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Les sources littéraires et leurs limites dans la description des lieux de culte : l’exemple du De Signis

Annie Dubourdieu
p. 15-23

Texte intégral

 1 Par exemple sur un sanctuaire qui passe aux yeux des Romains pour un des plus importants de
l’île, (...)
 2 § 64 et 69.

1Dans le De Signis, écrit en 70 av. J.-C, Cicéron passe en revue les objets d’art dérobés par Verrès lors de
sa préture en Sicile et dénonce ce qui double le crime de vol de celui de sacrilège, le pillage des temples,
pratique à laquelle s’est systématiquement livré le propréteur. Ainsi est dressé devant nous un panorama des
lieux de culte de la Sicile, terrain de chasse du magistrat romain, sur lesquels le De Praetura Siciliana nous
donnait déjà un certain nombre d’indications1. Dans le De Signis sont mentionnés un sanctuaire privé et
treize sanctuaires publics en Sicile ; deux autres sanctuaires publics sont seulement nommés, l’un parce
qu’il ne se trouve pas en Sicile - le sanctuaire de Jupiter Capitolin à Rome où doit être déposé le candélabre
offert pas les princes syriens2 -, l’autre parce qu’il n’existe plus au temps de Cicéron - l’édifice consacré à
la Fortune dans le quartier de Syracuse appelé Tycha en raison même de la présence de ce sanctuaire.
D’autre part, des indications sont données dans le discours sur l’équipement des lieux de culte et les
pratiques dont ils étaient le cadre dans le domaine privé et dans le domaine public.

 3 A. Dubourdieu, J. Scheid, “Lieux de culte, lieux sacrés : les usages de la langue. Italie romaine”,
(...)
 4 § 3-18.
 5 § 99.
 6 § 94.
 7 Magna Mater : § 96 ; Céres d’Henna : § 99 et suiv. ; Fortuna à Tycha : § 119.
 8 § 96.
 9 § 106.

2Le texte de Cicéron nous renseigne d’abord sur les noms donnés aux lieux de culte de Sicile, dont la
désignation n’échappe pas aux règles communes3. Ainsi, le sanctuaire privé d’Heius est constamment
désigné par le terme de sacrarium4, réservé aux chapelles privées, mais aussi à des sanctuaires publics de
petite taille, comme celui de Cérès à Catane5 ; sont appelés fana le sanctuaire d’Hercule à Agrigente6, celui
de la Magna Mater à Enguium, de Cérès à Henna, de Fortuna à Tycha7, de Chrysas entre Assorum et
Henna8, de Junon sur un promontoire près de la ville de Malte ; la désignation de ces deux derniers édifices
peut s’expliquer par leur caractère extra-urbain, mais il est manifeste aussi, d’après le De Signis, que le mot
n’est pas spécialisé dans cet emploi. Les autres édifices sont appelés aedes et templa, désignations les plus
fréquentes en latin. Néanmoins, la Sicile est un pays de tradition religieuse grecque, et nous ignorons les
noms grecs de ces édifices, auxquels correspondraient les termes employés par Cicéron en latin. Une seule
fois dans le texte est mentionnée la présence d’un nemus autour du sanctuaire, celui de Cérès à Henna. Il est
vrai que toute la campagne environnant la cité, avec ses lacs et ses prairies, est présentée par Cicéron
comme constituant le territoire de la déesse9.

 10 § 110 : Ante aedem Cereris in aperto et propatulo loco signa duo sunt, Cereris unum, alterum
Tripto (...)
 11 Voir infra p. 6-7.
 12 § 123 et 124.

3L’aspect général de ces lieux de culte n’est que très peu évoqué, et souvent il ne l’est pas du tout. Ils ne
sont qualifiés que par des adjectifs d’une grande imprécision, ayant trait à la taille du monument, à son
ancienneté, ou à la vénération qu’il suscite : le sacrarium d’Heius est magna cum dignitate a mai-oribus
traditum et perantiquum, le fanum de Junon à Malte nobilissimum atque antiquissimum ; les temples de
Cérès et Libéra à Syracuse sont egregia. Seuls sont évoqués un peu plus précisément les détails
architecturaux et décoratifs de deux sanctuaires : la terrasse décorée de statues de Cérès et de Triptolème
qui flanque le sanctuaire de Cérès à Henna10, les peintures intérieures (bataille du roi Agathocle, portraits
des rois et des tyrans de Sicile11 ) et les décorations des battants des portes du temple de Minerve à
Syracuse12.

 13 § 5 : Ante hos deos erant arulae quae cuius religionem sacrari significare possent.

4À propos de la disposition du sanctuaire privé de la maison d’Heius, Cicéron fait une remarque d’un grand
intérêt : devant les deux statues de dieux, Cupidon et Hercule, que leur niveau artistique exceptionnel,
puisqu’elles sont attribuées respectivement à Polyclète et à Myron, pourrait faire considérer comme de purs
objets d’art, se trouvaient deux petits autels qui constituaient, selon l’orateur, la marque irréfutable du
caractère sacré du lieu, l’indice qui permet de distinguer la chapelle de la galerie d’art 13. On peut supposer
que chacun des deux dieux avait son autel.

 14 §108 : tanta erat enim auctoritas et uetustas illius religionis ut, cum illuc irent, non ad aedem
C (...)
 15 § 111 : Etenim urbs illa (= Henna) non urbs uidetur, sed fanum Cereris esse.

5Cicéron nous fournit sur l’antique culte de Cérès à Henna deux intéressantes indications : d’une part la
vénération dont le temple est l’objet est telle qu’il représente la déesse elle-même, dont la figure est ainsi
identifiée à celle du monument où elle est honorée14, alors que c’est généralement la statue de culte qui est
dotée de cette fonction. D’autre part, par une sorte de mouvement inverse, la présence de la déesse à Henna
est si forte que son sanctuaire semble dilaté aux dimensions mêmes de la ville et de la campagne
avoisinante15.

