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N° 1
Introduction
Les différences entre les pays sont considérables même si nous verrons
ensuite qu’il y a des points communs et de forts éléments de convergence.
Par exemple, l’Allemagne qui a autrefois connu une tradition de syndicat
influencé par le marxisme a maintenant des syndicats réformistes, en parole
beaucoup plus sage que la CGT française. Et il est vraisemblable que les
syndicats allemands ne pensent pas lutter pour l’abolition du salariat et du
patronat. Malgré ces différences, il y a de très fortes convergences. Da,ns
tous les pays de l’Occident développé et de plus en plus de l’Asie
développée, le droit des relations collectives de travail a progressé suivent
les trois axes suivants.
Premier Axe, la reconnaissance juridique de l’existence d’un intérêts
collectifs des salariés. Cette reconnaissance passe d’abord par la
reconnaissance du droit syndical dans tous les pays. D’autant plus que
maintenant des conventions internationales y contraignent. La
reconnaissance de l’intérêt collectif des salariés conduit aussi, surtout en
Europe continentale à la mise en place d’une représentation élue du
personnel dans les entreprises. En France, en Italie, en Espagne, c’est le
comité d’entreprise ; en Allemagne c’est le conseil d’établissement.
Syndicats et élus des salariés représentent l’intérêt collectif des salariés
suivants des modalités techniques qui sont évidemment très variables d’un
pays à l’autres. Mais l’idée majeure est toujours la même : on va compenser
la faiblesse individuelles du salarié en plaçant les discussions sur un plan
collectif, en abandonnant la fiction de l’égalité des volontés privées.
Une fois que l’intérêt collectif des salariés a été reconnu, c’est la
reconnaissance du droit de grève comme moyen de promouvoir cet intérêt et
dans tous les pays on trouve la même évolution. Au début, les syndicats sont
interdits et puis on a un processus de légalisation progressive. Et, en France,
à partir de l’interdiction initiale, interdiction posée par la loi Le Chapelier (Loi
des 14 et 17 Juin 1791), le droit de grève a évolué mais on retrouve la même
évolution ailleurs suivant deux étapes : 1864, c’est l’abrogation du délit de
coalition , le droit de grève cesse d’être un délit pénal qu ‘elle était depuis
1791 et 1946 c’est la prescription du droit de grève dans le préambule de la
Constitution. La grève va alors cesser d’être une faute civile. Mêmes étapes
dans de nombreux pays même si la reconnaissance du droit de grève n’est
pas toujours aussi net qu’en France. Par exemple, aux Etats-Unis, c’est une
loi fédérale, ce n’est pas la Constitution qui reconnaît le droit de grève.
L’opinion commune, en toutes hypothèses, sait que le droit de grève
constitue dorénavant un élément essentiel de l’Etat de droit et une facette
irremplaçable de la démocratie. Un auteur responsable de la CGT a qualifié la
grève de droit naturel, c’est une formule curieuse parce que les théories du
droit naturel se conjuguent à priori assez mal avec l’influence du marxisme
mais elle est significative, on est passé de l’interdiction à la protection avec
la consécration d’une exception évidente au principe de la force obligatoire
du contrat, le droit de grève c’est le droit dans certain cas de ne pas exécuter
des contrats pourtant déjà conclu, le droit de grève a connu un complet
reversement de perspectives depuis le 19ème siècle.
Troisième axe, la reconnaissance de l’autonomie collective. La notion
d’autonomie collective est évidemment plus complexe que celle d’intérêt
collectif du salarié ou encore a fortiori de grève. Elle est transposée de l’idée
d’autonomie de la volonté dans le contrat. De même qu’on parle d’autonomie
de la volonté pour le contrat individuel, un parle d’autonomie collective pour
évoquer la possibilité pour les représentants des salariés, en générale les
syndicats, de conclure des accords collectifs qui vont régir la collectivité
représentée. Ça sera souvent la branche professionnelle, on conclut une
convention collective dans une branche professionnelle : la chimie, la
métallurgie, peu importe. Le syndicat s’entend alors avec un groupement
d’employeurs ou bien autres possibilités, le syndicat s’entend avec
l’employeur et c’est alors le personnel de l’entreprise qui est représenté.
L’autonomie collective, c’est la capacité de la collectivité à créer des normes
qui vont la régir. Il y a autonomie puisque ce n’est pas l’état qui décide mais
ce n’est pas une autonomie individuelle, l’accord n’est pas laissé à
l’appréciation des personnes, prises individuellement. Cette idée se
rencontre dans tous les pays développés : on parle de « contractation » en
Italie, de collectif Bargening aux Etats-Unis. L’exception au principe de l’effet
relatif du contrat que comporte la convention collective est ainsi partout
reconnue. Les techniques qui ont été élaborées en droit du travail se sont
développées dans d’autres branches du droit et s’il est un domaine sur lequel
le droit du travail exerce une influence c’est celui des relations collectives. La
loi Valdec Rousseau, qui a légalisé les syndicats en 1884 visait toutes les
formes de syndicats sans distinguer entre les syndicats ouvriers et les
syndicats d’intérêts commerciaux ou industriels. Et pendant longtemps, la
catégorie juridique du syndicat recouvre ainsi deux activités différentes :
l’une revendicative, l’autre exprimant par tous les moyens d’influence les
intérêts d’un groupe de pression économique. Progressivement, certains
syndicats de travailleurs indépendants ont aussi affirmé une identité
collective revendicative : syndicats d’agriculteurs, de médecins, d’avocats.
Maintenant, nous sommes arrivés à ce paradoxe que les travailleurs non
salariés sont sans doute plus syndiqués que les salariés. Comme le syndicat
revendicatif qui concerne maintenant des professions très au delà du travail
salarié, la convention collective gagne du terrain. Au delà du droit du salariat,
il y a maintenant des conventions collectives en matières de bail, certains
associations de bailleurs peuvent conclure des conventions collectives avec
des associations de locataires. Il y a de même des conventions collectives en
matière d’honoraires médicaux entre les syndicats de médecins et la sécurité
sociale. On a même signalé une convention collective conclue par les
compagnies d’assurances avec les représentants des agents commerciaux
d’assurance qui ne sont pas des salariés mais des professionnels
indépendants.
Pourquoi en est-il ainsi ? Sans doute parce que le droit du travail été la
première branche du droit à admettre l’existence de conflits durables entre
des intérêts légitimes. Il y a la figure traditionnelle du procès, la victime et le
coupable. Et puis,il y a une autre vision qui appelle aussi une régulation
juridique, il y a aussi des conflits entre intérêts légitimes comme par
exemple, les intérêts de l’employeur et les intérêts des salariés. Le droit du
travail confronté à ce conflit d’intérêts a trouvé des solutions pour y
répondre. Or, dans une société de plus en plus complexe, les conflits entre
intérêts légitimes se sont multipliés. Les conflits par exemple entre les
agriculteurs et les ostréiculteurs ; si les agriculteurs élèvent des porcs
comme ils veulent, on ne peut plus élever des huîtres dans la rivière… C’est
pourquoi les autres branches du droit sont venues à emprunter les
techniques du droit du travail si on excepte le droit de grève qui constitue en
quelque sorte, la contrepartie du rapport de subordination. Les rapports
collectifs de travail naissent de la chose la plus spontanée qui soit : la grève.
La grève a toujours été interdite jusqu’à une époque récente ; au regard de
l’histoire humaine, il y toujours eu des grèves. Pour y trouver une solution,
pour répondre aux conflits qui naissent, l’employeur doit trouver à la longue
des interlocuteurs. La récurrence des conflits collectifs de travail engendre
ainsi des institutions de représentation des salariés. La discussion entre
employeurs et représentants des salariés est organisée par le droit à la
négociation collective qui définit le régime de l’accord, le cas échéant réalisé
par la négociation, la convention collective.
Avant d’être du droit, la grève est un fait. Le mot grève vient de l’Ancien
Régime. La navigation fluviale constituait avant la Révolution, un moyen de
transport essentiel et lorsque les débardeurs parisiens, les dockers si on
veut, refusaient les tarifs proposés par les marchands, ils se croisaient les
bras en plage de grève. Il y avait à l’époque une sorte de plage au bord de la
Seine où l’on déchargeait les bateaux et où les dockers se croisaient les bras
en plage de grève pour manifester le refus de salaire trop bas. De là vient
l’expression faire la grève, la grève dans ce cas c’est un refus collectif de
contracter et non une inexécution du contrat. Les historiens constatent
l’existence de grèves dès qu’il y a des concentrations d’hommes réunis par le
travail subordonné. Ainsi, dans la première industrie textile de la Flandre
médiévale, ou de l’Italie médiévale, tous le pays ont à un moment interdit la
grève et tous y ont échoué. Si bien que s’il y a une chose qu’on peut prédire
c’est que la Chine qui pour l’instant interdit le droit de grève sera amenée à
la légaliser dans les années qui viennent avec le développement
économique. En France aussi, la grève a longtemps été perçu par les juristes
comme un phénomène anti-juridique parce qu’elle conduite la plupart du
temps à une inexécution volontaire du contrat de travail. Et puis,
progressivement, le droit de grève est devenu une liberté publique
fondamentale.
Première étape, c’est la loi Le Chapelier, loi des 14-17 Juin 1791 qui
réprime le délit de coalition. La grève est interdite au même titre que les
groupement d’employeurs et de salariés. C’est une interdiction globale de la
grève et du syndicat. Et du reste, la coalition de salariés est frappée de
sanctions pénales plus lourdes que la coalition d’employeurs. Il y a une
dissymétrie dans les peines encourues.
Deuxième étape, c’est la loi du 25 Mai 1864 qui a été adopté sous
l’empire libéral. Il y a, comme vous le savez, dans le second empire, 2
phases : une phase dite autoritaire et une phase libérale qui en fait est
l’occasion d’une première naissance ou renaissance du droit du travail. La loi
de 1864 abroge le délit de coalition. La grève cesse donc d’être un délit pénal
et à la place de la répression des coalitions, on institue une incrimination
p)lus restreinte, c’est le délit d’atteinte à la liberté du travail qui figure
encore aujourd’hui dans le code pénal. La grève est ainsi tolérée dans le
secteur privé : si on fait grève on ne va pas en prison. Mais elle demeure une
faute civile qui permet à l’employeur de prendre acte de la rupture du fait du
salarié. Celui qui fait grève pour ainsi dire démissionne. La grève en revanche
est interdite aux fonctionnaires sur le fondement du principe de continuité du
service public et encore dans les années 20 ,ou30, l’agent public qui fait
grève s’expose à la révocation.
N°3
A) L’objet de la grève :
a) La grève de solidarité :
B) La forme de la grève :
La grève dans le secteur privé n’est soumise à aucun préavis. Sans doute, en
théorie, à lire certains arrêts, il semble que les employeurs doivent avoir au
préalable connaissance des revendications professionnelles. Mais, en réalité
il n’y a pas d’exemple qu’un débrayage inopiné, suite par exemple à un
incident comme un accident du travail ait été déclaré illicite. Et il est douteux
qu’une grève spontanée comme il y en avait dans les années 1970, du genre
des révoltes d’OS, d’ouvriers spécialisés qui travaillaient sur des chaînes de
montage.soit jugée illicite. En présence d’une telle situation, l’employeur est
d’ailleurs trop content de trouver les syndicats pour transformer la révolte en
revendication. A défaut de préavis légal, la convention collective peut en
stipuler un à condition que la durée du préavis ne soit pas de nature à faire
disparaître le droit de grève. Surtout, les clauses conventionnelles de préavis,
si elles lient le syndicat signataire, sont inopposables aux salariés pris
individuellement. Donc, si un syndicat s’engage dans une convention
collective à respecter un préavis avant de faire grève, il est certainement lié
par sa signature mais les salariés couverts par la convention collective ne le
sont pas parce que le droit de grève qui est constitutionnellement reconnu
aux salariés, ne peut, d’après la Cour de Cassation, être limité que par la loi.
Le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois qui le réglemente. Ainsi,
l’intérêt pratique des clauses de préavis est assez faible. En l’absence de
texte légal qui précise la forme que doivent revêtir les arrêts de travail pour
être une grève, telle ou telle modalité ne peut pas être considéré en principe
comme un abus du droit de grève. En principe, sont ainsi licites en principe
les débrayages brefs et répétés, de même la grève tournante n’est pas
interdite (grève par laquelle les salariés de l’entreprise font grève à tour de
rôle), les grèves bouchon sont tout à fait concevables (un service clé bloque
l’entreprise en arrêtant le travail) et enfin les grèves minoritaires, rien en
droit français ne requiert que la grève soit un mouvement majoritaire.
