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Etude réalisée pour

la Caisse d’Epargne par :


Agathe BLANCHARD,
Jacques ROBIN,
Alain TOURDJMAN

DYNAMIQUES NATIONALE ET
TERRITORIALES DE
L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL
État des lieux et enjeux à moyen terme

DECEMBRE 2018
SOMMAIRE
Les collectivités locales en France : une contribution importante
1 à l’investissement public dans une logique plutôt vertueuse
Une phase de baisse récente exceptionnelle dans un contexte
2 de tensions persistantes sur les finances locales

Des stratégies territoriales variées mais surtout portées par un


3 objectif de solvabilité sous contrainte d’un niveau d’équipement

Un creusement des écarts entre territoires “riches” et “pauvres”


4 à l’échelle régionale et départementale...

... Malgré des besoins spécifiques avérés, notamment dans les


5 zones rurales et de montagne

Un double risque : un renforcement de l’arbitrage investissement


6 vs endettement et des écarts territoriaux croissants

2 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN


ʘ L’investissement public local reste prépondérant dans l’investissement public, en particulier
à des fins civiles…
UNE PART ʘ … malgré la prise en compte des dépenses de R&D, des bases de données et des
PRÉPONDÉRANTE DE systèmes d’armes en base 2010
L’INVESTISSEMENT
Poids de l'investissement des administrations publiques locales
PUBLIC dans l'investissement public total, 1949-2017 (en %)
75%

70%

Le changement de 65%
définition en base 60%
2010 ne remet pas en
cause la tendance et 55%
la part de 50%
l’investissement des
APUL 45%

40%

35%

30%

Définition base 2010 Définition base 2005

3 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN


ʘ Au regard de la moyenne européenne, les APUL françaises
 Ont une forte contribution à l’investissement par rapport aux dépenses
UNE SITUATION  Et présentent un rapport investissement / dette plutôt favorable
PLUTÔT FAVORABLE
AU REGARD DES
STANDARDS
EUROPÉENS

La France se situe
dans le quadrant
investissement élevé
versus
dette limitée

Source : Eurostat

4 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN


ʘ Néanmoins, la part de l’investissement public local dans l’investissement national a cessé
LA CONTRIBUTION À de croître depuis 1998…
ʘ … et accuse un net recul depuis 2009, retrouvant un niveau antérieur à la décentralisation
L’INVESTISSEMENT
NATIONAL A Poids de l'investissement des administrations publiques locales
LONGTEMPS ÉTÉ dans l'investissement national total, 1949-2017 (en %)
POSITIVE 14%

12%
Une contribution
désormais négative à 10%

l’investissement 8%
national
6%

4%

2%

0%

5 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN


ʘ L’investissement public local est soumis à des phases cycliques récurrentes liées
UNE BAISSE RÉCENTE au calendrier électoral
EXCEPTIONNELLE DE ʘ Néanmoins, la phase baissière actuelle est exceptionnelle
L’INVESTISSEMENT  Une ampleur sans précédent du cycle électoral
PUBLIC LOCAL  Une chute marquée parmi les départements (13% des recettes hors emprunt
contre 25% en moyenne) non compensée par les régions

Dépenses d'investissement des communes et Détail des dépenses d'investissement des collectivités
groupements de communes à fiscalité propre (hors remboursements) locales hors remboursement (en milliards d'€)
40 60

50
35

40
30

en Md€
En Md€

Communes et intercommunalités
30
25
20
Régions
20
10
Départements
15 0

Année post-électorale Source: DGFIP Source: DGFIP


6 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN
ʘ Malgré un recul de l’investissement public local beaucoup plus marqué qu’en 1993-1997,
LE RECUL DE l’endettement des collectivités locales a progressé depuis 2009
ʘ Il est cependant en recul en 2017
L’INVESTISSEMENT
PUBLIC LOCAL N’EST Endettement et investissement des APUL, 1990-2017
PAS SUFFISANT POUR 15% 9.5%

