur les deux positions d’une motion.
P R É P AR A T IO N D U G R OU P E
Activité :
1. Asseyez-vous avec un petit groupe de débatteurs, environ entre trois
et dix personnes. Vous faites partie de la même équipe.
2. Annoncez une motion et prenez position par rapport à celle-ci.
Essayez de choisir une motion adaptée à l’âge et à l’expérience des
débatteurs. Par exemple, annoncez : « La motion est : « Cette
Chambre pense qu’il faut interdire les devoirs à domicile pour les
élèves du primaire. » Nous allons être du côté de la proposition,
c’est-à-dire que nous sommes d’accord avec la motion. »
3. Accordez du temps à chaque débatteur pour préparer les raisons
de soutenir la motion. À ce stade, un silence absolu doit régner !
D É B A T F O RU M
Objectifs :
• Montrez aux débatteurs inexpérimentés que le débat consiste
en une argumentation vivante et dynamique plutôt qu’en une
présentation de discours publics formels.
• Élaborez des arguments préparés et utilisez-les pour le débat.
Annexes 221
Activité :
1. Sélectionnez deux équipes de taille approximativement égale.
Chaque équipe doit compter entre trois et dix orateurs.
2. Arrêtez une motion pour le débat et assignez les positions.
Comme pour l’activité de Préparation des groupes illustrée plus
haut, essayez de choisir une motion adaptée à l’âge et
à l’expérience des débatteurs.
3. Demandez à chaque équipe de préparer des arguments en faveur
de sa position sur la motion. Cette activité suivra essentiellement
la structure de la Préparation des groupes définie plus tôt, même
si vous n’êtes pas obligé de suivre strictement cette structure
(par exemple, vous n’êtes pas tenu de présider la préparation
cette fois).
4. Si vous disposez d’un grand nombre d’orateurs, vous pouvez
diviser chaque équipe en deux groupes de taille relativement
égale : un groupe présentera les arguments préparés et l’autre la
réfutation. N’oubliez pas que les orateurs de la réfutation ne
doivent pas commencer à rédiger leur réfutation. Ils sont censés
répondre à ce que leur équipe dit pendant le débat.
5. Aménagez la salle de sorte que les deux équipes soient face à face,
comme au parlement.
6. Présentez les équipes, la motion et les règles générales du débat
(ci-dessous).
7. Lancez le débat en invitant un membre de l’équipe de
proposition à présenter un argument préparé.
8. Invitez un membre de l’équipe d’opposition à présenter une
brève réfutation de cet argument.
9. Invitez un membre différent de l’équipe d’opposition à présenter
un argument préparé contre la proposition.
10. Invitez un membre de l’équipe de proposition à présenter une
brève réfutation de cet argument.
11. Continuez jusqu’à ce que tous les arguments préparés soient
présentés et que, dans l’idéal, tout le monde ait parlé.
12. Continuez avec un argument général sur la question, en passant
d’une équipe à l’autre et en désignant des volontaires pour
s’exprimer.
C O MP RE ND RE L A T H É OR I E
Activité :
1. Divisez les participants en groupes de trois à cinq élèves environ.
Chaque groupe va travailler séparément avant de comparer
les résultats.
2. Annoncez une motion à tous les participants et, si nécessaire, une
position (par exemple la proposition).
3. Annoncez un aspect de la préparation, par exemple, la question,
la définition, etc.
4. Accordez aux participants un peu de temps pour préparer cet aspect
de l’argumentaire pour cette motion (par exemple, une minute
pour travailler sur une question, trois minutes pour travailler sur
une définition).
Annexes 223
5. Chaque groupe doit s’accorder sur les différents points.
Les groupes peuvent ensuite partager leurs réponses avec tous les
participants.
6. Répétez l’activité si nécessaire, en changeant la motion et l’aspect
de la préparation à chaque fois.
7. Pour tester correctement la compréhension des participants,
choisissez des motions difficiles ou obscures. Ces motions ne font
pas forcément les meilleurs débats, mais elles peuvent se révéler très
efficaces dans l’apprentissage des techniques. Par exemple, nous
avons utilisé la motion, « Cette Chambre pense que grand est
beau », pour examiner la technique de recherche d’une question au
chapitre un.