De nombreuses formes de grèves sont licites. Mais, une autre chose est que
les modalités de la grève soient très précisément calculées pour bloquer
l’entreprise alors que seule une minorité de salariés se déclarent
officiellement grévistes. Les autres qui sont en fait impliqués dans le
mouvement se prétendent non grévistes. Les salariés non grévistes dans ce
cas peuvent se cotiser pour indemniser les quelques grévistes qui bloquent
l’entreprise et ça fait une grève qui ne coûte rien aux salariés, les stratégies
syndicales des années 1970 ont parfois abusé du libéralisme de la
jurisprudence pour organiser ainsi des grèves à l’économie tout en plaidant
curieusement pour le droit des non grévistes d’être rémunérés. Dans les pays
étrangers, le syndicat se désintéresse totalement du sort des non grévistes ;
ils ne font pas grève, que l’employeur en fasse ce qu’il veut : qu’il les paye
ou pas les fasse travailler ou pas ça ne nous regarde pas. Ces stratégies de
grève à l’économie, on organise une grève bouchon et ceux en réalité qui
sont parties prenantes du mouvement se présentent comme non grévistes,
ces stratégies se sont retournés contre le droit de grève et ont alimenté la
tendance jurisprudentielle à la disqualification des grèves. D’un côté, en
principe, la grève est licite quelque soit sa forme mais d’un autre côté, il y a
une tendance en jurisprudence à la disqualification des grèves.
Les arrêts qui disqualifient les grèves emploient une terminologie flottante.
Tantôt, les tribunaux condamnent un mouvement en disant qu’il ne s’agit pas
d’une grève mais d’une exécution du travail dans des conditions
volontairement défectueuses. C’est le vocabulaire qui est employé à propos
des grèves perlées mais ce vocabulaire est aussi appliqué parfois par des
arrêts à des arrêts de travail brefs et répétés, ceux qui ont fait grève cinq
minutes toutes les heures et que les machines ont besoin d’une heure pour
chauffer, en pratique on ne travaille plus du tout. Ou encore des grèves
tournantes. D’autres arrêts au lieu de parler d’exécution du travail dans des
conditions volontairement défectueuses parlent de grèves abusives ou
encore de désorganisation de la production de l’entreprise. Les
conséquences tirées sont d’ailleurs à peu près les mêmes quel que soit le
vocabulaire employé : grève abusive, non grève. Et le fondement de la
disqualification des grèves est aussi flottant que la terminologie.pourquoi est
ce qu’un mouvement qui peut sembler abusif sera disqualifié, traité comme
une grève abusive ou une non grève (une exécution volontairement
défectueuse du contrat de travail) ? est ce qu’il s’agit de condamner
l’intention de nuire comme on l’a dit parfois ? Mais la grève est un conflit et
dans ce conflit, les salariés cherchent par définition à faire céder l’employeur
en lui nuisant. Alors comment distinguer la grève avec intention de nuire
avec la grève sans intention de nuire puisque la grève est un droit de nuire ?
Est ce qu’il s’agit d’une application du principe de proportionnalité ? Le
principe de proportionnalité consiste à mettre en balance les intérêts. Est ce
qu’on doit alors rapporter les pertes salariales des grévistes (l’argent perdu
par les grévistes du fait de la grève) et les pertes de l’entreprise du fait de la
grève ? Mais il n’est pas certain qu’on puisse faire ça car il n’y a pas
ordinairement de rapport entre les gains des salariés et les gains de
l’entreprise. Donc, le raisonnement fondé sur ce que perdent les uns et les
autres n’est pas plus solide. Peut être cependant, la recherche d’une
proportionnalité entre la perte de travail subit par l’entreprise et la perte de
salaires subis par les grévistes auraient une signification. La grève doit être
une grève franche, si on fait grève une heure l’entreprise ne perd qu’une
heure de travail, si la grève est organisée de telle façon qu’en faisant grève
un quart d’heure, l’entreprise perd trois heures de travail, peut être qu’on a
une disproportion qui doit être prise en compte par les tribunaux. Au total, la
question est marquée par une très forte insécurité juridique et l’incertitude
prévaut quant à la licéité de certaines formes de grève. Peut être cette
incertitude résulte t’elle du rôle en définitive assez restreint que joue en
France la grève dans les relations professionnelles. Parce qu’en dehors des
transports publics et des musée, il n’y a en France presque plus de grèves
dans le secteur privée et au fond, on arrive ainsi à s’accommoder d’une
frontière un tout petit peu mouvante et impalpable.
N°4
Le droit de grève est protégé mais la protection du droit de grève que nous
verrons dans un section 1 , n’empêche pas le développement de ripostes
patronales (section 2). L’occupation éventuelle des locaux de travail par les
grévistes soulève des difficultés très spécifiques que nous envisagerons dans
une section 3.
Le titre de cette section peut sembler un peu paradoxal parce que, bien
entendu, celui qui fait grève prend des risques. D’ailleurs, il n’y a pas de
protection pénale du droit de grève. Seule est pénalement sanctionné la
récupération illicite des jours de grève (l’employeur ne peut pas imposer aux
grévistes d’accomplir après coup les heures de travail qu’ils n’ont pas fourni
du fait de la grève Art R263-1 du code du travail). D’autre part, est parfois
sanctionné le licenciement des grévistes lorsqu’aux vue de ses
conséquences, l’opération peut s’analyser en mesure qui tend à la
destruction de la section syndicale (C. Criminelle 15 Décembre 1981 Juris
sociale 82 Feuillet 22). Mais cette protection pénale est tout à fait
exceptionnelle, le gréviste est parfois licencié ou sanctionné. Il connaît
souvent des retards de carrière. Malgré tout, sa protection juridique a fait des
progrès.
D’après l’article L521-1 du code du travail qui résulte d’une loi du 11 Février
1950, la grève suspend le contrat de travail, donc elle ne le rompt pas. Le
droit de grève est le droit d’imposer à l’employeur comme moyen de
pression l’inexécution provisoire du contrat et c’est précisément pour cela
que la récupération des heures perdues du fait de la grève est interdite par
l’article L212-2-2 du code du travail. L’employeur, sauf s’il y a faute lourde du
salarié ne peut pas prendre argument de la grève pour licencier. C’est
pourquoi la définition de la grève est si importante. Si le mouvement n’est
pas qualifié de grève, toute faute peut être sanctionnée. C’est pourquoi
aussi, la distinction entre la grève licite et la grève illicite est si importante
parce que la jurisprudence décide que la seule participation à une grève
illicite constitue une faute lourde, ce qui autorise l’employeur à licencier.
Pendant la grève, le contrat de travail est suspendu et le pouvoir disciplinaire
de l’employeur est suspendu. Ainsi, l’employeur ne peut pas frapper de
sanctions des fautes inférieures à la faute lourde (C. Sociale 16 Décembre
1992 Droit Social 93 P.291). pourquoi est ce que le pouvoir disciplinaire de
l’employeur est suspendu ? Il semble que l’idée de suspension du contrat de
travail n’est pas suffisante pour justifier cette suspension du pouvoir
disciplinaire. En effet, en dehors du cas spécifique des conflits du travail, de
la grève, la suspension du contrat de travail par la maladie ou par toute autre
raison ne fait pas disparaître toutes les obligations contractuelles du salarié.
Un salarié dans le contrat de travail suspendu peut commettre une faute
disciplinaire, par exemple en divulguant des informations confidentielles sur
l’entreprise et il peut à ce titre être sanctionné. Ordinairement, la suspension
du contrat de travail ne suspend pas le pouvoir disciplinaire. Il faut donc
admettre l’existence d’une sorte de droit au conflit. Ce droit au conflit
autorise, en cas de grève, des comportements qui ne sont pas admis en
temps ordinaires. Par exemple, des critiques vis à vis de l’employeur, une
agressivité verbale qui ne serait pas du tout admissible en période autre
qu’une période de grève. Le droit de grève couvre un peu plus que
l’inexécution du contrat, c’est le principe qui peut s’induire du fait que
l’employeur ne peut licencier qu’en cas de faute lourde.
Il arrive mais c’est très rare que le gréviste ait le droit d’être payé quoiqu’il
n’ait pas fourni bien évidemment de prestation de travail. Tel n’est, bien
entendu, pas le cas du gréviste qui demande une augmentation de salaire ou
plus largement une amélioration de sa situation, quelque légitime ces
demandes puissent sembler. En effet, lorsqu’il y a une grève normale, avec
des revendications, la créance de salaire naît de l’accomplissement de la
prestation de travail. Le contrat de travail est un contrat synallagmatique :
s’il n’y a pas de prestations de travail, bien qu’il ne s’agisse bien sûr pas
d’une sanction disciplinaire, le fait que le salarié ne travaille pas le prive du
droit au salaire. La perte de salaire se fonde sur la réciprocité des obligations
née du contrat synallagmatique. Mais précisément, les contrats
synallagmatiques sont aussi ceux qui donnent lieu à l’exception
d’inexécution. Lorsque les salariés se sont retrouvés dans une situation telle
qu’ils ont été contraints de cesser le travail pour faire respecter leurs droits
essentiels, lorsqu’ils ont été directement lésés par un manquement grave et
délibéré de l’employeur à ses obligations, l’employeur peut être condamné à
payer aux grévistes une indemnité compensant la perte de leurs salaires (C.
Sociale 20 Février 1991 Droit social 91 P.315 Conclusion Vaquet Note
Savatier). La chambre sociale a dégagé une solution de cet ordre en cas de
non paiement des salaires à l’échéance normale. Les salariés ne sont pas
payés, ils font grève pour être payés et ils peuvent obtenir le paiement des
jours de grève devant le juge. La solution serait à mon avis aussi valable si
les salariés faisaient grève pour obtenir le respect de règles d’hygiène et de
sécurité dans l’entreprise que l’employeur a bafoué. Le fondement de cet
exception, à mon avis , se trouve dans le droit commun des contrats
synallagmatiques : la grève qui est faite pour contraindre l’employeur à
exécuter ses obligations se confond avec l’exception d’inexécution. Or, en
droit commun, celui qui invoque l’exception d’inexécution peut également
solliciter des dommages et intérêts dont le montant, en l’occurrence est
simplement calculé d’après le montant des salaires perdus.
N°5
L’employeur ne peut pas lock outer mais il peut en revanche dans certaines
conditions supprimer une prime d’assiduité, et en cas de faute lourde,
prendre des sanctions.
1) Prime d’assiduité :
Depuis une loi du 17 Juillet 1978, l’article L521-1 al2 du code du travail
dispose que l’exercice du droit de grève ne saurait donner lieu de la part de
l’employeur à des mesures discriminatoires en matière de rémunération ou
d’avantages sociaux. Les primes anti grève, les primes que l’on touche si l’on
a pas fait grève paraissent par conséquent illégales. Cependant, la
jurisprudence a continué d’admettre la licéité de la suppression des primes
d’assiduité. L’institution de primes d’assiduité fournit ainsi à l’employeur un
moyen détourné de sanctionner les grévistes sur le plan financier. Toutefois,
pour être licite, ces primes ne doivent pas établir de distinction entre les
absences du fait de la grève et d’autres catégories d’absence qui seraient
considérées comme des absences autorisées. Si la prime est discriminatoire
ou si elle traite moins bien les grévistes que d’autres absents, le juge
ordonnera son versement aux grévistes. Et donc, la stipulation de la prime
d’assiduité sera tout à fait inefficace. La prohibition des sanctions pécuniaires
rend difficile la suppression d’autres primes. Et pour la même raison, la
réduction de salaire ne peut pas excéder le montant de la rémunération qui
correspond à l’arrêt de travail. On ne peut pas défalquer du salaire des
grévistes un temps de non travail plus long que le temps strict de l’arrêt de
travail.
Pendant longtemps, dans les années 50-60, les actions en justice contre les
salariés, contre les syndicats exercées par des employeurs à la suite des
grèves sont demeurées exceptionnelles. Puis, elles se sont multipliées à la fin
des années 70, aussi bien sur le plan civil que sur le plan pénal.
2) Responsabilité pénale :
Bien entendu, les crimes et les délits de droit commun n’appellent pas de
remarques particulières sauf pour souligner quand dans les grèves, les
plaintes sont souvent réciproques. Elles deviennent ensuite des instruments
de négociation. L’employeur porte plainte contre les grévistes, les grévistes
de leur côté portent plainte contre telle ou telle irrégularité qu’a commis
l’employeur et puis ces plaines se marchandent et à la fin lorsque le conflit
est réglé, chacun retire ce qu’il a déposé.
