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L’ é m a n c i p a t i o n d e s t r a v a i l l e u r s s e r a l ’ œ u v re d e s t r a v a i l l e u r s e u x - m ê m e s

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La révolution
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Semaine du

OUVRIÈRES
N0 (2526)

20 au 26 janvier 2011
1,5 euro (soutien 2 euros) (page 16)

a commencé
ISSN 0813 9500

TRIBUNE LIBRE DE LA LUTTE DES CLASSES

en Tunisie spé é ro
Numcial
Gouvernement français, Etats-Unis, bas les pattes devant la Tunisie !
C’est au peuple tunisien et à lui seul de décider de son avenir !
Pages 2 à 6

Le conseil fédéral national du POI s’est tenu les 15 et 16 janvier.


Lire les principales décisions et l’appel adopté (pages 7, 8 et 9).
2 > L’événement <

Tunisie: la révolution
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 132 SEMAINE DU 20 AU 26 JANVIER 2011

en marche
C’est bien une révolution qui a commencé en Tunisie. Une révolution qui met en mou-
vement toutes les couches opprimées et exploitées, avec la participation de la centrale
d’interviews réalisé par nos camarades tunisiens. Merci aussi aux camarades du PT
d’Algérie qui nous ont aidés dans cette tâche. En quarante-huit heures, nous avons
ouvrière historique, l’UGTT. confectionné ces pages qui aideront nos lecteurs à démêler le vrai du faux, à com-
Les médias en France comme les politiques voudraient, une fois que Ben Ali est parti, prendre, à agir. Semaine après semaine, Informations ouvrières sera aux côtés du
que les choses rentrent dans « l’ordre ». Mais le peuple tunisien ne veut pas se voir peuple tunisien et rendra compte de son combat. C’est le combat de l’Entente inter-
confisquer sa révolution. Il veut aller jusqu’au bout et décider par lui-même de son nationale des travailleurs et des peuples, qui vient de tenir en novembre 2010 une

“De l’eau, du pain, pas le RCD !”


avenir. Nous donnons ici la parole à ces Tunisiens, à ces jeunes, à ces ouvriers, à ces conférence mondiale à Alger contre la guerre et l’exploitation.
syndicalistes, à ceux « d’en bas » qui veulent s’émanciper. Ces pages ont été réalisées Lisez ce journal, c’est celui du combat de la classe ouvrière, de l’organisation et de l’in-
par la rédaction d’Informations ouvrières grâce à l’énorme travail de reportages et ternationalisme. Lucien GAUTHIER ■

Le film des événements


● 17 décembre : un jeune vendeur ambulant, qui Le président par intérim et le Premier ministre

Photo AFP
protestait contre la saisie de sa marchandise par annoncent leur démission du RCD. Le RCD an-
la police, s’immole par le feu. Le 19 et le 20, dans nonce l’exclusion de Ben Ali.
la ville de Sidi Bouzid, de violents affrontements — 18 h 10 : l’agence Standard and Poors menace
opposent la police à de jeunes manifestants. Les de baisser la note de la Tunisie : « L’instabilité poli-
affrontements se poursuivent jusqu’à la fin dé- tique actuelle pourrait affecter la crise économique
cembre. et les finances publiques se détériorer. » En consé-
quence, l’agence annonce qu’elle place la Tunisie
● Du 3 au 10 janvier : les manifestations s’éten- sous « surveillance négative ».
dent. Elles sont marquées par des émeutes san- A Tunis et ailleurs, les manifestations continuent.
glantes, notamment à Kasserine, Thala, et Regued. « Le dictateur est tombé, pas la dictature ! », « Il faut
La situation de précarité et de chômage des jeunes, que les Tunisiens achèvent leur mission. » La police
la très dure exploitation des travailleurs, les hausses du nouveau gouvernement cherche à disperser
massives des prix et l’oppression sont le ressort les manifestants à coups de gaz lacrymogènes et
de ces émeutes. « De l’eau, du pain, pas Ben Ali ! » de matraques.
« RCD assassins ! », riposte la foule. « Nous refu-
● 10 janvier : Ben Ali dénonce « des actes terro- sons ce gouvernement criminel qui veut voler la ré-
ristes perpétrés par des voyous cagoulés ». Les mobi- volte de notre peuple. Nous dénonçons les partis de
lisations s’étendent à de nouvelles villes, à de l’opposition qui sont au gouvernement », explique
nouvelles couches de la société. un manifestant.
Dans de très nombreuses villes, des rendez-vous
● 12 janvier : le ministre de l’Intérieur autorise à sont donnés pour manifester mercredi 19 janvier.
tirer. Des dizaines de morts seront enregistrés. Des A suivre… ■
milliers de Tunisiens sont arrêtés. Malgré le couvre- Tunis, le 14 janvier : les travailleurs et les jeunes se sont rassemblés devant le ministère de l’Intérieur,
feu, de violents affrontements ont lieu dans la ban- REPORTAGE

Dans un comité de quartier


lançant des slogans contre le ministre de l’Intérieur et demandant le départ de Ben Ali.
lieue de Tunis, ville jusqu’alors préservée.

de Tunis
« Du pain, de l’eau, pas Ben Ali ! », c’est le mot ● 15 janvier : l’armée, qui n’était pas directement ou d’instances de l’UGTT dénoncent la partici-
d’ordre de la masse. La mobilisation s’étend. Les impliquée dans la répression qui relevait de la pation de proches de l’UGTT au gouvernement.
jeunes, les travailleurs avec leurs banderoles syn- police, commence à se déployer. Elle s’attaque aux Les comités populaires dans les quartiers com-
dicales UGTT, les avocats qui défilent en robe, les milices de Ben Ali, essentiellement composées de mencent à organiser la distribution de l’alimen-
Depuis quand vous protégez-vous
médecins, les mères de famille, les chômeurs, les policiers. Le peuple salue l’action des militaires. tation et l’ensemble des questions. Ils gèrent les vous-mêmes, et pourquoi ?
commerçants, toutes les couches de la société Mais dans les quartiers, dans toutes les villes de quartiers et assurent leurs permanences dans les Notre décision de nous organiser a été collec-
tunisienne se retrouvent dans la rue. A Sfax, la Tunisie, surgissent des comités de quartier qui locaux de l’UGTT. tive comme si c’était un seul homme qui l’avait
deuxième ville du pays, c’est l’UGTT qui appelle organisent la défense des citoyens. Des barrages Partout dans le pays on discute, sur les places, décidé. Nous avons vu dans les médias que les
à une manifestation qui regroupe 30 000 personnes. sont érigés. Des jeunes, des travailleurs armés tant dans les quartiers, à la porte des entreprises. jeunes, ailleurs, avaient pris la défense de leurs
Les entreprises sont arrêtées. Dans les quartiers bien que mal de bâtons et de haches assurent la « Ghannouchi, c’est le ministre des privatisations. » familles et de leurs quartiers. Le danger étant
apparaissent les premiers comités, qui ont pour protection des citoyens. De nombreux affronte- « La démocratie, c’est m’exprimer librement. » Un là, nous devions y faire face. La majorité des
but de protéger la population contre les exactions ments les opposent aux milices de Ben Ali. Plu- ouvrier : « Pour moi, c’est le respect du droit des tra- gens se connaissaient à peine, mais l’heure était
policières. sieurs policiers sont ainsi tués alors qu’ils venaient vailleurs. » Une femme : « La démocratie ? C’est la venue de sortir de notre isolement. La situation
d’abattre des habitants. liberté, la laïcité et le respect des droits des femmes. » était grave et nous devions réagir vite.
● 13 janvier : Ben Ali fait un discours à la télévi- Finalement, on apprend que le Premier ministre, Un autre : « C’est un gouvernement qui nous repré- Il fallait que le peuple prenne sa propre défense,
sion. Il s’engage à quitter le pouvoir en 2014, limoge qui avait été nommé président la veille, ne l’est sente et applique nos choix. » Une femme, s’adres- l’Etat n’assurait que sa survie. Nous avons com-
quelques ministres et ordonne la fin des tirs des plus et que, à sa place, c’est le président du Parle- sant à des journalistes français : « Vous avez eu le pris que ces criminels étaient contre nous. Ils
policiers contre les manifestants. Il écarte le chef ment, Foued Mebaza, qui assure la présidence 14 juillet 1789. Nous avons le 14 janvier 2011.Vous sont les milices de l’ex-président, qui voulaient
d’état-major des armées de terre, qui a refusé d’im- intérimaire. avez chassé l’Ancien Régime. Nous aussi, nous devons et qui veulent toujours le chaos généralisé.
pliquer l’armée dans la répression. Le nouveau président nomme comme Premier le faire. » Un syndicaliste de l’UGTT : « La démo- Comment vous organisez-vous ?
ministre celui qui était la veille le président par cratie, ce n’est pas le replâtrage de ce régime. Ce sont Dans notre quartier, il n’y a pas de couvre-feu !
● 14 janvier : à Tunis comme dans de nombreuses intérim et l’avant-veille le Premier ministre de Ben des élections libres et démocratiques. C’est une Si, il y en a un, mais il ne s’applique pas à nous.
villes de province, par dizaines de milliers, le peuple Ali, et avant cela responsable de la Banque mon- Assemblée constituante qui en finira avec le régime C’est nous qui l’appliquons aux autres. Nous
tunisien manifeste aux cris de « Ben Ali dehors ! ». diale. L’ancien nouveau Premier ministre, Ghan- en place. » barricadons les rues et les entrées du quartier.
La police de Ben Ali continue de réprimer. Les pre- nouchi, annonce qu’il propose la formation d’un Nous devons nous assurer de toutes les per-
miers soldats qui apparaissent sont acclamés par gouvernement d’union nationale. ● 18 janvier, 13 heures : Une séance extraordi- sonnes qui viennent ici. Nous regardons même
la foule. On assiste à des scènes de fraternisation. naire de la direction nationale de l’UGTT est convo- dans les coffres et sous les sièges des voitures.
A 17 heures, le Premier ministre Ghannouchi an- ● 16 janvier : le Premier ministre reçoit les partis quée en urgence. Elle adopte une résolution Là comme ailleurs, à plusieurs reprises, nous
nonce à la télévision qu’il assure la présidence en d’opposition et l’UGTT, la centrale syndicale. Les considérant « que le gouvernement n’est pas le demandons aux policiers leur carte d’identité.
remplacement de Ben Ali, qui a quitté le pays. trois partis d’opposition qu’il reçoit (PDP, FDTL nôtre » et annonce que personne au gouverne- On est majoritaires, on assure notre propre sécu-
ment ne peut se réclamer de l’UGTT. Une heure rité et c’est à eux de nous obéir et de nous prou-
Celui-ci a fui le pays avec sa famille et son clan... et Ettajdid) sont les partis d’opposition légaux,
ver qu’ils sont de vrais policiers.
et des tonnes d’or. Quelques heures auparavant, c’est-à-dire ceux qui étaient acceptés dans le cadre plus tard, à 14 heures, les trois ministres syndica-
On organise la surveillance pour assurer la sécu-
l’administration américaine a fermement critiqué de la dictature de Ben Ali. listes de l’UGTT annoncent leur démission du
rité de notre cité. Tout le monde est là, dès l’après-
Ben Ali. gouvernement. midi et jusqu’au matin.
On apprendra par la presse ultérieurement que, ● 17 janvier : alors que les manifestations de rue Houssine Dimassi, nommé ministre de l’Emploi, Nous ne laisserons pas les criminels de Ben Ali
ce même jour, les généraux sont allés voir Ben continuent, le Premier ministre annonce la for- déclare : « Nous nous retirons du gouvernement à salir ou nous voler notre victoire !
Ali pour lui dire instamment de quitter la Tuni- mation d’un gouvernement d’union nationale. l’appel de notre syndicat. »
sie. Pour l’essentiel, il est composé des ministres RCD Dans l’après-midi, de nombreuses manifestations Combien de temps allez-vous assurer
Durant la nuit, les émeutes se poursuivent. De de Ben Ali, de représentants des trois partis d’op- ont lieu sur le thème : « De l’eau, du pain, pas le votre sécurité ?
nombreuses propriétés de Ben Ali et du clan des position légaux, de personnalités de la société RCD » et aussi « Dissolution du RCD », « C’est tout Les forces de l’ordre assurent la sécurité des
le régime qui doit partir ». routes nationales et départementales, et nous,
Trabelsi, la famille de la femme du président, sont civile et de trois proches ou membres de l’UGTT.
nous assurons la sécurité de nos propres quar-
attaquées et détruites. Des groupes d’hommes en Le soir même, dans plusieurs villes, des milliers — 17 heures : le Forum démocratique pour le tra-
tiers. Nous savons que ce n’est que le début,
armes sillonnent les quartiers pour tirer sur les de manifestants crient : « Dissolution du RCD ! » vail et les libertés (FDLT) annonce, après la démis- une révolution n’est jamais facile et nous sommes
habitants. La plupart d’entre eux sont des poli- Ils refusent un gouvernement avec des ministres sion des trois proches de l’UGTT, qu’« il suspend prêts à aller jusqu’au bout. De toute façon, les
ciers, l’organe de répression de Ben Ali qui, depuis de Ben Ali et, notamment, le ministre de l’Inté- sa participation au gouvernement ». lycées sont fermés. Nous sommes les gardiens
des décennies, massacre les Tunisiens. Ils n’ont rieur, celui-là même qui avait donné l’ordre de Le parti d’« opposition » Ettajdid (ex-PC) a menacé de la révolution.
plus rien à perdre et sèment la terreur. L’état d’ur- tirer sur la foule. Dans plusieurs régions et plu- de quitter le gouvernement, car les autres ministres Correspondant ■
gence est décrété. sieurs villes, les prises de position de responsables sont toujours membres du RCD.
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 132
> L’événement < SEMAINE DU 20 AU 26 JANVIER 2011
3

“L’UGTT a joué un grand rôle


dans la mobilisation populaire”
INTERVIEW ÉDITORIAL

Vive la révolution

é
L
tunisienne !
Daniel Gluckstein
Secrétaire national du POI

Entretien avec un responsable syndical de l’UGTT réalisé le 18 janvier, quelques heures avant a décision de la centrale syn-
dicale UGTT de retirer du gou-
l’annonce par la direction de l’UGTT qu’“elle ne reconnaissait pas le gouvernement”, suivie une vernement provisoire les trois
heure plus tard de la démission des trois ministres proches de l’UGTT. ministres dont elle avait ac-
cepté la nomination vingt-
quatre heures plus tôt reflète la profondeur
Quelle est ton appréciation de la situation de la révolution tunisienne.

