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L’art médiéval en France Cristina

Enicov

L’ART FRANÇAIS AU MOYEN AGE

Sommaire :
1. Aperçu historique de la France au Moyen Age.
2. L’architecture française médiévale.
a) La période romane dans l’architecture française.
b) La période gothique dans l’architecture.
3. La peinture française médiévale.
a) La période romane dans la peinture française,
b) La période gothique dans la peinture française.
4. La sculpture française médiévale.
a) La période romane dans la sculpture française,
b) La période gothique dans la sculpture française.
5. La musique française médiévale.

I. APERÇU HISTORIQUE DE LA FRANCE AU MOYEN AGE


Le Moyen Âge est une période de l'histoire européenne, située entre l'Antiquité et
l'époque moderne, s'étendant des Ve et XVe siècles qui débuta avec l'effondrement de l'Empire
romain d'Occident et se termina par la Renaissance et les Grandes découvertes.
L’actuel territoire français a été occupé, à partir du deuxième millénaire avant Jésus
Christ par des Celtes, divisés en petits États.
Les Romains les nommèrent les Gaulois lorsqu’ils essayèrent de conquérir le pays au IIe
siècle avant J.-C. Leur société était agricole et organisé en trois classes: la noblesse guerrière, le
peuple et les druides (les prêtres). César ne vient à bout de la résistance gauloise, dirigée par
Vercingétorix, qu’en 51 avant J.-C. L’occupation romaine amène la création de villes, de routes
et de ponts, le développement de l’agriculture (notamment la culture de la vigne) et du
commerce. Les dieux celtes et les dieux romains se confondent plus ou moins jusqu’à
l’introduction de la religion chrétienne en Gaule.
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Les plus beaux vestiges de la civilisation gallo-romaine se trouvent dans le sud de la


France: les arènes d’Arles et de Nîmes, le théâtre d’Orange, etc. Il est à citer le pont du Gard ,
un aqueduc romain composé de trois rangs d’arcades. Il mesure 273 mètres de long et 49 mètres
de haut
. Le Pont du Gard

A partir du IIIe siècle après J.-C. les invasions se succèdent en Gaule; des peuples venus
de Germanie s’installent, constituant plusieurs royaumes: les Wisigoths au sud, les Burgondes le
long du Rhône et de la Saône, les Francs au nord.
Les Francs conquièrent peu à peu toute la Gaule au Ve siècle, sous la direction de Clovis,
qui se fait baptiser pour obtenir l’appui de l’église: c’est ainsi que la Gaule devient la France.
Les rois francs sont d’abord les Mérovingiens, du nom du fondateur de la dynastie –
Mérovée. Pépin le Bref, fils de Charles Martel, fonde en 751 la dynastie de Carolingiens. Son fils
Charlemagne reste un des rois les plus populaire de l’histoire de France. Il travaille à l’unité du
royaume, l’organise, l’agrandit pour constituer un vaste empire et se fait sacrer empereur de
l’Occident à Rome en 800 . il meurt en 814.
Du IXe au XIIe siècle, le Moyen Âge est marqué par l'affaiblissement du pouvoir royal.
Une nouvelle organisation politique et sociale va se développer : la féodalité.
Les seigneurs, grands propriétaires terriens, organisaient eux-mêmes la défense de leur
région, exerçant le pouvoir d'un souverain, rendant la justice et percevant des impôts. Ils
demandaient à leurs vassaux, qui étaient des hommes libres, de leurs jurer fidélité, aide militaire
et financière, dans un serrement appelé l'Hommage. En échange; ils leurs donnaient une terre,
un fief, et leur accordaient leur protection dans leur château fort. Le roi restait, en principe, le
suzerain suprême, mais en fait les vassaux lui obéissait par l’intermédiaire de leur seigneur, lui-
même vassal d'un plus grand .
Les paysans étaient serfs ou vilains. Les serfs appartenaient à une terre. Ils étaient
soumis à des obligations et des redevances sans limites, «taillables et corvéables à merci». Les
vilains, eux, ils étaient libres, mais devaient payer au seigneur de multiples impôts.

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A partir du XIIIe siècle, face à cette multiplicité de pouvoirs locaux, les rois de France
vont essayer de rétablir leur autorité en agrandissant peu à peu le domaine royal. Ils installent
dans les territoires conquis des administrateurs chargés de lever les impôts et de rendre la justice.
L’Église s'est efforcée de donner à cette société féodale un caractère religieux, en
instaurant la «chevalerie»: le chevalier devait respecter certaines règles: la bravoure, la loyauté,
la protection des faibles.
Au nom de l’Église vont s'engager les Croisades1, des XIe et XIIIe siècles : sous le
prétexte de reprendre la Terre sainte, tombée dans les mains des musulmans («les Infidèles»), des
seigneurs et des moines soldats ( de l'ordre des Templiers) vont installer au Moyen-Orient des
colonies, sources de grands profits. Les huit croisades qui eurent lieu entre 1095 et 1270 ont eu
une grande répercussion sur la société européenne et en particulier sur la France.
Elles étaient également un facteur d'ordre et de paix intérieure en détournant vers
l'extérieur la turbulence guerrière, mais elles contribuèrent surtout à développer les échanges
entre l'Orient et l'Occident.
Suivant le chemin des pèlerinages, les croisades combinaient les
motivations politiques, religieuses et économiques dans des proportions diverses car leur but
général était d'assurer aux chrétiens le libre accès non seulement au tombeau du Christ mais aussi
aux pays et aux richesses de l'Orient. Seules les trois premières croisades, qui se sont déroulés
aux XIe et XIIe siècles, sont réellement des expéditions rassemblant toute la chrétienté
occidentale pour conquérir, défendre ou délivrer la Terre sainte selon la volonté pontificale.
Les Croisades
ère
1 croisade (1095-1100). Prise de Jérusalem. Fondation des États latin du
Levant. Perte d'Edresse en 1144
ème
2 croisade (1147-1149) Échec devant Damas. Perte de Jérusalem

ème
3 croisade (1189-1192) Siège victorieux d4acre. Échec à Jérusalem

ème
4 croisade (1202-1204) Prise de Zara, ville chrétienne. Sac de Constantinople.
Démembrement de l'Empire byzantin
ème
5 croisade (1217-1221) tentation d'envahir l'Egypte, siège de Damiette, échec à
Caire
ème
6 croisade (1228-1229) menée par L'empereur germanique Frédéric II , signature
du Traité de Jaffa

1
Les croisades sont des pèlerinages armés prêchés par le pape en vue de conquérir ou de défendre les lieux saints.
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ème
7 croisade (1248-1254) échec à Caire, la reprise de la terre Sainte par les
« infidèles » ; Louis IX passe six ans en Terre Sainte .
ème
8 croisade (1268-1272) mort de Louis IX en chemin vers Tunis.

En France, l 'église poursuit impitoyablement ceux qui n'acceptent pas son dogme : les
inquisiteurs, sortes de juges ecclésiastiques , engagent un véritable chasse aux hérétiques (les
cathares et les albigeois) et en profitent pour s'approprier leurs terres.
Au XII et XIIIe siècles , le commerce se développe. Les marchands et les artisans,
organisés en corporations, vivent dans les villes qui s'agrandissent considérablement. Les
bourgeois( les habitant des bourgs) luttent pour obtenir des seigneurs des privilèges leur
permettant de s'affranchir et de gérer eux-m^mes les cités . De grandes foires ont lieu chaque
année en Champagne et à Paris.
Le XIIe et le XIIIe siècles ont été très difficiles : la famine et les épidémies de peste
avaient fait des ravages dans la population , provoquant des révoltes populaires contre les nobles,
nommées les Jacqueries
Au XIVe s., les soulèvements paysans étaient dénommées des « effrois » ; cependant, le
mot « jacques » était déjà le sobriquet que les nobles donnaient aux paysans. Le terme de
« jacquerie » a été utilisé pour désigner le soulèvement, bref mais extrêmement violent et
meurtrier, des paysans du nord du Bassin parisien. Il est à mentionner que la Jacquerie n'est pas
une révolte des plus miséreux des paysans, puisqu'elle éclate dans les régions les plus riches de
l'Île-de-France, celles qui s'adonnent à la culture céréalière.
Mouvement sans orientation politique, marqué par la haine du noble, la Jacquerie
de 1358 ne s'est pas attaquée aux structures de la société.

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La guerre de Cent Ans est l'un des plus célèbres conflits du Moyen Âge. Elle oppose les
rois de France de la dynastie des Valois aux rois d'Angleterre pour la possession du royaume de
France. Le conflit peut se diviser en deux périodes au cours desquelles le trône de France est sur
le point de basculer sous la tutelle anglaise, avant d'observer une reconquête quasi-totale. A
chacune de ces périodes, une figure emblématique, un héros, incarne le sursaut français :
La première période du conflit voit l'Angleterre victorieuse à Crécy et à Poitiers où le roi
de France est capturé. Le sursaut français s'effectue grâce au connétable Bertrand du Guesclin et
à son roi Charles V.
La seconde période du conflit voit naître une guerre civile : les Armagnacs contre les
Bourguignons. Cette lutte favorise l'Angleterre, victorieuse à Azincourt. Le trône est alors promis
au roi d'Angleterre. C'est Jeanne d'Arc qui déclenchera le réveil des forces françaises et leur
course vers la victoire.
Le royaume de France au Moyen Age (en gros, du 10ème siècle au milieu du 15e siècle)
a été marquée par l'expansion du contrôle royal par le maison de Capet (987-1328); leurs luttes
avec les principautés pratiquement indépendants (duchés et comtés, telles que les régions
normandes et angevines ) qui se sont développées à la suite des invasions vikings et par le
démantèlement fragmentaire de l'Empire carolingien et Francie occidentale ( 843 -987 ) , la
création et l'extension du contrôle administratif / état ( notamment sous Philippe II Auguste et
Louis IX ) dans le 13ème siècle , le lieu de la maison de Valois ( 1328-1589 ) et la crise
dynastique prolongée de Cent Ans » guerre avec le royaume d'Angleterre (1337-1453) aggravé
par la catastrophique épidémie de peste ( 1348 ) , qui a jeté les graines pour un Etat plus
centralisé et élargi dans l'époque moderne et la création d'un sens de l'identité française .
Jusqu'à la 12ème siècle , la période a vu l'élaboration et l'extension du système
seigneurial économique (y compris l'attachement des paysans à la terre par le servage ) ,
l'extension du système féodal de droits et obligations entre seigneurs et vassaux , le soi-disant
«révolution féodale» du 11ème siècle au cours de laquelle plus en plus petits seigneurs ont pris le
contrôle des terres locales dans de nombreuses régions , et l' appropriation par les seigneurs
régionaux / locaux de divers droits administratives, fiscales et judiciaires pour eux-mêmes . Du
13 e siècle, l'Etat a repris lentement le contrôle d'un certain nombre de ces pouvoirs perdus . Les
crises du 13ème et 14ème siècle ont conduit à la convocation d'une assemblée consultative , les
États généraux , et aussi pour une fin effective au servage .

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De la 11ème et 12ème siècles sur , la France était au centre ( et initiateur souvent ) d'une
production culturelle dynamique qui s'étend à travers l'Europe , y compris : la transition de
l'architecture romane à l'architecture gothique ( originaires du 12ème siècle en France ) et de l'art
gothique ; la fondation des universités médiévales ( tels que les universités de Paris ( reconnues
en 1150 ) , Montpellier (1220 ) , Toulouse ( 1229 ) , et d'Orléans (1235 ) ) et la soi-disant «
Renaissance du 12ème siècle " , un nombre croissant de la littérature vernaculaire 2 laïque (y
compris la chanson de geste , roman de chevalerie, la poésie des troubadours et des trouvères ,
etc ) et la musique médiévale (comme l'épanouissement de l'école Notre-Dame de la polyphonie
du monde 1150-1250 qui marque le début de ce qui est classiquement connu sous le nom Ars
antiqua ) .

