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Cours de Géodésie

Chapitre 5

ASTRONOMIE

Version 2.0 20/02/2003

Didier BOUTELOUP
Cellule pédagogique et de recherche en astro-géodésie
Didier.bouteloup@ensg.ign.fr
(33) 01 64 15 31 37
ASTRONOMIE

TABLE DES MATIERES

1 Introduction _________________________________________________________________ 4
1.1 Définition de l'astronomie __________________________________________________ 4
1.2 L'astronomie de position ___________________________________________________ 4
2 La terre en mouvement _________________________________________________________ 6
2.1 Introduction_____________________________________________________________ 6
2.2 Mouvement de la Terre par rapport au Soleil ___________________________________ 6
2.3 Mouvement perturbé ______________________________________________________ 6
2.4 Mouvement diurne de la Terre _______________________________________________ 8
2.4.a Rotation diurne ________________________________________________________ 8
2.4.b Pôles instantané et conventionnel___________________________________________ 8
2.4.c Précession et nutation lunisolaire __________________________________________ 10
3 Repères celeste, terrestre et local_________________________________________________ 12
3.1 Repère équatorial céleste __________________________________________________ 12
3.1.a Définition___________________________________________________________ 12
3.1.b Coordonnées équatoriales _______________________________________________ 12
3.1.c Cas particulier du Soleil ________________________________________________ 12
3.2 Repère te rrestre _________________________________________________________ 14
3.2.a Définitions __________________________________________________________ 14
3.2.b Repères instantané et conventionnel________________________________________ 14
3.2.c Coordonnées géographiques astronomiques __________________________________ 15
3.3 Repère astronomique local_________________________________________________ 16
3.3.a Définition___________________________________________________________ 16
3.3.b Azimut et distance zénithale _____________________________________________ 17
3.4 III- Sphère céleste _______________________________________________________ 18
3.4.a Sphère céleste________________________________________________________ 18
3.4.b Angle horaire et heure sidérale ___________________________________________ 18
3.4.c Parallaxe annuelle _____________________________________________________ 20
3.4.d Parallaxe de hauteur ___________________________________________________ 20
3.5 Triangle de position ______________________________________________________ 21
3.5.a Triangle de position ___________________________________________________ 21
3.5.b Formules de trigonométrie sphérique en astronomie:____________________________ 22
4 Échelles de temps ____________________________________________________________ 23
4.1 Introduction____________________________________________________________ 23
4.2 Notion d'échelle de temps __________________________________________________ 23
4.2.a Définition___________________________________________________________ 23
4.2.b Evolution des échelles de temps___________________________________________ 24
4.3 Le Temps Atomique International (TAI) ______________________________________ 24
4.4 Le temps GPS __________________________________________________________ 24
4.5 Le Temps Universel (UT)__________________________________________________ 25
4.5.a Définitions __________________________________________________________ 25
4.5.b Temps civil; Temps Universel____________________________________________ 26
4.5.c Temps Universel Coordonné (UTC)________________________________________ 27

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4.5.d Temps sidéral________________________________________________________ 28


4.6 Les calendriers __________________________________________________________ 30
4.6.a Introduction _________________________________________________________ 30
4.6.b Comment définit-on les calendriers ? _______________________________________ 30
4.6.c définition d’une ère____________________________________________________ 30
4.6.d Le calendrier julien____________________________________________________ 31
4.6.e Le calendrier grégorien _________________________________________________ 32
4.6.f La période julienne ______________________________________________________ 32
5 Déterminations astronomiques __________________________________________________ 34
5.1 Détermination d'azimut ___________________________________________________ 34
5.1.a Azimut d'un astre _____________________________________________________ 34
5.1.b Azimut d'une direction matérialisée ________________________________________ 34
5.1.c Méthode par l'heure ___________________________________________________ 35
5.2 Détermination des coordonnées géographiques astronomiques _____________________ 36
5.2.a Méthode des droites de hauteurs égales _____________________________________ 36
6 Les système d’unités __________________________________________________________ 40
6.1 Système fondamental _____________________________________________________ 40
6.1.a Unités de bases_______________________________________________________ 40
6.1.b Unités dérivées_______________________________________________________ 41
6.1.c Unités supplémentaires _________________________________________________ 41
6.2 Système UAI d’unités astronomiques_________________________________________ 41
6.2.a Unités astronomiques __________________________________________________ 41
6.2.b Constantes astronomiques _______________________________________________ 42

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ASTRONOMIE

1 Introduction

1.1 Définition de l'astronomie

Étymologiquement, astronomie vient du grec "astron" (astre) et de "nomos" qui signifie


la loi. L'astronomie est maintenant la science consacrée à l'étude des différents objets
célestes, aussi bien les astres (objets du système solaire et étoiles) que les radiosources.

L'astronomie est divisée en deux grandes branches:


• l'astrophysique: étude de la physique des corps célestes (constitution, échange
d'énergie, ...),
• l'astrométrie: étude de la géométrie de ces objets (position et mouvements).

Dans ce cours, nous ne nous intéresserons qu'aux questions d'astrométrie relatives au


Soleil et aux étoiles.

1.2 L'astronomie de position

La détermination pratique des coordonnées des lieux terrestres est une activité
géodésique très importante. Elle suppose qu'un repère affine R = (O; i, j, k ) ait
préalablement été donné. Matériellement, la donnée d'un tel repère signifie la disponibilité
d'un ensemble d'objets stables, le mieux définis possibles et munis de coordonnées
précises.

Les étoiles peuvent jouer ce rôle; il existe ainsi des catalogues comprenant les
coordonnées très précises des principales étoiles. L'usage de telles tables permet de
déterminer la position de points terrestres, ou plutôt les composantes de directions
particulières à la surface du Globe:

• la direction dans l'espace du vecteur de pesanteur g en un lieu donné,

• la direction A d'un point V à partir d'une station S.

Cette branche de l'astronomie s'appelle l'astronomie de position. Au sein de la


géodésie, ce type de positionnement par mesures astronomiques est désigné astro-
géodésie.

Le mouvement de la Terre dans l'espace induit, pour un observateur immobile à la


surface du Globe, un mouvement apparent des astres, qu'il faut modéliser pour pouvoir
utiliser le repère fourni par les étoiles. Il convient aussi de définir parfaitement ce repère

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ASTRONOMIE

céleste et ses liens avec les autres repères. Il est également essentiel de définir
précisément les différentes échelles de temps utilisées. Ensuite, les différentes méthodes
de détermination peuvent être étudiées.

Le plan du cours sera donc le suivant:


le mouvement de la Terre,
les repères céleste, terrestre et local,
les échelles de temps,
les méthodes astrogéodésiques.
les systèmes d’unité

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ASTRONOMIE

2 La terre en mouvement

2.1 Introduction

Tous les éléments qui composent le domaine d’étude de l’astronomie (planètes , étoiles, galaxie
…) subissent les lois de la gravitation universelle. La position de ces corps dans l’espace est en
perpétuel mouvement que l’astronomie s’évertue de modéliser. Ainsi :
• La Terre tourne autour de son axe de rotation dans un mouvement diurne.
• La Terre effectue une révolution autour du Soleil dans son mouvement annuel.
• Elle voyage également avec les planètes du système solaire sur une orbite autour du
centre de la voie lactée qu’elles parcourent en 226 millions d’années.
• Elle se déplace également avec la voie lactée sur une trajectoire commune à une
trentaine de galaxie autour du centre des masses de ce groupe local de galaxies.
• Ce groupe local de galaxie se déplace à travers l’univers en raison de l’expansion
générale de l’Univers expliquée par la théorie du big bang.

2.2 Mouvement de la Terre par rapport au Soleil

Lois de Kepler

En 1609, Johannes Kepler publie deux lois permettant de décrire le


mouvement des planètes dans un traité fondamental intitulé
Astronomia Nova. La troisième loi est décrite 10 ans plus tard, en
1619, dans l’ouvrage Harmonices Mundi Libri V.

Ces trois lois sont les suivantes :


§ L’orbite de chaque planète est une ellipse, dont le soleil est l’un des foyers.
§ Le rayon vecteur de chaque planète, qui rejoint le soleil balaie des aires égales pendant
des intervalles de temps égaux.
§ Les carrés des périodes de révolution des planètes autour du soleil sont proportionnels
aux cubes des demi-grand axes des orbites

Dans ce paragraphe, le Soleil et la Terre sont modélisés par deux sphères homogènes de
masse respective M et m et de centre de gravité respectif S et T..