 16 Le sacrarium d’Heius contient quatuor signa (§ 3) : deux d’entre elles représentent des dieux,
Cupi (...)
 17 Ce sont les conclusions de S. Estienne, “Les dieux dans la ville. Recherches sur les statues de
die (...)
 18 § 86 et 87.
 19 § 77 et 78 : Diana ; § 92 : Mercurium.
 20 § 7.
 21 § 109.

6Plus que sur les lieux de culte, Cicéron s’étend sur les objets d’art qui s’y trouvaient, parce qu’ils ont attiré
la convoitise de Verrès, sujet du discours, et notamment les statues de dieux. Différents mots désignent ces
statues ; tandis que signum est employé indifféremment pour désigner une statue de dieu ou une effigie
d’être humain16, simulacrum est réservé aux représentations des dieux, statua à celle des hommes17, par
exemple Marcellus représenté à Tyndaris18. A plusieurs reprises dans le De Signis, les représentations de la
divinité ne sont pas désignées par un mot signifiant “statue” suivi du génitif du nom du dieu, mais par le
seul nom du dieu19, ce qui montre bien que la statue est véritablement le dieu lui-même. D’autre part, une
indication donnée par Cicéron confirme que les plus anciennes statues sont en bois : c’est le cas du signum
peruetus ligneum de Bona Fortuna dans le sacrarium d’Heius, que Verrès laisse en place non par respect,
mais en raison de son peu de valeur marchande20. À propos de la statue cultuelle du sanctuaire de Cérès à
Henna, objet d’une grande vénération, Cicéron nous fournit une intéressante précision : la statue qui existait
de son temps était peramplum et en marbre, alors qu’il en existait autrefois une plus petite (modica
amplitudine) en bronze21. Sur dix statues mentionnées, dont deux de rite privé, trois, selon Cicéron, sont en
bronze, -l’Hercule du sanctuaire d’Heius, la Diane de Ségeste, l’Hercule d’Agrigente -, quatre en marbre -le
Cupidon du sacrarium d’Heius, le Chrysas des environs d’Assorum, la Cérès et la Libéra d’Henna, le buste
de Péan à Syracuse ; pour les deux autres -le Mercure de Tyndaris et buste de Jupiter Imperator à Syracuse
-, la matière n’est pas précisée. À plusieurs reprises, Cicéron évoque des sanctuaires - temples de la Grande
Mère à Enguium, de Junon à Malte, de Minerve à Syracuse - sans mentionner la statue cultuelle, soit parce
qu’elle n’intéresse pas son propos, les déprédations commises par Verrès dans sa province, soit parce qu’il
parle de statues dont il n’indique pas si elles reçoivent un culte : Apollon dans le temple d’Esculape à
Agrigente, la petite statue de bronze du sanctuaire du Chrysas, Aristée dans le temple de Libéra à Syracuse.
Cicéron mentionne le piédestal (basis) sur lequel se dressaient certaines de ces statues, Diane à Ségeste,
Mercure à Tyndaris, Hercule à Agrigente, Cérès et Triptolème à Henna.

 22 § 5.
 23 § 4 : opinor ; § 5 : dicebatur.
 24 § 72 et 74.

7Les statues de Cupidon et de Mercure du sacrarium d’Heius sont attribuées par Cicéron respectivement à
Praxitèle et, avec une hésitation simulée, à Myron22, mais il n’est pas explicitement indiqué qu’elles
portaient la signature des artistes ; on peut supposer que c’était le cas, et que la fama n’est pas le seul garant
de ces attributions, mais ce silence s’explique par le fait que Cicéron feint d’être un ignorant complet en ces
matières et s’abrite derrière l’opinion reçue23. En revanche, le piédestal de la statue de Diane à Ségeste
portait une inscription mentionnant un épisode de l’histoire de la statue, sa restitution à la ville par Scipion
après la prise de Carthage, où elle avait été transportée à la suite d’une victoire punique24. On notera que
pour deux de ces statues, la Diane de Ségeste et le Mercure de Tyndaris, dont le caractère cultuel ne peut
être mis en doute, puisque Cicéron rappelle, pour souligner la monstruosité impie de Verrès, qu’elles font
l’objet de cérémonies religieuses émouvantes, aucun lieu de culte, aucun édifice qui abriterait ces statues,
aucun bâtiment de service n’est mentionné ; on peut donc supposer qu’il s’agit de deux statues dressées en
plein air, sans doute à l’intérieur d’une enceinte sacrée dont il n’est pas parlé.

 25 § 95 : duo sigilla perparuola.


 26 § 96 : perparuolum signum ex aere.
 27 § 128.
 28 § 128.
 29 Cicéron indique que les deux statuettes portent sur leur tête une corbeille contenant sacra
quaedam (...)

