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La maladie du crohn

Diarrhées, douleurs intestinales, fatigue... Sous ces symptômes d'apparence banale, se


cache une pathologie chronique peu connue. Son nom? La maladie de Crohn.

De plus en plus fréquente, la maladie de Crohn touche 15.000 personnes en Belgique.


Elle se manifeste surtout chez les jeunes adultes entre 15 et 40 ans, mais peut aussi
apparaître plus tôt ou plus tard.

Une maladie inflammatoire

Non contagieuse, la maladie de Crohn se manifeste le plus souvent par des diarrhées
(émission de selles liquides ou molles au moins 5 fois par jour), des douleurs
abdominales, une perte de poids, de la fièvre et de la fatigue. Les patients atteints par la
maladie de Crohn peuvent également ressentir une certaine urgence à aller aux toilettes.
Pas question toutefois de la confondre avec une "simple" gastro-entérite!

Une maladie chronique

La maladie de Crohn évolue par poussées entrecoupées de périodes de rémission, durant


lesquelles les symptômes sont latents. Elle peut se manifester sous différentes formes:
légère, modérée ou sévère. L'intensité et l'évolution des symptômes sont en effet très
variables d'une personne à l'autre. Il peut s'écouler ainsi de quelques semaines à
quelques mois entre chaque crise, mais il arrive également que la rémission se prolonge
durant des années, ce qui permet au patient de vivre tout à fait normalement.

La prise en charge et le suivi médical sont essentiels pour limiter les répercussions de la
maladie sur la vie quotidienne, familiale et professionnelle.

La maladie de Crohn est difficilement prévisible. Certains patients vont souffrir


rapidement de complications, tandis que d'autres peuvent en être épargnés et bénéficier
de longues périodes de rémission.

Évolution "normale" de la maladie

Durant les premières années, la plupart des patients sont atteints d'une forme dite
inflammatoire. Avec le temps, des complications peuvent apparaître: rétrécissement des
zones enflammées et/ou formation de fistules (communications anormales (tunnels)
entre les organes (intestin,vessie, le vagin, la peau,...)).Si ce schéma correspond à
l'évolution "normale" de la maladie, il ne s'applique pas de façon identique chez chaque
patient. La vitesse à laquelle une personne passera d'une phase de poussée à une phase
de rémission et la durée de ces rémissions est éminemment variable. Certains patients
atteints d'une forme modérée de la maladie de Crohn peuvent ne jamais développer de
complications.

Examen clinique et analyse de sang

En interrogeant le patient, le médecin évalue la durée, la sévérité et la fréquence des


symptômes: diarrhée, douleurs abdominales, fièvre, perte de poids, transpiration
nocturne… L'histoire du patient peut parfois être très suggestive d'une maladie
inflammatoire intestinale (dont la maladie de Crohn). Lors de la consultation, le
médecin va également palper attentivement l'abdomen, à la recherche des zones
douloureuses. Une analyse de sang et des selles en laboratoire peut être proposée pour
détecter la présence d'éventuels signes d'inflammation.

Exploration des intestins

En cas de suspicion de maladie de Crohn, un examen endoscopique (introduction d'un


fin tuyau flexible muni d'une petite caméra dans le côlon et l'intestin grêle) est
généralement proposé pour confirmer le diagnostic. Des biopsies (prélèvements de
petits morceaux de tissus qui seront examinés au microscope) sont alors effectuées.
Objectif: confirmer le diagnostic de la maladie de Crohn.

Les examens radiologiques

Dans certains cas, des examens radiologiques (scanner abdominal, résonance


magnétique nucléaire...) peuvent être nécessaires. S'ils peuvent être utilisés au moment
de poser le diagnostic, ces examens sont toutefois surtout utiles pour déceler
d'éventuelles complications.

