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Logiques Mathématiques

Leila Jemni Ben Ayed


Faculté des Sciences de Tunis
Département des Sciences de l’Informatique
Références.
- J.P. Delahaye, Outils Logiques pour l’Intelligence
Artificielle, Eyrolles, Paris, 1988.
- J. Vélu, Méthodes Mathématiques pour l’Informatique, Dunod,
Paris, 2005.

Ce cours est une introduction aux logiques mathématiques et aux


techniques de déduction automatique. Il présente deux modèles de
raisonnement fondés sur la logique des propositions et la logique des
prédicats, permettant, d’avoir une approche mathématique de la
programmation. Nous examinons la logique propositionnelle et la
logique des prédicats du premier ordre. Nous discutons les liens entre
les aspects formels dans ces logiques et les énoncés exprimés
informellement. Différentes méthodes de preuve formelle sont
présentées et appliquées.
1. Introduction
2. Propositions logiques
3. Opérateurs de base
4. Implications et équivalences
5. Quantificateurs
Introduction

• Définition 1. Une proposition atomique ou


variable est une affirmation simple soit vraie,
soit fausse.
• Définition 2. Une proposition est composée
de propositions atomiques, reliées entre-elles
par des connecteurs logiques (⊃, ¬, ∨, ∧) On
va revenir sur ce qu’est les connecteurs
logiques tout de suite.

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Quelques exemples:

A : « Le nombre de lettres dans l'alphabet français est 15. »


La proposition A est fausse.

B : « 5+2=7 »
La proposition B est vraie.

C : « x>10»
C n'est pas une proposition logique complète car elle contient une variable libre x. On ne sait
pas ce qu'est x (un point ? un nombre entier ? un vecteur ? une étoile de l'univers ?). On ne
peut donc pas attribuer de valeur de vérité à la proposition C.

C′ : « Soit x un nombre réel, alors x>7 »


La proposition C′ est fausse. En effet C′ est une proposition logique car on a défini la variable
x comme étant un nombre réel. Mais elle est fausse car par exemple 6 est un nombre réel et
6<7.

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Opérateurs de base

• Les opérateurs permettent de construire


de nouvelles propositions à partir d'une
ou de plusieurs propositions initiales.

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Opérateurs de base\La négation
Soit A une proposition. On définit une proposition
« non A » que l'on note ¬A (avec une sorte de petit
L allongé vers le bas).
Si A est vraie alors ¬A est fausse.
Si A est fausse alors ¬A est vraie.

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Opérateurs de base\La négation

Définition :
Une table de vérité est un tableau définissant la valeur d'une fonction logique pour
chacune des combinaisons possibles des entrées.

Construction :
Dans la première colonne, je place toutes les valeurs que peut prendre A (c'est à dire Vrai
ou Faux). Dans la seconde colonne, je place la valeur de vérité de ¬A correspondante.

p p
0 1
1 0

Par convention et pour faciliter la lecture de grandes tables, on écrit 0 pour la valeur FAUX
et 1 pour la valeur VRAI.

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Opérateurs de base\La négation

Quelques exemples :
A : « Paris est la capitale de la France » (1)
¬A : « Paris n'est pas la capitale de la France » (0)

B : « π est un nombre entier » (0)


¬B : « π n'est pas un nombre entier » (1)

C : « 5 est un nombre impair » (1)


¬C : « 5 est un nombre pair » (0)

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Opérateurs de base\La conjonction
• Soient A et B deux propositions.
• On définit une nouvelle proposition « A ET B » que l'on note «
A∧B»
• Le connecteur logique Et n'est vrai que lorsque les deux
propositions sont vraies. On l'appelle aussi une conjonction
• Examples
– Il pleut et il fait chaud p q pq
– (2+3=5) ET (1<2)
0 0 0
• Table de vérité 0 1 0
1 0 0
1 1 1

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Opérateurs de base\La disjonction
• Soient A et B deux propositions.
• On définit une nouvelle proposition « A OU B » que l'on note
«A∨B»
• La disjonction logique, ou logique, est vraie si l'une ou les
deux propositions sont vraies. Examples
– Il pleut ou c'est la deuxième conférence
– (2 + 2 = 5)v(1 <2)
– Vous pouvez avoir un gâteau ou une glace p q pq
Table de vérité 0 0 0
0 1 1
1 0 1
1 1 1
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Opérateurs de base
Combinons maintenant les trois opérateurs vus précédemment !
Comme toujours, on considère A et B deux propositions.

Cherchons les propositions équivalentes aux propositions P et Q telles que


P: ¬(A ∧ B)
Q: ¬(A ∨ B)

Définition :
On dit que deux propositions sont équivalentes lorsqu'elles ont les même valeurs de vérité.
On va donc une nouvelle fois utiliser les tables de vérité.

