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ARCHÉOLOGIE ET PSEUDO-ARCHÉOLOGIE

Ernest-Émile LOPEZ-SANSON de LONGVAL


Communication à l' AFIS
Association Française pour l' Information
Scientifique, pour son magazine "Science
et pseudo-sciences".

Il est tombé pour nous le rideau merveilleux


Où du vrai monde erraient les fausses apparences.
La science a vaincu l'imposture des yeux.
L'homme a répudié les vaines espérances.
"Sully Prud'homme,Poésies".

La science, "le connaître" dans son sens le plus large, est une connaissance systématisée, et dans un sens plus
restreint, tout savoir considéré comme objectif et, par conséquent vérifiable.

Les conceptions métaphysiques du monde archaïque n'ont pas été toujours formulées dans un langage théorique,
mais le symbole et le rite expriment, sur des plans différents et avec les moyens qui leur sont propres, un système complet
d'affirmations cohérentes sur la réalité ultime des choses, système qu'on peut considérer comme constituant une
métaphysique.

Il est essentiel, pourtant, de comprendre le sens profond de tous ces symboles, mythes et rites pour réussir à le
traduire dans notre langage usuel. Si on se donne la peine de pénétrer la signification authentique d'un mythe ou d'un
symbole archaïque, on est obligé de constater que cette signification révèle sa prise de conscience d'une certaine situation
dans le Cosmos et qu'elle implique, par conséquent, une position métaphysique.

Inutile donc, de se référer ici à ceux qui pensent que les lignes de Nasca ce sont des pistes d'atterrissage pour les
vaisseaux des Martiens ou que l'Atlantide a vraiment existée.

Cela n'est pas de la science ni de la pseudo-science, mais de l'ignorance. Le vrai problème entre l'archéologie et la
pseudo-archéologie se pose parmi les archéologues et dans leur propre interprétation du métier.

Car le travail de l'archéologue est de trouver des explications aux procèssus de développement et changement
sociales des groupes humains dans sa perspective historique.

Les peuples, depuis leurs origines, jusqu'à nos jours (ou leur disparition), changent leur manière de penser, leurs
idées concernant le monde qui les entoure, leur conception de l'art, modifient leurs structures politiques dès qu'ils passent
de bande de chasserus-récolecteurs pour s'établir dans des villages et ensuite des villes et finalement se convertir en
nations, et tout le long de leur histoire changent les relations établies entre eux pour produire leurs biens matériels. Même,
parfois, changent de langue.

Et ce n'est que cela ce que nous faisons, nous les archéologues: étudier le parcours d'un peuple à travers son
existence.

Sauf qu'a la différence des autres sciences, nous le faisons par la recherche, classification et interprétation des
restes matériels du passé.

A titre d'exemple, un morceau de céramique cassé, enfui dans la terre, dont les dessins varient avec le temps, nous
indique comment se sont modifiés les idées sur l'art, parce que l'art en tant que forme d'expression d'une culture, révèle les
conceptions qu'elle a du monde.

Un symbole qu'on abandonne pour le remplacer par un autre, comme le félin pour le soleil dans les cultures du Lac
Titicaca, nos révèle le saute d'une société structurée par son attachement à la nature pour une plus complexe et la
naissance de l'Etat.

Mais il y a des archéologues que ne partagent pas cette opinion. Ils pensent que notre métier doit se limiter a exposer
une "évolution" avec laquelle ils donnent pour fini leur travail et l'exposer dans la vitrine d'un musée pour illustrer aux
classes sociales qu'on du temps libre pour s'instruire.

Nous, les archéologues, nous pensons que l'archéologie en tant que science sociale ne peut pas être opposé à la
réalité du présent et que, pendant qu'on recherche des explications sur le parcours historique des hommes, elle doit se
compromettre pour les faire devenir utiles dans la recherche d'un futur meilleur et faire des propositions.

Donc, il y a deux manières d'interpréter notre science:

Une archéologie, scientifique celle-ci, moi je l'appelle 'l'archéologie autrement', crée par Vere Gordon Childe à
l'Université de Londres aux débuts du XXème siècle et élevé à la catégorie d'Ecole par Guillermo Lumbreras de l'Université
Majeur San Marcos de Lima, puis dans la "Reunión de Teotihuacan 1975: hacia una Arqueología Social".

Et il y a une archéologie classiste et élitiste, expositive, que ne recherche que de l'information et jamais des
explications parce que considère qu'il n'y a rien ni a expliquer ni à changer. Une archéologie culturaliste de base
méthodologique aristotélique où le principe d'identité devient sacré (pour Willey tout ce qu'a la même couleur nous vient du
même fabricant). Une archéologie que pourtant nie l'histoire.
La différence n'est pas seulement méthodologique, mais idéologique.

Quand l'archéologie est un instrument de recherche du passé, nous travaillons sur un devenir historique pour arriver à
comprendre notre réalité actuelle. C'est la dialectique au service des hommes.

Mais quand l'archéologie ne sert qu'a cueillir que de l'information, elle se place au service du statu-quo et de
l'immobilisme parce qu'à son avis ce que nous appelons "histoire" est la réalisation de l'idée humaine et pas à l'inverse. C'est
à dire, l'immuable devient loi.

En France la situation est particulièrement grave. Grâce aux programmes d'études établis par Gérôme Carcopino alors
qu'il était Secrétaire à l'Education Nationale sous le régime de Monsieur Pétain (ou on dit 'Putain' ?), l'archéologie de notre
pays a prit des grandes distances avec la science et à présent nous parlons du "patrimoine et archéologie".

Quel patrimoine ? La Tene II, le Germanique Oriental des Wisigoths, ou ces quattre pierres qui restent du Château du
Comte Robert ?

Le vrai patrimoine d'une nation est son parcours historique et non les objets qu'on laissé nos prédécesseurs. Les
objets nous servent à nous les archéologues pour comprendre le mode de production, mais hors de son contexte cet objet
devient nul.

Quand on mêle l'idée à l'objet on finit par avoir nostalgie d'un prétendu passée glorieux.

Le mélange sera peut-être 'politiquement correcte', mais scientifiquement erronée. Elle est là, la pseudoscience, dans
nos Universités.

Les hommes font leur propre histoire, mais pas de manière


arbitraire, sous des circonstances choisis par eux mêmes,
mais par celles directement données et hérités du passé.
La tradition de toutes les générations mortes
oppresse comme un cauchemar le cerveaux des vivants.
"Le 18 brumaire de Louis Bonaparte".

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