% var. / an investissement Adm. PUbl. Locales


RÉDUIRE
L’ENDETTEMENT

Dette Adm. PUbl. Locales / PIB


10% 9.0%

Des tensions fortes


5% 8.5%
sur les finances
locales avec un risque
d’arbitrage 0% 8.0%
investissement /
endettement si la -5% 7.5%
reprise ne libère pas
des marges
suffisantes -10% 7.0%

-15% 6.5%
1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017
var. Investt APUL dette APUL /PIB
Source : Insee, comptes nationaux

7 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN


ʘ Les comportements d’investissement depuis 2011 des collectivités locales à l’échelle
départementale (communes + EPCI + département)
LE CRITÈRE DE  Ont été plutôt déterminés par le degré de solvabilité
L’ENDETTEMENT ET LE  Mais conjuguent surtout divers facteurs territoriaux (niveau d’équipement antérieur,
REPÈRE DU NIVEAU richesse, croissance…)
D’ÉQUIPEMENT INITIAL
35

80 28

Source : Ecolocale, calculs BPCE


L’Observatoire.
Périmètre départemental : cumul des
données financières de l’ensemble des
collectivités locales d’un département
(communes, EPCI, département)
8 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN
LA BAISSE DE
L’INVESTISSEMENT A
ÉTÉ (PRESQUE)
GÉNÉRALISÉE MAIS
PAS UNIFORME

Les grandes régions


révèlent 5 types de
Prudence
stratégie en matière
Volontarisme
de choix
Sérieux
d’investissement
Audace
Persévérance

Source : Ecolocale, calculs BPCE


L’Observatoire.
Périmètre régional : cumul des données
financières de l’ensemble des collectivités
locales présentes sur une région
(communes, EPCI, départements, région)

9 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN


1. Prudence - Centre, Bourgogne-Franche-Comté, Normandie & Grand-Est
Croissance démographique et PIB par habitant faibles et solvabilité plutôt dégradée ont conduit
LA BAISSE DE ces régions à adopter un comportement prudent en ajustant fortement l’investissement
L’INVESTISSEMENT A
ÉTÉ (PRESQUE) 2. Volontarisme - Hauts-de-France, Provence-Alpes-Côte d'Azur
GÉNÉRALISÉE MAIS Du fait d’une démographie dynamique notamment, ces régions ont choisi de dégrader davantage
PAS UNIFORME leur solvabilité afin de limiter la baisse de leur investissement

3. Sérieux - Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie Auvergne-Rhône-Alpes,


Les grandes régions Ile-de-France
révèlent 5 types de Bénéficiant d’une richesse et d’un niveau d’investissement initial plus élevés, ces régions ont
stratégie en matière privilégié leur solvabilité en réduisant l’équipement
de choix
d’investissement 4. Audace - La région Bretagne
Seule région à avoir fait croître son investissement, elle s’est appuyée sur une croissance et une
démographie porteuses et sur une solvabilité initiale offrant des marges de manœuvre

5. Persévérance – Corse
La région a maintenu un niveau d’investissement par habitant près de deux fois supérieur à la
moyenne, dégradant en contrepartie une situation financière initialement très favorable

10 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN


LA BAISSE DE ʘ Grands enseignements
L’INVESTISSEMENT A  L’évolution de l’investissement a principalement été déterminée par la
ÉTÉ (PRESQUE) situation de solvabilité et par le niveau d’équipement antérieur
GÉNÉRALISÉE MAIS  Toutes les régions ont connu une dégradation de leur solvabilité
PAS UNIFORME  Mise à part la Bretagne, toutes les régions ont également vu leur niveau
d’investissement reculer
 L’écart de niveau de dépense par habitant entre régions « pauvres » et
Les grandes régions
« riches » s’est nettement accru
révèlent 5 types de
stratégie en matière
de choix
ʘ Un risque
d’investissement
 Cet écart pourrait encore s’accroître car le rebond des régions « pauvres »
pourrait être limité par les effets d’une moindre croissance potentielle sur la
solvabilité