2.3 Mouvement perturbé

Supposer que la seule force s'exerçant sur T est la force de gravitation créée par le
Soleil est très approximatif. En effet, tout corps suffisamment massif et "proche" de la
Terre, telles certaines planètes, crée une force de gravité non négligeable qui perturbe le

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mouvement képlérien terrestre. Les étoiles, elles, sont beaucoup trop éloignées pour
influer sur l'orbite terrestre.
MT Jupiter Saturne Uranus Neptune Pluton
V Ma

Fig 1 : Distances relatives entre le Soleil et ses neuf planètes (M: Mercure, V: Vénus, T: la
Terre, Ma: Mars)

De manière rigoureuse, la relation fondamentale de la dynamique doit être écrite:

uur
d 2 ST r r
m 2
= F gravitation + f autres corps
dt

r
Où : • F gravitation représente la force gravitationnelle créée par le Soleil assimilé à une
sphère homogène,

r
• f autres corps sont les forces gravitationnelles dues aux autres corps célestes,
principalement Vénus, Jupiter et Saturne.

Fig 2 : Taille relative des différentes planètes

Ainsi, le mouvement de T autour de S est légèrement perturbé par rapport au


mouvement Képlérien, qui n'est qu'un modèle approché. Le mouvement réel ne suit pas
exactement les lois de Képler:
• il n'est pas parfaitement plan; le plan de l'écliptique bascule d'environ 0,47" par an.
Ce phénomène est la précession planétaire,
• l'excentricité de l'orbite varie légèrement.

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ASTRONOMIE

2.4 Mouvement diurne de la Terre

2.4.a Rotation diurne Pôle Nord

La Terre est en rotation sur elle-


même selon un axe passant par le
centre de gravité T appelé axe des
pôles. On appelle plan équatorial le plan Terre
ε
orthogonal à l'axe des pôles et passant Equateur
par T. Le plan équatorial divise donc le
Globe en deux hémisphères: Ecliptique
l'hémisphère Nord (appelé aussi boréal)
et l'hémisphère Sud (ou austral). L'axe
des pôles coupe la Terre aux Pôle Nord Pôle Sud
et Sud. L'intersection de la Terre avec
Fig 3 : Axe des pôles et équateur
le plan équatorial est l'équateur.

La rotation de la Terre est positive autour de l'axe des pôles orienté du Sud vers le Nord.
Le plan de l'équateur est incliné d'un angle ε = 23° 27′ par rapport au plan de sa trajectoire
appelé écliptique. Cet angle est appelé l'obliquité.
Le mouvement d'un point terrestre par rapport au Soleil est donc la composition de la
rotation annuelle autour du Soleil et du mouvement diurne. En fait, un observateur sur
Terre n'a pas conscience de son mouvement; il lui semble plutôt que c'est le Soleil qui
"tourne" autour de lui. C'est pourquoi il est naturel de considérer non pas le mouvement
réel de la Terre, mais plutôt le
mouvement apparent du Soleil le
γ long de l'écliptique.
Fig 4 : Ligne des équinoxes et
point vernal

L'intersection des plans de


γ’ l'écliptique et de l'équateur est
appelée ligne des équinoxes. Elle
repère deux directions opposées
de l'ecliptique:
• γ est la direction du Soleil lorsque, dans son mouvement apparent, il "passe" de
l'hémisphère Sud à l'hémisphère Nord; γ est appelé équinoxe de printemps ou point
vernal. Ce point est atteint aux alentours du 21 Mars.

•γ', appelé équinoxe d'automne, est la direction du Soleil lorsqu'il "passe" de l'hémisphère
austral à l'hémisphère boréal. Le passage en γ' a lieu aux alentours du 21 Septembre.
2.4.b Pôles instantané et conventionnel

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ASTRONOMIE

En fait, l'axe des pôles n'est pas rigoureusement fixe par rapport à l'écorce terrestre.
L'axe de rotation de la Terre oscille de quelques dizaines de ". La position du pôle Nord
varie donc à la surface du Globe. C'est pourquoi on distingue une position moyenne et une
position instantanée:

• le pôle conventionnel CIO1 est la


position moyenne du pôle observée
entre 1900 et 1905,
• le pôle instantané est la position
vraie, à une date donnée,
déterminée par l'International
Earth Rotation Service (IERS).

Fig 5 : Mouvement du pôle instantané


entre le 01/01/1994 et le 01/07/1997
( x p > 0 pour λ p = 0, et y p > 0 pour
λ p = 90 ° Ouest)
On peut décomposer le mouvement du pôle en trois termes :

§ une dérive séculaire dans la direction de 80° Ouest, d'origine contreversée,


§ un mouvement annuel dû aux variations saisonnières,
§ un mouvement de période approximative 435 j, dit terme de Chandler, dû aux
déplacements de masses à l'intérieur de la Terre.

( )
Pratiquement, l'IERS fournit régulièrement les coordonnées x p , y p du pôle instantané par
rapport au pôle conventionnel.

1: Conventional International Origin.

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2.4.c Précession et nutation lunisolaire

Causes :
L’axe de rotation terrestre ne pointe pas toujours dans la même direction. Au lieu de se
tenir en position fixe par rapport aux étoiles, il se meut d’une manière lente mais
perpétuelle, décrivant une sorte de mouvement conique. Ce phénomène, dit de précession, a
d’abord été constaté par Hipparque vers 150 avant notre ère pour, au XVIIIème siècle,
être confirmé par Bradley et La Caille. Il fallait toutefois attendre Isaac Newton pour
enfin connaître l’explication.

Nous savons que la Terre, aplatie aux pôles, est plus large à l’équateur, qui est ceint par
une sorte de gonflement, le “bourrelet” équatorial. Ce bourrelet offre un point d’application
excellent à la force de marée exercée par la Lune et le Soleil - toujours selon le côté du
plan de l’écliptique où il se situe et la position des deux astres. Lune et Soleil forment donc
un couple de force qui pèse sur le bourrelet, tentant de rapprocher l’équateur du plan de
l’orbite terrestre, ce qui transforme la rotation principalement régulière de la planète en
un mouvement perturbé de toupie.

Ce phénomène de précession dû à la force de marée exercée sur le bourrelet équatorial


par le couple Lune-Soleil se transmet à l’axe de rotation terrestre de la manière qu’il
l’incite à décrire une espèce de cercle ou, plus exactement, de spirale dont la périodicité
correspond à quelque 25.760 ans

Effets :

Ainsi, la précession planétaire, la précession lunisolaire et la nutation font tourner la


ligne des équinoxes et l'axe de pôles d'environ 50"/an dans le sens rétrograde.
Actuellement, la direction de P est fournie dans le ciel par l'étoile polaire (étoile α de la
constellation de la Petite ourse), mais cela n'a pas toujours été le cas dans l'Histoire. Nous
savons qu'au 9ème siècle, les Vikings utilisaient l'étoile 32H de la constellation de la Girafe
pour reconnaître la direction du Nord.

Les coordonnées équatoriales célestes définies plus loin varient en fonction de la


précession et de la nutation.

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ASTRONOMIE

Appelons QQ' l'axe de l'ecliptique, Q


c'est à dire la direction perpendiculaire
à l'ecliptique. P

La précession lunisolaire est le ε


déplacement en 25.760 ans de l'axe des
pôles selon un cône de demi angle ε
autour de QQ' dans le sens rétrograde.

équateur
ε
ecliptique
Q'
Fig 6 : Précession

Q
La nutation est un mouvement
elliptique le long du cône de précession.

6,87"
9,21"
En absence de la précession, l'axe des
23°

pôles décrirait en 18,6 ans une ellipse


27'

de demi grand axe 9,21" (dans la


direction radiale au cône) et de demi
petit axe 6,87" (dans la direction
tangentielle). La combinaison de la
précession et de la nutation forme un
mouvement conique légèrement dentelé.

Fig 7 : Nutation
(schéma dans un plan orthogonal à QQ')

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3 Repères celeste, terrestre et local

3.1 Repère équatorial céleste

3.1.a Définition

γ'
On appelle repère céleste équatorial
r r ur Soleil
noté (
R c = T ;I,J,K ) un repère
K
orthonormal direct tel que: J
• T est le centre de gravité de la Terre
Terre,
ur I
( )
• T ;K est son axe de rotation, γ
r
• ( T ; I ) est dirigé dans la direction du
Fig 8 : Repère céleste équatorial
point vernal γ.