Photo AFP
politique en ce moment même ? C’est bien d’une révolution qu’il s’agit.
Ce que je veux dire d’abord, c’est que toutes les Elle ne fait que commencer. Une révolu-
dictatures brûlent le pays pour ne pas permettre tion dont le caractère ouvrier et de souve-
au peuple de profiter de sa victoire, de sa révo- raineté nationale s’affirme chaque jour un
lution, et, plus que ça, il ne convient pas à l’im- peu plus. Ouvrière, cette révolution qui
périalisme que le peuple souverain réalise sa voit la population, les jeunes, les travailleurs
révolution et qu’il se débarrasse de son dicta- s’organiser en comités de défense contre
teur dans la mesure où tout régime qui se met les tenants de l’ancien régime et prendre
sous l’ombre de l’ordre mondial de l’impéria- en main le ravitaillement. Ouvrière, cette
lisme doit être soumis à ses directives. révolution, par le rôle qu’en dépit même
Parce qu’ils se rendent bien compte que ce qui de sa direction, l’UGTT est amenée à y jouer,
s’est passé en Tunisie est un séisme qui peut saisie à tous les niveaux par les travailleurs
avoir une influence sur toute la région, en par- pour porter les revendications et accueillir
ticulier dans l’ensemble du monde arabe, et, les comités de défense dans ses locaux.
de façon plus étendue, sur tout le continent. C’est de la démocratie et de la souve-
Profiter de sa révolution, cela veut dire que le raineté nationale qu’il s’agit. Car le peuple
peuple s’exprime, qu’il impose sa volonté, qu’il tunisien, qui est parvenu à chasser Ben Ali
impose ses propres représentants, qui le défen- — pourtant érigé en modèle par les
dent et défendent son aspiration à la justice « grands » de ce monde —, ne veut pas se
sociale et toutes ses aspirations qui étaient laisser déposséder de son avenir. Le peuple
étouffées. C’est ce qui est en train de se passer ne veut pas davantage de Ben Ali sans Ben
aujourd’hui. Ali, d’un gouvernement qui maintienne
On s’est débarrassé d’un dictateur et de ses ses institutions, ses ministres, ses lois, son
proches directs, mais on ne s’est pas débarrassé parti et sa politique de pillage.
d’un régime dictatorial. Parce que nous avons L’enrichissement personnel du clan
affaire à un système, on n’avait pas affaire à des Ben Ali est un fait indiscutable. Mais la
personnes. Le régime était incarné par le dic- misère et la faim qui ont soulevé le peuple
tateur Ben Ali ; certes, on s’est débarrassé de tunisien n’ont pas pour seule origine cet
lui, mais il reste deux de ses composantes : une enrichissement. Sur injonction du FMI et
composante de répression policière, faite des de l’Union européenne (qui a signé un
milices armées et de sa garde rapprochée, qui accord d’association en 1995 avec la Tuni-
Rassemblement devant le siège de l’UGTT, au centre de Tunis, le 27 décembre 2010, à l’initiative de
est en train de faire couler le sang de nos sie), d’immenses avantages ont été accordés
plusieurs syndicats, dont ceux de l’enseignement secondaire, de la poste et des caisses de sécurité
enfants ; et une composante politique, faite de et de santé. Ils ont été empêchés de manifester par la police. aux multinationales libres de privatiser en
l’appareil du Rassemblement constitutionnel masse les entreprises nationales, de piller le
démocratique (RCD, parti unique au pouvoir) pays et de surexploiter une classe ouvrière
et du gouvernement d’union nationale qui a soit vigilants. On a réussi notre révolution, mais Les comités populaires se sont naturellement privée de droits et de garanties (1).
été formé. La preuve en est, la prise de contact il faut que l’on continue à la défendre. Il faut installés dans les locaux mêmes de l’UGTT à On a beaucoup glosé, en France, sur la
confirmée par les agences de presse et les télé- qu’on défende nos comités populaires. l’échelle des localités et même à l’échelle régio- maladresse de tel ministre de droite et de
visions internationales entre le Premier ministre, nale. Sarkozy lui-même soutenant jusqu’au bout
Ghannouchi, et le dictateur déchu, qui se trouve Justement, à propos de la constitution de Ce qu’il faudrait, c’est que toutes les forces de le régime de Ben Ali. On a glosé aussi sur
en Arabie Saoudite. Alors qu’il faudrait que ce comités populaires partout dans le pays, la révolution, c’est-à-dire tous ceux qui n’ont la phrase du « socialiste » Strauss-Kahn :
dictateur soit extradé vers la Tunisie pour être dans les cités populaires, dans les quartiers, aucune attache avec l’ancien régime ou qui se « La politique économique adoptée ici est
jugé. Le peuple hait ce dictateur qu’il a chassé, qu’en est-il exactement ? ne sont pas compromis avec lui, se rencontrent, une politique saine et constitue le meilleur
comme il hait son Premier ministre, Ghan- Les comités populaires sont en train de jouer s’unissent sur une base d’action commune. modèle à suivre pour de nombreux pays
nouchi. Ce que vos lecteurs doivent savoir un grand rôle et de donner naissance à des tra- émergents » (2). Maladresses ? N’est-il pas
concernant ce Premier ministre, c’est qu’il a ditions de défense de la révolution. Ceux qui Quelle est la position de l’UGTT ? logique que ceux qui lient leur sort, à droite
exercé ses « compétences » en tant qu’expert les encadrent sont nos jeunes qui sont politi- Il faut savoir que l’UGTT regroupe toutes les comme à « gauche », à l’Union européenne
de la Banque mondiale. Certaines parties vou- sés, proches ou imprégnés profondément de tendances du mouvement ouvrier. Elle a joué et au FMI, armes de pillage et de destruc-
draient nous le présenter comme un homme l’idéal socialiste, ou, tout simplement, démo- un grand rôle dans la mobilisation malgré l’op- tion de tous les peuples, portent aux nues
intègre, alors que c’est lui qui orchestrait toute crates ou nationalistes. Les comités populaires, position au sein de sa direction. Il faut savoir une dictature qui vend la nation aux mul-
la politique de liquidation de nos entreprises en même temps que leur rôle d’organisation que la plupart des manifestations, des rassem- tinationales étrangères et livre sa classe
publiques et qui couvrait toutes les spoliations de la vie dans les cités et les quartiers et leur blements, partaient des locaux de l’UGTT. ouvrière à la surexploitation ?
et les vols. Il s’est engraissé au passage comme défense, informent la population du double L’UGTT a publié un communiqué après la chute La révolution ne fait que commencer
tous les autres, qu’on connaît bien aujourd’hui, danger qui menace la marche de la révolution : du dictateur, dont le point central dit claire- en Tunisie. Elle a déjà porté un coup majeur
à savoir tous ceux de la famille régnante. Il a d’une part, les milices meurtrières qui conti- ment que la centrale syndicale s’oppose à toute à toutes les institutions du capital finan-
certes eu un petit os à rogner alors que les autres nuent à semer la terreur là où elles le peuvent présence de représentants de l’ancien régime cier international, à l’Union européenne,
ont eu une grosse part, mais il était bien parmi et, d’autre part, toutes les structures de l’Etat au sein du gouvernement. au Fonds monétaire international. Elle met
eux. qui continuent à être entre les mains de l’an- Interview recueilli par M. B. ■ à l’ordre du jour du combat de souverai-
cien régime. neté du peuple tunisien l’exigence de rup-
Et il garde le même ministre de l’Intérieur ? Les comités populaires sont aujourd’hui Repères ture avec ces institutions.
Il faut voir aussi la morgue et la haine du peuple capables de se rassembler à l’échelle du pays Mais pas seulement en Tunisie. Il y a
témoignées par le ministre de l’Intérieur lors de et de s’organiser. Il faut savoir que le gouver- ● UGTT : la centrale syndicale qui regroupe depuis eu les manifestations de Grèce aux cris de
sa conférence de presse, hier. Il a seulement nement de Ghannouchi met tout en œuvre pour 1947 toute la classe ouvrière tunisienne. Toutes « Dehors le FMI et l’Union européenne ! ».
oublié qu’il y a eu un 14 janvier et que la révo- briser l’élan de ces comités populaires, en inter- les tentatives de division et de mise en place Il y a eu cette déclaration d’un responsable
lution tunisienne est en marche. Mais, pour sa disant notamment le rassemblement de plus d’une organisation syndicale parallèle ont échoué. syndical irlandais lorsqu’arrivèrent les
part, il continuait à penser qu’il était encore de quatre personnes. Ben Ali, lors de sa prise de pouvoir, réussit à l’in- émissaires de l’Union européenne et du
dans les plus belles heures du régime de Ben Aujourd’hui, les comités populaires jouent un tégrer et à la verrouiller. FMI : les « barbares sont à nos portes ». Le
Ali. Son verbe était un verbe menaçant et son rôle considérable au sein de la population en peuple tunisien ouvre une voie qui met à
propos était truffé de mensonges comme l’y prenant en charge l’approvisionnement des ● RCD : le parti de Bourguiba, le Parti socialiste l’ordre du jour du combat des travailleurs
avait habitué son patron, Ben Ali. Le 14 janvier, cités, l’entente avec les commerçants pour qu’ils destourien, est rapidement transformé en 1987 et des peuples du monder entier : dehors
les masses sont descendues dans la rue pour (les comités populaires — NDLR) veillent à une en Rassemblement constitutionnel démocratique les pillards des multinationales, des insti-
exiger le départ du dictateur. Ce ministre de distribution équitable des produits de première (RCD). Il encadre, à travers ses cellules et comi- tutions spéculatives du capital financier,
l’Intérieur, qui est aujourd’hui toujours en exer- nécessité, le contrôle de la distribution du gaz tés de quartiers, toute la société. du FMI et de l’Union européenne !
cice, a lâché ses chiens, bombardé les mani- et du fuel pour le chauffage, tout cela se fait Vive la révolution tunisienne !
festants de bombes lacrymogènes. La situation dans la discipline. Devant les boulangeries, par ● Les familles régnantes : les Trabelsi, Matri, Ma-
aurait pu se transformer en véritable bouche- exemple, il peut y avoir plus de deux cents per- brouk, Chiboub, Ben Ali sont toutes les familles
rie. Il a prétexté qu’il a agi ainsi parce qu’un sonnes faisant la queue, sans aucune bouscu- proches de Ben Ali et de sa femme, Leïla. Elles (1) Avantages vantés sur le site : www.investir-
en-tunisie.net
manifestant a arraché un drapeau national. Nul lade, sans énervement. ont tout simplement accaparé toutes les affaires (2) Le 18 novembre 2008, en visite en Tunisie.
mieux que le peuple ne protège et ne défend le C’est que chaque citoyen est conscient de l’en- juteuses locales et les miettes concédées par les Ajoutons que Strauss-Kahn n’est pas le seul
drapeau national. Il n’a rien dit de la vérité. Tout jeu que représente sa souveraineté, son auto- impérialismes dans le cadre des privatisations « socialiste » défenseur de la dictature déchue.
ce qu’il a fait, c’est de terroriser le peuple. détermination pour son existence. Et cela (il faut des entreprises publiques. Leur fortune se chiffre L’Internationale socialiste a attendu le 17 jan-
vier pour chasser le RCD, parti de Ben Ali, de ses
Le peuple tunisien a tranché la tête de la vipère, le porter à la connaissance de tout le monde ) se aujourd’hui en dizaines de milliards de dollars. rangs !
mais la vipère se débat toujours. Il faut que l’on passe dans la plupart des communes.
4 > L’événement <
La révolution a commencé en Tunisie
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 132 SEMAINE DU 20 AU 26 JANVIER 2011

« Malgré les souffrances terribles subies dans le


monde entier, partout se dresse la résistance des
Repères

peuples, de la jeunesse et des travailleurs, qui cher-


chent à ressaisir leurs organisations pour lutter,
résister, reconquérir (…). Nous reprenons à notre
Le FMI, la Banque mondiale et le régime Ben Ali

A qui profite la dictature ?


● 1881: Institution du protectorat français de Par Ali Hached, diale, du FMI, des Etats-Unis, du Japon, de la

D
Tunisie. militant tunisien, partisan de l’Entente France, des pays du Golfe, des fonds de pen-
● 1905 : Création de la section départementale internationale des travailleurs et des peuples sion…) avoisine les 50 milliards de dollars, dont
de la CGT. Création de la section de Tunisie
les deux tiers sont générés par des dépenses de
l’Etat.
de la SFIO à la veille de la Première Guerre
epuis sa prise du pouvoir en 1987, le gé- L’Etat tunisien étant depuis longtemps dans l’im-
mondiale.
néral de police Ben Ali a bénéficié du possibilité d’honorer ses créances, la seule solu-
● 1920 : Création de la section de Tunisie du soutien implacable des dirigeants du tion possible a été pour lui de contracter de
Parti communiste, à la suite du Congrès de Tours. monde entier. Le journal norvégien Aftenpos- nouveaux prêts pour rembourser les anciens
ten vient de publier le 15 janvier une série de avec des conditions encore plus drastiques. C’est
● 1924 : Grève générale des docks de Tunis câbles diplomatiques des Etats-Unis, dévoilés certainement cet élément qui en a fait un « bon
et de Bizerte, qui s’étend aux traminots, chemi- par le site WikiLeaks, datant de 2006, sur la cor- élève » et c’est sur cette voie que ne manque-
nots, travailleurs des carrières, du tissage, de la ruption massive et généralisée, et le népotisme ront pas de s’aligner la plupart des opposition-
bonneterie, etc. Fondation de la Confédération en Tunisie et son effet sur le développement éco- nels officiels d’hier. Par conséquent, les crédits

C
générale tunisienne du travail (CGTT). nomique et social. généreusement accordés pour des prétendus
Les câbles montrent la connaissance précise par projets de développement ne servent en effet
● 1925 : Interdiction de la CGTT et procès le gouvernement américain du niveau excessi- qu’à rembourser une partie de la dette.
de ses cadres fondateurs, qui seront vement élevé de la corruption en Tunisie, du
pour la plupart expulsés. système de la mafia érigé en mode de gouver- ette situation économique a engendré
nement et des atteintes aux libertés démocra- un fait politique encore plus grave : le
● 1927 : Fondation du Parti nationaliste
tiques. Dominique Strauss-Kahn, directeur plan d’ajustement structurel (PAS). Mis
Destour par Abdelaziz Thaalbi.
général du Fonds monétaire international, qui en place en 1986, quand l’économie tunisienne
● 1934 : Fondation du Néo-Destour ne pouvait ignorer ces faits, déclarait lors d’une était à bout de souffle, et afin de la soustraire à
par Habib Bourguiba. visite en Tunisie, le 18 novembre 2008 : « Je m’at- cette situation et la mettre sous la tutelle d’un
tends à une forte croissance en Tunisie cette année, nouveau rouleau compresseur, le PAS est à la
● 1938 : Tentative de refondation de la CGTT, la politique économique adoptée ici est une poli- fois une conséquence et une cause de la poli-
que les nationalistes du Néo-Destour tique saine et constitue le meilleur modèle à suivre tique mafieuse de l’Etat tunisien. Il est égale-
font échouer. pour de nombreux pays émergents. » Sarkozy et Ben Ali, le 28 avril 2008. ment la forme officielle que prend l’ingérence
En bon élève des institutions financières mon- des institutions financières du capitalisme mon-
● 1947 : Fondation de l’Union générale tuni- diales, le régime tunisien s’est comporté en ges- tions clés. » Ce n’est un secret pour personne, la dial. Il a conclu une étape et en a inauguré une
sienne du travail (UGTT) par Farhat Hached. tionnaire docile des plans économiques dictés BIRD n’accorde de financement qu’en exigeant nouvelle dans le processus du pillage de la Tuni-
notamment par la Banque mondiale et le FMI. des efforts dits de gouvernance. En outre, la sie. Ce plan antisocial de « sauvetage » n’a pré-
● 1952 : Assassinat, le 5 décembre, de Farhat
Selon un rapport de l’institution de Bretton Banque mondiale n’accorde pas simplement conisé de solution que par l’attaque frontale des
Hached. Grève générale en Tunisie et au Maroc.
Woods, le pays de Ben Ali « a pu améliorer sa des prêts, mais des plans à exécuter, et en sus conquêtes des travailleurs : désengagement de
Manifestations à Paris, à Stockholm, compétitivité sur la scène mondiale et accélérer les fonds qui vont avec. Le rôle de l’Etat n’est l’Etat, liquidation des services sociaux, déré-
aux Etats-Unis… le rythme de sa croissance économique grâce à autre que de jouer l’intermédiaire, sous la glementation du travail et, pour couronner le
● 1955 : L’UGTT adopte dans son congrès une série de prêts accordés par la Banque inter- contrainte de tout un peuple si nécessaire, entre tout, suppression de la Caisse générale de com-
la nationalisation des biens coloniaux nationale pour la reconstruction et le dévelop- ces institutions financières représentatives de pensation et privatisation des entreprises pu-
et la réforme agraire. pement (BIRD) ». l’impérialisme et les travailleurs réduits à la bliques pour rembourser la dette.
En fait, la mafia tunisienne au pouvoir, comme misère et à la surexploitation. Le 17 juin 2010, Il est évident qu’à la lumière de cette situation,

L
● 1956 : Proclamation de l’indépendance toutes les mafias, a toujours su accompagner la la Banque mondiale approuvait deux nouveaux l’économie tunisienne, fondée sur la misère
de la Tunisie le 20 mars. L’Assemblée consti- politique de déréglementation de l’impérialisme prêts pour la Tunisie, d’un montant total de croissante de tout un peuple, n’a jamais été « du
tuante, à laquelle l’UGTT présente des candi- pour en tirer profit. Le « Cadre de partenariat 126,47 millions de dollars. solide », comme le prétendaient le directeur du
dats avec le Néo-Destour, détrône le bey stratégique » (CPS) 2010-2013 présenté en février FMI et l’ensemble de ses bailleurs de fonds. Pour
et proclame une nouvelle Constitution. 2010 octroyait un prêt prévisionnel de 280 mil- es crédits octroyés par les institutions l’Union européenne, la France et tous les créan-
lions de dollars au titre du XIe Plan de dévelop- financières ne viennent pas sauver une ciers de la Tunisie, parler de « stabilité » et de
● 1978 : Grève générale le 26 janvier. pement : « La Banque mondiale joue un rôle actif situation économique critique, mais l’em- « démocratie » revient à demander à poursuivre
La répression fait plus de 500 morts. L’UGTT en appuyant les choix et réformes de politique, pirer. L’ensemble de la dette extérieure tuni- — avec des habits neufs — une même poli-
décide qu’aucun de ses dirigeants ne peut être en produisant des analyses approfondies des ques- sienne (contractée auprès de la Banque mon- tique… et à payer la dette. S. H. ■
investi de responsabilité au sein du Parti
destourien. Habib Achour, dirigeant fondateur Les réactions à la révolution tunisienne dans les pays arabes
de l’UGTT, rompt définitivement avec ce parti.

A
● 1984 : « Grève du pain »
contre l’augmentation des prix du pain
et des produits de première nécessité.
Peur de la contagion…
● 1986 : Premier plan d’ajustement structurel lors que des manifestations gendré la révolution en Tunisie. Assemblée nationale « qui exprime exprimant les mêmes revendica-
imposé par le FMI. de solidarité avec la révo- Dans le même temps, pour calmer la volonté réelle du peuple jorda- tions.
lution tunisienne se sont l’exaspération latente, il a décidé nien ». Ils demandent aussi la créa-
● 1987 : Coup d’Etat du général Ben Ali. tion de comités contre la corruption En Egypte, où des manifestants ont
déroulées en Jordanie, en Mauri- d’injecter 326 millions de dollars
Destitution de Habib Bourguiba. Suppression tanie et en Egypte, la crainte de l’ef- et le vol de l’argent de l’Etat, et scandé « Ecoutez les Tunisiens, c’est
pour faire baisser le prix de l’huile,
de toutes les libertés démocratiques fet tache d’huile étreint les gouver- contre l’augmentation des prix de votre tour les Egyptiens ! » et de-
qui a atteint des niveaux très éle-
au nom de la lutte contre l’intégrisme. nements de plusieurs pays arabes. première nécessité. mandé le départ d’Hosni Mouba-
vés.
Arrestations et procès politiques. rak, le gouvernement a choisi la
En Jordanie, où 25 % de la popula- Onze députés ont signé un appel
En Mauritanie, pour éviter la conta- fermeté. Il a interdit les manifesta-
● 1995 : Signature de l’accord d’association tion vivent sous le seuil de pauvreté, affirmant que le gouvernement jor-
gion, le gouvernement a lancé un tions de solidarité devant l’ambas-
avec l’Union européenne, le 17 juillet, des milliers de manifestants, syn- danien n’est pas capable de diriger
programme d’aide aux plus pauvres sade de Tunisie.
impliquant le démantèlement des barrières dicalistes et membres des partis le pays. Par crainte de la colère des
et diminué les prix du sucre et de d’opposition, islamistes ou de gau- Et pour ne pas entrer dans l’engre-
douanières à l’horizon de 2008. masses, le gouvernement a an-
l’huile. Il a également annoncé un che, ont manifesté dimanche 16 jan- nage des revendications, il a choisi
noncé qu’il consacrerait 225 mil-
● 2008 : Grève dans la cité minière de Redeyef, programme pour abaisser le chô- vier devant le Parlement. Ils récla- de ne pas intervenir pour baisser
lions de dollars pour faire baisser
sous le mot d’ordre : « Non à la corruption ! mage. maient la chute du gouvernement les prix des produits de première
les prix des carburants et des den-
Pour le droit au travail et à la dignité ! » En Syrie, le gouvernement a inter- Samir Al Rifaï, la constitution d’un rées de première nécessité comme nécessité. Le ministre des Affaires
dit les manifestations de soutien gouvernement d’union nationale le sucre et le riz. Selon les observa- étrangères, Abou El Gheit, a for-
● Décembre 2010 : ouverture de la crise au peuple tunisien et les médias avec un Premier ministre proche teurs, c’est la première fois que des tement réagi en déclarant que
révolutionnaire et fuite de Ben Ali, officiels ont concentré leurs infor- du peuple, le retour à la démocra- manifestants descendent dans la l’Egypte est un pays stable.
le 14 janvier 2011. mations sur le chaos qu’aurait en- tie, des élections libres pour une rue dans plusieurs villes à la fois, ■
> L’événement < 5
La révolution a commencé en Tunisie
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 132 SEMAINE DU 20 AU 26 JANVIER 2011

compte le mot d’ordre lancé le 4 janvier 1991 à Bar-


celone : “Gouvernements fauteurs de guerre et de
Bon à savoir

misère, craignez la révolte des peuples. A bas la


Parmi les réactions en France

guerre ! A bas l’exploitation !” »


● Nicolas Sarkozy,

Photos AFP
en avril 2008 : « Certains
sont bien sévères avec
la Tunisie, qui développe
(Extrait de la déclaration finale adoptée lors de la VIIIe Conférence mondiale ouverte, les 27, 28 et 29 novembre sur bien des points l’ou-
2010, à Alger, avec la participation de délégués de 52 pays du monde entier.) verture et la tolérance. »
Selon lui, « l’espace
des libertés progresse »
dans le pays.
Selon le président de la chambre de commerce américano-arabe
● Le ministre
des Affaires étrangères,

“La Tunisie offre d’énormes potentialités” Michèle Alliot-Marie,


le 11 janvier 2011, à l’As-
semblée nationale, propo-
sant l’aide de la police
française au régime Ben
Ali : « Nous proposons
que le savoir-faire de nos
Par Jean-Pierre Raffi « D’ore et déjà, la Tunisie joue un rôle clé en tant
forces de sécurité, qui est
que pont entre le monde arabe, l’Afrique et l’Eu-
reconnu dans le monde
rope. Pour les Américains, la Tunisie représente
un site d’investissement idéal, grâce notamment Un pays de prédilection entier, permette de régler
des situations sécuritaires
à sa stabilité, à ses avantages fiscaux, à sa main-
pour les délocalisations de ce type. »