8D’autres statues de dieux sont citées dans le texte comme présentes dans des sanctuaires, mais ne sont pas
des effigies de la divinité dédicataire de l’édifice, et on peut se demander quels rapports existaient entre la
divinité ainsi figurée et le dieu dédicataire des lieux. La présence d’une statue d’Apollon dans le temple
d’Esculape s’explique par le lien de parenté unissant les deux divinités et par leur rôle commun de
médecins. Nous ignorons quelles divinités étaient représentées dans les deux statuettes dont Cicéron
mentionne la présence dans le sanctuaire d’Hercule à Agrigente25 ; cette absence d’indication peut faire
supposer qu’il s ‘agit d’effigies du dieu dédicataire de l’édifice. Rien n’est dit de la valeur artistique de ces
statuettes, que les rabatteurs de Verrès n’emportent, aux dires de Cicéron, qu’en raison de leur petite taille
rendant leur transport facile, et de leur désir de ne pas revenir auprès de Verrès les mains vides. Sans doute
ces statuettes sont-elles des offrandes de particuliers restés pour nous anonymes. Une indication analogue,
qui peut être interprétée de la même manière, est donnée à propos de la petite statue de bronze laissée par
les sbires de Verrès dans le sanctuaire du Chrysas ; sans doute était-ce une image du dieu d’une taille moins
imposante que l’image principale, et de moindre valeur26. Sur la terrasse aménagée devant le sanctuaire de
Cérès à Henna se trouvaient une statue de la déesse et une de Triptolème27, à qui Cérès enseigna les
travaux agricoles, qu’il apprit à son tour aux hommes. Cérès elle-même est représentée tenant une Victoire,
volée par Verrès, détail qui, si on part du fait que la Victoire elle-même est de taille respectable (grande
simulacrum), montre que l’effigie de Cérès était gigantesque. La présence d’une Victoire dans la main de la
déesse s’explique sans doute par l’assimilation de Cérès avec Cybèle, qui a parfois une fonction guerrière.
On peut rendre compte de la présence de la statue de Péan dans le temple d’Esculape à Agrigente par
l’assimilation de Péan à Apollon, et, comme à Agrigente, par la parenté entre les deux divinités ; celle
d’Aristée dans le temple de Bacchus à Agrigente se justifie par le même rapport de parenté28. La tête de
Méduse appartenant au décor d’une des portes du sanctuaire de Minerve à Syracuse est évidemment en
rapport avec la déesse et la tête du monstre figurée sur son bouclier. Quant aux Canéphores du sacrarium
d’Heius, simples figures de mortelles attribuées à Polyclète, elles semblent avoir été choisies par le maître
du lieu en raison en partie de leur valeur esthétique - de fait, les quatre statues du sacrarium sont l’œuvre de
très grands artistes -, peut-être également en fonction du rôle cultuel de ces jeunes filles à Athènes29.

 30 § 65 : ea magnitudine ut intellegi potest non ad hominum adparatum, sed ad amplissimi templi


omatum (...)
 31 § 65.
 32 § 97 : in hoc fano loricas galeasque aeneas cœlatas opere Corinthio hydriasque grandis simili
in ge (...)
 33 J.-L. Ferrary, Philellénisme et impérialisme. Aspects idéologiques de la conquête romaine du
monde (...)
 34 § 103 : erat praeterea magna uis eboris, multa ornementa, in quibus eburneae Victoriae
antiquo oper (...)

9Mais les sanctuaires de Sicile contiennent aussi, selon le témoignage de Cicéron, des objets d’art autres
que des statues, dont le rapport avec la divinité dédicataire est moins manifeste. Certains sont des objets de
service, pourrait-on dire : ainsi le candélabre que les princes syriens, de passage en Sicile, destinaient au
sanctuaire de Jupiter Capitolin à Rome ; il est à de multiples reprises présenté par Cicéron comme un objet
exceptionnel par sa taille, les pierres précieuses qui le décorent, et la qualité du travail d’orfèvrerie30 ; il
s’agit, note Cicéron, d’un objet convenant au seul sanctuaire du dieu le plus puissant de l’univers, Jupiter
Capitolin31. Dans le sanctuaire de la Magna Mater d’Enguium se trouvent des bronzes d’art, cuirasses,
casques et aiguières dont Cicéron souligne la qualité de facture32. Comme pour le candélabre des princes
syriens, le donateur est un homme célèbre, Scipion l’Africain, et une inscription faite sur les objets ou
posée à côté d’eux, mentionne son nom. L’offrande est composée pour partie d’armes, en rapport avec la
carrière militaire de Scipion et aussi le caractère guerrier de la déesse ; la référence à Corinthe, ainsi que la
présence d’objets dépourvus de caractère guerrier comme les aiguières, pourraient être une indication
concernant le niveau artistique de l’ensemble, mais aussi suggérer qu’il s’agit d’un butin de guerre pris en
Macédoine33. Le sanctuaire de Junon à Malte contient un grand nombre de pièces d’ivoire sculptées34,
parmi lesquelles des Victoires, dont la présence peut se justifier par la fonction parfois guerrière de Junon,
aisément explicable dans une île située en un point stratégique de la Méditerranée, au large de laquelle se
sont déroulés plusieurs épisodes des Guerres puniques.

 35 § 122 : pugna erat equestris Agathocli regis in tabulis picta praeclare ; iis autem tabulis
interio (...)
 36 F. Coarelli, “La pugna equestris di Agathocle nell’Athenaion di Siracusa”, dans M. L.
Gualandi, L. (...)
 37 § 120 : has tabulas M. Marcellus, cum omnia uictoria illa sua profana fecisset, tamen religione
imp (...)
 38 § 124.

10C’est dans le temple de Minerve à Syracuse que se trouvent les œuvres d’art les plus importantes et les
plus célèbres : les tableaux représentant un combat de cavalerie du roi Agathocle et vingt-sept portraits des
rois et tyrans de Sicile35. F. Coarelli36 a suggéré que le cycle pictural représentant la bataille, qu’il
rapproche des textes de Diodore concernant Agathocle, a été offert à la déesse par le roi à la suite d’un vœu
fait au cours de cette bataille, qui l’opposa aux Carthaginois. F. Coarelli suppose aussi un lien idéologique
entre la représentation de ce combat et la série des portraits des tyrans et des rois de Sicile, portraits qui
légitiment la prise du pouvoir par Agathocle, dont le portrait clôt sans doute la série, Agathocle, le “self
made man” qui doit son pouvoir non à ses ancêtres, mais à la protection de la déesse ; la signification
religieuse de ces tableaux, note encore F. Coarelli, n’a pas échappé à Marcellus et l’a déterminé à les laisser
en place37. Les portes de ce sanctuaire sont sculptées de motifs d’or et d’ivoire dont Cicéron affirme qu’ils
sont les plus beaux du monde38, parmi lesquels seule est identifiée la tête de Méduse.