II. L’ARCHITECTURE FRANÇAISE AU MOYEN AGE.


On peut parler de l’architecture française nationale à partir du IXe siècle (a.843 - Le
Serrement de Strasbourg).
Dans l’architecture médiévale française il existait deux périodes : L’architecture romane
et gothique.
Pendant longtemps, les historiens de l'art opposent l'art roman, produit d'une société
soumise à un Dieu effrayant, et l'art gothique empreint d'un optimisme triomphant d'une société
glorifiant le Créateur. Le terme d'art roman définit, en histoire de l'art, la période qui s'étend du
début du xie siècle jusqu'à la seconde moitié du xiie siècle, entre l'art préroman et l'art gothique.
Il est forgé en 1818 par l'archéologue français Charles de Gerville et passe dans l'usage courant à
partir de 1835.
L'art roman regroupe aussi bien l'architecture romane que la sculpture, la peinture ou
la statuaire romane de la même époque. L'expression recouvre une diversité d'écoles
régionales aux caractéristiques stylistiques différenciées, mais qui allient maîtrise technique et
audace.
Se développant lors d'une période d'expansion économique, il n'a pas été le produit d'une
seule nationalité ou d'une seule région, mais est apparu progressivement et presque
simultanément en Italie, en France, en Allemagne, en Espagne et au Portugal. Dans chacun de
ces pays, il a des caractéristiques propres (par exemple : l'utilisation de pierres différentes dans
chaque région), bien qu'avec une unité suffisante pour être considéré comme le premier style
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Vernaculare, adj.- du pays, propre au pays( terme savant). Langue vernaculaire, dialecte.
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international, avec un cadre européen. Son domaine d'expression est essentiellement religieux
avec notamment l'adoption du plan basilical pour les églises et la généralisation de l'emploi de la
voûte en berceau.

Le style roman serait ainsi simplement reconnaissable par la forme de ses arcs, son
élévation modeste et sa voûte en berceau L’art gothique se substitue peu à peu à l’art roman
pendant la deuxième moitié du XIIe siècle dans les villes du nord de la France. Si l’architecture
romane est une architecture rurale, l’architecture gothique est une architecture urbaine, des
villes.L’architecture gothique s’exprime premièrement dans les édifices religieux. Mais a cette
époque on construisait et d’autres édifices, comme les palais, des châteaux forts, des hôpitaux,
des maisons, etc. . Les premiers édifices gothiques apparaissent vers 1130-1150 en Île-de-France.
Les contemporains les qualifient d'« art d'origine française » ou d'« art français » (en latin :
francigenum opus). Le mot « gothique » serait une invention de la période romantique du XIXe
siècle. D'autres prétendent que l'expression est due aux Italiens de la Renaissance 3. Le
qualificatif choisi pour cette architecture comporte une allusion de retour en arrière, avec une
nuance plutôt péjorative : l'art gothique est l'art des Goths, autrement dit des « barbares » , c'est-
à-dire de ceux qui méprisent et oublient les techniques et les canons romains. Un certain nombre
d'historiens de l'art réfutent aujourd'hui ce jugement et montrent que l'architecture gothique n'est
pas en rupture avec l'architecture romane , mais au contraire c’est une évolution.

https://www.youtube.com/watch?v=oVU7ybbCcQc film sur l+histoire de france au


Moyen age
 La période romane dans l’architecture française
Au Xe siècle, "un blanc manteau d'églises" couvre l'Occident et l'architecture des
monastères et des églises reprenait les styles utilisés dans la Rome antique d'où le terme

3
Le terme « gothique » est, semble-t-il, utilisé pour la première fois par le peintre Raphaël vers 1518 dans un
rapport au pape Léon X sur la conservation des monuments antiques : Raphaël considère que les arcs en ogive de
l'architecture gothique rappellent la courbure des arbres formant les cabanes primitives des habitants des forêts
germaniques - un mythe qui refera surface chez les romantiques - et fait référence, de manière neutre, à l'art
gothique du Ve siècle, désignant par contre l'« art français » médiéval sous le terme art tudesque]. « Gothique » est
ensuite repris dans un sens péjoratif par le critique d'art Giorgio Vasari en 1530, faisant, lui, référence au sac de
Rome par les «barbares » Goths. L'art gothique était donc l'œuvre de barbares pour les Italiens de la Renaissance,
car il aurait résulté de l'oubli des techniques et des canons esthétiques gréco-romains. L'art gothique a également
été vivement critiqué par des auteurs français tels que Boileau, La Bruyèreou Jean-Jacques Rousseau, avant d'être
réhabilité par des architectes comme Francesco Borromini ou Jan Blažej Santini-Aichel inventeur du style baroque
gothique
« Le fade goût des monuments gothiques
Ces monstres odieux des siècles ignorants
Que de barbarie ont vomi les torrents. » Molière.
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d'architecture romane. À la suite des premières constructions suivant le roman primitif, de


nombreuses églises en pierre furent construites avec une remarquable homogénéité dans toute
l'Europe avant l'an mille. Le style se composait d'épais murs de pierre, de petites ouvertures
surmontées d'arches semi-circulaires et, notamment en France, de voûtes en arc. Les
grands portails décorés de reliefs colorés représentant des scènes mythologiques devinrent un
élément central des façades. Les murs intérieurs étaient également peints et un suivaient un
schéma commun avec des scènes du Jour du jugement sur le mur occidental du transept,
un Christ en gloire à l'est et des scènes bibliques dans la nef ou dans le cas de l'abbaye française
de Saint-Savin-sur-Gartempe sur sa voûte en berceau.
L’architecture Romane se produit en France au X- XIIe siècle. Pendant cette période on
construit essentiellement des édifices religieux : des cathédrales, des églises, des monastères, des
chapelles, etc. surtout dans la partie méridionale de la France. L’architecture romane est une
architecture rurale car on construisait les édifices plutôt a la campagne.
Il s'agit d'un art essentiellement religieux dont les constructions obéissent à des plans dit
centrés ou -c'est la majorité- à des plans dit basilicaux.
Depuis les origines et jusqu'au XVe siècle, l'édifice de l'église était en forme de croix
latine dirigée vers l'Est. Car l'attente du soleil levant (le Christ) est un trait essentiel de la prière
et de la spiritualité chrétienne.

Plan d'une église romane

Les parties d’une église


La nef est la partie d'une église allant du portail à la croisée du transept et qui est le lieu
de prière pendant la messe. Elle est parfois séparée du chœur par une barrière de pierre ou de

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bois appelée chancel, prône ou jubé.. En Orient, cette séparation est appelée "iconostase", car
c'est le lieu où sont accrochées les icones.
L'abside est la partie qui termine le chœur d'une église, soit par un hémicycle, soit par
des pans coupés, soit par un mur plat.
Le chœur est la partie du plan d'une église prévue pour les chantres.
Le transept est une nef transversale qui coupe à angle droit la nef principale d’une église
et lui donne la forme symbolique d’une croix.
En entrée, le tympan ; très simple sur les premiers édifices romans, cet élément devient
de plus en plus décoré à la fois pour magnifier la maison de Dieu et participer à l'instruction
religieuse en reprenant des scènes de livres liturgiques ; parmi les thèmes représentés, on
retrouve par exemple celui du Tétramorphe (allusion à l'Apocalypse et symbole des quatre
Évangélistes), celui du jugement dernier, ...
Essentiellement religieux, l'art roman se caractérise par l'utilisation de la voûte en berceau
sous forme d’arc : ce type de’arc est egalement appelé arc en berceau ou arc roman ou bien arc
en plein cintre. Ces voûtes de pierre éprouvent la
résistance des murs qui, pour supporter un tel poids,
doivent être épais et renforcés. Pour ne pas les fragiliser, on
évite de percer des fenêtres. Les églises romanes sont donc
des bâtiments trapus et sombres. En général, l’art roman
est produit d'une société soumise à un Dieu effrayant, et
dans les églises il n’y avait presque pas de décoration, sauf
quelques fresques, et les chapiteaux sculptés pour ne pas empêcher à la prière . Par des sources
écrites, nous savons que des fresques étaient présentes dans les églises et les palais, bien que la
plupart d’entre elles aient disparu. A l’extérieur, par contre, le tympan était décoré par des
sculptures à sujet religieux.

Abbatiale Sainte-Foy de Conques –


Le tympan repreé sentant le jugement dernier (entre 1150 et 1250)

À l'extérieur du bâtiment, figurent des éléments décoratifs initialement très simples


comme la bande lombarde (sous le Ier art roman), puis plus riches avec de nombreuses sculptures
(sous le second art roman).
Donc la décoration des églises romanes était concentrée sur les chapiteaux, le porche et
le tympan.

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Les périodes de l’art roman


 Premier âge roman
Le premier art roman est un art méridional et international. Il débute dans les régions du
sud, notamment en Lombardie et s'étend aux régions voisines grâce aux maîtres d'œuvre de
Côme. Ces derniers travaillent sur différents chantiers successifs et, avec leur matériel de maçon,
imposent Bandes lombardes, appeleé s aussi festons lombards, sur la façade de
l'eé glise de Saint-Andreé de Soreè de (Pyreé neé es-Orientales) dateé e du xie sieè cle

la structure d'église en forme de navire renversé (la nef) et les « bandes lombardes » ; ils
insufflent des bases solides pour un développement riche de l'architecture romane.

Deuxième âge roman


 L'apogée du style - par sa qualité et sa beauté- est
atteint entre 1050 et 1150. En provenance de la France, il se
transmet principalement autour des chemins de pèlerinage de
Saint-Jacques-de-Compostelle. Le deuxième art roman s'exporte
en Terre Sainte grâce aux Croisades.  Pendant cette période
la sculpture envahit les façades (cathédrale d'Angoulême), le tour
des fenêtres et les tympans. Les édifices gagnent en hauteur : la
tour de la basilique Saint-Sernin à Toulouse mesure 64 mètres; les tours de la façade de
l'abbatiale Saint-Étienne de Caen s'élancent à 80 mètres. Les nefs deviennent plus grands : en
Bourgogne, les nefs les églises abbatiales dePontigny, de Saint-Bénigne de Dijon et
de Cluny III dépassent les 100 mètres;
Basilique Saint-Sernin, Toulouse.

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Façade de la Catheé drale Saint-Pierre,Angouleê me.

Cet art architectural atteint son apogée en termes de richesses et de grandeur à l'époque
de Cluny, dont la cathédrale, dite de Cluny III, va rester le plus grand bâtiment de la chrétienté
jusqu'au xvie siècle.
Les principaux monuments : L'architecture romane ne se développe pas au même
moment dans les différentes régions françaises. L'apogée est atteint vers 1130 en Languedoc
(Abbaye Saint-Pierre de Moissac), dans le Poitou, en Bourgogne (Vézelay, cathédrale d'Autun) ;
l'Auvergne développe un style spécifique au milieu du xiie siècle ; enfin, le Sud-Est connaît des
développements remarquables à la charnière du xiiie siècle, alors même que la France du Nord
voit le développement des grandes cathédrales gothiques.
Les spécificités régionales ne doivent cependant pas être exagérées ; la mobilité des
techniciens d'alors fait qu'on peut trouver des points communs à des édifices géographiquement
distants. De plus le choix de tel élément stylistique peut dépendre des goûts du commanditaire ou
de l'expérience des architectes.
Pendant le XIIIe siècle, au fur et à mesure que les solutions architecturales sont renforcées
et s'améliorent, l'art roman tardif se développe, conjointement avec un début spontané de l'art
gothique.

 la période gothique dans l’architecture française


Le mouvement gothique commence à s’étendre en Europe durant la première moitié du
XIIème siècle. Les dimensions colossales de l’architecture religieuse s’épanouissent sur tout le
monde chrétien dans un style commun appelé gothique international.
L'architecture gothique (ou art français, en latin francigenum opus) est un
style architectural qui s'est développé à partir de la seconde partie du Moyen
Âge en Europe occidentale.