Exercice 3 :
Établissez les tables de vérité des propositions P et Q

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Opérateurs de base
La tables de vérité de P

A B A∧B P
1 1 1 0
1 0 0 1
0 1 0 1
0 0 0 1

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Opérateurs de base
La tables de vérité de Q

A B A∨B Q
1 1 1 0
1 0 1 0
0 1 1 0
0 0 0 1

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Opérateurs de base

Établissez maintenant les tables de vérité


des proposions P' et Q' telles que
P' : ¬A ∨ ¬B
Q' : ¬A ∧ ¬B
Puis comparez les valeurs de vérités de P et
P' et de Q et Q'

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Opérateurs de base
A B ¬A ¬B P' P Q' Q
1 1 0 0 0 0 0 0
1 0 0 1 1 1 0 0
0 1 1 0 1 1 0 0
0 0 1 1 1 1 1 1

On remarque que P et P' (respectivement Q et Q') ont les même valeurs de vérité.
Les propositions P et P' (respectivement Q et Q') sont donc équivalentes.

Si la proposition P est vraie alors la proposition P' est vraie.


Si la proposition P est fausse alors la proposition P' est fausse.
Si la proposition P' est vraie alors la proposition P est vraie
Si la proposition P' est fausse alors la proposition P est fausse.
De même avec Q et Q'.

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Opérateurs de base

Cette conclusion nous permet d'écrire les lois


de Morgan :

¬(A ∧ B) équivaut à ¬A ∨ ¬B
¬(A ∨ B) équivaut à ¬A ∧ ¬B
Exercice:
A : « Il est grand et a 15 ans ou plus. »

B : « (pi>3∧π≤2) »

Ecrivez ¬A et ¬B.

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• Le contraire de l'opérateur inférieur strict
(respectivement supérieur strict) est supérieur
ou égal (respectivement inférieur ou égal).

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Opérateurs de base\L’implication
• Soient A et B deux propositions.
• On définit une nouvelle proposition « A IMPLIQUE B » que
l'on note « A ⇒ B »
• La définition mathématique est la suivante :
L’assertion « (non P) ou Q » est notée « P ⇒ Q ».
• Sa table de vérité est donc la suivante :
Table de vérité
p q p⇒q

0 0 0
0 1 1
1 0 1
1 1 1
Opérateurs de base\L’implication
L’assertion « P ⇒ Q » se lit en français « P implique Q ».
Elle se lit souvent aussi « si P est vraie alors Q est vraie » ou «
si P alors Q ».
Par exemple : • « 0 <=x <=25⇒ √x <=5» est vraie (prendre la
racine carrée).
• « x ∈] −∞,−4[ ⇒ x 2 + 3x − 4 > 0 » est vraie (étudier le
binôme).
• « sin(θ) = 0 ⇒ θ = 0 » est fausse (regarder pour θ = 2π par
exemple).
• « 2 + 2 = 5 ⇒ √2 = 2 » est vraie ! Eh oui, si P est fausse alors
l’assertion « P ⇒ Q » est toujours vraie.
Opérateurs de base\ L’équivalence
• L’équivalence est définie par :
• « P ↔Q » est l’assertion « (P ⇒ Q) et (Q ⇒ P) ».
• On dira « P est équivalent à Q » ou « P équivaut à Q » ou « P si
et seulement si Q ».
• Cette assertion est vrai lorsque P et Q sont vraies ou lorsque P
et Q sont fausses.
• Sa table de vérité est donc la suivante :
p q p↔q
Table de vérité
0 0 1
0 1 0
1 0 0
1 1 1
Opérateurs de base\ L’équivalence
• Proposition 1. Soient P,Q,R trois assertions.
Nous avons les équivalences (vraies) suivantes :
1.P ⇐⇒ non(non(P))
2. (P et Q) ⇐⇒ (Q et P)
3. (P ou Q) ⇐⇒ (Q ou P)
4. non(P et Q) ⇐⇒ (non P) ou (non Q)
5. non(P ou Q) ⇐⇒ (non P) et (non Q)
6.P et (Q ou R)⇐⇒ (P et Q) ou (P et R)
7.P ou (Q et R)⇐⇒ (P ou Q) et (P ou R)
8. « P ⇒ Q » ⇐⇒ « non(Q) ⇒ non(P) »
Les Quantificateurs:

• Le quantificateur ∀ : « pour tout »