JE U D E S N O MS
Activité :
1. Divisez les participants en groupes de taille égale (plus de deux
membres). Le jeu fonctionne généralement mieux avec des
groupes de quatre ou six personnes. Les instructions suivantes
s’appliquent à un seul groupe, en l’occurrence un groupe de six.
224 Débattre dans le style scolaire mondial : un guide
2. Demandez à chaque membre du groupe d’écrire dix noms sur des
bouts de papier et de plier chaque bout en deux. Les noms
ne doivent pas être inventés. Il doit s’agir de noms de personnes
relativement bien connues ! Limitez le choix de ces personnes
en fonction du sérieux accordé au jeu. Par exemple, si vous jouez
pour le plaisir, autorisez les personnages de la télévision et les
vedettes du cinéma. Si vous jouez pour les objectifs les plus dignes
d’un débat, limitez l’exercice aux noms de personnes susceptibles
de survenir dans les débats.
3. Mettez tous les noms dans un récipient. Dans notre exemple,
le récipient contiendra donc soixante bouts de papier.
4. Divisez le groupe en paires. Chaque paire devient une équipe. Pour
des raisons qui vont paraître évidentes dans un instant, le jeu est
généralement plus compétitif si les joueurs sont divisés en équipes
après avoir écrit leurs noms.
5. Choisissez au hasard un ordre de passage des équipes. Dans notre
exemple, l’équipe 1 passera en premier, puis l’équipe 2 et enfin
l’équipe 3.
6. L’équipe 1 choisit un joueur pour lancer les questions-devinettes.
Passez le récipient à ce joueur.
7. Ce joueur choisit un bout de papier plié dans le récipient et donne
des indices à son/sa coéquipier(ère) pour que celui/celle-ci
prononce le nom indiqué sur le bout de papier. Toutefois, il/elle
ne doit prononcer aucune partie du nom de la personne.
Les descriptions phonétiques (« son nom rappelle… ») sont
acceptables du moment que le mot de comparaison est réel !
Par exemple, le joueur qui pose la question pourrait dire :
• « Secrétaire d’état des États-Unis » ou,
• « Épouse de l’ancien président américain démocrate », mais il ne
doit en aucun cas dire
• « Épouse de Bill Clinton », ni
• « Rime avec ‘Clillary Hinton’ ! »
8. Le joueur dispose d’une minute pour aider son coéquipier
à prononcer le nom. Si le coéquipier parvient à identifier le nom
correctement, le joueur élimine le papier plié et en choisit un autre
dans le récipient. Lorsque la minute s’est écoulée, le joueur remet
le nom non identifié dans le récipient et passe le récipient au joueur
choisi dans l’équipe 2.
Annexes 225
9. Le processus continue. Les joueurs de la même équipe doivent
alterner leurs rôles dans ce jeu de questions-réponses. Par
exemple, après le tour de l’équipe 3, le récipient passe au membre
de l’équipe 1 qui avait commencé le jeu en répondant.
10. Le jeu prend fin lorsqu’il n’y a plus de bout de papier dans
le récipient. L’équipe gagnante sera celle qui aura identifié plus
de noms que n’importe quelle autre équipe.
Aptitudes stylistiques
Vous pouvez améliorer votre style de plusieurs manières :
en pratiquant votre discours devant un miroir ou en accordant une
attention particulière aux commentaires du juge par exemple.
Dans de nombreux sports, les participants s’entraînent
en travaillant individuellement sur de nombreux éléments de leur
technique. Par exemple, les nageurs utilisent souvent une planche
pour se concentrer uniquement sur leur coup de pied, et les joueurs
de baseball utilisent une cage de frappeur pour travailler leur frappe.
Il est difficile de séparer les éléments de style sans faire des exercices
ciblés. Si vous essayez d’améliorer votre style simplement
en débattant, vous allez vous surprendre en train d’améliorer votre
posture, vos gestes, votre contact visuel, votre variation vocale
et votre pause tout en pensant à ce que vous êtes en train de dire !