 39 § 103 : dentes eburneos incredibili magnitudine.


 40 § 125 : in quibus neque manu factum quicquam neque pul-chritudo erat nulla, sed tantum
magnitudo in (...)

11Les sanctuaires de Sicile contiennent aussi des objets sans valeur artistique, des curiosités. Les défenses
d’éléphant du sanctuaire de Junon à Malte sont certes constituées d’une matière précieuse, mais elles ne
sont pas travaillées, et c’est leur taille considérable39 qui leur a valu d’être déposées là en offrande à la
déesse, puis enlevées par une flotte numide qui les apporte à Massinissa, lequel les restitue à la déesse :
comme dans le sanctuaire d’Enguium ou sur le socle de la Diane de Ségeste, une inscription rappelle aux
visiteurs l’histoire de l’objet, et la langue punique dans laquelle elle est rédigée permet de l’attribuer au roi
numide. Curiosité encore, cette fois dans une matière vile, les piques de bambou conservées dans le
sanctuaire de Minerve à Syracuse, que seule leur longueur rend remarquables40.

 41 § 5 : omnibus haec ad uisendum patebant cotidie.


 42 § 18.
 43 § 46 : patella grandis cum sigillis ac simulacris deorum, patera qua mulieres ad res diuinas
uteren (...)
 44 § 94 : usque eo, iudices, ut rictum eius ac mentum paulo attritius, quod in precibus et
graticulati (...)
 45 S. Estienne, Les dieux dans la ville, cit. supra n. 17, p. 233.
 46 § 77 : quid hoc tota in Sicilia clarius quam omnes Segestae matrones et uirgines conuenisse,
cum Di (...)
 47 S. Estienne, Les dieux dans la ville, cit. supra n. 17, p. 223-229.
 48 Liv., 29, 14, 12.
 49 § 84.

12Le De Signis nous renseigne sur les pratiques cultuelles privées et publiques. Nous apprenons ainsi
qu’Heius ouvrait quotidiennement aux visiteurs les portes de son sacrarium41 où, de fait, il officiait
presque toujours en présence d’étrangers42. Cette pratique ne saurait sans doute être considérée comme une
règle générale en Sicile. Elle s’explique par la place sociale éminente d’Heius à Messine et par la qualité
artistique des statues conservées dans la chapelle. Mais Cicéron note la présence, dans presque toutes les
maisons riches de l’île, de pièces d’argenterie qui sont utilisées dans le culte privé : plat avec une
représentation de dieux, plats utilisés par les femmes pour les sacrifices, encensoirs43. D’autres pratiques
relèvent du culte public : prières, actions de grâce adressées à Hercule à Agrigente, baisers si fréquemment
déposés sur le visage de la statue du dieu que le métal en est usé44, geste de toucher son menton, relevant
du rituel de la supplication45. Les manifestations religieuses qui entourent le départ de la statue de Diane
de Ségeste pour Carthage sont évoquées avec une certaine précision46 : elles sont le fait des femmes,
vierges et matrones, comme il convient dans le culte d’une divinité féminine, et les différentes pratiques
mentionnées — usage de parfums et d’encens, de fleurs dépôt de couronnes — sont bien connues par
ailleurs47 ; en revanche, le trajet de la procession accompagnant la statue jusqu’aux frontières de l’ager
Segestanus ne peut qu’être dicté par les circonstances, mais rappelle les cérémonies d’introduction de cultes
étrangers à Rome, par exemple l’arrivée de Cybèle dans l’ager Romanus48. Du Mercure de Tyndaris, nous
apprenons seulement qu’il était honoré sacris anniuersariis49.

 50 § 106 : nam et natas esse has in hiis locis deas (= Cérès et Libéra) et fruges in ea terra primum
r (...)
 51 § 99 : signum [...] quod uiri non modo cuiusmodi esset ne esse quidem sciebant. Aditus enim in
id s (...)
 52 § 107.
 53 § 108 : tanta enim est auctoritas et uetustas illius religions ut, cum illuc irent, (les Décemvirs)
(...)
 54 Cette exclusion des hommes de sanctuaires appartenant à des divinités féminines n’est pas une
excep (...)
 55 § 99.
 56 § 110.

13Cérès, selon Cicéron, est la divinité la plus enracinée dans l’île, ainsi que sa fille Libéra50. Le sanctuaire
de Cérès à Catane, où se trouvait un signum perantiquum, était interdit aux hommes, supposés même
ignorer l’existence de cette statue, et les sacra y étaient accomplis par des femmes, vierges et matrones51.
Mais c’est surtout le sanctuaire d’Henna, construit sur le lieu supposé de la naissance des deux déesses et
cœur du culte, qui est le cadre de pratiques spécifiques. Le sanctuaire est l’objet d’une mira religio privée et
publique52, et son rayonnement est tel qu’il transcende sa localisation géographique pour donner accès à la
déesse elle-même53. Cicéron fait également mention du clergé desservant les deux sanctuaires de Catane et
d’Henna, et indique de quelle façon les habitants de ces deux villes participent au culte : dans le sanctuaire
de Catane, interdit aux hommes, le culte est accompli par des mulieres - femmes mariées - et des
uirgines54. Le clergé est lui aussi exclusivement composé de femmes et semble regrouper deux catégories
de prêtresses : sacerdotes Cereris atque illius fani antistitae, maiores natu probatae ac nobiles mulieres55 ;
la première expression désigne sans doute le clergé ordinaire, la seconde une catégorie de femmes que leur
âge et leur rang social désignent pour une forme supérieure de la prêtrise ; ce sont ces deux catégories de
desservantes du culte qui portent devant le sénat local une plainte contre Verrès après le vol de l’effigie de
la déesse, elles qui sont interrogées par les sénateurs sur les circonstances du vol, manifestant ainsi une
forme d’autonomie. À Henna, ce sont les prêtresses de Cérès qui prennent la tête du cortège en deuil
pleurant la disparition de la statue de culte : elles portent des infulae et des uerbenae, signes de leur dignité
sacerdotale56 ; les manifestations de deuil auxquelles elle se livrent (fletus gemitusque) sont courantes,
mais la présence de tous les habitants d’Henna dans le cortège, avec les prêtresses à sa tête, montre à la fois
le rôle religieux prééminent de ces femmes et l’importance religieuse et symbolique de ce sanctuaire et de
cette statue de culte en particulier.