P
Plus d’un milliard de dollars d’œuvre hautement qualifiée et à la sécurité qu’elle
garantit à ses investisseurs. »
● Le ministre de la Cul-
d’investissements américains Par Denis Langlet ture, Frédéric Mitterrand,
le 9 janvier, sur Canal + :
ays proche géographiquement du mar- « Dire que la Tunisie est
A l’occasion de la venue d’une délégation amé-
ricaine en Tunisie, le 15 février dernier, la char- Un flux record ché européen, un des plus importants
au monde, bas coûts salariaux (salaires
une dictature univoque,
comme on le fait si sou-
gée des affaires économiques et commerciales
de l’ambassade des Etats-Unis à Tunis, Isabel d’investissements français tournant autour de 400 euros par mois), cadre
législatif et juridique favorable à une circula-
vent, me semble tout
à fait exagéré. »
E. Rioja-Scott, s’est plu à souligner l’importance
tion rapide et peu coûteuse des marchandises
des investissements américains dans ce pays. Lu sur le site du ministère français des Affaires
et des capitaux, tels sont les trois principaux ● Rachida Dati, députée
étrangères : « La France est historiquement l’un
Citons : 94,26 millions de dollars d’investisse- « atouts » mis en avant par les autorités tuni- européenne UMP,
des tout premiers investisseurs étrangers en Tuni-
ments en Tunisie pour l’année 2008 (22,95 mil- siennes elles-mêmes depuis des années. La sur BFM TV, le 14 janvier :
sie. Elle se place au 1er rang du point de vue du
lions hors énergie). poigne de fer du régime Ben Ali garantissait « Les Européens que nous
nombre d’entreprises établies en Tunisie. L’im-
ainsi aux multinationales des conditions de sommes, il faut aussi
Pour la période 1994-2008, le montant des inves- plantation de nouvelles entreprises se poursuit
surexploitation favorables à la préservation qu’on se le rappelle : Ben
tissements cumulés représente plus d’un mil- à un rythme élevé.
des marges des sociétés. Ali a joué un grand rôle
liard de dollars.
Un flux record d’investissements français a été La Tunisie a été classée premier pays d’Afrique dans la coopération, dans
Plus de 70 entreprises américaines sont implan- enregistré en 2008, avec 504 millions de dinars du Nord trois années consécutives (2006 à la lutte contre le terro-
tées actuellement en Tunisie. au cours des 11 premiers mois de l’année, soit 2008) et au 36e rang sur 134 pays en 2009 pour risme et la montée des
280 millions d’euros environ (contre une moyenne sa capacité à accueillir les centres délocalisés intégrismes (...). Il faut
Le premier secteur de l’économie concerné est
de 90 millions d’euros les années précédentes). des grands groupes internationaux, classe- aussi que nous prenions
évidemment l’énergie : trois quarts des inves-
ment émis par le Forum économique mon- en considération cela. »
tissements. Le quart restant concerne princi- Ce résultat s’explique notamment par le succès
dial. De grandes zones industrielles, aména-
palement l’industrie, l’aérospatial et les services. d’entreprises françaises dans le cadre des priva-
gées par cette terre d’accueil, sont mises à la ● Le maire PS de Paris,
tisations :
Ces entreprises américaines considèrent la Tuni- disposition des multinationales. Elgazole est Bertrand Delanoë,
sie de Ben Ali « comme une plate-forme vers les — 150 MDT à l’occasion de la privatisation de le pôle technologique situé à la périphérie de sur France 2, le 14 janvier,
marchés européens et maghrébins », car elles la BTK, avec l’acquisition par le groupe Caisse Tunis, avec au moins 80 sociétés étrangères à propos du dernier
disposent « d’avantages par rapport aux autres d’épargne de la part du capital qui appartenait implantées, et la zone nommée Sousse, à Sfax. discours de Ben Ali : « (Ce discours) a reçu un
pays du Maghreb, dont bien entendu l’accord de à la Tunisie ; Sur un total de 100 000 mètres carrés, ces zones accueil plutôt positif, il ouvre une opportunité
libre-échange entre l’Europe et la Tunisie (l’ac- regroupent les usines ou les centres des pour un changement démocratique (…).
— 130 millions pour l’augmentation de capital
cord d’association Union européenne-Tunisie. grandes entreprises du textile, de la confec- Je connais assez la Tunisie pour savoir
de la STAR, premier assureur tunisien, dont Grou-
Lire ci-dessous). De nombreuses compagnies dis- tion, de l’industrie du luxe, de celle de la méca- que les Tunisiens eux-mêmes souhaitent que
pama détient désormais 35 % du capital.
posent d’une unité de production ici et peuvent nique, de l’électronique et des composants cela se fasse dans une certaine cohérence. »
ainsi exporter leurs produits vers l’Europe », expli- La France est toujours premier pays investisseur automobiles et avions (airbus). S’y côtoient
quait la chargée d’affaires. dans le secteur industriel, mais elle est peu pré- donc les entreprises Ericsson, Alcatel-Lucent, ● Claude Bartolone, un des dirigeants du PS,
« La Tunisie offre d’énormes potentialités, décla- sente dans la prospection d’hydrocarbures, do- Microsoft, Siemens, Philips, General Electric, à l’AFP, le 14 janvier : « L’idée que Ben Ali
rait alors M. David A. Hamond, président de la maine très capitalistique, qui constitue le premier Sagem, Bull, Pirelli, Lacoste, Hugo Boss, Naf soit accueilli à Paris ne me gêne pas si ça peut
chambre nationale américano-arabe de com- secteur d’accueil des IDE reçus par la Tunisie. Naf, Diesel, Celio, Calvin Klein, etc. Récem- installer une solution qui facilite le calme. »
merce (Nusaac). Elle jouit d’une excellente répu- Après s’être concentrés dans le secteur du textile ment, la division électronique du groupe équi-
tation aux USA. La Tunisie mise sur l’éducation et de l’habillement, les investissements français pementier automobile Continental a implanté ● Les partis de « gauche » ont demandé,
et la formation de ses enfants. L’histoire nous se sont développés au cours des dernières années une usine dans la zone de Tunis, résultat de le 14 janvier, dans un texte commun, que « le
enseigne que l’avenir appartient aux nations qui dans les industries mécaniques, électriques et la délocalisation des activités de celle de Ram- gouvernement français et l’Union européenne
maîtrisent la science et le savoir. Je suis sûr que électroniques, plus récemment encore dans la bouillet, en France. (…) soutiennent une véritable transition démo-
la Tunisie sera une grande force régionale, éco- plasturgie et le secteur aéronautique, qui béné- Notons que ces usines ont été évacuées à la cratique ». Le texte est signé par le PS,
nomique, commerciale et technologique dans les ficiera prochainement de l’implantation d’Air- demande de leur direction le jeudi 13 janvier. Europe Ecologie-Les Verts, le Parti communiste
années à venir. » bus. » ■ ■ français, le Parti de gauche, le Parti radical
de gauche, le Nouveau Parti anticapitaliste,
Business la Fédération pour une alternative sociale
et écologique et Gauche unitaire.

Qu’est-ce que l’accord d’association Tunisie-Union européenne ?

L
Par François Lazar la prise en compte des « valeurs » pour objectif « l’amélioration des taxes douanières, qui protégeaient
Le RCD de Ben Ali exclu
’accord d’association qui lie
de l’Union européenne.
La Tunisie a été le premier pays à
infrastructures et le renforcement
des capacités des entreprises ». Sont
l’économie nationale tunisienne, a
contribué à disloquer les secteurs
de “l’Internationale
la Tunisie à l’Union euro-
péenne a été mis en place en
signer un accord d’association et a
commencer à prendre des mesures
également créées dans ce cadre des
zones franches totalement déré-
productifs incapables de résister à
la concurrence des produits et des
socialiste”...
1995, à Barcelone. L’objectif de ce
type d’accord est de créer une zone
avant même sa ratification par les
Etats de l’Union européenne. L’ob-
glementées à Bizerte et à Zarzis,
près de la frontière libyenne.
investissements européens. Dans
un tel système, les prix des biens
le 18 janvier
de libre-échange entre l’Union jectif était de parvenir, au 1er jan- importés ne connaissent pas de « L’Internationale socialiste (IS) a rompu
européenne et les pays riverains de vier 2008, à « la libre circulation des Le langage des privatisations diminution, mais génèrent des pro- toute relation avec le RCD tunisien et
la Méditerranée. Véritable plan de biens industriels entre l’Union euro- fits supplémentaires pour les im- l’a exclu de ses rangs », a fait savoir, le
transformation de l’économie na- péenne et la Tunisie, en démante- Comme tout projet de l’Union euro- portateurs, liés aux clans mafieux 18 janvier, le PS français. Il a fallu à l’IS,
tionale tunisienne en vaste sous- lant progressivement les droits de péenne, l’accord passé avec la Tuni- dirigeant l’Etat tunisien. La non- dont Ségolène Royal est l’une des vice-
traitant des industriels de l’Union douanes ». C’est un programme de sie impliquait de « déterminer les application de l’engagement sous- présidentes, un certain de temps de
européenne, l’accord, afin d’écar- 2,5 milliards de dollars qui sera activités susceptibles de se moder- crit en faveur des droits de l’homme réflexion : le RCD, parti de Ben Ali, était
ter toute critique, comportait bien adopté à la fin de l’année 1995 avec niser pour affronter l’ouverture ». et de la démocratie n’a même pas membre de l’IS depuis 1989...
entendu une clause sur les « néces- le soutien de la Banque mondiale On connaît ce langage : c’est celui fait verser la moindre fausse larme
saires réformes démocratiques » et et de l’Union européenne, avec des privatisations. La baisse des aux dirigeants européens. ■
6 > L’événement <
La révolution a commencé en Tunisie
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 132 SEMAINE DU 20 AU 26 JANVIER 2011

Algérie : conférence de presse du Parti des travailleurs TRIBUNE LIBRE

“La révolution en Tunisie est un acquis Courant communiste


internationaliste du POI

pour toute l’humanité” (Louisa Hanoune)


Le 16 janvier 2008,
le camarade Pierre
Le 17 janvier, à l’issue d’une réunion du bureau lois et influent sur les prix de ces deux produits Algérie est la conséquence de la provocation
Lambert nous quittait.
politique du Parti des travailleurs d’Algérie, sur le marché. “Laisser les produits de première des spéculateurs et des barons du sucre et de
Trois ans déjà...

“L B
Louisa Hanoune, sa secrétaire générale, a tenu nécessité entre les mains d’une poignée d’opé- l’huile. D’ailleurs, ce sont eux qui doivent être
une conférence de presse dont les médias algé- rateurs est contraire à la loi et en même temps poursuivis par la justice, et non les jeunes. Ce
riens ont largement rendu compte. risque de provoquer, à l’avenir, d’autres troubles sont les spéculateurs qui sont à l’origine de Par Marc Gauquelin
plus graves, en tout cas, que ceux que nous l’augmentation”, lance Mme Hanoune en appe-
a première responsable du PT s’élève avons, jusque-là, connus”. » lant à la clémence dans le traitement des dos-
contre le mutisme on ne peut plus L’Horizon précise que pour Louisa Hanoune, siers de justice. “Les autorités ont tendu la main rusquement, les images
inhabituel de l’Etat à l’encontre de « au sujet de ceux qui veulent utiliser les événe- aux terroristes pour qu’ils déposent les armes, de la révolution tunisienne
la révolution tunisienne : “Nous ne compre- ment en Tunisie à leurs propres elles doivent faire preuve de sa- sur les télévisions du monde entier

Photo IO
nons pas le pourquoi de ce silence radio étour- fins, “nous n’adhérons pas aux gesse et d’intelligence dans le cas font jaillir de notre mémoire, l’image
dissant de l’Etat algérien. Il ne s’agit pas d’un mots d’ordre de ceux qui ont des des jeunes.” du camarade Lambert en pleine action,
fait divers, c’est une révolution sociale et poli- comptes à régler avec le président La secrétaire générale du Parti des infatigable combattant de la révolution
tique de tout un peuple dans l’espoir d’en finir de la République ou le Premier travailleurs a tout de suite situé prolétarienne.
avec le système de Ben Ali et instaurer une vraie ministre”. Le PT, selon elle, est “un l’enjeu. “Les pressions sur l’Algé- Qu’on me permette de relater un seul
démocratie”, soutient-elle » (Le Courrier d’Al- parti qui défend la souveraineté rie n’ont pas cessé depuis la pro-
souvenir. C’était fin avril 1974, le 26,
gérie). nationale”. M me Hanoune a, en mulgation de la loi de finances
Pour L’Expression, « la conférencière a tenu revanche, dénoncé les mesures du complémentaire de 2009.” Ne
le 27 ou le 28. La nouvelle du coup d’Etat
d’abord à rappeler les bouleversements inin- gouvernement au profit des impor- reculant pas devant ces pressions, de l’armée portugaise venait de tomber.
terrompus ces trois dernières années sur les deux tateurs. Elle qualifiera les 53 mil- l’Etat s’est retrouvé devant une Les communiqués des agences de presse
scènes politique et économique mondiale, et liards de dinars d’exonérations de autre situation, celle de la sou- laissaient transparaître que la classe
leur impact sur les pays en voie de développe- “prime à la spéculation”. Elle pro- mission aux spéculateurs. ouvrière portugaise commençait
ment. Pour elle, “le désordre qui règne actuel- posera le retour de l’Etat dans la “Huit mois d’exonérations, c’est à s’engouffrer dans les brèches ouvertes
lement en Côte d’Ivoire, qui se retrouve avec sphère de production et de distri- trop. 53 milliards de dinars, c’est au cœur de l’appareil d’Etat salazariste.
Le camarade Lambert bouillait
une direction bicéphale, et la partition du Sou-
dan sont l’œuvre de l’impérialisme”, et d’ajou-
bution des produits alimentaires
à travers la réouverture des maga-
“Ces barons du une prime à la spéculation”, s’est-
elle exclamée. Et Louisa Hanoune littéralement. Une réunion fut organisée
d’urgence dans le petit local de l’avenue
ter : “Ce dernier ne cesse d’échafauder des plans
appelant à la révolte par-ci, à la division par-
sins d’Etat comme les Souk El Fel-
lah et des entreprises comme
sucre et de l’huile d’ajouter : “C’est inacceptable !
Nous ne voulons pas d’une Répu- Parmentier avec les quelques camarades
là, afin de protéger ses propres intérêts lors-
qu’ils sont menacés.”
l’ENCG et l’Enasucre. “C’est ainsi
que l’Etat ne sera pas à la merci
qui dictent leurs blique au service des spécula-
teurs. Ceux-là mêmes qui sont
portugais qui avaient dû s’exiler
à Paris pour échapper
Lorsque les événements ont éclaté en Tunisie,
ni les Etats-Unis d’Amérique ni la France
de ces ogres”, clamera-t-elle. »
Et Le Quotidien d’Oran de souli-
lois et influent capables, avec le monopole qu’ils
détiennent, de provoquer des
à la répression dans leur pays.
« C’est une révolution ! », ne cessait-il
n’avaient pris ouvertement position, préférant
attendre la tournure que prendraient les évé-
gner : « La conférencière salue la
révolte du peuple tunisien, quali-
sur les prix de coups d’Etat en organisant des
pénuries de produits de base.”
de répéter, démontant, un à un,
les mensonges déversés par les mêmes
nements pour se prononcer. “Les Etats-Unis et
la France ont tenté, jusqu’à la dernière minute,
fiée “d’acquis pour toute l’huma-
nité”. Aucune révolte ne peut être
ces deux produits La conférencière appellera les pou-
voirs publics à plus de vigilance
qui récidivent aujourd’hui à propos de
la Tunisie, dans le but de convaincre qu’on
de sauver le système de Zine El Abidine Ben Ali.
Dès qu’ils ont compris que la révolution l’avait
programmée, se défend Louisa
Hanoune, qui note que “les révoltes
sur le marché” et à exercer leur rôle de régulateur.
“L’Etat doit importer au moins
assistait à une « mise aux normes démo-
emporté, ils se sont ravisés”, s’insurge la prési- ne se déclenchent que lorsque des Louisa Hanoune 51 % des produits de base pour
cratiques » de l’Etat portugais
dente du PT. S’adressant à ceux qui tentent de raisons objectives sont réunies”. parer à toute éventualité et bar- par la bourgeoisie elle-même.
lier les deux événements, Mme Hanoune tient à Ce qui s’est passé en Algérie la se- rer la route aux spéculateurs, dont En effet, confrontée à l’impasse dans
préciser : “Le peuple tunisien est sorti dans la maine dernière à travers plusieurs wilayas est certains, qui avaient repris des entreprises sa guerre coloniale et aux premiers signes
rue pour dénoncer le président Ben Ali et le sys- la conséquence des agissements de certains publiques, les ont fermées pour se transformer d’une montée de la classe ouvrière
tème capitaliste qui a accentué le fossé entre barons du commerce et des conteneurs, ajoute en importateurs.” (grèves et manifestations contre la guerre),
une minorité qui a accaparé toutes les richesses la responsable du PT. Cette dernière affirme que Louisa Hanoune répétera à l’adresse des pou- une aile de la bourgeoisie, avec l’aide
du pays et le peuple réduit à la pauvreté et la les émeutes qu’a vécues l’Algérie étaient une voirs publics par trois fois le terme “attention” d’une partie de l’état-major, tentait
mendicité. A l’inverse, c’est pour dénoncer la réponse à ces barons qui avaient décidé d’une aux conséquences qui pourraient découler de de prendre de vitesse le processus
flambée des prix du sucre et de l’huile que les manière unilatérale de procéder à la hausse des cette situation. Dans ce cas, estime encore l’ora- de maturation d’une révolution :
jeunes Algériens ont manifesté bruyamment prix de certains produits alimentaires de base. » trice, ce n’est pas le transfert des moyens de pro- elle organisait le coup d’Etat du 25 avril.
leur colère.” Tout en dénonçant ce qu’elle appelle La Tribune rapporte que Louisa Hanoune dé- duction qui a eu lieu, mais plutôt la destruction Lambert voyait dans la première vague
les barons du sucre et de l’huile, qui dictent leurs clare : « “Le déclenchement des émeutes en de ces mêmes moyens de production. » ■ de grèves, de manifestations, d’occupa-
tions et de fraternisation des ouvriers
avec les soldats le début d’une révolution
prolétarienne. Il n’y avait pas une minute
à perdre. S’adressant aux camarades
Gouvernement français, Union européenne, administration américaine… Bas les pattes portugais réunis, il les invitait à prendre
le premier avion pour Lisbonne.
devant la Tunisie ! C’est au peuple tunisien et à lui seul de décider de son avenir ! L’axe était clair et répété avec une passion
communicative, sous toutes les formes,

L
dans les semaines qui ont suivi. Il fallait
aux militants de la IVe Internationale
Photo IO

Extraits du tract du POI du 15 janvier 2011. aider par tous les moyens les travailleurs
portugais, le mouvement des commis-
a mobilisation du peuple a abouti à la chute de Ben Ali. Immé- sions de délégués élus, des conseils
diatement, les mêmes gouvernements de l’Union européenne de gestion élus intégrant les organisations
et des Etats-Unis qui le soutenaient hier se félicitent du pro- de classe que sont les syndicats, à aller
cessus annoncé de « transition constitutionnelle » qui voit les géné- le plus loin possible, car ils représentaient
raux décréter le couvre-feu, le Premier ministre de Ben Ali devenir
le mouvement vers le pouvoir de la classe
président par intérim et les partis d’opposition conviés à le rencon-
trer pour la mise en œuvre de cette « transition ».
ouvrière, vers les « soviets », même
Pour le Parti ouvrier indépendant (membre de l’Entente internatio- si ce mouvement se heurtait, en son sein,
nale des travailleurs et des peuples, qui a tenu en novembre 2010 une aux directions du PCP et du PSP.
conférence mondiale à Alger « contre la guerre et l’exploitation », coor- C’est le seul moyen, disait-il, de s’opposer
ganisée avec le Parti des travailleurs d’Algérie et l’UGTA), c’est au à la contre-offensive qu’engagerait inéluc-
peuple et seulement à lui de décider de son avenir, et non au gou- tablement la bourgeoisie rassemblée
vernement français, à l’Union européenne, aux Etats-Unis ou au FMI, autour de la junte portée au pouvoir
eux qui cherchent encore aujourd’hui à préserver ce régime. le 25 avril. Il ne pouvait y avoir, pour lui,
C’est à la jeunesse sacrifiée, c’est aux travailleurs avec leurs organi- Le cortège du POI lors de la manifestation du 15 janvier.
d’aile « progressiste » de la bourgeoisie
sations, dont l’UGTT, de définir l’avenir, à l’inverse de ce qu’on leur et de l’armée qui aurait organisé
imposait jusqu’alors au compte des multinationales. tion du régime. Ce ne sont pas ceux-là, gouvernement français, Union le coup d’Etat en vue d’ouvrir une ère
C’est au peuple tunisien dans son ensemble de décider de son ave- européenne, Etats-Unis, qui peuvent décider, comme ils l’ont déjà de démocratie bourgeoise
nir, ce qui lui a été refusé jusqu’à présent au nom de la soumission fait dans d’autres pays — comme en Côte-d’Ivoire, par exemple, où, répondant aux aspirations de la classe
aux plans de l’Union européenne et du FMI. au nom de la « transition », on impose des accords entre fractions du ouvrière et du peuple portugais,
Et certainement pas à ces gouvernements — comme le gouverne- régime et opposition, avec pour résultat de conduire la Côte-d’Ivoire comme le prétendaient
ment français — qui, pendant vingt-trois ans, ont soutenu ce régime, au bord de l’explosion et de la guerre. les dirigeants du PCP et du PSP.
et qui, à travers l’accord d’association avec l’Union européenne et La seule voie pour la démocratie, c’est de respecter la souveraineté C’était il y a trente-sept ans. Quelle actua-
les plans du FMI, ont pillé le pays, écrasé économiquement et socia- du peuple tunisien et de la nation tunisienne. ■ lité. Quelle vigueur et quelle justesse.
lement la jeunesse et les travailleurs, tout en alimentant la corrup- Les secrétaires nationaux du Parti ouvrier indépendant
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 132
> La vie du parti < 7
SEMAINE DU 20 AU 26 JANVIER 2011

Le conseil fédéral national (CFN) du POI s’est réuni les 15 et 16 janvier à Paris. Il était composé des
PARTI OUVRIER INDÉPENDANT
membres du bureau national et d’un représentant de chaque comité départemental. Après une large
discussion, il a adopté à l’unanimité un appel que nous publions ci-dessous. On lira, pages suivantes,
les principales décisions du conseil.