Cette activité globale peut aisément être variée pour travailler le style
élément par élément.
É L É M E NT S D E S TY L E
Annexes 227
• Travaillez à la présentation émotionnelle en assignant à chaque
orateur un sujet émotionnel (par exemple un sujet sur la vie et
la mort tel que la peine de mort). Bien entendu, présentation
émotionnelle ne rime pas avec pleur ou hurlement.
En définitive, il s’agit de présenter la question d’une manière
sincère tout en faisant appel aux plus hautes valeurs morales
pour renforcer la persuasion.
• Travaillez à réduire les « promenades » de l’orateur en plaçant
une marque sur la piste et en forçant l’orateur à présenter
l’intégralité de son discours sans dépasser cette marque. Dans
les débats, une telle posture n’est pas nécessaire, mais cet
exercice permet à l’orateur d’être conscient du nombre de ses
déplacements.
• Travaillez à la présentation globale de l’orateur en filmant
celui-ci pendant sa prestation et en repassant la vidéo.
De nombreux orateurs ne se sont jamais vu s’exprimer, d’où
l’efficacité de cette technique. Elle touche souvent du doigt les
problèmes de style (tels que les marmonnements, les tics
insupportables ou les déplacements) sous un angle d’où
l’orateur ne les voit jamais : sous l’angle de l’auditoire !
Compétences en matière de
préparation et de prestation
Ces activités sont conçues pour améliorer l’aptitude d’une équipe
à se préparer ensemble. Généralement, elles s’avèrent plus efficaces
lorsqu’on entraîne une équipe aux débats à courte préparation
de manière efficace.
E X E R C IC E S D E P R É P AR A T IO N C O U RT E
D É B A TS A V E C TE M P S D E P R É P A RA T I O N TR È S
L I M I TÉ
Annexes 229
La plupart des équipes réalisent de piètres performances dans cette
activité, du moins au début. Cependant, les débats avec temps
de préparation très limité peuvent avoir des avantages considérables dans les
techniques d’un débatteur. Par exemple, les débatteurs doivent repérer les
principales questions rapidement, élaborer un argumentaire simple
et n’auront pas le temps de rédiger entièrement leur discours sur leurs
feuilles de notes. Ces compétences s’avèrent importantes pour toute forme
de débat, notamment pour les débats à préparation de courte durée.
C H A N GE R L E S R Ô L E S
Activité :
1. Suivant le même modèle illustré plus haut, formez deux équipes
et annoncez les positions et une motion.
2. Demandez aux équipes de réaliser une préparation de courte durée.
Il peut s’agir d’une préparation courte normale d’une heure, voire
moins, par exemple 15 minutes.
3. Juste avant le débat, prenez les participants par surprise en changeant
tout ce qui a été convenu. Par exemple, changez l’ordre des orateurs
dans chaque équipe, ou encore échangez les positions des équipes sur
la motion (l’équipe affirmative devient négative et vice versa). Cet
exercice, tout comme les débats avec temps de préparation très limité,
met l’accent sur les bases.
Activité :
1. Divisez les participants en équipes et annoncez les positions.
2. Tenez l’équipe affirmative à l’écart et annoncez la motion.
3. Accordez à l’équipe de la proposition 15 minutes pour préparer
sa position.
4. Annoncez la motion immédiatement avant d’inviter le premier
orateur de la proposition à commencer le débat.
5. L’équipe d’opposition est par conséquent tenue de préparer
un argumentaire et une réfutation pendant que le premier
intervenant de la proposition s’exprime. Comme nous l’avons vu
au Chapitre un, c’est essentiellement ce que l’équipe
d’opposition doit faire si elle doit abandonner son argumentaire
dans un débat réel.
D É B A TS À A R GU M E N TA I RE S U RP R IS E
Objectifs :
• Forcer les débatteurs à réfléchir sur les hypothèses sous-tendant
leur argumentaire.
• Encourager les débatteurs à faire preuve de souplesse
et à répondre directement au défi lancé par les adversaires.
Activité :
1. Divisez les participants en équipes et annoncez les positions et
la motion.