L’article L231-1 du code pénal réprime cependant le délit d’atteinte à la
liberté du travail. C’es le délit qui a été institué en 1864 à la place du délit de
coalition abrogé à ce moment. La Cour de Cassation interdit cependant aux
employeurs de se prévaloir de l’atteinte à la liberté du travail des non
grévistes. Dès lors du moins que les employeurs n’ont subi à titre personnel
aucune entrave à leur liberté de circuler, de travailler… En effet, par l’article
L431-1 du code pénal « la loi protége les personnes en tant que travailleurs
et non pas en tant qu’employeurs ». donc si l’employeur lui même se voit
interdit de rentrer dans l’entreprise, il subit une atteinte à sa liberté de travail
en tant que personne, il peut porter plainte mais si l’employeur est libre de
ses mouvements et que ce sont des salariés non grévistes qui subissent des
atteintes, il faut que ces salariés portent plainte eux-mêmes.
N°6 :
L’occupation des locaux par les grévistes est une tradition française, il y a eu
une grande occupation des entreprises en 1936, il y en eu une autre en 1968
et les explications sociologiques que l’on peut proposer pour expliquer cette
tradition qui ne se rencontre pas partout sont multiples.
Première explication insuffisante mais sans doute pas entièrement fausse
c’est la faiblesse du droit de grève qui entraînerait une réaction par
l’occupation par ce que la grève à elle seule est peu dissuasive.
Deuxième élément d’explication, il est possible que l’idéologie de
l’appropriation collective des moyens de production qui a marqué le
mouvement syndical français dont une partie était favorable par exemple
aux nationalisations joue un certain rôle mais peut être au bout du compte la
tradition de l’occupation trouve son origine dans la tradition de la jacquerie,
les salariés français sont d’origines rurales souvent pas très éloignés or il y a
en France une tradition de la jacquerie qui culmine avec la prise des château
par les paysans lors de la grande peur de 1189. En GB la main d’œuvre est
majoritairement d’origine urbaine, c’est une main d’œuvre qui a été chassée
il y a très longtemps des campagnes par les mouvements des enclosures,
cette main d’œuvre est tenue en respect par un droit qui ne tolère pas
l’atteinte aux biens. En France la main d’œuvre est majoritairement d’origine
rurale et y compris la main d’œuvre d’origine française et elle garde en
mémoire la tradition d’utilisation collective de l’espace du village.
L’occupation des lieux de travail est ordinairement peu destructrice si l’on
accepte le procédé du désespoir qui est très récent et qui consiste à menacer
de détruire l’usine ou de polluer l’environnement en cas de fermeture de
l’établissement. Il faut d’ailleurs sans doute distinguer deux types
d’occupations, l’une qui a pour but de rendre la grève plus efficace et l’autre
qui constitue un moyen de préserver l’emploi dans un cite menacé. On a vu
parfois des occupations d’usines arrêtés, durer des années dont quelques
ouvrier occupent une usine dans un espoir d’un redémarrage et à la fin le
plan de redémarrage reconnaît une priorité d’embauche aux occupants par
ce qu’ils ont entretenu les locaux, l’occupation pour l’emploi c’est une
situation très particulière dont dépend parfois le sort d’une région, d’une
petite ville et elle bénéficie alors d’une solidarité de tous les milieux sociaux
et de tous les bords politiques. Il en va tout à fait autrement de l’occupation
qui ne tend qu’à occuper un mouvement de grève.
A) Principe d’illicéité de l’occupation
B) Procédure d’expulsion
N° 7 :
Section 1er : Les règles qui sont communes à tous les services publics
C) Possibilité de réquisition
N° 8 :
A) le pouvoir de réglementation
Est-ce que la réglementation doit avoir lieu par la loi ou est ce qu’elle peut
procéder d’une intervention du pouvoir réglementaire, c’est là en fait la
question. Le préambule de la constitution de 1946 évoque la réglementation
du droit de grève par la loi, en effet la reconnaissance du droit de grève ne
saurait avoir pour effet de faire obstacle au pouvoir d’apporter à ce droit les
limitations nécessaires en vu d’assurer la continuité du service public, les
limitations peuvent aller jusqu’aux interdiction du droit de grève aux agents
dont la présence est indispensable pour assurer le fonctionnement des
éléments du service dont l’interruption porterait atteinte aux besoins
essentiels du pays, c’est ce que décide le CC dans une décision du 25 juillet
1979. Sous le contrôle du CC il est ainsi absolument certain que la loi peut
limiter le droit de grève ou en priver certaines catégories d’agents. Le conseil
a par exemple jugé que le service minimum ne saurait correspondre à
l’intégralité du service normal. Mais la jurisprudence du CE dit une chose un
peut différente depuis CE 17 juillet 1950 Dehaene, le CE admet la possibilité
pour l’autorité hiérarchique de réglementer le droit de grève à défaut de loi.
Le principe posé par le CE apparaît discutable au regard de la jurisprudence
du CC. La constitution paraît réservée à la loi, le pouvoir de limiter le droit de
grève. Suivant le CE les chefs de services peuvent limiter le droit de grève
pour assurer le service minimum indispensable sous le contrôle du juge
administratif mais un jour ou l’autre il faudra que la question soit posée et
tranchée de savoir si ce pouvoir réglementaire est bien compatible avec la
lettre de la constitution, il est vrai qu’au moment où a été rendu l’arrêt
Dehaene le droit constitutionnel était dans un état tout à fait différent de ce
qu’il est maintenant. En tout cas l’existence d’un pouvoir de réglementation
conduit à l’édiction de réglementation
B) Le pouvoir de réglementation conduit à l’édiction de réglementation
N° 9 :
N° 10
N° 11 :
C’est le préambule de 1946 qui pose le principe auquel fait écho l’article L
411-5 du code de travail « Tout homme peut adhérer au syndicat de son
choix » et la France a bien entendu ratifié plusieurs conventions
internationales qui consacre la même liberté.
L’atteinte à la liberté d’adhésion est pénalement sanctionnée c’est l’article L
412-2 du code du travail qui prohibe la prise en considération de
l’appartenance syndicale pour arrêter les décisions en matière de gestion du
personnel quel qu’elle soit avec les peines délictuelles qui sont fixées à
l’article L 481-3 du code du travail.
Il y a un second délit qui vient compléter l’article L 412-2 c’est le délit
d’entrave à l’exercice du droit syndical de l’entreprise que prévoit l’article L
481-2 du code du travail, donc la loi réprime à la fois la discrimination à
l’encontre des syndicalistes et l’entrave à l’exercice du droit syndical.
Ces sanctions pénales sont complétés par la nullité des mesures
discriminatoires, Depuis très longtemps la discrimination engage la
responsabilité civile de l’employeur mais la responsabilité civile répare sans
remettre les choses en état, les activités syndicales figurent à l’article L 122-
45 du code du travail parmi les éléments sur lesquels il est interdit à
l’employeur de se fonder pour prendre une mesure défavorable à un salarié.
Tout acte contraire est nul de plein droit, d’après la loi par exemple le salarié
licencié en raison de ses activités syndicales a droit à la réintégration dans
l’entreprise Sociale 10 mars 1999.
En matière de discrimination, l’une des difficultés très fréquente est celle de
la preuve, la preuve de la discrimination en l’occurrence a été facilité par le
nouveau 4ème alinéa du texte « en cas de litige le salarié présente des
éléments de fait laissant supposer l’exercice d’une discrimination » donc il ne
doit pas rapporter la preuve complète d’une discrimination, il doit
simplement rendre celle-ci plausible et il incombe ensuite à l’employeur de
prouver que sa décision est justifiée par des éléments objectifs étrangers à la
discrimination.
Mais à coté de la liberté syndicale positive il y a aussi la liberté syndicale
négative qui va protéger la liberté de l’individu le cas échéant contre le
syndicat.
Elle résulte aussi de l’article L 412-2 du code du travail qui a été voté
pendant la guerre froide dans le contexte « l’affrontement entre les forces
ouvrière et la CGT notamment dans le livre Parisien » L’article L 412-2 du
code du travail interdit également la prise en considération de
l’appartenance syndicale en faveur des membres d’un syndicat, il s’agissait
dans l’esprit des promoteurs de la loi de briser le monopole de la CGT dans la
presse parisienne et la tentative à l’époque a fait long feu.
Ainsi un employeur ne peut pas s’engager vis-à-vis d’un syndicat a privilégier
le recrutement des membres de ce syndicat, de même le pré compte par
employeur des cotisations syndicales c'est-à-dire le fait avec l’accord du
salarié l’employeur prélève les cotisations syndicales sur le salaire et le
verse directement au syndicat, ce précompte est interdit par la loi, il est
interdit en droit du travail alors qu’il est admis dans d’autres domaines du
droit par exemple les coopératives agricoles précomptent usuellement les
cotisations syndicales sur les sommes qu’elles versent aux agriculteurs pour
le compte de la FNSEA. Le but de l’interdiction de la prise en considération de
l’appartenance syndicale même en faveur d’un syndicat n’est pas
principalement de lutter contre ce qu’on appelle les syndicats jaunes c'est-à-
dire les syndicats qui dépendent de l’employeur, peut être faut il expliquer
l’expression syndicat jaune vraisemblablement cette expression vient de
l’anglais ou plutôt d’une expression des relations du travail américaine « les
américains l’appelle Yellow doc contract » le contrat par lequel le salarié
s’engage a ne pas se syndiquer , c’est une chose qui est aujourd’hui interdite
en droit USA.
Et c’est d’où vient la couleur.
Le but principal des dispositions qui interdisent la prise en considération de
l’appartenance syndicale en faveur d’un syndicat c’est d’interdire ce qu’on
appelle en Anglais les clauses de sécurité syndicales « L’union security
closer » comme « l’union shop et le close shop » De quoi s’agit-il ?
Le « Closer shop » littéralement ça veut dire boutique fermée ou atelier
fermé, c’est la clause d’un accord collectif par lequel l’employeur s’engage à
ne recruter que des salariés syndiqués.
« L’Union Shop » c’est la clause par laquelle l’employeur s’engage à
embaucher que sous condition d’adhésion a bref délai du salarié au syndicat.
Par exemple en droit USA lorsqu’il y a une clause d’Union Shop le salarié est
embauché sous des conditions de rejoindre le syndicat dans un délai d’un
mois.
Les clauses d’Union Shop sont licitées au USA, L’union shop et le closer shops
sont licites en GB quoi que les évolutions législatives récentes soient dans le
sens de leurs restrictions et l’ensemble des pays influencés par le coman Law
s’inscrit dans la même tradition.
Il y a là évidemment une différence de perception par rapport à la notre, les
Anglo-saxon ne voient pas dans les clauses de sécurité syndicales une
atteinte à la liberté d’opinion par ce que pour eux l’adhésion au syndicat
n’est pas plus une affaire d’opinion que ne l’est pour nous l’adhésion d’un
médecin ou d’un avocat à un ordre professionnel, le syndicat au USA, en GB
défend très agressivement les intérêts des syndiqués mais il voit son rôle
comme l’exercice d’une fonction économique après tout l’ordre des avocats
défend aussi les intérêt des avocats, l’ordre des médecins aussi et dans cette
perspective ceux qui profitent de l’action du syndicat notamment de la
convention collective alors qu’ils ne sont pas syndiqués donc qu’il ne cotisent
pas au syndicat sont des Free Raders par définition c’est quelqu’un qui a pris
le train et qui n’a pas de billet et donc qui voyage sans payer. Il est normal
dans la vision traditionnelle USA et GB d’obliger les Free Raders à prendre
leur part du fardeau commun en les forçant à l’adhésion.
Il y a là un autre équilibre que celui du droit français, les clauses sécurité
syndicales permettent de suppléer la faiblesse du droit légiféré,dans de
nombreuses entreprise en effet le syndicat GB USA n’a pas du tout la
prétention de peser sur le choix des salariés par l’employeur, en réalité la
clause de sécurité syndicale permet simplement au syndicat de bloquer
l’embauche d’une personne lorsque le contrat de travail que cette personne
a conclus n’est pas conforme au modèle convenue lorsque le contrat de
travail est moins favorable que ce modèle ; au lieu, ce que nous faisons avec
le code du travail de substituer la disposition l’égale ou conventionnelle s’il y
a une convention collective à la clause contractuelle moins favorable c’est le
modèle continentale, on donne au syndicat un droit de regard pour imposer à
l’employeur une forme de l’emploi standardisée.