Appel du conseil fédéral


national du Parti ouvrier
indépendant Le 16 janvier 2011

La levée en masse du peuple tunisien contre la famine provoquée par la hausse des prix et contre la ré-
pression a chassé le dictateur Ben Ali.
Après la gigantesque manifestation de Dublin, en Irlande, et les grèves générales de Grèce, du Portugal
et d’Espagne contre les plans dictés par le FMI et l’Union européenne, après le puissant mouvement de
grèves et de manifestations contre la réforme des retraites en France, la réplique des peuples s’intensifie.
Elle répond à la véritable guerre engagée par le capital financier pour préserver ses profits, cassant le
coût du travail et détruisant les emplois, les salaires, les services publics, les acquis de l’humanité.
Au point qu’un commentateur avisé, défenseur du système capitaliste, évoque publiquement « l’apocalypse
de la dette » d’où « viendra la prochaine grande crise. Une crise qui pourrait emporter jusqu’à la dé-
mocratie. » Il évoque « un choc d’une violence inouïe », une situation où les fonctionnaires « ne seraient
pas payés pendant des mois » et où l’Etat « larguerait au privé des pans entiers d’activités devenues
largement publiques comme l’éducation ou la santé ». Bref, une « faillite à venir des Etats modernes »
(mensuel des Echos).
Mais le soulèvement en Tunisie démontre, une fois de plus, la capacité des travailleurs et des peuples
à prendre en main leurs propres affaires.

L’année 2010 s’est achevée en France sur l’adoption de la • par la remise en cause des droits collectifs de la classe ou-
contre-réforme des retraites, rendue possible par le refus des vrière, les statuts comme les conventions collectives, et la
dirigeants de « l’intersyndicale » d’appeler à la grève pour son généralisation de la précarité et de l’individualisation, dans le
retrait et par l’acceptation par les partis de « gauche » du prin- privé comme dans le public, en application de la loi du 20 août
cipe d’une « réforme nécessaire ». 2008 sur la représentativité syndicale (le gouvernement pré-
En ce début 2011, le gouvernement Sarkozy-Fillon veut tend associer les organisations syndicales à ces plans destruc-
poursuivre les contre-réformes et engager un plan de destruc- teurs et leur imposer, au nom du « dialogue social », de renon-
tion d’une gravité sans précédent, dicté par l’Union europé- cer aux revendications ; il propose pour ce faire un « agenda
enne et le Fonds monétaire international (FMI) : social ») ;
• par le démantèlement de la Sécurité sociale, dont le Medef • par l’application des mesures européennes dans l’agricul-
exige que les bases de 1945 soient liquidées, au travers de l’ins- ture, la viticulture et la pêche qui font disparaître les petites
tauration du risque « dépendance » ; exploitations au bénéfice des multinationales ;
• par la liquidation totale du statut des fonctionnaires, pilier • par la réforme territoriale qui poursuit le démantèlement
des institutions républicaines, se combinant à la poursuite de de l’unité de la République, via notamment les agences régio-
la liquidation en masse des services publics, particulièrement nales de santé et autres institutions.
de l’école, des hôpitaux et de La Poste (privatisée depuis le Dans le même temps, le chômage grandit, la misère s’étend.
1er janvier de cette année) ; La jeunesse se voit privée de tout avenir. (Suite page 8)
8 > La vie du parti >>>
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 132 SEMAINE DU 20 AU 26 JANVIER 2011

Appel du conseil fédéral national


(Suite de la page 7)

« compétitivité de l’économie » l’objectif prioritaire au nom de


NON AU CONSENSUS ! la « défense de l’emploi ». Consensus qui a vu les gouverne-
Les principales LA DETTE N’EST PAS CELLE DU PEUPLE ! ments successifs de droite et de « gauche » multiplier les dé-
crets, lois et ordonnances instaurant la déréglementation so-
décisions du CFN Ce véritable basculement de société est provoqué par la crise
de décomposition du régime capitaliste fondé sur la propriété
ciale, la dérégulation financière, et donnant une grande liberté
d’action à la finance.
1. L’appel du CFN privée des moyens de production. Une crise que le FMI, la
Pour quels résultats ?
Banque mondiale, l’Union européenne veulent mettre à profit
Adopté à l’unanimité, cet appel pour les spéculateurs et les banques. La menace de la dette est 7,5 millions de travailleurs sont privés d’emploi, 20 % des
est destiné à être discuté brandie pour mieux piller et disloquer les nations, et détruire salariés gagnent moins ou tout juste le Smic et plus de 9 mil-
les droits et garanties des masses ouvrières. Il faut le dire clai- lions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté.
en priorité avec les adhérents rement : cette dette n’est pas celle du peuple. A l’heure où, en Ce qui appelle une clarification : le gouvernement Sarkozy-
à l’occasion de la remise France comme Europe et dans le monde entier, les travailleurs Fillon provoque un immense rejet, les travailleurs et le peuple
des cartes 2011 et avec et les peuples se dressent contre les plans de rigueur dictés par veulent en finir avec sa politique. Mais ce que certains ap-
le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l’Union pellent « l’alternance » ce n’est pas cela. « L’alternance » consiste à
les sympathisants, les militants européenne, un mot d’ordre est à l’ordre du jour : non à la remplacer un gouvernement de droite par un gouvernement
avec lesquels nous avons préparé dette, annulation de la dette ! de « gauche » qui accepterait, à l’identique, les plans de rigueur
la conférence du 11 décembre Pour le Parti ouvrier indépendant, il n’y a rien de plus ur- de l’Union européenne et du FMI. Il suffit de regarder com-
2010, les élus et aux travailleurs gent, de plus décisif pour l’avenir du peuple travailleur que de ment les gouvernements « socialistes » — Socrates au Portugal,
rassembler les conditions d’une résistance victorieuse à ces Zapatero en Espagne et Papandréou en Grèce — imposent les
à qui nous proposons d’adhérer. plans de destruction. Seule une mobilisation unie permettra mêmes plans anti-ouvriers que ceux du gouvernement Sar-
d’arrêter le bras meurtrier du gouvernement Sarkozy-Fillon. kozy-Fillon.
2. Les élections cantonales
Mais, pour pouvoir engager cette contre-offensive, il faut Voilà pourquoi le Parti ouvrier indépendant déclare : ce
Le relevé de conclusions répondre à une question : cette politique qui a dressé contre qu’il faut, ce n’est pas l’alternance, mais la rupture avec la poli-
de la discussion a été adopté elle des millions de travailleurs en grève et en manifestation tique du gouvernement Sarkozy-Fillon. Et donc la rupture avec
pourrait-elle s’appliquer si elle ne s’appuyait pas sur la posi- l’Union européenne et l’euro, l’abrogation des traités de Maas-
à l’unanimité. tion des dirigeants des partis (Parti socialiste, tricht, Lisbonne, Amsterdam et des institu-
3. “Programme du parti” Parti communiste et Parti de gauche) qui affir- tions antidémocratiques de la Ve République.
ment pourtant représenter les intérêts du peu- “Le POI estime que la Ce qui implique : non au chantage de la
Le CFN a été saisi du document ple ? situation appelle des mesures dette (qui doit être annulée), aucun consensus
élaboré par la commission pour accompagner les mesures de rigueur et
d’urgence de sauvegarde les contre-réformes !
“programme” réunie la veille
du CFN, visant à « apporter
RUPTURE AVEC LA POLITIQUE du peuple travailleur.
des réponses politiques DU GOUVERNEMENT ! Des mesures d’urgence que
QUI IMPOSERA
aux interrogations et répondre Hier, ceux-ci ont approuvé le principe d’une constitueraient l’interdiction
aux aspirations de la population
« réforme nécessaire » et refusé d’exiger le re-
trait de la contre-réforme Woerth. Aujour- des licenciements, l’arrêt des LES MESURES D’URGENCE
laborieuse et des citoyens d’hui, les uns et les autres placent leurs pro- privatisations, l’arrêt de tous QU’APPELLE LA SITUATION ?
français ». messes « d’alternance » pour 2012 dans le Le POI estime que la situation appelle des
cadre du respect de l’Union européenne et de les plans de suppressions mesures d’urgence de sauvegarde du peuple
Il s’agit, avec ce document, ses institutions. Les dirigeants du Parti socia-
de préciser l’orientation du parti
d’emplois dans la fonction travailleur. Des mesures d’urgence que consti-
liste, sans exception, reconnaissent le cadre tueraient l’interdiction des licenciements, l’ar-
sur les événements qui se sont des diktats de la Banque centrale européenne publique, l’école, rêt des privatisations, l’arrêt de tous les plans
exigeant des politiques de rigueur pour « ré- les hôpitaux, le de suppressions d’emplois dans la fonction
déroulés depuis sa fondation. duire la dette ». Au point que le dirigeant et publique, l’école, les hôpitaux, le rétablisse-
Le CFN a également été saisi président PS du conseil général de Saône-et- rétablissement de la Sécurité ment de la Sécurité sociale sur ses bases de
de la proposition d’établir Loire, Arnaud Montebourg, déclare : « Les sociale sur ses bases de 1945 1945 avec l’arrêt de toutes les exonérations
départements sont en grave difficulté finan- patronales, le blocage des prix, etc.
un court document résumant cière, j’ai été obligé de prendre des décisions un avec l’arrêt de toutes
en sept ou huit points les repères peu à la grecque, à la Papandréou, avec des di- Qui imposera de telles mesures d’urgence ?
minutions drastiques des dépenses et des aug-
les exonérations patronales, Un gouvernement porté par la mobilisation
fondamentaux du parti des exploités et des opprimés ; un gouverne-
s’appuyant sur l’élaboration mentations excessives des impôts pour sauver le blocage des prix, etc.” ment qui déciderait de rompre avec les diktats
mon département. Je me sens un devoir de
de la commission “programme” poursuivre cette œuvre. » des capitalistes et des banquiers ; un gouver-
nement qui n’hésiterait pas à décréter : cette dette n’est pas la
et qui serait adopté au bureau De son côté, au nom du Parti communiste, Patrice Bessac nôtre, nous ne la reconnaissons pas, nous l’annulons ; un gou-
national du 12 février. déclare : « Sortir de l’euro et de l’Union européenne serait abso- vernement qui, à cet effet, n’hésiterait pas à nationaliser sans
lument désastreux pour les travailleurs. » Dans les régions et les indemnité ni rachat les banques et les grands groupes finan-
4. Finances du parti départements qu’ils dirigent, les responsables de ces partis ciers, et déciderait par conséquent d’affecter toutes les
remettent en cause eux-mêmes les services publics et les sommes aujourd’hui utilisées pour la spéculation au service
Le CFN approuve le rapport conquêtes sociales de la population au nom de la « réduction d’un plan de relance et de reconstruction du pays.
de la commission finances des déficits publics ».
Un tel gouvernement devrait établir les bases réelles de la
et vote la décision de centraliser Au même moment, Fillon déclare que « l’essor du dialogue démocratie répondant aux besoins du peuple. Il serait libre de
à la trésorerie nationale social exige aussi qu’on laisse aux partenaires sociaux toute la convoquer une véritable Assemblée constituante par laquelle
place pour engager ou pour accompagner les réformes ». Dans les délégués du peuple définiraient eux-mêmes ce que doit
l’ensemble des cotisations 2010. tous les secteurs, le mouvement syndical est soumis aux plus être la démocratie émancipée des exigences des banquiers,
grandes pressions pour accompagner les contre-réformes au
5. “Informations ouvrières” nom de la « nécessaire réduction des déficits publics » (commu-
des spéculateurs et des prévaricateurs.
niqué de l’intersyndicale du 29 novembre 2010). C’est parce qu’il défend cette perspective que le POI sou-
Une première réunion tient la résolution adoptée le 11 décembre 2010 à la conférence
du comité éditorial élargie La responsabilité de la situation incombe donc bien aux nationale de délégués tenue à son initiative, résolution qui
dirigeants des organisations qui s’engagent dans l’accompa- affirme : « Pas question d’accepter le chantage à l’inéluctable
aux correspondants s’est tenue gnement de ces contre-réformes au nom de la « réduction des “nécessité” de la réduction des déficits publics au nom d’un pré-
le matin du CFN. Certains déficits publics » et du paiement de la dette. Une dette qui pro- tendu intérêt général orchestré par le FMI et l’UE. Pas question
camarades présents étaient cède directement du pillage des ressources du pays (rendu d’accepter les plans d’une violence inouïe qui frappent de plein
possible notamment par le traité de Maastricht) par les fonds fouet l’Irlande, le Portugal, la Grèce... et nous menacent tous.
mandatés par leur comité, spéculatifs, les banques et autres instruments du capital finan- Rien ne doit être sacrifié aux exigences du paiement de la dette.
d’autres non. Le CFN propose cier. Au titre de cette dette, dont le montant approche l’équiva- C’est pourquoi nous refusons de nous plier à la “nécessaire
donc que chaque comité lent du PIB du pays, les spéculateurs empochent plus de réduction des déficits publics” prônée par le communiqué de
50 milliards d’euros d’intérêts par an (deuxième budget de l’intersyndicale du 29 novembre et correspondant aux souhaits
départemental désigne l’Etat) ! du Premier ministre, qui représente le franchissement d’un pas
son correspondant. La responsabilité de la situation renvoie également au dans la voie du “consensus” pour accompagner les contre-
(suite page 9) consensus politique, qui, depuis les années 1980, fait de la réformes et les plans de rigueur. » >>>
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 132 SEMAINE DU 20 AU 26 JANVIER 2011
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PARTI OUVRIER INDÉPENDANT 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris - Tél. : 01 48 85 85 - E-mail : poi@fr.oleane.com www.parti-ouvrier-independant.com

du Parti ouvrier indépendant


chacune des revendications, celles des travailleurs dans leur
RENFORCER LE PARTI OUVRIER INDÉPENDANT, lutte de classe, pied à pied, contre le patronat et les spécula-
Les principales décisions du CFN
C’EST RENFORCER LE COMBAT POUR UNE ISSUE teurs, comme celles de la population pour la défense des ser-
vices publics, contre la fermeture des hôpitaux, des écoles, (suite)
POSITIVE CONFORME À LA DÉMOCRATIE contre les augmentations d’impôts locaux, etc.
Dans la situation difficile que connaît le pays, il faut s’atta- C’est sur cette orientation que le Parti ouvrier indépendant
cher à résoudre la contradiction entre, d’une part, la volonté entend jouer son rôle dans l’aide à la mobilisation sur le ter- 6. IIIe Congrès du parti
de combat de la classe ouvrière, qui a été démontrée avec force rain de la lutte de classe pour la défense et la reconquête des Le CFN convoque le IIIe Congrès
et éclat lors de la mobilisation sur les retraites ; et, d’autre part, droits et de la démocratie.
la politique des dirigeants des partis qui se prétendent por-
du POI les vendredi 27, samedi
C’est sur cette même orientation que le Parti ouvrier indé-
teurs des aspirations du peuple, mais tournent le dos à la vo- pendant présentera des candidats aux élections cantonales. 28 et dimanche 29 mai, à Paris.
lonté de rupture, de combat et de changement véritable qui, Des candidats porteurs des revendications pour défendre et Le CFN décide que l’ordre du jour
dans tous les mouvements de lutte de classe, ne cesse de s’ex- reconquérir les services publics, les droits, les acquis souvent du congrès comportera
primer. remis directement en cause par les responsables des conseils
C’est pourquoi le Parti ouvrier indépendant considère légi- généraux et régionaux dirigés par le PS et le PCF. entre autres :
times et indispensables la mobilisation et l’action sur toutes et — un rapport d’activité
et d’orientation ;
Le Parti ouvrier indépendant vous invite à participer aux réunions publiques — un rapport financier ;
— la position du parti
qu’il organisera dans les localités et les cantons.
sur les échéances électorales
Il vous invite à rejoindre ses rangs pour préparer son IIIe Congrès, (présidentielle, législatives) ;
qui se tiendra les 27, 28 et 29 mai 2011 à Paris. — un rapport sur la discussion
du document du bureau national
du 12 février soumis
NON AUX PLANS DE RIGUEUR ET AUX CONTRE-RÉFORMES ! à la discussion préparatoire au
congrès (les points clés de notre
AUCUN CONSENSUS AVEC LE GOUVERNEMENT ET LES REPRÉSENTANTS programme d’action actualisé) ;
— Informations ouvrières ;
DES BANQUIERS, DES SPÉCULATEURS ET DES CAPITALISTES ! — fonctionnement des instances
et élection du bureau national.
Le bureau national du 12 février
NATIONALISATION DES BANQUES ET DES SECTEURS CLÉS DE L’INDUSTRIE ! discutera d’un calendrier pour
l’élaboration des propositions
ABROGATION DE TOUTES LES CONTRE-RÉFORMES, pour ces différents points
à l’ordre du jour du congrès.
À COMMENCER PAR LA CONTRE-RÉFORME DES RETRAITES !
7. Commission agricole
LA DETTE N’EST PAS CELLE DU PEUPLE ! NON AU CHANTAGE DE LA DETTE ! Le CFN approuve la proposition
de la commission d’organiser
ANNULATION DE LA DETTE ! une intervention
au Salon de l’agriculture.
RUPTURE AVEC L’UNION EUROPÉENNE ! RUPTURE AVEC L’EURO !
8. Propagande
RECONQUÊTE DE LA DÉMOCRATIE ! Le CFN décide
d’une plaquette argumentaire
Le Parti ouvrier indépendant invite tous ceux — militants syndicalistes, militants politiques, travailleurs sans parti, jeunes — qui du POI sur la dette.
ont participé à ses côtés aux combats pour l’interdiction des licenciements et, plus récemment, pour le retrait de la contre-ré-
forme des retraites, à participer aux discussions autour de l’hebdomadaire Informations ouvrières diffusé par les adhérents du
POI, qui relate et soutient chaque semaine le développement de ses campagnes. Informations ouvrières, tribune libre de la lutte
des classes, est le trait d’union permanent de tous ceux et celles qui, quelle que soit leur origine politique, sont d’accord pour se
regrouper partout où la situation l’exige — au niveau de l’entreprise comme au niveau local — pour discuter et décider des
mesures pour résister aux plans anti-ouvriers du gouvernement et des spéculateurs, et pour coordonner leur combat avec celui
des comités du Parti ouvrier indépendant.