Annexes 231
2. Demandez aux équipes d’aller se préparer rapidement
(une heure).
3. Interrompez la préparation de l’une des équipes.
4. Indiquez à cette équipe les éléments à discuter et faites-lui adopter
une approche particulièrement radicale. Par exemple, si la motion
est « Cette Chambre pense que le féminisme a échoué », demandez
à l’équipe de la proposition de soutenir que les hommes et les
femmes ne doivent pas être égaux, et que le féminisme a échoué
parce qu’il a tiré les femmes de leur place légitime qu’est le foyer. Si
la motion est : « Cette chambre pense que la guerre en Afghanistan
est justifiée », demandez à l’opposition de soutenir que la guerre
en Afghanistan n’est pas justifiée parce que les attentats du
11 septembre (qui ont servi de justification à cette guerre) étaient
eux-mêmes justifiés.
5. Lancez le débat sur la motion.
D É B A T D E TY P E I NT E R R OG A T IO N
Activité :
1. Divisez les participants en équipes et annoncez une motion et les
positions. Pour cette activité, vous n’avez besoin que de deux
orateurs pour chaque position.
2. Demandez aux débatteurs de préparer la motion, soit pour
un débat avec temps de préparation limité (une heure), soit pour
un débat avec temps de préparation très limité (15 minutes).
Expliquez l’activité entièrement avant le début de la préparation
des débatteurs.
Annexes 233
Motions
Malgré toutes les difficultés inhérentes à la technique du débat,
l’aspect le plus frustrant dans l’organisation d’un débat consiste parfois
à trouver une bonne motion ! Une bonne motion de débat, pour
notre type de débat, est généralement celle dans laquelle le sujet est
clair et tangible, et pour laquelle les deux équipes peuvent formuler
des arguments solides et simples.
Vous trouverez ci-dessous une liste de 500 propositions
de motions. Elles sont classées par catégories et parfois par sous-
catégories. Elles concernent une grande variété de sujets, à divers
niveaux de débat. La plupart des motions sont très générales, même
si elles ne seront pas toutes pertinentes pour tous les débatteurs
de tous les pays.
C’est loin d’être une liste parfaite ou définitive des motions
de débat. J’espère néanmoins que vous trouverez ces motions
pertinentes et utiles, que vous deviez en choisir en tant
qu’organisateur, que vous deviez vous en servir en tant qu’entraîneur
ou que vous deviez les consulter en tant que débatteur.
Annexes 235
Cette Chambre pense que des peines sévères sont le meilleur moyen
de réduire la criminalité chez les mineurs
Cette Chambre pense que nous ne sommes pas assez sévères contre
la criminalité des mineurs
Cette Chambre pense que les criminels adolescents doivent être poursuivis
au même titre que les adultes
Cette Chambre pense que les juges doivent être élus
Cette Chambre pense que le judiciaire ne doit pas être un outil
de changement social
Cette Chambre pense qu’il existe des lois différentes pour les riches
Culture
Cette Chambre pense qu’une langue qui a besoin d’être protégée ne vaut
pas la peine d’être protégée
Cette Chambre pense que les trésors culturels doivent être renvoyés vers
leurs lieux d’origine
Cette Chambre pense que le gouvernement doit subventionner l’art
traditionnel des cultures minoritaires
Cette Chambre pense que l’art doit s’autofinancer
Cette Chambre pense que les gouvernements doivent subventionner l’art
Cette Chambre pense qu’il ne faut pas regretter l’influence de Hollywood
Cette Chambre pense que Hollywood doit arrêter d’essayer d’enseigner
l’histoire
Cette Chambre pense que la superproduction a ruiné l’art du cinéma
Démocratie
Cette Chambre pense que la démocratie est le meilleur système
de gouvernement pour toute nation
Cette Chambre pense que la démocratie est si bonne qu’on devrait veiller
à en faire bénéficier tout le monde
Cette Chambre pense que la démocratie ne doit jamais être sacrifiée
au nom du progrès
Cette Chambre pense que la démocratie a échoué dans les pays
en développement
Cette Chambre pense que les nations en développement ont besoin