Concrètement assez souvent le salarié qui vient d’être recruté va faire viser
son contrat à la permanence syndicale, il ne faut plus dire le tampon du
syndicat et il y a sans doute une certaine équivalence de résultat avec ce que
donne l’ordre public social en France.
La France contrairement à ce que beaucoup pensent n’a pas toujours interdit
le Closer Shop, la cours de cassation l’avait admis dans un arrêt du 24
octobre 1916. Sans doute par conséquent l’interdiction la condition des
clauses de sécurité syndicale leur oppose donc pas sur un principe
fondamentale reconnu par les lois de la république, quoi qu’il en soit les
syndicats français sauf exception très marginale ne se sont jamais fixés pour
objectif de développer ce type de clause en raison de leur orientation
idéologique marqué.
En France la liberté syndicale est maintenant regardée comme une liberté
individuelle qui tient à la liberté d’opinion non pas comme une liberté
économique collective. L’affirmation de la liberté syndicale négative a sans
doute été facilitée par le rôle de la loi comme source du droit du travail qui
apporte à la fois un solide degré de protection au salarié et des moyens de
fonctionnement au syndicat.
Dès lors le caractère massif des adhésions a pu sembler secondaire.
La loi du 28 octobre 1982 (c’était l’une des lois Auroux) a élargi l’objet des
syndicats, auparavant définis par la loi VALDEC-ROUSSEAU.
D’après l’article L 411-1 du code du travail, les syndicats professionnels ont
exclusivement pour objet la défense des intérêts matériels et moraux, tant
collectif qu’individuel des personnes visées par leur statut.
Le droit français dans ce domaine fait preuve d’un très grand libéralisme. La
loi est très peu directive. Pour tout dire, elle ne requiert même pas que le
fonctionnement interne des syndicats soit démocratique.
1/ syndicats et confédération
2/ syndicats et syndiqués
Une fois que le syndicat est crée, l’adhésion individuelle est un autre contrat.
Lorsque l’on adhère à un syndicat, en réalité on conclut un contrat. Ce
contrat soumet l’adhérent au statut, il lui permet de s’en prévaloir. Le cas
échéant, l’adhésion peut être soumise à un agrément.
La question n’a pas encore suscité de solution contestée. Donc à vrai dire, on
n’a pas de réponse jurisprudentielle absolument ferme sur le point de savoir
si le changement d’un élément essentiel des statuts comme par exemple le
rattachement à une confédération, réclame l’unanimité ou la majorité. La
solution selon laquelle l’adhésion peut se prendre à la majorité est cependant
la plus plausible parce que le syndicat est une institution vivante, une
institution démocratique, et, celle-ci s’accommode mal de l’unanimité.
Suivant les stipulations des statuts, le syndicat peut infliger des sanctions
disciplinaires à l’un de ses membres, notamment l’exclusion. Mais à la
différence du pouvoir disciplinaire du chef d’entreprise, ce pouvoir
disciplinaire est de structure égalitaire. Tous les membres du syndicat y sont
soumis. En fait les termes juridiques y sont à cet égard trompeur car les mots
« d’institution de droit disciplinaire » n’ont pas le même sens suivant que l’on
considère un rapport entre égaux comme des syndiqués, comme les associés
d’une société, des actionnaires ou un rapport de subordination. Il y a deux
institutions concevables et il y a deux types de droit disciplinaire suivant
qu’on est dans le c’est-à-dire d’un rapport entre égaux qui ont crée une
association, une société ou dans le c’est-à-dire d’un rapport de subordination
comme celui qui existe entre l’employeur et les salariés.
C/ les moyens dont les syndicats disposent pour exercer leurs
missions
Certains moyens, les plus importants, sont réservés aux syndicats dit
« représentatifs ». D’autres moyens sont accessibles à tous les syndicats.
Depuis la loi Fillon qui a été adopté par le parlement le 4 mai 2004, la
conclusion des conventions collectives peut cependant être réservée aux
syndicats qui ensemble ou séparément représentent la majorité du
personnel.
En définitive, dès que la loi est violée, le syndicat pourra se porter partie
civile.
Autre droit d’action, par exception à la règle : nul ne plaide par procureur, la
loi autorise fréquemment les syndicats à exercer les actions individuelles des
salariés. Le syndicat chausse les bottes procédurales du salarié ; il prend sa
place ; il saisit par exemple le conseil des prud’hommes pour qu’une
condamnation soit prononcée au profit du salarié. La seule condition est que
le salarié ayant été informé de l’action, ne s’y soit pas opposé.
D’après l’article L 135-4 du code du travail, les syndicats dont les membres
sont liés par une convention collective peuvent exercer toutes les actions
collectives qui naissent de ce chef en faveur de leurs membres.
Il n’est pas nécessaire que le syndicat soit signataire de la convention
collective, ni semble-t-il qu’il soit représentatif.
N’y a t-il pas ici une entorse au principe de la réalité des personnes morales
que la jurisprudence, par ailleurs a consacré ?
La question se pose d’autant plus que la section syndicale d’entreprise s’est
vue attribuer des prérogatives économiques dont certaines ont une valeur
monétaire. Par exemple, il y a un crédit d’heure à répartir par la section
syndicale. Un certain nombre d’heures non travaillées mais rétribuées peut
être réparti par la section entre ses membres.
Dans toutes les entreprises, l’employeur doit de surcroît fournir un local une
fois par mois à chaque section syndicale dans l’enceinte de l’entreprise, et
,en dehors des locaux de travail. Il peut s’agir par exemple de la cantine du
personnel. Au-delà de 200 salariés, les sections syndicales ont droit à un local
commun. A partir de 1000 salariés, chaque section syndical a droit à un local
propre.
Cette notion est apparue dans le traité de Versailles de 1919, le traité qui
met fin à la 1ère guerre mondiale. Les Français ont joué un rôle important
dans la rédaction de ce traité car ils apparaissaient comme des principaux
vainqueurs de la guerre 1914-1918. le traité de Versailles a crée l’OIT, et, la
notion de représentativité est utilisée dans ce traité pour déterminer quels
sont les syndicats qui pourront participer à la conférence internationale du
travail. Cette dernière, adopte des projets de traité de façon tripartite :
représentation des états, des syndicats et des organisations patronales.
Il y a une forme de pluralismes parce que l’on peut créer librement des
syndicats mais à un moment donné un seul syndicat parle au nom d’un
groupe de salarié.
Les critères légaux ont été appliqués par les tribunaux de manière très
laxiste, et, cela a conduit à reconnaître la représentativité de syndicat très
minoritaire. Par exemple, la CFTC maintenu a vu sa représentativité
consacrée après la scission de 1934 en dépit d’une implantation qui était très
faible. (« CFTC maintenu » est la minorité de l’ancienne CFTC qui avait
conservé le sigle après que la CFDT se soit constitué).
Le Conseil d’Etat, pour fonder sa décision, s’est fondé sur la tradition du
syndicalisme chrétien. Tout ce passe donc comme si à ce moment là,
l’expérience et l’ancienneté palliaient l’absence de tous les autres éléments.
La multiplication des syndicats représentatifs, de toute évidence affaiblie
ceux dont l’implantation est la plus forte. Suivant la formule de Gérard
Lioncand, « tous les syndicats étant représentatif, aucun ne l’est ».
On peut dire à cet égard un article qui était prémonitoire droit syndical et
mouvement syndical droit social 84 p 5 dans lequel Gérard Lioncand
développait ce point de vue.
2/ niveau de la représentativité
Exemple :
-Il doit être représentatif dans l’entreprise s’il entend présenter des candidats
au 1er tour des élections professionnelles.
-Il doit être représentatif au niveau de la branche s’il veut signer un accord
de branche.
-la CGT
-la CFDT
-FO
-la CFTC
-la CFE-CGC pour les cadres
Cet état des choses est contesté par les deux nouveaux regroupements que
sont l’UNSA et le groupe des 10 qui comprend les syndicats SUD.
Mais pour être susceptible d’extension, pour pouvoir être étendu, une
convention ou un accord de branche doit avoir été négocié par l’ensemble
des organisations représentatives des salariés et des employeurs. La
convention ne peut être étendue si tous les syndicats représentatifs n’ont
pas été appelés à la négociation.
-Cette négociation peut avoir lieu spontanément. Dans ce cas les parties se
réunissent d’elle-même dans une commission paritaire, et, en cas de
contestation sur la validité de cette commission, le juge trancherait a
posteriori.
Les syndicats dont la représentativité est établie ont intérêt le cas échéant à
contester la représentativité d’un concurrent. Les syndicats jugés non-
représentatifs ont naturellement intérêts à contester la décision qui les
écarte.
Par exemple :
C/ le principe majoritaire
Jusqu’à la loi du 4 mai 2004 sur le dialogue social, des syndicats pouvaient
empêcher l’entrée en vigueur d’accord dérogatoire ou d’accord révisant à la
baisse une convention collective en exerçant un droit d’opposition mais les
conditions étaient très exigeantes. Depuis la loi de 2004, art. 132-2 de
nouveau code du travail, le droit de l’opposition, a été généralisé à tous les
accords collectifs. Cependant dans les branches professionnelles une
convention de branche peut prévoir qu’à l’avenir, les accords de branche et
d’entreprise seront soumis au principe majoritaire. Le droit d’opposition
constitue maintenant en quelque sorte un régime supplétif de la négociation
collective, un régime qui s’applique à défaut d’accord qui dispose autrement.
Ce régime supplétif s’applique à peu près partout.
-Après 2004, il suffit pour faire opposition (c’est le régime actuel) que les
syndicats non-signataires aient obtenu au moins la moitié des suffrages
exprimés au 1er tour des dernières élections des comités d’entreprise ou à
défaut des délégués du personnel. Il y a donc eu un assouplissement.
Tout d’abord, la loi du 19 janvier 2000 que l’on appelle loi Aubry II (c’était la
2ème loi des 35h) recourt au principe majoritaire dans son article 19 V.
Il s’agit d’ouvrir droit à l’allégement de cotisation social dont bénéficie
l’entreprise lorsqu’elle réduit la durée du travail. Pour que l’entreprise ait ce
droit, les accords d’entreprise doivent avoir été signés par une ou des
organisations sociales représentatives dans l’entreprise, ayant recueilli la
majorité des suffrages exprimés lors des dernières élections du comité
d’entreprise.
2ème application ponctuelle : il s’agit cette fois non pas d’une simple
exonération mais de la validité d’un accord, l’article 2 III de la loi n° 2003- 6
du 3 janv. 2003.
C’est une loi qui permet la conclusion d’accords de méthode, dans une
entreprise qui met en œuvre un grand licenciement économique.
Ces accords de méthode aménagent les modalités de l’information et de la
consultation du comité d’entreprise en cas de licenciement économique. Pour
que ces accords de méthodes soient valables sous le régime de la loi du 3
janvier 2003, il faut qu’il soit signé par une ou plusieurs organisations
représentatives dans l’entreprise qui ont obtenu la majorité des suffrages
exprimés lors du 1er tour des dernières élections du comité d’entreprise.
Sous le régime de la loi de 2003, des accords de méthodes ne pouvaient être
signés que par des syndicats majoritaires à un ou à plusieurs.
-tout d’abord trois syndicats sur cinq même s’ils sont minoritaires, sont
hostiles à cette évolution. FO, CFTC et la CGC sont réservés. Donc le nouveau
régime à cour terme aura du mal à ne pas rencontrer de l’opposition.
-Les délégués du personnel qui doivent élu dans les entreprises d’au mois 11
salariés
-Les membres du comité d’entreprise
-les délégués syndicaux qui sont élus dans les entreprises d’au moins 50
salariés
Il convient de dire que la distinction est davantage plus claire en théorie que
dans la pratique. Assez souvent en effet, les parties (les délégués du
personnel et l’employeur) divergent sur l’interprétation du droit applicable.
En effet, ce qui est acquis par les salariés est souvent ressentis comme une
demande nouvelle par l’employeur, et, dans la pratique que la plupart des
entreprises ne se servent pas de cette distinction et décide des
revendications avec les délégués du personnel sans s’appuyer sur la
jurisprudence de la chambre criminelle.
-Il dispose d’une liberté de circulations dans l’entreprise, ce qui lui permet
notamment de s’apercevoir ce que sont les conditions de travail dans les
endroits où il n’est pas lui-même affecté.
-il peut sans doute s’entretenir avec d’autres salariés à leur poste de travail.
Quelles sont les raisons qui expliquent qu’une organisation syndicale désigne
un délégué du personnel au lieu d’un délégué syndical (dans une entreprise
de moins de 50 salariés) ?