14Le De Signis contient donc, on le voit, des indications nombreuses et précieuses, car uniques, sur les
lieux de culte en Sicile, l’équipement de ces lieux, les pratiques qui y étaient attachées. Peut-on pour autant
considérer que le texte de Cicéron donne une image fidèle de la vie religieuse de cette province romaine, ou
propose un modèle qu’on pourrait étendre à d’autres provinces, ou même à Rome ?

 57 Voir Cicéron, Discours, t. V : De Signis, Notice complémentaire, 36.


 58 Par exemple au § 93, à propos de la statue d’Apollon dans le temple d’Esculape à Agrigente.

15La première limite à l’exactitude du tableau des lieux de culte donné ici est le projet même de l’ouvrage,
catalogue des forfaits commis par Verrès dans la province dont il avait la charge, forfaits doublés de
sacrilèges quand il s’agit du pillage de la propriété divine. Par conséquent, comme on peut s’y attendre, ce
catalogue comporte la mention d’objets de culte précieux ou de haut niveau artistique parce qu’ils
intéressent Verrès, qui cherchait à se constituer une collection d’objets d’art de grande valeur, non à
commettre des actes impies. Les sanctuaires qui sont mentionnés le sont donc non en raison de leur
importance cultuelle, sinon accessoirement, mais en fonction des vols qu’y a commis le propréteur. Ainsi,
on voit bien cité l’un des deux plus fameux sanctuaires de l’île, le sanctuaire de Cérès à Henna, mais le
texte ne comporte aucune indication sur le sanctuaire de Vénus Erycine, l’autre grand sanctuaire de
Sicile57. Parfois, Cicéron donne l’impression de surévaluer la valeur religieuse d’un lieu de culte ou d’une
statue pour accabler le prévenu qui les a pillés58, ce qui, dans un procès, est de bonne guerre.

 59 Cicéron, Discours, t. V : De Signis, Notice complémentaire, 35-36 et bibliographie de la n. 1 p.


XX (...)

16D’autre part, comme on l’a déjà noté59, Cicéron, quand bien même il s’efforce de décrire les objets volés
par Verrès de façon à souligner son audace impie, utilise un vocabulaire d’une grande imprécision :
pulcher, egregius, praeclarus pour évoquer le niveau artistique des œuvres, peramplus, incredibili
magnitudine pour leur taille, perantiquus pour leur datation. Bien qu’elle soit citée comme l’une des plus
belles et des plus prestigieuses statues du monde romain, l’effigie de Jupiter Imperator n’est absolument pas
décrite, alors que Verrès l’a dérobée.

17Les indications fournies par Cicéron sur la topographie des lieux de culte et les pratiques cultuelles de
Sicile, qui constituent parfois des témoignages uniques, sont-elles transposables à Rome ou à d’autres cités
du monde romain ? La Sicile, au moment où Cicéron rédige son discours, est depuis longtemps province
romaine, mais les sanctuaires y portent la marque d’autres cultures, ce que peut dissimuler le fait que
Cicéron, pour des raisons culturelles, mais aussi polémiques, donne à toutes les divinités qu’il mentionne
leur nom latin, Diane, Mercure, Hercule, Cérès, Minerve. Sans doute espère-t-il rendre ainsi plus sensible à
ses auditeurs l’impiété de la conduite de Verrès en leur donnant à croire que les dieux bafoués sont leurs
propres dieux, mais des notations éparses dans le discours montrent bien que les dieux en question sont
généralement des dieux non romains, et que certaines pratiques cultuelles sont elles aussi marquées comme
étrangères.

 60 § 96.
 61 F. Coarelli, M. Torelli, Sicilia, (Guide archeologique Laterza), Rome-Bari, 1984, p. 161.
 62 § 65 : clamare iste coepit dignam rem esse regno Syriae, expression qui peut évoquer à la fois
la p (...)
 63 § 128.
 64 F. Coarelli, M. Torelli, Sicilia, cit. supra n. 61, p. 326 ; sur l’origine du culte de Cérès à Cata
(...)
 65 § 108 ; sur l’origine du eulte, voir Le Bonniec, Cérès, cit. supra, n. 64, p. 383-389.
 66 Balb. 55 : sacra pro ciuibus ciuem facere uoluerunt.

