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de Veer Albert C. Rome et la Bible arménienne d'Uscan d'après la correspondance de J.-B. van Neercassel. In: Revue des
études byzantines, tome 16, 1958. pp. 172-182.
doi : 10.3406/rebyz.1958.1185
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1958_num_16_1_1185
ROME ET LA BIBLE ARMÉNIENNE D'USCAN
D'APRÈS LA CORRESPONDANCE
DE J.-B. VAN NEERCASSEL
(1) Richard Simon, Histoire critique du vieux Testament, Rotterdam, Leers, 1685, p. 291.
(2) Ibid., p. 282.
(3) H. Hyvernat, Arménienne (version) de la Bible, dans Vigouroux, Dictionnaire
de la Bible, I2, 1013. Cité DB ; Ermoni, Étude critique de la version arménienne de la Bible,
dans Compte rendu du 4e Congrès scientifique des Catholiques, Fribourg, 1898, 322.
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(24) V. Grumel, Ligarides Paisios, dans DTC, IX, 755. Voir aussi OBC, 123, 18 janvier
1669, Neercassel à Leslaeus.
(25) OBC, 110, 22 janvier 1666; 24 septembre 1666.
(26) OBC, 110, 22 octobre ,,1666.
(27) Karekine, op. cit., p. [xvn]. De 1664 à 1669 il publia pas moins de 13 volumes sur
divers sujets : liturgie, grammaire, littérature, calendrier, et même le Roman du renard.
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(28) RGP, 84, 476. Je n'ai trouvé aucune trace d'un envoi de traductions avant 1668.
(29) Voir p. 178.
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cassel deux jours plus tôt. Les Pères étaient disposés à accueillir
les jeunes arméniens au Collège si les rapports demandés leur étaient
favorables. En plus, ils allouèrent des subsides d'un montant de
60 écus à Uscan, que Neercassel lui transmettrait à condition qu'il
ne se trouvât pas d'erreur volontaire dans sa Bible. Ces décisions
furent expédiées au Vicaire apostolique le 29 septembre 1668 (40).
En quelle mesure Neercassel a-t-il pu exécuter ces ordres précis
de la Congrégation? Le 18 octobre il annonce à Mgr Baldeschi qu'il
va expédier un exemplaire de la Bible à son adresse, suivi bientôt
de quelques livres liturgiques arméniens. Malheureusement il ne peut
y joindre des remarques critiques, parce que d'une part son théologien
doit encore apprendre l'arménien et que d'autre part Candius, le
savant de Leyde, n'est pas encore disponible. Néanmoins Neercassel
fera tout ce qui est en son pouvoir pour obtenir de Candius qu'il
compare le texte arménien d'Uscan avec le texte grec des Septante.
Il ajoute que la Polyglotte de Londres prétend que saint Jean Chry-
sostome aurait traduit les Saintes Écritures du grec en arménien lors
de son exil en Arménie; si cela était vrai, la Bible arménienne aurait
une grande autorité (41).
Le 26 octobre cependant il doit annoncer au cardinal Barberini,
qu'il n'avait pu envoyer toute la Bible, mais seulement le volume
du Nouveau Testament. Uscan en effet avait cru bon de déléguer à
Rome son prêtre Garabed (42) pour remettre personnellement le
volume de l'Ancien Testament aux cardinaux, Aujourd'hui Neer
cassel envoie un catéchisme édité par Uscan : c'est une exposition
de la foi de ceux d'entre les arméniens qui acceptent et vénèrent le
pape de Rome comme Chef suprême de la religion catholique. Il est
un peu déplaisant d'y voir que le premier commandement est scindé
en deux parties, à la manière des protestants. Interrogé s'il avait
fait cela avec l'intention de condamner le culte des images, Usean
répondit que lui et son peuple admettaient et vénéraient les images.
D'ailleurs, ajoute Neercassel, sur l'autel de son oratoire privé il se
trouve un crucifix et des icônes. Il serait peut-être possible de répandre
en Arménie, par le service d'Uscan, un catéchisme plus développé.
La traduction latine du catéchisme d'Uscan (43) a été faite par Théo-
dore Petraeus (44). C'est un danois, qui a fait jadis un voyage en Orient
aux frais de son roi. Il doit avoir récemment surveillé à Londres
l'impression d'un grand lexique. Actuellement il séjourne à Ams
terdam. Bien qu'il soit luthérien, on pourrait peut-être lui confier
la collation de la Bible arménienne sur le texte grec des Septante.
Neercassel n'ose plus recommander les candidats arméniens au Collège
de la Propagande; sans doute ne répondaient-ils pas à son attente (45).
Il promet enfin de ne transmettre les 60 écus alloués à Uscan qu'après
un nouvel examen de son orthodoxie (46). Ce fut chose faite avant
Noël. Uscan reçut les 60 écus et en remercia le Pape Clément IX
par une lettre autographe dans laquelle il inséra une profession de foi
qui finissait ainsi : Merito ergo a S0 Paschasio in Chalcedonensi Synodo,
cuius décréta fidemque sequor, et cum qua Eutichetis impia dogmata
Dioscorique sacrilega detestor, Romanus Pontifex Apostolicus et
Catholicus sive Universalis vocatur Episcopus (47). Je pense que
Neercassel a dû surveiller la composition de cette lettre, ne fût-ce
que pour le latin... Le même jour il écrit au cardinal Barberini sur
le nouvel entretien qu'il a eu avec Uscan, l'évêque de Saint-Serge
en Arménie. Il Fa sérieusement examiné sur les erreurs des Grecs
et des Arméniens. Uscan professe que le Saint-Esprit procède du
Père et du Fils; il se sert de pain azyme; la consécration se fait par
les paroles du Christ et le pain et le vin sont changés vraiment en
Corps et en Sang du Seigneur; il embrasse la foi de Chalcédoine, loue
la condamnation de Dioscore, est fidèle au Siège de saint Pierre et
reconnaît sa place exceptionnelle au-dessus de tous les sièges épis-
copaux du monde ainsi que sa stabilité dans la foi... Uscan se déclare
prêt à imprimer un catéchisme pour les arméniens qui soit entièr
ementécrit d'après les indications du Saint-Siège. Il assure que son
Patriarche serait heureux de l'adopter, car il est très favorable à
l'Église latine; il a été jadis instruit solidement dans sa doctrine par
un certain évêque Paul, de l'ordre des Dominicains (48). Uscan tra
vaille en ce moment à composer un dictionnaire latino-arménien,
pour que ses compatriotes puissent apprendre le latin; il a sous presse
(44) Petraeus est mort en 1673. Il succéda à Golius comme professeur de langues orien
tales, à Leyde : Moreri, VIII.
(45) Neercassel, disciple de saint Charles Borromée et ami des Messieurs de Port-Royal,
était très sévère pour l'admission des candidats au sacerdoce; toute sa correspondance
en fait foi.
(46) OBC, 123, 26 octobre 1668.
(47) OBC, 123, 1er janvier 1669.
(48) II s'appelait Paulus Piromalli, O.P. du couvent d'Edschmiadzin. Voir DB, P, 1013.
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