Les cartes 2011 du POI sont disponibles


Depuis le 5 janvier et jusqu’à la fin du mois, les comités du POI tiennent leurs assemblées de reprise des
cartes pour l’année 2011. A cette occasion, des travailleurs et des militants qui ne sont pas membres du POI
sont invités, à l’aide de l’appel du conseil fédéral national, à y participer et à rejoindre ses rangs.
POI

Je souhaite prendre contact avec le Parti ouvrier indépendant  Je souhaite adhérer 

Nom, prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

................................................................................. Code postal : .......................................... E-mail : ....................................................................................

Bulletin à retourner à : Parti ouvrier indépendant 87, rue du Faubourg-Saint-Denis 75010 Paris
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INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 132
> La vie du parti < SEMAINE DU 20 AU 26 JANVIER 2011

Seine-Saint-Denis

Contre “l’intercommunalité forcée”


Mobilisation unie de la population
avec le POI contre la suppression Une lettre de Gérard Schivardi à ses collègues maires.

des subventions aux cartes de transport


Gérard Schivardi,
“Imagine’R, Améthyste, rétablissez les subventions !” Voilà le mot d’ordre scandé, le 12 janvier, maire de Mailhac (Aude),
devant la préfecture de Bobigny, par plus de cinquante habitants et travailleurs de Seine-Saint- secrétaire national du Parti ouvrier indépendant
Denis, avec des militants et élus du PCF, venus en pleine après-midi à l’appel du comité dé-
partemental du POI. Ils étaient rassemblés pour soutenir la délégation — mandatée par plus Cher(e) collègue,
de 2 300 travailleurs, jeunes et retraités signataires de la pétition du POI — reçue par le directeur
de cabinet de Claude Bartolone, président PS du conseil général. Depuis de nombreuses années, nous n’avons cessé de nous mobiliser
ensemble contre l’intercommunalité forcée qui s’est accélérée avec les
Photo Informations ouvrières

lois Chevènement et Voynet et, depuis, donnant le pouvoir aux préfets


d’intégrer des communes dans des communautés de communes ou d’ag-
glomération contre leur gré.
En application de la loi de réforme territoriale, le ministre de l’Inté-
rieur demande aux préfets d’établir une nouvelle carte intercommunale,
fin mars 2011, imposant de nouveaux regroupements et la dissolution des
syndicats de communes, en associant, pour ce faire, « les parlementaires,
les membres du conseil général et l’association des maires du départe-
ment ».
Devançant cette circulaire, madame le préfet de l’Aude a dissous
notre communauté de communes, recevant pour ce faire l’aide des
conseillers généraux et des députés du PS qui veulent pousser les com-
munes à adhérer au Grand Narbonne.
Les habitants de Mailhac, attachés à la libre administration de la com-
mune, consultés par référendum, ont refusé à 98 % de rejoindre le Grand
Narbonne.
Dans d’autres communes du canton, les habitants refusent également
la dissolution de leur commune dans la communauté d’agglomération,
car ils ne veulent pas payer la dette du Grand Narbonne ni celle de l’Etat,
refusant que leurs impôts, déjà trop lourds, soient utilisés au compte des
spéculateurs.
La dissolution de notre petite communauté de communes, dont le
fonctionnement s’apparentait à un syndicat de communes, a créé une
grande confusion, puisque la commune a récupéré les compétences. Le
Grand Narbonne n’ayant pas la compétence « sociale », il a fallu créer
Le 12 janvier, devant la préfecture de Bobigny.
d’urgence un SIVU pour assurer que les personnes âgées, l’enfance et la
jeunesse puissent continuer à toucher les prestations auxquelles elles
On continuera le combat, on refera des pétitions, on avaient droit.
Reportage d’Isabelle Rémy
reviendra ici. » Tous les deux étaient délégués à la confé- Notre commune a dû passer des conventions pour que toutes les
rence pour l’unité ouvrière tenue à l’initiative du POI le compétences qu’assurait notre petite communauté de communes puissent
11 décembre 2010. continuer à s’exercer. Notons, au passage, que les dépenses de Mailhac
lors que la population du département est déjà Président du groupe PCF des élus d’Aulnay-sous-Bois,

A lourdement frappée par le chômage et la misère,


Claude Bartolone, président PS du conseil géné-
ral, et sa majorité ont décidé, entre autres, de supprimer
Miguel estime qu’« il faut continuer à se battre sur ces
revendications, qui sont des revendications de justice
sociale » : « A Aulnay, une famille moyenne dont un
afférentes à ces compétences sont passées de 72 000 euros à 27 000 eu-
ros. C’est la preuve, s’il en est, que la libre coopération intercommunale
revient moins chère aux habitants que l’intercommunalité forcée.
Nous savons hélas ! que le sursis risque d’être de courte durée, puisque,
les subventions aux cartes de transport pour les jeunes enfant étudie à Paris doit payer de sa poche 250 euros si la loi votée au Sénat, à une voix près, n’est pas abrogée, madame le pré-
(Imagine’R) et pour les retraités et les handicapées en plus pour les transports. Ce n’est pas acceptable. » Un fet pourra nous intégrer de force dans une communauté de communes
(Améthyste). adjoint au maire d’Aulnay-sous-Bois souligne « le com- ou d’agglomération.
bat commun sur ces actions que l’on mène avec le Parti C’est pourquoi, nous revendiquons :
Un drame pour des milliers de familles ouvrier indépendant d’Aulnay-sous-Bois ». — L’abrogation immédiate de la loi de réforme territoriale et des lois
Chevènement et Voynet d’intercommunalité forcée.
Après quarante de travail, elle est handicapée et béné- C’est avec une attention soutenue que les personnes — Le rétablissement de la libre administration des communes avec
ficie de la carte Améthyste : « Avant, je payais 15 euros. rassemblées écoutent le compte rendu de l’entrevue les moyens financiers de l’exercer.
En mars, je devrais payer 40 euros. Je n’ai pas les moyens. et les réponses apportées. — Le retour à la libre coopération intercommunale, qui, grâce à nos
Ma pension est de 629 euros. J’ai à ma charge un enfant La délégation, composée de la secrétaire départemen- syndicats intercommunaux, permet d’assurer les services à la population.
de 24 ans au chômage. On est dans un département de tale du POI, d’un membre du bureau départemental Nous, les maires, nous sommes les défenseurs des valeurs de la Répu-
gauche. Ils viennent nous voir tous pour les élections. Il du POI, du secrétaire de la section PCF d’Epinay, d’une blique. Nous recevons notre mandat de la seule population, pas des gou-
faut qu’ils fassent quelque chose pour les familles qui conseillère municipale POI à Stains et d’une retraitée, vernements ni de l’Union européenne. Personne ne peut se prévaloir de
n’ont pas les moyens. » a, pied à pied, pendant plus d’une heure et demie, dé- la défense de la démocratie s’il ne se prononce pas pour ces revendica-
Françoise est retraitée. Comme beaucoup, elle a « déjà fendu le mandat confié : annulation de toutes les coupes tions.
du mal à joindre les deux bouts. » Elle est venue avec dans le budget du conseil général, rétablissement de Soyez assuré (e), cher (e) collègue, de mes sentiments républicains les
une camarade du POI, pour qui « c’est 350 euros qui me toutes les subventions à la population, en particulier meilleurs.
passent sous le nez. Je dois payer 700 euros par an pour les subventions aux cartes de transport, le maintien de
la carte Imagine’R cinq zones pour mon fils. C’est énorme. tous les services publics.
Mailhac, le 17 janvier 2011,
Heureusement que je n’ai qu’un seul enfant. J’en aurais Le représentant de Claude Bartolone, quant à lui, a jus-
Gérard Schivardi
plusieurs, je ne pourrais pas. » Françoise ajoute : « C’est tifié toutes les mesures prises contre la population, « des
scandaleux. Plus ça va, plus on ne peut pas y arriver. coupes qui ne représentent même pas 10 % du budget
Tout augmente, sauf les retraites et les salaires » du conseil général ». « Même pas ? » Mais pour ces fa-
Une personne de 88 ans, au bras de son aide-ména- milles, ces retraités, c’est impossible ! Dans quel monde
gère, témoigne : « Soi-disant qu’en 2008, j’ai touché trop. vivent Claude Bartolone et son directeur de cabinet,
Je n’avais droit qu’à trente heures d’allocation person- pour qui « il y a deux rendez-vous importants : le pre- Les meetings et réunions de compte rendu
nalisée d’autonomie (APA). Le conseil général me de- mier, c’est les élections cantonales, et le deuxième, le de la conférence mondiale d’Alger
mande de rembourser 741 euros, 50 euros tous les mois. grand rendez-vous de 2012 » ?
Je n’aurais soi-disant pas tout dépensé, alors que j’ai Les 2 300 signataires de la pétition, les travailleurs, les
trois personnes qui m’aident, pour écrire, me laver, s’oc- jeunes et les retraités de Seine-Saint-Denis ont un « ren-
cuper de mon linge. J’en ai besoin. J’ai perdu la vue, je dez-vous » : celui des factures qu’ils ne peuvent pas
suis handicapée. Ces 741 euros, je ne les ai pas volés, payer !
moi ! C’est vraiment du racket. J’ai réussi à avoir 40 heures C’est pourquoi les travailleurs et les militants rassem-
d’APA, mais j’en dépense 56. » L’aide ménagère renché- blés ont jugé ces réponses inacceptables.
rit : « La dame a besoin de quelqu’un à temps complet. » Ils ont décidé d’amplifier la bataille et de lancer un nou-
Une honte ! Et qui est responsable de ces situations dra- vel appel, signé immédiatement par tous les présents,
matiques ? Claude Bartolone (PS) et la majorité PS-PCF exigeant un rendez-vous avec Claude Bartolone.
du conseil général (1) ! Pour le comité départemental du POI, qui se félicite de
la présence dans le rassemblement et la délégation de
“On continuera le combat, militants et de responsables d’autres organisations, « ce
on refera des pétitions, on reviendra ici” n’est pas à la population de payer pour la dette des spé-
culateurs, ce n’est pas à la population de sacrifier ses
La population ne l’accepte pas. Pas plus que ces mili- droits et ses garanties pour “réduire les déficits publics” !
tants et élus venus soutenir la délégation. Oui, la question centrale, c’est bien celle de la rupture Jeudi 20 janvier : Rennes Jeudi 27 janvier : Metz
Pour Roger, militant du PCF à Epinay, « on ne peut pas avec l’Union européenne, la dette et son rembourse-
laisser les choses continuer à ne pas aller. CAF, Sécurité ment. » Vendredi 21 janvier : Chambéry, Vendredi 28 janvier : Grenoble
sociale, on nous ferme tout. » Ghislaine, conseillère Il a décidé de diffuser massivement un quatre-pages, qui Saint-Brieuc Samedi 29 janvier :
municipale « Alternatif » de la ville, enrage : « Cela va publie l’appel lancé à l’issue du rassemblement. ■
devenir de plus en plus difficile pour les familles. On Samedi 22 janvier : Le Mans Saint-Cyr-sur-Loire
attend que Bartolone revienne sur sa décision et réta- (1) Seul Jean-Jacques Karman, conseiller général PCF d’Aubervil-
blisse toutes les subventions pour les cartes de transport. liers, a voté contre le budget de Claude Bartolone. Mardi 25 janvier : La Roche-sur-Yon Samedi 5 février : Montbéliard
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 132
> L’actualité politique et sociale < 11
SEMAINE DU 20 AU 26 JANVIER 2011

Education nationale
EN BREF

Dénationaliser les établissements Collège


de Ressons-sur-Matz

scolaires… en un “ECLAIR”
(Oise)
Parents et enseignants
obtiennent en partie
gain de cause
Le dispositif dénommé “ECLAIR” tend à généraliser une totale déréglementation visant autant les Le jeudi 13 janvier 2011,
les enseignants et des person-
personnels que les élèves. nels de vie scolaire, syndiqués
et non-syndiqués, du collège
de Ressons étaient en grève, avec
Photo AFP

Michel Landron Repères l’organisation syndicale SN-FO-


LC et avec le soutien des parents
La suppression prévue de 16 000 postes ● 2 000 établissements, d’élèves et de leurs associations,
supplémentaires à la prochaine ren- 400 000 élèves concernés… pour obtenir quatre postes
trée de septembre s’accompagne d’une pour commencer de surveillants et la reconduc-
offensive redoublée pour imposer l’au- tion de deux contrats uniques
tonomie des établissements scolaires. 249 collèges (115 000 collégiens) et 1 735 d’insertion (CUI) qui devaient
écoles (280 000 écoliers) sont concernés arriver à échéance en février
’ancien recteur de Nice, Chris- dès la prochaine rentrée par le dispositif

L tian Nique, s’était vu chargé d’une


mission de suivi des 105 collèges
expérimentaux du dispositif CLAIR (Col-
ECLAIR (Ecoles, collèges, lycées ambition
pour l’autonomie et la réussite).
Ces établissements recruteront localement
leurs propres enseignants sur leurs propres
et en mars 2011. Ils ont de nou-
veau été reçus par l’inspection
académique et ont obtenu
la garantie que les deux contrats
lèges, lycées ambition pour l’innova- CUI seraient reconduits,
tion et la réussite). Ces collèges expéri- critères, pour cinq ans maximum. Ils auront
et la création à temps complet
mentaient « une plus grande autono- des « promotions » s’ils se conforment bien
d’un poste de surveillant (AE) (…).
mie », en particulier dans le choix des à tout ce qu’on sera en droit d’attendre
L’inspecteur d’académie a rap-
enseignants recrutés « sur profil » après d’eux, notamment d’enseigner dans toutes
les disciplines autres que la leur, de rem- pelé « les contraintes budgé-
un entretien et une étude de leur dos- taires liées à la nécessaire
sier par le chef d’établissement. L’en- placer leurs collègues absents et de faire
sans rechigner tout ce que « la commu- réduction des déficits publics »,
tretien consiste à s’assurer que l’ensei- mais s’est engagé, au vu des
nauté éducative » pourra inventer d’inno-
gnant en question a bien « la volonté situations délicates dans plu-
vant… Le ministère a fait miroiter une prime,
de s’inscrire dans le projet d’établisse- sieurs établissements scolaires
sans en fixer le montant, pour récompen-
ment » et est prêt à faire n’importe quoi. ser les volontaires pour ces travaux forcés. de l’Oise, à « redistribuer les
M. Nique vient d’annoncer, le 12 jan- Avec la suppression prévue de 16 000 postes supplémentaires à la prochaine Les personnels qui ne se reconnaissent pas moyens de façon équitable dans
vier 2011, que tous les établissements rentrée, que vont devenir les enfants ? dans le « projet éducatif » ? « Ils seront les établissements mis en diffi-
du Réseau ambition réussite (RAR), encouragés à rechercher une affectation culté par les suppressions
classés « en difficulté », deviendront des fert des enseignants vers les collecti- 16 000 postes, il sait parfaitement qu’il plus conforme à leurs souhaits », a répondu de postes de surveillants ».
établissements ECLAIR : « Ecoles, col- vités territoriales. Il a pris exemple sur fait basculer de nombreux établisse- le ministre. C’est la situation d’urgence
lèges, lycées ambition pour l’autonomie La Poste, où le passage au privé s’est, ments dans de grandes difficultés qui engendrée par la suppression
et la réussite. » selon lui, bien passé. Les agents de ser- justifieront qu’ils rejoignent le dispo- des postes qui a contraint
● Un collège autonome
Près de 2 000 établissements sont vice des collèges et des lycées ont déjà sitif ECLAIR. les personnels à décider la grève,
avec projet innovant :
concernés (voir encadré). C’est une été transférés aux départements et aux après une initiative « collège
les élèves font la vaisselle
étape importante que le gouvernement régions (les élus de gauche l’ayant LA LOI JOSPIN, UNE ÉPÉE mort » organisée par les parents
avec le proviseur
cherche à franchir dans le combat poli- accepté). Il est logiquement question DE DAMOCLÈS SUR LA TÊTE d’élèves et leurs associations.
tique qu’il mène pour consacrer « l’au- de transférer maintenant les person- DE L’ÉDUCATION NATIONALE Au collège Malraux, à Granville, dans la Les personnels ne sont
tonomie des établissements scolaires ». nels d’intendance et de gestion des col- Mais quelle loi permet au gouverne- Manche, il manquait des agents techniques, en aucun cas responsables
Des établissements autonomes ayant lèges et des lycées. Avec le projet d’EPEP ment une telle mesure radicale d’écla- le conseil général étant à cours de rem- de cette situation.
chacun leur projet propre et recrutant dans le primaire, l’outil serait égale- tement de l’Education nationale en plaçants, rapporte Ouest France. Il n’y a C’est pourquoi ils réclament
eux-mêmes leurs enseignants sur pro- ment installé pour généraliser le « recru- sortant 2 000 établissements du droit plus assez de personnels pour nettoyer le le paiement du jour de grève.
fil, cela ressemble diablement à… l’en- tement local » sur « projet local »… commun ? L’article 18 de la loi d’orien- restaurant scolaire et faire la plonge dans (Communiqué).
seignement privé. Avec les étudiants en master, les éta- tation de 1989, dite loi Jospin. cet établissement de 730 élèves.
Une étape décisive pour débarrasser blissements disposent maintenant d’un Outre l’exigence de retrait immédiat du Le principal a donc mobilisé des collégiens
l’Etat de la responsabilité de recruter grand réservoir pour faire leurs appels dispositif ECLAIR, comme viennent de pour faire la plonge avec lui, la secrétaire
et de former des enseignants fonc- d’offre d’embauches. C’est ce qui se le faire la plupart des syndicats de l’aca- et le gestionnaire.
tionnaires d’Etat. Des milliards récu- passe aux Etats-Unis et en Angleterre, démie de Créteil qui exigeaient déjà « On bricole, on fait en fonction des effec-
Le projet du PS :
pérés pour « réduire les déficits publics ». où l’enseignant est attaché « au projet l’abandon du dispositif CLAIR, l’abro- tifs présents chaque jour », décrit le princi- “Confier
propre de l’établissement » comme le gation de la loi Jospin de 1989 est une pal. En clair, des agents qui ne sont pas en aux établissements,
TRANSFÉRER LES ENSEIGNANTS serf l’était au seigneur… exigence politique incontournable. charge habituellement de la cantine s’oc-
AUX COLLECTIVITÉS Ne comprend-on pas mieux également N’est-elle pas l’épée de Damoclès sur cupent de ces tâches. en autonomie,
TERRITORIALES ? l’acharnement politique à réduire les la tête de l’Education nationale que le Les établissements ECLAIR, c’est cela, du une part importante
Pour Jean-François Copé (UMP), les
fonctionnaires ne doivent plus l’être
programmes scolaires à des références
minimum, chaque établissement « au-
gouvernement Sarkozy aujourd’hui,
d’autres demain, utilisent pour sortir
bricolage tous les jours avec les moyens du
bord ! La dénationalisation de l’enseigne-
de leur dotation en heures
« à vie ». Gérard Longuet, président du tonome » définissant lui-même ce qu’il le maximum d’enseignants du budget ment public ? L’Etat n’est plus responsable d’enseignement”
groupe UMP du Sénat, vient d’ajouter enseignera ou non selon sa… clientèle ? de l’Etat en dénationalisant l’ensei- de rien. Mais vous, vous êtes responsable Dans son texte sur « l’égalité
qu’il était urgent de permettre le trans- Quand le gouvernement supprime gnement public ? ■ de tout ! réelle » (9 novembre 2010),
la direction du PS se prononce
Evaluation des élèves en CM 2 pour renforcer davantage encore
l’autonomie des établissements
Arnaque contre scolaires en leur permettant