de dictatures fortes
Cette Chambre pense que la dictature peut se justifier
Cette Chambre pense qu’une dictature forte vaut mieux qu’une
démocratie faible
Politique antidrogue
Cette Chambre pense que l’alcool constitue un problème plus important
que la cigarette
Cette Chambre pense que le cannabis doit être traité comme l’alcool et les
cigarettes
Annexes 239
Cette Chambre pense qu’il n’y a pas assez d’or pour passer au vert
Cette Chambre pense que la croissance économique est la solution
au changement climatique
Cette Chambre pense qu’il faut sacrifier la croissance économique pour
le bien de l’environnement
Cette Chambre pense que l’agriculture moderne est mauvaise pour les
communautés locales
Cette Chambre pense que le développement d’une industrie propre
devrait être une condition à remplir pour recevoir une assistance hors
situations d’urgence
Cette Chambre pense qu’il faut continuer à soutenir l’accord de Kyoto
Cette Chambre pense que les États–Unis ont eu raison d’abandonner
Kyoto
Cette Chambre pense qu’il faut soutenir le commerce international
de permis de polluer
Cette Chambre pense que le réchauffement de la planète doit être notre
principale priorité
Cette Chambre pense qu’il faut abandonner les carburants fossiles
Cette Chambre pense qu’il faut payer les pays en développement pour
qu’ils arrêtent l’exploitation de leurs forêts tropicales
Cette Chambre pense que l’écotourisme a échoué
Cette Chambre pense que le tourisme commercial ne doit pas être autorisé
dans les parcs nationaux
Féminisme et égalité des sexes
Cette Chambre pense que le féminisme a échoué
Cette Chambre pense que le féminisme corrompt la famille
Cette Chambre pense que le féminisme est mort
Cette Chambre pense que l’Occident doit traiter le sexisme d’État comme
l’apartheid
Cette Chambre pense qu’il faut regretter le féminisme
Cette Chambre pense qu’il faut réserver des sièges aux Congrès pour
les femmes
Cette Chambre pense que les femmes doivent combattre en première
ligne
Cette Chambre pense qu’il faut obliger les grandes entreprises à appliquer
des quotas de femmes aux postes de direction
Cette Chambre pense que le gouvernement doit rémunérer les femmes
au foyer pour leur travail
Cette Chambre pense que le mariage est une institution dépassée
Cette Chambre pense que les couples mariés et les couples non mariés
doivent être parfaitement égaux devant la loi
Annexes 241
Cette Chambre pense que le travail des enfants est inacceptable dans les
pays en voie de développement
Cette Chambre pense que les droits de l’homme sont un luxe que les pays
en voie de développement ne peuvent se payer
Cette Chambre pense que « les droits économiques, sociaux et culturels »
ne doivent pas du tout être reconnus comme des droits de l’homme
Cette Chambre pense que le riz est plus important que les droits
Cette Chambre pense que le seul droit de l’homme c’est le droit
à la bonne gouvernance
Cette Chambre pense que la politique de l’enfant unique est légitime
Cette Chambre pense qu’il faut boycotter les entreprises qui utilisent
le travail des enfants
Individu et société
Cette Chambre pense que le capitalisme favorise une meilleure société que
le socialisme
Cette Chambre pense que la mort du communisme est regrettable
Cette Chambre pense que le secteur privé est plus à même de résoudre
les problèmes du pays que le gouvernement
Cette Chambre pense qu’il faut retenter le marxisme
Cette Chambre pense que les entreprises privées gèrent mieux les services
publics
Cette Chambre pense qu’il faut instaurer les soins de santé universels
Cette Chambre pense qu’une société plus juste passe par la hausse des
impôts
Cette Chambre pense que le gouvernement qui gouverne le moins
gouverne le mieux
Cette Chambre pense que l’égalité est le repère de la société
Cette Chambre pense que l’équité est plus importante que l’efficacité
Cette Chambre pense que des impôts faibles valent mieux que des services
gouvernementaux étendus