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La catheé drale Notre-Dame de Chartres La catheé drale Saint-Pierre de Beauvais


(le gothique classique)

Art français, art ogival, art gothique… Ces différentes appellations témoignent des
difficultés rencontrées pour définir l'art nouveau qui s'épanouit en Europe entre les XII eet XVIe
siècles. Ce sont les Italiens qui, au XVIIe siècle, baptisent l'art français de manière péjorative "art
gothique", pour signifier barbare. Ce mot marque le mépris porté alors à l'art médiéval.
Au XIXe siècle, les termes ogival et gothique deviennent synonymes.
L'art gothique se substitue peu à peu à l'art roman pendant la seconde moitié du XII e
siècle dans les villes de l’Île-de-France. Il se définit par l'utilisation systématique de la voûte sur
croisée d'ogives, d'arcs-boutants et de fenêtres en arc brisé. Empruntant des procédés du style
roman, l'architecture gothique recourt aussi à de nouvelles techniques : la croisée d'ogives dirige
les poussées de la voûte sur des piliers, et non plus sur des murs ; les arcs-boutants servent de
soutien extérieur aux piliers, ils s'appuient sur des contreforts ; entre les piliers, les murs qui ne
soutiennent plus la voûte sont percés de hautes et larges fenêtres en forme d'arc brisé.

Le gothique s'exprime en premier lieu dans les édifices religieux. Il se trouve également dans la
construction d'édifices civils ou militaires, comme des palais (palais de Saint Louis à Paris,
palais de justice de Rouen), des châteaux forts (Falaise, Angers, Pierrefonds, château des ducs de
Bourgogne à Dijon), des hôpitaux, des halles, des hôtels de ville, des beffrois, des maisons
(maison Jacques-Cœur à Bourges, résidence des abbés de Cluny), ou des enceintes fortifiées

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(Carcassonne, Saint-Malo, Aigues-Mortes).

"Une œuvre magnifique qu'inonde une lumière nouvelle"


Abbé Suger, inscription gravée dans la basilique de Saint-Denis.
L'art gothique est d'abord un art de la lumière. La conquête de la lumière passe par
l'agrandissement progressif des fenêtres et par l'emploi de plus en plus fréquent de verre plat,
blanc ou coloré, même sur les constructions civiles. Précurseur du "mur de verre" moderne, l'art
gothique utilise le verre à grande échelle dans l'architecture civile et religieuse. D'immenses
verrières inondent de lumière l'intérieur des édifices.
Du XIIe au XIVe siècle, des verreries voient le jour au voisinage des forêts pour alimenter les
constructions urbaines. Le développement de cette industrie nouvelle, lié aux progrès de la
métallurgie, est possible grâce à l'amélioration des systèmes de soufflerie et d'utilisation des
combustibles. Le verre est ainsi amené plus facilement à l'état de fusion.
Au même moment apparaît l'éclairage sans fumée, chandelle ou cierge, qui remplace la torche
résineuse ou la lampe à huile. Lecture, étude, dessin s'en trouvent considérablement facilités
autant que par une autre invention, celle des lunettes.

Les vitraux
La conquête de la lumière, c'est aussi, dans les églises, le développement des vitraux.

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Dans son traité, De diversis artibus, le moine Théophile, au XIe siècle, évoque cet art et
l'assemblage auquel on procède. Découpés au fer rouge, les morceaux de verre de couleurs
différentes sont sertis dans un maillage de plomb, formant une mosaïque lumineuse. Ce
déploiement, vif, brillant et coloré, participe de la riche décoration des églises. Il s'oppose à
l'austérité cistercienne.
L'art du vitrail aboutit, écrit Georges Duby, "…aux grandes roses qui rayonnent au milieu du
XIIIe siècle sur les nouveaux transepts. Elles portent à la fois signification des cycles du cosmos,
du temps se résumant dans l'éternel, et du mystère de Dieu, Dieu lumière, Christ soleil"
Suger, pour réaliser les vitraux de Saint-Denis, "avait recherché avec beaucoup de soin les
faiseurs de vitraux et les compositeurs de verres de matières très exquises, à savoir de saphirs en
très grande abondance qu'ils ont pulvérisés et fondus parmi le verre pour lui donner la couleur
d'azur, ce qui le ravissait véritablement en admiration".

Rose de la façade nord, Notre-Dame de Paris

Bien que Villard de Honnecourt ne présente pas de vitraux dans le Carnet, il parle de
verrières et dessine plusieurs roses, dont celle de Chartres, ainsi que des fenestrages de pierre
sur lesquels il prévoit les feuillures pour les verres.
L'art du vitrail prend le pas sur la peinture murale. L'attention se recentre autour des maîtres
verriers qui rehaussent les à-plats de verre pour y souligner les drapés.
Un des plus beaux ensembles de vitraux se trouve à Chartres : 160 baies vitrées, 2 600 m2 de
verrières comprenant quelque 5 000 personnages. Une rosace d'un diamètre d'environ 10
mètres surmonte chacun des trois portails. Les vitraux sont d'une grande richesse de couleurs
où prévalent les bleus (le "bleu de Chartres") et les rouges au XIIe siècle, puis les verts et les
ors au XIIIe siècle. Ils diffusent une lumière douce et colorée. Au milieu du XIIIe siècle, les
grisailles, simple verre blanc rehaussé de dessins géométriques, sont de plus en plus
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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

employées pour laisser passer plus encore de lumière. Les parois de verre expliquent les
Écritures et la vie des saints. Elles illustrent des épisodes de la Bible (vitrail de la Passion du
Christ, 1155, au revers de la façade occidentale). Des scènes profanes sont également
représentées (Le Marchand de vin, détail de la vie de saint Lubin, v.1200-1210, 2 e fenêtre du
bas-côté nord de la nef). Un style plus naturaliste se répand. Sur ce vitrail, une gerbe
multicolore "explose" sur un fond rouge. À Chartres, la rose nord est offerte par la régente
Blanche de Castille, mère de Louis IX. Elle représente une Vierge à l'enfant. Ces donations
sont habituellement faites par les rois, l'Église, les plus fortunés, les chevaliers, les corps de
métiers ou la ville.

Les différentes périodes de l’architecture gothique


Le gothique s'étend du premier tiers du XII e siècle jusqu'au XVIe siècle, de la fin du
monde roman à la Renaissance. On le divise généralement en trois grandes périodes :
Le gothique primitif (premier tiers du XIIe siècle - premier tiers du XIIIe siècle).
Les premiers édifices gothiques sont encore assez trapus. L'arc en plein cintre ne disparaît
pas immédiatement. On le trouve encore dans les grandes roses de façade.
Les voûtes sont généralement conçues sur un plan carré, six branches d'ogives reposant sur
des piles alternativement fortes ou faibles, ce qui permet de canaliser la poussée vers des
points de retombée entre lesquels les murs ne seront plus porteurs.

À l'extérieur, apparaissent des arcs-boutants dont la fonction est de


contre-buter la poussée des voûtes qui, avant leur invention, s'exerçait uniquement sur les
murs. Ces techniques rendent possible la construction de nefs de plus en plus hautes. Les
fenêtres restent pourtant d'une taille relativement modeste. L'élévation comporte
généralement quatre niveaux : les arcades, les tribunes, les arcatures aveugles et les fenêtres
hautes. Les chapiteaux, points de jonction de la voûte et de la pile, sont ornés de motifs
végétaux dont l'extrémité est recourbée en forme de crochets.

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

Ce style s'affirme avec la construction de l'abbatiale de Saint-Denis. Suger (v. 1081-1151) est
nommé abbé de Saint-Denis en 1122 et décide vers 1137 de reconstruire l'abbaye bénédictine
de Saint-Denis. Pour ce faire, il utilise pour la première
fois de manière systématique tous les procédés
architecturaux du gothique. Grâce à lui, le nouveau style
s'exprime totalement. La basilique devient le modèle dont
se sont inspirés les bâtisseurs des cathédrales de Chartres,
de Senlis et de Meaux. La rapidité de la construction
s'explique par la ferveur des fidèles qui y participent et
l'habileté de Suger. Le chœur est consacré en 1144 en
présence de Louis VII. On découvre alors une création
architecturale originale.
Principaux édifices : la basilique de Saint-Denis (1137-1144), les cathédrales de
Bourges (1172-1235), Chartres (1194-1220), Laon (1150-1233), Noyon (1150-1220), Paris
(1153-1250), et Sens (1130-1168).

L'apogée (vers le milieu du XIIIe siècle)


Le style atteint sa pleine mesure grâce à l'emploi de l'arc brisé, plus résistant que l'arc en
plein cintre. Son usage se généralise, ce qui permet d'accroître considérablement la hauteur
des murs et d'alléger l'allure de l'ensemble. Les verticales jaillissent du sol et montent vers le
ciel, toujours plus haut, plus près de Dieu. Malgré ce goût pour la démesure, la recherche de
l'harmonie est constante : la succession régulière des piliers et des arcs produit une
impression d'équilibre et de régularité.

Les voûtes deviennent rectangulaires ou barlongues, le plus


souvent à quatre quartiers. Ceci permet de répartir le poids de
manière homogène sur des piliers cantonnés (piliers à fût central cerné
de quatre colonnettes engagées).
Les murs s'évident considérablement pour laisser place à de grandes fenêtres. Les ouvertures
l'emportent sur les pleins et la lumière inonde ces vastes édifices ornés de sculptures, de
miniatures et de rosaces. Les tribunes, dont l'inconvénient principal était de diminuer la
lumière, sont remplacées par des arc-boutants. L'élévation à trois niveaux tend à se
20
L’art médiéval en France Cristina
Enicov

généraliser. Les chapiteaux sont ornés de bouquets de feuillage sculptés.

Il est difficile aujourd'hui d'imaginer les conditions dans lesquelles travaillaient les hommes
qui lançaient à près de cent cinquante mètres de hauteur les flèches de leur cathédrale. Ils
n'avaient aucun moyen de calcul préalable et se basaient sur des méthodes empiriques dictées
par l'expérience acquise sur des édifices bien moins ambitieux. Ils se montrèrent parfois trop
audacieux. Aussi les accidents n'étaient-ils pas rares sur les chantiers des cathédrales : ainsi,
en 1267 la tour de la cathédrale de Sens s'écroule, en 1272 la flèche de Sainte-Bénigne de
Dijon, en 1284 la voûte du chœur de la cathédrale de
Beauvais et en 1573 la flèche récemment édifiée.

Principaux édifices : les cathédrales d'Amiens (1220-


1270), Bourges (1172-1235), Beauvais (1225-1270), Reims
(1211-1287), et la Sainte-Chapelle (1245-1248).

Le gothique flamboyant (XVe et XVIe siècles)


À la fin du XIIIe siècle, les efforts se concentrent sur le
renouvellement du décor. Le dernier aspect de l'architecture
gothique est donc moins marqué par une évolution de
structure que par l'ajout, voire la surcharge, d'ornements.
Certains plans sont même simplifiés. Les décors et les frises
à base de motifs de flammes ou de torsades deviennent
exubérants.

Principaux édifices : Saint-Vulfran à Abbeville, Saint-


Jacques à Dieppe, Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris, Saint-
Maclou à Rouen.

Inteé rieur de la catheé drale de Seé es, Normandie : galeries d'arcs en ogive

 Les cathédrales françaises en chiffres

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

Dates Hauteur sous nef Longueur totale


Cathédrale
de construction (en mètres) (en mètres)
Paris 1163 35 128
Strasbourg 1190 à 1439 31 115
Bourges 1192 38 118
Chartres 1194 37 130
e
Angers XII siècle 24,7 90,47
Amiens 1220 42,50 133
70 (chœur et transept, pas
Beauvais 1225 48
de nef)

Pour résumer, passons en revue les principales caractéristiques de l’architecture


gothique :
1. Les églises étaient hautes de 2 à 3 niveaux. Le toit était soutenu par des
piliers, formes des groupements de colonnes, qui s’unissait dans la voûte, formant les
nervures de l’arc gothique, ou l'arc brisé, ou autrement dit l’arc ogival. La hauteur sous la
voûte des certaines églises était de 30-40 mètres.
2. L’aspect de l’église est plus svelte et élancé, grâce à l'emploi d'arcs
boutants, qui s’appuient sur des contreforts, ce qui permettaient de reporter la poussée
loin des murs,
3. Les murs de l’église sont évidés pour faire place à de larges ouvertures,
les fenêtres qui sont décorés par des vitraux.
4. Sur les façades il y avait des roses gothiques, en forme de roue, qui
signifiaient la continuation de la vie, l’éternité de Dieu. Aussi sur les façades le nombre
des portails étaient déjà trois. La façade de l’église gothique était borde par deux tours-
clochers avec ou sans toit.
5. La façade d’ne église gothique contient des décorations sous forme de
sculptures.
6. Le toit de l’église gothique est toujours pointu .

