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tous temps, les hommes se sont adonnés à la drogue. Mais l’usage de la drogue dans
les société traditionnelles obéissait à certaines règles : il y avait une distinction entre
les drogues douces à usage quotidien, qui ne bouleversaient pas la façon de vivre, et
les plantes sacrées consommées lors de cérémonies rituelles, dont l’accès était limité et
l’usage contrôlé.
L’objectif poursuivi est de lutter contre la souffrance, et ces nouvelles substances sont
destinées avant tout à un usage médical et chirurgical. Mais les déviances arrivent
aussitôt. Exemple : la coca. L’usage de la coca à des fins religieuses et rituelles remonte
à -2500 avant JC environ (Amérique centrale et Caraïbes), actuellement il accompagne
les rites de la vie dans les populations indiennes des Andes.
Freud, dans son essai de la coca (1884) parle des vertus médicinales de la coca contre
l’asthme, comme anesthésique et comme moyen de lutte contre d’autres toxicomanies.
Dans un nouvel essai intitulé " cocaïnomanie et cocaïnophobie ", 3 ans plus tard, il
revient sur ses positions et constate les dangers de la cocaïne (lui même en a fait
usage). Fin 19ème siècle, la cocaïne est en vente libre aux USA dans les pharmacies.
En 1886, naît le coca cola, mélange de cocaïne, caféine, et noix de coca mêlé à l’eau et
au gaz carbonique. Puis sont venus les restrictions et interdits.
Une distinction se fait entre les drogues licites (tabac, alcool, et produits
pharmaceutiques) et les drogues illicites soumises à une prohibition générale. Les
premières, les bonnes drogues produites par l’hémisphère nord, inondent le marché
(nord et sud), et sont contrôlées par les puissances multinationales.
- En France :
Tabac : est la cause directe de 60 000 décès / an (chiffre qui va évoluer très rapidement
en raison de l’âge de plus en plus jeune de l’initiation). Alcool : 35 000 décès/an ·
consommation de médicaments psychotropes.
- Un phénomène nouveau :
En France, avec ou sans transfert par les Pays Bas, les asiatiques savent fabriquer la
poudre d’héroïne, et la conditionner sous forme de granulés (poudre + caféine ). on ne
trouve plus de brown sugar/trafic en Asie.
Les grossistes monnayent ces granulés aux trafiquants, qui à leur tour ajoutent caféine
ou autres excitants avant de les revendre à des dealers. 1 kg de produit peut être
multiplié 30 fois. Le paiement de ces opération suit une autre filière, avant intervention
de banquiers plus ou moins scrupuleux. La France est touchée par la filière asiatique,
car la drogue est liée à des raisons historiques. Les anglais, eux, ont à lutter contre la
filière pakistanaise. Depuis quelques années, la route des Balkans devient une des
principales voies d’accès de l’héroïne en Europe. Cette filière en provenance du "
croissant d’Or " et de Turquie profite de la désorganisation et de l’affaiblissement de
certains pays.
L’essor considérable du trafic de cocaïne doit beaucoup aux facilités offertes par le
continent sud-américain, tant en matière de zone de production que de circuits de
transport ou de zones de transit :
Si certains états comme le Mexique font depuis quelques années des efforts importants
pour lutter contre le trafic, de nouveaux pays semblent jouer un rôle essentiel dans
l’acheminement de la cocaïne, par exemple : le Guatemala. Mais le phénomène le plus
marquant des dernières années est le rôle de plaque tournante du trafic pris par
l’Afrique.
Les dealers sont le maillon final mais essentiel des filières. Leur objectif est de
développer leur activité en limitant les risques d’interpellation, ce qui explique les
choix d’endroits propices comme certaines rues passantes ou le métro.
- L’argent de la drogue :
Les sommes liées au trafic de drogue sont considérables et les bénéfices se présentent
toujours en espèces. Le problème des trafiquants est de rendre cet argent plus propre,
de le transformer en monnaie scripturale (dépôt sur un compte en banque), de lui
donner une apparence respectable, avant de l’utiliser de façon profitable et sans risque.