Une caméra et un tube souple

Outil de base de cet examen: le coloscope. Un petit tube souple surmonté d'une caméra
qui est introduite par l'anus et explore la paroi du tube digestif inférieur. "L'objectif de
cet examen est multiple", explique le Dr Vinciane Muls, gastro-entérologue au CHU
Saint-Pierre. "La première coloscopie permet de confirmer le diagnostic. Elle permet
également de localiser les lésions et d'en évaluer l'ampleur." Cet examen permet encore
de réaliser des prélèvements de la muqueuse intestinale pour confirmer le diagnostic par
examen microscopique. Les coloscopies réalisées par la suite permettent de vérifier
l'efficacité des médicaments, de suivre l'évolution de la maladie.

Traitement

Trois grands types de médicaments sont utilisés dans le traitement de la maladie de


Crohn:

- les dérivés 5-ASA et les corticoïdes pour contrôler les poussées (périodes durant
lesquelles les symptômes se manifestent)
- les immunosuppresseurs pour prévenir l'apparition de nouvelles crises et/ou de
complications.

- les anti-TNF α, utilisés surtout dans les formes sévères de la maladie de Crohn.

Vie normal

"La plupart des patients atteints de la maladie de Crohn mènent une vie normale. Ils
peuvent continuer à travailler, à partir en vacances, à faire du sport...

Les objectifs du traitement

Une fois le diagnostic posé, l'instauration et le suivi d'un traitement de fond, à prendre
sur le long terme, est pourtant essentiel. Plusieurs objectifs sont en effet visés - et
atteints - à travers la prise régulière de médicaments :

- L'amélioration et le maintien d'une bonne qualité de vie pour le patient.

- L'élimination des symptômes, moyennant un minimum d'effets secondaires.

-La réduction de l'inflammation intestinale et la cicatrisation des lésions.

- Le prolongement des phases de rémission.

- La prévention des complications (fistules, sténoses ou abcès).

- Le retour à une alimentation équilibrée.

Boire beaucoup d’eau

En moyenne, notre corps élimine de 1,5 à 2 litres d'eau par jour par les urines, la
transpiration et la respiration. Certaines substances, comme le sodium (sel) ou le
potassium, sont également éliminées de cette façon. La déshydratation survient lorsque
les pertes d'eau ne sont pas compensées par un apport extérieur équivalent à ces pertes.
Il s'agit d'un problème qui ne doit pas être pris à la légère, car il peut avoir des
conséquences graves sur la fonction du cerveau, du cœur, des reins et des muscles.

Boire suffisamment d'eau

Le risque de déshydratation est important lors des phases de poussée de la maladie de


Crohn. Les épisodes de diarrhée s'accompagnent en effet d'une perte d'eau importante.
Pour limiter ce risque, il est important de compenser ces pertes en absorbant une
quantité de liquide suffisante. Pendant les périodes de poussée, il est conseillé de boire
un grand verre d'eau après chaque selle liquide, en plus des 1 à 1,5 litres d'eau
recommandés chaque jour. Les boissons sucrées (jus de fruit, sodas...) et celles qui
contiennent de la caféine sont à éviter.
Quels aliments faut-il privilégier?

Les principaux aliments à éviter dans le cadre de ce régime sont les légumes, les fruits,
les épices et les céréales complètes. Il est également conseillé de privilégier des modes
de cuisson simple qui utilisent peu de matière grasse. Un régime à déchets de qualité
(composé de fibres solubles telles que celles contenues dans les fruits et les légumes).

Dans les deux cas, il est important de bien s'hydrater. Le lactose (sucre présent dans le
lait et ses dérivés) est en général à éviter, car souvent mal toléré par les patients.

Des consignes à oublier durant les périodes de rémission...

Lorsqu'ils sont en rémission, certains patients n'osent plus rien manger. En dehors des
périodes de poussée, il est pourtant tout à fait possible (et même essentiel!) de retrouver
une alimentation "normale" et équilibrée.

La diététicienne joue un rôle important dans le suivi de la maladie. Elle peut en effet
guider le patient vers une alimentation adaptée à sa situation et à ses goûts. Mais aussi le
conseiller en cas de perte de poids.