3.1.b Coordonnées équatoriales

(axe des pôles) A


On appelle coordonnées équatoriales K
(célestes) d'un astre A ses coordonnées
polaires (α, δ ) dans c : δ
T J
• α est l'ascension droite,
α
• δ est la déclinaison. I
(γ )
Fig 9 : Coordonnées équatoriales (célestes)

Conventionnellement, α est comptée en heures (h), minutes (min) et secondes de


temps (s), sachant que 24 h = 360° et 1°= 60 ′ = 3600′′ , et δ est exprimée en degrés (°),
minutes (') et secondes d'arc (").

3.1.c Cas particulier du Soleil

Bien entendu, les coordonnées équatoriales des corps du système solaire varient,
elles, sensiblement en fonction du temps. Par exemple, les variations des coordonnées
( )
α ,δ du Soleil au cours d'une année sont les suivantes :

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ASTRONOMIE

P
• à l'instant du point γ, c'est à dire
aux alentours du 21 Mars,
σ
α¤ = δ¤ = 0,
K
• autour du 21 Juin (solstice d'été, γ'
noté σ), δ ¤ vaut ε, J
T
• à l'instant du point γ', c'est à dire I
γ
aux alentours du 21 Septembre, α ¤
= 12h et δ ¤ vaut 0,
σ'
S
• autour du 21 Décembre (solstice
d'hiver, noté σ'), δ ¤ vaut -ε. P'
Fig 10 : Équinoxes et solstices

Nous retiendrons le tableau suivant des variations annuelles de α ,δ ( ) qui détermine


le début et la fin des saisons :

γ σ γ' σ' γ
Date dans 21 Mars 21 Juin 21 Septembre 21 Décembre …
Equinoxe de solstice d’été
l'année Equinoxe solstice d’hiver
printemps d’automne

24 h
α¤ 18 h
12 h
6h
0h

23° 27'
δ¤ 0° 0° 0°
-23° 27'

§ Printemps 20 mars 2002 à 19h16m UT


§ Eté...... 21 juin 2002 à 13h25m UT
§ Automne.. 23 septembre 2002 à 4h55m UT
§ Hiver.... 22 décembre 2002 à 1h15m UT
Origine : Institut de mécanique céleste http://www.bdl.fr/amateurs.html

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ASTRONOMIE

3.2 Repère terrestre

3.2.a Définitions

On appelle plan méridien passant par un lieu L de la Terre distinct des pôles
Nord et Sud le plan contenant l'axes des pôles et L.

On vérifie que, si L n'est par sur l'axe des pôles (PN, PS) , alors il existe bien un plan
et un seul contenant L et (PN, PS) .

Par convention en astronomie - et en géographie de manière générale - , on considère


le plus souvent comme plan méridien-origine celui passant par l'observatoire
astronomique de Greenwich (près de Londres): il est appelé méridien-origine de
Greenwich.

On appelle repère terrestre (équatorial) le repère orthonormal direct


rrr
( )
R t = T ;i,j,k défini comme il suit:

• T est le centre de gravité de la Terre,


r
( )
• T ; k est l'axe de rotation de la Terre ( k = K ),
rr
• ( T ;i,k ) définit le plan méridien-origine de Greenwich.

L'intérêt de t est qu'il est quasiment fixe par rapport à la surface terrestre. t est
en rotation à peu près uniforme par rapport à c . Par conséquent, aux déplacements de
l'écorce terrestre près, les coordonnées d'un point sur Terre par rapport à t sont
constantes.

3.2.b Repères instantané et conventionnel

Plus rigoureusement, nous savons que l'axe de rotation diurne de la Terre varie
légèrement au cours du temps. Autrement dit, dans un repère t défini à partir de l'axe
instantané de rotation, la position d'un lieu terrestre peut varier de l'ordre de 1" au
pire au cours du temps. Il convient donc de définir très précisément deux repères
terrestres distincts:

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• on appelle repère terrestre conventionnel, noté c


t
, le repère terrestre où
r
( )
T ; k représente l'axe des pôles conventionnel CIO,
r
• on appelle repère terrestre instantané, noté i
t
, le repère terrestre où T ; k ( )
représente l'axe des pôles instantané.

3.2.c Coordonnées géographiques astronomiques

k
On appelle verticale locale la direction de v
l'accélération de pesanteur g en un lieu donné.
r
r g
On note v = − r . ϕa
g
j
λa
On appelle coordonnées géographiques i
astronomiques (
λ a ,ϕ a )
les composantes
r rrr
(
sphériques de v dans la base i,j,k .) Fig 11 : Coordonnées
géographiques astronomiques

Notons que la verticale locale est très facile à matérialiser:


• c'est la direction d'un fil à plomb au repos,
• c'est la direction de l'axe principal d'un théodolite mis en station à l'aide d'une
nivelle torique.
r
Le plan orthogonal à v est appelé plan horizontal, ou horizon.

Rappelons nous que, la Terre étant modélisée par un ellipsoïde de révolution aplati, en
un lieu quelconque M, il est légitime de considérer le vecteur normal à l'ellipsoïde noté
r
n . On désigne par coordonnées géographiques géodésiques, notées λg ,ϕ g , les
r r r
( )
composantes de n dans la base (i, j, k ) . L'angle entre v et n étant toujours très petit,
( )
les coordonnées géographiques géodésiques λg ,ϕ g et astronomiques λ a ,ϕ a sont ( )
r r
toujours proches. Numériquement, l'angle entre v et n est de l'ordre de 1' au pire.

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3.3 Repère astronomique local

3.3.a Définition

ur uur r
On appelle repère local astronomique en M , noté R L = M ; T1 , T2 , v , le
a
( )
repère orthonormal direct défini comme il suit:
uur r
( )
• M ; T2, v est un repère orthonormé du plan contenant v et parallèle à l'axe
des pôles,
uur uur r
( )
• T1 est tel que T1, T2, v soit une base orthonormale directe.

R L est différent en tout point.


a
PN v n
T2

L permet de définir les directions T1


a
M
suivantes autour de M:
r
• la direction de v est appelée zénith Z,
r O
• la direction de −v est appelée nadir ϕ
N, g
uur uur λg
ϕ
• T1 (respectivement − T1 ) indique l'Est a

(resp. l'Ouest),
ur uur λa
• T 2 (resp. −T2 ) indique le Nord (resp.
le Sud).
Fig 12 : Repère local astronomique

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3.3.b Azimut et distance zénithale


A
On appelle azimut Az et distance zénithale
Dz d'un astre A à partir de M les coordonnées
sphériques de la direction MA dans L . Plus Dz v
a
précisément:
ur Az
• Az est l'angle horizontal entre T 2 et MA
orienté positivement vers l'Est, T2 T1
r
• Dz est l'angle vertical de v vers MA.
M
Fig 13 : Azimut et distance zénithale

Soulignons que ∆ Az = Az 2 − Az 1 et Dz sont observables, par exemple avec un


théodolite.

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3.4 III- Sphère céleste

3.4.a Sphère céleste


L’étoile la plus proche de notre planète , Proxima du Centaure , se trouve à environ 4
années lumières, soit 38 000 milliards de km environ2.
Ainsi, toute étoile A est suffisamment lointaine pour qu'il soit légitime de confondre les
directions AT et AM à partir de n'importe quel point de la Terre. Autrement dit, les
étoiles peuvent être considérer à l'infini.

C'est pourquoi on considère la sphère céleste comme il suit:

• elle est centrée en un point O quelconque


de la Terre, P
• son rayon vaut 1, A
• on confond volontairement la direction d'un
Z
point (astre A, pôle Nord P, zénith Z, point
vernal γ, etc.) et l'intersection de cette ϕ
δ
direction avec la sphère, O a

• de même, on confond volontairement la α


γ
direction du plan horizontal passant par O
(aussi appelé horizon) et l'intersection de
ce plan avec la sphère,
• elle est fixe par rapport à la Terre. A et γ P'
décrivent donc un mouvement de rotation
rétrograde de 360° par jour autour de OP.

Fig 14 : Sphère céleste

3.4.b Angle horaire et heure sidérale

On appelle angle horaire, noté conventionnellement AH, l'angle, à un instant


donné, entre le méridien d'un astre A et celui d'un lieu terrestre M.
On appelle heure sidérale locale, notée HSL, l'angle horaire du point vernal en
un lieu terrestre M.
On appelle heure sidérale Greenwich, notée HSG, l'heure sidérale locale
comptée à Greenwich.