18On trouve dans la Sicile romaine des traces de la religion indigène, avec des cultes locaux comme ceux
du fleuve Chrysas60 ou de la Grande Mère d’Enguium, divinité locale plus tard assimilée à la divinité du
même nom originaire d’Asie mineure61. Le passage des Puniques est marqué par l’inscription en leur
langue placée à côté des défenses d’éléphants dans le sanctuaire de Junon à Malte, et la déesse elle-même
était particulièrement honorée à Carthage. La richesse du candélabre des princes syriens ne peut venir que
d’un royaume oriental, ce qui n’a pas échappé à Verrès62. Mais surtout, la culture et la pratique religieuses
y sont profondément imprégnées de l’influence grecque. Ainsi, la croyance en une relation de filiation entre
Aristée et Bacchus, justifiant la présence d’une statue d’Aristée dans le temple de Bacchus à Syracuse, est
explicitement présentée par Cicéron comme grecque63. La Cérès de Catane a des origines grecques,
puisque la cité est une fondation des Chalcidiens64. L’orateur remarque que la Sicile, et en particulier
Henna, sont le berceau du culte de Cérès, et note l’antériorité du culte sicilien de la déesse par rapport à son
culte romain, antériorité soulignée par la visite des Décemvirs romains : après les prodiges qui suivirent
l’assassinat de Tibérius Gracchus, les Livres Sibyllins recommandèrent que les Décemvirs aillent à Henna
apaiser Cererem antiquissimam65 ; ce voyage est présenté comme une sorte de pèlerinage aux sources
reconnaissant la préséance du culte d’Henna sur celui de Rome. Du reste, l’autonomie dont jouissent les
prêtresses de Cérès à Catane, le respect dont elles sont l’objet, s’ils rappellent le statut des Vestales à Rome,
sont présentés par Cicéron, dans un autre discours, comme une conséquence, dans le culte romain de la
déesse, de son caractère étranger. La prêtresse de Cérès a en effet à Rome un statut singulier : généralement
originaire des cités grecques de Naples ou de Vélia, en raison des origines grecques du culte, elle
garantissait par là-même l’authenticité des pratiques cultuelles, et elle possédait à Rome le statut, tout à fait
exceptionnel pour une femme, de ciuis66.

 67 F Coarelli, M. Torelli, Sicilia, cit. supra n. 61, p. 171.

19La présence d’une statue de Triptolème aux côtés de celle de Cérès est aussi une référence à la
mythologie grecque de Déméter, et la déesse était désignée sous ce nom à Henna, comme l’indique une
dédicace trouvée sur place67.

 68 §5.
 69 § 132 : primum quod omnes religione mouentur et deos patrios, quos a maioribus acciperent,
colendos (...)
 70 S. Estienne, Les dieux dans la ville, cit. supra n. 17, p. 420.
 71 Pour la discussion sur l’existence et la date de cette pratique à Rome, voir S. Estienne, Les
dieux (...)
 72 Plin., NH., 34, 34.
 73 § 126.
 74 § 69 : ut [... ] copiosius sit ornatum quam fuit.
 75 Caes., 10.
 76 Plin., NH, 35, 26.
 77 Plin., NH, 34, 36.

20A la fin du discours, Cicéron se laisse aller à quelques remarques qui tempèrent l’impression de
romanisation de la religion sicilienne que peuvent donner les noms latins donnés aux dieux. Il avait déjà
noté, au début de l’ouvrage, que les visiteurs se présentaient presque tous les jours chez Heius, sans
expliquer le fait par l’attrait qu’exerçait la valeur artistique des quatre statuettes renfermées dans le
sacrarium de la demeure, œuvres de sculpteurs grecs très célèbres68, ornat us de cette demeure et de la cité
de Messine. A propos du pillage par Verrès des sanctuaires de Syracuse, Cicéron fait remarquer, avec une
certaine condescendance, que si la douleur des habitants de la ville est pareillement forte, c’est que les
Grecs sont autant attachés à la valeur esthétique des objets du culte qu’à leur signification proprement
religieuse69. Ce trait de caractère est présenté par l’orateur comme une véritable spécificité ethnique, bien
qu’il reconnaisse à la religiosité des Grecs un point commun avec celle des Romains, l’attachement aux
images ancestrales. Ce caractère a pour conséquence que les sanctuaires sont considérés par les habitants de
l’île, autant que comme des lieux de culte, comme des musées, et visités à ce titre. Les Grecs opèrent donc,
suivant l’expression de S. Estienne “un déplacement du cultuel vers le culturel”70. C’est ce que laissent
deviner les indications données sur la présence quotidienne de visiteurs dans le sacrarium d’Heius. Dans le
culte public, les visites des sanctuaires sont organisées sous la conduite de véritables guides, désignés par
Cicéron du nom grec de mystagogi indiquant le caractère ethnique de cette pratique : il est remarquable en
effet que l’orateur, qui latinise systématiquement les noms des dieux de Sicile, désigne ces guides par un
mot grec, alors qu’au siècle suivant, Pline les appelle, à Rome, des aeditui ou tutelarii, ce qui montre que
des termes latins étaient disponibles pour désigner ce personnel. Cependant la pratique elle-même, si elle a
vraiment existé à Rome71, est peut-être plus tardive que 70 av. J.-C, date de notre discours. Pline note
l’affluence des œuvres d’art provenant de Grèce dans les sanctuaires romains et date ce phénomène de 192
av. J.-C. 72, mais la présence de ces œuvres d’art n’indique pas forcément que les Romains allaient visiter
les sanctuaires pour des raisons de pure curiosité esthétique. Le texte du De Signis mentionne trois
sanctuaires romains qui contenaient des œuvres grecques prestigieuses : le temple de Fortuna Huiusce
Diei, construit par Catullus sur le Champ de Mars en 102 av. J.-C, renfermait une statue de Minerve due à
Phidias, le temple de Jupiter Stator dans le Portique de Métellus73, dont la construction commence en 146
av. J.-C, abritait une statue du dieu faite par Polyclète et son frère ; au moment où Cicéron plaide contre
Verrès, un autre Catullus, fils du consul de 78, est en train de faire reconstruire le Capitole détruit par un
incendie et va « l’orner avec plus de richesse »74 ; le candélabre des princes syriens, chef d’œuvre
d’orfèvrerie orientale, aurait dû y figurer. Cicéron ne mentionne ni la statue de Phidias ni celle de Polyclète,
peut-être pour éviter de laisser croire que c’est la présence d’œuvres d’art dans les sanctuaires romains qui,
comme en pays grec, justifie la fréquentation de ces derniers et en rend le motif ambigu. De fait, Rome ne
verra pas s’accomplir totalement le « déplacement du cultuel vers le culturel ». Quelques années après la
rédaction des Verrines, en 65 av. J.-C, César, alors édile, fit construire sur le Capitole des portiques où il
exposa une partie de ses collections privées - initiative présentée par Suétone comme une grande
innovation75, qui sera reprise par Agrippa76 -, créant ainsi, par un autre type déplacement, du privé vers le
public, ce que nous appelons aujourd’hui un musée. Quelques années plus tard encore, pendant son édilité,
en 58 av. J.-C, Scaurus fit construire un théâtre présenté par Pline comme une curiosité, produit d’une folle
prodigalité : il était composé de deux constructions de bois pivotantes qui pouvaient constituer un
amphithéâtre, et était décoré de plus de 3000 statues77.