Au quotidien

Les poussées aigües de la maladie de Crohn s'accompagnent souvent d'une perte de


poids. En cause: la perte d'appétit, les diarrhées et les douleurs abdominales provoquées
par la maladie. Ces symptômes peuvent, entre autres, entraîner un déficit en vitamines
(A, acide folique (B9), E, D, K...) et minéraux (en particulier le fer et le calcium).

Ces carences varient en fonction des zones touchées par la maladie de Crohn. Une
atteinte de l'iléon (dernière partie de l'intestin grêle, en amont du côlon) rend, par
exemple, particulièrement difficile l'absorption de certains substances alimentaires. Elle
est donc liée à un manque en vitamine B12. La prise de cortisone nécessite quant à elle
des suppléments en vitamine D et calcium.

Comment éviter ces manques?

La prise de compléments alimentaires n'est pas systématiquement indiquée en cas de


maladie de Crohn. Certaines carences peuvent être mises en évidence lors d'une prise de
sang, lorsque la maladie de Crohn est diagnostiquée. C'est le cas des manques en fer et
en calcium.

Des symptômes variables

Un déficit en vitamines ou minéraux peut avoir des manifestations très variables. Le


déficit en fer peut provoquer une anémie (manque de globules rouges), les déficits en
calcium et vitamine D peuvent être responsables d'une ostéoporose qui fragilise la
structure osseuse,… Il est donc essentiel de démasquer le plus tôt possible ces manques
et de définir précisément les besoins du patient.
Importance d'une alimentation équilibrée

Selon les cas, le médecin peut recommander la prise de compléments alimentaires.


Certaines manques peuvent toutefois être compensées par l'alimentation. Le bilan
alimentaire effectué par une diététicienne est sur ce point très important. Il permet en
effet de déterminer si l'alimentation est équilibrée ou non, et si certains nutriments
doivent être réintroduits dans les repas.

Bien se connaître

Le reste du temps, quelle attitude adopter? Selon le Prof Van Gossum, chaque situation
doit être évaluée au cas par cas. il n'y a aucune règle générale. Il ne faut donc pas
s'interdire tel ou tel aliment de manière arbitraire. Il est important de faire soi-même ses
propres expériences, pour savoir ce que l'on peut manger sans effet indésirable. Une
forme de responsabilisation qui améliore le quotidien des patients, même si, en période
de crise, il est indispensable de proscrire certaines catégories d'aliments.

Limiter le stress

Il est, par conséquent, indispensable de gérer son stress. "Des solutions existent: le
sport, l'adhésion aux associations, les différentes activités culturelles ..", explique Marc
De Reuck. Et ça marche. Une récente étude s'est intéressée à un groupe de 24 patients
souffrant de maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI). Tous ont été
invités à consulter un psychothérapeute pour les soutenir dans leur maladie. Résultat: 0
rechutes, contre une moyenne de 2 poussées annuelles habituellement. Le nombre de
consultations chez un spécialiste a quant à lui été diminué par 2 en une année… Signe
que se sentir bien dans sa peau est aussi bon pour son intestin.

Quand faire du sport?

Avoir une activité physique régulière est vivement conseillé, sauf après une opération
ou en cas de crise. En cas de poussée aiguë, les épisodes de diarrhée sont fréquents et
s'accompagnent d'une diminution du nombre de calories quotidiennes emmagasinées.
Le patient est plus faible et fatigué.

Quels sports faut-il privilégier?

L'inflammation et les traitements peuvent fragiliser les os. Mieux vaut donc ménager le
squelette. Et éviter les sports trop violents tels que:

- La boxe

- Le judo

- Le rugby
L'idéal est de privilégier plutôt les activités dans lesquelles il est possible d'évoluer
progressivement:

- La marche

- Le vélo

- La natation

Entre repos et activités

En période de poussée, il reste évidemment conseillé de se reposer, afin de ne pas


fatiguer davantage l'organisme. Par contre, dès que la situation s'améliore, il est
important de ne pas rester à l'écart. Reprendre ses activités est sans doute le meilleur
moyen de ne pas renforcer le phénomène de fatigue et/ou de déprime.

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