III. LA PEINTURE FRANÇAISE DU MOYEN AGE

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

Au Moyen Age, l’art le plus important étaient considéré l’architecture, les autres arts, tels
la peinture et la sculpture, étaient considérés complémentaires.
La peinture française médiévale se caractérise par une forte influence de l’Eglise
catholique. Au Moyen Age, l’église constitue le centre de culture et de science, elle est le plus
grand commanditaire d’œuvres d’art qui vers la fin du Moyen-âge est remplacée par la noblesse.
Le but principal de l’art au Moyen Age s’est de glorifier le Dieu, et d’ici le caractère de la
peinture médiévale est religieux. Pour la majorité des cas les artistes médiévaux étaient des
moines, dont les noms sont restés inconnus. Dans la peinture française au Moyen Age aussi
comme dans l’architecture, on distingue deux grandes périodes : la peinture romane et la
peinture gothique.
a) La peinture romane
Durant la période romane de la peinture française les manifestations picturales se
manifestaient surtout sous forme de peinture murale ou fresques,
décoration des manuscrits et les vitraux.
Fresque de Sant Climent de Tauü ll

Les larges surfaces murées et les voûtes de la période romane


se sont prêtées facilement à la décoration murale. Malheureusement,
de nombreuses peintures initiales ont été détruites soit par des
restaurations mal menées, ou par le fait que les murs ont été
replâtrés ou repeints. En France, Angleterre et aux Pays-Bas, ces peintures ont été
systématiquement détruites ou effacées par l'iconoclasme de la réforme protestante.
La peinture d'une église suit un schéma classique, dérivé d'exemples antérieurs
de mosaïques. Elle a son point focal dans la voûte en cul-de-four de la nef, avec un Christ en
Majesté ou un Christ rédempteur sur son trône et une mandorle encadrée par quatre éléments
ailés, symboles des Quatre Évangélistes, en comparaison directe avec les exemples des
couvertures ornées ou les enluminures des évangéliaires de l'époque. Si la Vierge Marie est la
dédicace de l'église, elle peut y remplacer le Christ en représentation. Sur les murs de l'apside, en
dessous, peuvent être représentés les saints et apôtres, incluant des scènes narratives, par
exemple le saint auquel est dédicacé le monument. Sur les arches du sanctuaire peuvent figurer
les apôtres, prophètes, ou les vingt-quatre vieillards joyeux de l'Apocalypse, regardant le Christ,
ou son symbole sous forme d'agneau, au sommet de l'arche. Le mur nord de la nef pourrait
présenter des scènes narratives de l'Ancien Testament, et le mur sud le Nouveau Testament. Sur
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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

le mur ouest arrière se trouverait le Jugement dernier, avec un Christ sur un trône qui juge à son
sommet5.
Un des plus beaux exemples intacts est visible dans l'abbaye de Saint-Savin-sur-
Gartempe en France. La longue voûte en berceau de la nef fournit une surface idéale pour la
fresque, qui présente des scènes de l'Ancien Testament, dont la Création, la vie d'Adam et Ève et
d'autres histoires dont celle très vivante de l'arche de Noé présentant des personnages apeurés et
de nombreuses fenêtres à travers lesquelles on peut voir Noé et sa famille sur le pont supérieur,
des oiseaux sur le pont du milieu, et des paires d'animaux sur l'inférieur. Une autre scène
présente de façon très vigoureuse la noyade de l'armée de Pharaon dans la mer Rouge. Ce
schéma s'étend à d'autres parties de l'église, avec le martyr de saints locaux présentés dans la
crypte, l'Apocalypse dans le narthex et un Christ en Majesté. Les palettes de couleurs employées
sont limitées au bleu-vert clair, jaune ocre, rouge marron et noir.
Concernant les techniques, les fresques sont faciles à réaliser, mais il faut travailler vite
car sur enduit frais. Cette technique peu onéreuse explique que de modestes églises rurales, de
simples curespriorales, reçurent de somptueux décors peints. Les couleurs sont vives.
Exemples :Berzé-la-Ville (Saône-et-Loire) : la chapelle aux Moines ; église Sant Joan
de Boí, église Santa Maria de Taüll, église Sant Climent de Taüll (Catalogne) : peintures du
chevet vers 1123 ; abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe (Vienne), vers 1100 : nef en berceau
de plein cintre, palette claire, personnages étirés ; église de Vals (Ariège) : peintures du début
du xiie siècle, d'influence catalane .

Fresque de la nef de l'abbatiale de Saint-Savin- Saint Andreé et Saint Pierre en Christ en majesteé en l'eé glise de Jaleyrac
sur-Gartempe Vienne, France. l'eé glise semi-rupestre de Vals, (Cantal), Auvergne
Arieè ge, France

L'enluminure des manuscrits


L'enluminure est une technique artistique qui consiste en l'art d'illustrer les livres et
manuscrits, notamment au Moyen-Age. Etymologiquement, il s'agit "d'illuminer" les ouvrages
par des images qui sont presque toujours des miniatures.
Le travail d'enluminure faisait partie intégrante du quotidien des religieux qui étaient,
avec les nobles, les seuls à avoir accès aux livres et aux techniques d'écriture. Recopier des

24
L’art médiéval en France Cristina
Enicov

ouvrages religieux fait donc partie de la vocation du moine, car celui-ci doit s'attacher à la fois à
la transmission de l'histoire religieuse et de ses règles, et aussi à la conservation de ces dernières.
C'est donc essentiellement un travail de copie de textes religieux mais aussi d'ouvrages
classiques tel Horace et Cicéron, la formation d'un novice passant par l'apprentissage du latin et
de la philosophie. Dès le IXème siècle, la plupart des monastères possède son scriptorium, un
local consacré à la calligraphie et à la décoration des manuscrits.

Copistes dans un scriptorium


C'est autour du IVème siècle après J-C, qu'on retrouve les premiers manuscrits dans
lesquels étaient peints des lettres de couleur (lettrines). Ces illustrations représentent donc
souvent des scènes religieuses mais sont aussi de précieux documents pouvant nous renseigner
sur la vie quotidienne des moines, mais aussi des civils, au Moyen-Age. C'est à partir du XIIIéme
siècle que ces ouvrages sortent des monastères et intéressent la bourgeoisie qui en fait un objet
de luxe convoité; l'on voit alors apparaître des scribes et enlumineurs laïcs.

Les Nantais rendent hommage à Jean de Monfort, Chroniques, Jean Froissart,( XIVème
siècle)

25
L’art médiéval en France Cristina
Enicov

La plupart des manuscrits furent utilisés par de nombreuses générations, incluant les
moines, les prêtres, les missionnaires, les professeurs, etc. On s'en servait pour prier, pour
étudier, les recopier, ou tout simplement les admirer. Les livres sont donc généralement très bien
conservés, même les plus anciens.

Catheé drale Saint-Pierre de Poitiers. Vitrail de la Crucifixion (XIIe sieè cle)

Les vitraux
Les plus anciens fragments connus de vitraux peints médiévaux
semblent dater du Xe siècle. Les plus anciens personnages peints intacts
sont les cinq prophètes du vitrail d'Augsbourg, daté de la fin du XIe siècle.
Les visages, même figés et formalisés, démontrent un dessin très maîtrisé
et l'usage fonctionnel du verre montre que ses créateurs étaient très bien
entraînés à ce support. Dans les cathédrales du Mans, de Chartres et
la basilique Saint-Denis, de nombreux panneaux du XIIe siècle sont
encore présents. Les artisans du vitrail ont été plus lents que les architectes à changer leurs
styles, et beaucoup de vitraux de la première partie du XIIIe siècle peuvent être considérés
comme romans. Parmi les plus belles œuvres connues, on peut évoquer le vitrail daté de 1200 de
la cathédrale de Strasbourg (en partie déposé au musée).
Les plus beaux vitraux de France, dont notoirement ceux de Chartres, datent pour la
plupart du XIIIe siècle. Peu de vitraux importants du XIIe siècle sont restés intacts. Parmi ces
derniers, celui de la Crucifixion de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers, composition
remarquable qui s'étend sur trois étages, le plus bas avec un trèfle à quatre feuilles présentant le
martyre de Saint Pierre, le plus grand central où domine la crucifixion et le plus haut l'Ascension
du Christ dans une mandorle. Le personnage du Christ crucifié présente déjà des signes de
courbes gothiques. Le verre était cher et faiblement flexible (en ce sens qu'il pouvait être ajouté
(superposé) ou réarrangé) et parait avoir été souvent réutilisé quand les églises ont été
reconstruites en style gothique.

b) La peinture gothique

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

La peinture gothique est un style de représentation picturale appartenant aux arts


gothiques, apparu en Europe occidentale au début du XIIIe siècle, environ 50 ans après les débuts
de l'architecture et la sculpture gothiques.
La transition entre l'art roman et l'art gothique est imprécise, mais nous pouvons voir dans
les prémices de ce style une peinture plus sombre et émotionnelle que dans la période précédente.
Elle représente notamment le début de la peinture profane, c'est-à-dire la peinture dont les sujets
ne sont pas religieux. La peinture gothique s'est développée en Occident (vers 1200
en France, Allemagne, Angleterre, …) puis a pris son essor en Italie vers 1300 avec la Pré-
Renaissance du Trecento et les Primitifs italiens.
Peindre (la représentation d'une image sur une surface) pendant la période gothique se
pratique sur quatre principaux supports :
 Les livres d'heures (livres de prières) : ils contiennent des miniatures et
des enluminures qui servent à la méditation/contemplation/dévotion privée. Chaque
illustration délivre un message. Ces livres étaient des miroirs princiers idéaux.
 Les retables: ce sont des tableaux peints ou sculptés qui ornent le dessus des autels
des églises. Ils sont apparus au XIIIe siècle. Les retables à plusieurs panneaux sont
dits diptyques, triptyques ou polyptyques.
Les fresques: elles ornent de grandes
structures, notamment les voûtes des églises.
L'artiste gothique cherche « son
inspiration dans la vie ». Il y a plus de
sentiments dans les œuvres gothiques que dans
les œuvres romanes. Parallèlement, la culture
bourgeoise a amené une nouvelle élégance dans
l'art. Il y a plus de détails narratifs, de fraîcheur,
de couleur, de luminosité… : les techniques
sont plus « raffinées ». ). L’image a avant tout
pour vocation d’éduquer le fidèle, qui ne sait
alors ni lire ni écrire, en lui transmettant un ensemble de règles civiques et morales qui
maintiennent l’équilibre social dans une société où le pouvoir est souvent du côté du plus fort.

Manuscrit vélin
Les peintres français du Moyen Age

27
L’art médiéval en France Cristina
Enicov

Jean Pucelle (?–1334) • Jean de Beaumetz (1335-1396) • André Beauneveu (1335-vers


1400) • Jacquemart de Hesdin (1355 – vers 1414) • Arnaud Gassies (1390-1458) • Villard de
Honnecourt • Enguerrand Quarton (1412 ou 1415 - 1466) • Jean Fouquet (1420–1481) • Simon
Marmion (1425-1489) • Nicolas Froment (1450–1490) • Maître de Saint Gilles (1468-1530).
L’enluminure gothique voit le jour en France , dans les années 1160—1170. Pendant
toute l'époque gothique, la France reste en tête des développements stylistiques de l'enluminure.
Lors du passage du gothique tardif à la Renaissance, dans la seconde moitié du XVe siècle,
l'enluminure perd son rôle d'art majeur à la suite du développement de l’imprimerie.
Au début du XIIIe siècle, la production commerciale de livres apparaît à côté de la
production monacale. Simultanément, les artistes se font connaître par leur nom. À partir
du XIVe siècle, le maître devient typiquement le directeur d'un atelier qui confectionne aussi bien
des tableaux que des enluminures. Au cours du XIIIe siècle, la grande noblesse supplante le
clergé comme principal commanditaire, si bien que la littérature
mondaine, la littérature courtoise ou la chanson de
geste deviennent les objets privilégiés pour l'enluminure. Le type
de livre le plus illustré à usage privé reste néanmoins le livre
d'heures.