2 1 année lumière=9 460,528 milliards de km environ

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ASTRONOMIE

Il est clair que AH, HSL et HSG varient au cours du temps. Ces angles sont exprimés en
heures, minutes et secondes de temps, de 0 h à 24 h. Ainsi, HSL, HSG et AH augmentent
avec le temps.
P
AH, HSL, HSG, λ a et α sont liés par A
les relations suivantes: G Z
• HSL = α + AH
• HSL = HSG + λ a O λa
α
• AH = HSG + λ a − α AH
γ HSG
On verra plus loin que AH peut être
déduit de mesure de temps TU comme
suit :
366, 2422 P'
AH = HSG 0 + t TU + λ − α
365, 2422
Fig 15 : Angle horaire et heure sidérale

En astronomie, un appareil d'observations est toujours mis en station par rapport


à la verticale (utilisation de niveaux). Par conséquent, seules les coordonnées
( )
géographiques astronomiques λ a ,ϕ a sont utilisées, les coordonnées géodésiques
r
(λ g ,ϕ g ) étaient impossibles à déterminer, parce que le vecteur n lui-même est
indéterminable. Donc, désormais, dans la suite de ce cours, pour alléger les
notations, nous omettrons l'indice "a" et nous noterons:

λ = λ a

ϕ = ϕ a

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ASTRONOMIE

3.4.c Parallaxe annuelle


On appelle Parallaxe trigonométrique (ou parallaxe annuelle), l’angle sous lequel est vu
le demi-grand axe de l'ellipse apparente que semble effectuer une étoile à cause de
son mouvement dû à la rotation de la Terre autour du Soleil.

Parsec : Le parsec (pc) est défini comme la distance à laquelle une étoile a une
parallaxe trigonométrique de 1 seconde de degré (1"). On a les équivalences suivantes
:
§ 1 pc = 3.261 563 7763 al = 206 264.806 248Ua = 3.085 677 5807 .1016 m.

Fig 16 : parallaxe annuelle

Ordre de grandeur : la parallaxe annuelle est toujours inférieur à 1’’.

Cette quantité permet de passer du repère héliocentrique au repère géocentrique.

3.4.d Parallaxe de hauteur


Les observations astronomiques ne s’effectuent pas à partir du centre de la sphère
géocentrique il convient de les corriger d’une grandeur appelée parallaxe de hauteur.
Ordre de grandeur : 10-8 grades pour l’étoile la plus proche.
0.0027 grades pour le soleil.

V-20 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

3.5 Triangle de position

3.5.a Triangle de position


On appelle triangle de position (ou triangle nautique) le triangle sphérique ( P, Z , A) sur
la sphère céleste.

AH P
P
π -δ
2 AH
-AH π -δ
2
S π -ϕ
2
π -ϕ A
-S
2 S
A -Az
Az Dz
Dz
Az
Z
Z (astre à l'Ouest)
(astre à l'Est)
Fig 17 : Triangle de position

Conventions de signe :
Az est compté depuis une station Z à partir de la direction du méridien (pole nord) et
positivement dans le sens horaire
AH est compté depuis P à partir de la direction du méridien de Z et positivement dans le sens
horaire

V-21 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

3.5.b Formules de trigonométrie sphérique en astronomie:


 HSL = HSG + λ = α + AH

Relations entre AH et HSL:  AH = HSG + λ − α
 366,2422
 HSGTU = HSG 0hTU + ⋅ TU
 365,2422

• formules fondamentales:
cos Dz = sin ϕ sin δ + cos ϕ cos δ cos AH
sin δ = sin ϕ cos Dz + sin Dz cos ϕ cos Az
sin ϕ = sin δ cos Dz + sin Dz cos δ cos S

• formules corrélatives:

cos AH = − cos S cos Az + sin S sin Az cos Dz


cos S = − cos AH cos Az − sin AH sin Az sin ϕ
cos Az = − cos AH cos S − sin AH sin S sin δ

• formules des sinus:


sin Dz cos ϕ cos δ
− = =
sin AH sin S sin Az

• formules des cotangentes:


− sin AH cot S = tan ϕ cos δ − sin δ cos AH
− sin AH cot Az = cos ϕ tan δ − sin ϕ cos AH
sin S cot Az = tan δ sin Dz − cos Dz cos S
− sin S cot AH = cot Dz cos δ − sin δ cos S
− sin Az cot AH = cot Dz cos ϕ − sin ϕ cos Az
sin Az cot S = tan ϕ sin Dz − cos Dz cos Az

• formules dérivées en sinus-cosinus:


sin Dz cos S = sin ϕ cos δ − cos ϕ sin δ cos AH
sin Dz cos Az = sin δ cos ϕ − cos δ sin ϕ cos AH
cos ϕ cos Az = sin δ sin Dz − cos δ cos Dz cos S
cos ϕ cos AH = cos Dz cos δ − sin Dz sin δ cos S
cos δ cos AH = cos Dz cos ϕ − sin Dz sin ϕ cos Az
cos δ cos S = sin ϕ sin Dz − cos ϕ cos Dz cos Az

V-22 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

4 Échelles de temps

4.1 Introduction

Toute mesure astrométrique met en œuvre des mesures sur des objets en mouvement, et
nécessite de ce fait des mesures de temps très précises.
Il est remarquable que les mesures de temps sont actuellement les quantités physiques les
plus précises à mesurer, puisque l'on peut utiliser des horloges atomiques dont l'exactitude
relative atteint 10 −12 voire 10 −14 .
4.2 Notion d'échelle de temps

4.2.a Définition

On appelle échelle de temps un système de classement univoque des événements physiques.


Une échelle de temps permet donc la datation des événements. Théoriquement, la donnée
d'une échelle de temps signifie le choix des éléments suivants:

• une unité fondamentale de durée τ


exemple1 : . Temps de lumière pour l’unité astronomique de distance τA= 499.004 782 s
(convention IERS1992)

• une origine temporelle, permettant de dater les événements physiques, donc d'établir
des calendriers et en astronomie des éphémérides, c'est à dire des tables fournissant les
valeurs de grandeurs astronomiques (coordonnées du Soleil, HSG, etc.) à des dates régulières.
Exemple : Le jour julien 01/01/2000 ou date julienne 2 451 545.0

La réalisation pratique d'une échelle de temps sous-entend la donnée d'une horloge, c'est à
dire d'un dispositif physique périodique dont la période fournit justement l'unité de durée τ.
Citons deux exemples qui vont être étudiés en détail dans la suite du chapitre:

•exemple 1 : la durée élémentaire d'une échelle de temps atomique est définie par la
fréquence d'émission d'un atome excité. En effet, sous l'effet d'une excitation électro-
magnétique, un atome donné émet un rayonnement de fréquence f constante, donc de période
T elle aussi constante,

•exemple 2 : l'échelle dite du "Temps Universel" est fondée sur la durée de rotation
apparente du Soleil moyen autour de la Terre, qui vaut 1 jour dans cette échelle de temps.
L'horloge est ici la rotation diurne du Globe.

V-23 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

4.2.b Evolution des échelles de temps


La complexité de la notion de temps, l’amélioration rapide depuis cinquante ans de la précision
avec lequel on le mesure et les progrès technologiques dans la construction des horloges ont
amenés les astronomes et les physiciens à définir plusieurs échelle utilisées simultanément.

Epoque phénomène physique Echelle de temps


<1960 Rotation diurne de la Terre Temps universel (TU ou UT)
1960-1967 Mouvement orbital de la Temps des éphémérides (TE
Terre ou ET)
>1967 Transition entre 2 atomes Temps atomique
international (TAI)

4.3 Le Temps Atomique International (TAI)

Selon la 13ème Conférence générale des poids et mesures en 1967, la seconde est
définie comme "la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la
transition entre les deux niveaux hyperfins de l'état fondamental de l'atome de
Césium 133".

Le Temps Atomique International (TAI) est l'échelle de temps réalisée par le Bureau
International des Poids et Mesures (BIPM) à partir de cette définition internationale de la
seconde. Le BIPM utilise, pour définir le TAI les données de 200 horloges atomiques situées
dans différents laboratoires dans le monde entier. Nous noterons désormais s TAI la seconde
définie par le TAI.

4.4 Le temps GPS

Le Global Positioning System (GPS, en français "Système de positionnement à l'échelle du


Globe") permet, entre autres, de diffuser très largement le temps TAI. Indiquons que GPS
est un système de positionnement spatial réalisé par l'armée des États-Unis à partir des
années 1980. Il comprend environ 24 satellites opérationnels en orbite et devrait rester
opérationnel pendant plusieurs dizaines d'années. Chaque satellite émet plusieurs signaux sur
deux fréquences distinctes.