Cette Chambre pense que l’« égalité des chances » est injuste
Cette Chambre pense que les impôts c’est du vol
Cette Chambre pense que l’État-providence est un droit
Cette Chambre pense qu’il doit toujours y avoir des pauvres
Cette Chambre pense qu’il faut supprimer l’impôt direct
Cette Chambre pense qu’il faut soutenir la discrimination positive
Cette Chambre pense que la richesse est la seule base légitime
de la discrimination positive
Cette Chambre pense que la désobéissance civile est légitime dans
une démocratie
Annexes 243
Cette Chambre pense qu’il faut soutenir la défense antimissile
Cette Chambre pense qu’il faut échanger des territoires contre la paix
Cette Chambre pense que l’espionnage est immoral
Cette Chambre pense que le financement d’insurrections contre
les régimes totalitaires est un outil légitime de politique étrangère
Cette Chambre pense que le monde est confronté à un choc
des civilisations
Cette Chambre pense que des sanctions économiques sont préférables
à la guerre
Cette Chambre pense que les sanctions économiques font plus de mal que
de bien
Cette Chambre pense que l’OTAN n’est plus nécessaire
Cette Chambre pense que la Russie doit rejoindre l’OTAN
Cette Chambre pense que le bombardement de la Yougoslavie
par l’OTAN était justifié
Cette Chambre pense que le monde se portait mieux avec le Mur
de Berlin
Cette Chambre pense que deux superpuissances, c’est mieux qu’une seule
Cette Chambre pense que les Nations Unies doivent assumer un rôle plus
important en tant qu’exécuteur mondial
Cette Chambre pense que les Nations Unies ont échoué
Cette Chambre pense que les Nations Unies doivent avoir une
armée permanente
Cette Chambre pense que les assassinats politiques sont un outil légitime
de politique étrangère
Cette Chambre pense que l’assassinat de dictateurs est justifiable
Cette Chambre pense que la deuxième guerre contre l’Irak était justifiée
Cette Chambre est favorable à la partition de l’Irak
Cette Chambre pense que le Président Karzaï fait partie du problème
Cette Chambre pense que l’OTAN subira le même sort que
les Soviétiques en Afghanistan
Cette Chambre est favorable à l’armement de milices locales pour
combattre les talibans
Cette Chambre pense que le monde a besoin que l’Amérique soit
son gendarme
Cette Chambre pense que l’Asie du Sud-Est n’a pas besoin des États-Unis
Cette Chambre pense qu’il faut soutenir les bases militaires américaines
en Asie
Annexes 245
Cette Chambre pense que l’État ne doit avoir aucun rôle formel
dans l’audiovisuel
Cette Chambre pense que les médias jouent un rôle trop important dans
la politique moderne
Cette Chambre pense que les médias ont trop d’influence sur les jeunes
Cette Chambre pense que les stars d’Hollywood sont de mauvais modèles
pour les jeunes
Cette Chambre pense que la publicité fait plus de mal que de bien
Cette Chambre pense que la publicité est une malédiction
Cette Chambre pense qu’il y a trop de publicité dans notre société
Cette Chambre pense que les personnalités ont droit à une vie privée
Cette Chambre pense que la vie privée des hommes politiques est
une affaire publique
Cette Chambre pense que la vie privée des personnalités n’est pas
un bien public
Cette Chambre pense que le droit à l’information du public est supérieur
au droit d’un candidat à la vie privée
Armes et énergie nucléaires
Cette Chambre pense que les nations non nucléaires doivent le rester
Cette Chambre pense qu’il faut regretter l’ère nucléaire
Cette Chambre pense que chaque nation doit avoir le droit de se défendre
avec des armes nucléaires
Cette Chambre pense qu’il faut abolir le Traité de non-prolifération
nucléaire
Cette Chambre pense qu’il faut interdire toutes les armes nucléaires
Cette Chambre pense qu’il faut soutenir les moyens de dissuasion
nucléaire
Cette Chambre pense que le charbon et le pétrole sont plus dangereux
que l’énergie nucléaire
Cette Chambre pense qu’il faut soutenir l’utilisation de l’énergie nucléaire
Cette Chambre pense qu’il faut arrêter d’utiliser l’énergie nucléaire pour