Jean de Bondol : Jean deVaudetar offre son œuvre, la Bible historiale au roi Charles le
Sage(1371—1372)

En comparaison avec le style roman, l'enluminure gothique


se distingue par un style de personnages souples et en action, ainsi
que des plis de vêtements fluides. Cette tendance reste valable pour
toute la période gothique et trouve son sommet dans le « gothique international ». D'autres
caractéristiques sont l'utilisation d'éléments architecturaux contemporains pour compartimenter
de façon décorative les parties d'une image. À partir de la seconde moitié du XIIe siècle, les
décors fleuronnés — c'est-à-dire reproduisant des motifs végétaux, tiges, feuilles et fleurs,
surtout bleus et rouges — ornent les initiales typiques des manuscrits de basse ou moyenne
qualité. Des scènes n'ayant pas de lien direct avec le texte peuvent illustrer les initiales ou les
pieds de page, et la liberté de leur thème contribue à l'individualisation de la miniature et à
l’abandon des formules picturales stéréotypées. Au cours du XVe siècle, le réalisme naturaliste,
avec perspective, effets de relief et de lumière, et anatomie réaliste des personnages prend place
peu à peu, annonçant la Renaissance.

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

Annonciation, Fra
Angelico, enluminure sur parchemin, 1433

Les initiales en tête de pages


permettaient au lecteur de se repérer dans
le manuscrit, celui-ci n'étant pas
numéroté; la pagination apparaîtra en
Occident après le XVIème siècle.

Les traits particuliers de l'enluminure gothique

Le cadre spatio - temporel. L'art gothique est un style marquant une époque de
l’Occident, c'est-à-dire de l'Europe hors du domaine culturel byzantin, dont l’art exerça
néanmoins une grosse influence sur celui de l'Europe occidentale. Le point de départ de l'art
gothique est la France, qui reste jusque dans le gothique tardif la nation la plus avancée sur le
plan artistique.
Les limites temporelles entre la période gothique et la période qui la précède (la
période romane) et celle qui la suit (la Renaissance) sont floues et peuvent varier de quelques
décennies selon la région. En France, l'art gothique envahit la miniature vers 1200, presque
quarante ans après la construction des premières cathédrales gothiques. Il est à noter que le
changement de style dans l'enluminure est précédé par celui de l'architecture.
Vers 1450, la xylographie, et notamment la gravure sur bois, commence à concurrencer la
miniature, très onéreuse. Le développement rapide de l’imprimerie, avec une première étape de
coloriage à la main des illustrations dans la seconde moitié du XVe siècle, élimine largement
l'enluminure, surtout grâce à la gravure sur cuivre, qui permet de développer une technique
d'impression irréprochable sur le plan artistique. Dès la fin du XVe siècle, la gravure sur cuivre
dépasse l'enluminure, tant du point de vue de la rationalité économique que de la qualité
artistique

29
L’art médiéval en France Cristina
Enicov

Matériaux et techniques. L'introduction du papier comme support de l’écriture


révolutionne profondément la production de livres. Le papier avait déjà été inventé vers l'an
100 ap. J.-C. par un fonctionnaire de la cour impériale de Chine. Il s'impose au XIIe siècle en
Arabie et arrive en Europe aux XIIe et XIIIe siècles. Au XVe siècle il supplante
le parchemin presque entièrement et rend la fabrication des livres beaucoup plus économique.
Les comanditaires .Au passage du XIIe au XIIIe siècle, la production commerciale de
livres voit le jour à côté de la production monacale. Les abbayes et les universités,
particulièrement celles de Paris et de Bologne, perdent progressivement leur monopole.
Cependant, la production ne concerne que des manuels de littérature théologique et juridique,
rarement enluminés. Pour l'enluminure, c'est la haute noblesse qui est bien plus décisive, par ses
commandes de livres de littérature courtoise laïque. Les dames de la noblesse jouent un rôle
important pour la croissance de la littérature et de l’enluminure. Au XIVe siècle et surtout
au XVe siècle, ce cercle s'élargit à la petite noblesse, à la noblesse de robe, aux patriciens et
finalement aux riches commerçants, qui commandent surtout des livres d'heures et autres
ouvrages édifiants à usage privé. Les commanditaires nobles sont souvent représentés dans les
miniatures de dédicace au début de l’ouvrage. Au moyen de ces tableaux, on peut ainsi suivre les
tendances de l’art du portrait, qui devient de plus en plus réaliste.
Avec l'apparition des ateliers commerciaux pendant la période gothique, surgissent de
plus en plus d'artistes de renom, qui laissent leur nom à la postérité. À partir du XIVe siècle,
apparaît le maître typique, qui dirige un atelier consacré à la réalisation de tableaux et
d'enluminures. Mais les scriptoriums monacaux restent néanmoins actifs.

Folio 72 recto des Treè s Riches Heures du Duc de Berry 1 des freè res de
Limbourg (France, entre 1410 et 1416)

Les types de livres. La variété des textes enluminés s'étend


significativement pendant la période gothique. C'est surtout la
littérature laïque de cour en langue vernaculaire qui fait l'objet
d'enluminures depuis le XIIe siècle, en prenant place aux côtés des
textes liturgiques en latin. Le seul genre laïc qui soit enluminé avec
le plus grand luxe, avec des fonds d'or et des peintures opaques, est
celui des chroniques. Les chroniques universelles unissent l'histoire et la littérature religieuse
pour les laïcs. Dans le domaine de l'épopée, les ouvrages germanophones ne sont enluminés que

30
L’art médiéval en France Cristina
Enicov

tard, sans beaucoup d'ambition, tandis que la chanson de geste, notamment le cycle de
Charlemagne, apparemment plus lié à l'écriture historique, est éditée en France de manière
particulièrement luxueuse. Des manuscrits de prestige, sans aller cependant jusqu'au fond doré,
apparaissent aussi pour des collections de cour dans le genre épique ou lyrique. Un exemple
célèbre de ce genre de livre de compilation est le codex Manesse13, réalisé vers 1330 à Zurich.
C'est surtout dans l'entourage des universités qu'apparaissent au XIIIe siècle les textes
pratiques et spécialisés enluminés. À Bologne, ce sont les textes juridiques qui dominent. Dans
ce domaine, on trouve aussi les bulles papales ou impériales, dont le plus célèbre exemple est
la bulle d'or de Charles IV14,15 enluminée sur commande de l'empereur Venceslas Ier en 1400. Une
source juridique abondamment enluminée est le Miroir des Saxons par Eike von Repgow,
ouvrage d'usage pratique et non académique.
Mais le manuscrit enluminé typique de la période gothique reste cependant le livre
religieux, qui, contrairement aux époques précédentes, s'adresse avant tout à la piété privée des
laïcs. Au XIIIe siècle, cela concerne surtout le psautier, lequel donne naissance plus tard au livre
d'heures, qui devient le type de livre le plus enluminé. Dans le domaine de la piété laïque, on
compte aussi des traductions de la Bible et les « Biblia pauperum ». Dans l'environnement
universitaire et monacal, les enluminures sont utilisées en grand nombre pour des traités
théologiques des Pères de l'Église, des grands mystiques et philosophes scolastiques, des vies de
saints, ainsi que des auteurs de l’Antiquité grecque ou latine.

Enluminure du XIVème siècle illustrant la


vie de Moïse

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

Au moyen-âge, l’image a pour vocation d’instruire. Le message s’énonce de la


manière la plus claire possible pour être comprise au mieux par le lecteur. Le réalisme n’est pas
son souci. Le plus important est représenté plus grand que le secondaire. Les motifs graphiques
restent symboliques : on représente des personnages plutôt que des personnes, des édifices
architecturaux quelconques plutôt qu’une ville en particulier. Cela correspond à la mentalité de
l’époque : l’image s’adresse à la population en général, l’individu n’ayant pas encore de place
définie en tant que telle dans la société. En général, le message est religieux et rappelle au
peuple la conduite à suivre s’il veut sauver son âme le jour du jugement dernier. On montre des
exemples de la vie des saints, l’enfer et ses tourments, les effets de tel ou tel comportement dans
les illustrations des livres d’heures...

Le récit, lorsqu’il y a récit, est décomposé en cases, chacune d’entre-elles contenant une partie
de la narration. Un même personnage peut donc être représenté à plusieurs reprises, à différents
moments de sa vie. L’ensemble de ces cases formant l’unité globale de l’histoire (à la manière,
en quelque sorte, de la bande dessinée d’aujourd’hui) en montrant plusieurs lieux à des temps
différents.

Les caractéristiques du style. Le style de la période gothique se caractérise par des


personnages agiles et dynamiques, avec une ligne courbe, une élégance courtoise, des silhouettes
élancées et des plis de vêtements ondulants. Une autre caractéristique est l’utilisation d'éléments
architecturaux du temps pour structurer de façon décorative les parties de l’image.
À partir de la seconde moitié du XIIe siècle, pour les ouvrages les plus simples, la forme
de décoration la plus souvent utilisée est une ornementation des initiales à l'aide de fleurs et de
rinceaux, confiée à un rubricateur, qui – surtout dans les ouvrages de qualité médiocre – se
confond avec le copiste. Le style de ces ornementations permet la datation et la localisation des
manuscrits, car aucune originalité ne s'impose pour ce travail répétitif.
Les scènes indépendantes, insérées dans les initiales historiées et les pieds de page
grotesques, offrent un espace pour des représentations pleines de fantaisie, indépendantes du
texte, et contribuent substantiellement à l'indivualisation de l'enluminure et à l'abandon
progressif des images convenues et figées.
À la suite de la politique interrégionale de mariages des maisons princières européennes
et de la mobilité croissante des artistes, il se forme, entre 1380 et 1420 environ, un langage de
formes qui se répand dans toute l'Europe ; en raison de son caractère interrégional, il est
32
L’art médiéval en France Cristina
Enicov

appelé gothique international. Les caractéristiques de ce style sont les plis de vêtements et de
chevelures tombant souplement, les corps minces avec des vêtements de cour resserrés et hauts
de ceinture. En raison de la souplesse des lignes du dessin, on parle aussi de « style souple ».
Une caractéristique typique de l'enluminure gothique est la représentation de personnages
à la mode du temps, dans le cadre d'une architecture gothique, même s'il s'agit de figurer des
événements bibliques. Dès le XIIIe siècle, se multiplient les exemples de carnets d'esquisses, qui
ne se confinent plus à la reproduction iconographique d'œuvres d'art préexistantes, mais
contiennent des créations originales d'études sur la nature ou l’architecture. Un carnet d'esquisses
célèbre est celui du Français Villard de Honnecourt17, réalisé en 1235. Au seuil de la
Renaissance, et s'inspirant du réalisme de l'art des Pays-Bas méridionaux, les représentations
naturalistes dominent. Au cours du XIVe siècle, la perspective, les effets de profondeur et une
anatomie réaliste des personnages s'imposent, en prélude à la Renaissance.
Après la diffusion de l’imprimerie, l'enluminure du XVe siècle revient à la confection de
codex de prestige particulièrement somptueux pour des commanditaires de haut rang. Et, surtout
dans le gothique tardif, la délimitation entre la peinture sur tableau et l’enluminure devient de
plus en plus floue : les miniatures reprennent toujours davantage les compositions élaborées des
tableaux et abandonnent la fonction d'illustration instructive du texte pour devenir des tableaux
autonomes.