11 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN


A L’ÉCHELLE
DÉPARTEMENTALE
DAVANTAGE DE
DISPARITÉS MAIS UN
SCHÉMA ANALOGUE

Les départements
révèlent 8 types de
stratégie en matière
de choix
d’investissement

Source : Ecolocale, calculs BPCE


L’Observatoire.
Périmètre départemental : cumul des
données financières de l’ensemble des
collectivités locales d’un département
(communes, EPCI, département)
12 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN
Investisseur contracyclique: département à la croissance – du PIB et
A L’ÉCHELLE démographique – importante ayant augmenté son investissement sans
DÉPARTEMENTALE dégrader sa situation financière au-delà de la moyenne en 2016.
DAVANTAGE DE
DISPARITÉS MAIS UN Métropoles régionales: départements urbains à la population
SCHÉMA ANALOGUE relativement jeunes, qui disposent d’un dynamisme économique et
démographique important et ont fait le choix de se reposer sur ce
Les départements dynamisme pour réduire leur investissement et ainsi préserver leur
solvabilité.
révèlent 8 types de
stratégie en matière
Rural solide: départements à la population âgée mais relativement aisée,
de choix bénéficiant d’une situation initiale avantageuse, ayant choisi de dégrader
d’investissement légèrement à la fois leur investissement et leur solvabilité, maintenant
ainsi une situation plus confortable que la moyenne en 2016

Altitude et attractivité résidentielle: départements contraints par leurs


caractéristiques (pauvreté importante, forte croissance démographique,
territoires de montagne) de maintenir un niveau d’investissement
important
13 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN
A L’ÉCHELLE Richesse urbaine et désinvestissement: départements à la population
DÉPARTEMENTALE très dense et aisée, ayant dû réduire drastiquement leur niveau
DAVANTAGE DE d’investissement pour limiter la dégradation de leur situation financière
DISPARITÉS MAIS UN déjà mauvaise en 2011
SCHÉMA ANALOGUE
Capitale: département ayant fait le choix d’une très faible réduction de
l’investissement dans un contexte de fort recul de l’épargne, d’où une
Les départements dégradation majeure de sa solvabilité
révèlent 8 types de
stratégie en matière
Fragilité et volontarisme: départements pauvres et peu dynamiques qui
de choix avaient fait le choix initial d’investir très peu, et ont donc dû dégrader leur
d’investissement solvabilité afin de maintenir un niveau d’investissement minimum

Rural fragile: départements ruraux et relativement pauvres, ayant


simultanément réduit leur investissement (initialement faible) et dégradé
leur solvabilité (initialement mauvaise) sur la période

14 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN


FOCUS SUR LE
DEPARTEMENT DE
L’ISERE
En 2016, l’Isère
bénéficie d’une situation
favorable au sein de la
région: le département
enregistre des
dépenses d’équipement
supérieures à la
moyenne tout en
bénéficiant d’une
situation financière
moins dégradée
Dépenses d’équipement > moyenne // meilleure capacité de désendettement
Dépenses d’équipement > moyenne // moins bonne capacité de désendettement
Dépenses d’équipement < moyenne // meilleure capacité de désendettement
Dépenses d’équipement < moyenne // moins bonne capacité de désendettement
15 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN
ʘ L’Isère bénéficie d’une situation favorable en 2016, tant en termes de dépenses
d’équipement que de santé financière.
FOCUS SUR LE
DEPARTEMENT DE ʘ Cette situation s’est cependant dégradée de manière plus importante que la
L’ISERE moyenne sur la période 2011-2016.
ʘ La dégradation de la capacité de désendettement du département tient à une
hausse de l’endettement (+18% en 5 ans contre +5% pour l’ensemble des
départements d’Auvergne Rhône-Alpes) plus qu’à une réduction de l’épargne
disponible brute.