On estime que 80% environ du revenu brut des trafiquants peut être considéré comme
profit disponible. Le GAFI, groupe d’action financière international, distingue 3
méthodes principales de blanchiment par le système financier, chaque forme
s’effectuant en plusieurs étapes, simultanées ou successives :
Les billets sont plus souvent pesés que comptés. Le terme de blanchiment tire son
origine des blanchisseries utilisées par Al Capone pour donner une façade légale à ses
multiples activités. Transfert des espèces en monnaie fiduciaire plus propre / achat de
chèques de voyage ou de bons au porteur.
Tous les commerces et services qui réalisent l’essentiel de leur chiffre d’affaire en
liquide (restaurants, discothèques, stations-service, salons de jeu, casinos) sont aussi
des intermédiaires pratiques pour le lavage de l’argent sale. Les casinos font l’objet
d’une surveillance spéciale dans de nombreux pays (utilisation de jetons et de plaques,
possibilité d’utiliser les plaques dans un autre casino ou d’échanger les plaques contre
un chèque de casino. Certains individus douteux peuvent figurer au sein du
consortium, le casino pouvant ainsi jouer un rôle actif.
Une autre méthode consiste à acquérir en espèces des objets précieux : bijoux, métaux
précieux, oeuvres d’art, objets de collection, produits de luxe, etc.
L’exemple de la BCCI illustre aussi la technique de " l’intégration ". Celle-ci consiste à
réintroduire les sommes blanchies dans l’économie en les mélangeant avec des fonds
d’origine licite : double facturation ou surfacturation, prêts apparents à des sociétés
respectables, encaissements de bons anonymes souscrits par des prête-noms. Après
blanchiment, l’argent est recyclé dans des affaires licites. Les trafiquants utilisent
beaucoup la technique du prêt " dos à dos ", qui consiste à obtenir des prêts garantis
par des dépôts d’argent sale dans d’autres agences du même groupe, les banquiers
étant moins regardant pour les remboursements en espèces des prêts.
Ce recyclage s’effectue traditionnellement dans les pays d’origine des trafiquants, dans
les pays industrialisés, mais aussi depuis peu dans les anciens pays de l’Est et
l’Allemagne réunifiée.
Le rôle particulier des banques suisses a été démontré dans un certain nombre
d’affaires récentes, allant jusqu’à provoquer la chute du ministre de la justice Elisabeth
Kopp (affaire de la connexion libanaise).
De même, les USA ont laissé prospérer certains paradis des affaires comme le
Delaware (état du Nord Est des USA), où il n’est pas possible d’obtenir de
renseignements sur les sociétés installées. En Floride se sont développés des
organismes très efficaces pour le recyclage de l’argent sale. Mais le recyclage de
l’argent de la drogue implique surtout de multiples paradis bancaires. En Europe :
Suisse, Luxembourg, Liechtenstein, île de Man, Jersey et Guernesey, Monaco, Andorre,
Gibraltar, le Vatican. En Amérique dans les Caraïbes, Bermudes, Bahamas, Caïman,
Jamaïque, Panama... En Asie pacifique : Hong-Kong, Macao, Taiwan, Singapour.
De plus en plus, certains pays du tiers monde cherchent à profiter de ce commerce très
lucratif : Nigeria, Panama...Les banques des anciens pays de l’Est se lancent aussi avec
des atouts qui auraient été indéniables (convertibilité). Dans les pays industrialisés,
l’augmentation des contrôles sur les activités bancaires entraîne un déplacement vers
les intermédiaires non bancaires.
Un effort particulier est entrepris contre les produits précurseurs : éther, acétone,
kérosène, permanganate de K pour la fabrication de base de cocaïne, ou anhydride
acétique pour l’héroïne. Douane et police sont fortement impliquées.
En France : levée du secret bancaire, renforcer les règles d’identification des clients,
accroître la vigilance des institutions financières, améliorer la coopération
internationale.