Les buts cachés du ministère les enseignants stagiaires


Les étudiants en master se préparant
au métier d’enseignant des écoles
de définir eux-mêmes
leurs horaires d’enseignement.
« Nous voulons proposer
un nouveau pacte éducatif
Le point de vue d’un instituteur. ont appris que leur stage obligatoire à la nation. Nous proposons
la deuxième année dans une classe une vaste concertation pour
serait moins rémunéré que prévu. Ils aboutir à un diagnostic partagé
devaient toucher 34,30 euros l’heure,
Photo AFP

lus de 700 000 élèves du CM 2 peu de voix s’élèvent pour révéler les avec les personnels d’éducation

P dans toute la France vont, du 17


au 21 janvier, passer des éva-
luations comportant des épreuves de
buts cachés du ministère : justifier sa
politique de bousille de l’école.
Faites passer des évaluations en pleine
soit 3 000 euros pour la durée du
stage (cinq semaines). La circulaire
ramène le tarif à 2 400 euros, qui
seront payés « en priorité » aux étu-
et de formation, avec leurs orga-
nisations syndicales, mais aussi
avec tous les acteurs de
français et de mathématiques. année scolaire, portant sur l’ensemble la communauté éducative (…). »
diants stagiaires reçus au concours
A cette époque de l’année, il est impos- du programme, il y aura forcément des « L’école doit changer,
fin septembre. Tant pis pour tous ceux
sible d’avoir passé en revue l’ensemble échecs ; donc, vous voyez bien qu’il fal- qui avaient renoncé à un petit bou- plus qu’elle ne le fait déjà. »
du programme scolaire du CM 2. Pour- lait mettre en place l’aide personna- lot. Les recalés au concours où les « Le redoublement,
tant, pour la troisième année consé- lisée (le soutien, les soixante heures que postes fondent comme neige au soleil dont la France détient le triste
cutive, le ministère a maintenu ce ca- doivent effectuer les enseignants auprès (3 000 dans l’académie de Créteil au record (…), coûte cher
lendrier de passage des épreuves. des élèves en difficulté depuis la sup- lieu de 9 000 il y a trois ans !) feront et a prouvé son inefficacité. »
Des protestations légitimes montent pression de l’école le samedi matin), leur stage… gratuitement ! « Dans un cadre défini et évalué
de la part de certaines organisations les stages de remise à niveau durant Rappelons que l’Etat, avant la contre- nationalement, nous proposons
syndicales, d’associations de parents les congés scolaires, la suppression, en réforme de la formation des maîtres, de confier aux établissements
d’élèves, certaines demandant à ce que deux ans, de 3 000 postes de RASED (il devait payer un salaire de 1 400 euros et à leurs équipes pédagogiques,
ces évaluations soient déplacées en s’agit de postes d’enseignants spécia- net mensuels avec statut de fonc- en autonomie, une part impor-
début d’année, d’autres en fin d’an- lisés pour les élèves en grande difficulté tionnaire stagiaire pour tous les reçus tante de leur dotation en heures
née... D’autres appellent à la remise à scolaire), la suppression de 16 000 au concours. d’enseignement, pour donner
plat du dispositif ou encore au boycott postes à la prochaine rentrée scolaire ! La « mastérisation » des formations ? corps aux projets d’établisse-
Une belle arnaque ! ■ ment et aux projets locaux. »
de ces épreuves… Mais, curieusement, F. L. ■
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INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 132 SEMAINE DU 20 AU 26 JANVIER 2011

RÉUNION À PARIS
11 DÉCEMBRE
CONFÉRENCE NATIONALE
Le Medef relance
“Tous les responsables politiques,
POUR L’UNITÉ
OUVRIÈRE son “agenda social”
avec des “négociations”
aujourd’hui, sont tournés vers 2012. tous azimuts
Mais la question des retraites n’est pas finie” (Une syndicaliste à EDF)
L
e 10 janvier, le Medef a reçu l’ensem-
ble des organisations syndicales pour
décider « d’un cycle pluriannuel de
délibérations et de négociations ». « Compte
tenu de l’ampleur du programme retenu,
Des militants de toutes appartenances débattent des suites de la conférence nationale lit-on dans le communiqué, les partenaires
pour l’unité ouvrière du 11 décembre 2010. sociaux ont convenu d’une journée par se-
maine pour le dialogue social. »
A été également décidée, lors de cette ren-
Une réunion s’est tenue le 12 janvier, à Paris,

Photo IO
contre, la mise en place d’un « comité de
avec des militants de toutes tendances des ar-
suivi qui réunisse tous les quatre mois les
rondissements parisiens, afin de poursuivre la
responsables de la négociation collective de
discussion qui s’est menée lors de la conférence
chacune des organisations ».
nationale pour l’unité ouvrière (qui s’était dérou-
A l’ordre du jour du premier semestre 2011 :
lée le 11 décembre dernier, à l’invitation du Parti
— « engagement d’une réflexion sur le finan-
ouvrier indépendant). Décision a été prise, à
cement de la protection sociale » (le patro-
l’issue de cette réunion parisienne, d’organiser
nat veut réduire encore les cotisations so-
une nouvelle réunion le 10 février, à partir de
ciales) ;
la diffusion et de la discussion de ce compte
— « poursuite des discussions sur la moder-
rendu dans les différents arrondissements.
nisation du dialogue social » (rappelons
que la loi du 20 août 2008 ouvre la voie aux
’est un syndicaliste des Gobelins qui intro-

C duit la discussion : « J’ai lu le texte de sept


organisations syndicales sur la fonction
publique, à l’issue de la première rencontre avec
accords dérogatoires aux conventions col-
lectives) ;
— « finalisation des négociations sur les
régimes de retraite complémentaire » (le
le gouvernement, qui dit : “Tous les emplois per-
Medef veut obtenir une baisse des pen-
manents doivent être sur des postes de fonc-
sions) ;
tionnaires.” De prime abord, tout baigne. Mais à
— « renégociation de la convention natio-
la fin, elles s’affirment “disponibles pour négo-
nale d’assurance chômage qui arrive à
cier”.
échéance le 31 mars 2011 » ;
Il y a là-dedans, pour moi, un hiatus d’approche,
— « ouverture prioritaire d’une négociation
et notre réflexion collective peut être une très bonne
sur l’emploi des jeunes en vue de convenir
chose. Dans ce texte, il y a, d’un côté, une affir- La conférence nationale pour l’unité ouvrière du 11 décembre : “Aucun consensus avec le gouvernement.” rapidement de mesures concrètes », dont les
mation que les postes permanents doivent être
stages en entreprise.
des fonctionnaires, mais, de l’autre côté, il y a une organisations syndicales a été de dire : “C’est insa- cinq.” On s’est posé la question : est-ce qu’on garde
Pour le deuxième semestre, sont notam-
volonté de dialoguer avec le gouvernement, qui tisfaisant.” Mais un CDI, ce n’est pas le statut. A les vingt-cinq et on laisse les quatre autres sur le
ment prévus :
dit : “En aucun cas !” Selon Les Echos, l’exécutif Molex, quand il y a eu un “plan social”, même avec carreau ? Les personnels ont dit : pas question de
— « bilan-évaluation de l’accord national
exclut la titularisation massive. On rentre là dans un CDI, les travailleurs ont été licenciés. Le choix laisser les quatre sur le carreau. Et les syndicats
interprofessionnel du 11 janvier 2008 sur la
une logique de dialogue social impossible. Les est donc clair : ou une embauche sur poste de fonc- ont suivi. »
modernisation du marché du travail », qui
deux positions sont incompatibles. tionnaire, ou l’on dit : un CDI, c’est moins pire
pourra « déboucher sur une nouvelle déli-
Qu’a dit Sarkozy dans ses vœux aux partenaires qu’un CDD. Dans toutes les organisations syndi- ● Un délégué du PLM (centre de tri) rapporte
bération sur l’emploi et la sécurisation des
sociaux ? “Le dialogue social, c’est une méthode, cales, on est nombreux à penser qu’il faut refuser qu’ils ont décidé de répondre à ce que proposait,
parcours professionnels » ;
c’est un moyen au service d’une action.” Et sur la généralisation des CDI. » à la conférence, la secrétaire de l’US-AP CGT. Une
— « bilan de l’accord national interprofes-
les retraites : “Je veux rendre hommage au sens motion commune FO-CGT a été rédigée pour
sionnel du 13 octobre 2005, des accords d’en-
de la responsabilité des partenaires sociaux. Ce ● Un chercheur scientifique approuve : « Il y a l’arrêt de toute répression en Guadeloupe et en
treprises et des accords de branches sur l’em-
n’était pas facile avec un désaccord pareil. Mal- 2 500 chercheurs à l’INSERM, 2 500 ITA et 3 000 Martinique. ■
ploi des seniors ». ■
gré tout, on a parlé et il y a eu des résultats.” On précaires. Il y a des consignes pour éviter de re-
a un hiatus politique clair : les responsables syn- cruter des CDI : dès qu’un CDD a cinq ans d’an-
dicaux ont créé les conditions pour que, malgré cienneté, on le dégage. Le CDI, c’est un plan de PUBLICATION
la mobilisation, le projet passe. destruction du statut. »
Mais les partenaires sociaux sont fragilisés par le La loi du 20 août 2008
mouvement sur les retraites, le gouvernement aussi. ● « C’est comme à La Poste, où, depuis la loi Qui- sur la représentativité syndicale en application
Il faut être optimiste. Dans son discours, Sarkozy lès, il y a des CDI et plus du tout de recrutement
détaille son programme pour 2011 (emploi des de fonctionnaires, dit un postier. On est resté
“C’est la première fois
jeunes, des seniors, assurance chômage, fonction 300 000 postiers comme avant, mais là, avec l’ou- que des organisations syndicales
publique, dépendance…). Sur toutes ces questions, verture à la concurrence, il y a des plans de dégrais- entérinent un dossier
il en appelle au dialogue social. Mais il n’y a pas sage. Les CDI, c’est en relation avec une suppression d’accords dérogatoires”
un élément qui centralise tout, comme les retraites massive de postes de fonctionnaires. Où est le
en 2010. Participer à un certain nombre de dia- consensus ? Dans les tracts syndicaux, ils disent Un militant responsable dans un secteur de la
logues sociaux, c’est participer à un certain consen- titularisation, mais ils rentrent dans les discus- chimie exprime sa crainte : « La précipitation
sus. » sions des groupes de travail. » de l’intégration des organisations syndicales. »
Il en donne deux exemples. La réunion d’un
“La question des retraites A propos des “35 heures” des onze groupes de travail issus des états géné-
raux de l’industrie : « Il y avait un parterre de
n’est pas finie”
cinquante patrons. Tous les intervenants ont
● La question des « 35 heures », et de leur remise
tendu la main à Estrosi. Ils ont parlé de “chi-
● « Tous les responsables politiques aujourd’hui en cause, a aussi été débattue. « Je suis bien em- mie verte” en disant : “On va développer 2 000
sont tournés vers 2012. Mais la question des re- bêté, a lancé un syndicaliste du privé. J’ai tou- emplois, il faut de l’argent.” Le responsable de
traites n’est pas finie », lance une syndicaliste à jours dit : lois Aubry, lois pourries. Je ne peux pas la CGC a pris la parole en affirmant le faire au
EDF. Elle explique : « Le 3 janvier, on a été solli- défendre ça. Pourquoi ? Parce que c’est toi et moi nom des cinq organisations syndicales. Je suis
cités par une pétition signée par les cinq fédéra- qui les avons payées. Je veux bien revenir sur les alors intervenu pour dire : “J’ai une autre ap-
tions syndicales concernant les décrets d’applica- 35 heures, mais alors, qu’ils nous rendent le fric proche. Depuis 1991, il y a eu plus de 257 mil-
tion de la loi. Mais la pétition se contentait de qu’ils nous ont piqué avec les exonérations. C’est liards d’euros d’exonérations de cotisations
demander que les dispositions concernant les
mères de famille soient retirées parce qu’elles ne
le plus grand rapt qui ait jamais eu lieu ! » patronales. Moi, je n’ai pas envie que nos impôts
servent à financer les plans sociaux !” »
Des artistes membres
figuraient pas dans la loi. Mais ça, ça veut dire • Un de ses camarades du public réagit : « Je par- Deuxième exemple, une réunion au niveau de du POI ont décidé de publier
qu’on accepte tout le reste des décrets, en parti-
culier l’allongement de deux ans du départ à la
tage l’analyse faite sur les 35 heures, c’est une affaire
de voleurs. Pour autant, la perception qu’en ont
sa branche : « Une commission qui émane de
la loi du 20 août 2008 et qui a pour rôle la vali- une « tribune d’information
retraite ! » les salariés est différente. Il ne faut pas lâcher, il dation des accords dérogatoires dans les entre-
prises de moins de 200 salariés. Mon organisa-
et de discussion consacrée
“Dans la fonction publique,
faut être intransigeant sur les principes politiques.
En même temps, il faut avoir de la souplesse. » tion syndicale était là comme observateur et à la défense de l’art et des artistes,
un CDI, ce n’est pas le statut” la fédération CGT n’a pas signé. C’est la pre-
mière fois que des organisations syndicales
à leurs conditions matérielles
La lutte de classe et leur liberté d’expression ».
entérinent un dossier d’accords dérogatoires.
● Un syndicaliste enseignant réagit à la propo- n’a pas dit son dernier mot
sition du gouvernement de généraliser l’em-
Dans l’entreprise Solidor, de 19 salariés, l’ac-
cord prévoit une variation des horaires d’une
Ils l’ont appeléeToute licence
bauche de CDI (de droit privé) dans la fonction
publique: « “A emplois permanents correspon-
● Un membre du personnel de l’université de
Jussieu raconte : « Il y a eu une tentative du pré-
semaine à l’autre sur douze mois, des semaines en art, tout simplement.
à quarante-huit heures, dix à douze heures par
dent des postes de fonctionnaires” : c’est l’article sident de l’université de licencier vingt-neuf CDD jour sur six jours. Et le délai de prévenance Le premier numéro vient de sortir.
3 du statut. Les CDI existent dans la fonction
publique depuis une loi de 2005, mais il y en a très
du personnel de ménage. Les personnels se sont
mis en grève, ils ont saisi les syndicats. Les orga-
n’est que de cinq jours, alors que le Code du
travail fixe un minimum de sept jours. Ils sont
Vous pouvez le commander à
peu pour l’instant. Il y a un petit jeu pour pré- nisations syndicales ont fait signer une pétition en train de détricoter les conventions collec- toutelicenceenart@gmail.com
senter, d’un côté, Jacob, le méchant, et, de l’autre, d’appui à la grève, qui a recueilli 5 500 signatures. tives ! »
Fillon et Tron, les gentils. La première réaction des Le président a alors dit : “J’en reprends vingt-
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 132 SEMAINE DU 20 AU 26 JANVIER 2011
13

Mutualité
Le nouveau président de la Mutualité
Les conséquences de la loi Bachelot

En pleine épidémie de bronchiolite,


française se veut “force de proposition” il manque 75 lits de pédiatrie
en Ile-de-France
Désigné en décembre dernier, Etienne Caniard revendique

Photos AFP
une « adaptation indispensable de notre système de soins ».
A l’occasion de son élection à la présidence de la Fédération régimes obligatoires dans certains secteurs comme l’optique ou
nationale de la mutualité française (FNMF), le 14 décembre à un degré moindre l’audioprothèse. »
dernier, Etienne Caniard a prononcé un discours dans lequel Etienne Caniard propose de « réfléchir aux conséquences » et
il revient sur le devenir de l’assurance maladie. non d’inverser le désengagement continu de l’assurance ma-
ladie dans des domaines comme l’optique ou l’audiopro-
out d’abord, il a jugé utile de rappeler qu’« il faut que thèse (1). Et la conséquence, c’est bel et bien le transfert sur les