Ces signaux sont synchronisés avec le temps GPS, qui n'est autre que le TAI à une constante
près:
t GPS = t TAI − 19 s

Ainsi, un récepteur GPS fournit une date dans l'échelle de temps GPS, c'est à dire en fait en
TAI à 19 s près, avec une incertitude de 10 −7 s au pire.

V-24 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

4.5 Le Temps Universel (UT)

4.5.a Définitions
4.5.a.1 Temps solaire vrai

On appelle temps solaire vrai une échelle de temps dont l'unité fondamentale de
durée, appelée jour solaire vrai et notée j e v , est la durée séparant deux passages
consécutifs du Soleil au méridien d'un même lieu terrestre.

On appelle date solaire vraie l'angle horaire du Soleil AH e v .


Le temps solaire vrai est donc une échelle de temps "locale", dans le sens où il est défini à
partir d'un lieu de référence donné à la surface de la Terre.

4.5.a.2 Temps solaire moyen; équation du temps


Le temps solaire vrai est peu pratique à utiliser car le jour solaire vrai n'a pas la même durée
à tout instant de l'année, principalement pour les deux raisons suivantes:
• la Terre tourne autour du Soleil selon une orbite excentrique, dans selon une vitesse
angulaire non uniforme,
• le plan de l'écliptique est incliné par rapport à l'équateur.

Le temps solaire moyen est une échelle de temps dont l'unité fondamentale de
durée, appelée jour solaire moyen j¤ m , est définie comme il suit:
• 1 j e m a une durée constante quel que soit l'instant de l'année,
• 1 j e m est proche de 1 j¤ v . Plus précisément, la durée de l'année exprimée
en j e m ou en j e vrai est la même.

La date en temps solaire moyen peut donc s'interpréter comme l'angle horaire AH e m d'un
Soleil moyen fictif se déplaçant à vitesse constante le long de l'équateur.

On appelle "équation du temps" la fonction E (t ) suivante:


E ( t ) = AH e m − AH e v = α e v − α e m

E (t ) est une fonction périodique de période annuelle et d’amplitude 16 minutes . Elle


représente l'erreur de l'heure fournie par un cadran solaire et est due :
§ excentricité de l’orbite terrestre (période 1 an)
§ réduction à l’équateur due à l’obliquité de l’écliptique (période six mois)
§ inégalités du temps sidéral (précession nutation)

V-25 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

Fig 18 : Valeur de l'équation du temps (en min) au cours de l'année

4.5.b Temps civil; Temps Universel

Le temps solaire sert à l'élaboration des échelles de temps utilisées dans la vie quotidienne.
Cependant, pour les applications pratiques, il est usuel de noter 12 h, et non pas 0h, le
moment où le Soleil passe au méridien. C'est pourquoi on définit l'échelle de temps appelée
"Heure Civile Locale", notée HCL, à partir du temps solaire moyen, mais décalée de 12h:
1 s HCL = 1 s e m

t HCL = t e m + 12 h

La définition de l'heure civile locale dépend elle aussi d'un point du Globe servant de
référence. C'est une échelle de temps locale comme le temps solaire moyen.

On appelle Temps Universel (UT en abrégé) l'heure civile locale de Greenwich.


En tout lieu terrestre, λ étant exprimée en heures, on a: t UT = t HCL − λ

En fait, nous savons que la rotation diurne de la Terre n'est pas parfaitement uniforme:

• son axe instantané de rotation varie légèrement autour de l'axe conventionnel


CIO-BIH,
• sa vitesse angulaire de rotation n'est pas rigoureusement constante.

L'expression "Temps Universel" n'est qu'un terme générique pour désigner un ensemble
d'échelles de temps liées à la rotation de la Terre: UT0, UT1, UT1R, etc. Nous nous
contenterons ici de définir l'échelle UT1; UT1 est l'échelle de temps universel ramenée au
pôle instantané.

V-26 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

4.5.c Temps Universel Coordonné (UTC)

Le temps universel coordonné (UTC) est la base légale de l'heure dans le monde. Il est dérivé
du TAI (voir plus bas) dont il diffère seulement par un nombre entier de secondes,
actuellement 32. Ces secondes intercalaires sont insérées à l'initiative du Service
International de la Rotation Terrestre (http://hpiers.obspm.fr) pour garantir que, en
moyenne au cours des ans, le soleil est au méridien de Greenwich à 12:00:00 UTC à 0.9
seconde près. UTC est donc le successeur du temps moyen de Greenwich, GMT, qui était
utilisé quand le jour solaire moyen fournissait l'unité de temps.

On observe depuis plusieurs siècles 4,0

une diminution irrégulière mais 2,0

sensible de la vitesse de rotation 0,0


Excès du jour (en ms)

1625

1650

1675

1700

1725

1750

1775

1802

1829

1855

1881

1910

1936

1962

1989
diurne de la Terre. -2,0

Pratiquement, si on appelle excès du -4,0

jour, noté E J ( t ) , la quantité -6,0

1 j UT − 86400 s TAI , les observations -8,0

-10,0
historiques nous montrent que E J
-12,0
augmente irrégulièrement d'environ Année

2 ms par siècle depuis le 17ème Fig 19 : Durée du jour depuis le 17ème siécle
siècle.

En moyenne, depuis 1958, on peut


écrire:
1 j UT ≈ 86 400, 0015 s TAI .

1 j UT = 86400 s UT
Or,  ,
1 j TAI = 86400 s TAI
donc: 1 s UT > 1 s TAI .

Fig 20 : Durée du jour depuis 1995

Le Temps Universel Coordonné (UTC) est une échelle de temps maintenue par le
BIPM, non continue, synchronisée sur TAI et proche de UT1 à tout instant:
• le 1er Janvier 1958, t UTC = t TAI ,
• 1 s UTC = 1 s TAI,
• en permanence, t UTC − t UT1 < 0, 9 s .

V-27 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

Puisque 1 s UT > 1 s TAI , pour maintenir UTC et UT1 proches, il faut quelquefois ajouter à UTC
une seconde intercalaire supplémentaire ( 2 ms × 365 j = 0, 73 s ).
UTC et d UT1 = UT1- UTC sont diffusés en permanence par des stations radios réparties
dans le monde entier, sous la forme de "signaux horaires" en ondes courtes.
Pratiquement, depuis 1958, t TAI − t UTC a évolué de la manière suivante:
• le 1/1/1958: t UTC = t TAI , 35

• entre 1958 et 1972, le 30

décalage t TAI − t UTC ne correspond


25
pas à un nombre entier de secondes,
• le 1/1/1972: t UTC = t TAI −10 s,
20

...
15

• le 1/1/1980: t UTC = t TAI − 19 s , 10

... 5

• le 1/7/1997: t UTC = t TAI − 31 s, 0


01/ 01/19 72

01/ 07/19 73

01/ 01/19 75

01/ 07/19 76

01/ 01/19 78

01/ 07/19 79

01/ 01/19 81

01/ 07/19 82

01/ 01/19 84

01/ 07/19 85

01/ 01/19 87

01/ 07/19 88

01/ 01/19 90

01/ 07/19 91

01/ 01/19 93

01/ 07/19 94

01/ 01/19 96

01/ 07/19 97

01/ 01/19 99

01/ 01/20 00
• le 1/1/1999: t UTC = t TAI − 32 s .

Fig 21 : Décalage t TAI − t UTC depuis 1972

Remarquons que l'échelle de temps GPS coïncidait avec l'échelle UTC au 1er Janvier 1980.

4.5.d Temps sidéral


4.5.d.1 Définition

On appelle temps sidéral, noté TS, une échelle de temps dont l'unité fondamentale de
durée, appelée jour sidéral et notée j TS , est la durée séparant deux passages
consécutifs du point vernal au méridien d'un même lieu terrestre.

1
On appelle seconde sidérale la durée définie par 1 s TS = j TS . La date sidérale est
86400
l'heure sidérale locale HSL. Nous savons que, si on note HSG l'heure sidérale locale à
Greenwich, pour un lieu terrestre quelconque, on peut écrire:
HSL = HSG + λ .