La désignation par l’organisation syndicale, du délégué du personnel au lieu
du délégué syndical, ne confère pas au délégué du personnel des moyens
supplémentaires. Mais cela permet à ce dernier d’utiliser non seulement les
moyens dont il dispose en qualité de délégué du personnel pour
l’accomplissement de sa mission de délégué du personnel mais aussi les
moyens attachés à la mission de délégué syndical. Les deux missions –
délégué du personnel et délégué syndical- se cumuleront. Le choix effectué
par un syndicat de désigner un délégué du personnel au lieu d’un délégué
syndical dans une entreprise de moins de 50 salariés, aura cette finalité.
Lorsqu’un comité d’entreprise est mis en place pour la 1ère fois, la question se
pose de savoir :
Quelles sont les activités dont la gestion doit lui être transférée ? D’après la
cour de cassation : « doit-être considéré comme une œuvre sociale, toute
activité non obligatoire légalement, exercée principalement au bénéfice du
personnel, sans discrimination en vue d’améliorer les conditions collectives
d’emploi, de travail et de vie du personnel au sein de l’entreprise » (social,
13 nov. 1975, bull. n° 533)
-Tout d’abord il s’agit « d’activité non obligatoire » pour l’employeur nous dit
la cour de Cassation, et, cela exclut par conséquent les actions de prévention
en matières d’hygiène et de sécurités qui demeurent de la responsabilité de
l’employeur, cela exclut le service médical du travail qui est aussi obligatoire.
L’exécution des obligations de l’employeur, peu importe que celle-ci trouve
sa source dans la loi, dans la convention collective, ne rentrent pas a priori
dans la catégorie des activités sociales et culturelles. Mais naturellement, il
ne suffirait pas -parce que cela serait une fraude- de prévoir une activité
dans le contrat de travail pour la faire échapper à la mission du comité
d’entreprise. Ce serait trop facile de dire par exemple dans chaque contrat
de travail que l’employeur s’oblige à fournir une cantine aux salariés dans le
but que le comité d’entreprise ne puisse dès lors gérer celle-ci.
-Pour les petites entreprises, il est fréquent que l’on crée des comités
interentreprises qui permettent à des salariés d’accéder à des activités qui
supposent la mise en commun des ressources. L’affectation de la subvention
due par l’employeur est globale. Le comité d’entreprise peut par conséquent
créer de nouvelles activités ou décider d’en supprimer.
-L’entreprise est assez souvent divisée en établissement distinct. Il n’y a
donc pas un seul comité d’entreprise, mais il y a un comité central
d’entreprise et plusieurs comité d’établissement. Le comité d’entreprise n’a
pas, pour ce qui est des activités sociales et culturelles, d’autorités pour les
comités d’établissement.
Chaque comité d’établissement doit recevoir une subvention individualisée
dont le niveau peut varier en fonction du type de main d’œuvre employé. Le
comité central d’entreprise ne peut imposer aucune péréquation. Il ne peut
davantage imposer la création d’œuvre commune à l’entreprise.
Enregistrement n° 16
Enregistrement n° 17
3. L’exploitation de l’information
Les membres du CE ont droit à une formation économique. Par ailleurs le CE
forme en son sein, une commission économique dans les entreprises d’au
moins 1000 salariés. Surtout, le CE peut faire appel à l’aide d’experts. Et il
s’agit tout d’abord de l’expert comptable, qui est le plus ancien des experts
auxquels le CE peut faire appel. Il est choisi par le CE et est rémunéré par
l’employeur.
D’après l’article L 434-6 du Code du travail, le CE peut faire appel à un expert
comptable auprès de l’employeur, dans une série de cas. Tout d’abord, il
peut s’agir de l’examen annuel des comptes. Ensuite, lorsque l’entreprise est
partie à une opération de concentration, le comité peut faire appel à un
expert comptable. Enfin, lorsque le comité établit le rapport qui est prévu
dans le cas de la procédure d’alerte, il peut faire appel à un expert
comptable.
Et puis, il y a le cas du grand licenciement économique (au moins 10 salariés
sur 30 jours qui a déjà été évoqué dans le cours qui a trait aux relations
individuelles de travail).
Les droits de l’expert comptables sont calqués sur les droits du commissaire
aux comptes de la société. L’expert comptable est seul juge de l’utilité des
documents dont il demande la consultation. Son intervention est donc assez
efficace, parce qu’il dispose de moyens accrus d’accès à l’information par
rapport aux membres du comité, parce qu’il est aussi plus difficile d’opposer
une réponse dilatoire à un professionnel qualifié qu’à un élu qui est par
ailleurs un subordonné. Cependant, la tâche première de l’expert comptable
est de rendre accessible au CE, une information qui est pléthorique.
Enregistrement n° 18
Le comité de groupe
Enregistrement n° 19
A. Le cadre de la désignation
Parfois, le droit découpe l’entreprise en établissements distincts. Parfois, à
l’inverse, il rassemble plusieurs personnes morales parce qu’il considère
qu’elles constituent en réalité une seule unité économique et sociale, c’est à
dire une seule entreprise.
1. L’établissement distinct
La loi prévoit l’élection des délégués du personnel et la désignation des
délégués syndicaux dans les établissements. De même, elle prévoit, dans les
entreprises à établissements multiples, la création de comités
d’établissements qui seront fédérés dans un comité central d’entreprise.
Les syndicats, le plus souvent, ont intérêt au découpage de l’entreprise en
établissements distincts, parce que cela multiplie les mandats et augmente
donc le nombre de salariés protégés. Toutefois, un syndicat peut ne pas avoir
intérêt au découpage parce que c’est aussi un découpage électoral et que
parfois, ça lui fait perdre la majorité dans certains endroits.
Et l’intérêt de l’employeur est plus ou moins la réciproque. En général, un
employeur a plutôt intérêt à ce qu’il n’y ait pas trop d’établissements
distincts. Mais il peut y avoir des exceptions.
Les établissements isolés ne donnent lieu à une représentation séparée que
s’ils atteignent le seuil de 11 salariés, pour les délégués du personnel, ou 50
salariés, pour les délégués syndicaux. A défaut, ils sont regroupés. Donc, s’il
y avait un grand nombre de petits établissements de moins de 11 salariés, on
organiserait la désignation de délégués du personnel dans un cadre unique.
En revanche, pour la création de comité d’établissement, le Conseil d’Etat a
décidé qu’aucun texte législatif ne subordonne la reconnaissance ou le
maintien du caractère d’établissement distinct à la condition que
l’établissement ait un effectif d’au moins 50 salariés. L’effectif de 50 n’est
donc pas requis même si en pratique, il doit être très rare qu’un comité
d’établissement soit créé en de ça.
2. Opérations électorales
Le mandat des délégués du personnel et des membres du comité
d’entreprise est de deux ans. Par conséquent, les opérations électorales ont
lieu tous les deux ans. Il faut tout d’abord conclure un protocole pré-électoral.
b) Electorat et éligibilité
Pour être électeur, il suffit d’avoir 16 ans, 3 mois d’ancienneté et de ne pas
avoir subi de condamnation privatrice des droits civiques. Les étrangers
peuvent voter, les salariés dont le contrat est suspendu, aussi.
Pour les élections des délégués du personnel, mais pour celles-là seulement,
les salariés mis à disposition par une entreprise extérieure, sont électeurs. Et
par exemple, c’est une disposition très souvent utilisée dans les
établissements privés sous contrat qui fonctionnent très largement en faisant
appel au service d’enseignants, qui sont des fonctionnaires détachés par
l’Etat auprès de ces établissements. Ces enseignants détachés sont électeurs
aux élections des délégués du personnel.
Le chef d’Etablissement et les cadres qui sont susceptibles de représenter
l’employeur dans les rapports avec le personnel, par exemple, qui sont
susceptibles de procéder aux entretiens préalables à l’occasion de
l’accomplissement des procédures disciplinaires, ne sont pas électeurs.
Les listes électorales doivent être affichées dans l’établissement. Elles
peuvent être contestées devant le juge d’instance.
Pour être éligible, il faut être électeur. Et il faut de surcroît avoir 18 ans et un
an d’ancienneté. Les membres de la proche famille du chef d’entreprise ne
sont pas éligibles. Les salariés dont le contrat de travail est durablement
suspendu, par exemple, ceux qui exercent une fonction de permanent
syndical national, parfois pour de longues années, deviennent inéligibles
parce qu’ils cessent de travailler dans l’entreprise. Ce qui est une condition
posée par le texte. En revanche, les salariés mis à disposition de l’entreprise
par une entreprise extérieure, sont éligibles mais uniquement aux fonctions
de délégué du personnel.
Le cumul de mandat est admis. Ce qui fait qu’on peut être en même temps,
délégué du personnel et délégué syndical, délégué du personnel et membre
du comité d’entreprise.
c). Le scrutin
Ce scrutin peut nécessiter deux tours. Au premier tour, seuls les syndicats
représentatifs peuvent présenter des listes. Mais attention, les syndicats
représentatifs ne sont pas seulement ceux qui appartiennent aux cinq
grandes confédérations représentatives au niveau national et
interprofessionnel. Tout syndicat, qui établit sa représentativité au niveau
concerné par l’élection, pourra présenter une liste dès le premier tour.
Si le nombre des votants est inférieur à la moitié des électeurs inscrits, un
second tour doit être organisé. Et lors de ce second tour, des listes autres
que celles soutenues par les syndicats représentatifs pourront être
présentées.
Le vote est naturellement secret, les bulletins devant être placés sous
enveloppe, conformément aux principes généraux du droit électoral. Il s’agit
d’un scrutin avec représentation proportionnelle à la plus forte moyenne.
Les syndicats, les salariés ou le chef d’établissement peuvent demander au
tribunal d’instance, la mise en place d’un dispositif de contrôle des
opérations électorales.
Enregistrement n° 20
A. La liberté de déplacement
On trouve ici une application d’une contradiction qui gouverne toute la
matière : la contradiction entre contrat et statut, qui traverse l’ensemble des
discussions relatives au statut des représentants du personnel. Le contrat de
travail place le représentant du personnel en situation de subordination et le
soumet à la discipline de l’entreprise. Mais ce salarié exerce une mission
légale de représentation. Et de cette situation statutaire, il découle
notamment, que le représentant doit pouvoir se déplacer librement dans
l’entreprise, nonobstant les limites apportées aux déplacements d’autres
salariés.
Le droit positif, dans une assez large mesure, fait prévaloir le statut sur le
contrat, sous réserve d’autres règles d’intérêt général et des règles
d’hygiène et de sécurité qui visent à protéger le représentant lui-même.
Le crédit d’heures
Le crédit d’heures est un temps que les représentants du personnel peuvent
utiliser pour l’accomplissement de leur mission. Ce temps est payé comme
du temps de travail mais n’est pas travaillé comme prévu. Les réunions avec
l’employeur, la réunion mensuelle des délégués du personnel, les séances du
comité d’entreprise sont payées mais ne s’imputent pas.
1. Montant du crédit d’heures
Le crédit d’heures est réservé aux élus titulaires. Le crédit est de :
- 15 heures par mois pour les délégués du personnel,
- 20 heures par mois pour les membres du comité d’entreprise,
- 10 à 20 heures par mois, suivant la taille de l’entreprise, pour les délégués
syndicaux,
- 2 à 20 heures par mois pour les membres du CHSCT,
A partir de 500 salariés, les représentants syndicaux au comité d’entreprise
disposent également de 20 heures par mois.
Sauf pour les délégués syndicaux, la globalisation du crédit d’heures, c’est à
dire l’utilisation par les uns, du crédit d’heures qui n’a pas été dépensé par
les autres, n’est pas possible. En revanche, en cas de cumul de mandats, le
cumul ne crédits d’heures est possible. Si on est à la fois, délégué du
personnel et délégué syndical, on aura à la fois, le crédit qui correspond au
statut de délégué du personnel et celui qui correspond au statut de délégué
syndical.
Le crédit d’heures est parfois majoré. Par exemple, la convention collective
peut augmenter le crédit d’heures minimal prévu par la loi. Le dépassement
du crédit d’heures est également possible en cas de circonstances
exceptionnelles. Il s’agit d’un événement sortant de l’ordinaire, qui rend
nécessaire l’intervention de représentants. Par exemple, pour un membre du
comité d’entreprise, la brusque démission du responsable de la cantine, qu’il
faut alors remplacer au pied levé, constitue une circonstance exceptionnelle.
En revanche, l’arbre de Noël du personnel, qui n’a pas lieu très souvent, est
un événement très prévisible. Par conséquent, il ne s’agit pas d’une
circonstance exceptionnelle.