des besoins civils
Politique et processus politique
Cette Chambre pense que les petits partis et les indépendants entravent
le processus parlementaire
Cette Chambre pense que le système bipartite ne marche pas
Cette Chambre pense que le gouvernement a trop de secrets
Annexes 247
Pauvreté et développement
Cette Chambre pense que les nations en développement ne doivent pas
suivre le modèle occidental
Cette Chambre pense que le développement durable est un mythe
Cette Chambre pense que les nations en développement doivent
nationaliser leurs ressources énergétiques
Cette Chambre pense que la Banque mondiale est une partie du problème
Cette Chambre pense que le commerce c’est mieux que l’aide
Cette Chambre pense que l’aide étrangère est un obstacle
au développement
Cette Chambre pense qu’il faut effacer la dette du tiers monde
Cette Chambre pense qu’il faut lever les brevets des produits
pharmaceutiques pour les pays en développement
Cette Chambre pense que la fin de l’explosion démographique
est regrettable
Cette Chambre pense qu’il faut appuyer une régulation démographique
accrue
Cette Chambre pense qu’il faut appuyer la régulation démographique par
la législation
Cette Chambre pense que la régulation démographique doit être
un préalable à l’aide étrangère
Cette Chambre pense que l’éducation primaire universelle dans
les économies en développement est une perte d’argent
Race, immigration et questions autochtones
Cette Chambre pense qu’il faut davantage faciliter l’immigration
Cette Chambre pense que le multiculturalisme est un mirage
Cette Chambre pense que le melting pot a échoué
Cette Chambre pense qu’il faut soutenir les revendications
d’autodétermination des autochtones
Cette Chambre pense que les populations autochtones devraient être
autorisées à chasser sans licence
Cette Chambre pense qu’il faut réserver des sièges au Congrès pour les
minorités raciales
Religion
Cette Chambre pense que la religion n’a pas sa place dans les écoles
Cette Chambre pense que l’enseignement de la théorie de l’évolution doit
être obligatoire dans toutes les écoles
Cette Chambre est défavorable à l’inscription du « dessein intelligent »
au programme des sciences des écoles
Annexes 249
Cette Chambre pense qu’il faut autoriser la rémunération des mères
porteuses
Cette Chambre pense qu’il faut autoriser la maternité de substitution
Cette Chambre pense qu’il faut interdire la chirurgie esthétique
Cette Chambre pense qu’il faut interdire l’usage de mannequins
trop maigres
Cette Chambre est favorable à la vente d’organes médicaux à des
fins lucratives
Cette Chambre pense qu’il faut accorder la priorité du don d’organes
à ceux qui ont mené une vie saine
Cette Chambre pense qu’il faut interdire les techniques de procréation
Cette Chambre pense que le père doit toujours être présent
à la conception
Cette Chambre pense qu’il faut cloner des humains
Cette Chambre pense qu’il faut utiliser des clones
Cette Chambre pense qu’il faut modifier génétiquement les animaux
d’élevage
Cette Chambre pense qu’il faut soutenir le génie génétique
Cette Chambre pense que le génie génétique a plus d’avantages
que d’inconvénients
Cette Chambre pense qu’il faut interdire les produits génétiquement
modifiés
Cette Chambre pense qu’il faut utiliser des cultures génétiquement
modifiées pour nourrir le monde
Cette Chambre pense qu’il faut accorder plus de valeur au caractère sacré
de la vie qu’à la qualité de vie
Cette Chambre pense que nous avons trop foi en la médecine
Cette Chambre pense qu’il faut autoriser la recherche sur les tissus fœtaux
des cellules souches
Cette Chambre pense qu’il faut établir une base de données complète
d’ADN
Cette Chambre pense qu’il faut légaliser l’euthanasie volontaire
Cette Chambre pense qu’il n’y a rien de tel que le droit de mourir
Cette Chambre pense qu’il faut interdire la discrimination génétique
Cette Chambre pense qu’il faut interdire toutes les expériences sur
les animaux