V-28 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

En fait, le mouvement apparent du Soleil


autour de la Terre étant la composition de Etoile à l’infini
la rotation diurne du Globe et de sa
rotation autour du Soleil, que 1 j TS < 1 j UT .
Pendant une année tropique (2 passages
consécutifs de la Terre au point γ), il s'est
écoulé un jour sidéral de plus que le nombre
de jours UT. On peut donc écrire:
365, 2422 j UT = 366, 2422 jTS
365, 2422
⇔ 1 j TS = j UT
366, 2422
⇔ 1 j TS ; 23 h 56 mn 4.09054 s (UT)
t
t+24HSL
Fig 22 : Temps universel et temps sidéral

Si on note HSG 0 l'Heure Sidérale de Greenwich à t UT = 0 h , on a donc:


 HSG (t ) = HSG 0 + 365,2422 t UT
366,2422


 HSL (t ) = HSG 0 + 366,2422 t UT + λ
 365,2422
4.5.d.2 Utilisation en astronomie

En un lieu donné, la position des étoiles dans le ciel sera la même, en première approximation,
tous les jours à la même heure sidérale locale. Il est donc pratique d'éditer une table des
positions approchées des astres en un lieu donné en fonction de l'HSL.

V-29 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

4.6 Les calendriers

4.6.a Introduction
Le repérage des instants exige la définition d’échelle de temps (TAI, UTC, GPS ..), cependant
en raison de la durée très longue de la période utile, il est également nécessaire,
indépendamment du choix de l’échelle, de définir un système de numérotation des jours qui
permette de situer sans ambiguïté une date quelconque. C’est le problème de la chronologie.
La solution la plus simple consiste à choisir arbitrairement une date origine, qu l’on numérote
0 ou 1et à énumérer sans autres artifices les jours ultérieurs. Pour des raisons de tradition,
mais aussi de commodité, on a été conduit à compliquer le système par un découpage en année
et mois. Les règles adoptées qui constituent les divers calendriers différent d’une civilisation
à une autre.

4.6.b Comment définit-on les calendriers ?


Les calendriers sont fondés sur des considérations de caractère astronomique. Le mois est la
durée approximative d'une lunaison, intervalle de temps entre deux nouvelles lunes. L'année
est une approximation de l'année tropique, intervalle de temps qui sépare deux passages
consécutifs du Soleil à l'équinoxe de printemps.
Un calendrier est de type lunaire ou solaire selon que l'on privilégie l'approximation du mois
ou de l'année. Dans un calendrier lunaire la durée moyenne du mois doit être une bonne
approximation de la lunaison (29,530589 jours), alors que dans un calendrier solaire la durée
moyenne de l'année doit être une bonne approximation de l'année tropique (365,242190
jours). Ainsi, le calendrier grégorien qui est notre calendrier usuel est solaire. Il en est de
même pour les calendriers julien et copte. Par contre, le calendrier musulman est lunaire et le
calendrier israélite luni-solaire. Chaque calendrier se définit une origine à partir de laquelle
on va compter, en général, les années. Cela correspondra à une ère.

4.6.c définition d’une ère


Indépendamment de l'organisation des jours en mois et en années, chaque calendrier a besoin
d'une origine pour compter en général des années (ce peut être des jours dans le cas de la
période julienne) ou des groupes de plusieurs années comme les olympiades helléniques qui
comptent 4 ans. Une telle origine définit une ÈRE.

§ L'ère chrétienne a débuté le 25 décembre de l'an 753 de la fondation de Rome d'après


Varron mais le début de l'année sera le premier janvier pour concorder avec le calendrier
de l'époque. Les calendriers grégoriens et juliens se situent actuellement dans l'ère
chrétienne. Le calendrier julien a été en vigueur de l'an 46 avant J.-C. (an 708 de l'ère de
la fondation de Rome) à l'an 1582 de l'ère chrétienne et le calendrier grégorien est en
vigueur depuis l'an 1582 de l'ère chrétienne. L'usage de l'ère chrétienne a été introduite
en 532 sur une proposition du moine Denys le Petit. C'est lui qui proposa, en 525, au pape
l'expression "Anno Domini" (AD). Cet usage se répandra rapidement dans les textes et
documents liturgiques, mais il faudra attendre plusieurs siècles (le règne de Pépin le Bref
et celui de Charlemagne) pour que cet usage devienne courant dans la société.

V-30 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

§ L'ère de Dioclétien a débuté le 29 août 284 (julien). C'est l'origine du calendrier copte
encore en usage dans la communauté copte d'Égypte.

§ L'Hégire a débuté le vendredi 16 juillet 622 (julien) qui est l'origine du calendrier
musulman.

§ L'ère judaïque a débuté le 7 octobre -3760 (julien) qui est l'origine du calendrier
israélite.

§ L'ère des Français a débuté le 22 septembre 1792 et s'est terminée le 1 janvier 1806 et
a été utilisée par le calendrier républicain.

§ L'ère de la période julienne commence le 1 janvier 4713 avant J.-C. à midi (calendrier
julien).

§ L'ère hellénistique compte une succession d'olympiades qui correspondent à quatre


années. Elle a commencé avec le solstice d'été de l'an 776 avant J.-C. En l'an 1 de l'ère
chrétienne, la 195ème olympiade hellénique a débuté en été.

D'autres calendriers se réfèrent à des ères plus incertaines quant à leurs origines. C'est le
cas des calendriers:
§ hindou, ère saka débutant le 3 mars 78 après J.-C. mais codifiée en 1957 et utilisée dans
le calendrier indien (voir ce calendrier);
§ hindou, ère samvat débutant le 23 février 57 après J.-C.;
§ tamoul, cycle nirâyana de 60 ans non différenciés depuis l'an 397 après J.-C.;
§ cambodgien et laotien, petite ère birmane partant du 21 mars 638 après J.-C.;
§ cambodgien et laotien, ère bouddhique débutant en avril-mai de l'an 544 avant J.-C. (mort
de Bouddha d'après la tradition cinghalaise);
§ chinois et vietnamien, cycles de 60 ans identifiés aux règnes des empereurs.

4.6.d Le calendrier julien


Le calendrier julien est, dans ses principales dispositions, conforme au calendrier romain
réformé par Jules César. Dans l'usage moderne, on l'emploie avec l'ère chrétienne dont l'an 1
fut la 47ème de cette réforme julienne. Ce calendrier est de type solaire. Il comporte deux
sortes d'années, les années communes de 365 jours, divisées en 12 mois de 31, 28, 31, 30, 31,
30, 31, 31, 30, 31, 30 et 31 jours, et les années bissextiles de 366 jours dans lesquelles le
deuxième mois est de 29 jours. Les années bissextiles sont celles dont le millésime est
divisible par 4; une année sur 4 est donc bissextile.

La durée moyenne de l'année julienne (365,25 jours) est une approximation médiocre de celle
de l'année tropique. Il en résulte que les dates des saisons se décalent d'environ 3 jours tous
les 400 ans, soit d'un mois tous les 4000 ans.

V-31 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

Le calendrier julien a été en usage dans la plupart des nations d'Europe jusqu'au XVIème
siècle.

Il a été remplacé ensuite par le calendrier grégorien mais il est encore utilisé de nos jours
pour déterminer les fêtes religieuses orthodoxes.

4.6.e Le calendrier grégorien


C'est notre calendrier usuel.

Le calendrier grégorien est de type solaire. Il a été créé en 1582 par le pape Grégoire XIII
pour corriger le retard que prenait le calendrier julien sur le Soleil, retard qui atteignait 10
jours au moment de cette réforme.
Ce calendrier est défini par rapport au calendrier julien de la manière suivante : le lendemain
du jeudi 4 octobre 1582 (julien) fut le vendredi 15 octobre 1582 (grégorien), la succession
des jours de la semaine étant respectée. Le calendrier grégorien ne diffère du calendrier
julien que par la répartition entre années communes (365 jours) et années bissextiles (366
jours). Les années bissextiles sont les mêmes que celles du calendrier julien (années dont le
millésime est divisible par 4) sauf trois années séculaires sur quatre, celles dont le millésime
est multiple de 100 sans l'être de 400. Ainsi, les années 1700, 1800, 1900 sont communes
alors que l'année 2000 est bissextile.
La durée moyenne de l'année est de 365, 2425 jours. Elle est très voisine de celle de l'année
tropique.

Le calendrier grégorien a été adopté dès 1582 en Italie, en Espagne, au Portugal et dans les
Pays-Bas catholiques. En France la réforme a été appliquée en décembre 1582, le lundi 20
décembre succédant au dimanche 9 décembre. En Grande-Bretagne, c'est seulement en 1752
que le 14 septembre a succédé au 2 septembre et que le calendrier grégorien a été adopté.
Adopté progressivement jusqu'au début du XXème siècle par tous les pays, ce calendrier est
maintenant en usage dans le monde entier.