Pour les délégués du personnel et les délégués syndicaux, la survenance
d’un accident du travail, ou dans un autre ordre d’idée, la survenance d’un
conflit du travail peuvent constituer des circonstances exceptionnelles.
N°21
Dans le langage courant du droit du travail, on dit très fréquemment que les
salariés représentants du personnel sont des salariés protégés parce que leur
licenciement est soumis à une autorisation administrative préalable qu’il ne
faut pas confondre avec l’ancienne autorisation préalable des licenciements
économiques. L’expression de « salariés protégés » ne doit pas induire en
erreur. Statistiquement, en dépit de la protection légale, les représentants du
personnels sont plus exposés que les autres salariés au licenciement. Le
médecin du travail, les personnes qui sont inscrites sur la liste des conseillers
du salarié dans les procédures du licenciement (liste départementale), les
conseillers prud’hommes (les juges salariés élus par conséquent) sont aussi
des salariés protégés ainsi que les candidats aux élections et les anciens
représentants du personnel qui bénéficient d’une protection résiduelle
provisoire.
L’autorisation administrative de licenciement doit être donné par l’inspecteur
du travail et non pas par le directeur départemental du travail. L’inspecteur
du travail joue ici son rôle de garant relativement indépendant de
l’application de la législation du travail, c’est pourquoi d’ailleurs les recours
se font devant le ministre et non pas le supérieur hiérarchique direct qui est
le directeur départemental du travail. L’autorisation doit être obtenue
préalablement au licenciement mais une mise à pied conservatoire, qui serait
rétroactivement annulée en cas de refus d’autorisation, est cependant
possible. Si l’on veut licencier un représentant du personnel, la procédure
d’autorisation administrative préalable présente un caractère exclusif.
Pendant longtemps, la chambre sociale de la Cour de Cassation a admis le
recours à la résolution judiciaire pour contourner un éventuel refus de
l’inspecteur du travail. La résolution judiciaire, la condition résolutoire est
toujours sous-entendue dans les contrats synalagmatiques, amenait à saisir
le juge prud’hommal et à lui demander de résilier le contrat. Evidemment, le
juge n’avait pas besoin d’autorisation administrative pour décider ainsi. Un
revirement s’est produit en 1974 avec un arrêt de chambre mixte (Arrêt
Perrier Ch. Mixte 21 Juin 1974 Grands arrêts édition N°69). Le fait de
demander en justice la résiliation du contrat d’un représentant du personnel
constitue selon cet arrêt le délit d’entrave, c’est un des rares cas où le fait
d’agir en justice est qualifié de délit pénal. La raison de cette solution est
d’abord que la protection des représentants des personnels a été instituée
non pas dans leurs intérêts propres mais dans l’intérêt de l’ensemble des
salariés et dans l’intérêt général. C’est pourquoi l’employeur se voit interdire
de placer le débat relatif à l’éventuel licenciement de ses représentants sur
le terrain du contrat de travail dans une discussion qui aurait lieu devant le
conseil des prud’hommes. En effet, le conseil des prud’hommes n’est pas le
juge de principe des litiges collectifs et l’inspecteur du travail doit ou peut
parfois refuser l’autorisation de licenciement dans des circonstances où un
raisonnement contractuel par application de l’article 1184 du Code Civil
aurait conduit le juge à prononcer la rupture du contrat. Le conseil des
prud’hommes juge du contrat, serait naturellement porté à résilier le contrat
dans certaines circonstances où l’inspecteur du travail, qui à une mission
plus large, sera amené à refuser. Subsidiairement, la Cour de Cassation a
sans doute voulu interdire aux employeurs de spéculer sur les erreurs ou les
résistances des juges du fond. La jurisprudence a été très solennellement
déclarée par un arrêt de la Chambre plénière du 28 Janvier 1983 qui a été
publié au Dalloz 1983 p. 269 avec des conclusions Cabane.
La procédure qui réclame une autorisation administrative préalable avant le
licenciement a été étendue à d’autres situations que le licenciement. Cette
procédure d’autorisation administrative préalable de longue date s’est
appliquée aux modifications substantielles du contrat de travail d’autant plus
que jusqu’à l’arrêt Raquin,la proposition de modification substantielle du
contrat de travail équivalait à un licenciement conditionnel. Par conséquent,
si l’employeur veut apporter une modification importante au contrat d’un
salarié protégé ou simplement modifier le contrat, il faut qu’il ait une
autorisation préalable. Puis, l’exigence d’une autorisation a ensuite été
étendue aux mutations qui sont de nature à perturber l’existence du mandat
même si celles-ci ne constituaient pas des modifications substantielles, nous
dirions maintenant des modifications du contrat. La terminologie a
maintenant changé : on ne pare plus de modifications substantielles, on parle
de modifications du contrat mais les solution demeurent. Même en présence
d’une clause de mobilité, la mutation doit être autorisée. Or, s’il y a dans le
contrat de travail une clause de mobilité, lorsque le salarié est muté ce n’est
pas une modification du contrat puisqu’on change les conditions de travail à
l’intérieur de ce qui a été prévu par les parties dans le contrat. Cependant,
dans la mesure où la mutation empêchera l’exercice du mandat, il faut
l’autorisation préalable de l’inspecteur du travail.
Et puis, il y 2 autres éventualités qui donnent lieu à l’application de la
procédure mais avec un contrôle d’une portée un peu plus restreinte.
Lorsqu’un salarié protégé est transféré dans une autre entreprise à la suite
d’un transfert partiel d’actifs par application de l’article L122-12 al. 2 du Code
du Travail. Il faut y saisir l’inspecteur du travail qui autorisera le transfert en
se bornant à vérifier qu’il n’y a pas de discrimination à l’égard de ce salarié.
Cela fait référence à un cas ancien où un employeur, voulant se débarrasser
d’un délégué qui faisait fonctionner dans une boulangerie industrielle un
pétrin, avait vendu le pétrin et prétendu ensuite que par application de
l’article L122-12, le salarié suivait la machine sur laquelle il travaillait.
Autre situation qui donne lieu à un contrôle de portée limitée :la rupture
avant échéance ou le non renouvellement d’un contrat à durée déterminée
dont le titulaire est un représentant du personnel. Ici encore, l’administration
se bornera à vérifier qu’il n’y a pas de discrimination.
C’est un arrêt du 5 Mai 1976 Safer d’Auvergne contre Bernet, publié aux
grands arrêts édition 71, qui a posé les principes en la matière. D’après cet
arrêt,l’ inspecteur du travail doit vérifier d’abord qu’il n’y a pas de
discrimination, c’est à dire que le licenciement n’est pas en rapport avec les
fonction. Ensuite il s’agit d’un licenciement pour motif personnel , donc
l’inspecteur du travail doit vérifier que les faits reprochés sont d’une gravité
suffisante pour justifier un licenciement. La notion de gravité suffisante ne se
confond pas avec celle de faute grave. Aussi bien le délégué ne sera pas
nécessairement privé de l’indemnité du licenciement et du préavis. Entre
autres éléments, le Conseil d’Etat tend à attribuer aux représentants du
personnel un rôle de modérateur dans les conflits du travail et en fonction de
ce rôle leur comportement. Mais, évidemment les conflits de travail sont
devenus maintenant rares dans le secteur privé donc cet aspect des choses
ne tient plus qu’une place secondaire. L’inspecteur du travail, d’après le
Conseil d’Etat peut également refuser d’autoriser le licenciement, à supposer
les conditions par ailleurs réunies pour des motifs d’intérêt général.
L’inspecteur du travail peut dans ce cas refuser, il ne doit pas refuser. C’est
une prérogative qui est reconnue à l’administration : refuser pour des motifs
d’intérêt général, sous réserve qu’aucune atteinte excessive ne soit pas
portée aux intérêts en présence. C’est là le principe de proportionnalité qui
s’exprime et naturellement, l’atteinte excessive en l’occurrence qui serait
portée aux intérêts de l’employeur. Par exemple, l’inspecteur du travail peut
refuser un licenciement, par ailleurs justifié par des fautes commises à
l’occasion d’un conflit du travail parce qu’il estime que le conflit risque de
s’aggraver si les représentants sont écartés.
C’est une situation assez différente parce que bien entendu dans ce cas là
l’employeur, au moment où il a licencié, était dans son droit et puis il se
trouve qu’un contentieux administratif vienne à dire que l’inspecteur du
travail a eu tort d’autoriser (ou le ministre). L’annulation de l’autorisation de
licenciement est à l’origine sans aucun intérêt autre que symbolique pour le
salarié parce que la Cour de Cassation estime que l’annulation de’
l’autorisation ne fait pas revivre le contrat de travail. Puis, un revirement
s’est produit en deux étapes. D’abord, dans un arrêt du 7 décembre 1977 qui
est l’arrêt Florence (Dalloz 78 p.524 Note Jabot), la Cour de Cassation a
admis la réintégration en se fondant sur la fraude patente de l’employeur.
L’employeur avait intégré, auparavant il avait licencié sans autorisation et
puis on avait ordonné la réintégration, l’employeur réintègre la salarié la
veille des vacances et aussitôt il l’englobe dans une procédure de
licenciement économique et l’inspecteur du travail ne fait pas attention et
autorise l’ensemble des licenciements économiques y compris celui du
salarié qui vient d’être réintégré. Et naturellement, il s’agit d’une fraude
puisque l’employeur depuis des années essayait de se débarrasser de ce
salarié pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec un licenciement
économique. Mais il ne s’agit que de cas de la fraude. Que faut il décider
quand l’annulation de l’autorisation n’est pas fondée sur la fraude de
l’employeur ? Il peut y avoir tout simplement une erreur de l’inspecteur du
travail sans aucune fraude de l’employeur.
Le vrai revirement est intervenu avec un arrêt Pampred’or qui a été rendu
par une chambre mixte le 18 Janvier 1980. la Cour de Cassation a décidé que
même sans fraude de l’employeur , l’annulation de l’autorisation rend le
licenciement inopérant parce qu’elle en constitue une condition essentielle
de validité. La loi du 28 Octobre 1982 a consacré cette jurisprudence.
L’annulation de l’autorisation, qu’elle émane du ministre, du tribunal
administratif ou du Conseil d’Etat en appel, donne aux représentants du
personnel le droit d’être réintégré. Il suffit que le représentant demande sa
réintégration dans les deux mois qui suivent la notification de la décision. Par
ailleurs , le salarié n’est pas tenu de demander la réintégration, il peut se
borner à demander réparation du préjudice subi.
PLAGE 24
La négociation n’est, pour ainsi dire, jamais fermée. La liberté est également
de règle en ce qui concerne les thèmes de la négociation, l’objet de la
négociation. Lorsqu’on lit le code du travail qui distingue les conventions
collectives et les accords collectifs, on pourrait avoir l’idée que les deux types
d’actes n’ont pas le même régime.
Bien entendu quand la règle est d’ordre public dit « social », c’est une règle
plancher, une règle qui donne au salarié un droit au minimum ; elle interdit
seulement la clause moins favorable alors que les règles d’ordre public
absolu ne supporte aucune amélioration. La distinction entre les deux
catégories : ordre public social / ordre public absolu est donc essentielle et on
se réfère toujours à ce propos à un avis du Conseil d’Etat du 22 mars 1973
(Grands Arrêts ancienne édition n° 50), d’après cet avis du Conseil d’Etat, les
règles qui débordent du domaine du droit du travail ainsi que les avantages
ou garanties échappant par leur nature aux rapports conventionnels relèvent
de l’ordre public (d’un ordre public absolu). Ces règles ne pourraient donc
pas être améliorée par la négociation collective, les règles qui servent à
l’intérêt général supérieur comme les règles d’ordre public économique, la
prohibition des clauses d’indexation (dont je parlais à l’instant) ou les règles
dont la modification ne se conçoit pas. On imagine difficilement que la
négociation modifie la compétence des agents publics ou des juridictions.