21Ainsi, les indications données par Cicéron sur les pratiques religieuses de Sicile, si précieuses soient-
elles, sont-elles doublement limitées : par le propos même de l’ouvrage, par l’imprécision du vocabulaire
utilisé par l’orateur dans les descriptions des constructions et des œuvres d’art d’abord ; d’autre part, les
indications fournies par le De Signis ne peuvent être appliquées aux pratiques romaines qu’avec beaucoup
de précaution. En particulier, s’il est vrai que les sanctuaires ont pu, d’une certaine façon, servir de vitrine à
la conquête romaine, faisant de Rome une ville-musée, et que ce mouvement s’était considérablement
amplifié entre l’époque où sont écrites les Verrines et le temps de Pline, les sanctuaires romains ont
toujours conservé un rôle cultuel très fort, cependant que sous l’Empire d’autres types de constructions sont
apparus, qui permettaient d’exposer des œuvres d’art dans un cadre profane qui se prêtait mieux à la visite
touristique.

22Témoignage irremplaçable sur la vie religieuse en Sicile écrit par un homme qui connaissait bien l’île, le
De Signis offre une image partielle de la religiosité sicilienne, et l’image qu’il en donne est tendue entre
deux pôles : montrer qu’il s’agit de dieux romains et indiquer la caractère grec de ces cultes. Cette tension
est d’ailleurs caractéristique du rapport très particulier que Rome entretient avec l’étranger, à la fois proche
et différent, identique et éloigné, dont la légende des origines troyennes de Rome offre un modèle. Aussi le
tableau de la vie religieuse offert par le De Signis n’est-il que malaisément utilisable comme modèle de la
religiosité dans le monde romain au Ier siècle av. J.-C, à supposer qu’une telle expression ait un sens.

Bibliographie

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Scott Ryberg 1955 : I. Scott Ryberg, Rites of the State Religion in Roman Art, MAAR, 22, 1955.
DOI : 10.2307/4238633

Notes

1 Par exemple sur un sanctuaire qui passe aux yeux des Romains pour un des plus importants de l’île, celui
de Vénus à Eryx (38, 93).

2 § 64 et 69.

3 A. Dubourdieu, J. Scheid, “Lieux de culte, lieux sacrés : les usages de la langue. Italie romaine”, dans A.
Vauchez éd., Lieux sacrés, lieux de culte, sanctuaires. Approches terminologiques, méthodologiques,
historiques et monographiques (Coll. EFR, 273), Rome, 2000, p. 59-80.

4 § 3-18.

5 § 99.

6 § 94.

7 Magna Mater : § 96 ; Céres d’Henna : § 99 et suiv. ; Fortuna à Tycha : § 119.

8 § 96.

9 § 106.

10 § 110 : Ante aedem Cereris in aperto et propatulo loco signa duo sunt, Cereris unum, alterum
Triptolemi.
11 Voir infra p. 6-7.

12 § 123 et 124.

13 § 5 : Ante hos deos erant arulae quae cuius religionem sacrari significare possent.

14 §108 : tanta erat enim auctoritas et uetustas illius religionis ut, cum illuc irent, non ad aedem Cereris,
sed ad ipsam Cererem proficisci uiderentur.

15 § 111 : Etenim urbs illa (= Henna) non urbs uidetur, sed fanum Cereris esse.

16 Le sacrarium d’Heius contient quatuor signa (§ 3) : deux d’entre elles représentent des dieux, Cupidon
et Hercule, deux des mortelles, les Canéphores.

17 Ce sont les conclusions de S. Estienne, “Les dieux dans la ville. Recherches sur les statues de dieux dans
l’espace et les rites publics de Rome, d’Auguste à Septime Sévère” (Thèse de doctorat, Université de Paris
1, décembre 2000) p. 12-20 sur le lexique des représentations figurées des dieux.

18 § 86 et 87.

19 § 77 et 78 : Diana ; § 92 : Mercurium.

20 § 7.

21 § 109.

22 § 5.

23 § 4 : opinor ; § 5 : dicebatur.

24 § 72 et 74.

25 § 95 : duo sigilla perparuola.

26 § 96 : perparuolum signum ex aere.

27 § 128.

28 § 128.

29 Cicéron indique que les deux statuettes portent sur leur tête une corbeille contenant sacra quaedam (§
5).

30 § 65 : ea magnitudine ut intellegi potest non ad hominum adparatum, sed ad amplissimi templi omatum
esse factum ; § 66 : candélabre e gemmis clarissimis opere mirabilis perfectum ; § 65 : splendeur de l’objet,
uarietas du travail d’orfèvrerie.

31 § 65.