4.6.f La période julienne

La période julienne est une échelle de temps qui numérote, sans discontinuité, les jours depuis
le lundi 1 janvier -4712 à 12heures. Cette période julienne a été introduite par l'astronome
Scaliger en 1583. Il nomme " julienne " cette numérotation par analogie avec l'année julienne.

§ Date julienne : c'est la durée écoulée depuis le 1 janvier -4712 à 12 heures. On l'exprime
en jour et fraction décimale de jour.
§ Jour julien: c'est la partie entière de la date julienne.

Le jour julien 0 commence le 1 janvier -4712 à 12h, le jour julien 1 commence le 2 janvier -
4712 à 12h, le jour julien 2451911 commence le 1 janvier 2001 à 12h.

V-32 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

La continuité des jours dans la période julienne permet de calculer un intervalle de temps
sans risque d'erreur même s'il couvre plusieurs calendriers. Ainsi le 1 janvier 1001 à 0h
(calendrier julien) correspond à la date julienne 2086673,5; le 1 janvier 2001
à 0h (calendrier grégorien) correspond à la date julienne 2451910,5. Il s'est donc écoulé
entre ces deux dates : 2451910,5 - 2086673,5 = 365237 jours.

Désormais en astronomie et en géodésie, on utilise le jour julien modifié usuellement noté


MJD, qui correspond au jour julien à un décalage près :
TMJD=TJJ-2400000,5 j
Cette numérotation de date est très adaptée à l’étude des variations d’un phénomène pendant
une durée supérieure au moins à 1 mois, tels par exemple le mouvement des plaques
tectoniques, la variation de l’axe instantané de rotation….

V-33 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

5 Déterminations astronomiques

5.1 Détermination d'azimut

P
5.1.a Azimut d'un astre
Décrivons à nouveau les différents éléments du
-AH π -δ
triangle de position: 2
• les coordonnées géographiques λ et ϕ du
lieu d'observations sont supposées connues,
• les coordonnées équatoriales α et δ de
l'astre sont elles aussi connues, π -ϕ S
2 A
• Az est à déterminer,
• Dz et AH sont a priori observables. En
Az Dz
effet, λ et α étant connues, la connaissance de
AH revient à celle de la date d'observation t TU:

Z
Fig 23 : Triangle de position (astre à
l'Est)

 AH = HSG(t ) + λ − α

 HSG (t ) = HSG + 366,2422 t
 0
365,2422 TU

Az peut être obtenu par deux méthodes distinctes:


• par l'observation de Dz (méthode dite "par la distance zénithale"). En effet Az
s'exprime en fonction de δ, ϕ et Dz, à l'aide d'une des formules fondamentales de la
trigonométrie sphérique:
sin δ − sin ϕ cos Dz
cos Az =
sin Dz cos ϕ
• par l'observation de t TU (méthode dite "par l'heure"); il suffit d'écrire Az en fonction
de AH, δ et ϕ (formule des cotangentes):
sin AH
tan Az =
sin ϕ cos AH − cos ϕ tan δ

5.1.b Azimut d'une direction matérialisée


En pratique, ce n'est pas l'azimut de l'astre qui importe, ma is plutôt celui d'une direction V
matérialisée à la surface de la Terre (repère au sol, instrument, édifice, etc.)

V-34 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

Si l représente la lecture Nord


astre
azimutale d'un théodolite, Fig 24 : Azimut et lecture
il est clair que, à tout azimutale l
instant: Az A
l V − l A (t ) = Az V − Az A (t )
⇔ AzV = Az A + l V − l A
lA V
Az V
lVS
En fait, l'astre observé étant le plus souvent très élevé au-dessus de l'horizon, il est
indispensable d'effectuer un double retournement afin d'éliminer l'erreur de
tourillonnement.

5.1.c Méthode par l'heure


Il est évident que cette méthode ne doit pas être appliquée à un astre passant au zénith de la
d Az
station, car alors vaut +∞ .
d AH
d Az π
est minimal si S ou δ vaut ± , c'est à dire pour un astre circumpolaire ou passant à la
d AH 2
π
digression ( S = ± ). Dans l'hémisphère Nord, on utilise le plus souvent l'étoile polaire pour ce
2
type de détermination. À ϕ = 45° , si la date exacte d'observation t TU (et donc AH) est
connue à quelques dixièmes de secondes près, l'azimut de l'astre est alors connu à quelques
dmgr près.
Dans les mêmes conditions, les observations sur le Soleil permettent d'atteindre une
précision de quelques dizaines de dmgr. Pour des mesures de grande précision, on utilisera un
théodolite muni d'une nivelle cavalière très précise (de grand rayon de courbure R), afin de
connaître l'erreur de verticalité β dans la direction perpendiculaire au plan de visée.
Si l az représente la mesure de l'angle horizontal, il faut le corrigé de δl az :
L
δ l az = β cot Dz = ±n cot Dz
R
où: n est le nombre de graduations entre le centre de la nivelle cavalière et le centre de la
bulle,
L est la "largeur" d'une graduation, c'est à dire la distance séparant deux graduations
consécutives.

V-35 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

5.2 Détermination des coordonnées géographiques astronomiques

5.2.a Méthode des droites de hauteurs égales


5.2.a.1 Principe
L'une des formules fondamentales s'écrit:
366, 2422
cos Dz = sin ϕ sin δ + cos ϕ cos δ cos AH avec AH = HSG 0 + t TU + λ − α
365, 2422

Désormais, dans cette formule, α et δ sont supposées connues, Dz et t UT sont mesurées et λ


et ϕ sont inconnues. Ainsi, si on observe n étoiles, n ≥ 2 , on observe d'un système de n
relations d'observations à 2 inconnues (λ et ϕ). Il est donc possible d'estimer
statistiquement, par exemple par moindres carrés ou graphiquement, les coordonnées de la
station. Nous noterons λ$ et ϕ
$ les coordonnées estimés.

En fait, à cause de la réfraction atmosphérique, il est impossible de déterminer une distance


zénithale précisément. La distance zénithale observée Dz obs doit être corrigée de l'angle de
réfraction calculé selon un modèle de réfraction ρ mod . Or, aucun modèle de réfraction n'est
précis. Ainsi, si on note Dz vrai la valeur "vraie" de la distance zénithale, on a:
ε z = Dz vrai − Dz obs − ρ mod où ε z représente l'erreur de modélisation

Pratiquement, une "soirée d'observations" se compose de mesures sur une vingtaine d'étoiles,
toutes situées à peu près à la même distance zénithale Dz 0 , autrement dit à une hauteur
égale. En général, on choisit Dz 0 = 30° . On peut donc supposer que l'erreur de modélisation
ε z est constante au cours de la soirée, même si les distances zénithales observées Dz obs ne
le sont pas exactement, l'instrument n'étant pas rigoureusement en station vertical, et si les
corrections de réfraction ρ mod varie, en fonction des conditions météorologiques pendant la
soirée.

Appelons, pour chaque étoile i, δ Dz i = Dz obsi + ρ mod i − Dz 0 . La formule fondamentale s'écrit


alors:

( )
cos Dz vrai = cos Dz 0 + δDz i + ε z = sin ϕ sin δ + cos ϕ cos δ cos AH
avec: • Dz 0 est une constante connue,
• (
les δDz i )i∈ 1,n ( )
et t UTi
i∈ 1,n
sont mesurés,

• λ, ϕ et ε z sont à déterminer.

5.2.a.2 Interprétation géométrique

V-36 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

d λ = λˆ − λ 0
( )
Soit λ 0 ,ϕ 0 les coordonnées approchées de la station S et  . Pour une étoile
d ϕ = ϕˆ − ϕ 0
quelconque i, formulons δDz i sous la forme d'une expression linéaire de d λ , d ϕ et ε z :
− sin Dz vrai i d Dz vrai i = cos ϕ sin δ i d ϕ − sin ϕ cos δ i cos AH i d ϕ − cos ϕ cos δ i sin AH i d λ
( )[ ( ) ] (
⇔(A) − sin Dz 0 + δDz i + ε z d δDz i + d ε z = cos ϕ sin δ i − sin ϕ cos δ i cos AH i d ϕ )
− cos ϕ cos δ i sin AH i d λ

Or, δDz i et ε z étant petits:


• (
d δDz i = δ )
Dz i et d ε z = ε z ,
• ( )
cos δDz i + ε z = 1 ,
• sin (δDz i + ε z ) = δ Dz i + ε z .