• Une assertion P peut dépendre d’un paramètre x, par exemple « x2
> 1 », l’assertion P(x) est vraie ou fausse selon la valeur de x.
• L’assertion ∀x ∈ E P(x) est une assertion vraie lorsque les assertions
P(x) sont vraies pour tous les éléments x de l’ensemble E.
• On lit « Pour tout x appartenant à E, P(x) », sous-entendu « Pour
tout x appartenant à E, P(x) est vraie ».
• Par exemple :
• « ∀x ∈ [1,+∞[ (x2 > 1) » est une assertion vraie.
• « ∀x ∈ R (x2 > 1) » est une assertion fausse.
• « ∀n ∈ N n(n + 1) est divisible par 2 » est vraie.
Les Quantificateurs:

Le quantificateur ∃ : « il existe »
L’assertion ∃x ∈ E P(x) est une assertion vraie lorsque l’on peut
trouver au moins un x de E pour lequel P(x) est vraie. On lit « il
existe x appartenant à E tel que P(x) (soit vraie) ».
Par exemple :
• « ∃x ∈ R (x(x − 1) < 0) » est vraie (par exemple x =1/2 vérifie
bien la propriété).
• « ∃n ∈ N n2 − n > n » est vraie (il y a plein de choix, par
exemple n = 3 convient, mais aussi n = 10 ou même n = 100,
un seul suffit pour dire que l’assertion est vraie).
• « ∃x ∈ R (x2 = −1) » est fausse (aucun réel au carré ne
donnera un nombre négatif).
La négation des quantificateurs

La négation de « ∀x ∈ E P(x) » est « ∃x ∈ E non P(x) » .


Par exemple:
la négation de « ∀x ∈ [1,+∞[ (x 2 >= 1) » est l’assertion
« ∃x ∈ [1,+∞[ (x 2 < 1) ». En effet la négation de x 2 >= 1 est non(x 2 >= 1)
mais s’écrit plus simplement x 2 < 1.

La négation de « ∃x ∈ E P(x) » est « ∀x ∈ E non P(x) ».


Voici des exemples :
• La négation de « ∃z ∈ C (z 2 + z + 1 = 0) » est « ∀z ∈ C (z 2 + z + 1 # 0) ».
• La négation de « ∀x ∈ R (x + 1 ∈ Z) » est « ∃x ∈ R (x + 1 ∈/ Z) ».
• Ce n’est pas plus difficile d’écrire la négation de phrases complexes. Pour
l’assertion :
∀x ∈ R ∃y > 0 (x + y > 10) sa négation est ∃x ∈ R ∀y > 0 (x + y <= 10).
La négation des quantificateurs

Remarques:
L’ordre des quantificateurs est très important.
Par exemple les deux phrases logiques
∀x ∈ R ∃y ∈ R (x + y > 0) et ∃y ∈ R ∀x ∈ R (x + y > 0). sont différentes.
La première est vraie, la seconde est fausse.
En effet une phrase logique se lit de gauche à droite, ainsi la
première phrase affirme « Pour tout réel x, il existe un réel y (qui
peut donc dépendre de x) tel que x + y > 0. » (par exemple on peut
prendre y = |x| + 1). C’est donc une phrase vraie.
Par contre la deuxième se lit : « Il existe un réel y, tel que pour tout
réel x, x + y > 0. » Cette phrase est fausse, cela ne peut pas être le
même y qui convient pour tous les x !
La négation des quantificateurs

Terminons avec d’autres remarques:


1- Quand on écrit « ∃x ∈ R (f (x) = 0) » cela signifie
juste qu’il existe un réel pour lequel f s’annule.
Rien ne dit que ce x est unique. Dans un premier
temps vous pouvez lire la phrase ainsi : « il existe au
moins un réel x tel que f (x) = 0 ». Afin de préciser
que f s’annule en une unique valeur, on rajoute un
point d’exclamation : ∃! x ∈ R (f (x) = 0)
La négation des quantificateurs

2-Pour la négation d’une phrase logique, il n’est pas nécessaire de savoir si la phrase
est fausse ou vraie. Le procédé est algorithmique : on change le « pour tout » en « il
existe » et inversement, puis on prend la négation de l’assertion P.
3- Pour la négation d’une proposition, il faut être précis : la négation de l’inégalité
stricte « < » est l’inégalité large « >= », et inversement.
4- Les quantificateurs ne sont pas des abréviations. Soit vous écrivez une phrase en
français : « Pour tout réel x, si f (x) = 1 alors x > 0. » , soit vous écrivez la phrase
logique :
∀x ∈ R (f (x) = 1 ⇒ x > 0).
Mais surtout n’écrivez pas « ∀x réel, si f (x) = 1 ⇒ x positif ou nul ».
Enfin, pour passer d’une ligne à l’autre d’un raisonnement, préférez plutôt « donc » à
« ⇒ ».
5- Il est défendu d’écrire ∃,⇒ . Ces symboles n’existent pas !

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