Cette Chambre pense que l’avortement est justifiable
Cette Chambre pense qu’il faut interdire l’avortement, sauf pour les cas
où la santé de la mère serait menacée
Annexees 251
Cette Chambre pense que l’Occident doit arrêter sa coopération militaire
avec le Pakistan
Cette Chambre pense que le Japon doit avoir un siège permanent
au Conseil de sécurité des Nations Unies
Cette Chambre pense que l’Union européenne doit avoir sa propre armée
Cette Chambre pense que l’Union européenne c’est le triomphe de la
bureaucratie sur la démocratie
Cette Chambre pense que l’Europe doit avoir une politique étrangère
unique
Cette Chambre pense que les incursions israéliennes à Gaza sont justifiées
Cette Chambre pense que l’aide humanitaire des États-Unis à la Palestine
doit être au même niveau que son aide militaire à Israël
Cette Chambre pense que le processus de paix au Moyen Orient
ne réussira jamais
Cette Chambre pense que l’Occident doit cesser de trouver des excuses
à Israël
Cette Chambre pense que l’Occident doit cesser de se mêler des affaires
du Moyen Orient
Cette Chambre pense que les États-Unis doivent bombarder l’Iran
immédiatement
Cette Chambre pense que la démocratie est la meilleure perspective pour
la Russie
Cette Chambre pense que le Canada doit devenir le 51ème État
Cette Chambre pense que le Canada ne doit pas mener les guerres
de l’Amérique
Cette Chambre pense que l’ALENA doit être abolie
Cette Chambre pense que le rêve américain est devenu un cauchemar
Cette Chambre pense que la Statue de liberté est tout sauf
Cette Chambre pense que les États-Unis doivent être condamnés pour son
bilan en matière de droits de l’homme
Cette Chambre pense qu’Obama va échouer
Cette Chambre pense que les États-Unis sont en déclin
Cette Chambre pense que l’Oncle Sam est un mauvais parent
Cette Chambre pense que les États-Unis doivent se retirer de leurs bases
militaires en Asie
Cette Chambre pense que les États-Unis doivent immédiatement mettre
un terme à leur embargo contre Cuba
Cette Chambre pense que le soleil ne brille plus sur l’Occident
Annexees 253
Cette Chambre pense que le monde n’a pas tiré les leçons du 11-septembre
Cette Chambre pense que l’injustice sociale justifie la violence politique
Cette Chambre pense que le terrorisme n’est jamais justifié
Cette Chambre pense qu’il y a un temps pour le terrorisme
Cette Chambre pense que les écologistes doivent recourir au terrorisme
pour atteindre leurs objectifs
Cette Chambre pense que des négociations à long terme sont la meilleure
réponse au terrorisme
Cette Chambre pense qu’il est normal de négocier avec des terroristes
Cette Chambre pense qu’il faut discuter avec les terroristes
Cette Chambre pense que la guerre contre le terrorisme est la plus grande
victoire d’Al Qaïda
Cette Chambre pense que la meilleure façon de lutter contre le terrorisme
c’est de lutter contre la pauvreté
Jeunesse
Cette Chambre pense que les enfants doivent jouer moins et étudier plus
Cette Chambre pense que les jeunes ont la vie trop facile de nos jours
Cette Chambre pense que les parents doivent avoir le droit de donner une
fessée à leurs enfants
Cette Chambre pense que l’âge de vote doit être abaissé
Cette Chambre pense que les parents doivent avoir le droit de voter par
procuration pour leurs enfants
Cette Chambre pense que les icônes de la jeunesse sont de mauvais
exemples
Cette Chambre pense qu’il faut interdire les concours de beauté
pour enfants
Cette Chambre pense que nous sommes la génération
Cette Chambre pense qu’il faut interdire aux parents d’infliger
des châtiments corporels à leurs enfants
Divers
Cette Chambre pense que la vie en campagne est meilleure que la vie
en ville
Cette Chambre pense que ce qui compte ce n’est pas de gagner
ou de perdre, mais la façon de jouer
Cette Chambre pense que le gouvernement doit faire plus pour soutenir
la famille traditionnelle
Cette Chambre pense qu’il faut limiter l’accès des véhicules à la ville
Cette Chambre pense qu’il faut fermer les zoos