T nous occupions toute notre place, comme nous avons su


le faire à des moments clés de l’évolution du système de
protection sociale français — les ordonnances
ménages ou sur les assurances privées, dont les mutuelles, de
la part des dépenses qui ne sont plus remboursées par la Sécu-
rité sociale ! Qu’est-ce d’autre que le début
de 1996 ou les 25 propositions de 2003 — de la privatisation de la Sécurité sociale ?
pour être réellement une force de proposi-
tion ». Parts de marchés
Précisons que par « ordonnances de 1996 »,
Etienne Caniard fait référence au plan Juppé Et que penser de la proposition n° 5 des
de 1995, que la Mutualité française avait « 25 mesures de la Mutualité française pour
soutenu avec la CFDT contre la volonté des rénover le système de santé » adoptées par Docteur J.-M., a fermé alors que le bâtiment
millions de salariés unis dans le mouvement le congrès de 2003 de la FNMF, rappelées pédiatre hospitalier de Necker qui devait accueillir
de novembre-décembre 1995. en début de discours par Etienne Caniard : les enfants n’est pas encore
« Laisser le soin à l’assurance maladie obli- Dès le début de l’épidémie de construit et ne sera ouvert
Soutien au plan Juppé gatoire et aux mutuelles, après concerta- bronchiolite, la situation a été qu’en 2012. Ces lits manquent
tion, de fixer leurs prestations respectives, d’une extrême gravité. En une cruellement. Au début de l’épi-
Jean-Pierre Davant, qui vient de lui laisser dans le cadre des recommandations de la seule journée, un nourrisson démie, il manquait déjà qua-
la présidence de la FNMF, a le mérite, dans Etienne Caniard. Haute Autorité en santé et des priorités natio- d’un mois, de Colombes, a dû rante lits à l’AP-HP, qui ac-
une interview donnée le même jour, d’ap- nales en santé » ? être transféré en réanimation cueille traditionnellement les
peler un chat un chat : « En tant que président de la Mutualité N’est-ce pas essayer de regagner les parts de marché perdues néonatale à Creil ; un autre, enfants les plus gravement
française, j’ai eu comme points de repère les décisions adoptées aux assurances privées à but lucratif tout en réclamant, la main arrivé à Poissy, est finalement malades d’Ile-de-France. De
lors des congrès ou des assemblées générales. Je sais bien qu’en sur le cœur, que « le débat ne se réduise pas à un partage finan- pris, après deux heures de ré- plus, quinze lits de réanima-
1995 certains m’ont reproché de soutenir la réforme de l’assu- cier entre régimes obligatoires et complémentaires » ? gulation médicale au télé- tion ont dû être fermés faute
rance maladie proposée par Alain Juppé. Mais elle reprenait pour N’est-ce pas pleinement consensuel avec la note confidentielle phone non stop, à Necker. de personnel. Enfin, habituel-
une part importante la charte de Bayonne. Je n’avais donc aucune du Medef révélée par Mediapart le même jour que l’élection Peut-on imaginer l’angoisse lement, des lits supplémen-
raison de m’y opposer ! Je reste, si je puis dire, toujours droit dans d’Eienne Caniard (cf. Informations ouvrières, no 130), qui reven- des parents : leur enfant doit taires sont ouverts chaque an-
mes bottes sur cette décision ! » dique « d’élargir progressivement le champ des complémen- être hospitalisé en réanima- née au moment de l’épidémie
Rappelons que parmi les principales dispositions du plan Juppé, taires », qu’elles soient mutuelles ou assurances privées ? tion et ils ne savent comment de bronchiolite. Cela n’a pas
il y avait la mise en place des agences régionales de l’hospita- Le nouveau président de la FNMF est aussi longuement inter- ils pourront l’accompagner ? été fait cette année. Soixante-
lisation (qui ont opéré la fermeture de 60 000 lits d’hôpitaux !) venu sur la dépendance. Nous analyserons ses propos lors d’un dix lits en moins en Ile-de-
et l’instauration de l’Objectif national de dépenses de l’assu- prochain article. Un syndicaliste mutualiste ■ ’autres enfants, qui né- France, c’est énorme. Pourtant,
rance maladie (ONDAM), fixant le montant des dépenses
annuelles de l’assurance maladie à ne pas dépasser. Ce carcan
financier sera complété par la loi Douste-Blazy de 2004, avec
(1) Pour prendre un exemple, les gouvernements successifs ont, depuis des
décennies, bloqué le tarif de responsabilité de la Sécurité sociale pour les
D cessiteraient une prise
en char-
ge de haute tech-
“Dans certains
la Collégiale de pédiatrie avait
dès octobre alerté
la direction de l’AP-
« l’enveloppe financière fermée » et le Comité d’alerte, qui, lors- montures de lunettes, tarif qui est la base de leur remboursement et qui est, nicité, doivent HP par écrit de la
qu’apparaît le risque de dépassement de cet ONDAM, somme
l’Etat et l’assurance maladie de prendre les dispositions adé-
depuis plus de quarante ans, de 2,84 euros. Ne devrait-on pas revendiquer
que ce tarif soit tout simplement réaligné sur le coût actuel d’une monture
rester dans des
lits d’hospitalisa-
hôpitaux, il y a gravité de la situa-
tion.
quates pour un retour dans ses limites. de lunettes ? tion de pédiatrie
classique pen-
des locaux tout Les collègues s’in-
terrogent : « La di-
Des “décisions difficiles” dant vingt-quatre
à soixante-douze
neufs et vides : rection de l’AP-HP
veut finir l’année
Mais une des parties les plus intéressantes du discours d’Etienne
Caniard se situe dans ses perspectives pour l’assurance mala-
“Réforme de la dépendance” : heures avant de
pouvoir en béné-
les lits n’ont pas avec un budget
équilibré. Un lit de
die. D’abord, il fait offre de services au gouvernement en indi-
quant : « Ma crainte est que, de report en report des décisions
premières mesures prises ficier, et là encore
parfois très loin
été créés pour réa fermé ne coûte
rien en médica-
difficiles, nous nous trouvions soudainement face à des mesures
radicales qui démantèleraient les mécanismes de solidarité natio-
dès l'automne prochain du domicile des
parents. Il y a
ne pas dépasser ments et en per-
sonnel.
nale… au nom de contraintes externes, par exemple celles des
marchés financiers, exonérant ainsi les dirigeants de leur res-
Devant le Conseil économique et social environnemental
(CESE), Nicolas Sarkozy a confirmé, le 14 janvier, concer-
perte de chance,
ce qui est une
le budget” — Dans certains
hôpitaux, il y a des
ponsabilité politique ! Face à ce risque, hélas ! bien réel, la Mutua- nant « la réforme de la dépendance », qu'il avait « de- faute grave en locaux tout neufs et
lité est un des rares acteurs qui peut faire comprendre que mandé au gouvernement et à Roselyne Bachelot de médecine. vides : les lits n’ont
l’adaptation indispensable de notre système aux enjeux d’au- (lui) remettre des propositions d'ici l'été 2011 », afin de Et il y a tous ces autres enfants, pas été créés pour ne pas dépas-
jourd’hui n’est pas synonyme de renoncement aux valeurs. » « prendre les premières décisions à l'automne 2011 ». atteints d’infections graves, qui ser le budget.
Pour sa part, le ministre Roselyne Bachelot confirme sur eux non plus ne peuvent être — Partout, il faut rendre du per-
Quelle “complémentarité” son site Internet que « quatre groupes de travail thé- pris en charge correctement sonnel, 2 000 postes sur toute
avec la Sécurité sociale ? matiques » ont été mis en place, associant « l'ensemble faute de place en réanimation l’AP-HP. Cette politique, le siège
des experts et des partenaires concernés (élus natio- ou en pédiatrie : un enfant avec refuse de la remettre en cause
Mais quel contenu, quelles adaptations préconise-t-il ? Il com- naux, locaux, partenaires sociaux, associations, pro- une méningite et une infection pour une épidémie de bron-
mence par chercher à rassurer ceux qui sont attachés à la défense fessionnels, médecins et usagers) », qui donneront lieu pulmonaire hospitalisé en ré- chiolite.
de la Sécurité sociale en précisant : « La Mutualité ne peut se à des « débats » jusqu'à l'été. animation pédiatrique à Gar- — C’est pareil pour la grippe,
bâtir sur les ruines des régimes obligatoires. Elle doit, au contraire, « Une restitution finale de l'ensemble des travaux sera ches quatre heures après son j’ai interrogé des collègues qui
promouvoir un modèle où la complémentarité entre deux acteurs remise au président de la République au début de mois arrivée aux urgences de Cou- prennent en charge les patients
renforce l’efficience du système et l’accès aux soins, sans remettre de juillet. Elle servira de base au projet du gouverne- lommiers, un autre hospitalisé adultes, la situation est la
en cause les principes de solidarité. » ment, dont les premières mesures figureront dans la en surnombre en réanimation même.
Il s’agit d’une formulation très générale, où chacun peut trouver loi de financement de la Sécurité sociale pour 2012, à Robert-Debré. — La pénurie de personnels est
la réponse qu’il souhaite. Par exemple, la complémentarité entre examinée à l'automne 2011 », précise encore le ministre. « On fait moins bien, alors que utilisée pour obliger les chefs de
les deux acteurs, Sécurité sociale et complémentaires santé, peut Sarkozy a expliqué devant le CESE : « La tâche est dif- nous possédons les moyens tech- service à demander eux-mêmes
être 75-25, comme c’est le cas actuellement. Mais il pourrait être ficile, mais elle est moins complexe que de laisser rui- niques pour faire mieux. » Voilà les fermetures de lits et les re-
25-75, ce qui ne serait plus du tout la même chose ! ner l'assurance maladie en refusant de voir que la dé- ce que disent les collègues. structurations. »
pendance et la maladie, ce n'est pas tout à fait la même « On travaille comme des co- La Collégiale de pédiatrie éta-
“Une réflexion ambitieuse” chose. Même si, bien sûr, la définition de ce qu'est la chons, ce n’est pas du bon bou- blit une appréciation chiffrée
entérinant les déremboursements maladie et la dépendance reste à poser. » lot ! » de tous les déficits de prise en
Mais si, dépendance et maladie, c'est bien la même Pourquoi en est-on arrivé là ? charge des enfants, pour dé-
Quelle est donc concrètement la position du président de la chose ! La maladie d'Alzheimer, c'est bien une maladie ! Depuis juillet 2009, la direction montrer les conséquences dra-
FNMF ? Il la donne lorsqu’il aborde la question des dérem- Les maladies rhumatologiques, cardiaques, artérielles, de l’AP-HP met en place les matiques des restructurations.
boursements de l’assurance maladie : « Une réflexion ambi- qui, avec l'âge, entraînent des pertes d'autonomie, sont restructurations qui doivent La situation risque d’être pire
tieuse ne pourra pas ignorer l’importance croissante de ce qu’il bien des maladies. Prétendre le contraire, c'est vouloir conduire à uniquement douze l’année prochaine, car les lits
est convenu d’appeler les restes à charge, c’est-à-dire la part des faire sortir les personnes âgées de la Sécurité sociale et hôpitaux en Ile-de-France, de Necker ne seront toujours
dépenses de santé qui n’est pas remboursée par l’assurance mala- contraindre les travailleurs à souscrire des assurances conformément aux exigences pas ouverts et, si le plan de ren-
die obligatoire. Porter un regard lucide sur les restes à charge, complémentaires (privées notamment), comme le de la loi « Bachelot ». Cette re- dus des emplois est maintenu,
c’est accepter de regarder en face la réalité des dépassements d’ho- réclame le Medef. structuration touche aussi la il y aura encore plus de lits fer-
noraires et celle de la rémunération des professionnels de santé, Y. L. pédiatrie, puisque seuls deux més. Tout doit être mis en œu-
et c’est réfléchir aux conséquences des choix implicites opérés hôpitaux pédiatriques de- vre pour arrêter ce plan de
depuis fort longtemps qui ont conduit à la quasi-disparition des vraient rester dans Paris. destruction.
L’hôpital Saint-Vincent-de-Paul ■
14
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 132
> L’actualité internationiale < SEMAINE DU 20 AU 26 JANVIER 2011

Italie

Fiat-Mirafiori, à Turin :
le chantage du directeur général Marchionne
Soumis par un référendum passé de justesse, un “accord” autorise la direction de Fiat
à déroger à toute convention collective.
endant six mois, il y a eu de la part de

Photo AFP
ÉCLAIRAGE
Marchionne, du gouvernement, de l’« op-
position », un chantage permanent à la
Rien n’est joué… fermeture et à la délocalisation pour faire accep-
ter aux travailleurs de Fiat-Mirafiori, à Turin, le
Ce que dit “l’accord”
nouveau type d’accord qu’exigeait le patron de
la Fiat. Mirafiori est le plus grand site d’Europe
soumis au référendum
Albert Dal Pozzolo pour la production de voitures, avec 40 000 L’accord signé le 23 décembre à
emplois, incluant les sous-traitants. Déman- l’usine Mirafiori de Fiat, à Turin, pré-
Les 13 et 14 janvier 2011, teler Mirafiori, c’est donner le signal pour le dé- voit :
la direction de Fiat a organisé mantèlement de l’industrie automobile en
— la diminution des pauses ;
France, en Allemagne, en Espagne.
un référendum dans son usine Le directeur général de Fiat a déclaré : « Nous — la baisse du salaire durant les
de Mirafiori, à Turin, sur un voulons une société sans contrat de travail des périodes de maladie ;
accord signé le 23 décembre 2010 métallos, autrement, nous n’investissons pas » — la restriction des dispenses de tra-
par les fédérations de la métal- (La Repubblica, 11 décembre 2010).
vaux pénibles pour les travailleurs
lurgie des confédérations UIL Pour aboutir à ses fins, Marchionne est allé jus-
qu’à créer une nouvelle société. Le 26 novembre ayant des problèmes de santé ;
(Union des travailleurs italiens) 2010, on lit dans La Repubblica que « naîtra une — l’augmentation de l’amplitude de
et CISL (confédération proche nouvelle compagnie avec Chysler à Mirafiori ». travail jusqu’à dix heures, et même
de l’Eglise catholique). La FIOM, C’est une joint-venture entre Fiat et Chrysler. le samedi ;
la fédération de la métallurgie Bien entendu, cela se fera sur le modèle de Pomi-
gliano : un accord d’en- — l’augmentation des heures sup-
de la Confédération générale treprise en dehors du plémentaires obligatoires.
des travailleurs italiens (CGIL), contrat national des mé- “Malgré De plus :
n’a pas signé. Son secrétaire tallos, qui augmente la Le directeur général de Fiat, Sergio Marchionne. — chaque travailleur devra signer
général a qualifié ce référendum flexibilité et interdit la les pressions, individuellement son contrat ;
d’illégitime. Cet accord prévoit grève. C’est le même signé par la FIOM. On appliquera aussi le nou-
la généralisation de la flexibilité type d’accord qu’aux le chantage vel accord d’entreprise, que la FIOM n’a pas non — les travailleurs, individuellement,
Etats-Unis. plus signé. Donc, dans la nouvelle société de signeront l’engagement de ne faire
et l’interdiction de faire grève Ce n’est pas tout : Mar- à la fermeture Mirafiori, la FIOM n’aura signé aucun accord. grève contre aucune partie de l’ac-
pour les syndicats signataires. chionne a décidé de En application de la législation du travail ita-
cord, sous peine de licenciement ;
Il y a un précédent : en juin 2010, sortir de l’association et la division, lienne, elle n’aura plus le droit de présenter des
nationale du patronat listes aux élections de délégués, elle n’aura donc — l’usine sera une « joint-venture »
la direction de Fiat a fait imposer
par référendum dans son usine
italien (la Confindus- dans les ateliers pas de représentants dans l’usine (1) ! (propriété conjointe de Fiat et de
tria, l’équivalent du Reste que, malgré les pressions, le chantage à l’américain Chrysler), qui n’adhérera
de Pomigliano, près de Naples, Medef en France). On les ouvriers la fermeture et la division, dans les ateliers les pas à la Cofindustria (l’organisation
un accord d’entreprise en dehors lit dans La Repubblica ouvriers ont voté non, parce qu’ils veulent l’unité patronale italienne) et ne sera donc
du contrat national de travail (4 décembre 2010) que ont voté non” pour le maintien du contrat national de travail,
par engagée par les accords signés par
des métallurgistes, imposant Marchionne veut « un le retrait du plan Marchionne et l’annulation
syndicat d’entreprise sur des suppressions d’emplois et du chômage tech- elle ;
la flexibilité et l’interdiction le modèle américain ». En sortant de la Confin- nique. ■ — les syndicats qui ne signent pas
du droit de grève. Ce référendum dustria, Marchionne entend s’émanciper de l’accord — dans ce cas, la FIOM — ne
a ouvert la voie à d’autres accords tous les accords qui réglementaient les relations (1) On notera la similitude avec la loi sur la représentati- pourront plus être représentés dans
dérogatoires au Code du travail de travail et qui étaient le produit de la lutte des vité syndicale du 20 août 2008 en France, aux termes de
l’usine : les travailleurs ne pourront
et aux conventions collectives. classes. laquelle les confédérations syndicales ne sont plus auto-
Dans la nouvelle société, on appliquera le contrat matiquement représentatives et un syndicat qui n’a pas plus élire librement leurs délégués.
A Fiat-Mirafiori, le oui est passé national des métallos de 2009, qui n’a pas été 10 % aux élections n’est plus représenté dans l’entreprise.
de justesse : avec une participa-
tion de 94 %, 2 736 travailleurs INTERVIEW
ont voté oui (54,05 %) et 2 326
ont voté non (45,95 %). Mais sur-
tout, le non est majoritaire parmi
“C’est un pas très grave vers l’individualisation du rapport de travail”
les ouvriers de la chaîne de mon-
tage (53,20 %) et du polissage Lorenzo Varaldo, militant syndicaliste italien (interview réalisée à la veille du référendum).
(50,66 %). Malgré le chantage, les
pressions, la division, la majorité Quelle est la situation à l’usine de flexibilité et d’exploitation « bes- Cela signifie un pas très grave vers affirme même que la FIOM était dis-
Fiat de Mirafiori, à Turin ? tiales », ou bien la Fiat ferme Mira- l’individualisation du rapport de ponible pour trouver des accords
des ouvriers travaillant Le 23 décembre, Sergio Marchionne, fiori et délocalise. En no- travail et la fin de la possi- « pour augmenter la productivité et
Photo IO

à la chaîne a voté non. directeur général de Fiat, a signé vembre, à la télévision, bilité de se défendre en tant la compétitivité ». De son côté, la
Par ailleurs, il faut souligner que, avec les syndicats CISL-UIL-UGL Marchionne avait osé dé- que classe, c’est-à-dire d’op- direction de la CGIL, même si elle a
même parmi ceux un « accord » pour l’usine de Mira- clarer, face à des millions poser une force unie au ca- pris position contre l’accord, sou-
fiori. C’est la principale usine de Fiat de téléspectateurs : « Pour pital. Il s’agit, ni plus ni tient la grève du 28 janvier, mais
qui ont voté oui, pour beaucoup,
à Turin, où travaillaient cent trente la Fiat l’Italie est un poids. » moins, que de miner les ra- refuse d’appeler à une grève géné-
c’était contraints et forcés. mille personnes dans les années Rappelons que, selon des cines de toute possibilité rale comme le lui demandent de
En réalité, tout le monde est 1980, avec, aujourd’hui, à peine plus estimations officielles, pour les travailleurs de s’or- nombreux militants et instances syn-
contre l’accord. Les 54 % qui ont de dix mille salariés, presque tous Fiat a reçu de l’Etat, entre ganiser sur un terrain indé- dicales.
voté oui disent ouvertement en chômage technique depuis no- exemptions fiscales, contri- pendant de classe. De nombreux dirigeants du Parti
vembre. Marchionne, qui, en 2007, butions et aides diverses,
“Fiat devient démocrate (PD) ont pris position
qu’ils l’ont fait parce qu’ils ont avait déclaré : « J’ai une méthode, quelque chose comme une “zone Dans quel contexte se ouvertement en faveur de l’« ac-
une famille à nourrir. Beaucoup une méthode qui s’inspire de la flexi- 500 milliards d’euros ! franche” tient le référendum ? cord ». Dans le même temps, le se-
disent que « Rien n’est garanti », bilité sauvage, je veux organiser le dans laquelle Les 13 et 14 janvier, les tra- crétaire national, Bersani, a de-
« Nous avons choisi entre mourir chaos », a cherché avec cet « accord » Quel est ton appréciation existent vailleurs de Fiat seront appe- mandé que « l’accord soit voté au
tout de suite ou peu à peu ». à mettre les travailleurs dans des sur l’accord signé le 23 dé- lés « à voter » oui ou non Parlement », ajoutant que « les chan-
conditions de précarité et d’insta- cembre et soumis les 13
des lois sous la menace de perdre gements sont nécessaires, l’investis-
D’autres : « Marchionne conduit bilité les plus terribles possibles pour et 14 janvier à référen- différentes définitivement leur travail : sement de Fiat est très fort, s’il abou-
l’Italie au désastre. » Aucun pratiquer le chantage et leur im- dum ? de celles c’est un chantage. La FIOM tira à la réforme qu’il faut, ce sera
soutien à Marchionne, poser, justement, les conditions sau- Fiat devient une « zone appliquées n’a pas signé l’accord, a positif ». Mais un million de travail-
aucun soutien à la CISL-UIL ! vages de travail et d’exploitation que franche » dans laquelle dans le reste dénoncé comme illégitime leurs avaient manifesté contre l’ac-
Même si Marchionne et la Fiat réclame le « marché ». existent des lois différentes ce référendum et a appelé à cord de Pomigliano, le 16 octobre
Les conditions de Marchionne sont de celles appliquées dans
du pays” une grève nationale de huit dernier, à Rome, et toute la popu-
chantent aujourd’hui victoire, claires : ou bien les syndicats accep- le reste du pays, ouvrant heures pour le 28 janvier. lation est indignée par la politique
rien n’est joué, quelque chose tent la remise en cause de la conven- ainsi la voie à la destruction pure et Mais, étonnamment, dans la plate- de Marchionne.
mûrit dans la classe ouvrière tion collective, l’individualisation simple des conventions collectives forme de la grève, on ne demande Propos recueillis par
italienne. ■ du contrat de travail, des conditions dans tous les secteurs. pas le « retrait » de l’accord et on Albert DAL POZZOLO ■
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 132
> La page quinze < SEMAINE DU 20 AU 26 JANVIER 2011
15

“183 jours dans


TÉLÉVISION
Un témoignage accablant sur Pôle emploi On l’a vu avant vous

la barbarie ordinaire” L
Les énigmes du sphinx
Arte, samedi 22 janvier 2011, 20 h 40.
a télévision n’est pas avare en émis-

Un récit de Marion Bergeron


sions sur l’Egypte ancienne. Le sujet
intéresse, voire fas-cine toujours,
et il est souvent usé jusqu’à la corde dans
les programmes, traité parfois avec une
désinvolture his-
torique affli-
geante. Avec
Ramsès II et
Toutankhamon,
il y aura toujours
L’année dernière, une jeune femme de 25 ans pousse les portes d’une agence de Pôle emploi. de l’audience…
Elle cherche un travail. Sans aucune formation ni expérience, elle est embauchée après un entretien Le documentaire
présenté par
de dix minutes dans cette nouvelle structure remplaçant les anciennes Assedic et ANPE. « Mes Arte ne relève
premiers jours ont été un calvaire, écrit-elle, la violence, l’absurdité du système, un quotidien pas de cette cri-
tique. Ce que
effrayant. » Aujourd’hui, elle raconte. l’on sait de l’his-
toire du sphinx
tretien » pour éviter des ennuis au construit sur le
Repères citoyen privé d’emploi se trouvant plateau de Gizeh, au pied des célèbres
devant elle, elle se comporte comme pyramides, est présenté avec rigueur. His-
● 1945 : création des bureaux
cet agent public qui résiste, qui agit toriens et archéologues — dont on cons-
de l’emploi à la Libération.
et qui comprend qu’il n’a pas d’in- tate ici combien les travaux se recoupent
térêts divergents de la personne qui et se complètent — distinguent claire-
● 1958 : constitution des Assedic,
se retrouve en face de lui. ment ce qu’ils savent de façon certaine,
chargées de payer les indemnités
Cette jeune femme a été balancée ce qu’ils supposent et ce qu’ils ignorent.
de chômage, et de l’Unedic,
dans une agence difficile, appa- Cette loyauté de l’exposé est d’autant plus

L
qui les fédère.
remment sans tradition syndicale, louable que les interrogations remontent
le plus souvent au poste d’accueil, à l’Ancien Empire, à la IVe dynastie, il y a
● 1967 : constitution de l’Agence
alors que c’est un public en grande environ 4 500 ans… Il sera rappelé d’ai-
nationale pour l’emploi, ayant
difficulté qui hante cette agence. leurs qu’aucune certitude n’existe tou-
pour mission d’aider les chômeurs
Elle n’a reçu que très tardivement jours quant à la façon dont furent bâties
à retrouver un emploi.
une « formation » (guillemets de les pyramides. Moult théories ont été envi-
rigueur) courte, bâclée et ineffi- sagées, dont beaucoup sont parfaitement
● 2008 : dissolution
ciente. fantaisistes. Certaines sont plus sérieuses,
de ces deux organismes,
Elle a été au bout de son CDD mal- plausibles, sans que l’on puisse affirmer
remplacés par Pôle emploi.
gré la peur au ventre qui la tiraillait, (le pourra-t-on jamais ?) laquelle fut réel-
malgré les incompréhensions de lement mise en œuvre.
certains de ses collègues, malgré Il en va de même du sphinx. On ne sait
Raymond Herrera
une hiérarchie déficiente. Elle a vécu exactement comment il fut bâti, ni à quelle
un cauchemar qui a même emporté période précise. Se rattache-il au com-
a jeune femme a
sa vie affective. Ce livre est un exu- plexe funéraire du pharaon Kheops ou à
écrit ce livre-pam-
toire, qui, de toute évidence, lui était celui de son fils, Khephren ? Quel mythe
phlet à la suite
nécessaire. et quelle symbolique (le corps d’un lion
d’un contrat à du-
Il y a des centaines de Marion Ber- surmonté d’une tête humaine) voulait-il
rée déterminée
geron en CDD à Pôle emploi. Mal- exprimer ? Le mot « énigmes » mérite bien
(CDD) particu-
gré les réelles difficultés de leur son pluriel. F. P.
lièrement mal
insertion violente dans les services,
vécu dans une
elles voudraient y demeurer, passer RADIO
agence locale de l’ex-ANPE, en
en contrat à durée indéterminée.