Bible moralisée : Dieu architecte (France, vers 1250)


Vers 1200, la culture de cour et les arts décoratifs de France occupent une place
prédominante en Occident et rayonnent dans toute l'Europe. Cette position hégémonique est
favorisée par la combinaisons de divers facteurs, dont la centralisation poussée de la France,
avec une royauté fortement marquée par la cour, le développement d'un sentiment national et le

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

rayonnement de l'université de Paris18. En France, et particulièrement à Paris, la production de


manuscrits se déplace vers les ateliers professionnels d'artistes laïcs. À la fin du XIIIe siècle, ceux-
ci se concentrent dans la rue Erembourg, aujourd'hui rue Boutebrie, non loin des copistes et des
papetiers19, entre le collège de Cluny et la rue de la Parcheminerie, c'est-à-dire en plein quartier
latin.
Le Psautier d'Ingeburge4, réalisé vers 1195 à Tournai ou la Bible moralisée sont des
sommets de l'enluminure gothique précoce. Dans ces manuscrits, on voit le langage des formes
romanes se transformer en une phase classique, dont les caractéristiques sont des vêtements aux
nombreux plis tombant souplement, des visages finement tracés et une nouvelle apparence des
corps.
Ce nouveau style se constitue jusqu'à ce que, vers 1250 environ, toutes ses
caractéristiques essentielles soient développées, ce qui annonce la période du haut gothique. Des
exemples représentatifs du troisième quart du XIIIe siècle sont par exemple le Psautier dit de
Saint Louis2, l’Évangéliaire de la Sainte Chapelle ou le Roman de la Poire.
Maître Honoré est l'un des premiers enlumineurs connus par son nom en France. Ses
contemporains et lui essaient de donner du relief à leurs illustrations, et créent pour cela des
œuvres qui rappellent les sculptures et les reliefs dans le modelage plastique des vêtements, des
visages et des chevelures. Un ouvrage exemplaire de l’atelier de Maître Honoré est le Bréviaire
de Philippe le Bel datant de 1290 environ.

Les frères de Limbourg : Les Très Riches Heures du duc de Berry2, miniature pour le
mois d'août et février (France, entre 1410 et 1416)

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

La première représentation tridimensionnelle d'un intérieur au nord des Alpes se trouve


dans le livre d'heures de Jeanne d'Évreux du peintre de cour Jean Pucelle, qui fut le premier à
introduire en France l'art italien du Trecento. En même temps, il introduit en enluminure la
technique de la grisaille, qui sera largement pratiquée durant tout le XIVe siècle, car reprise par
ses élèves comme Jean Le Noir. En outre il pose une forte empreinte sur l'encadrement typique
haut-gothique, en entourant texte et illustrations de fleuronné (sarments feuillus parsemés de
dessins grotesques). Pucelle est aussi le premier enlumineur sur lequel plusieurs informations et
inscriptions des années 1325-1334 figurent dans des colophons. C'est ainsi que l'on sait qu'au
moins trois collaborateurs travaillaient dans son atelier.
L'enluminure a été substantiellement soutenue par le mécénat du roi Charles V, qui règne
de 1364 à 1380, et qui est considéré comme un des plus grands bibliophiles du Moyen Âge. En
attirant des artistes étrangers à Paris, en particulier Jean de Bondol, de Bruges, et Zebo de
Florence, Charles V contribue grandement à ce que Paris devienne un centre international
d'enluminure, qui prend un nouveau départ et rayonne dans toute l’Europe. Des encouragements
de même nature pour l’art viennent de ses frères Jean de Berry et Philippe le Hardi. Au service
du duc de Berry, on voit, à côté d'André Beauneveu, de Valenciennes, Jacquemart de Hesdin en
Flandre bourguignonne ainsi que les frères de Limbourg nés à Nimègue, qui créent avec les Très
Riches Heures du duc de Berry le plus célèbre manuscrit enluminé du XVe siècle, où l'on trouve
les premiers paysages réalistes dans l'art du nord des Alpes.
Les premières vues en perspective à l'intérieur des bâtiments se trouvent dans l'œuvre
du Maître de Boucicaut, à Paris, entre 1405 et 1420. C'est lui et les frères de Limbourg qui
introduisent la feuille d'acanthe comme motif décoratif principal dans l'enluminure française.
Le Maître de Bedford, qui travaille à Paris entre 1405 et 1465, rassemble les miniatures
principales et les scènes environnantes dans une unité thématique. Jean de Bondol n'a pas peur
de représenter le roi lui-même de façon réaliste dans un tableau de dédicace 3, et d'introduire l'art
du portrait. Par ailleurs, les frères de Limbourg, le Maître de Boucicaut, le Maître de Bedford et
Jean de Bondol inaugurent une nouvelle période réaliste de l'enluminure gothique, ce qui modifie
de manière productive l'art italien du Trecento et le gothique international. À cette période, il faut
aussi citer le Maître de Rohan, qui suit son évolution personnelle, et ignore en partie les
conventions pourtant impérieuses de l'enluminure française.
À côté du centre dominant de Paris, le seul centre artistique autonome du XIVe siècle est la
résidence papale d'Avignon. Dans le deuxième quart du XVe siècle, Paris perd sa position
dominante de centre artistique, en raison de la défaite de la France contre l'Angleterre suite à
la guerre de Cent Ans, et de l’affaiblissement corrélatif de la royauté, qui amène la cour royale à
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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

s'établir en Touraine. Les centres artistiques se trouvent désormais dans la région de la Loire et
plus généralement en France occidentale, où les cours princières font concurrence en
magnificence avec celle du roi et attirent des artistes de renom comme peintres de cour. Même à
Paris, le Maître de Bedford ne reste pas au service du roi, mais passe à celui du gouverneur
anglais, le duc de Bedford.

Jean Fouquet : Livre d'heures d'Étienne Chevalier. Les funérailles d'Étienne Chevalier,
France, avant 1457
Immédiatement après le milieu du siècle, un nouveau style s'établit, fortement influencé
par le réalisme de l'art des Pays-Bas bourguignons. Le Maître de Jouvenel, actif entre 1435 et
1460, conduit à Jean Fouquet de Tours, qui devient dans le troisième quart du XVe siècle une
personnalité artistique de premier plan en France. Parmi ses chefs-d'œuvre on compte le livre
d'heures d'Étienne Chevalier26 et les Grandes Chroniques de France27. Avec Fouquet s'amorce la
transition vers la Renaissance. Son œuvre est considérée comme une synthèse originale de la
tradition de l'enluminure française, de la première Renaissance italienne du Quattrocento et du
réalisme flamand. Ce sont surtout les constructions en perspective, les éclairages et la précision
historique de ses tableaux qui font de Fouquet un des plus grands maîtres de son temps.
Le seul enlumineur pouvant rivaliser avec Fouquet est Barthélemy d'Eyck, qui enlumine
pour René d'Anjou (le Bon roi René pour ses sujets) le Livre du cœur d'Amour épris28 entre 1457
et 1470.

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

La sculpture française médiévale


La sculpture romane

Chapiteau de la Résurrection de l'abbaye de Mozac.

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

La Sculpture dans la période romane se manifeste dans la décoration des édifices


religieux, les ivoierie , et l’orfevrerie. Une caractéristique importante de la sculpture romane est
la scuplture en bas-relief.
La sculpture de la période romane décore d'abord les chapiteaux dans les cryptes, les cloîtres et
les églises. À la fin du xie siècle, elle prend place sur la façade des églises, à la manière des
antiquesarcs de triomphe, au tympan des portails. La sculpture devient « monumentale ». Elle a
une vertu pédagogique, celle d'enseigner la vie des apôtres et des saints, d'illustrer des passages
de l'Ancien Testament. . Les sculptures représentent généralement le Jugement dernier : le sort
des malheureux voués à l'enfer y est décrit en détail pour impressionner les fidèles. Elle s'inspire
des bas-reliefs et des chapiteaux romains, mais surtout des images placées dans les manuscrits
enluminés et sur les objets d'orfèvrerie.
La sculpture sur chapiteau se diffuse à partir de l'an mille, même si ses débuts furent
timides : dans les églises de la première moitié du xie siècle est repris le modèle corinthien, plus
ou moins stylisé (chapiteau à palmettes). D'autres lieux (Bourgogne,) expérimentent les
chapiteaux à entrelacs et à feuilles d'acanthe. Mais bientôt, les animaux et les figures
anthropomorphiques apparaissent, même s'ils restent rares avant 1050 (abbaye de Saint-Benoît-
sur-Loire). La basilique Saint-Sernin de Toulouse (deuxième moitié du xie siècle) conserve 260
chapiteaux romans.
Les sculpteurs de l'époque romane dont on connaît les noms sont : Maître de
Cabestany, Bernard Gilduin, Gislebert, Unbertus, Gofridus, Gilabertus de Toulouse .
Sculptures et ensembles romans remarquables :la façade de l'église Notre-Dame la
Grande de Poitiers, considérée comme un chef-d'œuvre de l'art roman ; le linteau de l'abbaye de
Saint-Génis-des-Fontaines (Pyrénées-Orientales), la plus ancienne sculpture romane datée ;
abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret), la tour-porche ; abbaye Saint-Pierre de
Moissac (Tarn-et-Garonne), portail sud, vers 1120 ; cathédrale Saint-Lazare d'Autun (Saône-et-
Loire), portail occidental, vers 1135 ; cathédrale Sainte-Marie d'Oloron (Pyrénées-Atlantiques),
portail ouest, vers 1130 ; abbaye de Mozac (Puy-de-Dôme), avec ses quatre-cinq chapiteaux
romans de la nef et le chapiteau de l'ancien chœur roman représentant la Résurrection, vers
1130 ; abbaye de Charlieu (Loire), portail nord, vers 1170 ; cathédrale Saint-Pierre
d'Angoulême (Charente), façade entre 1115 et 1130 ; abbaye de Beaulieu-sur-
Dordogne (Corrèze), tympan.
Un autre type de sculpture romane est cosidéré le travail sur les ivoires, importés de
l’Orient. Ses sculptures servaient de décoration à des différents objets du culte religieux.

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

Olifant sculpté dans le sud de l'Italie à l'époque byzantine.

Christ en majesté dans une mandorle, entouré par les emblèmes des évangélistes :
plaques d'ivoire sur coffre de bois, Cologne, première moitié du xiiie siècle (Musée de Cluny)
On trouve de beaux coffrets d’ivoire, dont un de l’époque carolingienne au musée de
Cluny ; il est en marqueterie de bois colorés et d’ivoire, avec des entrelacs et des cadres
entourant des animaux fantastiques.
Un diptyque est une sorte de tablette double dont les composantes sont réunies à
charnière. Ce fut, à l’origine, une sorte de carnet dont les feuilles de bois, d’ivoire ou de métal,
enduites de cire, servaient à prendre des notes.
Puis apparurent les diptyques consulaires, sur lesquels les nouveaux fonctionnaires
faisaient part de leur nomination à leurs parents et à leurs amis. Ils sont ornés d'un riche décor
sculpté et pouvaient faire office de tablette à écrire : il s'agissait d'un objet commémoratif de
luxe, commandé par le consul ordinaire et distribué pour marquer son entrée en charge et
récompenser les notables qui avaient soutenu sa candidature. Plus tard enfin, l’Église les adopta
pour orner ses autels. Consacrés aux saints et aux martyrs, des épisodes religieux étaient sculptés
sur les lames d’ivoire qui les formaient.
Les triptyques, avec une forme un peu différente, avaient des usages identiques. Ils se
composaient de trois panneaux sculptés ou peints et réunis à charnière. Le panneau central, deux
fois plus large que les deux autres formant volets, pouvait être recouvert exactement par eux.
Très estimés à Byzance, ils ne pénétrèrent dans l’Europe occidentale qu’après les croisades.

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

Les olifants, dont le nom dérive étymologiquement d'éléphant, étaient taillés dans
l'extrémité de la défense. Leur usage, au Moyen Âge, était varié : instruments de musique, cornes
à boire ou réceptacles à reliques.
L'apogée de l'orfèvrerie.
L'art roman, en particulier son orfèvrerie, connut son apogée avec l'art mosan et des
artistes comme Nicolas de Verdun (d. 1205) ; les fonts baptismaux de la collégiale Saint-
Barthélemy de Liège sont un exemple de ce style presque classique

Abbaye de Mozac : Christ sur la châsse de Calmin et de Namadie (xiie siècle)


En relation avec le développement du culte des reliques, les orfèvres produisent
des reliquaires et des châsses de grande qualité.
À l’époque romane, le renouveau des sacrements et le culte des reliques provoquent un
essor de l’orfèvrerie religieuse. On sculpte le plus souvent des œuvres à caractère somptuaire, sur
des thèmes hagiographiques.
Ainsi, la sculpture romane a un caractere essentiellement religieux, décore les édifices
religieux, elle est en forme de bas-relief.

