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turque?
La triade sacrée[1] de l’État Turc, s’est levée pour barrer la route vers
l’islamisation: interdiction de l’action politique, de liberté d’expression,
«l’erreur systématique», le pittoresque … une panoplie à la démocratie
en Anatolie.
La crainte que les deux champs peuvent utiliser des moyens plus radicaux est
croissante. On remarque d’ailleurs, que le combat juridique mené quitte le terrain
des principes pour servir des procédures dont l’objectif est frapper l’adversaire. La
compréhension des événements passe par l’observation du rapport de force
politique, la perception de l’enjeu que représente la légitimité juridique et
l’analyse du contexte internationale économique et politique dans lequel
s’inscriront les développements.
Les reformes mises en place depuis 2002 sont le miroir des idées du parti et des
leaders: les droits élargis pour les minorités ; l’autorisation de programmes
audiovisuels en langue kurde et possibilité d’apprendre en privé la langue kurde ;
la liberté d’expression et d’association a été étendue ; limitation de la répression
des manifestations publiques ; élargissement des droits des instances religieuses
non musulmanes ; droit à critiquer les forces armées et les autres piliers de l’État
turc[11]. La mise en œuvre de ces réformes a été toutefois heurtée aux
résistances de l’appareil d’État. Même si d’une façon lente, les réformes politiques
en Turquie avancent et le gouvernement à promis à L’Union Européenne
d’accélérer l’amendement de l’article 301 du code pénal. Cet article, qui est un
entrave aux négociations et que l’Union depuis longtemps demande sa
suppression ou sa modification, sert de base pour poursuivre les intellectuels
accusés d’activités ou de discours « antiturcs ». Le commissaire européen à
l’Élargissement a salue cette nouvelle initiative du gouvernement turc ‘c’est une
bonne nouvelle d’entendre que le parlement turc veut amender des articles du
code pénal relatifs à la liberté d’expression, c’est une bonne nouvelle pour la
Turquie et sa perspective européenne.’[12] Encore une autre réforme que va
enflammer la vie politique turc, parce que, les opposants du gouvernement,
auparavant pro-européens, sont maintenant la source de l’euroscepticisme.
Les réactions internes sont toutes dans le même sens. L’association d’industriels
et entrepreneurs turcs Tüsiad a appelé le pays à éviter la polarisation politique et
a demandé à chaque parti de rester détaché des principes intrinsèques de leur
démocratie, à savoir, la règle de droit et la séparation des pouvoirs. Midhart
Sancar, juriste proche de la gauche libérale, estime que ‘cette procédure, qui est
clairement une opération politique, vise moins à éliminer l’AKP qu’à le discipliner
en lui montrant les limites à ne pas franchir et à attiser les conflits internes au
parti.’[13]Le politologue Soli Özel, dans un entretien au Le Monde, affirme que la
défense de la laïcité héritée du kémalisme constitue l’angle d’attaque choisi par le
procureur. Le souci est sérieux, à condition qu’il ne masque pas un « laïcisme »
qui ne serait qu’une forme de « baasisme à la turque », comparable aux régimes
autoritaires qui ont émergé dans l’ancien Empire ottoman et qui n’ont jamais été
des modèles de vertu démocratique.[14] Ali Babacan, le chef de la diplomatie
turque, considère que le gouvernement a beaucoup fait dans le domaine de
l’économie, beaucoup en termes de démocratisation, et qu’il est maintenant très
évident qu’il faudra engager des réformes au sein du système judiciaire. « Tous
les problèmes que nous observons viennent du fait que nous n’avons pas mené
de réformes dans plusieurs domaines, et les problèmes proviennent de ces
domaines », a déclaré Ali Babacan. Les démêlés judiciaires de l’AKP sont
interprétés par certains observateurs comme la résistance d’une élite urbaine
laïque, très influente dans le système judiciaire, face à la montée en puissance
d’une nouvelle classe moyenne conservatrice, représentée par l’AKP. Cengiz
Çandar qui, comme nombre d’intellectuels libéraux, ne cache pas sa déception
concernant l’AKP, écrivait : « La principale accusation concrète reste la levée de
l’interdiction du foulard dans les universités, soutenue d’ailleurs par une
écrasante majorité de l’opinion. Ce fut le détonateur de la crise. Après son
triomphe électoral de juillet, l’AKP, plutôt que de relancer les réformes, s’est
concentré sur cette revendication symbolique, qui représente un chiffon rouge
pour le camp laïque. Il faut se demander aussi comment ce parti a pu à ce point
s’enferrer » (Libération). Si le parti AKP a été reconduit au pouvoir en 2007,
constate à nouveau le politologue, Soli Özel, porté par les couches populaires,
c’est incontestablement parce que son bilan a plaidé en sa faveur - stabilité
politique, réforme en profondeur de l’économie - mais aussi parce qu’il a affiché
sa volonté de s’arrimer à l’espace européen.
[6] http://tf1.lci.fr/infos/monde/moyen-orient/0,,3777973,00-erdogan-akp-dans-viseur-cour-
cassation-.html
[10] http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/03/31/
[13] http://www.liberation.fr/actualite/monde/318692.FR.php
[14] http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/04/01/demons-turcs_1029606_3232.html
[15] http://www.liberation.fr/actualite/monde/318692.FR.php
[16] Idem.
[17] http://www.euractiv.com/fr/elargissement/interdiction-akp-ue-rejette-decision-cour-
turque/article-171241