Dans quelle catégorie faut-il cependant ranger les règles qui gouvernent les
modalités de désignation des institutions représentatives du personnel ? Est-
ce que la négociation collective peut modifier ce qui attrait à l’élection du
comité d’entreprise, des délégués du personnel, à la désignation des
délégués syndicaux etc…
L’art L131-12 du code du travail impose aux organisations qui sont liées par
une convention de branche ou à défaut, par des accords professionnels,
plusieurs obligations de négocier. Il existe ainsi une obligation annuelle de
négocier sur les salaires et d’après la loi du 12 juillet 1990, cette négociation
est l’occasion d’une concertation sur l’emploi. Il existe une obligation
triennale de négocier sur la formation professionnelle et enfin une obligation
quinquennale de négocier sur les classifications.
b) Au niveau de l’entreprise
Bien entendu, on peut sourire devant cette rédaction qui, comme toutes les
rédactions de compromis, est embarrassée ; le rôle supplétif d’encadrement
et les dispositions qui s’imposent de façon optionnelle ne sont évidemment
pas tout à fait convaincants mais la question posée n’en est pas moins
sérieuse. Après l’accord de 1995 et la position commune de 2001, une
discussion doctrinale était née sur le point de savoir si les partenaires
sociaux avaient la possibilité de rendre supplétives les clauses de convention
ou d’accord collectif de branche. Est-ce qu’il était possible, sans manquer au
principe de faveur, (qui est un principe général du droit) de stipuler que
l’accord d’entreprise pourrait déroger à telle ou telle clause de l’accord de
branche ? pour la négative, non pourrait lire notamment Antoine Gerbaud
( ???) « Le principe de faveur, enquête sur une règle émergente », social 89
page 115 ; et en sens contraire, ce que j’ai écrit avec Raymond de Vatinet
( ???) dans le tome du Traité des Contrats dirigé par Jacques Guestin
consacré aux contrats du travail au numéro 568.
Notre discussion a été balayée par la loi de 2004 sur le dialogue social.
D’après ce texte, les accords de niveau inférieur peuvent en principe, sans
qu’y ait donc de clause dans l’accord de branche, déroger aux clauses même
plus favorables des accords de niveaux supérieurs. Ainsi on peut renoncer,
au niveau de l’entreprise, à ce qu’il a été obtenu au niveau de la branche.
Toutefois, pour ce qui attrait aux salaires minima, aux classifications et à la
protection sociale complémentaire, les accords d’entreprises ne peuvent
déroger ni aux accords de branche, ni aux accords interprofessionnels. A cet
égard, le principe de faveur reste donc intégralement en vigueur.
PLAGE 25
1 - Conditions de fond
a) Conditions générales
La convention collective ordinaire doit être signée du coté des salariés par un
ou des syndicats représentatifs. La condition de représentativité ne s’impose
pas pour le groupement patronal signataire. En effet, celui-ci n’engage que
ses membres et par conséquent s’il y a peu de membres, il y aura peu
d’employeurs concernés mais pour une convention ordinaire, il n’a pas
semblé nécessaire d’aller plus loin.
Il est remarquable que la solution de la négociation avec les élus soit placée
par la loi nouvelle avant celle du mandatement ; alors que dans le
mandatement, malgré tout, techniquement, c’est le syndicat qui s’engage. Il
est vrai que les accords conclus avec les élus du personnel, dans le cadre de
la loi de 2004, doivent être approuvés par une commission paritaire de
branche et qu’à défaut, ils sont réputés non écrits. Cette garantie (le passage
devant une commission paritaire de branche où les syndicats et salariés sont,
évidemment, très actifs), a sans doute paru supérieur à celle qui résulte de la
désignation par un syndicat représentatif des mandatés.
b) Extension et élargissement
Depuis la loi de 2004 sur le dialogue social, le salarié reçoit une notice
d’information sur les textes conventionnels qui lui sont applicables au
moment de l’embauche. Ces mêmes textes doivent, le cas échéant, être mis
à la disposition du salarié sur l’intranet de l’entreprise.
Deuxième type d’accord dérogatoire : se sont des accords qui dérogent aux
accords de niveau supérieur. Depuis la loi sur le dialogue social de 2004, les
accords de niveau inférieur peuvent, de surcroît dans une large mesure,
déroger aux accords de niveau supérieurs : les accords d’entreprise peuvent
déroger aux accords de branche. Ces accords peuvent faire l’objet d’une
opposition de la part des syndicats non-signataires non point parce qu’ils
sont dérogatoires maintenant, mais parce que l’opposition est possible dans
le régime supplétif de la négociation collective qui s’applique à défaut que les
partenaires aient opté pour le principe majoritaire.
N° 26 :
Les conventions collectives sont des actes de droit privés par conséquent elle
sont bien entendu soumises au droit commun des nullités mais ces nullités
jusqu’aux année 1980 n’ont pour ainsi dire pas été mises en œuvre, on
évoquait à propos de quelques arrêts très isolés les vices de violence que
pourrait constituer une séquestration, les accords collectifs constituaient
alors quasiment toujours une amélioration pour les salariés par rapport aux
régimes antérieurs et les syndicats non signataires n’avaient donc pas intérêt
a demander la nullité mais les choses ont changée avec le développement
des accords dérogatoires qui écartent des règles d’ordre publique sans que
ce soit nécessairement dans un sans plus favorable au salarié et aussi avec
les accords de révision des accords des conventions collectives qui
comportent parfois des de notables recules, le droit d’opposition jusqu’à la loi
du 4 mai 2004 était conçu de façon restrictives et le recours en nullité s’est
donc présenté comme une solution de rattrapage, il est vrai que la loi du 4
mai 2004 a assouplie le droit d’opposition, cependant compte tenu de la
possibilité qui est d’aurai avant reconnu aux accords d’entreprises dérogés
aux accord de branche, un nouvel essor des actions en nullité est prévisible.
Les nullités de convention collective prennent en définitive deux formes
assez différentes, il y a d’abord 1° l’accord réputé non écrit par ce qu’il lui
manque la condition de majorité ou par ce qu’il a été frappé d’opposition et
puis 2° nous verrons ensuite des nullités de droit commun qui ont cette
importance que je vient de dire.
La première forme d’accord réputé non écrit et c’est même dans ce cas
seulement que la loi utilise l’expression c’est l’accord frappé d’opposition,
maintenant toute convention collective peut faire l’objet d’un droit
d’opposition c’est l’article L 132-2-2 du code du travail prévoit cela dans son
grand 1 pour les accord interprofessionnels, dans son grand 2 pour les
accords de branche et dans son grand 3 : 2°) pour les accords d’entreprises.
N° 27 :
Quelles sont les entreprises, quels sont les salariés compris dans le champ
d’application de la convention collective c’est cela la question du domaine et
il faut bien entendu bien considérer
Les conventions collectives non étendues s’appliquent à tous les salariés des
entreprises qui sont adhérentes d’un groupement patronal signataire. La
filiation syndicale du salarié contrairement à la solution allemande est
indifférente, lorsqu’un employeur démissionne du groupement signataire il
n’en reste pas moins soumis aux conventions collectives conclus avant sa
démission aussi longtemps que celle-ci reste en vigueur. A défaut d’être
membre du groupement signataire, l’employeur peut consentir
individuellement à l’application de la convention collective à son entreprise,
c’est d’abord le cas bien évidemment s’il signe u accord d’entreprise ou
d’établissement. La loi de 2004 sur le dialogue social reconnaît pour la
première fois explicitement la validité d’accord de groupe article L 132-19-1
nouveau du code du travail.
Il conviendra alors que chaque société concernée par l’accord de groupe
donne mandat au négociateur patronal de la représenter.
La loi a aussi prévu la possibilité pour une entreprise d’adhérer à une
convention collective de branche qui ne la lie pas initialement par exemple,
l’employeur n’est pas membre du groupement patronal signataire mais il
trouve que la convention collective est convenable et donc il décide
d’adhérer.
Si l’entreprise entre dans le champ géographique et professionnel de la
convention c’est le cas que j’évoquait à l’instant, l’adhésion est pour
l’employeur une pure faculté article L 132-9 du code du travail, d’ailleurs les
syndicats signataires avait envisagé l’application de la convention à une
entreprise comme la sienne et par conséquent il est logique de considérer
que cette application peut procéder de la seule volonté du chef d’entreprise.
En revanche la situation est bien entendu différente lorsque l’entreprise ne
rentre pas dans le champ d’application géographique ou professionnelle de la
convention et dans ce cas si une entreprise veut se rattacher à un accord de
branche alors qu’elle ne rentre dans son champ d’application, elle ne peut y
adhérer qu’avec agrément des syndicats représentatifs dans l’entreprise, il
arrive que l’employeur fasse une différence aux clauses d’une convention qui
ne le lie pas dans le contrat de travail et il peut alors être tenu de respecter
cette convention mais en réalité dans ce cas c’est la force obligatoire du
contrat de travail qui constitue le fondement de son engagement,
l’application de la convention collective est en quelque sorte une clause du
contrat, on parle alors d’application volontaire de la convention collective.
Dans le cas des conventions collectives étendues ou élargies tous les
employeurs compris dans le champ d’application sont liés il n’y a donc pas de
condition particulière relatives aux employeurs.
N° 28 :
Et bien tout d’abord comme nous l’avons déjà vu la convention collective est
affranchie de la théorie de l’effet relatif du contrat, elle va s’imposer par
définition à des salariés toujours et à des employeurs souvent qui n’en sont
pas signataires à condition qu’il soit compris dans son champ d’application et
il y adonc une très forte analogie avec une situation réglementaire par ce
que par définition le règlement s’applique à tous ceux qui sont sur ce champ
d’application sans qu’on considère d’aucune façon qu’ils aient pris par ou non
à sa formation.
Deuxième élément et à vrai dire cet élément serait lui seul suffisant.
La notion d’objet et surtout la notion de cause ne sont pas prises dans le sens
courant du droit des contrats, la formule signifie que l’on doit isoler
l’ensemble des clauses qui réglementent un aspect particulier de la relation
de travail par exemple le préavis, l’indemnité de licenciement, la prime
afférente à telle où telle prestation ou compensant telle ou telle suggestion.
Et ayant isolé ces clauses qui se rapportent à un avantage, on va les
comparer.
C’est dans une hypothèse de type BASIRIKO donc révision d’une convention
collective par une partie seulement des signataires initiaux que la Cour de
Cassation a rendu l’un des arrêts récents les plus remarqués du droit des
conventions collectives. C’est l’arrêt Compagnie Générale de
Géophysique, Sociale 19 février 1997, Dt Social 97 page 432 ,
observation Gérard Couturier ? L’accord de révision, l’avenant supprimait une
prime prévue par l’accord initial, l’employeur de son coté s’engageait à
maintenir l’emploi de salariés menacés de licenciement. L’avenant est
signifié par la CFDT mais pas la CGT, toutes 2 étant signataires de l’accord
initial. Les 2 accords sont donc en concours, on est avant la réforme de 1992.
Il faut les comparer. Et devant procéder à cette comparaison et donc
déterminer qu’elle est la solution la plus favorable au salarié, ou la solution
applicable sur le terrain du principe de faveur, la Cour de Cassation ne
raisonne pas avantage par avantage. Si l’on avait raisonné avantage par
avantage, on aurait été amené à reconduire la prime aux salariés mais la
Cour de Cassation ne fait pas cela. Elle procède à une comparaison globale
des 2 accords. Le nouvel accord – suppression de la prime, maintien de
l’emploi étant globalement plus favorable, il l’emporte dans toutes ses
dispositions et donc les salariés ont perdu la prime. Cette renonciation au
principe de la comparaison analytique est demeurée exceptionnelle mais il y
a quand même eu un autre arrêt qui a confirmé le principe de ce
raisonnement. Et cette renonciation au principe de la comparaison analytique
s’explique par le caractère très particulier de l’accord. Dans l’affaire
Compagnie Générale de géophysique, Sociale 19 février 1997,
l’accord présentait toutes les caractéristiques d’un contrat synallagmatique.
La renonciation du syndicat à la prime et l’engagement de ne pas licencier se
servaient mutuellement de cause. Et donc il n’était pas possible de raisonner
avantage par avantage sans priver de cause l’engagement de l’employeur.
C’est une jurisprudence importante mais d’application très rare, l’arrêt qui a
renouvelé l’orientation jurisprudentielle est un arrêt du 8 juin 1999. Droit
Social 99, page 852, observations Jean Savatier ? Cette jurisprudence
pourrait peut-être trouver à s’appliquer dans des hypothèses de concours
entre accords d’entreprises et accords d’établissement.
Le fondement de cette solution ne peut pas être trouvé dans le fait que le
droit social comporte un ordre public très développé, car toutes les normes
d’ordre public ne sont pas d’application immédiate. L’idée de progrès a pu
autrefois jouer un rôle. C’était autrefois l’un des arguments du doyen
Roubier. La convention collective comme la loi représenterait toujours un
progrès. Mais cette idée n’est plus que partiellement exacte. En définitive, la
non-incorporation procède très largement de l’idée suivant laquelle l’unité du
statut collectif du personnel est préférable à une mosaïque de situations. S’il
y avait incorporation, la gestion du personnel réclamerait un travail
permanent d’historiographie normative. Cette solution serait peu égalitaire,
elle n’a pas paru souhaitable à la Cour de Cassation.