La sculpture gothique
La sculpture gothique est intimement liée à l'architecture gothique qui s'épanouit dans la
seconde partie du Moyen Âge en Europe occidentale. Il s'agit au départ d'une sculpture
monumentale, immeuble par destination1, mais son étude concerne également celle de la
sculpture funéraire, du mobilier et des objets somptuaires.

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

Le gothique se veut plus proche de l'homme. Il est une délivrance des peurs ancestrales,
du monde foisonnant de monstres qui caractérisent le roman.
"La pensée nouvelle, écrit Georges Duby, faisait reculer la fable, le fantastique des bestiaires,
toutes les merveilles inventées alors que croisés, marchands et missionnaires partaient à la
découverte de contrées inconnues, elle dissipait les brumes et les fantasmes, elle venait
substituer des bêtes vivantes aux monstres que les héros des romans courtois rencontraient
naguère sur le chemin de leur errance, et les feuilles que chacun peut voir dans la forêt à la flore
symbolique des enluminures…"
Ainsi, les chapiteaux intérieurs sont-ils souvent décorés de plantes et de fleurs. La sculpture
gothique tend à exprimer l'idée d'un Dieu plus humain, d'un Dieu de miséricorde. De même, tout
dans le vitrail est fait pour rappeler que "Dieu est lumière". Le gothique transmet l'image d'une
religion plus apaisée, voire optimiste. L'art chrétien dessine alors une religion de l'espérance et
de l'indulgence.
Les œuvres les plus nombreuses sont au départ les sculptures religieuses qui ornent les entrées et
les portails des églises. Aux portes des édifices, des bas-reliefs relatent des scènes de la vie
quotidienne de l'époque comme le Calendrier des mois du portail de Saint-Firmin de la
cathédrale d'Amiens. Animaux fantastiques et autres monstres ont disparu.

Le décor se définit par son naturalisme. Ce souci de vérité s'étend à la


représentation humaine.
Les portails sont ornés de statues-colonnes. À Chartres, celles du portail royal représentent les
rois et reines de l'Ancien Testament (v. 1150). Les compositions sont centrées sur le Christ aux
traits d'un homme beau et bon tel le Beau Dieu d'Amiens (v. 1230). Les tympans représentent
désormais un Christ sauveur et accueillant, à l'image du Christ du Jugement dernier au portail de
la cathédrale Saint-Étienne à Bourges. Le décor des portails change avec la présence de Marie à
41
L’art médiéval en France Cristina
Enicov

qui la plupart des cathédrales sont dédiées sous le vocable de "Notre-Dame" : à Notre-Dame de
Paris, un portail est consacré à la Vierge vers 1210.
La sculpture ne fait plus corps avec le mur, elle n’est plus en bas-relief, elle est détachée du mur.
De plus en plus dégagées de l'architecture, les statues perdent l'aspect immobile et fantastique
des figures romanes. Les personnages s'humanisent et témoignent d'un souci de raffinement. Les
mouvements et les attitudes deviennent gracieux, les poses plus naturelles comme en témoigne à

Reims le sourire de l'Ange de l'Annonciation (v. 1250).

Les matériaux qu’on utilisait étaient multiples : la pierre, d'abord, en fonction des
régions (granite, grès, calcaire, marbre, albâtre), mais aussi l'ivoire et le bois.
Ensuite se développe un art funéraire de plus en plus travaillé, qui aboutit au XVe siècle à
des œuvres aussi achevées que le Tombeau du duc de Bourgogne, Philippe le Hardi. Au fil du
temps, et avec les progrès de la dévotion privée, on voit apparaître des œuvres de plus petite
taille qui sont transportables. Le travail commence par un dessin préliminaire, ou une maquette
(terre, argile, plâtre ou pierre)2, puis la mise au point, ensuite la pierre est dégrossie. Ce sont
souvent les apprentis ou les élèves qui se chargent des parties les moins délicates, le maître se
réservant les visages ou les mains2. Jusqu'à la fin du XIIIe siècleen France, les statues sont ensuite
peintes de couleurs vives. La sculpture connaît un vif essor lié aux chantiers des grandes
cathédrales.
Le vitrail et la sculpture sont considérés comme les arts les plus importants du gothique.
Pourtant, les "arts mineurs" suscitent aussi des chefs-d'œuvre. Miniaturistes, ivoiriers ou orfèvres
excellent dans leur art.
Une direction de la sculpture médievale est la sculpture monumentale .

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

Balustrade de la cathédrale Sainte-Bénigne de Dijon, Viollet-le-Duc


La sculpture monumentale, c'est-à-dire celle qui décore les monuments, est plus
généralement taillée dans la pierre (les sculptures exécutées dans des matériaux périssables ne
nous seront pas parvenues). Sont principalement représentés des thèmes religieux issus de la
Bible ou de la vie des saints popularisée par la Légende dorée (1262) de Jacques de Voragine.
Les bâtiments d'habitation sont souvent peu décorés, mais il existe des exceptions. Sur les
habitations, seul le pourtour des fenêtres et l'encadrement des portes sont le plus souvent
surmontés d'arcs en accolade nervurés. Le reste de l'habitation devait être enduit d'une chaux
colorée. L'armature de bois, trop sensible aux intempéries et aux incendies, n'était pas visible. On
ne peut observer de la pierre que dans les demeures des plus riches.

Une autre direction de la sculpture médievale est la sculpture funéraire. La sculpture


funéraire devient figurative. Les sarcophages montrent les défunts sur le couvercle, ce sont des
gisants. Suivant la tradition romane, c'est une sculpture en pied en bas-relief. Le défunt n'est pas
allongé. Il est sculpté debout puis la pierre est posée à l'horizontale. La figuration du mort est
assez schématique et géométrisée. Puis la sculpture prend du volume. Les sculpteurs représentent
un corps, toujours debout, les yeux ouverts. Ensuite, les yeux se ferment, mais le personnage
n'est pas mort. Il semble dormir. Ses traits ne sont pas tirés, mais ils sont reposés. Là se crée une
différence entre les hommes et les

Gisant de Richard Cœur de Lion, abbaye de Fontevraud. femmes. Les hommes dorment,
tandis que les femmes sont représentées mortes. Les plis des vêtements de femme tombent vers

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

le sol et leurs traits sont tirés. Enfin, à l'extrême fin du Moyen Âge, au début de la Renaissance,
le corps se dessèche jusqu'à représenter un cadavre ou un squelette qu'on appelle le « transis ».

La sculpture d'objets somptuaires, c'est-à-dire des objets précieux de petite taille


pouvant être transportés connaît un essor inégalé durant toute la période médiévale. Ces objets
ont été conservés parce qu'ils ont longtemps été identifiés comme des objets italiens, car, à partir
de la Renaissance jusqu'au milieu du XIXe siècle, les créations artistiques médiévales de tous
genres ont été très souvent détruites ou malmenées puisque considérées comme un art médiocre.

Vierge à l'enfant en ivoire du XIIIe siècle, petit format, Musée du


Louvre

Les objets qui nous sont parvenus ont le plus souvent appartenu à des familles nobles qui
les ont transmis de génération en génération ou, pour les objets religieux, ont été conservés dans
les trésors des monuments comme des reliques. Les objets les moins malmenés ont été les Vierge
à l'enfant sculptées puisque ce sont des objets sacrés. À partir du XIIIe siècle, la sculpture sur
ivoire est très appréciée. D'abord reprenant des thèmes religieux, un art profane émerge sur les
objets d'usage courant comme les peignes, les miroirs, les coffrets, les manches de poignards ou
ceux des rasoirs, les gravoirs, les tablettes à écrire, etc au XIVe siècle. Paris semble, à ce jour, être
l'un des plus importants centres de la production d'ivoires sculptés. Cet art portatif permet aux
images locales de circuler à une plus grande vitesse. Ainsi sur des tablettes à écrire on retrouve
des images qui figurent sur Notre-Dame de Paris et sur la cathédrale d'Amiens.

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

Adam, vers 1260. Statue provenant de la cathédrale Notre-Dame de Paris. L'artiste s'est
attaché à un certain réalisme inspiré des formes de l'Antiquité classique.
Les noms des sculpteurs français de la période gothique : Maestro Esiguo XIIIe siècle ;
Maître de Naumburg XIIIe siècle ; Evrard d'Orleans 1292-1357 ; Jean de Marville Début
du XIVe siècle- 1389) Sculpteur originaire du Nord de la France ou de la Meuse ; Claus Sluter Né
à Haarlem vers 1355 - + fin 1405 où janvier 1406 à Dijon ; Antoine Le Moiturier 1425-1480, né
à Avignon.

Applications :
1 Nommez les lieux de localisation des la sculpture romane dans les édifices
religieux.
2 Citez les cathédrales françaises ou l’on peut encore voir des sculptures romanes.
3 Nommez les directions de la sculpture gothique.
4 Quels matériaux utilisait-on pendant le Moyen Age pour la sculpture ?
5 Quel caractère portait la sculpture gothique ?

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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

VI. LA MUSIQUE MEDIEVALE

La musique médiévale est un terme général pour désigner une période couvrant à peu
près 800 ans de l'histoire de la musique occidentale religieuse et profane, et commençant avec les
premières musiques chrétiennes d'avant la réforme grégorienne, jusqu'aux musiques
du xve siècle marquées par l'émergence de l'école franco-flamande. Elle se caractérise par
l'apparition de formes vocales et instrumentales dont la polyphonie, la musique de cour, la
messe, le chant courtois.

Un musicien joue de la vielle, manuscrit médiéval duxive siècle.


Instruments musicaux
Les instruments utilisés à l'époque médiévale existent toujours mais sous une forme
différente. La flûte traversière était faite de bois, alors qu'elle est maintenant faite en métal.
La flûte à bec a plus ou moins conservé sa forme ancienne. Le cor de chamois (en) est similaire à
la flûte à bec mais fait partie de la famille des ocarinas. La flûte de Pan était populaire à l'époque
médiévale. Ces instruments tuyaux étaient faits en bois et existaient en différentes tailles pour
produire différentes échelles de sons.
La musique médiévale utilise de nombreux instruments à cordes pincées comme le luth,
la mandore, la guiterne et le psaltérion. Le dulcimer, similaire en structure au psaltérion et à
la cithare, est au début à cordes pincés mais devient à cordes frappées (Hammered dulcimer)
au xive siècle avec l'arrivée de nouvelles technologies permettant de fabriquer des cordes en
métal.
La lyra byzantine est le premier instrument à archet documenté en Europe.. La vielle à
roue est un instrument à cordes frottées par une roue en bois au lieu d'un archet, la roue est
tournée avec une manivelle, pendant que la main gauche du musicien joue la mélodie sur
un clavier. Les instruments sans caisse de résonance comme la guimbarde sont aussi populaires à
46
L’art médiéval en France Cristina
Enicov