A
pleine débâcle de la crise capitaliste
Les plans d’austérité en auront dé-
de 2009 sur fond de fusion ANPE-
Assedic. Si « les plus désespérés sont
— selon Alfred de Musset — les
cidé autrement : en 2011, Pôle Mille
huit cents postes en moins.
Les oubliés de La Courtine
La « barbarie ordinaire » vécue par
chants les plus beaux », celui qui est
Marion Bergeron est la réalité de u printemps 1917, sur le front de
poussé tout au long de ces 236 pages
dizaines de milliers de salariés ex- Champagne, après l’atroce offen-
ne relève pas de la poésie.
ploités sans droits et sans avenir. sive Nivelle (270 000 morts du côté
Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un chant
Son livre est un pavé jeté dans la français), des soldats se révoltent. Ils font
désespéré, mais d’un témoignage
mare nauséabonde de la dérégle- partie des nombreux soldats à se mutiner
désespérant.
mentation (que ne perçoit pas tou- à cette époque. Mais leur particularité, c’est
En fait, la jeune femme raconte, au
jours l’auteur). Juste un petit pavé, d’être Russes. En effet, le tsar Nicolas II, en
présent de l’indicatif, son histoire
peut-être… mais c’est déjà ça ! échange d’armements, a vendu plusieurs
parfois hallucinante dans ce qui fut
milliers de soldats au gouvernement fran-
un service public de l’Etat. La vio-
183 jours de barbarie ordinaire. En CDD çais.
lence y côtoie les absurdités inhé- vernants et la haute hiérarchie : le
chez Pôle emploi. Plon, 236 pages, 18,50 eu- Ces Russes, qui ont été gagnés peu à peu
rentes à la création de Pôle emploi
voulue par le président de la Répu-
“Ce livre est d’autant directeur général, Christian Charpy,
le secrétaire d’Etat de l’époque, Lau-
ros. par les idées révolutionnaires, veulent ren-
trer au pays. En Russie, depuis février 1917,
blique et la présidente du Medef.
Son malheur de travailleuse-chô-
plus dérangeant rent Vauquiez, leurs commandi-
taires, Laurence Parisot et Nicolas
après la chute de Nicolas II, les soldats ont
EXTRAITS obtenu de n’être plus soumis aux terribles
meuse temporaire se cumule donc
avec les imbécillités de la fusion,
qu’il émane Sarkozy, en prennent alors pour leur
grade !
châtiments corporels. Ils ont obtenu le droit
« Nous sommes à la fin du mois de constituer, mais avec leurs officiers, des
la transformation d’un service
public censé dorénavant s’occuper
de quelqu’un Ce livre est un vrai témoignage. Il
est d’autant plus dérangeant (cette de juin, en pleine période d’ac- comités, des soviets. Le 1er mai, en Cham-
tualisation. Les demandeurs sont pagne, ils manifestent avec les drapeaux
de « clients » somme toute un peu
particuliers, qui se débattent eux-
qui n’est engagé fois pour nos gouvernants) qu’il
émane de quelqu’un qui n’est en- tous perdus. Beaucoup avaient rouges...
pris l’habitude d’utiliser les bornes Les états-majors français et russe décident
mêmes avec la politique de radia-
tion, les incohérences apparentes
ni politiquement gagé ni politiquement ni syndica-
lement, qui n’est pas issu du monde
de pointage mises à leur dispo- d’éloigner ces soldats peu contrôlables des
sition dans l’ancienne agence troupes françaises. Le camp de La Cour-
d’un système qu’ils ne compren-
nent pas et qui — en fait — est une
ni syndicalement, administratif, venu exécuter son
CDD sans idée préconçue, en toute
Assedic (…). Notre direction a tine, dans la Creuse (près de Gentioux), est
beau nous promettre leur arrivée choisi à cet effet. Ils seront 9 000 à y être
arme de combat contre leurs droits
les plus élémentaires.
qui n’est pas issu bonne volonté.
Jusqu’au bout, l’auteur utilise le
imminente, je n’y crois guère.
Aucun espace n’a été prévu pour
enfermés, mais avec leurs armes ! Ils refu-
sent un ultimatum et, le 16 septembre 1917,
Les agents statutaires sont violen-
tés dans ce processus malsain. Il
du monde administratif, terme « clients » pour parler des de-
mandeurs d’emploi. Ce faisant, elle
les installer (…). L’actualisation
ne peut plus se faire, pour ceux
ils joueront de la musique et chanteront,
avant de riposter. Ils se rendront finale-
n’est pas difficile d’imaginer ce qu’a
pu vivre et ressentir une jeune
venu exécuter son CDD montre son éloignement idéolo-
gique des défenseurs du service
qui n’ont ni connexion Internet ni
téléphone à domicile, que dans
ment, le combat étant inégal.
Les survivants faits prisonniers continue-
femme arrivée là tout à fait par
hasard.
sans idée préconçue, public républicain (à Pôle emploi,
ceux-ci récusent cette terminolo-
un seul lieu. L’accueil de mon
agence (…).
ront à résister, refusant le travail ou bien
Plus de vingt clients font le pied introduisant le ferment révolutionnaire là
Ce livre est dérangeant, car Marion
Bergeron n’hésite pas à écrire, par-
en toute bonne volonté” gie).
Pourtant, lorsqu’elle décrit minu- de grue. L’ambiance est orageuse. où on les avait envoyés, en Algérie...
On a déménagé les Assedic, sup- En 1920 seulement, le jeune gouvernement
fois, ce qu’elle perçoit sans prendre tieusement une journée passée à la
primé des équipements (…). Je soviétique obtiendra leur rapatriement.
— volontairement — le moindre re- de Pôle emploi. plate-forme téléphonique, elle té-
travaille dans une grosse marmite L’émission, écrite et réalisée par Michel
cul. La perception qu’elle peut alors Ces expressions brutes de ressenti moigne scrupuleusement de la dé-
où remuent à gros bouillons l’im- Sidoroff, diffusée le 16 janvier, peut être
avoir du public difficile qui passe contrastent alors avec les périodes qualification orchestrée des agents
patience, la colère et l’humilia- téléchargée gratuitement (podcastée) sur
nécessairement par les services de de réflexion où la jeune femme de l’ex-ANPE.
tion. » le site de France Inter : France Inter.com
Pôle emploi choque le lecteur, plus entrevoit les tenants et les aboutis- Lorsqu’elle indique ce qu’elle doit
R. H. ■
encore le lecteur lui-même agent sants de ce qui est exigé par les gou- inscrire comme « conclusion d’en-
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 132 SEMAINE DU 20 AU 26 JANVIER 2011

INFORMATIONS OUVRIÈRES sincèrement combattre pour l’émancipation • Rédacteur en chef : Lucien Gauthier. • Rédaction : Informations ouvrières, • Administration-abonnements :
Tribune libre de la lutte des classes des travailleurs. Cela sous leur propre • Siège : 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris. 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, Maïté Dayan.
Dans le cadre de sa tribune libre, Informations responsabilité. L’hebdomadaire est édité • Imprimerie : Rotinfed 2000, Paris. CS 30016 - 75479, Paris CEDEX 10. Tél. : 01 48 01 88 22 ;
ouvrières, fondé par Pierre Lambert, offre par l’association (loi 1901) • Tirage : 20 000 exemplaires. Tél. : 01 48 01 89 23. 01 48 01 88 41.
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groupement ou formation politique qui entend Daniel Gluckstein, directeur de la publication. • ISSN : 0813 9500. E-mail : informations-ouvrieres@fr.oleane.com • Dépôt légal : à publication.

L’HUMEUR
 Faites-le savoir Vu à la télévision

“Médecins
de Michel Sérac

S’indigner de demain”

Photo DR
Ça roule pour eux Entendu, vu, lu
et s’organiser Documentaire
n rapport de l’office
dans “La Tribune”
M. Stéphane Hessel
appartient à des tradi-
U gouvernemental de tu-
telle des banques aux
Etats-Unis vient d’être publié
(14 janvier 2011)
France 4, vendredi 14 janvier,
20 h 35 (rediffusion
le 1er février à 20 h 35).
tions politiques qui ne sur la situation des crédits
avid et Delphine sont chi-
sont pas les nôtres.
Les espoirs que fonde
sur l’ONU, pour remé-
immobiliers.
Les chiffres sont, à proprement
parler, effrayants.
Il est particulièrement éclai-
D rurgiens, Paul est urgen-
tiste, Sixtine est gynéco-
logue, François est généraliste.
dier aux maux rant sur les saisies immobi- Ils sont à différents niveaux de
de la société, cet ancien lières. Le cap des 13 000 procé- leur apprentissage, certains au
ambassadeur, pa- début, d’autres à quelques mois
Photo DR

du titre de docteur. France 4 les


raissent bien illusoires. a filmés pendant leurs six mois
Constituée des gouver- de stage à l’hôpital. Quatre épi-
nements existants, sodes passionnants.
que commandent « 2009 aura été une année Chacun d’entre eux est mis de-
les grandes puissances, vant ses responsabilités. Une des
noire pur les jeunes. séquences les plus haletantes
l’ONU a déclaré
125 % ! Comme l’illustre raconte le parcours de Delphine,
« illégale » l’agression
la dernière livraison interne en chirurgie en onzième
de l’Irak, et avalisé celle année, qui va traverser la France
n 2010, France Télécom a distribué à ses actionnaires les divi- de l’Insee intitulée “Une
de l’Afghanistan. Dans
les deux cas, l’Otan
et l’impérialisme amé-
E dendes de l’année 2009. 0,80 euro par action, soit 3,7 milliards
d’euros. Ce n’est pas la plus forte somme ainsi versée, Total et
Suez font plus. Mais c’est la plus généreuse. En effet, c’est le plus rému-
photographie du marché
du travail en 2009”. Celle-
ci montre en effet qu’en
pour aller chercher des poumons
en vue d’une greffe.
Paul passe son premier 31 dé-
cembre aux urgences, enchaî-
ricain massacrent nérateur, près de 9 % de rendement au cours actuel et, surtout, 125 %
à leur guise. La préten- du bénéfice. 2009, sur les 2,6 millions nant les consultations de patients

due communauté dures quotidiennes a été fran-


Oui, vous avez bien lu. Les dividendes reversés représentent 125 % de chômeurs, lors d’un marathon de dix-huit
du bénéfice. Il y a donc plus d’argent versé que de bénéfices réalisés 641 000 étaient âgés heures d’affilée…
internationale, chi. 13 000 par jour ! Plus d’un David se blesse la cheville, mais
par France Télécom ! de 15 à 24 ans, contre
qui serait gardienne de million dans cette année 2010 ! revient un mois après reprendre
Comment cela est-il possible ? Comment peut-on verser plus de divi-
la démocratie, est une
Plus grave encore, les saisies
dendes que de bénéfices réalisés ? D’où vient l’argent ? 507 000 en 2008, son travail (...). Rigueur, exigence,
effectives ont connu une pro- ce qui représente compétence, disponibilité, et
mystification éhontée. Ce système, sans équivalent dans une société française de cette impor-
gression de plus de 57 % par
Une qualité, toutefois, rapport à 2009.
tance, repose sur l’engagement du président de France Télécom en une hausse de 27 %. beaucoup d’humanisme dans la
2006 de « distribuer à ses actionnaires de 40 à 45 % de son cash-flow L’étude révèle également pratique de ces médecins de de-
retient l’attention, dans La conséquence logique des main pour qui chaque patient
organique actuel ». Une formule étrange, car une politique de divi- que près d’un jeune
l’opuscule de M. Hes- saisies, c’est l’explosion du est différent, traité avec le même
dendes s’exprime normalement en proportion des bénéfices, et qui
sel (1), dont le succès
nombre de sans-abri aux Etats-
révèle que pour attirer, conserver ses actionnaires, France Télécom sur deux (49,7 %) sérieux et la volonté de le sauver,
Unis. 1,5 million d’enfants occupait en 2009
étonne les médias. prend l’argent dans sa trésorerie. C’est ainsi que France Télécom peut de réparer, d’écouter, sans au-
étaient sans domicile fixe aux
A 93 ans, l’ancien Etats-Unis au mois de mars
verser plus de dividendes que de bénéfices. une forme particulière cune autre considération.
On comprend bien qu’une telle situation, même d’un point de vue d’emploi (CDD, intérim, On se dit que nos médecins sont
membre du Conseil 2009. Et la situation ne cesse
capitaliste, n’est pas à terme viable et que, d’ores et déjà, elle a des bien formés, qu’il n’y a plus beau-
national de la résis- de s’aggraver.
conséquences sur l’ensemble de la politique de France Télécom, y
etc.), contre 12,6 % pour coup d’endroits dans le monde
Mais le nombre « record » de l’ensemble des salariés.
tance constate compris pour ses investissements. comme l’hôpital public, qu’ils ne
saisies a une autre consé-
que « tout le socle des quence. Le nombre de loge-
Mais au-delà d’une quelconque logique économique prévisionnelle, Si le nombre d’apprentis sont pas assez nombreux, pas
conquêtes sociales », ments mis sur le marché est
nous mesurons la conséquence de la remise en cause de France Télé- ou de personnes en CDD assez reconnus, et qu’il est affli-
com comme service public (l’Etat ne détenant plus que 31 %). Et c’est est relativement stable geant de chercher des économies
soixante-six ans après, tel que le prix des logements
une indication pour EDF et GDF, la SNCF, La Poste. et des réductions de dépenses
« est aujourd’hui remis est dévalué. Et c’est ainsi que
La privatisation des services publics n’a qu’un objectif, ouvrir la voie entre 2008 et 2009, dans ce domaine. Cet aspect,
des familles jusque-là « irré- le nombre d’intérimaires
en cause », notamment au pillage et à la spéculation, et qu’une conséquence, la destruction pourtant majeur, n’est pas du
prochables » se retrouvent
le « plan complet insolvables du fait de la déva-
de tout ce qui a été acquis par la lutte des classes, au compte des droits a, lui, chuté de près tout abordé dans le documen-
des travailleurs et de la population, du progrès et de la civilisation. d’un quart (24 %) à cause taire. Il est, en tout cas, une cer-
de Sécurité sociale », luation de leur maison. Une
Lucien GAUTHIER ■
avec « une retraite per- spirale infernale pour tous. de la crise économique titude : ces médecins se battront
contre cette politique de des-

C’est pourtant vrai


mettant aux vieux Ou presque. Les banques, elles, qui s’est d’abord répercutée
s’y retrouvent, et largement. truction, comme leurs collègues,
travailleurs de finir Et sinon, la Réserve fédérale
fortement et nous avec, car c’est une œuvre
dignement leurs jours ». pourra toujours venir à leur sur l’intérim, dont le gros de civilisation.
Prix à la pompe en hausse. Le prix moyen du super
Les nationalisations secours à coups de milliards sans plomb 95 est de 1,44 euro, soit près de
des troupes est constitué A ne manquer sous aucun pré-
de l’énergie, des de dollars.
9,50 francs ! de jeunes de moins texte.
banques, les acquis R. M. ■ de 25 ans. » Cécile JUMAIN ■
scolaires, les libertés :
autant de destructions, INFORMATIONS OUVRIÈRES
dit l’auteur. La déca-
dence de la nation, gan-
grenée par le profit, CHOISISSEZ VOTRE FORMULE Autorisation de prélèvement
est désormais un fait Dans tous les cas, remplir lisiblement et en lettres majuscules vos nom, prénom et adresse
J ’autorise l’établissement teneur de
d’opinion publique
en France : telle est
 Par prélèvement mensuel : 5,80 euros (  9,50 euros pour les plis clos) mon compte à effectuer les prélève-
ments chaque fin de mois de 5,80 euros
(datez et signez l’autorisation de prélèvement ci-contre en joignant un relevé d’identité bancaire ou postal)
la leçon du succès de présentés par Informations ouvrières.
OU : Je pourrai suspendre à tout moment
cette plaquette. S’indi-
gner de cette décivilisa-
 5 numéros “découverte” : 7 euros • 12 numéros : 17 euros •  4 mois (17 numéros) : 24 euros ces prélèvements par simple lettre.

tion de la société,  6 mois (25 numéros) : 33 euros •  1 an (51 numéros) : 65 euros •  1 an, pli clos : 110 euros
Date : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
voulue par le capital, Comité : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Département : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Signature (obligatoire) :
est sans doute un pre-
mier pas. S’organiser Nom, prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
pour que la lutte de
classe lui barre la route N° : . . . . . . . . . . . Rue, bd, ave., etc. : . . . . . . . . . Nom de la voie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
et engage la recon-
quête, est le second.
.......................................................................................................
Un avenir crépuscu- IMPORTANT : n’oubliez pas
laire n’est pas du goût de joindre un relevé d’identité
Code postal : . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . bancaire ou postal,
de la jeunesse, en France de dater et signer votre
comme en Tunisie. ET TOUJOURS... autorisation de prélèvement.
Numéro national émetteur : 442543
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Bulletin à renvoyer à : Informations ouvrières, 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, CS 30016, 75479 Paris Cedex 10. Chèque à l’ordre d’Informations ouvrières

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