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LES SANCTIONS DE LA MAUVAISE

FORMATION DU CONTRAT

Plan.

I – La nullité du contrat
A. La nature de la nullité
B. Les effets de la nullité
II – L’inopposabilité

La sanction principale du non respect par les parties des conditions de formation du
contrat est la nullité. Le contrat irrégulièrement conclu encourt la nullité (I). Dans certains cas
cette sanction ne joue pas : le contrat est seulement inopposable aux tiers (II).

I. La nullité du contrat irrégulier

Anéantissement. La nullité n’est autre que l’anéantissement du contrat : il s’agit de


faire en sorte que le contrat n’existe plus. Puisqu’il manque un élément nécessaire à la
formation du contrat, le droit devrait considérer qu’il n’a jamais existé. Or comment anéantir
quelque chose qui n’existe pas ?
En réalité il faut être plus pragmatique. La mauvaise formation ne peut être sanctionnée
que si elle est dénoncée. Un contrat, même irrégulier, pourrait parfaitement être exécuté
jusqu’à son terme sans susciter de contentieux. La nullité n’est pas automatique. Une action
en justice est nécessaire.

A. Nature de la nullité

Intérêt à protéger. La nature de la nullité dépend de l’intérêt protégé par la règle de


droit sanctionnée. On distingue ainsi la nullité relative de la nullité absolue.
Si la règle violée tend à protéger un intérêt particulier, celui du cocontractant, la nullité
est dite relative. Il en va ainsi des règles concernant les vices du consentement, la lésion,
l’existence de la cause. Leur but est bien de protéger les intérêts du contractant.
A l’inverse, la nullité est absolue lorsque la condition de validité méconnue protège
l’intérêt général, c'
est-à-dire la société. C’est notamment le cas des règles concernant la licéité
de l’objet.
Fondement de la distinction. La distinction entre nullité relative et nullité absolue n’est
pas fondée sur la gravité de la violation d’une règle ni, par conséquent, sur l’importance d’une
condition de formation du contrat. Le fondement repose sur une différence d’ampleur de
l’attribution du droit à agir en nullité.
Le législateur estime que seules les personnes protégées par une règle peuvent agir pour
voir sanctionner le manquement à ladite règle. Lorsque c’est la société qui est protégée,
l’attribution de l’action en nullité doit être plus large : les deux contractants peuvent agir, de
même que tout tiers ayant un intérêt. Par exemple, les créanciers du vendeur sont des tiers au
contrat de vente, mais peuvent avoir intérêt à la nullité de la vente pour voir réintégrer le bien
vendu dans le patrimoine du vendeur et, ainsi, pouvoir le saisir.
Cas où la nullité est absolue : illicéité et absence de l’objet, illicéité de la cause.
Contestable sur l’absence d’objet, car la règle a pour but de protéger un intérêt particulier et
non l’intérêt général.

Intérêt de la distinction. Selon que la sanction recherchée est la nullité absolue ou la


nullité relative, l’action en nullité n’obéit pas aux mêmes règles.
Outre l’ampleur des personnes pouvant agir (v. plus haut), l’intérêt porte sur le délai
pour agir (la prescription). En matière de nullité relative, le délai pour agir en justice est de
cinq ans. En principe, il court à compter du jour de la conclusion de l’acte. Ce principe
comporte des exceptions. Par exemple, la prescription de l’action en nullité d’un acte
annulable pour erreur ou pour dol ne commence à courir que du jour de sa découverte ou, plus
exactement, du jour où le vice pouvait être découvert. En matière de nullité absolue, la
prescription est de trente ans. Elle court du jour de la conclusion du contrat.

Exception de nullité. Il existe un cas où le délai pour agir en nullité est infini. C’est
l’exception de nullité, que l’on dit perpétuelle. La situation est celle d’un contractant actionné
en justice par son cocontractant pour le voir condamner à exécuter le contrat. Le contractant
actionné en justice peut, pour se défendre, demander la nullité du contrat. De la sorte il n’aura
pas à s’exécuter. C’est cette demande en nullité par voie d’exception (c'
est-à-dire en défense,
par opposition à action) qui n’est pas limitée par le temps.
Elle n’est recevable, toutefois, que si le contrat n’a reçu aucun début d’exécution.
B. Les effets de la nullité

Effet rétroactif. L’annulation fait disparaître le contrat de façon rétroactive : le droit,


par cette sanction, replace les contractants dans la situation qui aurait été la leur s’ils n’avaient
jamais contracté. L’anéantissement remonte jusqu’au jour de la conclusion du contrat.

Restitutions. Si le contrat a reçu un début d’exécution, voire une exécution complète, la


nullité conduira à des restitutions réciproques. Ainsi, la nullité de la vente d’un immeuble
oblige le vendeur à restituer le prix, tandis que l’acheteur devra rendre l’immeuble.
Dans certains cas particuliers la restitution réciproque n’est guère possible. Par exemple,
en cas de nullité d’un bail d’habitation, si le propriétaire pourrait restituer les loyers perçus, en
revanche, le locataire ne peut pas restituer la contrepartie de ces loyers, c'
est-à-dire la
jouissance de l’immeuble. Pour autant, les juges décident que l’effet rétroactif opère : le
bailleur restituera les loyers tandis que le locataire, ne pouvant certes restituer la jouissance du
bien, devra une indemnité d’occupation. Si loyer et indemnité se compensent, autant dire que
la nullité n’opère que pour l’avenir. Mais le juge apprécie souverainement le montant de
l’indemnité d’occupation : il n’est pas tenu par le contrat puisque celui-ci est nul.
Dans d’autres cas, l’impossibilité de la restitution résulte de la disparition de la chose.
Par exemple, l’acquéreur de parts sociales a pu les revendre. La nullité permet tout de même
au vendeur d’obtenir la restitution en valeur, estimée au jour de l’acte.

II. L’inopposabilité

Définition. L’inopposabilité est une sanction qui frappe l’irrégularité de l’acte sans
l’anéantir. Elle sanctionne, en général, la violation d’une règle qui a pour seul objet la
protection des tiers. Par exemple, les règles exigeant l’accomplissement de formalités de
publicité du contrat ont pour but de protéger les tiers (les informer d’un acte). Elles sont
sanctionnées par l’inopposabilité dudit contrat aux tiers.
Le contrat reste valable entre les parties qui l’ont conclu, mais ne peut pas être opposé
aux tiers. Ces derniers sont en droit de faire comme si le contrat n’existait pas à leur égard.

Situations. L’inopposabilité frappe notamment la fraude et le défaut de publication d’un


acte alors que la loi l’exige.
Exemple : la vente d’immeuble est soumise à la publicité foncière. La publicité foncière
exige un acte authentique. Donc, la vente d’immeuble doit être passé devant notaire. Le défaut
de publicité est sanctionné par l’inopposabilité de la vente aux tiers. Hypothèse où le vendeur
vend son immeuble à une personne et consent au même moment une hypothèque sur cet
immeuble à une autre personne. Si la vente n’a pas été publiée, elle n’est pas opposable au
créancier hypothécaire. Si l’hypothèque a été publiée, elle est opposable à l’acquéreur. De la
sorte, le créancier hypothécaire prévaudra sur l’acquéreur.

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