l’époque. Des versions primitives d'orgue, de fiddle (ou vièle) et


de trombone (appelé sacqueboute) existent déjà.
La musique médiévale est à la fois sacrée et profane. Durant le Moyen Âge central le
genre liturgique, avec le chant grégorien prédominant, est monodique. Le
genre polyphonique commence à se développer pendant le Haut Moyen Âge, prévalent à la fin
du xiiie siècle et au début du xive siècle. Le développement de la polyphonie est souvent associé à
l'Ars nova.
Les premières innovations sur le plain-chant monodique sont hétérophoniques.
L’organum, par exemple, complété par la mélodie plain-chant à l'aide d'une ligne
d'accompagnement, est chanté sur un intervallefixe, ce qui résulte en une alternance entre la
monodie et la polyphonie4. Les principes de l'organum datent d'un papier anonyme du ixe siècle,
le Musica enchiriadis (en), qui établit la tradition de dupliquer le planchant existant dans un
mouvement parallèle à l'octave, à la quarte ou à la quinte5.
Le motet, plus sophistiqué, qui dérive du genre médiéval plain-chant clausule, devient la
forme polyphonique médiévale la plus populaire6. Alors que les premiers motets sont liturgiques
ou sacrés, à la fin duxiiie siècle, le genre s'est étendu pour inclure des sujets profanes comme
Enfin, la musique purement instrumentale se développe également durant cette période, à
la fois dans le contexte d'une tradition théâtrale en développement et également pour la cour. La
musique dansante, souvent improvisée autour de thèmes familiers, était le genre purement
instrumental le plus répandu. Par exemple la Ballata (en), musique profane qui devient très
populaire au xive siècle en Italie, tire ses origines de la musique de danse médiévale.
La période médiévale a posé les bases pour les notations et la théorie qui façonneront la
musique occidentale actuelle. La plus évidente de ces bases est le développement d'un système
de notation complet ; cependant les avancées théoriques, en particulier celles se rapportant au
rythme et à la polyphonie, sont tout aussi importantes dans le développement de la musique
occidentale.
La musique médiévale la plus ancienne n'utilisait pas de système de notation. Les
mélodies étaient principalement monophoniques et transmises par tradition orale. Cependant cela
ne servait que d'aide-mémoire car le chanteur connaissait déjà la mélodie. De plus, comme Rome
essayait de centraliser les différentes liturgies et d'établir le rite romain comme tradition
principale, le besoin de pouvoir transmettre ces idées à travers de grandes distances est devenu
flagrant.
La première étape pour régler ce problème est venu avec l'apparition de nombreux signes
écrits au-dessus des textes des chants, signes appelés neumes. L'origine des neumes est incertaine
47
L’art médiéval en France Cristina
Enicov

et sujette à débats ; cependant la plupart des chercheurs s'accordent pour dire que les ancêtres les
plus proches de ces signes sont les signes grammaticaux grecs et romains qui indiquent les points
importants de la déclamation en notant les montées et descentes de la voix. Cependant même si
cette notation a commencé par être un aide-mémoire, le besoin d'avoir une notation plus
spécifique est devenu bientôt évident1
Le développement suivant de la notation musicale est des neumes avec une hauteur, c'est-
à-dire que les neumes sont écrites avec soin à différentes hauteurs en fonction des unes et des
autres. Cela permet aux neumes de donner une indication grossière de l'intervalle entre les notes.
Une ou deux lignes apparaissent rapidement chacune représentant une note particulière
Cependant, même si la notation du chant a alors progressé de plusieurs façons, mais il reste un
problème, le rythme. Le système de notation neumatique, mais à son développement maximal,
ne définissait pas clairement pas le rythme des notes chantées17.

Pérotin, Alleluia nativitatis, dans le troisième mode rythmique.

Théorie musicale
La théorie musicale de la période médiévale a vu plusieurs avancées en ce qui concerne la
tonalité, le rythme et la texture. Au sujet du rythme, cette période subit plusieurs changements
radicaux dans sa conception et sa notation. Au début de la période médiévale il n'existait aucune
manière de noter le rythme et de ce fait la pratique du rythme est sujette à débat parmi les
chercheurs17.

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L’art médiéval en France Cristina
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La première sorte de système d'écriture du rythme est développée au xiiie siècle et est
fondée sur une série de modes. Ce plan rythmique est codifié par le théoricien de la
musique Johannes de Garlandia (en), auteur de De Mensurabili Musica (en) (vers 1250), le traité
qui définit et qui traite presque entièrement ces modes rythmiques (en)18. L'étape suivante au
sujet du rythme vient du théoricien allemand Francon de Cologne. Dans son traité Ars cantus
mensurabilis (en) (L'art de la musique mesurable), écrit vers 1280, il décrit un système de
notation dans lequel les différentes formes de notes codent des rythmes différents. Le pas suivant
dans l’évolution de la notation du rythme vient après le tournant du xiie siècle avec le
développement du style Ars Nova.
Le théoricien qui est le plus reconnu en ce qui concerne ce nouveau style est Philippe de
Vitry, connu pour son traité Ars Nova écrit vers 1320. Ce traité sur la musique donne son nom au
style de cette époque. D'une certaine manière, le style moderne de la notation rythmique
commence avec Vitry, qui se libère complètement des anciennes idées des modes rythmiques.
Les prédécesseurs de la notation moderne de la mesure proviennent également de l’Ars Nova. Ce
style Ars Nova restera le système rythmique principal jusqu'au œuvres très syncopées de l’Ars
subtilior à la fin du xive siècle, caractérisées par une extrême complexité rythmique et
notationelle. Ce sous-genre pousse la liberté rythmique fournie par l'Ars Nova dans ses limites,
avec des compositions avec différentes voix écrites dans différents tempus en même temps. La
complexité rythmique de ces œuvres est comparable à celle du xxe siècle.
À cette époque des changements apparaissent également dans la texture avec l'essor de la
polyphonie. Cette pratique a transformé la musique occidentale en la musique harmonique que
nous connaissons aujourd'hui. Les premières mentions de ce développement de la texture se
trouvent dans deux traités sur la musique anonymes mais encore très largement diffusés,
le Musica (en) et leScolica enchiriadis (en). Ces textes datent de la fin du ixe siècle33. Ils
décrivent une technique qui semble alors déjà bien établie en pratique 33. Cette polyphonie
ancienne est fondée sur trois intervalles composés et trois simples. Le premier groupe comprend
des quartes, des quintes et des octaves alors que l'autre comprend des octaves plus une quarte,
des octaves plus une quinte et des doubles octaves. Cette nouvelle pratique est
nommée organum par l'auteur de ces traités. L’Organum peut aussi être classé en fonction de la
période à laquelle il a été écrit.
Un autre élément important de la théorie musicale médiévale est l'unique système tonal
qui organise la hauteur. Au Moyen Âge, cet arrangement systématique de tons et de demis-tons,
que nous appelons maintenant gamme, était connu sous le nom de mode. Le système modal
fonctionnait comme la gamme actuelle, à tel point qu'il fournissait les règles de l'écriture
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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

mélodique38.. Les théoriciens médiévaux appellent ces groupes maneriae et les numérotent avec
les chiffres grecs ordinaux. Ces modes qui ont pour note finale Do, Mi, Fa et Sol sont mis
respectivement dans les groupes protus, deuterus, tritus et tetrardus41. Malgré leurs noms grecs,
ces modes ecclésiastiques ont peu de points communs avec les modes définis par les théoriciens
grecs. Au contraire, la plupart de la terminologie semble être un détournement de la part des
théoriciens médiévaux39. Mais la surabondance de terminologie grecque fait cependant ressortir
une origine possible dans les mélodies liturgiques Byzantines. Ce système est appelé oktoechoset
est également divisé en huit catégories appelées echoi45.
Isidore de Séville, Aurélien de Réomé, Odon de Cluny, Hermannus Contractus, Johannes
Cotto (en), Johannes de Muris, Francon de Cologne, Johannes de Garlandia (en), Anonyme
IV, Jacques de Liège, Petrus de Cruce et Philippe de Vitry étaient des théoriciens médiévaux
reconnus.
Débuts de la musique médiévale (avant 1150)

Premières formes de chant


Le Chant (ou Plain-chant) est une forme de chant monophonique sacré, la forme la plus
ancienne connue de chant sacré chrétien. La tradition Juive de chants de psaumes a eu une grand
influence sur le chant chrétien..
Le plaint-chant se développe en même temps dans différents centres européens, les plus
importants étant Rome, l'Hispanie, la Gaule, Milan et l'Irlande. Ces chants sont développés pour
accompagner la liturgie lors de la célébration des messes. Chaque région développe ses propres
règles et chants. Le chant gallican était utilisé en Gaule et le chant celtique (en)en Irlande et en
Grande-Bretagne.
Vers 1011 l'Église Catholique Romaine souhaite standardiser la messe et le chant. À cette
époque Rome était le centre religieux de l’Europe de l'ouest et Paris en était le centre politique.
L'effort de standardisation consista principalement à combiner les rites
liturgiques Romains et Gallicans. Ces chants deviennent connus comme des chants Grégoriens.
Au xiie siècle et xiiie siècle le chant Grégorien a remplacé toutes les autres traditions de chant
occidentales.
Polyphonie primitive : organum
Vers la fin du ixe siècle les chanteurs dans les monastères comme l'Abbaye de Saint-
Gall en Suisse commencent à ajouter une nouvelle partie au plain-chant, généralement une voix
en mouvement parallèle à la quarte ou à la quinte. Ce développement est appelé organum et
correspond aux débuts de l’harmonie et par la suite du contrepoint. L'organum se développe de
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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

plusieurs façons. Les développements ultérieurs de l'organum ont lieu en Angleterre où


la tierce est privilégie et où la voix organle est grandement improvisée, et à Notre Dame à Paris
qui est le centre de l'activité créatrice musicale tout au long du xiiie siècle.
La plus grande partie de la musique de cette période est anonyme. Certains des auteurs
ont pu être des poètes ou des paroliers et les airs accompagant ces paroles ont pu être composés
par d'autres personnes. L'attribution de la musique monophonique de la période médiévale n'est
pas toujours fiable. De cette période, ont survécus par exemple les manuscrits suivant : le
leCodex Calixtinus de Saint-Jacques-de-Compostelle .
Grégoire Ier, , Hildegarde de Bingen, , Notker le Bègue, , Odon de Cluny ou Tutilo sont
des compositeurs de cette période.
Drame liturgique.
Le drame liturgique apparait également au Moyen Âge, vers l'an mille. Dans sa forme
original, il est peut-être le survivant du drame romain avec des histoires chrétiennes —
principalement les évangiles, laPassion et la vie des saints — greffés dessus. Toutes les régions
d'Europe ont une tradition musicale ou semi-musicale de drame au Moyen Âge, avec une
combinaison d'acteurs, de récits, de chants et d'accompagnements musicaux. Ces drames étaient
probablement joués par des acteurs et musiciens itinérants. Un bon nombre d'entre eux ont été
suffisamment préservés pour permettre une reconstitution et une interprétation à notre époque
Goliards
Les Goliards étaient des poètes-musiciens itinérants d'Europe, actifs du xe siècle au milieu
du xiiie siècle. Principalement des clercs, ils chantaient et écrivaient en latin. Bien que de
nombreux poème ont survécus, ce n'est pas le cas de la musique. Ils ont surement exercés une
grande influence — si ce n'est décisive — sur la tradition troubadour-trouvère qui suit. La plus
grande partie des textes sont séculaires et alors que certaines chansons célèbrent les idéaux
religieux, d'autres sont franchement profanes, parlant d'ivrognerie, de débauche et de luxure.
L'une des plus importantes sources existantes de chansons Goliards est Carmina Burana.
Ars antiqua
Le développement de la polyphonie de l'école de Notre Dame entre 1150 et 1250
correspond aux réalisations impressionnantes en architecture Gothique : en effet le centre de
l'activité était la cathédrale de Notre Dame elle-même. Parfois la musique de cette époque est
appelée musique de l'« école parisienne, » ou « Parisian organum, » et représente les débuts de
ce qui est conventionnellement appelé Ars antiqua. C'est durant cette période que la notation
rythmique apparait pour la première fois dans la musique occidentale, principalement sous la
forme des mode rythmiques .
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L’art médiéval en France Cristina
Enicov

C'est également la période durant laquelle se développent les formes musicales qui sont
attentives à la proportion, à la texture et à l'effet architectural. Les compositeurs de cette époque
créent plusieurs formes musicales nouvelles : la clausule qui est une extraction de la
partie mélismatique de l’organum approfondi musicalement et avec un nouveau texte ;
leconduit qui est un chant pour une ou plusieurs voix chanté rythmiquement, probablement lors
de processions ; et le trope qui consiste en l’ajout de paroles sur les mélismes de certains chants
de la liturgie de la messe. Tous ces genres saufs un sont basés sur le chant, c'est-à-dire qu'une des
voix (parmi trois, parfois quatre), presque toujours la plus grave, chante la mélodie, mais avec
des longueurs de notes libres alors que les autres voix chantes l’organum. L'exception à cette
méthode est le conduit, un chant à deux voix librement composé dans son intégralité.

Applications :
1 Nommez les instruments musicaux du Moyen Age.
2 Citez les innovations dans la musique médiévale.

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