Variation des dépenses d'équipement entre 2011 et 2016 Variation de la capacité de désendettement entre 2011 et 2016 (en années)
3.0
2.5
2.0
0% Moyenne région
1.5 Auvergne Rhône-Alpes
-5%
-10% 1.0
-15% 0.5
-20% Moyenne région 0.0
-25% Auvergne Rhône-Alpes
-30%
-35%
16 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN
ʘ Le niveau des dépenses d’équipement par habitant sur un territoire s’explique
A L’ÉCHELLE notamment par :
TERRITORIALE DES  La situation financière : une solvabilité (épargne brute / dette) dégradée peut avoir
COMMUNES & EPCI, dynamisé les investissements passés et contribuer ainsi à élever – mais très
légèrement – le niveau d’équipement
COMMENT EXPLIQUER
LES DISPARITÉS ? ʘ Mais les variables structurelles ont un impact plus marqué :
 La ruralité : une zone totalement rurale dépense 109€ d’équipement / hab. de
Le niveau des plus qu’une zone totalement urbaine (surcoût lié à la faible densité)
 La part de la population vivant dans une commune de montagne : si cette
dépenses proportion atteint 100% alors le différentiel d’investissement par habitant peut
d’équipement par aller de 150€ à 300€
habitant est sensible  L’âge moyen : plus la population est âgée moins l’investissement est élevé
à des variables  Un effet de surinvestissement dans certaines aires urbaines lié à la présence
structurelles d’une métropole économique régionale

ʘ Cette approche économétrique n’est pas exhaustive mais elle confirme qu’une
Source : Ecolocale, calculs BPCE réduction généralisée de l’investissement des collectivités locales risquerait
L’Observatoire
Périmètre EPCI : cumul des données
d’avoir des conséquences beaucoup plus néfastes pour les territoires les plus
financières de l’ensemble des collectivités fragiles et souvent les moins riches.
locales présentes sur le territoire de l’EPCI
(communes, EPCI)

17 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN


CONCLUSION ʘ Le recul récent de l’investissement des collectivités locales est sans
précédent depuis la décentralisation, par son ampleur nationale et sa
généralisation territoriale

ʘ Ce recul n’a pourtant pas été suffisant pour réduire l’endettement et


améliorer la solvabilité des collectivités territoriales

ʘ Même si leurs stratégies ont été variées et adaptatives dans une logique de
limitation de l’endettement, ces stratégies ont abouti à :
 des disparités beaucoup plus fortes de niveau d’équipement par habitant entre les
territoires en croissance et les espaces en ralentissement
 Une plus forte dégradation de la solvabilité dans les territoires en difficulté que
dans les territoires à potentiel

ʘ Pourtant les besoins d’équipement en zones rurales et, plus encore,


montagneuses sont très supérieurs à la moyenne

18 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN


ʘ Or, les règles à venir des nouvelles relations contractuelles peuvent être
CONCLUSION considérées comme très contraignantes :
 Il faut espérer que les économies de fonctionnement et la reprise économique
permettront une relance de l’investissement
 Mais, compte tenu de la dégradation de la solvabilité et des contraintes en la matière, il
est probable que l’investissement ne retrouve pas son niveau d’avant-crise, confirmant
la rupture récente
 En particulier, le risque d’une politique de restauration de la solvabilité sans levier sur
les dépenses ou recettes de fonctionnement serait de prolonger et de généraliser les
arbitrages sur l’investissement

ʘ Le retour de la croissance offre des marges de manœuvre mais bénéficiera


essentiellement, via la hausse des recettes et la baisse des dépenses, aux
grandes métropoles et aux territoires dont la situation actuelle est moins
dégradée en termes de solvabilité et de maintien d’un niveau d’équipement
convenable

ʘ La moindre solvabilité et le retard d’investissement, voire les besoins


spécifiques, des zones économiquement moins favorisées risquent d’accentuer
des écarts territoriaux déjà problématiques si des forces de rappel (GPI,
dispositifs spécifiques) ne sont pas mis en œuvre
19 DYNAMIQUES NATIONALE ET TERRITORIALES DE L’INVESTISSEMENT PUBLIC LOCAL – ALAIN TOURDJMAN
groupebpce.fr

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