Plage 30
La question évidemment délicate dont nous avons déjà parlé est celle de la
dénonciation par une partie seulement des signataires initiaux. Pour que la
convention collective cesse totalement de s’appliquer, il faut que tous les
signataires patronaux ou bien tous les signataires syndicaux dénoncent.
Dans ce cas là, il n’y a place pour aucune discussion. La dénonciation par une
partie seulement des signataires syndicaux, la plupart du temps n’a pas une
très grande portée puisqu’il suffit qu’un syndicat représentatif demeure
engagé. Tout au plus fait elle perdre au syndicat qui dénonce le droit de
participer à l’administration de la convention collective, par exemple de
participer aux commission d’interprétation qui ont été mises en place. Il n’en
irait autrement que si le syndicat qui dénonce était le seul représentatif dans
une partie du champ d’application de l’accord ; le champ d’application de la
convention collective serait alors réduit à due concurrence. Cependant, le
développement du principe majoritaire doit renouveler cette approche de la
question. En effet, si l’on admet que dans certaines branches il sera
dorénavant requis pour pouvoir conclure une convention collective que les
signataires constituent la majorité des syndicats représentatifs ou bien que
dans certaines entreprises il faudra que les signataires aient obtenu la
majorité des voix aux élections du CE.
Que se passe t-il si un syndicat dénonce de tel sorte que il ne reste plus
comme signataires de la convention collective qu’une minorité, minorité des
syndicats de la branche, syndicats ne représentant qu’une minorité du
personnel dans l’entreprise ?
Il est vraisemblable dans ce cas, que la convention collective qui était
subordonnée à une convention de majorité sera caduque.
B- La révision
La révision est le procédé qui produit les effets les plus énergiques, quoique
les accords de révision comportent dans la majorité des cas, mais pas dans
tous les cas, une clause de maintien des avantages acquis. A défaut de
clause conventionnelle de maintien des avantages acquis, l’entrée en vigueur
d’un accord de révision peut aller jusqu’à baisser les salaires, si les salaires
jusqu’à présent étaient fixées par la convention collective. Lorsque l’accord
est remis en cause par la dénonciation ou par un événement qui affecte
l’entreprise, la loi a en revanche attenuée l’effet de son abrogation.
Plage 31
CONCLUSION
Pour conclure ce cours, je voudrais souligner qu’une des facettes les plus
marquantes de l’évolution du droit du travail dans les 20 dernières années
est à coté des conventions collectives, le renouveau des actes unilatéraux de
l’employeur à destination collective. Et cela nuance donc beaucoup le propos
qui a été tenu sur le développement de la négociation collective, puisque
l’acte unilatéral à destination collective c’est exactement le contraire de la
négociation. Cela veut dire que l’employeur comme l’Etat régit
unilatéralement la situation des salariés. Pendant un temps, ces actes
avaient été considérés comme une survivance. Et puis ils ont pris une place
croissante dans les relations du travail. Le régime du règlement intérieur qui
a été redéfini par une loi du 4 Août 1982 a ouvert la voie. Lorsque la Cour de
Cassation a dû se prononcer sur le Règlement Intérieur tel qu’il avait été
réformé en 1982, elle a qualifié le règlement intérieur d’acte réglementaire
de droit privé dans l’arrêt UNIGRAIN, Sociale 25 octobre 1991, Droit
social 91, page 788 . Et à partir de là la jurisprudence a pris conscience du
fait qu’il y avait en réalité un assez grand nombre d’actes unilatéraux de
l’employeur. Il est assez facile de les classer. Certains actes sont obligatoires
pour l’employeur, et au fond celui-ci n’a pas le choix, il est obligé de les
édicter, de les prendre. C’est le cas du règlement intérieur, qui est obligatoire
dans les entreprises d’au moins de 20 salariés. C’est le cas évidemment du
plan de sauvegarde de l’emploi que l’employeur met en place lorsqu’il met
en œuvre un grand licenciement économique. Et puis, il y a une série de
plans que l’employeur doit soumettre au comité d’entreprise, plan
d’amélioration des conditions de travail, par exemple. Il y l’ordre des
licenciements qui doit être défini quand l’employeur met en œuvre un
licenciement économique, tous ces actes l’employeur ne choisit pas de les
édicter, il y est tenu à partir du moment où il souhaite prendre telle ou telle
mesure. A coté de ces actes obligatoires, peut-être portée par l’exemple que
donnait le règlement intérieur, la jurisprudence a reconnu comme actes
unilatéraux une série d’actes qui sont des actes facultatifs, des instruments
de gestion des entreprises ou des branches professionnelles ; ainsi les notes
de services par lesquelles l’employeur s’exprime vis-à-vis du personnel, en
disant qu’il interprète de telle ou telle façon la convention collective, ou
encore les accords atypiques lorsque l’employeur s’engage vis-à-vis du
comité d’entreprise à donner aux salariés tel ou tel avantage. On pourrait
analyser ces accords en contrat mais en réalité la jurisprudence analyse ces
accords atypiques conclus au sein du CE en actes unilatéraux de l’employeur.
De même, l’usage d’entreprise, l’usage d’entreprise qui constitue une des
sources traditionnelle en droit du travail, lorsque l’employeur met en place
un avantage pour les salariés, qu’il le fait en le formulant de façon générale
et impersonnelle, et que cet avantage se répète 2 ou 3 fois, et bien la
jurisprudence y voit un avantage d’entreprise, que l’employeur ne peut pas
abroger sans respecter certaines formalités. Et bien l’usage d’entreprise est
maintenant considéré par la jurisprudence comme un acte unilatéral de
l’employeur. Cet essor des actes unilatéraux s’étend jusqu’à la négociation
de branche. Puisque la Cour de Cassation a considéré que les
recommandations qu’une organisation patronale fait à ses adhérents, dans
certains cas au moins peuvent être traitées comme des actes unilatéraux qui
obligent les employeurs. Il s’agit notamment d’une série d’arrêts rendus par
la Chambre Sociale de la Cour de Cassation le 29 juin 1999, Droit
Social 99, Page 795. L’affaire est née du conflit des transporteurs routier de
novembre 1996. Aucun accord n’a pu intervenir au sujet des revendications
salariales, et pour mettre fin au conflit les organisations patronales UFT et
Unostra ont signé une déclaration commune recommandant aux entreprises
de verser une indemnité de 3000 francs à l’ensemble des conducteurs de
véhicules de plus de 3.5 Tonnes. Et puis après cette recommandation
plusieurs employeurs ont refusé de verser cette indemnité. Les salariés ont
alors saisi les conseils de prud’hommes compétents. Les salariés ont parfois
eu gain de cause. La cour de cassation rejette les pourvois formés contre les
décisions qui ont donné raison aux salariés. Le fondement de ces décisions
est le suivant : ‘habilitée à conclure avec les organisations syndicales
ouvrière des accords de salaires, l’organisation patronale avait par la même,
reçu pouvoir en cas d’échec des négociations et afin de sauvegarder les
intérêts du personnel de la profession, ainsi que ceux des employeurs
concurrents entre eux, de fixer par une décision unilatérale s’imposant à tous
ses adhérents le barème minima de salaires correspondant aux propositions
faites au syndicat. Donc on voit que l’acte unilatéral, c’est non seulement
l’acte unilatéral de l’employeur, mais aussi dans cet arrêt, l’acte unilatéral de
l’organisation professionnelle. Essor considérable, et celui-ci a donné
naissance à l’embryon d’un régime juridique, un régime de l’acte unilatéral
de l’employeur émerge progressivement en partie par emprunt au régime
légal du règlement intérieur qui est assez bien défini. Pour prendre un
règlement intérieur, l’employeur doit d’abord consulter les représentants du
personnel. Dans le cas du règlement intérieur cette consultation est une
formalité substantielle, si elle n’a pas lieu, le règlement intérieur serait
inopposable aux salariés. D’une façon générale, on observe qu’il est très
fréquent que les actes unilatéraux de l’employeur à destination collective,
lorsqu’il s’agit d’actes pris dans l’entreprise soit soumis à une exigence de
consultation des représentants du personnel. La plupart du temps, il s’agit
d’un avis simple, mais dans certains cas le fait de ne pas demander cet avis
quoique simple, a comme conséquence, comme cela est le cas pour le
règlement intérieur, l’inopposabilité de l’acte. Ensuite l’acte unilatéral a été
pris et il doit s’exécuter. Comme les conventions collectives, les actes
unilatéraux sont d’application immédiate aux situations en cours. C’est le cas
pour le règlement intérieur. Si l’on modifie le règlement intérieur, les salariés
sont aussitôt soumis au nouveau règlement.
Enfin, les actes unilatéraux de l’employeur peuvent être au moins parfois
dénoncés, abrogés. Mais il faut faire assez attention sur ce point. La Cour de
Cassation a transposé aux actes unilatéraux la distinction entre les contrats à
durée déterminée et les contrats à durée indéterminée. Ainsi, si un
engagement unilatéral est à durée déterminée, pratiquement, il devient
extrêmement difficile de la rompre. Il en est ainsi par exemple, mais il s’agit
cette fois d’un engagement individuel, lorsqu’un salarié est licencié et obtient
de la part de l’employeur une prestation qui va lui être versée jusqu’à ce qu’il
ait liquidé ces droits à la retraite. Vous avez un salarié par exemple qui est en
pré-retraite, l’employeur s’engage à verser un complément à la pré-retraite.
Est-ce qu’il peur dénoncer cet engagement unilatéral qu’il a pris vis-à-vis du
salarié ? Non, parce que l’on est en présence d’un engagement à durée
déterminée. La durée déterminée c’est le terme, c’est l’age prévu de la
retraite du salarié, et par conséquent aucune remise en question n’est
possible.
En revanche, la plupart des actes unilatéraux à destination collective sont
des actes à durée indéterminée. Dans ce cas, l’employeur peut abroger
l’acte. S’il s’agit d’un règlement intérieur, pour modifier l’acte, il faut
reprendre l’ensemble de la procédure – consultation du CHSCT , consultation
du comité d’entreprise, notification à l’inspecteur du travail qui dans ce cas
procède à un contrôle de légalité. La plupart du temps, on va moins loin mais
malgré tout, si l’employeur veut dénoncer un acte unilatéral, il faudra qu’il
consulte, qu’il informe au moins les représentants du personnel. Et dans le
cas des accords atypiques, dans le cas des usages d’entreprises, dans le cas
aussi des notes de services, qui prévoient des avantages en faveur des
salariés, il faudra de surcroît qu’il notifie à chaque salarié pris
individuellement son intention de remettre en cause l’acte. Cette formalité
tantôt de consultation, tantôt du moins d’information des représentants du
personnel et des salariés permet de laisser en effet la place à une certaine
négociation. Dernier élément d’un régime peut être commun qui se
constitue, la tendance de la jurisprudence est de maintenir les actes
unilatéraux de l’employeur en vigueur cas de transfert de l’entreprise. C’est
une solution prétorienne, puisque naturellement l’article L122-12 du code du
travail, n’envisageait pas du tout ce type d’acte. Voilà une sorte de paradoxe
un droit qui vante la négociation collective qui dans le même temps consacre
la réglementation unilatérale de l’entreprise par l’employeur. Les lois de
réduction de la durée du travail elles-même y ont contribué, puisque pour
favoriser le passage aux 35 heures, dans certains cas on a admis que
l’employeur mette en œuvre la réforme par décision unilatérale. C’est peut-
être là, toute l’ambiguïté du droit du travail français qui est partagé entre
l’affirmation du pouvoir patronal, et au fond c’est la tradition étatiste
française qui se reflète dans cette affirmation du pouvoir patronal. Le
patronat français du moins pour les grandes entreprises très largement est
issu de la haute administration. Et par conséquent celui qui a été au début de
sa vie chef de service dans l’administration trouve tout à fait normal de
réglementer l’entreprise par décision collective unilatérale une fois qu’il est
devenu chef d’entreprise. Et puis d’un autre coté, législation
communicationnelle avec les 35 heures entre 1998 et 2000 comme en 2006,
avec le contrat premier embauche, on communique vis-à-vis de son camps
politique, en essayant de montrer qu’on est capable de réaliser de grands
changements. Le code se gonfle, sans parfois que rien ne change, et en
définitive, la prolifération de la réglementation est la forme française de la
flexibilité.