Il s'en déduit que le terme de gauche de l'expression (A) devient:


( )[ ( ) ] ( )
− sin Dz 0 + δDz i + ε z d δDz i + d ε z = sin Dz 0 δDz i + ε z + cos Dz 0 δDz i + ε z 2
144424443
( )
négligeabl e, car
du 2ème ordre de petitesse
( )
= sin Dz 0 δDz i + ε z = sin Dz δDz i + ε z ( )
D'autre part, le terme de droite de la formule (A) peut se simplifier en utilisant deux
identités de trigonométrie sphérique:
• une formule en sinus-cosinus: sin Dz cos Az = sin δ cos ϕ − cos δ sin ϕ cos AH ,
sin Dz cos δ
• une formule des sinus: − = .
sin AH sin Az
En conclusion, nous retiendrons:
δ Dz i + ε z = − cos Az i d ϕ − sin Az i cos ϕ d λ (B)

Repérons la position de S sur un plan muni d'un repère orthonormal direct R = (O; i, j) de la
manière suivante:
 x = cos ϕ d λ
S ( x, y ) R avec 
 y = dϕ
L'équation δ Dz i = − cos Az i d ϕ − sin Az i cos ϕ d λ est celle d'une droite ∆ i perpendiculaire au

 sin Az i 
vecteur u i   passant à la distance δDz i de O. L'équation (B) est de même celle de la
 cos Az i 
 
droite ∆∗i parallèle à ∆ i , distante de ∆ i de ε z .

V-37 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

Dans le cas où ε z = 0 , il est clair que le ∆*k ∆k


( )
point Ŝ λˆ, ϕˆ est l'intersection des droites
(∆ )i i∈ 1,n . Si ε z ≠ 0 , alors S$ est le centre
∆*i
Az i
d'un cercle qui tangente les droites
(∆ )i i∈ 1,n et dont ε z est le rayon.
∆j d Dz j

O ^
( )
S
Les droites ∆ i sont appelées droites ∆i
i∈ 1,n
de hauteurs égales.
∆*j

Fig 25 : Interprération
géométriqued'observations de hauteurs
égales

5.2.a.3 - Précision
Enfin de déterminer λ$ , ϕ
$ et ε$ z avec une
bonne précision, il convient d'observer une
vingtaine d'étoiles bien réparties en
azimuth. Les étoiles observées avec εz
π
Az = ± sont dites horaires, car ce sont
2 dϕ ^
principalement celles qui déterminent la S
longitude.

λ0
O
ϕ cos ϕ d λ
0

Fig 26 : Schéma d'observations d'une soirée de droites de hauteurs égales

Les observations de droites de hauteurs égales sont traitées soit graphiquement, soit par
estimation des moindres carrés. Une estimation par moindres carrés fournit, en plus de λ$ et
ϕ$ , la précision de l'estimation. Intuitivement, nous savons que la qualité de la détermination
dépend de celle des observations, c'est à dire pour chaque étoile i, de Dz i et t TU i :
• l'exactitude des distances zénithales observées Dz obsi dépend de la verticalité de
l'instrument utilisé. D'autre part, si, pour une quelconque raison, l'erreur sur les distances
zénithales ε z n'est pas constant au cours de la soirée d'observations -par exemple parce que
la réfraction est mal modélisée-, alors les Dz obsi semblent anormalement imprécises.

L'imprécision sur les Dz obsi influe sur la qualité de λ$ et de ϕ


$.

V-38 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

• l'imprécision des "prises d'heure" t UTi , c'est à dire indirectement l'imprécision des

angles horaires AH i , influe elle aussi sur la qualité de λ$ et de ϕ


$ . Cependant, remarquons
qu'une erreur systématique δt UT sur les t UTi se traduit exclusivement par une erreur
systématique sur λ% . En effet, dan ce cas, le modèle linéarisé se transforme en:
 366, 2422 
− δDz i + ε z = cos Az i d ϕ + sin Az i cos ϕ  d λ + δt UT 
 365,2422 

Globalement, la méthode des droites de hauteurs égales permet de déterminer λ$ et ϕ


$ avec
une exactitude de 1'' environ.

V-39 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

6 Les système d’unités

6.1 Système fondamental

Le système pratique d’unité de mesure est le Système International d’unité (S.I.), on y


distingue 3 classes d’unités, les unités de base, les unités dérivées et les unités
supplémentaires.

6.1.a Unités de bases

Grandeur Unité Définition Symbole


Longueur Mètre Le mètre est la longueur du trajet m
parcouru dans le vide par la lumière
pendant une durée de 1/299 792 458
secondes (1983)
Masse Kilogramme Le kilogramme est la masse du kg
prototype international du kilogramme
(1901). Ce prototype international en
platine iridié est conservé au Bureau
International des Poids et Mesures
(BIPM)
Temps Seconde La seconde est la durée de 9 192 631 s
770 périodes de la radiation
correspondant à la transition entre
deux niveaux hyperfins de l’état
fondamental de l’atome de cesium 133
(1967)
Intensité de Ampère L’ampère est l’intensité d’un courant A
courant électrique constant qui maintenu dans deux
conducteurs parallèles, rectilignes de
longueur infinie, de section circulaire
négligeable et placés à une distance de
1 mètre l’un de l’autre dans le vide
produirait entre ces conducteur une
force égale à 2.10-7 newton par mètre
de longueur (1948)
Température Kelvin Le kelvin est la fraction de 1/273.16 de K
thermodynamique la température thermodynamique du
point triple de l’eau (1967)
Quantité de Mole La mole est est la quantité de matière mol
matière d’un système contenant autant d’entités
élémentaires qu’il y a d’atomes dans
0.012 kg de carbone 12 (1971).

V-40 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

Grandeur Unité Définition Symbole


Intensité lumineuse Candela La candela est l’intensité lumineuse, cd
dans une direction donnée, d’une source
qui émet un rayonnement
monochromatique de fréquence
540.1012 hertz et dont l’intensité
énergétique dans cette direction est de
1/683 watt par stéradian (1979)

6.1.b Unités dérivées


Elles sont formées par combinaison des unités de base à l’aide de relations algébriques liant
les grandeurs correspondantes

6.1.c Unités supplémentaires

Grandeur Unité Définition Symbole


Angle plan radian Le radian est l’angle plan compris entre rad
deux rayons, qui sur la circonférence
d’un cercle, interceptent un arc de
longueur égale à celle du rayon.
Angle solide stéradian Le stéradian est l’angle solide qui ayant sr
son sommet au centre d’une sphère,
découpe sur la surface de cette sphère
une aire égale à celle d’un carré ayant
pour coté le rayon de la sphère.

6.2 Système UAI d’unités astronomiques

6.2.a Unités astronomiques


Grandeur Unité Définition Symbole
Longueur Unité Demi grand axe d’une orbite que ua
astronomique décrirait autour du soleil une planète
de masse négligeable, non perturbée,
dont le moyen mouvement est égal à k
radians par jour, k étant la constante
de Gauss (1938)
Temps Jour Un jour égale 86400 s SI d
Masse Masse du Masse du soleil S
soleil

V-41 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003


ASTRONOMIE

6.2.b Constantes astronomiques


Constantes de définition Symbole valeur (IERS1992)
Constante de Gauss k 0.017 202 098 85 rad/jour
Vitesse de la lumière C 299 792 458 m.s-1

Constantes primaires Symbole valeur (IERS1992)


Temps de lumière pour l’unité de τA 499.004 782 s
distance
Rayon équatorial de la Terre R 6378136.3 m
Facteur d’ellipticité 0.001 082 6362
géopotentiel de la Terre en J 2
Constante géocentrique de la GM 3.986 005 1014 m3 s-2
gravitation
Constante de la gravitation G 6.67259.10-1 1 m3kg-1 s-2
Constante de précession par p 5 029’’ .0966 (secondes de degré)
siècle julien pour J2000
Obliquité de l’ecliptique pour ε0 23°26’21’’.448
J2000
Vitesse angulaire moyenne de ω 7.292115 10-5 rads-1
rotation de la Terre
Constantes dérivées et Symbole valeur (IERS1992)
relations
Unité de distance astronomique A=CτA 1.495 978 7061.101 1 m
Constante héliocentrique de GS=A3k 2d-2 1.327 124 40 .1020 m3 s-2
gravitation
Masse du soleil S=GS/G 1.9891.1030kg
Rapport de la masse du Soleil à GS/GM 332946.045
la masse de la Terre
Rapport de la masse de la Lune s µ 0.012 300 034
à la masse de la Terre

V-42 Didier BOUTELOUP / ENSG / 2003

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