32 § 97 : in hoc fano loricas galeasque aeneas cœlatas opere Corinthio hydriasque grandis simili in genere
atque eadem arte per-fectas.
33 J.-L. Ferrary, Philellénisme et impérialisme. Aspects idéologiques de la conquête romaine du monde
hellénistique, de la seconde Guerre de Macédoine à la Guerre contre Mithridate (BEFAR, 231), Rome,
1988, p. 564 et p. 582.

34 § 103 : erat praeterea magna uis eboris, multa ornementa, in quibus eburneae Victoriae antiquo opere
ac summa arte perfectae.

35 § 122 : pugna erat equestris Agathocli regis in tabulis picta praeclare ; iis autem tabulis interiores
templi parietes uestiebantur.

36 F. Coarelli, “La pugna equestris di Agathocle nell’Athenaion di Siracusa”, dans M. L. Gualandi, L.


Massei, S. Settis éd., Aparchai. Nuove ricerche sulla Magna Grecia e la Sicilia antiqua in onore di P. E.
Arias, Pise, 1982, II, p. 547-577 ; repris dans Revixit Ars. Arte e ideologìa a Roma. Dei modelli ellenistici
alla tradizione repubblicana, Rome, 1996, p. 85-101.

37 § 120 : has tabulas M. Marcellus, cum omnia uictoria illa sua profana fecisset, tamen religione
impeditus non agit.

38 § 124.

39 § 103 : dentes eburneos incredibili magnitudine.

40 § 125 : in quibus neque manu factum quicquam neque pul-chritudo erat nulla, sed tantum magnitudo
incredibilis.

41 § 5 : omnibus haec ad uisendum patebant cotidie.

42 § 18.

43 § 46 : patella grandis cum sigillis ac simulacris deorum, patera qua mulieres ad res diuinas uterentur,
turibulum.

44 § 94 : usque eo, iudices, ut rictum eius ac mentum paulo attritius, quod in precibus et graticulationes
non solum uenerari, uerum etiam osculari solent. Voir W. Kroll, “Kuss”, RE, suppl. B. V col. 518, 1931 ; S.
Estienne, Les dieux dans la ville, cit. supra n. 17, p. 233-236.

45 S. Estienne, Les dieux dans la ville, cit. supra n. 17, p. 233.

46 § 77 : quid hoc tota in Sicilia clarius quam omnes Segestae matrones et uirgines conuenisse, cum Diana
exportaretur ex oppido, unguisse unguentis, complesse coronis et floribus, ture, odori-bus, incenso usque
ad agri fines prosecutas esse.

47 S. Estienne, Les dieux dans la ville, cit. supra n. 17, p. 223-229.

48 Liv., 29, 14, 12.

49 § 84.

50 § 106 : nam et natas esse has in hiis locis deas (= Cérès et Libéra) et fruges in ea terra primum repertas
esse arbitrantur [...]; qui locus (le nemus d’Henna), quod in media est insula situs, umbilicus nominatur.
51 § 99 : signum [...] quod uiri non modo cuiusmodi esset ne esse quidem sciebant. Aditus enim in id
sacrarium non est uiris ; sacra per mulieres et uirgines confici soient.

52 § 107.

53 § 108 : tanta enim est auctoritas et uetustas illius religions ut, cum illuc irent, (les Décemvirs), non ad
aedem Cereris, sed ad ipsam Cererem proficisci uiderentur.

54 Cette exclusion des hommes de sanctuaires appartenant à des divinités féminines n’est pas une
exception sicilienne ; elle rappelle les règles d’accès au sanctuaire de Vesta sur le Forum (Ovid., Fast., 6,
444-454).

55 § 99.

56 § 110.

57 Voir Cicéron, Discours, t. V : De Signis, Notice complémentaire, 36.

58 Par exemple au § 93, à propos de la statue d’Apollon dans le temple d’Esculape à Agrigente.

59 Cicéron, Discours, t. V : De Signis, Notice complémentaire, 35-36 et bibliographie de la n. 1 p. XXXVI.

60 § 96.

61 F. Coarelli, M. Torelli, Sicilia, (Guide archeologique Laterza), Rome-Bari, 1984, p. 161.

62 § 65 : clamare iste coepit dignam rem esse regno Syriae, expression qui peut évoquer à la fois la
puissance et la richesse du royaume oriental.

63 § 128.

64 F. Coarelli, M. Torelli, Sicilia, cit. supra n. 61, p. 326 ; sur l’origine du culte de Cérès à Catane, voir H.
Le Bonniec, Le culte de Cérès à Rome, Paris, 1958, p. 396.

65 § 108 ; sur l’origine du eulte, voir Le Bonniec, Cérès, cit. supra, n. 64, p. 383-389.

66 Balb. 55 : sacra pro ciuibus ciuem facere uoluerunt.

67 F Coarelli, M. Torelli, Sicilia, cit. supra n. 61, p. 171.

68 §5.

69 § 132 : primum quod omnes religione mouentur et deos patrios, quos a maioribus acciperent, colendos
sibi diligenter et retinendos esse arbitrantur ; deinde hic ornatus, haec opera atque artificia, signa,
tabellae pictae Graecos homines nimio opere delectant.

70 S. Estienne, Les dieux dans la ville, cit. supra n. 17, p. 420.

71 Pour la discussion sur l’existence et la date de cette pratique à Rome, voir S. Estienne, Les dieux dans la
ville, cit. supra n. 17, p. 420-427.
72 Plin., NH., 34, 34.

73 § 126.

74 § 69 : ut [... ] copiosius sit ornatum quam fuit.

75 Caes., 10.

76 Plin., NH, 35, 26.

77 Plin., NH, 34, 36.

Auteur

Annie Dubourdieu

Université de Paris IV-Sorbonne

© Publications du Centre Jean Bérard, 2003

Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540

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